É D I T I O N
I N T E R N A T I O N A L E
LE MAGAZINE DU PROCHE ORIENT ET DU MONDE JUIF Israël 30 sh | France/Belgique 6 € | Suisse 9FS | Canada 15$CA | www.israelmagazine.co.il |
isramagazine
No 239
Décembre 2020 22ème année
Eric Zemmour : Qu'est-ce qu'être Juif ?
n La Nouvelle
Interview exclusive
Alexandre del Valle
Le Virus islamo-fascisant
israelmagazine.co.il
Economie Numérique n Les Kibboutzim s’exportent en Afrique n La Solidarité en période de Covid en Israël Mirit Harari UN EXEMPLE EXCEPTIONNEL n Israël, Vendre son Âme239et| DECEMBRE des Armes DE COURAGE ISRAEL MAGAZINE 2020 | !
VENTES | LOCATIONS | GESTIONS otre appartement Votre
est capital Prenons le temps d’en parler ensemble
BAT YAM TEL AVIV RAMAT GAN
Elisabeth DRAY & Frédéric LAMY Tél: +972 3 527 00 24 info@ecnadlan.com ecnadlan.com
israelmagazine.co.il
ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020 |
3
Certains redoutent moins un blâme qu’un sourire. Proverbe la�n
Édito
L
e Premier ministre, c’est indéniable a retrouvé le sourire, un large sourire et ce n’est pas une image. Alors que la contamination virale s’est énormément dégonflée grace au strict confinement, il semble respirer largement aussi car les secrets et les intrigues qui entouraient ses inculpations sont en voie de se dévoiler au public. Et ce n’est pas très beau à voir, ni à entendre (je parle des enregistrements entre deux pontes judiciaires). Outre que les charges contre B. Netanyahou ont déjà été abandonnées dans deux dossiers, celui de l‘achat de sous-marins allemands et le dossier des actions que Bibi avait revendues avec beaucoup de profit, mais tout à fait légalement, il ressort que la conspiration que nous évoquions avec d’autres journalistes, prend forme, prend vie. Sans entrer dans les détails que vous rapporte par ailleurs Richard Darmon, l’on s’aperçoit que les gendarmes et les voleurs ne sont peut-être pas ceux que l’on croit. Éric Zemmour a répondu à nos questions et il est décidément insaisissable (il a été, paraitil, touché par le Covid) tant physiquement qu’intellectuellement. L’homme par qui le scandale arrive, développe des thèses qui sortent des sentiers battus qui nous paraissent parfois déshonorantes, mais qui obligent à réfléchir, comme celle qui ferait de Pétain le sauveur des Juifs français. On y réfléchit, mais très vite, on abandonne, le cahier des charges étant si lourd, nous souvenant que l’homme avait été condamné à mort puis gracié. Découvrons donc Zemmour ailleurs que dans les grandes envolées télévisuelles, comme redécouvrons notre ami Alexandre Del Valle, le pourfendeur d’un autre mal profond, le fascisme islamiste. Je me suis laisse allé (Ô cela faisait bien longtemps) à écrire pour vous une espèce de Corona fiction* qui se déroule en 2046, 27 ans après Jésus Christ, pardon après l’explosion du Virus. Les grands événements bénéfiques ou maléfiques possèdent cette remarquable vertu de devenir des bornes, des délimitations temporelles. Il y aura désormais ce qui s’est passé avant le Corona et ce qui s’est passé après le Corona, comme le changement, la révolution total du paradigme de l’économie dont vous parle Frank Kalifa.
Une presse gangrenée Une ultime précision, j’ai dû après 22 ans de direction de ce journal, refuser pour la première fois un article d'une journaliste. Je me suis définitivement lassé des allusions vicieuses, des accusations sans fondement de pseudo journalistes de la télévision israélienne, des commentateurs de comptoir qui en savent plus sur le Corona et sur la politique que les spécialistes ; j’ai été par trop accablé par ces manifestants qui accusent le gouvernement de les avoir lâchés alors que lorsque vous creusez un peu, s’il s’avère qu’ils ont été et ils continuent d’être dédommagés. Je me suis fatigué de ces soi-disantes manifs, kermesses anti gouvernementales où la première des consignes était de débrancher son portable pour ne pas être détecté loin de chez soi, ou croisant un malade du Corona. Et bien sûr en position d’être contaminé ou de contaminer. Les mots n’ont plus de valeur. On nous parle sans avoir froid aux yeux, de dictature, de manipulations politiques et la contamination a affecté un élément du magazine, certainement harassé par l’angoisse et l’incertitude. Certains devraient se pencher par la fenêtre du monde afin d’apercevoir ce qu’est vraiment une dictature, ce que sont des policiers américains, russes, ou nos si aimables CRS, sans compter les milices africaines, tous ces gardiens de l’ordre, dont les matraques sont faites dans le même bois que les battes de baseball. On ne peut pas accuser la santé israélienne et prendre ses aises avec les mariages en foule, avec des établissements scolaires ouverts sans accord, (je parle des Orthodoxes) avec des manifestations, quand bizarrement c’est le rose homosexuel qui domine sur les drapeaux (Tel-Aviv oblige). Nous sommes arrivés à ce paradoxe extraordinaire où les pressions de toutes parts pour libérer l’économie viennent des mêmes personnes qui accusent les autorités des soubresauts de la contamination. Il y a cependant, une cruelle ironie, une éclaircie dans ce ciel assombri de discours haineux, de logorrhées virulentes, d’écervellement national. En effet les derniers sondages affirment que si des élections avaient lieu demain, Netanyahou arriverait très largement en tête. Le Premier ministre avait vraiment de bonnes raisons de sourire !
André Darmon | Rédacteur en chef *Elle paraitra finalement dans le prochain magazine
France : 01 86 98 27 27 | Israël : 054 254 45 20 | andredarmon78@gmail.com Abonnez-vous directement sur le site : www.israelmagazine.co.il 4 | ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020
israelmagazine.co.il
J
COMMUNIQUÉ D’ANDRÉ DARMON, DIRECTEUR ET RÉDACTEUR EN CHEF Chers amis, lecteurs et abonnés
Je ne saurai comment exprimer ma gratitude, à vous tous, qui avaient pris fait et cause pour ce magazine, qui fêtera dans un mois ses 22 ans d’existence. Au cœur d’une économie aléatoire, les magasins et les imprimeurs ferment puis ouvrent puis referment leurs portes, et la gestion des magazines est extrêmement difficile, à tel point que nous sommes tout le temps en train d’anticiper les futurs confinements pour que vous puissiez recevoir le magazine dans les meilleures conditions. La crise sanitaire n’est pas terminée, la crise économique perdure et les annonceurs ne publient plus dans les mensuels car comment publier si l’on ne sait pas ce qui va arriver. Comme les mois précédents, je vous encourage toujours à vous réabonner, à abonner des amis, à l’offrir pour des anniversaires, à faire des abonnements de soutien et pour les entreprises à publier car de notre côté rien n’a changé. Depuis 8 mois, votre concours m’a facilité les choses et nous a montré que nous n’étions pas seuls. Les mois qui s’annoncent seront encore difficiles. Le paradoxe dans ces moments difficiles, c’est nous avons l’envie plus forte que jamais que le magazine soit encore meilleur, et je m’y attelle chaque jour, sans relâche avec mes collaborateurs et vous le verrez encore ce mois-ci, avec des articles et interviews concernant Eric Zemmour et Alexandre Del Valle, entre autres. Encore une fois je remercie nos lecteurs, nos abonnés et ceux qui croient dans l’avenir du magazine comme ils ont cru à sa naissance. J’ai toujours eu plaisir à dialoguer avec vous au téléphone ou avec ceux qui viennent me voir en Israël.
André Darmon | Rédacteur en chef
France : 01 86 98 27 27 | Israël : 054 254 45 20 | andredarmon78@gmail.com
Retrouvez-nous bientôt en LIVE sur vos portables et vos tablettes avec l'application ISRAEL MAGAZINE
www.israelmagazine.co.il isramagazine israelmagazine.co.il
ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020 |
5
www.israelmagazine.co.il
Sommaire
Numéro 239
Israël Magazine est édité par les Editions Anaël Siège social 35-37 bd de la Muette, 95140 Garges-les-Gonesse Comptabilité et tout courrier Israël Magazine BP.154 - Tel Aviv - Israël Abonnements et courrier des lecteurs Israël Magazine BP.154 - Tel Aviv - Israël Tél: 00972 54 254 45 20 054-254 45 20 France et International: 0186 98 27 27 Directeur général et Rédacteur en Chef André Darmon : 054-2544520 / 01 86 98 27 27 E.mail: andredarmon78©gmail.com Assistante : 058 554 45 20 Direction financière : Elisabeth Lamy Graphisme & Design : Yeochoua Allia Correspondant du Sud Laurent Darmon : 054-2544522 Secrétaire Anael Darmon-Lévy
Publicité
12 LE PHENOMENE ZEMMOUR
34
magazine, Internet et réseaux sociaux
054-2544520
Contact commercial pour la France
01 86982727
ÌÂÒ¯ÈÙ
054-254 45 20 : ‰¯„‡ Conseillers politiques du rédacteur en Chef : Richard Darmon et Guy Millière Art et culture & Judée Samarie : Yaakov Ben Denoun Communautés juives : YYéhouda Bethléem Bonnes Nouvelles d’Israël : Albert Soued Société israélienne : Noémie Grynberg , Jessica Adjej, Odile Solnika. Ethique juive : Haim Ouizemann Carnets de voyage : André Darmon Grands dossiers et Economie : Elisabeth Lamy Frank Khalifa Tsahal : Yéhouda Bethléem Rencontres israéliennes et Histoire : André Darmon Histoire de la Shoah : Marc-André Chargueraud Archéologie : Hélène Lesman Agenda et tourisme : Yaël Simon Société : Mickael Laustriat, Dahlia Perez Crédits photos : Dover Tsahal, GPO, Reuters, Anaël Darmon, Shutterstock, Freepik Couverture : © New York Times Ont également collaboré à ce numéro: Yéhouda Bethtéem, Yamit Rivka Darmon, Distribution France NMPP - Dépot légal à parution Commission paritaire N°1121105407 Imprimé à Jérusalem pour Israël Distribution Israël : Steimatsky, Yedioth, Tsomet Astarim Distribution Belgique, Canada, Suisse, NMPP/Prestallis Distribution Communautaire France : Serge : 069915 40 16
6 | ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020
20
26
BONNES NOUVELLES D'ISRAEL
ENTRETIEN AVEC ALEXANDRE DEL VALLE
CARMIEL AU CŒUR DE LA GALILEE israelmagazine.co.il
8
ACCORDS ECONOMIQUES AVEC LES EMIRATS
12
LE PHENOMENE ERIC ZEMMOUR
16
LE NOUVEAU PARADIGME ECONOMIQUE NUMERIQUE
20
BONNES NOUVELLES D’ISRAEL
24
LA SOLIDARITE MADE IN ISRAEL
46
24
LA SOLDARITE MADE IN ISRAEL
NETFLIX : RATCHED
26
CARMIEL AU CŒUR DE LA GALILEE
30
NOUVELLES ECONOMIQUES
32
48 42
LE CHIENLIT POLITIQUE EN ISRAEL
34
ALEXANDRE DEL VALLE
LA SHOAH REVISITÉE
38
ISRAEL EXPORTE SES KIBBOUTZIM EN AFRIQUE
MIRIT HARARI LA GRANDE DAME AUX CHEVEUX COURTS
42
KIBBOUTZIM EN AFRIQUE
46
NETFLIX : RATCHED
48
LA SHOAH REVISITEE
50
LE SAVIEZ�VOUS ?
52
56
38 MIRIT HARARI israelmagazine.co.il
JUDAISME ET ETHIQUE ENTRE ÂMES ET ARMES
LA CONQUETE AMOUREUSE
56
ENTRE ÂMES ET ARMES
ISRAEL MAGAZINE 239| DECEMBRE 2020 |
7
ISRAEL MAGAZINE
EL Al et le premier avion ralliant Israël et les Emirats
La Mine des Accords économiques avec les Emirats Arabes Unis par Mickael LAUSTRIAT
15 septembre 2020 : à Washington, sur la pelouse de la Maison Blanche, Israël et deux Etats du Golfe persique (les Emirats arabes unis et le Bahreïn) s’engagent à établir des relations diplomatiques et à mettre en place une coopération économique. C’est une révolution. Quelles retombées économiques peuton espérer de ces accords ? 8 | ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020
T
out a été soigneusement préparé. Le 29 août 2020, le président des Émirats arabes unis (EAU), le cheikh Khalifa ben Zayed Al-Nahyane a abrogé la loi fédérale concernant le boycott d’Israël. Commercer avec l’Etat hébreu est désormais licite: c’est la fin d’un tabou qui cimentait le monde musulman depuis 1948. Il faut dire qu’au fil du temps, il a été sérieusement ébranlé par la paix signée avec l’Egypte en 1979, puis avec la Jordanie en 1995. En tous cas, le 1er septembre, un grand pas en avant a été accompli. Il prend d’abord la forme d’un protocole d’accord (MoU : Memorandum of Understanding) par lequel les banques israéliennes et émiriennes pourront se connecter au réseau SWIFT (Swift for Worldwide Interbank Financial Telecommunication).
Désormais, pour commercer les hommes d’affaires israéliens ou émiratis n'auront plus besoin de créer des sociétés offshores en Europe, à Singapour ou ailleurs. A la demande des EAU, sept groupes de travail ont été créés dans les domaines de la diplomatie, des finances, de la science et de la technologie, du tourisme, de la culture, de l’agriculture, la cyber sécurité, la prévention du terrorisme. Il s’agit, disentils "de permettre aux biens, services et investissements de se développer à travers nos frontières, par l’accueil d’échanges de scientifiques, de cadres, d’étudiants, d’experts universitaires et de chefs religieux et de touristes." Pour y voir ce qu’il en est, le 1er septembre, par 44 °C à l’ombre, une délégation de journalistes israéliens pose pied sur le tarmac d’Abu israelmagazine.co.il
Dhabi : "Nous avons été traités comme des invités d’honneur" écrit l’un d’entre eux, Raphaël Ahren. Dans le terminal, des drapeaux israéliens, américains, émiratis flottent au vent. Le coup d’envoi est donné.
J’investis, tu investis Aussitôt, les grands acteurs de l’économie d’Israël n’attendent pas l’officialisation des accords pour se mettre sur les rangs. Le plus rapide est sans doute l’homme d’affaires israélien, Shlomi Fogel. A la miseptembre, il crée un fonds pour aider les hommes d’affaires des États du Golfe à investir dans des entreprises israéliennes de haute technologie. Fogel, qui est l’un des propriétaires des chantiers navals d’Israël (Israel Shipyards) en profite pour signer un accord de coopération avec Dubaï DP World (Dubaï Ports World), géant de la logistique et des services maritimes basé dans le Golfe. Dans le même temps, on apprend qu’une délégation d’Abou Dhabi a été accueillie en Israël et a rencontré des représentants de 50 entreprises de haute technologie.
Le 16 septembre, la société EL AL
directs depuis Tel-Aviv, qui sont encore un rêve pour l’avenir, mais les Israéliens peuvent désormais acheter officiellement des billets Etihad Airways.
Le 17 septembre, les signataires de
l’accord estiment que le volume d’affaires rendu possible par la normalisation pourrait se situer en 300 et 500 millions de dollars (de 1,1 à 2 milliards de dirhams). Résolument optimistes, les Israéliens avanceront plus tard le chiffre d’un milliard de dollars...
Partenariats stratégiques Le 22 septembre, Amnon Shashoua,
directeur général de la compagnie israélienne Mobileye (leader mondial dans le développement de systèmes de vision par ordinateur et d’intelligence artificielle, d’analyse de données, de localisation et de cartographie pour aider les conducteurs et la conduite autonome) annonce avoir conclu un deal avec Khalaf Ahmad Al Habtoor, président fondateur d’Al Habtoor Group, et signe un accord de partenariat stratégique pour déployer des robotaxis à
Dubaï dans les années à venir. Tout cela est très bien, direz-vous, mais en quoi tout cela peut-il être profitable pour l’Israélien moyen ? D’abord il est évident que ces accords vont générer à moyen terme des emplois en Israël, notamment dans le secteur du tourisme : certains anticipent même des pèlerinages musulmans sur le mont du Temple. Un haut fonctionnaire des Emirats a déclaré: "Nous avons été surpris par le nombre d’appels provenant à la fois d’entreprises israéliennes qui ont acheté des forfaits de voyage et d’individus nous appelant directement [le code pays des EAU est 971] pour se renseigner auprès des hôtels. Nous sommes prêts et serons ravis de les accueillir. Nos médias et réseaux sociaux citent vos reportages télévisés à ce sujet. Je suis sûr que sans le coronavirus, les chiffres seraient beaucoup plus élevés. D’ailleurs, nous sommes sûrs qu’Israël sera parmi les premiers à développer un vaccin." Ainsi, plutôt que de placer ses économies dans une assurance-vie dérisoire, on peut désormais s’intéresser à investir dans les sociétés qui concluent des partenariats avec le Golfe. C’est le cas par exemple de OurCrowd : ce fonds
Amnon Shashoua (Mobil Eye) signe, déjà, avec les Emirats
annonce l’envoi d’un premier avion-cargo vers Dubaï, transportant des produits agricoles et de haute technologie. Il deviendra plus tard un vol hebdomadaire, quittant Israël tous les mercredis et retournant en Israël le vendredi. Initiative favorisée par l’Arabie saoudite, qui – bien que n’ayant aucune relation diplomatique avec l’Etat hébreu – décide d’ouvrir son espace aérien à tous les vols israéliens à destination et en provenance des Émirats arabes unis. Hyper réactive, la compagnie Etihad Airways (le transporteur national d’Abou Dhabi), représentée à Tel-Aviv par Tal Aviation, propose aussitôt pour les Israéliens des vols vers des destinations au Moyen-Orient, en Asie, en Australie et ailleurs, depuis son aéroport d’origine d’Abu Dhabi. Ce ne sont pas des vols israelmagazine.co.il
ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020 |
9
d’investissement (qui gère un portefeuille de 220 start-ups), fondé par Jonathan Medved et basé à Jérusalem, vient de signer un accord avec Phoenix, une plateforme financière de Dubaï, pour intervenir dans divers domaines et trouver des partenaires, notamment dans l’agritech, la santé, l’éducation à distance, la santé, l’intelligence artificielle et la robotique.
Cette photo a fait le tour du monde. Chacune revêtue de son drapeau national, une israélienne (Ronny Gonen) et son amie émiratie (Norah al-Awadhi) interrogent l’avenir devant le Burj Khalifa, le plus haut building de Dubaï – et le plus haut du monde. Crédit photo : ABDULLAH SAMEH HOUSSNY/@DUBAI.UAE.DXB
Faire suivre l’opinion Pour entretenir cette dynamique, pour que se réalise cette symbiose entre nations, les journalistes ont un rôle particulier à jouer. Ahdeya Ahmed al-Sayed, la présidente de l’Association des journalistes de Bahreïn, l’a bien compris, qui déclare : "Pour nous, qui avons une grande responsabilité devant l’opinion, c’est un défi. Nous allons nous efforcer de convaincre le monde arabophone que cette normalisation est quelque chose de positif, et qu’il faut avoir une attitude positive à son égard." Pour éviter toute maladresse, la consultante israélienne Arona Maskil, qui prépare les grands patrons d’Israël aux usages internationaux, rappelle que si leurs homologues des Emirats vivent dans une société multiculturelle et sont à l’aise avec les Occidentaux, l’influence de l’islam est présente dans toutes les interactions quotidiennes. "Pour réussir à naviguer dans les Emirats, et y faire du business, il faut comprendre qu’il n’y a
pas de séparation entre la religion, la vie et les affaires : la religion et les traditions sont partout." Au-delà de leur contenu strictement économique, ces accords inaugurent une réelle révolution dans les rapports entre Israël et le monde arabe – et par-delà, entre les deux monothéismes. Une nouvelle lecture s’invite dans l’actualité
qui nous renvoie à nos sources bibliques: par descendants interposés, tout se passe comme si Ychmaël – sans lequel il n’y aurait pas eu l’Islam – avait décidé de se rapprocher d’Abraham-Ibrahim, son père, le premier patriarche, auquel Israël doit sa religion et son identité. n
Une équipe de Médecins francophones à votre écoute... Suivi Médical personnalisé - Conseils VISITES À DOMICILE ADULTES -ENFANTS
ASHDOD - TEL AVIV - JERUSALEM
053 224 08 41 10 | ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020
israelmagazine.co.il
A VENDRE A RAMAT-GAN Prestigieux Duplex de 5 pièces au 28 et 29ème étage
Au CITY PARK TOWER RAMAT GAN Panorama fabuleux face au Parc Hayarkon
2 parkings Intérieurs Cave - Sécurité 24/24h Salle de Gym et Salon
Tél: 054 397 87 83
israelmagazine.co.il
Tél: 03-560 86 08
ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020 |
11
ISRAEL MAGAZINE
Le Phénomène Eric Zemmour
‘Je suis un Juif berbère’
Israël Magazine a cherché à comprendre le phénomène Eric Zemmour. Comment le petit juif arabe (lui préfère dire “juif berbère”), enfant du décret Crémieux, né le 31 août 1958 à Paris, dont les parents, Roger et Lucette, sont arrivés en métropole durant la guerre d’Algérie, est-il devenu le missile antisystème qui sillonne la France et l’Europe au cours de nombreuses tournées de signatures et conférences? Que représente pour le polémiste son être juif ? Nous sommes allés lui poser la question. Bien amicalement, il nous a répondu.
