Carton plein pour les Olympiades à Düsseldorf
Les aumôniers musulmans veulent un statut
CULTURE13
SOCIETE06
Mondial ou jeûne, faut-il choisir ?
SPORT16
27 JUIN - 3 JUILLET 2014 N° 321 Prix : 2,5 €
WWW.ZAMANFRANCE.FR
SPÉCIAL RAMADAN
UN MOIS, UN JEÛNE, DES VALEURS... -
Le samedi 28 juin commence le neuvième A l’occasion du mois de Ramadan mois de l’année hégirienne 1435. Car si, 2014, Zaman France inaugure une par métonymie, le mot Ramadan en est venu à série d’articles et de témoignages signifier «jeûne» dans l’usage courant, il désigne en propre un mois lunaire. Un mois particulier, sur la question des valeurs, celles particulières à ce mois sacré ou plus au statut sacral affirmé. D’abord parce que, bien entendu, il est lié à l’observance du quatrième largement, les valeurs dans lesquel- pilier de l’islam, la pratique du jeûne obligatoire, les se reconnaissent les musulmans mais aussi parce qu’il est lié à l’avènement même de France. Au-delà des polémiques de la révélation coranique. A son statut sacral est également lié le fait, rappelé par nombre de habituelles qui précèdent l’annonce traditions, que le Ramadan est par excellence, c’est-à-dire plus qu’à aucun autre moment de du jeûne, un reportage sur la pratique des convertis et un article sur la l’année, le mois au cours duquel se manifeste la Miséricorde divine. -SPECIAL RAMADAN 03-04-05 dimension spirituelle du Ramadan Les musulmans de France Le CFCM rattrapé inscrivent ce numéro dans cette jeûneront-ils ensemble ? r03 par son passé r04 droite ligne des valeurs.
EDITO FOUAD BAHRI
Jeûner quand sa famille n’est pas musulmane
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Le FN divise les rappeurs -
Ramadan : un mois, avant d’être un jeûne r14
Ramadan : offrir le meilleur de soi -02
Ils sont nés en étant d’une autre confession ou de parents athées. Ils se sont convertis à l’islam comme plusieurs milliers de personnes en France chaque année. Le jeûne, ils le vivent différemment des autres familles. Certains d’entre eux ont accepté de raconter à Zaman France leur Ramadan. -SPECIAL RAMADAN 05
Pour certains journalistes, les rappeurs de cette décennie seraient globalement dépolitisés et la question du Front national ne les heurterait plus. Une affirmation rapide au vu des derniers développements du rap porté par des artistes comme Médine et Youssoupha. Zaman France fait le point. -SOCIETE FOUAD BAHRI 07
TURQUIE 08 Présidentielle : le coup de poker d’Erdogan INTERNATIONAL 12
Hizmet : pas de trève pour Erdogan Le Premier ministre turc annonçait depuis des mois l’imminence d’une vaste enquête contre ce qu’il appelait l’«Etat parallèle». C’est désormais chose faite. A l’approche du lancement de la campagne présidentielle, un procureur d’Ankara a ordonné des mesures d’investigation. Au même moment, la révélation d’un document de travail du ministère de l’Intérieur visant à ficher des membres du Hizmet a fait polémique.TURQUIE 08
Zaman Okur Hattý: 01 42 00 19 36
Interview :
«51,2 millions de réfugiés dans le monde» SOCIETE 06 Hamon reçoit les mères voilées
02 FRANCE
Le FN, privé de groupe parlementaire européen
EDITO FOUAD BAHRI
Ramadan : offrir le meilleur de soi En ce nouveau mois de Ramadan 2014/1435 (année lunaire du calendrier musulman, ndlr), notre rédaction a choisi de consacrer plusieurs sujets sur un thème qui nous est cher, celui des valeurs. Mois de jeûne, de psalmodie, de prière et de don, le Ramadan est aussi par excellence le mois des valeurs promues par l’islam et qui rejoignent la plupart des valeurs présentes dans l’ensemble des traditions religieuses et philosophiques de l’humanité. Les valeurs sont par définition ce qui fait lien, ce qui unit, la condition même de