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Les fabricants face au défi des CMR2

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METAREX® DUO

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La classification en CMR2 (dangereux pour la santé humaine) des anti-limaces contenant 3 % ou plus de métaldéhyde impose aux fabricants d’accélérer la transition vers les produits de biocontrôle. La qualité de ceux-ci semble toutefois très hétérogène.

Depuis octobre 2021, la réglementation est plus contraignante pour l’emploi des anti-limaces traditionnels, c’est-à-dire ceux contenant 3 % ou plus de métaldéhyde. Ils sont classés comme cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction de catégorie 2 (CMR2). Autrement dit, ils présentent un risque pour la santé humaine. À chaque kilo d’anti-limace vendu, une Redevance pollution diffuse (RPD) est désormais appliquée, ce qui entraîne une augmentation pour l’agriculteur du coût/hectare. Par ailleurs, ceux-ci ont l’obligation de stocker ces produits dans un local phyto fermé à clé, sur étagère, bien identifiés et séparés des autres produits. Pas facile, donc, pour tous ceux qui les achètent durant la morte-saison afin de payer moins cher et qui doivent trouver une solution pour stocker 300 à 500 kg pendant plusieurs mois… Vers du produit hybride pour contourner la réglementation Pour éviter de voir leurs clients agriculteurs se détourner de leurs produits, une course s’est engagée entre fabricants d’anti-limaces. De Sangosse, le leader du marché, a trouvé une solution lui permettant de contourner les exigences en vigueur : il propose un produit hybride contenant deux matières actives, du métaldéhyde et du sulfate ferrique à seulement 1 %. En passant en dessous du radar des 3 %, ce produit breveté s’affranchit des contraintes réglementaires et peut ainsi grignoter des parts de marché importantes.

Il y a cinq ans, les métaldéhydes représentaient 86 % des hectares traités en France. Les produits de biocontrôle (sulfate ferrique) représentaient le reste, c’est-à-dire 14 %. Depuis, les métaldéhydes ont chuté à 40 %, une part qui devrait encore diminuer dans les années à venir.

Restaurer l’image des produits de biocontrôle

« Les produits de biocontrôle, parallèlement, poursuivent leur progression. Ils représentent actuellement un peu plus du tiers du marché et pourraient atteindre 50 % des surfaces traitées d’ici deux ans », veut croire Pierre Olçomendy, chef du marché anti-limaces chez De Sangosse. « Compte tenu des contraintes sur les métaldéhydes, beaucoup de firmes se sont tournées vers les solutions à base de sulfate ferrique, et leur niveau d’efficacité est parfois très bas », peste-t-il. Sous-entendu, les concurrents vont ruiner le marché avec des produits qui ne sont pas à la hauteur et qui nuiront à l’image du biocontrôle.

Contrairement à celle des produits dits conventionnels, la matière active des produits de biocontrôle n’agit pas sur les cellules produisant du mucus, mais sur les glandes digestives. Les limaces peuvent ainsi consommer plusieurs granulés sans s’en rendre compte. Conséquence : une surconsommation par certaines et d’autres

ÊTRE CLASSÉ CMR2… QUELLES IMPLICATIONS ?

Sur le marché des anti-limaces, les règles européennes ont changé. Depuis mars 2020, les solutions dont la concentration en métaldéhyde s’avère supérieure ou égale à 3 % se retrouvent classées comme cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction (CMR2). Jusqu’à présent, elles étaient non classées. La décision a des impacts non seulement économiques, mais aussi en termes de stockage et d’utilisation. Le classement en CMR2 nécessite en effet d’avoir une zone spécifique dans le local de stockage des produits phytosanitaires. Les CMR2 sont en outre soumis à la Redevance pour pollution diffuse (RPD). Le métaldéhyde a, depuis janvier 2021, fait son entrée sur la liste des substances soumises à cette taxe. Les agriculteurs se retrouvent donc avec un supplément à payer estimé aujourd’hui à 9 €/kg de substance active, selon Pierre Olçomendy, chef du marché anti-limaces chez De Sangosse. Soit 0,45 €/kg d’anti-limace pour un produit affichant une concentration de 5 % de métaldéhyde. Pour un produit épandu à 4 kg/ha, la RPD s’élèverait alors à 1,80 €/ha. Pour un produit coûtant autour de 13 €/ha, le coût passe à environ 15 €/ha. Autre changement : le délai d’entrée des personnes dans les parcelles traitées s’allonge. Il passe de six à quarante-huit heures. Enfin, l’utilisation de produits contenant au moins 3 % de métaldéhyde doit être consignée dans le document unique d’évaluation des risques. D’après les articles R. 4412-59 à R. 4412-93 du Code du travail, l’employeur doit essayer de remplacer les produits CMR par d’autres moins dangereux.