A
la rentrée 2006, les téléspectateurs de France 2 découvrent sur leur écran, dans le grand show hebdomadaire de Laurent Ruquier, un nouveau visage : Éric Zemmour. Il a du courage, de l’audace, du panache, de l’intelligence. On pourrait résumer ses interven�ons en dix mots : il dit exactement tout ce qu’il ne faut pas dire. Or, quand ce qu’il ne faut pas dire est le des�n d’un peuple, on conçoit que transgresser l’interdit fasse éternuer le siècle, et le décoiffe. Zemmour, jusqu’alors l’auteur de biographies poli�ques sur Chirac et Balladur, allait devenir le polémiste qu’on connait. Cinq ans sur France 2,
12 | ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020
Photo New York Times
Par David Reinharc
huit ans sur Paris Première, neuf ans sur RTL, onze ans sur iTélé : sa présence média�que lui assurera l’immense succès de ses livres où il reprend peu ou prou les thèses de Renaud Camus : la France a toujours assimilé à merveille des individus qui désiraient l’être, elle ne peut pas assimiler des peuples, et encore moins des peuples hos�les, vindica�fs, voire haineux et conquérants. Zemmour parle la langue de l’ancien ami de Duras et Aragon, sor� de la li�érature pour entrer dans le combat poli�que : l’immigra�on est devenue invasion, et l’invasion, submersion migratoire. Car Zemmour est en guerre. Son modèle est Gramsci : il reste persuadé que la bataille poli�que se gagne sur le terrain du langage, du vocabulaire et des idées. Aussi, le polémiste cherche à imposer dans le débat des thèmes marginaux, pour les rendre “radicaux”, puis acceptables. Grand Remplacement et Remigra�on, envahisseurs et envahis, colonisateurs et colonisés, occupants et occupés : les mots ne lui font pas peur.
Évincé de la chaîne I-Télé en 2014, accusé d’avoir déclaré à un journal italien qu’il fallait “déporter” des millions de musulmans français (il sera relaxé en novembre 2018 de ce�e accusa�on). Après le détour par la pub, Zemmour choisit la presse écrite. Ce sera le Quo�dien de Paris en 1986, Le Figaro en 1996, dont il sera écarté par le israelmagazine.co.il
directeur de la rédac�on pour ses propos sur les trafiquants dont “la plupart sont noirs et arabes”. Mais il y a un syndrome lazaréen chez Zemmour : on le croit mort et enterré et mis dans un sépulcre, le revoici revenu à la vie comme si de rien n’était. Il reviendra au quo�dien de droite en 2013, de la même façon qu’il renaîtra de ses cendres après avoir été évincé de la chaîne d’informa�on en con�nu I-Télé en 2014, accusé d’avoir déclaré à un journal italien en octobre qu’il fallait “déporter” des millions de musulmans français (il sera relaxé en novembre 2018 de ce�e accusa�on). En octobre 2019, il reviendra par la grande porte sur l’antenne dont il avait été expulsé avec pertes et fracas. Voué à la détesta�on de ses ennemis en 2019, condamné pour injure et provoca�on à la haine après une diatribe jugée violente sur l’islam et l’immigra�on en septembre lors d’une réunion bap�sée “conven�on de la droite” et organisée par des proches de l’ex-députée du Front na�onal (devenu RN) Marion Maréchal, le voilà, en mai 2020, après avoir été agressé dans la rue, soutenu par le (presque) Tout-Paris, et ce jusqu’au sommet de l’Etat : le président Emmanuel Macron lui téléphonera à la suite de ce�e agression. Il semble bien aujourd’hui qu’Eric Zemmour soit désormais tenté de se lancer dans le jeu poli�que. Il aurait même hésité à figurer sur la liste du Rassemblement na�onal aux dernières européennes. D’après les informa�ons du Point, l’essayiste songerait à se présenter en 2022. Qui se ressemble s’assemble : il travaillerait ainsi, avec le journaliste maurassien Patrick Buisson, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, à “une plateforme d’idées pour la droite, qui se démarque du RN de Marine Le Pen”, écrit l’hebdomadaire. Dans son essai, "Le Venin dans la plume. Édouard Drumont, Éric
Charles Maurras Zemmour" et la part sombre de la République, l’historien Gérard Noiriel établit un parallèle entre le polémiste et l’inventeur de l’an�sémi�sme français. Or Zemmour ce n’est pas Drumont, mais Maurras. Alain Finkielkraut a sans doute raison quand il dit que pour le pamphlétaire, il n’y a que le temporel : “Zemmour aurait été an�-dreyfusard, car la révision de son procès me�ait en péril l’ins�tu�on militaire. Zemmour aurait préféré défendre l’armée, objet de puissance et d’intérêt. Je crois que Zemmour est un esprit totalement maurrassien”. Ce n’est pas un hasard si dans "Le Suicide français", paru en 2014, Eric Zemmour écrit que le gros des résistants à gagner Londres, en 1940, était issu de l’Ac�on française. Répéter que les maurassiens, lecteurs de L’Ac�on française, étaient majoritaires dans le mouvement de résistance gaulliste est un mo�f récurrent à l’extrême droite française, mais c’est surtout une contre-vérité : il y avait bien quelques camelots du roi dans le sillage des premiers résistants gaullistes, à Londres, mais ils étaient loin d’être représenta�fs.
Pétain a sauvé les Juifs français ! Eric Zemmour dixit
ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020 |
13
ISRAEL MAGAZINE
Pour autant, on peut en même temps porter la contradic�on à Zemmour quand il se fait le fer de lance d’une opéra�on douteuse consistant à réhabiliter, par la bande, certains penseurs na�onalistes des années 30 qu’on veut manifestement réintégrer dans le patrimoine du na�onalisme français contemporain, et s’offenser de la cri�que du polémiste quand elle rejoint l’insulte. Zemmour, c’est un fait, nous aide aussi à refaire notre mentalité poli�que, et à penser la complexité du réel. Il faudrait par exemple relire Pierre Boutang, disciple de Charles Maurras, formé à l’école d’Ac�on française, qui écrivait : “Il est certain qu’il n’y a pas d’Europe. L’homme européen ne se trouve pas éminemment en Europe, ou n’y est pas éveillé. Il est, paradoxe et scandale, en Israël. C’est en Israël que l’Europe profonde sera ba�ue, “tournée”, ou gardera, avec son honneur, le droit à durer”. Pour Zemmour, la priorité est que la France retrouve l’es�me de soi, condi�on pour être respecté par
14 | ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020
les autres. Certes l’inten�on est salutaire: on n’intégrera jamais des gens qui n’aiment pas la France dans une France qui ne s’aime pas. Depuis trop longtemps, par naïveté, manque de clairvoyance, déni de réalité, voire collabora�on, croyant sauver ainsi, dans le rapport de force engagé par l’islam, la paix civile et sociale, la classe poli�que n’a cessé de fournir et me�re en place tous les ingrédients, dont la passion de la repentance est une composante essen�elle, qui nous empêchent de comba�re comme il le faudrait ceux qui veulent nous détruire Mais dans son désir d’en finir avec le masochisme occidental, de se retrouver dans une mémoire collec�ve défendable et de me�re en œuvre une thérapie globale de déculpabilisa�on, le polémiste franchit parfois la ligne rouge. Dans Le Suicide français, paru en 2014, le pamphlétaire réhabilite Vichy, soutenant la “thèse du glaive et du bouclier” : De Gaulle et Pétain auraient campé deux stratégies pour défendre, ensemble mais dans des registres différents, la France face à
l’ennemi allemand et nazi. Pétain a sauvé les Juifs français au détriment des Juifs étrangers. Zemmour fait ici l’impasse sur le caractère général et indifférencié des lois modifiant le statut des Juifs, adoptés par Vichy en octobre 1940 puis en juin 1941. Vichy n’a en rien sauvé les Juifs, fautil le rappeler ? La France n’avait pas à livrer les Juifs. Vichy a certes signé un accord selon lequel les Juifs français ne seraient pas déportés. Mais cet accord a été immédiatement violé, et de manière effroyable : 4 000 enfants seront déportés vers les camps de la mort lors de la rafle du Vel d’Hiv. Les meilleurs sen�ments jus�fient les pires déclara�ons : c’est habité par la volonté de sor�r la France de sa rumina�on morose, des tourments du repen�r, et de son sen�ment de culpabilité, que Zemmour affirme en octobre 2014, sur le plateau de “On n’est pas couché”, l’émission de Laurent Ruquier : “Pétain a sauvé les Juifs français!” De la même façon, lorsqu’en 2018, Emmanuel Macron indique que l’État français avait israelmagazine.co.il
instauré un “système” recourant à la “torture” pendant la guerre d’Algérie, reconnaissant la responsabilité de la France dans la dispari�on du mathéma�cien Maurice Audin en 1957, Zemmour, indigné, affirme sur RTL : “Je pense que c’est la longue litanie de nos chefs d’État qui depuis Chirac ba�ent leur coulpe sur le dos du passé, des hommes du passé en faisant repentance du passé de façon assez scandaleuse et je dirai ignominieuse”. L’homme a été marqué par l’histoire de ses parents, qui ont qui�é l’Algérie avec la première vague de rapatriés, passeports français en poche : “la mauvaise conscience” de la France, comme “une plaie jamais cicatrisée”, écrira-t-il.
“Rien aux Juifs en tant que na�on, tout en tant qu’individus”. J’ajouterai la réponse du Sanhédrin à Napoléon en 1806 : les Israélites “s’agrègent au peuple français”. Pour moi la laïcité c’est avant tout le devoir de discré�on des religions. Par delà son ras-le-bol de voir la France ressasser ses abomina�ons passées, au moment même où, face à la barbarie islamiste, elle devrait défendre les fondements de notre civilisa�on, comment expliquer que le Juif qui s’est marié à la synagogue des Tournelles avec Mylène Chichpor�ch, une juriste devenue avocate, et qui israelmagazine.co.il
comme le prescrit la Torah, a deux vaisselles séparées, une pour la viande, l’autre pour le lait, rela�vise le rôle du gouvernement de Pétain dans la déporta�on des Juifs ? Y a-t-il un docteur Eric qui prie à la synagogue, fait les grandes fêtes religieuses, célèbre la bar-mitsva de ses fils, et un docteur Zemmour qui, lui, se retrouve muta�s mutandis sur la même ligne que Charles Maurras, pour qui les quatre “États confédérés”, à savoir : les Juifs, les protestants, les francs-maçons et les étrangers (que Maurras appelait "métèques") représentaient l’an�-France ? Pour mieux comprendre, nous avons demandé à Eric Zemmour ce que signifiait pour lui sa judéité : Il nous semblerait a priori que vous êtes sur la ligne de Clermont-Tonnerre : une judéité privée, mais qui n’aurait pas d’importance dans l’espace public. Eric Zemmour : C’est tout à fait cela: “Rien aux Juifs en tant que na�on, tout en tant qu’individus”. J’ajouterai la réponse du Sanhédrin à Napoléon en 1806 : les Israélites “s’agrègent au peuple français”. Pour moi la laïcité c’est avant tout le devoir de discré�on des religions. Eric Zemmour regre�e la dispari�on de l’israélite. Malheureusement pour lui, il n’y a plus d’Israélites en France. Avec l’épreuve du génocide, l’effort de normalisa�on des Israélites s’est révélé être un pur et simple fiasco. Se proclamer “Juifs”, et non plus “israélites”, comme l’a bien vu Alain Finkielkraut dans Le "Juif imaginaire", c’est refuser de siéger dans le box des accusés, et de répondre à ce rappel à l’ordre d’une exquise courtoisie : “Ne soyez pas vous-même des Juifs, ne vous soutenez pas les uns et les autres, n’exhibez pas vos différences, ne donnez jamais prise aux calomnies de vos détracteurs, car,
alors, vous décevriez ma confiance, et moi, en cas de crise, je ne pourrais plus rien pour vous.’” A l’été 2014, quand des drapeaux rouge, blanc et vert fleurirent dans l’Hexagone autour de la Coupe de monde de football, Eric Zemmour déclara : “On ne peut pas être algérien et français à la fois. Il faut choisir”. Peut-être que pour l’israélite qu’il est, on ne peut pas être Juif et Français à la fois, a�aché à Israël et en même temps, aimant la France. En ce cas, on pense à la phrase de Marc Bloch dans L’étrange défaite : “C’est un pauvre cœur que celui auquel il est interdit de renfermer plus d’une tendresse.” Reste qu’à l’heure où un enseignant, en France, est décapité par un islamiste en pleine rue, en pleine journée, qu’au nom de l’an�racisme, des enfants d’immigrés africains veulent débap�ser des rues et démolir des statues, que les nouveaux arrivants montrent chaque jour davantage qu’ils haïssent la France alors qu’on croyait qu’ils étaient venus la rejoindre, que les Juifs religieux n’osent plus porter la kippa dans tous les quar�ers de France à forte popula�on musulmane, et que dans beaucoup d’ établissements, où des professeurs juifs sont pris à par�e, il n’est plus possible d’enseigner la Shoah, la ques�on qui doit nous tourmenter n’est plus le nazisme allemand défait mais l’islamo-nazisme conquérant. Dans ce�e entreprise, plutôt que de penser à nouveau, frais, le présent, selon ses propres termes, les faiseurs de listes noires redoublent de haine contre Eric Zemmour, le messager de mauvaises nouvelles. Or, force est d’adme�re que le penseur nous aide aussi à renouer le fil pour comprendre ce qui survient.n ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020 |
15
ISRAEL MAGAZINE
ISRAEL, LE NOUVEAU PARAGDIME ÉCONOMIQUE NUMERIQUE Par le Dr Frank Khalifa
Avec la crise sanitaire du COVID-19, la nouvelle économie se trouve confirmée dans sa révolution et son changement de paradigme économique. Le développement de l’économie numérique a impacté l’environnement et les décisions de l’ensemble des agents économiques en bouleversant les modes de production et les modes de consommation. Les relations d’échange, avec des transactions de plus en plus dématérialisées, prennent appui sur le nouveau "business model", alimenté en continu par différents acteurs de l’écosystème du digital, celui des plateformes d’échange.
2 | ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020 16
L’Autorité israélienne de l’Innovation, le ministère national israélien du numérique et le programme national "Israël numérique" renouvellent, pour la cinquième année consécutive, le programme d’incitation GovTech, conçu pour promouvoir les technologies innovantes pour le secteur public.
I
l faut y voir le triomphe de l’économie de l’information et de la connaissance mais aussi, des acteurs qui utilisent l’exploitation des données numériques c’est-à dire le codage des informations pour permettre leur stockage rapide et important au sein des "Big Data". C’est là, le premier pilier de ce nouveau modèle économique, à savoir le pilier technologique, source de nombreuses innovations au niveau des produits (objets connectés, jeux vidéo, ...) mais également des procédés de production (amélioration de la logistique et du service client). Israël, n’a pas attendu ce bouleversement économique et a créé en 2014, Digital Israel, un pilier central de l’infrastructure gouvernementale israélienne pour développer le concept ultra-novateur selon lequel le cyberconsommateur est tout aussi important que l’établissement
de tableaux de bord de gestion au sein des entreprises. En effet, le citoyen israélien est un natif numérique c’est-à dire à l’aise avec la technologie même si 20% des Israéliens ne seraient pas en ligne, pour des raisons d’âge, de condition sociale ou de défi religieux face aux contenus dits impudiques. Le second pilier de ce nouveau paradigme est économique car, il désigne l’apparition de nouveaux secteurs d’activité (services en ligne, e-commerce, m-commerce, v-commerce, services d’hébergement de données), sources d’enrichissement substantiel des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft).
Génération Z Mais, tout cela n’existerait pas sans le troisième pilier socio-relationnel qui israelmagazine.co.il
désigne l’évolution des mentalités et des usages des particuliers qui utilisent davantage et de plus en plus jeunes (les "digital natives" ou "Millénials" ou "génération Y" voire Z), les technologies numériques dans leurs activités quotidiennes pour les loisirs, la culture, la santé, l’éducation, la banque, la communication... ou même la politique. A titre d’exemple très révélateur, les millénials d’Israël, nés avec les accords de paix d’Oslo de 1993, et ayant atteint leur majorité au cours de la deuxième Intifada, ont adopté une ligne plus dure en matière de sécurité et de paix que leurs aînés. Cela n’aurait pas échappé à M. Netanyahu, considérant ces jeunes électeurs comme une clé de voute de sa réélection.
Peut-on parler d’un bouleversement ? Assurément oui ! Les cycles d’innovation se sont accélérés et les entreprises doivent s’adapter rapidement pour rester concurrentielles car, les cyberconsommateurs plébiscitent l’innovation et l’expérience client. L’information n’est plus l’exclusivité des professionnels ! L’expression consacrée est que le cyberconsommateur est "augmenté" par le numérique. Les entreprises des secteurs traditionnels, quant à elles, sont désormais confrontées à la concurrence des "pure players" qui sont les entreprises œuvrant uniquement sur Internet mais aussi à celle des consommateurs qui proposent des biens et des services via des plateformes électroniques (Le Bon coin, Vinted, etc.). Tout cela illustre bien ce que l’on désigné un temps par l’ubérisation de l’économie c’est-à-dire l’affirmation d’un nouveau modèle économique basé sur l’émergence de plateformes digitales mobiles sur lesquelles clients et prestataires peuvent frontalement entrer en contact, le plus souvent gratuitement et en temps réel. israelmagazine.co.il
Quelques plateformes captent aujourd’hui l’essentiel du e-commerce : Amazon, Uber, eBay, Alibaba, Apple ou Google. L’apparition de secteurs d’activité (services en ligne, e-commerce, m-commerce, v-commerce, services d’hébergement de données), sources d’enrichissement substantiel des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft). Mais, le modèle de la plateforme numérique se généralise à la vitesse de propagation du COVID-19 et l’on compte, outre les plateformes d’audience ou de contenus (Google, Spotify, Facebook, Instagram, YouTube, etc.), des plateformes d’échange direct (Le Boncoin, etc.), des plateformes de travail (Télétravail) et des plateformes de financement (KissKissBankBank, Ulule, etc.). A ce titre, la plateforme israélienne Campus-IL, basée dans le même ministère que Digital Israel et plateforme de compétences numériques du pays, a réussi en seulement neuf mois, à rassembler 220.000 membres, hauts fonctionnaires et étudiants universitaires avec plus de 230 cours fin 2019 via des conférences en ligne interactives en solo et des sessions de formation collective (e-learning). Mais, Digital Israel s’est surtout concentrée sur le recrutement de responsables du numérique pour chaque ministère, chargé d’expliquer le côté technologique aux fonctionnaires tout en gardant constamment un œil sur le citoyen lambda. Tout le défi était également de ne pas séparer le gouvernement de l’industrie des technologies de pointe se construisant à l’extérieur au profit de l’accélération de
la croissance économique et de la réduction des écarts socio-économiques. Israël n’est-il pas un leader mondial dans le domaine numérique ?
Israël, le 6ème Gafam ? Ainsi, quelle est la clé du succès de ce nouveau modèle économique ? Nous l’avons déjà esquissé en filigrane : les plateformes sont "multifaces" et collaboratives, c’est-à-dire qu’elles sont des intermédiaires qui mettent en relation deux, voire trois "faces" ou catégories d’utilisateurs. Et surtout, ce qui est absolument révolutionnaire, c’est que la valeur d’une plateforme se mesure à sa capacité à attirer de larges catégories d’utilisateurs, ressources dont elle tire sa richesse, sans pour autant en être propriétaire puisque les données personnelles sont protégées. Ce défi est loin d’être relevé par Israël, nation start-up. A titre d’illustration de nos propos, le 9 septembre 2020, l’accord de fusion à plus de 2 milliards de dollars entre Taboola et Outbrain, deux plateformes de recommandation de contenus fondées en Israël mais basées à New York, avec pour objectif de concurrencer les deux géants américains de la publicité en ligne, Facebook et Google, a été annulé pour cause d’effondrement du marché publicitaire à la suite de la pandémie de Covid-19. Mais cet échec serait dû en fait à "l’adéquation culturelle difficile" entre les deux sociétés et aux freins des régulateurs ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020 |
17
ISRAEL MAGAZINE
britanniques et israéliens malgré le feu vert de l’Oncle Sam.
Les travailleurs du clic Comble de tout cela, les défenseurs du capitalisme voient, dans ce nouveau paradigme, l’amélioration du fonctionnement du marché car la circulation des informations entre les utilisateurs s’en trouve facilitée. La plateforme rend finalement les marchés plus transparents en réduisant les asymétries d’information. De plus, du fait de l’attraction de nouveaux acteurs sur les marchés, elle contribue à l’accroissement de l’offre de produits donc à l’infléchissement des prix tout en améliorant la qualité des produits offerts. La boucle semble fermée: les marchés, ainsi plus concurrentiels, fonctionnent mieux.
Mais voilà, il ne faut pas se voiler la face, nonobstant l’effet négatif sur l’emploi et l’apparition de "travailleurs du clic", peu qualifiés et effectuant, pour le compte de différentes plateformes dédiées, des microtâches faiblement rémunérées, comme la modération de contenus, la vérification de résultats produits par des algorithmes ou la réponse à des sondages en ligne, la plateforme favorise l’émergence de monopoles numériques et de barrières à l’entrée pour de futurs concurrents ce qui finalement mettrait en échec le fonctionnement des marchés si cher aux défenseurs des thèses capitalistes. Néanmoins, grâce à des start-ups remarquables tels que Wibbitz, spécialisée dans la création de vidéos intuitive, technologie prisée par Trip advisor par exemple ; Whale communications, spécialisée dans l’accès à distance sécurisé aux réseaux des organisations internes
et Treepodia, plateforme vidéo pour le commerce en ligne, toutes deux rachetées par Microsoft ; Fring, spécialisée dans les chat vidéo de groupe mobile gratuit et rachetée par Genband ; Designart, spécialisée dans l’augmentation de la capacité mobile sur les réseaux cellulaires et rachetée par Qualcomm et le très connu Waze racheté par Google, Israël, avec une économie numérique qui contribue pour 6,5% au PIB, Israël reste la nation start-up. Plus que cela, beaucoup d’observateurs s’accordent à dire qu’avec cette stratégie d’exportation de ses technologies et de ses start-up, Israël est en train de transposer le modèle de développement supranational des GAFAM à l’échelle d’un pays... devenant tout simplement le sixième GAFAM.n
Des compositions pour toutes vos cérémonies
18 | ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020
israelmagazine.co.il
Votre patrimoine grandit
chaque jour en toute sérénité ! Vente • Locations • Investissement • Gestion de biens
Laurence Zemour
Une équipe dynamique et sérieuse implantée sur le pays depuis 17 ans pour vous accompagner fidèlement durant la transaction EN PLEIN CENTRE VILLE Cottage 6 pièces 400/460, immense piscine. très grand séjour, sous-sol lumineux, asc. privatif.
