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NEUCHÂTELOIS
MAIS PAS À COURT D’IDÉES
Soutenus en 2020 par différentes aides financières, les clubs de sport et les associations sportives du canton restent néanmoins fragiles. Ils redoutent maintenant une hémorragie des membres et la fuite de sponsors. De leur côté, écoles, studios et fitness privés tirent la sonnette d’alarme.
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/// PAR FABRICE ESCHMANN PHOTOS ROBIN NYFELER
Ce n’est pas encore la débâcle, mais tout le monde vit dans l’angoisse d’un avenir incertain. Même si les mesures se sont légèrement assouplies le 14 avril dernier, les conséquences de cette situation de crise ne sont en effet pas encore connues, loin s’en faut. Comme les répliques d’un tremblement de terre, celles-ci vont se faire sentir ces prochains mois, voire ces prochaines années. Si seul un bon tiers des clubs neuchâtelois font face à des finances « moyennes » ou « mauvaises », la majorité d’entre eux craignent maintenant une hémorragie de membres et la fuite des sponsors.
Avec, comme conséquence redoutée, la disparition pure et simple des plus touchés. C’est ce qui ressort d’un sondage mené par le Service cantonal des sports auprès des structures associatives à fin 2020. Quant aux sociétés privées comme les écoles, studios et autres fitness, si quelquesunes redoublent d’imagination pour ne pas sombrer, une grande part est au bord de l’asphyxie, comme en témoigne la plainte en responsabilité déposée début avril contre la Confédération par la Fédération Suisse des Centres de Fitness.
ETAT DES LIEUX CANTONAL C’est plutôt une bonne nouvelle, qui va en étonner plus d’un : malgré l’interruption du sport amateur une grande partie de l’année, 62 % des clubs de sport et des associations sportives neuchâtelois font état de finances saines à fin 2020, les qualifiant de « bonnes » ou de « très bonnes ». Une situation rendue possible par la grande part de bénévolat qui prévaut dans l’encadrement et l’administration, mais aussi grâce aux aides fédérales, cantonales, communales et privées. Pour autant, cet état des lieux, mené auprès de 645 structures associatives, ne doit pas être pris pour argent comptant. D’abord, car le rapport ne s’appuie que sur les 229 questionnaires retournés – soit 35 % du total ensuite, et surtout, parce qu’il fait aussi ressortir que les deux plus grandes craintes pour les mois à venir concernent les démissions pour 59 % des clubs et les pertes financières pour 72 %.
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En cause ici, le modèle économique du sport amateur : ses trois principales sources de revenus sont les cotisations, les recettes de manifestations et les sponsors. Or, lorsqu’entraînements, matchs et tournois s’arrêtent, l’effet domino est quasi assuré. Une fragilité économique que le Judo Club
FÊTE DES VENDANGES, REPAS DE SOUTIEN, TOURNOIS : TOUT A ÉTÉ ANNULÉ L’AN DERNIER. C’EST UN TIERS DE NOTRE BUDGET… » »
Cortaillod illustre bien. En grandes difficultés financières, la structure a fini par recevoir des aides directes de la Confédération (via Swiss Olympic et la Fédération suisse de judo), du canton (via l’Association neuchâteloise de judo) et de la Commission Loro-Sport. « Ça nous a permis de boucler les comptes 2020 en limitant la casse » soupire avec soulagement le directeur général et entraîneur Stéphane Guye. Les salariés du club, cependant, n’ont pas eu droit aux RHT. Une décision qui fait l’objet d’un recours devant les tribunaux. « Notre situation est particulière : nous sommes un club amateur, mais encadré par des professionnels. »
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BUDGETS MIS À MAL Depuis le 11 janvier dernier, les activités ont pu reprendre en intérieur et en présentiel pour les moins de 20 ans. Une éclaircie qui fait du bien au moral : « A fin octobre, on ne savait pas si on passait l’année » lâche l’entraîneur. Confiant, le club a envoyé les cotisations du premier quadrimestre. « Un montant important de cotisations est resté impayé en 2020. Sans parler du fait que nous n’avons pas pu recruter. L’érosion n’est pas catastrophique, mais cela nous fait tout de même 15 % en moins sur les recettes habituelles. » Le poste à avoir le plus souffert,
