Fr 20140509 n°314

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Alper Irmak, créateur d’envies

Qui paie le plus d’impôts en Turquie ?

CULTURE12

TURQUIE09

Basket féminin : le triomphe de Galatasaray ! SPORT15

9 - 15 MAI 2014 N° 314 Prix : 2,5 €

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LE FRONT NATIONAL DURCIT LE TON CONTRE L’ISLAM FOUAD BAHRI PARIS Au lendemain des A chaque nouvelle élection, élections municipales, le même scénario semble se reproduire. L’islam devient peu ou qui ont vu la victoire de prou, un des thèmes de campagne nombreux élus du Front du Front national. A Mantes-lanational, et à plus de deux Ville, le maire FN tente de bloquer un projet de mosquée pourtant voté semaines du premier tour et validé par le précédent conseil des élections européennes, municipal. Plus récemment, Marine Le Pen a défendu le droit du NéerZaman France consacre landais Geert Wilders de comparer le Coran à Mein Kampf. -FRANCE 03 un dossier à la stratégie politique du FN axée en Abdellali Hajjat : «L’islamophobie, partie sur l’islamophobie, vecteur d’unification de l’un des thèmes fédérateurs l’extrême-droite européenne» r03 de l’extrême-droite EDITO FOUAD BAHRI FN : quel est le seuil de tolérance acceptable ? -FRANCE 02 européenne.

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Le brûlot anti-islam d’un nouveau maire FN en Moselle FABIEN ENGELMANN

Mustafa, Feride, Timur : les origines de vos prénoms SEYFEDDINE BEN MANSOUR LILLE

Dans l’usage arabo-musulman tel qu’il se met en place dès l’institution du califat, un individu est

désigné par une suite de cinq noms, appartenant chacun à un type différent. Premièrement, la kunya, un nom dont le premier élément est Abû, «père», ou Umm, «mère». Ainsi le Prophète, devenu père d’un fils, Qâsim, était-il devenu Abû l-Qâsim. Lorsque le second élément n’est pas le prénom d’un enfant, mais une qualité, le tout s’entend au figuré : Abû al-Mahâsin signifie ainsi «Celui aux Vertus». CULTURE 13

Zaman Okur Hattý: 01 42 00 19 36

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Dans son autobiographie Du gauchisme au patriotisme, le nouveau maire Front national de la commune d’Hayange, en Moselle, multiplie les propos racistes contre l’islam et les immigrés. -FRANCE 03

Erdogan fait un pas de plus vers la présidence -

L’AKP a décidé de laisser intact le règlement intérieur du parti qui stipule qu’un député ne peut pas exercer plus de trois mandats. Or, le leader de la formation, Tayyip Erdogan, en est précisément à son troisième mandat. Mais ne plus être chef du gouvernement signifie a contrario espérer devenir chef de l’Etat. -SAMI KILIÇ TURQUIE 06 TRIBUNE LIBRE ABDURRAHMAN ATLI

Le rêve d’Erdogan -08 TURQUIE 07 Le Diyanet s’exprime sur les tatouages des jeunes INTERNATIONAL 11

Desmond Tutu reçoit le prix Gülen de la paix


02 FRANCE Un anniversaire amer pour François Hollande

9 - 15 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

EDITO FOUAD BAHRI

FN : quel est le seuil de tolérance acceptable ?

A chaque nouvelle élection, le même scénario semble se reproduire. Aux dernières échéances électorales des municipales et à l’approche des européennes, l’islam devient peu ou prou, un des thèmes de campagne du Front national. A Mantes-laVille, le maire FN tente de bloquer un projet de mosquée pourtant voté et validé par le précédent conseil municipal. A Hayange, en Moselle, Fabien Engelmann désormais aux manettes de la municipalité a publié un ouvrage dans lequel les qualificatifs les plus violents servent à désigner la seconde religion de France, identifiée comme une menace nationale. Plus récemment, Marine Le Pen, qui construit une alliance avec les partis d’extrême-droite du Vieux continent à l’occasion des élections européennes, a défendu le droit du Néerlandais Geert Wilders de comparer le Coran à Mein Kampf, le livre écrit par Adolphe Hitler. Les propos hostiles et islamophobes tenus par des responsables du Front national ne surprennent plus grand monde. A mi-chemin entre un positionnement idéologique partagé par l’ensemble des partis de cette mouvance politique, et une stratégie électoraliste volontairement agressive, ce phénomène produit paradoxalement des effets pervers. Le premier est aisément identifiable : il s’agit de la banalisation de ces propos et de la constitution d’un climat de violence identitaire tendant progressivement au rang de consensus national. La clé de compréhension de ce phénomène est ce que nous pouvons appeler la notion de «seuil de tolérance acceptable». Cette notion psychologique, à la fois individuelle et collective, tient lieu de marqueur moral. Elle consiste à considérer qu’une certaine dose de racisme, de rejet et d’intolérance est propre à l’être humain et qu’à ce titre, elle peut être tolérée mais pas justifiée. Cette tolérance est variable, graduelle, mais surtout mobile. Le niveau des perceptions sociales et l’intensité de l’empathie ou de l’antipathie naturelle ou fabriquée que peuvent susciter des groupes humains, religieux, ethniques ou sexuels, est rarement durablement statique. En période de crise, on connaît désormais les phénomènes de cristallisation de ces sentiments qui mènent à la désignation de ce que René Girard définissait comme la figure du bouc émissaire, incarnation humaine du Mal que la société doit conjurer ou expier. Le seuil de tolérance acceptable contribue ainsi presque inconsciemment, par glissement répétitif et naturel, à produire une violence symbolique chez les individus qui précède toujours le passage à l’acte de violence physique. Le comble étant que certaines agressions de nature islamophobe aient pu, à titre d’exemple, être ressenties comme un acte d’auto-défense à l’égard de l’islam qui serait le vrai danger. Il n’est donc pas inutile de réfléchir dès à présent sur le chemin que prend la France, sous l’influence de ces prêcheurs politiques de haine. D’autant que les situations de tensions civiles et de violences identitaires, sont rarement réversibles. f.bahri@zamanfrance.fr

Des alliés présumés de François Hollande ont joint mardi leurs jugements amers aux vives critiques de l’opposition pour célébrer le deuxième anniversaire de l’arrivée au pouvoir du président le plus impopulaire de la Ve République.

Le chef de l’Etat a accordé une interview d’une heure à RMC et BFM TV, à l’occasion du deuxième anniversaire de son arrivée au pouvoir.

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Le chef de l’Etat, qui a connu un début de mandat marqué par la hausse du chômage, une contestation monstre contre le mariage homosexuel, une hausse d’impôts de 30 milliards d’euros et une vie privée étalée au grand jour, a marqué l’événement par une interview d’une heure sur RMC et BFM TV. «Je n’ai rien à perdre (...), ce qui compte, c’est que le pays ait tout à gagner», a-t-il dit en émettant l’espoir que le timide retournement économique entrevu lui permettrait de faire baisser le chômage et, partant, de pouvoir se représenter. Seule annonce : un éventuel report de 2015 à 2016 des élections régionales pour réduire de moitié le nombre de régions françaises et supprimer les conseils généraux des départements, une réforme déjà annoncée qui serait donc accélérée.

LES CRITIQUES DES UNS ET DES AUTRES Les alliés présumés du président ont été pour le moins économes de louanges vis-à-vis de son bilan. «Je pense qu’il paye durablement les six premiers mois (...) l’absence de visibilité des réformes, le manque de combativité au niveau européen», a dit sur France Info le

président du groupe écologiste du Sénat, JeanVincent Placé, dont les ministres ont refusé de faire partie du gouvernement Valls. François Hollande et Manuel Valls sont donc obligés de faire des économies de 50 milliards d’euros d’ici 2017 pour ramener le déficit à 3% du PIB en 2015 et financer des baisses de charges pour les entreprises que conteste la gauche de l’échiquier. L’amertume de l’aile gauche du PS et des écologistes est décuplée dans les critiques de l’opposition.

CANDIDAT EN 2017 ? Le président du groupe UMP à l’Assemblée, Christian Jacob, président du groupe UMP,

juge le bilan «désastreux». Pour Marine Le Pen, François Hollande s’est comporté en souspréfet de la République et «fait la désolants démonstration qu’il n’est pas à la hauteur de ses fonctions». L’une des rares à lui souhaiter un bon anniversaire est, paradoxalement, son ancienne compagne Valérie Trierweiler, dont la séparation avec François Hollande a pourtant été douloureuse. «Je souhaite qu’il réussisse, parce que s’il réussit, c’est la France qui réussirai. Qui n’a pas envie de ça?», a-t-elle dit sur Europe 1. Mais ses critiques ne doutent guère que François Hollande se représentera en 2017, même s’il a une nouvelle fois lié mardi une nouvelle candidature à la baisse du chômage.

PHOTO DE LA SEMAINE

Au Nigéria, une manifestation appelle le gouvernement à secourir les 234 jeunes filles enlevées par Boko Haram. Le chef de la secte, dans une vidéo diffusée lundi, menace de vendre comme esclaves et de marier de force les lycéennes capturées le 14 avril à Chibok, dans l’Etat de Borno.

...ET UNE MAUVAISE

UNE BONNE...

Des déchets présents en masse au fond des océans

Le Maroc a pris la décision d’augmenter le salaire minimum de 10 % entre 2014 et 2015, a annoncé mercredi le porteparole du gouvernement. Cette décision survient alors que des manifestations contre les mesures d’austérité, comme la baisse des subventions et la réforme du système de retraites, se sont multipliées ces derniers mois au Maroc.

Une équipe de chercheurs européens a mis en évidence la présence de déchets humains comme des bouteilles, des sacs en plastique et des filets de pêche à des milliers de mètres sous la surface des océans, selon la revue scientifique Plos One. Coordonnée par l’Université des Açores, cette étude publiée jeudi, fruit de la collaboration d’une quinzaine d’organismes de recherche européens,

Moustapha Khalfi, qui est à la fois porte-parole et ministre de la Communication, n’a pas fourni davantage de précision. Mais selon des sources syndicales qui ont négocié l’accord, la hausse se déroulera en deux temps 5 % en juillet 2014 et 5 % à nouveau en juillet 2015 -, et concernera aussi bien les secteurs public que privé.

analyse près de 600 échantillons provenant des fonds marins de l’Atlantique, de l’Arctique ou de la Méditerranée, à des profondeurs variant de 35 à 4500 mètres. Les déchets plastiques sont majoritaires sur le fond (41 %), devant ceux liés aux activités de pêche (lignes et filets abandonnés), qui représentent 34 % des déchets.

NOUVELLE

Le salaire minimum marocain augmentera de 10 % d’ici 2015


03 FRANCE

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9 - 15 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

«Ils ne me font aucune indulgence et en même temps, je demande à être jugé à la fin du quinquennat» Déclaration de François Hollande sur RMC et BFM TV à propos de l’impatience des Français à son égard, deux ans jour pour jour après son élection.

