FR n°317 by Zaman France

Cam Clash, un programme qui déchaîne les passions SOCIETE05

De l’eau dans le gaz entre Obama et Erdogan ? TURQUIE08

Mevlut Erding annoncé à Galatasaray SPORT15

30 MAI - 5 JUIN 2014 N° 317 Prix : 2,5 €

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ÉLECTIONS EUROPÉENNES 2014

FN : LES PARADOXES D’UNE VICTOIRE

Avec un score de 25 % des suffrages aux Européennes, le FN, dont les idées sont les plus anti-européennes, devient le premier parti de France.

FOUAD BAHRI PARIS Lorsqu’il est question d’Europe et d’élection, la surprise est toujours au rendez-vous. On se souvient du référendum français de 2005 qui devait annoncer une victoire de tous les europhiles qui mettaient leurs espoirs politiques dans l’avènement enfin annoncé de cette construction communautaire, initiée 50 ans plus tôt. Il n’en fut rien. Les Français

EDITO FOUAD BAHRI

boudèrent cette Europe trop libérale à leurs yeux et qui ne semblait pas leur garantir d’avenir économique viable. Neuf ans plus tard, un autre tremblement de terre de magnitude plus élevée vient de frapper la France. Les élections européennes à un seul tour ont vu la très nette victoire du Front national emmené par Marine Le Pen, prendre la tête politique de la France en Europe. - FRANCE 03

L’extrême-droite en Europe : Une mauvaise nouvelle pour la Turquie ?

Ceylan :

le surdoué turc du cinéma

TURQUIE 09

Pour la seconde fois dans l’histoire du cinéma turc, un réalisateur a été primé de la prestigieuse Palme d’or au Festival de Cannes. Cette-fois ci, il s’agit du célèbre Nuri Bilge Ceylan, récompensé pour son film Winter Sleep. CULTURE12

Comment la victoire du FN a été préparée -02 Résultats en France

FN 24,95 % UMP 20,79 % PS-PRG 13,98 % UDI-MODEM 9,9 % EELV 8,91 %

Le vote FN «n’est plus un vote de protestation mais d’adhésion»

TURQUIE 06

Marie-Cécile Naves est politologue et responsable d’études au Think Tank Different. Zaman France l’a interrogée sur les raisons du succès fulgurant du Front national à ces élections européennes. -FOUAD BAHRI, FRANCE 04

Soma : 432 enfants sans père

La Turquie, un partenaire de plus en plus présent au Gabon

FRANCE 02 Copé démissionne, l’UMP veut prendre un nouveau départ

La Turquie se déploie de plus en plus en Afrique. Le Gabon loue largement cette réorientation diplomatique. L’occasion de rappeler qu’au delà des questions économiques, l’éducation est le fer de lance des relations entre les deux pays. -SAMI KILIC, INTERNATIONAL 11

INTERNATIONAL 10

New York Forum : cap sur une Afrique qui gagne

Le ministre des Affaires étrangères du Gabon : la culture, élément essentiel des relations turco-gabonaises -INTERNATIONAL 11 En marge du NYFA, Emmanuel Issoze Ngondet, le ministre des Affaires étrangères du Gabon, a répondu aux questions de Zaman France.

Zaman Okur Hattý: 01 42 00 19 36

02 FRANCE Copé démissionne, l’UMP Comment la victoire veut prendre un nouveau départ du FN a été préparée 30 MAI - 5 JUIN 2014 ZAMAN FRANCE

EDITO FOUAD BAHRI

A l’annonce des résultats des élections européennes, la stupeur et l’effroi se sont emparés d’une partie de l’opinion publique française mais aussi européenne. La victoire du Front national emmené par Marine Le Pen qui obtient le score historique de 25 % a déjoué la plupart des pronostics. Si les sondages annonçaient une probable victoire du FN, les scores prévus étaient inférieurs, tablant autour de 20 ou 21 %. Avec 25 députés, le FN représentera un tiers du contingent d’élus français au Parlement européen. La presse européenne a abondamment titré et commenté cette victoire de l’extrêmedroite française. En France, ce résultat a approfondi la crise politique des partis traditionnels. Le PS, actuellement au pouvoir, n’arrive que troisième, derrière l’UMP empêtré dans des affaires qui ont déjà provoqué la démission de Jean-François Copé, l’ancien président du parti de droite. Le président de la République François Hollande se retrouve quant à lui dans une situation politique d’une grande fragilité. Appelé à dissoudre l’Assemblée nationale par Marine Le Pen, le chef de l’Etat pratique pour l’instant la politique de l’autruche. Le cap du virage libéral est maintenu, et Hollande réclame un peu plus d’indulgence et de temps au souverain peuple. La chef du FN, pour sa part, se sent suffisamment confiante pour pronostiquer une possible victoire de sa candidature à la présidentielle de 2017 ! Comment en sommes-nous arrivés là ? Plusieurs facteurs se dégagent pour l’expliquer. Sur le plan intérieur, la responsabilité d’un certain nombre d’élites politiques et médiatiques est engagée. Les scandales politiques à répétition à droite, avec les nombreuses affaires impliquant plusieurs cadres de l’UMP, dont l’affaire de surfacturation du financement de la campagne présidentielle de Sarkozy dite Bygmalion, et qui pourrait jeter le trouble sur la légalité de son élection. Mais aussi à gauche avec le blanchiment d’argent de l’ancien ministre Cahuzac. Bref, pour les électeurs français, la perspective d’avoir des élites politiques compromises a certainement encouragé le vote FN, perçu comme un vote anti-système. La montée en puissance d’un discours populiste, xénophobe et islamophobe de Sarkozy, Hortefeux et Guéant en passant par Valls, explique cependant en grande partie la banalisation du vote frontiste. A gauche comme à droite, les campagnes menées contre une menace présumée de l’islam ont fait le lit de l’extrême-droite. Un élément favorisé par la médiatisation très biaisée de ce sujet en France, comme le souligne la politologue Marie-Cécile Naves dans notre édition de cette semaine. Or, on sait que cette crainte de l’islam est le premier ressort du vote FN, qui n’est plus désormais un vote de contestation, mais d’adhésion. Les larmes de crocodile versées aujourd’hui n’y changeront rien. C’est à une refondation basée sur la cohésion nationale et non plus sur la peur que la France retrouvera ses valeurs républicaines. Toute autre voie la mènera tout droit vers le mur lepéniste. f.bahri@zamanfrance.fr

Après l’échec des Européennes et l’annonce de la démission de Jean-François Copé, l’UMP s’efforce de tourner la page.

Jean-François Copé, sous pression depuis la cascade de révélations sur des malversations présumées à l’UMP durant la campagne présidentielle de 2012, démissionnera le 15 juin de la présidence du parti, qui organisera un congrès extraordinaire en octobre pour renouveler sa direction et sa ligne politique. Le député-maire de Meaux a pris cette décision à l’issue d’un bureau politique tendu au cours duquel il a réaffirmé son innocence dans «l’affaire Bygmalion», un montage présumé de fausses factures pour environ 11 millions d’euros pour masquer des dépassements de frais de Nicolas Sarkozy en 2012. L’ensemble de la direction de l’UMP, née de l’élection contestée en 2012 de Jean-François Copé face à François Fillon, passera le relais le 15 juin à une direction collégiale chargée de préparer le congrès de l’automne.

«LA PRÉSOMPTION D’INNOCENCE» C’est un triumvirat constitué des anciens Premiers ministres Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et François Fillon qui assurera la transition. Lors d’une conférence de presse à Bordeaux, Alain Juppé a souhaité que le candidat à la présidence de l’UMP s’engage «à ne pas être candidat aux primaires», en vue de la présidentielle de 2017. Le président fondateur de l’UMP en 2002 a lui-même écarté son intention de briguer la direction du parti, affirmant en avoir «épuisé les charmes». Au lendemain des révé-

Jean-François Copé clame son innocence dans «l’affaire Bygmalion».

lations de l’avocat de Bygmalion, société de communication mise en cause dans l’affaire, et du bras droit de Jean-François Copé, Jérôme Lavrilleux, sur un système de fausses factures à l’UMP, Jean-François Copé a réaffirmé qu’il avait été «abusé» et qu’il ne savait rien de ces pratiques, tout comme Nicolas Sarkozy. Plusieurs intervenants, dont Nathalie Kosciusko-Morizet, lui ont dit ne pas le croire. «Nous t’avons écouté avec attention Jean-François, mais comment avoir confiance?», a dit François Fillon selon le texte de son intervention. L’hypothèse d’un congrès extraordinaire à l’automne, pour remettre le parti sur les rails, a été retenue et acceptée par Jean-François

PHOTO DE LA SEMAINE

A Pékin, les passagers font la queue pour le métro pendant l’heure de pointe à la station Nord Tiantongyuan. Les contrôles de sécurité ont été accrus depuis samedi dernier, après une attaque dans le Xinjiang qui a fait 31 morts.

...ET UNE MAUVAISE

UNE BONNE...

un Mathieu Valbuena des grands soirs, les coéquipiers de Franck Ribéry et de Karim Benzema, tous deux absents, n’ont pas eu à forcer leur talent pour remporter leur premier match de préparation ce mardi au Stade de France. Prochain rendez-vous dimanche face au Paraguay à l’Allianz Arena de Nice.

Les CE2 d’aujourd’hui ont de plus mauvais résultats qu’en 1999 Les résultats de nos enfants au CE2 sont loin d’être meilleurs que leurs prédécesseurs de 1999. Ils sont même moins bons dans plusieurs domaines, en orthographe (5% de moins), en vocabulaire (-6) et en compréhension de texte (-3). La différence est encore plus marquée en mathématiques, notamment en comparaison de nombres (-7), problèmes numériques (-8) et reproduction de figures géométriques (-7). Quelques

points positifs tout de même, avec une légère amélioration en calcul mental, en soustraction et en lecture. Les conclusions de cette étude menée par la DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance) liée à l’Education Nationale, sont assez surprenantes car il y a deux ans, une étude similaire montrait que les élèves de CP avaient nettement progressé au cours des quatorze dernières années.

NOUVELLE

La France a battu la Norvège 4-0 L’Equipe de France a débuté pour le mieux sa série de matchs de préparation à la Coupe du monde. Les «Bleus» se sont facilement imposés 4-0 face à des Norvégiens qui restaient tout de même sur trois victoires consécutives. Les buts ont été inscrits par Paul Pogba (15e), Olivier Giroud (51e, 69e) et Loïc Rémy (67e). Emmenés par

Copé, selon des participants. Puis, face aux appels pressants à sa mise en congé du parti ou à sa démission, de la part d’Alain Juppé notamment, Jean-François Copé, lâché par une partie de son camp, s’est résolu à quitter ses fonctions, option qu’il écartait pourtant. Les participants ont insisté sur «la présomption d’innocence» due à Jean-François Copé, qui va désormais se consacrer à sa défense. La future direction de l’UMP sera chargée d’organiser les primaires d’investiture, vraisemblablement en 2016, pour la présidentielle de 2017. Un possible retour de Nicolas Sarkozy dans ce cadre était peu évoqué mardi, tant la volonté de tourner la page prédomine.

03 FRANCE

30 MAI - 5 JUIN 2014 ZAMAN FRANCE

FN : les paradoxes d’une victoire Marine Le Pen savoure la victoire de son parti.

