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Vivre autrement
Les clefs du sol
Essentiels pour notre équilibre, jardins et potagers nourrissent notre esprit et notre corps. Nous relient à la nature qui, si nous en respectons les lois, offre sans compter fruits, légumes et fleurs magnifiques. Réalisée avec l’aide précieuse du Comptoir Semance, cette page vous donne les clés et des exemples pour y parvenir.
questions à … Jacob Hasbun 1. Une plante venue d’ailleurs estelle toujours une menace pour notre écosystème?
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Faciles à cultiver, intéressantes nutritionnellement, ces trois espèces nouvelles sont de véritables trésors verts: à s’en saisir sans hésiter!
Ces plantes venues d’ailleurs qui nous font du bien La mondialisation de l’économie se fait sentir également dans le domaine des goûts et des tendances alimentaires: l’exotisme est désormais plus qu’une note épicée à peine suggérée dans l’assiette. Ce goût et ces tendances nouvelles stimulent de plus en plus l’introduction dans nos contrées d’espèces végétales venues d’ailleurs, inconnues ou très peu connues chez nous. Ce n’est pas un phénomène nouveau, puisqu’il date de la conquête des Amériques au quinzième siècle, sans jamais cesser de se manifester depuis. Mais, à notre époque, il est frappant de constater la célérité et la diversité dont il fait montre, célérité et diversité stimulées sans doute par les moyens de communication d’aujourd’hui. À cela, un danger: le caractère invasif que certaines espèces exotiques peuvent présenter et qui met à mal quelques fois de délicats équilibres dans les flores locales. Souvenons-nous de la berce du Caucase, de la balsamine de l’Himalaya, de la renouée du Japon: un cauchemar! Rassurons-nous vite, et à notre grand profit: l’immense majorité des plantes importées sont là pour nous faire du bien! Cela a été le cas avec la tomate, la pomme de terre, le maïs, et tant d’autres. Et ce sera encore le cas avec d’autres espèces encore inconnues chez nous, ou dont on a seulement une vague idée à ce jour, mais qui ont tout pour nous plaire et nous convaincre. Et pour devenir des hôtes permanentes de notre terroir.
Bien sûr que non! On n’a pas arrêté d’importer des plantes, à un rythme de plus en plus accéléré, depuis la Renaissance et la conquête des Amériques. Les évolutions politiques entraînent avec elles des évolutions agriculturales et culinaires qui peuvent avoir un impact considérable, positif ou négatif, sur les sociétés d’accueil. L’empire romain ne fut plus le même une fois qu’il adopta, dans le sillage de la conquête d’Egypte, le blé au détriment de son millet traditionnel. On connaît l’impact de la pomme de terre sur l’histoire de l’Irlande, l’importance prise par le maïs ou le riz dans le Sud de l’Europe, ou par la tomate dans le monde entier. Ce n’est pas le fait d’importer des plantes et de les acclimater qui comporte en soi un danger pour l’environnement, pour la flore locale en particulier; le danger réside dans le caractère invasif de certaines espèces; qui, elles, doivent être tenues éloignées de nos frontières.
2. Quels est le principal intérêt d’une plante importée? Gustatif. À en croire le vicomte de Parny, le plaisir est dans la variété. Ces plantes, aux goûts inconnus, “exotiques”, apportent de la surprise dans notre assiette et enrichissent la palette gustative de nos traditions culinaires.
3. Quelles variétés venues d’ailleurs peut-on trouver chez Semance? Plusieurs, et de fameuses! Je n’en citerai que trois: le cyclanthère (caigua) (fig.1), la hablitzia (épinard du Caucase)(fig.2) et le jiaogulan (fig.3). Le cyclanthère, originaire de la Colombie, produit des fruits qui rappellent les piments pointus mais qui ont un goût proche de celui des pois mange-tout. L’hablitzia, qui nous vient de Georgie, se plaît dans des lieux ombragés, atteint 3 mètres de hauteur et peut vivre 50 ans! Ses feuilles se mangent comme des épinards. Le jiaogulan*, belle liane chinoise, est appelée “la plante des centenaires”, tant elle est bénéfique pour la santé. De plus, elle est un atout en cuisine. * Semences de jiaogulan disponibles seulement à partir de la saison 2022 – nous l’espérons.