possibilité d’une société. Si la religion unit l’homme à Dieu, les valeurs unissent les humains entre eux. Sans un minimum de valeurs, le conflit fait rage jusqu’à tout consumer. Notre monde a plus que jamais besoin de valeurs, mais lesquelles ? La justice ? La vérité ? L’unité ? La paix ? Oui, bien sûr, mais aussi l’amour, la générosité, la clémence, l’altruisme, l’humilité, le courage. La patience. Des trésors de patience et de persévérance s’avèrent indispensables pour qui veut survivre dans une époque marquée par des fossés de plus en plus grands entre les hommes. Pauvreté de masse, vagues de réfugiés fuyant la mort et l’oppression, montée des tensions religieuses, haines entretenues par les partis populistes : le tableau de notre monde ressemble à s’y méprendre à une toile de Jérome Bosch où le grotesque des liesses populaires le partage à la gravité des souffrances de l’homme. La douleur, qu’elle s’affiche ou se terre dans l’intimité de nos coeurs est bien présente. En France, les jours qui ont précédé le début de l’annonce du mois sacré ont été le théâtre de conflits fratricides pour savoir quelle méthode religieuse et scientifique devait s’imposer. Un exemple collectivement symptomatique du fait que les hommes et les femmes ne savent plus discerner ce qui est essentiel pour tous comme pour eux-même. Les dates, les lieux, les apparences et les revendications importent plus que les actes. Valeurs, ou si l’on préfère, vertus, sont abandonnées et délaissées dans les faits, alors qu’elles pullulent dans les discours. Faut-il donc sombrer dans le pessimisme ? Le désespoir ? Certainement pas. Pour les musulmans de France, les troubles actuels sont une occasion unique de relever le défi de l’adversité qui menace de s’imposer. Mais à une condition. La sincérité, toute la sincérité. Celle de l’intention mais aussi celle de l’action. Si le Ramadan peut servir à une chose, c’est bien à nous offrir l’occasion de donner le meilleur de nous-même aux autres. Au nom de toute la rédaction de Zaman France, je souhaite à tous nos lecteurs un heureux et bon mois de Ramadan 2014. f.bahri@zamanfrance.fr
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Le Front national n’a pas réussi à constituer un groupe au Parlement européen, une illustration des divisions qui traversent le fort contingent eurosceptique désormais présent à Strasbourg. Le parti se dit néanmoins convaincu d’y parvenir prochainement. Marine Le Pen est actuellement engagée dans un bras de fer face à son père, pour la «dédiabolisation» de son parti.
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Après sa victoire aux élections européennes du 25 mai dernier, qui avait permis à la formation d’extrême droite de frôler les 25 % des voix, le parti espérait constituer un groupe Parlement européen. Peine perdue pour le FN même si Marine Le Pen reste confiante. «Nous n’avons absolument aucune inquiétude sur l’existence future de notre groupe», avait déclaré la présidente du FN le 28 mai dernier à Bruxelles lors d’une conférence de presse. Il lui fallait pour cela réunir 25 députés issus de sept pays. Un groupe donne à ses membres de puissants moyens financiers - de 20 à 30 millions d’euros par an pour une coalition de la taille de celle que Marine Le Pen espère constituer. Les «non-inscrits», où siègeront donc le FN et ses alliés tant qu’ils n’auront pas réussi à trouver des alliés, ne peuvent ni être rapporteurs, ni présenter des amendements en plénière. D’ores et déjà, d’autres avantages lui échappent définitivement : l’obtention d’une vice-présidence du Parlement et d’une présidence de commission parlementaire est réservée aux groupes qui auront été constitués avant le 24 juin.