Avec un score avoisinant les 25 % des suffrages aux Européennes, le FN, le parti le plus anti-européen, devient le premier parti européen de France. FOUAD BAHRI PARIS Lorsqu’il est question d’Europe et d’élection, la surprise est toujours au rendez-vous. On se souvient du référendum français de 2005 qui devait annoncer une victoire des Maastrichtiens, du camp des pro-Europe, de tous les europhiles qui mettaient leurs espoirs politiques dans l’avènement enfin annoncé de cette construction communautaire, initiée 50 ans plus tôt. Il n’en fut rien. Les Français boudèrent cette Europe trop libérale à leurs yeux et qui ne semblait pas leur garantir d’avenir économique viable. Séisme dans la classe politique. Neuf ans plus tard, un autre tremblement de terre de magnitude plus élevée vient de frapper la France. Les élections européennes à un seul tour ont vu la très nette victoire du Front national emmené par Marine Le Pen, prendre la tête politique de la France en Europe. Avec un score avoisinant les 25 % des suffrages, le FN devient le premier parti de France. Le parti le plus anti-européen remporte les européennes ! Quel paradoxe.

LE FIASCO DU GOUVERNEMENT EN PLACE Interrogé sur ce point, Florian Philippot, le lieutenant de Marine Le Pen, répond dans la simplicité de l’art, rétorquant que les partis de droite et de gauche participent bien et remportent des scrutins nationaux, alors même qu’ils desserviraient la France. Surfant aussitôt sur la vague, et écoutant le conseil de son père, Marine Le Pen demande au président François Hollande de dissoudre l’Assemblée nationale. Un président qui s’est montré bien absent hier soir, cédant la place à son Premier ministre Manuel Valls qui, dans une allocution prononcée dans un style très policé, modeste et à la mesure du fiasco politique pour le gouvernement en place, a tenté de rassurer l’opinion publique en déclarant que les réformes poursuivraient leur cours. SUR FOND DE CONTESTATIONS NATIONALES Du côté du FN, on a savouré la victoire avec un score historique pour le parti d’extrême-droite qui récolte un quart des votes nationaux. Il réalise le meilleur score de l’extrême-droite européenne derrière le Parti populaire danois qui a récolté 26,7 % des voix, et enverra 24 députés le représenter au sein du Parlement européen. L’autre paradoxe du Front national est qu’il remporte ce scrutin au moins autant sur fond de contestations nationales vis à

vis de l’Europe. La preuve étant qu’il n’y a pas eu de raz-de-marée populiste en Europe. Le parti néerlandais de Geert Wilders, partenaire européen de Marine Le Pen, n’arrive ainsi que troisième. La majorité du Parlement reste sous domination conservatrice. C’est donc sur des considérations nationales que le FN a écrasé la concurrence politique de son pays. Le Premier ministre Valls en a pris acte lorsqu’il a déclaré avoir compris la colère populaire qu’il inscrit dans le droit fil des dernières municipales. Quoi qu’il en soit, la relation de désamour des Français avec l’Union européenne reste pour le moment parsemée d’épines. En témoigne la crise politique que la victoire du FN vient d’ouvrir en France, et que le gouvernement Valls aura bien du mal à résoudre.

ÉLECTIONS EUROPÉENNES

Résultats en France

04 SOCIETE

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30 MAI - 5 JUIN 2014 ZAMAN FRANCE

L’Europe «fait peur plus qu’elle ne protège» François Hollande a déclaré lundi soir «regarder en face» le vote de «défiance» des élections européennes de dimanche, promettant de réorienter l’Europe vers l’emploi et la croissance.

Le vote FN «n’est plus un vote de protestation mais d’adhésion» Marie-Cécile Naves est politologue et responsable d’études au Think Tank Different. Zaman France l’a interrogée sur les raisons du succès fulgurant du Front national à ces élections européennes. FOUAD BAHRI PARIS L’abstention est-elle la cause de la percée historique du Front national à ces élections européennes ? L’abstention est la même aux élections européennes depuis le dernier suffrage. Mais le score du FN est passé de 6 % à 25 %. On ne peut donc pas attribuer à l’abstention l’augmentation du vote FN. Ce n’est plus un vote de protestation mais d’adhésion aux idées et de plus en plus d’électeurs veulent que le FN arrive au pouvoir, ce qui n’était pas le cas dans les années 80-90.

Est-ce le résultat de la réorientation du FN sous la direction de Marine Le Pen ? Le Front national a mis en place avec Marine Le Pen une stratégie de conquête de tous les lieux de pouvoir. On l’a vu avec les municipales. Une stratégie qui consiste à gagner petit à petit le plus de villes possibles. Ce n’était pas l’orientation du Front national sous Jean-Marie Le Pen qui ne voulait pas le pouvoir. Depuis, le FN a tissé un réseau très puissant, avec un discours adapté. Quelles sont les raisons principales du vote FN à ces européennes ? Le rejet des élites politiques, économiques, intellectuelles qui sont coupées du peuple, et les élites européennes sont la quintessence de cela. Une insécurité identitaire pré-

sente dans toute l’Europe occidentale mais aux Etats-Unis aussi d’ailleurs, par rapport à l’ouverture des frontières, aux échanges culturels avec d’autres religions comme l’islam, et à la manière dont les médias parlent de l’islam. Il y a une peur de l’ouverture, du cosmopolitisme, de la modernité, d’une société de plus en plus ouverte. Il y a cette idée de la colonisation à l’envers. C’est la fameuse théorie du grand remplacement de Renaud Camus. La médiatisation de l’islam en France a-t-elle favorisé la ligne idéologique du FN ? La manière dont l’islam est traité dans la plupart des médias est manichéenne. Il y a une grande place qui est donnée à des personnes qui sont clairement anti-islam et vont avoir un discours catastrophiste sur l’islam. Il est extrêmement difficile en France de parler calmement de l’islam. Les gens qui en parlent avec calme, avec des arguments, du recul et une vraie philosophie politique sont cantonnés à des sphères assez peu médiatiques comme le monde de la recherche. Il y a une surenchère, une dramatisation de l’islam en France alors que les problèmes liés à l’islam, comme la burqa ou le halal dans les cantines, sont ultra-minoritaires. Ils sont montés en épingle car cela fait de l’audience.

Le score du FN au scrutin européen est passé de 6 à 25 %.

Cette victoire du Front national annonce-t-elle une série de succès aux prochaines législatives et aux présidentielles de 2017 ? Aux présidentielles, c’est certain. Aux législatives, ce sera plus difficile. C’est leur but, et on voit bien que ça marche. Il s’agit d’une stratégie des petits pas, d’un grignotage progressif des sphères du pouvoir. Il y a toutes les raisons d’être très pessimiste. Ce que je regrette c’est l’absence de dis-

cours politique sur l’Europe en France. Deux types de discours se sont affrontés durant cette campagne. Les eurosceptiques avec les Le Pen et l’extrême-gauche. Et d’un autre côté, ceux qui disent que l’Europe est obligatoire, qu’on n’a pas le choix. Il y a eu très peu de discours positifs sur l’Europe qui aient été audibles, ce qui n’encourage pas à aller voter pour des partis europhiles.

Etude Plus Molsheim organise sa 1re fête des enfants

Trappes : un policier mis en examen pour islamophobie -

L’été dernier, de nombreuses violences ont éclaté à Trappes suite à un contrôle d’identité d’une femme portant le niqab. Le policier responsable de ce contrôle vient d’être mis en examen pour avoir publié sur sa page Facebook des propos islamophobes. Le 22 juillet dernier, on pouvait lire dans un commentaire posté par le policier : «S’y pas tri guntille dy demandei à nous fimmes d’enlever ly rideau surtout dans la rypublik islamik de Trappes». Le parquet de Versailles avait alors requis le 26 mars le renvoi du policier en correctionnel pour «provocation à la haine raciale ou à la violence». Le 18 juillet à Trappes dans les Yvelines, ont eu lieu de nombreuses violences qui avaient notamment visé le commissariat. Michael Khiri, le mari de Cassandra Belin qui avait été contrôlée par les policiers, avait été condamné en novembre à trois mois de prison avec sursis pour s’être violemment opposé à ce contrôle qu’il avait qualifié d’«illégitime». Lors des procès, les avocats de ce jeune couple avaient laissé entendre que «l’agressivité» n’était «pas seulement» de leur côté.

Etude Plus Molsheim (EPM) place l’éducation et la citoyenneté au cœur de ses activités.

MEHMET DINC STRASBOURG L’association Etude Plus Molsheim a organisé les 17 et 18 mai dernier une fête pour les enfants ainsi qu’un festival de fin d’année pour marquer le travail accompli par les enfants durant l’année scolaire 2013 - 2014. Etude Plus Molsheim (EPM) est une association de soutien scolaire qui place l’éducation et la citoyenneté au cœur de ses activités. Cela va du soutien direct aux élèves dans les différentes matières scolaires jusqu’à l’orientation de cursus en passant par les méthodes de travail et d’apprentissage. L’événement a eu lieu à Molsheim au stade de Holtzplatz avec le soutien

et la contribution du Maire M. Laurent Furst ainsi que l’équipe municipale et les services de la Mairie. Durant ces 2 jours, EPM a fait participer non seulement les élèves mais également leurs parents à travers différentes activités telles que l’exposition sur l’histoire de Molsheim, une maquette de la ville, une démonstration du club de robotique, de multiples expériences scientifiques, des jeux et animations sur scènes (chansons, danses), une aire de jeux gonflables, des tours en poney, des dégustations de plats régionaux et internationaux. EPM vous donne rendez-vous l’année prochaine au même lieu.

05 SOCIETE MON AVOCAT CANAN ÖZENICI

Protection des consommateurs : ce qu’apporte la loi Hamon La loi Hamon, adoptée le 17 mars dernier, vient rééquilibrer les rapports contractuels entre professionnels et consommateurs. En la matière, rééquilibrage rime avec obligations supplémentaires pour le professionnel. Analysons quelques aspects de cette nouveauté législative susceptibles d’aggraver lourdement la situation du professionnel en ces temps maussades. Tout d’abord, le fabricant ou l’importateur de biens meubles devra informer le vendeur professionnel de la période pendant laquelle – ou de la date jusqu’à laquelle – les pièces détachées indispensables à l’utilisation des biens sont disponibles sur le marché. Cette information devra être donnée au consommateur avant la conclusion du contrat et confirmée par écrit lors de l’achat du bien. En cas de manquement, le professionnel sera passible d’une amende administrative dont le montant maximum sera de 3 000 euros pour une personne physique et de 15 000 euros pour une personne morale.

