Terre-net Le Magazine n°109

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ROBOTS AGRICOLES

DÉCRYPTAGE

Moins de pommes de terre ?

ÉCOPHYTO Apprendre à mieux traiter

SOL Le soigner pour préserver l’eau

ISSN 2112-6690 N° 109 - AVRIL-MAI 2024 - 7 € Encore trop de freins ?
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Ont participé à ce numéro : Antoine HUMEAU, Nathalie THIERS

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Imprimé par : RICCOBONO IMPRIMEURS – NEWS PRINT 1, boulevard d’Italie – 77127 LIEUSAINT N° 109 – avril-mai 2024

Dépôt légal : à parution - Diffusion : 50 000 exemplaires

Crédits photos de la couverture : Luc Tiffay/FN3PT/ Adobe Stock/Nathalie Thiers

Soucieux de la préservation de l’environnement, Terre-net Média sélectionne des fournisseurs engagés dans une démarche environnementale. Ce magazine est imprimé sur du papier 100 % certifié PEFC issu de forêts gérées durablement. Les encres utilisées sont végétales. Tous les produits qui ont servi à la réalisation de ce magazine ont été recyclés ou retraités conformément à la certification IMPRIM’VERT. Origine du papier : Suisse - Taux de fibres recyclées : 52 % Certification : 2015-PEFC-SXM-117 « Eutrophisation » : Ptot 0,006 kg/t

ÉDITO

Par SÉBASTIEN DUQUEF sduquef@terre-net-media.fr

Laissons les robots gérer les tâches pénibles pour l’humain

Il y a seulement dix ans, lequel d’entre vous aurait parié sur le fait que la robotique devienne une réalité en agriculture ? Sans doute fallait-il le faire, car même si les freins à leur essor sont encore trop nombreux, les premières machines fonctionnent et les résultats semblent là.

Aujourd’hui, il est certain que les derniers points bloquants, sans les sousestimer, devraient être levés rapidement. Un laps de temps qui se compte certes en années, mais plus en décennies.

Les politiques ont-ils réellement pris la mesure des difficultés qui s’abattent sur la profession ? Voyons comment ils lèveront les barrières empêchant la robotique de se répandre. Ce type d’engins ne résoudra pas tous les problèmes, mais si au moins il aidait à réduire la pénibilité du métier et à améliorer la précision des traitements – et donc à diminuer drastiquement les doses de produits chimiques utilisées –, voire à permettre de cesser d’utiliser du désherbant, alors le pari serait gagné et chacun en bénéficierait.

Autre thème préoccupant : la disponibilité en eau. J’entends déjà certains dire que ce n’est pas la meilleure année pour aborder le sujet, étant donné les quantités tombées du ciel dans certaines régions. Voyons à plus long terme. Si l’agronomie revenait au centre du débat, ne pourrait-elle pas doper la capacité du sol à stocker la ressource et ainsi à en faire profiter les plantes ?

Bonne lecture !

Sébastien Duquef

Annonceurs & Agences Remise des certificats d'envois postaux Éthique1 Lecteurs Pas de publi-information dissimulée Éthique2 AVRIL-MAI 2024 / Le Magazine / 3

SOMMAIRE

REPÈRES

6 Bon à savoir

7 Agenda

10 Décryptage : y aura-t-il moins de pommes de terre cette année ?

TENEZ-VOUS PRÊT

12 TEMPS FORT

Écophyto, c’est aussi apprendre à mieux traiter

20 Le contrôle technique désormais obligatoire pour certains quads

DOSSIER

22 Robots agricoles : encore trop de freins ?

PARTAGE D’EXPÉRIENCE

34 TEMPS FORT

Soigner le sol pour une eau de qualité, en quantité

42 Les conseils d’un agri mécano pour entretenir son tracteur

BRÈVES DES CHAMPS

44 En photos : 10 as de la manutention en grandes cultures

46 Les prix planchers, un remède au burn-out agricole ?

47 Éclairage : le développement modeste des protéines végétales

48 La menace russe pèse sur les marchés à l’export des blés français

ANNONCES D'OCCASION

50 Sélections de matériels de seconde main

Sont joints à ce numéro, sur la totalité de la diffusion, un encart Agrilead et un encart Duraplas, et sur une partie seulement, un encart Agram et un encart Phenix.

N° 109 Avril-mai 2024

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4 / Le Magazine / AVRIL-MAI 2024
FN3PT NATHALIE TIERS ADOBE STOCK ADOBE STOCK ADOBE STOCK NATHALIE TIERS
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ÉVOLUTION DES EXPLOITATIONS

Depuis 1970, agrandissements et spécialisation homogènes

La diminution du nombre d’exploitations agricoles françaises s’est accompagnée d’une augmentation de la surface agricole utile (SAU) moyenne par ferme, cette dernière passant de 19 à 69 ha entre 1970 et 2020. Cependant, « à l’inverse de ce que l’on aurait pu anticiper, les surfaces libérées par la forte diminution du nombre d’exploitations, depuis plusieurs décennies, n’ont pas été préférentiellement récupérées par les plus grandes de celles qui restaient en activité », souligne le Centre d’étude et de prospective (CEP) du ministère de l’Agriculture dans une note d’analyse. L’agrandissement s’est ainsi réalisé au même rythme quelle que soit la taille des exploitations. Si ce sont d’abord celles de grandes cultures qui se sont agrandies, bénéficiant des apports de la mécanisation, « au

fil des recensements, la SAU moyenne croît sur tous les territoires et dépasse généralement les 40 ha », y compris dans des régions d’élevage avec le développement des stabulations libres et la multiplication des salles de traite. Si l’on ne constate pas non plus de « tendance géographique à la mono-spécialisation », certaines productions sont davantage représentées dans certaines zones. Globalement, chaque territoire conserve une diversité relative, mais « ce n’est pas le fait d’exploitations elles-mêmes diversifiées », indique le CEP. « Désormais, la diversité territoriale des productions résulte d’exploitations très spécialisées, mais dans des productions différentes », précise la note. En 2020, 145 247 exploitations avaient un atelier générant au moins 97,5 % de la production brute standard (PBS), soit 35 % des exploitations, contre seulement 19,3 % en 1988. Elles sont aujourd’hui plus nombreuses à produire, dans cette configuration, des grandes cultures standard (25,8 % en 2020, contre 20,7 % en 1988) ou des fourrages sans production animale (11,7 % en 2020, contre 7,0 % en 1988), précise le CEP. Par ailleurs, si l’on constate un recul de la spécialisation dans certains territoires, il ne s’agit pas d’une contre-tendance à l’œuvre, mais plutôt d’un rééquilibrage dû à l’arrêt de certaines productions, essentiellement des ateliers volailles, après la fin des restitutions aux exportations. Enfin, le CEP souligne, en parallèle de ces évolutions, une concentration de l’emploi au sein des exploitations : en 2020, 25 % des fermes mobilisaient 61 % du total de la maind’œuvre agricole, contre 49 % en 1970. « Plus parlant encore, 25 % de cette dernière était concentrée en 2020 dans 4 % seulement des structures, contre 9 % en 1970 », précise la note.

C’est le niveau de stock de blé estimé par FranceAgriMer dans son bilan mensuel annoncé en mars. L’objectif d’export vers les pays tiers a été réduit de 100 kt (10,15 Mt), et celui vers l’intracommunautaire de 120 kt (6,19 Mt). 3,74 Mt PERTES DE RÉCOLTE

FACE À LA JAUNISSE DE LA BETTERAVE

Le 18 mars, le téléservice permettant aux planteurs de betteraves sucrières victimes en 2023 de pertes de rendement liées à la jaunisse d’effectuer une demande d’indemnisation a ouvert. « L’indemnité sera calculée à partir du rendement 2023 de chaque planteur comparé au rendement moyen de référence qui est constitué par la moyenne des rendements des années 2017 à 2019 », précise le ministère de l’Agriculture. Le forfait d’indemnisation est de 41 €/t de betteraves. La demande d’aide doit être effectuée en ligne sur le site de FranceAgriMer à l’adresse suivante : www.franceagrimer.fr/Accompagner/Dispositifspar-filiere/Aides-de-crise. Le gouvernement prévoit de verser toutes les aides d’ici l’été, compte tenu du caractère assez localisé de la jaunisse l’année passée. Seules 1 à 3 % des surfaces ont été endommagées en 2023, les pertes de rendement les plus importantes étant concentrées en Centre-Val-de-Loire, principalement autour de Chartres.

Par la rédaction redaction@terre-net-media.fr REPÈRES Bon à savoir 6 / Le Magazine / AVRIL-MAI 2024
PIXABAY/ALAIN GÉNÉRAL ADOBE STOCK
OUVERTURE DU DISPOSITIF D’AIDE

SEDIMA

LES « OSCARS » DES CONCESSIONNAIRES SALUENT LA PROGRESSION DE CASE IH

Et 1, et 2, et 3, et 4… Case IH a été particulièrement mis en avant le mardi 19 mars lors de la remise des trophées ISC (Indice de satisfaction des concessionnaires), une cérémonie organisée lors des Sedima’s Days, le grand rassemblement du secteur. Le constructeur américain a été salué dans 4 catégories sur 6 dans la compétition réservée aux tractoristes. Dans la section « Pièces de rechange », Claas obtient la meilleure note (MN) de l’année et Case IH la meilleure progression (MP) sur les six dernières années. Côté SAV, John Deere (MN) et Case IH (MP) sont mis en avant. Claas (MN) et Case IH (MP) s’imposent pour la « Formation ». Pour « L’aide à la rentabilité », John Deere (MN) et DeutzFahr (MP) l’emportent. La « Qualité de la relation » sacre Claas (MN) et Deutz-Fahr (MP). Enfin, New Holland (MN) et Case IH (MP) raflent la mise pour la « Volonté de l’amélioration de la relation ». Les autres fournisseurs de matériels agricoles ne sont pas oubliés. « Les tracteurs, c’est 30 à 35 % de l’activité d’une concession. Il y a tout le reste

GESTION D’ENTREPRISE

que nous souhaitons valoriser, notamment les espaces verts », souligne Anne Pradier, secrétaire générale du Sedima. Dans cette filière, Honda récolte la médaille de bronze, Pöttinger se pare d’argent et Horsch monte sur la plus haute marche du podium. L’occasion pour le représentant Pöttinger de rappeler, tout sourire, qu’un « tracteur, c’est beau, mais tout seul cela ne sert à rien et ne crée pas de valeur », dynamisant au passage avec humour l’ambiance feutrée de ces célébrations.

29 et 30 mai Salon de l’herbe et des fourrages à Nouvoitou (35) www.salonherbe.com

7 au 9 juin

Terres en fêtes à Tilloy-lès-Mofflaines (62) https://terres-en-fete.com

4 et 5 septembre Innov-agri à Ondes (31) www.innovagri.com

6 au 8 septembre

Les Terres de Jim dans le Doubs (25) www.lesterresdejim.com

Quelles nouveautés avec la réforme de la facture électronique ?

Au cœur de cette révolution numérique, la facture électronique se distingue par son format Factur-X, un standard permettant de fusionner un document PDF, aisément lisible par toute personne, et un fichier XML, conçu pour être interprété par les machines. Cette dualité garantit à la fois la transparence pour les utilisateurs et l’efficacité pour les systèmes automatisés de gestion. La réforme introduit également deux notions essentielles : l’e-invoicing, désignant la facturation électronique entre entreprises (B2B), et l’e-reporting, qui concerne la transmission électronique des données de

transactions, notamment pour les ventes aux consommateurs (B2C). Ainsi, toute entreprise soumise à la TVA en France devra adopter l’e-invoicing pour ses relations B2B, tandis que l’e-reporting régira les échanges B2C. Pour accompagner cette mutation, l’État déploie le Portail public de facturation (PPF), une interface gratuite permettant d’émettre, recevoir et contrôler les factures électroniques. Parallèlement, les Plateformes de dématérialisation partenaires (PDP) joueront un rôle d’intermédiaire en offrant des services de gestion complète des factures électroniques, incluant la conservation des documents. Le calendrier de mise en œuvre se précise. La loi de finances pour 2024 a fixé le dernier calendrier d’obligation de facture électronique : dès le 1er septembre 2026, l’ensemble des entreprises devront être en mesure de réceptionner les factures électroniques émises par les grandes entreprises et les ETI (entreprises de tailles

intermédiaires), et à partir du 1er septembre 2027, les PME (petites et moyennes entreprises) et micro-entreprises devront, elles aussi, émettre leurs factures selon ce format. Cette transition ne sera pas sans conséquence sur l’organisation interne des entreprises, nécessitant une préparation minutieuse pour adapter les processus existants à ce nouveau système. Les sanctions prévues pour non-conformité, incluant des amendes et la non-déductibilité de la TVA, soulignent l’importance de se conformer dans les temps. La mise en place de la facture électronique est plus qu’une simple formalité administrative ; elle représente une avancée majeure vers la digitalisation de l’économie française. En facilitant le suivi des transactions, cette réforme promet non seulement d’améliorer la compétitivité des sociétés, mais également de renforcer la lutte contre la fraude fiscale, contribuant ainsi à une économie plus juste et plus transparente.

AGENDA AVRIL-MAI 2024 / Le Magazine / 7
TERRE-NET MÉDIA
ADOBE STOCK

JURIDIQUE

Des donations de bâtiments et des fermages rapportables à la succession ?

Les donations simples faites à un héritier sont, sauf volonté contraire exprimée dans l’acte notarié, rapportables à la succession lors du décès du donateur. Elles sont considérées comme des avances sur un héritage, et cette part reçue par anticipation est, finalement, réintégrée à l’ensemble des biens à partager entre les différents héritiers. Ainsi,

la valeur des terres ou des bâtiments de la ferme familiale donnés à l’un des enfants qui s’installe sera prise en compte par le notaire en charge de la succession au moment du décès, lors du calcul de la part d’héritage de chacun. À noter, également, que lorsque des parents renoncent à réclamer le paiement de fermages à leur enfant dans une intention libérale, il s’agit d’une donation rapportable à la succession. Le montant de ces fermages non perçus sera rapporté et pris en compte pour ne pas léser les autres enfants. Si un terrain agricole donné est finalement devenu constructible, ou si les prix des bâtiments ont triplé entre le moment où ils ont été donnés et le décès

LA CITATION

du donateur, pour autant la valeur prise en compte pour le calcul de l’héritage ne sera pas réévaluée. « Pour déterminer la valeur à réintégrer à la masse à partager, il ne sera pas tenu compte des améliorations que vous avez pu apporter aux bâtiments depuis la donation au moment de votre installation. Ils seront estimés pour leur valeur au jour de l’ouverture de la succession, dans l’état où ils étaient lors de la donation », expliquent les juristes de la chambre d’agriculture de Bretagne. Par ailleurs, « dans l’hypothèse où la valeur de la donation dépasse celle de la part d’héritage du donataire, il devra rétablir l’égalité avec ses cohéritiers en leur versant une soulte »

Pourquoi nos agents ont-ils besoin d’une arme ? Parce que ce sont eux qui contrôlent le plus de personnes armées en France, notamment lorsqu’ils doivent intervenir sur des activités illicites comme le braconnage ou le trafic illégal d’espèces.

