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Icônes de style
from Fcgvcc
Intemporels, les codes et les matériaux de ces salles de bains historiques signées Antoni Gaudí, Piero Portaluppi, Madeleine Castaing ou Mies van der Rohe nous inspirent toujours autant.
RÉALISATION Sarah de Beaumont TEXTE Fanny Guénon des Mesnards
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Eltham Palace, Londres, par Peter Malacrida
La salle de bains de Virginia Courtauld, la propriétaire d’Eltham Palace, est l’un des rares décors originaux des années 1930 à être resté intact. Entre les murs de ce joyau Art déco situé dans la campagne anglaise, près de Londres, l’aristocrate et architecte d’intérieur italien Peter Malacrida a réalisé une pièce à l’opulence précieuse. Outre les murs ornés d’onyx dans l’esprit des temples de la Rome antique, la baignoire est dotée de robinets dorés et d’un bec verseur en forme de tête de lion. Une niche en mosaïques scintillantes et une statue de la déesse Psyché complètent le tableau, inscrivant plus que jamais le palais dans son époque.
« Maison de Lèves », Chartres, par Madeleine Castaing
Antiquaire, décoratrice, initiatrice des premiers mix and match de la haute décoration… On retient également de Madeleine Castaing le « bleu Castaing », une tonalité qu’elle crée lors de l’aménagement de sa propriété de Lèves, près de Chartres. D’inspiration néoclassique, la maison devient le théâtre de ses premières figures de style et d’une salle de bains dont les murs au bleu turquoise profondément lumineux deviennent sa marque de fabrique. Dans la salle d’eau de « Madame », on retrouve les influences de l’époque Charles X et une chaise aux pieds de ballerines en pointes – la légende veut qu’elle provienne d’une maison close du xixe siècle…
Casa Vicens, Barcelone, par Antoni Gaudí
Destiné à devenir la villa estivale du courtier Manuel Vicens, le premier chef-d’œuvre d’Antoni Gaudí est édifié entre 1883 et 1885, dictant les préludes de l’Art nouveau et du modernisme catalan. Aujourd’hui classée au patrimoine mondial de l’Unesco et ouverte à la visite, la maison-musée incarne l’essence du travail de Gaudí avec ses intérieurs inspirés par la nature méditerranéenne. En témoigne la salle de bains centenaire au premier étage, où les couleurs primaires embrassent un carrelage aux motifs floraux, un damier mural et un camaïeu de tonalités rougeoyantes. « Les couleurs utilisées en architecture doivent être intenses, logiques et fertiles », disait l’architecte, qui signe une pièce intemporelle.
Villa Tugendhat, Brno, par Mies van der Rohe
À Born, en République tchèque, la Villa Tugendhat a été conçue par l’architecte Ludwig Mies van der Rohe entre 1929 et 1930 – elle constituait le cadeau de mariage des époux Tugendhat, deux héritiers de riches familles d’industriels. Inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2001, la maison conjugue ossature d’acier et matériaux exotiques tout en brouillant les frontières entre l’intérieur et l’extérieur. Emblématique de l’habitat moderniste, elle incarne une vision nouvelle de la pureté architecturale, en témoigne la salle de bains parentale plus que minimaliste. D’importants travaux de rénovation de 2010 à 2012 lui ont rendu son cachet.
Avant que le marchand d’art Massimo De Carlo n’en fasse le siège de sa galerie milanaise, la Casa Corbellini-Wassermann de Piero Portaluppi est restée à l’abandon pendant quinze ans. Pensée à l’origine, entre 1934 et 1936, comme une maison moderniste sur deux étages, la structure de 1 000 mètres carrés a retrouvé sa splendeur sous l’impulsion du Studio Binocle et de l’architecte Antonio Citterio. Les anciennes salles de bains des propriétaires déploient le marbre du sol au plafond, à l’image de celle de Monsieur Wasserman tout en nuances turquoise. Ce marbre dit Malachite di Challant, provenant d’une carrière disparue de la vallée d’Aoste, est le même que celui de l’entrée de la Fondation Piero Portaluppi.