LE DÉLIT DE TROMPERIE PUNI DE 300 000 EUROS Autre nouveauté, si vous, professionnels, ne pouvez fixer le prix d’un bien ou d’un service à l’avance du fait de la nature de la prestation ou du bien, vous devrez désormais fournir au consommateur le mode de calcul du prix, et, s’il y a lieu, tous les frais supplémentaires de transport, de livraison ou d’affranchissement… et donc de votre taux de marge sur la marchandise, un coup dur en terme de confidentialité des prix. On remarquera également que le contrat de vente devra désormais obligatoirement faire mention exacte et intégrale des garanties légales de conformité et de vices cachés telles que prévues par le code civil, encore très mal connues du grand public. La loi Hamon donne un sérieux coup de pouce à la DGCCRF qui auparavant se contentait de simplement constater les infractions pour ensuite transmettre le procès-verbal au juge pour condamnation. Aujourd’hui, elle est habilitée à prononcer elle-même les sanctions à l’issue d’une procédure contradictoire (les garanties des droits de la défense ayant été prévues par le texte). Enfin, le délit de tromperie ainsi que toute infraction assimilable (le fait de falsifier, les pratiques commerciales trompeuses, le recours frauduleux à une AOC) est désormais puni d’une amende de 300 000 euros pour les professionnels personnes physiques contre 1 500 000 euros pour les personnes morales. Cette sévérité dans les montants est évidemment liée au scandale causé par l’utilisation frauduleuse de viande de cheval dans les plats cuisinés. Pour vos questions : ceruguz@yahoo.fr

30 MAI - 5 JUIN 2014 ZAMAN FRANCE

Cam Clash, un programme qui déchaîne les passions La vidéo d’une intervention raciste contre une jeune femme voilée a fait le buzz, alors que beaucoup ignorent qu’il s’agit en partie d’une mise en scène puisque le commencement de l’action raciste est provoqué par des acteurs. FOUAD BAHRI PARIS Cam Clash, proposé lundi 26 mai à 20h45 et lundi prochain est une émission de France 4 basée sur les caméras cachées. L’idée est de reconstituer des scènes diverses de la vie quotidienne comme la discrimination et de voir la réaction du public. Ce concept d’émission vient des États-Unis avec le programme What Would you do ? Des acteurs simulent des scènes de tensions sociales et des réactions réelles viennent se greffer à la fiction, sous l’oeil de la caméra. Les intervenants sont ensuite interrogés sur leurs motivations. Le concept est si bluffant que la vidéo d’une intervention raciste contre une jeune femme voilée a fait le buzz, alors que beaucoup ignorent qu’il s’agit en partie d’une mise en scène puisque le commencement de l’action raciste est provoqué par des acteurs. Cette vidéo présente une femme entrant dans le métro et s’adressant à une jeune

Cam Clash, reconstitue des scènes diverses de la vie quotidienne.

femme voilée en ces termes «On n’est plus chez nous». Trois personnes interviennent pour prendre la défense de la jeune femme, une quatrième soutient quant à elle les propos racistes de la femme.

COMMENT DISTINGUER LE VRAI DU FAUX ? Si l’idée est originale et bluffante, elle soulève des questions éthiques sérieuses. L’absence

Kalite tescilli

La police recherche le meurtrier du Musée juif

La police belge recherchait toujours activement dimanche soir l’auteur de la fusillade qui a coûté la vie à un couple israélien et une Française samedi au Musée juif de Bruxelles. Un Belge figure également parmi les victimes. Hospitalisé dans un état «très critique» après avoir été touché par balles à la nuque et au visage, il se bat entre la vie et la mort, selon une porte-parole du parquet. Mais un responsable de la Ligue belge contre l’antisémitisme (LBCA) a annoncé son décès.

IL ÉTAIT SEUL ET BIEN PRÉPARÉ La police belge a diffusé une vidéo de trente secondes captée par les caméras de sécurité du musée. «Les images ont été analysées toute la nuit. L’auteur était seul, armé et bien préparé», a déclaré Ine Van Wymersch, porte-parole du parquet. «Il est trop tôt pour confirmer s’il s’agissait d’une attaque terroriste ou antisémite. Toutes les pistes d’investigation restent ouvertes», a-t-elle poursuivi. La sécurité autour des institutions juives en Belgique a été relevée à son niveau maximum. Environ la moitié des 42 000 juifs de Belgique résident à Bruxelles. Des mesures de sécurité renforcées ont également été mises en place en France en conséquence de cette tuerie et de l’agression de deux jeunes gens samedi soir près d’une synagogue de Créteil, dans le Val-de-Marne.

de distinction du faux et du vrai de ce type de vidéo qui peuvent se répandre très vite sur la toile risque de porter préjudice à des situations réelles en faisant planer le doute sur elles, d’induire le spectateur en erreur et de renforcer ses peurs ou ses préjugés. D’un autre côté, ce type de vidéo renvoie au public l’image de la réalité et permet une prise de conscience de la violence de ce genre d’attitude sociale.

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06 TURQUIE

30 MAI - 5 JUIN 2014 ZAMAN FRANCE

Soma : 432 enfants sans père Plusieurs campagnes d’aide ont été lancées pour les familles de Soma.

La catastrophe a laissé derrière elle 432 enfants sans père dont la moyenne d’âge se situe autour de 10 ans seulement.

C’est lors d’une conférence de presse que le vicePremier ministre, Besir Atalay, et le ministre de la Famille et des Politique sociales, Aysenur Islam, ont annoncé ces quelques chiffres. Aysenur Islam a indiqué que parmi les mineurs qui ont perdu la vie, 217 avaient des enfants, 255 étaient mariés, 46 étaient célibataires. La ministre a en outre confirmé que le nombre de mineurs qui ont perdu la vie était de 301, que le nombre de blessés était de 486 et que le nombre de mineurs hospitalisés était de 122.

UNE AIDE POUR LES FAMILLES DES VICTIMES ET LES SURVIVANTS Elle a indiqué que les membres du gouvernement rendaient visite aux familles des victimes et préparaient

des rapports concernant leur mode de vie : s’ils avaient des enfants, le niveau d’éducation de leurs enfants, s’ils avaient une maison... Plusieurs campagnes d’aide ont été lancées pour les familles de Soma. Les aides seront recueillies par la Direction de la gestion des catastrophes et des urgences du bureau du Premier ministre (AFAD). «Ces aides seront dépensées, jusqu’au dernier centime, pour les survivants de la catastrophe minière et les familles des victimes», a-t-elle noté. Aysenur Islam a expliqué que son ministère travaillait sur un programme visant à apporter un soutien psychologique aux familles des victimes, à l’image de celui qui avait été lancé par le ministère de la Famille et de la Politique sociale après le tremblement de terre de Van en 2011.

Débat sur le système des concessions IBRAHIM TÜRKMEN ISTANBUL Le drame de Some a attiré l’attention sur les défauts de l’industrie minière, et en particulier du système des concessions, système dans lequel un permis d’exploitation est octroyé à une mine pendant une certaine période, en échange d’un pourcentage sur ses profits, la redevance. Ce type de système a été introduit pour la première fois en Turquie à la fin des années 1980 afin d’empêcher le travail minier illégal. Devenue une pratique courante depuis les années 1990, l’AKP l’a fait entrer dans la législation minière turque en 2004. La mine de Soma, qui contiendrait environ 18 millions de tonnes de charbon, a obtenu un permis d’exploitation par le biais de la société Soma Holding, octroyé par les Entreprises turques de charbon (TKI) en 2005.

LES DÉFAUTS DU SYSTÈME Le système des concessions a fait l’objet de critiques à cause des incidents inévitables liés aux conditions de sécurité sur le lieu de travail, l’entreprise bénéficiaire faisant en sorte de maintenir des coûts aussi faibles que possible. C’est ce qu’il s’est passé à Soma, d’après les témoignages de plusieurs mineurs. Ces derniers racontent que la plupart d’entre eux n’avaient pas reçu les formations les plus fondamentales sur les dangers du travail minier. Ils racontent qu’ils n’ont pas non plus suffisamment été sensibilisés sur les règles de sécurité au travail, pourtant essentielles pour cette profession à risque. Et pour comble d’affront, la société aspirant à maximiser ses recettes tout en réduisant les coûts, les mineurs doivent endurer plus d’heures de travail et ont droit à des pauses très courtes. Les ouvriers sont ainsi obligés de prendre des risques pour augmenter les recettes. L’autre problème du système des concessions, c’est qu’il dissuade les sociétés

minières d’investir leur capital dans les mines, étant donné qu’elles devraient dépenser et faire grimper les coûts au détriment de leurs marges de profit déjà assez minces. De plus, les durées des permis d’exploitation des mines sont en général si courtes que les investissements à grande échelle ne sont pas faisables ni raisonnables pour les sociétés qui finiront par abandonner la mine entre les mains de l’Etat, le vrai propriétaire. Pour le secrétaire-général du syndicat des mineurs turcs (Maden-IS), Vedat Ünal, la suppression du système des concessions est nécessaire pour empêcher qu’il y ait un plus grand nombre de victimes. Il ajoute que la mine de Soma n’avait connu qu’un incident meurtrier entre son ouverture en 1984 et le moment où elle est passée à Soma Holding en 2006. Ünal pense que les défenseurs du système des concessions, pour qui l’Etat n’est pas assez efficace pour gérer la production minière, ont tort.

56 % DU CHARBON En Turquie, les ressources minérales appartiennent à l’Etat et les entreprises privées peuvent avoir uniquement des droits temporaires pour gérer les mines et doivent payer des parts sur les recettes à l’Etat. Le rapport de l’institution de contrôle des comptes dans le secteur minier d’il y a trois ans dévoilait les défauts du système des concessions, appelant les autorités à prendre des mesures au plus vite ou à faire face aux conséquences. Il soulignait notamment le manque d’évaluation des risques, l’augmentation irréfléchie de la production ou encore les mesures insuffisantes contre le risque de coups de grisou. D’après les chiffres des entreprises turques de charbon pour l’année 2012, 56 % de l’extraction nationale de charbon se fait dans des mines placées sous le système des concessions.

Un tribunal turc rejette l’arrestation du propriétaire de la société minière -

Un tribunal turc a rejeté une requête formée par des procureurs visant à arrêter Alp Gürkan, propriétaire de la société Soma Holding qui gère la mine où a eu lieu la catastrophe qui a causé la mort de 301 mineurs, la semaine dernière. Le bureau du procureur d’Akhisar a lancé une enquête sur l’accident de Soma qui a déclenché une vague de colère au regard du manque de sensibilisation des mineurs et d’inspection de la mine qui ont joué un rôle clé dans l’ampleur de la catastrophe. Les procureurs ont cherché à arrêter Alp Gürkan, suspecté de négligence, mais le tribunal a rejeté la requête. Parmi les personnes interpellées dans l’enquête sur l’accident minier, le PDG de l’entreprise propriétaire de la mine, Can Gürkan et son directeur général Ramazan Dogru.

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Trois séismes en Turquie : 267 blessés Deux petits tremblements de terre ont été enregistrés sur la côte égéenne de la Turquie ce dimanche 25 mai, après un séisme d’une magnitude de 6,5 qui s’était déclaré la veille.

Les deux tremblements de terre de dimanche ont semé la panique chez les habitants. Cette catastrophe n’a pas fait de victime. Mais elle a une nouvelle fois attiré l’attention sur la sensibilisation des Turcs aux séismes. L’observatoire de Kandilli à Istanbul a annoncé que les deux tremblements de terre de dimanche étaient de 4,8 et 4,5 sur l’échelle de Richter et que l’épicentre se trouvait à Saros Bay. Quant au séisme de samedi était situé au large de la côte de Gökçeada, à l’ouest de Saros Bay. Il a frappé à 12h25 heure locale et a duré environ 40 secondes. Des dizaines de répliques ont suivi le séisme qui a été ressenti jusque dans l’ouest de la Turquie, y compris dans la région de Marmara.

LA POPULATION N’EST PAS PRÉPARÉE Bien que le séisme n’ait pas causé de dommage majeur, 267 personnes ont été blessées, dont une gravement, d’après le communiqué publié par la Direction de la

gestion des catastrophes et des urgences du bureau du Premier ministre (AFAD) samedi. Les réactions et la panique des résidents, dont certains ont sauté par la fenêtre, dévoilent un problème significatif : le manque de sensibilisation quant à la conduite à tenir en cas de tremblement de terre. Lors d’une conférence de presse au bureau du gouverneur de Çanakkale samedi, le président de l’AFAD, Fuat Oktay, a déclaré que le nombre de blessés dans le séisme avait révélé le manque de préparation aux séismes dans le pays. Le séisme a également attiré l’attention sur le nombre insuffisant de terrains où pourrait se rassembler la population et où pourraient être construites des tentes après des séismes ou des catastrophes naturelles. Les séismes sont fréquents en Turquie du fait de son emplacement géographique, où se croisent plusieurs failles. En octobre 2011, plus de 600 personnes avaient péri dans la province de Var après un tremblement de terre de magnitude de 7,2.

