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Patrouille des Glaciers

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Rēpertoire

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La Patrouille des Glaciers – Un art de vivre

The Glacier Patrol – a way of life

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• Depuis leur participation à la première version moderne de la Patrouille des Glaciers (PDG) en 1984, trois hommes vivent au rythme de la course de 57,5 km entre Zermatt et Verbier. Kathryn Adams s'est entretenue avec ces trois légendes de la PDG. • Ever since they took part in the first modern-day version of the Patrouille des Glaciers (PDG) in 1984, three men’s lives have been interwoven with the 57.5km Zermatt to Verbier race. Kathryn Adams talks to three PDG legends.

• En 1984, trois hommes se tenaient au départ de la première édition moderne de la Patrouille des Glaciers (PDG). Ils étaient loin de se douter, à ce moment-là, du rôle incroyable que ce marathon de ski-alpinisme allait jouer dans la vie de chacun, eux qui ne se connaissaient même pas. Pourtant, en avril 2022, trente-huit ans plus tard, Jean-Marc Farquet, Jean Moix et Daniel Ryter vont courir de Zermatt à Verbier, ensemble pour la première fois. Ce sera la 14e participation de Jean-Marc, la 19e de Daniel et la 18e de Jean. Se surnommant à juste titre Les Rescapés de 1984, les deux Valaisans et le Vaudois ont décidé d'unir leurs forces par nécessité, car le nombre de coureurs de leur catégorie prêts physiquement (et mentalement) à affronter l'éreintant parcours de 57,5 km a diminué au fil des ans. Ils me disent chacun à leur tour qu'ils n'avaient pas l'intention de participer cette année, mais que les autres les ont convaincus de le faire. Je n'en crois pas un mot. Je leur demande quel est leur programme d'entraînement, ce à quoi ils répondent par un sourire complaisant. « On est toujours entraînés », me dit Daniel, sans le moindre soupçon d'arrogance. Et il n'exagère pas : j'ai devant moi trois machines de guerre élancées qui ne demandent pas de préparation particulière. En hiver, ils font du ski de rando et du ski de fond ; en été, c'est vélo, course à pied et chasse : en réalité, ces gars-là passent leur vie en montagne à se préparer pour la PDG. C'est aussi dans leurs gènes : le père de Jean l'a emmené pour la première fois sur la pointe Dufour (4'634 m), le plus haut sommet de Suisse, alors qu'il n'avait que 15 ans. Euphémien Moix (dit ‘le Yéti’) a également participé à la première PDG en 1984 et a disputé sa dernière (la course rapide d'Arolla) à l'âge de 82 ans.

« Alors, quel est le défi ? », je demande. « Le froid ». Jean-Marc et Daniel reconnaissent qu'en vieillissant, le froid est de plus en plus difficile à affronter. Un autre enjeu est le niveau d'énergie : Daniel a du mal à s'alimenter suffisamment. Comme il n'aime pas ralentir pour manger, il a du mal à digérer (ils ont d'ailleurs beaucoup d'anecdotes immondes à propos des problèmes digestifs • In 1984, three men stood at the start of the first edition of the modern-day Glacier Patrol (PDG). Little did they know, at that point in time, how big a role this ski mountaineering marathon was to play in each of their lives, nor did they know one other. However, this April 2022, thirty-eight years later, Jean-Marc Farquet, Jean Moix and Daniel Ryter will race from Zermatt to Verbier, together for the first time. This will be JeanMarc’s 14th participation, Daniel’s 19th, and Jean’s 18th. They call themselves, understandably, Les Rescapés de 1984 (The Survivors of 1984) and the two Valaisans and one Vaudois have joined forces somewhat out of necessity, because the pool of racers in their category still in good enough shape (and willing) to do the gruelling 57.5 km course has dwindled over the years. They each tell me separately that they weren’t planning to participate this year but that the others talked them into it. I don’t believe any of them. I ask about their training regime, and they smile tolerantly. “We’re always trained,” Daniel tells me, without the slightest hint of arrogance. And he’s not bragging: looking at them, all three are lean, mean machines who don’t need to do any special preparation. In winter they skin and cross-country ski, in summer they cycle, run and hunt: the truth is these guys are constantly on the mountain and spend their lives being ready for the PDG. It’s also in their genes: Jean’s father, first took him up the Dufourspitze (4,634m), the highest peak in Switzerland, when he was just 15 years old. Euphémien Moix (otherwise known as ‘the Yeti’) also participated in the first PDG in 1984 and did his last (the short race from Arolla) at the age of 82. “So where’s the challenge?” I ask. “The cold.” Jean-Marc and Daniel agree that, as they grow older, the cold gets ever harder to counter. Another issue is energy levels: Daniel has a problem taking on enough food as he doesn’t like slowing down to eat and then can’t digest (they have many awful stories about people’s digestive issues along the course, in fact they have many stories). As for Jean, he has no particular concern, other than that his equipment may let

