Le café turc inscrit au patrimoine de l’UNESCO
Eric Geoffroy : «Il y a un grand renouveau du soufisme en Turquie» SOCIETE04
TURQUIE08
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La famille Güzel est tenue de se présenter deux fois par semaine à la gendarmerie nationale.
Une famille turque menacée d’expulsion
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Sous le coup d’une assignation à résidence confirmée par le tribunal administratif, la famille Güzel qui réside à Bollène, non loin de Marseille, vit dans la crainte permanente d’être expulsée. Soutenue par le Réseau Education sans frontières, cette famille turque craint surtout le préjudice d’une descolarisation pour ses enfants Aylan et Dilan, tout deux collégiens. RSOCIETE 04
Dans une caserne turque, entrée interdite aux femmes voilées
La Süperlig, entre surprise, joie et déception SPORT15
13 - 19 DECEMBRE 2013 N° 293 Prix : 2,5 €
L’amitié franco-turque sous le signe du renouveau Pour sa cinquième édition, le dîner de l’amitié franco-turque organisé le 10 décembre à l’Assemblée nationale par la Fédération d’entrepreneurs et de dirigeants de France, s’est déroulé dans une ambiance marquée par la volonté de normaliser les relations bilatérales entre les deux nations. De bon augure, avant la visite du président Hollande le 27 janvier en Turquie.
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Le moment était attendu. Un mois et demi avant la visite du président Hollande en Turquie les 27 et 28 janvier, le 5e dîner de l’amitié franco-turque organisé par la FEDIF, qui a réuni les parlementaires du Groupe d’amitié FranceTurquie a été l’occasion de dresser
EDITO
l’ambiance. Pour ses hôtes, celle-ci s’inscrit définitivement sous deux mots : renouveau et normalisation (voir entretiens page 3). D’autant que cette visite officielle d’Hollande intervient après une interruption de 21 ans, la précédente visite d’état remontant à... 1992. RFRANCE 02-03
Un nouveau chapitre s’ouvre EMRE DEMIR r02
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Les secteurs militaire et judiciaire ne sont toujours pas concernés par la levée de l’interdiction du port du voile. Une enseignante turque s’est ainsi récemment vue refuser l’entrée dans le quartier militaire de Büyükçekmece, à Istanbul. RTURQUIE 06
Le monde fait ses adieux à Mandela -
Plusieurs dizaines de dirigeants du monde entier, de l’Américain Barack Obama au Cubain Raul Castro, ont rendu mardi un dernier hommage à Nelson Mandela, mort jeudi dernier à l’âge de 95 ans. Malgré une pluie diluvienne, des dizaines de milliers de Sud-Africains, célèbres ou anonymes, ont participé au service funéraire au Soccer City Stadium de Johannesburg.
Une fac germanoturque ouvre à Istanbul
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L’université germano-turque a ouvert ses portes il y a deux mois. Un accord passé en 2008, entre les gouvernements turc et allemand, avait lancé ce projet. La Turquie fournit les locaux et une grande partie du financement, tandis que l’Allemagne contribue en y envoyant des professeurs et en organisant les cursus. RMAX ZANDER TURQUIE 08
RINTERNATIONAL 11-12
Mandela n’a pas d’héritier rOPINION14
Ces musulmans qui ont fait le succès de Youtube
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L’un est co-fondateur du premier site de téléchargement de vidéos en ligne. L’autre, son actuel PDG. Jawed Karim et Salar Kamangar sont peu connus du grand public mais ils font partie de la crème internationale de l’innovation numérique. Zoom sur deux des entrepreneurs d’origine musulmane les plus talentueux de la toile. RSOCIETE 05
Zaman Okur Hattý: 01 42 00 19 36
L’Empire ottoman, terre d’asile des juifs persécutés
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Histoire des relations entre juifs et musulmans des origines à nos jours, un ouvrage collectif sous la direction d’Abdelwahab Meddeb et de Benjamin Stora, vient de paraître aux éditions Albin Michel. L’ouvrage embrasse une vaste période, du VIIe au XXIe siècle. Un des épisodes notables de cette histoire est sans doute celui de la communauté sépharade de l’Empire ottoman. R CULTURE 13
02 FRANCE
L’amitié franco-turque sous le signe du renouveau
EDITO EMRE DEMIR
Un nouveau chapitre s’ouvre pour la relation franco-turque La France sous la présidence de François Hollande avait promis de réparer les erreurs de Sarkozy. Aujourd’hui, François Hollande semble tenir ses promesses en adoptant une position plus modérée que celle de son prédécesseur vis-à-vis de la candidature turque à l’Union européenne. Contrairement à l’ancien président Nicolas Sarkozy, qui avait bloqué les pourparlers entre la Turquie et l’UE concernant en particulier cinq chapitres directement liés à l’adhésion turque, Hollande, lui, a levé l’objection de Paris à l’ouverture des pourparlers de l’un des cinq chapitres bloqués. Mais les deux moteurs de la normalisation sont la diplomatie parlementaire et la société civile, et leur rôle n’est pas toujours mis en lumière. D’abord, les députés du groupe d’amitié France-Turquie à Paris et à Ankara, ont œuvré discrètement mais sûrement en faveur du rapprochement franco-turc. Ensuite, les acteurs de la société civile issus de l’immigration turque ont beaucoup contribué aux relations bilatérales. Le 5e dîner de l’amitié francoturque organisé par la Fédération d’entrepreneurs et de dirigeants de France (FEDIF) à l’Assemblée nationale en est la preuve. Les personnalités politiques investies dans le dialogue franco-turc, présentes au dîner, ont unanimement souligné l’importance symbolique de la visite de Hollande à Ankara les 27 et 28 janvier 2014. La dernière visite présidentielle française et officielle en Turquie remonte à 1992 et à François Mitterrand. La visite de François Hollande sera consacrée aux rapports bilatéraux. Hollande a aussi un rôle à jouer pour sauver les relations entre la Turquie et l’Europe. Le pourcentage de Turcs qui ont une perception positive de l’UE a chuté de 75 % à 22 % en dix ans. La position turco-sceptique de Nicolas Sarkozy a joué un rôle important dans cette baisse de l’enthousiasme des Turcs. Mais aujourd’hui, le gouvernement turc, moins réformiste qu’au cours de ses deux premiers quinquennats, ne semble pas non plus très motivé pour l’adhésion à l’UE. François Hollande a une opportunité historique de faire oublier cette rupture qui pourrait coûter cher aux générations futures. La visite tant attendue en Turquie de Hollande pourrait bien ouvrir un nouveau chapitre dans la longue histoire des relations franco-turques. e.demir@zamanfrance.fr
13 - 19 DECEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
Pour sa cinquième édition, le dîner de l’amitié franco-turque organisé le 10 décembre à l’Assemblée nationale par la Fédération d’entrepreneurs et de dirigeants de France, s’est déroulé dans une ambiance marquée par la volonté de normaliser les relations bilatérales entre les deux nations. De bon augure, avant la visite du président Hollande le 27 janvier en Turquie. Pour sa cinquième édition, le dîner annuel de l’amitié franco-turque organisé le 10 décembre par la Fédération d’entrepreneurs et de dirigeants de France était consacré au thème du «vivreensemble par le faire-ensemble».
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Le moment était attendu. Un mois et demi avant la visite du président Hollande en Turquie les 27 et 28 janvier, le 5e dîner de l’amitié franco-turque organisé par la FEDIF, qui a réuni les parlementaires du Groupe d’amitié France-Turquie a été l’occasion de dresser l’ambiance. Pour ses hôtes, celle-ci s’inscrit définitivement sous deux mots : renouveau et normalisation (voir entretiens page 3). D’autant que cette visite officielle d’Hollande intervient après une interruption de 21 ans, la précédente visite d’état remontant à... 1992. Il s’agissait alors déjà d’un président socialiste, un certain François Mitterand.
L’ÉPINEUSE QUESTION ARMÉNIENNE Pour Kasim Gülpinar, député AKP et président du Groupe d’amitié en Turquie présent à la soirée, «pendant quelques mois, on a semblé oublier tout ce que nos pays ont en commun. Aujourd’hui, je crois que l’on peut dire que nous avons retrouvé un niveau de confiance que nous n’aurions jamais dû perdre». Le parlementaire AKP a ajouté que «l’avenir de nos nations est lié». «Il nous reste à trouver les voies et moyens pour donner corps à cette nouvelle ambition pour notre relation bilatérale et plus largement pour la relation entre la Turquie et l’Union européenne», a-t-il ajouté. Du côté du CHP, c’est la question arménienne qui restera centrale dans les échanges bilatéraux. C’est l’avis du député Osman Korutürk. «Cette
question est l’une des rares à faire consensus en Turquie. La vérité doit être établi par les historiens sans être politisée à des fins électorales car ce n’est pas juste pour la France, la Turquie et la communauté arménienne. Ce sera l’un des principaux messages de la Turquie à la France».
PAS DE BOULEVERSEMENT FRANCO-TURC Mais pour l’expert Didier Billon, si cette visite d’Hollande est «un signe politique important», les choses ne changeront pas fondamentale-
ment. «Il faut aussi être réaliste. Il ne va pas y avoir de décision qui bouleverserait la relation franco-turque. L’essentiel est de la rétablir et de la normaliser». Le directeur adjoint de l’IRIS estime que trop de dossiers empêchent cette relation d’aller plus loin. «Au niveau européen, il reste encore un véto sur trois ou quatres chapitres. Il y aussi la question arménienne. On connait la proximité du président Hollande avec une frange de la communauté arménienne, souvent la plus radicale». PHOTO DE LA SEMAINE
Le président des Etats-Unis Barack Obama et le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, au Soccer City Stadium, près de Johannesburg. Des dirigeants venus du monde entier et des milliers de Sud-Africains ont assisté à l’hommage rendu à Nelson Mandela.