Les séismes sont fréquents en Turquie du fait de son emplacement géographique, où se croisent plusieurs failles.

Un procureur requiert 52 ans de prison contre un journaliste de Taraf Un procureur d’Istanbul requiert une peine de 52 ans de prison contre le journaliste qui avait

En 1864, deux millions de musulmans du Caucase occidental sont sommés de quitter leurs terres par le vice-roi de la région.

publié des documents à propos d’une réunion du Conseil national de sécurité (MGK) qui avait eu lieu en 2004. S’étaient à l’époque réunis le président turc, le Premier ministre ainsi que plusieurs ministres et des hauts commandants pour discuter d’un plan d’action à mettre en place contre les mouvements sociaux confessionnels.

Commémoration du 150e anniversaire de la déportation des Caucasiens SAMI KILIÇ PARIS Les descendants des «réfugiés» de 1864 ont rendu hommage à leurs ancêtres morts lors de la première vague de déportation orchestrée par les autorités russes. Le 21 mai 1864, deux millions de musulmans du Caucase occidental, sommés de quitter leurs terres par le vice-roi de la région, Michel Nikolaïevitch de Russie, frère du tsar Alexandre II, avaient décidé de se mettre en branle pour se réfugier dans l’Empire ottoman. Selon les estimations de l’historien Kemal Karpat, 500 000 d’entre eux sont morts de maladie ou de faim lors du trajet ou de désacclimatement à l’arrivée.

LA MÉMOIRE DES AÏEUX C’est en mémoire de leurs aïeux que les Turcs d’origine caucasienne, de 2 à 3 millions selon le Centre des recherches tcherkesses, ont commémoré le 150e anniversaire de cette tragédie. Des manifestations ont été organisées devant le consulat de la Russie à Istanbul pour la reconnaissance du «génocide». Dans une interview accordée au journal

Yeni Safak, le président de la Fondation du Caucase, Fethi Güngör, estime que «cette déportation qui a été décidée après une longue guerre et un génocide prend sa place tragique dans l’histoire humaine». «Ce fut un "exil" programmé, systématique, visant à renvoyer en peu de temps des centaines de milliers de personnes dans des conditions déplorables», déclare-t-il. Yasar Aslankaya, le président de la Fédération des associations caucasiennes, souhaite pour sa part que «la Russie présente ses excuses aux Caucasiens et rétablisse leurs droits». L’Empire ottoman, qui avait besoin d’équilibrer les populations chrétiennes et musulmanes d’Anatolie et qui souhaitait créer des zones tampons avec la Russie, pensait accueillir une centaine de milliers de personnes. Ils furent deux millions. Peu de retours ont été enregistrés. Aujourd’hui, les nouvelles générations de Caucasiens de Turquie arrivent à faire perdurer leur culture à travers la danse traditionnelle. Quant aux langues et aux traditions caucasiennes, elles sont en voie de disparition.

UNE INCULPATION QUI A PROVOQUÉ DE VIVES CRITIQUES L’enquête lancée contre le journaliste Mehmet Baransu, accusé d’avoir écrit un article sur un document confidentiel du MGK qui mentionnait la prise de mesures répressives sur des groupes confessionnels dans le pays, a provoqué de vives critiques. L’inculpation, élaborée par le bureau du procureur d’Anadolu, soulignait

que l’article de Baransu, publié le 28 novembre 2013 dans le quotidien Taraf, exposait des secrets d’Etat, ce qui requiert par conséquent une sanction sévère. Depuis le mois de novembre, le quotidien turc a publié plusieurs documents confidentiels qui suggéraient que l’AKP et les services de renseignement turcs (MIT) avaient fiché des individus liés à différents

groupes religieux, en particulier le Hizmet. L’AKP a confirmé l’authenticité des documents mais a déclaré qu’aucune action n’avait été prise pour mettre en oeuvre les politiques qui y sont exposées. L’inculpation implique également Murat Sevki Çoban, à l’époque rédacteur en chef du journal, pour avoir autorisé la publication de l’article de Baransu.

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C’est le nombre d’élus que comptera l’alliance hétérogène des eurosceptiques et des europhobes dans le nouveau Parlement européen, d’après les estimations de Reuters. 751 députés siègent au Parlement européen.

De l’eau dans le gaz entre Obama et Erdogan ? Le président américain Barack Obama, dont les relations autrefois étroites avec le Premier ministre turc sont de plus en plus remises en question par des sénateurs américains, pourrait s’éloigner d’Erdogan après la montée du discours antisémite et antiaméricain en Turquie. DENIZ ARSLAN ANKARA Où en sont les relations entre le Premier ministre turc et Obama? Ce dernier a appelé son homologue turc, Abdullah Gül, pour présenter ses condoléances aux victimes de la catastrophe minière de Soma, qui a fait 301 morts le 13 mai dernier. Erdogan, lui, n’a pas reçu d’appel téléphonique de la part d’Obama après la catastrophe, alors que le président Vladimir Poutine l’a contacté pour présenter ses condoléances. Mais pour Washington, il n’y a pas de quoi s’alarmer. «Les président s’appellent entre eux, en tant que chefs d’Etat», a pour sa part déclaré un représentant américain qui a demandé à rester anonyme et pour qui il n’y a rien d’inquiétant.

Le dernier appel téléphonique entre Obama et Erdogan a eu lieu le 20 février 2014.

OBAMA CRITIQUÉ PAR LES SÉNATEURS AMÉRICAINS Obama et Erdogan se sont parlé au téléphone 18 fois pendant les Printemps arabes en 2011

et Obama aurait à l’époque déclaré qu’Erdogan faisait partie des cinq dirigeants avec qui il parlait le plus souvent. Le président américain avait appelé Erdogan après le double attentat à la voiture piégée dans la ville de Reyhanli dans la province de Hatay en mai 2013. Mais le même représentant américain souligne que Reyhanli et Soma sont deux incidents différents. Le premier étant un attentat terroriste, il justifiait l’appel au Premier ministre puisque c’est lui qui est à la tête du gouvernement et qui contrôle l’entrée en vigueur des lois et les

services de renseignement, tandis que Soma était un accident. «Cela dépend plus de la nature de l’incident», a-t-il ajouté. Le dernier appel téléphonique entre Obama et Erdogan a eu lieu le 20 février, à la suite duquel la Maison Blanche avait réfuté pour la première fois les remarques qu’Erdogan avait attribuées à Obama concernant l’extradition du Gülen, pourrait fournir plus d’explications quant à l’approche de Washington envers le Premier ministre. Obama avait été l’objet de critiques de la part des sénateurs américains car il avait

complimenté Erdogan et entretenait de bons rapports avec lui, surtout après des articles publiés dans la presse occidentale selon lesquels des groupes affiliés à al-Qaïda utilisaient la frontière sud de la Turquie pour se rendre en Syrie, revenir en Turquie puis aller en Europe. De plus, l’administration américaine a été critique envers Ankara par rapport aux développements dans le pays, comme la réorganisation du système judiciaire turc, la nouvelle loi sur internet qui restreint la liberté d’expression et le contrôle du gouvernement sur les médias.

L’étudiant turc incarcéré en Egypte libéré

Le navire Mavi Marmara photographié en 2010.

La justice turque ordonne l’arrestation de 4 hauts responsables israéliens Emre Gürbüz a subi 186 jours de détention en Egypte.

L’étudiant turc Emre Gürbüz, accusé d’avoir dégradé l’université al-Azhar en Egypte, a été libéré six mois après avoir été incarcéré en novembre dernier. Gürbüz, étudiant turc en Egypte, avait été placé en détention en novembre 2013 alors qu’il se trouvait sur le campus de l’université al-Azhar. Il était venu terminer des formalités pour un transfert dans une université turque à cause des violences montantes en Egypte. Pris entre les manifestants et

les forces de police, Gürbüz – pris pour un manifestant – a été détenu avec 23 autres par la police égyptienne. Les manifestations avaient été organisées pour protester contre la détention d’étudiants de l’université al-Azhar. Samedi 24 mai, après une détention de 186 jours, Gürbüz a été libéré. Le père de l’étudiant a déclaré que le ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, l’avait appelé. «J’ai honoré ma promesse et ai libéré votre fils», lui a-t-il dit.

Le 31 mai 2010 dernier, l’armée israélienne menait une attaque contre une flottille humanitaire qui tentait de briser le blocus de Gaza. Cette décision intervient après des mois de négociations entre la Turquie et Israël pour mettre fin à la crise diplomatique née de cette affaire. Le 31 mai 2010, des commandos israéliens avaient lancé un assaut meurtrier contre le navire Mavi Marmara, un navire turc qui avait entrepris de défier le blocus naval imposé par Israël à la bande de Gaza.

UNE DEMANDE DE MANDAT D’ARRÊT INTERNATIONAL Faisant 9 morts, ce raid avait fortement ébranlé les relations entre la Turquie et Israël. La décision de la justice turque qui ordonne l’arrestation de quatre ex-militaires israéliens ne devrait pas changer cette donne. Jugés depuis maintenant deux ans, l’ancien chef de l’état-major de l’armée Gabi Ashkenazi, l’ex-chef des renseignements militaires Amos Yadlin, l’ancien chef d’état-major de la marine Eliezer Alfred Marom et de l’aviation Avishay

Lévi, n’ont pas participé au procès. Ils sont accusés de «meurtres monstrueux et de torture». La cour a indiqué qu’elle allait déposer à Interpol une demande de mandat d’arrêt international à l’encontre de ces quatre exmilitaires. Si Interpol accepte et lance le mandat d’arrêt, ces personnes pourront être arrêtées si elles se trouvent sur le territoire d’un des pays membres d’Interpol. Une décision qui surgit alors que les deux pays discutent sur le montant qu’Israël doit payer aux familles des victimes.

09 TURQUIE L’extrême-droite en Europe : une mauvaise nouvelle pour la Turquie ? La victoire des partis d’extrême-droite, en particulier en France et en Grande-Bretagne, ne laisse rien présager de bon pour la candidature de la Turquie à l’UE, même si le ministre turc aux Affaires européennes tempère ces prévisions. ESIBE HICRET SOY, SINEM CENGIZ Les résultats des élections européennes, déterminants pour la politique de l’Europe dans les prochaines années, auront, disent les experts, non seulement un effet négatif sur le processus d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, mais aussi sur la situation des immigrés musulmans dans les pays européens. Et pour cause, eurosceptiques et partis d’extrême-droite ont recueilli de nombreux votes. Ces dix dernières années, sur toutes les institutions de l’Union, le Parlement européen était le soutien le plus important de la candidature de la Turquie à l’UE. Mais les experts s’alarment de l’augmentation du nombre d’eurosceptiques au sein du Parlement comme d’autant de voix opposées à l’adhésion de la Turquie à l’UE.