CHEZ RÉSODANSE-STATION
À NEUCHÂTEL, ON A JAMAIS COMPLÈTEMENT STOPPÉ LES ACTIVITÉS » pourtant, est celui des manifestations. Fête des Vendanges, repas de soutien, tournois : tout a été annulé l’an dernier. « C’est un tiers de notre budget. Là, on perd des plumes. » Troisième domino à vaciller le sponsoring. « Les contrats sont signés pour trois ans. Je dois reprendre contact, mais ça va devenir difficile. Il va falloir être imaginatif pour rester attractif ! On s’attend à une baisse là-aussi. » Même si le club limite la casse, Stéphane Guye a été contraint de ne pas reconduire le contrat d’un moniteur, « pour économiser ». De plus, un entraîneur externe de Ju-Jitsu a préféré interrompre son mandat, se trouvant lui-même dans une tranche d’âge à risque. « Nous restons trois salariés et plus aucune prestation extérieure. »
Du côté des écoles, studios et fitness privés, on connait les mêmes soucis financiers. Chez Résodanse-Station à Neuchâtel, qui compte 250 membres pour 10 professeurs, on n’a jamais complètement stoppé les activités « Même à quatre élèves et un prof, nous avons préféré maintenir certains cours, explique le directeur Laurent Perrussel. C’est une respiration… pour tout le monde ! » Une volonté de survie qui n’a pas empêché les démissions « Si une famille se retrouve en RHT avec des revenus diminués de 20%, elle doit bien aller les récupérer quelque part. Pour moi, c’est une perte nette. » Des APG pour les moniteurs indépendants, des RHT pour les salariés et un crédit COVID font pour l’instant tenir la structure.
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DE GROS EFFORTS DÉPLOYÉS Cédric Bertholet, de son côté, a choisi de forcer le destin. Patron d’Esprit Fitness, il fut l’un des premier du canton, en 2020, à lancer des cours sur Zoom (lire page 26). Depuis début mars de cette année, avec le retour des températures printanières, il a également décidé de squatter ses propres places de parc, juste devant l’immeuble des Champs-Montants à Marin, qui abrite plusieurs autres sociétés. « Les gens s’inscrivent directement sur l’application que j’ai mise au point, ce qui permet une traçabilité, expose le patron. Au début, c’était tellement inhabituel que les employés du quartier descendaient pour regarder. On a dû réagir. Aujourd’hui, tout va bien ! » Jamais à cours d’idée, Cédric Bertholet vient de mettre en place, comme d’autres avant lui, des « silent sessions » en plein air : « On propose du spinning ou de la zumba. Chaque participant est équipé d’un casque, dans lequel il reçoit musique et instructions. Ça marche super bien ! »
Pourtant, malgré toute cette énergie, Esprit Fitness doit faire avec une baisse conséquente du chiffre d’affaires. « De plus de 40%, ce qui fait de moi un cas de rigueur », admet le patron. Lequel a également dû procéder à deux licenciements (sur plus de trente collaborateurs), recourir aux RHT pour les autres et contracter un prêt COVID. « Ce qu’il faut, c’est rouvrir entièrement, même avec des mesures sanitaires, même en s’adaptant à l’évolution de la situation, lance-t-il comme un appel. Car si l’on doit refermer, c’est notre mort assurée. »
PROFESSIONNALISER LE SPORT POPULAIRE
Cédric Bertholet, avec quelques autres, fait cependant figure d’exception dans le canton et en Suisse. La majorité des fitness serait en effet étouffée par les restrictions. C’est du moins ce qu’on en croit après la plainte rédigée par la Fédération suisse des centres de fitness (FSCFS), début avril. La fermeture « forcée et arbitraire » ordonnée par Berne provoquerait d’importantes baisses de chiffres d’affaires, jugées disproportionnées. Avec cette plainte que les fitness peuvent déposer auprès du Département fédéral des finances, la faîtière veut obliger la Confédération à verser des dommages et intérêts pour les pertes financières subies, relève Keystone-ATS. Selon la FSCFS, les centres de fitness sont de plus en plus menacés dans leur existence. Les aides pour cas de rigueur n’ont aucune mesure avec les pertes de ces quatorze derniers mois. Une pression sur le Conseil fédéral qui a fini par payer : le 14 avril, celui-ci décidait d’autoriser à nouveau les réunions de 15 personnes au maximum à l’intérieur. De quoi réjouir fitness et autres structures.