Raanana Exclusivité
Raanana Exclusivité
MAISON INDIVUELLE DE CARACTÈRE dans l’ouest, 450/500 8 pièces, piscine chauffée, asc. privatif, immense sejour
MAGNIFIQUE 5 PIÈCES NEUF 135 m2. 16 m2 terrasse. vue dégagée, 4ème étage. asc. shabbatique, parking et cave.
Netanya Exclusivité
Grand choix de produits d’investissement locations courtes et longues durée sur Tel-Aviv Raanana - Netanya
BEAU 4,5 PIECES SEUL A L’ETAGE Asc. parking. à deux pas du Kikar et de la plage. 2.290.000 sh
Kadima Tsoran Exclusivité (Spécial investissement)
3.250.000 sh
GRAND CHOIX DE LOCATIONS A L’ANNEE ET LOCATIONS SAISONNIERES
(TAMA 38)
LIVRABLE DANS 24 MOIS. en plein centre ville, proche Ecole Yavne, choix de 4/5/6 pièces et penthouse. vue magnifique de tous les appartements.
9.250.000 sh
Raanana Exclusivité
PROJET NEUF
TRÈS BEAU 4 P RÉCENT 100 m2,12 m2 terrasse, vue magnifique sur parc. 4ème étage. deux ascs un parking. loué actuellement. 1.950.000 sh
Raanana Exclusivité
MAGNIFIQUE PENTHOUSE 5 P 127 m2, finitions à la française, terrasse de plain pied de 80 m2, terrasse dans masterbedrooms parking, cave et asc. 3790.000 sh
133 rue Ahouza, Raanana | Tél: 09-77 44 505 | 054-735 35 14 E-mail: laurencezemour25@gmail.com | www.zemour-israel.com
Studio graphique ISRAEL MAGAZINE
Raanana Exclusivité
HIGH TECH Le III,
PAR ALBERT SOUED
nano-satellite
DIDO
fabriqué par SpacePharma et lancé par Arianespace, transporte un minuscule laboratoire dans lequel quatre expériences scientifiques médicales visant à tester la résistance aux médicaments seront menées dans des conditions de microgravité. Lors de cette mission spatiale, le Centre médical Sheba testera sa théorie selon laquelle la microgravité dans l’espace réduit l’acquisition de la résistance aux antibiotiques, ce qui aidera à résoudre le problème mondial de plus en plus grave de la résistance bactérienne aux antibiotiques. Le minuscule laboratoire, une petite boîte qui pèse 2,3 kg, transportera un total de 53 micros et nano-satellites de 13 pays différents, couvrant l’observation de la Terre, les télécommunications, la science, la technologie et l’éducation. n
S
ous la direction du Pr Sagi Dalyot, le Technion a développé un système de cartographie pour aider les piétons aveugles à naviguer dans les villes. Ce système est fondé sur un algorithme de recherche d’itinéraire fonctionnant en conjonction avec la base de données géographiques
OpenStreetMap.
Le Pr Sagi Dalyot : "la plupart d’entre nous considérons l’orientation comme allant de soi, alors que des millions d’aveugles dans le monde tentent d’accomplir des tâches élémentaires, comme marcher jusqu’au magasin du coin ou utiliser les transports publics. Enquêtes, observations et entretiens approfondis menés avec des personnes aveugles et avec des instructeurs d’orientation, ont conduit au développement d’un logiciel de planification d’itinéraires optimisés pour les piétons aveugles. Les volontaires aveugles ont déclaré que les itinéraires planifiés par le logiciel étaient plus accessibles et plus sûrs pour eux que les itinéraires suggérés par les logiciels commerciaux développés pour les piétons voyants" n
Noam Gavriely, a inventé ViriMASK,
AGRICULTURE
T
rendlines utilise des drones commerciaux à bas prix et des logiciels d’intelligence artificielle (IA) AgroScout pour détecter les maladies et les ravageurs dans les champs agricoles, à un stade suffisamment précoce pour permettre un traitement sélectif, plutôt qu’une pulvérisation généralisée. Ainsi en un survol de 20 minutes, AgroScout peut couvrir 10 000 plants de pomme de terre sur 62 ha, contre 150 plants à pied. Par ailleurs, Greeneye développe une plateforme utilisant
ISRAELMAGAZINE MAGAZINE239 239| DECEMBRE | DECEMBRE2020 2020 20 ||ISRAEL
l’intelligence artificielle et des caméras pour détecter et tuer les mauvaises herbes avec un système de pulvérisation sélective, ce qui réduit la quantité de pesticides gaspillés par la pulvérisation généralisée et garantit que seules les mauvaises herbes sont pulvérisées – et pas les cultures ou le sol environnant. n
un masque contre le Covid19 qui bloque 99,2 % des particules dans l’air, mieux que le N95. Ce masque tranquillise le personnel hospitalier, les dentistes, et les personnes à haut risque d’exposition au coronavirus. Le masque est léger et permet d’être clairement entendu quand on parle, mais n’est pas adapté à la barbe. Le masque repose sur un filtre qui doit être changé après 60 heures d’utilisation. Il est fabriqué à Tirat Carmel et vendu à 250 sh. n
israelmagazine.co.il
BONNES NOUVELLES D’ISRAËL
ARCHÉOLOGIE
S
elon des spécialistes de l’Université de Tel-Aviv, de nombreux habitants du Royaume de Juda savaient lire et écrire. L’étude des inscriptions du fort d’Arad datant du 7e siècle avant notre ère, jette un nouvel éclairage sur la société judéenne à la veille de la destruction du Premier Temple, et sur le contexte de la rédaction des textes bibliques. Le Dr. Shaus : "les chercheurs se demandent si les livres du Deutéronome, de Josué, des Juges, de Samuel et des Rois ont été compilés dans les derniers jours du Royaume de Juda, ou encore après la destruction du Premier Temple par les Babyloniens et quand le potentiel d’écriture de tels textes historiques complexes a-t-il effectivement existé. Après la destruction du 1er Temple en 586 av. J.C., nous ne possédons que de faibles preuves archéologiques de l’écriture hébraïque à Jérusalem et dans ses environs, alors que la période précédant la destruction du Temple abonde de documents écrits. Mais alors la question se pose : qui a écrit ces textes ? Existait-il une large couche de la population qui savait lire et écrire, ou bien s’agit-il d’une poignée de personnes alphabétisées ? .... Après de nombreux efforts, nous avons réussi à produire deux algorithmes capables de comparer les lettres et de répondre à la question de savoir si deux ostracons donnés ont été écrits par deux mains différentes ... On a constaté in fine que les 18 textes avaient été écrits par 12 auteurs spécifiques". Le Dr Finkelstein: "Si dans un endroit éloigné comme Tel Arad il y a eu dans un court laps de temps un minimum de 12 auteurs pour 18 inscriptions, sur une population de Judée estimée à pas plus de 120.000 personnes, cela signifie que l’alphabétisation n’était pas le domaine exclusif d’une poignée d’écrivains royaux à Jérusalem. L’écriture des textes bibliques n’était donc pas destinée uniquement à l’aristocratie. Même le magasinier de l’avant-poste d’Arad était également capable de les lire". n
israelmagazine.co.il
L’Autorité des Antiquités a découvert lors de fouilles sur la Promenade Armon Hanatziv, dans la Cité de David, des vestiges d’une structure royale du temps du 1 er Temple et des Rois de Judée, une collection rare,
impressionnante de plusieurs dizaines d’objets en pierre architecturale ornés. La collection comprend trois chapiteaux en pierre calcaire tendre, de taille moyenne et des objets provenant de somptueux encadrements de fenêtres, incorporant des balustrades composées de colonnes élégantes sur lesquelles une série de chapiteaux d’une taille minuscule ont
été apposés. Yaakov Billig, directeur des fouilles : "Cette découverte, ainsi que le palais précédemment mis au jour à Ramat Rahel et le centre administratif récemment découvert sur les pentes de l’Arnona, attestent d’une nouvelle renaissance de la ville et d’une certaine sortie des murs de la période du 1er Temple, après le siège assyrien. Nous avons découvert des villas, des manoirs et des bâtiments gouvernementaux dans la zone située à l’extérieur des murs de la ville. Cela témoigne du soulagement ressenti par les habitants de la ville et de la reprise du développement de Jérusalem après la fin de la menace assyrienne" n
Les archéologues, Saar Ganor et Itamar Weissbein ont découvert près du Kibboutz Galon, à Kyriat Gat,
Une forteresse cananéenne de l’ère biblique vieille de 3200 ans
Ils ont déclaré : "Appelée "Maison du gouverneur" en égyptien, la forteresse trouvée donne un aperçu de la réalité décrite dans le Livre des Juges, dans laquelle les Cananéens, les Israélites et les Philistins s’affrontent. A cette époque, Canaan était gouvernée par les Égyptiens. Puis vinrent les Hébreux ainsi que les Philistins, et une série de violentes disputes territoriales... Les Israélites se sont installés dans des implantations non fortifiées, dans les montagnes de Benjamin et de Judée. Pendant ce temps, les Philistins ont installé leur pouvoir dans la plaine côtière du sud et ont établi de grandes villes comme Ashkelon, Ashdod et Gat. Les Philistins ont affronté les Égyptiens et les Cananéens sur la ligne frontalière, qui passait probablement au niveau de la rivière Gouvrine, entre le royaume philistin de Gat et le royaume cananéen de Lachish. La forteresse de Galon a été construite comme une tentative cananéenne/égyptienne pour faire face à cette nouvelle situation". n ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020 |
21
BONNES NOUVELLES D’ISRAËL
Crédit : Université de Tel-Aviv
ROBOBOSS
Un jeu qui rend le sourire aux enfants atteints du cancer
L
a thèse de doctorat du Dr. Irit Schwartz Atias, a abouti au développement d’un jeu de société interactif qui aide les enfants atteints du cancer âgés de 6 ans et plus et leurs parents, à exprimer leurs sentiments et à développer des émotions positives même face à la maladie, à l’anxiété et aux traitements difficiles. En période de crise et de maladie, il est difficile de trouver forces et ressources mentales pour transcender les émotions négatives dominantes et ressentir des émotions positives. Cela nécessite souvent un environnement favorable et des aides externes. C’est ce que tente de faire le jeu "Roboboss", développé sur la base d’une étude approfondie réalisée à l’Université de Tel-Aviv. "Le jeu permet un dialogue sur des émotions dont il n’est pas facile de parler, renforçant ainsi considérablement les liens entre les membres de la famille", explique le Prof. Tami Ronen, spécialiste dans le domaine de la psychologie positive, axée sur le bonheur des enfants et des adolescents. "Même les personnes qui ont du mal à s’ouvrir apprennent à mener des conversations approfondies avec ceux qui leur sont le plus chers, et parfois même
en font la connaissance comme ils ne l’avaient jamais fait auparavant". "Roboboss" se déroule dans une réalité fictive en l’an 2080, la terre étant dirigée par des robots à intelligence artificielle. Les participants doivent effectuer des tâches pour enseigner à Roboboss, le chef des robots, curieux, ce que sont les émotions humaines : comment être heureux, faire face aux difficultés? Comment se faire des amis ? Qu’estce qu’un lien familial ? Qu’est-ce qui me rend reconnaissant ? Qu’est-ce qui est difficile pour moi ? Qui est-ce que j’aime ? Qu’est-ce qu’une vexation ou un affront et comment les pardonner? Le jeu comprend également une application : les participants scannent des codes via un smartphone et peuvent regarder des vidéos sur YouTube, où des célébrités parlent de la manière dont ils sont parvenus à gérer leurs difficultés émotionnelles. Parmi elles, Gal Gadot, l’actrice de Wonder Woman. n
Gal Gadot
Daniel Cohn professeur de chimie à l’Université hébraïque de Jérusalem a développé pour "Inteligels"
Une couverture de plaie qui peut être enlevée sans douleur
Utile pour une plaie simple, les coupures, les brûlures, les escarres diabétiques, les lésions postopératoires et les plaies sur le terrain, ce bandage est fabriqué à partir d’un polymère transparent intelligent spécial qui peut être déclenché pour se liquéfier et n’a pas besoin d’être retiré. n Le Dr Alan Eran de l’université Ben-Gourion a découvert
un sous-type d’autisme lié à des taux anormaux de lipides dans le sang ou dyslipidémie.
Le Dr Eran : "Nous étions intéressés par la compréhension des différentes causes de l’autisme, qui est une variété sauvage de troubles nerveux". L’étude montre que 6,5% des personnes sont atteintes de troubles du spectre autistique du type dyslipidémie. De plus, il est apparu qu’elles avaient hérité de leurs parents des mutations génétiques qui les prédisposaient à ces irrégularités. Les enfants pourraient être testés à un très jeune âge afin d’identifier les irrégularités lipidiques qui pourraient conduire à un diagnostic de trouble du spectre autistique et leur permettre de commencer le traitement plus tôt, ce qui augmenterait son efficacité. n
Une voiture volante ayant un système électrique de décollage et d’atterrissage vertical
U
rban Aeronautics a mis au point
une voiture volante ayant un système électrique de décollage et d’atterrissage vertical (eVTOL) et capable de décoller du sol grâce à deux compresseurs situés à sa base fonctionnant avec des piles à combustible à hydrogène. Cette voiture véhicule les personnes et les marchandises plus rapidement, plus silencieusement et à moindre coût que les hélicoptères traditionnels. Rafi Yoël, PDG : "Nous avons consacré 15 ans de recherche et de développement à ce projet et j’ai réuni les meilleurs pour le réaliser ... Nous avons ouvert la porte à un nouveau monde dans l’aviation" n
22 | ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020
israelmagazine.co.il
BONNES NOUVELLES D’ISRAËL
RÉVÉLATIONS
SANTÉ
T
S
ov TV est un nouveau service de streaming "casher" qui permet de sauter les passages indécents sur le net. Il s’adresse aux Juifs pratiquants qui suivent les lois religieuses relatives à la pudeur et à la modestie. n
ous la direction de Pr. Ronit Satchi-Fainaro, de l’Université de Toronto", des chercheurs de l’université de Tel-Aviv ont fait une percée dans le traitement du mélanome, ayant mis au
zone cellulaire.
INVENTIONS ET DÉCOUVERTES
un système de nanotechnologie qui augmentera l’efficacité du traitement du cancer de la peau et de ses métastases par un meilleur transport des médicaments vers la point
"L’étude a résolu un problème commun lié aux cocktails de drogues. La plupart des traitements oncologiques comprennent plusieurs médicaments qui sont administrés au patient en même temps, mais qui n’atteignent néanmoins pas la tumeur en même temps, car ils diffèrent les uns des autres en termes de durée de séjour dans le sang et de temps nécessaire pour atteindre une tumeur...On a choisi deux médicaments biologiques connus pour le mélanome et on a tenté de les administrer à la tumeur en utilisant un support nanométrique". Un autre avantage important de la combinaison des médicaments avec le vecteur est l’utilisation d’une dose plus faible, bien inférieure à la dose que chaque médicament nécessiterait individuellement. De plus la plateforme développée est de nature modulaire et peut s’adapter à une large gamme de médicaments. Elle a un énorme potentiel pour traiter une grande variété de maladies. n
U
ne étude menée par le Dr. Gordon de l’Université de Tel-Aviv a montré que l’apprentissage par le biais de robots sociaux peut améliorer les résultats des enfants de près de 50%. Patrick, le 1er robot mis au point à l’Université, aide à enseigner d’une façon ludique les racines de la langue hébraïque aux enfants de l’école maternelle et du cours préparatoire. Le robot possède aussi des algorithmes qui lui permettent de s’adapter au niveau de chaque enfant. Constitué de pièces imprimées en trois D, Patrick intègre une caméra tridimensionnelle qui identifie les visages et les observe, afin d’établir une interaction sociale. Dr. Gordon : "L’une des choses les plus importantes dans une interaction, que ce soit avec un robot social ou avec une personne, c’est de se regarder mutuellement, d’établir un lien social" - Patrick est revêtu d’un costume changeable qui lui permet de présenter divers aspects extérieurs. Il a un avatar surnommé Tutti. La voix de Patrick est celle du fils du Dr. Goren âgé de 9 ans, et Tutti utilise la voix d’une fille. L’étude a porté sur 50 enfants âgés de 5 à 9 ans, qui ont appris à identifier des racines hébraïques courantes et des noms propres. A la fin de l’expérience, les connaissances démontrées par les enfants ont fait un bond en avant de 20% de réponses correctes à 70%. n israelmagazine.co.il
D
Un test salivaire permettant de diagnostiquer rapidement si une personne souffre d’un infarctus.
es chercheurs israéliens de la clinique universitaire Soroka de Beersheva ont mis au point un test salivaire permettant de diagnostiquer rapidement si une personne souffre d’un infarctus. Le Dr Roi Westreich : "Nous avons établi que la troponine I et T était présente à hauteur de 84% dans la salive de patients souffrant d’un infarctus... Entre le moment où le test est effectué et l’obtention des résultats, il ne faut que dix minutes... Nous allons tester un plus grand nombre de patients pour plus de sécurité et de précision". n
Les tumeurs secondaires – appelées métastases – sont responsables de 90 % des décès liés au cancer, mais il faut normalement un certain temps après l’opération, pour que le rapport pathologique donne aux patients une idée sur leur niveau de risque. Le laboratoire d’ingénierie biomédicale du Technion dirigé par Pr. Daphné Weihs a découvert comment utiliser
un gel polymère spécial pour avoir une estimation instantanée de la probabilité pour un patient de développer une métastase. Le Pr Weihs: "Nous avons préparé un gel polymère et placé des cellules cancéreuses dessus pour étudier les interactions des cellules agressives avec leur environnement et nous avons observé un phénomène inattendu, de manière fortuite ... Cette méthode est plus rapide, plus précise et plus quantitative que les résultats pathologiques". n ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020 |
23
ISRAEL MAGAZINE
La Solidarité Made in Israël Des réseaux solidaires en Israël de plus en plus actifs pour faire face à la crise Précarité, chômage, salaires insuffisants pour joindre les deux bouts. Face aux ravages de la crise, la société israélienne se tourne vers ses réseaux solidaires pour ne pas sombrer. Des associations caritatives se mobilisent pour apporter une aide aux victimes économiques du Coronavirus de plus en plus nombreuses et qui n’arrivent plus à faire face. Le point. par Dahlia Perez
I
sraël, start-up nation triomphante, mais aussi géant aux pieds d’argile, doit affronter aujourd’hui l’une des crises les plus graves de son histoire. La pandémie de Covid-19 va-t-elle pousser le pays à reconsidérer ses priorités ? Force est de constater que ce ne sont pas les entreprises hightechs qui volent aujourd’hui au secours d’une société en pleine paupérisation mais bel et bien ses associations caritatives. A l’origine, il y a souvent la volonté pugnace d’un individu, qui affronte une réalité dont beaucoup se détournent. Haïm Bismuth vit en Israël depuis 1978. Il est déjà très
actif dans le domaine caritatif quand il décide de monter l’association Haï Bahem. Le but, répondre à des demandes d’aide de plus en plus nombreuses de familles en difficulté. Il précise : "On a commencé avec des paniers alimentaires et très vite, on a été submergé par la demande. On est passé ensuite à la distribution de vêtements puis on a offert des centaines de lunettes de vue chaque année. On donne des bons d’achats de vêtements et, tous les étés, nous faisons une distribution de cartables et de fournitures scolaires. A chaque fois, c’était une réponse à une Haïm Bismuth
24 | ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020
demande." L’association est obligée de fixer des critères, selon la situation de chaque famille et de chaque personne. Elle se base sur le seuil de niveau de pauvreté du Bitouah Leumi: "Certes, ce n’est pas avec un revenu pareil qu’une famille peut bien vivre, mais il lui permet au moins de manger. Nous agissons pour les gens qui sont bien en dessous de ce calcul. Il faut savoir que dans 77% des cas de familles reconnues nécessiteuses en Israël, les deux conjoints travaillent. C’est énorme. Parmi elles, il y a des familles qui n’ont pas de quoi acheter à manger. On aide une partie d’entre elles pour qu’elles puissent juste continuer à vivoter, sans rien de superflu." Haïm tient à me préciser que l’équipe de l’association est composée de religieux, de nonreligieux, de nouveaux immigrants, tous de diverses sensibilités politiques, ayant pour seul but commun d’aider. Il en est de même pour les familles qui se tournent vers l’association : "Nous n’entrons pas dans ce genre de détails, si le demandeur est français ou pas, s’il est en Israël de longue date ou pas, s’il est russe ou éthiopien. Il a besoin d’aide, on est là." israelmagazine.co.il
Il faut savoir que dans 77% des cas de familles reconnues nécessiteuses en Israël, les deux conjoints travaillent. C’est énorme. Parmi elles, il y a des familles qui n’ont pas de quoi acheter à manger. Sarah Ben Abramowicz
L’association, basée en Samarie, envoie des bons d’achat quand la distance ne lui permet pas de livrer des paniers alimentaires, des chèques, des colis de vêtements par la poste. Il précise : "Géographiquement, on n’est pas limité. Pour exemple, on aide des familles à Afoula et à Yehouham. On est présent à Ashdod, à Ashkelon, à Beit Shemesh, à Jérusalem, dans le Shomron, à Hadera et Netanya." Lors du premier confinement dû à la pandémie, l’association a du faire face à un afflux de demandes supplémentaires. Et cela ne s’arrange pas : "Pour Roch Hashana, nous avons aidé 20% de familles supplémentaires." Haïm Bismuth a depuis longtemps appris à se passer de l’État, même s’il n’est pas dupe des travers d’une société qui délaisse les plus vulnérables : "C’est un gouvernement ultra-libéral, capitaliste, c’est la manière qu’a Benyamin Netanyahou de gérer le pays. C’est vrai qu’il a redressé l’économie israélienne, mais, pour reprendre la phrase percutante et tellement vraie d’un ancien chroniqueur d’Israël Magazine, feu Nathan Zerbib, "Israël est un état riche, habité par des pauvres." Une "startup nation", comme on l’appelle, qui n’est pas foutue de faire tourner une israelmagazine.co.il
économie pour ceux qui sont en bas de l’échelle sociale." Il conclut, un brin fataliste : "il faut croire aux miracles, mais ne pas compter dessus." Sarah Ben Abramowicz fait partie de ces soldats de l’ombre à qui on ne décerne pas de médaille mais qui pourtant, au quotidien, se battent contre la misère qui touche de plus en plus de foyers franco-israéliens. Cette trentenaire dynamique a cristallisé son action autour des travailleurs indépendants qui, du jour en lendemain, se sont retrouvés sans travail. Présente en Israël depuis trente ans, elle décide de réagir aux plus mauvais jours de la crise. "L’Union des Indépendants En Israël" naît au mois de juin, après avoir fédérer des milliers de professionnels sur un groupe Facebook. Elle précise: "Je recevais tellement de demandes d’aides par jour sur les réseaux sociaux, je me suis dit qu’il était de mon devoir d’agir et que Dieu m’envoyait un signe pour que je fasse quelque chose." Soutenue par les associations Ani Shoulman et Lev Ohev, Sarah crée une caisse de solidarité pour les indépendants et encourage les gens à s’entraider entre eux. Avec une petite équipe de trois ou quatre personnes,
elle remue ciel et terre pour répondre aux besoins les plus pressants. Outre une aide dans les démarches administratives et juridiques, l’association intervient sans relâche auprès des plus démunis : une cagnotte règle les factures de gaz ou d’électricité impayées, des bons d’achats de nourriture sont distribués, ainsi que des couches et des produits laitiers, auquel s’ajoute des échanges solidaires entre indépendants. Des chaussures, des pizzas, et même des soins en médecine alternative... Une aide essentielle pour de nombreux sans-emplois dont le découvert, à la banque, n’a cessé, depuis des mois, de se creuser. De tout le pays, les demandes affluent : "Aujourd’hui, nous avons besoin de dons car la situation s’aggrave. Les gens n’ont pas de travail et n’ont plus d’argent. On peut tenir sur des économies, mais nous vivons cette crise depuis le mois de mars et, même si l’État verse des indemnisations, c’est insuffisant."
