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Surexploitation, concurrence développement… les déis de la biomasse agricole

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TEMPS FORT

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BRÈVES DES CHAMPS Éclairage

Par DELPHINE JEANNE djeanne@terre-net-media.fr

FRANCE STRATÉGIE Surex ploitation, concurrence, développement… les déis de la biomasse a g ricole

Source importante de biomasse, l’agriculture est un levier pour atteindre la neutralité carbone. France Stratégie souligne cependant que les objectifs à long terme ne seront pas atteints et met en garde contre les risques de surexploitation de la biomasse, ainsi que sur les blocages à lever au sein des filières.

La biomasse agricole recèle un réel potentiel de développement qui pourrait contribuer à réduire l’empreinte carbone.

PIXABAY

Surtout mobilisée pour les usages énergétiques, la biomasse agricole présente une capacité de développement importante qui pourrait contribuer à la réduction de l’empreinte carbone. La Stratégie nationale bas- carbone (SNBC) estime son potentiel de production proche de 250 térawattheures (TWh), alors qu’elle représente aujourd’hui seulement 40 TWh. Dans son rapport publié fin juin, France Stratégie estime que les objectifs à long terme ne seront pas atteints uniquement par les disponibilités en biomasse agricole. « En tenant compte des disponibilités additionnelles des gisements existants, comme les résidus de cultures ou les surplus d’herbes, le potentiel énergétique maximal identifié de la biomasse agricole pourrait, en théorie, atteindre 120 TWh », indique l’institution. L’évolution des systèmes agricoles (agroforesterie, développement des couverts végétaux, diversification des rotations…) ou l’augmentation des prélèvements en résidus de cultures et le recours massif à certaines cultures dédiées pourraient augmenter le potentiel de production de biomasse sans pour autant suffire à atteindre les objectifs. Attention, cependant, à ne pas perdre de vue le risque de compétition d’usage. Les résidus de cultures annuelles peuvent être utilisés pour les retours au sol par broyage et enfouissement, l’alimentation animale, le paillage, la construction, la méthanisation… ce qui pourrait générer des tensions, sans compter la variabilité de la production, dépendante des aléas climatiques. Les usages du bois pourraient se développer au-delà de leur fonction énergétique, comme le retour au sol, la litière ou le paillage. La mise en place de cultures intermédiaires sur tout le territoire permettrait également d’alimenter les méthaniseurs, et de capter du carbone, mais cet usage énergétique pourrait entrer en concurrence avec la fonction de ressource fourragère, ou limiter la restitution de matière organique au sol et donc, inluer sur l’entretien des sols. Par ailleurs, leur consommation en eau pourrait avoir des efets sur les réserves hydriques, et par conséquent sur la culture suivante.

Deux scenarii possibles Deux scenarii ont été élaborés. Le premier s’appuie sur des pratiques proches de l’existant, le second prend en compte le développement des pratiques agroécologiques à grande échelle et 60 % de la surface agricole totale cultivée en mode biologique. L’introduction des cultures légumineuses et oléagineuses y est plus importante que dans le premier scénario (3,6 millions d’hectares, contre 2,5 millions dans le scénario A). Et le cheptel bovin y est en diminution de 35 % par rapport au niveau actuel, contre 17 % dans le premier scénario. Le potentiel énergétique du second scénario est supérieur et semble indiquer qu’une production accrue de biomasse agricole potentiellement mobilisable serait possible malgré la baisse de rendement et la diminution de l’agriculture « conventionnelle ». Pour contribuer de façon signiicative à la neutralité carbone, le développement de la biomasse nécessitera une réflexion transversale ain de répondre à la demande de diverses activités sans se faire au détriment des services écologiques. ■

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