Les Femen n’ont plus la cote
Turquie : une bulle immobilière à l’horizon ?
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ECONOMIE12
Zoom sur le mercato des clubs de Süperlig SPORT15
20 - 26 SEPTEMBRE 2013 N° 281 Prix : 2,5 €
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De nouvelles réformes pour les minorités en Turquie
«La mosquée fait partie du patrimoine français»
La Turquie poursuit la dynamique politique visant à harmoniser la législation du pays avec celle de l’Union européenne. Parmi les nouvelles mesures attendues cette semaine figurent des réformes positives au sujet du traitement des minorités culturelles et religieuses. La réouverture d’un séminaire orthodoxe et le retour à un nom kurde pour Tunceli illustrent la volonté d’ouverture du gouvernement turc.
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Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan s’apprête à rendre publique une série de réformes finalisées ces derniers jours avec son gouvernement. Celles-ci porteront entre autres sur la réouverture d’un séminaire destiné à la formation du clergé grec orthodoxe et le retour à l’appellation kurde pour la province de Tunceli. Fin août, des sources annonçaient la réouverture de l’Institut de théologie orthodoxe de Halki situé sur l’île de
Heybeliada au large d’Istanbul dans la mer Marmara. Grâce à un amendement légal faisant partie du projet de réformes du gouvernement, le séminaire pourrait rouvrir ses portes pour la première fois depuis sa fermeture en 1971 par les autorités turques. Le patriarche œcuménique, Bartholomée Ier, a répété à de nombreuses reprises que la réouverture du séminaire était d’une importance vitale pour la survie du clergé grec orthodoxe. -TURQUIE 06
Théologie : les facs doivent revoir leur programme
Les 14 et 15 septembre avaient lieu les Journées nationales du patrimoine. Depuis quelques années, des mosquées participent à cette célébration. Une initiative majeure rappelant que ces édifices s’inscrivent aussi dans le patrimoine national. -FRANCE 03
LE SEISME FN CHAMBOULE LA CLASSE POLITIQUE La progression constante du Front national dans les opinions de droite illustrée par les sondages pourrait faire imploser l’UMP. Une situation qui ne profiterait pas seulement au FN mais aussi au centre, divisé depuis l’élection présidentielle de 2007. -FRANCE 03
Aussitôt adoptés, bientôt abolis ? Sans doute, car le président du Conseil supérieur turc de l’éducation (YÖK), Gökhan Çetinsaya, vient d’informer sur son compte Twitter qu’il allait appeler le Conseil à se réunir afin de proposer le retrait des changements annoncés dans le programme des facultés de théologie en Turquie. «J’ai pris en compte les différents points de vue concernant les modifications du programme des facultés de théologie. Je convoquerai une assemblée générale et proposerai d’annuler ces changements», a tweeté Çetinsaya en fin de semaine dernière. - TURQUIE 08
Légère reprise du chômage Le nombre de chômeurs peine à diminuer en Turquie, même si les chiffres concernant l’emploi sont positifs. C’est ce que révèlent les données de l’Institut turc de la statistique (TurkStat) publiées lundi. Le taux de chômage enregistré au mois de juin 2013 était de 8,8 %, soit une augmentation de 0,8 % par rapport au mois de juin 2012. - TURQUIE 07
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30 ans après, que reste-t-il de la Marche pour l’égalité ? En 1983, avait lieu la Marche pour l’égalité et contre le racisme. Souvent qualifié à tort de Marche des Beurs, ce mouvement organisé sur le modèle des luttes américaines pour les droits civiques aura marqué toute une génération d’acteurs politiques et associatifs de la première génération issue de l’immigration. - SOCIETE 04 EDITO
La Marche pour l’égalité : un rendez-vous manqué FOUAD BAHRI r02
Zaman Okur Hattý: 01 42 00 19 36
QUELQUES IDÉES REÇUES SUR MORSI EN TURQUIE Certaines idées circulent dans l’opinion publique turque vis-à-vis de l’Egypte sous Mohamed Morsi. Pour les sympathisants de l’AKP, les Frères musulmans sont innocents. Pour les autres, ils n’ont pas réussi à mettre en place une véritable démocratie. -OPINION 14
02 FRANCE Fillon clarifie ses propos sur le FN 20 - 26 SEPTEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
EDITO FOUAD BAHRI
Sa remise en question du Front républicain avait ébranlé sa formation politique. L’ancien Premier ministre François Fillon est donc revenu mardi sur ses propos renvoyant dos à dos le PS et le FN, assurant refuser toute alliance avec le parti de Marine Le Pen.
La Marche pour l’égalité : un rendez-vous manqué Le 15 octobre 1983, de jeunes Français issus de l’immigration prennent la route. Depuis Marseille, carrefour de la Méditerranée, ils se dirigent vers la capitale parisienne au gré des nombreuses étapes qui ponctuent leur fraîche épopée que l’histoire retiendra sous le nom de Marche pour l’égalité et contre le racisme. 30 ans plus tard, rien n’a vraiment changé. Les mêmes causes déjà en germe à cette époque produisent les mêmes effets. Les tensions inter-ethniques, les violences dans les quartiers populaires, les bavures policières et le chômage de masse composent un cocktail social toujours plus explosif. En 1983, l’objectif des Marcheurs était d’interpeller la société et de déclencher une prise de conscience sur leur présence et sur la place citoyenne qu’ils méritaient au sein de la grande famille nationale. L’égalité était le maître mot ! La suite de l’histoire ne leur a pas donné raison. La grande dynamique politique enclenchée par les Marcheurs et poursuivie l’année suivante finira par se tarir. La récupération du Parti socialiste et la création de SOS racisme, à grands renforts de moyens financiers et de campagnes publiques à l’instar de «Touche pas à mon pote», auront mis fin à un grand élan citoyen, aussi puissant dans son message qu’il pouvait être fragile dans sa réalisation. En ce sens, la Marche a été un rendez-vous manqué. Pourtant, quelque chose a survécu. Audelà de l’amertume qu’en ont gardé ses initiateurs, la Marche a marqué la mémoire nationale. Tout comme les luttes pour les droits civiques aux Etats-Unis, cet événement est d’ores et déjà entré dans l’Histoire. Dans quelques semaines, un film de Nabil Ben Yadir intitulé La Marche leur rendra hommage et de nombreuses célébrations seront organisées. L’enjeu de ces commémorations est de taille : transmettre aux nouvelles générations de «Français de la diversité» comme on les appelle souvent, cette tranche historique qui leur appartient, mais pas seulement. Célébrer les 30 ans de la Marche, c’est rappeler que dès la première génération, les Français issus de toutes les immigrations (nord-africaine, subsaharienne, portugaise, espagnole...) ont réaffirmé leur volonté d’intégrer la Nation et rejeté la tentation communautaire où beaucoup ont voulu les enfermer. Une leçon capitale qui, 30 ans plus tard, n’a pas pris une ride. f.bahri@zamanfrance.fr
François Fillon a crée la division au sein de l’UMP après ses propos appelant à voter pour le «moins sectaire» des candidats aux municipales, sans distinction entre le FN et le PS.
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L’ancien Premier ministre François Fillon, dont les propos renvoyant dos à dos PS et Front national ont provoqué une onde de choc à l’UMP, a déclaré mardi qu’il assumait le risque d’ «être minoritaire» au sein de son parti. Réuni dans la matinée à Paris, le comité politique de la formation a adopté à l’unanimité une motion réaffirmant l’opposition du parti à la politique menée par le gouvernement socialiste et à tous les «sectarismes et extrémismes». «J’ai expliqué à mes amis que j’avais combattu le Front national toute ma vie et que je n’avais pas l’intention de changer de position», a déclaré François Fillon à la presse. «J’ai toujours combattu les alliances avec le Front national et je les combattrai toujours.» Revenant sur la polémique qui a suivi ses déclarations, il a estimé que c’était le rôle «d’un homme politique de faire bouger les lignes, de mettre le doigt sur les difficultés». «On ne peut pas rester assis sur sa chaise en répétant les mêmes formules depuis des
années et des années alors (...) qu’on voit le Front national et les extrêmes d’une façon générale continuer de progresser», a déclaré le candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2017.
L’ÉMIETTEMENT DE L’UMP Le député UMP de Paris a suscité l’embarras et l’indignation de la quasi-majorité des ténors de l’UMP en conseillant le 8 septembre de voter pour «le moins sectaire» en cas de second tour opposant
un candidat PS et un candidat FN lors des élections municipales de 2014. Il explique avoir «assumé la possibilité d’être minoritaire à l’intérieur de (son) mouvement politique», ajoutant que l’essentiel était pour lui de «créer les conditions» d’une union nationale. Sa prise de position a accentué les risques d’un éclatement de l’UMP, très divisée depuis la défaite de Nicolas Sarkozy, et partant, d’une recomposition du paysage politique français sous l’impact de la poussée du Front national. PHOTO DE LA SEMAINE
La chancelière allemande sortante Angela Merkel, candidate du CDU, est donnée favorite pour les élections législatives prévues dimanche 22 septembre.
...ET UNE MAUVAISE
UNE BONNE...
Des «atrocités» commises en Corée du nord
Il faut faire baisser le prix des lunettes, plus élevé en France qu’ailleurs en Europe, en faisant pression sur les fabricants, a déclaré mardi la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Son intervention fait suite à une remarque de la Cour des comptes sur ces prix anormalement élevés, liés selon elle à un marché «opaque et peu concurrentiel», dans un rapport sur la sécurité sociale pu-
Des témoignages de réfugiés et d’anciens prisonniers politiques nord-coréens décrivent des violations graves et systématiques des droits de l’homme de la part du régime de Pyongyang, a estimé mardi le chef de la mission d’enquête mise en place à la demande du Conseil des droits de l’homme des Nations unies. Ceux qui ont survécu aux camps nord-coréens ont connu «la famine et des atrocités indicibles», a résumé
blié mardi. «Les prix des lunettes sont trop élevés et nous devons faire en sorte qu’ils diminuent en faisant pression sur ceux qui les fabriquent», a déclaré Marisol Touraine lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, en précisant qu’«il n’est pas question pour le gouvernement de procéder au déremboursement des lunettes et des produits d’optique».
Michael Kirby, ancien magistrat à la Cour suprême d’Australie, qui a fait un premier point mardi devant le Conseil des droits de l’homme à Genève en se fondant sur des témoignages recueillis en août lors d’audiences publiques à Séoul et Tokyo. «Ils sont représentatifs de systèmes à grande échelle susceptibles de constituer des violations graves et systématiques des droits humains», a déclaré Michael Kirby.
NOUVELLE
Marisol Touraine veut baisser le prix des lunettes
03 SOCIETE
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20 - 26 SEPTEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
«Si un Croisien commet l’irréparable, je le soutiendrai !» Déclaration du maire de Croix, en France, soutenant des représailles contre les Roms, accusés de vols et d’agression dans cette commune.
Un paysage politique en plein bouleversement
La progression constante du Front national dans les opinions de droite illustrée par les sondages pourrait faire imploser la droite française. Une situation qui ne profiterait pas seulement au FN mais aussi au centre, divisé depuis l’élection présidentielle de 2007.