La crise sanitaire qui touche le pays depuis plus d’une année met sous une lumière crue la fragilité financière du sport en général, du sport associatif populaire en particulier. Dans son état des lieux, le Service cantonal des sports salue le bénévolat comme une force des clubs, tout en soulignant que le manque de professionnalisme peut aussi porter atteinte aux démarches administratives à réaliser en cas de problème. « En effet, le sport est encore considéré comme un loisir mentionne le rapport. (…) Il devrait, au même titre que les troupes de théâtre, être composé de professionnels afin de garantir une bonne gestion et que le sport prenne une place considérée dans le canton. » C’est ce que demande également la toute nouvelle Fédération neuchâteloise du sport (FeNeSpo), dont l’initiative cantonale intitulée « 1 % pour le sport » a été lancée en mars 2021. ///
DOSSIER LE SPORT NEUCHÂTELOIS À BOUT DE SOUFFLE... MAIS PAS À COURT D’IDÉES
Le Digital Au Secours Du Physique
Si certains sports ne peuvent se pratiquer ailleurs que sur un terrain ou dans un bassin, nombreuses sont les structures sportives à avoir adopté la vidéo ou une plateforme web pour tenter de maintenir leurs membres en mouvement. Certains fitness tirent leur épingle du jeu.
« Il n’y a rien de positif à la crise, au départ. Mais il faut aller de l’avant, faire ce qu’on nous autorise à faire. » Avec 2’500 m2 de surface, un loyer conséquent et plus de trente employés, Cédric Bertholet n’a pas le choix. En une année, le patron du plus grand fitness du canton, Esprit Fitness à Marin, a perdu plusieurs centaines de membres. Alors, pour limiter les dégâts, il a développé son esprit créatif… et investi cours sur Zoom, en plein air, silent sessions, prêt de matériel – plus de 20’000 francs au total pour se mettre à niveau. « Je n’ai pas fait tout ça pour gagner de l’argent, mais pour en perdre le moins possible » précise-t-il. Comme lui, nombreuses sont les structures sportives – associations ou sociétés privées – à avoir imaginé des alternatives à leurs activités classiques. Avec un seul mot d’ordre : garder le contact avec les membres, mais aussi les sponsors.
Parmi toutes les solutions possibles, le digital a ouvert un univers jusqu’ici peu exploré par le sport. A commencer par le format MP4, nouvel outil rapide et multi-usages que les téléphones portables ont passablement démocratisé ces dernières années. Finis les bons vieux films VHS de J+S, qui décortiquaient le mouvement juste en 8 étapes. Place à la spontanéité et à l’expression ludique : « Avec plusieurs professeurs, nous avons élaboré des petits projets vidéo que nous avons transmis aux élèves, raconte Laurent Perrussel, directeur de Résodanse-Station. Des chorégraphies fun, pour continuer à s’entraîner à la maison. En retour, nous leur avons demandé de se filmer et de faire des petits montages. C’est une manière de réunir les élèves virtuellement. »
Un cran au-dessus, le Dojo Virtuel créé par Dojo Aïkido Neuchâtel. Ouvert début 2020, il propose des vidéos en ligne d’Aïkido, de yoga,
CHEZ ESPRIT FITNESS, UN SEUL MOT D’ORDRE : GARDER LE CONTACT AVEC LES MEMBRES » de résilience ou encore de méditation.
