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APRÈS LA PLUIE VIENT LE VENTA

L’unique semoir ef cace sur tout type de sol, même non ressuyé à 100% Dégagement de 35 cm entre le rang avant et arrière. Possibilité d’allégement de 100 % de la pression des éléments semeurs. Recul de la roulette pour un meilleur passage en conditions humides.

sortie de l’insecticide phosmet (Boravi). « Mais pour obtenir des variétés très résistantes en allant chercher des ressources génétiques lointaines, il faut compter dix ans de travail minimum », avertit David Gouache. L’idée est d’identifier quelles sont les espèces parentes ou cousines du colza qui pourraient apporter un gène de tolérance, puis d’introduire celui-ci dans son génome. « Pour cela, il pourrait falloir vingt-cinq ans », complète Clara Simon, de Limagrain, un des leaders sur le marché colza avec un tiers des parts de marché.

Meilleure résistance aux viroses et à l’égrenage

Autre axe d’étude pour les semenciers : l’amélioration de la résistance aux viroses amenées par des vecteurs de type pucerons. Pour l’instant, un peu plus de la moitié des variétés sont résistantes au TuYV, un des trois virus présents sur colza. Ce qui permet de s’affranchir d’une molécule insecticide en évitant la jaunisse. De meilleures résistances aux autres bioagresseurs

Méligèthes sur fleur de colza. L’un des défis de la recherche consiste à trouver une variété résistante à une multitude d’insectes à la fois : charançon du bourgeon terminal, grosse altise, charançon du printemps, méligèthes…

(phoma et hernie de la crucifère, par exemple) sont aussi recherchées.

Les semenciers étudient en outre la résistance au sclérotinia, ce champignon qui conduit à appliquer en préventif un à deux fongicides par an. La firme américaine Corteva (Brevant) a sorti il y a deux ans un hybride de colza d’hiver tolérant à ce champignon, à condition de l’associer, par exemple, à un produit de biocontrôle. Elle en commercialise une nouvelle version pour les semis de l’été à venir, également sur le créneau demi-précoce.

Colza ravagé par le sclérotinia. Les semenciers travaillent activement à la résistance à ce champignon. Corteva (Brevant), qui a sorti il y a deux ans un hybride de colza d’hiver tolérant, en commercialise une nouvelle variété pour le semis de cet été.

D’autres semenciers semblent lui emboîter le pas : Limagrain, RAGT ou Bayer devraient avoir des variétés au catalogue d’ici un ou deux ans. Terres Inovia planche actuellement sur la mise au point de méthodes d’évaluation pour vérifier à quel point ces nouvelles variétés permettront de réduire les traitements fongicides. Corteva, de son côté, travaille aussi à développer la tolérance à la hernie du chou, un pathogène qui se fixe sur les racines de la plante et empêche son développement. Il s’agit là de répondre à une problématique spécifique, puisque la maladie reste cantonnée dans les parcelles bretonnes.

Face aux stress abiotiques, des variétés plus plastiques

Enjeu majeur supplémentaire pour les semenciers : les stress abiotiques, c’est-à-dire provoqués par les aléas météorologiques – fortes variations thermiques, gel, manque d’eau… L’objectif consiste à trouver des variétés plus stables, plus vigoureuses et capables de résister aux carences azotées. En effet, lors de printemps secs, la plante n’est pas capable d’assimiler l’azote apporté. Corteva évalue les variétés les moins gourmandes, capables de moins « décrocher » en situation de manque, mais la firme américaine ne commercialise pas encore ce genre d’hybride. « On essaie d’identifier les variétés se comportant de façon stable dans différents cycles climatiques, du semis à la récolte », développe de son côté Sébastien Châtre, de RAGT. Gelées de printemps ou manque d’eau pendant la floraison, les situations de stress sont plus fréquentes. « Si la période de froid se réduit, et que le printemps démarre plus tôt, le colza n’exprimera pas son rendement ensuite. Et le gel tardif a également un effet sur le rendement, parce qu’il provoque la tombée des fleurs », explique Élodie Batut, de Corteva. Ce que recherchent les semenciers, ce sont des variétés plus « plastiques », c’est-à-dire capables de mieux se comporter quels que soient la situation

L’AVIS DE L’EXPERT

Légumineuses sous couverts de colza dans l’Essonne. Les sélectionneurs cherchent des variétés adaptées à la culture en association. Actuellement, 20 % de la sole française de colza est cultivée en couverts complexes (féverole et deux autres espèces compagnes). De quoi réduire aussi le recours aux herbicides.

