Terre-net Magazine n°51 - Novembre 2015

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sommaire Points de vue

© TERRE-NET MÉDIA

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Agrandissement laitier : les grands troupeaux sont-ils les mieux armés pour affronter l'avenir ?

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[Instantanés]

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[Terre’momètre]

9

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© ADVANTA

Variétés de maïs : les semenciers prêts pour 2016

Ça sent le gaz

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10

20

[Édito]

Spécial réchauffement climatique Primaire de droite : une finale Le Maire – Juppé pour les agriculteurs Paroles de lecteurs [Tri angles]

Transmission des exploitations : anticipation indispensable pour un enjeu national majeur [Tribune]

Les clés de Pierrette Desrosiers, psycoach, pour être « bien dans ses bottes » dans sa ferme [Champ planet’terre]

Changement climatique : le défi du siècle pour l’agriculture mondiale

Stratégies

16 18 20

[En avant marge]

Production mondiale d’orge : une céréale aux premières loges pour accompagner l’essor de l’élevage [Performance productions animales]

Agrandissement laitier : les grands troupeaux sont-ils les mieux armés pour affronter l’avenir ? [Performance productions végétales]

Variétés de maïs : les semenciers prêts pour les semis 2016

Machinisme

24 28 32

[Essai]

Mélangeuse Kuhn Profile 1680 : la fibre ne lui fait pas peur [Incontournables]

Machine de l’année 2016 : le palmarès complet [Pleins phares]

Nouvelles technos et interconnexion : le souci du détail

Le dossier

34

© TERRE-NET MÉDIA

34

Qualité des sols : agronomie et mécanique au secours de la structure

[Grand angle]

Qualité des sols : agronomie et mécanique au secours de la structure

Cahier d’occasions

41 42 50

[Terre-net Occasions]

La sélection professionnelle agricole Top affaires spécial "tracteurs" [Argus]

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POINTS DE VUE

Edito

Vous voulez réagir ? Contactez-nous par mail à redaction@terre-net.fr

Terre-net Magazine - NGPA Avenue des Censives – TILLE BP 50333 60026 BEAUVAIS cedex – Tél. 03 44 06 84 84 NGPA - SAS au capital de 22.432.600 € 529 106 544 RCS Beauvais terre-net@terre-net.fr Jean-Marie SAVALLE, directeur de la publication. Gérard JULIEN, directeur général NGPA, directeur Terre-net Média. Pierre BOITEAU, directeur des rédactions. Xavier DUFAY, directeur technique.

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Ça sent le gaz © TERRE-NET MÉDIA

REDACTION redaction@terre-net.fr Rédactrice en chef : Mathilde CARPENTIER. Politique agricole, économie, gestion, société : Arnaud CARPON, chef de rubrique. Productions végétales : Mathilde CARPENTIER, chef de rubrique. Productions animales : Robin VERGONJEANNE, chef de rubrique. Machinisme, agroéquipements : Benoît EGON, chef de rubrique, Sébastien DUQUEF. Secrétariat de rédaction : Céline CLEMENT, Amélie BACHELET.

D

écembre 2015 doit faire date. Au Bourget, la 21e "Conférence des parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques" - plus communément appelée "Cop21" - rassemble, malgré les tragiques événements, les dirigeants de 196 pays. Objectif : graver dans le marbre des engagements sans précédent pour limiter le réchauffement climatique à 2 °C d’ici la fin du siècle. Sans ces accords, l’emballement du mercure, de 3 voire 4 °C, serait catastrophique. Raréfaction de la ressource en eau, périodes de sécheresse et autres incidents climatiques plus nombreux, difficultés d’irrigation, forte baisse des rendements… : l’agriculture, mondiale, européenne, française, sera le premier secteur d’activité touché. Votre exploitation le sera également. Si l’objectif européen compte parmi les plus ambitieux – réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici 2030 par rapport à 1990 – l’agriculture, non soumise au marché de quotas de CO2, devra se résoudre à diminuer de 25 % ses rejets de dioxyde de carbone et surtout de méthane et protoxyde d’azote. Dans ce contexte à long terme, les progrès de la sélection variétale et les évolutions du machinisme, améliorant la précision des pratiques, sont plus que jamais escomptés. Sur le terrain, les organisations professionnelles et syndicats défendent, à juste titre, les efforts déjà fournis. Et promeuvent ce qui peut être encore réalisé. Couverture des sols plus importante, méthanisation, pilotage plus précis de la fertilisation azotée, meilleure gestion des prairies, etc. : il faudra agir sur tous les leviers possibles pour réduire l’empreinte de votre ferme. J’entends beaucoup d’entre vous me dire : la conjoncture économique ne s’y prête pas. Vous avez raison, mais 2030, c’est demain. Le climat n’attendra pas. Bruxelles non plus ! Nos élus européens ne tarderont pas à traduire l’engagement par des directives et autres règlements. En la matière, la directive nitrates, votée il y a 24 ans, sonne comme une expérience douloureuse pour de multiples raisons. Le réchauffement climatique ne serait-il donc pas l’occasion d’éviter de répéter les mêmes erreurs ? Pour y parvenir, la recette parfaite n’existe pas, mais devra contenir sans doute trois ingrédients : le bon sens politique, la lucidité des représentants agricoles et la responsabilité de chacun. ●

N°51- Décembre 2015. Tirage : 105000 / ISSN 2112-6690. Crédits photos de la couverture : Terre-net Média, Fotolia // Création Terre-net Média

Arnaud Carpon, chef de rubrique "politique agricole, économie, gestion, société"

Soucieux de la préservation de l’environnement, la société Terre-net Média sélectionne des fournisseurs engagés dans une démarche environnementale. Ce magazine est imprimé sur du papier certifié PEFC issu de forêts gérées durablement. Les encres utilisées sont végétales. Tous les produits qui ont servi à la réalisation de ce magazine ont été recyclés ou retraités conformément à la certification IMPRIM’VERT. Encarts. Ce numéro comprend deux encarts nationaux : "LEMKEN" et "TN PRO", déposés sur la 4e de couverture. Il comporte aussi un encart ciblé "PREMIER TECH".

Éthique1 Annonceurs & Agences

Éthique2 Lecteurs Pas de publi-information dissimulée

PRATIQUE

Remise des certificats d'envois postaux

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Terre-net Magazine I Décembre 2015

Terre-net Magazine en ligne Vous pouvez retrouver Terre-net Magazine sur internet, avec des liens directs vers des infos complémentaires, des témoignages, des machines en action… Rendez-vous sur

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POINTS DE VUE

Instantanés

Spécial réchauffement climatique

Une équipe de chercheurs, menée par Marshall Burke de l’Université de Stanford (Californie), a analysé les données climatiques et économiques de 166 pays sur 50 ans. « Au-delà de 13 degrés, la productivité se met à décliner fortement selon une relation non linéaire, entre efficacité économique et température, inchangée depuis 1960. Cette dernière se vérifie partout dans le monde et pour tous les secteurs de l’économie, y compris l’agriculture. » Ainsi, si le réchauffement continue sur sa lancée, soit 4,3°C de plus d’ici 2100 par rapport à l’ère préindustrielle, il faut s’attendre à une chute de 23 % du revenu global moyen. À cette date, si rien n’est fait, 77 % des pays de la planète verront reculer leur revenu par habitant. Seules quelques régions dotées actuellement d’un climat froid, comme le nord de l’Europe ou la Russie, pourraient bénéficier de cette hausse des températures. Les pays riches mais chauds, tels les États-Unis, devraient être pénalisés. Là où la chaleur est la plus intense, et où la pauvreté est souvent très marquée, la situation serait très préoccupante.

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Optimiser la fertilisation azotée constitue la principale piste en production végétale pour contenir le réchauffement climatique. En 2010, le surplus azoté était évalué à 28 % des apports d’azote totaux, soit en moyenne 30 kg/ ha épandus inutilement. En 2011, « 50 % des surfaces étaient fertilisées en fonction d’un bilan prévisionnel, et seulement 8 % à l’aide d’outils de pilotage dynamiques ». Ceux-ci abaisseraient pourtant de 20 kg/ha la quantité moyenne d’azote apportée, avec des écarts allant de 5 à 30 kg selon les cas. Ce qui représente 220 kg éqCO2 de moins et surtout 10 €/ha. Autre voie de progrès : le recours plus important à l’azote organique ou le fractionnement. « Des gains moyens de 20 et 40 €/ha/an sont envisageables, pour un coût de l’ammonitrate de 0,90 €/kgN. »

Réchauffement climatique : agir là où c’est possible, en agriculture aussi L’agriculture peut être source de solutions. En améliorant les pratiques sur l’ensemble du territoire, « les rejets de méthane et de protoxyde d’azote pourraient baisser d’environ 20 % sans que la production agricole ne soit affectée », estime Jean-François Soussana, directeur scientifique environnement de l’Inra.

Empreinte carbone des élevages laitiers Lancé en 2014, le projet Carbon Dairy, piloté par l’Institut de l’élevage en association avec d’autres partenaires, vise à atténuer les émissions de gaz à effet de serre en production laitière. Les diagnostics réalisés permettent d’identifier précisément les leviers d’action de chaque exploitation avec, à la clé, une optimisation technique et économique de l’atelier lait.

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Une meilleure gestion de l’herbe contribuerait aussi, selon l’Inra, à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Une bonne conduite des prairies temporaires et permanentes s’accompagnerait d’une baisse de 2,5 Mt éqCO2 d’ici 2030, soit plus de 13 % de l’effort que devrait consentir le secteur agricole pour diminuer ses rejets. Pour inciter les éleveurs à bichonner leurs prairies, l’APCA détaille quelques avantages financiers. Augmenter le pâturage de 20 jours par exemple génèrerait une économie de 50 kg éqCO2/ ha/an et surtout de 15 à 30 €/ha (20 à 40 €/vache laitière). Le bénéfice de l’allongement de la durée des prairies temporaires à cinq ans atteindrait, lui, 100 à 120 €/ha. La planète, quant à elle, échapperait à 620 kg éqCO2 par hectare et par an. 6

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Le pouvoir de l’herbe en faveur du climat

Selon l’Inra, la méthanisation développée à grande échelle dans les élevages permettrait de gagner 5,8 Mt éqCO2 par an en 2030, soit 30 % du potentiel de l’agriculture pour limiter son empreinte carbone. C’est le premier moyen d’action du secteur. Sur une exploitation laitière, un méthaniseur d’une puissance de 150 kW peut digérer les effluents d’un troupeau de 150 vaches, associés à 1 200 t de résidus de cultures ou de cultures intermédiaires à valorisation énergétique, et permet « la valorisation de 3 000 MWh de biogaz par an », selon les Chambres d’agriculture. La méthanisation offrirait un deuxième avantage : une économie annuelle d’énergie de 6 Mt équivalent pétrole. Un méthaniseur au sein d’un atelier de 150 laitières peut répondre à la consommation énergétique de 200 ménages.

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13°C serait la température idéale pour l’économie et l’agriculture


© Liber mundi 11-2015-crédit photo : Berthoud

POINTS DE VUE

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120 ans d’innovation

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POINTS DE VUE

Terre’momètre

Primaire de droite

Une finale Le Maire – Juppé pour les agriculteurs Pour la primaire de droite, les agriculteurs préfèrent largement Bruno Le Maire et Alain Juppé. PAR PIERRE BOITEAU // pboiteau@terre-net-media.fr

B

runo Le Maire et Alain Juppé sont les candidats préférés des agriculteurs pour représenter "Les Républicains" (LR, ex-UMP) à la présidentielle de 2017, selon le baromètre agricole Terre-net BVA(1). François Fillon arrive loin derrière. Il précède un Nicolas Sarkozy dont la cote est en chute libre, à moins de 10 %. Ces chiffres illustrent-ils la déception des producteurs envers l’ancien chef de l’État et le bon souvenir qu’ils gardent de l’ancien ministre de l’agriculture ? Sans doute.

Beaucoup de choses peuvent encore se passer. C’est pourquoi le baromètre agricole Terre-net BVA n’indique pas des intentions de vote mais des candidats préférés. La question posée : "Parmi les personnalités suivantes, laquelle préférez-vous voir représenter Les Républicains (ex-UMP) à l’élection présidentielle de 2017 ?" D’autant que la fiabilité des sondages actuels sur les intentions de vote aux primaires n’est pas certaine. Qui se présentera réellement ? Qui ira voter ? Quelle sera la participation de la droite et du centre ? Et le poids des votants de gauche ou du Front national (d’après les enquêtes, ceux de gauche privi-

légieraient Alain Juppé, ceux du FN Nicolas Sarkozy) ? Les sondages sont-ils fiables, puisque c’est la première primaire à droite ? Ils sont « bidons », lance le politologue Thomas Guénolé dans une interview pour Le Figaro. « Le jeu est très ouvert. »

À prendre avec des pincettes Dans ce contexte, le vote de chaque catégorie d’électeurs sera déterminant pour le résultat final. Et si les sondages sont à prendre avec des pincettes à l’échelle nationale, ils peuvent donner de réelles informations sur les préférences des uns et des autres. Concernant les agriculteurs, une chose est sûre : à ce jour, Bruno Le Maire et Alain Juppé sont leurs favoris. ●

© INFOGRAPHIE TERRE-NET MÉDIA // PHOTOS : EDDY DULUC BRUNOLEMAIRE.FR, PAGE FACEBOOK D’ALAIN JUPPÉ, TERRE-NET MÉDIA

Chez les Français sympathisants de toute la droite, du centre et de l’extrême droite (Les Républicains, Debout la France, UDI, Modem, FN), les personnalités politiques favorites sont Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, Bruno Le Maire n’étant qu’en 4e position

derrière François Fillon(2). Attention, toutefois, il reste un an avant la primaire de droite, prévue les 20 et 27 novembre 2016.