« Nous avons même lancé dernièrement des cours de coaching et de sport & intellect, qui s’adressent aux adultes déprimés et aux enfants stressés, pour leur apprendre à gérer leurs émotions et les inciter au sport » détaille le fondateur Eric Graf. Six vidéos par semaine sont ainsi publiées directement sur le site web du Dojo, les inscrits étant prévenus par e-mail à chaque fois qu’un nouveau contenu est disponible. Et le succès est là le module Indestructible, par exemple, proposé aux membres – qui fait également partie de l’offre Midi Tonus – réunit déjà quelque 370 personnes. « Nous avions commencé à imaginer le Dojo Virtuel avant la crise, mais celle-ci a bien sûr accéléré les choses, explique Eric Graf. Nous allons le développer davantage encore. Par exemple, en rendant tous nos stages hybrides. »
Mais la vidéo ne sert pas qu’à maintenir un contact avec ses membres.
Elle aide aussi à retenir les sponsors. Sans public, les matchs ne jouent en effet plus leur rôle de tribune pour les différents mécènes et soutiens financiers. Pour pallier ce manque de visibilité, plusieurs clubs, parmi lesquels le NUC et Neuchâtel Hockey Academy, ont déployé un effort particulier pour filmer les rencontres, en live stream et sur les réseaux sociaux – YouTube et Facebook essentiellement. « Jusqu’ici, tous nos sponsors ont suivi, c’est magnifique », se félicite Jo Gutknecht, présidente du NUC.
Autre outil digital : les plateformes de visioconférence, à l’instar de Zoom. Nombreux sont les clubs à les avoir adoptées pour dispenser des entraînements à distance, notamment du renforcement musculaire. Des initiatives qui ont rencontré des succès divers, plutôt mitigés auprès des jeunes. Le dispositif s’est par contre avéré beaucoup mieux adapté à des structures privées, comme les fitness. Cédric
Bertholet l’a vite compris : « Nous avons été les premiers, dès mars 2020, à mettre en place des cours en ligne » souligne-t-il. Et ce dernier n’a pas lésiné un WiFi plus puissant pour ses locaux, de quoi équiper deux salles en micros, caméras et écrans, une appli pour s’inscrire et le voilà parti pour proposer une trentaine de cours par semaine. « Le succès tient à deux idées : nous avons prêté une centaine de vélos de spinning ainsi que des tonnes de matériel de musculation ; mais surtout, ce sont nos instructeurs, dans nos locaux, qui assurent les directs sur Zoom, tout en interagissant. » Offerts aux membres « pour les fidéliser » les cours le sont aussi aux non-membres durant la crise. Et là également, le concept survivra à la pandémie « Certains se branchent parfois depuis leur chambre d’hôtel, ou depuis le fitness de leur centre de vacances à l’autre bout du monde, rigole Cédric Bertholet. On n’aurait jamais imaginé ça avant ! » ■
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Vers Un S Rieux Probl Me De Rel Ve
Chahutés comme une boule de flipper depuis une année, les clubs neuchâtelois peinent à motiver les plus jeunes de rester. Face à l’annulation des compétitions, voire des entraînements pour certains, ceux-ci préfèrent se tourner vers d’autres sports, moins soumis aux restrictions.
« On a perdu trois ou quatre jeunes dans les +16, certains ayant pris la décision d’arrêter en décembre pour partir vers d’autres activités. Mais c’est la catégorie des +20 qui va vraiment souffrir. On fera le bilan quand ils reprendront l’entraînement, mais je ne suis pas rassuré. En un an, nous avons vu partir 25 % de nos membres (1’300 avant la crise, 970 aujourd’hui), soit 15 % de plus que normal. On risque d’avoir du mal au niveau de la relève dans les années à venir. » A l’heure où la compétition reprend progressivement pour l’élite, Jean-Marc Gueguen a un peu la gueule de bois. S’il s’est réjoui de la tenue d’un meeting réunissant cinq clubs romands en mars dernier, le directeur du Red-Fish Neuchâtel est inquiet pour les plus jeunes. Une préoccupation qui touche tous les clubs du canton… et du pays entre les interdictions de se réunir à l’intérieur, les distances sanitaires à respecter, les limites d’âges à prendre en compte et l’interruption des entraînements comme des compétitions pour certains, la motivation s’est envolée.