POUR ÇAVUSOGLU, LA VICTOIRE DE LE PEN NE MENACE PAS L’ADHÉSION DE LA TURQUIE Lundi, Mevlüt Çavusoglu, ministre turc des affaires européennes, a déclaré qu’il était inquiétant que les partis d’extrême-droite en Europe aient gagné du terrain aux élections. «On constate que le soutien pour les partis racistes, antisémites, islamophobes et anti-immigrants a grimpé en Europe. Cela menace les valeurs européennes et contredit les objectifs des institutions européennes», a affirmé le ministre. Il a toutefois déclaré qu’il ne pensait pas que la victoire de Le Pen en France aurait un impact négatif sur le processus d’adhésion à l’UE, avant d’ajouter que la position de la France sur l’adhésion de la Turquie avait changé depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande. Marine Le Pen, à la tête du Front National, a déclaré dans une interview sur BFM TV ce lundi qu’elle souhaitait un «veto contre la candidature turque immédiatement». LES 5 PROCHAINES ANNÉES RISQUENT D’ÊTRE «DURES» POUR ANKARA En France, le Front national a remporté 25 % du vote et en GrandeBretagne, le parti UKIP (UK Independence Party) en Grande-Bretagne 27 %. Les deux partis, connus pour leur euroscepticisme, ont eu les meilleurs résultats dans leurs pays respectifs. Pour l’expert de l’Union européenne, Can Baydarol, la montée de l’extrême-droite dans les capitales européennes est dûe aux problèmes rencontrés par l’Union ces dernières années. Les élections menacent non seulement le processus Turquie-UE, mais aussi la structure et l’organisation de l’UE, disent les experts. Baydarol a affirmé qu’il y avait une montée du racisme dans les rues européennes ces dernières années et que cette montée affectait la position des figures politiques dans l’Union. «Si l’UE n’arrive pas à développer une vision stratégique envers la Turquie, les cinq prochaines années seront dures pour Ankara», a-t-il dit à Zaman.

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Marine Le Pen, présidente du FN, et Geert Wilders, fondateur du PVV, parti politique néerlandais nationaliste.

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La 3e édition du New York Forum s’est tenue du 23 au 25 mai 2014 pour la deuxième fois à Libreville, au Gabon. Les participants se sont penchés sans tabou sur les faiblesses et les perspectives de développement du continent africain. Le maître des cérémonies, le Français Richard Attias, a résumé la situation par une formule frappante, «l’Afrique ne tend plus la main, elle sert la main». Reste à attendre la concrétisation des projets. SAMI KILIÇ LIBREVILLE Ce fut la triste vérité du forum de Libreville, tout le monde avait tellement raison qu’on ne trouvait plus personne à qui attribuer un tort. Lorsque l’ex-ministre du Sénégal, Youssou N’Dour, poussa un coup de gueule pour dénoncer l’absurdité de son périple, à savoir monter au Sénégal pour passer par Paris avant d’atterrir au Gabon, il avait franchement raison. Lorsque le président gabonais, Ali Bongo, se plaignit de ne pas pouvoir se rendre à un pays voisin en voiture de peur d’être «kidnappé par une certaine secte que vous connaissez», il avait malheureusement raison. Ou encore lorsque le président rwandais, Paul Kagamé, reprocha aux Occidentaux d’extrapoler lorsqu’ils évoquaient le virus Ebola «en Afrique» alors que c’était circonscrit à un seul pays, il avait évidemment raison. Une réalité africaine, ne pas avoir forcément tort. Et c’était bien là l’occasion de relever cet état de fait à l’occasion du New York Forum Africa et de créer des synergies pour impulser un nouvel élan afin de le corriger. Les présidents gabonais, rwandais et centrafricain, des ministres, des étudiants, des hommes d’affaires ont trouvé là une occasion de nouer des contacts ou de dresser des constats. Fondé par Richard Attias, le New York Forum a tenu sa 3e édition à Libreville, la capitale gabonaise. La thématique, un brin rébarbatif, était celle de «la transformation d’un continent». C’est sous un soleil de plomb, tempéré tant bien que mal par une pluie hésitante que les participants ont fourmillé durant trois jours. Se sont succédé les workshops sur le secteur minier, les infrastructures, le secteur banquier, les investissements, l’agriculture, l’eau ou encore les médias africains sous la modération de Christine Kelly, membre du CSA français.

PHOTOS : FATIH TURSUN

Le New York Forum au Gabon, cap sur une Afrique qui gagne Youssou N’Dour, Ali Bongo et Paul Kagamé, entre autres, se sont succédé à la tribune du NYFA

Les Gabonais restent sceptiques. «Concrètement, il n’y a rien», souligne une étudiante.

DONNER LA PAROLE À LA JEUNESSE Le forum s’est ouvert par le Sommet des citoyens africains qui a permis de donner la parole à la jeunesse. Richard Attias a donné lecture du sondage Train My Generation, la première enquête pan-africaine effectuée auprès de la génération Y. Cette dernière est convaincue de la pertinence du lien entre l’éducation et le développement. «C’est une génération optimiste car elle a confiance en l’éducation et c’est une génération consciente car elle croit en l’importance du secteur privé et notamment du tertiaire», a-t-il expliqué. Enthousiaste,

Jeff Martin, le fondateur et le PDG de Tribal Brands Inc., a affirmé que «l’innovation viendra d’ici et non de la Silicon Valley». Une sortie sans doute trop optimiste. «C’est bien beau de lancer ce slogan mais ça ne veut rien dire. Concrètement, il n’y a rien, pas de soutien financier» nous a confié une étudiante en technologie. D’ailleurs, au même moment, se tenait un contre-forum, celui du Front des Indignés du Gabon qui dénonçait une plateforme à palabres, vide de réalisations concrètes. Des Gabonais que nous avons rencontrés en ville nous ont avoué leur scepticisme. La signature de quatre conventions initiées l’an dernier n’a pas convaincu outre-mesure. Le journal L’Aube a titré «Des milliards à Attias, la précarité aux Gabonais» alors que l’hebdomadaire Echos du Nord y est allé franco, «Attias a enfariné Ali Bongo»... Les trois chefs d’Etat se sont rejoints pour insister sur la nécessaire implication du secteur privé. «L’Etat n’est pas un homme d’affaires, il crée un environnement, des cadres» a martelé le président Bongo. «Les buts, nous savons les marquer», a-t-il ajouté, provoquant un tonnerre d’applaudissements dans le pays du football. Le président Kagamé a rejoint son homologue gabonais tout en pointant «la» faiblesse qui accable le continent noir : le manque d’organisation. Tout comme Catherine Samba-Panza, la présidente de Centrafrique qui a fait exceptionnellement le déplacement malgré

la crise dans son pays, qui a constaté une Afrique à deux vitesses avec d’une part, une intégration régionale presque réussie en Afrique de l’Ouest et d’autre part, une intégration qui est embryonnaire dans le reste du continent. Le manque d’infrastructures est criant, a abondé le président Bongo, «il faut cesser de construire des "roads to nowhere", des routes qui vont nulle part », a-t-il indiqué.

LES CONSEILS DE L’AMÉRIQUE LATINE Lors d’un panel, trois anciens chefs d’Etat de l’Amérique latine, le Mexicain Vicente Fox (2000-2006), le Péruvien Alejandro Toledo (2001-2006) et le Bolivien Jorge Quiroga Ramirez (2001-2002) ont eu l’opportunité d’évoquer l’expérience sud-américaine. L’investissement dans le capital humain a été leur plus grand «conseil». Sur fond d’images montrant le magasin Casino, la société pétrolière Total et la banque BNP Paribas, Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères français, a déclaré que l’Afrique était «le chemin du futur». La France, dont les parts de marché ont chuté de 10 à 5 % en Afrique, accorde beaucoup d’importance à la diplomatie économique. En effet, le portefeuille du ministère des Affaires étrangères a été récemment agrandi au commerce extérieur et au tourisme. En revanche, le fait qu’un ministre français intervienne après la discussion des six chefs d’Etat susmentionnés, pour par-

ler avec un autre Français, Richard Attias, a fait mauvais effet. A la question de savoir pourquoi un Sommet africain s’était tenu à Paris pour évoquer la question du Nigéria, Fabius a répondu : «La France est traditionnellement un ami de l’Afrique, elle n’a pas d’agenda caché et elle n’a pas vocation à jouer le rôle de gendarme de ce continent». Un sourire poli s’est esquissé sur le visage des participants. Un réflexe pavlovien ou bien une autre réalité, française cette foisci : ne pas avoir forcément raison…

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PHOTOS : FATIH TURSUN

La Turquie, un partenaire de plus en plus présent au Gabon Le ministre des Affaires étrangères du gabon :

La journée de l’amitié turcogabonaise a eu lieu le 24 mai cette année.

La culture, élément essentiel des relations turco-gabonaises

En marge du NYFA, Emmanuel Issoze Ngondet, le ministre des affaires étrangères du Gabon, a répondu aux questions de Zaman France. SAMI KILIÇ LIBREVILLE Quel est l’état des relations bilatérales entre la Turquie et le Gabon ? Les relations bilatérales entre la Turquie et le Gabon se sont renforcées de façon intensive ces derniers années par les visites au plus haut niveau. Concernant les échanges commerciaux, la Turquie produit des équipements finis, des produits de biens et de services qui intéressent le Gabon. Nous sommes en train de travailler pour mettre en place des mécanismes permettant de renforcer ces échanges commerciaux. Le Gabon a besoin d’acheter des produits turcs et la Turquie a besoin de vendre ses produits au Gabon.

La Turquie se déploie de plus en plus en Afrique. Le Gabon loue largement cette réorientation diplomatique. L’occasion de rappeler que l’éducation est le fer de lance des relations entre les deux pays. SAMI KILIÇ LIBREVILLE «Mais pourquoi êtes-vous arrivés si tard ?» a subitement glissé un commerçant musulman rencontré au célèbre marché artisanal de la capitale. «Vous», les Turcs. Ceux qui ont délaissé pendant trop longtemps le continent noir après l’effondrement de l’Empire ottoman. «Mieux vaut tard que jamais» a glissé son fils, plein de louanges sur l’exemplarité de la Turquie. C’est dire l’importance accordée à cette relation qui n’en finit pas de connaître des développements.

DES RELATIONS BILATÉRALES EXCELLENTES Les présidents turc et gabonais s’étaient déplacés en visite officielle en 2011 et 2012. L’an dernier, c’est le Premier ministre turc, Tayyip Erdogan, qui foulait le sol gabonais. Depuis, le secteur privé turc est à l’affût des marchés de travaux publics et des mines. La délégation du DEIK, le Conseil turc des relations économiques extérieures, rencontrée à l’occasion du Forum New York Africa (NYFA), n’a pas caché son optimisme sur l’épanouissement économique entre les deux pays. Déjà en février 2014, l’ambassade d’Ankara au Gabon avait organisé une rencontre entre les hommes d’affaires turcs et les entrepreneurs gabonais. «Comme vous le savez, en 2008, notre gouvernement a mis en place une politique d’ouverture en Afrique, notre visibilité en Afrique a atteint un certain seuil et ce type de rencontres nous permet d’accroître notre présence ici. Le fait que le nombre des hommes d’affaires turcs qui y viennent augmente d’année en année est un très bon signe. Nos relations bilatérales sont excellentes», nous a confié Ahmet Riza Demirer, l’ambassadeur turc, également présent pendant les trois jours du NYFA. En revanche, la représentation politique turque au NYFA était plutôt faible. Aucun ministre ne s’est déplacé. Interrogé, Richard Attias nous a déclaré qu’il attendait effectivement une plus grande implication turque. «La Turquie devrait être là de manière beaucoup plus massive», s’est-il désolé. «Ce n’est pas faute de les avoir

invités, j’ai même envoyé des collaborateurs rencontrer les chambres de commerce turques ainsi que les autorités turques», a-t-il poursuivi.