Un éclatement de la droite serait un bénéfice politique pour les formations du centre comme l’UDI, de Jean-Louis Borloo (à droite).
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Le paysage politique français enregistre un véritable séisme sous l’impact de la poussée du Front national, qui risque de faire éclater la droite classique en plusieurs factions et de rendre la France plus difficilement gouvernable. L’ancien Premier ministre François Fillon a tétanisé son parti en rompant avec la doctrine de l’UMP, qui préconisait jusqu’ici l’abstention en cas de deuxième tour entre la formation d’extrême droite et le Parti socialiste. Le «cordon sanitaire» mis en place par Jacques Chirac autour du Front national avait certes déjà été remis en cause dans le passé par l’aile droitière de l’UMP, mais jamais par une personnalité de premier plan, incarnation du gaullisme social et candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2017.
LA LIGNE ROUGE DU FN «François Fillon a scié la branche sur laquelle il était assis», estime le politologue Stéphane Rozès, patron de la société Cap (Conseils, analyses et perspectives), qui, tout en se disant «interloqué» par cette stratégie, fait remonter la fin de l’ostracisation du Front national à la campagne
présidentielle très droitière de Nicolas Sarkozy en 2012. Les ténors de l’UMP n’ont pas ménagé leurs critiques face à un changement de pied qui les a sidérés et dont ils ont compris le danger pour la principale formation d’opposition. L’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a lancé une «alerte rouge». «Le vote FN est une ligne de fracture pour l’UMP. C’est notre pacte fondateur qui est en cause». Pour Frédéric Dabi, de l’institut de sondages Ifop, «les plaques tectoniques de la politique française bougent». «Il y a une porosité sur pratiquement tous les sujets entre les sympathisants de l’UMP et ceux du FN», dit-il.
DU BIPARTISME AU TRIPARTISME Selon un sondage Ifop pour Atlantico publié samedi, 49 % des sympathisants UMP souhaitent en effet que leur parti passe des accords électoraux avec le Front national aux élections locales
avant le scrutin municipal de mars prochain, où le parti d’extrême droite espère réaliser une percée historique. Le philosophe et historien Marcel Gauchet, qui a passé trois heures en tête à tête avec le Premier ministre Jean-Marc Ayrault en août, estime que la recomposition du paysage politique français risque d’avoir de très importantes conséquences. «Nous risquons d’aller vers un blocage de notre système politique, avec un FN suffisamment fort pour qu’il soit aussi impossible de gouverner avec lui que sans lui à droite», a-t-il dit dans Le Journal du Dimanche. «Si l’UMP s’allie avec le FN, la droite se coupera en deux. La gauche devra alors gouverner en position minoritaire. Ce serait encore plus difficile.» Dans ce cas de figure, on pourrait assister à l’irruption en France d’un tripartisme qui compliquerait grandement la gouvernance d’un pays habitué à une logique majoritaire.
Le centre, grand gagnant d’une UMP divisée
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Tous les analystes estiment que la division de l’UMP sur le thème des valeurs, et non plus des personnes, fait les affaires du centre, qui peut renaître de ses cendres après avoir été phagocyté par Nicolas Sarkozy de 2007 à 2012. «Il y a tout un espace au centre droit qui est libéré et qui n’est pas occupé pour l’instant», estime Stéphane Rozès. Les ténors du centre ont pris la mesure du bénéfice qu’ils pourraient tirer du débat fondamental ouvert par François Fillon, un «vrai séisme pour la politique française», selon l’ancien ministre de la Défense, Hervé Morin. Le président de l’Union des démocrates et indépendants (UDI), Jean-Louis Borloo, avait abondé dans le même sens samedi à Poitiers, lors de l’université d’été de sa formation. «L’UMP, en tant que prétention d’incarner la droite et le centre est morte cette semaine», a-t-il déclaré.
«La mosquée fait partie du patrimoine français» Les 14 et 15 septembre avaient lieu les Journées nationales du patrimoine. Depuis quelques années, des mosquées participent à cette célébration. Une initiative majeure rappelant que ces édifices s’inscrivent aussi dans le patrimoine national. FOUAD BAHRI PARIS L’Elysée, Matignon, l’Assemblée nationale ou le Sénat. Chaque année, ces lieux clés de la démocratie française sont massivement visités par les Français au moment des Journées nationales du patrimoine. C’est ce temps fort que des mosquées françaises ont choisi pour ouvrir leurs portes au grand public. A Lyon, Nantes, Créteil ou Limoges, le rendez-vous était attendu et certaines mosquées sont déjà des habituées de ces rencontres annuelles. C’est le cas de la mosquée Othmane à Villeurbanne comme l’explique Khemais Elouefi, responsable d’activités. «C’est la troisième fois que nous l’organisons. La mosquée Othmane est l’exemple type d’une mosquée intégrée dans le paysage urbain avec une cohabitation avec les riverains».
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A LA RENCONTRE DU GRAND PUBLIC La mosquée villeurbannaise a ouvert ses portes sur deux créneaux, matin et après-midi. Des visites guidées des salles de prières, des salles de cours et de la bibliothèque ont été proposées et une mini conférence débat avec l’imam de la mosquée a été organisée, suivie d’une vidéo-projection. Vieille mosquée de quartier, construite en 1983, la mosquée de Villeurbanne a été reconstruite en 2004 dans un style architectural en harmonie avec celui de la ville. A Nantes aussi, on partage cette volonté d’ouverture avec le grand public. «On veut créer une atmosphère de convivialité et expliquer le sens de notre religion», déclare Mohamed Guerromi, chargé d’activités de la mosquée Assalam. Une démarche d’autant plus importante qu’elle reflète la tradition locale en matière de
coexistence religieuse. «Nous vivons dans la cité de l’édit de Nantes, qui a ouvert la voie à la reconnaissance de toutes les croyances. La mosquée fait partie du patrimoine français et son esthétique correspond à l’architecture nantaise».
DES MOSQUÉES MADE IN FRANCE Cette volonté d’harmoniser les mosquées dans leur paysage urbain est très présente chez les responsables des lieux de culte musulman qui veulent sortir d’une culture exogène. C’est l’avis de Mohamed Guerromi. «Le principe même de la science islamique a permis l’émergence d’une architecture qui va au-delà de la symbolique. Une touche de modernisme et d’innovation ne porte aucun préjudice à l’islam», dit-il. Cette série de manifestations culturelles
Le centre islamique Assalam de Nantes a ouvert ses portes à l’occasion des Journées nationales du patrimoine.
intervient dans un contexte de forte augmentation de l’islamophobie en France. Pour autant, les cadres religieux ne donnent aucune portée politique à leur engagement associatif souvent impulsé il y a longtemps, comme à Villeurbanne. «La mosquée Othmane est une mosquée active depuis très longtemps. Chaque année, nous organisons des journées «portes ouvertes» et d’autres activités au centre culturel de Villeurbanne. La mosquée a donc une ouverture vers l’extérieur», précise Khemais Elouefi.
04 SOCIETE Il y a trente ans, la Marche pour l’égalité... 20 - 26 SEPTEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
En 1983, avait lieu la Marche pour l’égalité et contre le racisme. Souvent qualifié à tort de Marche des Beurs, ce mouvement organisé sur le modèle des luttes américaines pour les droits civiques, aura marqué toute une génération d’acteurs politiques et associatifs de la première génération issue de l’immigration.
La Marche pour l’égalité a profondément marqué la société française, à l’époque secouée par une série de crimes racistes et des affrontements entre jeunes et policiers.
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L’histoire commence le 15 octobre 1983 à Marseille. Une trentaine de Français, issus de l’immigration pour la plupart, entament une Marche nationale pour l’égalité et contre le racisme. Ils seront, en fin d’étape, plus de 60.000. Le contexte social et politique français est à l’époque explosif. Les affrontements violents entre jeunes et policiers dans les quartiers populaires, comme aux Minguettes, à Vénissieux, et une série de meurtres racistes, provoquent une première mobilisation. C’est aussi le temps des alliances politiques entre le Front national et l’ancien RPR aux élections municipales, qui marqueront l’opinion publique. Deux responsables de la Cimade, un mouvement d’accompagnement et d’aide aux étran-
gers, s’emparent alors du sujet. Le curé Christian Delorme et le pasteur Jean Costil avec plusieurs militants associatifs «beurs» et noirs décident de marquer le coup et, à l’image des marches symboliques de Gandhi ou de Martin Luther King, lancent la Marche pour l’égalité.
SOS RACISME EN EMBUSCADE C’est immédiatement un franc succès. De Marseille à Lyon, jusqu’à Paris, le cortège ne cesse de grossir. L’événement est bien relayé par certains quo-
tidiens de gauche comme Libération. Une partie des marcheurs, comme on les appelle alors, seront reçus par le président François Mitterand, élu deux ans auparavant. Il ressortira de cette entrevue une conséquence politique concrète : l’établissement de la carte de séjour de dix ans pour les immigrés. Un an plus tard, une seconde marche organisée par Convergence 84, présidée par la militante Farida Belghoul, poursuivra cette dynamique citoyenne. Mais cette dernière se tarira progressivement à la suite de divergences profondes entre
militants. Le soutien, puis la récupération de la mobilisation par le Parti socialiste, qui créera dans la foulée SOS Racisme, les divisera définitivement. Appelée improprement la Marche des Beurs, La Marche pour l’égalité aura profondément marqué l’éveil de l’engagement politique de toute la première génération des Français issus de l’immigration, dont certains poursuivront une action dans les partis de gauche. Un film intitulé La Marche de Nabil Ben Yadir, dont la sortie est prévue le 27 novembre 2013 relatera leur histoire.
Abdelaziz Chaambi : «Nous avons marqué l’histoire des luttes» Abdelaziz Chaambi fonde en 1981 l’Association de Solidarité avec les Travailleurs Immigrés (ASTI), qui participera à l’organisation de la Marche pour l’égalité et contre le racisme en 1983. 30 ans après, il revient pour Zaman France sur les temps forts de cet événement et nous confie ce qu’il en a gardé. tard, que reste-t-il de la Marche -30pourplusl’égalité et contre le racisme ? Il reste la carte de résidence qui a remplacé la carte de travail et le titre de séjour. A l’époque, pour avoir une carte de séjour, il fallait avoir un contrat de travail. C’était le serpent qui se mordait la queue. La politique de la ville a également très vite émergé dans les années 1990. Des choses ont été mises en place par la suite, des actions de prévention sociale. Ça a secoué le cocotier. Les initiateurs de la Marche en parlent néanmoins souvent avec amertume, évoquant la récupération de leur mouvement par le Parti socialiste et la création de SOS racisme... La Marche a été un gros gaspillage et un hold-up politique historique de la gauche envers les héritiers de l’immigration. Nous avions cru en la perspective de devenir des citoyens comme les autres. La Marche a été un électrochoc pour la société française qui a encaissé
le coup mais n’a pas réagi. Ses fruits ont été occultés. La Marche, c’est un champ de graînes qui a été bétonné. Pourtant, la Marche pour l’égalité est un mouvement qui est entré dans l’histoire. Il s’agit donc d’un succès ? Si elle est aujourd’hui commémorée, c’est qu’elle a une dimension positive. Nous avons montré qu’on pouvait interpeller l’opinion publique en organisant une marche pacifique. Nous avons marqué l’histoire des luttes en nous inscrivant dans une continuité. Nos parents se sont battus pour l’indépendance de leurs pays. Nous mêmes nous sommes battus en France pour la reconnaissance de nos droits. C’était un moment historique. On a apporté une pierre dans la construction de notre histoire. C’était le premier sursaut politique, l’éveil d’une conscience à l’image de la marche de Gandhi et du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis.