Internet, l’allié des réseaux solidaires
Autre combattant de l’ombre, Daniel Ayache travaille depuis presque trente ans dans le bâtiment. Plombier de formation, il a créé son association il y a deux ans. "Or-babayit" se donne pour mission de rénover les appartements insalubres de familles nombreuses en difficulté. Parmi ceux qui font appel à ce réseau solidaire, environ 60% sont des rescapés Suite page 594
ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020 |
25
ISRAEL MAGAZINE
Carmiel, au cœur de la Galilée Par Mickaël Laustriat
Incursion dans la Provence israélienne, car elle existe bel et bien. A deux heures de voiture de Jérusalem, à une al�tude de 262 mètres, dans la vallée de Beit ha-Kerem, à la fron�ère de la Haute et de la Basse Galilée, vous changez de pays : c’est toujours Eretz Israël, mais la courbe des collines, le parfum discret des buissons de romarin, et le frémissement d’oliviers millénaires, tout vous invite à réactualiser vos paramètres. Découverte d’une ville propre, sage et tranquille, où le bonheur a fait son nid. ISRAELMAGAZINE MAGAZINE239 239||DECEMBRE DECEMBRE2020 2020 26 ||ISRAEL
israelmagazine.co.il
Au tout début des années 60, alors que le jeune Etat d’Israël est en pleine adolescence, les planificateurs du pays découvrent avec effroi que si rien ne change en Galilée, l’évolution démographique pourrait bientôt marginaliser toute présence juive dans le nord du pays. Pour éviter que la région ne devienne majoritairement arabe, ils décident de fonder une ville juive au milieu de l’axe Acco-Sfat (Saint-Jean d’Acre-Safed). La (re) judaïsation de la Galilée est déclarée "tâche nationale". C’est ainsi – c’était en 1964 – que naît Carmiel : à l’entrée de la vallée de Beth Ha-Kérem. En 1972, elle reçoit le statut de "ville de développement", avec les aides que cela sous-entend. Aujourd’hui, "ville de résidence ", elle accueille 60 000 habitants sur près de 40 km2 : autant dire qu’on n’y vit pas les uns sur les autres. Et qu’on peut voir de sa fenêtre les montagnes qui conduisent au mont Méron (1208 m, point culminant d’Israël), et pour certains la plaine côtière, et la mer à 20 minutes de voiture.
Le parc Rabin est un beau jardin aménagé, avec des rangées de roses dans les allées carrelées en briques de béton. Les gazebos, lampes et chaises stylisés ajoutent de la beauté au paysage. Le parc faisait par�e d’un projet de conserva�on, qui incorporait Khirbet Kav (Kab) dans le jardin.
Un melting-pot de 75 nationalités Pour construire une ville, il faut des capitaux et des ouvriers. De l’argent, les travaillistes qui sont alors au pouvoir – et qui le resteront jusqu’en 1977 – sauront en trouver : la cause justifie tous les investissements. Quant à la main d’œuvre, ce n’est pas difficile: les villages
Le caveau où repose le "Tana" bar Kappara, l'élève de Rabbi Yéhouda haNassi
israelmagazine.co.il
arabes des environs ne manquent pas de bras qui ne demandent qu’à s’employer moyennant salaire. A peine construits, les premiers immeubles accueillent de nombreux immigrants, venus du Maghreb, majoritairement francophones. Jusqu’à la fin des années 80, Carmiel est une ville essentiellement séfarade, renforcée par l’arrivée d’immigrants originaires de Turquie, d’Irak, de Syrie et du Yémen. (On raconte d’ailleurs que cette population, massivement traditionaliste, a "exigé" des dirigeants laïques de l’époque que chaque constructeur ajoute une synagogue au quartier dont lui avait été confiée la construction.) La démographie va prendre un autre tournant au début des années 90, lorsque débarque en Israël la seconde vague d’immigrants venus de l’ex-URSS. Il faut bien les loger: 16.000 d’entre eux trouveront un toit à Carmiel. Trente ans plus tard, c’est-à-dire aujourd’hui, Carmiel est devenu un véritable melting-pot où se côtoient des citoyens provenant – tous juifs – de 75 pays différents. La dernière vague de nouveaux venus nous arrive de la côte est Etats-Unis. Souvent religieux et sachant travailler à distance, ils ajoutent à la ville une touche de modernité ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020 |
27
ISRAEL MAGAZINE
orthodoxe et branchée. Finalement si vivre à Carmiel est grisant, c’est parce que s’est constitué ici un microcosme du monde juif de la planète. Un ami me dit : "J’ai des copains anglais, argentins, éthiopiens, iraniens, irakiens, sudafricains..." Tout se passe comme si toutes les diasporas de la planète avaient envoyé des ambassadeurs dans ce coin tranquille de la Provence israélienne. C’est particulièrement évident dans les rues et les magasins où l’on voit bien que les derniers venus ont du mal à s’affranchir de leur attachement à leur langue maternelle. Consolation : leurs enfants parleront hébreu avant eux.
Un sans-faute des urbanistes Carmiel est la première ville d’Israël à avoir été construite selon un plan d’urbanisme. Lorsqu’ils sont arrivés
28 | ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020
sur le site, les développeurs se sont demandé comment intégrer dans un paysage urbain les carrières de pierre, qui fonctionnaient dans les années 1930 et 1940. Les cicatrices laissées dans les collines posaient un vrai problème d’esthétique environnementale. Finalement, on a créé autour d’elles un grand parc, véritable poumon de verdure vallonné au centre de la ville. Là les familles peuvent se promener, ne plus tenir leurs enfants en laisse, et s’interroger sur le sens de nombreuses sculptures qui parsèment ce lieu, œuvres d’artistes locaux. En creusant pour installer les fondations de la ville, on a découvert des vestiges archéologiques qui prouvent qu’à l’âge de fer, nos ancêtres (selon Darwin !) savaient déjà qu’il ferait bon vivre à Carmiel. Bien plus tard, cette certitude sera partagée par d’autres, puisque des fouilles ont révélé, sous des tapis de mosaïques byzantines,
des vestiges de communautés chrétiennes primitives. Dans une colline du quartier de Givat Ram, à l’extrême ouest de la ville, une grotte funéraire a été identifiée comme étant le site où repose le Tana bar Kappara, l’élève de Rabbi Yéhouda haNassi et compagnon d’étude de Rabbi ‘Hiya. Carmiel, que l’on aurait tort de réduire à n’être qu’une ville de développement, s’inscrit donc dans un substrat chargé d’histoire. Mais il y a plus : le plan de circulation à Carmiel a été conçu de telle sorte que piétons et voitures peuvent s’y déplacer sans jamais se rencontrer. Attentifs à la qualité de vie, les urbanistes ont placé la zone industrielle à l’extrême est de la ville, afin que les vents dominants qui soufflent de la mer entraînent au loin – et pas vers des zones habitées – d’éventuelles nuisances. Mais rien à craindre de ce côté-là : aucune industrie implantée n’est réellement polluante.n israelmagazine.co.il
Une vraie qualité de vie Où travaille-t-on à Carmiel ? Dans l’usine de plastiques Kéter, leader sur le marché du mobilier de jardin. Ou dans le complexe Elbit (électronique), les ateliers textiles Delta, ou chez le producteur de médicaments Protalix. Le géant alimentaire Strauss y produit toutes les salades et divers condiments vendus en Israël. Enfin les industries Klil (aluminium pour le bâtiment depuis 1950), qui viennent de décrocher un méga contrat avec les Emirats, se sont engagées à installer dans les faubourgs de Carmiel un parc nautique, agrémenté d’un élevage de papillons. Ouverture prévue à l’été 2021. A cela, il faut ajouter une pléthore d’ateliers où l’on travaille le bois et le fer. Pour ceux qui n’ont pas la chance de s’employer sur place, l’arrivée du train à Carmiel, en 2017, a offert à de nombreux citadins la possibilité de rejoindre plus facilement les bassins d’emplois de Haïfa ou du Goush Dan. Carmiel est aussi une ville étudiante, avec le campus de l’université ORT Braudé (5000 étudiants en engineering). Enfin, pour fuir l’étouffement de Bné Brak, plusieurs yeshivot et collelim s’y sont installées, sous l’égide des deux grands rabbins Malka et Margalit.
israelmagazine.co.il
La paix règne entre Séfarades et Ashkénazim qui se fréquentent et s’estiment. Maintenant, qu’en est-il vraiment de la qualité de vie à Carmiel? Construite dans un environnement vierge de toute pollution (à la différence de la baie de Haïfa), Carmiel est aussi une ville verte et propre. Classée plus belle ville d’Israël en 1981, elle mérite toujours ce titre. Au détour d’une rue, on peut découvrir des escaliers ombragés où somnolent, attentifs, des chats au pelage varié. S’y promener est un plaisir. En y vivant, on est donc sûr de ne pas désapprendre à marcher. Pour les accros à l’auto, pas de problème pour se garer. Tout est à dix minutes de chez vous : la synagogue, les banques, la Poste, le marché, les grandes surfaces, le tennis, la piscine, les cinémas. En été, dès cinq heures du matin, on croise dans les rues les premiers joggers, ou ceux qui prient aux premières lueurs de l’aube, tandis que circulent les premiers taxis. A une demiheure : les plages d’Acco ou celles de Tibériade. Et si vous avez un problème qu’aucun humain ne peut solutionner, vous pouvez toujours aller vous épancher auprès des nombreux sages du Talmud dont les dernières demeures abondent dans les environs...n
ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020 |
29
NEWS ECO EN BREF Instagram
I Prévisions difficiles pour les Grandes surfaces en Israël
S
i l’année 2020 a été une année propice pour le commerce alimentaire, il se peut bien qu’il n’en soit pas de même en 2021. Le coronavirus a engendré un spectaculaire accroissement des ventes des grandes surfaces en 2020 car les restaurants étaient fermés, et les familles, sont demeurées à la maison. On a constaté une hausse de 9% des ventes pendant le 1 er semestre 2020 par rapport au même trimestre en 2019. Ceux qui ont eu le réflexe d’acheter des actions en bourse de ces mêmes sociétés alimentaires ont vu leurs profits se démultiplier et leurs actions s’étoffer de 20 à 65%. Si la tendance à la vente on-line se répandra, il faudra que les grandes surfaces alimentaires investissent en infrastructures, car le chômage et la crise économique affecteront durement les résultats.
L’IPHONE 12 arrive
I
l coûtera entre 700 dollars pour le premier prix avec un écran de 5.4 inch. Le modèle au-dessus coûtera avec un écran de 6.1 inch, quant à lui, 800 dollars et le pro, 1000 dollars, avec des caméras sophistiquées. On pourra même faire un vrai film, nous dit la publicité, avec ces nouveaux smartphones venus d’Apple. Les prix indiques sont les prix pratiqués par les Américains. Les prix en Israël ne sont pas encore connus. Voir le site Apple Track.
30 | ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020
nstagram, tout comme Facebook, la maison mère, a mis sur pied Instagram Shopping ce qui permettra d’ouvrir des magasins virtuels à travers leur applications. Cette fonctionnalité Shopping pour tous les comptes Business dans 8 pays, dont la France et Israël, permet aux marques vendant des produits de taguer ces produits sur un post, et de grandement faciliter le processus d’achat. Il était jusqu’à présent impossible de mettre des liens sortants sur des posts Instagram (hormis dans les bios), ce sera désormais possible. Ce développement est un des plus importantes mises à jour de la plateforme depuis l’introduction de Business en 2016. Shopping sera accessible aux compte entreprises, qui vendent des produits (sans restriction de taille d’audience), avec un catalogue produit type Shopify ou Facebook Shop. La fonctionnalité est rétroactive, vous pourrez donc taguer d’anciens posts.
L
Le BItouah Leoumi et le chômage
e nombre de chômeurs entre mars et septembre en Israël a oscillé entre 444.5000 et 895.000 personnes. Et le 2 ème confinement a aggravé les données. Ce sont finalement 16 milliards de shekels que le Bitouah Leoumi a payé pour ces huit premiers mois de crise. Pour la seule opération du versement de 750 shekels pour chaque israélien majeur, les Finances ont déboursé 6.6 milliards de shekels dont 1.46 pour les familles ayant des enfants. Au 25 octobre, il y avait 978000 demandeurs d’emploi dont une partie (100000) était censée être repartie travailler après le confinement. Le ministre de l’Economie, Amir Perets est prêt à adopter et à adapter le modèle allemand qui consiste à garder les gens au travail malgré les difficultés et de payer des compléments de salaire plutôt que des indemnités de chômage.
israelmagazine.co.il
NEWS ECO EN BREF
Les Accords d’Abraham
B
en Gourion, a fait l’histoire, pas seulement l’ancien Premier ministre, mais aussi l’aéroport du même nom qui a accueilli le premier avion en provenance des Emirats Arabes unis. Un mois après la signature des Accords d’Abraham, les ministres des Finances, de l’Économie, des Affaires étrangères ont atterri en Israël pour signer toutes sortes d’accords principalement liés aux voyageurs des deux pays. Il a déjà été décidé que les touristes n’auront pas besoin de visa. Ils ont rencontré le Premier ministre, puis le ministre des Affaires étrangères Gaby Ashkenazi e les deux ministres, respectivement de s Finances et de l’Économie, Israël Katz et Amir Perets. Il y a déjà une demande exceptionnelle provenant des Israéliens pour visiter ce pays mais aussi de beaucoup d’entrepreneurs prêts à faire des affaires. En cette période de crise touristique, Les Emirats tout comme le Bahreïn sont tout à fait prêts à recevoir les Israéliens dont on sait qu’ils sont de grands voyageurs et ce d’ici quelques semaines. Le survol par l’Arabie saoudite des avions israéliens et émiratis fera gagner quelques heures de voyage. A noter qu’un premier bateau de marchandises du Bahreïn est arrivé au Port de Haïfa le 19 octobre avec à son bord des machines à laver. Bibi en a profité pour dire que les produits, grâce à ces nouveaux accords baisseront, et que le volume de toutes les transactions aura un impact réel sur l’économie israélienne (Voir en page 8-9-10).
La contamination baisse, mais les fermetures de commerces augmentent
Si le confinement a fait ses preuves une nouvelle fois, la corrélation est bien évidement la fermeture de commerces et d’entreprises de façon temporaire, mais qui finissent malheureusement par devenir définitives. Retrouverons-nous un pays certes débarrassé de ce fichu Covid, mais un pays exsangue. Des statistiques récentes affirment qu’un business sur 5 en Israël fermera, soit 87400 affaires ce qui veut dire qu’à longue échéance il y a aura 200 000 chômeurs permanents. Selon les responsables d'associations et de syndicats des entrepreneurs, une autre intervention financière d’urgence, à hauteur de 45 milliards de shekels est impérative. Parallèlement on s’attend à l’ouverture de 20.000 affaires nouvelles qui pourraient être confrontées, elles aussi, à des problèmes. Les entreprises qui avaient montré des signes de redressement après la fin du premier confinement ont accusé le contrecoup du second confinement et ont du mal à se remettre en marche.
israelmagazine.co.il
L
Corona et agriculture
e virus a causé des dégâts indirects terribles et peut-être irrémédiables a l’agriculture israélienne et en particulier au coton israélien. Dans le passé, en Israël, Il existait 650000 hectares de terres consacrées à la culture du coton. Il n’en reste plus aujourd’hui que 400000 qui apparemment ne survivront pas a la crise du Covid. Les hôtels (au chômage) ont arrêté leurs achats de serviettes et bien évidemment l'absence d’achat d’habits a tué dans l’œuf cette industrie. Les agriculteurs ont encore sur le ventre les stocks de 2019 et de 2020 et les granges sont pleines et la cueillette s’apprête à recommencer. Beaucoup pensent à les reconvertir en champs de blé car la demande en eau y est moins exigeante.
On jette tout
Des commerces ont incendié début octobre leurs marchandises sur la route dans le sud de Tel-Aviv pour protester contre les effets économiques du confinement généralisé. Circulation bloquée en raison des incendies, les manifestants ont crié “vous nous tuez” et tenaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire “nous fermons toutes nos entreprises”. “Le gouvernement nous entraîne tous dans une grave crise économique. Les gens ne peuvent pas boucler leurs fins de mois et n’ont plus d’argent. Nous nous cassons la figure tout simplement - nous n’avons plus rien à perdre, alors nous partons en guerre pour nos vies et celles de nos familles”, a déclaré Shimon, un vendeur de textile originaire de Holon, à Ynet. Roi Cohen, président de LAHAV, la Chambre israélienne des organisations et des entreprises indépendantes, ne comprend pas pourquoi les villes “vertes” restent confinées alors que le taux de morbidité y est bas. “Israël doit arrêter cette punition collective de confinement total. Cela nuit à l’économie, à la société et au moral, et tous les facteurs qui créent du stress et de la tension nuisent finalement à la santé,” a-t-il affirmé. I 24 ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020 |
31
Photo GPO : Amos Ben Gershom
La Chienlit politique en Israël par Richard Darmon
La mésentente permanente entre les deux forma�ons de la coali�on gouvernementale, Likoud et Par� Bleu-Blanc, les derniers rebondissements inquiétants concernant la conduite du conseiller juridique du gouvernement, Avishaï Mandelblit, ainsi que le flou émanant des décisions du cabinet d’union na�onale dans la lu�e contre l’épidémie de coronavirus, aggravent la confusion poli�que régnant en Israël. Ils approfondissent la crise de confiance qui perdure entre les citoyens, leurs ins�tu�ons et leurs dirigeants...
P
as une semaine ne s’écoule sans que d’acerbes polémiques, ainsi que des clashes publics n’opposent les deux “têtes” du gouvernement d’urgence, le Premier ministre, Binyamin Netanyahou, à Benny Gantz, son suppléant qui dirige le Par� Cahol Laban. Cela concerne la ges�on des affaires intérieures du pays comme sa poli�que étrangère.
Exacerbation de la “guérilla” Likoud-Cahol Laban Des polémiques incessantes sur les dates et le contenu du prochain
32 | ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020
budget de l’État pour 2021 ont failli faire chuter le gouvernement courant septembre ; blocage par Netanyahou du processus de nomina�on du prochain directeur du ministère de la Jus�ce désormais aux mains de Ganz ; nombreuses divergences sur les condi�ons d’instaura�on puis de levée du confinement général du pays en raison de la 2ième vague de coronavirus ; jeu de cache-cache juridique et ins�tu�onnel entre Gantz et Netanyahou à propos des mesures légales et légi�mes de limita�on des manifesta�ons et rassemblements de haine “an�-Bibi” qui durent toujours aux quatre coins du pays : les sujets et dossiers ne manquent pas sur lesquels
la trentaine de membres du cabinet d’union – qui, décidément, porte fort mal son nom ! – ne cessent de déba�re et de polémiquer publiquement au quo�dien devant les caméras de télévision. A tel point que “digérées” et commentées lors des journaux télévisés du soir, ces rivalités et divergences sans fin ajoutent de l’eau assez désespérante au moulin de la classe journalis�que et média�que israélienne dont les membres répètent à l’envi dans une “langue de bois” devenue insupportable que les responsables de l’Etat ne font que précipiter le pays dans un “balagane” (une “pagaille”) “incontrôlable”... Ajoutons à ce tableau affligeant la israelmagazine.co.il
dégringolade de Cahol Laban dans les sondages (même pas une dizaine de sièges si des élec�ons avaient lieu maintenant) et la chute sévère du Likoud (qui passerait de 33 sièges à 27 !), si bien que les deux “grands” par�s du gouvernement d’union sont désormais fort loin de totaliser ensemble ne serait-ce que la moi�é des sièges de députés à la Knesset ! Mais la droite l’emporterait largement avec les 22 mandats de Benne� et les voix des religieux. Autant d’indicateurs qui pourraient annoncer une dissolu�on probable de la Knésset lors des prochains mois, si du moins, le coronavirus aura reflué de manière significa�ve, et donc un nouveau scru�n électoral – que semblent ardemment désirer Netanyahou et le Likoud !