«L’islamophobie est un vecteur d’unification de l’extrême-droite européenne» Abdellali Hajjat est sociologue et co-auteur, avec Marwan Mohammed, du livre Islamophobie : comment les élites françaises fabriquent le problème musulman. Dans un entretien exclusif pour Zaman France, il revient sur la permanence des propos islamophobes tenus par les responsables du Front national et analyse la stratégie électoraliste et idéologique du parti d’extrême-droite à l’approche des élections européennes. Marine Le Pen a dernièrement défendu le droit de Geert Wilders, le leader néerlandais d’extrêmedroite, à comparer le Coran à Mein Kampf. Jusqu’à présent, sa critique de l’islam s’appuyait plutôt sur la laïcité. Assistet-on à une radicalisation du discours FN sur l’islam ? Je ne pense pas qu’il y ait radicalisation du FN. Cela s’inscrit dans la continuité de tous les discours tenus par les Le Pen et les responsables du FN sur l’islam. Ce qui est nouveau dans le discours du FN, c’est d’avoir mobilisé le concept de laïcité. Historiquement, le FN est composé d’une frange de catholiques intégristes opposés au concept même de laïcité. Il y a eu un revirement du FN qu’on peut situer après 2003/2004 pour mobiliser la laïcité mais dans le sens attribué par François Baroin de nouvelle laïcité. C’est ainsi que le sens originel de laïcité a été transformé. On est passé d’une idée de séparation des Eglises et de l’Etat, de

défense de la liberté de conscience et de culte même dans l’espace publique à une conception où l’expression même d’une religiosité dans l’espace public est considérée comme non-laïque. La référence au nazisme fait partie du discours ambiant si vous souhaitez stigmatiser une personne. Ce qui est d’ailleurs contradictoire avec le fait que Marine Le Pen ait elle-même des relations très proches avec des militants néo-nazis. Il faut distinguer le discours qui vise à identifier les électeurs avec le parti et la réalité des pratiques. L’islamophobie est-elle devenue un vecteur plus important pour l’extrême-droite européenne que la critique de l’Europe ? Les deux questions sont articulées. Ce qui est sûr c’est que l’islamophobie est un vecteur d’unification des droites en France et des extrême-droites européennes. Certains partis d’extrême-droite très moribonds comme au Danemark ou aux Pays-Bas, se sont reconstruits grâce à une mobilisation contre l’islam et les musulmans, ce qui leur a offert une nouvelle légitimité politique. Un fait rendu possible parce que, de manière générale, dans le champs politique, cette stigmatisation de l’islam et des musulmans est une réalité. En 2012, Marine Le Pen avait fait croire qu’en Ile-de-France, les Français mangeaient à leur insu de la viande halal, finançant par là-même le culte musulman !

Marine Le Pen en compagnie de Geert Wilders, le leader du parti d’extrêmedroite néerlandais.

La critique de l’islam est très souvent associée à celle de l’immigration, au FN. Est-ce toujours le cas ou l’islam est-il perçu comme une menace autonome du fait que des millions de Français sont aujourd’hui de confession musulmane ? Au FN, l’islam est la religion de l’étranger. On considère qu’il y a incompatibilité entre la présence des musulmans en France et l’idée d’homogénéité nationale. Certaines composantes du FN promeuvent aujourd’hui l’idée de Français musulmans patriotes. Il y a des rapprochements en ce moment entre certains militants musulmans et l’extrême-droite. L’idée est de nier tout l’héritage de la mémoire de l’immigration au profit d’une nouvelle identité musulmane, française et patriote. Une partie de l’extrême-droite très minoritaire pense l’existence de musulmans français mais en tant que supplétifs, dans une bataille plus générale contre l’islamisation. Cela produit d’ailleurs des tensions au sein même de l’extrême-droite. Les mêmes

qui s’opposent aux constructions de mosquées s’allient par exemple avec des musulmans contre le mariage pour tous, dans une alliance à court terme. Ce phénomène est assez nouveau. Depuis l’élection de nombreux maires Front national, avezvous observé la mise en place de mesures stigmatisantes ou présumées islamophobes ? Il y a déjà eu l’expérience des précédentes élections dans les années 1990 avec des maires Front national. Cette expérience a montré que les politiques de ces élus visaient à restreindre les libertés de culte des musulmans, au niveau de l’attribution des locaux ou de subventions. L’un des enjeux du FN est de paraître respectable, avec une image de bon gestionnaire. Il est donc possible que la direction du parti fasse pression sur les municipalités pour éviter qu’elles ne prennent des mesures trop radicales contre les étrangers, les Roms, les musulmans car cela entacherait leur image et leur volonté de légitimation.

Abdellali Hajjat est co-auteur de l’ouvrage intitulé Islamophobie : comment les élites françaises fabriquent le problème musulman publié aux éditions La découverte.

Le brûlot anti-islam d’un nouveau maire FN en Moselle

Un sondage place le FN en tête des européennes

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Le Front national fait la course en tête dans les intentions de vote pour les élections européennes avec 22 % des voix, selon un sondage Harris Interactive pour LCP et Le Parisien diffusé mardi. L’UMP est en deuxième position avec 21 % des intentions de vote, devant le Parti socialiste (17 %), les listes centristes de l’UDI et du MoDem (9 %) et celles d’Europe-Ecologie (9 %), et celles du Front de gauche (8 %). Selon cette enquête, 36 % des sondés considèrent que la France gagne à être dans l’Union européenne, 28 % jugeant qu’elle y perd et 34 % répondant ni l’un, ni l’autre. Cette enquête a été effectuée du 2 au 5 mai auprès d’un échantillon de 1600 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

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Il s’appelle Fabien Engelmann et préside aux destinées des citoyens de la commune d’Hayange, en Moselle. Signe particulier : il est élu du Front national, a 34 ans et... n’aime pas beaucoup l’islam.

UNE «IDÉOLOGIE MAHOMÉTANE» ET «SECTAIRE» Ancien militant d’extrême-gauche, puis syndicaliste à la CGT, l’élu frontiste raconte son parcours dans un livre autobiographique intitulé Du gauchisme au patriotisme publié par Riposte laïque. Il y décrit l’islam comme une «idéologie mahométane», «sectaire» et «en totale Fabien Engelmann.

contradiction avec notre Constitution», «un dogme mahométan très offensif, dangereux pour la démocratie, pour les droits des femmes et pour nos libertés individuelles». Interrogé par l’AFP, Fabien Engelmann a réitéré ses positions idéologiques en les justifiant comme de la peur. «L’islam me fait peur, pour le respect du droit de la femme, des minorités... J’ai lu le Coran et ce livre me fait peur», a-t-il déclaré. Le maire d’Hayange, qui revendique des origines pied-noirs, loue également la politique coloniale de la France en Algérie, allant jusqu’à proclamer que «l’Algérie doit tout à la France».


04 SOCIETE

9 - 15 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

Les Français veulent renforcer la lutte contre la discrimination Des sanctions plus sévères. Ce serait ce que souhaitent les Français en matière de discrimination, d’après une enquête publiée par Le Parisien.

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D’après un sondage que dévoile Le Parisien ce matin, 61% des Français pensent que la justice doit être mieux armée pour lutter contre ce fléau. Autre méthode prônée par les Français, ce qu’on appelle «le testing». Il s’agit de piéger un employeur ou une entreprise et de le faire savoir au grand public (56%). Cette enquête a été réalisée par Harris Interactive auprès de 1445 personnes qui ont plus de 18 ans. Elle avait été demandée par l’association de lutte contre la discrimination Pote à Pote.

La lutte contre la discrimination est devenue un véritable enjeu de société en France.

EN MATIÈRE D’EMPLOI ET DE LOGEMENT Les sondés se sont exprimés concernant particulièrement la discrimination en matière d’emploi et de logement. D’après Samuel Thomas, porteparole de Pote à Pote qui s’est confié au Parisien, «les Français attendent que les procureurs cessent

de classer les affaires et que les juges frappent réellement au porte-monnaie les auteurs des délits ». « A chaque fois, lance Samuel Thomas, la justice ménage la chèvre et le chou et se retranche derrière l’absence réelle d’attention de nuire ou le défaut de preuves irréfutables. Sauf que celles-ci sont souvent impossible à reproduire.» Les Français sont de plus en plus nombreux à plébisciter des procès collectifs. Un procès médiatique et une mauvaise publicité contre ces organismes seraient les meilleurs moyens de lutter contre la discrimination. Ils ne sont néanmoins pas favorables au fait de rendre anonymes les demandes de logements et les CV. Pour 50 % des Français, ce moyen de lutte ne peut pas être efficace, puisque l’employeur ou le bailleur trouvera forcément un moyen de contourner cette mesure.

Le bailleur HLM Logirep condamné à 20 000 euros d’amende pour «fichage ethnique» -

Birmanie : des sponsors de Pékin Express se retirent

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La mobilisation d’internautes contre l’émission Pékin Express qui se déroule en Birmanie, pays où la minorité musulmane Rohingya est victime de massacres, a déjà porté ses fruits. De nombreux sponsors de l’émission diffusée sur M6 ont annoncé leur retrait. Depuis le lancement de l’émission Pékin Express tournée cette année en Birmanie, l’émotion était présente sur la toile. Mise en cause, la direction de la chaine M6 est accusée par de nombreux internautes d’ignorer le calvaire endurée par la communauté Rohingya de confession musulmane, victimes de violences et de répressions meurtrières de la part d’une partie de la population birmane, sous l’agitation et les invectives de courants bouddhistes

radicaux. Relayée et suivie par le site d’information musulman Al Kanz, cette contestation a semble-t-il payé. Après H&M, qui fournissait les tenues vestimentaires des candidats du jeu télévisé, Bollywood Sari, qui «ne savait pas que Pékin Express se passait en Birmanie», Eleven Paris et Twins for Peace, ont confirmé leur retrait, d’après une information du Figaro. Al-kanz.org signale aujourd’hui un nouveau départ, celui Mercurochrome. Face à cette cascade de retraits, le site de M6 a purement et simplement supprimé la page présentant ses partenaires. Sur Europe 1, le présentateur de l’émission Stéphane Rotenberg a estimé pour sa part que tourner une émission en Birmanie ne signifiait pas «cautionner un régime».

«Il y a assez de noirs dans cette tour» c’est ce qu’a répondu une employée d’un des plus gros bailleurs d’Ile-deFrance, HLM Logirep à Frédéric Tieboyou. Se voyant refuser l’accès à un appartement parce qu’il est noir, ce dernier porte plainte en 2005, l’année à la laquelle se sont déroulés les faits. Le tribunal correctionnel de Nanterre a rendu son verdict cet aprèsmidi, 20 000 euros d’amende pour «fichage ethnique» mais rien concernant les faits de «discrimination raciale». En 2005, Frédéric Tieboyou, agent de la RATP alors âgé de 29 ans, visite un appartement 3 pièces à Nanterre (Hauts-de-Seine) mais reçoit un courrier lui expliquant que sa demande avait été refusée au motif de «mixité sociale». Il a ensuite enregistré sa conversation avec l’employée qui lui avait dit «qu’il y avait assez de noirs dans cette tour». Jusqu’à aujourd’hui, le bailleur, qui gère quelque 36 000 logements, avait contesté les faits.

Une loi pour donner ses RTT à ses collègues

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Un député UMP Paul Salen, va déposer un texte de loi pour autoriser le don de RTT ou de congés payés entre collègues dans le secteur public. Une mesure déjà en vigueur dans le privé. La loi Mathys. C’est le nom que pourrait porter le texte de loi que le député UMP de la Loire Paul Salen a déposé au Parlement, d’après une information de nos confrères de Métro.fr, et qui prévoit de permettre aux salariés du secteur public d’offrir un jour de RTT ou de congés payés à des collègues.

UN DON ANONYME ET GRATUIT Tout commence par un fait divers. Grâce à ses collègues, le père d’un garçon a pu accompagner son fils dignement jusqu’à sa mort en 2009. Leur don de

RTT en sa faveur a rendu possible cet accompagnement. Si, dans le privé, la souplesse et le pragmatisme permettent cette organisation salariale, dans le secteur public, les choses sont plus complexes faute de loi. Les dispositions légales actuelles ne permettent que trois jours d’absence chaque année, et dans les cas exceptionnels, le dépôt d’un congé sans solde de 310 jours. Le nouveau texte de loi, qui ne s’adresse qu’aux parents d’enfants malades ou hospitalisés et âgés de moins de vingt ans, garantira néanmoins aux salariés donateurs un minimum de quatre semaines de congés payés. Anonyme et gratuit, le don devra s’appuyer sur tous les documents médicaux certifiant la gravité médicale de l’état de l’enfant.