OLIVIER THIBAULT, directeur général de l’Office français de la biodiversité, lors d’une audition au Sénat le 20 mars

INTERDICTION DE PRODUITS PHYTO LE MINISTÈRE S’ATTELLE AU CHANTIER DES DISTORSIONS DE CONCURRENCE

Répondre aux demandes récurrentes des agriculteurs de rétablir les conditions de concurrence sur le marché européen, tel est l’objectif du chantier qu’a ouvert mi-mars, avec une réunion où étaient conviés organisations agricoles, administration et instituts techniques, Agnès Pannier-Runacher, ministre

déléguée auprès du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Selon le cabinet, il s’agit de regarder dans le détail si le constat de surtransposition « est réel » et, le cas échéant, de trouver les solutions pour les filières concernées. Marc Fesneau a ainsi chargé sa ministre déléguée de réaliser un examen approfondi des situations pouvant être rencontrées dans les autres États membres. Il ne s’agit cependant pas de réautoriser les substances interdites, prévient le ministère. En revanche, si des autorisations de mise en marché (AMM) existent pour certains produits dans d’autres États membres et non en France, il s’agit de comprendre pourquoi. Y a-t-il eu une demande d’AMM en France ?

Si ce n’est pas le cas, il faut l’effectuer. Si c’est une question de zonage, il est peutêtre possible de déposer une demande pour extension d’usage sur certaines substances. Pour d’autres, il faudra mettre en place des alternatives. Des réponses –non exhaustives – seront apportées dès les prochaines semaines, en fonction des cultures, explique le cabinet. Ce travail technique, complémentaire des autres travaux engagés comme le Parsada (Plan d’action stratégique pour l’anticipation du potentiel retrait européen des substances actives et le développement de techniques alternatives pour la protection des cultures) ou Écophyto, s’appuiera sur des constats déjà effectués, notamment ceux de la Commission des usages orphelins.

REPÈRES Bon à savoir 8 / Le Magazine / AVRIL-MAI 2024
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Et si on facilitait la transition agro-écologique ?

Lancé n 2022 en France, le programme Cargill RegenConnect® vise à soutenir nancièrement les efforts des agriculteurs pour améliorer la santé de leurs sols et stocker davantage de CO2. Car oui, réduire le travail du sol ou implanter des couverts végétaux peut être une source de revenus. Comment ? Cargill s’occupe de valoriser les béné ces environnementaux générés auprès de ses clients de l’aval.

Proposer une démarche simple. En lançant son programme Cargill RegenConnect®, dès la campagne 2021 aux États-Unis et pour la première fois pour la campagne 2023 en France, Cargill souhaitait utiliser sa position au cœur des chaines d’approvisionnement agricoles pour connecter les béné ces environnementaux générés par l’amont agricole aux demandes des industriels de l’aval. À travers cette démarche et, via des contrats sûrs et solides de trois ans, le changement de pratiques des agriculteurs pour lutter contre le réchauffement climatique peut être valorisé. « Le monde agricole va devoir faire évoluer ses pratiques pour être plus résilient face au contexte économique et climatique. Aujourd’hui, le levier de rémunération de notre programme est le carbone et c’est un des moyens de nancer une partie de cette transition. L’agriculture comme les autres secteurs d’activité va devoir limiter ses émissions de gaz à effet de serre. Mais elle a aussi la capacité de stocker davantage de carbone dans les sols et de contribuer ainsi de manière signi cative à la lutte contre le réchauffement climatique. Nous travaillons déjà pour adosser à ce volet carbone d’autres éléments permettant d’augmenter la couverture du coût de la transition» explique Vincent Choquet, spécialiste des marchés environnementaux chez Cargill.

« Dans le programme Cargill RegenConnect®, nous ciblons, pour l’heure, deux principaux leviers : la mise en place de couverts végétaux et le travail du sol. »

L’objectif étant, en couvrant les sols et en limitant le passage d’outils, de maintenir le maximum de résidus en surface : une fois dégradés, ces derniers participent à augmenter le taux de matière organique des sols. « L’idée est donc de quantier les tonnes supplémentaires de CO2 stockées via ces nouvelles pratiques pour, ensuite, les valoriser auprès de nos clients de l’aval, soucieux, eux aussi, de trouver des solutions pour réduire leur empreinte carbone », poursuit-il.

Un programme qui intègre toutes les cultures

À ce jour, une douzaine de coopératives et négoces, implantés dans différentes régions françaises, participent au programme Cargill RegenConnect® « Le nombre d’agriculteurs a, lui, été multiplié par trois en deux ans, con e-t-il. Notre programme séduit car il s’adresse à un large nombre de cultures, qu’il s’agisse du blé, du colza, du maïs, du tournesol, de l’orge, de la betterave, des pommes de terre, du pois, du lin, du sorgho ou du soja. » Avant de rejoindre le programme, un agriculteur peut, avec l’aide de son technicien, réaliser une simulation pour

®

calculer, sur une parcelle donnée, le potentiel de séquestration de carbone généré par tel ou tel changement de pratique. L’occasion aussi de découvrir une estimation de la rémunération qui y sera associée. Chacun décide ainsi de ce qui est le plus adapté à sa ferme, en tenant compte de son historique cultural et des possibles évolutions de pratiques. En cours de campagne, l’itinéraire cultural est ensuite validé par image satellite pour véri er que les engagements de changements de pratiques ont bien été tenus.

Un contrat de trois ans

Le contrat est signé pour trois ans mais le paiement de la rémunération a, lui, lieu chaque année, après la récolte. Cargill s’engage sur un prix minimum garanti de 35 € par tonne de CO2 stockée. « Cette somme est un réel plus pour accompagner la transition vers de nouvelles pratiques d’agriculture régénérative », insiste Vincent Choquet. « Avec Cargill RegenConnect®, pas besoin pour le collecteur ou l’agriculteur de chercher à qui vendre ces tonnes de CO2 : là, ils ont la certitude du débouché. » Cargill assure non seulement la validité des tonnes de CO2 achetées mais s’occupe également de la valorisation auprès de ses propres clients. Tous les acteurs de la chaine ont ainsi la visibilité sur qui achète et pour quoi faire.

Une

inscription en ligne

Avec Cargill RegenConnect®, l’inscription se fait en ligne. La saisie des données historiques nécessaires au fonctionnement du modèle est facilitée par la reconnaissance satellite. Il n’y a pas de frais d’inscription ou de coût caché. Pour en savoir plus sur notre programme https://regenconnect.cargill.com/

Publi-information

Récolte de plants de pomme de terre plantés en billon dans le Finistère. Les surfaces de plants ont diminué de 10 % l’an dernier, il manque aujourd’hui 100 000 t, soit un tiers des besoins.

PÉNURIE DE PLANTS

Les surfaces de pommes de terre seront-elles en baisse cette année ?

Alors que le marché reste soutenu et la demande en forte progression, les surfaces de pommes de terre de consommation pourraient diminuer cette année. Principale cause : la pénurie de plants.

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Un marché dynamique

Après une hausse de 3 % l’an dernier, il se pourrait bien que la tendance subisse un coup d’arrêt, alors même que le marché de la frite est en croissance de 5 % par an. Les surfaces de pommes de terre s’établissaient à 175 000 ha environ en 2023, dont les deux tiers dans les Hauts-de-France.

« On a besoin de 50 000 ha de plus d’ici 2030 », avertit le directeur général de l’UNPT (Union nationale des producteurs de pommes de terre), Guillaume Lidon. Signe de ce dynamisme, trois usines

de pommes de terre et frites surgelées doivent ouvrir prochainement dans les Hauts-de-France : Clarebout Dunkerque (Nord), Ecofrost à Péronne (Somme) et Aristo à Escaudœuvres (Nord). « C’est plus d’un million de tonnes à produire en plus des sept à huit millions que l’on sort actuellement », table Guillaume Lidon. Et ce n’est pas l’envie de produire davantage qui manque aux producteurs, car les prix payés ont progressé d’environ 45 % en cinq ans, s’établissant « autour de 180 à 190 €/t sortie champ » aujourd’hui. Ils auraient

10 / Le Magazine / AVRIL-MAI 2024 REPÈRES Décryptage
FN3PT

même bondi de 35 % entre 2022 et 2023, selon le président de l’interprofession de la pomme de terre (CNIPT) Francisco Moya. C’est la pénurie de plants qui risque d’être le facteur limitant.

2Un prix trop bas pour la production de plants

Les surfaces de plants ont diminué de plus de 10 % l’an dernier en France, et le problème est le même partout en Europe, de la Pologne aux Pays-Bas, bien qu’à échelle un peu moindre. Conséquence : sur une production de 300 000 t de plants certifiés, il en manque 100 000, soit plus du tiers, ce qui est considérable. « À un moment, ça va coincer », s’inquiète Guillaume Lidon. Les raisons de cette baisse sont multiples. Des producteurs se sont détournés des plants à cause d’un prix trop bas, préférant parfois faire de la pomme de terre de consommation. « Ça fait trois ans que je tire la sonnette d’alarme, les producteurs ne sont pas assez rémunérés », s’agace Éric Fallou, président de la fédération des producteurs de plants (FN3PT). « Le vrai défi sera de les rassurer pour qu’ils ne désertent pas, et cela passera par des augmentations de prix, acquiesce Francisco Moya. La filière plants doit pouvoir retrouver un certain équilibre parce que les trois nouvelles usines, il va bien falloir les alimenter et nous avons besoin de plants certifiés de qualité irréprochable. »

3

Un cahier des charges exigeant

Les collecteurs ont en réalité déjà commencé à augmenter les prix. Mais il reste une problématique technique : le cahier des charges des plants certifiés est rigoureux, il ne faut pas dépasser 5 % de taux de virus. Or, l’an dernier, il y a eu davantage de parcelles déclassées ou refusées que les années précédentes. De quoi décourager les producteurs, forcément. Les attaques de pucerons, porteurs de virus, sont dues au contexte météo, mais pas seulement : « On nous a interdit certaines molécules, peste Éric Fallou. C’est la conjugaison de la rémunération trop faible et du risque devenu trop élevé qui a conduit les producteurs de plants à diminuer leurs surfaces. »

L’AVIS DES EXPERTS

Éric Fallou, président de la Fédération nationale des producteurs de plants de pommes de terre (FN3PT)

« Le marché devra accepter les variétés résistantes au virus »

« Il est devenu de plus en plus difficile de produire du plant de pomme de terre en raison des attaques de pucerons et des retraits de molécules que l’on a subi. Si le marché de la pomme de terre de consommation veut conserver les mêmes variétés, il faudra se priver de plants. Il faut changer de variétés, il n’y a pas d’autre solution. Le marché doit s’intéresser aux variétés résistantes aux virus. Elles sont moins belles et moins productives, mais il va falloir les accepter, c’est comme pour la tavelure sur la pomme. J’ose espérer que face à la pénurie de plants, les industriels, McCain, Vico, Farm Frites, Clarebout et les autres, vont devoir évoluer sur le variétal. Les centrales d’achat, dans le marché du frais, c’est pareil, doivent changer leur paradigme. Le marché doit changer, ce n’est pas possible de faire autrement. Le consommateur mangera ce qu’on lui met à manger, si on lui explique qu’on n’a plus de moyens phyto et qu’il faut utiliser telle variété, il va se contenter de ce qu’il va avoir et si on lui explique, il le comprendra. Entre l’interdiction des molécules et l’émergence d’une variété résistante et sans défauts, il faut du temps. En attendant, il faut utiliser les variétés disponibles. »

Mathieu Bertrand, directeur du Comptoir du plant, entreprise spécialisée dans la production et la fourniture de plants de pommes de terre

« La production de plants va repartir »

« Nous avons eu en 2023 une conjonction de facteurs qui a conduit à une baisse de disponibilité de plants : baisse de surfaces parce que des producteurs se sont détournés, baisse de productivité en raison de la saison tardive, plus de pucerons, donc plus de déclassement, pluie au moment de la récolte et chute de la productivité aux Pays-Bas. Mais les organisations de producteurs de plants en France ont récemment indiqué dans leurs intentions une stabilité voire une hausse de leurs surfaces emblavées pour cette année, c’est un signal positif. Cela signifie que nous sommes en train d’inverser la tendance. Après une baisse de 10-15 % de nos surfaces l’an dernier, au Comptoir du plant, nous aurons près de 800 ha cette année, soit ce que nous avions en 2022. Cela a été difficile de retrouver ces niveaux, mais nous avions des arguments intéressants. Nous avions anticipé pour pouvoir proposer des bonnes souches sur certaines variétés les plus robustes. Nous avons fait des arbitrages, les variétés plus sensibles, nous avons décidé de les descendre davantage. C’est vrai qu’il y aura un manque, tout le monde ne pourra pas disposer des surfaces souhaitées. Il faut être vigilant, pour qu’il n’y ait pas de recours massif aux plants non certifiés. »

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Recourir aux plants coupés

En attendant, pour combler ce manque, sans doute faudra-t-il aller piocher dans les plants invendus de l’an dernier, des variétés qui ne trouvaient pas preneurs notamment. Des hectares seront aussi, très probablement, couverts avec du plan coupé. « On peut discuter sur ces plans coupés, il y a un facteur de risque, mais factuellement, cela existe », reconnaît Francisco Moya. Pour le président de l’interprofession,

la situation actuelle n’est qu’une « crise de croissance » Il n’empêche, « le développement de la filière doit être harmonieux, sans à-coups, pointe Guilaume Lidon. On a des producteurs qui ont investi dans du stockage, à qui on va peut-être dire qu’ils devront produire 10 ou 15 % de moins cette année… » Mais passé ces soubresauts conjoncturels, « c’est une filière qui va bien d’un point de vue financier et qui peut se réjouir d’un potentiel de croissance important », estime Francisco Moya. ■

Par ANTOINE HUMEAU redaction@terre-net-media.fr AVRIL-MAI 2024 / Le Magazine / 11
FN3PT COMPTOIR DU PLANT

PRODUITS PHYTOSANITAIRES

Écophyto, c’est aussi apprendre à mieux traiter

12 / Le Magazine / AVRIL-MAI 2024 TENEZ-VOUS PRÊT Cultures

La pulvérisation représente un thème qui devrait faire partie des leviers pour réduire les IFT, et qui pourrait intéresser un public d’agriculteurs différent de celui du réseau Dephy.

l’aube d’une révolution basée sur des outils de pulvérisation de haute précision, des marges de progrès existent déjà afin d’optimiser la qualité et l’efficacité des traitements traditionnels. Choix des buses, conditions d’application, contrôle du pulvérisateur : une journée Écophyto organisée dans la Sarthe a récemment rappelé les bonnes pratiques auprès de 40 agriculteurs et 150 étudiants.