(1) Sondage réalisé du 1er au 20 octobre 2015 par internet, auprès d’un échantillon de 427 agriculteurs professionnels connectés, âgés de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : région et orientation principale de l’exploitation (grandes cultures/polyculture-élevage/autres : viticulture-arboriculture-maraîchage). Source : RGA 2010. (2) Sondage BVA réalisé par internet du 8 au 9 octobre 2015 auprès d’un échantillon de 1 017 Français, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus.

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OPINIONS

POINTS DE VUE

Paroles de lecteurs Extraits des commentaires d’articles et des discussions sur les forums de Terre-net.fr et Web-agri.fr

« Faire le ménage dans les friches commerciales » Lilou : « Avant de taper dans les sols agricoles, il faudrait faire le ménage dans les friches commerciales et autres zones artisanales abandonnées. Le bouquet dans tout ça : s’il y a une grenouille dans un secteur à aménager, il y aura plus de terres agricoles prélevées pour ne pas modifier l’environnement de cette pauvre petite bête. Par contre, si ce prélèvement pénalise l’agriculteur, ce n’est pas un problème. Pas étonnant que les jeunes aient moins envie de s’installer. » Source : commentaire de l’article "Carte interactive – Tous les chiffres 2014 de l’installation agricole, département par département", publié sur Terre-net.fr.

« Qui peut s’amuser à cultiver de l’herbe ? » EL : « Produire un fourrage de bonne qualité est difficile dans le nord de la France et le prix de vente atteint difficilement 120 €/t. Soit 840 €/ha/an (7 t/ha/an X 120 €/t au mieux) auxquels il faut retirer 200 €/ha/an de fermage, un prix qui, lui, étrangement augmente encore cette année, ainsi que les charges liées aux engrais, aux traitements phytos, au fauchage, pressage, fanage... Il reste 100 à 250 €/ha, si tu as eu de la chance, avant de payer les cotisations MSA ! À part les éleveurs, en raison des bénéfices pour leurs animaux, qui pourrait s’amuser à cultiver de l’herbe ? Il faudrait plutôt baisser la prime allouée au maïs (grain et ensilage) pour augmenter celle des prairies. » Xavierb : « Une autre option serait de primer la conversion des sols cultivés (pour les stocks de céréales et de fourrages autoconsommés notamment) en prairies permanentes optimisées (comme on a su aider les céréales par le passé) et d’assouplir les possibilités de retournement. Dans la Pac en effet, les prairies temporaires deviennent permanentes au bout de cinq ans. Les éleveurs ont alors tendance à les remettre en culture quand elles sont les plus productives, pour pouvoir adapter leur rotation aux conditions économiques. Les prairies temporaires captent donc peu de carbone : plus leur durée est courte, plus elles libèrent les réserves qu’elles ont accumulées. Les retourner tous les cinq ans peut être une erreur (productive, économique et écologique) mais bloquer les possibilités de retournement aussi... »

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Source : commentaires de l’article "Cop21 et agriculture – Le pouvoir de l’herbe en faveur du climat", paru sur Web-agri.fr.

Pas de marchés mondiaux pour l’agro-écologie Scea St Arnoult : « Pourquoi la France deviendrait-elle leader d’un marché qui n’existe pas ? Il n’y a pas de marchés mondiaux pour les produits issus de l’agro-écologie ! » Source : commentaire de l’article "Agriculture Innovation 2025 – S. Le Foll engage la dernière étape de son projet agro-écologique pour la France", publié sur Terre-net.fr.

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POINTS DE VUE

Tri angles

Transmission des exploitations

Anticipation indispensable pour un enjeu national majeur En France, plus de la moitié des exploitations sont gérées par des agriculteurs ayant dépassé la cinquantaine. Autant dire que leur transmission est cruciale pour l’agriculture française. Un seul maître-mot pour faire face à cette situation : l’anticipation. Regards croisés d’un jeune repreneur, d’un cédant et d’un responsable professionnel. PROPOS RECUEILLIS PAR ARNAUD CARPON // acarpon@terre-net-media.fr

Joffrey Beaudot

« Difficile de trouver une ferme correspondant à mes attentes »

«

J

usqu’à présent, j’étais salarié sur deux fermes différentes, dont celle de mes parents. Depuis longtemps, j’ai envie de m’installer mais impossible de développer l’entreprise familiale pour accueillir un nouvel associé. Après avoir consulté le répertoire départemental à l’installation, je suis allé voir l’exploitation de Jacky Tillier, située pas loin de celle de mes parents et spécialisée dans la production de bovins maigres. Au fil des rencontres, nous avons défini les modalités financières. Deux ans ont suffi pour boucler le dossier de transmis-

sion. Le plus difficile, pour un candidat à l’installation, est de dénicher l’exploitation correspondant à ses attentes. Avant de faire la connaissance de Jacky Tillier, j’en avais visité sept qui ne convenaient pas pour de multiples raisons. Lorsque le prix n’était pas trop élevé, c’était les terres qui n’étaient pas adaptées ou le cédant qui ne voulait pas quitter la maison en plein milieu de la ferme. Il faut aussi veiller à obtenir des garanties en matière de foncier. Certaines structures étaient intéressantes, mais je n’étais pas sûr que les propriétaires me louent les terres sur le long terme. Jacky Tillier n’avait pas beaucoup de propriétaires et surtout, j’ai l’assurance de pouvoir exploiter les terres. En reprenant une structure près de chez mes parents, je peux m’associer en Gaec avec

© TERRE-NET MÉDIA

Jeune agriculteur installé depuis novembre 2015 sur une exploitation de polyculture-élevage en phase de conversion biologique, Saône-et-Loire.

eux, tout en ayant ma propre exploitation. Comme mon frère pourrait aussi s’installer dans quelques années, cette option est la plus sécurisante pour la famille. D’ici là, je vais réduire le cheptel allaitant de 90 à 50 mères, pour faire de l’engraissement et des céréales, et passer en agriculture biologique. » ●

Jacques Vérot

Retraité agricole ayant transmis fin 2013 sa ferme de polyculture-élevage, Saône-et-Loire.

«

L

ors d’une réunion à la Chambre d’agriculture, j’ai pris conscience que ma retraite approchait et qu’il fallait la préparer. Je devais trouver un remplaçant pour pérenniser l’exploitation. Mon fils, qui s’était installé avec moi, préférait s’associer à un autre jeune plutôt que de rester seul. Nous avons choisi de nous faire accompagner par un conseiller. Un ami de mon fils est venu en "stage parrainage" pendant quelques mois, mais ça n’a pas fonctionné.

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D’autres candidats à l’installation nous ont ensuite été présentés. Parmi eux, Sébastien, travaillant auparavant dans le secteur industriel mais passionné d’agriculture. Malgré mes craintes sur ses compétences, il a fait ses preuves en production laitière pendant les deux périodes "test" de six mois qu’il a effectuées sur la ferme. Nous en avons profité pour investir 25 000 € dans l’amélioration des bâtiments. J’ai transmis mon exploitation petit à petit. Quatre ans ont été en effet nécessaires pour trouver la bonne personne, améliorer l’outil de production, transmettre mes connaissances, apprendre, pour Sébastien et mon fils, à travailler ensemble, construire une

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relation humaine, mais aussi gérer les formalités administratives et s’accorder sur les aspects financiers. Pour être réussie, une t r a n s mission ne peut pas s’improviser. Grâce à l’accompagnement de la Chambre d’agriculture et à cette cession progressive, j’ai pris ma retraite sereinement, ayant pleinement confiance en mes successeurs. » ●

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« Transmettre son exploitation ne s’improvise pas »


POINTS DE VUE

Raymond Vial

« La transmission est essentielle pour l’avenir de l’agriculture » Eleveur de bovins viande et de lapins, Loire. Président de la Chambre d’agriculture de la Loire et responsable de la transmission/installation à l’APCA.

toujours plus capitalistique. Souvent, les cédants confondent patrimoine professionnel et familial. Avec de plus en plus de candidats extérieurs au cercle familial, les transmissions se complexifient. La préparation et l’accompagnement de ce moment clé de la carrière des exploitants, cédants comme repreneurs, sont essentiels pour l’avenir de l’agriculture française.

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Les outils disponibles sont en cours de rénovation et seront opérationnels à partir de janvier 2016. Parmi eux, le répertoire départemental à l’installation, qui sera généralisé à l’ensemble des départements.

«

I

l y a quelques années, les fermes se transmettaient en général au sein d’une même famille, entre parents et enfants. Aujourd’hui, 40 % des installations au niveau national se font hors du cadre familial. L’agriculture devient une activité

Tout agriculteur souhaitant céder sa ferme pourra désormais s’y inscrire et ceux voulant s’installer pourront le consulter. Un exploitant agricole, qui envisage de transmettre son exploitation, doit déposer une Dica (Déclaration d’intention de cessation d’activité) au minimum cinq ans

avant son départ à la retraite. Un document indispensable pour que la Chambre d’agriculture puisse l’accompagner. Une fois que le cédant et un candidat à la reprise ont été mis en relation, ce dernier peut effectuer un stage sur l’exploitation à reprendre, pour d’une part la découvrir et de l’autre, discuter sereinement des conditions de rachat de l’outil de travail. Par ailleurs, l’accompagnement des Chambres d’agriculture donne parfois une seconde vie aux entreprises agricoles et notamment aux élevages qui, au fil du temps, se sont retrouvés dans un espace urbanisé. Dans ce cas, nous cherchons toujours des possibilités de réorientation. » ●

Trois avis par mois Divers acteurs du monde agricole sont sollicités, à tour de rôle, afin de favoriser le débat d’idées.

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POINTS DE VUE

Tribune

Pierrette Desrosiers, psycoach

Les clés pour être « bien dans ses bottes » dans sa ferme Célèbre au Québec et au Canada, Pierrette Desrosiers, psychologue du travail spécialisée dans le monde agricole, donne quelques clés pour être « bien dans ses bottes » et ne pas se laisser submerger par le stress, voire la détresse psychologique. PROPOS RECUEILLIS PAR ARNAUD CARPON // acarpon@terre-net-media.fr

Pierrette Desrosiers (PD) : Le bien-être passe par un ensemble de pratiques. Je ne veux pas simplement parler du mal-être. Car, pour un individu, agriculteur ou non, le but n’est pas seulement de ne pas souffrir ou ne pas être en détresse. L’objectif est d’être capable de profiter de la vie, de développer son potentiel et sa productivité. Choisir, c’est prioriser et dire oui aux choses vraiment utiles.

Le but n’est pas seulement de ne pas souffrir TNM : Vous dites que l’environnement des exploitants est de plus en plus stressant. Avez-vous des exemples précis ? PD : Dans mes interventions, je parle fréquemment des nouvelles technologies qui peuvent, à la fois, être très pratiques et nous nuire. À quoi cela nous sert de surveiller nos mails 25 fois par jour, à part dépenser une énergie folle, souvent improductive ?

lui-même : les travaux de l’exploitation et les tâches domestiques qu’un couple partage à deux. C’est pourquoi le célibat est généralement difficile à vivre. Un conjoint préserve l’agriculteur de la détresse voire du suicide. Il l’écoute et l’épaule car, en général, ce dernier ne veut pas montrer aux autres qu’il est en position de faiblesse. Il ne va donc pas facilement confier ses difficultés à un voisin ou un ami.

Québecoise et conjointe d’agriculteur, Pierrette Desrosiers est la première psychologue du travail et coach spécialisée dans le milieu agricole. Elle s’intéresse aux défis humains dans ce secteur.

TNM : Comment se protéger du stress et de la détresse psychologique au travail ? PD : Il faut prendre conscience de ses symptômes et identifier les facteurs de stress, les comportements et actions inutiles, et les stratégies à adopter pour les éviter. Nous devons nous donner les moyens de faire des pauses et garder à l’esprit que, grâce à nos décisions, nous avons du pouvoir sur notre vie.

Certes, il y a des choses La majorité d’entre “Être capable de profiter sur lesquelles nous nous a besoin de 7 à n’avons aucune prise. 8 h de sommeil. Il faut de la vie, de développer son Les agriculteurs subiréapprendre à dormir, ront toujours la météo. à bien manger, à s’in- potentiel et sa productivité„ Néanmoins, ils peuvent vestir dans les rapports intervenir sur leurs familiaux et, plus largement, dans nos rela- dépenses ou leur gestion du temps. Plus tions importantes. Nous devons prendre le globalement, il n’est pas toujours possible temps de nous ressourcer, ne serait-ce que d’agir sur les événements. Malgré tout, on quelques minutes dans la journée. peut le faire via notre manière de réagir. TNM : Le célibat que connaissent de nombreux producteurs accroît-il le stress ? PD : Oui, bien sûr. L’exploitant (ou l’exploitante) célibataire vit d’abord un sentiment d’échec personnel. Cette situation l’angoisse encore plus quand il se dit qu’il n’aura peutêtre jamais d’enfants et qu’il devra tout faire 12

Rien n’empêche de s’arrêter quelques instants pour évaluer la situation. Mais c’est plus compliqué qu’auparavant. Dans notre société de consommation, les choix qui s’offrent à nous sont bien plus nombreux qu’il y a 50 ans. Je pose toujours trois questions à mes patients sur ce qu’ils pensent et ce qu’ils font : Est-ce vrai ? Est-ce bon ?

Terre-net Magazine I Décembre 2015

Est-ce utile ? Il faut finalement être capable de s’autoréguler face aux multiples sollicitations auxquelles nous sommes soumis.