Des Révélations compromettantes pour Mandelblit et l’appareil judiciaire et policier Retour du boomerang poli�copersonnel lancé par l’appareil judiciaire israélien contre le Premier ministre Netanyahou inculpé de fraudes et abus de confiance dans trois affaires de corrup�on et dont le procès a commencé voilà trois mois devant le tribunal de district de Jérusalem : dans l’une de ses conversa�ons privées (mais enregistrée) datant de 2015 rendue publique le 14 octobre dernier par la diffusion de cet enregistrement sur la Chaine 12 israélienne, l’actuel conseiller juridique du gouvernement, Avishaï Mandelblit, s’est alors plaint auprès de Effi Naveh, l’ex-président de l’Associa�on Israël Bar, du fait que le Procureur général de l’époque, Shaï Nitzan (qui n’a démissionné qu’en décembre dernier et qui a joué un rôle de premier plan dans la triple inculpa�on de Netanyahou), lui aurait mis “le couteau sur la gorge”. Et ce, en refusant voilà cinq ans de israelmagazine.co.il
fermer le dossier le concernant lié à un autre scandale de “jeux d’influence” aux plus hauts sommets de l’Etat : “l’affaire Orpaz” opposant l’ex-ministre de la Défense, Ehoud Barak, à l’ex-chef d’état-major de Tsahal, Gaby Ashkénazi (actuel ministre des Affaires étrangères et No 2 du PBB), Mandelbit ayant été alors suspecté d’avoir bloqué certaines informa�ons capitales de ce dossier pendant 24 heures... Un rebondissement qui remet Mandelblit sur la selle�e dans la mesure où il est plus que probable que le même Nitzan aura exercé à nouveau sur lui de lourdes pressions pour qu’il se décide voilà près d’un an à inculper Netanyahou ! En tous cas, le chef du groupe parlementaire du Likoud, Miki Zohar, devait aussitôt demander la démission de Mandelblit, la nomina�on d’un nouveau conseiller juridique du gouvernement et l’annula�on de tous les chefs d’inculpa�on contre Netanyahou, “faute de quoi, a-til ouvertement menacé, “le Likoud rendrait public d’autres enregistrements de conversa�ons encore plus comprome�ants pour Mandelblit”... Or cela s’ajoute à d’autres fuites récemment révélées par la Chaîne 12 et son jeune journaliste Amit Segal : Nitzan a aussi bloqué l’ouverture d’une enquête contre l’ex-préfet de police, Alsheich, dans l’affaire d’un Bédouin tué en 2017 à Abou Al-Qian par la police, alors qu’Asheich avait à tort prétendu qu’il s’agissait d’un terroriste ; il y aurait aussi de flagrants “conflits d’intérêts” parmi les hauts-officiers de la police ayant enquêté dans les affaires de Netanyahou et de sa femme Sarah ; de plus, le Département des Enquêtes internes à la police aurait refusé d’examiner une plainte contre les méthodes u�lisées pour retourner Nir Hefetz, un ex-confident de Bibi, en “témoin d’État” à charge contre lui. Autant de zones d’ombres qui je�ent un énorme discrédit sur le fonc�onnement interne de l’appareil judiciaire.n
Le décalage entre le “pays légal” et le “pays réel”... Alors que confrontés en septembre 2019 puis en mars 2020 à deux scrutins électoraux consécutif en six mois, puis aux rebondissements démoralisants de la crise du coronavirus, les citoyens d’Israël avaient déjà perdu leur confiance dans l’efficacité du pouvoir exécutif (le gouvernement) et du pouvoir législatif (celui de la Knesset), voilà maintenant que s’affiche ouvertement au grand jour les dysfonctionnements et la politisation scandaleux du système judiciaire luimême ! Résultats : un grand désarroi qui va au-delà de la répartition partisane traditionnelle entre la “droite” et la “gauche” de l’échiquier politique, et qui affecte tous les leaders nationaux. Ainsi, dans un sondage réalisé à la mi-octobre par l’Institut d’Enquêtes d’opinion “Panels Research” pour les deux quotidiens Maariv et The Jerusalem Post sur un échantillon représentatif de la population adulte israélienne auprès 1 033 personnes, 54 % des interrogés – dont 28 % de ceux qui avaient voté Likoud en mars dernier - souhaitent que Binyamin Netanyahou se retire de la scène politique, 36 % s’y opposent et 10 % sont sans opinion. Parallèlement, “l’usure du pouvoir”, qui s’aggrave toujours en temps de crise aiguëe, pèse lourdement sur les épaules de Netanyahou puisque 55 % des interrogés ne lui accordent plus leur confiance pour gérer la lutte contre la pandémie du coronavirus ni la relance de l’économie. Autre indice révélateur de ce climat de crise ouverte régnant à la tête du pays : plusieurs grandes agences de crédit et organismes financiers internationaux ont averti les dirigeants de Jérusalem qu’ils allaient réévaluer – sans doute à la baisse – la position de l’économie israélienne et ses capacités actuelles à faire face à ses emprunts et lignes de crédits...n
ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020 |
33
ISRAEL MAGAZINE
ENTRETIEN avec
ALEXANDRE DEL VALLE Entretien avec un intellectuel qui a l’art d’argumenter sans jamais céder d’un pouce, loin de la mise sous tutelle par le politiquement correct. Propos recueillis par David Reinharc
A
lexandre Del Valle est un géopolitologue et essayiste francoitalien bien connu des institutions juives. Il a publié plusieurs essais en France et en Italie sur la faiblesse des démocraties, les guerres balkaniques, l’islamisme, la Turquie, la persécution des chrétiens, la Syrie et le terrorisme. Il fut aussi pendant quelques années le collaborateur d’Israël Magazine. Son dernier ouvrage, coécrit avec Emmanuel Razavi, Le Projet : "La stratégie de conquête et d’infiltration des frères musulmans en France et dans le monde", est paru en novembre 2019 aux éditions de L’Artilleur.
Les territoires perdus de la République sont-ils devenus des territoires gagnés par l’Islamisme ? L’islamisme radical est une menace totalitaire mortelle, qui a deux grandes
34 | ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020
facettes : la première est celle du djihadisme barbare, donc des "coupeurs de têtes", voué à "répandre la peur dans le cœur de l’ennemi" et à pousser les mécréants à se soumettre à l’islam ; la seconde est l’islamisme politique des "coupeurs de langues", qui vient de la même matrice salafiste que le djihadisme,
mais progresse par l’infiltration, le travail de sape, comme les Frères musulmans, et intimide les mécréants par le victimisme et la diabolisation des "islamophobes" sommés ainsi de baisser la garde...
Le nombre d’incidents antisémites ne cesse d’augmenter depuis israelmagazine.co.il
début 2000. Etablissez-vous un lien de causalité entre la violence pulsionnelle des criminels crapuleux qui visent la communauté juive et les attaques jihadistes, idéologiquement motivées, ayant visé Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher ? La violence barbare des bandes ethnoreligieuses arabo-afro-musulmanes des "quartiers" s’en prend, comme les attaques jihadistes, aux Juifs, aux petitsblancs chrétiens ou "Gaulois", et aux représentants de l’Etat, dont les forces de l’ordre/flics diabolisés. Islamo-gauchistes, blacks-muslims, suprémacistes noirs ou autres "indigénistes" leur trouvent des excuses ou les légitiment carrément dans le cadre d’une "convergence des luttes" dont l’étendard rassembleur et mobilisateur est le drapeau vert de l’islamisme. Les assassinats régulièrement commis par des "jeunes" arabo-africains délinquants à la fois anti-Juifs et anti-Gaulois est de plus difficile à distinguer des jihadistes, les deux puisant dans le même "vivier" sociologique.
Dans ce contexte, une alliance de "convergence des luttes" a été conçue depuis les années 197080 par les mouvances trotskistes anglaises et françaises, puis mondiales, avec les forces islamistes radicales, alliance qui poursuivait celle de l’ensemble de la gauche tiers-mondiste avec le nationalisme arabe et le terrorisme palestinien. israelmagazine.co.il
Le néo-sultan Erdogan
Le mouvement Black Lives Matter proteste contre les violences policières et le racisme, mais, est lui-même, gagné par l’antisémitisme. Comment expliquer cette contradiction ? Le virus fascisant ne prolifère plus chez des blonds aux yeux bleus mais chez les indigénistes-dieudonnistes révisionnistes, les blacks-muslims suprémacistes ; les Frères musulmans antisémites qui soutiennent le Hamas et que protège le néosultan Erdogan, lui-même allié aux Loups gris turcs néo-fascistes du parti MHP. Ce "fascisme exotique" fait bien plus de morts et de dégâts que les "populistes" à la Orban qui défendent leur patrie et veulent contrôler l’immigration pacifiquement par les élections. La vraie nouvelle extrêmedroite, ce sont les indigénistes, islamistes, blacks-muslims, et autres suprémacistes néo-ottomans-panturquistes, prêts à en finir avec l’Occident "blanc-judéo-chrétien démocratique-capitaliste", qui intimident et terrorisent par les violences de rue. Rappelons que l’affaire Traoré est née des mêmes mécanismes que les Blacks Live Matter, lesquels ne sont pas apparus soudainement avec l’affaire George Floyd, délinquant récidiviste tué par un policier
blanc au cours de son arrestation, mais sous Barack Obama en 2014 dans un contexte d’alliance radicale anti-flics, black-muslims anti-Blancs et islamistes, concoctée par les mouvances trotskistes. Les affaires Floyd et Adama Traoré (lui aussi multirécidiviste condamné pour violences, extorsions, menaces de mort, stupéfiants, viols) montre que nous sommes entrés dans l’époque du "Grand renversement" qui nous prépare à "l’horizon Mad Max". Dans ce schéma d’inversion, toute autorité, toute norme légale, toute valeur traditionnelle (sauf celles de l’islamisme craint) est délégitimée par des lobbies déconstructivistes gauchistes qui ont pris le pouvoir des universités, de la culture et donc de la pensée et qui soumettent les défenseurs de l’Etat-nation occidental à la reductio ad hitlerum... Cette "nazification" du "Blanc" explique pourquoi on médiatise plus les militants haineux pro-Traoré ou proFloyd que les honnêtes gens dénonçant les tueurs de flics, de Gaulois, de prêtres (Jacques Hamel), de Juifs (affaires Ilan et Sarah Halimi et Mireille Knol), tués par des "victimes de la société" agissant par "désespoir". ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020 |
35
ISRAEL MAGAZINE
Photo : Capture d'écran
Le collectif Adama Traoré est lié à l’organisation américaine Nation of Islam de Louis Farrakhan - pour qui Hitler a été "un grand homme". Comment expliquer la complaisance de Mélenchon à l’égard de ce mouvement islamo-nazi américain ? Il est vrai que Farakhan, le leader de cette organisation suprémaciste black-muslim, a salué la judéophobie hitlérienne, comme d’ailleurs al-Qaradâwî, idéologue-juriste préféré des Frères musulmans... L’extrêmegauche exonère ce fascisme rouge-noirvert, comme elle pardonne à Dieudonné son négationnisme antisémite. La gauche révolutionnaire a comme cible l’Occident capitaliste judéo-chrétien à abattre, d’où l’alliance des mouvances trotskistes avec l’islamisme le plus subversif. Mélenchon, le NPA et leurs alliés Indigènes portent une lourde responsabilité dans la montée de l’islamisme anti-juif et antichrétien qui envahit nos banlieues et empêche l’intégration de "jeunes"
36 | ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020
appelés à détester la France, les sionistes et les Gaulois "islamophobes". Cette stratégie de "paranoïsation" ne vise pas à dénoncer le racisme avéré, mais à dévoyer l’antiracisme pour justifier la haine envers l’Occident. Dans ce contexte, une alliance de "convergence des luttes" a été conçue depuis les années 1970-80 par les mouvances trotskistes anglaises et françaises, puis mondiales, avec les forces islamistes radicales, alliance qui poursuivait celle de l’ensemble de la gauche tiers-mondiste avec le nationalisme arabe révolutionnaire et le terrorisme palestinien un peu plus tôt. Aujourd’hui, cet "islamo-gauchisme" a envahi l’espace médiatique, politique, les milieux de la recherche et se traduit dans les banlieues par l’émergence de fronts révolutionnaires rouges-bruns-verts violents attelés à préparer les conditions d’une pré-guerre civile. La gauche du NPA, du trotskisme pro-islamiste, de Mélenchon et des Indigènes de la République portent une lourde responsabilité dans la montée
de l’islamisme anti-juif et anti-chrétien qui envahit nos banlieues et empêche l’intégration républicaine de millions de "jeunes" qu’ils appellent à détester la France, les Français "souchiens", les Juifs sionistes et les Gaulois colonialistesbourreaux-islamophobes-racistes par essence et par naissance. Cet antiracisme raciste ne dénonce plus des forces de racismes assumées, exprimées ou constatées, mais des dispositions supposées, des intentions imaginées et attribuées de façon essentialiste aux Occidentaux coupables en bloc et invités à "payer" leurs fautes imprescriptibles en disparaissant sous la pression migratoire illimitée.
Alliance entre Israël, les Emirats Arabes unis et Bahreïn : Sommesnous à l’aube d’un nouveau MoyenOrient ? L’influence de MMohammed ben Zayed ben Sultan, prince héritier et ministre israelmagazine.co.il
de la Défense d’Abou Dhabi, capitale des Émirats arabes unis, se fait sentir dans tout le monde arabe depuis que cet homme fort, qui influence Mohamed Ben Salmane, le prince-héritier d’Arabie saoudite, a déclaré une guerre totale contre les Frères musulmans, le Qatar, la Turquie d’Erdogan, l’Iran révolutionnaire et le terrorisme du Hamas (sunnitofrériste) et du Hezbollah (libanais-chiite pro-iranien). Ce nouveau monde arabe a comme autre pilier l’Egypte du présidentmaréchal Al-Sissi. L’espoir est là, mais il ne faut pas s’enthousiasmer trop vite, car les Frères n’ont pas dit leur dernier mot et l’Arabie est encore loin d’adhérer à un islam tolérant...
Comment comprendre l’Alliance d’Erdogan avec le Hamas et les liens qu’il entretient avec le djihadisme international ? Erdogan se voit en nouveau sultan calife du monde musulman (dixit Qaradâwî des Frères musulmans), or pour que son pays retrouve un "leadership" dans ses anciennes colonies ottomanes, le néosultan a dénoncé violemment Israël, puis soutenu les terroristes du Hamas et les Frères musulmans (mouvance islamiste la plus à même de remporter des élections) pour gagner les "cœurs arabes". Son instrumentalisation de la cause palestinienne permet de faire oublier l’alliance militaire ancienne de la Turquie avec Israël et l’OTAN. Il s’agit en fait d’une tentative de manipuler les Arabes, ce qui n’a pas convaincu Al-Sissi et les Émirats, bêtes-noires d’Erdogan.
Vous êtes un ancien de l’OPUS DEI, le créateur du courant libéralconservateur de l’UMP (la droite libre), accusé de "sionisme" par l’extrêmedroite, mais d’extrême-droite par la gauche ; mais aussi l’invité star à israelmagazine.co.il
Montpellier d’un colloque au Centre de recherches et d’études juives et hébraïques, également le disciple du général P. M. Gallois, grand Résistant, tout en ayant été l’invité à Lyon d’un Forum de l’Œuvre française, mouvement aujourd’hui dissous, antisioniste et antisémite, et l’invité de presque toutes les associations juives ? Compliqué ?
Mon avocat, Gilles Goldnadel, m’a dit un jour avoir été touché par la façon dont je croisais le fer avec des auteurs de propos antisémites sur Radio Courtoisie et face à des islamistes négationnistes sur AlJazeera. Certes, mon profil de lanceur d’alertes débattant partout a pu dérouter. Aucune de mes analyses n’ayant été démentie, la gauche pro-islamiste n’a que la reductio ad hitlerum pour me disqualifier. Cette stratégie de diabolisation vient de Trotski, Lénine, Staline, Mao, ou Pol Pot. C’est à leurs adeptes de s’excuser pour les 100 millions de morts du communisme, pas à moi d’avoir exprimé mes visions antitotalitaires, là où l’on m’a invité. J’ai donné 900 conférences depuis 1994, écrit dans de nombreuses revues, dont seulement quelques articles à un petit fanzine druidique aixois des étudiants de l’IEP liés à la nouvelle droite (j’avais 22 ans !). Mais j’assume le contenu qui portait sur les "Juifs et chrétiens persécutés en terre d’islam". Le fait d’avoir échangé avec la nouvelle droite néo-païenne n’a jamais remis en question mon engagement "catholique" traditionnel. Quant à la conférence, je ne la referais pas aujourd’hui, j’y ai juste présenté mon livre, Islamisme-Etats-Unis, préfacé par mon maître, le résistant illustre P. M. Gallois. Je dus quitter l’assemblée après avoir dénoncé la "débilité antisémite de la droite néo-païenne et pétainiste ",. Comme Enthoven à la Convention de la Droite, j’ai cru pouvoir faire évoluer les gens par le dialogue. On ne peut réduire un auteur à un lieu où il est allé une
fois. Je suis intervenu bien plus souvent avec des résistants gaullistes historiques (Pierre Marie Gallois, Alain Griotteray, Jean Mattéoli), et j’ai appartenu dès 1991 à la droite villiériste, RPR-UDF et ensuite au RPF de Pasqua-Villiers, puis à l’UMP. Entre 1997-1999, j’ai parlé à l’Association des Amis du Monde diplomatique, au Centre Karl Marx, j’ai été membre du club socialiste Démocraties, chargé de mission dans une région socialiste, sans pour autant être PC ou PS (!). La LICRA, le Grand Orient de France, le Bnai Brith, maintes synagogues, et le Centre Averroès musulman de Rome ne m’auraient pas invité si je venais du fascisme raciste. J’ai débattu avec le président de SOS Racisme Sopo, avec Noël Mamère, Edwy Plenel ou Tariq Ramadan. Alain Griotteray, créateur du premier réseau de résistant (Aurion), a préfacé le livre Une idée certaine de la France, où il expliquait que Zemmour, Goldnadel, Georges Fenech, et moi-même, co-auteurs, aurions été "dans le bon camp" face aux nazis en 1940. Cet hommage me touche plus que les crachats des antifas. Mais si mes interventions ont fait changer un seul fanatique (tout être peut évoluer), alors j’en suis fier. n ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020 |
37
ISRAEL MAGAZINE
Mirit Harari, la Grande Dame aux Cheveux courts. Par Robert BEN DENOUN
Israël, femme fragile, belle, jamais hautaine, toujours soucieuse des autres, n’est pas une Terre uniforme. Elle est faite de contrastes, de vallons, de collines, de rivières et de lumière. Elle est la résultante de toutes les forces, de tous les élans, qu’ils soient destructeurs ou porteurs d’espoir. Elle est la source et le chenal, le bout du voyage, l’arrivée à la mer. S’identifier à Israël, c’est s’identifier à ses habitants, tous ses habitants, même ceux qui ne partagent pas vos idées, qui ont des modes de vie différents, des modes de pensée différents, et des aspirations politiques différentes. 38 | ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020
O
nt incarné Israël, des pionniers, des bâtisseurs, des artistes, et des femmes ont été pétries de cet esprit prophétique, qui colle à ces quelques arpents situés entre la mer et le désert. Où que vous soyez, en France, en Israël, aux Etats-Unis, si vous lisez Israël Magazine, vous reconnaitrez ou vous vous reconnaitrez dans ce portrait d’une femme courage qui a porté haut la Terre d’Israël qu’elle aimait tant, et où elle réside désormais : Mirit Harari. L’épouse de
Didi Harari, connu des auditeurs de radio et des téléspectateurs israéliens, est décédée le jour de Roch Hachana, à 52 ans, d’un cancer du pancréas et du foie. Cette annonce pourrait être attristante, mais elle ne l’est pas, Mirit Harari ne l’aurait pas voulu. Elle s’est battue contre le mal qui l’envahissait, en sourdine au début, puis plus fortement, mais elle n’a pas voulu accepté le diktat du crabe insidieux qui envahissait ses cellules. "Elle a regardé la mort dans les yeux". Elle israelmagazine.co.il
a médiatisé sa maladie, utilisant les réseaux sociaux, se mettant en scène, parmi ses trois filles et son mari, pour insuffler amour, espoir, et maintenir en chacun de nous, l’indispensable esprit de solidarité et le sursaut vital. Ses post sont devenus viraux, ses mots, lettres et photos ont fait le tour de la toile pour nous engager à ne pas renoncer au combat. Elle est devenue un symbole et lors des obsèques, les témoignages d’affection ont afflué, d’anonymes ou de personnalités. Elle est devenue une icône, notre mère, notre fille, notre sœur, une part de nous. Dans un sourire, elle s’évertuait à dire : "Ne perdez pas espoir et continuez à vivre, comme je l’ai fait, jusqu’à mon dernier souffle."
douloureuse. Elle décide alors de prendre la main, et de mettre à profit son expérience pour se tourner vers les autres : "Je ne sais pas combien de temps il me reste à vivre, mais je choisis de le vivre". Elle crée des comptes Tweeter, Instagram, Facebook, et les followers sont touchés par sa démarche, son humour, son souffle réconfortant. "N’attendez pas la maladie pour faire les bons choix pour vous. Soyez courageux, réalisez vos rêves tant que vous êtes en bonne santé et forts. Et même si vous êtes malade, ne vous étouffez pas de l’intérieur..." Écrit-elle. Elle est photographiée sur son lit d’hôpital, son fauteuil de soin, sur sa chaise roulante, parmi des tubulures, des poches plastifiées et des bouteilles d’oxygène. Elle circule dans les couloirs, sous les lumières blanches artificielles : "Je vois dans le service d’oncologie des patients enfermés dans des chambres, marchant comme des endeuillés, la tête couverte, passant leurs jours dans les larmes et
les pensées du passé". Elle écrit : "Je leur dis : alors que déjà mes cheveux tombent et que j’ai perdu plusieurs kilos, je pense qu’il faut regarder le cancer comme une opportunité... cela ne dépend que de nous, patients." Elle communique, échange, profite de la vie qui file, de la plage qu’elle aime tant, du canoé-kayak, des baignades. Elle téléphone, administre, offre, se bat pour elle et pour les autres, contre les incidences de la maladie, contre les dérèglements des sens et le renoncement.