Quelle était le leitmotiv des Marcheurs à l’époque ? L’idée était d’adresser un message politique à la société, contre les discriminations et les crimes racistes. La Marche a été un marqueur de la scène politique française. Nous avons laissé une empreinte, mais elle a tendance à être effacée. Pourtant, même si elle est récupérée, la médiatisation de la Marche est une bonne chose puisqu’elle va permettre aux jeunes d’en entendre parler. Nous allons nous-même organiser des célébrations qui s’appeleront «30 ans et on marche encore».
Etats-Unis, avec des Noirs américains patriotes, fiers de l’être, parce que la République leur aurait dit : «Vous êtes des enfants de la République». Au lieu de cela, on leur dit : «Vous êtes la deuxième, troisième ou quatrième génération». Nos amis Portugais, Espagnols ou Italiens ne subissent pas cela.
Militant associatif très engagé, Abdelaziz Chaambi a vécu la mobilisation de la Marche pour l’égalité en 1983.
Avez-vous des regrets ? Ça a été un rendez-vous manqué. Si un prétendant avait émergé de cette marche on aurait pu faire quelque chose de bien pour la France, à l’image de l’héritage des luttes pour les droits civiques aux
La fin du permis de conduire cartonné -
Le nouveau permis, harmonisé au format européen, est plastifié, plus petit et plus sécurisé.
Lundi, le nouveau permis de conduire européen a débarqué en France. De la taille d’une carte de crédit, il est doté d’une puce électronique qui contient toutes les informations du document. Plus sécurisé, il permettra d’éviter les fraudes. Harmonisé au format européen, le nouveau document sera introduit progressive-
ment auprès des automobilistes. Les préfectures informeront les conducteurs des modalités d’échange, les permis obtenus avant le 19 janvier 2013 restant valables jusqu’en 2033. Selon le ministère de l’Intérieur, les permis délivrés entre le 19 janvier 2013 et le 16 septembre 2013 seront échangés en priorité en 2014. La reprise des autres
titres à l’ancien format ne commencera pas avant 2015. Le nouveau permis de conduire sera valide pour une période de15 ans (excepté les permis pour les poids lourds et les transports en commun qui seront valides 5 ans). A noter enfin, le système de permis à points reste en vigueur et chaque conducteur gardera son nombre de points.
05 SOCIETE
20 - 26 SEPTEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
Les Femen n’ont plus la cote Bientôt jugées pour «dégradation de biens en réunion dans un lieu de culte» après une action violente à la cathédrale de Notre-Dame, les Femen sont en perte de vitesse dans l’opinion publique. Après une période de médiatisation plutôt bienveillante, les activistes ont perdu la plupart de leurs soutiens.
FARIDA BELKACEM PARIS Le procès de neuf Femen poursuivies pour «dégradation de biens en réunion dans un lieu de culte» vient d’être renvoyé au 19 février 2014. En février dernier, des membres du collectif féministe s’étaient introduites dans la cathédrale de Notre-Dame pour y célébrer bruyamment le départ du pape Benoît XVI, en faisant sonner les cloches à l’aide de morceaux de bois et en scandant «Pope no more» (plus de pape). Elles risquent jusqu’à 10 ans de prison et 150.000 euros d’amende.
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DES DÉBUTS EN FANFARE C’est d’abord avec curiosité que le public français découvre ce collectif d’origine ukrainienne mais implanté à Paris, qui veut lutter contre le patriarcat et encourage les femmes à se réap-
L’Ukrainienne Inna Shevchenko (au centre) est la chef de file des Femen en France.
proprier leur corps, en l’exhibant. Les unes des médias s’enthousiasment pour ces féministes d’un nouveau genre et la cause des Femen se popularise rapidement. L’essayiste Caroline Fourest et la cinéaste Nadia el-Fani leur consacrent alors un documentaire. Inna Shevchenko, chef de file du groupe en France et devenue réfugiée politique, servira même de modèle pour le dernier timbre représentant Marianne. Quand, en juin dernier, trois Femen sont emprisonnées à Tunis pour un happening en défense d’Amina - une jeune Femen tunisienne - les autorités françaises sont appelées à protester, notamment par une pétition à l’initiative d’écrivains et d’artistes publiée dans Le Monde. Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, déplore alors «la sévérité de
cette peine», et les jeunes femmes (deux Françaises et une Allemande) seront finalement libérées en appel.
DES PROVOCATIONS DE TROP Mais peu à peu, les actions des Femen vont choquer un public français d’abord bien disposé à leur égard et leurs soutiens se font plus rares. Pour les Femen, lutter contre la domination de la femme et le patriarcat, c’est lutter contre les religions. Elles n’hésitent donc pas à profaner des lieux de culte ou à insulter les croyances, à l’instar de leur intrusion dans Notre-Dame de Paris qui avait exaspéré la classe politique française. Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, avait qualifié cette action de «provocation inopportune et déplacée» et Manuel Valls avait
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Soutien massif au bijoutier de Nice
Environ 1000 personnes sont venues manifester leur soutien au bijoutier Stephan Turk, interpellé pour avoir assassiné l’un de ses agresseurs.
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Un rassemblement de soutien au bijoutier de Nice qui a été mis en examen pour homicide volontaire après avoir abattu un de ses agresseurs a réuni lundi à Nice un millier de personnes 800 selon la police et 1.000 personnes selon les organisateurs. Philippe Soussi, l’avocat de la famille de la victime, un jeune homme de 19 ans abattu d’une balle dans le dos lors de sa fuite après le vol, a dénoncé un climat de «folie» et la pression «intolérable» de l’opinion publique dans ce dossier. A Nice, une banderole blanche avec le message «Non à la prison, oui à la légitime défense» donnait le ton de ce rassemblement statique sur la place Masséna auquel ont participé des commerçants, des particuliers, souvent retraités, des élus de droite et d’extrême droite ainsi que des Identitaires de Nissa Rebela, sur fond de début de campagne municipale.
VENGEANCE OU LÉGITIME DÉFENSE ? Dans la foule, le thème de l’insécurité était omniprésent après ce fait divers survenu mercredi matin. «C’est un ras-le-bol général qui dépasse cette affaire. Ce qui est arrivé à ce commerçant peut arriver à tout le monde», a expliqué Denis, 62 ans, ancien agent de service.
Beaucoup ont affirmé avoir eux-mêmes été victimes d’agressions et ont assuré comprendre le geste du bijoutier. La mort d’Anthony n’a en revanche pas ou très peu été évoquée lors de ce rassemblement. «Il savait qu’il prenait des risques, tant pis pour lui», a dit un manifestant pour qui la thèse de la légitime défense défendue par le bijoutier, pourtant peu évidente à ce stade des investigations, ne fait aucun doute.
«ON VIT UN MOMENT DE FOLIE» L’avocat de la famille, qui s’est portée partie civile ce lundi, s’est ému des proportions que prenait ce fait divers, plus de 1,5 million de personnes ayant apporté sur Facebook leur soutien au bijoutier, Stephan Turk. «Le climat est effrayant dans cette affaire. L’opinion publique a pris le pouvoir. La justice, ce n’est pas Facebook et Twitter», a-t-il déclaré en regrettant la décision d’assigner le bijoutier à résidence au lieu de le maintenir en détention. «On vit un moment de folie sur les réseaux sociaux. On parle d’autodéfense et de vengeance. C’est le défouloir de passions totalement invraisemblables», a-t-il ajouté en évoquant un possible dépaysement du dossier.
fait part de sa consternation. Même chose pour le tweet publié par Inna Shevchenko, en juillet dernier : «Qu’est-ce qui peut être plus stupide que le ramadan ? Qu’est-ce qui est plus moche que cette religion ?». Un message clair, qui a poussé Caroline Fourest à se désolidariser du groupe. Idem pour Amina, la jeune militante tunisienne, qui déclarera au Huffington Post Maghreb : «je ne veux pas que mon nom soit associé à une organisation islamophobe». Ce sont deux soutiens très symboliques qui lâchent les Femen. D’autant qu’elles n’ont jamais fait l’unanimité chez les associations féministes qui dénoncent un collectif courtisé par les médias mais sans substance. Comme l’écrit Mona Chollet dans le Monde diplomatique : «Femen partout, féminisme nulle part».
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20 - 26 SEPTEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
AKP : «Erdogan est notre candidat» Les prochaines élections présidentielles auront lieu dans moins d’un an en Turquie et les spéculations sur les rôles que joueront Erdogan et Abdullah Gül vont bon train. Mais, pour certains ténors de l’AKP, le choix d’Erdogan ne fait aucun doute.
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«Si notre Premier ministre veut se présenter comme candidat à la présidentielle, nous dirons sans hésitation "Notre ami Tayyip Erdogan est notre candidat", fin de l’histoire», a affirmé au magazine turc Aksiyon Bülent Arinç, vicePremier ministre et co-fondateur de l’AKP. Erdogan, qui domine la vie politique turque depuis plus d’une décennie, ne peut se présenter de nouveau pour le poste de Premier ministre en 2015, conformément aux règles de l’AKP. Gül, candidat présidentiel plutôt populaire selon les sondages, est, lui, autorisé à briguer un deuxième mandat, même s’il n’a fait aucune déclaration officielle pour le moment. Pour Huseyin Celik, vice-président et porte-parole de l’AKP, il est dans l’intérêt du pays qu’Erdogan devienne président en 2014. «L’amitié entre notre Premier ministre et notre président est très profonde et a survécu à de nombreux
Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan bénéficie d’ores et déjà de soutiens solides dans la classe politique.
chocs. Je ne pense pas que M. Gül se présentera contre Erdogan si ce dernier décide de se présenter comme candidat», a déclaré Celik à la radio Kral FM.
LA CONSTITUTION ET LE POUVOIR DU PRÉSIDENT Il est toutefois impossible de prévoir ce qui se passera à la présidentielle 2014, puisque la nouvelle constitution est toujours en cours d’élaboration, en particulier les dispositions concernant la présidence exécutive. Les principaux partis politiques sont en effet divisés sur la question d’une présidence plus puissante, les opposants craignant que le pouvoir du président ne puisse être contenu par le parlement. La présidence actuelle joue un rôle de représentation, même si le président doit approuver les lois votées par le parlement et est responsable des nominations importantes dans le domaine de la justice et de l’éducation.
Les minorités à l’honneur dans les réformes du gouvernement La Turquie poursuit la dynamique des réformes visant à harmoniser la politique du pays avec celle de l’Union européenne. Le traitement des minorités culturelles et religieuses y figure en bonne place.
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Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan s’apprête à rendre publique une série de réformes finalisées ces derniers jours avec son gouvernement. Celles-ci porteront entre autres sur la réouverture d’un séminaire destiné à la formation du clergé grec orthodoxe et le retour à l’appellation kurde pour la province de Tunceli.