...ET UNE MAUVAISE
UNE BONNE...
La voiture tue 8700 Turcs chaque année
L’aspartame, édulcorant artificiel utilisé dans de nombreuses boissons «light», ne présente aucun risque pour la santé aux taux où il est actuellement autorisé de le consommer, a jugé mardi l’Autorité européenne de sécurité des aliments. Cet avis de l’AESA fait suite à la publication d’études établissant un lien entre l’aspartame et des problèmes de santé, y compris
Les accidents de la route feraient 8.700 morts par an en Turquie, selon le rapport sur la sécurité routière mondiale 2013 de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Les accidents de la route seraient ainsi la première cause de décès chez les personnes âgées de 15 à 29 ans en Turquie. Les 3/4 des victimes sont des hommes. 50 % d’entre eux sont des piétons, des cyclistes et des motocyclistes. Les excès de vitesse sont le facteur numéro 1 à l’origine de ces décès. Une baisse moyenne de
des cancers ou des naissances prématurées. Ces conclusions ont cependant été contestées par les agences de sécurité alimentaire de part et d’autre de l’Atlantique et dans sa dernière étude scientifique, l’AESA dit n’avoir décelé aucune conséquence néfaste sur la santé lorsque l’aspartame est absorbé à la dose journalière acceptable (DJA) fixée par l’UE de 40 milligrammes par kilogramme de poids corporel.
5 % de la vitesse réduirait le nombre d’accidents mortels de 30 %, précise le rapport. Par ailleurs, d’après le président de la section de la police nationale spécialisée dans la circulation routière, Yilmaz Bastug, 385.000 personnes seraient mortes dans un accident de voiture ces trente dernières années, en Turquie.
NOUVELLE
Aux taux autorisés, l’aspartame ne serait pas nocif
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«La lutte digne dont Mandela fit preuve pour son pays restera à tout jamais gravée dans la conscience collective» Propos d’Erdogan adressant ses condoléances aux Sud-Africains.
03 FRANCE AMITIÉ FRANCO-TURQUE
Ce que les députés français en disent «IL FAUT PURGER LES MALENTENDUS» Damien Meslot, député du Territoire de Belfort
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«Il y a des liens très anciens entre la France et la Turquie qui ont connu des vicissitudes. Il faut purger les malentendus entre nos deux pays et revenir aux relations anciennes d’amitié. Deux pays peuvent être amis et avoir des divergences sur Chypre, l’Arménie. Il faut pouvoir se parler sans se blesser. Du côté français, on a pu avoir quelques maladresses. Il faut les oublier car notre intérêt est de pouvoir développer nos relations. Du côté turc, il faut comprendre que les droits de l’homme font partie de la politique étrangère française».
«LA FRANCE A ENVOYÉ DES SIGNAUX POSITIFS» Christophe Bouillon, député de la Seine-Maritime
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«On a changé d’époque manifestement car la France a envoyé des signaux positifs. L’ouverture imminente du chapitre 22, la question des visas. Il y déjà eu des visites importantes de ministres en Turquie, des échanges entre le président Hollande et le président turc Abdullah Gül, mais aussi le Premier ministre Erdogan au cours de sommets internationaux. La visite du président Hollande en début d’année prochaine est une nouvelle étape. Je comprends l’impatience de l’opinion publique turque mais certains processus sont longs».
«NOUS AVONS BESOIN D’UN LANGAGE DE VÉRITÉ» Marie-Louise Fort, députée de l’Yonne
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«Je suis fondamentalement pour le rapprochement entre les peuples. Je me réjouis de la visite du président Hollande en Turquie. Le monde est tellement agité que nous avons intérêt à resserrer les liens. Dans toute relation, il y a des hauts et des bas. Je crois qu’il y a certaines choses qui ont été dites par le précédent président Nicolas Sarkozy et qui font avancer les choses. Le pire est de construire une relation sur un malentendu. Nous avons besoin d’un langage de vérité. Nous avons une communauté turque importante en France. Comme disait un responsable turc de France, c’est une richesse supplémentaire d’être issu d’une autre culture. On peut réussir en France quand on utilise cette richesse comme un atout et non comme un inconvénient».
«BEAUCOUP DE TURCS FRANCOPHONES AIMENT LA FRANCE» Jean-Louis Roumegas, député de Montpellier
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«J’attends beaucoup des échanges culturels. Ma propre fille a étudié dans une université turque. Beaucoup de Turcs francophones aiment la France et sa culture. Je suis l’un des partisans de l’entrée de la Turquie dans l’UE pour des raisons économiques et politiques. La paix dans cette partie du monde passe par la Turquie, qui est un allié de l’Occident depuis toujours. Sur le plan économique, il y a une communauté d’entrepreneurs français très actifs. J’attends beaucoup de ce voyage d’Hollande, pour rétablir des relations de confiance. Il faut développer les échanges d’étudiants, l’enseignement du français en Turquie et l’accueil des étudiants turcs en France. Si nous n’avons pas de personnes connaissant ces deux langues, il sera difficile d’établir une relation enrichissante».
13 - 19 DECEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
Pour Nouvelles d’Arménie, le civisme turc mène au négationnisme -
Le 23 novembre avait lieu à la Maison des Syndicats de Valence un débat sur le civisme des citoyens franco-turcs de la ville intitulé «Miroir des enjeux de la population issue de l’immigration». Un évènement organisé par l’Association culturelle et sportive franco-turque de Valence avec la participation de l’UETD RhôneAlpes (Union européenne des Turcs démocrates) auquel ont participé une soixante de personnes. Pour le mensuel Nouvelles d’Arménie, qui publie l’information, cette initiative «relèverait d’une stratégie visant par la Turquie à diminuer le poids politique et économique de cette communauté arménienne de Valence et de la région afin de laisser place à la présence turque et véhiculer certainement les idéologies de la diplomatie turque négationnistes en matière de génocide arménien».
UNE INCITATION À LA CONFRONTATION Des mots particulièrement violents qui ne s’appuyent, par ailleurs, sur aucune source, déclaration ou propos repris des intervenants de cette réunion, qui ne soient mentionnés dans l’article signé par Krikor Amirzayan. Ce dernier présente, en outre, Valence comme «la capitale arménienne de France», un propos qui aurait été tenu par l’ex-maire Patrick Labaune (UMP). Valence, bastion arménien de 7 ou 8 mille âmes, menacé par les Francoturcs ? Pour l’ Union européenne des Turcs démocrates, qui a réagi dans un communiqué, les accusations sont graves et participent de la diffamation. L’UETD dénonce un «article fait d’amalgames et de rapprochements nauséabonds» qui tente «de jeter l’oppobre sur une communauté franco-turque, qui essaye par des moyens légaux, démocratiques et innovants de rassembler, d’inciter à la participation civique et d’être des acteurs de l’édifice national». L’association turque s’inquiète également de cette volonté exprimée par le mensuel arménien de France «d’entrer en confrontation avec une population qui ne demande qu’à vivre dans la cohésion sociale, le respect mutuel et la compréhension de chacun».
04 SOCIETE
13 - 19 DECEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
Une famille turque menacée d’expulsion à Bollène Sous le coup d’une assignation à résidence confirmée par le tribunal administratif, la famille Güzel qui réside à Bollène, non loin de Marseille, vit dans la crainte permanente d’être expulsée. Cette famille craint surtout le préjudice d’une descolarisation pour ses enfants Aylan et Dilan, tous deux collégiens. FOUAD BAHRI PARIS Une famille turque résidant à Bollène, à 140 km de Marseille, est sous le coup d’une procédure d’expulsion. Ebubekir Güzel, arrivé en France en 2003, ainsi que son épouse Fatma et leurs 2 enfants Ayan, 17 ans, et Dilan, 12 ans, qui l’ont rejoint en septembre 2010, ont été assignés à résidence. Une procédure administrative de la Préfecture du Vaucluse qui vient d’être confirmée par le tribunal administratif de Marseille. Sous le coup d’une expulsion à tout moment, cette famille turque doit d’ores et déjà se présenter deux fois par semaine à la gendarmerie nationale. Ayan et Dilan sont scolarisés au collège Paul Eluard de Bollène en 3e et en 6e. La famille Güzel a fait une demande de titre de séjour. Mais c’était sans compter un refus de la préfecture qui leur a signifié expressément de quitter le territoire français. Contactée par Zaman France, la famille a exprimé sa vive émotion et son incompréhension face à une décision aux conséquences dramatiques pour les enfants. Pour Fatma Güzel, «l’expulsion, cela serait un drame pour eux, ils auraient plus de mal que nous à s’adapter au pays».
Selon RESF, la famille Güzel est tenue de se présenter deux fois par semaine à la gendarmerie nationale.
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DANS LES PAS DE LÉONARDA... D’autant que les collégiens sont bien notés par leurs professeurs et bénéficient d’une bonne appréciation. «J’ai de bons résultats a l’école. Si mes parents sont expulsés, nous devrons les suivre. Ca va affecter notre motivation et notre avenir», explique Ayan. La famille turque est soutenue par le Réseau Education sans frontières. Pour Hélène Buix, de RESF, interrogée par nos confrères du dauphine.com, les Güzel ne sont pas seuls. «Ils ont beaucoup de soutien ici, des familles, des Bollénois ont proposé d’accueillir les enfants si les parents venaient à être expulsés». D’après
Ömer, un ami d’Ayan cité par le journal en ligne, «on est là pour dire qu’on ne veut pas qu’ils soient expulsés. C’est totalement injuste. Ayan est un super bon élève». RESF, qui précise qu’il manque six mois de présence à cette famille pour entrer dans les critères de régularisation prévus par la circulaire Valls, a néanmoins demandé à être reçu par le Préfet. Cette situation rappelle l’affaire Léonarda, cette jeune Rom expulsée avec sa famille au mois d’octobre dernier. Une affaire qui avait soulevé l’indignation d’une partie de l’opinion publique française et provoqué plusieurs manifestations.