Patrick Bagot, directeur d’unité et secrétaire technique du CTPS

« L’évolution du climat impose de prendre un virage très important. Au sud de la diagonale La Rochelle-Verdun, les zones historiques de production de colza ont vu leurs surfaces chuter de moitié en raison de mois de septembre trop secs. Les variétés doivent répondre aux situations climatiques de plus en plus changeantes d’une année à l’autre, ou d’un lieu à un autre. Elles doivent être plus stables. Avec les sélectionneurs, le CTPS [Comité technique permanent de sélection des plantes cultivées] tente de définir comment qualifier la stabilité de performance de rendement des variétés. Les sélectionneurs ajoutent de plus en plus de traits de résilience face aux aléas climatiques dans leurs variétés, à l’image de la vigueur ou de la capacité à surmonter les carences azotées. On a connu pas mal de printemps secs, et l’azote n’est plus assimilable. La prochaine étape sera d’inscrire au catalogue français des variétés plus résistantes face aux carences ; les sélectionneurs y travaillent, c’est un axe de recherche à part entière. Dès lors qu’une variété capable de s’affranchir de tous ces stress sera trouvée, l’agriculteur devrait voir le progrès, surtout au niveau de la stabilité des rendements. Les variétés résilientes à tous types de stress sont un point de passage obligatoire pour continuer à produire du colza d’ici dix ans dans l’Hexagone ! » de stress et l’environnement. « Nous exposons nos variétés en cours de sélection à des conditions agroclimatiques extrêmement diverses sur environ 50 sites en Europe », développe Élodie Batut. Travailler sur la plasticité, revient à empiler certains attributs qui permettront au colza de bien répondre aux agressions : tolérance aux insectes, gène de résistance au TuYV, tolérance au stress azoté (caractère N-Flex), plasticité face aux maladies de tige (phoma, cylindrosporiose) et résistance à l’égrenage.

Des variétés adaptées à la culture en association

La génétique seule ne répondra pas à la problématique de vigueur, « le choix variétal doit être raisonné par rapport à l’itinéraire technique, à la rotation ou aux couverts associés, rappelle Anne Laperche, maître de conférences en génétique et amélioration des plantes à l’Institut Agro Rennes-Angers. Un colza n’a pas forcément les mêmes caractéristiques variétales selon qu’il doit être utilisé en culture pure ou en couverts associés. » Les sélectionneurs cherchent des variétés adaptées à la culture en association. Actuellement, 20 % de la sole française de colza est cultivée en couverts complexes (féverole et deux autres espèces compagnes). De quoi réduire aussi le recours aux herbicides.

Les rendements, priorité n° 1

« Les rendements restent le premier critère de sélection », rappellent cependant les sélectionneurs à l’unisson. À ce propos, ils semblent avoir consenti des investissements importants. « Nous avons des outils de sélection génomique pour prédire les rendements », glisse Élodie Batut. « Les nouvelles générations de variétés n’ont plus rien à voir avec ce que l’on trouvait il y a quelques décennies, constate David Gouache, de Terres Inovia. Un saut méthodologique a été effectué par la plupart des structures. » « On voit bien qu’il y a des rendements qui augmentent, dans les conditions d’essais, abonde Patrick Bagot. De là à dire que cela va

Moisson de colza dans le Maine-et-Loire. « Il y a du potentiel pour accroître encore les rendements, mais ce que l’on ne maîtrise pas, c’est la vitesse et l’intensité du changement climatique, et de certains choix politiques », remarque David Gouache, directeur de recherche chez Terres Inovia.

La teneur en protéine du tourteau de colza constitue un enjeu émergeant, lié à la souveraineté alimentaire. Certains sélectionneurs y travaillent, mais l’engouement reste globalement modéré.