05 SOCIETE

9 - 15 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

Le festival d’Istanbul ou l’effort de révéler un autre bruit de fond…

Le Théâtre Liberté et le Centre national du Théâtre organisent un festival Scènes Grand Ecran Istanbul, du 13 au 17 mai à Toulon. L’objectif n’est pas de braquer une énième fois l’attention sur les lieux communs de cette ville, mais de plonger dans les dédales d’une métropole aux mille facettes. SAMI KILIÇ PARIS Capitale des Empires, centre du raffinement architectural et véritable musée des civilisations. C’est la grande définition d’Istanbul. Celle qui nous rappelle inlassablement que la ville aux sept collines est majestueuse, propre et sage. Chiche, ont osé dire le Centre national du Théâtre (CNT) et le Théâtre Liberté, qui ont concocté une programmation originale.

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FOCUS SUR L’UNDERGROUND Istanbul au XXIe siècle, Istanbul déjantée, Istanbul froissée. On chasse le convenu pour attirer la lumière sur les bannis, les marginaux, les figurants de la mégalopole. «Je me suis dit qu’on allait faire quelque chose de plus moderne, loin des clichés, on évoquera des récits de voyous, on parlera d’alcool, de drogue, bref des bas-fonds», explique Sedef Ecer, auteure, comédienne, artiste turque qui sera en charge d’ouvrir le festival. «Notre axe n’a pas été de glorifier l’histoire, par ailleurs extraordinaire de la Turquie et d’Istanbul, mais de comprendre comment des artistes d’aujourd’hui s’expriment là-bas sur un certain nombre de points particuliers, on a beaucoup de leçons à apprendre de ces pays qui sont assez dynamiques», abonde quant à lui Charles Berling, le directeur du Théâtre Liberté. UNE APPROCHE PLURIDISCIPLINAIRE Tous les supports seront mobilisés durant une semaine. Le public pourra se délasser l’esprit sur les plans visuel, théâtral et sonore. «Le théâtre a toujours dialogué avec tous les arts de la scène, avec la musique, les arts plastiques ; la dimension pluridisciplinaire du festival est totalement dans les préoccupations de ce que le CNT regarde, accompagne, observe», confie Stéphane Fiévet, directeur du Centre national du théâtre. Lors de la soirée d’ouverture, l’éminent traducteur Timour Muhidine parlera d’Istanbul et notamment des cultures urbaines et alternatives dans la littérature, Serhan Ada, le directeur du Santralistanbul (un des rares complexes culturels d’Istanbul) évoquera l’aspect culturel alors que l’artiste française d’origine turque Gülay Hacer Toruk chantera des airs stambouliotes. Enfin, d’autres grands noms de l’art se joindront à la cérémonie par Skype : le professeur Ali Akay, spécialiste de l’art contemporain, la très célèbre comédienne Serra Yilmaz ainsi que la critique de cinéma Alin Tasçiyan. UNE SEMAINE BIEN REMPLIE Malgré l’accent porté sur le contemporain, le classique ne sera jamais très loin. Le programme théâtral permet ainsi de voir le spectacle De la vie du célèbre poète Nazim Hikmet (1901-1963) mis en scène par le non moins respectable Genco Erkal. Le théâtre d’ombres Karagöz (inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO) et les histoires drôles de Nasrettin Hoca seront également à l’honneur. Rûsen Yildiz, le talentueux montreur d’ombres qui est devenu le grand spécialiste de cet art en France, sera présent. Côté cinéma, c’est Maurice Pialat, Fatih Akin et Nuri Bilge Ceylan qui seront en tête d’affiche. La séquence musicale est une autre merveille, le public français aura l’occasion de découvrir ou de réécouter

la musique classique d’Adnan Saygun (1907-1991) que Mustafa Kemal Atatürk, en personne, envoya à Paris pour parfaire sa formation musicologique. Paradoxalement peu connu en France, Saygun est considéré comme le plus illustre compositeur turc du XXe siècle. Le clou du festival sera sans aucun doute la photographie. Les clichés de Floriane de Lassée, du collectif Nar, de Ferhat Özgür et de Laleper Aytek permettront précisément d’entrer de plain-pied dans l’ambiance parfois délurée d’Istanbul. Quoi de mieux pour tâter l’évanescent et la profusion, la gravité et le burlesque, la joie et la peine ! «Ce sont les instants, les détails, sans lien les uns avec les autres d’une ville dont j’essaie de toucher l’âme. Certains fragments sont calmes, d’autres en colère, colorés, désespérés, obscurs ou distants et certains sont cachés », indique Aytek. Enfin, la littérature se focalisera avec Izzeddin Calislar sur le comte Michel de Pierredon dit Michel Pacha, figure incontournable dans la culture franco-turque.

LA GRANDE ABSENTE Le seul bémol, c’est sans doute cette image d’un «festival bon pour la France» qui escamote tout un pan de la réalité

Charles Berling, directeur du Théatre Liberté, Sedef Ecer, artiste turque et Stéphane Fiévet, directeur du Centre national du théatre.

stambouliote : la spiritualité. Pour une ville où s’élève une mosquée à chaque coin de rue, où siège le patriarcat œcuménique orthodoxe, une ville qui a abrité pendant plusieurs siècles, le califat, le puissant patriarcat arménien et le grand rabbinat, on aurait pu s’attendre à une touche religieuse. Même un Fazil Say, qui est peu suspect d’avoir un penchant bigot, avait évoqué dans sa magistrale Symphonie d’Istanbul, la musique mystique des tekkés, des couvents soufis. «On ne nie pas le socle religieux de la ville», assure Berling, «mais on ne peut pas tout caser, il y a un certain nombre de choses qu’on va pouvoir programmer l’année prochaine». Quoi qu’il en soit, cette ville offre des ressources surprenantes, il serait dommage de passer à côté de cette festivité. Et, comme dirait Berling, «ça donne vraiment envie de foncer à Istanbul». Renseignements : 04 98 00 56 76 Programme détaillé sur les sites : http://www.scenesgrandecran.com http:// www.theatre-liberte.fr http://www.cnt.asso.fr.

Sedef Ecer


06 TURQUIE

9 - 15 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

Erdogan fait un pas de plus vers la présidence de la République L’AKP a décidé de laisser intact le règlement intérieur du parti qui stipule qu’un député ne peut pas exercer plus de trois mandats. Or, le leader de la formation et Premier ministre turc, Tayyip Erdogan, en est précisément à son troisième mandat. Mais ne plus être chef du gouvernement signifie a contrario espérer devenir chef de l’Etat. SAMI KILIÇ PARIS Le Bureau national de l’AKP, parti au pouvoir en Turquie, a décidé de ne pas modifier le règlement interne du parti qui limite le nombre de mandats des députés à trois. Le chef de l’AKP, le Premier ministre Tayyip Erdogan, fait partie des membres qui ne pourront plus se représenter aux élections législatives de juin 2015. Le fait d’écarter cette révision, conformément au souhait d’Erdogan qui a toujours déclaré qu’il respecterait cette règle, annonce clairement les intentions du Premier ministre.

Le chef de l’AKP en est à son troisième mandat de député.

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QUELLE STRATÉGIE POUR L’APRÈS-2015 ? Ne pouvant plus demeurer à la tête du gouvernement après 2015, il ne lui reste plus qu’à briguer la présidence de la République dont les élections se tiendront le 10 août prochain. Les discussions allaient bon train

sur la stratégie du leader de l’AKP qui ne cachait pas ses ambitions présidentielles en même temps qu’il souhaitait avoir la haute main sur le gouvernement pour ne pas se morfondre dans un palais de Cankaya, siège de la présidence, qui n’a jamais satisfait un de ses locataires qui se voulait actif comme lui, le président Turgut Özal (1989-1993). L’actuel chef de l’Etat, Abdullah Gül, un fidèle du président de l’AKP, a

toujours insinué être prêt à se retirer de la course si Tayyip Erdogan se présentait. Ce dernier, qui souhaite un régime présidentiel ou semi-présidentiel, a également eu l’heur de voir le Bureau national refuser de modifier la loi électorale, dénoncée depuis longtemps comme peu démocratique mais considérée comme favorable à la stabilité gouvernementale. En effet, un parti ne peut entrer au Parlement que s’il dépasse le seuil

des 10 % à l’échelon national. L’AKP avait récemment mené des discussions pour proposer un système électoral plus équitable comme le scrutin majoritaire à deux tours par circonscription sans seuil national. Il semble que le parti craint de perdre des sièges ce qui rendrait difficile la modification de la Constitution le temps venu et la mise en place d’un régime plus conforme au souhait du «futur» président.

Les parlementaires votent la création d’une commission d’enquête -

Les députés ont voté lundi 5 mai la création d’une commission d’enquête sur les accusations de corruption soulevées contre quatre anciens ministres turcs. Au cours du débat qui a duré 17 heures, les membres de l’AKP ont notamment déclaré que le Parlement irait au fond des accusations. «Nous sommes sûrs des nôtres. Que tout soit examiné à fond, que tout soit tiré au clair. Personne ne peut couvrir ces accusations. Tout ce qui doit être fait est fait de façon légale», a dit Nurettin Canikli, vice-président du groupe parlementaire de l’AKP. Les accusations lancées en décembre dernier ont conduit à la démission des ministres de l’Economie, Zafer Çaglayan, de l’Intérieur, Muammer Güler et de l’Urbanisation, Erdogan Bayraktar. Le ministre des Affaires européennes, Egemen Bagis, n’a pas été reconduit lors du remaniement qui a suivi.

ABUS DE POUVOIR, POTS-DE-VIN ET VIOLATION DE LOIS Zafer Çaglayan est accusé d’avoir accepté 28 fois des pots-de-vin s’élevant en tout à 52 millions de dollars. Il est accusé d’avoir «créé un groupe criminel dans le but de commettre des crimes», d’avoir «procédé à des importations à l’aide de faux papiers» et d’avoir «violé la loi de lutte contre la contrebande». Çaglayan aurait ainsi été impliqué avec l’homme d’affaires iranien, Reza Zarrab, dans l’acheminement d’1,5 tonne d’or du Ghana en Turquie par avion le 1er janvier 2013. Les suspects auraient également été impliqués dans des échanges avec l’Iran de pétrole et d’or. L’ancien ministre de l’Intérieur, Güler, est accusé d’avoir accepté 10 fois des pots-de-vin, représentant un montant total de 10 millions de dollars. Il est aussi soupçonné d’avoir «mis sur pied un groupe criminel pour violer la loi», d’avoir «abusé de son autorité» et d’avoir «influencé la protection de criminels». L’ancien ministre

des Affaires européennes, Bagis, est, lui, accusé d’avoir reçu un total de 1,5 millions de dollars à trois reprises. Quant au ministre de l’Urbanisation, Bayraktar, il est accusé d’avoir donné des pots-devin à des membres du Conseil de conservation du patrimoine culturel et naturel et d’avoir modifié illégalement des restrictions de zones de construction. Bayraktar aurait fait en sorte qu’Agaoglu, magnat de la construction, ne rencontre pas de difficulté lors des contrôles fiscaux.

REJET DES ACCUSATIONS Les quatre hommes ont eu 10 minutes pour se défendre contre ces accusations. Egemen Bagis a clamé son innocence et mis en cause le Hizmet : «J’ai été la cible d’accusations systématiques de la part d’une organisation aux abois qui est prête à tout pour parvenir à ses fins». Çaglayan a rejeté toutes les allégations et a dit qu’il servait le pays avec dignité et qu’il aidait les hommes d’affaires à créer des liens commerciaux avec leurs partenaires. Il a également rejeté l’accusation selon laquelle Zarrab lui aurait payé une montre de luxe. L’ancien ministre a dit qu’il avait acheté la montre lui-même et a montré ce qu’il a dit être le reçu de l’achat. Enfin, il a nié avoir fait le pèlerinage à La Mecque avec les fonds d’un autre homme d’affaires. Güler n’a pas ouvertement rejeté les accusations mais a dit que les procureurs n’avaient pas le droit d’enquêter sur lui et de le placer sur écoute. Bagis, dont la conversation téléphonique avec le journaliste Metehan Demir a été publiée et dans laquelle il se moque du Coran, a déclaré que l’enregistrement était faux et trafiqué. «Personne ne peut remettre en question notre foi», a-t-il déclaré. Bayraktar, quant à lui, a décidé au dernier moment de ne pas s’exprimer.