Eric Geoffroy : «Il y a un renouveau soufi en Turquie» Zaman France est allé à la rencontre d’Eric Geoffroy, spécialiste du soufisme. Il nous parle de son dernier ouvrage : Le soufisme, Histoire, fondements, pratiques, paru aux éditions Eyrolles. avez déjà publié de nombreux ouvrages sur -Vous le soufisme, quelle est la nouveauté de celui-ci ? Je me suis moi-même posé cette question, puisque j’avais publié en 2003 Le soufisme voie intérieure de l’islam. Mais ces ouvrages étaient un peu denses, destinés à un public averti. Celui-ci, qui est une commande des éditions Eyrolles, a une vocation pédagogique, d’information des lecteurs, il est adapté à un public assez large. Je commence d’ailleurs par un chapitre sur ce que n’est pas le soufisme. Je reprends toutes les idées reçues, qu’elles viennent des musulmans ou des non musulmans. Je commence par ça pour déblayer le terrain. Justement, quelles sont les idées reçues les plus coriaces sur le soufisme en France ? En ce qui concerne les musulmans, la question du cheikh, du maître spirituel, est quelque chose qu’on a du mal à faire comprendre à un certain public. Beaucoup pensent que le cheikh est associé à Dieu, et que donc c’est une idolâtrie cachée que de vénérer le cheikh. De nombreux jeunes sont intéressés par le soufisme, mais ont peur de cette relation. Je leur dis : lisez Ghazali et les grands oulémas, pas seulement les soufis, vous verrez que tous disent qu’il faut avoir un maître pour évoluer au sens spirituel. Un autre poncif chez certains musulmans, et des non musulmans, c’est de penser qu’il y a le sunnisme, le chiisme et le soufisme. Comme si le soufisme était autonome par rapport à l’islam et au sunnisme.
Eric Geoffroy a publié plusieurs ouvrages sur la spiritualité soufie.
Historiquement, le soufisme est la dimension intérieure de l’islam, surtout sunnite. Ce n’est pas autre chose que l’islam, c’est l’islam en relief. Pas simplement un islam normatif et superficiel, comme il est pratiqué par certains. On dit aussi que les confréries soufies sont élitistes ... Il est faux de dire que les soufis sont élitistes et ne s’intéressent qu’à leur sort . Certes, il y a des aspects négatifs dans le confrérisme, notamment la concurrence entre confréries, qui ont pu considérer que leur maître est le seul pôle spirituel. Et puis, il y a la Tijâniyya apparue fin 18e début 19e siècle, et qui considérait qu’elle fermait le cycle des confréries comme l’islam avait fermé le cycle des religions. C’est pour ca que les tijânis interdisaient à leur disciples de fréquenter d’autres tariqas. Par ailleurs, les confréries ne sont pas vouées à etre ouvertes à tous car elles s’appuient sur certaines pratiques exigeantes. Mais il y a eu un gros effort pour transmettre le message spirituel de l’islam. Rumi disait de son Mesnevi qu’il ne voulait pas que son texte soit laissé de côté, qu’il voulait qu’on marche dessus et qu’on s’envole avec. Le soufisme a-t-il joué un rôle politique ? Dans l’histoire, les soufis ont lutté contre des ennemis extérieurs. Pensons à l’Emir Abdelkader, qui a combattu l’armée française et qui, quand il a rendu les armes, s’est consacré à sa vocation spirituelle. Autre exemple, on sait que ce sont les deux tariqas kadiria
et naqshbandiyas, qui ont maintenu l’islam dans les ex-républiques de l’URSS en Ouzbékistan, au Tadjikistan etc... En Occident, on en parle peu mais les soufis ont toujours été très présents au niveau social, en ouvrant des hôpitaux, des dispensaires... Que signifie être soufi aujourd’hui ? Est-ce plus dur qu’autrefois? Le soufisme épouse son époque et essaie de vivre la manifestation de la présence divine actualisée telle qu’elle est. C’est plus compliqué d’être soufi aujourd’hui parce qu’avec la modernisation, on est dans une perte de repères. Le problème de l’Occident, c’est la perte de sens. Dans cette phase de modernisation souvent aveugle, le soufisme nous dit que nous pouvons vivre notre spiritualité ici et maintenant et que nos repères sont inté-
rieurs. Alors que les dogmes donnent des repères formels et figés. Que symbolise la Turquie pour les soufis du monde entier ? C’est un grand paradoxe, car les confréries soufies sont encore officiellement interdites en Turquie, mais en fait, elles sont très vivantes dans ce pays et chez les Turcs de la diaspora. La naqshbandiya est la confrérie la plus vivante, les mevlevis forment un ordre plus restreint. Actuellement, il y a un grand renouveau du soufisme en Turquie, d’ailleurs permis par l’AKP, puisque ce parti est justement issu du soufisme. Dans les années 1990, ses débuts étaient marqués par la naqshbandiya. Aujourd’hui, on a mis un vernis dessus et c’est plus l’islam en général. Eric Geoffroy, auteur de l’ouvrage : Le soufisme , Histoire, fondements, pratiques (Editions Eyrolles).
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13 - 19 DECEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
Ces musulmans qui ont fait le succès de Youtube
Jawed Karim, l’un des trois fondateurs du site YouTube en 2005.
MON AVOCAT CANAN ÖZENICI
Ce que signifie l’indemnisation pour assistance à autrui Nous avons déjà eu l’occasion d’expliquer au cours de nos précédentes rubriques que l’indemnisation en droit français est très différente du système anglo-saxon que l’on a l’habitude de rencontrer dans les séries américaines. Pas de somme astronomique pour une teinture ratée ou un sceau d’eau abandonné dans un supermarché… En France, l’article 1382 impose le principe de la réparation intégrale du préjudice. C’est-à-dire que le juge indemnise tous les préjudices mais rien que les préjudices. Il existe un cas d’indemnisation très important, qui est souvent rencontré dans les affaires de violence subie par des personnes ou les accidents de la circulation par exemple : il s’agit de l’indemnisation pour l’assistance à une tierce personne. La Cour de Cassation vient d’en donner une définition claire : ce type de préjudice «indemnise la perte d’autonomie de la victime restant atteinte, à la suite du fait dommageable, d’un déficit fonctionnel permanent la mettant dans l’obligation de recourir à un tiers pour l’assister dans les actes de la vie quotidienne». Dans cette affaire récente, les parents d’une fillette d’un an furent tous les deux tués dans un accident de la circulation impliquant un véhicule tiers. Le grand-père maternel fut désigné tuteur de la jeune enfant devenue orpheline. Un arrêt irrévocable ayant indemnisé celle-ci de ses préjudices moraux, le tuteur sollicitait réparation de son préjudice patrimonial. Une cour d’appel alloua au tuteur une somme en réparation du préjudice lié à la nécessité de recourir à une tierce personne. L’arrêt a été cassé par la juridiction suprême sous prétexte que la Cour d’Appel avait omis d’expliquer en quoi la petite fille avait perdu en autonomie… (Avouez que pour une enfant d’un an c’est complexe…). Bien sûr qu’il fallait réparer le recours de cet enfant à une tierce personne, puisque la victime est incapable d’accomplir seule les actes essentiels de la vie courante, mais pas au titre d’un préjudice d’assistance à une tierce personne mais au titre d’un préjudice d’accompagnement. Oui le résultat est le même et la somme allouée sera probablement identique mais les mots ont une importance redoutable en droit ! Pour vos questions : ceruguz@yahoo.fr
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L’un est co-fondateur du premier site de téléchargement de vidéos en ligne. L’autre, son actuel PDG. Jawed Karim et Salar Kamangar sont peu connus du grand public mais ils font partie de la crème internationale de l’innovation numérique. Zoom sur deux des entrepreneurs d’origine musulmane les plus talentueux de la toile.
après la sortie du site, YouTube est racheté par le géant américain Google pour un montant de 1,6 milliards de dollars. Une transaction qui rapportera à Jawed Karim la coquette somme de... 64 millions de dollars sous forme d’actions. De quoi lui permettre de créer le fonds d’investissement Youniversity Ventures pour soutenir le lancement de nouvelles start-ups.
LE RÊVE AMÉRICAIN DE JAWED KARIM Jawed Karim est l’un des trois fondateurs du site YouTube en 2005, avec Tchad Hurley et Steve Chen. Né le 1er janvier 1979 à Merseburg, en Allemagne de l’Est, Jawed Karim a grandi à Neuss, en Allemagne de l’Ouest. Enfant métisse, issu d’une union entre un chercheur bangladais Naimul Karim et une scientifique allemande, Christine Karim, Jawad émigre avec sa famille aux Etats-Unis en 1992. Diplômé de la Central High School dans le Minnesota, Karim a ensuite poursuivi des études d’informatique à l’Université de l’Illinois. Spécialisé dans les systèmes anti-fraude pour le compte de la société PayPal, c’est là qu’il fait Turkish Review A5.pdf 01.11.2013 la rencontre de Tchad Hurley et 2Steve Chen. Un19:40 an
UN IRANIEN À LA TÊTE DE YOUTUBE Salar Kamangar, quant à lui est le PDG de YouTube depuis le 29 octobre 2010. Né à Téhéran, en Iran, Salar Kamangar est titulaire d’un baccalauréat en sciences biologiques avec mention de l’Université de Stanford et a rejoint très tôt la société Google. Chef de projet de Google Groups, vice-président du département des applications web de l’entreprise américaine, Kamangar est aussi étroitement lié au PARSA, un fonds social et philanthropique de promotion de la culture persane proche de la communauté persophone américaine. Il y a trois ans, il succède à Tchad Hurley à la tête de Youtube. Sa sœur Tara est violoniste au sein du groupe de rock iranien Kiosk.