LA RÉOUVERTURE D’UN SÉMINAIRE ORTHODOXE Fin août, des sources annonçaient la réouverture de l’Institut de théologie orthodoxe de Halki situé sur l’île de Heybeliada au large d’Istanbul dans la mer Marmara. Grâce à un amendement légal faisant partie du projet de réformes du gouvernement, le séminaire pourrait rouvrir ses portes pour la première fois depuis sa fermeture en 1971 par les autorités turques. Le patriarche œcuménique, Bartholomée Ier, a répété à de nombreuses reprises que la réouverture du séminaire était d’une importance vitale pour la survie
du clergé grec orthodoxe. L’UE et les États-Unis accusent d’ailleurs régulièrement le gouvernement turc de ne pas rouvrir ce séminaire fermé en raison d’une loi qui avait placé la formation religieuse et militaire sous le contrôle de l’État. L’école fera office d’université et sa langue officielle sera le grec. Le patriarcat grec orthodoxe s’attend à ce que l’école prépare les élèves à la prêtrise. Le porte-parole du Patriarcat grec de Constantinople, père Dositheos Anagnostopoulos, avait déclaré en juillet que rouvrir le séminaire n’était pas une décision suffisante. «Nous n’avons pas eu de dialogue ouvert avec Ankara. Nous avons fait comprendre au gouvernement que nous voulons que les fonctions de cet institut soient les mêmes qu’avant», a-t-il dit.
EFFACER DES MÉMOIRES LES MASSACRES KURDES Une deuxième réforme très attendue concerne la minorité kurde de Turquie. Parmi les différentes mesures que proposera Erdogan,
Le gouvernement turc a annoncé que la province de Tunceli retrouverait son nom kurde : Dersim.
la province de Tunceli située dans l’est du pays, retrouvera son nom kurde d’origine, Dersim. Elle avait perdu ce nom en 1935. Cafer Solgun, écrivain originaire de Tunceli, rappelle les excuses présentées par le Premier ministre Erdogan en 2009 pour les incidents qui ont eu lieu entre 1936 et 1939. Suite à une rébellion kurde,13.806 personnes avaient trouvé la mort
dans des massacres. D’après Solgun, les résidents de la province n’ont jamais vraiment adopté le nom de Tunceli et ne l’utilisaient même pas. Hasan Özcan, président de la Tunceli Bar Association, a déclaré que l’initiative en question était une étape positive. «Le changement du nom de Dersim en Tunceli participait d’une politique d’assimilation. Je vois
l’abandon, même partiel de cette politique, comme un développement positif», a-t-il affirmé. Le journaliste et écrivain, Fikri Tas, lui aussi heureux d’apprendre la nouvelle, s’est enthousiasmé : «Le changement était attendu ces dernières années. Les résidents de Dersim n’aimaient pas Tunceli, car ce nom était associé aux massacres de 1938».
07 TURQUIE
20 - 26 SEPTEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
Nouveau procès dans l’affaire Hrant Dink Manifestation devant le Tribunal de justice à Istanbul, à l’occasion du nouveau procès pour l’assassinat de Hrant Dink, journaliste turco-arménien et directeur du journal Argos. La famille et ses partisans réclament une justice véritable.
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Le nouveau procès de l’assassinat de Hrant Dink, un journaliste turco-arménien dont la mort avait suscité des rassemblements monstres, s’est ouvert mardi à Istanbul où des manifestants ont accusé les autorités de «couvrir» les commanditaires du meurtre. Le journaliste a été abattu par balles en janvier 2007 devant le siège du journal qu’il dirigeait, Agos. Hrant Dink critiquait la politique d’Ankara à l’encontre des 60.000 membres de la petite communauté arménienne de Turquie. Il s’était
attiré les foudres des nationalistes turcs en évoquant le «génocide arménien » et avait été poursuivi plusieurs fois pour « insulte à l’identité turque». En 2011, le tireur, Igun Samast, 17 ans au moment des faits, a été condamné à 23 ans de prison par un tribunal des mineurs. L’an passé, un deuxième suspect, Yasin Hayal, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir été l’instigateur du meurtre. Mais une Cour d’appel a jugé en mai que ces deux hommes n’avaient pas agi seuls et faisaient partie d’un complot
plus large, ouvrant la voie à ce nouveau procès où comparaissent huit accusés.
LA FAMILLE RÉCLAME JUSTICE La famille du journaliste et ses partisans affirment cependant que la justice ne vise toujours pas les véritables responsables de sa mort et déplorent qu’elle ne se soit pas penchée sur une possible implication des nationalistes du réseau Ergenekon, condamnés le mois dernier pour avoir voulu renverser le gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdo-
gan. «Qui aurait pu mener avec succès une enquête sur un meurtre dans lequel tous les organes de l’Etat étaient impliqués ?», s’indigne sa famille dans une lettre publiée mardi sur le site internet du journal Agos. «Ce cirque doit cesser, les auteurs véritables doivent être traduits en justice», a déclaré Gulten Kaya, veuve du chanteur kurde Ahmet Kaya, qui manifestait avec 200 personnes environ devant le tribunal d’Istanbul aux cris de «L’État meurtrier rendra des comptes». Le procès a été ajourné au 3 décembre.
Les médecins bientôt de retour dans les hôpitaux universitaires ÇAGLAR AVCI ISTANBUL Le ministre turc de la Santé, Mehmet Müezzinoglu, a déclaré que de nombreux médecins ayant quitté leur poste au sein des hôpitaux universitaires en raison d’une loi qui les obligeait à choisir entre un emploi en clinique et un emploi à l’université (dite «loi du jour plein»), seraient de retour au cours de la nouvelle année législative. Le ministère a décidé d’introduire des changements dans la loi pour encourager les médecins à réintégrer les établissements publics. Müezzinoglu pense qu’au moins 70 % des médecins qui ont quitté les facultés de médecine reviendront, la nouvelle législation prévoyant de doubler le salaire auquel les professeurs pourront prétendre pour des heures supplémentaires. Elle leur permettra ainsi de demander au moins le double du salaire minimum. «De plus, les universités pourront sous-traiter 5 % de leurs médecins sur base d’un contrat. De même, les universités seront autorisées à affecter 5 % de leurs médecins en dehors de l’hôpital universitaire», a déclaré à Zaman Mehmet Müezzinoglu.
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UN SALAIRE PLUS ATTRACTIF DANS LES STRUCTURES PRIVÉES La «loi du jour plein», entrée en vigueur en octobre 2011, dispose que les médecins travaillant au sein des hôpitaux universitaires doivent y travailler toute la journée et ne peuvent être employés en même temps dans des structures privées. Plusieurs hôpitaux
universitaires s’étaient opposés à cette réglementation, invoquant la baisse du nombre de médecins travaillant dans leurs structures au profit des cliniques privées. Selon les hôpitaux, les services de santé sont sur le déclin et de plus en plus de personnes éprouvent des difficultés à consulter un médecin au sein d’un établissement universitaire. Un rapport publié par l’Union des professionnels de santé turcs montre que 5.353 médecins ont démissionné du ministère de la Santé en 2011, alors que ce nombre était de 3.637 en 2010. Le rapport préconisait une hausse des salaires pour les professeurs travaillant dans les universités de médecine et bien souvent poussés à quitter leur poste pour les salaires plus attractifs du privé.
Le ministre turc de la Santé, Mehmet Müezzinoglu, a annoncé des changements dans la loi, afin d’encourager les médecins à revenir dans les hôpitaux universitaires.
Une hausse de 0,8 % du chômage a été enregistrée au mois de juin, en Turquie.
Légère augmentation du chômage en 2013 -
Le nombre de chômeurs peine à diminuer en Turquie, même si les chiffres concernant l’emploi sont positifs. C’est ce que révèlent les données de l’Institut turc de la statistique (TurkStat) publiées lundi. Le taux de chômage enregistré au mois de juin 2013 était de 8,8 %, soit une augmentation de 0,8 % par rapport au mois de juin 2012. Le nombre de chômeurs au mois de juin l’année dernière était de 2.226 millions tandis qu’il est monté à 2.525 millions cette année. A noter cependant, le nombre de travailleurs a atteint les 26.3 millions en juin dernier, soit une augmentation de 747.000 personnes sur le marché du travail. Dans une déclaration concernant les chiffres de TurkStat, le ministre turc de l’Economie, Zafer Çaglayan, a affirmé que le chiffre de 26,3 millions était un record.
«LA TURQUIE S’EN SORTIRA LA TÊTE HAUTE» Le ministre a noté que les chiffres relatifs à l’emploi ces derniers mois avaient dépassé des records, avant de comparer le taux de
chômage en Europe avec celui de la Turquie. «Le nombre de chômeurs en Europe se situe encore dans la catégorie des nombres à deux chiffres et n’a pas baissé de façon significative. En Turquie, non seulement le taux de chômage a rapidement diminué, mais nous avons également atteint des records ces derniers mois. Nous avons créé 742.000 postes en un an», a précisé Zafer Çaglayan. Reconnaissant que les pays en développement étaient actuellement affectés de façon négative par une croissance ralentie et une sortie de plus en plus importante de fonds étrangers, le ministre a assuré que «la Turquie s’en sortirait la tête haute». «Certains pays ont connu de nombreuses difficultés en raison de la crise de ces cinq dernières années. La Turquie a réussi à renforcer sa croissance et à augmenter ses exportations et son taux d’emploi. Ce niveau est le fruit d’un dur travail de la part de la Turquie en dépit de l’augmentation de sa population d’un million de personnes chaque année», a affirmé le ministre de l’Economie.
08 TURQUIE
20 - 26 SEPTEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
Théologie : les facs doivent revoir le programme Le nouveau programme des facultés de théologie turques, prévoyait la réduction des heures de cours consacrés aux sciences humaines.
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Aussitôt adoptés, bientôt abolis ? Sans doute, car le président du Conseil supérieur turc de l’éducation (YÖK), Gökhan Çetinsaya, vient d’informer sur son compte Twitter qu’il allait appeler le Conseil à se réunir afin de proposer le retrait des changements annoncés dans le programme des facultés de théologie en Turquie. «J’ai pris en compte les différents points de vue concernant les modifications du programme des facultés de théologie. Je convoquerai une assemblée générale et proposerai d’annuler ces changements», a tweeté Çetinsaya en fin de semaine
dernière. Le nouveau programme du YÖK prévoit de réduire le nombre d’heures de cours consacrés à la sociologie et à la psychologie. Il est prévu que soient supprimés les cours d’introduction à la philosophie, d’histoire de la philosophie, d’éthique et de philosophie de l’islam, d’introduction à la sociologie, à la psychologie et à l’éducation et de méthodes et techniques de recherche scientifique. Le YÖK a également décidé de modifier les noms et le contenu de certains cours et de combiner les cours d’arts de l’islam comme la calligraphie et la marbrure
sur papier avec les cours de musique religieuse.
