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Oùpart le blé produit en France ?

Premier pays producteur et exportateur de blé tendre en Europe, la France vend plus de la moitié de sa récolte à l’export. Les débouchés sont diversifiés et varient en fonction des années. Meunerie, alimentation du bétail, alcool… quelles sont les destinations du blé cultivé dans l’Hexagone ?

Le blé cultivé en France se destine principalement à l’export – plus d’une tonne sur deux. Mais ce qu’on connaît moins, c’est où part exactement la récolte…

1Un export supérieur à la consommation intérieure

La production tourne en moyenne autour de 37 millions de tonnes (Mt). La part qui reste sur le marché intérieur représente environ 15 Mt, le reste étant vendu à l’export. Sur ce volume, la partie consommée par les Français équivaut à 9 Mt, un chiffre qui regroupe les activités de meunerie, d’amidonnerie, de glutennerie, de biscuiterie, de malterie et d’alcool. L’autre part, soit environ 6 à 7 Mt, s’oriente plutôt vers la fabrication d’aliments pour animaux. Chaque année, les quantités partant vers les usines agroalimentaires demeurent globalement stables. C’est surtout la part destinée à l’alimentation animale qui a tendance à varier, notamment en fonction des cours des récoltes agricoles. La quantité de blé vouée à l’export s’avère généralement supérieure à la consommation intérieure. En moyenne, entre 16 et 20 Mt alimentent le marché mondial. Entre 8 et 9 Mt ravitaillent nos voisins européens, essentiellement l’Espagne, l’Italie, la Belgique et les Pays-Bas. Pour deux tiers, il s’agit de blés fourragers.

2L’Égypte, parmi nos principaux acheteurs

Quant aux pays tiers, ils représentent un débouché pour 8 à 12 Mt de blé tricolore. Les destinations sont très diverses et les ventes variables selon les années. Seule certitude : il s’agit presque exclusivement de blé de qualité meunière. Environ 5 Mt sont envoyées vers le Maghreb (Algérie, Maroc…) et l’Afrique de l’Ouest, soit quasiment autant que la quantité destinée à la meunerie française. L’Égypte est l’un des principaux acheteurs à l’échelle mondiale, elle constitue donc un client pour la production française. Certains pays comme cette dernière et l’Algérie bénéficient d’un organisme étatique chargé d’acheter la céréale et ensuite de fournir les moulins. Les cahiers des charges assez stricts écartent pour le moment la plupart des blés russes et ukrainiens, en raison des exigences attendues sur la qualité et, par exemple, sur les dommages dus aux insectes. Notons que le blé français peut parfois toucher des destinations plus lointaines, comme Cuba, le Yémen ou encore la Chine.

3La meunerie privilégie les blés label rouge, CRC, filière durable ou bio Sur le marché intérieur, l’alimentation humaine a des attentes centrées sur les variétés, la teneur en protéines, ainsi que l’homogénéité. Certains meuniers privilégient la variété, là où les amidonniers s’intéressent plutôt à l’homogénéité des lots. À l’export, assurer l’homogénéité en termes de qualité et de livraison reste primordial, d’autant que souvent, les industriels n’ont pas de grandes capacités de stockage. Pour répondre aux exigences des consommateurs, les meuniers recherchent du blé ayant reçu moins d’insecticides de stockage, issu de filières tracées aux cahiers des charges reconnus type label rouge, CRC, filière durable ou bio. Le caractère local de la production entre également en ligne de compte. Avantage donc au blé français, qui n’a pas de concurrent sur ce critère. Le risque est plus de voir la qualité devenir le standard de marché, ce qui ferait perdre sa valeur ajoutée au blé hexagonal.

L’AVIS DE L’EXPERT

Adèle Dridi, chargée d’études économiques sur les marchés céréaliers français pour FranceAgriMer

45 % du blé exporté est à destination de l’UE

« Sur le marché national, les principaux débouchés du blé tendre sont la nutrition animale et la meunerie, soit deux tiers des utilisations intérieures. Les autres usages sont l’amidonnerie/glutennerie (18 %) et l’éthanolerie (11 %). Depuis quelques années, les incorporations de blé dans l’alimentation animale sont en recul, à cause du prix très élevé des céréales, en lien avec la crise du Covid-19 suivi de la guerre en Ukraine. Sans oublier la décapitalisation des élevages français. Par ailleurs, l’utilisation de blé par la meunerie française s’effrite à cause du repli de la consommation de pain et du nombre de meuniers, dont les marges se dégradent. À périmètre européen, les exportations constituent le débouché majeur de notre blé, soit plus de la moitié de la collecte en moyenne. Les ventes vers l’UE représentent environ 45 % du total exporté. Nos principaux acheteurs sont le Benelux (qui en absorbe plus de la moitié) et l’Espagne. La part des pays tiers domine dans les exportations françaises, y compris pour la campagne 2022-2023 encore en cours. Nos premiers clients sont le Maghreb et l’Afrique subsaharienne, avec une émergence de la Chine ces dernières années. Depuis que l’Algérie a assoupli ses normes sanitaires à l’importation, la part de blé français est en recul au profit des origines mer Noire, plus compétitives. Cependant, les liens de confiance entre les filières française et africaine, ainsi que la bonne qualité du blé hexagonal, permettent de conserver le dynamisme des exportations vers cette zone. »

Du côté de l’alimentation animale, les attentes concernent en premier lieu le prix. Les fabricants formulant des aliments les moins chers possibles, le taux d’incorporation de blé dépend du prix des autres céréales telles que l’orge fourragère et le maïs. La substitution est assez facile, ce qui explique la variabilité du débouché mis en concurrence avec l’orge et le maïs. Pour l’export intracommunautaire, les deux tiers de la quantité vendue sont destinés à l’alimentation animale. D’où le fait que les acheteurs visent le prix bas. Un des plus gros concurrents sur ce segment se révèle être le maïs en provenance de la mer Noire.

4La concurrence se développe

La part du blé destinée à l’export est généralement supérieure à la consommation intérieure. Elle s’élève en moyenne entre 16 et 20 Mt, dont 8 à 9 Mt partent sur le marché communautaire, vers des pays limitrophes, essentiellement l’Espagne, l’Italie, la Belgique et les Pays-Bas.

Vers les pays tiers, les attentes varient en fonction de la destination. Les achats sont réalisés différemment selon qui achète : acquéreurs privés ou étatiques. La concurrence vers ces destinations provient surtout de Russie et d’Ukraine, mais le nord de l’Union européenne peut aussi être considéré comme un concurrent. Depuis dix ans, les producteurs autour de la mer Noire ont bien progressé. Leur développement agricole et logistique a été très fort. Qualité du produit, ports, capacité de stockage… leur niveau de production a fait un saut, de même que les exportations. Avant la guerre, la Russie concurrençait la production de blé française. Soulignons cependant que la France reste parmi les plus gros producteurs mondiaux, avec près d’un hectare sur six consacré à la culture du blé. ■

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