Salar Kamangar, PDG de YouTube.
06 TURQUIE Dans une caserne turque, entrée interdite aux femmes voilées
13 - 19 DECEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
Des militaires turques lors de l’intervention de l’ISAF en Afghanistan en 2012.
Les secteurs militaire et judiciaire ne sont toujours pas concernés par la levée de l’interdiction du port du voile. Une enseignante turque s’est ainsi récemment vue refuser l’entrée dans le quartier militaire de Büyükçekmece, à Istanbul. NECIP SALACAN ISTANBUL Cette affaire pourrait relancer la polémique du voile en Turquie. Malgré l’entrée en vigueur en 2012 d’une directive levant l’interdiction du port du voile dans les réfectoires militaires, une enseignante turque s’est vue refuser l’entrée dans le quartier militaire de Büyükçekmece, à Istanbul. Alors que ses collègues et leurs élèves ont pu s’introduire dans les lieux, cette professeure n’a pas été autorisée à les suivre à cause de son voile. «Plusieurs officiers militaires m’ont dit que je ne pouvais pas entrer. Ils m’ont demandé d’enlever mon voile», a-t-elle raconté. Mais l’enseignante a refusé de se plier à leurs ordres. Un officier lui
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aurait alors signifié que cette interdiction était issue d’un ordre militaire écrit du commandement de la Première armée. L’enseignante s’est déclarée humiliée et vexée qu’un tel traitement ait eu lieu devant ses élèves et collègues.
LES FEMMES VOILÉES TOUJOURS VICTIMES DE DISCRIMINATION Bien que la Turquie ait pris des mesures pour mettre fin à l’interdiction du port du voile, certaines femmes sont encore victimes de discrimination. Le gouvernement turc a récemment autorisé le port du voile chez les employées du secteur public, excluant néanmoins les secteurs militaire et judiciaire. Selon un officier de
l’armée qui s’est exprimé dans un entretien à Zaman, l’ordre écrit dispose que les femmes âgées de moins de 60 ans peuvent uniquement entrer dans le bâtiment militaire si leurs cheveux sont visibles, alors que les femmes de plus de 60 ans sont autorisées à être voilées à condition qu’elles laissent quelques cheveux apparents. «Nous sommes désolés de cette interdiction, mais nous n’avons pas encore reçu d’ordre autorisant les femmes voilées à entrer», a ajouté l’officier militaire. En mai 2012, une directive réglementant le code vestimentaire dans les réfectoires militaires a été modifiée pour pouvoir accueillir les hommes portant la barbe ou les femmes portant le voile.
Procès Ergenekon : un député CHP libéré
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Moustafa Balbay, journaliste et parlementaire de l’opposition turque, a été libéré lundi de prison, dans l’attente du procès en appel de son rôle supposé dans le complot lié à l’affaire Ergenekon, pour lequel il a été condamné à près de 35 ans de détention. La Cour constitutionnelle a jugé la semaine dernière que les quatre ans et neuf mois passés en prison par Moustafa Balbay avant son procès avaient enfreint ses droits, notamment en temps que parlementaire.
BALBAY DÉMENT TOUTE IMPLICATION L’enquête sur Ergenekon, qui a débuté en 2007, a ciblé non seulement la hiérarchie militaire mais aussi des responsables politiques, des universitaires et des journalistes. Issu du principal parti d’opposition, le CHP, Moustafa Balbay, qui dément toute implication dans ce complot, a déclaré après l’annonce de sa libération provisoire qu’il comptait prêter serment pour occuper son siège de parlementaire, remporté lors des élections de 2011. Six autres députés turcs impliqués dans cette affaire sont actuellement en prison. Cinq font partie du BDP, pour leurs liens avec le mouvement armé du PKK, et le sixième est issu du MHP et est accusé d’avoir participé à une tentative de coup d’Etat, sans lien avec Ergenekon.
Le maire d’Istanbul se présentera aux municipales
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L’actuel maire d’Istanbul, Kadir Topbas, se présentera aux élections municipales prévues le 30 mars 2014, a annoncé le Premier ministre Erdogan. Topbas se représente pour la troisième fois puisqu’il a déjà cumulé deux mandats au poste de maire d’Istanbul. Une concurrence rude l’opposera à Mustafa Sarigül, qui défendera les couleurs du CHP. Un rival qui aurait déjà toutes les chances de l’emporter sur Topbas, pour de nombreux commentateurs politiques.
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Profilage : les leçons de l’exemple français En 1904, la France est secouée par «l’affaire des fiches». Le gouvernement mené par Emiles Combes, résolument anti-clérical, avait mis en place une surveillance des officiers militaires soupçonnés de proximité avec l’Eglise. Cette affaire avait mené à la loi de 1905. Il y a dans cet épisode français majeur des leçons à tirer pour la Turquie. EMRE DEMIR PARIS Ces derniers jours, la Turquie a été le théâtre d’un débat sur une affaire de fichage. Le fichage d’individus (ou conservation d’informations personnelles en vue d’un usage futur) auquel des membres de groupes religieux et ethniques ont été exposés à différentes périodes en Turquie, n’est pas spécifique à la culture de ce pays. Cette notion, entrée dans notre culture politique, provient de la France. La fameuse affaire de fichage de 1904 (appelée «l’affaire des fiches») nous donne une leçon importante par rapport à la situation actuelle en Turquie. Cette affaire a profondément affecté l’histoire politique française et a mené à l’entrée en vigueur de la loi sur la laïcité de 1905 dont le but était de séparer l’Etat français de la sphère religieuse. Cette loi a mis fin à des mesures et interventions brutales de l’Etat, qui avait adopté une idéologie laïque radicale en France à l’encontre de l’Eglise catholique, des communautés religieuses, des monastères et des églises. La loi de 1905 a finalement mené à la conclusion d’un accord de paix entre l’Etat et la société.
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LA GUERRE AUX COMMUNAUTÉS RELIGIEUSES Emile Combes, président du Conseil des ministres français à partir de 1902, a fait la guerre aux communautés religieuses en fermant près de 3.000 écoles catholiques. Il a également tenté de renvoyer des individus de confession catholique qui travaillaient au sein d’institutions publiques. Des documents prouvant qu’il fichait des officiers militaires catholiques des Forces navales ont néanmoins fait irruption en 1904. La presse française a publié des documents indiquant qu’environ
20.000 officiers militaires avaient été fichés et étiquetés. Certaines notes contenues dans ce fichage ont été dévoilées, telles que : «Va à l’église tous les dimanches», «Vu avec une Bible à la main», «A accroché une croix chez lui», «Lit le journal catholique La Croix», «Son père fait partie de la communauté jésuite» ou encore «A inscrit son fils à l’école catholique». Les textes indiquaient également que les officiers fichés ne devaient pas être promus et que les fonctionnaires et les officiers étaient étiquetés comme «pro-républicains» et «réactionnaires» par les membres du gouvernement. A la suite de la révélation de ce scandale, le gouvernement de Combes a démissionné, mettant fin au régime jacobin de la Troisième République qui défendait le contrôle de l’Etat sur les activités religieuses.
LES KÉMALISTES ET LA TROISIÈME RÉPUBLIQUE On remarque quelques ressemblances entre ce qui s’est passé en France au début du XXe siècle et ce qui s’est passé en Turquie dans les dix dernières années. Il n’y a aucune coïncidence. De célèbres historiens comme Zafer Toprak ont noté que les fondateurs du régime républicain en Turquie avaient été fortement influencés par les théoriciens de la Troisième République en France, comme Emile Durkheim ou André Gide. Le régime kémaliste en Turquie a toujours privilégié la laïcité de la Troisième République en France, par laquelle l’Etat tentait de contrôler les activités religieuses et la sphère publique, plutôt qu’une laïcité caractérisée par la séparation de l’Etat et des affaires religieuses. Les élites qui ont transmis la mentalité de la Troisième République en France aux auteurs des profilages au XXIe siècle en Turquie
sont devenues moins influentes sur la scène politique depuis la période 2007-2011 marquée par le dernier combat politique de l’armée turque. Mais le dernier scandale de fichage en date montre que la mentalité de l’ancien Etat et de ses mécanismes de contrôle existent encore.
MAINTENIR L’ETAT DANS SES PROPRES FRONTIÈRES La Turquie aurait besoin d’un nouveau contrat social semblable à la loi sur la laïcité de 1905 qui garantirait la paix au niveau national. L’accord de paix de 1905 a défini la relation entre l’Etat et la religion, et dessiné les frontières dans lesquelles l’Etat pouvait interférer dans la société civile. L’héritage du Premier ministre Erdogan et de l’AKP sur la vie politique turque ne dépend pas de leur succès aux élections mais d’un nouveau contrat social qui garantirait la cohabitation pacifique des
différents groupes comme les communautés religieuses, les groupes conservateurs, les kémalistes et les minorités religieuses. La paix nationale entre les élites blanches de l’ancien régime et celles du nouveau régime a été la plus grande réussite politique de Nelson Mandela en Afrique du Sud. Au lieu de prendre sa revanche sur les blancs, il a préféré maintenir leurs droits, et ce en dépit des violences qu’ils avaient perpétrées. Mais dans la Turquie d’aujourd’hui, l’écart entre les représentants du nouveau régime et ceux de l’ancien régime se creuse. Les leçons que la France a tirées de son propre scandale de fichage sont de bons exemples pour la Turquie. Ce dont la Turquie a besoin, c’est d’un nouveau contrat social, ou disons d’une nouvelle constitution, qui reconnaisse les droits de tous, même des petits groupes, et qui garantisse le maintien de l’Etat dans ses propres frontières.