Daniel, Jean-Marc & Jean

des gens tout au long du parcours). Quant à Jean, il n'a pas d'inquiétude particulière, si ce n'est que son équipement le lâche ou que la course soit annulée en raison du manque de neige cette année. « Ne t'inquiète pas, dit Daniel, on fera la prochaine. » Jean, Jean-Marc et Daniel font autant partie de l'histoire de la PDG que celle-ci fait partie d'eux, et ils gardent en eux bien des souvenirs. Je présume qu'ils ont dû constater de nombreux changements au fil des ans, et les commentaires fusent. Bien sûr, la course reste la même : le parcours, l'obscurité ponctuée par la danse des lampes frontales, le moment magique de la traversée de Tête Blanche par le col de Bertol alors que le soleil se lève sur les Alpes et que les premiers rayons éclairent les coureurs fatigués qui se frayent un chemin à travers les sommets. De grands changements sont intervenus dans l'envergure de la course et le nombre de concurrents étrangers, mais le plus grand changement me disent-ils, avec un certain air de regret, concerne l'évolution de l'équipement. Auparavant, un skieur-alpiniste devait faire preuve d'un brin d'inventivité. Aujourd'hui, ils trouvent que le matériel léger et technique proposé est tristement uniforme. « Ça a enlevé tout le plaisir », me disent-ils, avant de me montrer leurs anciens skis et chaussures fièrement rudimentaires. Ils sont également résolument anti-logo : « cela va à l'encontre de l'esprit de la course ». Cependant, bien qu'ils s'entraînent avec leur ancien équipement, ils admettent qu'ils sortiront le matériel léger pour la course : ils ne voudraient pas donner un avantage injuste à quiconque. Même s'ils incarnent le passé de la PDG, ils font également partie intégrante du présent de la course. Malgré leurs 196 ans cumulés, le feu de la compétition brûle toujours en eux et il m'apparaît clairement qu'ils ne sont pas là seulement pour participer. Quant à leurs objectifs, voici ce qu'ils m'ont confié : avant la course : amitié, sérénité et pas trop de pression ; pendant la course : compétition et dépassement de soi ; et à l'arrivée : descendre dix litres de bière après avoir battu les Britanniques et ne pas être déçu de leur résultat. Et qu'est-ce qui pourrait les décevoir ? Ils sont un peu évasifs à propos d'un temps, mais ils sont tous d'accord que moins de 11 heures serait idéal. him down or that the race may not take place at all due to this year’s lack of snow. “Don’t worry,” Daniel says, “we’ll just do the next one.” Jean, Jean-Marc and Daniel are as much a part of the history of the PDG as it is part of them, and they are the keepers of many memories. I suggest that they must have seen many changes over the years, and the comments fly. The race, of course, remains the same, the route, the darkness punctuated by dancing headlamps, the magical moment of crossing the Tête Blanche via the Col de Bertol as the sun rises over the Alps to cast a dim light upon the tired racers ribboning their way across the peaks. There have been big changes in the scale of the race and the number of foreign competitors, but the biggest change they tell me, with a certain air of regret, is the development in equipment. Previously a ski mountaineer had to be a bit of an inventor, nowadays they find the lightweight, technical kit sadly homogenous. “It’s taken the fun out of it,” they tell me, before showing me their rebelliously non-technical, ancient skis and boots. They are also determinedly anti-logo “it goes against the spirit of the race”. However, whilst they may train in the old gear, they admit they’ll be getting out the lightweight kit for the race: they wouldn’t want to be giving anyone an unfair advantage. But whilst they represent the past of the PDG, they are also very much part of the race’s present. Despite having a combined age of 196 years, the competitive flame still burns bright and it becomes clear to me that this is not just about participation. Their objectives, they tell me, are: before the race – friendship, serenity and not too much pressure, during the race – competition, pushing their own limits and, on arrival – to down ten litres of beer having beaten the Brits and not be disappointed with their result. And what would lead to disappointment? They are a bit cagey about committing to a time, but they all agree that under 11 hours is ideal, over that and they would be slightly disappointed. Daniel laughingly refers to the team as ‘Tinguely creations’ (Jean Tinguely was a Swiss artist famous for his wacky,

Jean Moix en 1984, ici en bonnet gris. Jean Moix in 1984, in grey beanie.