Egemen Bagis et Zafer Caglayan font partie des membres de l’AKP éclaboussés par les scandales de corruption.

ET LA SUITE ? Si la commission vote l’implication des hommes dans l’affaire de corruption, elle élaborera un rapport qui indiquera les délits des anciens ministres et enverra le rapport au bureau du président du Parlement. Le président du Parlement partagera le rapport avec tous les députés au Parlement et un vote aura alors lieu. Si au moins 276 députés votent oui,

les anciens ministres seront jugés par la Haute Cour de justice (titre que prend la Cour constitutionnelle quand elle juge les ministres, les Premiers ministres et les hauts fonctionnaires). La commission aura besoin de plusieurs mois pour conclure son travail sur les anciens ministres. L’examen des accusations prendra certainement fin après les vacances parlementaires de l’été.


07 TURQUIE

9 - 15 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

L’état-major turc dément une chasse à l’homme au sein de l’armée Mehmet Görmez : «Il ne faut plus se mêler du tatouage des jeunes» SAMI KILIÇ PARIS Mehmet Görmez, le président du Diyanet, la direction des affaires religieuses, la plus haute autorité de l’islam sunnite en Turquie, a fait une déclaration insolite lors du Forum de la jeunesse, organisé par la Fondation du Diyanet et la Fondation des recherches politiques, économiques et sociales. Rappelant que les jeunes d’aujourd’hui invoquent souvent leur liberté individuelle contre les contraintes sociales, il a demandé aux parents d’adopter un nouveau langage lorsqu’ils s’adressent à leurs enfants. «La jeunesse d’aujourd’hui ne souhaite plus seulement entendre des conseils mais préfère s’exprimer à travers un vrai dialogue», a-t-il déclaré. Selon le "grand mufti", les mouvements de jeunesse dans les pays arabes et en Turquie ont entraîné une «métamorphose sur le plan de l’appartenance» ce qui crée un nouveau paradigme.

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ACCOMPAGNER LE PHÉNOMÈNE «Nous nous dirigeons d’une idée d’appartenance à la communauté musulmane vers la posture du musulman individualiste, celui qui se définit avant tout comme libre et nous devons réfléchir sur les circonstances de cette évolution, ses conséquences fastes et néfastes», a-t-il poursuivi. Loin de fustiger ce «fait social», Görmez pense qu’il faut accompagner le phénomène. «Le jeune d’aujourd’hui accorde une très grande importance à sa vie privée. Il récuse toute atteinte à sa vie privée, à sa coupe de cheveux, à sa barbe, à sa boucle d’oreilles, à son tatouage et pour tout dire, je pense qu’il ne faut pas se mêler de ces choseslà», a-t-il souligné, avant d’ajouter qu’il ne faut pas trop intervenir dans «les zones grises entre ce qui est licite (helal) et illicite (haram). Ce qui ressort de la liberté individuelle ne doit pas être enserré dans le cadre de la religion. Au lieu de s’immiscer dans l’habillement ou les accessoires, il faut essayer d’atteindre [le] coeur».

Le siège de l’état-major de l’armée turque.

L’état-major turc a publié un communiqué sur son site Internet rejetant les accusations de liquidation contre le personnel qui serait proche du Hizmet. SAMI KILIÇ PARIS L’état-major turc affirme dans un communiqué ne pas mener de «chasse à l’homme» contre le personnel proche du Hizmet, mouvement civil d’inspiration religieuse accusé par le Premier ministre Tayyip Erdogan d’être à l’origine des enquêtes de corruption lancées contre certains de ses ministres le 17 décembre 2013. En effet, selon la presse pro-gouvernementale, lors de la réunion du Conseil de sécurité nationale (MGK) qui s’était tenue le 30 avril 2014, le gouvernement aurait demandé aux militaires de prendre des mesures contre «l’organisation parallèle» et de fixer la liste des soldats proches du

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Hizmet pour les expulser de l’armée en août 2014, période traditionnelle des promotions et des licenciements. «L’armée turque agit conformément à la Constitution, aux lois, aux règlements et aux circulaires en vigueur», a précisé le communiqué, avant de rappeler que «les forces armées n’ont, à aucune période, fait de distinction ethnique ou religieuse parmi leurs membres».

DES LICENCIEMENTS CONFORMES Tayyip Erdogan ne cessait, depuis des semaines, d’annoncer des liquidations contre ce qu’il appelait «l’Etat parallèle» qui se serait infiltré dans toutes les administrations de l’Etat. Le communi-

qué du MGK avait seulement précisé que «les discussions [avaient] porté sur les organisations qui menacent notre sécurité nationale et les mesures qui doivent être prises pour lutter contre elles». «Cela montre que ce n’est plus une affaire qui concerne certaines personnes mais directement l’Etat», a précisé quant à lui Bekir Bozdag, le ministre de la Justice. L’armée vient d’affirmer qu’elle ne projetait pas de mener une enquête spécifique contre ceux de ses membres dont le seul «tort» serait d’être affilié au Hizmet. «Les licenciements se font selon les motifs et les preuves juridiques prévus par la loi», a conclu le texte.

Quand Erdogan cible des alévis d’Allemagne -

En visite en Turquie en ce début de semaine, le président allemand Joachim Gauck s’est dit «horrifié» par la situation générale en Turquie. La réponse d’Erdogan ne s’est pas fait attendre. Le Premier ministre turc a attribué cette position du président allemand à une influence de certains groupes alévis allemands. «En Allemagne, il y a ce qu’on appelle "l’alévisme sans Ali", une foi athée présentée comme étant l’alévisme. En Turquie, il n’existe pas ce genre d’alévisme. [Gauck] a parlé comme le fait un petit groupe d’alévis athées soutenu par les Allemands. C’est déplacé», a fustigé Erdogan.

Manifestations d’alévis en Allemagne, lors de la visite de Recep Tayyip Erdogan à Berlin le 31 octobre 2012.

LES RÉACTIONS DES ALÉVIS Quant aux alévis d’Allemagne, ils ne sont pas restés silencieux. Le secrétaire-général de l’Union islamique alévie, Remzi Meziroglu, a déclaré ce mardi que l’alévisme était une «interprétation authentique de l’islam», rejetant ainsi les remarques d’Erdogan. «Nous condamnons l’expression d’alévis athées’ d’Erdogan et la rejetons en tant qu’institution alévie», a déclaré Meziroglu. Le secrétaire-général a dit qu’être athée voulait dire n’avoir aucune foi et qu’il était incorrect de qualifier comme tels les alévis. Quant au président de la Fédération alévie allemande, Hüseyin Mat, il a déclaré qu’Erdogan souhaitait diviser les alévis.


TURQUIE aa 09GÜNDEM

9 - 15 MAI 2013 2014 ZAMAN FRANCE WW – WW WWWWW

La famille Koç en tête des contribuables turcs Le classement des plus importants contribuables de Turquie pour l’année 2013 a été publié ce dimanche 3 mai. A sa tête, sans surprise, la famille Koç.

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La famille Koç, à la tête de la fameuse société Koç, se retrouve au sommet de la liste élaborée par l’administration des revenus (GIB) des plus importants contribuables de Turquie pour l’année 2013, publiée ce dimanche 3 mai. Rahmi Koç, président de la fameuse société Koç, est le contribuable numéro un du classement. Il détrône ainsi sa sœur Semahat Sevim Arsel, qui était première de la liste en 2011 et 2012. Alors qu’Arsel a payé plus de 31 millions de livres turques d’impôt sur le revenu, Rahmi Koç a payé un peu moins de 37,5 millions de livres turques. La famille Koç, qui occupe les six premières places des plus gros contribuables, a payé un total de 120 millions de livres turques d’impôts en 2013. Elle avait pris les 6 premières places du top 10 de la liste des 100 plus importants contribuables en 2012.

GRANDS INDUSTRIELS ET PROPRIÉTAIRES DE MÉDIAS Sarik Tara, président d’honneur de la société de construction ENKA, prend la septième place de la liste, ayant payé des impôts s’élevant à un peu moins de 15 millions de livres turques. De nombreux membres de la famille Sabanci, de la société Sabanci, figurent également sur la liste. Abdulkadir Konukoglu, président du conseil de la société Sanko, prend la 46e place tandis qu’Erdogan Demirören, fondateur du groupe Demirören, prend la 56e place. On retrouve également dans le top 10 Aydin Dogan, fondateur de la société Dogan, grande entreprise turque à la tête de plusieurs grands médias nationaux. Deux noms du top 10 ont demandé à ne pas être mentionnés. La 16e place est décernée à Murat Ülker, président d’Ülker, géant de l’industrie alimentaire, qui a payé plus de 6 millions d’impôts l’année dernière. Ali Agaoglu et Mustafa Latif Topbas, accusés respectivement dans la 1ère et la 2e vague d’enquêtes anticorruption figurent également dans le top 100. Agaoglu, magnat de la construction, prend la 41e place du classement et Topbas, propriétaire de la chaîne de grande distribution BIM, prend la 12e place. Cem Yilmaz et Kivanç Tatlitug, acteurs turcs célèbres, figurent à la 73e et à la 90e place. Acun Ilicali, célébrité du petit écran et propriétaire du groupe Acun Media, est à la 15e place. Ilicali est connu pour produire et présenter les versions turques de programmes de téléréalité comme Survivor et Danse avec les stars. Muharrem Yilmaz, président de l’Association des industriels et des hommes d’affaires turcs (TÜSIAD) figure, lui, en 59e position.

Rahmi Koç, numéro un du classement des plus importants contribuables turcs.


GÜNDEM aa 10 INTERNATIONAL

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C’est, selon les autorités, le nombre de villageois afghans qui sont morts ensevelis sous 100 mètres de boue après un glissement de terrain survenu vendredi dernier dans la province de Badakhshan .

Merkel soutient les propos de Gauck sur la Turquie La chancelière allemande Angela Merkel a exprimé son soutien au président allemand Joachim Gauck qui s’était déclaré «horrifié» par la situation en Turquie.

-Deutsche Welle

L’attaché de presse de Merkel, Steffen Seibert, a déclaré au journal ce 30 avril que le gouvernement fédéral allemand soutenait le point de vue du président. «Il n’y a aucune différence d’opinion entre le président et le gouvernement fédéral», a-t-il dit, avant d’ajouter : «Ce sont là des points essentiels que nous devons aborder conformément à nos valeurs et nos principes». Seibert a également indiqué que les millions de Turcs qui vivent en Allemagne n’expliquent pas à eux seuls l’existence de liens étroits avec la Turquie et que l’ouverture était un aspect majeur de ce partenariat.

La chancelière allemande et le Président Gauck.

UN PRÉSIDENT «HORRIFIÉ» PAR LA SITUATION TURQUE Dans un discours prononcé à l’université technique du Moyen-Orient à Ankara (ODTÜ) lundi, Gauck s’était interrogé sur la démocratie en Turquie et avait critiqué le gouvernement turc pour avoir censuré internet, contrôlé le système judiciaire et accordé de plus grands pouvoirs aux services de renseignement (MIT). Gauck a déclaré qu’il était «horrifié» par la situation turque. «Ne pre-

nez pas ce que je vous dit comme une ingérence dans vos affaires nationales», avait déclaré le président allemand en s’adressant à un groupe d’étudiants. «[Mais] je dois vous avouer que la situation en Turquie m’horrifie», a-t-il dit. Il a ajouté que ces remarques avaient pour seul but de faire part de ses inquiétudes en tant que citoyen d’un pays démocratique.