En décembre 2023 était rendu public le rapport de la Commission d’enquête sur les causes de l’incapacité de la France à atteindre les objectifs des plans successifs de maîtrise des impacts des produits phytosanitaires. Depuis le premier plan Écophyto, lancé en 2008 dans la dynamique du Grenelle de l’environnement, « les données globales d’évolution de la QSA [quantité de substance active] et du Nodu [nombre de doses unités] ne permettent pas de conclure à une évolution importante des usages ; les seules avancées sont liées au retrait des molécules les plus dangereuses (CMR) dues à l’évolution du cadre réglementaire des autorisations de mises sur le marché »

Le rapport souligne toutefois que « le réseau des fermes Dephy démontre qu’il est techniquement et économiquement possible de produire en s’affranchissant de la dépendance aux produits phytosanitaires ». Il recommande entre autres de consolider ce réseau, et de former et recruter massivement des agronomes dans l’objectif de massifier les changements de pratiques. En 2024, la région Pays de la Loire compte 17 groupes Dephy et 41 groupes 30 000 actifs, ainsi que 23 GIEE (groupements d’intérêt économique et environnemental), dont certains travaillent sur la réduction des produits phytosanitaires. « Pour donner suite à la commission d’enquête, nous avons fait un bilan et calculé que plus de 10 % des exploitations de la région ont été touchées par ces actions de sensibilisation, indique Paul Gatineau,

à

Par NATHALIE TIERS redaction@terre-net-media.fr AVRIL-MAI 2024 / Le Magazine / 13
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À
NATHALIE TIERS
Le 28 novembre 2023, dans la Sarthe, 40 agriculteurs et 150 étudiants ont participé à la journée technique sur la pulvérisation. Ici, Valérie Braud, de Syngenta, explique le phénomène de dérive et l’importance du choix des buses.

animateur Écophyto à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. La dynamique se maintient, car les groupes continuent à se renouveler. Il s’agit d’agriculteurs volontaires, motivés, obtenant de bons résultats. » Pour tenter d’embarquer davantage d’exploitations, une journée technique était organisée en novembre dernier à l’AgroCampus de Rouillon, dans la Sarthe, sur le thème « Mieux pulvériser, moins traiter »1 « Nous pensons que le thème de la pulvérisation fait partie des leviers pour réduire les IFT, et aussi pour intéresser un public d’agriculteurs différent de celui du réseau Dephy, qui recrute plus difficilement dans ce département, estime Paul Gatineau. Les systèmes en agriculture de conservation, par exemple, sont intéressants mais utilisent en général des produits phytosanitaires. Il est utile que les applications soient bien faites. »

« La pulvérisation agricole, c’est un cumul d’imperfections »

LOÏC DEVEYER, conseiller cultures à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire

Sur-qualité en fourrière

Conseiller en cultures pour la chambre d’agriculture dans le sud de la Vendée, Loïc Deveyer anime des formations sur la pulvérisation depuis vingt ans. « La pulvérisation agricole, c’est un cumul d’imperfections, reconnaît-il. Mais il est possible d’en améliorer la qualité et donc l’efficacité pour espérer, peut-être, réduire le nombre de traitements nécessaires. » Selon lui, le levier numéro un est le choix des buses ; le volume de bouillie n’étant qu’une conséquence de ce choix. « Une pulvérisation abondante, couvrante, repose sur un nombre élevé de gouttelettes, expliquet-il. En divisant par deux le diamètre d’une gouttelette, de 300 à 150 microns, on multiplie par huit le nombre d’impacts et par deux la surface de contact, avec le même volume de bouillie. » Le levier numéro deux est la qualité du « rideau de pulvérisation » en lien avec les conditions d’application. Le vent dégrade la qualité de ce rideau, de même que la vitesse d’application « qui

LES EXTRÊMES OPPOSÉS…

60 L/ha à 8 km/h avec une buse XR de la marque TeeJet en calibre 015 à 1,25 bar

120 impacts/cm2

200 L/ha à 8,8 km/h avec une buse TTI de la marque TeeJet en calibre 03 à 4 bar

45 impacts/cm2

En formation, Loïc Deveyer utilise des papiers hydro-sensibles pour attirer l’attention des agriculteurs sur l’importance du choix des buses et de la pression pour une pulvérisation couvrante (nombre d’impacts élevé). « Le volume n’est qu’une conséquence de ces choix », précise-t-il.

1 Journée organisée par Écophyto et l’association Contrat de solutions avec la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, la Draaf, l’Union des Cuma, la MSA et Phytéis.

Cultures
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crée son propre vent ». Il faut aussi veiller à atteindre au moins 60 à 70 % d’hygrométrie pour limiter les pertes par volatilisation. Enfin, Loïc Deveyer place en troisième levier prioritaire la gestion des fourrières dans le cas du désherbage. « Il faut une sur-qualité de pulvérisation en fourrière ! insiste-t-il. Sur cette zone, on roule à vitesse minimale et la pression de pulvérisation baisse. C’est là que naissent les problèmes. S’il y a infestation dans les fourrières, on risque de contaminer la parcelle à la récolte, à moins de finir par les fourrières pour cette opération, ce qui est parfois conseillé. Il faut donc augmenter la pression autant que possible pour faire de la fine gouttelette en fourrière ; et limiter le différentiel de vitesse entre la fourrière et le reste de la parcelle. Il existe aussi des pulvérisateurs bloquant la régulation de pression en dessous d’une certaine vitesse. »

Désherbage localisé sur le rang de maïs

Outre la bonne utilisation du matériel actuellement disponible dans les fermes, les perspectives de réduction des impacts, et a fortiori de réduction des volumes de produits phytosanitaires employés, reposent sur de nouveaux outils de pulvérisation de précision très prometteurs. La chambre d’agriculture des Pays de la Loire travaille avec la FRCuma Ouest et la coopérative Terrena pour tester ces technologies sur le terrain, dans le cadre du projet Azimut. « Avec le développement du guidage centimétrique RTK, semer le maïs puis faire un désherbage localisé sur le rang puis biner en interrangs devient possible, déclare Gérard Besnier, chargé de mission agriculture de précision à la chambre d’agriculture. Nous sommes ainsi descendus à un IFT désherbage de 0,1 en maïs. La problématique, c’est l’écartement des buses du pulvérisateur à 50 cm pour un écartement de à

L’AVIS DE L’EXPERTE

Valérie Braud, experte agriculture durable chez Syngenta

« OptiBuse facilite le choix des buses à réduction de dérive »

« Le phénomène de dérive durant la pulvérisation de traitements agricoles peut avoir des impacts sur l’environnement (air, eau, biodiversité), le voisinage, l’utilisateur et les cultures non-cibles (phytotoxicité), ainsi que sur l’image de l’agriculture renvoyée à la société. Il entraîne aussi une perte d’efficacité des traitements. Une bonne pulvérisation ne génère pas de brouillard et donc ne se voit pas. Pour limiter la dérive, et éventuellement réduire les ZNT, il faut bien choisir ses buses, mais ce n’est pas facile de s’y retrouver dans la liste officielle sur le site du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Nous avons donc créé l’application OptiBuse pour faciliter la prise de décision de l’agriculteur. Elle est téléchargeable gratuitement sur Apple ou Google Store, facile d’utilisation et reprend la liste officielle des 256 buses homologuées. L’utilisateur renseigne le volume de bouillie par hectare, la vitesse d’avancement du pulvérisateur, l’écartement des buses et le taux de réduction de dérive souhaité : 66 %, 75 % ou 90 %. Faire plusieurs simulations en variant les paramètres est possible. OptiBuse indique les modèles de buses avec les calibres adaptés à leur plage de pression homologuée. Nous proposons aussi un guide pratique des buses à limitation de dérive sélectionnées à dire d’experts sur notre site Internet ; et d’autres outils existent, par exemple celui d’Arvalis*.

ANNIVERSAIRE

En bref, la solution idéale est d’être équipé d’un porte-buses avec plusieurs buses dont un modèle à réduction de dérive au minimum de 66 % et un modèle à 90 %. En plus de ces outils d’aide à la décision, nous avons besoin de journées techniques comme celle organisée en novembre 2023 dans la Sarthe pour accompagner les agriculteurs. Car optimiser la pulvérisation est un moyen d’en limiter les impacts. On peut également compter sur les innovations en termes de matériel. Je pense, par exemple, à la pulvérisation sur le rang associée au désherbage mécanique. »

* Sur arvalis.fr, rechercher « Choix des buses ».

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Le pulvérisateur Ara d’Ecorobotix de 6 m de large peut être attelé à un tracteur de 100 ch. Sa vitesse est de 7 km/h, son débit de chantier de 4 ha/h. Une version de 12 m est en développement.

semis du maïs à 75 cm. Mais des constructeurs comme Amazone ou Horsch proposent aujourd’hui des écartements de buses à 25 cm permettant de lever ce frein. »

Les partenaires d’Azimut ont par ailleurs testé en 2023, sur la ferme expérimentale de Derval, en Loire-Atlantique, le pulvérisateur Ara d’Écorobotix sur maïs. Conçu initialement pour désherber les cultures en ligne (betterave, maïs, colza, soja) et les légumes de plein champ (haricots, oignons, salades, épinards), il est également capable de repérer et détruire les chardons et rumex dans les prairies. Des Cuma de Mayenne et de Normandie sont d’ailleurs en train de s’en équiper pour ce dernier usage. À l’aide de caméras, l’outil capture des images de la culture en haute résolution, leur analyse par intelligence artificielle permettant l’identification des adventices. L’application de désherbant est ultra-localisée avec une empreinte de pulvérisation minimale de 6 cm de côté, grâce à des buses disposées tous les 4 cm sur la rampe de pulvérisation.

Moins 50 à 60 % de produit après la bineuse

« À Derval, nous avons utilisé l’Ara en rattrapage sur maïs après un ou deux passages de herse-étrille ou un binage, détaille Gérard Besnier. Après la herse-étrille, la population d’adventices était encore dense, donc la réduction du volume de traitement ne dépassait pas 20 à 30 %. Après la bineuse, en revanche, on a économisé 50 à 60 % de produit, car seul le rang était traité. Dans les deux cas, l’efficacité du traitement a été de 100 %. » Autre observation : la largeur de la machine étant de 6 m (une version 12 m est en développement) et sa vitesse de 7 km/h, la durée de l’opération est multipliée par quatre par rapport à un pulvérisateur de 24 m de large. Pour Gérard Besnier, l’intérêt du pulvérisateur Ara à

TENEZ-VOUS PRÊT Cultures 16 / Le Magazine / AVRIL-MAI 2024
Sous sa carapace blanche, le pulvérisateur Ara est équipé de 156 buses de pulvérisation de haute précision espacées de 4 cm, pour une empreinte de pulvérisation minimale de 6 cm x 6 cm.
TIERS
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NATHALIE TIERS

Le réglage du manomètre fait partie des points importants du contrôle des pulvérisateurs. La pression d’air envoyée dans les buses et donc la taille des gouttelettes en dépendent.

L’AVIS DE L’EXPERT

Gérald Desvignes, contrôleur pulvé, Union des Cuma Pays de la Loire

« On ne peut optimiser les traitements qu’avec un outil précis »

« Depuis 2021, le contrôle des pulvérisateurs doit être réalisé tous les trois ans. Pour un matériel neuf, le premier contrôle intervient cinq ans après l’achat. En cas de non-conformité, la contre-visite doit être faite dans un délai de quatre mois, et l’outil ne peut être utilisé avant la constatation de la réparation des défauts majeurs par un organisme de contrôle. Le contrôle du pulvérisateur comporte plus de 100 critères. Les défauts le plus souvent observés concernent les buses, le manomètre jouant sur la pression d’air envoyée et le débitmètre jouant sur le volume de bouillie à l’hectare. La non-conformité peut venir d’un mauvais réglage ou de l’usure des pièces. Nous vérifions aussi l’état du châssis, de la cuve, la rampe, la pompe, les flexibles, les filtres, les porte-jets et la présence éventuelle de fuites. Un pulvérisateur mal réglé peut entraîner un surdosage, un sous-dosage ou une mauvaise répartition. Par exemple, la taille des gouttes peut être impactée par l’état des buses et/ou le réglage du manomètre. On ne peut optimiser les traitements qu’avec un outil précis. Après chaque campagne, il faut donc procéder à l’entretien, faire le bilan des pièces à changer et veiller aux bonnes conditions d’hivernage. »

NATHALIE TIERS NATHALIE TIERS

La société Kuhn, via sa filiale d’automoteurs Artec, intègre la technologie Carbon Bee. « On peut économiser jusqu’à 80 % de produit sur un désherbage de rattrapage en maïs », indique Clément Rousset, responsable des ventes France.

en grandes cultures et prairies concerne surtout le traitement des vivaces se développant en ronds, mais il est moins évident pour le traitement des adventices annuelles. Testé en 2021 par la coopérative bretonne Eureden sur plus de 40 ha de haricots, l’Ara a permis de réduire la surface traitée de 85 % et la quantité d’herbicide de 70 %. Il a également été employé dans des essais de la coopérative Beauce Champagne oignon (BCO) en collaboration avec la chambre d’agriculture du Loiret. Sur une parcelle d’oignons de 3 ha, l’IFT a été diminué de 93 %. Concernant les traitements insecticides et fongicides

appliqués sur les plantes (développements en cours sur salades, par exemple), la réduction de volume attendue est de 70 %. Les partenaires du projet Azimut souhaitent également tester la pulvérisation ciblée avec les caméras conçues par Carbon Bee et utilisées par les constructeurs Kuhn et Berthoud sur leurs pulvérisateurs. Mais cela ne s’est pas encore concrétisé en raison du faible nombre de machines disponibles en France. « Dans le marais vendéen, certains agriculteurs coupent déjà des tronçons sur des zones de parcelles propres, constate Loïc

« L’intérêt du pulvérisateur Ara d’Écorobotix en grandes cultures et prairies concerne surtout le traitement des vivaces se développant en ronds »

GÉRARD BESNIER, chargé de mission agriculture de précision à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire

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Consultez le site internet de
18 / Le Magazine / AVRIL-MAI 2024 NATHALIE TIERS

Les caméras Carbon Bee installées sur les rampes de pulvérisateur détectent et identifient les adventices sur le champ pour déclencher les traitements buse par buse.

Deveyer. J’aimerais que l’on teste cet outil, car je pense qu’on pourrait désherber seulement 10 à 20 % de la surface. »

Quelle rentabilité des investissements ?

Les automoteurs Artec de Kuhn, présentés à la journée technique de novembre dans la Sarthe, ont des capacités de 3 000 ou 5 000 L

et déploient des rampes de 36 voire 50 m de large. Accrochées tous les 3 m, les caméras Carbon Bee détectent les adventices et les maladies afin de déclencher la pulvérisation buse par buse, avec une possible modulation de la dose. « Les volumes de bouillie utilisés peuvent osciller de 30 à 800 L/ha, précise Clément Rousset, responsable des ventes France pour Artec. On peut économiser jusqu’à 80 % de produit sur un désherbage de rattrapage en maïs. » Si ces nouvelles technologies s’avèrent prometteuses, elles sont également coûteuses. « En 2024, nous aurons près de 300 machines en service en Europe et aux États-Unis, indique Sébastien Branche, responsable commercial France pour Écorobotix. L’investissement est de 120 000 €, mais nous commençons à avoir des témoignages intéressants quant au retour sur investissement. Un producteur de légumes nous a annoncé avoir divisé par quatre ses achats de produits phytosanitaires. » Du côté d’Arvalis, les ingénieurs mobilisés sur ces innovations ont à la fois testé leur intérêt technique et calculé leur rentabilité sur deux fermes types (désherbage maïs ou prairies) au regard des investissements nécessaires (173 000 € pour l’automoteur, 84 000 € pour le système de pulvérisation) et des herbicides économisés2. Cette rentabilité dépend de trois facteurs : le mode de propriété du matériel, le nombre d’hectares traités et le pourcentage de surface à traiter. Plus ce dernier est faible, plus la réduction des charges herbicides aura un impact sur la marge nette.

D’après les trois interlocuteurs de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, oui, l’objectif de réduire de 50 % l’usage des produits phytosanitaires est atteignable. À condition de massifier l’ensemble des options déjà disponibles : évolution des systèmes, utilisation de la rotation et des leviers agronomiques, mais aussi optimisation des traitements par la qualité de pulvérisation, mise à l’épreuve du terrain et vulgarisation des outils de dernière génération. ■

2 Sur arvalis.fr, rechercher « pulvérisation ciblée ».

NATHALIE TIERS

SÉCURITÉ ROUTIÈRE

Le contrôle technique désormais obligatoire pour certains quads !

Après des années de gesticulations politiques et de démarches juridiques, l’examen des deux-roues et quads, décidé par l’Union européenne en 2014, entre en vigueur en France.

Si l’homologation indique « Maga » (machine agricole automotrice), « T1 » ou « T3 », pas de contrôle technique au programme. Si « L6 » ou « L7 » apparaissent, la nouvelle mesure s’applique.

Rappel important : le contrôle technique qui concerne tous les véhicules de catégorie L (cyclomoteurs, motos, scooters, tricycles à moteur, quadricycles légers et lourds) est progressivement mis en œuvre depuis le mois d’avril, en fonction de l’âge des véhicules. Avant de pester –ou non – contre cette mesure, un rapide coup d’œil à la carte grise de son quad ou SSV (side-by-side vehicle, un engin doté de deux sièges baquets côte à côte, d’où son nom, et d’un système de conduite avec volant et pédale) s’impose. Il permettra de trancher facilement.