La Fin Mais Mirit s’affaiblit et les réalités sont là. On avance le mariage de sa fille Avishag, pour qu’elle puisse y participer, dans le Moshav Batzra, dans la plaine du Sharon où la famille habite. Elle y fait bonne figure, sourit, ne lâche pas le bras de son mari Didi. Avishag pleure - c’est le jour de son mariage -, et parce qu’elle sait qu’inéluctablement sa mère va lâcher
Avec Didi
La maladie En septembre 2018, ressentant des douleurs abdominales sévères, on lui diagnostique un cancer du pancréas. Opérée en urgence, les chirurgiens découvrent également dans son foie des métastases. Mirit refuse de céder à la panique. Elle est hospitalisée plusieurs fois à l’hôpital Ichilov de Tel-Aviv, et subit chimiothérapie et radiothérapie, fastidieuse, israelmagazine.co.il
ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020 | 39
ISRAEL MAGAZINE
la rampe. Mirit : "La situation était difficile et j’avais déjà abandonné. Je voulais rester à la maison et m’évanouir lentement. Didi a supplié: "Ce n’est pas le moment". Il est si tentant de lâcher prise, de fuir la peur. Dimanche, huit heures du matin, salle 29 du service d’oncologie. Sont présents Didi, leurs filles, la sœur de Mirit, Nili, le professeur Wolf, le Dr Roni Zabar, et Mirit qui vient de passer une semaine à l’hôpital. Une semaine plus difficile que les autres. Elle ne supporte plus les piqûres, les transfusions, les médications, le mobilier hospitalier. Il faut décider : rester à l’hôpital ou rentrer à la maison, définitivement. Elle songe à profiter des petites friandises de la maison, s’allonge aux côtés de ses filles, sur le canapé du salon qu’elle ne quitte pas, sous une couverture qui laisse entrevoir les pieds qui dépassent. La vie dépasse toujours un peu : "m’imprégner de l’endroit que j’aime le plus au monde." Le professeur Wolf dit de rester à l’hôpital, le Dr Roni Zabar pense qu’il est préférable qu’elle rentre chez elle. Israël, ce pays où l’indécision est endémique. Mirit s’exprime alors, sans fard. Les internautes sont touchés, au cœur : "Je suis maintenant plus proche de la mort que jamais, et nous nous regardons dans les yeux tous les jours. La mort ne me fait pas peur. Je dis même que c’est un avantage de
40 | ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020
mourir quand tous vos proches sont autour de vous, plutôt que de mourir vieux et sans ressources. Au moins je retire du bien de cette situation, en inspirant les autres, et tout cela a un sens". Passent les nuits et les jours, et sans cesse elle se demande si sa fin approche. "De merveilleuses conversations, des lettres écrites. Tout est prêt pour la dernière heure, la Shaa Chin". Mirit a écrit dans un message, s’agissant du temps : "la signification est différente. Je ne suis en retard nulle part, allongée dans le salon, dans mon lit ces derniers jours. Je prends aussi une douche dans la cour...je suis connectée à un ballon à oxygène. Je n’ai même pas besoin de me brosser les dents. Je n’ai plus à me soucier de rien..." Elle n’est pas amère, refuse d’être dupe : "Toutes les choses qui semblent importantes, éloignées dans le temps, n’ont pas d’importance... Vous ne pensez qu’à ce que vous laissez et à ce dont vous vous séparez. Et vous vous séparez de vos enfants. C’est tout..." Une dernière joie, pour la route. Peu de jours avant son décès, Mirit a reçu un appel du président, Reouven Rivline, l’informant qu’elle avait remporté "le Prix du Président pour le bénévolat 2020" pour son action au sein de l’association Sac’hi dont elle est présidente. Avraham Hayoun se souvient : "Au cours de la conversation, elle m’a dit qu’elle était
hospitalisée, qu’elle était déjà sous oxygène et que la situation n’était pas bonne, mais qu’il y avait un point lumineux dans sa vie, et elle m’a fait le point sur la conversation qu’elle venait de tenir avec le président. Telle est Mirit, qui voit toujours le point de lumière..." "Nous sommes fiers de vous et de votre travail" a dit le président Rivline en larmes. "Toute notre vie, nous nous souviendrons que nous avons eu le privilège de vivre à vos côtés, parce que vous êtes un exemple et un modèle pour toute la société israélienne."
32 ans de Vie commune rompus par un dernier Souffle. Mirit a grandi à Akko, et rêvait de retourner vivre près de la mer. Didi a réalisé son rêve et c’est depuis la baie vitrée, qui débouche sur un balcon, que Mirit a regardé cette étendue d’eau bleue lui parler d’un avenir qui ne pouvait exister. Aujourd’hui elle est la reine d‘un bal funeste. "Ce qui est intéressant, ce n’est pas demain, c’est maintenant" disait-elle. "Le bonheur c’est ici est maintenant" a-t-elle écrit sur Instagram. "Bien que je sache que c’est la fin, je veux aller à la rencontre israelmagazine.co.il
de ce qui est bon dans la fin." Ishaï Ribo : "Chère Mirit, vous avez été une grande inspiration pour tout ce peuple, surtout ces jours-ci, puisque nous traversons une période difficile." Didi : "Merci pour ton immense sagesse qui m’a guidé lorsque j’étais confus, pour nos voyages et pour ton pardon. J’entends ta voix dans mes oreilles. Au cours de ces dernières années, tout le monde a compris à quel point tu es spéciale, lumineuse, fascinante, ce que nous savions depuis le début. Vivre ensemble 32 ans, et parfois, nous semblions être devenus un". En pleurs, voûté, il s’est adressé à l’assemblée : "J’ai appris d’elle à profiter au maximum de l’instant, à vivre chaque jour comme si c’était le dernier, à apprécier la valeur de la famille. Elle m’a appris à rire et à comprendre ce qu’est le véritable amour, et à quel point il ne dépend de rien, et surtout elle m’a appris à rêver et à convoiter de parvenir au lendemain." Didi Harari a cité la chanson de Hanan Ben-Ari "Shemesh" "Soleil", que Mirit aimait tant: "Et tu seras mon soleil pour toujours/ tu seras comme un oiseau migrateur dans l’espace."
U
Témoignages Le sourire de Mirit est placardé sur les murs, les écrans d’ordinateur, de télévision. Sa voix, ses mots, ont transpercé le cœur des Israéliens. Elle sera plus qu’une étoile filante, et sera inscrite dans les mémoires, jusqu’à ce que la douleur soit définitivement vaincue. Je la revois défiler avec des "femmes sans cheveux" pour défendre la cause de elles qui luttent contre cette maladie dont on n’ose pas dire le nom, et qui l’a élevée au rang de femme courageuse et ensoleillée. Benjamin Netanyahou : "nous pleurons avec vous et les filles, la perte insupportable de votre épouse bien-aimée Mirit qui s’est battue noblement contre le cancer jusqu’à ses derniers instants...Tous les citoyens du pays, et nous parmi eux, avons été profondément émus." Yaïr Lapid : "Mirit a été une inspiration pour tous. Son sourire et la lutte contre la maladie ont laissé un héritage de force et de détermination.". Shiri Maimon "Tu as laissé des forces qui résonneront longtemps. Vous
L’enterrement
ne pièce étroite, ouverte sur l’été, les arbres, le beau soleil de septembre. Un mur de pierres posées sommairement, des bancs fixés au mur, une plaque en marbre garnie de Psaumes de David et
israelmagazine.co.il
avez montré à tous ce qu’est la vraie vie..." D’autres personnalités ont rendu hommage à Mirit, de nombreux internautes et lecteurs des journaux. Souvenez-vous de Mirit Harari, de ses mains tendues, de son indécrottable espérance. A la question quelle pourrait être la dernière ligne de votre biographie, elle a répondu : "Elle a profité de sa vie jusqu’à la fin et a été heureuse et joyeuse jusqu’à la dernière minute".n
des mots du Kaddish, cette louange adressée, à Dieu. Un père, un mari, Didi Harari, et ses trois filles. Tous sont vêtus d’un t-shirt noir, recherchant le réconfort d’un instant. Tous les présents dans la salle funéraire, sont masqués, et seuls leurs yeux trimballent la tristesse d’une célébration, triste comme une Nocturne de Chopin. Un banc, un corps étendu, placé dans une housse de plastique, long, filiforme comme un marcheur de Giacometti, Mirit Harari, sans vie, sur une civière. Le chanteur Ishaï Ribo, venu à la demande de la famille interprète, en s’accompagnant à la guitare : "Lev Cheli", (Mon cœur). "Et toi seul peux transformer mon deuil en danse/ Pour purifier le sable/ Pour adoucir tout en moi/ Et tu sais comment approcher mon cœur/ Tu atténues toute douleur en moi/ Tu guéris mon cœur". Des pleurs et des mots prononcés, ceux d’Avishag, de Didi, le visage enfoncé dans une casquette lugubre, offrant des mercis innombrables.n ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020 |
41
ISRAEL MAGAZINE
Israël exporte ses Kibboutzim et ses Moshavim en Afrique
par Odile Solnica
Mais aussi ses technologies de pointe à l’étranger pour lutter contre la faim et la pauvreté. Le modèle des moshavims exporté par Israël en Afrique entretient l’espoir de pouvoir lutter contre la sécheresse et contre la faim dans certaines régions africaines, et dans d’autres pays en développement, grâce à de nouvelles techniques agricoles.
S
elon les chiffres de la Banque Mondiale, en 2020, 58% seulement des Africains ont accès à l’eau potable, moins de 5% des terres cultivées sont irriguées et seulement moins de 10% des ressources hydriques sont utilisées. L’exportation des nouvelles technologies israéliennes permet d’avoir une meilleure sécurité alimentaire dans divers pays en développement. Des entreprises israéliennes ont ainsi exporté leurs technologies agricoles dans des régions désertiques. Rony Sarfati, ingénieur, expert en gestion de l’eau, donne son point de vue à Israël Magazine. "L’agriculture a toujours été au centre du
42 | ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020
développement d’Israël. Nous avons réussi à pouvoir être autonome, à comprendre comment produire de manière efficace dans un milieu aride. Nous avons proposé un transfert de savoir faire unique à l’étranger ".
Des formations pour les agriculteurs africains ; transfert de technologie
Tahal, concernant la création du moshav Quiminha pour 300 familles, avec un centre de formation agricole à la pointe afin de former les agriculteurs angolais". L’entreprise Quiminha est considérée comme l’un des plus grands projets agricoles actuellement en cours en Angola, qui a un impact majeur sur la production alimentaire du pays. L’objectif de ce projet achevé en 2016, d’une valeur de 142 millions d’euros était de produire d’importantes quantités de nourriture de haute qualité en Angola. Des infrastructures pour les routes, l’eau, l’électricité, les eaux usées ont été construites. Des maisons de 100 mètres Le moshav Quiminha
Concernant l’exportation des moshavims en Afrique, "il existe cet exemple exceptionnel de la société israélienne israelmagazine.co.il
carrés ont pu être bâties avec des zones destinées à l’agriculture commerciale, des équipements d’irrigation, des poulaillers pour pondeuses, un centre logistique comprenant des machines agricoles, des installations de tri, d’emballage, un centre de formation professionnelle et des laboratoires. Rony Sarfatti précise que le groupe Tahal a pu créer "un centre de formation technique et pédagogique pour que les agriculteurs sachent aussi entreprendre des études de marché ; cela afin de percevoir quelles sont les ressources agricoles les plus utiles et pour savoir comment produire et vendre de manière rapide et efficace. "L’objectif a été de les former avec des experts israéliens pour les rendre autonomes dans leur production et leur gestion.
Yoram Bar Sinai architecte pour la société israélienne Alefbetplanners du groupe Mitrelli, énonce que le ministre de l’Agriculture d’Angola a visité des kibboutzim en Israël, il y a environ 20 ans. Il a alors manifesté l’envie d’avoir le même type de modèles dans son pays. "Après la guerre civile en Angola, tout a été détruit. Il y avait beaucoup de pauvreté, et un manque certain d’approvisionnement en eau. En 2003, l’idée était de réadapter les moshavs à la réalité africaine. Le problème principal était aussi de ramener la paix après cette guerre civile au sein du pays. Nous avons pu construire environ 15 villages pour environ 600 familles avec des experts israéliens en adaptant une agriculture moderne aux conditions locales". israelmagazine.co.il
Vue aérienne du moshav Quiminha
Les innovations technologiques israéliennes dans les pays en développement : gestion du goutte-à-goutte et désalinisation, Accès à l’eau potable sur le continent africain; installation d’infrastructures hydrauliques Koby Elbaz, ingénieur civil, a travaillé pour Tahal en Afrique, pour créer de l’eau potable. Il nous raconte son expérience au Ghana. "Sans infrastructure hydraulique, la population cherchait de l’eau non filtrée par pompage manuel ou dans des rivières loin des villages, avec de grandes risques de contracter des maladies. 500.000 Ghanéens ont pu enfin avoir accès à l’eau potable dans leurs maisons grâce au projet 3K mis en place entre 2011 et 2018. "Afin de renouveler les systèmes d’approvisionnement en eau au Ghana, ce
"projet 3K" a représenté un contrat de 236 millions de dollars. Victoria Lilti, chef de projet Afrique pour Netafim, leader mondial dans l’irrigation goutte à goutte, nous explique les bienfaits du système révolutionnaire de cette entreprise israélienne crée en 1965, dans le domaine de l’irrigation de précision sur le continent africain. "(L’irrigation goutte à goutte est une technologie qui permet d’amener l’eau exactement aux racines de la plante, ce qui permet une économie considérable d’eau. Par contre en Afrique, l’irrigation gravitaire inonde les parcelles de terre sans précision en gaspillant près de 50% de l’eau utilisée. ("Le système ingénieux de gestion de l’eau de Netafim permet une augmentation certaine du rendement de la productivité agricole). Concernant un projet au Niger, avec plus de 900 agriculteurs sur diverses cultures, Victoria Lilti précise que cette Un poulailler géant
ISRAEL ISRAEL MAGAZINE MAGAZINE 239 239 || DECEMBRE DECEMBRE 2020 2020 ||
43
ISRAEL MAGAZINE
société israélienne a augmenté de façon spectaculaire les rendements sur plusieurs plantations concernant le melon, le haricot gombo. Avec la culture des oignons, nous avons pu augmenter les rendements et les revenus de 70%, tout en économisant environ 50% d’eau. Aussi, nous avons pu cultiver grâce à notre technologie, pour la première fois des cultures qui se déroulent habituellement durant la saison des pluies. Ce procédé permet aux agriculteurs de rajouter une saison de culture chaque année sans dépendre des eaux pluviales, donc du climat pour faire pousser leurs cultures, ce qui augmente de façon importante leurs rendements. Néanmoins, nous sommes confrontés
souvent au manque d’infrastructures d’eau en Afrique, mais nous savons trouver des solutions innovantes appropriées à chaque projet." Israël exporte également son savoir-faire en matière de dessalement d’eau de mer au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Bénin.
secteur s’évaporent du fait d’une mauvaise gouvernance de certains Etats d’Afrique.
Des obstacles aux installations d’infrastructures d’eau
Près de 800 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde, soit une personne sur 9. L’expérience des milieux arides des Israéliens profite à l’Afrique, et à d’autres pays en développement. Le savoir-faire du miracle agricole israélien leur offre ainsi des solutions éprouvées. n
La corruption omniprésente dans certaines régions entrave la mise en place d’infrastructures hydrauliques. D’importants fonds publics destinés à financer de nouvelles installations dans ce
D’autre part, les entreprises israéliennes sont exposées à une rude concurrence des Chinois et aussi de certains pays occidentaux concernant la construction d’infrastructures d’eau.
Le Groupe TAHAL est le leader mondial des projets de développement d’infrastructures durables dans les pays en développement de par le monde. Mettant à profit son expérience internationale, son savoir-faire, son expertise et de vastes partenariats dans ce secteur, TAHAL implémente des solutions rentables pour aider ses clients à optimiser leurs projets en infrastructures stratégiques. TAHAL offre des solutions uniques intégrées dans les domaines de l’eau potable, des eaux usées, de l’agriculture, des déchets solides et du gaz naturel. Depuis sa création en 1952, TAHAL a réalisé avec succès des centaines de projets pour les gouvernements, les municipalités, les organismes publics et les sociétés privées dans plus de 60 pays dans le monde.
44 | ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020
israelmagazine.co.il
israelmagazine.co.il
ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020 |
45
NETFLIX
par Yehouda Bethléem
Ratched
Sarah Paulson
R
atched est une série américaine d’Evan Romansky et réalisée par Ryan Murphy, diffusée en français sur Ne�lix. Il s’agit d’une série basée sur le roman ‘Vol au-dessus d’un nid de coucou’ et plus par�culièrement sur le personnage de l’infirmière Mildred Ratched, jouée remarquablement par Sarah Paulson. Ce�e série exploite ce qu’on appelle un prequel, un film et une ac�on qui se seraient déroulés avant l’histoire connue du livre. Je commencerais, par contre, par la fin. Il faut impéra�vement voir ce�e série. Acteurs formidables, décors élégants, mise en scène chatoyante, histoire digne du roman dont il est issu. Une infirmière tente de se faire engager par tous les moyens dans un hôpital de fous, ce qu’elle réussit. Or il s’avère qu’elle est encore plus folle que tous les pensionnaires de l’asile et que de plus, elle a un sombre projet : faire sor�r un malade emprisonné pour avoir trucidé et violé sauvagement plusieurs ecclésias�ques. Comme le directeur de l’hôpital n’est pas, lui non plus, très sain d’esprit et que le liber�nage fait feu de tout bois, nous nous trouvons devant des situa�ons aussi tragiques que comiques, mais où la terreur est toujours présente. Ryan Murphy est assurément l’une des gloires actuelles de Hollywood et il signe ce�e fabuleuse série mais tout comme la série ‘Hollywood’ dont nous vous parlions dans un numéro précèdent, le sieur Murphy, qui est luimême un homosexuel déclaré dans le monde du spectacle, tout comme Sarah Paulson qui joue le premier rôle, n’oublie jamais de me�re en exergue de façon naturelle et libérée, ce�e homosexualité au sein de ses personnages. Et c’est là que survient le malaise. On finit même par se demander s’il ne fait pas finalement que de la pub pour des penchants sexuels que j’appellerai pour ma part déviants. Oui voir la série mais sans les enfants. Avec en prime, la grande Sharon Stone, laquelle si elle est en âge d’être grand-mère, n’en est pas moins toujours jolie et toujours hétérosexuelle. Dieu merci !n
46 | ISRAEL MAGAZINE 238 | NOVEMBRE 2020
Sharon Stone israelmagazine.co.il
NETFLIX
Les 7 de Chicago
L
Nos âmes la nuit
(2017)
Titre Original : Our Souls at Night
Avec Robert Redford et Jane Fonda et Mathias Ma�hias Schoenaerts. Jane fonda joue dans ce film le rôle d’une veuve, Adddie Moore, qui en pardessus l’oreiller de la solitude et des nuits froides. Elle n’est pas sans savoir que son voisin, Louis Waters, joué par le toujours élégant Robert Redford, lui aussi n’en peux plus de passer ses nuits seul, après avoir préparé rituellement tous les jours sa gamelle le soir. Et le film a le mérite d’entrer très vite dans le vif du sujet. Addie, ainsi, tape un soir à la porte de son voisin qu’elle connaît cependant depuis des années, et lui fait une proposi�on pas si indécente que cela. ‘ Voudriez-vous passer quelques nuits par semaines avec moi. En tout honneur, cela va sans dire. Redford réfléchit puis accepte. Et le film a�achant, nous emmène de nuit en nuit, de jour en jour, vers ce qui pourra apparaître comme l’éclosion d’une histoire d’amour. Mais le temps est passé et ce n’est pas à 80 ans que l’on fonde une famille, une famille qui existe déjà, à côté, même si l’on désire sincèrement jouer au grand père gâteux avec le pe�t-fils de sa nouvelle compagne. Et toujours cet égoïsme des enfants qui vient entrer une figure nouvelle dans la vie de leurs parents, oubliant de penser qu’ils sont à nouveau heureux J’ai imaginé que ce film était une allégorie DE la vie de ces deux acteurs qui jouèrent longtemps ensemble, ne serait-ce dans ‘la Poursuite Impitoyable’ Et qui apparemment (Jane Fonda l’avouera) se sont aimés sans jamais se le dire, sans se le montrer. C’est aussi le charme infini de ce�e fable. Une espèce de biographie amoureuse inachevée. A voir tout confinement cessant.n
es 7 de Chicago est le récit d’un procès poli�que au 20ème siècle aux Etats-Unis, en pleine guerre du Vietnam en 1968. Tom Hayden, (le hasard voudra qu’il se marie pendant 17 ans avec Jane Fonda. Voir cicontre) Abbie Hoffman, Jerry Rubin, font par�e des accusés face à un juge, un autre Hoffman, paranoïaque, joué magistralement par Frank Langella. C’est la face sombre de l’Amérique, de ses flics véreux et violents, d’une Amérique pas encore sor�e du maccarthysme et qui a laissé mourir 55000 Gies pour rien. Les accusés seront finalement déclarés innocents. Drôle de film où l’on voit les méthodes américaines ressembler drama�quement et à s’y méprendre aux méthodes bolcheviques. Il n’est pas sûr que tout cela ait changé. Sorkin, le réalisateur, dira lors d’un interview : “Ce film n’est pas une leçon d’histoire, il n’est pas ici ques�on de 1968 - il s’agit surtout d’aujourd’hui”. A voir aussi absolument.n
Une pensée pour Robert Redford qui vient de perdre son fils, victime du cancer.
israelmagazine.co.il
ISRAEL MAGAZINE 238 | NOVEMBRE 2020 |
47
LE SAVIEZ-VOUS ? Samuel Paty, professeur d’histoire géographie dans les Yvelines, a été décapité devant son collège le 16 octobre 2020.