VRAI continuer, c’est compliqué. » Les progrès génétiques de fond s’avèrent un peu masqués par les conséquences sur le terrain du changement climatique. « Il y a donc du potentiel pour accroître encore les rendements, croit savoir David Gouache, mais ce que l’on ne maîtrise pas, c’est la vitesse et l’intensité du changement climatique, et de certains choix politiques. » Et l’on en revient à la problématique insectes, « la plante doit pouvoir supporter les attaques d’altises pour améliorer le rendement », résume Ludovic Grosjean, responsable des services agronomiques de BASF.

➜ Le colza figure parmi les plantes cultivées les plus transformées par le génie génétique. Les plus importants programmes de recherche ont été conduits en Europe de l’Ouest (en particulier en France et en Allemagne) et au Canada. Les modifications successives apportées à la plante oléagineuse ont permis d’accroître les rendements dans des proportions importantes – en France, le rendement moyen du colza est passé de 15 à 20 q/ha à la fin des années 1960 à 40 à 45 q/ha depuis les années 2000 – et d’améliorer les qualités nutritionnelles des graines.

La protéine, un nouvel enjeu à venir Et si la protéine de colza devenait un vrai sujet ? Sa valorisation constitue un enjeu de souveraineté protéique. Actuellement, le tourteau de colza se valorise les trois conditions suivantes :

- être reconnue « distincte, homogène et stable » (DHS), la DHS permet de garantir l’identité de la variété aux utilisateurs, elle est la base de la certification des semences et de la protection des droits de l’obtenteur ;

- apporter une amélioration de valeur agronomique ou d’utilisation, amélioration jugée dans les épreuves VATE (valeur technologique, agronomique et environnementale) ;

- être désignée par une dénomination approuvée conformément aux règles applicables.

➜ La date de semis est importante pour une bonne résistance au stress hydrique.

VRAI FAUX

➜ Pour inscrire une variété au catalogue français des semences, il suffit de déposer un dossier auprès du ministère.

Pour être proposée à l’inscription sur la liste A du catalogue français, une nouvelle variété doit remplir bien chez les ruminants et les porcins, il s’agit désormais de le faire passer sur tous les types d’élevage monogastriques, et notamment en volaille, où il n’a pas le niveau de performance requis d’un point de vue zootechnique. Or ce sont les besoins dictés par les filières qui orientent les choix des firmes semencières. Pour l’instant, « on est toujours un peu dans l’expectative, souffle Fabrice Roux, directeur du développement grandes cultures de Limagrain. Il faut d’abord que le besoin soit clairement défini pour ensuite apporter la bonne réponse. » « Sincèrement, et je ne parle pas que pour nous, la teneur en protéine c’est quelque chose que l’on regarde, mais on n’y met pas beaucoup de moyens. Je ne pense pas que la teneur intrinsèque du tourteau de colza soit aujourd’hui une priorité. On produit d’abord du colza pour en faire de l’huile, il n’est pas sûr que l’acheteur soit d’accord pour valoriser cette protéine, c’est-à-dire sacrifier le rendement », admet Thierry Momont, de KWS et de l’UFS. « On a la meilleure teneur en huile du marché avec quatre variétés à haute teneur », se félicite Élodie Batut, de Corteva. La firme américaine a toutefois développé parallèlement une caractéristique variétale en Amérique du Nord réussissant à accroître le taux de protéine sans diminuer la teneur en huile, en diminuant le taux de fibre. « Cette approche-là permettrait au colza de franchir un cap supplémentaire dans sa capacité à aider la France et l’Europe à réduire leur dépendance au soja », anticipe David Gouache. Corteva entend bien commercialiser d’ici 2027 le 1er hybride à forte teneur en protéines. Des semenciers ont signé des accords avec la firme pour intégrer cette caractéristique particulière à leurs propres variétés. Ces dernières pourraient arriver sur le marché d’ici cinq ans. ■

Une étude a montré que les semis précoces, surtout en sols argileux, sont à même de résister à la sécheresse et aux ravageurs. Et pourtant, l’assèchement touche plus les sols argileux. Y semer son colza dès début août permet d’avoir des plantes plus robustes que celles semées le 30 août.

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