DES RÉACTIONS ENVENIMÉES Erdogan n’avait pas tardé à réagir et avait fulminé lors de la réunion du groupe parlementaire de son parti : «Le président allemand n’agit pas comme un homme d’Etat, probablement parce qu’il se croit encore pasteur», ajoutant que Gauck devrait garder ses conseils pour lui. En réponse au Premier ministre turc, Gauck a indiqué qu’il n’avait rien inventé vis-à-vis du contenu de ses propos et qu’il s’était même retenu de faire d’autres remarques. «J’ai le droit de faire ce que j’ai toujours fait. J’ai parlé de questions essentielles qui sont débattues en société. C’est normal de faire cela entre amis», a réagi le président allemand, d’après l’agence de presse Dogan.

Moyen-Orient : un juif et un musulman accompagneront le pape

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D’après les statistiques officielles chinoises, les Ouïghours représentent 45 % des 22 millions d’habitants du Xinjiang, et les Hans plus de 40 %, contre 6 % en 1949.

Pékin fait la chasse aux barbus et aux femmes voilées FOUAD BAHRI PARIS Dans le sud-ouest de la Chine, la barbe et le voile sont désormais sous surveillance. Pékin vient d’annoncer des récompenses aux habitants du Xinjiang qui dénonceront leurs voisins qui seraient tentés de se laisser pousser un duvet facial, d’après une information de l’AFP publiée par nos confrères de Faits-religieux.com. D’un montant de 50 à 50 000 yuans (5,50 à 5 500 euros) la récompense est promise à propos de toute infor-

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mation concernant des personnes «se livrant à des activités religieuses illégales», d’après le quotidien Global Times. Une initiative qui rejoint la campagne menée contre le port du voile chez les musulmanes du Xinjiang, intitulée «Objectif Beauté».

UNE RÉGION SOUS HAUTE TENSION La province du Xinjiang possède une population estimée entre 11 et 23 millions de musulmans, parmi lesquels 10 millions de Ouï-

ghours turcophones. D’après les statistiques officielles chinoises, les Ouïghours représentent 45 % des 22 millions d’habitants du Xinjiang, et les Hans plus de 40 %, contre 6 % en 1949. Les Ouïghours s’élèvent depuis des années contre la marginalisation dont ils sont l’objet de la part de Pékin et la politique de colonisation démographique menée par l’éthnie Han. Par ailleurs, les tensions se sont accrues depuis le 28 octobre dernier, date d’un attentat attribué à des extrémistes du Xinjiang.

Un rabbin et un professeur musulman argentins accompagneront le pape François dans son voyage à Amman, Bethléem et Jérusalem, du 24 au 26 mai, a annoncé samedi le Vatican. Omar Abboud, président de l’Institut pour le dialogue interreligieux de la capitale argentine et le rabbin de Buenos Aires, Abraham Skorka, seront aux côtés du pape pour son premier voyage en Terre sainte. Il s’agit là d’une première dans l’histoire des papes. Ce voyage est déjà perçu comme une volonté de renouer et d’intensifier les dialogues interreligieux, notamment avec l’islam, en effaçant le mauvais souvenir du pontificat de Benoît XVI, marqué par des polémiques avec le monde musulman. Pour Omar Abboud, le dialogue entre les religions «ne se limite pas aux séances de photos». «C’est un véritable engagement, car nous savons que nous ne pouvons pas nous en sortir sans ce dialogue», a déclaré le président de l’Institut pour le dialogue interreligieux de la capitale argentine.


08 TURQUIE

9 - 15 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

331 jeunes enlevés par le PKK en six mois

TRIBUNE LIBRE ABDURRAHMAN ATLI Sécrétaire général de la FEDIF Grand Est

Le rêve d’Erdogan Le 10 août prochain, les citoyens turcs seront appelés à élire le douzième Président de la Turquie. Une première en soi qui émane de la modification du mode de scrutin via le référendum de 2010. Alors que le peuple turc va élire pour la première fois le chef de l’Etat, les dernières déclarations du premier ministre Recep Tayyip Erdogan montrent sans doute jusqu’où la soif de tout contrôler ne doit pas et ne peut pas aller. Le premier ministre a déclaré, je cite, «Mon rêve est celui d’un régime présidentiel pour mon pays». Les parents et autres proches des lycéens enlevés ont organisé un sit-in à Diyarbakir le 27 avril en signe de protestation.

Un rapport élaboré par l’unité anti-terrorisme du département de la police nationale indique que le PKK a kidnappé 331 enfants dans les six derniers mois. Dernière affaire en date, 15 jeunes hommes ont été enlevés par le groupe après un pique-nique.

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Le PKK a jeté son dévolu sur 15 jeunes hommes le 23 avril dernier lors du Jour des enfants dans le quartier de Lice à Diyarbakir. Les jeunes, que le PKK avait emmené pique-niquer ce jour-là, ne sont jamais rentrés chez eux. Les parents et autres proches des lycéens enlevés ont organisé un sit-in à Diyarbakir le 27 avril dernier en signe de protestation et ont demandé que des mesures soient prises pour que leurs enfants reviennent chez eux. Erol Böçkün, père de l’un des lycéens, a déclaré qu’il n’avait aucune idée de l’endroit où se trouvait son fils. «Peut-être qu’ils ont tué mon fils. Comment peuvent-ils enlever un jeune

de 15 ans pour le recruter ?», s’est-il interrogé. Erol Böçkün a également indiqué que des membres du BDP avaient parlé avec le PKK pour les convaincre de relâcher les jeunes hommes mais que le groupe avait refusé.

FORMÉS AUX TECHNIQUES DU PKK Afin d’attirer plus de militants dans ses rangs, le KCK et le PKK ont créé 48 centres de formation dans 10 provinces turques où un total de 8 500 jeunes sont formés selon l’idéologie et les techniques du PKK, révèle le rapport de police. Celui-ci précise également que d’ordinaire, le PKK fait signer une fiche d’approbation aux

familles des milliers d’individus qui rejoignent les rangs du groupe. Selon les forces de sécurité, le PKK a ouvert ces centres pour recruter plus de membres et renforcer sa base de soutiens. Elles ont également dit que ces centres avaient été créés afin d’encourager une plus grande utilisation du kurde dans le sud-est du pays et ainsi d’établir une autonomie démocratique. Le financement de ces centres est majoritairement assuré par les municipalités administrées par le parti pro-kurde, le BDP, d’après un autre rapport de police qui indique également qu’entre 2000 et 2012, près de 4000 jeunes ont été envoyés dans les montagnes par le PKK.

Freedom House place la Turquie dans la catégorie des pays «non libres» Freedom House, organisation qui évalue la liberté dans le monde, a noté un «important déclin» de la liberté de la presse en Turquie en 2013. Résultat, de la catégorie «partiellement libre», le pays est passé à celle de «non libre», selon le rapport «Liberté de la presse 2014».

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Freedom House a annoncé avec la publication de son rapport annuel sur la liberté de la presse le 1er mai que la liberté des médias avait atteint son niveau le plus faible dans toute la dernière décennie : «La liberté de la presse dans le monde est tombée à son niveau le plus bas en plus d’une décennie en 2013, les espoirs soulevés par le Printemps arabe ayant été encore plus anéantis par une régression majeure en Egypte, en Libye et en Jordanie et des revers ayant eu lieu en Turquie, en Ukraine et dans plusieurs pays de l’Afrique de l’Est». Le rapport souligne que le déclin le plus important d’Europe a été enregistré en Turquie et que le pays est passé de la catégorie «partiellement libre» à la catégorie «non libre».

UNE LIBERTÉ QUI S’EST «BRUSQUEMENT DÉTÉRIORÉE» «Les garanties constitutionnelles concernant la liberté de la presse et d’expression ne sont mises en œuvre que de façon partielle car elles sont entravées par des dispositions limitatives du code pénal et de la loi anti-terrorisme. La Turquie reste le pays où le nombre de journalistes incarcérés est le plus élevé en 2013, avec 40 journalistes derrière les barreaux au 1er décembre, selon le Comité de protection des journalistes (CPJ)», précise le rapport. «La liberté de la presse s’est brusquement détériorée au cours de l’année, les journalistes ayant été harcelés et attaqués alors qu’ils couvraient les manifestations de Gezi et des dizaines ont été licenciés ou forcés de démissionner parce qu’ils avaient couvert certaines informations à la demande des manifestants», ajoute le rapport. «En Tur-

quie, des dizaines de journalistes ont dû quitter leur profession parce qu’ils ont couvert des sujets politiquement sensibles, comme les négociations entre le gouvernement et le PKK, les manifestations de Gezi ou les affaires de corruption», dit le rapport. «Les licenciements ont mis en lumière les liens étroits qui existent entre le gouvernement et de nombreux propriétaires de médias ainsi que la pression formelle et informelle exercée sur les journalistes». Avec la Turquie, plusieurs autres pays sont passés de la catégorie «partiellement libres» à celle de «non libres» : la Libye, le Soudan du Sud, l’Ukraine et la Zambie. Concernant les EtatsUnis, Freedom House a indiqué que la «liberté de la presse aux Etats-Unis s’[était] détériorée principalement à cause des tentatives du gouvernement de décourager les reportages sur des questions de sécurité nationale».

GARDER LA MAIN SUR L’AKP L’intervention d’Erdogan manque de clarté quant à ses motivations. Je ne doute pas un instant qu’il défendra bec et ongles sa position jusqu’aux élections présidentielles. Cette prise de position est très inquiétante dans la mesure où il est question d’un changement radical de régime politique dans un laps de temps très court, sans concertations réelles. Si l’idée sous-jacente de Recep Tayyip Erdogan était de sauver l’AKP, pour que le parti ne subisse pas le même sort que celui de la Mère Patrie (ANAP) de Turgut Özal le pari n’est pas gagné d’avance. Le premier ministre et plus particulièrement ses proches savent très bien que le parti risque d’éclater si Erdogan accède à la Présidence. Ainsi le chef du gouvernement cherche à mettre en place un système qui lui permettra d’avoir la main sur l’AKP tout en restant au sommet de l’Etat. UN RÉGIME SEMI-PRÉSIDENTIEL ? Alors qu’en France on discute d’une république référendaire ou bien d’une VIe République, en Turquie, on entend des voix s’élever en faveur du régime semi-présidentiel (modèle français) ou du régime présidentiel classique (modèle américain). Ces propositions, qui jusqu’à aujourd’hui relevaient d’une minorité, suscitent des controverses. Dès le début des années 1970, les fervents défenseurs du régime présidentiel ont sans cesse mis en évidence l’instabilité politique de la Turquie et en ont fait leur cheval de bataille. Dans la même idée, Recep Tayyip Erdogan se plaint en permanence que les initiatives du gouvernement soient régulièrement bloquées par les hautes instances judiciaires, en soulignant que son parti veut éliminer «le déséquilibre entre ceux qui sont élus et ceux qui sont nommés». LE CONTRÔLE DES POUVOIRS Je crains que stabilité politique ne rime pour Erdogan avec un contrôle minimal sur son pouvoir et celui de son parti. Quoi qu’il en soit, le Président de la Cour constitutionnelle Hasim Kılıç ne voit pas la chose du même œil. Il l’a fait savoir lors de son discours à l’occasion du 52e anniversaire de la fondation de la plus haute juridiction turque. «Dans un Etat de droit, les tribunaux ne reçoivent ni ordres, ni instructions. De plus, ils ne peuvent être guidés par des sentiments d’amitié ni d’hostilité» a t-il dit. Ces propos n’ont pas eu l’air de plaire aux cadres de l’AKP qui ont aussitôt pointé du doigt les dires du Président Kılıç contre les politiques à caractère autoritaire d’Erdoğan. Outre, le désenchantement des cadres de l’AKP, le Président Abdullah Gül a fait lui aussi savoir son mécontentement à Haşim Kılıç, le même qui en 2008 s’était prononcé contre la dissolution de l’AKP. DU CÔTÉ DE CHEZ GÜL Le comportement du chef de l’Etat envers le Président de la Cour a cependant suscité l’émotion au sein de l’intelligentsia turc qui pense que Gül doit aurait dû se démarquer des politiques d’Erdogan. Il n’en est rien ! Rappelons que M. Gül n’a pas hésité à valider les lois très controversées sur la fermeture des «dershane» (centres de soutien scolaire privé) contraire à la liberté d’entreprendre, la censure de YouTube et Twitter mais aussi la nouvelle loi qui confère des pouvoirs accrus et sans précédent aux services secrets turcs (MIT). Même si au fond Gül a tenté de donner l’impression qu’il était contre la censure sur internet, le chef de l’Etat s’est aligné sur Erdoğan et a aussitôt refilé la patate chaude à la Cour constitutionnelle. Fallait-il terminer un mandat ainsi ? Hélas, l’AKP et son Président n’ont fait que détruire ce qu’ils avaient bâti… a.atli@yahoo.fr


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9 - 15 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

L’archevêque Desmond Tutu reçoit le prix Gülen de la paix -

L’archevêque sud-africain Desmond Tutu, lauréat du Prix Nobel de la paix, a reçu le prix Fethullah Gülen de la paix et du dialogue lors de la septième cérémonie annuelle des prix des conférences et des dialogues Ubuntu (notion issue de l’Afrique subsaharienne qui a inspiré la politique de réconciliation nationale de Nelson Mandela, ndlr) à Johannesburg ce mercredi 30 avril. La remise des prix a été organisée par le «Turquoise Harmony Institute», centre de dialogue inspiré par le penseur Fethullah Gülen, visant à promouvoir la compréhension mutuelle et l’échange entre les peuples de différentes cultures et religions.