RON ARAD La France et la terreur islamique
Suite au meurtre et à la décapita�on de l’ins�tuteur Samuel Paty à Conflans St-Honorine, la ville dont Michel Rocard fut le maire il y a longtemps, la France a décidé plusieurs mesures radicales : les ac�vistes islamiques extrémistes seront arrêtés, seront expulsés de France des citoyens étrangers soupçonnés de terrorisme et des associa�ons islamistes suspectées de les soutenir et de les financer. Des le 19 octobre, la police française a débarqué chez 12 ac�vistes islamistes extrémistes et ce aux quatre coins du pays. Le ministre de l’Intérieur Gerald Darmanin a ainsi décidé l’expulsion de 231 personnes séjournant de manière illégale en France et dont le nom figure dans les lis�ngs des personnes soupçonnées de terrorisme. Dans les jours qui viennent 51 associa�ons soupçonnées d’avoir des rela�ons avec le terrorisme en France seront l’objet d’enquêtes approfondies.n
48 | ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020
Le 16 Octobre, 34 ans exactement après la dispari�on du navigateur Ron Arad en cap�vité, sa femme, Tami, a publié un post extrêmement triste : Nous sommes en présence, a-t-elle écrit, d’un des plus grands ratages des renseignements israéliens. Le navigateur de l’armée de l’air israélienne Ron Arad avait été fait prisonnier au Liban en 1986 après une mission de bombardement sur le sud-Liban. Nous sommes toujours sans nouvelles du sort réservé à Ron qui avait 28 ans à l’époque et qui aurait 62 ans aujourd'hui et qui serait grand-père. Son unique, fille, Youval, a en effet un garçon et elle-même n’était qu’un bébé au moment de la dispari�on de son père. ‘Les premières heures de sa dispari�on ont été cri�ques et il fut décidé de ne pas envoyer des secours pour ne pas les me�re en danger. Les deux premières années nous avons reçu des le�res et photos de Ron vivant. Dans ses le�res Ron affirmait que la sépara�on d’avec sa famille était insupportable. Il reste à Tami une photo de Ron avec un demi sourire.n
On reconfine partout
En Belgique, cafés et restaurants sont désormais fermés pour quatre semaines et un couvre-feu est entré en vigueur lundi 19 octobre de minuit à 05h00 pour endiguer la “montée en flèche” de l’épidémie. “On ne se sent pas considéré et cela me fait mal au cœur”, a lâché, la voix brisée par l’émo�on, Angelo Bussi, un restaurateur bruxellois rencontré par l’AFP. Ce pays de 11,5 millions d’habitants recensait 222.253 cas, un chiffre qui a plus que doublé sur un mois, et 10.413 morts, ce qui en fait l’un des plus endeuillés d’Europe en propor�on de sa popula�on. En France, qui déplore
146 morts en 24 heures, les grandes métropoles, dont Paris, sont soumises à un couvre-feu de 21H00 à 06H00 depuis le 19 octobre. Le nombre des malades du Covid-19 en réanima�on a dépassé lundi les 2.000 personnes, un seuil jamais a�eint depuis mai.n israelmagazine.co.il
La rébellion Orthodoxe
L’Etat hébreu se doit de réagir et de manière forte aux instruc�ons du Rav Haïm Kaniewski, qui règne sur un demi-million d’Israéliens, d’avoir autorisé l’ouverture de centaines de Talmud Tora et ce, de manière illégale. C’est la première fois dans l’histoire d’Israël qu’une rébellion civile s’étale de façon aussi caractérisée. Le leader lithuanien a, bien sûr, entendu les menaces du ministre de la Santé et du gouvernement, de voir ses crédits pour l’éduca�on religieuse annulés tout simplement. Et comme les donateurs ne se pressent pas aux portes en ce�e période difficile. Nous sommes en situa�on de danger de mort avec le Corona, l’une des situa�ons connues dans le monde de la Tora, où tout est permis pour sauver une vie, mais pas pour remplir les cime�ères !n
COVID-19 : Cinq villes bouclées en Iran sur fond de nouveaux records
Cinq des plus grandes villes d’Iran ont été par�ellement bouclées trois jours, ont annoncé les autorités de Téhéran sur fond de nouveaux records liés à l’épidémie de COVID-19 dans le pays. Selon les chiffres du ministère de la Santé, l’Iran a franchi deux nouveaux records avec 279 décès quo�diens dus au virus SARS-CoV-2 et 4830 nouvelles contamina�ons en 24h. il sera interdit d’entrer ou sor�r en véhicule individuel de Téhéran et Karaj ainsi que d’Ispahan (Centre) et Ourmia (Nord-Ouest). « Nous constatons qu’une grande par�e de la popula�on, pour toutes sortes de raisons, ne se conduit pas de manière responsable », a déclaré M. Jahanpour. Depuis l’annonce des premières contamina�ons en février, l’épidémie a fait 29.349 morts sur un total de 513.219 cas confirmés, selon les chiffres officiels. Le vice-ministre de la Santé Iraj Harirchi a néanmoins déclaré que ces chiffres étaient très inférieurs à la réalité, peut-être de moi�é voire plus, compte tenu des protocoles retenus pour les sta�s�ques.n
VOUS SOUHAITEZ PARRAINER UN PROCHE
OFFREZ 1 AN D’ABONNEMENT israelmagazine.co.il
BP 154 - TEL-AVIV - ISRAEL
ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020 |
49
Hitler et Von Ribbentrop et Horthy à Klessheim - Lors de sa rencontre avec Hitler, au château de Klessheim, la veille de l’occupation, Horty concède les jalons qui vont servir de justification des déportations prévues par le Führer. Il accepte de livrer au Reich quelques centaines de milliers de Juifs pour travailler dans le Reich. [6] Or, Horty connaît par expérience le sort qui attend ces "travailleurs forcés." Source : AFP / Roger Viollet
La Shoah revisitée
par Marc-André Charguéraud Exclusif Israël Magazine
L’Amiral Horty : L’homme qui livra 437.000 Juifs aux nazis en 1944
M
iklos Horty Nagybanya est mort au Portugal à l’âge de 89 ans. Proclamé régent de la Hongrie en mars 1920, il ne rend plus compte au Parlement et règne sans partage depuis 1937. Il devient un allié modèle d’Hitler et dès avril 1938, il rejoint Berlin, Rome et Tokyo dans le pacte anti-Komintern contre le communisme international. En novembre 1940, il signe le Traité tripartite, devenant ainsi l’allié formel de l’Allemagne, de l’Italie et du Japon. Fidèle à ses engagements, Horty envoie 200.000 hommes, participer à l’offensive allemande contre l’URSS en juin 1941. Arrêté par les Américains au printemps 1945, il est appelé comme témoin au procès de Nuremberg. La Yougoslavie demande qu’il soit jugé comme criminel de guerre. Les Alliés victorieux s’y refusent. Ils relâchent Horty qui trouve refuge chez un dictateur ami, Antònio Salazar, à Lisbonne. On peut se demander quelles sont les raisons qui ont conduit les Alliés à faire preuve de tant de mansuétude envers un vassal inconditionnel du Reich. On avance qu’il a refusé en 1942 et 1943 de déporter la population juive de Hongrie malgré les
50 | ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020
pressions répétées des nazis. Alors que le pays était occupé par la Wehrmacht, n’at-il pas aussi eu le courage le 7 juillet 1944 d’ordonner l’arrêt des déportations de Juifs vers les camps de la mort ? Il a aussi pris en octobre 1944 le risque d’entamer des négociations d’armistice avec les Russes, ce qui lui a valu d’être lui-même arrêté par la Gestapo et transféré en Allemagne. [1] L’Amiral Horty en tant que chef de l’Etat hongrois ne peut échapper à la responsabilité de cette déportation massive. Tout cela est exact. Mais c’est une lecture trop partielle de l’histoire. Elle oublie qu’Horty a promulgué des lois antisémites qui rivalisent avec celles du Reich : limitation à 20% puis à 5% de la participation des Juifs à la vie économique et à l’administration dès 1938. Suivra une loi interdisant le mariage et les relations sexuelles avec les Juifs et une autre privant de la nationalité hongroise 250 000 Juifs. Une dernière loi définit les Juifs comme une race et non une religion.[2] Les persécutions s’accompagnent de tueries. Environ 60.000 Juifs sont morts avant l’occupation allemande de mars 1944. Sur
quelque 100.000 Juifs envoyés par Budapest au travail forcé à l’Est, 42.000 décèdent. En juillet 1941 le gouvernement hongrois livre aux Allemands plus de 18.000 Juifs étrangers. Evacués vers KamenetsPodolski, ils sont exécutés les 27 et 28 août par les SS, des mercenaires ukrainiens et une unité de sapeurs hongrois.[3]
Eichmann: " Il était clair pour moi, comme Allemand, que je ne pouvais pas déporter les Juifs de Hongrie. (...)
Le drame principal se noue avec l’arrivée en Hongrie des troupes allemandes le 19 mars 1944. 437.000 Juifs sont déportés en 54 jours du 15 mai au 9 juillet vers les chambres à gaz. Nulle part ailleurs, pas plus en Pologne qu’en URSS, un si grand nombre de juifs n’a "disparu" en si peu de temps. Pour Churchill ce fut "probablement le plus important et le plus horrible crime jamais commis dans l’histoire du monde".[4] Horty n’a pas été impliqué dans la décision de cette déportation massive, mais il est directement responsable, en tant que chef de l’Etat, de son exécution. Il accepte de livrer 437.000 Juifs aux bourreaux nazis. Edmund Veesenmayer, l’ambassadeur israelmagazine.co.il
d’Allemagne à Budapest, confirme après la guerre que sans la collaboration de 20.000 gendarmes hongrois les déportations n’auraient pas été possibles. Eichmann, qui ne dirigeait que 150 à 200 hommes à Budapest, explique avant sa capture en Argentine : " Il était clair pour moi, comme Allemand, que je ne pouvais pas déporter les Juifs de Hongrie. (...) C’est pourquoi j’ai laissé la tâche aux autorités hongroises."[5] Cette responsabilité décisive des autorités hongroises se situe au plus haut niveau de l’Etat. Lors de sa rencontre avec Hitler, au château de Klessheim, la veille de l’occupation, Horty concède les jalons qui vont servir de justification aux déportations prévues par le Führer. Il accepte de livrer au Reich quelques centaines de milliers de Juifs pour travailler dans le Reich. [6] Or, comme on vient de le voir, Horty connaît par expérience le sort qui attend ces " travailleurs forcés." A leur arrivée, les Allemands imposent au Régent un nouveau chef de gouvernement qui leur convient en la personne de Döme Sztòjay. Horty peut le refuser et démissionner. Il se contente de jouer les Ponce Pilate. Gardant la direction de l’Etat, il se désintéresse du sort des Juifs ainsi que le révèle le compterendu du Conseil en date du 29 mars 1944 : "Son Excellence a donné les pleins pouvoirs au gouvernement sous sa direction pour ce qui concerne la règlementation antijuive, un sujet sur lequel il ne désire pas exercer la moindre influence."[7] Horty met un terme à son indifférence coupable au début juillet, alors que la quasi-totalité des centaines de milliers de Juifs des provinces hongroises a été livrée aux nazis qui les envoient mourir
le Mémorial aux Chaussures devant le Danube; L’histoire d’un massacre de Juifs par les Hongrois eux-mêmes israelmagazine.co.il
à Auschwitz. L’armée russe approche, les Américains menacent et bombardent violemment Budapest, les appels de la communauté internationale à l’arrêt des massacres se font pressants. Un coup d’état de l’extrême droite fasciste se prépare avec l’appui de la gendarmerie. Le Régent prend deux mesures qui montrent qu’il détient toujours pleinement le pouvoir. Il fait venir l’armée à Budapest pour arrêter les putschistes et renvoyer les gendarmes en province. Le 7 juillet, il ordonne la cessation de toute déportation de Juifs de Hongrie, ce qui donne un répit aux 200.000 Juifs de Budapest. [8] Veesenmayer n’intervient pas. Il laisse faire. Eichmann, furieux, procède à quelques arrestations à Budapest, mais il est incapable sans les Hongrois de monter une opération de quelque importance contre les Juifs.
Si Horty avait refusé de collaborer ?
Comme le fait remarquer le grand historien de la Shoah, Yehouda Bauer, "si Horty arrêta les déportations au début de juillet, il aurait aussi bien pu les suspendre plus tôt", épargnant de centaines de milliers de vies. Il aurait dû suivre l’exemple de la Roumanie et de la Bulgarie. Deux pays où le Wehrmacht est présente et dont les gouvernements ont refusé de livrer leurs Juifs, sans que cela n’entraîne de mesures allemandes de rétorsion.[9] La collaboration inconditionnelle des Hongrois leur étant dorénavant refusée, les Allemands n’ont pas la possibilité en juillet de continuer seuls les expulsions de Juifs vers le Reich. Ils n’auraient pas davantage été capables de mettre en œuvre la solution finale en mai 1944 si Horty avait refusé de collaborer. C’est donner la mesure d’une responsabilité qui a été trop souvent passée sous silence. A l’heure du jugement, l’Amérique semble avoir oublié pour le Régent Horty les menaces de Roosevelt aux dirigeants hongrois. Dans sa mise en garde du 26 juin 1944, le Président demande la fin immédiate des déportations et la cessation de toutes les mesures antijuives, et menace de nouvelles représailles en cas de refus. Il rappelle sa déclaration du 24 mars 1944 promettant un châtiment à ceux qui seront reconnus coupables de crimes de guerre.[10] Trois des Premiers ministres hongrois seront jugés et exécutés au cours
Roosevelt signe la declaration de guerre contre l’Allemagne, l’Italie, le Japon mais aussi... la Hongrie de l’année 1946. Béla Imrédy pour les lois antisémites de 1938 et 1939 et la signature de pactes avec les puissances de l’Axe. Làszlò Bàrdossy pour le massacre de Kamenets-Podolski et la déclaration de guerre à l’URSS, Döme Sztòjay pour la livraison de 437 000 Juifs aux Allemands. [11] Paradoxalement, contrairement à ses Premiers ministres, Horty, le chef de l’Etat, ne fera l’objet d’aucune poursuite! Il sera libéré des prisons américaines en 1946. Après avoir écrit une autobiographie à sa gloire, il meurt paisiblement dans son lit en 1957, dans sa villa d’Estoril au Portugal. Il faut s’en souvenir.n
[1] Les Russes arrivent à Budapest en janvier 1945. [2] BRAHAM Randolph, the Politics of Genocide: The Holocaust in Hungary, 2 vol. Columbia University Press, New York, 1981, p. 5, 21, 22, 40. [3] BRAHAM Randolph, The Politics of Genocide, The Holocaust in Hungary, Edition abrégée, Wayne State University, Detroit, 2000, p. 33. [4] BRAHAM 1981, op. cit. p. 186. Déclaration du 26 juin 1944. [5] FEIN Helen, Accounting for Genocide : National Responses and Jewish Victimization During the Holocaust, New York Free Press, New York, 1979, p. 108. [6] BRAHAM 2000, op. cit. p. 57. [7] BRAHAM 2000, op.cit. p. 158. [8] 80 000 Juifs sont tués ou déportés par le régime fasciste des Croix Fléchées qui prend le pouvoir en octobre 1944. [9] BRAHAM 1981, op. cit. p. 101. Mais dans les deux pays les gouvernements ont mené des persécutions souvent très meurtrières, particulièrement en Roumanie. [10] BRAHAM 1981, op. cit. p. 754. [11] Ibid., p. 1165 et 1166. ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020 |
51
ISRAEL MAGAZINE
Israël : La Conquête Amoureuse : Entre Pression et Tentation par Jessica Adjedj
Le dramaturge grec Sophocle a si joliment écrit "Seul un sot voudrait se mesurer au Dieu de l’Amour, l’amour ne suit que sa voie avec les dieux eux-mêmes. Alors pourquoi pas avec moi?". Telle est la question que se pose un grand nombre de cœurs à prendre. L’amour est l’une des émotions humaines les plus intenses et désirées, et nous donne bien du fil à retordre, peu importe d’où l’on vient, la couleur de peau, la religion.
L
’Eros représente une combinaison de trois aspects : émo�onnel, cogni�f et comportemental. Le premier comprend la passion, l’affec�on et l’admira�on. Le second inclut l’engagement et la découverte objec�ve de la personnalité de l’autre tandis que la dimension comportementale représente les diverses expressions de l’amour. On remarque que la plupart des gens souhaitent vivre une rela�on dans laquelle ils pourront combiner l’amour-passion et la sécurité émo�onnelle qu’apporte ce�e a�ache. L’engagement vient non seulement révéler et affirmer aux yeux de tous la stabilité de son couple, mais elle marque également le point d’entrée dans une nouvelle catégorie sociale, celle du couple marié. Malgré l’évolu�on des mœurs, le couple reste fortement associé aux idéaux contemporains du bonheur et de l’épanouissement personnel. La sphère du couple garde la fonc�on d’ins�tuer et de conforter les rôles sociaux, genrés, d’homme et de femme, et représente la porte d’accès vers la cons�tu�on d’une famille. Doit-on comprendre que sans Mr ou
52 | ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020
Les bars et restaurants à Tel Aviv ou ailleurs, une fuite en avant débridée pour repousser le plus loin le moment de convoler. Mme Parfait/e, notre vie n’a de sens et de complétude ? Quelles sont les nouvelles façons de rencontrer son Jules ? Mariage plus tardif, exigences plus nombreuses, désir de liberté, le célibat aurait-il la dent dure ?
Quand on a que l’amour
Nous avons tous été bercés des grands mythes amoureux, que ce soit avec la tragédie de Roméo et Julie�e, en passant par Tristan et Iseult, ou encore les fameux contes Disney, où les princesses en détresse lancent un SOS. Mais il s’avère que celles qui israelmagazine.co.il
cherchent le prince charmant finissent souvent avec un chat nonchalant ! Non pas que l’on souhaite briser vos rêves, mais la recherche du partenaire idéal est bien loin des histoires romanesques de nos grands-parents. La tendance est à l’heure du numérique. En effet, ces dernières années, des dizaines d’applica�ons de rencontres en ligne se sont développées. On compte parmi les plus connus, en Israël, le fameux Tinder où tout se joue sur la géolocalisa�on et les photos et qui vous offre la possibilité de "matcher" avec un/une poten�el(le) prétendant/ e. La version féministe Bumble donne aux femmes le pouvoir d’ini�er une conversa�on sans que l’homme puisse tenter une approche. Bumble casse les codes, mais a�en�on, la tradi�on nous ra�rape toujours avec la plus "cacher" des applica�ons : JSwipe. Des�née aux communautés juives à travers le monde, elle inclut votre niveau de pra�que religieuse. Elle est très populaire en Israël et si un "match" se crée entre deux personnes, vous serez félicité d’un "mazal tov" sur fond de le Haïm à la coupe de champagne. Mais la grande tendance du moment reste celle des rencontres en temps de pandémie. L’applica�on CoronaCrush fait succès et permet de se rencontrer via vidéo-conférence. Bienvenue au bal masqué 2.0 ! Le Bureau central des sta�s�ques israélien a publié en 2017, des données sur la vie roman�que des Israéliens. L’âge moyen des femmes mariées était de 25 ans et celui des hommes de 28 ans. Mais les Israéliens se marient de plus en plus tard, et a�endent la trentaine avant de s’engager. En moyenne, on compte aujourd’hui près de 70% d’hommes célibataires entre 25-29 ans et 50% du côté des femmes pour la même tranche d’âge. Les impéra�fs de succès professionnel et de réalisa�on de projets personnels passent de plus en plus avant les projets familiaux. On le ressent israelmagazine.co.il
"Unorthodox": Les marieurs du 21 eme siècle et les drames par�culièrement à Tel Aviv, où tout est consacré au mode de vie des célibataires et où culpabilité et pressions familiales sont noyées par les bourdonnements perpétuels des bars et restaurants, qui ne désemplissent pas, de jour comme de nuit. Malgré ce libéralisme exacerbé, il est très difficile de se détacher du poids des tradi�ons et de l’horloge biologique qui tourne. Le concept de la vie à deux, béni de Dieu, est ancré dans l’éduca�on de chaque Israélien et l’idée que tout bonheur est impossible sans une moi�é est enracinée dans les esprits. C’est sans compter la prédominance religieuse de l’État d’Israël. Rappelons que les mariages sont célébrés uniquement par des ins�tu�ons religieuses, le mariage civil n’existe pas. Les Juifs doivent se marier par l’intermédiaire du Grand Rabbinat (Rabbanout), qui représente l’autorité religieuse qui supervise les unions. La Rabbanout est dirigée par les autorités orthodoxes, n’autorisant pas les mariages de couple de même sexe, interconfessionnels ou encore par un autre mouvement religieux. Ils régissent les règles de la reconnaissance maritale et de l’inscrip�on au registre du statut de personne mariée auprès de l’État. Un grand nombre de couples se sont
ba�us pour faire reconnaître leur union ou ont tout simplement fini par se marier à l’étranger pour éviter le contrôle du Grand Rabbinat. Et comme la vie est parfois trop simple, les familles religieuses me�ent un point d’honneur à marier leurs jeunes gens. En effet, il n’est pas toléré d’entretenir quelques rela�ons avec le sexe opposé avant le mariage d’où l’empressement de trouver un partenaire. Les communautés les plus religieuses d’Israël font appel à des intermédiaires (chadhan/it) avec des demandes bien précises, pour perme�re des rencontres (chidouhim), en lieux publics cela va de soi ! Si les deux tourtereaux se plaisent, l’union s’organise très rapidement et c’est seulement après cet engagement qu’ils apprennent à se découvrir. Comme le raconte si bien, les récentes séries Ne�lix : Unorthodox et Sh�sel. Disons que toutes les visions sont dans la nature... Les difficultés qu’impliquent une union et les changements sociaux sont la cause des transforma�ons des rela�ons amoureuses modernes. Aujourd’hui, le carriérisme, le refus et/ou la peur de l’engagement, le nombre incalculable de choix de partenaires sur les applis, l’apologie du "sa�sfait ou remboursé" des rapports amoureux sont les ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020 |
53
ISRAEL MAGAZINE
facteurs des difficultés amoureuses. Sur fond de �raillement entre libéralisme et perpétua�on des tradi�ons juives, les célibataires d’aujourd’hui subissent pression et tourment. Mais en somme, ne devrions-nous pas plutôt nous laisser porter par le fleuve de l’amour ?