L’ÉDUCATION, AU CŒUR DES RELATIONS TURCO-GABONAISES Une Journée de l’amitié turco-gabonaise est également organisée depuis deux ans à l’initiative de l’école internationale turco-gabonaise. Cette année, elle a eu lieu le 24 mai. Le ministre gabonais de l’Education, Léon Nzouba, était l’invité d’honneur. Mal-

gré un agenda serré du fait du Forum, il a tenu à y participer. Après avoir observé une minute de silence en hommage à la mémoire des victimes de la récente explosion minière de Soma en Turquie qui a fait 301 morts, il a remis, à l’occasion, les diplômes aux lauréats du traditionnel concours de mathématiques organisé par l’école. «Nous incitons les Turcs à construire des écoles encore plus grandes car l’éducation constitue le socle des relations entre la Turquie et le Gabon», nous at-il indiqué.

Comment voyez-vous la place de la Turquie en Afrique ? La Turquie est aujourd’hui une puissance qui s’impose sur l’espace international. Elle a marqué récemment son engagement en direction de l’Afrique et c’est une initiative bien accueillie en Afrique qui a besoin de diversifier ses partenaires. La Turquie présente tous les atouts pour être un partenaire intéressant pour l’Afrique et le Gabon. Il y a un potentiel énorme en Turquie et des offres importantes au Gabon. Le secteur des infrastructures est important mais également le secteur industriel et l’agriculture. Les Turcs accordent une importance particulière sur la présence en matière d’éducation. Quel a été l’impact de l’école turco-gabonaise sur les relations bilatérales ? L’école turque au Gabon est un élément essentiel maintenant une présence turque au Gabon. Le politique, l’économique ne peut pas se développer sans le culturel et le culturel, c’est l’enseignement. Nous pensons que cette école va permettre à la Turquie d’élargir son assise, beaucoup de Gabonais pourront accéder à cette école et apprendre la culture et la civilisation turques; ils intègreront ces éléments-là dans leur vie quotidienne pour le futur, ce qui incitera les jeunes Gabonais à aller rechercher davantage en Turquie ce qui est nécessaire au développement du Gabon.

12 CULTURE Nuri Bilge Ceylan remporte la Palme d’or 30 MAI - 5 JUIN 2014 ZAMAN FRANCE

Pour la seconde fois dans l’histoire du cinéma turc, un réalisateur a été primé de la prestigieuse Palme d’or au Festival de Cannes. Cette-fois ci il s’agit du célèbre Nuri Bilge Ceylan, récompensé pour son film Winter Sleep. SUHEDA ASIK PARIS A l’occasion du centenaire du cinéma turc, cette victoire au 67e Festival de Cannes a fait la fierté du peuple turc. Ainsi, c’est 32 ans après la première Palme d’or que la Turquie remporte ce trophée. Le premier cinéaste à l’avoir reçue était Yılmaz Güney en 1982 pour son film Yol («chemin» en turc). Sous les applaudissements du public, le cinéaste turc qui s’est vu remettre son trophée par Quentin Tarantino et Uma Thurman, a dédié son succès à la jeunesse turque des manifestations de 2013 et aux mineurs de Soma ayant perdu la vie durant la catastrophe le 13 mai dernier. «En réalité, ces jeunes nous ont appris beaucoup de choses. D’une certaine manière, certains d’entre eux ont sacrifié leur vie pour nous.» a dit Ceylan pendant la conférence de presse suivant la remise des prix. D’une durée de 3h16, Winter Sleep raconte l’histoire de Aydin, un comédien à la retraite, son épouse Nihal et sa soeur Necla qui se retrouvent dans un hôtel où leurs histoires et leurs déchirements vont s’exprimer dans une ambiance hivernale proche du huisclos. Trois ans après Il était une fois en Anatolie, qui avait fait forte impression sur le précédent jury, Nuri Bilge Ceylan obtient donc la consécration tant méritée. Winter Sleep marque son 6e passage au Festival Cannes avec, cette fois, une victoire à la clé.

LES FÉLICITATIONS DU PRÉSIDENT GUL Selon un communiqué du service de presse de la présidence turque, le Président de la Turquie Abdullah Gul aurait envoyé un télégramme de félicita-

tions au cinéaste turc, exprimant sa joie face à cette importante réussite qui honore le centenaire du cinéma turc. Selon certains médias, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan aurait également félicité Ceylan pour sa victoire à Cannes, en l’appelant juste après son retour d’Allemagne samedi soir. L’obtention de la Palme d’or par Ceylan a également fait le bonheur des Turcs présents aux festival. Après avoir reçu le prix, le réalisateur a adopté la même pose que Yilmaz Guney 32 ans plus tôt.

BIOGRAPHIE Diplômé de l’université du Bosphore (Boğaziçi) en ingénierie électrique, Nuri Bilge Ceylan fait ses études de cinéma à l’université Mimar Sinan. Passionné par la photographie, Ceylan était membre du club de photo, de randonnée et de spéléologie pendant ses années universitaires. Le réalisateur explique qu’au départ, son rêve etait d’être photographe pour le National Geographic. Ceylan a passé une grande partie de sa jeunesse à voyager, faisant le tour de l’Italie à vélo en 1982, puis plus tard, effectuant un voyage spirituel au Népal pour finalement rentrer en Turquie en passant par Delhi puis Karachi. Il a également vécu 6 mois à Londres mais a finalement décidé de rentrer en Turquie.

Il commence sa carrière cinématographique en 1995 avec un premier court-métrage appelé Koza, puis réalise son premier long métrage, un film autobiographique réalisé en trois partie, Kasaba (The Town), en 1998. Son 3e film, Mayıs sıkıntısı (Nuages de mai) est sélectionné en compétition à la Berlinale 2000. En 2003, son film Uzak (« loin ») obtient le Grand Prix du jury et le Prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes. Avec Üç Maymun (Les Trois Singes) en 2008, Ceylan reçoit le Prix de la mise en scène de Cannes, et Bir Zamanlar Anadolu’da (Once Upon a Time in Anatolia) lui apporte le Grand Prix en 2011. En 2014, il reçoit enfin la Palme d’or pour Kış Uykusu (Winter Sleep).

FILMOGRAPHIE 1995 : Koza (court métrage) 1998 : Kasaba 1999 : Nuages de mai (Mayıs sıkıntısı, mot à mot «Ennui de mai») 2002 : Uzak («Loin») 2006 : Les Climats (Iklimler) 2008 : Les Trois Singes (Üç Maymun) 2011 : Il était une fois en Anatolie (Bir Zamanlar Anadolu’da) 2014 : Winter Sleep (Kış Uykusu)

RÉCOMPENSES OBTENUES Orange d’or du meilleur réalisateur au Festival international du film d’Antalya 1999 pour Nuages de mai Orange d’or du meilleur réalisateur au Festival international du film d’Antalya 2002 pour Uzak Orange d’or du meilleur film au Festival international du film d’Antalya 2003 pour Uzak Grand prix au Festival de Cannes 2003 pour Uzak Orange d’or du meilleur réalisateur au Festival international du film d’Antalya 2006 pour Les Climats Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2008 pour Les Trois Singes Grand Prix au Festival de Cannes 2011 pour Il était une fois en Anatolie Meilleur film au Festival international du film de Dublin 2012 pour Il était une fois en Anatolie Palme d’or au Festival de Cannes 2014 pour Sommeil d’hiver

Lost River, une première pour Ryan Gosling

The place beyond the pines Only God forgives Gangster

On connaît tous le talent de l’acteur Ryan Gosling : , , Squad. Mais cette année, le Canadien est présent à Cannes en tant que réalisateur pour son film Lost River. De grands noms tels qu’Eva Mendes et Matt Smith sont à l’affiche pour ce film fantastique. Billy vit avec ses deux fils à Lost River, une ville en ruines. Alors que ses voisins fuient la misère elle, décide de rester. Au bord du gouffre, elle se met à travailler dans un étrange cabaret où se produit une certaine Eva Mendes. Son fils Bones, qui veut à tout prix fuir, fait la découverte de

traces d’une ville engloutie au fond d’un lac. Celle-ci fait peser une malédiction sur Lost River... Tourné aux USA, à Detroit, ville qui a un long passé industriel et qui est aujourd’hui fortement frappée par la crise économique, le désormais réalisateur de 33 ans a distribué des rôles à un grand nombre d’acteurs qui ont joué avec lui dans ses précédents films. Son premier chefd’œuvre est d’abord un hommage : «ce film est le cadeau que m’ont fait les réalisateurs avec lesquels j’ai eu la chance de travailler ces dernières années», note-t-il.

13 CULTURE

30 MAI - 5 JUIN 2014 ZAMAN FRANCE

AGENDA CULTUREL

CONCERT

Ghazal : profane ou mystique, l’amour chanté en langues d’Islam

Le papillon syrien

«Une fontaine, dont jaillit l’eau de notre passé, de notre présent et de notre futur», chante Noma Omran. Un spectacle chanté qui évoque la Syrie millénaire.

Islam des mondes

Le 31 mai à 19h00 Institut des cultures d’Islam 19-23, rue Léon 75018 Paris

Mashrou‘ Leila

Un jeune groupe libanais, cinq musiciens mêlant guitare acoustique, électro soft, rock et violons arabes, avec au chant, Hamed Sino.

Le musicien pakistanais, Nusrat Fateh Ali Khan (décédé en 1997). Dans son répertoire, des poèmes soufis de type ghazal avaient une place de choix.

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«Le ghazal est une forme poétique apparue dans l’Arabie du VIe siècle et que l’Islam a sublimée» gistres – tantôt profane, tantôt sacré –, multipliant ses thèmes – amour, élégie, mélancolie, questionnement métaphysique, etc. –, la développant sur de vastes aires culturelles de l’Espagne à l’Afghanistan – arabe, persane, turque, indienne –, assurant, enfin, sa pérennité sur près de quinze siècles…

UNE FORME POÉTIQUE ANTÉISLAMIQUE A l’origine, le ghazal était une poésie amoureuse née en contexte bédouin, dans un environnement dépouillé où la parole était reine. Le ghazal était une poésie chantée pour complimenter une femme, louer sa beauté, lui témoi-

A lire

LES DEUX PÉRIODES DU GHAZAL On distingue traditionnellement deux périodes. La première se situe entre le XIIe et le XIIIe siècle. Le ghazal persan se distingue de son pendant arabe par la langue, certes, mais aussi par une forme plus brève, par des couplets plus autonomes du point de vue du sens (chacun constituant en lui-même un mini-poème) et par le takhallus, sorte de signature lyrique où le poète mentionne son nom dans le vers final. L’un des plus grands représentants de cette

période est Muslih ad-Dîn Sa‘dî (11841283), l’un des plus grands poètes de langue persane avec Hâfidh (13101337). La seconde période se place après l’invasion mongole (1218). Le radîf, refrain et motif décoratif autrefois facultatif, devient obligatoire. C’est cette forme – que prisait Mevlana Jalâl ad-Dîn ar-Rûmî (1207-1273) – qui va déborder de son aire persane d’origine pour gagner le subcontinent indien puis les régions turciques d’Asie centrale, et enfin, quoique dans une bien moindre mesure, l’Europe romantique.