La Commission européenne avait imposé ce contrôle dans une directive parue en 2014 dans tous les pays de l’Union

Si l’homologation indique « Maga » (machine agricole automotrice), « T1 » ou « T3 », pas de contrôle au programme. En revanche, si « L6 » ou « L7 » apparaissent, la nouvelle mesure s’applique.

Les premiers véhicules qui seront soumis au contrôle technique sont ceux immatriculés avant le 1er janvier 2017, avec un examen à réaliser au plus tard le 31 décembre 2024 (et au plus tard le 14 août 2024 si la date anniversaire de la première mise en circulation tombe avant le 15 avril). Rendez-vous en 2025 pour les véhicules immatriculés entre 2017 et 2019, et en 2026 pour ceux immatriculés en 2020 et 2021. En cas d’immatriculation après le 1er janvier 2022, le contrôle doit être effectué au plus tard au bout de cinq ans après la mise en circulation.

Cet échelonnement doit permettre d’éviter les goulots d’étranglement. La durée de validité du contrôle sera de trois ans, contre deux ans pour les voitures. En cas de vente ou de cession, un contrôle de moins de six mois sera nécessaire.

L’arrêté avait été publié le 24 octobre 2023 au Journal officiel. La Commission européenne avait imposé ce contrôle dans une directive parue en 2014 dans tous les pays de l’Union, au nom « de la sécurité des motards mais aussi de l’environnement » Des tergiversations politiques et juridiques avaient retardé son déploiement en France.

Bien vérifier si le centre est agréé

Pour éviter au maximum les mauvaises surprises et préparer au mieux le contrôle, qu’il souhaite « le moins cher et

Par JULIEN HEYLIGEN j.heyligen@terre-net-media.fr 20 / Le Magazine / AVRIL-MAI 2024 TENEZ-VOUS PRÊT Législation
ADOBE STOCK/LÉNA CONSTANTIN

le plus simple possible », le gouvernement a listé les principaux points à surveiller. « Le technicien vérifiera différents points de contrôle relatifs, notamment, aux fonctions suivantes : équipement de freinage, direction (guidon, volant, colonne), visibilité, feux, dispositifs réfléchissants et équipement électriques, essieux, roues, pneus, suspension et nuisances (émissions sonores et de polluants à l’échappement, vérification de l’absence d’une fuite excessive d’un liquide autre que l’eau, susceptible de porter atteinte à l’environnement ou constituant un risque pour les autres usagers de la route) », détaillent les services publics. Certains centres de contrôle déjà agréés pour l’inspection des véhicules légers ou des véhicules lourds pourront bénéficier d’une extension de cet agrément entre le 15 avril 2024 et le 14 avril 2025 leur permettant de prendre en charge l’examen des véhicules de catégorie L. « Il sera donc nécessaire de se renseigner auprès des centres de contrôle afin de savoir s’ils sont habilités à inspecter votre véhicule »,

Les points à contrôler : freinage, direction (guidon, volant, colonne), visibilité, feux, dispositifs réfléchissants et équipement électriques, essieux, roues, pneus, suspension et nuisances (émissions sonores et de polluants à l’échappement, absence d’une fuite excessive d’un liquide autre que l’eau)…

préviennent les services de l’État. La majorité des quads concernés ayant une vitesse limitée à 45 km/h sur route, le peu

de centres agréés pourrait entraîner, au moins dans un premier temps, des déplacements compliqués. ■

LE GUIDE INDISPENSABLE À LA TRANSMISSION

En matière d’exploitation agricole, trouver un remplaçant pour l’agriculteur qui part en retraite est une chose et la transmission de l’outil professionnel à l’heureux élu en est une autre. Plusieurs termes peuvent définir une transmission : cession, vente, reprise, installation, succession… Dans cet ouvrage, la transmission s’entend comme la passation d’une entreprise agricole, par un cédant, un donateur ou un décédé à un repreneur. Il s’agit ainsi d’une ou plusieurs installations pour un départ, contrairement aux démantèlements d’exploitation qui ne permettent qu’un agrandissement des exploitations existantes. La transmission peut s’effectuer en une seule fois ou en plusieurs étapes ; elle peut également avoir fait l’objet d’une intégration progressive du successeur au sein de l’exploitation, par exemple comme associé ou aide familial. Mais ce n’est pas toujours aisé de réaliser et réussir une transmission. Les difficultés rencontrées (1ère partie) risquent de se faire jour. Elles sont souvent dues à une réglementation tatillonne, à la complexité du monde agricole ainsi qu’au patrimoine composant une exploitation. Il en résulte que la transmission, représentant une étape cruciale dans la vie d’un agriculteur,

pistes de réflexion que le lecteur peut adapter à sa propre situation. I Les éditions France Agricole présentent

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AVRIL-MAI 2024 / Le Magazine / 21 POLARIS
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DOSSIER

ROBOTS AGRICOLES

ENCORE TROP DE FREINS ?

La dernière édition du Forum international de la robotique agricole (Fira) n’a pas salué d’avancée ou d’innovation majeure du côté des céréaliers. Agriculteurs, chercheurs, fabricants, tous ont donc fait le point sur la situation. Pas de révolution, mais des idées en matière de production d’énergie, d’irrigation, de fertilisation, de désherbage… Reste à diminuer le prix d’investissement pour que les producteurs se lancent sans compromettre la pertinence économique de leurs exploitations.

22 / Le Magazine / AVRIL-MAI 2024
AVRIL-MAI 2024 / Le Magazine / 23 LUC TIFFAY

Par SÉBASTIEN DUQUEF & JULIEN HEYLIGEN

sduquef@terre-net-media.fr j.heyligen@terre-net-media.fr

Chacun a en tête une image d’almanach du début du xxe siècle sur laquelle un agriculteur âgé actionne par de simples leviers, depuis sa terrasse, des machines au champ qui font tout le travail pendant qu’il se la coule douce. « C’est ainsi qu’en 1900, on se projetait l’agriculture de l’an 2000 », a rappelé en souriant Bruno Tisseyre, professeur à SupAgro Montpellier, au début de sa conférence lors du Fira (Forum international de la robotique agricole) 2024. Plus d’un siècle plus tard, le constat est mitigé : la mécanique a effectivement pris le pouvoir dans les plaines céréalières, mais la robotique a encore du chemin à parcourir. Car si, sur les 54 000 exploitations laitières de France, 18 000 abritent aujourd’hui au moins un robot (traite, distribution ou nettoyage), contre 10 000 en 2018, l’évolution est nettement plus poussive du côté des productions végétales. Ces fermes ne comptent aujourd’hui que 600 robots, contre 100 en 2018, répartis ainsi : 45 % en viticulture, 45 % en maraîchage et 10 petits pourcents en grandes cultures. « Le taux d’adoption diminue avec la valeur ajoutée de la production, tranche Bruno Tisseyre. Si l’idée est de vendre des robots 200 000 €, cela ne fonctionnera pas en grandes cultures. » Frédéric Robert, expert en transition agroécologique et céréalier dans le piémont pyrénéen, abonde : « Surtout avec des prix de vente qui s’effondrent. Déjà que des tracteurs à 300 000 €, cela pose question… » Alors pourquoi ne pas mutualiser l’achat des robots ? « Le problème, ce sont les chantiers. Si la fenêtre idéale pour travailler au champ n’est que de quelques heures un

2 500

C’est le nombre de visiteurs au World Fira 2024 de Toulouse, qui se tenait du 6 au 8 février. Agriculteurs, étudiants, concessionnaires, constructeurs, chercheurs… les profils étaient divers et soulignaient le regain d’intérêt pour la robotique. À noter que plus de 50 pays étaient représentés, en vue de découvrir la quarantaine de robots, dont 27 étaient en démonstration.

après-midi dans la semaine, comment fait-on si l’on a acheté le robot à dix ? » s’interroge l’exploitant.

« Des tâches que personne ne veut faire »

Si les robots dont vendus 200 000 €, il y a peu de chance que le sujet intéresse les producteurs de grandes cultures. Surtout si les prix de vente s’effondrent, et déjà que la commercialisation de tracteurs à 300 000 € interroge.

Les avantages des robots sont pourtant connus, sans compter qu’ils répondent à la pénurie de maind’œuvre et au changement de pratiques culturales, notamment au passage du désherbage chimique à une version plus mécanique. « Le robot peut également améliorer le confort de travail et permettre d’avoir une vie plus décente », souligne Bruno Tisseyre. « Il gère les tâches que personne ne veut effectuer, comme passer un outil à très faible vitesse pendant des heures et des heures, ajoute Flavien Roussel, en charge de la communication chez Naïo Technologies. Et il ouvre des fenêtres climatiques pour travailler, car ce sont des machines légères qui tassent moins le sol. » Jean-Luc Picourlat, fondateur de Softivert et agriculteur dans les Pyrénées-Atlantiques, confirme : « Avec les robots, on revient au poids des tracteurs des années 1960, c’est bénéfique pour le sol. »

DOSSIER ROBOTS AGRICOLES 24 / Le Magazine / AVRIL-MAI 2024 à
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Les freins sont tout d’abord techniques. Jean-Baptiste Keruzec, éleveur dans le Tarn, se souvient d’un essai malheureux il y a deux ans : « 120 agriculteurs étaient invités. Pas de réseau. Le robot n’a pas bougé ! » Il faut dire que « la question des zones blanches n’a pas toujours été traitée comme il se doit en France », précise Flavien Roussel. « Les machines à récolter le raisin sont apparues dans les années 1970. Il a fallu trente ans pour adapter les vignobles. Pour les robots, ça sera pareil. Il y a des ajustements techniques à faire, des rangs droits, une cartographie standardisée des parcelles, du Wi-Fi à renforcer… », résume Bruno Tisseyre.

Où sont les agronomes ?

Le professeur de SupAgro relève aussi ce qu’il nomme « un défi de compétences » « Avec un robot en panne,

Le poids d’un robot revient à celui d’un tracteur des années 1960, ce qui est bénéfique pour le sol.

Le Fira 2024 comptait peu d’agronomes sur ses bancs. Les impliquer davantage est pourtant nécessaire pour que toute la profession adhère au sujet.

pouvoir intervenir et réparer rapidement est nécessaire. Il y a donc des formations et un réseau à mettre en place, explique-t-il. Et même de nouveaux métiers à inventer, une sorte de berger pour les robots, capable de les déplacer comme on bougerait une ruche. » Avant de voir les robots se démocratiser, l’homme suggère d’impliquer beaucoup plus fortement les intermédiaires, les concessionnaires, les Cuma… « Et aussi les agronomes ! Il y en avait peu au Fira, il n’y avait quasiment que des technologues », constate-t-il. Bruno Tisseyre mise d’abord sur les tracteurs autonomes. « Pour passer de l’autoguidage à l’autonomie, la marche est petite. La technologie est au point. Cela permettrait d’améliorer le matériel existant, que l’on connaît bien, en gardant la possibilité de repasser en mode manuel si besoin. Cela maintiendrait aussi le lien fort, parfois peu rationnel, qui existe entre les agriculteurs et leur tracteur », explique-t-il. « Cela étant, les agriculteurs aimaient aussi leurs bœufs et leurs chevaux à l’époque où le tracteur est arrivé, nuance JeanLuc Picourlat. Ils ont vite changé d’avis. »

Les réticences ne seraient donc pas que matérielles mais aussi psychologiques, avec des impacts touchant à l’essence même du métier. « Je ne vois pas les agriculteurs déléguer le semis ou la récolte, des étapes cruciales qui font tout le sens de notre travail, à un robot. Je ne m’imagine pas être absent de mon exploitation à ces moments-là. C’est un métier humain. À un moment, surtout avec l’intelligence artificielle, on va perdre des compétences, plus personne ne saura travailler la terre », redoute Frédéric Robert. à

DOSSIER ROBOTS AGRICOLES 26 / Le Magazine / AVRIL-MAI 2024 TERRE-NET MÉDIA
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L’AVIS DU CONSTRUCTEUR KUHN OFFICIALISE LA NAISSANCE DE KARL

Le constructeur alsacien Kuhn l’avait annoncé un peu avant Agritechnica, le robot Karl a officiellement « ouvert ses yeux » à Hanovre, en Allemagne. Ce concept de véhicule tracteur autonome laisse entrevoir de nouvelles possibilités techniques et davantage de flexibilité en

termes de travail pour les agriculteurs, du moins pour ceux souhaitant surmonter les problèmes liés à la pénurie de main-d’œuvre. Le principe est simple : travailler seul au champ, sans intervention de l’agriculteur. Lui, arpente ses parcelles et crée les missions de

l’outil. Il lui faudra quand même déposer la machine au champ, du moins tant qu’elle ne pourra pas circuler seule sur la route. Celle-ci travaillera de façon 100 % automatique. In fine, le robot devrait œuvrer aussi bien qu’un opérateur, en profitant des fenêtres météo favorables, en garantissant la bonne profondeur de travail, la bonne densité de semis ou le broyage des résidus de culture. C’est l’outil lui étant attelé qui transmet les informations nécessaires pour qu’il fasse le job correctement. Côté puissance, Karl affiche 175 ch, de quoi répondre aux besoins de la plupart des exploitations, grandes ou moyennes. Reste à multiplier le nombre d’appareils pour s’adapter à la surface de la ferme. Autre avantage : le gabarit de la machine et son poids. Des caractéristiques qui permettent de prendre en compte le sol. D’autant que Karl sera chaussé d’un train de chenilles, disponibles en différentes tailles, pour limiter sa pression et ainsi minimiser le tassement.

AVRIL-MAI 2024 /
TERRE-NET MÉDIA

L’impact social des robots préoccupe également Jean-Luc Picourlat. Il cherche deux agriculteurs pour tester ses machines cet été, « plus pour voir comment ils vivent et cohabitent avec que pour voir comment les machines fonctionnent ».

La loi, « un frein absolu »

« Cela donne une vie différente, témoigne-t-il. J’ai semé 5 ha en 2023 avec mon robot, je prévois le double en 2024. Cela attire les gens, cela crée des discussions, j’ai même été applaudi en pulvérisant avec mon robot, alors que d’habitude je me fais plutôt insulter ! C’est vraiment spécial : je me mets sous l’arbre et je le regarde travailler. » Si Jean-Luc Picourlat se poste sous un chêne vénérable pour observer son robot travailler, c’est par plaisir, mais aussi par obligation. Car, qu’il soit épanoui ou non, l’avenir de la robotique en grandes cultures dépend avant tout de l’évolution de la loi, qui interdit pour l’heure qu’un robot se déplace seul d’un champ à un autre

« La réglementation, c’est totalement rédhibitoire, c’est un frein absolu »

en ayant à traverser un chemin ou une route. « La réglementation, c’est totalement rédhibitoire, c’est le frein absolu ! » assène Bruno Tisseyre. Pour Jean-Luc Picourlat, tout dépend d’une impulsion politique. « Ce sont des choix stratégiques en haut lieu et rien d’autre qui feront avancer le sujet », clame-t-il.

L’avenir de la robotique en grandes cultures dépend de l’évolution de la loi, qui pour le moment n’autorise pas le robot à se déplacer seul sur un chemin ou une route.

Au Fira, le seul interlocuteur à donner une date concernant l’avènement des robots en grandes cultures était Gaëtan Severac. Le cofondateur de Naïo Technologies pronostique prudemment un horizon qui se compte « en années et pas en dizaines d’années ». « Il n’y aura pas de rupture. L’adoption se fera progressivement, les céréaliers vont d’abord franchir le pas pour les cultures spécialisées. Ce qui paraît inconcevable deviendra une habitude », conclut-il.