Pression économique, politique et sociétale TNM : Au Québec, vous "coachez" des producteurs depuis plus d’une dizaine d’années. Y a-t-il un mal-être croissant dans ce secteur socio-professionnel ? PD : Oui, à cause de la pression qui arrive de partout. Les enjeux économiques deviennent de plus en plus importants, avec des politiques toujours plus contraignantes et des exigences sociétales qui se renforcent. Il y a 60 ans, l’enjeu était de survivre avec son exploitation. Cette époque est révolue et les valeurs ne sont plus les mêmes. Les producteurs doivent être de plus en plus compétitifs. Comme tout le monde, ils évoluent dans une société de consommation et sont influencés par les messages qu’elle véhicule. Une chose n’a pas changé : au temps des rois, il fallait posséder le plus grand château. Aujourd’hui, au Québec comme en France, il faut le tracteur le plus puissant. ●

© TERRE-NET MÉDIA

T

erre-net Magazine (TNM) : Lorsque vous rencontrez des agriculteurs, que leur expliquez-vous ?


POINTS DE VUE

Les éleveurs aussi ont droit au bien-être !

Jusqu’au jour où il doit affronter un événement terrible. « En quelques semaines, six exploitants chez qui j’intervenais se sont suicidés. De quoi douter de l’utilité de son métier et de ses compétences professionnelles. » « Mais, je me suis rendu compte que ce n’était pas cela qui péchait. Un éleveur n’est pas une exploitation. C’est un être humain qui a ses limites. Souvent, les doutes et le manque d’envie des producteurs entraînent des difficultés techniques et économiques sur leur ferme », analyse l’ancien conseiller. Jean-François Mathieu, devenu éleveur entre Terre 1 27/07/15 15:20 temps,Net.pdf suit des formations de développement

Pour que la démarche Selon Jean-François Mathieu, il n’y a pas de fatalité. « Les producteurs soit efficace, les éleveurs sont responsables, en grande partie, de ce qu’il leur arrive. » doivent être persuadés qu’ils sont capables de changer très rapidequ’il lui arrive ». Selon lui, une ferme ne doit ment leurs habitudes. La méthode part du pas être la raison de vivre d’un éleveur, mais un constat que, dans une exploitation agricole, moyen parmi d’autres pour être heureux. les sentiments guident davantage la prise de décision que l’intellect. « Si un producteur subit ses émotions, il ne peut pas faire les bons Les conseils de arbitrages », insiste le consultant. Web -agri Jean-François Mathieu, en vidéo, sur L’éleveur-coach veut « faire comprendre aux www.terre-net.fr/mag/51mathieu exploitants que la fatalité n’existe pas et que chacun est responsable, en grande partie, de ce

© TRAME

« J’ai exercé une quinzaine d’années en tant que conseiller agricole. Je faisais du conseil classique, c’est-à-dire technique, administratif et juridique », explique Jean-François Mathieu.

personnel pendant trois ans. « La programmation neuro-linguistique est utilisée pour coacher les hommes politiques, les directeurs de grandes entreprises ou les sportifs de haut niveau. Pourquoi cet accompagnement personnel ne bénéficierait-il qu’aux chefs d’État et à l’élite de la société ? »

SUR LE WEB

Jean-François Mathieu n’est pas seulement éleveur en Corrèze. Depuis quelques années, il est consultant en programmation neuro-linguistique. Une technique destinée à redonner confiance aux agriculteurs devant faire face à une accumulation de problèmes.

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POINTS DE VUE

Champ planet’terre

Changement climatique

Le défi du siècle pour l’agriculture mondiale A la fois responsable et source de solutions, l’agriculture devra rapidement partout dans le monde se plier aux contraintes plus ou moins connues, imposées par l’indispensable maîtrise de la température de la planète.

Selon Stéphane Le Foll, 4 pour 1 000 grammes de CO2 en plus chaque année dans les sols pourraient compenser les rejets annuels mondiaux de Ges.

D

epuis plusieurs années, les experts retour après quelques années d’absence. Il sont unanimes : les aléas climatiques surenchérit, à juste titre, les craintes pour extrêmes, plus fréquents, impacte- le potentiel agricole australien. « La séront négativement les rendements agri- cheresse a déjà entraîné à la hausse les prix coles. Critiquée pour son faible engage- du riz, du blé et du maïs, constate Corey ment dans la réduction des émissions de Watts, responsable du Climate Institute gaz à effet de serre (Ges), l’Australie par pour la région de Melbourne. Si rien n’est exemple, 4e exportateur fait, l’Australie pourrait finamondial de céréales, risque “Les rendements lement devenir d’ici 2050 un d’être très pénalisée. importateur de blé. »

pénalisés sur tous les continents ou presque„

Se basant sur l’hypothèse raisonnable d’un réchauffement de 3 °C d’ici la fin du siècle, le Climate institut australien envisage ainsi une chute de 90 % des possibilités d’irrigation dans le bassin de MurrayDarling, le grenier à grains du pays. Alors qu’arrive l’heure ultime pour s’engager à limiter la hausse du thermomètre, le phénomène climatique El Niño est de 14

Si les conséquences du réchauffement climatique sont déjà perceptibles dans un pays comme l’Australie, c’est dans les régions les plus pauvres, en Afrique notamment, qu’il sera probablement le plus marqué. 60 % de la population africaine tire ses revenus de l’agriculture. L’accumulation des sécheresses et la moindre disponibilité en eau fragiliseront inévitablement la capacité du continent à nourrir ses habitants. Selon le Giec, « le

Terre-net Magazine I Décembre 2015

changement climatique à venir aura certainement des incidences négatives sur les rendements de la majorité des céréales cultivées en Afrique, avec une variabilité régionale très importante ». « Une diminution de 8 % des rendements céréaliers moyens en 2050 est souvent citée par les experts », ajoute la fondation Farm. En Afrique de l’Ouest, la baisse pourrait atteindre 25 % pour le maïs et le mil, et jusqu’à 50 % pour le sorgho ! Ces chutes de rendements pourraient par ailleurs engendrer une diminution des productions animales dans les mêmes proportions. Vu la forte croissance démographique envisagée d’ici 2050, la dépendance alimentaire du continent va se renforcer fortement. Pour atténuer ces effets, la hausse des rendements est une priorité. La fondation Farm rappelle d’ailleurs que des progressions supérieures à 2 % par an sont pos-

© PASCAL XICLUNA // MIN.AGRI.FR

PAR ARNAUD CARPON // acarpon@terre-net-media.fr


POINTS DE VUE

Mais l’accès aux intrants reste sans aucun doute l’option la plus efficace dans la situation d’urgence que connaît l’Afrique. Pour accroître la productivité de la terre, les acteurs agricoles devront aussi combler partiellement le retard accumulé dans les infrastructures d’irrigation. La meilleure productivité des parcelles agricoles n’est pas la seule clé. Si la lutte contre le gaspillage alimentaire s’avère, en France et dans les pays développés, l’une des réponses à l’enjeu climatique, elle l’est d’autant plus en Afrique ! Le continent concentrerait à lui seul 23 % des pertes mondiales de calories alimentaires végétales, alors qu’il ne représente que 13 % de leur consommation. Réduire de moitié les pertes post-récolte augmenterait de 24 % la disponibilité journalière en calories pour les Africains. Dans l’hémisphère Nord, aux États-Unis, l’agriculture risque également de souffrir sensiblement de l’emballement des températures. D’ici 2050, « il pourrait bien y avoir, chaque année, 52 journées supplémentaires de "grosse chaleur", c’està-dire au-dessus de 35°C », expliquent différentes études américaines. « Soit deux à trois fois la moyenne des 30 dernières années ». De quoi pénaliser les rendements de la Corn Belt. La répétition des sécheresses a fait réagir les

L’USDA (département américain de l’agriculture) s’appuiera sur des centres régionaux sur le climat pour « traduire la science et la recherche en renseignements pour les agriculteurs et les exploitants forestiers, leur permettant d’ajuster leurs activités ». Le but : décliner sur le terrain huit domaines d’actions. Les pistes privilégiées sont identiques à celles mises en avant en France. Il s’agit en particulier de développer la méthanisation dans les élevages et « d’améliorer la santé des sols ». Pour séquestrer plus de carbone, l’USDA prévoit notamment d’étendre le non-labour à 40 millions d’hectares d’ici 2025. Une séquestration plus efficiente du carbone apparaît d’ailleurs comme la principale solution pour que l’agriculture contribue à lutter contre le réchauffement.

Favoriser toutes les formes de couverts végétaux À l’échelle planétaire, il y a 2,6 fois moins de carbone dans les sols que dans l’atmosphère. Et le potentiel de séquestration de carbone des terres agricoles d’ici 2030 est estimé à 2,9 gigatonnes de CO2 par an, soit une compensation de 10 % de nos émissions actuelles. Depuis plusieurs mois, dans le cadre de la Cop21 et de "l’agenda des solutions", Stéphane Le Foll défend bec et ongles le projet "4 pour 1 000" de l’Inra : avec 4 pour 1 000 grammes de CO2 en plus chaque année dans les sols, nous pour-

© TERRE-NET MÉDIA

Agir sur la fertilité des sols

autorités. Pour que le secteur agricole, entre autres, s’adapte au changement climatique, Barack Obama a lancé début 2015 un plan d’un milliard de dollars.

Pour séquestrer plus de carbone, l’USDA prévoit d’étendre le non-labour à 40 Mha d’ici 2025.

rions compenser l’ensemble des rejets annuels mondiaux de gaz à effet de serre. « Plus on couvre les sols, plus ils deviennent riches en matière organique, et donc en carbone. En dehors des forêts, il faut favoriser le couvert végétal sous toutes ses formes », insiste le ministre. Au cours et à la suite de la conférence mondiale sur le climat, donner une envergure internationale à ce projet constitue l’un des objectifs majeurs du ministre. ●

SUR LE WEB

sibles, comme en Europe de l’Ouest et en Asie du Sud-Est dans les années 60 à 80. Comment ? Grâce à des marges de progrès énormes à tous niveaux : augmentation de la fertilité des sols, utilisation de semences améliorées ou adoption de méthodes culturales plus intensives.

Suivez la Cop21 sur www.terre-net.fr/mag/51climat

Objectifs Cop21 : par rapport à ses concurrents agricoles, l’Europe plus royaliste que le roi ? S’érigeant en exemple de la lutte contre le réchauffement climatique, l’UE s’est fixé un objectif ambitieux, nettement supérieur à celui des principaux producteurs et exportateurs agricoles : réduire de 40 % d’ici 2030 les émissions de Ges par rapport à 1990. Les États-Unis s’engagent eux à diminuer leurs rejets de 26 à 28 % d’ici 2025, mais en prenant 2005 comme référence. Or, avec 2007, c’est l’une des deux années durant lesquelles les Américains ont émis le plus de CO2. Entre

1990 et 2005, ils ont augmenté leurs émissions de 22 % alors que, sur la même période, l’Europe a atténué les siennes de 8 %. L’Australie aussi fait l’objet de critiques sur ses engagements, à savoir une réduction de 26 à 28 % à l’horizon 2030. Un objectif comparable à celui des États-Unis, mais avec cinq ans de plus pour y parvenir. Les spécialistes pouvaient s’attendre à mieux de la part d’une grande puissance agricole parmi les plus émettrices par rapport à sa population.

La Russie, elle, entend limiter ses rejets de CO2 de 25 à 30 % d’ici 2030 par rapport à 1990. Un chiffre relativement élevé que le pays pourra atteindre grâce à son immense surface forestière. Quant à la Chine, elle connaîtra son pic d’émissions d’ici 2030. Mais le pays, qui concentre à lui seul plus de 23 % des rejets planétaires, compte baisser leur niveau de 60 à 65 % par point de PIB, pour tenir compte de l’accroissement à venir de sa population.

Terre-net Média : Terre-net.fr - Web-agri.fr - Terre-net-Occasions.fr I Décembre 2015

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STRATÉGIES

En avant marge

Production mondiale d’orge

Une céréales aux premières loges pour accompagner l’essor de l’élevage Cette année dans le monde, 50 millions d’hectares ont été ensemencés en orge d’hiver et de printemps. D’ici 2019, la croissance de la production sera juste suffisante pour couvrir la demande mondiale (estimée à 149 millions de tonnes), tirée par le développement de l’élevage et, dans une moindre mesure, par la consommation de bière.

En 2019/2020, la production mondiale d’orge atteindrait 149 Mt contre 138 Mt cinq ans auparavant.

L

a production d’orge reculerait légèrement dans l’UE en 2015, à 59,5 Mt selon la Commission, « malgré l’accroissement des surfaces en Allemagne (+ 73 000 ha) et surtout en Pologne (+ 227 000 ha) », indique FranceAgriMer dans une note de conjoncture.

Une hausse de l’offre en accord avec la demande À l’échelle mondiale, la tendance est aussi à la baisse après une année 2014 record marquée par une offre supérieure de 10 Mt comparé à 2013, excédentaire de 4 Mt par rapport aux précédentes cam16

pagnes. Les perspectives pour les cinq prochaines années sont même très serrées. À l’horizon 2019/2020, la production mondiale d’orge s’élèverait à 149 Mt contre 138 Mt cinq ans auparavant. Une augmentation de 8 % liée à celle des surfaces cultivées : 54 millions d’hectares en 2019 contre 50 millions en 2014 ; soit une progression de 2 Mt par an, « juste suffisante pour satisfaire la demande mondiale » selon le Conseil international des céréales (CIC). L’orge présente de nombreux intérêts agronomiques et économiques. La plante est entre autres fortement ap-

Terre-net Magazine I Décembre 2015

préciée comme alternative au blé dans les assolements. Sa croissance rapide est tout à fait adaptée à la Turquie ou l’Amérique du Sud, où elle peut être semée soit en première soit en seconde culture, avant ou après un maïs.