COUPS BAS POLITIQUES ET ANTISÉMITISME Deux raisons expliquent cet échec. Le Front national a d’abord souffert de la rivalité de Nigel Farage, le chef du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP), qui s’est payé le luxe de former un groupe dès la semaine dernière en débauchant une députée FN. L’autre raison de cet échec tient à la volonté de Marine Le Pen de poursuivre la «dédiabolisation» de son parti, face à son père, président d’honneur du mouvement, avec lequel elle est actuellement engagée dans un bras de fer. Elle a appelé Jean-Marie Le Pen à cesser sa «mauvaise querelle» après ses propos controversés sur une «fournée» d’artistes, une expression qualifiée d’antisémite par ses opposants, et n’exclut pas des sanctions
si les critiques contre sa ligne politique persistent. Dans ce contexte, elle avait déjà exclu de s’allier avec les néonazis d’Aube dorée (Grèce) ou du Parti national-démocrate (Allemagne), qu’elle juge infréquentables. Mais il lui était aussi impossible de s’allier avec le Congrès de la nouvelle droite polonais, qui a effectué une percée inattendue à 7,06% des voix, ses dirigeants ayant tenu des propos jugés antisémites. Le Front national affiche dans son communiqué son refus d’une alliance «avec des mouvements dont certains membres avaient affiché des positions incompatibles avec nos valeurs». «Nous le regrettons à court terme mais nous l’assumons comme choix moral et politique juste de long terme», écrit le parti. PHOTO DE LA SEMAINE
Les 20 et 21 juin, Recep Tayyip Erdogan était en visite à Paris, puis à Lyon.
...ET UNE MAUVAISE
UNE BONNE...
Le virus Ebola est «hors de contrôle» en Afrique, selon MSF
Le nombre de grands requins blancs au large de la côte Atlantique des Etats-Unis semble avoir recommencé à augmenter depuis le début des années 1990 après les mesures prises pour leur protection, selon les conclusions d’un rapport présentées samedi. Tobey Curtis, un des scientifiques qui a travaillé sur l’étude, publiée ce mois-ci sur le site internet de publications scientifiques PLOS ONE, précise que seules des tendances ont pu être esquissées sur la population de requins et que l’étude ne peut être utilisée pour estimer le
L’épidémie de fièvre Ebola qui sévit en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone est «hors de contrôle» et une mobilisation «exceptionnelle» des gouvernements et des ONG est devenue nécessaire, prévient Médecins sans frontières (MSF) dans un communiqué publié lundi. Le dernier bilan de cette vague, la plus meurtrière depuis la première apparition de la maladie en 1976,
nombre total de requins dans l’Atlantique Nord-Ouest. Les conclusions de l’étude, précise-t-il, autorisent toutefois à un certain «optimisme» pour le rétablissement de l’espèce.
s’élève à 337 morts depuis le mois de février. Le virus n’avait jamais été décelé dans cette région d’Afrique, ce qui complique les opérations sanitaires. Sa propagation s’explique également par la méconnaissance de la maladie par la population locale, qui continue à préparer les corps de patients décédés et à assister aux obsèques, autant de facteurs de contagion.
NOUVELLE
Les requins blancs plus nombreux sur la côte Atlantique des USA
03 SPECIAL RAMADAN
27 JUIN - 3 JUILLET 2014 ZAMAN FRANCE
Les musulmans de France jeûneront-ils ensemble ? L’annonce de la date du début du jeûne de ramadan a été l’objet de polémiques chez les musulmans de France. Cette année encore, les affrontements à fleurets aiguisés se sont poursuivi entre tenants du calcul astronomique et observation oculaire, sur fond d’appel à l’unité des musulmans. FOUAD BAHRI PARIS Le malaise est encore présent. Pour beaucoup de musulmans de France, le Ramadan de l’an dernier marqué par une double annonce du début de jeûne, successive et contradictoire du CFCM, a été un véritable psychodrame. L’inquiétude est donc perceptible à quelques jours du commencement du Ramadan 2014 et les craintes d’une nouvelle «fitna» présente dans tous les esprits. Malheureusement pour les musulmans de France, tous les ingrédients d’une nouvelle discorde annonciatoire semblent être au menu du premier iftar du prochain jeûne. A commencer par la publication les 30 mai et 18 juin dernier de deux communiqués du CFCM signés Dalil Boubakeur informant qu’une annonce officielle serait faite le «vendredi 27 juin 2014 à la Grande Mosquée de Paris à partir de 18 heures».
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Deux communiqués du CFCM ont informé qu’une annonce serait faite le «vendredi 27 juin 2014 à la Grande Mosquée de Paris à partir de 18 heures».