Pas de révolution, mais des nouveautés

Parmi les nouveautés, soulignons l’arrivée du porte-robot néerlandais H2arvester, capable d’accueillir sur une rampe une multitude de robots tout en produisant de l’électricité. L’engin ressemble assez à une toiture sur roues, car il est recouvert de 48 panneaux photovoltaïques. « L’énergie fabriquée fait avancer le système et alimente les robots qui y sont installés. En cas de surplus, elle peut être utilisée à la ferme, par exemple, grâce à un simple câble », détaille Marcel Vroom, cocréateur de la machine. La plateforme sert de support à divers capteurs et solutions robotiques destinés à semer, désherber, fertiliser, surveiller le sol ou les cultures, irriguer en goutte-àgoutte, etc. Nombreux sont les constructeurs qui ne fabriquent pas le dispositif de transport permettant

LES ROBOTS AGRICOLES AURONT-ILS UN JOUR LA PRIORITÉ À DROITE ?

Début mars, l’État a autorisé l’expérimentation de la circulation routière des machines autonomes, jusque-là interdite. Cette étape est pourtant décisive dans le développement de la robotique agricole en France. Dès le printemps, des machines autonomes seront autorisées, dans le cadre de France Expérimentation, à circuler sur des voies publiques et des chemins ruraux sous supervision humaine. C’est RobAgri, association structurant depuis 2017 la robotique agricole en France en regroupant 85 acteurs (start-up, laboratoires, industriels…), qui prendra en charge ces essais. « La filière se confrontait à un obstacle juridique lié au Code de la route, qui ne permet pas à d’autres engins que des véhicules de circuler sur des voies publiques non fermées à la circulation », précise

le ministère de la Transformation et la Fonction publiques. Un arrêté d’expérimentation a donc été signé par tous les ministères concernés : Agriculture et Souveraineté alimentaire, Transition écologique et Cohésion des territoires, et Intérieur et Outre-mer. Le sujet de la circulation d’un robot agricole d’une parcelle à l’autre a toujours constitué l’une des principales limites au développement de la filière. Le dispositif d’expérimentation à venir représente une réelle avancée pour continuer de faire de la France le fer de lance de la robotique sur le plan international. L’objectif du dispositif est clair : simplifier le développement de projets innovants au service de la filière agricole en levant les freins juridiques et en autorisant la réalisation de tests grandeur nature sur le terrain. Irrigation à partir d’eaux usées, production de protéines d’insectes pour l’aquaculture, désherbage robotique par micropulvérisation… Plusieurs programmes ont déjà été accompagnés dans l’agriculture.

DOSSIER ROBOTS AGRICOLES 28 / Le Magazine / AVRIL-MAI 2024
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D.R.

Le porte-robot H2arvester a l’allure d’un toit sur roues. Il est recouvert de 48 panneaux photovoltaïques qui produisent de l’électricité pour le faire avancer ainsi que les robots qui y sont installés.

de mouvoir leur robot. La technologie proposée ici semble constituer une alternative intéressante. Contrairement à beaucoup de robots mobiles, de taille souvent modeste, le H2arvester peut gérer jusqu’à 12 m de large, que l’agriculteur peut même diviser selon son besoin. Sa hauteur se module entre 30 cm et 2 m, autorisant l’intervention dans de nombreuses cultures. Cette « installation solaire à

mobile » se déplace sans intervention humaine sur les parcelles céréalières, offrant une double utilisation des terres agricoles et générant donc des revenus supplémentaires. « L’outil avance mètre par mètre, de quoi en parcourir entre 50 et 100 par jour. Il fait son travail puis progresse. L’énergie consommée est donc très faible. Et nous avons mené des études, l’ombre générée ne gêne pas la croissance des

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cultures », souligne Marcel Vroom. Le H2arvester ne tourne pas en bout de rang. Il repart en arrière et reprend son travail. De leur côté, trois jeunes Nordistes ont planché sur un robot capable de réduire la fatigue des producteurs de pommes de terre. Leur société, baptisée Osiris Agriculture, du nom du dieu égyptien de l’agriculture, a développé un engin qui pilote l’irrigation. « Nous sommes déjà en lien avec un concessionnaire de la région, la commercialisation devrait démarrer dès 2025 », avance Alexis Carlier, ingénieur en intelligence agronomique dans la structure. Après avoir testé de nombreuses versions, l’entreprise a opté pour celle dont la largeur s’avère être la plus courante chez les irrigants : 36-38 m. La rampe mobile est équipée de buses et associée à une bobine renversée, le tout alimenté par un tuyau de 600 m relié à une bouche d’irrigation. Le robot roule et déroule seul le tuyau. L’écartement des roues est variable, il oscille entre 1,8 m et 2,7 m. Selon les concepteurs, la technologie permettrait d’économiser 30 % d’eau par rapport à un canon classique, sans compter que l’irrigation étant plus homogène, l’évapotranspiration se retrouve elle aussi limitée. Résultat : le fermier arrose moins, plus fréquemment et de façon plus précise. « Les rendements aussi s’annoncent donc meilleurs », souligne l’ingénieur.

Fertiliser en même temps

Entièrement autonome, le robot bénéficie du guidage RTK. Il se déplace selon un trajet optimisé à travers une parcelle géoréférencée au préalable. Il est alimenté via des batteries et l’énergie créée grâce à l’eau sous pression, soit une économie annoncée

La technologie Osiris Agriculture promet d’économiser 30 % d’eau par rapport à un canon classique, sans compter que l’irrigation étant plus homogène, l’évapotranspiration se retrouve elle aussi limitée

d’électricité de 20 % par rapport à un enrouleur traditionnel. « L’outil fonctionne avec 0,8 bar de pression, c’est moins qu’avec les méthodes classiques », précise Alexis Carlier. Soulignons qu’Osiris Agriculture s’intéresse fortement à la fertirrigation, c’est-àdire le fait d’ajouter des engrais lors de l’arrosage. La rampe étant large et apte à recevoir de nombreux capteurs et caméras, l’ajout de GPR (ground penetrating radar) capables de détecter l’humidité du sol et donc d’irriguer uniquement à bon escient, ou de caméras auscultant l’aspect et la couleur de la plante, est dans les tuyaux.

Sur l’AiLaser, les capteurs optiques transmettent les informations à une intelligence artificielle puis, l’intrus identifié, le laser intervient et le neutralise façon Star Wars.

Dégommer les plantules indésirables d’un coup de laser à la précision chirurgicale, différencier les cotylédons de betterave et d’herbes envahissantes grâce à l’intelligence artificielle… qu’il s’agisse de Kult, avec son AiLaser associé à Weedbot à travers le projet de recherche européen WeLaser, ou encore de la société tchèque Ullmanna avec sa solution Arow, les chercheurs et les industriels progressent rapidement sur le sujet. Le laser a l’avantage de pouvoir intervenir tôt, dès la levée, et de ne pas perturber la structure du sol. « Avec les méthodes mécaniques,

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VRAI FAUX ou

➜ La robotique a été identifiée comme l’un des piliers de la troisième révolution agricole par le ministère.

Aux côtés du numérique, du biocontrôle et de la sélection variétale, la robotique est porteuse de grandes promesses pour aider le secteur à relever les défis qui l’attendent, tels la limitation de la consommation d’intrants chimiques, la réduction de l’impact sur les sols, l’allègement de la charge de travail pour les agriculteurs, l’amélioration du bien-être animal dans les élevages…

➜ L’État a apporté 21 M€, dans le cadre de France 2030, pour financer la robotique.

Le grand défi « Robotique agricole » doit permettre de consolider la filière robotique pour accélérer la transition agroécologique, en apportant aux agriculteurs des solutions pour le pilotage de leur exploitation. L’accent est mis sur la levée des verrous technologiques et réglementaires.

➜ La réglementation autorise désormais un engin autonome à emprunter seul la voie publique pour changer de parcelle.

Pour accompagner le développement, une expérimentation va être menée pendant deux ans, portant sur la traversée de route en mode télécommandé et le demitour en mode autonome sur voie privée. Fabricants et agriculteurs espèrent que celle-ci permettra de faire évoluer la réglementation.

➜ Un robot doit obligatoirement être accompagné par une personne physique dans la parcelle.

Cette obligation dépend des constructeurs et non de la réglementation. Certains l’imposent pour répondre à la notion de sécurité imposée par la directive « Machines ». En effet, celle-ci n’interdit pas le robot autonome, elle interdit le robot n’ayant pas de sécurité.

le défi consiste à lutter contre les adventices sans endommager la plante cultivée. L’état actuel de la technique ne permet pas d’intervenir au tout début de la croissance, constate-t-on chez Kult. De plus, le laser fonctionnant indépendamment de l’état du sol, il peut être utilisé dans une plus grande fenêtre de temps. » Sur l’AiLaser, des capteurs optiques transmettent les informations à une intelligence artificielle puis, l’intrus identifié, le laser intervient et le neutralise. Techniquement, l’adventice frappée par le laser ne se volatilise pas. C’est le méristème (« tissu jeune, à cellules serrées, qui engendre les autres tissus végétaux », selon Le Robert) qui est anéanti, stoppant ainsi la croissance.

Des technologies encore coûteuses Après trois années de recherches, WeLaser, le partenariat formé par des centres de recherche, des universités, des entreprises privées et des organisations d’agriculteurs de huit pays européens dont la France, est arrivé au bout de la première phase de développement d’un prototype de sarclage de précision.

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Ce dernier est doté d’une technologie peu gourmande en énergie basée sur un concept innovant de pompe et de refroidissement. « D’autres travaux sont nécessaires pour réduire le temps de travail sur le terrain, faciliter le maniement et la connexion du prototype, et réduire les coûts de production dans le but d’obtenir un modèle commercialisable sur le marché », précise-t-on chez WeLaser. Chez Ullmanna, pas de laser, mais une boîte équipée de caméras et de logiciels, Arow, conçue pour s’intégrer aux machines agricoles existantes et en améliorer l’efficacité. « Nous commençons par collecter des données sur le champ. Au cours de la première heure, nous prenons 1 000 photos. Ensuite, nous indiquons manuellement à l’IA quelle plante est la culture et quelle plante ne l’est pas. L’IA commence alors à fonctionner et à guider précisément les lames.

Chaque agriculteur qui utilise notre technologie contribue à améliorer le modèle », souligne Martin Ullman, fondateur et PDG de la société, qui vise un million d’euros de chiffre d’affaires en 2024. Le laser comme l’IA apparaissent comme des solutions prometteuses pour se passer des produits chimiques. « Environ 130 millions de tonnes d’herbicides synthétiques sont utilisées en Europe chaque année, rappellent les chercheurs de WeLaser. Ces substances, lorsqu’elles sont appliquées, ne distinguent ni les plantes utiles ni les insectes du sol, qui ne sont pas la cible. Elles sont nuisibles pour la santé des animaux et des êtres humains. Sans oublier que les mauvaises herbes finissent par devenir résistantes, d’où la moindre d’efficacité des molécules existantes. »

Arracher ou écraser les adventices

D’autres acteurs promettent de supprimer les adventices en mode chasseur d’élite. À l’image de Maverick, le robot développé par l’entreprise

Le Maverick d’Odd.Bot supprime les adventices en mode chasseur d’élite grâce à ses deux bras robotisés nommés « Weader ».

hollandaise Odd.Bot. Pissenlits, chiendents et autres chardons sont traqués en vue d’être exterminés grâce à ses deux bras articulés, baptisés « Weader ». Ceux-ci sont capables de détruire chacun jusqu’à deux adventices par seconde. « Le Maverick est en réalité un simple porteur pour le Weader, explique Martijn Lukaart, fondateur et PDG d’Odd.Bot. Nos simulations ont montré qu’ils pouvaient travailler en réseau, jusqu’à six machines simultanément. » Le Maverick avance

DES CHAMPS VIRTUELS POUR TESTER LES ROBOTS

Il est plus facile de simuler en un clic sur un ordinateur la croissance d’un pied de maïs ou de haricot que d’attendre de longues et incertaines semaines qu’il se développe en plein air. L’équipe TSCF de robotique agricole de l’Inrae de ClermontFerrand a mis au point un logiciel permettant de simuler en 3D parcelles et cultures. Nom de code : Cropcraft. « L’idée, c’est de pouvoir calibrer l’algorithme de fonctionnement d’un robot dans cet univers facilement et rapidement, avant de l’emmener

dans les vrais champs », explique Cyril Pierre, chercheur et ingénieur. Le logiciel Cropcraft est en open source, c’est-à-dire accessible gratuitement pour tout le monde, sur le site de partage GitHub. Il se destine aujourd’hui plus aux scientifiques et aux développeurs qu’aux agriculteurs. Mais il devrait devenir possible, un jour, d’y simuler sur un champ numérique des nouveaux systèmes agricoles ou pratiques avant de passer à l’action et de se lancer « pour de vrai ». À l’heure actuelle, Cyril Pierre a intégré le maïs et le haricot, à plusieurs stades de leur développement, dans Cropcraft. N’importe quelle plante modélisée en 3D peut être ajoutée, pour entraîner le robot à les reconnaître. Générer des adventices et les répartir de façon uniforme ou hétérogène est possible, pour coller au plus proche de la réalité. « Les cultures peuvent être mélangées, soit par rangée soit dans le même rang », détaille l’ingénieur. À l’avenir, pour toujours plus de réalisme, il compte intégrer d’autres paramètres dans Cropcraft, comme la déformation du terrain ou les empreintes des pneus.

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à 400 m/h, ce qui revient à désherber un hectare en seize heures. Il a déjà été testé sur des carottes, des oignons, des épinards… « Nous prévoyons un déploiement en grandes cultures, en ciblant davantage les exploitations biologiques », poursuit le dirigeant.

Le Weader détecte les adventices sur le rang ainsi que leur stade de croissance grâce à l’intelligence artificielle, même dans les cultures denses. Pour compléter l’IA, il intègre aussi l’expertise humaine. La caméra 3D estime la profondeur. « Les adventices sont analysées, ce qui révèle des informations sur le pH du sol, le niveau d’humidité et d’éventuelles carences minérales », souligne le fabricant. Les individus indésirables sont détruits selon deux modes d’action mécaniques, soit par retrait, soit par poinçonnage, en fonction de leur taille et de leur type. « Il est possible d’arracher la racine proprement et de poser l’herbe sur le côté pour qu’elle se décompose, ou bien de l’écraser et de la pousser dans la terre », explique Martijn Lukaart. De conception simple, le robot se révèle facile à utiliser. « Il suffit de lui indiquer le nombre de rangs et s’il doit tourner à gauche ou à droite en bout de champ, confie le PDG. Et pour garantir le contrôle, il est toujours possible de voir ce qu’il voit. » ■

Comme son nom l’indique, ce mémento d’agriculture est un aide-mémoire dans lequel figure l’essentiel des notions développées dans la quatrième édition du Petit précis d’agriculture (du même auteur, Éditions France Agricole). Pour avoir des explications plus détaillées et un approfondissement des notions évoquées dans cet ouvrage, vous devez donc vous référer à ce même Petit précis d’agriculture.

Cet ouvrage comprend 38 fiches synthétiques qui se répartissent en 5 grandes parties :

• Les politiques agricoles et l’environnement juridique et institutionnel de l’exploitation.

• L’environnement physique des productions végétales.

• Les principales espèces cultivées en France.

NOM et Prénom :

GAEC / Société :

Adresse :

(Indiquez B.P. et cedex, s’il y a lieu)

CP : Localité :

• Les productions animales.

• Les différentes formes d’agriculture.

Chaque fiche s’achève par deux rubriques :

• Deux questions («Pour aller plus loin») dont le degré de difficulté est évalué par « * » (le plus accessible) à « ** » (le plus complexe). La réponse à ces questions ne se trouve pas forcément dans la fiche mais vous trouverez l’information dans le corrigé présenté de façon rédigée à la fin de chacune des 5 parties.