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Ouverture d’une fac germano-turque à Istanbul L’université germano-turque a ouvert ses portes il y a deux mois. Un accord passé en 2008, entre les gouvernements turc et allemand, avait lancé ce projet. La Turquie fournit les locaux et une grande partie du financement, tandis que l’Allemagne contribue en envoyant des professeurs et en organisant les cursus. MAX ZANDER ISTANBUL «Fünf Minuten noch ! Vous avez encore cinq minutes», prévient la professeur d’allemand Sengül Yilmaz en jetant un coup d’oeil à la pendule. On est mardi, 10h, dans une salle de classe de l’université turco-allemande (TGU) d’Istanbul. Quatorze étudiants sont en plein «laufdiktat», soit concours de dictée. Madame Yilmaz a accroché quelques copies d’une nouvelle allemande sur le mur en dehors de la salle de classe. Les étudiants travaillent en équipe de deux. L’un d’eux sort de la salle et essaye de mémoriser le plus de phrases possible pour ensuite les dicter au partenaire qui attend dans la salle de classe. Tout le monde semble apprécier le jeu et la compétition. «Pas de photos !», réprimande la professeur en surprenant Ahmed et son partenaire se passer un iPhone. «On envoie juste des textos», répondent les garçons en allemand. Ahmed, 18 ans, est étudiant en mécanique et vient d’Antalya. Comme nombre de ses camarades, il prévoit de travailler dans une entreprise internationale, peut-être chez Porsche, si tout va bien. Ipek, une autre étudiante de son groupe, est aussi passionnée par l’industrie automobile allemande, mais elle préfère Mercedes. La future étudiante en commerce voudrait travailler pour le fabricant de limousines plus tard et voit la langue allemande comme un tremplin qui lui permettra d’atteindre son but.
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UNE UNIVERSITÉ «SYMBOLIQUE» Il y a deux mois, l’université germano-turque a ouvert ses portes dans le district rural de Beykoz à Istanbul. Les premiers pas de ce projet ont vu le jour grâce à un accord entre les gouvernements turc et allemand en 2008. Le but de l’université est de proposer un environnement adéquat à un échange bilatéral à la fois académique et scientifique. La Turquie fournit les locaux et une grande partie du financement, tandis que l’Allemagne contribue en y envoyant des professeurs et en organisant les cursus. «Cette université est symbolique pour les liens entre l’Allemagne et la Turquie. Nos pays ont de bonnes relations économiques et nous voulons les soutenir grâce à cette institution», affirme le professeur et recteur de l’université, Halil Akkanat. «De plus, l’Allemagne a beaucoup d’expérience dans le domaine technique et scientifique et nous voudrions en faire profiter la Turquie», ajoute-t-il. L’histoire commune entre les deux pays, l’accession possible de la Turquie à l’UE et les échanges commerciaux de plus en plus importants laissaient présager la naissance d’une université germano-turque. D’après le recteur Akkanat, l’établissement universitaire pourrait être la première étape vers un véritable échange scientifique entre la Turquie et l’Allemagne. «UNE RELATION PRIVILÉGIÉE AVEC NOS PROFESSEURS» Environ 120 étudiants sont actuellement inscrits à l’université germano-turque d’Istanbul.
L’université germano-turque a ouvert ses portes dans le district rural de Beykoz à Istanbul.
Trois cursus de licence en droit, commerce et ingénierie mécanique ainsi que deux cursus de master en gestion interculturelle et en affaires internationales sont proposés aux étudiants. Dans les prochaines années, le nombre d’étudiants devrait atteindre les 5.000. Pour le prochain semestre et demi, les étudiants de Mme Yilmaz devront uniquement se focaliser sur l’étude de l’allemand. Les étudiants qui parlent peu ou pas du tout la langue doivent d’abord suivre une année de cours préparatoire pour ensuite pouvoir intégrer un cursus spécifique. Les étudiants ont 24 cours par semaine, pendant lesquels ils pratiquent la conversation de tous les jours et apprennent les termes techniques spécifiques au domaine d’études qu’ils choisiront. «Nous verrons s’il est possible d’atteindre cet objectif en si peu de temps. Nous faisons de notre mieux», ad-
met Mme Yilmaz. Günhan, étudiant en droit, sort de son cours magistral et rejoint des amis avec qui il commence à parler un mélange de turc et d’allemand. Günhan est arrivé en Turquie depuis l’Allemagne avec ses parents il y a plus de quatre ans. Il fait partie des 20 étudiants qui ont déjà commencé l’un des cursus spécifiques proposés. Avant cela, il suivait des cours dans un lycée germanophone d’Istanbul. «J’apprécie la qualité allemande en matière d’éducation, qui est très différente de ce que nous avons ici en Turquie», affirme Günhan. «Cette université est très exigeante et il y a beaucoup de travail à fournir. Nous devons étudier plus que certains de nos amis qui sont inscrits dans d’autres universités. Mais d’un autre côté, nous sommes peu par classe et avons une relation privilégiée avec nos professeurs», ajoute Hakan.
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3 universités turques dans le top 10 des BRICS IPEK ÜZÜM ISTANBUL L’université du Bosphore, l’université technique d’Istanbul (ITU) et l’université technique du MoyenOrient (ODTU) ont pris place dans le top 10 du classement 2014 des BRICS et des économies émergentes, publié par le magazine Times Higher Education le 4 décembre. Ce classement est le premier classement mondial des universités au Brésil, en Russie, en Inde, en Chine et en Afrique du Sud ainsi que dans 17 économies émergentes. La Turquie enregistre une belle performance puisque sept de ses universités figurent dans le top 100, trois dans le top 10 et cinq dans le top 20. L’université du Bosphore arrive à la 5e place, suivie de l’ITU à la 7e place et de l’ODTU à la 9e place. Dans le top 20, on retrouve également l’université Bilkent à la 12e place et l’université Koç à la 20e place. Mais la grande gagnante de ce classement reste la Chine, avec deux universités aux premières places, quatre universités dans le top 10 et 23 dans le top 100.
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UNE COMPÉTITION STIMULANTE POUR LES UNIVERSITÉS «Certains lient cette performance à la diversité sectorielle proposée par les uni-
versités et à la compétition que cette diversité crée. Un aspect que la Turquie a repris du modèle américain. Il faut noter que deux des universités turques du top 20 (les universités de Bilkent et de Koç), ont un statut privé, ce qui leur donne plus de liberté et de flexibilité pour entrer en compétition avec les meilleures universités du monde», a affirmé Phil Baty, rédacteur en chef du classement du Times Higher Education. «Les économistes reconnaissent le grand potentiel de la Turquie en matière de démographie et d’économie et ses universités joueront un rôle clé dans sa réalisation», a-t-il ajouté.
Le café turc inscrit au patrimoine de l’UNESCO C’est officiel : le café turc fait partie du patrimoine culturel de l’Unesco ! C’est lors de la 8 session du Comité sur la protection du patrimoine culturel immatériel e
de l’Unesco, présidée par le ministre azerbaïdjanais de la Culture et du Tourisme à Bakou, Abulfaz Garayev, que le café turc a été intégré dans ce patrimoine mondial. L’Unesco prendra désormais les mesures nécessaires pour protéger la tradition du café turc, devenu le 11e bien culturel de Turquie protégé par l’Unesco. En prévision des candidatures pour 2014, la Turquie a soumis celles de Hidirellez, l’ancienne fête turque célébrant l’arrivée du printemps, et de l’art de la marbrure sur papier appelé «ebru».
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A Istanbul, les prix de l’immobilier restent très élevés Le secteur de l’immobilier turc a enregistré une hausse des prix de 12,5 % en une année. Une situation qui, selon les experts, est due notamment à une demande forte et à l’augmentation des taxes et du prix du terrain. ERGIN HAVA ISTANBUL Malgré les projets de construction qui se multiplient, le marché de l’immobilier à Istanbul voit ses prix rester désespérément élevés. Mais le risque d’une bulle immobilière reste plutôt moindre grâce à une demande forte et des risques d’endettement faibles des acheteurs. Istanbul reste une ville attrayante pour les investisseurs turcs et étrangers et la première destination pour des dizaines de milliers de Turcs, malgré les embouteillages et les prix élevés qui influent sur la qualité de vie.