Depuis le 16 mars 2020 – date à laquelle le Conseil fédéral plaçait la Suisse en état d’urgence sanitaire, fermant les écoles et interdisant toute manifestation – le sport, à quelque niveau que ce soit, se sent comme une boule de flipper : d’abord à l’arrêt complet au printemps 2020, les clubs ont connu un été à peu près normal, avant que les amateurs se voient à nouveau privés d’activités avec l’arrivée de la deuxième vague en octobre. Peu avant Noël, les centres élites fermaient à leur tour. En janvier cependant, les plus jeunes – moins de 16 ans d’abord, puis moins de 20 ans – pouvaient reprendre les entraînements à l’extérieur, y compris pour les sports de contact.
Ces incessantes restrictions, suivies de mesures d’assouplissement, ellesmêmes suspendues à de multiples conditions d’âge, de places à disposition, de nombre de participants, de types de disciplines ou encore de lieux (intérieur ou extérieur), ont rapidement donné des cheveux blancs à plus d’un cadre sportif. Dans la catégorie élite, par exemple, seuls les titulaires d’une Swiss Olympic Card ou d’une Talent Card régionale ont pu continuer à s’entraîner. Une situation qui privait, de fait, les jeunes espoirs d’activité. Et même avec les athlètes confirmés, l’organisation s’est parfois avérée compliquée : « Il a fallu faire des groupes de cinq, puis de dix, puis de quinze, explique Jean-Marc Gueguen. Les choix ont été difficiles, certains ont vécu ça comme une mise à l’écart. »
Pas de sélection frustrante au Judo Club Cortaillod, mais des préoccupations tout de même : « Nos trois top-athlètes peuvent s’entraîner pour les Jeux olympiques de Tokyo, au Centre national de judo d’Yverdon-lesBains, souligne le directeur Stéphane Guye. Mais le protocole sanitaire y est extrêmement compliqué, ce qui engendre un grand stress chez mes sportifs. » Au sujet des amateurs, il poursuit : « Toutes les compétitions sont stoppées et les entraînements à l’extérieur, principalement des exercices de renforcement, n’intéressent pas les jeunes adultes. »
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Résultat la motivation s’étiole, dans toutes les tranches d’âge, mais particulièrement chez les jeunes. « Les deux tiers de mes hockeyeuses n’ont pas pu jouer cet hiver, se désole Laure Aeschimann, présidente de Neuchâtel Hockey Academy. Exclusivement féminin, le club aligne trois équipes, dont la première vient d’être reconnue par Swiss Olympic comme professionnelle. « C’est la reconnaissance qu’il nous manquait, la crise a beaucoup fait avancer les choses » admet-elle. Malgré cela, l’avenir s’annonce morose : « Avec un championnat arrêté depuis la fin octobre et des entraînements à cinq personnes, le côté social et convivial a beaucoup souffert. Or, c’est un aspect très important pour les jeunes. Je crains que certaines de mes filles passent à autre chose. »
Si un certain turnover est normal au sein des associations sportives, les prochains mois risquent de révéler une véritable hémorragie de membres, en particulier chez les plus jeunes. « En 2018, nous étions un super groupe à partir au Japon, se souvient Stéphane Guye. Trois ans plus tard, la moitié a quitté le navire, en partie à cause de la crise sanitaire. » Et les nouvelles recrues vont être difficiles à trouver : « La manifestation d’initiation avec laquelle je recrutais deux tiers de mes nouveaux membres, de même que le tournoi de formation pour les U11, ont tous deux été annulés », déplore Laure Aeschimann. ■
Nous Avions Commenc
SWISS OLYMPIC L’organisation faîtière du sport organisé de droit privé gère les fonds confédéraux à destination des fédérations nationales, dans le cadre des mesures de stabilisation Covid-19 pour le sport. En novembre 2020, elle a également reçu près de 45 millions de francs de la Société du Sport-Toto (qui réunit Swisslos et la Loterie Romande), soit environ 3 millions de plus qu’un an auparavant.