• Un « Le saviez-vous ? » qui propose une anecdote/une curiosité autour du thème de la fiche.

Ce livre s’adresse : aux étudiants et élèves pour les aider à structurer leurs connaissances et à améliorer l’efficacité de leurs révisions. Aux professionnels des structures agricoles ou para-agricoles qui souhaitent un

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SÉCHERESSES, INONDATIONS, POLLUTIONS

Soigner le sol pour une eau de qualité, en quantité

Les évènements climatiques récents mettent en évidence l’importance de l’efficacité des sols à infiltrer l’eau et la stocker pour les besoins des cultures à venir. Les sols jouent aussi le rôle de filtre pour assurer la qualité des eaux dans les nappes. Leur préservation ou leur restauration devient prioritaire. Et la bonne nouvelle, c’est qu’on sait comment faire.

34 / Le Magazine / AVRIL-MAI 2024 PARTAGE D'EXPÉRIENCE Agronomie

Les pollutions coûtent cher : en matière de traitement de l’eau, l’extraction d’un kilo d’azote coûte 70 €, celle d’un kilo de pesticides 60 000 €.

M«on sol, notre eau ». Ainsi s’intitulait la journée technique du 21 novembre 2023 coorganisée par Vivagri Sarthe (fédération des groupes agricoles), la chambre d’agriculture des Pays de la Loire et le Syndicat du bassin de la Sarthe ; la quatrième journée d’une série « Capital sol » lancée en 2017 par le Groupe érosion Sarthe. Car la première cause de déclassement en matière de qualité des eaux, ce sont les matières en suspension issues de l’érosion des sols. « Nous avons créé ce Groupe érosion avec l’objectif que nos deux mondes se concertent et se comprennent : le monde agricole et celui de la préservation de la ressource en eau, déclare Philippe Dutertre, agriculteur, vice-président de la chambre d’agriculture de la Sarthe et président de la commission agronomie de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. Nous devons avancer ensemble sur la question de la qualité de l’eau, sinon la société ne nous le pardonnerait pas. Et nous avons des pistes de travail communes. »

Invité en tant qu’expert, François Laurent, professeur de géographie au Mans Université et chercheur sur les aménagements agricoles en lien avec la gestion de l’eau, explique : « Le sol est un compartiment essentiel dans le cycle de l’eau, déterminant les flux et leur qualité. Or, avec le changement climatique, la ressource en eau se raréfie. Par ailleurs, les pollutions coûtent cher : en matière de traitement de l’eau, l’extraction d’un kilo d’azote coûte 70 €, celle d’un kilo de pesticides 60 000 €. Les dépenses générées par les pollutions azote et pesticides d’origine agricole représentent ainsi 7 à 12 % de la facture d’eau des ménages. » Toutefois, tempère-t-il, la qualité des eaux s’améliore : sur la période 2010-2019, la part des masses d’eau superficielles évaluées en bon état écologique est passée de 41 à 43 %, et en bon état chimique de 51 à 67 %. La part des masses d’eau souterraines en bon état chimique, quant à elle, est passée de 59 à 71 %. François Laurent souligne aussi que la quantité d’azote vendue a baissé de 89 à 65 kg/ha entre 2010 et 2020, tandis que l’utilisation des engrais phosphatés

à

ACS

Par NATHALIE TIERS redaction@terre-net-media.fr PHOTOS NATHALIE TIERS AVRIL-MAI 2024 / Le Magazine / 35
et efficience de l’eau : l’un des thèmes phares de la journée ACS de décembre 2023 en Pays de la Loire.

L'AVIS DE L’EXPERT

« Nous devons avancer ensemble sur la question de la qualité de l’eau, sinon la société ne nous le pardonnerait pas »

PHILIPPE DUTERTRE, agriculteur, vice-président de la chambre d’agriculture de la Sarthe et président de la commission agronomie de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire

a été divisée par quatre depuis le début des années 1970 pour atteindre 7,2 kg/ha.

Couverts végétaux et matière organique

Pour réduire les transferts de polluants ainsi que les matières en suspension issues de l’érosion, François Laurent recommande de travailler sur la gestion de l’écoulement de l’eau. Ainsi, dans la Sarthe, la communauté de communes du Pays fléchois intervient sur les cours d’eau en concertation avec les agriculteurs. « Quand cela est possible nous travaillons sur la morphologie des cours d’eau, par exemple en recréant des méandres, détaille Willy Cheneau, chef du service patrimoine naturel de la communauté de communes. L’idée est de tracer un cours plus naturel avec des zones de repos et d’accélération de l’eau, et de garder un chenal préférentiel pour toujours conserver un cours d’eau, même à section réduite en été. Il faut travailler aussi sur la restauration des ripisylves, et réfléchir au drainage et à l’agrandissement des fossés qui ont eu des impacts négatifs. Les agriculteurs et les professionnels de l’eau ont des points de convergence. Ils doivent travailler ensemble sur les territoires, pour une gestion de l’écoulement plus favorable. » Les agriculteurs n’ont pas d’emprise sur certains facteurs : intensité des précipitations, cumul de pluie antérieur, perméabilité du sol et du sous-sol, pente… En revanche, ils ont la possibilité de mettre en place des pratiques limitant le ruissellement et favorisant l’infiltration. Pour François Laurent, les deux leviers « clefs » sont les couverts végétaux et le taux de matière organique. à

Philippe Dutertre, vice-président de la chambre d’agriculture de la Sarthe et président de la commission agronomie de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire

« Les agriculteurs sont capables de changer leurs pratiques »

« Je cultive 150 ha, dont 40 de prairies, 5 de luzerne, 10 de méteil et 95 de culture. Et j’élève 30 vaches limousines. J’implante systématiquement un couvert après chaque récolte et je m’interdis le travail du sol. Je veux qu’il vive et j’observe son état avant tout choix de culture. Je vois les bénéfices agronomiques de ces pratiques : moins d’érosion et un taux de matière organique à 2,5 % évoluant positivement. Je ne fais qu’un seul apport d’azote au printemps et j’utilise des mélanges de variétés pour réduire la sensibilité aux maladies. Il faut limiter les fongicides si on veut des sols vivants. Je m’en passe si je peux, de même que de glyphosate. L’idée est de trouver un équilibre. En utilisant moins de traitements, de mécanisation et de GNR, je recherche

un rendement optimal, pas “coûte que coûte”. Pour faire tout cela, je suis allée à des journées d’information, des rencontres d’agriculteurs, des formations. C’est important d’être accompagné et de progresser ensemble pour ne pas faire marche arrière, comme avec les conditions humides de l’automne 2023. Les agriculteurs sont capables de changer leurs pratiques si on leur propose un autre modèle. À la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, nous avons des élus qui défendent cette évolution, les conseillers s’investissent, nous organisons des journées avec des experts. Tout cela permet de monter en compétences. On n’atteint pas la perfection, mais on essaie de construire des solutions optimisées bénéficiant à tous. »

NATHALIE TIERS
PHOTOS NATHALIE TIERS PARTAGE D’EXPÉRIENCE Agronomie 36 / Le Magazine / AVRIL-MAI 2024
Un « bar à couverts » installé à la journée ACS du 14 décembre 2023 organisée par la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. La diversification de la rotation et l’introduction de couverts végétaux illustrées lors de la journée ACS de décembre 2023 en Pays de la Loire.

Aquatex®, un outil au service de la rentabilité et de l’organisation du travail

Une gestion maîtrisée de l’eau implique de nombreux paramètres. À travers sa solution Aquatex®, l’entreprise Agro Conseil propose aux agriculteurs un conseil basé sur la caractérisation des sols et le suivi en temps réel. Objectif : déclencher son tour d’eau au bon moment, et à la bonne dose, au service de la rentabilité et de l’organisation du travail !

Alors que les tensions s’exacerbent autour des usages de l’eau, l’irrigation reste un axe stratégique dans beaucoup d’exploitations. « Les agriculteurs sont très conscients qu’il est crucial de préserver la ressource, pointe Julie Coulerot, Directrice Générale d’Agro Conseil. La compréhension du fonctionnement hydrique des sols est indispensable pour gérer l’irrigation. On travaille sur la dynamique de l’eau du sol vers la plante, sous contraintes climatiques. » Du taux de matière organique en passant par la structure, les caractéristiques physiques du sol influent sur le stockage et la restitution de l’eau. « Capacité au champ, point de flétrissement, réserve utile ou facilement utilisable… Il faut avoir toutes ces données en main pour gérer l’irrigation avec finesse, mais beaucoup d’autres entrent aussi en ligne de compte. Pour apporter la quantité la plus efficiente, il est nécessaire de s’adapter au stade de développement de la culture, à sa sensibilité, aux conditions climatiques, pour que le tour d’eau soit rentable. »

Des échantillons de

sol “ non-perturbés ”

C’est cette expertise qu’Agro Conseil propose depuis 1985 aux agriculteurs, avec sa solution de gestion de l’irrigation, baptisée Aquatex®. La démarche s’appuie sur un processus précis de caractérisation des sols, complété par un suivi tout au long de la campagne. « Nous commençons par prélever des échantillons “ non-perturbés ”, détaille Julie Coulerot. Nous déterminons les zones dans lesquelles sont prélevés les cylindres de terre à l’intérieur desquels les horizons ne sont pas mélangés. » L’opération permet d’établir la courbe de rétention hydrique du sol, dont le profil traduit la capacité de celui-ci à retenir l’eau. Les équipes

d’Agro Conseil reviennent régulièrement, en cours de campagne, pour mesurer l’humidité du sol et observer le développement végétatif. L’agriculteur est contacté deux fois par semaine pour faire le point.

Maîtriser l’irrigation et gérer les imprévus

Objectif : déterminer la date, à trois-cinq jours, et la dose du prochain tour d’eau. Les préconisations intègrent aussi des impératifs économiques tels que le coût de l’irrigation et le prix de vente attendu pour la culture, voire la capacité de l’agriculteur à intervenir. « Nous sommes, en effet, en mesure de gérer les imprévus, précise la Directrice. Si pour une raison ou une autre (vent, restrictions d’eau, casse matérielle, partage de forage/matériel…), l’agriculteur n’a pas pu irriguer, nous l’aidons à se réorganiser. »

Bien maîtrisée, l’irrigation garantit un gain à la fois quantitatif et qualitatif. « Nous participons à une croissance continue, régulière et sans à coup, de la culture. Si en plus la gestion d’irrigation est associée à celle de la fertilisation, on optimise tout le système en donnant aux plantes la possibilité d’utiliser au mieux les nutriments du sol », conclut Julie Coulerot.

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© Julie Coulerot

Les bandes enherbées et les haies forment de véritables barrages végétaux contre le ruissellement, les particules et les polluants dissous.

Nourrir la vie du sol est essentiel pour assurer la dégradation et le brassage de la matière organique, à la base d’une bonne structuration du terrain et d’une infiltration de l’eau efficace.

Les premiers piègent l’azote lessivable et le phosphore, ils protègent la surface du sol de l’impact mécanique des pluies sur l’érosion et le structurent en profondeur, améliorant à la fois l’infiltration pour la recharge des nappes et le stockage dans le sol. Quant à la matière organique, elle agit comme une éponge, structure les agrégats du sol, adsorbe les polluants et épure l’eau. Ainsi, couverts végétaux et matière organique améliorent non seulement la qualité de l’eau, mais aussi la réserve utile disponible pour les plantes et donc la résilience aux épisodes de sécheresse. François Laurent souligne également l’importance des espaces épurateurs pour limiter les transferts entre les parcelles cultivées et les cours d’eau : bandes enherbées, prairies et haies forment de véritables « barrages végétaux contre le ruissellement, les particules et les polluants dissous ».

20 % d’économies d’eau en cultures irriguées Plus au sud, un important projet de recherche baptisé « Bag’Ages » (« Bassin Adour-Garonne, quelles performances des pratiques agroécologiques ? ») confirme ces observations. Financé par l’agence de l’eau Adour-Garonne et coordonné par l’Inrae de Toulouse, il a rassemblé une vingtaine de partenaires entre 2016 et 2021. Son objectif était d’évaluer les performances des pratiques agroécologiques pour gérer les flux de l’eau et améliorer sa qualité, tout en assurant une rentabilité économique comparable à celle obtenue avec des pratiques conventionnelles, voire meilleure. Les pratiques considérées étaient : l’allongement des rotations, l’utilisation de cultures intermédiaires, la simplification du travail du sol et l’agroforesterie. Les résultats s’appuient sur 17 sites expérimentaux et une soixantaine d’exploitations agricoles. Les systèmes agroécologiques ont montré une meilleure rétention de l’eau dans les sols : les capacités ont été accrues de 10 à

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Agronomie 38 / Le Magazine / AVRIL-MAI 2024
PARTAGE D’EXPÉRIENCE

« Implanter des couverts végétaux constitue une première approche de l’ACS, simple à mettre en œuvre et très bénéfique pour les sols », selon Alexandre Hatet, conseiller agronomie à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire.

15 % sur des systèmes combinant une couverture végétale maximale et diversifiée avec un arrêt du travail du sol, en comparaison à des sols régulièrement labourés. En outre, ces capacités d’infiltration améliorées sont également plus stables dans le temps. La couverture végétale permet aussi de réduire l’évaporation de l’eau du sol. Les auteurs de l’étude estiment que l’économie d’eau pour les cultures irriguées pourrait atteindre 20 %, du fait d’un plus grand réservoir dans le sol, et de son meilleur remplissage. Ils pensent aussi que l’amélioration de la capacité d’infiltration de l’eau rend probable une meilleure alimentation des nappes, en comparaison aux sols régulièrement travaillés sur lesquels l’eau risque davantage de circuler en surface vers les rivières.

En ralentissant la dynamique de l’eau, couverts végétaux et haies constituent un moyen efficace de limiter les petites crues

Concernant la qualité de l’eau, une modélisation à l’échelle d’un bassin-versant situé en coteaux (Auradé, dans le Gers) montre que l’érosion des sols et les pertes en nitrates sont réduites (de l’ordre de 30 % pour les fuites de nitrates) par l’introduction de couverts végétaux, ainsi que par la densification des haies.

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AVRIL-MAI 2024 / Le Magazine
Donnez un sens à votre visite ! LA ROBOTIQUE 4 10e ÉDITIONVOTRE SALON PLEIN-CHAMP 250 exposants + de 40 hectares de démos 4 4 LA GESTION DE L’EAU 4 LE RENOUVELLEMENT DES GÉNÉRATIONS 4 LES ÉNERGIES 4 RENOUVELABLES L’AGROÉCOLOGIE 4 ONDES 2024 I VOTRE FUTUR EN ACTION HAUTE-GARONNE (31) LES 4 ET 5 SEPTEMBRE 2024 + d’infos sur innovagri.com Création graphiquePOG NGPA

De gauche à droite : Willy Cheneau (communauté de communes du Pays fléchois), Philippe Dutertre (agriculteur), François Laurent (Le Mans Université) et Alexandre Hatet (chambre d’agriculture), à la journée Capital sol du 21 novembre 2023, dans la Sarthe.