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UNE HAUSSE DE 12,5 % DES PRIX EN UN AN EN TURQUIE Selon un rapport récent de la société Knight Frank spécialisée dans l’immobilier, de nombreux marchés émergents ont enregistré une hausse des prix de plus de 10 % en un an, celle de la Turquie s’élevant à 12,5 %. Cette hausse rapide peut s’expliquer par la forte demande ainsi que l’augmentation des taxes et du prix du terrain, affirment certains experts à Zaman. Le prix au mètre carré des nouveaux logements stambouliotes peut aller de 1.000 à 1.500 livres turques, soit de 300 à 500 euros environ. Dans les parties est et ouest de la ville, ce prix peut doubler. Mais pour les acteurs du marché, ces coûts restent abordables en raison des faibles taux d’intérêt hypothécaires et de la stricte discipline du secteur bancaire, qui se montre plus prudent dans l’octroi de prêts. UNE OFFRE ET UNE DEMANDE STABLES S’exprimant sur une potentielle bulle immobilière, les entrepreneurs turcs rétorquent qu’il n’y a aucun risque que l’équilibre entre l’offre et la demande s’ébranle. «Il y a 700.000 logements en Turquie qui sont en train d’être construits ou qui viennent d’être terminés. Environ 150.000 d’entre eux sont à Istanbul. Au niveau de la demande, on en est à 550.000 logements par an, dont 100.000 à Istanbul», affirme Serdar Inan, président
BREVES ECO
CROISSANCE Les bons chiffres turcs
L’économie turque a enregistré une croissance plus marquée que prévu au troisième trimestre et celle du deuxième a été revue en légère hausse, montrent des chiffres publiés mardi par l’institut national des statistiques. Le produit intérieur brut (PIB) a augmenté de 4,4 % sur la période juilletseptembre par rapport au troisième trimestre 2012 alors que les économistes interrogés par Reuters avaient anticipé une progression de 4,05 %. Ajusté des variations saisonnières, le PIB du troisième trimestre 2013 est en hausse de 0,9 % par rapport aux trois mois précédents. La croissance du deuxième trimestre par rapport à la même période de 2012 a été revue à 4,5 % contre une estimation initiale de 4,4 %.
de l’entreprise de construction Inanlar Insaat. Il ajoute que, si les prix de l’immobilier étaient plus élevés dans certaines parties de la métropole, cela était dû aux coûts de construction provenant de la demande de logements
de qualité plus élevée. «La restauration de bâtiments et la transformation des zones urbaines continueront d’attirer les investisseurs locaux et étrangers», a affirmé quant à lui l’économiste Saruhan Özel.
150.000 logements sont en construction ou viennent d’être achevés à Istanbul.
12 INTERNATIONAL
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Mandela, l’ami éternel de la Palestine En Palestine, le décès de Nelson Mandela a une signification particulière. Mandala avait toujours soutenu le combat du peuple palestinien qu’il compara à celui mené par les Sud-Africains. Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne a décrété vendredi un jour de deuil officiel dans les territoires palestiniens.
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Mandela a toujours été un fervent défenseur de la cause palestinienne.
De son vivant, Mandela a toujours été un fervent défenseur de la cause palestinienne. En 1997, à l’occasion de la journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, le président sud-africain avait envoyé un message de soutien officiel à Yasser Arafat et aux Palestiniens. Mandela y proclamait leur droit à l’autodétermination et à l’établissement d’un État indépendant dans le cadre du processus de paix. Deux ans plus tard, il se rend en Israël et dans les territoires occupés. Il demande alors aux Israéliens de se retirer des colonies mais aussi aux pays arabes de reconnaître l’existence de l’Etat hébreu. Plus tard, le leader sud-africain expliquera que cette visite avait été faite «pour guérir les vieilles blessures causées par les liens entre l’État juif et l’ancien régime de l’apartheid en Afrique du Sud».
ISRAËL SOUTENAIT PRETORIA DU TEMPS DE L’APARTHEID Du temps de l’apartheid, Israël entretenait des liens proches avec
le gouvernement afrikaner. De son côté, l’Organisation de libération de la Palestine de Yasser Arafat avait toujours soutenu le combat de l’ANC. Au point où Mandela compara le combat des Palestiniens à celui mené par les Sud-Africains. Au moment de l’attaque de la flottile humanitaire du Mavi Marmara par les Israéliens, Mandela via l’association des Global Elders, avait condamné l’attaque et demandé la levée du blocus sur Gaza, «internationalement illégal et contre-productif car favorisant les extrémistes». Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, dans un communiqué a décrété vendredi jour de deuil dans les territoires palestiniens et ordonné que les drapeaux soient mis en berne : «La Palestine n’oubliera pas les paroles de Nelson Mandela qui a dit un jour: "La révolution en Afrique du Sud n’aura pas atteint ses objectifs tant que le peuple palestinien ne connaîtra pas la liberté"».
Les 10 citations incontournables de Mandela Riche en péripéties politiques et en moments fondateurs de l’histoire du continent noir, la vie de Nelson Mandela a aussi été marquée par une production écrite, nourrie par une importante correspondance et la parution de ses mémoires. Zaman France a sélectionné dix des plus importantes citations du défunt père de la nation sud-africaine.
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« N’oublie pas qu’un saint est un pécheur qui cherche à s’améliorer» « L’opprimé et l’oppresseur sont tous deux dépossédés de leur humanité» « Les hommes qui prennent de grands risques doivent s’attendre à en supporter souvent les lourdes conséquences» « J’ai appris que le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de la vaincre» « Un combattant de la liberté apprend de façon brutale que c’est l’oppresseur qui définit la nature de la lutte» « Je savais parfaitement que l’oppresseur doit être libéré tout comme l’opprimé. Un homme qui prive un autre homme de sa liberté est prisonnier de sa haine» « Cela semble toujours impossible, jusqu’à ce qu’on le fasse» « Je n’étais pas un messie, mais un homme ordinaire devenu leader en raison de circonstances extraordinaires» « Il est sage de persuader les gens de faire des choses et de les amener à penser que l’idée venait d’eux» « Que jamais, jamais plus ce pays magnifique ne revive l’expérience de l’oppression, ni ne souffre d’être le paria du monde»
13 CULTURE
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AGENDA CULTUREL
SEYFEDDINE BEN MANSOUR LILLE Histoire des relations entre juifs et musulmans des origines à nos jours, un ouvrage collectif sous la direction d’Abdelwahab Meddeb et de Benjamin Stora, vient de paraître aux éditions Albin Michel. L’ouvrage embrasse une vaste période, du VIIe au XXIe siècle. Un des épisodes notables de cette histoire est sans doute celui de la communauté sépharade de l’Empire ottoman. On entend par sépharade, au sens strict, la communauté de juifs d’Espagne, de cette Espagne musulmane d’où ils ont été chassés une fois le processus de Reconquista achevé. En 1492, Grenade tombe et Isabelle la Catholique décrète l’expulsion des juifs du royaume. L’Empire ottoman décide alors d’accorder sa protection à ces milliers de familles juives, les encourageant à s’installer sur son territoire. Contemporain des faits, Moshé Capsali, grand rabbin de la Sublime porte écrit ainsi : «Le sultan Bayezid [II], roi de Turquie, ayant appris tout le mal que le roi d’Espagne fit aux juifs qui cherchaient un lieu de refuge, eut pitié d’eux et ordonna à son pays de les accueillir avec bienveillance.» Les spécialistes parlent de 150.000 personnes, chiffre énorme pour l’époque, l’équivalent aujourd’hui de la population d’une grande ville.
CONCERT
L’Empire ottoman, terre d’asile des juifs persécutés
Sardaigne (1492), Portugal (1497), Naples (1511)… Avant même le traumatisme de 1492, beaucoup de juifs avaient donc déjà choisi de s’installer dans l’Empire ottoman. Leurs coreligionnaires les y invitaient même avec ferveur. «Je vous proclame que la Turquie est un pays où rien ne manque et où, si vous le
A lire
voulez, tout se passera bien pour vous» écrit ainsi vers 1430-1440 Isaac Sarfati, grand rabbin de la ville d’Edirne, dans une lettre adressée aux communautés juives de Souabe, de Rhénanie, de Styrie, de Moravie et de Hongrie. A plus d’un titre, le statut de dhimmi, malgré ses contraintes (impôts spécifiques, notamment), leur permettait, en leur qualité de Gens du Livre, de voir leur famille et leurs biens protégés par l’Etat, de pratiquer librement leur culte, d’avoir leurs synagogues, de s’organiser en communautés, d’être régis par leur propre hiérarchie religieuse (tribunaux rabbiniques, notamment).
LE CONSEILLER DE SOLIMAN LE MAGNIFIQUE Ensuite, sur le plan économique et social, le vaste Empire ottoman recélait des possibilités immenses.
Les sépharades introduiront ainsi la draperie, industrie dont ils monopoliseront bien vite tous les métiers, de la production mécanisée à la vente à l’international. Des villes portuaires comme Safed en Palestine et Salonique en Grèce deviennent florissantes. Cette dernière devient d’ailleurs dès le XVIe siècle la seule ville au monde à majorité juive. C’est l’âge d’or du judaïsme sépharade. A la cour, des juifs servent l’Etat en qualité de médecins, de financiers, de diplomates. C’est l’époque d’Alvaro Mendez, fait duc de Mytilène en 1596, de Salomon Ashkenazi, envoyé en ambassade auprès du Doge à Venise, et de Joseph Nassi, dont les conseils judicieux permettront la conquête de Chypre. Soliman le Magnifique et Selim II le feront seigneur de Tibériade, comte d’Andros et duc de Naxos.
& à voir...
d’égalité et de justice. Nelson Mandela est né et a été élevé à la campagne, dans la famille royale des Thembus. Il gagne plus tard Johannesburg où il ouvre le premier cabinet d’avocats noirs et devient un des leaders de l’ANC. A travers la clandestinité, la lutte armée, la prison,
CONFÉRENCE-DÉBAT
Avec Héla Yousfi, maître de conférences en management à l’Université Paris 9 Dauphine et vice-présidente du Cercle des économistes arabes, ainsi que Mohamed Ali Marouani, maître de conférences en économie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, research fellow à l’Economic Research Forum et secrétaire général du Cercle des économistes arabes. Débat animé par Monique Cerisier-Ben Guiga, sénatrice honoraire et membre de l’iReMMO.