DES CHANGEMENTS QUI N’ONT PAS CONVAINCU LE DIYANET Ces changements dans les programmes ont fait l’objet des critiques des théologiens, qui leur reprochent de n’être ni bien organisés ni pratiques. Le président du Diyanet, Mehmet Görmez, a dénoncé la suppression des cours de philosophie au quotidien Star. «Les sciences de l’islam ne peuvent être réduites au tafsir (l’interprétation), au ilm al-kalam (discipline philosophique islamique) et aux hadiths. Les facultés de théologie doivent aussi être ouvertes à d’autres sciences comme la philosophie, le langage et la sociologie», a-t-il soutenu. «Je ne doute pas des bonnes intentions des personnes qui ont décidé d’apporter ces changements. Elles pensaient améliorer l’éducation théologique. Mais les méthodes utilisées par le YÖK pour préparer le nouveau programme des facultés de théologie étaient incorrectes et problématiques», a affirmé Görmez.
Le lac Burdur, au sud-ouest de la Turquie, s’assèche petit à petit. Il risque de disparaître dans vingt ans.
Les écologistes inquiets pour Le lac Burdur LAMIYA ADILGIZI BURDUR Les écologistes appellent l’opinion publique et les autorités à redoubler d’efforts pour protéger le lac Burdur situé entre les provinces de Burdur et d’Isparta dans le sud-ouest de la Turquie. Le lac, autrefois très étendu, est en train de disparaître petit à petit, au grand dam des amoureux de la nature. «Le lac Burdur, qui abrite 1.000.000 d’espèces de la faune et de la flore, risque de disparaître complètement dans 20 ans. Il s’assèche telle une maison en feu», a mis en garde Safak Türkel, producteur d’un projet, «La complainte du lac» («Göle Yas» en turc), lors d’une conférence de presse qui s’est tenue sur les rives du lac Burdur mercredi soir dernier.
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INVERSER LA TENDANCE POUR PRÉSERVER L’HÉRITAGE DE LA PROVINCE DE BURDUR Les écologistes soutiennent qu’il y a deux problèmes à résoudre aussi rapidement que possible. Premièrement, le volume d’eau du lac diminue en raison de la mauvaise utilisation de l’eau à des fins agricoles. Deuxièmement, plus de 20 barrages situés dans la zone autour du lac Burdur entravent le déversement d’importants volumes d’eau dans le lac. Les soutiens au projet de défense du lac Burdur espèrent inverser la tendance et sensibiliser un maximum de personnes afin de préserver l’héritage naturel et culturel de la province turque.
09 EUROPE
20 - 26 SEPTEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
Pas d’exemption de piscine pour une écolière allemande En Allemagne, une élève de confession musulmane avait saisi la justice pour faire valoir son droit à ne pas participer aux cours de piscine. Le tribunal a rejeté cette demande.
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Le tribunal administratif fédéral d’Allemagne a jugé mercredi qu’une écolière de confession musulmane ne pouvait pas être exemptée de cours de natation en raison de ses convictions religieuses. La décision, qui a été rendue mercredi et touche à la question très sensible de la place de la religion dans la société, est définitive. Le tribunal administratif avait été saisi en appel par la famille d’une jeune fille de confession musulmane, originaire du Maroc et scolarisée dans le land de Hesse, qui refusait de participer aux cours de natation avec les garçons de sa classe. «La plaignante n’a pas suffisamment établi que prendre part à des cours mixtes de natation avec un "burkini" (ndlr, ou maillot de bain intégral)
était en infraction avec les règles de l’islam sur la façon de se vêtir», a jugé cette juridiction dont le siège est à Leipzig. La jeune fille avait déjà été déboutée à deux reprises par des juridictions du land de Hesse. Son avocat a tenté de convaincre la cour en soulignant que sa cliente était gênée de voir ses camarades de classe en maillot de bain. «Non seulement le Coran interdit d’être vu par autrui dans des vêtements légers, mais elle ne devrait elle-même pas voir des garçons et des filles en maillot de bain», a dit Klaus Meissner.
EN SUISSE, UNE PLAIGNANTE DÉBOUTÉE L’Allemagne n’est pas le seul pays où des tribunaux ont été saisis sur la question de la participation de jeunes filles
La justice allemande a débouté la plainte d’une élève musulmane qui ne voulait pas assister aux cours de piscine imposés par son établissement scolaire.
musulmanes à des activités physiques et sportives à l’école. En mai, le tribunal fédéral suisse a ainsi débouté une famille musulmane qui voulait que leur fille soit exemptée de cours de natation à l’école. En France, la Charte de la laïcité à l’école dévoilée en début de semaine souligne
Moins d’un tiers des Allemands font confiance à la Commission européenne, d’après un sondage publié mardi.
que «nul ne peut se prévaloir de son appartenance religieuse pour refuser de se conformer aux règles applicables dans l’école de la République» et rappelle que «le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit».
Les Allemands ne font pas confiance à l’Europe -
Une majorité d’Allemands se défient des institutions de l’Union européenne et un sur deux souhaite que Bruxelles donne plus de pouvoir aux Etats membres, selon un sondage publié mardi qui confirme un euroscepticisme croissant de la population à cinq jours des élections législatives. Moins d’un Allemand sur trois (30 %) dit se fier à la Commission européenne et à peine un peu plus au Parlement européen (33 %), selon ce sondage, réalisé par YouGov Deutschland-Open Europe auprès d’un millier de personnes âgées de 18 ans et plus entre le 21 et le
EN BREF
WASHINGTON
13 morts dans une fusillade
Une fusillade a fait treize morts lundi, dont son auteur présumé, sur un site de l’US Navy à Washington, non loin de la Maison blanche et du Capitole. Selon le FBI, le suspect se nommait Aaron Alexis. Agé de 34 ans et originaire de Fort Worth, au Texas, cet ancien militaire travaillait en tant que sous-traitant pour le compte de la marine américaine. Réserviste de la marine de mai 2007 à janvier 2011, il en a été renvoyé pour des écarts de conduite, a par ailleurs indiqué un responsable de la Navy. Il possédait une autorisation «secrète» et devait commencer à travailler au Navy Yard de Washington en tant que sous-traitant muni d’une carte d’identification fournie par l’armée, selon le patron de «The Experts», firme chargée de la maintenance de l’intranet de la marine pour le compte de Hewlett-Packard Enterprise Services. Le mobile reste inconnu. Outre les 13 tués, Vincent Gray, maire de Washington, a fait état de huit blessés, dont trois par balles.
26 août. A l’opposé, la Cour constitutionnelle de Karlsruhe est plébiscitée par 71% des sondés, sans doute parce qu’elle a reconnu le droit du Parlement allemand à être consulté sur les conséquences juridiques et financières des plans de sauvetage de divers pays de la zone euro en difficulté. Ces conclusions font écho à une précédente enquête YouGov publiée le 3 septembre selon laquelle plus d’un Allemand sur deux estimait que le gouvernement qui sera issu des élections du 22 septembre n’aurait pas mandat pour accorder un nouveau plan de sauvetage à un pays de la zone euro.
10 INTERNATIONAL
20 - 26 SEPTEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
Syrie : un projet de résolution sur fond de divisions Alors que le dernier rapport des inspecteurs de l’ONU en Syrie divise encore la communauté internationale, les Cinq se sont réunis à New York pour discuter du projet de résolution portant sur les armes chimiques syriennes.
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Des diplomates des cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies se sont réunis mardi à New York pour discuter d’un projet de résolution sur la destruction des armes chimiques syriennes. Les Cinq (Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie) discutent sur la base d’un projet présenté par Washington, Londres et Paris. Lundi, les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne avaient plaidé pour une résolution de l’Onu «robuste» et «contraignante», obligeant la Syrie à renoncer à son arsenal chimique sous peine de s’exposer à une action militaire toujours sur la table. La Chine et la Russie ont jusqu’ici toujours refusé de voter des textes hostiles à Damas et Moscou a immédiatement réitéré son opposition à la position prise par le P3 (les trois membres permanents occidentaux du Conseil de sécurité de l’Onu).
DÉSACCORD SUR LE RAPPORT DES INSPECTEURS DE L’ONU Alors que Paris juge, comme Washington ou Londres, que le rapport des Nations unies qui conclut à l’utilisation de gaz sarin – sans désigner de responsable – est accablant pour le régime de Bachar al Assad, Moscou s’en tient à son postulat de départ : celui d’une attaque lancée par les rebelles pour forcer la main de la communauté internationale. «Nous avons de très bonnes raisons de penser qu’il s’agissait d’une provocation», a répété Sergueï Lavrov, sans
fournir davantage de précisions. Le chef de la diplomatie russe a ajouté qu’il y avait eu «de nombreuses provocations» de ce genre depuis le début du conflit et qu’elles avaient eu «toutes pour objectif, ces deux dernières années, de provoquer une intervention étrangère». Le rapport des inspecteurs de l’Onu «ne répond pas à un certain nombre de questions que nous avons posées», a-t-il jugé. Pour Laurent Fabius, au contraire, il ne fait aucun doute que «le régime d’Assad est à l’origine de ce massacre», a-t-il ajouté.
DAMAS RESTE SUR SA POSITION De son côté, la Syrie a accusé mardi les puissances occidentales de vouloir torpiller la possibilité d’un règlement négocié du conflit en fixant des préalables à d’éventuels pourparlers et en soutenant la rébellion. Cité par l’agence de presse nationale syrienne Sana, un responsable non identifié du ministère des Affaires étrangères estime que les déclarations des Occidentaux «révèlent leurs véritables desseins en Syrie» et leur souhait d’imposer leur volonté contre celle des Syriens. «Les discussions sur la légitimité politique et constitutionnelle en Syrie sont du ressort exclusif du peuple syrien», poursuit l’agence. Le président Bachar al Assad demeurera au pouvoir «aussi longtemps que le voudra le peuple. Tous ceux à qui cette réalité déplaît ne devraient pas aller à la conférence de Genève», ajoute Sana.
John Kerry, Secrétaire d’Etat américain et William Hague, ministre des Affaires étrangères du Royaume Uni.
Un hélicoptère syrien abattu par Ankara -
L’aviation turque a abattu lundi un hélicoptère syrien qui avait pénétré l’espace aérien de la Turquie malgré de multiples avertissements, a annoncé le gouvernement turc. La Turquie a déployé peu avant 11h30 GMT deux chasseurs F-16 le long de la frontière entre sa province d’Hatay et la Syrie après avoir averti l’hélicoptère Mi-17 qu’il approchait de son espace aérien, a précisé l’armée turque dans un communiqué. L’hélicoptère a été abattu après avoir parcouru deux kilomètres au-delà de la frontière près de la ville de Yayladagi, a dit le vice-Pre-
mier ministre turc Bulent Arinc. Sur des images amateurs, on peut voir l’appareil en flammes chuter vers le sol après avoir été touché.Dans un communiqué cité par l’agence officielle Sana, l’armée syrienne a déploré une «réaction précipitée de la partie turque, alors que l’appareil était sur le chemin du retour et n’était chargé d’aucune mission de combat» . Damas a ainsi estimé que cet incident apportait la «preuve des véritables intentions du gouvernement (de Tayyip) Erdogan envers la Syrie: accroître les tensions et aggraver la situation à la frontière entre les deux pays».