L’ABROGATION DU CONSENSUS DU 9 MAI 2013 Le choix de la méthode de l’observation oculaire y est entre autres mentionné. «Le Conseil français du culte musulman (CFCM) rappelle qu’il tiendra compte des conditions de l’observation de la lune et du principe consistant à entamer le mois lunaire si la nouvelle lune est observable». Mais pas seulement. Il sera également tenu compte des annonces faites par les pays musulmans. Or, cette double mention abroge de facto la décision prise par toutes les parties du CFCM le 9 mai 2013 au cours d’un colloque sur ce sujet, ce qui était déjà l’objet du fiasco occasionné par le recul de Boubakeur en 2013. «Le 9 mai 2013, nous avions décidé de façon unanime de nous entendre sur le critère du calcul. Cette décision ne peut pas être abrogée par le bureau exécutif sans qu’il y ait au minimum réunion et concertation du Conseil d’administration du CFCM», explique à Zaman France Mohammed Moussaoui, ancien président du CFCM et actuel président d’honneur de l’institution. ENTRE VISION ET CALCUL, LE CFCM CHOISIT... LA MECQUE D’après le clerc musulman, le conseil d’administration ne s’est pas réuni depuis le 30 juin 2013 ! Les communiqués du CFCM sont rédigés par le bureau exécutif, lui-même choisi par le Conseil et chargé théoriquement d’appliquer ses orientations. Dès lors, en l’absence de méthode claire, le flou persiste. «Le CFCM n’observe pas la nouvelle lune. Il s’appuie sur les déclarations des pays musulmans. Je ne sais pas sur quelles bases le CFCM va prendre sa décision car que signifie «majorité des pays musulmans», d’autant que tous les pays n’annoncent pas leurs décisions au même moment. Certains pays comme le Maroc n’annonceront pas avant 22 h. Je crains que l’idée qui est derrière soit d’attendre la décision de l’Arabie saoudite», ajoute Mohammed Moussaoui. Ce type de cafouillage et la cacophonie qui s’ensuit est l’une des motivations récurrentes des partisans du calcul astronomique, qui voient en lui un élément fédérateur à long terme. LE DANGER DES ANNONCES CONCURRENTES D’autant que l’option du calcul intègre ellemême la vision, éludant de facto la fausse division présentée entre les deux méthodes. «Le calcul intègre la vision car toute date fournie par lui implique nécessairement l’observance de la Lune quelque part. Il s’agit du principe du transfert de visibilité selon lequel quel que soit le lieu où est vue la nouvelle lune, cette vision est acceptée». La lune sera bien obser-
vable le 27 au soir, depuis l’Amérique latine, mais seulement depuis cette zone géographique. Pour autant, Mohammed Moussaoui exclut toute forme d’annonce précoce et réaffirme l’autorité du CFCM en la matière. «Le CFCM reste l’instance officielle du culte musulman et à ce titre, c’est lui qui doit annoncer le début du Ramadan. Je considère que c’est une faute que d’être revenu en arrière sur la décision prise le 9 mai 2013 mais les composantes de l’islam de France n’ont pas intérêt à annoncer chacune dans son coin le début du Ramadan ou l’on risque de revivre le scénario de l’annnée dernière».
