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La poésie du concret

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Nouvelle vague

Nouvelle vague

L’architecte Aline Asmar d’Amman révèle la suite de sa collection intitulée La Mémoire des pierres , réalisée à partir de chutes de marbre avec le Laboratorio Morseletto à Vincenza.

TEXTE Marina Hemonet

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L’ACTE II de La Mémoire des pierres dévoile des tables baptisées Stone Cloud en onyx gris ou onyx rose sur pierre de Vicenza

L’ARCHITECTE

Aline Asmar d’Amman.

BRUTALISTE ET ÉCORCHÉE,

la pierre dure accueille un marbre adouci, dont la matière est travaillée en textures raffinées.

Née à Beyrouth, Aline Asmar d’Amman vit et travaille à Paris où elle a déménagé son agence Culture in Architecture en 2011. Connue pour avoir assuré la direction artistique de la rénovation des espaces intérieurs de l’Hôtel de Crillon et repensé le décor du restaurant Jules Verne, à la tour Eiffel, celle qui signe cette année la scénographie du Pavillon libanais à la Biennale de Venise vient également de révéler le deuxième opus de sa collection La Mémoire des pierres lancée il y a deux ans. Prolongeant la ligne Architectures développée avec Karl Lagerfeld pour la Carpenters Workshop Gallery en 2018, cette ligne est née du « désir d’anoblir les chutes de pierres oubliées, de les chérir, de les transformer en leur trouvant une utilisation poétique et fonctionnelle, une place dans le quotidien », explique l’architecte. « Au fil des projets menés avec mon agence, touchant souvent à des matériaux rares et luxueux, je me suis intéressée à la question de ce qui reste, cette fameuse interrogation kundérienne de la trace des choses, de leur impact et de leur empreinte. La Mémoire des pierres est née de ces questionnements et d’une quête qui motive constamment mon travail : ceux de la poétique du concret. Nous pratiquons un métier enrichi par la recherche de la beauté sous toutes ses formes mais qui confronte la matière, les pratiques de construction, de consommation, la réalité d’un monde en mutation à très grande vitesse. » Inspirée par La Lecture des pierres (2014), l’ouvrage de l’essayiste et académicien français Roger Caillois, Aline Asmar d’Amman se rapproche de Deborah Morseletto du Laboratorio Morseletto, marbrière de grand-père en petite-fille, à Vicenza dans la région de Venise, qu’elle a rencontrée sur le chantier du Crillon. Très vite, la question des chutes de pierres et de marbres ainsi que leur devenir se pose. Et l’envie de les unir se révèle. De son enfance à Beyrouth pendant les années de guerre, de démolition en reconstruction, Aline Asmar d’Amman garde « une fascination pour la beauté des ruines, le mystère de ce qui reste après que tout est parti en poussière ». L’acte I et l’acte II de La Mémoire des pierres permettent d’explorer une sémantique nouvelle de sensations et de sensualité dans le travail du marbre et de la pierre. L’acte II dévoile des tables baptisées Stone Cloud en onyx gris ou onyx rose sur pierre de Vicenza, et une console-socle à livres, intitulée Levitation où des pieds sculptés en marbre Palladio et en pierre de Vicenza s’emboîtent avec des pièces en Arabescato Fantastico. Pensée pour demeurer pérenne, la collection se prolongera au fil des ans, et toujours en collaboration avec le Laboratorio Morseletto. « L’aspiration à la pérennité me vient d’un toc sans doute lié à mon enfance où j’ai appris à aimer profondément la beauté brisée, les ruines et les cicatrices porteuses de messages plus élevés que leur apparence première. » Un projet qu’elle espère développer au-delà d’une collection de mobilier.

La Mémoire des pierres sera présentée en collaboration avec The Invisible Collection chez Féau Boiseries, du 8 au 31 septembre en marge de la Paris Design Week, sur rendez-vous, 9, rue Laugier, 75017 Paris,

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