La Birmanie interdit la création d’organisations anti-musulmanes En Birmanie, une directive officielle interdit désormais la création de tout mouvement en lien avec l’organisation 969. Celle-ci est à l’origine de la plupart des actions violentes perpétrées contre la minorité musulmane depuis des mois.
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Il s’agit d’une nouvelle étape dans la lutte contre les violences faites à la minorité musulmane de Birmanie. Le comité Sangha Maha Nayaka, nommé par le gouvernement pour superviser le clergé bouddhiste, vient de publier une directive qui fera date. Le document officiel interdit la création d’organisations basées sur le mouvement 969, un mouvement nationaliste qui appelle les bouddhistes à protéger leur foi contre l’islam et à isoler les musulmans qui représentent plus de 5 % de la population birmane. Les numéros 969 font référence aux enseignements fondamentaux du bouddhisme. Comme l’explique Ashin Baddanda Guna Linkara, viceprésident du comité Sangha Maha Nayaka à Rangoun, ces mouvements «n’ont reçu aucune permission mais veulent tout de même former une organisation et mettre en place des lois de protection de la nationalité».
DES DISCOURS ET DES BOYCOTTS ANTI-MUSULMANS Depuis juin 2012, 237 personnes ont péri dans des actes violents à caractère religieux et plus de 150.000 personnes ont été déplacées. La grande majorité de ces victimes étaient musulmanes. Le carnage a d’ailleurs menacé de miner les réformes politiques et économiques que le gouvernement avait lancées il y a deux ans, après un demi-siècle de tutelle militaire. Les moines à la tête du mouvement prononcent des discours dans lesquels ils exhortent les bouddhistes à boycotter les commerces et les entreprises appartenant à des musulmans. Dans tout le pays, des autocollants portant le logo du mouvement sont apposés sur les vitrines des commerces bouddhistes pour que ces derniers soient facilement identifiables comme tels. Si les leaders du mouvement disent qu’ils ne cautionnent pas la violence à l’encontre des musulmans,
De nombreux commerces affichent le logo du mouvement 969, signalant ainsi que leur propriétaire est un bouddhiste.
cette dernière a tout de même connu une hausse depuis l’année dernière.
LA NOUVELLE DIRECTIVE SERA-T-ELLE RESPECTÉE ? Dans une déclaration récente, l’un des grands leaders du mouvement, le moine Mandalay Wirathu, a dit «avoir le cœur brisé» en constatant les violences perpétrées contre les musulmans et a déclaré qu’il était prêt à aider
les communautés à faire la paix. C’est pourtant lui qui avait qualifié les mosquées de «bases ennemies» et qui avait condamné les unions interreligieuses. Face à la nouvelle directive, Wirathu a qualifié le comité qui en est l’auteur de non-démocratique. En septembre 2007, ce même comité avait en effet publié une directive interdisant aux moines de participer à des «affaires séculières», un message clair aux mil-
liers de moines à la tête de la «Révolution safran», qui militaient alors pour la démocratie. Mais la directive avait été tout simplement ignorée. Ye Htut, porte-parole du président Thein Sein a toutefois déclaré que seule une infime minorité des 500.000 moines de Birmanie nourrissait des idées extrémistes. Il a également souligné que certains moines avaient sauvé la vie de musulmans durant des affrontements.
11 INTERNATIONAL
20 - 26 SEPTEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
Des divergences retardent la conférence régionale des Kurdes ÖZGUR KÜÇÜK ISTANBUL La conférence entre groupes politiques kurdes qui devait se tenir à la mi-septembre a été, encore une fois, repoussée, en raison des désaccords qui persistent entre les participants. Les groupes sont en effet divisés quant au nombre de représentants prévu au sein des délégations qui participeront à la réunion. Un représentant, qui a demandé à rester anonyme, a déclaré à Zaman que si la conférence kurde avait été repoussée, c’était principalement parce que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a demandé à ce que les Kurdes de Turquie et de Syrie soient représentés en grand nombre, requête qui a été rejetée par les Kurdes irakiens et iraniens.
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QUERELLES SUR LES QUOTAS DE REPRÉSENTANTS Si la conférence vise, entre autres, à mettre en valeur l’unité des Kurdes, les préparatifs ont été entravés, de façon récurrente, par des désaccords. Alors que les Kurdes de Turquie, qui représentent pas moins de la moitié des Kurdes de la région, demandent à avoir une délégation plus importante, les Kurdes irakiens affirment que la représentation ne devrait pas être proportionnelle à la population kurde dans un pays donné. «L’importance de la région du Kurdistan d’Irak devrait être prise en compte», a déclaré Khalil Ibrahim, représentant de deux grands partis kurdes irakiens au comité de préparation de la conférence. «Etant donné son statut autonome dans le domaine de la politique étrangère et du commerce international, le leadership kurde irakien doit montrer une certaine responsabilité
Une marche symbolique pour les otages français au Niger
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Des proches des quatre otages français enlevés le 16 septembre 2010 à Arlit au Niger ont marché symboliquement dans la nuit de dimanche à lundi à Paris et en région parisienne trois ans après leur capture. Pierre Legrand, Daniel Larribe, Thierry Dol et Marc Féret ont été enlevés par le groupe Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) le 16 septembre 2010 sur un site d’extraction d’uranium d’Areva. Les quatre hommes faisaient partie d’un groupe de sept personnes, dont cinq Français, pour la plupart des collaborateurs des groupes Areva et Satom, une filiale de Vinci. Trois captifs - une femme, Françoise Larribe, épouse de Daniel Larribe, un ressortissant malgache et un Togolais - ont depuis été libérés. La marche nocturne est partie du siège de Vinci à Rueil Malmaison (Hautsde-Seine). Les familles des otages se sont arrêtées entre autres au siège d’Areva et à l’Elysée où elles ont déposé une lettre pour le chef de l’Etat.
diplomatique envers ses voisins», a aussi déclaré dans ce sens à Zaman Primoz Manfreda, expert du Moyen-Orient. Le Parti démocratique du Kurdistan (KDP) dirigé par Massoud Barzani, président du Kurdistan irakien, le PKK, l’Union patriotique du Kurdistan (PUK) dirigée par Jalal Talabani, président de la république irakienne, le Parti démocratique du Kurdistan d’Iran (PDKI) et le Parti de l’Union démocratique kurde syrien (PYD), branche syrienne du PKK, sont les principaux partis kurdes qui prendront part à la conférence.
Jalal Talabani, président de la république irakienne, dirige également l’Union patriotique du Kurdistan (PUK), une des principales formations kurdes en Irak.
12 ECONOMIE
20 - 26 SEPTEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
Turquie : une bulle immobilière à l’horizon ? Le secteur de l’immobilier turc est en croissance. Les investissements étrangers et la place grandissante de la classe moyenne y ont largement contribué. Mais les observateurs redoutent l’émergence d’une bulle immobilière. MUNISE ÜLKER En Turquie, la crainte d’une bulle immobilière similaire à celle qu’ont connu les États-Unis en 2007, est un sujet récurrent. Selon les chiffres de l’Union des entrepreneurs de Turquie (TMB), si le marché de l’immobilier turc a baissé de 5.7 % en 2007 et de 8.1 % en 2008 à cause de fluctuations mondiales, il a grimpé de 16.1 % en 2009 et de 13 % en 2011 et poursuit sa croissance. Les investisseurs étrangers se tournent vers ce pays où une classe moyenne grandissante stimule l’offre et la demande.
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DES PRÊTS HYPOTHÉCAIRES PLUS SÛRS QU’AILLEURS En Turquie, les prêteurs hypothécaires demandent au moins 25 % d’acompte au moment du prêt, acompte qui devrait être relevé à 40 %. Même si cette augmentation peut ralentir le marché du prêt hypothécaire, elle garantit une sûreté pour les banques et élimine le risque d’une crise du crédit comme aux États-Unis. Un taux d’intérêt standard pour un prêt hypothécaire de 10 ans en Turquie se situe autour de 11-15 %, alors que les États-Unis proposent un taux d’intérêt annuel de 3 à 6 %. Contrairement aux États-Unis, qui jusqu’à la crise de 2007 avaient établi un système qui leur permettait de proposer ces prêts à taux bas, le gouvernement turc, lui, ne joue aucun rôle sur le marché des intérêts. Les banques privées soutiennent ou trouvent des fonds chez les banques internationales. DES INVESTISSEURS ÉTRANGERS ATTIRÉS PAR LA TURQUIE La croissance de l’immobilier en Turquie s’explique notamment par la libéralisation du droit de propriété des étrangers, par le fait que les tribunaux turcs acceptent l’arbitrage international et par des lois commerciales facilitant l’importation de biens. Autant de garanties pour les investisseurs étrangers. Ce sont surtout les investissements dans les hôtels qui ont la cote aujourd’hui en Turquie. De plus, de nombreux investisseurs étrangers cherchent des opportunités non plus
De plus en plus de villes turques ont la cote auprès des investisseurs étrangers, du fait notamment de la libéralisation des droits de la propriété étrangère et des lois commerciales qui facilitent l’importation de biens en Turquie.
seulement à Istanbul ou Ankara mais aussi dans d’autres villes abritant une population de plus d’un million d’habitants. L’ouverture financière permet l’arrivée d’épargnes étrangères et d’investissements directs étrangers (IDE), ce qui fait augmenter les stocks de capitaux du pays. Par conséquent, les fonds empruntables augmentent, les taux d’intérêt des crédits diminuent et l’investissement grimpe. «L’économie de la Turquie s’est beaucoup améliorée sur les 10 dernières années et cette transformation a été accélérée par la crise financière mondiale. La Turquie a maintenant des taux d’intérêt normalisés et un coût réel de l’emprunt plus bas. Aujourd’hui, c’est un pays complètement différent d’il y a quatre ans», a noté l’économiste en chef de la banque Yapi Kredi, Cevdet Akçay.
LE RISQUE D’UN BOOM DU CRÉDIT BANCAIRE Par ailleurs, le développement du secteur de la petite entreprise en Turquie soutient de façon significative la croissance de l’immobilier. Les prix de location et de vente des bâtiments commerciaux ont augmenté, en particulier dans les grandes villes. Pour certains économistes, il pourrait y avoir un risque de boom du crédit bancaire comme celui qui a eu lieu entre 2009 et 2012. Les banques avaient alors fait couler l’économie en accordant des prêts à bas prix prêts, sans vérifier au préalable la solvabilité des emprunteurs. Le problème du crédit en Turquie, accompagné de la forte inflation et de la valeur de plus en plus basse de la monnaie, crée des difficultés pour l’économie turque. Si la Turquie cesse de vendre des dollars et ne se
montre pas plus prudente dans l’attribution de ses prêts, son économie risque de chuter.
COMMENT SOUTENIR LE SECTEUR DE L’IMMOBILIER? L’évolution du secteur de l’immobilier dépend de nombreux facteurs. Pour que l’économie turque connaisse une croissance continue, la sûreté des pays où nous exportons nos biens est fondamentale. Par ailleurs, les taux de crédit, surtout dans le secteur du prêt hypothécaire, peuvent encore être baissés. Enfin, proposer différents produits ou types de prêts hypothécaires, comme le prêt hypothécaire islamique, est susceptible d’augmenter leur nombre, puisque certains Turcs hésitent à emprunter en raison des prescriptions de l’islam le prêt à intérêt.