Turquoise
Une exposition de groupe des Artistes Peintres d’Ankara. Des œuvres de Khizir Teppeev, Şule Günsür, Ismail Çeşmeci, Dilber Miray Kuran, Kiyasi Aybak et Hatice Ümit Gözüm. Jusqu’au 20 décembre Centre culturel Anatolie 77, rue La Fayette 75009 Paris
Prix des Turcophiles
Rencontre avec Jean-Michel Belorgey, écrivain et homme politique français, auquel il sera remis à cette occasion le Prix des Turcophiles pour l’année 2013. Entrée sur réservation. Le 14 décembre à 18h00 Centre culturel Anatolie 77, rue La Fayette 75009 Paris
La vérité plus forte que l’injustice Le réalisateur britannique Justin Chadwick a su faire œuvre d’histoire à travers ce long film biographique (biopic) qui retrace le parcours exceptionnel de Nelson Mandela, le destin hors normes d’un homme qui sut s’insurger contre l’ordre établi et faire triompher les valeurs de vérité,
Tunisie : 3 ans après, quelle situation sociale et économique ?
Le 18 décembre de 18h00 à 20h00 iReMMO 5-7, rue Basse des Carmes 75005 Paris
EXPOSITION
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«En 1492, Grenade tombe et Isabelle la Catholique décrète l’expulsion des juifs du royaume»
Une cérémonie religieuse à la grande synagogue d’Istanbul.
RENCONTRE
«LA TURQUIE, UN PAYS OÙ RIEN NE MANQUE» Durant plus de deux siècles, les vagues d’expulsion ne feront que se succéder, vidant l’Occident chrétien de sa population juive : Angleterre (1290), France (1306), principautés allemandes (à partir de 1450), Espagne, Sicile et
Une Palestinienne et une Française. Kamilya Jubran chante et joue du luth ; Sarah Murcia joue de la contrebasse. Deux remarquables musiciennes qui forment un duo de récital, soutenu par Catherine Debroucker au violon, Marion Brizemur à l’alto et Christine Krauz au violoncelle. Le 14 décembre à 20h30 Institut du monde arabe Place Mohammed V 75005 Paris
SOIRÉE SOLIDARITÉ
Islam des mondes
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Musiques sans frontières
sa vie se confond plus que jamais avec son combat pour la liberté, faisant de lui l’homme clef pour sortir son pays, l’Afrique du Sud, de l’impasse où l’ont enfermé quarante ans d’apartheid. Il sera le premier Président de la République d’Afrique du Sud élu démocratiquement.
Mandela : Un long chemin vers la liberté [Mandela: Long Walk to Freedom], réalisé par Justin Chadwick (film biographique, Etats-Unis, 2013, 2h26). Avec Idris Elba, Naomie Harris, Mark Elderkin. Sortie en salles le 18 décembre.
Soutien médical Gaza
Repas, exposition et concert en vue de recueillir des fonds pour le secours médical aux Palestiniens de la bande de Gaza. Avec le groupe Ahmed El Nasri. Le 14 décembre à 19h30 Salle des Corons verts Rue des Trannois 59500 Dorignies-lez-Douai Réserv. : 06 03 90 53 87
OPINION14
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L’impasse de la Turquie Pour le chroniqueur Gökhan Bacik, malgré les signes évidents de développement matériel, la Turquie est dans l’impasse. Ses problèmes sont profondément ancrés dans une culture politique qui, pendant des siècles, n’a pas offert un équilibre des pouvoirs assez solide pour pouvoir limiter l’influence de l’Etat et favoriser l’individu.
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Edité par : Source SARL 2, boulevard Saint Martin 75010 PARIS Directeur de la publication : HÜSEYİN KARAKUŞ Rédacteur en chef : e.demir@zamanfrance.fr
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En 1981, Fouad Ajami, intellectuel américain d’origine arabe, a publié son livre-phare, «The arab predicament» (qu’on pourrait traduire par «l’impasse arabe»). L’ouvrage analyse la situation intellectuelle arabe et les traumatismes des Arabes. Le texte a été mal accueilli pour sa critique impitoyable et son côté orientaliste. Toujours estil que les prédictions d’Ajami étaient GÖKHAN BACIK correctes. Ainsi, presque 30 ans après la publication de l’ouvrage, au sein du monde arabe, les champs politique et intellectuel sont en déclin. Ce titre d’Ajami m’amène à parler de la situation en Turquie. Le pays se trouve dans l’impasse depuis des décennies et certains disent même depuis le début de la modernisation ottomane au XIXe siècle. La Turquie montre, certes, des signes positifs en termes de développement : elle construit des ponts et son taux de chômage est plus faible que celui de la Grèce. Mais elle est tout de même dans une impasse. Le développement matériel turc reste, en effet, faible. Après deux décennies de modernisation, il n’y a toujours pas d’autoroute entre Izmir et Istanbul. Si l’on en construit une en 2013 ou en 2015, à l’âge de l’iPhone, ce sera bien évidemment un succès ironique. L’économie turque regorge de succès ironiques et de développements tardifs. La Turquie ne peut produire de matériel high-tech. Le pays est une sorte d’économie complémentaire dans des domaines industriels comme le textile par exemple.
L’ÉCONOMIE AU SERVICE DE L’ETAT L’histoire de la Turquie, contrairement à celle de l’Europe occidentale, n’est pas caractérisée par le libre marché. Comme les Ottomans, les hommes politiques turcs sont prêts à sanctionner les acteurs économiques s’ils ne se plient pas à leur politique. Si l’économie n’est pas autonome, les acteurs économiques font preuve de moins d’initiative et n’investissent pas dans la recherche et le développement. La crainte de la sanction politique les empêche d’agir librement sur des projets d’investissement à long terme. Pourquoi les marques mondiales naissent-elles dans les sociétés démocratiques ? Et pourquoi les sociétés non-démocratiques ne parviennent-elles pas à créer de marques à succès ? En 2013, le pays est victime d’une impasse dans le champ intellectuel et n’a toujours pas de constitution civile ni de contrat social. Et là où il n’y a pas
de contrat social, le système est prêt à produire de l’autoritarisme. L’équilibre des pouvoirs ne reposant pas sur une constitution, il faudrait être un saint pour ne pas adopter une tendance autoritaire avec les années.
UN SYSTÈME OÙ LES OPPORTUNITÉS PROVIENNENT DE L’ETAT Pire, les conservateurs q ui prônent l’âge d’or des Ottomans empêchent la nouvelle génération de formuler des critiques par rapport à ces problèmes. Les groupes religieux ont, pendant des années, glorifié les Ottomans pour rabaisser les kémalistes. Mais en réalité, ces problèmes ne concernent pas particulièrement la période kémaliste, ni aucune autre d’ailleurs. Les causes premières résident dans la culture politique turque qui, pendant des siècles, n’a pas eu d’équilibre des pouvoirs assez solide pour pouvoir limiter l’influence de l’Etat et favoriser l’individu. Etre un individu en Turquie reste extrême-
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«En 2013, le pays n’a toujours pas de constitution civile ni de contrat social»
ment dangereux. Dans un système où rien n’est fondé sur le mérite, les opportunités doivent provenir de l’Etat. Mes remarques peuvent paraître inquiétantes, mais nombreux sont ceux à avoir un point de vue à l’opposé. La Turquie a réalisé d’importants développements dans les dix dernières années, c’est vrai. Et l’AKP mérite d’être considérée comme la meilleure administration depuis le début des années 1990. Mais ma question est celle-ci : y a-t-il le signe d’une grande réforme dans les relations entre l’Etat et la société ? L’Etat devient-il moins important ? Nous sommes tous reconnaissants à l’Etat pour les nouveaux ponts et les nouvelles routes. Mais, tant que les causes premières des problèmes restent les mêmes, nous devrons continuer à célébrer des succès ironiques. Nous, Turcs, devrions nous rendre compte qu’une constitution civile instituée en 2020 ne comptera pas comme un succès. g.bacik@todayszaman.com
HAYAT ALVI «Pour faire la paix avec un ennemi, on doit travailler avec cet ennemi, et cet ennemi devient votre associé» Mandela
Mandela n’a pas d’héritier
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Mandela a placé la barre très haut. Personne, de son vivant du moins, ne pourrait être appelé son égal. Son prédécesseur, Mahatma Gandhi, a initié le combat de l’Afrique du Sud pour la liberté, l’égalité et la justice. Quelle équipe remarquable, quand on sait que de 1893 à 1914, Gandhi était en Afrique du sud et que Nelson Rolihlahla Mandela a vu le jour en juillet 1918. Rolihlahla signifie «fauteur de troubles». Mais quelle bénédiction pour l’Afrique du Sud que d’avoir eu le plus intelligent des fauteurs de troubles. Mandela a laissé derrière lui un héritage de pardon, de réconciliation et de coopération, contrairement aux dirigeants du monde moderne.