«RÉVEILLE-TOI AFRIQUE DU SUD» L’archevêque Tutu s’est vu remettre son prix par Hüseyin Hurmali de la Fondation des journalistes et des écrivains turcs (GYV) dont Gülen est le président d’honneur. Soulignant l’importance de l’engagement des bénévoles turcs vis-à-vis de l’Ubuntu

En Tunisie, les pro Ben Ali pourront faire de la politique L’Assemblée constituante tunisienne vient de voter à une très courte majorité contre l’article 167 du projet de loi électorale qui prévoyait d’interdire toute participation politique aux anciens du parti de Ben Ali, le RCD. Si pour certains observateurs de la vie politique, le vote des parlementaires tunisiens, notamment le groupe des élus Ennahda, n’était pas une surprise, pour les militants de la révolution tunisienne, en revanche, la douche froide est mal passée.

UN VOTE EXTRÊMEMENT SERRÉ Comme le relate le journaliste Seif Soudani, dans un article publié dans Courrier de l’Atlas, l’article 167 crucial du projet de loi électorale portant sur l’exclusion politique n’est finalement pas passé à l’issue d’un vote extrêmement serré, «avec 108 voix pour, 43 abstentions et 23 voix contre, lors de la séance plénière du mercredi 30 avril. 109 voix auraient été suffisantes pour son adoption, mais 43 élus étaient absents». Du côté des élus islamistes, «39 élus Ennahdha votent pour mais 5 votent contre et surtout 26 s’abstiennent de voter». Ce vote a provoqué un vrai tollé dans les franges de l’opinion publique tunisienne la plus acquise à la révolution qui a mis un terme au régime de l’ancien dictateur Ben Ali. Pour autant, le leader d’Ennahda avait exprimé sa position, refusant l’exclusion au nom de la réconciliation nationale. Un message qui risque d’être insuffisant, y compris dans les rangs de la jeunesse nahdaouie.

en Afrique du Sud, Tutu a déclaré : «Nous avons des ressources. C’est une chose abominable qu’un enfant dans ce pays se couche le ventre vide. Réveille-toi, Afrique du sud, et exploite ton potentiel», a-t-il ajouté. Tutu est un militant sud-africain pour les droits sociaux et ancien évêque anglican. C’est dans les années 1980 qu’il acquiert une renommée internationale pour ses actions contre le régime de

l’apartheid en Afrique du Sud. Il a été récompensé du Prix Nobel de la paix en 1984 et a accédé au poste de président de la Commission de la vérité et de la réconciliation créée en 1995. Le prix Fethullah Gülen de la paix et du dialogue est décerné à des individus ou organismes ayant fait des contributions remarquables dans les domaines du dialogue, de la paix et de l’harmonie au sein de la société.

Desmond Tutu (à droite) est un militant sud-africain pour les droits sociaux.


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9 - 15 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

PHOTO : FATIH TURSUN

Alper Irmak, créateur d’images et d’envies

Alper Irmak est né à Lyon en 1982.

Lancée en 2005, la marque de prêt-à-porter chic et urbaine Irmak, qui porte le nom de son créateur Alper Irmak, entre à l’ère digitale après l’investissement fin 2013 de la holding familiale franco-turque NIV, grossiste spécialisé dans les vêtements pour femmes. C’est un nouvel élan pour ce jeune autodidacte de 32 ans qui reste maître à bord. Il s’est confié à Zaman France. TEXTE ET PHOTO : FATIH TURSUN Pourquoi avoir délaissé les boutiques pour le net ? Le but est de proposer grâce à ce canal de distribution, de la mode moins cher. Essayer de tirer les prix au plus bas en évitant les intermédiaires et continuer à soigner l’image et à proposer des produits sympathiques. Et puis on voulait contrôler au maximum notre distribution. La proximité avec le client représentait notre force dans les boutiques. Aujourd’hui, c’est un même accompagnement qu’on cherche à mettre en place, mais virtuellement, avec un accompagnement de service : le créateur toujours présent, une réactivité importante, un accompagnement, tout sur internet. Mais c’est beaucoup plus dur. Il y a une toujours une clientèle qui aime toucher et palper le produit. Tous les jours on doit diffuser au moins une actualité sur tous nos réseaux. Il faut justement travailler son référencement en permanence. Et c’est très concurrentiel. On peut être vite oublié. Mais dès que ça prend, dès qu’on a cette clientèle qui fait le test d’acheter notre produit, de voir la qualité, la coupe, et qui en parle autour… c’est l’effet boule de neige qui met un peu plus de temps.

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«Certains me disent que ma personne a plus de place que ma griffe» Comment s’est fait le lancement de ta marque ? Au début, j’ai travaillé à Lyon dans une boutique très haut de gamme, Graphiti, où j’ai fait mes armes. C’est là que je me suis imprégné de la mode, des tissus et surtout de l’approche de la clientèle. C’est un travail de créer l’envie. Ce sont surtout les clients qui m’ont poussé. Ils m’ont dit mot pour mot : «Gamin ne reste pas là à être vendeur ! Tu as une force de persuasion. Tu as quelque chose en toi, lance-toi». Et je me suis lancé. C’est là que j’ai constaté qu’il fallait gérer une entreprise avec une main de fer. Il n’y avait pas beaucoup de place pour les rêves, mais beaucoup pour les finances, la comptabilité et la rentabi-

lité. C’est la réalité… Il faut que ça aille vite, qu’il y ait des ventes, des résultats. J’ai compris qu’il fallait m’entourer des meilleurs. Faire des shootings, travailler avec de très bons photographes, aller dans les galas, dans les festivals et me faire un réseau très rapidement. Et ça là que j’ai décidé de lancer mon premier défilé. Mon dernier et quatrième défilé a accueilli 800 invités. Ce n’est pas moi qui ai fait le travail. Ce sont les gens qui sont venus et qui ont fait de la communication en parlant du défilé… C’est quoi le plus important ? Toujours l’image. Aujourd’hui Irmak a fait son identité sur le marketing. Créer son style autour de l’image. 80 % de mon métier ce n’est pas de réfléchir au produit qui va cartonner demain, mais plutôt à la façon dont un produit peut faire le buzz. Qui pourrais-je habiller ? Qu’estce que je pourrais faire ? Quel jeu concours je pourrais créer ? Quelle image je pourrais diffuser ? Où être ? Quand ? Comment ? Aujourd’hui certains me disent que ma personne a plus de place que ma griffe. Pourquoi t’es-tu associé à NIV (holding familiale franco-turque ndlr)? Au bout d’un moment quand tu es tout seul, tu arrives où tu devais arriver, tu ne peux plus évoluer. Et il faut faire un choix. Il y a un facteur très important aussi, c’est les finances. Les banques ne suivaient pas, malgré tout ce que ce qu’on pouvait dégager. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai signé. NIV, sont des gens que je connaissais et qui ont été sponsors de mon dernier défilé. C’est une holding familiale franco-turque qui a 15 ans d’expérience. Nous avons la même vision d’Irmak. Quel est ton lien avec la Turquie ? En tant que créateur je suis obligé d’y aller une fois par an pour me ressourcer. C’est dans mes gènes… Si je suis loin de chez moi, je suis vulnérable. Et j’ai constaté qu’en termes de mode et de clientèle, ça a énormément changé depuis ma jeunesse. Les jeunes Turcs sont très tendance. Istanbul a dépassé certaines grandes capitales. J’ai eu un tort énorme de ne pas m’être fait connaître en Turquie. J’aimerais rapidement toucher cette jeune clientèle. Et en plus, j’ai un avantage : c’est une fierté de voir l’un des leurs réussir, avec un nom qui sonne très turc…Un Turc

qui a créé une ligne de vêtement…On aimerait donc rapidement se faire connaître en Turquie et en Allemagne. Tu es un autodidacte… Je suis originaire de la région de Yozgat (rires)…Il est rare que les gens de cette région se retrouvent dans la mode et dans l’image. C’est une blague chez les Turcs : sizden de çikar mi böyle modaci ? (Ah il y a même des stylistes qui viennent de chez vous ?). En général, c’est plus les gens d’Istanbul, des grandes villes qui font ça. Je suis un autodidacte. J’ai fait de courtes études. J’ai un BEP comptabilité et un Bac professionnel commerce en alternance. Et tes parents dans tout ça ? Mes parents ne comprenaient pas trop. Pour eux, ce n’était pas un métier ce que je faisais. Ils ne comprenaient pas comment des gens pouvaient acheter leur nom (rires)… un sweat où c’est marqué Irmak. D’autant que je n’avais pas fait d’études pour ça. Mais quand mes parents m’ont vu à la télé, ça leur a fait chaud au cœur…


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Islam et renaissance arabe : rupture ou continuité ?

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le Prophète, devenu père d’un fils, Qâsim, était-il devenu Abû lQâsim. Cette kunya célèbre est à l’origine du prénom / patronyme Belkacem. Lorsque le second élément n’est pas le prénom d’un enfant, mais une qualité, le tout s’entend au figuré : Abû al-Mahâsin signifie ainsi «Celui aux Vertus». Deuxièmement, l’ism, le nom personnel. On trouve ici une grande variété formelle. Des noms, des adjectifs, des participes : Fu’âd, «Cœur», Farîda, «Unique», Fâtih, «Conquérant». Des noms antéislamiques, qui ont survécu parce qu’ils ont été portés par le Prophète – Muhammad, «Loué», Mustafa, «Elu» –, des membres de sa famille – ‘Abbâs, «Lion» –, ou des figures majeures de l’islam du premier siècle (‘Umar, ‘Alî, ‘Uthman, etc.). Des noms hébraïques, sous leur forme coranique :

Ibrâhîm (Abraham), Sulaymân (Salomon), Yahya (Jean), etc. Des composés dont le second élément est le nom de Dieu, ou l’un de ses 99 attributs : ‘Abd Allâh, «Serviteur de Dieu», ‘Abd al-Qâdir, «Serviteur du Puissant», etc. Des noms issus de la tradition des peuples conquis à l’islam : berbère (Yidder), persane (Khusraw, Rustam), turque (Arslan, Timur). Les derniers apparaissent vers le XIe siècle, avec les migrations turciques en Anatolie, en particulier seldjoukides et oghouzes. Portés par des chefs militaires, on les rencontre dans nombre de chroniques médiévales liées à l’Egypte et à la Syrie, jusqu’à la tardive période mamelouke (XVIe siècle). Ils tombent en désuétude sous l’empire ottoman, avant d’être remis à l’honneur au XXe siècle par les nationalistes turcs. On y trouve des éléments appartenant au fond turcique le plus ancien, notamment des noms de prédateurs : Babur, Bay-Bars, Alp-Arslan, Sonkur, Er-Toghril. Des noms à valeur propitiatoire, exprimant le vœu des parents : Yeter, «Assez», après une succession de filles et donc l’absence d’héritier mâle. La période ottomane forgera des noms à partir de notions abstraites (Tewfiq, Hikmet), en y joignant parfois le suffixe -i (Selâmi).Troisièmement, le nasab, la chaîne généalogique, où le nom du père suit la mention «fils», en arabe et en berbère (Ibn, Aït), ou la précède, en turc et en persan (-oğlu, -zâdê) : ainsi Rabî‘ Ibn Zayd, nom de l’évêque d’Elvire dans l’Espagne omeyyade, ou plus près de

nous, Tugay Kerimoğlu, nom d’un célèbre footballeur turc.