DU PERSAN À L’ALLEMAND Langue littéraire par excellence en Asie centrale et en Inde, le persan est la seconde langue de ces poètes turcs ou indiens qui adapteront le ghazal à leurs idiomes. Ainsi Fuzuli (1483-1556), grand poète ottoman qui rédigea ses ghazals en azéri. Ainsi le fondateur de la littérature ouzbek, le poète afghan Mîr ‘Ali Shir Nava’i (1441-1501), qui a écrit en turc tchagataï. En Inde, un des premiers maîtres du ghazal est Amîr Khusraw (1253-1325), qui écrivait indifféremment en persan et en hindi. Près de cinq siècles plus tard, c’est le grand poète Ghâlib (1796-1869) qui renouvelle le genre en l’adaptant à l’ourdou. Enfin, inspirés par les traductions de Goethe, des poètes allemands s’essaieront avec bonheur au genre, à l’instar de August Graf von Platen (1796-1835), auteur de Ghaselen et Neue Ghaselen.

& à voir...

soit savante, poétique ou familière. Les mots arabes en français sont souvent surprenants, inattendus, comme la houle de l’océan, le chiffre des calculs, l’élixir et l’ambre, et, dans la vie commerciale, le magasin ou la douane. Le confort n’est pas absent ; non seulement le divan et le sofa sont arabes, mais aussi le matelas. Que les mots babouche et fez soient orientaux, on ne s’en étonne guère ; mais le châle,

De la mer aux chemins de fer : une nouvelle donne au service de l’ambition d’un empire.

L’empire ottoman regarde le monde occidental : la révolution est en marche et rien ne l’arrête plus. Face à ce bouleversement des fondamentaux, l’impulsion politique est impérative pour suivre le mouvement… Historiens et diplomates racontent. Le 1er juin à 16h00 Institut du monde arabe Place Mohammed V 75005 Paris

La Turquie entre l’Europe et l’Asie

Une exposition en quatre parties : «Les Ottomans, l’empire des trois mers et trois continents», qui retrace l’histoire et l’héritage culturel de l’ancien Empire ottoman ; une présentation de Mustafa Kemal Atatürk et de la naissance de la République turque ; une exposition photos intitulée «Du Bosphore en Anatolie, la Turquie d’aujourd’hui» ; et des reportages audiovisuels sur l’histoire des Turcs en Limousin. Jusqu’au 7 juin Hôtel de Ville de Limoges 9, place Léon Betoulle 87000 Limoges

Syrie : cris-action

La riche histoire arabo-persane du français Tel un cortège de Rois mages apportant à l’Europe les richesses de l’Orient, un trésor de mots arabes est venu enrichir les moyens verbaux qui nous permettent de nommer le monde. Du Ciel à la Terre, des sciences aux croyances, des substances naturelles aux étoffes et aux vêtements, de la guerre à la paix, maints domaines de notre expérience peuvent cacher ou dévoiler leur origine orientale, qu’elle

CONFÉRENCE

gner son attachement ou regretter son absence. Le mot est ainsi apparenté au mot ghazâl, «gazelle», une image fréquente, employée pour décrire la beauté, l’élégance, la finesse de l’aimée. Ce genre se perpétuera, à l’instar des autres formes poétiques antéislamiques, sous les dynasties omeyyade et abbasside. Plus encore, il gagne en popularité, tandis que naissent des sous-genres comme le ‘udhrî (courtois, platonique) et le tamhîdi (introductoire à d’autres poèmes). Ce dernier sous-genre connaîtra les faveurs de quelques-uns des plus grands auteurs classiques : Jarîr (650-728), Farazdaq (641-730), al-Akhtal (640- 710). Le ghazal atteint ainsi les provinces les plus reculées de l’empire : en Espagne, le rabbin et philosophe Moïse Ibn ‘Ezra (1058-1138) rédige en hébreu ghazals profanes et ghazals sacrés. Mais c’est l’adoption de cette forme par les Iraniens qui sera véritablement déterminante pour son évolution.

EXPOSITION

SEYFEDDINE BEN MANSOUR LILLE Les 23 et 24 mai derniers, l’Institut du monde arabe accueillait le cheikh Said Hafez. Accompagné de l’ensemble Takht Attourath, il a donné un double concert de ghazal, une poésie chantée d’inspiration mystique dont les racines remontent au-delà de l’Islam. Curieux destin en effet que celui du ghazal, une forme poétique apparue dans l’Arabie du VIe siècle, et que l’Islam a sublimée, dédoublant ses re-

Le 30 mai à 20h30 New Morning 7-9, rue des Petites Ecuries 75010 Paris

le gilet, la jupe ? Et la coupole, le masque et la mascarade ? Le Voyage des Mots de l’Orient arabe ou persan vers le français, souvent par l’Italie et l’Espagne, est évoqué ici précisément, mais aussi poétiquement, et artistiquement. Alain Rey, qui dirige le Petit Robert depuis de nombreuses années, s’est ici allié à Le voyage des mots. De l’Orient arabe l’artiste et calligraphe Lassâad et persan vers la langue française, Metoui pour un ouvrage aussi de Alain Rey et Lassâad Metoui, intéressant que joliment illustré. Guy Trédaniel éditeur, 448 pages, 30 €.

Un «work in progress» avec un accrochage modifié, amplifié au fil du temps, afin de présenter des œuvres récentes et militantes d’artistes, pour la plupart syriens. Avec, entre autres, la participation de Youssef Abdelke, Maryam Samaan, Walaa Dakak, Charbel Samuel Aoun, Farès Cachoux, Hamid Suleiman, Manaf Halbouni. Jusqu’au 22 juin Institut du monde arabe Place Mohammed V 75005 Paris

OPINION14

30 MAI - 5 JUIN 2014 ZAMAN FRANCE

Quelle relation entre l’Etat turc et les communautés religieuses ?

Comme d’autres idéologies, l’islamisme est une idéologie moderne, mondialisée, qui n’est pas directement liée à la religion, à la spiritualité ni même à l’éthique ou à la moralité. Le Premier ministre turc Erdogan est devenu une manifestation de ce phénomène. Le terme d’islamisme est un idéal-type wébérien ici, même s’il y a eu différents types d’islamisme, parfois avec des trajectoires, des récits et même des discours ou des paradigmes conflictuels. En tout cas, en général, l’islamisme est une idéologie moderne et sécularisée, qui est apparue comme une réponse à l’assaut occidental, moderniste, colonial et impérialiste sur les sociétés, pays et cultures de l’islam.

Directeur de la Publication: HUSEYIN KARAKUS Directeur Général de Zaman France et Directeur des rédactions: EMRE DEMIR Rédacteur en chef adjoint: FOUAD BAHRI Directeur Administratif: FAHRETTIN TEKIN Directeur des ressources humaines: AKIF SAMETOGLU Responsable Commercial: MEHMET SELVI Service Abonnement: CELINE GOKSU Secretaires de Rédaction: FARIDA BELKACEM SELIM BEDER Traduction: CLEMENTINE RAYNAUD Correspondant Presse Alsace: MEHMET DINC Correspondant Presse Ile de France: OSMAN USTA VEDAT BULUT FERHAN KOSEOGLU Infographie: NICOLAS VINCENEUX MUHAMMED SAHIN Redacteurs Web: AYSEGUL ZORLU SUHEDA ASIK Service informatique: HASAN OZCELIK Imprimerie : L IMPRIMERIE 79 Route De Roissy 93290 Tremblay En France Adresse : 2 Boulevard Saint-Martin 75010 PARIS Tel : 01 42 00 19 36 Faks : 01 42 00 19 58 info@zamanfrance.fr www.zamanfrance.fr - www.zamanfransa.com no CPPAP : 1117 I 90032 - ISSN 1869-5795 Tarif abonnement annuel France : 120€

Derrière le discours islamique d’Erdogan ...

Quand la tension entre le mouvement Hizmet et l’AKP était à son plus haut point, le vice-Premier ministre Bülent Arinç, en parlant des communautés religieuses, avait affirmé : «Nous assurons tout. Vous existez tant que nous existons. Vous cesserez d’exister quand nous cesserons d’exister». Des remarques à relier à la sociologie politique du monde musulman.

Edité par : Source SARL 2, boulevard Saint Martin 75010 PARIS

IHSAN YILMAZ

La question est la suivante : la société détermine-t-elle la politique ou la politique détermine-t-elle la société ? Il faut noter que les deux cas sont possibles et qu’il existe des exemples pour les deux cas. Si on exclut les monarchies ALI BULAÇ faibles, la politique peut jouer un rôle dominant au point de déterminer la sociologie, dans les périodes où règnent de puissants dirigeants. Les monarchies n’ont pas été efficaces à ce point, puisqu’il y avait des élites dirigeantes qui jouaient un véritable rôle dans les processus de prise de décision, ces élites étant généralement l’armée ou des groupes bureaucratiques, économiques et religieux. Dans l’Egypte ancienne, les groupes de l’élite sociale avaient joué un rôle prépondérant dans le pays avec le pharaon qui se voyait comme le chef du pays.

UN DÉVELOPPEMENT SUR UNE BASE SOCIOLOGIQUE La principale innovation qu’a introduit l’islam en politique, c’est d’avoir déclaré que la volonté de Dieu ne se manifestait pas chez les dirigeants soi-disant sacrés – le calife, le sultan, le roi, le chah, le président, le Premier ministre, le chef etc. – ou par l’Etat. L’islam a plutôt assimilé le gouvernement des peuples à un échange. Par conséquent, «prêter allégeance» est

une forme de commerce. Cela veut les interventions et tutelles militaires dire que la politique et le gouverne- explicites et moins explicites. ment devraient se développer sur une base sociologique. En d’autres L’ISLAM SOCIAL ET L’ETAT termes, les dirigeants et les hommes «L’islam social ou culturel» doit-il politiques ne peuvent pas déterminer son existence au Milli Görüs ou à la vie sociale ; c’est plutôt cette der- l’islam politique – avec lequel l’AKP a nié tout lien – ou vice-versa nière qui détermine ? A mon avis, ces difféles hommes polirentes versions de l’islam se tiques. Finalement, soutenaient mutuellement la politique, comme et, au début du 21e siècle, l’économie, peut se définir comme un événement social. «Les communautés et les ordres ont survécu De fait, la sociolo- aux pressions exercées par les sultans, le gie politique étudie la politique dans régime à parti unique et les tutelles militaires» le contexte d’événements sociaux changeants. Si la politique ou les elles ont mené l’AKP au pouvoir en dirigeants déterminent la sociologie, abandonnant leurs hypothèses fondamentales. Avec l’arrivée de l’AKP le peuple adoptera la religion du roi. au pouvoir, les adhérents à l’islam DES COMMUNAUTÉS QUI ONT RÉSISTÉ culturel ou social étaient attirés par AUX PRESSIONS DES DIRIGEANTS les positions et ressources publiques Le mouvement dont est issu l’AKP et étaient engagés auprès de l’Etat a commencé en tant que Parti de par l’intermédiaire de la politique. l’ordre national (MNP) dirigé par Les communautés religieuses qui se Erbakan en 1969. Il n’a même pas un nourrissent des ressources publiques demi-siècle d’âge. D’un autre côté, les ne veulent pas le départ du gouvercommunautés et les ordres religieux nement car elles ne peuvent pas re– dont le mouvement dit dépendre – tourner à leurs vieux jours de travail existent depuis des siècles. Naksi, bénévole, civil et autonome. Ceux qui Kadiri, Haznevi, Mevlevi et d’autres sont capables de reconsidérer leurs ordres sont extrêmement anciens ; le relations avec l’Etat, le parti au poumouvement Nur a presque un siècle. voir et les autorités publiques pourCes communautés et ordres ont sur- raient y perdre, mais seront capables vécu aux pressions exercées par les de se remettre sur pied. sultans, le régime à parti unique et a.bulac@todayszaman.com