qui n’y ont pas accès. Pour l’agriculteur, le résultat observé est le manque d’efficacité, aboutissant à une image négative du produit de biocontrôle. De Sangosse propose une solution permettant d’éviter la

SPANDO : ÉVITER LA CASSE POUR CONSERVER L’EFFICACITÉ

Les granulés d’anti-limaces cassés à l’épandage sont plus sensibles à la désagrégation précoce, du fait de la rosée ou de la pluie. Or le granulé étant un appât, il perd son efficacité s’il est détruit. Des travaux de l’Inrae ont montré que l’épandage avec un outil classique de type Delimbe entraînait la casse de 30 et 70 % des granulés, selon leur qualité. D’où la naissance de l’outil Spando, développé grâce à un partenariat entre l’Inrae et De Sangosse. Ce dispositif breveté gère deux nappes d’épandage (une à droite et une à gauche) à l’aide de deux tubes d’alimentation et d’un seul disque. La prise en pale des granulés est déterminante pour limiter la casse. La technologie a fait chuter le taux de cette dernière à seulement 5 %. La variabilité de la dose, quant à elle, n’excède pas 5 à 10 % sur la largeur de travail. Soit une performance équivalente à celle d’un épandeur classique. Le modèle Spando reçoit en outre le DPAE, ce qui adapte le débit à la vitesse du quad. Il accueille aussi un troisième tube alimentant un second disque installé sous le principal. Son objectif est d’épandre surconsommation des appâts. « Avec un granulé, on contrôle trois ou quatre limaces », affirme le chef de marché, certain que le fameux « Ironmax Pro » a de quoi restaurer l’image des anti-limaces de biocontrôle. ■ en bordure de parcelle, une fonction intéressante en termes de gestion des zones de non-traitement. Enfin, l’outil gagne en polyvalence puisqu’il peut également servir à semer les couverts végétaux. En y installant la trémie Emix, il bénéficie de déflecteurs servant à mélanger les semences et les granulés anti-limaces, le tout sans que l’opérateur entre en contact avec le produit. Le mélange s’effectue grâce à la gravité, ce qui, là encore, n’entraîne pas de casse.

Case IH : des concessionnaires en formation

Durant six semaines, à l’usine de tracteurs de Saint-Valentin, en Autriche, Case IH a formé son réseau de concessionnaires européens, soit 1 400 personnes venues de 25 pays. Était également présent le contingent du Moyen-Orient, d’Afrique, de la CEI et de la région Asie-Pacifique. L’objectif était de former les distributeurs aux nouvelles machines dévoilées lors de la convention Trust the Red qui s’est tenue en mars à Madrid. Pour cela, le constructeur a organisé des ateliers pratiques afin que tous puissent examiner les fonctionnalités des matériels.

Décarbonation : comment diminuer l’impact du matériel agricole ?

L’agriculture émet 21 % des gaz à effet de serre (Ges) dans l’Hexagone, composés à 45 % de méthane (issu essentiellement de l’élevage), à 42 % de protoxyde d’azote (engrais azotés, effluents d’élevage et résidus de cultures) et à 13 % de carbone lié aux émissions polluantes des moteurs thermiques des engins agricoles. Ce sont les chiffres communiqués lors de la Convention nationale des agroéquipements organisée par Axema et le Sedima.

MACHINISME

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