Pour la Cour des comptes, EDF doit revoir sa copie -
La Cour des comptes a annoncé lundi qu’elle préconisait une refonte de l’organisation du travail chez EDF afin d’obtenir des gains de productivité chez l’électricien public. Dans un référé adressé au gouvernement, la Cour a recommandé qu’une «réflexion» soit engagée au niveau du groupe avec les organisations syndicales «sur le bilan de l’aménagement du temps de travail, la cartographie des métiers et l’organisation du travail, dans la perspective d’une meilleure disponibilité et de gains de productivité». La Cour des comptes évoque «une mosaïque complexe d’accords locaux», «des différences sensibles de traitement entre les sa-
lariés sans véritable justification», un mauvais suivi de la durée annuelle du travail et un régime des heures supplémentaires «exorbitant». Selon le quotidien Les Echos, qui a révélé les recommandations de la Cour, le constat n’est «pas très éloigné» chez EDF, dont l’Etat détient 84,4 % du capital, et le groupe a «ouvert un chantier» sur le sujet en avril, mais la proximité des élections professionnelles en novembre a «gelé cette année toute grande négociation». EDF n’a pas souhaité commenter ces informations. La Cour des comptes rappelle dans son référé qu’EDF avait signé son accord sur l’aménagement du travail en 1999
13.8
Henri Proglio est le présidentdirecteur général d’EDF.
et que celui-ci, adopté à l’unanimité des organisations syndicales, «a fait figure de précurseur pour la réduction du temps de travail». Elle ajoute
% millions
toutefois que «ses principes fondateurs ne sont plus complètement adaptés aux enjeux industriels des entreprises» concernées.
BREVES ECO
FRANCE 52 élus pour une CSG progressive
52 députés de la majorité déposeront deux amendements visant à instituer une CSG progressive afin d’introduire plus de justice fiscale dans le futur projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2014 qui sera examiné début octobre. Ils estiment que cette mesure «permettrait de rendre, de manière substantielle, du pouvoir d’achat aux catégories populaires et moyennes sans accroître le déficit public». Avec une CSG progressive, un couple marié, rémunéré au SMIC, avec deux enfants à charge, verrait son pouvoir d’achat augmenter de près de 75 euros par mois, affirment-ils.
TWITTER Entrée en bourse imminente
Twitter a fait savoir jeudi qu’il avait déposé un dossier d’introduction en Bourse. C’est la première étape en vue d’une mise sur le marché d’un champion de la Silicon Valley qui promet d’être aussi suivie que celle du réseau social Facebook l’an passé. Les grands établissements financiers de Wall Street courtisent Twitter pour participer au syndicat de placement de cette IPO. La banque d’investissement Goldman Sachs a déjà réussi à se placer, a dit jeudi une source au fait du dossier.
C’est le nombre d’habitants enregistrés pour l’année 2012 dans la province d’Istanbul par l’Institut de la statistique turque (TurkStat). La population de la province a augmenté de 1.157.576 en quatre ans.
13 CULTURE
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AGENDA CULTUREL
LES DÉBUTS DES FRÈRES MUSULMANS A Dar al-Ulum, il développe sa thèse selon laquelle le seul remède au mal dont souffre la société musulmane réside dans le retour aux sources vives du Coran et de la Tradition (des dits et actes du Prophète). C’est dans ce cadre estudiantin qu’il commencera avec quelques camarades à prêcher dans les divers lieux de réunion qu’offrait la capitale, et notamment les mosquées et les cafés. En 1928, alors qu’il est en poste à Ismaïliyya, il fonde l’association des Frères musulmans. Son but : réveiller de sa léthargie le sentiment religieux de ses compatriotes et lutter contre les anciennes superstitions, comme contre toutes sortes de pratiques déviantes nées d’une modernité corruptrice. D’un réseau d’action socio-culturelle (écoles de garçons et de filles, instituts, universités, hôpitaux, mosquées, etc.), la confrérie évoluera vers la création d’un véritable secteur économique (tissu d’entreprises) auquel succédera l’émergence d’une organisation politique moderne, d’abord de contestation et de pression, puis, très récemment, de gouvernement. «A nous l’action, à Dieu le succès, a dit Hassan al-Banna dans un de ses discours fondateurs en date de 1928, notre groupement sera d’abord et fondamentale-
ment une idée, une idée avec toutes ses implications et toutes les actions qui en découlent. Nous sommes des frères au service de l’islam, nous sommes les Frères musulmans.»
UNE LIGNÉE QUI S’EST INSPIRÉE DES PREMIERS RÉFORMATEURS MUSULMANS Si le pragmatisme des Frères musulmans et leur important investissement de l’espace tant associatif que politique peut aujourd’hui faire écran, il n’en demeure pas moins que Hassan al-Banna se situe dans une lignée qui remonte aux premiers réformateurs musulmans de la fin du XIXe
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& à voir...
veau Testament et le Coran. Sept femmes sont ici interrogées, et chacune, avec ses compétences, son histoire et son imaginaire propres, livre des clefs de lecture – mythologie, histoire de l’art, poésie, psychanalyse, théologie – ouvrant ainsi, en l’élargissant dans une perspective abrahamique, la compréhension de récits fondateurs.
CONCERT THÉÂTRE D’OMBRE
celui de la transmission et de la perte. Ici, avec Annonces, c’est encore le passage, l’intertextualité qui intéressent Nurith Aviv : comment les récits circulent entre les langues et migrent d’une culture, d’une civilisation à l’autre. Le film traite des annonciations faites à Hagar, Sarah et Marie et que rapportent l’Ancien Testament, le Nou-
Un dialogue entre une voix libanaise et un chœur polyphonique corse, où s’entremêlent répertoires profane et sacré, traditions et compositions, langues corse, arabe, française et syriaque.
Mehmet Ulusoy, un théâtre interculturel
Nejat Ferouse, cofondateur du théâtre de l’ouvrier et de la liberté, présentera la vie et l’œuvre de Mehmet Ulusoy (1942-2005), acteur et metteur en scène turc et fondateur, en 1972, en France, du Théâtre de Liberté. Entrée libre.
Hâfez et Goethe
Un dialogue Orient-Occident au travers de l’œuvre du grand penseur allemand Johann Wolfgang von Goethe et de celle d’un des poètes persans les plus éminents, Hâfez de Chiraz. Avec Charles-Henri de Fouchécour, professeur honoraire de l’Université Sorbonne Nouvelle Paris 3, Laurent Cassagnau, maître de conférences à l’ENS de Lyon et Abed Azrié, auteur, chanteur, compositeur, concepteur du projet musical Hâfez et Goethe. Entrée libre. Le 23 septembre à 19:00 Goethe-Institut 17, avenue d’Iéna 75116 Paris
Hagar, Sarah, Maryam : de la Torah au Coran Fille et petite-fille d’émigrés, Nurith Aviv a toujours été préoccupée par la question de la langue et de l’héritage, de la nécessité comme des modalités de leur transmission. Dans un précédent documentaire, Circoncision (2000), la réalisatrice aborde ainsi le rite religieux et le phénomène social moins du point de vue de la religion, précisément, que de
A Filetta & Fadia Tomb El-Hage
Le 23 septembre à 19:00 Centre culturel Anatolie 77, rue Lafayette 75009 Paris
«Nous sommes des frères au service de l’islam, nous sommes les Frères musulmans» siècle, dont les œuvres ont constitué de véritables laboratoires de la modernisation de l’islam : Jamal ad-Din al-Afghani, pionnier du mouvement panislamique, Muhammad Abdou, tenant de la théorie des deux livres, « l’un créé, qui est le livre de la Nature, et l’autre révélé, qui est le Coran », mais aussi Said Nursi, Abd al-Hamid Ibn Badis et Muhammad Iqbal. Tous ont en commun d’avoir allié à l’idéal d’un retour aux sources du Coran et de la Tradition le pragmatisme du réformateur social conscient des enjeux de son temps.
Découvrir le turc et le persan de manière conviviale au fil de savoureuses recettes exécutées sur le vif par des locuteurs natifs toqués de cuisine. Avec les artistes Sedef Ecer (turc) et Roxana Fakouhi (persan).
Le 22 septembre à 16:30 Eglise Saint-Mathurin de Larchant Place de l’Eglise 77760 Larchant
TABLE RONDE
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refusé le cursus universitaire classique d’Al Azhar, aussi bien qu’une bourse du gouvernement égyptien pour aller étudier en Europe.
Atelier linguistique et culinaire : turc et persan
Le 23 septembre à 19:00 Maison d’Europe et d’Orient 3, passage Hennel 75012 Paris
CONFÉRENCE
Islam des mondes
Le président égyptien Morsi, arrêté après le coup d’Etat militaire, est issu de la confrérie des Frères musulmans fondée par Hassan al-Banna.
SEYFEDDINE BEN MANSOUR LILLE En Egypte, le pouvoir militaire issu du coup d’Etat a décidé de dissoudre les Frères musulmans en tant qu’organisation non gouvernementale. Cette information, rapportée le 6 septembre dernier par le journal officiel Al-Akhbar n’est pas sans rappeler le précédent du 8 décembre 1948 : la dissolution de la confrérie ordonnée par un pouvoir également non élu, dans une Egypte sous domination étrangère. Hassan al-Banna, le fondateur des Frères musulmans, mourra assassiné deux mois plus tard, le 12 février 1949. Sa mort, décidée par le roi Farouk Ier, débarrassait le colonisateur britannique d’un idéologue, d’un prédicateur et d’un homme d’action qui nuisait à ses intérêts dans la région. Le fondateur et Guide suprême des Frères musulmans est né en 1906 à Mahmudiyya, non loin d’Alexandrie. Son père, Ahmad al-Banna, aura une grande influence dans la formation du jeune Hassan. Cet horloger de profession était en effet un savant en sciences islamiques traditionnelles à l’origine d’une édition critique du Musnad de l’imam Ibn Hanbal. La première éducation de Hassan sera du reste celle, de type ancien, des fils d’ulémas : étude du Coran par cœur, du hadith, du fiqh et de la langue arabe. En 1923, il est admis dans la fort moderne Dar al-Ulum du Caire (Ecole normale). Il en est diplômé trois ans plus tard et débute à l’âge de 20 ans sa carrière d’instituteur, métier qu’il a choisi par vocation, ayant
A lire
ATELIER
Hassan al-Banna, fondateur des Frères musulmans
Annonces, réalisé par Nurith Aviv (documentaire, Belgique/Israël, 2013, 1h04). Avec Barbara Cassin, Marie Gautheron, Marie-José Mondzain. Sortie en salles le 25 septembre.
Aragöz
Aragöz est la forme égyptienne du karagöz, le théâtre d’ombre turc. Un spectacle du marionnettiste égyptien Nabil Bahgat. A partir de 5 ans. Entrée libre et goûter offert. Le 25 septembre à 14:00 et 16:00 Centre culturel d’Egypte 111, boulevard Saint-Michel 75005 Paris
OPINION14
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Politique ou journalisme, il faut choisir
La récente crise de Gezi a montré l’absence de séparation réelle entre les médias turcs et la politique. Instances de pouvoir à part entière, la question de leur liberté et de leur indépendance dans le contexte turc se pose en des termes particuliers. Il est grand temps que les médias tournent la page des erreurs du passé et se consacrent au journalisme et non plus à un agenda politique.