Pas de réelle progression des rendements Dans l’UE, la diversification des cultures imposée par la réforme de la Pac poussera les agriculteurs à intégrer davantage d’orge dans leur assolement. Aucune réelle hausse des rendements n’est attendue durant les cinq années qui

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RUBRIQUE RÉALISÉE PAR ARNAUD CARPON // acarpon@terre-net-media.fr


STRATÉGIES viennent. Actuellement de 2,7 t/ha, ils ne progresseraient que de 0,8 % par an. Les quantités d’orge produites en plus dans le monde serviront à couvrir la demande des pays où l’élevage se développe, puis à approvisionner les marchés à l’export. En Russie par exemple, elles seront réservées au marché intérieur.

alimenteront en premier lieu les marchés intérieurs. L’Amérique du Sud et le Proche-Orient seront toujours des importateurs majeurs de cette céréale. La croissance des revenus des consommateurs dopera la demande de produits carnés et par conséquent la production d’orge, pas assez toutefois pour nourrir l’ensemble des animaux.

En conséquence, le com“23 Mt échangées merce total de l’orge (exAu Proche-Orient, la cepté le malt) ne devrait au niveau mondial„ pression démographique augmenter en moyenne sera le moteur de la proque de 1,5 % par an duction et de la consomd’ici 2019 pour atteindre 23 Mt. mation de viandes blanches mais aussi L’origine des grains exportables d’ovins, de caprins et de camélidés. (Argentine, Australie, Canada, Union européenne, Kazakhstan, Russie, En renonçant définitivement à produire des céréales irriguées, l’Arabie saoudite Ukraine et Etats-Unis) serait identique. devrait rester le premier client mondial en achetant 41 % de l’orge en vente sur Peu d’impact sur les les marchés (9,6 Mt en 2019/2020).

échanges commerciaux Le marché mondial sera d’abord tiré par l’expansion de l’élevage dans les pays émergents, de façon limitée cependant car les quantités d’orge supplémentaires

La consommation de bière stimulera aussi l’utilisation industrielle de l’orge (+ 3 Mt en cinq ans) d’ici 2019/2020 en Chine, en Asie pacifique et en Amérique du Sud. Résultat, le dynamisme de la

demande d’orge ne permettra pas de reconstituer chaque année les stocks mondiaux au-delà de leur niveau actuel. Dans 4-5 ans, ils représenteront 16 % de la consommation mondiale contre 19 % au cours de la période 2010/2015. Les deux tiers de ces stocks seront détenus par les six principaux pays exportateurs.

L’effet dopant de la consommation de bière Pour la production de bière, les flux commerciaux s’intensifieront du fait de la réexportation sous forme de malt d’orge importée, originaire de pays dotés des outils industriels nécessaires. La Chine achète ainsi de l’orge pour la revendre sous forme de malt. ● Erratum :

une erreur s’est glissée dans le 2e intertitre de l’article "En avant marge" ("Production de céréales : la planète manque de blé dur" p. 18) de Terre-net Magazine n°50. À la place de "Des stocks en hausse de 38 %", il fallait lire "Des stocks en baisse de 38 %".

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STRATÉGIES

Performance productions animales

Agrandissement laitier

Les grands troupeaux sont-ils mieux armés pour affronter l’avenir ? Vaut-il mieux un grand troupeau pour faire face aux fluctuations du prix du lait ? Selon plusieurs études, les charges aux mille litres ne semblent pas s’alléger. Les économies d’échelle concernent surtout la main-d’œuvre.

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PAR ROBIN VERGONJEANNE // rvergonjeanne@terre-net-media.fr

Les grands troupeaux bretons comptent en moyenne 119 vaches laitières pour 3,7 UMO.

L

es gros élevages sont-ils différents des autres ? Ceux de plus de 100 vaches laitières, qualifiés de "grands troupeaux" en France, commencent à s’installer dans le paysage agricole. En Bretagne, ils ont été multipliés par six en 10 ans. « Il y en aurait près de 1 000, soit 6 % des fermes laitières », estime Guylaine Trou, de la Chambre d’agriculture de Bretagne. Dans la plupart des autres pays laitiers, 100 vaches est plutôt la moyenne.

Elles ne pâturent plus ? Hormis leur effectif, les gros cheptels bretons sont semblables aux autres. Certains pratiquent le pâturage, d’autres préfèrent les fourrages conservés. « Dire que les grands troupeaux ne pâturent plus est une idée reçue, tranche Vincent Jégou, conseiller d’entreprise à la Chambre d’agriculture des Côtesd’Armor. Plus que la taille des élevages, c’est l’accessibilité des parcelles qui détermine la part d’herbe pâturée dans la ration. Toutefois, le maintien du pâturage semble nettement plus rare dans le reste de la France. Selon une enquête du BTPL, 38 élevages du réseau €colait ont accru leur production de 18

plus de 60 % en cinq ans (entre 2008 et 2013), en augmentant le nombre de vaches (+ 28 VL = + 55 %) plutôt que la moyenne d’étable par vache (+ 323 l/VL = + 4,2 %).

tion s’est accompagné d’une nette hausse de la productivité par personne : le litrage produit a progressé en moyenne de 101 500 l (+ 39 %) pour atteindre 350 000 l/UMO.

Cela se traduit par une part plus importante de maïs ensilage (+ 300 kg de MS ingérés/ VL/an) et une baisse du pâturage (- 135 kg de MS), voire son arrêt pour un tiers des élevages. Ainsi, ces fermes sont passées de 9 100 à 10 100 l par hectare de surface fourragère.

Les grands troupeaux bretons comptent en moyenne 3,7 UMO pour 119 vaches laitières. Généralement, en travaillant à plusieurs, la qualité de vie s’améliore. « Mais 40 % des éleveurs constatent une dégradation de leur charge de travail et du niveau de stress, nuance Mathilde Fals du BTPL. La quasi-totalité des producteurs interrogés ont investi : 60 % d’entre eux dans une nouvelle stabulation et l’installation de traite. D’ailleurs, ceux qui sont les plus satisfaits de l’évolution de leur charge de travail ont installé un bâtiment plus fonctionnel et/ou un robot de traite (18 %). »

Le poste alimentation a été fortement impacté par l’augmentation de la production, 75 % des fermes enquêtées achetant davantage de matières premières. La moitié des élevages ont installé un distributeur de concentré (Dac). Dans un cas sur deux, le coût alimentaire s’est amplifié. Dans cette étude, l’agrandissement des troupeaux n’a pas permis de réaliser une économie globale de charges aux 1 000 l. L’économie d’échelle ne semble porter que sur le facteur travail. Dans ces exploitations, la main-d’œuvre a augmenté de 0,3 UMO. 20 % des éleveurs déclarent avoir créé de l’emploi en embauchant un salarié ou en passant par un groupement d’employeurs. L’accroissement de la produc-

Terre-net Magazine I Décembre 2015

Productivité par personne Néanmoins, les grands troupeaux se différencient des autres sur un point : leur management. Ils n’exigent pas les mêmes capacités et compétences, requièrent beaucoup de rigueur et remettent souvent en cause les fondamentaux qui ont fait leurs preuves dans les cheptels


L’ALIMENT LIQUIDE DIELNA AMÉLIORE LA DIGESTIBILITÉ DES FOURRAGES ET SÉCURISE L’INGESTION DE FIBRE

STRATÉGIES

Dans les grands troupeaux comme dans les autres, les résultats financiers sont très hétérogènes. Certains parviennent à s’en sortir grâce à une bonne maîtrise technique et économique ; d’autres ont du mal à digérer les investissements. De manière générale, si une exploitation n’arrive pas à dégager de la marge avec 400 000 l, la situation financière a peu de chance de s’améliorer avec un million. Les élevages bretons, situés dans le quart supérieur au niveau marge brute, se distinguent par un parcellaire groupé permettant le pâturage, même pour les génisses, le recours aux rations semi-complètes et l’élevage de tous les veaux. « Pour simplifier le travail, de nombreuses stabulations sont en système "logettes et lisier". Le raclage des couloirs et la distribution des rations sont dans la plupart des cas automatisés, souligne Sébastien Guiocheau, de la Chambre d’agriculture de Bretagne. D’où un coût à la place supérieur, qui avoisine 6 800 € par vache. »

Une extension progressive des ateliers ne pose pas de problème particulier dans les premiers temps. Arrive alors un seuil critique, à partir duquel la situation se dégrade brutalement : bâtiment surchargé, excès de travail, troubles métaboliques, suivi moins strict du troupeau ou des génisses. Certaines tâches, faciles avec un cheptel moyen, deviennent fastidieuses et complexes avec 200 vaches : conduite du pâturage, alimentation et complémentation, nettoyage des logettes, hygiène quotidienne, détection des chaleurs...

Pour que l’agrandissement soit réussi, il faut être vigilant et anticiper chaque changement. La reprise de foncier doit être structurante, les investissements maîtrisés et le travail bien réparti et organisé. Le plus important : l’éleveur doit « rester maître de son projet », rappelle Hervé Morainville, directeur du BTPL. ●

Moyenne Bretagne CEL

119

49

8 033

7 860

Concentré/kg lait (g)

151

141

% maïs

37,5

38,5

Source : Chambres d’agriculture de Bretagne

limite le tri et donc le risque d’acidose

Réseau grands troupeaux

Lait brut/VL (kg)

Du maïs avec un aliment liquide Dielna

Attention au seuil critique

Des grands troupeaux pas si différents

Nb VL

AS VOTRE NE JETEZ P AGE ENSIL BOUSES ! DA N S L E S

Avril Marketing Feed - Avril 2015

Digérer les investissements

Les grands troupeaux semblent plus rigoureux sur les protocoles sanitaires : alimentation en ration mélangée, vaccination systématique, meilleur suivi des lots de taries et des génisses. Pourtant, au-delà de 100 vaches, les dépenses de santé s’alourdissent. Pas à cause des mammites car l’hygiène de traite et de couchage est en général mieux maîtrisée, mais en raison d’une recrudescence des boiteries et de frais supplémentaires liés à l’utilisation préventive de produits nutritionnels.

% disparition MS

"classiques". « Les producteurs consacrent plus de temps au suivi des animaux, par exemple pour détecter les chaleurs. » Et d’"éleveurs de vaches", ils deviennent "managers de salariés". En effet, en parallèle de l’agrandissement des cheptels, le salariat se développe (+ 60 % en Bretagne de 2000 à 2010). Une tendance qui devrait se confirmer avec les départs en retraite annoncés d’ici 10 ans dans près de 50 % des ateliers laitiers.


STRATÉGIES

Performance productions végétales

Variétés de maïs

Les semenciers prêts pour les semis 2016 Le souvenir des performances de vos hybrides est encore frais. Profitez-en pour vous faire une idée de la sélection maïs 2016 proposée par les semenciers. Grain, fourrage ou mixte, précoce ou tardif, il y en aura pour tout le monde. PAR MATHILDE CARPENTIER // mcarpentier@terre-net-media.fr

LG Semences, marque du groupe Limagrain, souffle

travaille la génétique et accompagne l’agriculteur

SUR LE WEB

Parmi les nombreuses inscriptions de l’année, Maïsadour met l’accent, en grain, sur certaines de ses variétés comme DM1024 (indice 240), hybride mixte, productif et très précoce, avec une qualité de tige lui conférant une haute résistance à la verse et une tolérance à l’helminthosporiose. DM2024 (indice 270 grain et 280 ensilage) promet un rendement élevé et régulier, et une dessication rapide du grain. MAS 26.T, hybride mixte (280 ensilage 290 grain), devient la nouvelle référence ensilage en matière de rendement, en plus d’être tolérant à la fusariose et à la verse. DM3024 (350) affiche de bonnes performances régulières quelles que soient les conditions. Il commence avec une bonne vigueur au départ et termine avec une dessication rapide. MAS 56.A (550) est doté d’un très haut potentiel, régulièrement au-dessus de 180 q/ha dans les essais du semencier, assorti d’une très bonne qualité d’épi et d’une dessication rapide. Enfin, MAS 54.H (550), variété mixte, combine haut niveau de rendement fourrage, valeur alimentaire et stay green. Maïsadour lance, par ailleurs, Agrostart, pour la protection des semences. Enrichi en acide humique, il booste la dynamique de développement racinaire. Agrostart associe un fongicide et un biostimulant. Agrostart + contient également un insecticide. À côté de Précosem, service d’alerte pour le déclenchement d’un semis précoce, de Mas Pilot, pour anticiper l’arrivée des stades clés du maïs, et d’Agroplus, qui fournit des conseils du semis aux couverts, Maïsadour souhaite lancer son offre Cap de conseil à la parcelle, toutes espèces confondues.

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Plus de détails et les résultats des essais officiels dans le dossier spécial Variétés de maïs sur www.terre-net.fr/mag/51mais

Terre-net Magazine I Décembre 2015

L’objectif est de valoriser les UF de la partie tige-feuilles tout en cherchant à réduire la part de lignine non digestible. « Nous allons en parallèle continuer à progresser en rendement, car le nerf de la guerre reste le nombre d’UFL et de litres de lait. Les essais mettent d’ailleurs en avant un gain de 0,5 l/lait par vache et par jour avec un maïs HDi. » LG identifie ses variétés avec les meilleures vigueurs au départ par le label Rapid’Start. Pour en bénéficier, un hybride doit obtenir une note supérieure à 110 % de la moyenne des références du marché.

La génétique variétale au service de la rentabilité de l’éleveur chez Advanta En maïs grain précoce (B ou G11), la variété Adevey, en fin de groupe, confirme ses performances, à 107,5 % de la synthèse provisoire des essais internes. En fourrage, le semencier insiste sur le rendement, la sécurité du résultat et l’efficacité alimentaire, et inscrit cinq variétés. En mixte précoce, Perley bénéficie d’un très bon potentiel régulier, d’une bonne valeur alimentaire et de qualités semoulières. Shelbey se démarque par sa vigueur au départ, sa tenue de tige et son rendement semoulier. Matthew, demi-précoce SC, montre une valeur alimentaire équilibrée et des performances régulières, grâce à sa tolérance au stress hydrique. Ronny, très précoce mixte, annonce un bon rendement régulier, un très bon état sanitaire des épis et une aptitude à l’utilisation en maïs grain humide. Enfin, Stacey, très précoce du début de groupe SA, dispose d’une valeur alimentaire équilibrée, d’une excellente vigueur de départ et d’un haut niveau d’UF/ha.