L'AVIS DE L’EXPERT

Marc-André Selosse, mycologue et botaniste, professeur au Muséum national d’histoire naturelle de Paris

« ACS et agriculture bio vont dans la bonne direction »

« Augmenter la matière organique du sol à l’aide des couverts végétaux contribue à sa stabilité structurale, à sa capacité de stockage en eau, à alimenter sa vie et à piéger du carbone. J’estime qu’une hausse de 1 % du taux de matière organique augmente le stockage d’eau de 10 mm. Quant à l’initiative “4 pour 1 000”, elle correspond à une augmentation de 0,4 % du taux de matière organique par an, dans l’objectif de compenser les émissions de gaz à effet de serre de l’humanité. Le sol est constamment chorégraphié, la matière organique brassée sous l’effet des vers de terre et autres animaux, des champignons, bactéries et amibes, et des racines des plantes. Cela crée de la porosité pour stocker l’eau et l’air. La plupart des racines sont en réalité des mycorhizes, c’est-à-dire un mélange de racines et de mycélium de champignon. Ces mycorhizes démultiplient le contact des plantes avec le sol, et donc l’accès à l’eau. On constate aussi que les infections régressent sur les plantes mycorhizées, car le champignon protège les racines des maladies dans l’objectif de préserver la plante, qui est son garde-manger. L’ACS (agriculture de conservation des sols) et l’agriculture bio vont toutes les deux dans la bonne direction, avec chacune un défaut : le glyphosate d’une part et le labour d’autre part. Le glyphosate est néfaste aux vers de terre et aux champignons, ce sera mieux quand on en sortira, c’est l’étape suivante. Quant au labour, il perturbe la vie du sol, détruit la matière organique et favorise l’érosion. »

Lionel Alletto, directeur de recherche à l’Inrae de Toulouse, a présenté les résultats du projet Bag’Ages à l’occasion de la journée ACS du 14 décembre 2023 en Pays de la Loire.

En ralentissant la dynamique de l’eau, ces aménagements constituent aussi un moyen efficace de limiter les petites crues.

Le glyphosate reste un point de vigilance

L’analyse des résultats des exploitations suivies dans Bag’Ages montre que le groupe des agriculteurs les plus avancés en matière de pratiques écologiques utilise moins de traitements : l’IFT médian est de 3 (voire 2,5 pour les adeptes du semis direct), contre 4 pour les moins avancés. L’usage de glyphosate reste, cependant, un point de vigilance. Globalement, les pratiques les plus avancées en agroécologie engendrent une réduction des charges en intrants et en mécanisation, ainsi qu’une réduction des émissions de gaz à effet de serre. « Avec l’agriculture de conservation des sols (ACS), la bio, la régénérative ou encore l’agroforesterie, l’agroécologie constitue un ensemble de voies possibles, mais nous n’avons pas encore trouvé le modèle miraculeux, commente Lionel Alletto, directeur de recherches à l’Inrae de Toulouse ayant piloté le projet Bag’Ages. Le sol est un système complexe, et d’une grande diversité. Avec l’ACS, nous améliorons la taille du réservoir en eau utilisable, la stabilité de sa recharge, l’exploration du sol par les racines, mais beaucoup de questions se posent encore sur la quantification de ces impacts. Nous nous interrogeons également sur les interactions entre plantes et champignons du sol, via les mycorhizes, qui renforceraient l’exploration du réservoir d’eau du sol. Nous poursuivons nos recherches notamment sur une ACS sans pesticide, ou agriculture bio de conservation, que l’on peut qualifier aussi d’agriculture régénérative. » ■

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40 / Le Magazine / AVRIL-MAI 2024
PARTAGE D’EXPÉRIENCE Agronomie

Lindsay intègre l’intelligence arti cielle dans la gestion des apports d’eau

En s’adaptant aux besoins précis des cultures, le pilotage de l’irrigation permet d’économiser l’eau et d’améliorer les rendements. Des performances encore accrues par le développement de l’intelligence arti cielle, une technologie désormais accessible par le biais de solutions logicielles telles que FieldNET, du constructeur Lindsay.

Les progrès technologiques en matière de capteurs, d’informatique et de collecte de données ont propulsé l’irrigation dans l’ère de la précision. Et ce n’est pas ni, car l’intelligence arti cielle vient encore de faire franchir un nouveau cap à la productivité de l’eau en agriculture. “ Les irrigants disposent aujourd›hui d’un grand nombre de données pour piloter leurs apports au plus près du besoin des cultures, souligne Bruno Perroni, responsable marché pour le fabricant d’infrastructures d’irrigation Lindsay Corp. Mais à mesure que ces systèmes deviennent plus complexes, les utilisateurs ont besoin de solutions intuitives pour maximiser ces avantages. Les outils basés sur l’IA aident à réunir toutes ces variables. ”

Combinés à des équipements de plus en plus e caces, les agriculteurs sont désormais assurés de prendre la meilleure décision pour produire davantage avec moins de ressources.

Nouvelle interface simple à utiliser

Attaché à cette volonté de concilier puissance et facilité d’utilisation, le fabricant américain vient ainsi livrer la nouvelle interface de sa solution de monitoring et de contrôle à distance pour pivots de toutes marques, FieldNET NextGEN. Cette plateforme connectée intègre une IA dotée d’un système d’apprentissage automatique basée sur l’agrégation de données. “ Elle o re aux agriculteurs une assistance allant d’une surveillance classique à des recommandations agronomiques hautement sophistiquées via le service

étendu FieldNET Advisor, un modèle agronomique permettant de collecter et d’analyse l’ensemble des éléments nécessaires au déclenchement de l’irrigation au bon moment et à la juste dose ”, détaille le spécialiste.

Compatibilité toutes marques

L’interface utilisateur repensée utilise des cartes et des graphiques faciles à comprendre. Un aperçu complet des systèmes d’irrigation et des conditions au champ permet de visualiser en un coup d’œil la météo, les niveaux d’humidité du sol et tous les facteurs ayant un impact sur la croissance des cultures. Accessible depuis n’importe où et à tout moment, FieldNET NextGen peut se connecter à l’aide de di érentes technologies: 4G, radio, ethernet et mode hybride. “ Cela permet d’utiliser FieldNET sans problème de connectivité, ce qui pose souvent problème dans un environnement agricole, relève Bruno Perroni. L’application est également compatible avec d’autres marques si di érents types de matériels sont en service sur l’exploitation. ” FieldNet est disponible en même temps que la plupart des matériels Lindsay auprès du Groupe ALLEZY, concessionnaire agricole, onze succursales en région Centre Val de Loire et en Essonne.

IRRIGATION publi-information

MÉCANIQUE

Les conseils d’un agri mécano pour entretenir son tracteur

Grégor Lamirault, exploitant céréalier passionné de mécanique, possède cinq machines, qu’il bichonne toute l’année. Il dévoile ses astuces, un mélange de bon sens et d’expérience.

«

Mon tracteur préféré, c’est celui qui marche. »

Grégor Lamirault, agriculteur et youtubeur passionné de mécanique installé à Alluyes, en Eure-et-Loir, a le sens de la formule. À la tête de la ferme Baudouin, une exploitation céréalière familiale de 208 ha, il possède cinq tracteurs pour faire tourner la boutique.

« Je ne suis pas attaché à une marque. J’essaye de cibler la mécanique qui convient à l’usage souhaité », confie-t-il. Quand il passe à la caisse pour s’offrir une nouvelle machine, il ne choisit pas la meilleure ou le coup de cœur – « quand on ouvre les brochures, tout est formidable » –, mais la « moins pire ». Sa dernière acquisition, un Valtra N154, correspond à cette philosophie pragmatique. Elle est le fruit d’un tableau Excel sur lequel il a inscrit tout ce qu’il voulait et, surtout, tout ce qu’il ne voulait pas. Par exemple, « devoir rentrer dans l’ordinateur de bord pour activer le gyrophare », déclare-t-il.

faut absolument pas lésiner. La montée en température est conditionnée par le type d’huile », ajoute-t-il. Le fermier vidange toutes les 200 à 250 heures, « toujours après une grosse journée de travail ». « Deutz-Fahr vidange toutes les 500 heures ses tracteurs sous garantie. Quand cette dernière sera terminée, je vais repasser à mon rythme », souligne-t-il.

L’amoureux des moteurs et de l’acier donne quelques conseils pour garder les engins en état le plus longtemps possible et minimiser les pannes. Certaines astuces peuvent paraître basiques pour les plus chevronnés, mais selon lui, « la majorité des agri n’y connaît rien en mécanique »

La propreté

« Le but n’est pas d’avoir le tracteur le plus brillant de la plaine, explique-t-il, mais d’avoir les yeux dessus et ainsi de repérer

tout de suite les défauts qui pourraient s’aggraver ». Il a décelé la plupart des ennuis de ses tracteurs lors du « bain ». C’est de cette manière que sur le Valtra T151, par exemple, il a repéré que celui-ci perdait ses bras de relevage. Pour la toilette de ses machines, Grégor utilise une brosse et un Kärcher, jamais trop près, car il aime bien les autocollants… Jamais de produit, « la rivière à proximité n’aime pas », sauf en cas de dégraissage extrême. D’autant qu’il dispose d’un nettoyeur à eau chaude, « c’est comme pour la vaisselle, ça dégraisse vachement mieux ! » Si les flexibles sont sales, impossible de voir la petite fuite qui s’installe…

Huile, filtres et compagnie

Il y a la base, qui n’est pas si basique que cela finalement. « Il faut mettre l’huile adaptée au moteur. Vous seriez surpris du nombre de personnes qui se trompent encore », indique notre homme. Deux choix : soit l’huile recommandée par le constructeur, soit une encore meilleure. « C’est un poste de dépense sur lequel il ne

Les filtres à air font aussi l’objet d’une attention particulière de la part de l’agriculteur. Il les nettoie au compresseur sans dépasser 2 ou 3 bar de pression, de l’intérieur vers l’extérieur, puis l’inverse « en biais et de loin pour chasser les poussières » . Il surveille aussi la couleur du pré-filtre.

Le moteur

Le moteur équipé d’un turbo ressemble aux humains, il est sensible et doit être manié avec précaution. « Quand il fait froid, je démarre et laisse chauffer avant de taper dedans », indique Grégor. Pas de travail tant que l’aiguille de température n’a pas décollé, « c’est-à-dire quand l’huile est déjà à 40 ou 50 °C » Idem en fin de chantier. « Je ne coupe pas le contact juste après avoir roulé à fond, assure-t-il. Je laisse ralentir le moteur deux minutes. »

Connaître la mécanique pour la respecter

Grégor prend l’exemple de son McCormick MTX 110, à la boîte de vitesses si particulière. « C’est simple,

Par JULIEN HEYLIGEN j.heyligen@terre-net-media.fr 42 / Le Magazine / AVRIL-MAI 2024 PARTAGE D’EXPÉRIENCE Machinisme
Grégor Lamirault.
TERRE-NET MÉDIA

soit on la détruit en 1 500 heures, soit on la garde à vie », assène-t-il. Encore faut-il faire attention au petit autocollant dans la cabine qui explique le passage des rapports. « Personne ne lit jamais les notices d’utilisation, alors un autocollant… Pourtant, quand on sait comment sa machine est fabriquée, c’est plus facile de bien l’utiliser », ajoute l’agriculteur.

Il recommande à tous ses confrères de mettre le nez dans la mécanique. « Le plus dur, c’est de se lancer, précise-t-il.

Quand on sait comment sa machine est fabriquée, c’est plus facile de bien l’utiliser !

1. Sur le McCormick MTX 110, la boîte de vitesses a un fonctionnement assez particulier, alors soit on la casse après seulement 1 500 heures d’utilisation… soit on lit la notice et on la garde à vie !

2. Deutz-Fahr préconise de vidanger l’huile moteur toutes les 500 heures. L’agriculteur suit la consigne pendant la garantie puis il renouvelle l’huile selon son propre rythme.

Mais quand la machine est désossée, il faut bien aller au bout ! À la base, moi, je n’y connaissais rien. J’ai un BTS en gestion-comptabilité… »

La meilleure panne étant celle qui n’existe pas, avant de réparer, il est encore mieux de ne pas casser. « Tous ces conseils ne valent pas grand-chose si on roule à 40 km/h l’outil relevé sur un chemin en terre. Il faut respecter le matériel et éviter de jouer les Brisefer ! » conclut Grégor. ■

AVRIL-MAI 2024 / Le Magazine / 43 TERRE-NET MÉDIA ADOBE STOCK
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BRÈVES DES CHAMPS

Manitou : MLT 850-145 V+

Avec les 5 t de capacité et les 7,6 m de hauteur de levage de son MLT 850-145 V+, le constructeur d’Ancenis promet un débit de chantier supérieur de 18 % en tonnes par heure par rapport à la concurrence.

JCB : 542-70 Agri Xtra DualTech VT

Cabine XL, niveau sonore de 69 dBA et visibilité accrue grâce au vitrage incurvé monobloc sans joint : le 542-70 Agri Xtra DualTech VT de JCB, fort de ses 4,2 t de capacité et de ses 7 m de hauteur de levage maximale, annonce un confort irréprochable.

TÉLESCOPIQUES

10 as de la manutention

dévoilent leur star en grandes cultures

Weidemann, Manitou, Dieci, JCB, Merlo, Kramer, Bobcat, Massey Ferguson, Claas et New Holland… les 10 principaux constructeurs du marché français (selon le dernier classement Axema) mettent en avant leur modèle phare de télescopique adapté aux exigences d’une exploitation céréalière : grain, paille, transport…

Merlo : Multifarmer

Le Multifarmer de Merlo est le seul télescopique du marché à posséder une prise de force et un relevage arrière trois points. En 136 ou 170 ch, il peut se révéler plus lourd que certains tracteurs de puissance équivalente.

Kramer : KT407

Le KT407 (4 t, 7 m) constitue le produit phare de l’Allemand Kramer. Il représente 80 % des ventes de la marque sur le territoire français. Sa distribution est assurée par le réseau John Deere.

Par JULIEN HEYLIGEN j.heyligen@terre-net-media.fr 44 / Le Magazine / AVRIL-MAI 2024
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En
JCB MANITOU
KRAMER MERLO

Bobcat : TL43-80HF6

La rapidité de sa flèche (6,5 secondes en levée, 5 secondes en descente) et le cumul de débit constituent des atouts de taille pour le TL43-80HF6 de Bobcat, offrant par ailleurs un espace de travail haut de gamme grâce à sa cabine spacieuse.

Claas : Scorpion 741 Varipower

Avec une hauteur de levage de 7 m et une capacité de charge de 4,1 t, le Scorpion 741 Varipower de Claas devrait répondre aux besoins des céréaliers. Le moteur a été conçu pour travailler efficacement à basse température et réduire la consommation.

Dieci : Agri Plus 42.7

Une transmission Vario System et un moteur de 153 ch de puissance, voilà ce qui répond le mieux pour ceux qui cherche à tracter du chariot de paille. Deux caractéristiques que présente l’Agri Plus 42.7 de Dieci.

Massey Ferguson : MF TH.8043

La gamme TH fait les beaux jours de Massey Ferguson depuis quelques années sur le marché des télescopiques. En grandes cultures, préférez le modèle TH.8043 de 4,3 t et 7,5 m de hauteur de levée. De quoi charger à tout va !

New Holland : TH7.42 Elite

Le fleuron de la gamme New Holland, le TH7.42 Elite, offre une précision redoutable grâce à son parallélogramme électrohydraulique primé à l’Eima 2022.

Weidemann : T7035

Le T7035 (3,5 t) et le T7042 (4,2 t) de Weidemann, tous deux dans la catégorie des 7 m, sont respectivement équipés de motorisations de 122 et 136 ch. Pour les plus exigeants, le modèle T9535 entre en jeu (3,5 t, 9,50 m).