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La question de la liberté des médias est suivie non seulement en Turquie mais aussi à l’étranger. On l’a vu pendant la crise de Gezi, la fonction des médias en Turquie ne peut être par les MARKAR ESAYAN comprise sociétés occidentales. Les médias turcs possèdent le pouvoir et la puissance qui ont contribué au coup d’État du 28 février 1997 par l’armée. Il est impossible de dire qu’Erdogan n’a fait aucune erreur au cours de ses onze années de mandat. Mais il a été si fortement attaqué pendant la crise de Gezi qu’il était impensable pour un dirigeant de ne pas réagir
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core tourné la page ni entamé l’écriture d’une nouvelle page. Ainsi, lorsque le mouvement Gülen a lancé un projet de paix à Ankara où un cemevi et une mosquée seront réunis dans le même complexe religieux, ce projet a été fortement attaqué et les médias l’ont si mal présenté qu’on avait l’impression qu’un crime haineux avait été commis contre les alévis. De même, nos médias présentent les agressions contre les étudiants religieux et le mouvement à l’Université technique du Moyen-Orient (ODTÜ) comme des signes de modernité. On le voit bien, l’affaire n’est pas ce qu’elle semble vue de l’extérieur. m.esayan@todayszaman.com
«La liberté des médias a été utilisée dans le but d’affaiblir Erdogan» à ces attaques. Les médias « grand public » n’ont pas renoncé à l’ingénierie politique et les médias alternatifs ripostent plutôt que de s’appuyer sur du journalisme. Cela les empêche d’être influents. La liberté de la presse est donc dans l’impasse en Turquie.
QUI EST À BLÂMER ? À ce stade, il est évident que la liberté des médias et d’autres questions importantes ont été utilisées dans le but d’affaiblir
Erdogan. Je pense que nous devons critiquer à la fois le gouvernement et les médias car aucun d’eux n’est sans faute. Mais les erreurs du passé, du côté des médias, sont bien plus grandes. Or, ceux-ci n’ont pas en-
Quelques idées reçues sur Morsi en Turquie -
Edité par : Source SARL 2, boulevard Saint Martin 75010 PARIS Directeur de la publication : HÜSEYİN KARAKUŞ Rédacteur en chef : e.demir@zamanfrance.fr
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Certaines idées circulent dans l’opinion publique turque vis-à-vis de l’Egypte sous Mohamed Morsi. Pour les sympathisants de l’AKP, les Frères musulmans sont innocents. Pour ALI ZEYNEL GÖKPINAR les autres, ils n’ont pas réussi à mettre en place une véritable démocratie.
LES POUVOIRS SPÉCIAUX DU PRÉSIDENT Le décret constitutionnel a donné aux Frères musulmans des pouvoirs spéciaux que même l’ancien président, Hosni Moubarak, n’avait sans doute pas. Même si Morsi a supprimé ce décret, cet aspect est devenu le point critique du conflit entre Morsi et les forces de l’opposition. Morsi et les Frères musulmans ont tenté à de nombreuses reprises d’inclure des groupes politiques et religieux divers dans le processus de transition, soit en leur demandant de
participer à des comités, soit en leur offrant des postes au gouvernement. Mais Morsi a aussi exclu des figures importantes et n’a pas réussi à former des alliances avec certains groupes politiques clés.
MORSI AURAIT VOULU ISLAMISER L’EGYPTE Les pro-Gezi accusent également Morsi de ne pas avoir représenté tous les Egyptiens et d’avoir tenté d’islamiser le pays. Selon eux, Morsi méritait d’être renversé par l’armée. Dans leur logique, les débats de plus en plus nombreux sur l’islam et l’utilisation de symboles islamiques suggèrent que Morsi voulait élargir l’influence de la charia en Egypte. Mais l’islam est depuis longtemps un point de référence des acteurs politiques en Egypte. Rappelons les amendements constitutionnels de Moubarak qui réglementaient les lois du statut personnel, inspirés de l’islam. Comme l’a observé l’anthropologue égyptien Hussein
Ali Agrama, l’Etat égyptien de Moubarak avait permis une plus grande islamisation de l’ordre public mais s’était réservé la possibilité de l’utiliser ou de la réguler. Il est donc faux d’affirmer que Morsi a été le seul homme d’Etat à s’appuyer politiquement sur l’islam.
UN COUP D’ETAT AU VU ET AU SU DE TOUS Autre argument de l’AKP, l’Etat profond est l’auteur du putsch en Egypte. Pour certains chroniqueurs, c’est l’armée qui a réaffirmé son pouvoir le 3 juillet dernier. Mais les Frères musulmans n’ont pas lancé de réforme dans le domaine de la sécurité visant à renvoyer l’armée. Quant aux arguments de l’AKP concernant l’Etat profond, concentrons-nous sur les représentants de l’Etat égyptien. Mona Makram Ebeid, célèbre copte et ancien membre du parlement égyptien, a déclaré au lendemain du coup d’Etat que le Conseil suprême des forces ar-
mées (la SCAF) voulait en février 2013 que d’importantes figures publiques forment un comité pour répondre aux demandes des citoyens. Ce comité a contacté le mouvement Tamarrod en avril et tous deux ont essayé de collaborer. Il n’y a donc pas eu d’Etat profond, mais plutôt un coup d’Etat qui s’est développé au vu et au su de tous.
UN MANQUE DE STRATÉGIE Les Frères musulmans ont eu la possibilité de remplacer les membres du gouvernement par des membres de leur parti mais ils ne l’ont pas fait. Morsi a, il est vrai, tenté d’écarter certains juges, mais le système judiciaire, en tant qu’institution, a réagi par une crise politique. De fait, c’est le manque de stratégie dont a fait preuve Morsi en «purgeant» les représentants et officiers de police anciennement associés au régime de Moubarak qui a créé un véritable mécontentement à son égard.
15 SPORT
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Zoom sur le mercato des clubs de Süperlig -
Le marché des transferts a été riche en Turquie pour cette saison 2013-2014. Si les quatre plus gros clubs du championnat peuvent se permettre un recrutement coûteux et international, les autres misent majoritairement sur la jeunesse avec des nouvelles recrues d’une moyenne d’âge qui va de 23 ans à 25 ans. C’est de bon augure pour la progression du foot-
ball et du championnat national. Cependant, sans les sanctions reçues par Fenerbahçe, les transferts auraient pu être plus importants, mais sans surprise, c’est Galatasaray qui fait figure de favori pour cette édition. Trabzonspor, qui mise sur l’expérience, Besiktas qui se construit, et Fenerbahçe qui n’a pas pu recruter à sa juste valeur, devront se contenter de leur position d’outsiders.
GALATASARAY
Arrivées Ogulcan Caglayan (Bursaspor, Tur) Bruma (Sporting Lisbonne, Por) Felipe Melo (Juventus, Bre) Umut Bulut (Toulouse FC, Tur) Aurélien Chedjou (Lille, Cam) Erman Kilic (Sivasspor, Tur)
Départs Erman Kilic (Eskisehirspor, Tur) Colin Kazim-Richards (Bursaspor, Tur) Johan Elmander (Norwich, Sue) Mehmet Batdal (Istanbul Büyüksehir Belediyespor, Tur)
TRABZONSPOR
Arrivées José Bosingwa (QPR, Por) Kadir Keles (1461 Trabzon, Tur) Florent Malouda (Chelsea, Fra) Aykut Demir (Genclerbirligi Ankara, Tur) Batuhan Karadeniz (Ekisehirspor, Tur) Mehmet Kuruoglu (1461 Trabzon, Tur) Abdullah Karmil (1461 Trabzon, Tur) Fatih Öztürk (1461 Trabzon, Tur) Caner Osmanpasa (1461 Trabzon, Tur) Abdulkadir Özdemir (1461 Trabzon, Tur)
Départs FENERBAHÇE
Arrivées Emmanuel Emenike (Spartak Moscou, Nig) Alper Potuk (Eskisehirspor, Tur) Bruno Alves (Zenith Saint-Pétersbourg, Por) Michal Kadlec (Bayer Leverkusen, Rep Tch) Samuel Holmén (Istanbul Büyüksehir Belediyespor, Sue)
Sefa Akin Basibüyük (Giresunspor, Tur) Emerson (Stade Rennais, Bre) Kivanc Salihoglu (corum Belediyespor, Tur) Marek Cech (Bologne FC, Slova) Yasin Öztekin (Kayseri Erciyesspor, Tur) Abdulkadir Parmak (1461 Trabzon, Tur) Serkan Balci (Medical Park Antalyaspor, Tur) Halil Altintop (FC Ausbourg, Tur)
Départs Sezer Öztürk (Besiktas, Tur) Orhan Sam (Kasimpasa SK, Tur) Henri Bienvenu (Ekisehispor, Cam)
BESIKTAS ISTANBUL
Arrivées Kerim Frei (Fulham, Tur) Atiba Hutchinson (PSV Eindohvein, Can) Michael Eneramo (Sivasspor, Nig) Tolga Zengin (Trabzonspor, Tur) Serdar Kurtulus (Gazantiepspor, Tur) Sezer Öztürk (Fenerbahce, Tur) Ömer Sismanoglu (Medical park Antalyaspor, Tur) Pedro Franco (Millonarios FC, Col) Gökhan Töre (Rubin Kazan, Tur) Günay Güvenc (Stuttgart Kickers, Turc)
Départs Le Français Florent Malouda a signé pour Trabzonspor.
Le PSG s’impose face à l’Olympiakos
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Le Paris Saint-Germain est allé battre mardi soir l’Olympiakos Le Pirée 4-1 pour son premier match en phase de groupes de la Ligue des champions. Les Parisiens ont ouvert le score grâce à Edinson Cavani (19e) puis ont encaissé un but du milieu de terrain slovaque Vladimir Weiss (25e), avant de prendre définitivement le dessus en deuxième période. Faute de trouver des solutions dans le jeu, ils ont marqué à trois reprises sur corner, deux fois par Thiago Motta et une fois par le défenseur Marquinhos qui jouait là son premier match sous les couleurs du PSG.
Allan McGregor (Hull City, Eco)
BURSASPOR
Arrivées Colin Kazim-Richard (Galatasaray, Tur) Renato Civelli (OGC Nice, Arg) Sébastien Frey (Genoa, Fra) Taye Taiwo (MilanAC, Nig) Yasin Pehlivan (Gaziantepspor, Aut) Samil Cinaz (Orduspor, Tur)
Départs Prince Tagoe (Club Africain Tunis, Gha) Yenal Tuncer (Denizlispor, Tur) Taha Can Velioglu (Bucaspor, Tur) Scott Carson (Wigan, Ang) Ibrahim Kas (Sanica Boru Elazigspor, Tur) Yavuz Özkan (Sanliurfaspor, Tur) Baris Örücü (Denizlispor, Tur) Ahmet Ari (Denizlispor, Tur)