La cordée de Jean Moix en 1984 menée par Konrad Gabriel et avec Steve Maillardet. Première en militaire et cinquième scratch. Jean Moix’s rope team in 1984, led by Konrad Gabriel and with Steve Maillardet. First in military category, fifth overall.

La montée sur Riedmatten : la danse des lampes frontales. Dancing headlamps climbing the col de Riedmatten. Daniel Ryter (centre) avec ses co-équipiers de 1984, Christian Crottaz (gauche) & Roelof Overmeer (droite). Daniel Ryter (centre) with 1984 teammates, Christian Crottaz (left) & Roelof Overmeer (right).

Jean-Marc Farquet, 1984.

Gilbert Bessard. Co-équipier de Jean-Marc. Jean-Marc’s teammate. Pierre-Alain Corthay. Co-équipier de Jean-Marc. Jean-Marc’s teammate.

«s'ils incarnent le passé de la PDG, ils font également partie intégrante du présent de la course... »

Daniel appelle son équipe avec humour les « créations de Tinguely » (Jean Tinguely était un artiste suisse célèbre pour ses sculptures mécaniques farfelues faites d'objets recyclés). « Nous sommes un peu rouillés et nos squelettes grincent et couinent un peu », plaisante-t-il. Les deux autres le regardent d'un air offusqué, estimant manifestement ne pas se reconnaître dans cette description. « Parle pour toi », lui répondent-ils. Les trois hommes ont visiblement apprécié de se rencontrer pour préparer la PDG de cette année. Jean, en particulier, a beaucoup aimé leurs randonnées hebdomadaires de six à sept heures. Son meilleur ami et ancien coéquipier, Robert Wehren, décédé en 2021, lui manque cruellement. Lorsqu'on lui demande s'il y aura un moment dans la course en particulier où il pensera à Robert, il répond calmement : « non : chaque fois que je suis en montagne, je pense à lui. » Il est beaucoup question de souffrance, des difficultés rencontrées lors du parcours éreintant et des dangers encourus.

« Alors pourquoi le faites-vous ? » Ils me regardent interloqués : c'est quoi cette question ? Ils évoquent les liens très forts qu'ils ont tissés avec les autres patrouilleurs du fait de vivre cette expérience exceptionnelle, de partager la crainte du froid, de surmonter la fatigue extrême et la faim. Mais bien sûr, je connais la vraie réponse: il est tout simplement impossible pour ces hommes de ne pas faire la PDG, cela coule dans leurs veines ; c'est une partie essentielle de leur être, au même titre que respirer. C’est juste ce qu’ils font. mechanical sculptures made from recycled objects). “We’re a bit rusty and our skeletons creak and groan a bit,” he jokes. The other two look at him offended, they clearly do not think the description fits. “Speak for yourself,” they tell him.

The three men have clearly enjoyed getting to know each other as they prepare for this year’s PDG. Jean, in particular, has enjoyed their weekly six-seven-hour hikes. He desperately misses his best friend and former teammate, Robert Wehren, who died in 2021. Asked if there will be a particular point in the race that he will think of Robert, he replies quietly, “no: every time I am in the mountains, I think of him”. There is much talk of suffering, the difficulties encountered during the gruelling course and the dangers involved. “So why do you do it?” They look at me puzzled: what sort of question is that? They talk of the strong bonds forged with other patrollers from living this exceptional experience, from sharing the dread of the cold, overcoming extreme fatigue and hunger. But of course, I know the real answer: these men just cannot not do the PDG, it runs in their veins, it’s an essential part of their being and is as necessary to them as breathing. It’s just what they do.

La Neige de Printemps

Spring Snow

• En décembre 2005, dans le premier numéro de ce magazine, le guide de montagne Hans Solmssen avait écrit un article sur la meilleure façon de profiter du début de la saison à Verbier. Plusieurs années et éditions plus tard, Hans partage ses 32 années d'expérience en tant que guide dans la région pour donner quelques conseils sur la façon de tirer le meilleur parti de la neige de printemps. • Back in December 2005, in the first issue of this magazine, mountain guide, Hans Solmssen,

wrote an article on how to make the most of the early season in Verbier. Many years and editions later, Hans shares his 32 years of experience guiding in the region to offer some advice on how to make the most of spring snow.

