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LA PAPILLON DANS LE VENTRE

l’orgueil. Qu’avant même de nager il soit intimement persuadé qu’il pouvait les battre. Pas parce qu’il a des lacunes à ce niveau, au contraire, mais parce que j’avais envie de le voir acteur et non spectateur de cette compétition, et ce fut le cas. »

DEUXIÈME MAISON Acteur de son parcours sportif, Ilan Gagnebin l’est assurément. A l’heure de rentrer en 8e Harmos, il choisit de s’inscrire au collège du Mail pour y intégrer le Centre régional de performance (CRP) du Red-Fish Neuchâtel [lire en p. 13], qui lui permet de concilier aisément sa pratique sportive et sa scolarité grâce à un horaire des cours respectueux des contraintes liées aux entraînements et aux compétitions. « Je faisais déjà d’assez bons résultats au niveau romand, ce qui me motivait à aller plus loin malgré les sacrifices que demandent les entraînements et les compétitions. » Des sacrifices qu’Ilan Gagnebin, soutenu par ses amis « compréhensifs », ne regrette pas : « ils portent leurs fruits ! »

Devenue dès lors sa « deuxième maison », l’eau le comble. « J’adore la sensation de glisse quand je prends appui pour aller le plus vite possible, raconte-t-il avec un large sourire. C’est fascinant d’apprendre les techniques qui permettent de prendre plus d’eau ou de mieux s’y placer pour gagner en vitesse et c’est beau de les voir mises en pratique. » Malgré le fait que les courses – en tant que telles – soient individuelles, le jeune homme préfère définir sa discipline comme un sport collectif, un autre aspect qu’il apprécie grandement : « les entraînements sont durs et intensifs. Faire partie d’un groupe assure une plus grande motivation, car chacun pousse les autres. Une bonne dynamique de groupe apporte beaucoup à la performance individuelle. »

DE LA RÉALITÉ… AU RÊVE ? Même s’il aime toutes les nages et les pratique volontiers « dans les petites compétitions qui sont l’occasion de tenter des courses », sa spécialité, c’est la nage papillon. « Ce n’est pas la plus facile à réaliser, mais c’est celle que je nage le mieux, le plus vite et le plus instinctivement », précise Ilan. Titré vice-champion suisse du 100 mètres papillon des Championnats de natation en catégorie OPEN de Sion en novembre 2020 – décrochant ainsi sa première médaille dans l’élite de la discipline – le nageur avait remporté le titre dans la catégorie junior en 2016, 2017 et 2018.

Actuellement en deuxième année au Lycée Denis-de-Rougemont dans le cursus physique application des mathématiques (PYAM) option bilingue anglais, Ilan Gagnebin envisage un avenir dans lequel il continuerait de suivre des études en parallèle à sa pratique sportive, peut-être à l’étranger. « Aux Etats-Unis, le sport est mis en avant dans les universités. Mais si cela ne se concrétise pas, je pense qu’il sera également possible de concilier les deux en Suisse. L’armée sportive peut également être une option. »

D’ici là, Ilan Gagnebin se concentre sur ses études actuelles et sur la concrétisation de son grand rêve, les Jeux olympiques. « C’est un rêve d’enfant qui se rapproche de plus en plus ! » ///

LE SPORT AU CENTRE DE L’ÉCOLE

Quand Ilan Gagnebin intègre le Centre régional de performance (CRP) du Red-Fish Neuchâtel au collège du Mail en 2015, il fait partie de la deuxième volée d’élèves à le faire. « En 2012, Stefan Volery, Daniel Gumy et moi-même avons repris le club en main et nous avons engagé des entraîneurs professionnels – la plupart français – qui avaient l’habitude de s’occuper de nageurs inscrits en filières sport-études. Ce que nous ne connaissions alors que peu chez nous », explique Lanval Gagnebin. Apprenant que le collège du Mail était en train de mettre en place une telle offre en collaboration avec un club de tennis après l’avoir déjà fait avec Swiss-Ski, le Red-Fish Neuchâtel entame les démarches. « En moins d’un an, le concept était en place », se souvient-il.

ETROITE COLLABORATION Contrairement à la filière sport-art-études traditionnelle qui « permet de ne supprimer que quelques cours », le CRP travaille en étroite collaboration avec les clubs. « Les horaires des élèves sont choisis en fonction de leurs entraînements, des cours de soutien sont organisés par l’école et le club fonctionne comme une structure parascolaire » détaille le vice-président du Red-Fish Neuchâtel. Les dispenses scolaires se décidant en fonction de l’horaire des sportifs membres du CRP, des branches principales sont parfois écartées au profit du sport, notamment si celles-ci sont enseignées entre 7h et 8h du matin lorsque les nageurs s’entraînent. « C’est là que le soutien scolaire proposé dans le cadre du CRP a toute son importance, car notre souci est avant tout scolaire : si les résultats de l’élève ne suivent pas, le nombre d’entraînements est réévalué, mais depuis la création du concept nous n’avons eu affaire à aucun échec scolaire. »

PAS D’ÉQUIVALENCE AU LYCÉE Au niveau du lycée, une telle structure n’existe « pas pour le moment ». La Talent card délivrée par Swiss Olympic permet bien aux sportifs d’élite de prétendre ne suivre les cours que le matin et de consacrer les après-midis à la pratique de leur discipline sportive, mais ce concept sport-élite est applicable uniquement dans certains cursus et l’option PYAM qu’a choisi Ilan n’en fait pas partie. D’autre part, « le Red-Fish n’a pas les moyens d’offrir un entraîneur personnel à Ilan, sans parler du fait que s’entraîner seul ne présente que peu d’intérêt. »

Ne reste donc pour Ilan que l’option Sport-art-études qui le dispense de certains cours et facilite ses absences sportives. « Pour un sportif comme Ilan, l’école et la natation représentent un total de 60 heures de travail par semaine. Ils prennent sur eux, ça fonctionne, mais l’équilibre est assez fragile : la motivation doit être personnelle »,

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