NISBA ET LAQAB

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& à voir...

Entre déscolarisation et avenir, des jeunes se racontent En France, près de deux millions d’individus âgés de 15 à 29 ans ne sont ni scolarisés, ni en formation, ni actifs. Un pan entier de la jeunesse est ainsi laissé à la dérive. Comme l’indique d’emblée l’affiche, c’est cette jeunesse en déshérence, résignée et vulnérable, que le réalisateur Christian Zerbib a voulu rendre audible et visible. Ni enquête sociologique, ni

enquête politique, le documentaire est une sorte de film choral dont l’objectif est de montrer de l’intérieur la réalité de cette gigantesque machine à broyer l’avenir qu’est la déscolarisation. Vingt jeunes filles et garçons, tous déscolarisés, originaires de Dijon et de Toulouse, racontent leur parcours, se racontent et se livrent, sans interface, sans grille de lecture

préétablie. Ils parlent dans leur langue, avec sa vérité crue. Ils portent en eux, audelà de leur situation particulière, une sorte de condition universelle de la jeunesse. Au travers de ces autoportraits dictés par l’intime, pointe la conviction qu’ils peuvent redevenir maîtres de leur destin, et redonner un sens au mot avenir.

Jeune, réalisé par Christian Zerbib (documentaire, France, 2014, 1h34). Avec Marieke Ambroise, Soufiane Asraoui, Fayed Ben Ali. Sortie en salles le 7 mai.

Le 13 mai à 20h00 Théâtre Liberté Place de la Liberté 83000 Toulon

Une conférence de Haoues Seniguer, chercheur associé au GREMMO, proposée dans le cadre du cycle «Renaissances arabes et musulmanes».

Orient Express : un voyage initiatique de l’Occident vers l’Orient.

L’Orient Express, ce n’est pas un train mais un voyage. Projection et débats autour du documentaire d’Alex Décotte pour suivre les traces de ces voyageurs qui, aujourd’hui encore, s’offrent le luxe de réaliser leur rêve. Train de nuit, haute gastronomie, escales et palaces… tout un monde.

«La période ottomane forgera des noms à partir de notions abstraites (Tewfiq, Hikmet), en y joignant parfois le suffixe -i (Selâmi)» territoire byzantin), ou qu’il y a séjourné (cas fréquent chez les savants, grands voyageurs en Islam). Enfin, le laqab, surnom, pointe une caractéristique physique – alAswad  / Kara, (Lenoir) –, ou sociale – al-Haddâd / Demir (Lefebvre, c’est-à-dire, le Forgeron). Le laqab a notamment permis de forger un grand nombre de titulatures, les unes exaltant le pouvoir temporel – ‘Imâd ad-Dawla, «Pilier de l’Empire» (nom du fondateur de la dynastie bouyide en Iran au Xe siècle) –, les autres, le pouvoir spirituel – Sayf ad-Dîn, «Epée de la Religion» (nom d’un sultan mamelouk d’Égypte au XIIIe siècle). Les composés de la seconde forme sont aujourd’hui des prénoms.

Soirée sur Istanbul, son urbanisme, sa vie underground, son humour... conçue et animée par Sedef Ecer, auteure dramatique, scénariste et journaliste. Avec Nora Seni, politologue et urbaniste, Timour Muhidine, professeur de littérature et Gülay Hacer Toruk, chanteuse.

Le 15 mai à 18h00 Maison de l’Orient et de la Méditerranée 7, rue Raulin 69007 Lyon

Quatrièmement, la nisba, nom de relation, qui lie l’individu à un lieu, soit parce qu’il y est né – alBukhârî, «le Boukhariote» (nom du grand compilateur de hadiths), al-Qurtubî, «le Cordouan» (nisba du philosophe juif Abû ‘Imrân Mûsâ Ibn ‘Ubayd Allâh Maymûn, dit «Maïmonide») –, qu’il y a vécu – ar-Rûmî, «le Byzantin» (nisba de Mevlana, après son installation en Anatolie, ancien

Le 11 mai à 16h00 Institut du monde arabe Place Mohammed V 75005 Paris

EXPOSITIONS

SEYFEDDINE BEN MANSOUR LILLE Les noblesses du nom : essai d’anthroponymie ottomane, paru aux éditions Brepols, est le dernier ouvrage de l’historien Olivier Bouquet. Il y montre notamment comment à partir des nomenclatures turques, arabes et persanes, les Ottomans inventèrent leurs propres modes de désignation. Dans l’usage arabo-musulman tel qu’il se met en place dès l’institution du califat, un individu est désigné par une suite de cinq noms, appartenant chacun à un type différent.

NAR photos Istanbul / Istanbul en doc

Istanbul à travers une sélection de photographies et de films documentaires du collectif NAR. Du 13 au 17 mai Théâtre Liberté Place de la Liberté 83000 Toulon

RENCONTRE

Islam des mondes

Tous à Istanbul !

Calligraphie en style maghribi (shaykh al-Qandusî, milieu du XIXe siècle).

KUNYA, ISM ET NASAB Premièrement, la kunya, un nom dont le premier élément est Abû, «père», ou Umm, «mère». Ainsi

A lire

CINÉ-CONCERT-CONFÉRENCE

Prénoms et patronymes du monde arabo-musulman

CONFÉRENCE

AGENDA CULTUREL

Interfaith Tour

L’Interfaith Tour, c’est cinq jeunes Français – un chrétien, un juif, un musulman, un agnostique et un athée – qui ont fait ensemble un tour du monde des initiatives interreligieuses... 10 mois, 50 pays, et des rencontres avec l’imam d’Al-Azhar au Caire, le pape François, les grands rabbins d’Europe, le patriarche maronite du Liban, le petit-fils de Gandhi, le cabinet de Barack Obama, etc. Le 10 mai à 19h00 Plateforme de Paris 72, rue Victor Hugo 93500 Pantin plateformedeparis.fr


OPINION14

9 - 15 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

Edité par : Source SARL 2, boulevard Saint Martin 75010 PARIS Directeur de la Publication: HUSEYIN KARAKUS Directeur Général de Zaman France et Directeur des rédactions: EMRE DEMIR Rédacteur en chef adjoint: FOUAD BAHRI Directeur Administratif: FAHRETTIN TEKIN Directeur des ressources humaines: AKIF SAMETOGLU Responsable Commercial: MEHMET SELVI Service Abonnement: CELINE GOKSU Secretaires de Rédaction: FARIDA BELKACEM SELIM BEDER Traduction: CLEMENTINE RAYNAUD Correspondant Presse Alsace: MEHMET DINC Correspondant Presse Ile de France: OSMAN USTA VEDAT BULUT FERHAN KOSEOGLU Infographie: NICOLAS VINCENEUX MUHAMMED SAHIN Redacteurs Web: AYSEGUL ZORLU SUHEDA ASIK Service informatique: HASAN OZCELIK Imprimerie : L IMPRIMERIE 79 Route De Roissy 93290 Tremblay En France Adresse : 2 Boulevard Saint-Martin 75010 PARIS Tel : 01 42 00 19 36 Faks : 01 42 00 19 58 info@zamanfrance.fr www.za­manfrance.fr - www.zamanfransa.com no CPPAP : 1117 I 90032 - ISSN 1869-5795 Tarif abonnement annuel France : 120€

Vers une réconciliation turco-arménienne…

Le communiqué officiel du Premier ministre turc, publié le 23 avril en neuf langues, dans lequel, au nom de la Turquie, il présente ses condoléances aux petits enfants des Arméniens « qui ont perdu la vie dans les circonstances du début du XXe siècle » est d’une grande importance. Beaucoup de commentaires ont suivi cette déclaration, certains se félicitant du geste de Recep Tayyip Erdogan, d’autres considérant que cela n’allait pas assez loin puisque le mot de génocide n’a pas été prononcé.

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Comme toujours lorsqu’il s’agit des questions mémorielles, il s’agit de mettre ces propos en perspective et le premier constat qui s’impose c’est que de telles condoléances ont, pour la première fois, été prononcées par une des plus hautes autorités de l’appareil d’Etat, par celui qui occupe le centre de l’échiquier politique depuis plus d’une décennie. La portée d’une telle DIDIER BILLION déclaration n’est donc pas secondaire, et nous considérons qu’elle s’inscrit dans un long cheminement, porté initialement par une partie de la société civile turque, et qui permet d’aborder aujourd’hui une question dont on sait qu’elle a été interdite de débat par l’Etat durant des décennies. Ce chemin est-il terminé ? Assurément non. La question du génocide arménien est terriblement complexe. Si personne ne nie l’horreur des événements de 1915 qui ont décimé tant de familles arméniennes, et nombre de turques, force est de constater que le consensus ne s’est pas réalisé sur la qualification exacte des responsabilités de ceux qui en sont à l’origine. L’objet d’un libre débat n’est pas tant que les Arméniens soient convaincus du caractère génocidaire des massacres de 1915, ils le sont déjà, mais de rendre possible l’émergence d’une communauté de point de vue entre les Turcs et les Arméniens sur ces terribles événements. Les sentiments de douleurs qui se rattachent à la caractérisation de la tragédie arménienne, qualifiée de génocide ou non, ne supportent pas qu’ils puissent être instrumentalisés par des vérités révélées, que ces dernières soient d’ordre étatique ou diasporique. En effet, du refus ou de l’acceptation d’examiner son passé et de l’assumer dépend la capacité pour tous les pays d’être en paix avec eux-mêmes et d’échapper aux plaies du nationalisme ethnique et du communautarisme.

D’AUTRES VOIX QUE CELLES RELAYANT LA VÉRITÉ OFFICIELLE Nous savons que la République de Turquie, profondément traumatisée par les conditions dans lesquelles elle s’est constituée après avoir payé un considérable tribut humain, a longtemps refoulé la question arménienne. Un des enjeux réside alors dans le fait que la société turque, dans sa diversité, ne soit plus en situation d’accepter comme une évidence le discours officiel, de façon à ce que d’autres voix puissent se faire entendre dans la diaspora arménienne qui a besoin d’autre chose que de ressasser l’horreur. En retour, il est tout aussi nécessaire que la diaspora arménienne sache s’imposer un devoir de retenue et puisse ainsi laisser s’exprimer en Turquie d’autres voix que celles relayant la vérité officielle. Force est d’admettre que sur ces questions sensibles la société turque est en passe de relever un formidable défi en se réappropriant un sujet qui fut tabou durant des décennies. Au-delà des obstacles de toutes sortes, les articles, ouvrages, colloques qui y sont consacrés se font de plus en plus nombreux, et permettent de considérer qu’une véritable maturité est en passe de se cristalliser. La déclaration du Premier ministre turc s’inscrit dans ce processus. Il s’agit donc de libérer une Histoire qui ne serait ni le monologue des points de vue officiels ni le relativisme de la dispersion des points de vue pour enfin parvenir à un compromis. C’està-dire favoriser une conception de l’Histoire suffisamment ouverte et attentive pour être capable de porter la pluralité des mémoires et leur faire perdre leurs prétentions exclusives. Ce nécessaire travail de réflexion sur elle-même, la Turquie doit le réaliser. Il est grand temps, 99 ans après les événements, de faire enfin la lumière sur leurs causes, leur déroulement et leurs effets.