Amour ou préjugé ? Freud (1914) explique que les rela�ons amoureuses ne sont autres que la quête du sen�ment enfan�n de plénitude, que l’individu cherche à combler par la représenta�on parfaite de lui-même, nourrie par une libido narcissique. Par conséquent, et selon lui, il n’y aurait pas d’amour pour l’autre, mais un amour de l’autre pour "les perfec�ons que l’on souhaite à son propre moi". Autrement dit, l’amour est une quête d’un miroir, d’un alterego, où l’expression "chercher sa moi�é" prend tout son sens, car l’on
est a�ré par quelqu’un qui présente des similitudes à notre personne et non pas l’inverse. L’amour est défini par plusieurs auteurs tels que Badiou (2011), Hardt (2004) ou encore par la sociologue israélienne Eva Illouz, comme une procédure de vérité, une poli�que subversive et une source de reconnaissance. Ils plaident pour un amour où l’accès est difficile et où la mise en rela�on des différences demande travail et concessions. Ils l’expliquent de par la démul�plica�on des possibilités amoureuses et sexuelles qui dégradent la sphère du couple en ouvrant un trop grand champ des possibles. La prédominance de la jouissance intrapersonnelle et l’incapacité à se connecter à l’autre sont les grands malheurs de notre siècle. Là où le partage s’arrête, l’égoïsme commence. Sauf que l’individualisme est au premier plan ici. Phénomène intéressant car la parité
homme/femme est toujours source de débat mais quand il s’agit d’engagement, la femme moderne fait preuve d’autant de réserve que la gent masculine. Ah les femmes, ces nouveaux hommes ... La longue marche vers l’émancipa�on féminine a non seulement permis aux femmes d’avoir une voix, mais également une indépendance qui a créé une individualité qui se transpose aujourd’hui sur tous les plans. Indépendantes, carriéristes, libres sexuellement, les femmes se hissent en haut de l’échelle, là où Monsieur patriarcat avait élu domicile depuis bien longtemps. Serait-ce donc ce�e liberté commune des hommes et des femmes, qui retarde l’engagement marital ? Ou tout simplement la quête de son Ulysse dans un océan de sirènes ? Mais rassurez-vous, chaque casserole à son couvercle ! n
VOUS SOUHAITEZ PARRAINER UN PROCHE
OFFREZ 1 AN D’ABONNEMENT 54 | ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020
BP 154 - TEL-AVIV - ISRAEL
israelmagazine.co.il
israelmagazine.co.il
ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020 | 55
ISRAEL MAGAZINE
JUDAÏSME ET ETHIQUE
ISRAËL, ENTRE ÂME ET ARMES " ... De leurs glaives ils forgeront des socs de charrue " (Isaïe 2 : 4)
Par Haïm Ouizemann
La guerre faisant rage entre la République d’Arménie et l’Azerbaïdjan prétendant défendre par la force armée "ses droits historiques" sur le Haut Karabakh, suscite de nouveau en Israël la question relative à la vente d’armes par le gouvernement de l’Etat hébreu à une dictature, l’Azerbaïdjan. Est-il éthique que l’État d’Israël pratique le commerce d’armes avec des États dirigés par des dictateurs reconnus comme tels par la communauté internationale ? Le gouvernement d’Israël représentant le peuple d’Israël ne porte-t-il point préjudice par ce type d’exportation à sa vocation d’instaurer la paix dans le monde et au Nom divin qu’il porte en son nom ?
56 | ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020
J
uillet 1994, le monde va assister, dans l’indifférence, à un génocide, celui des Hutus assassinant 800.000 Tutsis. La France, l’Espagne, la Belgique, la Russie soutiennent militairement les Hutus. Israël, alors gouverné par Itshak Rabin, ne déroge point à la règle et envoie même des soldats afin de former les troupes rwandaises.
Vente d’armes : un secret ? Ce n’est un secret pour personne. L’Etat hébreu, quels que soient les gouvernements qui se sont succédé, vend des armes à des régimes dictatoriaux qui n’ont que faire des droits de l’Homme. Nombreux sont les arguments avancés visant à justifier israelmagazine.co.il
ce commerce d’armes: "si l’on ne vend pas, d’autres le feront", "l’ouverture de nouveaux marchés de vente d’armes même à des états dictatoriaux permet au petit état juif et démocratique de se développer militairement et de permettre sa défense militaire", "la vente d’armes à ces mêmes pays despotiques ouvre à Israël une opportunité de collaborations d’ordre diplomatique susceptible d’être nécessaire dans un Proche-Orient où l’Iran et le Hezbollah aspirent à détruire l’Etat d’Israël". Mais que répondre face à l’exportation d’armes vers des dictatures comme le Rwanda, le Soudan, le Sri Lanka ? En 2014, l’Institut de Recherches Sécuritaires (The Institute for National Security Studies/Makhon LeMe’hkarey Bita’hon) révèle l’ampleur des relations commerciales relatives aux ventes d’armes entre le gouvernement israélien et la dictature du Sri Lanka, alors que le gouvernement américain pratique déjà depuis 2007 une politique d’embargo sur les armes à destination de la dictature srilankaise ! Dans cette conjecture, l’état d’Israël ne devient-il point complice d’un génocide ? Entre les mois d’avril – juillet 1994, le monde va assister, dans la plus totale indifférence, à un important génocide, celui des Hutus assassinant 800.000 Tutsis. De nombreux états dont la France, l’Espagne, la Belgique, la Russie soutiennent militairement les Hutus. Israël, alors gouverné par le Premier ministre Its’hak Rabin, ne déroge point à la règle et envoie même des soldats afin de former les troupes rwandaises. Ce même scénario se reproduit au Soudan du Sud où 400.000 hommes, femmes et enfants sont assassinés. Le général de réserve Israël Ziv, qui aurait gagné 150 millions de dollars au Soudan du Sud, est alors sanctionné par le gouvernement américain pour avoir contourné et violé l’embargo d’armes vendus au régime du Soudan du Sud. Tous ces faits constitueraientils une totale et complète violation à tous les principes de l’éthique juive et universelle? Le peuple juif sur sa terre israelmagazine.co.il
Vente d'armes israéliennes à la dictature du Sri Lanka retrouvée, appelé à devenir un "royaume de prêtres et un peuple saint" (Exode 19: 6) doit-il, au prix de millions de dollars, se mettre au pas des Nations du monde et faire fi de toute considération morale, lui qui justement a vécu, tout au long de son Histoire, l’expérience de la souffrance et de l’humiliation de grandes puissances bafouant la dignité humaine ? Doit-il faire taire sa conscience face au peuple arménien, lui dont le génocide perpétré par les Turcs en 1915 a été l’antécédent de la Shoah ? Aurions-nous la Mémoire si courte que nous serions capables de sacrifier nos principes fondamentaux sur l’autel de Mammon ?
La Vocation d’Israël : sauvegarder la Vie De nombreuses personnalités, pour ne mentionner que le Rabbin Youval Cherlow et le militant Elie Yossef s’opposent publiquement à ce type de vente d’armes, jugeant cette dernière inique, honteuse et de surcroît jetant un lourd discrédit moral sur l’Etat d’Israël. La Tora, au passage des Dix Paroles données à Moïse au mont Sinaï, enjoint clairement : "Tu n’assassineras point" (Exode 20 : 6). Ainsi, il existe une différence notoire entre le fait de défendre sa patrie face à la menace d’ennemis extérieurs tels le Hezbollah et le Hamas et celui d’accepter de se faire complice de régimes qui, versant le sang sans aucun scrupule, déshonore le nom d’Israël. Sommes-nous disposés à accepter une telle situation ? Nombreux sont ceux en Israël, qui, réalisant les souffrances endurées par
les Arméniens en Turquie il y a cent ans, ont beaucoup de mal à accepter que des armes israéliennes sèment la destruction et l’horreur sur le Haut Karabakh. Par ailleurs, verser le sang d’autrui est si grave que, selon la Tradition biblique, la terre s’en trouve souillée : "De la sorte, tu ne souilleras point le pays où vous demeurez. Car le sang est une souillure pour la terre ; et la terre où le sang a coulé ne peut être lavée de cette souillure que par le sang de celui qui l’a répandu. Tu ne rendras point impur le pays où vous habiterez, dans lequel je résiderai ; car moi-même, Éternel, Je réside au milieu des enfants d’Israël." (Nombres 35 : 33-34). Le rabbin Youval Cherlow a rédigé à ce propos un texte important intitulé "Limitation de l’exportation d’armes aux pays et institutions impliqués dans la transgression des droits de l’Homme" [«Hagbalat Yetsou Neshek LaMedinot SheBits’ou Hafarot Hamourot Shel Zekhouyot Adam"] dans lequel il expose clairement tous ces interdits fondés sur la responsabilité individuelle et collective. Notre devoir est d’agir afin de mettre un terme à cette vente d’armes qui, si elle enrichit les finances de l’état et les caisses d’entreprises de vente d’armes privées, appauvrissent les valeurs millénaires de justice prônées par le Patriarche Abraham : "Si Je [L’Eternel] l’ai [Avraham] distingué, c’est pour qu’il prescrive à ses fils et à sa maison après lui d’observer la voie de l’Éternel, en pratiquant la vertu et la justice ; afin que l’Éternel accomplisse sur Abraham ce qu’il a déclaré à son égard" (Genèse 18 : 19). Le rabbin Youval Cherlow ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020 |
57
ISRAEL MAGAZINE
soutient l’idée d’une Déclaration qui, inspirée de la Charte d’Helsinki (première version 1964) limitant les dérives en matière de médecine, obligerait Israël, par le contrôle de spécialistes, à limiter ses exportations d’armes vers des pays qui, accusés très généralement de crimes de guerre, pratiquent l’épuration ethnique. La vocation de l’armée israélienne, fondée par les premiers pionniers et en premier lieu par David ben Gourion, n’est-elle point, comme son nom TsaHaL (Tseva Haganah LeIsraël, "Armée de Défense d’Israël") l’indique, de défendre les frontières d’Israël et les valeurs éternelles de Justice que propage le peuple d’Israël? L’importation d’armes vers des états dictatoriaux et l’envoi de soldats israéliens vers ces mêmes états afin d’entraîner leur armée régulière ou leurs milices s’inscritelle dans la vision des premiers fondateurs de l’Etat d’Israël ?
La Vision de David ben Gourion David ben Gourion met, dans l’ensemble de son œuvre, l’accent sur la particularité d’Israël (Am Segoula, "peuple d’élection") et explique que la pérennité d’Israël
repose sur sa fidélité aux valeurs de Justice et de Droit en faveur desquelles se sont battus les prophètes d’Israël. De nombreux empires et puissances mondiales, alors qu’ils bafouaient les droits de l’Homme et sa Dignité, se sont effondrés pour ne plus jamais se relever. David ben Gourion écrit : "Il est en notre pouvoir de façonner dans notre patrie une nation hébreue qui deviendra un exemple de grandeur pour les peuples nouveaux aussi bien qu’antiques" ("La pérennité d’Israël/Netsa’h Israël" p. 453). Il poursuit : "ils [les prophètes] avaient conscience que nous ne pourrions plus exister sans l’accomplissement de "la Cité de Justice" [Jérusalem, Isaïe 1: 26] et sans que nous soyons "le peuple de l’élection"; et l’Humanité ne perdurera que par l’instauration de la Paix entre les peuples et que quand la terre sera emplie de la Connaissance divine" (Isaïe 11 : 9). Notre place dans le monde sera assurée comme peuple libre si nous aidons à l’édification d’un monde meilleur, plus humain, plus juste ; ce n’est pas par la richesse, ni par la force, ni par le nombre mais par l’exemple de notre vie que nous pourrons aider à faire croître la justice, la fraternité et la paix entre les peuples et seulement de cette
manière nous serons capables d’assurer notre sécurité" ("La pérennité d’Israël/ Netsa’h Israël" p. 448). Selon David ben Gourion, l’on ne peut en aucune manière dissocier la rédemption politique nationale de la dimension éthique sur laquelle repose l’Etat d’Israël. L’association de ces deux dimensions conduira à la Rédemption universelle tant espérée : "Il [Israël] sera un arbitre entre les nations et le précepteur de peuples nombreux ; ceux-ci alors de leurs glaives forgeront des socs de charrue et de leurs lances des serpettes ; un peuple ne tirera plus l’épée contre un autre peuple, et ils n’apprendront plus la guerre." (Isaïe 2 : 4). Les gouvernants d’Israël, quelle que puisse être leur appartenance politique respective, en permettant la vente d’armes à des régimes despotiques bafouant délibérément les Droits de l’Homme, semblent remettre sérieusement en question la vocation du peuple d’Israël qui, voué à glorifier le Nom de l’Eternel, se doit de devenir une lumière pour l’ensemble des Nations. "Faute de révélation prophétique, le peuple s’abandonne au désordre ; mais heureux s’il observe la loi !" (Proverbes 29 : 18).n
VOUS SOUHAITEZ PARRAINER UN PROCHE
Hanna et Anne-Eva
58 | ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020
israelmagazine.co.il
ISRAEL MAGAZINE
4Suite de la page 25
La Solidarité Made in Israël de la Shoah. Ces intérieurs, très délabrés, nécessitent en général des dizaines de milliers de shekels de réparations. Daniel et son équipe de bénévoles, après acceptation du dossier, s’attaquent à des travaux conséquents, pour une somme dérisoire. Et, pour que la lumière revienne dans des intérieurs qui sont pour la plupart des taudis, le soutien là aussi de donateurs est primordial. Ils interviennent à hauteur de 80% du budget, auquel s’ajoute la contribution d’entreprises de rénovation qui acceptent de donner du matériel pour cette bonne cause. Grâce à son réseau de contacts à Jérusalem, Daniel Ayache mobilise donc des fournisseurs et des volontaires, et fait même appel à son entourage proche. Il précise : "On vérifie chaque cas, et pourquoi la famille des demandeurs n’a pas pu aider. Même si on n’est pas encore très connus, on a énormément de retours sur les réseaux sociaux. Ces deux derniers mois, j’ai eu beaucoup
Daniel Ayache israelmagazine.co.il
de volontaires qui sont venus nous aider sur des chantiers, à Jérusalem et Netanya." Pour Daniel, Internet est sans conteste l’allié des réseaux solidaires : "On a refait il y a deux mois la cuisine de rescapés de la Shoah, et là-bas, tous les jours, j’avais une quinzaine de jeunes travailleurs bénévoles. Grâce aux réseaux sociaux, on les a vu arriver de Jérusalem mais aussi de Netanya, de Hadera et de Rishon Letsione. Ils ont préféré venir nous aider sur un chantier gratuitement plutôt qu’aller gagner quelques shekalims ailleurs. Aujourd’hui, en dépit du matérialisme qui s’affiche, les gens veulent aider et ça bouge. Ils veulent participer à des projets, s’investir, même une fois ou deux fois par mois, et ils le font de bon cœur. On n’emballe pas des cartons de nourriture, il s’agit de travaux physiques, on casse des murs, on fait de la peinture, on transpire, on est sales, mais ces jeunes, filles ou garçons, viennent nous rejoindre et relèvent leurs manches." Si, dans la tradition juive, le mot solidarité n’est pas un vain mot, la société civile, via les associations caritatives, n’assume-elle pas, une fois encore, le rôle des services sociaux ? "C’est vrai que le gouvernement pourrait mieux prendre en charge certains problèmes, mais, aujourd’hui, on n’essaie même plus de demander aux services publics
d’intervenir, parce qu’on sait très bien qu’on n’aura pas des réponses avant des mois, voire des années. Quand je vois une rescapée de la Shoah qui a quatre-vingt-neuf ans, sans climatiseur à Ra’ananna et en nage quand elle vient nous ouvrir, parce qu’elle n’a pas les moyens d’en faire installer un, ça me fait mal au cœur. Ils ont tellement souffert, ces genslà! Heureusement, il y a des gens qui restent encore sensibles à cela. Je pense que ces rescapés, au vu de leur histoire, devraient vivre comme des rois en Israël. Ce n’est pas normal qu’ils soient dans ce dénuement. Ça me révolte."n
Association Hai Bahem www.haibahem.org Paypal :
https://www.paypal.me/HaiBahem
•
Union des Indépendants En Israël Don en ligne Paypal :
https://www.paypal.com/paypalme/ Hessedindependants?locale. x=he_IL&fbclid=IwAR0GFWJ_ jl8h8TOiwBPgu-w_ Mks4N6Er67A4wxiAQ2GpuwL0D96twRZDRQ
•
Association Or Babayit http://or-babayit.com/ Don en ligne :
http://or-babayit.com/don-en-ligne/ ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020 |
59
NETANYA PROMENADE Très beau 5 pièces avec terrasse vue mer Belles prestations Immeuble boutique Salle de sport.
2.460.000 NIS Janine Naim - Agent 054-210 02 81
LE CHANGE DU KIKAR Le meilleur taux sur toutes les devises
10, Kikar Aatsmaout (sous l'Hôtel Leonardo Plaza)
Claude et Eli : 09-832 47 56 Distributeur officiel de
Linda Sitbon CONSEILLERE FISCALE
• Création d'entreprise spécialiste pour les francophones • Comptabilité et déclaration mensuelle aux administrations • Bilan, déclaration de patrimoine • Vérification et remboursements d'impôts aux salariés • Reliée aux ordinateurs des organismes fiscaux
23b, rue Hatsionout - Bureau 5 - ASHDOD Tél: 08-865 46 51 | Fax: 08-865 46 52
60 | ISRAEL MAGAZINE 237 | NOVEMBRE 2020
S’ABONNER À ISRAËL MAGAZINE C’EST S’ABONNER À ISRAËL Cochez votre choix et le ou les cadeaux choisis o Abonnement 1 an = 1 CD David Broza
o Abonnement 2 an = 1 CD CAFE PARIS
o Abonnement 2 ans de soutien = Les 3 CD
David Broza
Les plus belles chansons françaises - Originaux -
Valentine day
Le prince de la musique Israélo-Espagnole
ISRAËL ABONNEMENT 1 AN ........................... o 300 SH ABONNEMENT 2 ANS ........................ o 500 SH ABONNEMENT SOUTIEN 2 ANS .. o 1.000 SH à partir de
o o o o o o o o o
FRANCE/BELGIQUE o 75 € o 130 € o 260 €
SUISSE o 85 FS o 160 FS o 300 FS
CANADA o 140 $CA o 260 $CA o 520 $CA
Chansons d’amour
USA/DOM-COM o 110 € o 200 € o 400 €
Je m’abonne ou me réabonne à Israël Magazine pour 1 an, merci de m’envoyer un cadeau. Je m’abonne ou me réabonne à Israël Magazine pour 2 ans, merci de m’envoyer le cadeau (2 CD). Je m'abonne ou me réabonne pour 2 ans de soutien à Israël Magazine, merci de m’envoyer les 3 CD Je règle par carte bancaire CB No expire : cryptogramme Je joins mon règlement par chèque bancaire, libellé à l’ordre des Editions Anaël, à l’adresse : Editions Anaël - BP 154 - TEL-AVIV - ISRAEL Ou par téléphone et carte bancaire en toute confidentialité au : FRANCE/ETRANGER : 01 86 98 27 27 ISRAEL : 054 254 45 20 - par tél ou par WhatsApp Ou par e.mail : andredarmon78@gmail.com ou par Pay-Pal : andredarmon21@gmail.com Ou par BIT : Anael Editions - Tél: 054 254 45 20 Vous pouvez aussi vous abonner ou vous réabonner sur le site : www.israelmagazine.co.il
Adresse de réception Nom :.................................................................................................................................................. Prénom : .................................................................................................................................... Adresse : ......................................................................................................................................................................................................................................................................................................... Code postal : ......................................................... Ville ............................................................................ Pays : ...................................................................................................................... TTél (impératif ) : .............................................................. Portable : .................................................................. e.mail :...................................................................................................... Possibilité de payer en 2 chèques ou 2 prélèvements Carte bancaire israelmagazine.co.il
ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020 |
61
HEN BITOUHIM ASSURANCES
Itsik Hen : 052-244 48 59 | Mezi Choucri 052-646 81 81 Nous parlons français Levana Guez : 055-557 58 50
Siège social : 38, rue Calman Gabrielov | Rehovot Tél: 08-947 40 00 | Fax: 08-947 48 00
62 | ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020
Studio graphique ISRAEL MAGAZINE
Service aimable et personnalisé
israelmagazine.co.il
israelmagazine.co.il
ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020 | 63
64 | ISRAEL MAGAZINE 239 | DECEMBRE 2020
israelmagazine.co.il