© ADVANTA

Maïsadour

© TERRE-NET MÉDIA

les 10 bougies de ses variétés de maïs HDi, dites "hautement digestibles" pour les bovins. En 2015, un hectare de maïs fourrage sur dix est semé avec ces variétés en France. « Et ce n’est qu’un début », avance François Bizeul, chef de marché nutrition animale chez LG. Les variétés HDi présentent 2 points de Dinag (digestibilité non amidon glucides) supplémentaires comparé aux variétés de référence.


© SEMENCES DE FRANCE

STRATÉGIES

© TERRE-NET MÉDIA

Semences de France bat son record avec

Euralis Semences

poursuit le développement de ses maïs dentés tropicaux, génétique récente regroupant déjà 16 variétés. Céline Cauhapé, chef marché maïs d’Euralis Semences, se félicite d’ailleurs du rang atteint par « ES Gallery, première variété vendue en 2015 en grain demi-précoce C1 ». L’offre s’enrichit de cinq nouveautés : ES Creative et ES Asteroid, en précoces, ES Brillant, en demi-précoce C1 et sur les créneaux plus tardifs, ES Jasmine, demi-précoce C2 à demi-tardif, meilleure inscription de son groupe, et ES Zlatan, grain et fourrage, tardif E1, qui signe l’arrivée de plus de tardiveté.

14 variétés inscrites au catalogue français en maïs grain et fourrage : • très précoces : Banjo, Athos et Diamento ; • précoces : Figaro et Acropole ; • précoces/demi-précoces : Bamaco et Sésame ; • demi-précoces C1 dentés : Solario, Trocadéro et Portorico ; • demi-précoce C2 : Solférino ; • demi-tardives : Grégorio, Borsalino et Comotti. Le semencier, pour le choix de ses variétés, prend en considération les qualités d’implantation, la régularité, la résistance à la verse et la capacité à rester vert. La sélection s’opère aussi évidemment sur le gain de rendement. Enfin, Semences de France s’attache aux critères indispensables à l’utilisation de ces variétés. En grain, la sensibilité à la verse et la qualité sanitaire des épis. En fourrage, la capacité à rester vert, la digestibilité ainsi que la valeur énergétique.

© CAUSSADE SEMENCES

« Avec sa génétique inédite et exclusive, Euralis Semences se hisse au rang des Dekalb et Pioneer en termes de productivité, confie la chef marché. Les variétés sélectionnées bénéficient en plus de performances régulières et d’une dessiccation rapide. » Dans les autres catégories, Euralis inscrit, en cornés-dentés, ES Metronom, maïs fourrage et grain précoce, productif, régulier et robuste face aux verses et maladies. ES Harmonium, demi-tardif, complète la gamme de maïs dentés classiques. Dans celle de fourrage Hifi, Euralis inscrit ES Lactosil, maïs demi-tardif.

Caussade Semences renouvelle sa gamme Pioneer confirme les performances de ses hybrides Dentémax un an après leur sortie. « Commercialisés dans la moitié sud de la France, ils ont été adaptés aux conditions plus fraîches des zones précoces du nord. Ce marché grain, habituellement occupé par des hybrides cornés, profite ainsi de variétés performantes avec une très forte programmation, qui permet d’avoir plus de grains par épi, et une capacité de dessiccation supérieure. »

à tous les étages en ciblant, en grain, le potentiel de rendement et l’efficience en conditions hydriques limitantes et, en fourrage, la digestibilité et le stay green : • très précoces : Belami CS et Spyci CS ; • précoces : Monleri CS et Chamoni CS ; • demi-précoce corné-denté : Forsili CS ; • demi-précoces dentés : Kamponi CS et Jacuzi CS. • demi-tardif : Copernic CS ; • tardifs : Triniti CS, Monloui CS et Karedi CS ; • très tardif : Capuzi CS.

Le semencier inscrit, par ailleurs, deux variétés Optimum Aquamax. Ces hybrides fournissent 5 % de gain de rendement en conditions de stress hydrique et 2 % par ailleurs. P9234, hybride demi-précoce C1, présente un profil agronomique robuste, une floraison sécurisante et un excellent stay green. Pioneer SY Gibuti et SY Salvi complètent la gamme Syngenta lance également P1241 sur le créneau tardif, qui apporte une grande stabilité. Enfin, dans SY Gibuti est une variété mixte fourrage et grain précoce, d’indice 250-270, avec de l’offre waxy, PR38A75, demi-précoce et bonnes qualités semoulières et adaptée à la conservation en grain humide. Syngenta le P9718E, demi-tardif, amènent de la stabilité recommande en fourrage et grain humide en Bretagne, Pays de la Loire et Normandie, et en grain en Champagne et Picardie. SY Salvi, maïs grain à tendance denté, d’inet un bon ratio rendement-précocité. dice 240-260, promet une amélioration du potentiel économique en grain précoce. En fourrage, le label Powercell distingue les variétés de maïs à haute valeur énergétique.

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STRATÉGIES

Performance productions végétales

KWS améliore la digestibilité de ses fourrages et élargit son offre en grain

© TERRE-NET MÉDIA

KWS propose des variétés de maïs fourrage à la fois riches en amidon et digestibles. Jean-Philippe Cochet, responsable marketing, vante également « le rendement UF, le comportement agronomique et la finition très saine de ces nouveaux hybrides ». Présent sur la plupart des groupes de précocité, KWS veut tardifier son offre en développant des variétés d’indices 330, voire 340, en corné denté. Les nouveautés pour 2016 : Kolossalis (indice 240) et Kompetens (220), en très précoces, Kalideas (260) et Konfluens (260-270) en précoces et Kilomeris (280/290) en demi-précoce.

De Sangosse

s’appuie sur son alliance avec Dow Seeds pour renforcer sa stratégie dans le secteur des semences. Ambitieux, les deux partenaires visent le podium français du marché maïs. Pour 2016, ils présentent cinq nouveautés et en annoncent sept autres en cours d’inscription. En début de groupe SA/A, DS1164A, sur le créneau fourrage et grain, est un hybride ultra précoce adapté aux zones froides du nord de l’Europe. En fin de groupe, DS1157A, l’une des meilleures inscriptions de sa catégorie, est une variété mixte au potentiel de rendement élevé et aux valeurs alimentaires (Dinag et DMO) équilibrées. Tolérante à l’helminthosporiose, son stay green la distingue.

Leader sur le créneau des maïs grain précoces - très précoces cornés dentés, KWS entend maintenir cette position tout en poursuivant ses recherches en denté précoce. « Quatre hybrides, prometteurs, sont actuellement en CTPS2 avec des rendements à 110 % des témoins, une bonne résistance au froid à l’installation et un niveau de dessication satisfaisant. » Les nouveautés déjà inscrites au catalogue : en très précoces, Kolossalis, Katarsis (220/230), Kompetens et Kubitus (230/240), en précoce, Konfluens, en demi-précoce C1, Karamelis (310), et en demi-précoce C2, Kompares (360).

En milieu de groupe SB, DS1202B, hybride fourrage, combine gabarit, stay green et valeurs alimentaires. En milieu de groupe D, le maïs grain DS1120D est adapté aux semis précoces grâce à une bonne vigueur de départ. Il promet un rendement élevé, des grains plus secs et une consommation en eau réduite. Autant de sources d’économies pour l’agriculteur. Enfin, DS1326D associe productivité et dessiccation rapide du grain et se distingue par ses performances élevées et stables.

• Très précoces : RGT Mixxture, RGT Multiplexx, RGT Noaxx, RGT Afixx et RGT Chromixx. • Précoces : RGT Profilexx, RGT Planoxx et RGT Lipexx. • Demi-précoces C1/C2/SD : RGT Xxavi, RGT Oxxlow, RGT Huxxtor, RGT Prefixx, RGT Exxaltan et RGT Culturexx. • Demi-tardifs : RGT Emerixx et RGT Fuxxter. • Tardifs : Mexini et Ixabel. Maïs Duo System (variétés sélectionnées pour leur résistance naturelle au Stratos Ultra, anti-graminées de BASF) • Précoce : RGT Exxclam duo. • Demi-précoces C1/C2/SD : RGT Exxclusiv duo et RGT Ferarixx duo. 22

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© KWS

RAGT renouvelle sa gamme sur tous les groupes de précocité, en grain et en fourrage. Certaines variétés, labellisées Stressless H2O, se démarquent pour le maintien de leur productivité en conditions de stress hydrique.


© DEKALB

Deux variétés mixtes et un maïs grain intègrent le catalogue Saaten-Union Moscato, hybride grain denté demi-précoce (indice 330), en groupe C1, est inscrit en France à 103,2 % des témoins. Ses atouts majeurs : sa productivité grains, sa bonne vigueur de départ, sa résistance à la verse et à la fusariose épis. Surterra, mixte de type corné denté précoce (indice 270 fourrage et 280 grain), donne une plante de gabarit moyen à haut avec un bon volume. Inscrit en Allemagne, sa régularité de comportement et sa bonne vigueur de départ sont ses principaux avantages. Liprimus, mixte corné denté précoce (indice 240), est une plante haute avec un bon volume. Également inscrit en Allemagne, il allie rendement et précocité.

Dekalb a déjà inscrit 16 variétés de maïs grain et fourrage en 2015 et prévoit encore quatre autres inscriptions d’ici les semis. De quoi satisfaire les attentes des maïsiculteurs sous toutes les latitudes. Rendement, qualité, agronomie, profil alimentaire : aucun critère n’est laissé de côté. Tous sont étudiés en conditions réelles de culture au sein des trois technopôles, mis en place en France par le semencier. Maïs grain • DKC3350 (260-280) et DKC3450 (270-290). • DKC4444 (340-380), DKC4652 (350-400) DKoptim’eau (se comporte très bien sous stress hydrique) et DKC4751 (350400). • DKC5152 (500-520) et DKC5530 (530-560) DKoptim’eau. • DKC5741 (550-580) DKoptim’eau . Quatre variétés Waxy sont attendues pour février 2016 sur les créneaux C1, C2, D et E1. Maïs fourrage • DKC3250 (230-240), DKC3251 (240), DKC3343 (230) et DKC3352 (230). • DKC3445 (250) et DKC3553 (260). • DKC3556 (280) et DKC3941 (290).

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STRATÉGIES

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MACHINISME

Essai

Mélangeuse Kuhn Profile 1680

La fibre ne lui fait pas peur Eleveurs laitiers dans le Nord, Dominique Rollier et Hubert Verbeke sont voisins et utilisent en commun un bol mélangeur à simple vis. La rédaction leur a fait tester la remorque mélangeuse Kuhn Profile 1680 à deux vis verticales. Verdict. PAR ROBIN VERGONJEANNE // rvergonjeanne@terre-net-media.fr

«

J

’ai été agréablement surpris par cette mélangeuse. Je n’étais pas convaincu lorsqu’elle est entrée dans la cour de ferme. Après l’avoir essayée, c’est une machine que je pourrais acheter », estime Dominique Rollier, éleveur de 55 Holsteins à Aix-les-Orchies (Nord). Son voisin Hubert Verbeke dresse un bilan plus mitigé. Il a trouvé la prise en main un peu délicate, surtout qu’au sein du Gaec, les rations sont distribuées par quatre personnes.

Défibrage rapide et économique Ayant d’abord testé une mélangeuse à pales Keenan, les agriessayeurs ont mis à rude épreuve pendant trois semaines le bol Profile 1680 de marque Kuhn. Les deux éleveurs sont exigeants sur la qualité du mélange mais n’ont pas les mêmes attentes. Hubert veut une ration homogène tous les jours quel que soit le chauffeur, tandis que Dominique souhaite surtout gagner en temps de défibrage et, si possible, ne plus faire de prémélanges d’herbe enrubannée.

Un mélange tout fait correct

Les caractéristiques de la Kuhn Profile 1680

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Première bonne surprise : la rapidité de défibrage avec, à la clé, des économies de carburant. Un atout des mélangeuses verticales à deux vis. Les fourrages sont moins comprimés que dans un bol à simple vis. Le mélange circule en formant un 8, ce qui exige moins d’énergie. Vidanger l’intégralité de la cuve prend, en revanche, un peu plus de temps.

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Mélangeuse à deux vis verticales. 16 m3 de capacité, réhaussable si besoin. 7 m de long, 2,4 m de large, 2,84 m de haut. Tapis de déversement gauche/droite avec déport de 25 cm. Trappe hydraulique. Commande de distribution électrique en cabine. Contre-couteaux hydrauliques pilotés depuis la cabine. Boîtier bi-vitesses (540/1 000 tr/min), cardan grand angle. Trois pesons. Boîtier de pesée (KDW 340) simple ou programmable. Boîtier radio de rappel d’affichage des poids en cabine (en option). Logiciel Libra-feed (en option) pour saisir la ration sur l’ordinateur et la charger sur clé USB. Prix annoncé autour de 37 000 €.

La faible consommation de l’engin a étonné les deux producteurs. « Sur 15 jours d’utilisation derrière un John Deere 6534 de 120 ch, nous avons consommé 38 % du plein avec la Kuhn et 58 % avec la Keenan. » La consommation instantanée est sûrement plus élevée sur le modèle à vis verticales. Néanmoins, puisqu’elle coupe plus vite les longues fibres d’enrubannage, le bilan penche en sa faveur.