LE CANTON a débloqué lors de la première vague, pour l’ensemble de l’économie, de la culture et du sport, un montant estimé à 2,3 millions. A la deuxième vague, le Conseil d’Etat a alloué au sport associatif une aide exceptionnelle de 500’000.–, à parité avec la Commission LoRo-Sport. Ce million a été entièrement distribué à quelque 120 clubs à la fin de 2020. Les sociétés privées, quant à elles, ont pu bénéficier au printemps 2020 de prêts COVID sans intérêts, pour un montant total de près de 35 millions de francs. S’ils remplissaient les conditions légales, les salariés ont aussi pu toucher des RHT, les indépendants des APG.
LES SOURCES D’AIDES FINANCIÈRES
LA CONFÉDÉRATION Lors de la première vague, 50 millions de francs à fonds perdu avaient été mis à disposition des clubs non-professionnels en situation de faillite. Sur ce montant, seuls 2,1 millions avaient été versés sur toute la Suisse, dont 247’778 francs pour le canton de Neuchâtel, ce qui est pratiquement 4 fois plus que sa part nationale. Le reste de la somme a été reversé dans un pot commun destiné aux fédérations nationales, qui en ont également fait profiter les clubs.
En décembre 2020, le Parlement fédéral décidait l’octroi de 2 x 175 millions de francs, pour 2020 et 2021, en faveur des clubs professionnels et semi-professionnels pratiquant des sports d’équipe. Les deux tranches sont réparties entre des contributions à fonds perdu (115 millions au maximum) et des prêts (60 millions). Le Conseil fédéral entend ainsi dédommager les clubs pour les pertes qu’ils subissent dans le domaine de la billetterie. L’attribution de ces contributions est toutefois assortie de conditions rigoureuses, comme la réduction de la masse salariale, la transparence totale concernant l’utilisation des montants reçus et l’obligation de poursuivre les efforts en faveur de la promotion de la relève et du sport féminin.
JEUNESSE & SPORT Le programme d’encouragement au sport de la Confédération a décidé de reverser en 2021 le budget non utilisé durant 2020 (50% environ), en raison de l’arrêt des formations et des camps. Pour le canton de Neuchâtel, cela concernait en 2019 quelque 22’700 jeunes et 1,65 million de francs d’indemnités et de subventions.
A l’automne, la Confédération a donné la possibilité aux cantons de mettre en place un soutien extraordinaire pour les cas de rigueur. Ces modifications ont permis au Conseil d’État d’adapter le dispositif neuchâtelois en augmentant de 22,2 à 55,5 millions le crédit d’engagement destiné aux cas de rigueur. Cette aide s’adresse d’une part aux entreprises ayant subi des fermetures imposées durant plus de 40 jours depuis le 1er novembre 2020, d’autre part à celles ayant subi une perte de chiffre d’affaires supérieure à 40 % durant l’année écoulée.
LA VILLE DE NEUCHÂTEL a offert aux clubs utilisant ses infrastructures la gratuité des salles, bassins et autres terrains sur l’entier de l’année 2020, pour autant que les locataires aient été impactés directement par la pandémie. Ce soutien a été prolongé jusqu’au 30 juin 2021.
SOUTIENS PRIVÉS Migros soutient le sport amateur avec une cagnotte de 3 millions de francs, avec le programme « Support your sport ». Quelque 70 clubs du canton s’y sont inscrits. De son côté, le sponsoring de la BCN s’élève à 2,7 millions en 2020, répartis dans l’économie, la culture, la vie associative et le sport. Dans cette dernière catégorie, 120 entités (clubs, associations, manifestations) en ont bénéficié. ■