• Avril peut être magique à Verbier – de longues journées ensoleillées et, potentiellement, du bon ski. Cependant, les conditions d'enneigement peuvent être délicates en raison des températures en dents de scie qui font dégeler la neige dans les après-midi chauds, puis la font geler à nouveau lorsque les températures descendent en dessous de zéro pendant la nuit. La neige de printemps peut être le paradis ou l'enfer : si vous vous trompez dans le choix du moment et de l'endroit, vous risquez de vous retrouver à faire du patin à glace avec vos skis sur une neige irrégulière et bétonnée ; si vous vous y prenez bien, vous pourrez flotter sur une neige douce comme du velours, en vous demandant pourquoi la neige de printemps n'est pas autant plébiscitée que la poudreuse. Hans Solmssen, qui est arrivé à Verbier en 1982, nous donne quelques conseils de base.

Orientation de la pente

C'est assez évident - une pente orientée au nord est synonyme de poudreuse, une pente orientée au sud est synonyme de neige de printemps (maïs). Le soleil se lève à l'est, enfin, au sudest dans l'hémisphère nord, alors skiez sur les versants sud-est le matin, et sud-ouest plus tard dans la journée.

Température

Le meilleur moment pour aller skier dépend de la température. Même si la température ne descend pas en dessous de zéro pendant la nuit, la neige gèlera quand même en raison de la perte de chaleur par rayonnement.

Perte de chaleur par rayonnement

C'est ce qui fait que la neige gèle pendant la nuit. La chaleur de la journée dans le sol se dissipe dans l'atmosphère. Si la nuit n'est pas froide et claire, ces nuages arrêteront la perte de chaleur radiative et la neige ne pourra pas se mettre en place pour le plaisir des jours suivants.

Inclinaison de la pente

Moins évident, mais important - les pentes raides font face au soleil plus directement alors qu'il est bas sur l'horizon tout au long de l'hiver. (Une autre façon de trouver de la bonne poudreuse au printemps est de skier vers le nord, mais aussi sur des terrains plats en allant vers le sud).

Altitude

Les altitudes plus élevées prennent plus de temps pour arriver à maturité. Les mois de mars et d'avril sont souvent une bonne période pour trouver de la neige de printemps sur les pentes raides du sud. Le seul problème, c'est que lorsque nous sommes à 'marée basse' et qu'il y a moins de neige, comme cette année, il n'y a plus de neige à ces altitudes inférieures !

Couleur

La neige sale affecte tout cela : certaines années, comme cette année le sable du Sahara joue un rôle important : les couches de neige fraîche fondent en laissant cette couche apparente. Elle est jaune et, étant donné qu'il s'agit de sable, elle n'est pas très résistante aux frottements ! Son teint jaunâtre signifie moins de blanc, plus rapide à chauffer, et probablement pas soyeux quand il devient mûr. Tenez compte de ce qui précède lorsque vous partez en montagne pour profiter de la neige de printemps de Verbier. • April can be magic in Verbier – long sunny days and, potentially, some great skiing. However, the snow conditions can be tricky due to yo-yoing temperatures which cause the snow to thaw out in the warmer afternoons then freeze again as temperatures drop below freezing overnight. Spring snow can be heaven or hell: get your timing and location wrong and you could find yourself ice skating on your skis across bumpy, concrete snow, get it right, and you could be floating on top of velvet-soft perfection wondering why spring snow doesn’t get as much hype as powder. Hans Solmssen, who arrived in Verbier back in 1982, offers a few basic tips.

Slope Aspect

Kind of obvious – a north-facing slope equals powder, south-facing equals spring (corn) snow. The sun rises in the east, well, south-east here in the northern hemisphere, so ski on south-east aspects in the morning, and southwest later in the day.

Temperature

The best time to time to go skiing will depend on the temperature. Even if the temperature doesn’t drop below zero overnight, the snow will still freeze due to radiational heat loss.

Radiational Heat Loss

This is what causes snow to freeze overnight. The day’s heat in the ground will dissipate into the atmosphere. If it’s not a cold, clear night, those clouds will stop the radiational heat loss and the snow won’t setup for next days’ pleasure.

Slope Gradient

Less obvious, but important – steep slopes face the sun more directly while it’s low on the horizon all winter long. (Another way to find good powder in spring is skiing north, but also on flat terrain when heading south).

Elevation

Higher elevations take more time to mature. March and April is often a fine time to find spring snow on steep, southern aspects. The only problem is, when we are at “low tide” with less snow like this year, there is no snow at those lower elevations!

Colour

Dirty snow affects all this: some years, as we saw last month, sand from the Sahara plays an important role: the fresh layers of snow melt leaving this layer apparent. It’s yellow and due to it being sand isn’t very friction free! Its yellowish complexion means less white, quicker to heat up, and probably not silky smooth when it does become ripe. Take the above into consideration when heading up on the mountain to enjoy Verbier’s spring snow.

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