« Le nombre de mètres cubes spécifié par un constructeur ne donne pas toujours une idée très fiable de la quantité de mélange que le modèle peut réaliser. C’est donc un élément auquel il faut faire attention avant d’acheter », fait remarquer Hubert. Ainsi, la Kuhn de 16 m3 stocke près de 5 t de ration alors que la Keenan, d’une capacité de 16 m3 également, dépasse difficilement 4 t.

Contre-couteaux hydrauliques Sur trois semaines d’essai, les deux éleveurs n’ont pas observé de différence sur la production laitière, ni sur l’indice de rumination qu’Hubert surveille sur le logiciel de son robot de traite. D’après lui, « la qualité du mélange, tout à fait correcte, n’atteint pas

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« Les prémélanges fibreux sont très rapides à effectuer : avec des couteaux, il faut 10 min pour démêler et couper deux ballots cubiques d’enrubanné, contre 20 à 30 min habituellement. Cependant, on est rapidement limité par le volume et la hauteur du bol. Malgré ses 16 m3, le foin a tendance à déborder », note Dominique. Les éleveurs ont constaté des écarts de cubage du volume d’une mélangeuse à l’autre.

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MACHINISME

Utilisé en pesée simple, le boîtier KDW 340 peut également programmer des rations. L’éleveur n’a qu’à saisir le nombre de parts du jour.

Le tapis de distribution peut se déporter de 25 cm de chaque côté. Dans un premier temps, les agriessayeurs ont eu du mal à le prendre en main.

le niveau obtenu avec la Keenan. Il reste toujours des petits paquets, tandis que la mélangeuse à pales nous avait habitués à un mélange très homogène et aéré. Nous distribuons des racines d’endives et des pommes de terre. Celles-ci ne sont pas attaquées par les vis verticales alors qu’elles étaient coupées en deux par les pales horizontales. Ce qui n’est pas si gênant après tout. » A l’auge, les refus sont homogènes : les vaches ne semblent pas en mesure de trier.

et l’ensilage de maïs, qui ne doit pas être défibré. Ensuite, huit tours de vis suffisent à mélanger l’ensemble de la ration pour 75 vaches laitières. Pour Hubert Verbeke, le temps de mélange et le nombre de tours sont essentiels. Il se rend d’ailleurs vite compte des erreurs lorsque l’indice de rumination chute du jour au lendemain.

Après avoir démêlé et coupé la fibre, Hubert rentre les contre-couteaux hydrauliques avant d’ajouter les concentrés

« Compter le temps de mélange et le nombre de tours reste la meilleure approche pour ne pas faire d’erreur. Avec la Kuhn, difficile de standardiser la ration. On peut faire du très bon boulot avec une mélangeuse à vis, mais ces deux paramètres sont plus compliqués à

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MACHINISME

Essai

calculer. » La mélangeuse Kuhn est équipée d’un boîtier bi-vitesses (540/1 000 tours), indispensable pour faire varier la vitesse de rotation et faire tourner le tracteur à faible régime moteur. Par contre, il faut descendre de l’engin pour changer de vitesse. Les éleveurs ont été obligés de faire fonctionner la mélangeuse en vitesse rapide et de mettre le tracteur au ralenti, sinon difficile de vidanger les 150 kg d’aliment environ

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Deux vis sont efficaces pour les mélanges très fibreux. Il faut 10 min pour prémélanger deux balles cubiques d’enrubanné.

restés coincés dans le bol. « En fin de distribution, on peut accroître le régime moteur pour vider la totalité du bol. Vu la forme des vis, peu d’aliment reste bloqué dedans. »

quoi il ressemble. » Les éleveurs ont mis quelques jours à maîtriser la distribution. « Le tapis dispose d’un débord latéral, très pratique, qui évite de rouler sur le fourrage. »

Les producteurs regrettent cependant l’absence d’aimants pour empêcher les vaches d’ingérer des morceaux de métal. Il est toutefois possible d’en fixer sur les vis.

« Néanmoins, les trois commandes ne sont pas simples à prendre en main : le déport du tapis, le sens de distribution gauche/droite et l’ouverture de la trappe, sur laquelle il faut jouer pour avoir une distribution homogène sur toute la longueur de la stabulation. »

Remorque compacte Fabriquée en Vendée, la Profile comporte une tôle pliée (et non arrondie), renforçant la structure du bol et freinant le mélange dans sa rotation pour augmenter la recoupe. Concernant le gabarit (7 m de long, 2,4 m de large et 2,84 m de haut), les avis sont partagés. Pour Dominique, « c’est le top ! La remorque, pas très haute, offre une bonne visibilité lors du chargement au télescopique ou au tracteur. Et elle est facile à manœuvrer. »

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Hubert n’est pas d’accord : « La remorque, un peu longue à cause du tapis, est peu maniable en marche arrière. Et le bol, suffisamment bas pour mes bâtiments, pourrait être plus large afin de gagner en volume. »

Le bol à double vis économise de la puissance mais parfois, il peut être difficile à vider.

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« De plus, il n’y a pas de vitre pour contrôler le mélange depuis le tracteur. Un détail qui oblige à monter à l’échelle pour voir à

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« Avec plusieurs associés et apprentis, ce n’est pas dit que tout le monde puisse mélanger et distribuer la ration », estime Hubert, peu convaincu par les machines à tapis. « C’est bien pour le déport, mais la longévité d’une simple trappe ou d’une vis me semble meilleure que celle d’un tapis qui risque, à la longue, de s’user et de se craqueler. A part ça, la mélangeuse, de conception simple, semble fiable et demande peu d’entretien. »

Un tapis pas facile à prendre en main Dominique a, quant à lui, apprécié le tapis pour faire ses prémélanges d’enrubanné. « Lorsqu’on a beaucoup de fibres dans le bol, la large trappe et le tapis permettent de vider très vite le contenu. Avec le tapis, la gestion du débit de distribution est très homogène, bien qu’elle exige un temps


MACHINISME écran se branche sur la prise trois plots du tracteur chargeur ou du télescopique.

Les mélangeuses Profile possèdent de série un boîtier électronique de pesée (KDW 340) pouvant être utilisé en mode "simple", avec lecture directe du poids total, ou "programmable" pour mémoriser différentes rations et adapter le poids de chaque ingrédient en fonction du nombre d’animaux à nourrir.

« Suivre le chargement depuis la cabine, sans être gêné par le soleil et pouvoir charger des deux côtés de la remorque est pratique. »

Mais la programmation des rations s’est révélée un peu trop complexe et les agriessayeurs s’en sont tenus à la pesée simple.

« Globalement, la Profile est une bonne machine, robuste, fiable, et assurant un mélange de qualité même avec beaucoup de fibres », concluent les éleveurs.

Tous deux sont unanimes sur l’intérêt d’acquérir (en option) le boîtier radio de rappel d’affichage de la pesée en cabine. Ce petit

Pesée programmable via un boîtier électronique

« Seul bémol : elle n’indique pas le temps de mélange de chaque aliment. À moins de

chronométrer soi-même, il est donc difficile d’obtenir le même mélange jour après jour, surtout si plusieurs personnes interviennent. Il faut une certaine expérience pour ne pas trop défibrer la ration. » Kuhn annonce un prix proche de 37 000 €. L’entreprise alsacienne propose aussi le modèle Profile Plus, avec système de paillage. ●

SUR LE WEB

d’adaptation pour vider toute la remorque en un seul passage à l’auge. »

Web -agri

Voir l’essai de la mélangeuse Profile 1680, en vidéo, sur www.terre-net.fr/mag/51profile

Taille des particules/grille

Objectif théorique

Résultat de la ration

Très grosses (> 2 cm) Grosses (> 1 cm) Moyennes (0,5 à 1 cm) Fines (< 0,5 cm)

Moins de 2 % 15 à 20 % 45 à 50 % 30 à 35 %

1% 17 % 50 % 32 % + aliment robot

Source : Hubert Verbeke

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Le test du tamis secoueur sur la ration d’Hubert Verbeke

Passée au tamis, la ration s’est révélée conforme aux objectifs des deux producteurs de lait.

L’élevage d’Hubert Verbeke

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Gaec, 3 à 4 UTH. 160 ha de polyculture-élevage. 75 Prim’holsteins avec robot de traite. 750 000 l de référence laitière. Ration VL : ensilage de maïs, 8 kg d’ensilage d’herbe, 1 kg de foin, racines d’endives, pommes de terre, correcteur et CMV. Particularités : l’éleveur prépare des rations en petite quantité, comme des mash fibreux pour les génisses. Plusieurs personnes sont amenées à gérer l’alimentation. Objectif : obtenir un mélange standard et assez fibreux quel que soit le chauffeur.

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L’élevage de Dominique Rollier Seul sur l’exploitation, aidé de ses parents. 70 ha de polyculture-élevage. 55 Prim’holsteins avec salle de traite. 550 000 l de référence laitière. Ration VL : ensilage de maïs, 4 kg d’enrubannage d’herbe en balles cubiques, racines d’endives, correcteur et CMV. Particularité : tous les 2 jours, l’enrubanné est haché et prémélangé durant 20 à 30 min. Objectif : économiser du temps et du fioul pour mélanger l’enrubannage.

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MACHINISME

Incontournables

Machine de l’année 2016

Le palmarès complet Retrouvez tous les lauréats du palmarès "Machine de l’année 2016", dévoilé à l’Agritechnica en novembre dernier. PAR BENOÎT EGON ET SÉBASTIEN DUQUEF // begon@terre-net-media.fr et sduquef@terre-net-media.fr

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M

Sima les années impaires. Cette fois-ci, 21 journalistes représentant 14 titres de journaux agricoles européens se sont réunis à huis clos pour élire les meilleurs matériels dans 17 catégories. Une nouveauté

pour cette édition : le "Prix du public". Vous, lecteurs, avez pu voter pour votre machine de l’année. Et le gagnant est...

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achine de l’année" est un concours organisé à l’initiative de la presse professionnelle agricole européenne. Le palmarès est révélé à l’Agritechnica les années paires et au

1) Tracteur XXL (plus de 400 ch) : Fendt Vario 1050

1

2) Tracteur XL (280 à 400 ch) : John Deere 8R Tier 4 final

© TERRE-NET MÉDIA

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Avec sa transmission VarioDrive, ses 500 ch et son support télématique Fuse de série, le Vario 1050 est le plus gros tracteur sur roues au monde. Autant d’atouts qui ont fait de ce modèle la machine de l’année XXL ! Les premières livraisons commenceront au second trimestre 2016.

1bis L’équipe dirigeante de Fendt recevant le prix du meilleur tracteur de plus de 400 ch.

Les principaux éléments ayant attiré l’attention du jury : le moteur coupleux, les trois choix de transmission, la suspension de cabine hydraulique, le pont avant suspendu et l’accoudoir CommandArm.

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© JOHN DEERE

3) Tracteur L (180 à 280 ch) : Case IH Optum/New Holland T7 HD

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Un petit gabarit, une grosse puissance de traction, les dernières innovations en termes d’automatisme de conduite en bout de champ... que demander de plus ? Les journalistes ont choisi ces deux cousins aux gènes similaires, mais qui conservent les spécificités de leur marque.


MACHINISME

Le poids de la performance.

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MACHINISME

Incontournables

4) Tracteur M (120 à 180 ch) : Deutz-Fahr 6000 CShift Un automatisme de transmission très pratique sur les cinq vitesses Powershift, voilà le point d’orgue de cette série CShift.

Le design mais aussi le moteur 4 cylindres, qui monte jusqu’à 185 ch à 730 Nm, ont éveillé l’intérêt des journalistes européens. La transmission Powershift à cinq vitesses et ses automatismes ont également séduit. Les multiples combinaisons d’équipements disponibles ont fini de convaincre.

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5) Tracteur S (moins de 120 ch) : Valtra série N

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Les trois caractéristiques qui ont retenu l’attention du jury sont : • le caisson de nettoyage 4-D avec la commande des volets du rotor et sa correction de devers ; • la régulation automatique du flux de matière avec l’arrêt des entraînements en cas de surcharge ; • le réglage automatique de la machine, disponible désormais pour le maïs et le soja.

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6) Moissonneuse-batteuse : Claas Lexion 700

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7) Ensileuse : Krone Big X 630 Les principaux points forts de la Krone Big X 630 : l’amélioration de l’éclateur MaxFlow pour un fonctionnement silencieux et le VariQuick, qui permet de changer d’équipement très rapidement. Le confort de l’utilisateur n’est pas en reste grâce à la suspension indépendante et au StreamControl, qui augmente momentanément la distance d’éjection. Enfin, le PowerSplit réduit la consommation de carburant.

8) Arracheuses de pommes de terre/ betteraves : Holmer Terra Dos T4-30 HR 12 Le jury a décidé de récompenser cette année une entreprise française, qui a réalisé un record du monde en récoltant 85,4 ha en 24 h seulement. La machine se distingue par une largeur de travail de 5,40 m et une consommation de carburant moindre.

La correction automatique du point d’alimentation de la nappe de produit garantit une répartition homogène sur les 54 m de largeur de travail. Sept capteurs, répartis tout autour des disques d’épandage, mesurent la force du vent et la pente. 30

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9) Matériel de traitement : épandeur Amazone ZA-TS avec Argus Twin


MACHINISME

10) Engin de transport : tonne à lisier Zunhammer à cuve légère

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11) Fenaison : autochargeuse Rapide Schuitemaker avec NIR-Sensor

© SCHUITEMAKER

© ZUNHAMMER

15,5 m3 d’effluents peuvent être transportés à l’intérieur d’une cuve pesant 3,5 t à vide. Cela méritait bien une distinction !

11 12) Outil de travail du sol : charrue Kverneland 2500 i-Plough Parmi les avantages de ce matériel : les nombreuses possibilités de réglage depuis la cabine et la sécurité sur route.