LE DISCOURS DE FRANÇOIS HOLLANDE Ce serait à l’honneur de la France, et conforme à sa tradition, d’appuyer la proposition du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdoğan, adressée en 2005 au président de la République d’Arménie et réitérée le 23 avril, encourageant la création conjointe d’une commission composée d’historiens arméniens et turcs, en s’engageant à l’avance à en accepter les conclusions. Si des garanties supplémentaires étaient exigées, rien n’empêcherait d’explorer la possibilité d’ouvrir la commission d’historiens à d’autres spécialistes des questions internationales ou de placer ses travaux sous l’égide de l’ONU, du Conseil de l’Europe ou de l’OSCE par exemple. Malheureusement le discours de François Hollande, prononcé le 24 avril à Paris, ne s’inscrit pas dans cette logique. Nous savons que la France a reconnu le génocide par la loi du 29 janvier 2001, mais visiblement le président de la République veut aller plus loin et relancer le processus d’une loi visant à pénaliser celles et ceux qui n’acceptent pas cette analyse de l’Histoire. La dernière tentative allant en ce sens, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, s’était piteusement terminée. Le 28 février 2012, le Conseil constitutionnel avait en effet déclaré inconstitutionnelle la loi de pénalisation adopté par le Parlement français quelques semaines auparavant. C’est pourquoi François Hollande a pris le soin de préciser dans son discours qu’il avait donné instruction au gouvernement pour préparer un nouveau texte qui, cette fois-ci, soit «incontestable». RÉACTIVER LES PROTOCOLES D’ACCORD ENTRE LA TURQUIE ET L’ARMÉNIE On le constate, de multiples parties à ce dossier se préparent à la commémoration de 2015. Par sa déclaration, le Premier ministre turc, tente de prendre les devants et cherche à éviter que les pressions à l’encontre de la Turquie ne se fassent trop fortes en 2015. A contrario, d’autres responsables politiques à travers le monde, tel François Hollande, essaient pour leur part de se saisir de l’échéance de 2015 pour accroître les pressions à l’encontre d’Ankara.

On peut douter que ce soit la bonne méthode et nul n’imagine que la Turquie se laissera dicter de l’extérieur son – nécessaire – travail de mémoire. Il nous semble que l’attitude la plus responsable pour que Turcs et Arméniens puissent enfin retrouver la voie de la compréhension et de la coopération serait de tout faire pour réactiver les protocoles d’accord qui avaient été signés par les responsables politiques d’Ankara et d’Erevan, le 31 août 2009. Les deux protocoles visaient à l’établissement de relations diplomatiques entre les deux pays, à la reconnaissance et à l’ouverture de leurs frontières, à la mise en œuvre d’une série de domaines de coopérations bilatérales (infrastructures éner-

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«La société turque est en passe de relever un formidable défi en se réappropriant un sujet qui fut tabou durant des décennies»

gétiques, tourisme, transports, coopération économique, éducation, environnement, mécanismes de consultations ministérielles…) et enfin à l’examen de leur douloureux passé. A cause des fortes résistances nationalistes présentes dans les deux pays, ceux-ci n’ont toutefois jamais été ratifiés par leurs Parlements respectifs. La France, qui co-dirige le Groupe de Minsk 1 avec la Russie et les Etats-Unis, s’honorerait à prendre les initiatives nécessaires pour réactiver lesdits protocoles qui étaient porteurs d’espoir et prônaient la bonne méthode pour se projeter dans l’avenir de façon constructive. Ce serait la meilleure façon de préparer l’année 2015 et d’aider Turcs et Arméniens à enfin se réconcilier. Didier Billion, Directeur adjoint de l’Institut de relations internationales et stratégiques

1 Le Groupe de Minsk a été créé en mars 1992, sous l’égide de l’OSCE, afin d’encourager la recherche d’une résolution pacifique et négociée du conflit opposant l’Arménie et l’Azerbaïdjan à propos du Haut-Karabagh.


15 SPORT

9 - 15 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

Basket féminin : un triplé historique pour Galatasaray !

La saison exceptionnelle de l’équipe de basket féminine de Galatasaray, s’est terminée de la meilleure des manières ce lundi. Les joueuses ont été sacrées championnes de Turquie après leur victoire 73 à 54 face à Fenerbahce. Ce 5e match de la série a aussi malheureusement donné naissance a de nouvelles polémiques extra-sportives. MAHMUT SARP PARIS Jamais 2 sans 3. Cette phrase a eu grande signification ce lundi au Salon Abdi Ipekci. Après avoir battu cette même équipe de Fenerbahce en finale de la Coupe de Turquie et en finale de l’Euroligue, il ne manquait à Galatasaray plus que le titre de champion pour inscrire son nom dans l’histoire. Auparavant, aucune équipe turque n’avait réussi ce triplé ChampionnatCoupe nationale-Coupe d’Europe. Les joueuses de basket ont obtenu un succès historique à la hauteur de l’équipe de football du même club, premier vainqueur turc d’une Coupe d’Europe en 2000. Ce match ne devait pourtant pas être une partie de plaisir, Galatasaray avait remporté les deux premiers matchs de la série avant de perdre les deux prochains, à 2-2, ce match final promettait d’être très serré. Mais ce ne fut pas le cas, Galatasaray a complètement dominé son adversaire. Bien aidées par un public en folie, les joueuses ont réalisé un match parfait. Dès le premier quart-temps, elles ont su prendre une avance qui s’est creusée au fil du match. Elles sont rentrées aux vestiaires avec un

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score de 40 à 18. En seconde période, portée par une excellente Alba Torrens (21 points), Galatasaray a tranquillement géré cette rencontre pour finalement s’imposer 73 à 54.

UNE RENCONTRE MARQUÉE PAR DES SCANDALES Si aucun incident n’a été signalé après le match, celui-ci avait pourtant plutôt mal débuté. En effet, le secrétaire général et porte-parole de Fenerbahce Mahmut Uslu, juste avant le premier coup de sifflet, a déclaré qu’il avait reçu un coup de poing de la part d’un supporter. Une photo circulant dans la presse turque montre en effet que quelqu’un touche son visage, même s’il est difficile de dire s’il s’agit réellement d’un coup de poing. Il s’est par ailleurs plaint de l’accueil qu’ont réservé les supporters de Galatasaray aux dirigeants de son club Fenerbahce, mais il s’en est surtout pris aux dirigeants du club rival. « J’avais l’impression qu’on n’était pas venu assister à un match mais à une guerre, et les seuls responsables sont les dirigeants de Galatasaray » a-t-il lancé à la fin du match au micro de Fenerbahce TV.

Galatasaray est la première équipe à avoir réussi ce triplé ChampionnatCoupe nationale-Coupe d’Europe.

Championnats nationaux : le rideau se lève MAHMUT SARP PARIS Si la course au titre est déjà pliée dans certains pays, la Juventus en Italie, le PSG en France et le Bayern Munich en Allemagne ont d’ores et déjà célébré leur sacre, il y a encore des championnats pour lesquels le suspense demeure.

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L’Australien Alex Leapai est mis KO à la cinquième reprise.

L’invincible Vladimir Klitschko -

A 38 ans, le champion ukrainien WBA-IBFWBO des poids lourds a remporté sa 62e victoire d’une longue carrière sportive où il n’a connu que trois défaites. Il entre aussi dans la légende du noble art, derrière Joe Louis, pour la longévité de ses titres mondiaux. 25 combats pour un titre mondial. 62 victoires, seulement trois défaites. Du haut de ses 1,98 m, le géant ukrainien est désormais le deuxième boxeur à détenir le plus long règne des champions du monde, après Joe Louis. L’Australien Alex Leapai en aura fait les frais, mis KO à la cinquième reprise. Pour sa première chance mondiale, Leapai, 34 ans et qui cumulait un bon palmarès avec 30 victoires et 3 nuls, n’a pas fait long feu. Envoyé au tapis dès la première reprise, l’Australien parvient à encaisser les jabs et une pluie de poings d’acier de l’Ukrainien, jusqu’au cinquième round. Mis KO à deux reprises, la seconde lui sera fatale. Coaché par son frère aîné Vitali, ex-détenteur du titre WBC et qui s’est lancé dans la politique dans son pays, le roi Vladimir est déjà le plus grand boxeur contemporain de sa catégorie.

LE SPRINT FINAL ESPAGNOL ET LA PREMIER LEAGUE En Espagne par exemple, cela fait des années que La Liga n’avait pas connu un sprint final dans lequel 3 équipes, l’Atlético de Madrid, le Real Madrid et le FC Barcelone, peuvent remporter le championnat. Si pour l’instant les coéquipiers d’Arda Turan sont en tête, la défaite à Levante 2-0 leur a fait très mal dans la course au titre. Heureusement pour eux, ni le Real Madrid ni le FC Barcelone n’ont pu s’imposer. Ils ont été tenus en échec respectivement par Valence et Getafe sur le score de 2-2. A deux journées de la fin, il semble que la rencontre entre le FC Barcelone et l’Atlético de Madrid le

Isco, milieu de terrain du Real Madrid.

18 mai devrait déterminer le nouveau champion d’Espagne. Enfin, le spectacle est au rendez-vous dans cette édition 2013/2014 de la Premier League. Mais cette 37e journée a probablement scellé le sort. Le grand favori, Liverpool qui menait 3-0 à un quart d’heure de la fin du temps réglementaire, s’est fait rattraper 3-3

par Crystal Palace. Ce match nul devrait faire de Manchester City, vainqueur d’Everton 3-2 le nouveau champion d’Angleterre. Ils devront néanmoins battre Aston Villa et West Ham United à domicile pour soulever le trophée qu’ils avaient déjà remporté il y a maintenant deux ans avec Roberto Mancini.


Affiches anti-triche... ou antisèches ? CLÉMENTINE RAYNAUD PARIS Le comble pour ces affiches qui devaient à l’origine dissuader les étudiants de tricher aux examens. Sur les posters placés sur les murs des couloirs, on aperçoit deux signaux d’interdiction, l’un avec un smartphone, l’autre avec une main où sont inscrites... de vraies formules mathématiques. Même si celles-ci n’étaient pas entièrement visibles à cause de la barre rouge qui les traverse, certains étudiants ont quand même réussi à les recopier et à utiliser cette formidable antisèche pour résoudre des exercices. Le site Dailymail.co.uk révèle cette histoire incongrue qui a eu lieu à l’université de Plymouth dans le sudouest de la Grande-Bretagne spécialisée dans l’enseignement des statistiques, de l’ingénierie et des mathématiques. Les surveillants de l’examen final ont pourtant rétorqué que les affiches étaient trop distantes pour que les étudiants puissent voir ce qui était écrit en petit. Mais il n’en est rien. «Grâce à l’affiche, j’ai gagné 10 % sur ma note finale», a clamé un étudiant de façon anonyme. L’université a, depuis, pris soin de retirer les affiches.

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Un vol Marseille-Mayotte dérouté pour une.. bagarre

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Un vol de la compagnie française XL Airways reliant Marseille à Mayotte et transportant 325 passagers, a été contraint d’atterrir au Caire en raison d’une bagarre. «Confronté à une violente altercation entre d’une part deux passagers français et belge ivres et d’autre part des membres de l’équipage, le commandant de bord a décidé de dérouter l’appareil et a demandé aux autorités de l’aviation civile égyptienne l’autorisation de se poser d’urgence au Caire» a déclaré une source sous couvert de l’anonymat rapportée par OuestFrance. L’avion a atterri à 5 h du matin et la police égyptienne est immédiatement intervenue pour arrêter les deux individus. Les 325 passagers dont les 20 enfants ont dû patienter 5 heures sur le tarmac pour les besoins de l’enquête. Les deux passagers bagarreurs ont été retenus par les autorités égyptiennes avant de s’envoler vers Nairobi, d’où ils vont rallier Mayotte à bord d’un autre appareil.


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