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UN ETAT PUISSANT, DES CITOYENS CONSENTANTS Les islamistes imaginent une société parfaite conçue par l’Etat. Ils veulent aussi utiliser le pouvoir de l’Etat pour créer de bons citoyens. Ils disent aussi avoir le monopole de la vérité. Ils possèdent une idéologie qui peut tout expliquer et qui a des réponses toutes prêtes. Ici, les individus n’ont pas voix au chapitre. Les islamistes croient au pouvoir de la loi qu’ils voient comme un instrument de conception sociale, pour transformer la société. Ils pensent en termes d’opposition binaire. Notre Premier ministre pense aussi en ces termes. Il veut aussi créer une meilleure génération – idéalement, une génération religieuse – en utilisant le pouvoir de l’Etat. Il a également ses ennemis et ses traîtres imaginaires qui se cachent parmi les citoyens du pays. Il pense avoir le monopole de la vérité. Lui aussi diabolise la dissidence, l’opposition et la critique. Il veut créer sa propre élite. Mais Erdogan, c’est la terminologie islamique, un discours islamique vide et une façade islamique. LES CAPRICES ET DÉSIRS POLITIQUES D’ERDOGAN Quand on analyse les actions d’Erdogan, mis à part quelques exceptions, on constate qu’il incarne l’homme politique machiavélien. L’islam, c’est la paix, mais il ne connaît pas cette idée, lui qui, de manière expresse, polarise et radicalise la société pour se maintenir au pouvoir. L’islam est lié à la spiritualité, mais les actions et le discours d’Erdogan sont loin d’être caractérisés par elle. L’islam, c’est aussi l’autodiscipline, le discours modéré, les bonnes manières, la politesse, la gentillesse, mais Erdogan ne parvient pas à contrôler ses émotions. L’islam, c’est la compassion, le pardon et l’indulgence, la justice, mais même certains de ses propres électeurs disent qu’Erdogan n’est plus un dirigeant juste. L’islam, c’est l’honnêteté. Nombreux sont les exemples où Erdogan a trompé les gens avec des déclarations contradictoires. L’islam, c’est la vérité, mais même les plus fidèles soutiens d’Erdogan disent que pour être puissant, il a dû obtenir des appels d’offre pour son propre cercle. L’islam, c’est l’austérité, mais Erdogan et sa famille ont un mode de vie luxueux. L’islam est contre le commérage, les rumeurs vraies ou fausses, les accusations d’individus sans preuve concrète, les insultes, l’ingérence dans la vie privée, les accusations d’individus pour leur point de vue, le discours négatif sur les défunts, l’interdiction de l’entrepreneuriat privé légitime, l’intolérance, le conflit, les menaces contre des individus ou des groupes, etc. Pourtant, Erdogan a continuellement eu recours à ces aspects pour ses caprices et désirs politiques. ihsan.yilmaz@todayszaman.com

15 SPORT

30 MAI - 5 JUIN 2014 ZAMAN FRANCE

Galatasaray : Mevlut Erding s’approche Cantona tacle Platini, le Qatar et Israël -

Le joueur évolue aujourd’hui sous les couleurs de Saint-Etienne.

Mevlut Erding continue d’attiser la convoitise des clubs turcs. Mais c’est finalement Galatasaray qui devrait recruter le joueur de 27 ans. Un accord aurait d’ores et déjà été trouvé avec son agent. MAHMUT SARP PARIS Auteur d’une bonne saison avec son club Saint-Etienne (12 buts en 28 matches) l’attaquant turc serait prêt à venir jouer en Turquie. Fenerbahce et Trabzonspor aimeraient bien l’accueillir, mais c’est bien Galatasaray qui a pris les devants pour acquérir les services du joueur de 27 ans. D’après le journal Hurriyet, un accord aurait déjà été trouvé entre le club et l’agent de Mevlut, Pierre Frelot. Il manquerait plus qu’à négocier avec son club, ce dernier réclamant 6 millions d’euros alors que Galatasaray en donne pour l’instant que 4.

APRÈS LE PSG, RENNES ET SAINT-ETIENNE Ce transfert serait une grande première pour le Turc. Cadet d’une famille de huit enfants originaire de Yozgat, Mevlut Erding n’a jamais évolué dans un club hors de l’Hexagone. Il est formé à Sochaux, où, avec Jérémy Ménez, ils font leurs débuts en tant que joueurs professionnels. Ses performances lui font franchir un pallier et il signe au PSG le 30 juin 2009. Lors de sa première saison au club de la capitale, il finit 3e meilleur buteur du championnat avec 15 buts en 31 matches. Lors du mercato d’hiver de la saison 2011-2012, il

signe à Rennes, puis un an et demi plus tard, à Saint-Etienne alors qu’il était annoncé partant pour l’Angleterre. Mevlut Erding porte aussi le maillot de l’équipe nationale, sous lequel il a inscrit 6 buts en 27 matches. S’il venait à s’engager avec Galatasaray, il viendrait renforcer l’attaque du club avec Burak Yilmaz et Umut Bulut, ses coéquipiers en équipe nationale. Le départ de Didier Drogba va certainement lui permettre de jouer la prestigieuse Ligue des Champions. Compétition qu’il n’a jamais eu l’occasion de disputer.

Equipe de France de football :

Le «bus de la honte» détruit

MAHMUT SARP PARIS Le signal est très fort. A deux semaines du début de la Coupe du monde au Brésil, on détruit un symbole de l’échec de l’Equipe de France en Afrique du Sud il y a quatre ans. Ce lundi 26 mai dans la soirée, l’équipementier des «Bleus» Adidas, a détruit dans une casse de La Courneuve (Seine-SaintDenis), une réplique du bus de Knysna, plus connu sous le nom du «bus de la honte». Un des moments les plus traumatisants du football français a eu lieu ce 20 juin à Knysna. En plein milieu de la compétition, après une défaite dure à avaler face au Mexique (2-0), les joueurs français refusent de descendre du bus.

Ils manifestent contre l’exclusion du groupe de Nicolas Anelka, qui aurait insulté le sélectionneur Raymond Domenech.

LE «TRAUMATISME DE KNYSNA» Ce refus de s’entraîner, accompagné malheureusement d’un parcours catastrophique (la France finit à la dernière place du groupe avec 1 point), fait bien évidemment le tour du monde. Encore aujourd’hui, lors des conférences de presse, le sélectionneur Didier Deschamps se voit poser la question du «traumatisme de Knysna» (ce qui l’agace beaucoup d’ailleurs). «Le but de cette opération, est de tourner la page de

ce mauvais chapitre une bonne fois pour toute» a déclaré Nicolas Favre, directeur de la communication d’Adidas France. «Nous n’avons pas reçu l’autorisation de la Fédération française pour pouvoir amener le bus qui est encore en circulation en Afrique du Sud, mais nous avons pris un bus et nous avons reproduit le même design, avant de le démolir» a-t-il ajouté. Est-ce que cela sera suffisant pour effacer des mémoires ces évènements, rien n’est moins sûr. Mais cela aura au moins le mérite de rappeler aux joueurs de l’Equipe de France que des bourdes pareilles ne sont pas vite oubliées. En même temps, ils auraient certainement du mal à faire pire au Brésil…

Il y a quelques jours, dans des déclarations tonitruantes dont il a le secret, l’ancien footballeur international Eric Cantona s’est exprimé sur le cas Michel Platini et l’attribution de la Coupe du Monde au Qatar. Des déclarations effectuées dans le cadre de la présentation de son documentaire Looking for Rio à l’Eden Théâtre, le cinéma de la Ciotat. Cantona a notamment commenté le duel entre Platini et Blatter à la tête des instances internationales du football. «Pour parler de Platini, on est dans du règlement de comptes, une guerre politique, explique-t-il à nos confrères du Parisien. Il veut être président de la Fifa, Blatter veut le rester. Blatter commence à dire : Le Qatar, c’est vrai que c’est une mauvaise idée, mais c’était une idée de Platini», a-t-il poursuivi.

LES QATARIS NE S’INTÉRESSENT PAS AU FOOT Mais l’ancien joueur de Manchester United a aussi réservé quelques salves au Qatar et à Israël. «Certains critiquent la Coupe du monde au Qatar, d’autres la Coupe du monde au Brésil. C’est également Platini qui a donné le Championnat d’Europe des moins de 21 ans en Israël, ce qui est tout aussi irrespectueux au niveau des droits de l’homme que de donner une Coupe du monde au Qatar, vu la politique d’Israël. Il a aussi donné un Championnat d’Europe à l’Ukraine, qui n’était pas non plus un exemple de démocratie. Mais ce sont des pays émergents, où il y a beaucoup d’argent. Et la Coupe du monde a besoin de ça. Elle est organisée dans des pays qui ont les moyens. Demain, ce sera la Chine», a expliqué Eric Cantona. Pour autant, l’exfootballeur ne critique pas le principe qu’une Coupe du monde soit organisée dans des pays du Sud ou émergents. «Que ça se passe dans des pays où il est important de développer le football, c’est une bonne chose. Mais au Qatar, il n’y a absolument rien à développer, aucun potentiel. C’est un petit pays en nombre d’habitants. Les gens ne sont absolument pas intéressés par ce sport, ne le seront jamais», a souligné le réalisateur de Looking for Rio.

A Istanbul, des voleurs rendent leur butin MAHMUT SARP PARIS Emriye Celebi est malvoyante et vit à Istanbul. Un beau matin, alors qu’elle est au travail, elle reçoit un appel de la police qui lui explique que son domicile a été cambriolé. Les voleurs lui ont pris son appareil photo, sa caméra et son ordinateur. Après avoir porté plainte, elle a toujours espéré que les voleurs lui rendraient ses biens. Deux semaines après le cambriolage, son vœu a été exaucé. «C’était un dimanche vers minuit, je regardais la télévision quand quelqu’un a frappé à la porte. J’ai ouvert et j’ai vu qu’un homme était en train de fuir. J’ai tout de suite remarqué que mes affaires étaient là, devant ma porte» a déclaré la femme au quotidien Sabah. En plus des appareils, il y avait aussi une lettre que les voleurs avaient laissé, «Nous sommes des voleurs, mais pas dénués de conscience. Nous ignorions que vous étiez handicapée, pardonnez-nous.» Comme quoi, il ne faut jamais désespérer !

Un prof de français tourne un clip de rap dans son école Sur Youtube, une vidéo de rap fait le buzz. Ce n’est ni Lafouine, ni Rohff (en prison) ni le nouveau

son de Booba «OKLM» interprété en direct sur le plateau du Grand Journal à Cannes. Mais c’est bien le clip de Mathieu Guszkiewics allias Boskomat, un professeur de français au collège-lycée Sainte Thérèse d’Avesnessur-Helpe, d’après une information publiée par nos confrères de France Bleu. Cet homme de 25 ans qui fait partie d’un groupe de rap, se lance en solo avec son projet «Bonne Ecole» et a tourné son clip «Idée Folle» avec 80 élèves dans les locaux de son école. Oubliez les chaînes en or et autres voitures de luxe, le professeur tourne son clip dans sa salle de classe, les pieds sur le bureau. Il nous fait découvrir les locaux de son établissement privé qui a l’air assez tranquille. Pleines d’humour et de jeux de mots, les paroles ont surtout pour but de raconter des anecdotes et d’expliquer le quotidien d’une journée de cours.