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© LEMKEN

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13) Semoir : Lemken Solitair 25

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Lemken renouvelle sa gamme de semoirs à céréales. Le Solitair 25, remplaçant du Solitair 9, se reconnaît facilement à sa trémie de 3 000 l en polyéthylène. Côté innovations, un entraînement électrique par section ajuste en permanence la dose de semences.

14) Electronique : Väderstad SeedEye Disponible sur la plupart des modèles Spirit et Rapid de Väderstad, le SeedEye permet de compter ses semences au lieu de les peser, avec une précision de 99 % pour le colza par exemple. Ainsi, il n’est plus nécessaire de calibrer le semoir.

© FENDT

15) Prix spécial : système de traitement des semences Evonta E-3 17

Traiter les semences avec un courant électrique pour les protéger des champignons, bactéries ou virus, c’est déjà innovant. Et si en plus, cela peut se faire avec un équipement transportable de 6 t uniquement que l’on branche sur une prise de 63 A, pas étonnant qu’Evonta gagne le prix du jury.

Le développement conjoint avec Fendt du pneu Mitas Aircell est une vraie innovation pneumatique : la pression se règle en quelques secondes et non plus en plusieurs minutes. Le pneu intérieur, gonflé à 8 bars, diminue le volume de travail, augmente la durée de vie du produit, protège les sols et génère des économies de carburant.

14 © MITAS

© TERRE-NET MÉDIA

16) Prix spécial : Mitas Aircell/Fendt

© EVONTA

17) Prix du public : tracteur Fendt Vario 1000 16 15

En cinq semaines, vous avez été plus de 100 000 à voter, générant plus de 1 500 000 pages vues. Votre machine de l’année 2016 : le très attendu Fendt Vario 1000.

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MACHINISME

Pleins phares

Nouvelles technos et interconnexion

Demain, y aura-t-il encore un pilote dans le tracteur ? Il y a 15 ans, l’électronique embarquée arrivait dans les tracteurs. Et l’e-mail remplaçait progressivement le fax. Mais ce n’était que le début. Aujourd’hui, grâce à la généralisation des terminaux Isobus, les tracteurs et les outils communiquent entre eux. Là aussi, ce n’est qu’un début ! D’ici quelques années, y aura-t-il encore quelqu’un au volant ? PAR BENOÎT EGON // begon@terre-net-media.fr

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aire communiquer un modèle de croissance du blé avec le semoir à engrais, ou envoyer à ses chauffeurs des ordres de travaux par smartphone : vous pensez que c’est de la science-fiction, détrompez-vous, la technologie en est là.

« Les utilisateurs peuvent partager leurs données avec des concessionnaires, des entrepreneurs, des clients pour les ETA ou même des voisins », insiste Solène Bourgeois, de Myjohndeere.com.

© TERRE-NET MÉDIA

« Nous travaillons sur un projet de détection des adventices à partir d’imagerie aérienne. La carte d’infestation pourrait se transformer en carte de pulvérisation pour piloter la localisation du produit. », déclarait Christelle Gee de l’UMR agro-écologie de l’Inra en février dernier.

Savoir en temps réel qui fait quoi Via la localisation de l’engrais et des phytos et les évolutions des matériels, la console Isa360 d’Isagri assure le guidage, la coupure de tronçons, la modulation de dose... « Le logiciel de gestion parcellaire Geofolia simplifie le travail grâce à l’automatisation des échanges de données entre outils, explique Cécilia Goret, chef de marché productions végétales. Une seule saisie suffit, au bureau dans le logiciel de gestion parcellaire ou sur la console du tracteur. Les informations peuvent être retrouvées et utilisées quel que soit l’endroit où l’on se trouve. » Avec Myjohndeere.com, les engins sont connectés bien sûr, les opérateurs et les parcelles aussi. Myjohndeere.com est une plateforme web permettant de se connecter depuis les PC, smartphones et tablettes. Après les paramétrages initiaux, il est possible de consulter gratuitement des informations de base sur ses matériels par l’intermédiaire du centre des opérations de John Deere. Et grâce à la télémétrie JD link, l’agriculteur peut suivre ses machines en temps réel et connaître à tout moment leur position, le ni32

veau de carburant, la vitesse d’avancement... Si vous souhaitez aller plus loin, vous pouvez connecter vos salariés pour leur transmettre des directives et des consignes directement sur leur smartphone. Dans quelques mois, vous aurez accès à la navigation routière entre parcelles, qui prend en compte la hauteur des ponts par exemple pour éviter d’être bloqué avec un convoi agricole.

phytos avec le Connected Crop Protection. La carte de rendement devient alors un bon outil pour observer les résultats agronomiques de l’année et réajuster l’itinéraire technique à la campagne suivante.

Parmi les autres fonctionnalités : le transfert d’informations, provenant de plusieurs prestataires, vers les outils et les tracteurs auxquels ils sont “ Prendre les bonnes décisions attelés et l’enregistrement des interen disposant d’informations ventions réalisées une parcelle plus nombreuses et précises, sur afin d’améliorer les pratiques culturales de meilleurs modèles...„ et la traçabilité.

Primé à l’Agritechnica 2015 par deux médailles d’or, le concept FarmSight de JohnDeere propose des solutions d’interconnexion en intégrant différents partenaires dans la normalisation des protocoles d’échange de données. À partir de l’historique des parcelles, des analyses de sol, de l’imagerie satellitaire ou optique, des conseils d’application de produits, émanant de divers modèles, peuvent être compilés. Ainsi, les apports d’engrais organiques ou minéraux sont gérés avec le Connected Nutrient Manager et ceux de

Terre-net Magazine I Décembre 2015

Créée en septembre 2014, la plateforme Myjohndeere.com regroupe déjà plus de 10 000 comptes d’utilisateurs. En prévision du développement rapide de ce service, John Deere vient de déplacer ses serveurs sur le territoire européen, se soumettant ainsi aux règles de bonnes pratiques sur la propriété des données. Celles-ci appartiennent en effet aux agriculteurs et ne peuvent pas être utilisées par John Deere, sauf pour rendre


MACHINISME POINTS DE VUE

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Par l’intermédiaire du centre des opérations de John Deere, il est possible de consulter gratuitement les données de base sur ses matériels.

service aux utilisateurs. « Elles peuvent être partagées avec les concessionnaires, les entrepreneurs, les clients pour les ETA ou même les voisins. Les producteurs définissent qui peut intervenir sur une parcelle ou utiliser un matériel, et qui peut seulement voir les actions effectuées », précise Solenne Bourgeois de Myjohndeere.com (product marketing manager off board solutions chez John Deere). Elle ajoute : « Avec l’essor du travail à façon, cette technologie permet de savoir en temps réel qui fait quoi sur l’exploitation. » Consulter la météo quotidienne et demain, les données issues de stations météo dédiées au secteur agricole, surveiller en temps réel les marchés à terme, avec la possibilité de prendre ou lever des options depuis votre téléphone mobile, contrôler et régler le pivot d’irrigation... l’agriculture connectée n’a pas fini de se développer. Malgré des gains de productivité réels, on peut s’interroger sur la place de l’humain. Dans quelques années, aura-t-on

encore besoin de l’homme pour certaines tâches agricoles ? Voire pour conduire un tracteur ? Carré a présenté en avant-première au Sima 2015 son robot de désherbage mécanique Anatis. Neuf mois plus tard, à l’Agritechnica, Dutch Power Company lance un tracteur robot de 100 ch, baptisé Greenbot, avec relevage, prise de force et coupleur push pull hydraulique. Une fois le contour de la parcelle délimité, ce Greenbot travaille tout seul dans le champ ! Prix annoncé : 150 000 €.

Un tracteur robot Rassurez-vous, il faudra toujours quelqu’un pour recevoir les demandes du robot par SMS, résoudre les problèmes techniques, faire le plein de gasoil, transporter le matériel jusqu’à la parcelle. Et pour prendre des décisions sur la gestion de l’exploitation en disposant d’informations plus nombreuses et précises, de meilleurs modèles… Bref, en étant plus connecté ! ●

Depuis 10 ans, les hybrides HDi® vous permettent de tirer le meilleur de votre troupeau aujourd’hui et pour longtemps. • Haute digestibilité des fibres • Taux de MAT élevé même en fertilisation limitée • Augmentation du bien-être ruminal entraînant une diminution des frais d’entretien.

© TERRE-NET MÉDIA

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Une fois le contour de la parcelle délimité, le tracteur Greenbot de Dutch Power Company (100 ch) travaille tout le seul dans le champ.

Groupe 361 Crédits photos : ©Westend61/Getty Images, © Turnervisual/Istock, ©Anon_Pichit/Istock - Limagrain Europe - SA au capital de 9 229 894,75€ - Siège social : Biopôle Clermont-Limagne, rue Henri Mondor, 63360 SAINT-BEAUZIRE – SIREN 542 009 824 RCS Clermont-Ferrand. Les recommandations d’utilisation fournies sont données à titre purement indicatif et ne sauraient engager la responsabilité de Limagrain Europe à quelque titre que ce soit. Novembre 2015.

© JOHN DEERE

On ne déborde jamais autant d’énergie qu’à 10 ans


LE DOSSIER

Grand angle

Qualité des sols PAR MATHILDE CARPENTIER // mcarpentier@terre-net-media.fr

2015, année internationale des sols, invitait à redécouvrir leurs grandes fonctions en replaçant le raisonnement agronomique sur le devant de la scène. L’érosion, la battance et la compaction sont quelques-unes des menaces qui pèsent sur la qualité des terres arables. La conduite des cultures et des chantiers fait partie des solutions.

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Terre-net Magazine I Décembre 2015


LE DOSSIER

Érosion, battance, tassement…

Agronomie et mécanique au secours de la structure La baisse des taux de matière organique et les engins de plus en plus lourds menacent la structure des sols. Certains cherchent à limiter les conséquences parfois graves de leurs pratiques, voire à inverser la tendance.

A

« Or, cette composante constitutive des sols est indispensable à leur formation, leur fonctionnement et leur stabilité physique et chimique. Leur système poreux en dépend, et par conséquent leur régime hydrique, leur pouvoir tampon et l’enracinement des plantes. Les organismes vivants, essentiels à de nombreuses fonctions écologiques, ne peuvent plus jouer leur rôle. »

© TERRE-NET MÉDIA

« En résulte une baisse de la productivité des sols, de leur stabilité et un risque de réduction de l’épaisseur de leur partie superficielle à cause de l’érosion. » « Quelle que soit sa destination, agricole ou non, la production végétale nécessite l’apport de quantités suffisantes de nutriments pour compenser les exportations par les récoltes et les pertes inévitables, résultant de processus naturels difficiles à maîtriser. Or, ces nutriments se limitent trop souvent aux engrais minéraux, d’où une diminution de la teneur en matière organique des sols. »

Les engrais de ferme agissent sur les propriétés du sol Un essai longue durée, mis en place depuis 1999 à la ferme expérimentale des Bordes dans l’Indre, mesure les effets d’apports réguliers de produits organiques sur la structure et l’activité biologique de l’horizon 0-25 cm d’une rotation blé-colza en labour et de l’horizon 0-10 cm d’une prairie. Ainsi, le carbone et l’azote, provenant des produits organiques résiduaires non miné-

© TERRE-NET MÉDIA

ndré Neveu, dans la revue de l’Académie d’agriculture de France, prévient « qu’en diminuant le taux de matière organique des sols, des rotations trop simples, voire des monocultures, sont les premières responsables de leur dégradation ».

Si leur structure est dégradée, l’eau ne s’infiltre plus dans les sols cultivés.

ralisés au cours de l’année, enrichissent progressivement le sol en ces éléments et influencent à la fois ses propriétés chimiques, physiques et biologiques.

liste, se répercuter sur la perméabilité de l’horizon de surface avec, comme conséquences, un meilleur écoulement des eaux et un ressuyage plus rapide. »

« Après neuf années d’apports, la macroporosité est la propriété physique la plus impactée, témoigne Alain Bouthier, d’Arvalis-Institut du végétal. Les épandages d’effluents d’élevage ont par ailleurs amélioré, de manière significative, la teneur en matières organiques du sol sur les 25 premiers centimètres, par rapport à un témoin n’ayant été fertilisé que par des engrais minéraux. »

L’agriculture de conservation au banc d’essai

« Cependant, cette augmentation n’accroît significativement le potentiel de minéralisation de l’azote organique, entre 20 et 40 kgN/ha, que sur la modalité ayant reçu les doses les plus élevées de fumier bovin brut. Par contre, quel que soit l’effluent, un épandage régulier enrichit l’horizon en P, K et Mg. »

• sol toujours couvert ; • absence de perturbations ; • production maximale de biomasse ; • diversité maximale des espèces (toutes cultures, de vente ou non) ; • restitution au sol et recyclage maximal.

Ces changements de statut organique semblent insuffisants pour modifier la stabilité structurale de la couche labourée, moyennement sensible à la battance. En revanche, le pourcentage de macroporosité augmente nettement entre un apport minéral et du fumier de bovin. « Ce qui devrait, selon le spécia-

Les principes de l’agriculture de conservation, en cherchant à copier la nature, font la part belle à la matière organique dans le but de préserver les sols agricoles. Ils se déclinent comme suit :

Mais comment protéger la structure des parcelles lorsque les engins de récolte emportent tout sur leur passage ? En particulier dans les systèmes avec des cultures industrielles telles que la pomme de terre ou encore la betterave.

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LE DOSSIER

Pommes de terre et betteraves

Strip-till et plantes compagnes pour préserver la structure du sol Privilégier la qualité du sol quand on produit de la betterave ou de la pomme de terre ressemble à une équation à douze inconnues. Pourtant, des solutions se profilent et les expérimentations se multiplient.