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BOBCAT MASSEY FERGUSON NEW HOLLAND WEIDEMANN CLAAS DIECI

Jean :

« […] sénateurs, députés, ministres, conseillers et président. Tous devraient lire cet article pour, a minima, comprendre cette colère qui sommeillait profondément en chacun de nous. »

Nico :

« Le burn-out agricole est là et bien présent. Je propose que tous les exploitants se mettent en arrêt de travail. C’est la meilleure façon de se faire entendre. Après sept jours de carence, la MSA verse des indemnités journalières. Ça pourra aider certains à s’acheter de quoi se nourrir. »

Bouboule :

« Les prix planchers, comme une solution pour que l’agriculture et les agriculteurs aillent mieux. Ils sont en effet indispensables, et il faut taxer tous les produits agricoles étrangers qui rentrent [...] pour qu’ils coûtent plus cher que ceux produits dans notre pays. »

Grrr :

« Mais ces prix planchers ne peuvent être que l’émanation d’un prix de revient collectif. »

JFD :

« Il faut des prix planchers basés sur les coûts de production, [...] Et surtout qui permettent de dégager un salaire décent pour les producteurs. Les coûts de production peuvent être

Prix planchers Un remède au burn-out agricole ?

Marie-Laure Hustache, conseillère en communication spécialisée, est revenue sur la récente mobilisation des agriculteurs. Une crise dont la survenue et l’ampleur étaient prévisibles, selon elle, parce qu’elle peut être assimilée à un burn-out. Ses causes s’avèrent profondes, avec des difficultés concrètes qui émergent et s’accumulent, sources d’un stress et d’une lassitude intenses. Une analyse appréciée des lecteurs de Terre-net pour sa clairvoyance.

calculés pour chaque exploitation par les comptables et envoyés au ministère afin d’établir tous les ans une moyenne et de déterminer un prix minimum et juste du litre de lait ou kilo de viande, que chaque acheteur devra obligatoirement respecter, et réajusté en fin d’année s’il y a eu trop d’inflation. »

Moi-même :

« Il faut voir les conditions d’application, je crains que l’amont et l’aval se collent aux prix planchers sans aucune évolution possible par la suite. »

« Les coûts de production, très variables en fonction des États [...], risquent de compliquer le calcul du prix plancher » JFD

Jean :

« Un coup fumant, des mesures qui n’en seront pas vraiment en réalité, soit de la com’, encore de la com’, que de la com’ ! Les prix planchers, ça va être quoi ? 100 €/t de blé, 150 €/1 000 L lait, 2 €/kg de carcasse de viande bovine et 1,50 €/kg vif de broutard ?? »

Paco85 :

« Des prix planchers européens. »

Maxens :

« La solution ne peut être que francofrançaise. Jamais les pays européens n’accepteront que les productions agricoles soient payées moins cher chez eux qu’elles le sont chez nous. »

Merco :

« Impossible d’instaurer des prix planchers [...] : pour qu’ils satisfassent tout le monde, il faut qu’ils couvrent les coûts de production de tout le monde. Or, ceux-ci diffèrent d’une exploitation à l’autre. Alors avec un même prix plancher, vous pouvez gagner votre vie, et pas votre voisin ! »

Total64 :

« Les prix plancher ne pourront jamais s’appliquer, c’est évident ! À la place, je suggère aux pouvoirs publics une surcote plancher. Par exemple, avec un cours du blé à 200 €/t, le producteur toucherait une compensation de l’État de 100 € pour atteindre le prix de revient national moyen. »

Maxens :

« [..] je préconise plutôt d’interdire l’entrée [...] de produits qui ne respectent pas nos normes, ou de rétablir l’équilibre avec une TVA sociale et carbonée qui augmente le coût et l’empreinte écologique des importations. » ■

Par CÉLINE CLÉMENT ceclement@terre-net-media.fr 46 / Le Magazine / AVRIL-MAI 2024 BRÈVES DES CHAMPS Paroles de lecteurs

DES CHAMPS

CULTURES DE DIVERSIFICATION

Développement modeste des protéines végétales

Soutenues par les aides publiques, les cultures de diversification, riches en protéines ou présentant un fort intérêt agro-environnemental, ne connaissent pas l’essor espéré.

Elles souffrent d’un déficit de compétitivité et de débouchés peu rémunérateurs, souligne une étude commandée par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire.

Le ministère de l’Agriculture souhaite pousser le développement des cultures de diversification, mais des freins demeurent dans la valorisation de ces produits et de leurs coproduits. La demande est pourtant présente, entre l’attrait croissant pour les produits riches en protéines végétales dans l’alimentation humaine et animale, le développement de filières « origine France », « garanties sans OGM » avec une empreinte environnementale réduite, et le verdissement progressif des aides de la Pac qui incite les agriculteurs à varier leurs rotations. Cependant, le déficit de compétitivité de ces cultures constitue une difficulté importante, identifiée par la société de conseil Ceresco dans le cadre d’une étude diligentée par le ministre de l’Agriculture. En dehors du colza et du tournesol, les cultures riches en protéines, confrontées à des freins techniques, économiques et logistiques, ne représentent que 6 % de la surface agricole utile. « Difficulté à produire du soja sans irrigation, manque de diversité génétique en lentilles et pois chiches, difficile gestion des ravageurs en l’absence de produits phytosanitaires suffisamment efficaces, etc. Ces freins sont renforcés par le réchauffement climatique, qui accentue les stress hydriques et thermiques, tout en créant des conditions plus favorables aux ravageurs », liste une note du Centre d’études et de prospective (CEP) du ministère de l’Agriculture, faisant suite à l’étude.

Un manque d’infrastructures spécifiques

En parallèle, les prix de vente ne compensent pas les rendements plus faibles, et les infrastructures spécifiques pour la transformation de ces produits manquent dans de nombreuses zones. « Ces productions sont

donc souvent prises dans un cercle vicieux : les quantités disponibles sont insuffisantes pour atteindre les volumes critiques aux différentes échelles (locale, régionale, nationale), qui permettraient de rentabiliser les activités de chacun des maillons de la chaîne de valeur. De ce fait, les infrastructures et la recherche amont et aval ne se développent pas », explique le CEP. Les débouchés créateurs de valeur, comme l’alimentation humaine, sont aujourd’hui peu développés pour ces cultures qui ne trouvent pas, dans les débouchés traditionnels de l’alimentation animale ou de l’exportation sous forme brute, une rémunération suffisante. Sans compter que si l’augmentation des surfaces suit la trajectoire souhaitée par le ministère, les experts estiment que l’offre sera plus importante que la demande sur les marchés les plus rémunérateurs. « Par conséquent, en 2035, les volumes et la part de produits bruts orientés vers la nutrition animale augmenteraient fortement et représenteraient plus de 80 % des surfaces de cultures de diversification », indique le CEP. Dans ces conditions, on

Des freins techniques, logistiques et économiques limitent le développement des cultures de diversification riches en protéines en France.

peut prédire que les objectifs d’augmentation des surfaces cultivées ne seront pas remplis…

Cinq pistes de travail

L’étude a cependant identifié cinq pistes de travail pour favoriser une meilleure rémunération : élever la concentration en protéines des produits issus de légumineuses ; mieux valoriser l’huile de soja, vu la forte croissance des volumes à venir (développer le raffinage, l’incorporer dans l’industrie, production de vitamine E…) ; progresser sur la conservation et la logistique des protéines fourragères (solutions de séchage, optimisation de la mise en marché…), car la filière déshydratation ne pourra pas absorber l’afflux de légumineuses fourragères à venir d’ici 2035 ; mieux valoriser les coproduits des plantes à fibres (lin et chanvre) ; et améliorer l’extraction des métabolites secondaires, molécules synthétisées par les organismes végétaux et utilisées dans l’industrie. Aujourd’hui, les coûts d’extraction sont élevés, la mise en marché est complexe et des volumes minimums sont nécessaires. ■

Par DELPHINE JEANNE djeanne@terre-net-media.fr AVRIL-MAI 2024 / Le Magazine / 47 BRÈVES
Éclairage
ADOBE STOCK

Le poids croissant de la Russie sur le marché mondial du blé influence les flux français vers certains de ses clients historiques comme l’Égypte, l’Algérie ou même d’Espagne, par effet domino.

MARCHÉ DES CÉRÉALES

La menace russe pèse sur les marchés à l’export des blés français

Depuis quelques années et d’autant plus depuis le début de la guerre en Ukraine, la Russie assoit sa mainmise sur le marché mondial des céréales. Entre volumes massifs exportés à très bas prix, guerre d’influence et effet domino, quel est l’impact de son offensive exportatrice sur les échanges de blé entre la France et ses clients historiques ?

«

Il ne faut pas se tromper d’adversaire dans nos batailles sur le commerce international : on parle beaucoup de l’Ukraine en ce moment, mais c’est vraiment la Russie, le facteur numéro un “distorsif” des marchés ! » lançait le 20 mars Philippe Heusèle, président des relations internationales d’Intercéréales, au terme d’une matinée d’échanges organisée par l’interprofession sur le thème de « La filière céréalière française face à la menace russe ». Car le pays a accentué sa présence chez les clients habituels des céréales françaises. Notamment en Égypte, où la domination historique de l’URSS puis de la Russie pour l’approvisionnement de blé s’affirme avec la guerre et l’effacement de l’Ukraine,

qui s’est retrouvée incapable de livrer des vraquiers Panamax (entre 60 000 et 80 000 t). Si bien que pour la campagne de commercialisation en cours, la Russie représentait mi-mars 66 % des achats égyptiens de blé et l’Ukraine 14 %, contre respectivement 44 % et 30 % en 20212022. Cela dit, l’Ukraine tend à « redevenir très compétitive en termes de prix et de conditions de crédits sur le marché des privés », note Roland Guiragossian, responsable du bureau du Caire d’Intercéréales.

Bien qu’acheteur historique de blé français, l’Égypte en a importé des volumes très variables ces dernières campagnes : 315 000 t en 2020-2021, 345 000 t en 20212022 et 922 000 t en 2022-2023. « Dans

Par LAURE SAUVAGE lsauvage@terre-net-media.fr
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Le saviez-vous ?
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PIXABAY/ADOBESTOCK (MONTAGE TERRE-NET MÉDIA)

les appels d’offres du Gasc1, l’origine est notifiée », reprend l’expert. Et comme le pays tient à diversifier ses fournisseurs pour assurer sa sécurité alimentaire, « le blé français peut se positionner quand le russe est trop cher ». Il reste malgré tout désavantagé sur la question du fret : « les bateaux provenant de Novorossiisk mettent deux fois moins de temps à arriver aux ports égyptiens que les bateaux français » Et l’origine mer Noire demeure beaucoup plus compétitive sur le marché des privés, en quête de plus petits chargements à cause du manque de devises.

La percée russe s’est consolidée en Algérie

Cap vers l’Algérie, « client historique de la France progressivement sorti de notre giron », mais aussi partenaire politique de longue date de la Russie – elle constitue son premier acheteur africain d’armes. Là aussi, la percée céréalière s’est consolidée par les volumes : alors qu’elle n’y exportait pas de blé avant 2021-2022, la Russie représentait 40 % des achats algériens sur 2023-2024 fin février, avec 1,6 million de tonnes (Mt) exportées. Elle a pris une bonne partie de la part de marché française, qui avoisinait les 85-90 % à certaines périodes mais chute depuis quatre ans. La France a exporté 5,6 Mt de blé tendre vers l’Algérie en 2019-2020, puis entre 1,8 et 1,9 Mt sur les trois campagnes suivantes. Sur 2023-2024, après « une première partie de campagne compliquée », les expéditions atteignent aujourd’hui 1 Mt. Pour Roland Guiragossian, nous risquons d’avoir du mal à retrouver notre influence sur ce marché à cause d’un relèvement du cahier des charges algérien. « Dans les conditions actuelles, on ne se bat pas avec les mêmes armes, à moins d’être performants niveaux prix », indique-t-il.

La Russie renforce aussi ses liens politiques avec l’Arabie saoudite, surtout autour de la question du pétrole, les deux parties ayant intérêt à s’accorder sur la limitation de la production pour maintenir des prix élevés. Une bonne entente qui a mené le pays du golfe Persique à ouvrir

1 L’autorité générale égyptienne pour la fourniture de matières premières.

son cahier des charges aux blés de la mer Noire, et les importations de blé russe à s’envoler : 0 % de part de marché en 20182019 et plus de 80 % cette campagne ! « La Russie a quasiment remplacé les pays d’Europe du Nord », passés de 90 % à moins de 20 % des imports saoudiens. Quant à la France, sa part s’est réduite à peau de chagrin alors qu’elle tournait autour des 20 % en 2017-2018. Et l’appel d’offres saoudien étant « basé sur des bateaux de 60 000 t », le blocage des ports ukrainiens au début de la guerre a, comme en Égypte, permis aux blés russes de se substituer à ceux d’origine ukrainienne.

Des prises de risques russes en Tunisie

La Russie s’est aussi substituée à l’Ukraine dans les achats de blé de la Tunisie : 80 % de part de marché en 2019-2020 pour l’Ukraine, contre 5 % en 2022-2023, moins de 5 % en 2019-2020 pour la Russie, contre 30 % en 2022-2023. Yann Lebeau, responsable de bureau d’Intercéréales pour cette zone, souligne la prise de risque des Russes sur ce marché : « Lors des appels

Deux marchés achètent du blé en Égypte : l’office
national Gasc, « principal client de la France », et le marché des privés

d’offres publics, quand il n’y a plus de financements par des bailleurs de fonds internationaux avec des garanties, il n’y a plus que trois ou quatre sociétés qui proposent des offres… dont deux-trois russes, dont certaines ne demandent pas de garanties sur lettres de crédit. C’est très risqué ! » La France, malgré une petite remontée de ses exportations en 2022-2023 avec 10 % de part de marché et 160 000 t, a très peu exporté cette campagne en Tunisie. Ses blés sont peu compétitifs face à l’agressivité des blés russes, et « on n’a pas forcément envie d’y aller à cause de cette question des garanties bancaires », ajoute Yann Lebeau.

Quid du Maroc ? Là, « la France a encore la cote grâce à une vraie adéquation entre matière première et produits finis ». La

part de marché du blé français a bondi depuis 2020. Sur la première moitié de campagne 2023-2024, elle dépassait 50 % et 2 Mt. Et on assiste à un « retour vers le beau fixe des relations diplomatiques, ce qui favorise le commerce ». Si les imports marocains de blés ukrainien et russe se sont effondrés au début de la guerre, les opérateurs se sont intéressés aux prix bas russes sur 2022-2023, nuance Yann Lebeau : « c’est tellement compliqué administrativement que beaucoup n’y vont pas, mais certains ont trouvé des arrangements », via des changements de propriété du blé quand le navire passe le Bosphore.

La donne semble se modifier : « depuis janvier dernier, pas un gramme de blé russe n’est entré » et « on s’attend à un retour de l’Ukraine ».

Une « guerre d’influence » en Afrique subsaharienne

Les volumes de blé russe expédiés en Afrique subsaharienne ont de leur côté dégringolé alors qu’ils étaient importants les cinq années précédentes. « Certains gros opérateurs peuvent payer parce qu’ils ont pignon sur rue à Singapour ou à Dubaï », mais les plus petits, plus nombreux, ne s’y risquent pas de crainte de « se faire blacklister par une banque européenne parce qu’ils ont acheté du blé russe », détaille le spécialiste. La France maintient une « bonne performance » avec 30 à 35 % de part de marché. Plutôt que par les volumes, c’est par la propagande que la Russie entend développer son influence dans cette zone. « Elle veut être le chantre du combat contre le néocolonialisme occidental, et notamment français […] Elle a besoin de consolider les relations avec certains hommes politiques forts de la région, et après de s’acheter une virginité visà-vis du peuple », explique Yann Labeau. C’est dans ce cadre qu’à l’été 2023, Poutine a annoncé donner 200 000 t de blé à six pays africains. Mais en réalité, « don à la junte, oui, à la population non », résume l’expert. Au Mali, les 25 000 t offertes par la Russie ont été vendues de force par l’État aux meuniers maliens avec une décote de 15 à 20 €/t, quitte à mettre à mal leur trésorerie, avant que la farine soit revendue à la population. ■

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