VIOLENCE, HAINE ET PRÉJUGÉS Alors que ceux-ci ne manquent pas de lui rendre hommage, arrêtons-nous et interrogeons-nous sur l’état déplorable du leadership politique qui, ironiquement, s’oppose à Mandela, à son message et à ses valeurs. Le monde politique d’aujourd’hui n’est qu’avidité, égoïsme, pouvoir et hommes politiques obsédés par l’argent. Il n’y a pratiquement aucun courage moral, aucune valeur ni principe de non-violence, de paix, de pardon ou de réconciliation. Les politiciens n’ont pas le cran de s’opposer aux industriels manipulateurs, aux lobbys, aux individus corrompus et aux criminels en col blanc. Aujourd’hui, nous vivons dans un monde débordant de violence, de haine, de préjugés, de manque de compassion ou d’empathie, d’hyper-matérialisme et d’accusations les uns envers les autres. Aujourd’hui, les gens en viennent aux mains pour un article dans un magasin. Dans de nombreux pays du monde, des hommes violent des femmes et des petites filles en toute impunité. La justice est furtive et loin d’être transparente. Les négociations de paix sont devenues un rêve lointain plus qu’une réalité concrète, dans bien des cas. Les dirigeants préfèrent faire la guerre et s’engager dans des conflits plutôt que de prendre la voie de la paix et de la vraie justice. On appuie sur des boutons pour éradiquer des cibles dans des terres lointaines, comme dans un jeu vidéo. Il n’y a plus d’humanité. L’EXEMPLE DE MANDELA La stature de Mandela n’est plus qu’ombre maintenant qu’il n’est plus de ce monde. Mais, alors que son personnage vit encore dans le cœur de millions de personnes, tournons-nous à présent vers l’état actuel du leadership politique mondial. Ces dirigeants qui présentent leurs condoléances et glorifient le nom de Mandela ont du sang sur les mains. Ils ont refusé de faire justice à de nombreux individus, opprimé des pans entiers de la société aussi brutalement que le régime de l’apartheid, empoché des pots-de-vin, sapé l’égalité socio-économique, ignoré la situation difficile des pauvres et des défavorisés, perpétué des actes de violence envers des femmes et des enfants, arrêté des personnes sans procès, autorisé des actes de torture, menti au nom de leurs intérêts et aux dépens de ceux des citoyens et forcé leurs armées à satisfaire leur soif de revanche sans tenir compte des victimes civiles. Comment se faitil que tant de dirigeants, qui glorifient Mandela, ne soient pas capables de percevoir leurs propres contradictions? S’ils avaient suivi ne serait-ce qu’un petit bout de l’exemple de Mandela, le monde serait meilleur. @sevgistanbul
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C’est le nombre d’hommes nécessaires pour la Centrafrique, selon Marie-Hélène Hassen, ancienne ministre des Affaires étrangères de ce pays, interrogée par France Inter. Elle ajoute que «la France ne s’en sortira pas toute seule».
15 SPORT
13 - 19 DECEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
La Süperlig, entre surprise, joie et déception Alors que la mi-saison approche, les résultats déjouent tous les pronostics du début de saison. Fenerbahce s’affiche en leader malgré son interdiction de recruter. Et Galatasaray, qui devait écraser la concurrence, ne pointe qu’à la quatrième place du classement. NICOLAS THÉODET PARIS L‘édition 2013-2014 de la Süperlig réserve son lot de surprises. Malgré les événements judiciaires et les sanctions qui ont entaché la saison estivale des transferts, ce sont les outsiders qui ont pris les commandes du championnat à l’instar de Fenerbahçe. Le club de la rive asiatique d’Istanbul a su tirer son épingle du jeu. Avec une seule défaite lors de la première journée, les hommes d’Ersun Yanal ont enchaîné six victoires d’affilée et un treizième match sans défaite. Un grand pas en avant vers la première place du classement pour cette fin de saison. De son côté, le rival rouge et or ne signe pas sa saison la plus remarquable. Avec seulement une quatrième place au championnat, la trêve hivernale permettra certainement de remettre les idées en place des joueurs et des supporters qui ont très mal vécu la défaite dans le derby stambouliote deux à zéro. De son côté, Besiktas tient bien son rang avec une troisième place, même si Galatasaray glane le même nombre de points. Mais, la plus grande surprise de cette mi-saison c’est sans aucun doute le club de Kasimpasa qui pointe à la seconde place. Le prochain match risque de changer la donne, car c’est la réception de Gala-
Le dopage se banalise en Turquie
14e journée de la Süperlig, Fenerbahçe s’est imposé 2-1 face à Rizespor.
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Drogba et Eboué soutenus par le ministre turc des Sports
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Les deux joueurs de Galatasaray, Didier Drogba et Emmanuel Eboué, risquent des sanctions de la Fédération turque de football, pour avoir rendu hommage au défunt président sud-africain Nelson Mandela. Les deux joueurs ivoiriens qui avaient arboré des tee-shirts avec les inscriptions «Merci Madiba» et «Rest in peace Nelson Mandela» auraient enfreint le règlement de la Fifa qui interdit les messages à connotation politique. Les deux footballeurs ont reçu le soutien du ministre turc des Sports, Suat Kiliç, qui a déclaré lundi : «Je ne pense pas que ce soit une bonne décision, que ce soit pour l’image de la Turquie à l’étranger ou pour la liberté d’expression de ces deux joueurs».
SELIM KUVEL ANKARA Le dopage, une pratique qui se développe en Turquie ? C’est ce que semblent révéler de récentes recherches menées par une commission d’enquête parlementaire. D’après l’enquête, 30 sportifs sur 2233 ont été testés positifs en 2012, alors qu’ils étaient 144 sur 2291 cette année. Sur ces sportifs testés positifs en 2013, 49 sont haltérophiles, 46 sont athlètes et 20 sont catcheurs. Selon le président de la direction générale des Sports, Mehmet Baykan, cette hausse du dopage est due à un manque de sensibilisation et à la pression d’entraîneurs ambitieux qui ont bien plus à gagner avec l’augmentation des performances physiques de leurs athlètes. Il rappelle que le Centre turc de contrôle de dopage (TDKM) basé à l’université Hacettepe a fermé en 2010. Les échantillons de cet ancien centre sont désormais envoyés à d’autres structures basées à Cologne et Athènes. Mais, ajoutet-il : «Le TDKM sera bientôt de nouveau en service. Chaque test coûte 250 dollars. Quand le TDKM rouvrira, il fera des examens de dopage pour l’étranger. Il y a actuellement 34 centres de test anti-dopage dans le monde».
tasaray qui va enflammer les 15.000 supporters du stade Recep Tayyip Erdogan.
FENERBAHÇE, UN EFFECTIF PRESQUE PARFAIT Point fort de Fenerbahçe cette saison, les matches à domicile. Avec six victoires contre une seule défaite et aucun match nul, la différence de points au classement avec Galatasaray s’est creusée sur la pelouse du stade Sükrü Saraçoglu lors du derby. Surtout que de leur côté, les rouge et or ne comptent que trois victoires, deux matches nuls et trois défaites sur leur propre terre. La saison précédente c’était pourtant leur point fort. Pour deviner qui finira en tête, il faudra surtout attendre la fin du mercato d’hiver. La priorité de Fenerbahçe,
un nouveau défenseur ? Car cette année, même si l’attaque comble les rares lacunes défensives de l’équipe, un défenseur d’expérience pourrait bloquer les attaques et offrir facilement le titre à Fenerbahçe. Mais chez le rival, la question est plus délicate. Avec un effectif aussi développé, difficile de dire s’il manque un joueur chez les rouge et or. Il s’agirait surtout d’un problème de mental et c’est maintenant que Didier Drogba devra montrer qu’il est un vrai leader. Car avec seulement vingt-deux buts en quatorze matches, les équipiers de l’ivoirien sont à onze buts de la meilleure attaque, soit près d’un but par match. Un championnat qui peut encore surprendre, mais cela dépendra du réveil du champion en titre.
ILS SE SERRENT LA MAIN PENDANT 43 HEURES Deniz Baris, ancien joueur de football turc originaire de la province sud de Mersin et Ohannes Acinyan, acteur originaire de Yerevan en Arménie, ont battu le record mondial de la plus longue poignée de main. Le Turc et l’Arménien se sont serré la main pendant 43 heures les lundi 9 et mardi 10 décembre sur le Pont de la Paix de la capitale géorgienne de Tbilissi.
Le Père Noël est né... en Turquie ! -
Noël et son cortège de cadeaux, de guirlandes, de sapins ! Noël et son ambiance magique et enfantine ! Mais Noël ne serait pas Noël sans son Père Noël. D’ailleurs, peu de gens savent que l’homme en rouge et à la barbe blanche est né en Turquie ! Mais oui ! Père Noël est l’équivalent français du Santa Claus américain dont le nom est lui-même une déformation du Sinterklaas (saint Nicolas) néerlandais. Or, saint-Nicolas, de son vrai nom Nicolas de Myre, est né en Lycie au sud de la Turquie et a vécu à Antalya au IVe siècle après J-C, à l’époque du Concile de Nicée qui fut décisif dans l’histoire du christianisme. Homme d’église fortuné, Nicolas de Myre distribuait des cadeaux et de la nourriture aux familles pauvres pendant la nuit. A l’origine pourtant, la légende du Santa Claus, distributeur de cadeaux aux enfants, nous vient de Scandinavie. Elle est liée à la mythologie nordique et à la triple figure de Julenisse, lutin nordique qui apportait des cadeaux au milieu de l’hiver, et des dieux viking Gargan et Odin, qui descendaient sur terre pour offrir des cadeaux aux enfants scandinaves. La barbe blanche, le bonnet et les vêtements en fourrure rouge sont un héritage de Julenisse, et la hotte et les bottes, viennent de Gargan. L’Eglise qui tentait de substituer des saints aux divinités païennes se réappropria progressivement cette fête populaire.
Bientôt la 2e cérémonie des Kebab Awards SUHEDA ASIK PARIS Les candidatures pour les nominations de la deuxième cérémonie des Kebab Awards britanniques ont commencé pour l’édition 2014. La première édition a eu lieu en janvier 2013. De nombreux députés et membres de la chambres des Lords ainsi que des professionnels de l’industrie de la restauration prendront part à la nominations des meilleurs entreprises candidates. A la tête de de cette organisation, Mustafa Topkaya invite les citoyens et les entreprises à voter pendant la cérémonie et espère que cette organisation permettra de mieux faire connaître l’industrie du kebab en Angleterre. Avec plus de 2,2 milliards de chiffres d’affaires, le kebab est l’un des produits alimentaire les plus populaires en Angleterre, soit un secteur qui contribue grandement à l’économie britannique. Ainsi, Topkaya espère que la cérémonie et sa médiatisation favoriseront l’amélioration de la qualité et des services fournis par l’industrie du kebab. Durant la cérémonie qui aura lieu le 14 janvier 2014, 14 prix seront décernés aux entreprises lauréates.
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