Benoît Leforestier teste l'implantation de pois entre les buttes de pommes de terre.

A

les incidences d’un tamisage plus grossier sur la qualité des sols rrivé en France il y a quelques années, le strip-till s'utilise et la taille des tubercules. » Mais la piste la plus prometteuse avec succès en maïs et colza. Aujourd’hui, des producteurs en termes de conservation de la structure est celle des plantes de betteraves et pommes de terre tentent de l’adapter sur compagnes, c’est-à-dire la mise en place de cultures associées. ces cultures a priori peu favorables. Si des solutions semblent à « Dans nos essais, nous avons semé des pois à la main, puis portée de main en betterave, c’est plus compliqué en pommes nous avons planté des pommes de de terre. « En betterave, la dent travaille sur 20 cm pour créer une “ A portée de main en betteraves, plus terre, pour voir s’il y a un impact sur la structure du sol et les rendements. » fissuration propice à la croissance de la racine, ce qui maintient la compliqué en pommes de terre„ portance du sol entre les rangs », Dans cette région aux sols de très bonne détaille Victor Leforestier (Sly), qualité, mais très battants, la question qui estime à une centaine le nombre de planteurs à avoir adopté intéresse l’ensemble de la filière, des semenciers jusqu’à l’aval, cette technique préservant la structure du sol. Pom’Alliance et Lunor en tête… D’autant que cette dernière cherche aussi à contrer les critiques fréquentes concernant les méthodes de culture et l’érosion, tout en respectant des cahiers Travail du sol et plantes compagnes des charges toujours plus exigeants en matière de protection de lenvironnement. « Nous craignons que la culture de la pomme « Le cas de la pomme de terre est plus complexe car l’aspect de de terre soit interdite dans certaines micro-régions », poursuit la racine dépend de la finesse du sol. Il faut former des buttes Victor Leforestier. La solution qui sera développée devra être et éviter de créer des mottes. Cet impératif de finesse nécessite fiable, très fiable… « C’est une culture à forte valeur ajoutée, de nombreux passages d’outils et comme on enlève tout à la réon n’a pas le droit de se planter », confirme Benoît Leforestier. colte, il n’y a pas de résidus. » Installé dans le Pays de Caux, où l’érosion est une problématique importante et sensible, Benoît Leforestier, le père de Victor, fait partie d’un groupe d’agriculteurs menant depuis longtemps des expérimentations sur la conservation des sols, entre autres sur le niveau de tamisage de la terre pour la production de pommes de terre. « Nous testons 36

Terre-net Magazine I Décembre 2015

Dans la Marne, Romain Joly, producteur de betteraves, est passé au strip-till en 2011 après s’être longuement renseigné sur les forums, notamment auprès de confrères expérimentant la technique aux États-Unis. « Je m’intéresse à la simplification du travail du

© BENOÎT LEFORESTIER

PAR YANN KERVENO // redaction@terre-net.fr


LE DOSSIER sol depuis un moment, en particulier au strip-till en maïs. J’ai fini par acheter du matériel outre-Atlantique, qui me semblait plus performant que ce que nous pouvions trouver ici », explique-t-il.

Il a fallu modifier la machine, initialement prévue pour le maïs, en changeant l’écartement pour la betterave, puis se lancer. « La première année, tout s’est bien déroulé. Nous avons été suivis par l’ITB et nous avons obtenu plus de rendement et une bien meilleure portance des sols à la récolte. » Mais les campagnes suivantes ont été décevantes, principalement en raison de conditions météo humides. « Nous n’avons pas pu travailler correctement en strip-till. La structure des sols n’était pas bonne et nous avons perdu 5 à 6 t/ha », témoigne Romain Joly. Une perte non compensée par les économies liées à la simplification du travail. Malgré les obstacles rencontrés, Romain ne baisse pas les bras. « L’un des intérêts du travail en bande, c’est de n’intervenir que sur la ligne. Cela permet également de localiser l’engrais au plus près des plantes. Cependant, nous avons découvert un effet secondaire que nous n’avions pas anticipé. En conditions humides, l’engrais va se dissoudre dans le sol de façon assez homogène et le chevelu racinaire sera limité. Si l’année est sèche, la culture va produire beaucoup de radicelles pour aller chercher l’engrais, moins bien réparti. Ce n’est pas dramatique, mais on récolte plus de terre. » « L’an prochain, nous allons tester le semis d’une féverole en inter-rang et un couvert de phacélie et trèfle sur la fu-

© ROMAIN JOLY

Encore du travail de développement en betterave

L’un des intérêts du travail en bande est de n’intervenir que sur la ligne de semis, ce qui permet aussi de localiser l’engrais au plus près de la plante.

ture ligne de betteraves. Doté d’un système racinaire dense, ces deux plantes devraient préparer le sol correctement », précise l’agriculteur qui espère ainsi mettre tous les atouts de son côté et obtenir les mêmes résultats que sur ses colzas, où il obtient deux à trois quintaux de plus qu’avec les techniques classiques. Si le chemin est encore long en betteraves et pommes de terre, la foi des expérimentateurs se nourrit de leur conviction que la réduction du travail du sol est envisageable sur ces cultures !

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LE DOSSIER André Neveu ajoute qu’hormis le manque de matière organique, « le mauvais temps durant certains chantiers ou les engins trop lourds détruisent la structure des sols et la compactent, formant des obstacles à l’infiltration de l’eau et à l’enracinement ».

passage. Lorsque le tassement est sévère, la porosité structurale chute et devient presque nulle. Il modifie les propriétés du sol et perturbe la croissance et le fonctionnement des racines, donc l’alimentation des plantes en eau et en éléments minéraux. Enfin, il altère le fonctionnement biologique du sol et la circulation des fluides. »

« Le tassement des sols cultivés est essentiellement imputable aux engins agricoles. L’intensité dépend des caractéristiques, des propriétés mécaniques et de l’état hydrique et structural du sol au moment du

Plutôt que d’avoir à le corriger, certains cherchent à éviter le problème.

© TERRE-NET MÉDIA

Cependant, pour ne pas s’enfermer dans des positions dogmatiques prônant l’abandon systématique et définitif du labour, sous couvert de durabilité, partons de la réalité du terrain. Observons les évolutions actuelles des systèmes dans les régions spécialisées en grandes cultures. « Même s’il

n’est plus pratiqué de manière aussi inconditionnelle qu’avant, le labour reste une technique de travail du sol très fréquente, surtout dans le nord de la France du fait des risques élevés de tassement, lors des récoltes particulièrement », rappellent les auteurs de l’ouvrage Faut-il travailler le sol ?, paru aux éditions Quae.

Le tassement modifie les propriétés du sol et perturbe la croissance et le fonctionnement des racines, donc l’alimentation des plantes.

Compaction des sols

80 % des parcelles abîmées par les passages répétés d’engins

P

des tonnes à lisier dans les champs. » Il fait le parallèle avec les arracheuses à betteraves des exploitations du nord de la France. « Le poids des machines est de plus en plus important, jusqu’à 20 t par essieu ! » Par ailleurs, le chercheur a calculé que sur une campagne, vu l’ensemble du trafic lié aux différents chantiers culturaux, 80 % de chaque parcelle subit un roulage.

ierre Havard, responsable de la station des Cormiers pour les Chambres d’agriculture de Bretagne, évoque les défauts de porosité fréquents dans sa région, qui se manifestent à la levée du maïs. « Un problème dû en particulier au passage

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SUR LE WEB

Attelé à ce John Deere 9RT, un épandeur à lisier conçu par Horsch : voie de 3 m et chenilles pour suivre les traces du tracteur.

© TERRE-NET MÉDIA

Pour protéger les sols, plusieurs pistes ont déjà été identifiées : réserver des zones au passage des engins, multiplier les points d’accès aux parcelles, limiter la charge à l’essieu... Le Controlled traffic farming, la plus aboutie semble-t-il, connaît encore de nombreux freins à sa mise en place. « Pourtant, elle mérite vraiment qu’on s’y intéresse. Elle doit en effet permettre d’inverser les proportions : "condamner" 20 % de la parcelle mais préserver les 80 % restants ! » Les pistes de Pierre Havard pour limiter la compaction des sols, en détail, sur www.terre-net.fr/mag/51havard


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LE DOSSIER

Roulage des engins agricoles

Michael Horsch : « Ne pas réduire le Controlled traffic farming à une organisation de la circulation ! »

© HORSCH

Qui dit moissonneuse avec barre de coupe de 12 m et passage de roue à 12 m, dit vis de vidange un peu courte... même sur les plus gros modèles. C’est pourquoi les goulottes ont été allongées.

par le roulage des engins de traction et des outils de récolte ou de logistique, contre 80 à 100 % en système conventionnel. Tous ses matériels disposent désormais d’une voie de 3 m et sont chaussés de chenilles (tracteurs, moissonneuses, épandeurs, tonnes à lisier...) à l’exception des pulvérisateurs.

• la préservation des sols (structure et activité biologique) ; • l’agriculture de précision, notamment au niveau de la fertilisation et des traitements phytos ; • le big data, la télémétrie et la traçabilité.

Les gains apportés par le CTF sont plutôt séduisants. Michael Horsch annonce gagner 10 à 15 % d’efficience, avec des économies de GNR et une logistique plus fluide. Il est également convaincu de l’intérêt de cette stratégie pour les rendements.

« D’une manière générale, le Controlled traffic farming est une réponse pour l’agriculture de demain, moderne et respectueuse de son environnement. » Sur son exploitation en République tchèque, où il le teste depuis trois ans, le dirigeant se donne l’objectif de ne pas impacter plus de 10 % des sols

SUR LE WEB

P

lus qu’un simple remaniement de la circulation dans les parcelles, le Controlled traffic farming (CTF) est un système global, presque un état d’esprit selon Michael Horsch, dirigeant de l’entreprise éponyme. Ce concept englobe en effet de nombreuses thématiques comme :

Pourquoi le CTF ne se développe-t-il pas plus en France ? La réponse de Michael Horsch, en vidéo sur www.terre-net.fr/mag/51horsch

Un GIEE pour mettre en œuvre l’agriculture de conservation dans des systèmes avec pommes de terre et lin Sur un territoire parmi les plus fertiles de France, mais fortement fragilisé par l’érosion avec des incidences sur la qualité de l’eau, un collectif d’agriculteurs s’engage pour maintenir le potentiel productif tout en adoptant les techniques de l’agriculture de conservation. Un défi alors que de nombreux systèmes intègrent des cultures industrielles de printemps. Le Pays de Caux se caractérise par une dominante grandes cultures, par la richesse de ses sols (limons profonds) et par son climat tempéré océanique. Cependant, les terres subissent

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une diminution importante du taux de matière organique avec, pour conséquences, un risque élevé de battance, de ruissellement et d’érosion. Ainsi, un groupe d’agriculteurs de ce secteur, réunis au sein de l’association Sol en Caux, a adopté l’agriculture dite "de conservation" sur les céréales, afin de préserver et/ou restaurer leurs sols, et de protéger leur ressource en eau, tout en maintenant un bon résultat économique. Dans un souci de cohérence et d’efficacité environnementale et économique, ils souhaitent

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l’appliquer à l’ensemble de leur système, notamment aux cultures industrielles comme le lin et les pommes de terre, qui peuvent représenter 40 à 75 % de leur chiffre d’affaires. Le projet vise à expérimenter et décliner des itinéraires techniques reposant sur les principes de l’agriculture de conservation. À l’étude également, la maîtrise des phytosanitaires et l’impact de ces scénarios sur la qualité des produits récoltés. Une valorisation commerciale de la démarche est aussi envisagée. Source : ministère de l’agriculture.


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OCCASIONS

John Deere 6140R PAR SÉBASTIEN DUQUEF // sduquef@terre-net-media.fr

© JOHN DEERE

Marque : John Deere Modèle : 6140R Puissance annoncée (ch) : 140 – ECE R24 Moteur : PowerTech PVX IT4 Cylindrée (l) : 6,8 Boîte de vitesses : PowerQuad Plus Couple maxi (N.m) : 656 à 1 600 tr/min Effort de relevage annoncé (t) : 7,2 PV 4RM (t) : 6,18 Année d’édition : 2012

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Bonne maniabilité de l’engin. Souplesse de la transmission AutoPower.

La suspension TLS, la visibilité en cabine, le moteur PowerTech PVX "DieselOnly", conforme à la norme Stage IIIB, et la transmission à variation continue AutoPower en font l’une des références du marché en matière de confort, d’ergonomie et de performance, sur route comme au champ. La suspension à triple bielle (TLS), une exclusivité John Deere, garantit la stabilité de l’essieu. Un gage de productivité et de confort. De plus, la cabine est suspendue par le système hydropneumatique HCS Plus. Toutefois, pour optimiser les performances du 6140R, il faut bien choisir la dimension des pneumatiques, la pression de gonflage et la masse de lestage. De nuit, 10 phares assurent une vision à 360°. Côté éclairages également, le xénon remplace, en option, les ampoules classiques. Des éléments qui, outre le capot svelte, augmentent la visibilité.

Consommation de carburant un peu élevée. Mauvaise visibilité sur l’attelage. Faible décote.

Cote moyenne des John Deere 6140R 90 000 € 85 250 €

85 000 €

80 000 € 74 375 €

75 000 €

69 000 €

70 000 €

Notation

65 000 €

2014

Fiabilité : Finition : Budget : Cote à la revente :

2013

2012

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Le logo Oval DuPont est une marque déposée de DuPont. Les marques déposées et les marques de service ®, TM, et SM de Pioneer®. © 2015 Pioneer Semences SAS. Crédit photos : DuPont Pioneer.

* Moyenne sur 428 essais Pioneer® 2010 à 2013 en comparaison avec les témoins hybrides cornés du marché de la même précocité. Marge correspondant à un prix de marché de 130 €/t.


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