QUID DU CÔTÉ DES TURCS ? Du côté du Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF), on considère que le CFCM doit dépasser cette question, même si les incohérences de l’institution cultuelle sont soulignées par Ahmet Ogras, président du CCMTF. «Le communiqué du CFCM ne veut rien dire. Cette position est incohérente car le calcul est utilisé pour la détermination des horaires de prière, pourquoi pas pour le Ramadan ?». L’association qui représente la composante turque de l’islam de France estime que les priorités sont ailleurs et que la coexistence des deux avis théologiques reste possible. «Ce qui compte aujourd’hui, c’est l’unité des musulmans. Laissons jeûner les musulmans comme ils veulent. Le CCMTF ne s’alignera pas sur le CFCM car nous restons cohérents avec nous-mêmes et avec nos engagements du 9 mai. Nous jeûnerons donc le 28 juin, mais cela ne nous pose pas de problème que certains jeûnent le 29», poursuit Ahmet Ogras qui insiste sur la fragilisation qu’entraînent ces polémiques pour le CFCM. LA GUERRE DES AVIS JURIDIQUES En attendant, la bataille entre les camps du calcul et ceux de l’observation fait rage sur le terrain et sur la Toile. Le site d’information musulman Al Kanz qui défend la position de l’observation, accuse par exemple l’UOIF de manœuvres politiciennes dans un article publié le 10 juin et titré : «Ramadan : l’UOIF brise volontairement l’unité demandée par le CFCM et la mosquée de Paris». «L’UOIF cherche à imposer «un avis», qui vise à maquiller la manoeuvre politique. La méthode
est aussi simple que choquante : on prend une décision, puis on va chercher dans le corpus islamique des avis qui pourraient aller dans ce sens», y est-il écrit. Quant à l’UOIF, elle poursuit activement ses initiatives afin de convaincre ses interlocuteurs du bien-fondé de l’option du calcul astronomique. La formation d’un conseil théologique et astronomique pour la détermination du mois de Ramadan a été notamment annoncée le 11 juin, instance de débat s’appuyant sur le Conseil Européen de la Fatwa et des Recherches (CEFR), et auquel se sont joints entre autres le docteur Larbi Kechat de la mosquée Ad-dawwa,
Mohamed Bajarafil, conférencier et imam à la mosquée d’Evry et Hassen El Houari, imam à la mosquée de Goussainville. Un communiqué, basé sur les annonces faites par le CEFR, a également été publié sur le site de l’UOIF, se félicitant «que plusieurs rencontres de sensibilisation et d’explicitation associant imams, responsables de mosquées ou d’associations musulmanes aient pu se tenir dans différentes régions françaises durant ces derniers mois. Ces rencontres ont permis l’annonce officielle du 28 juin comme date du début de Ramadan et ont appelé les musulmans de France à l’importance du respect de cette date».
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27 JUIN - 3 JUILLET 2014 ZAMAN FRANCE
Le CFCM rattrapé par son passé Perdu dans des annonces confuses voire contradictoires quant à la date du début de Ramadan, le Conseil français du culte musulman semble de plus en plus discrédité aux yeux des musulmans de France. FOUAD BAHRI PARIS Quelle décision prendra le CFCM à l’approche du moment fatidique tant attendu, à savoir l’annonce du début de ramadan 2014 ? L’institution officielle du culte musulman a annoncé qu’une réunion officielle serait reconduite le vendredi 27 juin à 18 h. Le CFCM a précisé qu’il sera tenu compte de l’observation de la lune et de l’avis des différents pays musulmans dans le choix de la date. L’UOIF A Paris, en 2003, Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur et le CCMTF, qui font partie du CFCM, et des Cultes pose avec les membres du CFCM nouvellement créé. ont déjà annoncé le début de Ramadan pour le samedi 28 juin. Les deux feuilleton ne fait que commencer. Ain- sonne d’autre n’était capable de réunir institutions s’appuient sur la méthode si, le festival d’annonces successives et mettre d’accord autant de compodu calcul astronomique dans sa ver- sur fond de messages unitaires aussi santes de l’islam, en proie aux luttes sion pure, celle qui tient compte de la risibles qu’utopiques dans les circons- intestines idéologiques ou consulaires tances actuelles, a considéra- pour la main-mise du fauteuil instituprécocité visuelle et du blement endommagé le peu tionnel, alors mêmes que d’autres senprincipe de transpod’autorité conservé par l’ins- sibilités (salafistes, libéraux, islamistes sition, à savoir le pretitution. A qui la faute ? En de gauche...) étaient tout simplement mier lieu sur Terre où réalité, à personne. Depuis sa écartées ou cooptées à titre individuel. la nouvelle lune sera observable. L’an derUNE HISTOIRE FAITE nier, le même CFCM «Aucune observation n’ e st possible sans calcul DE CRISES SUCCESSIVES a reculé en annonçant et aucun calcul solide possible sans prendre Le péché originel de la fondation du deux dates successives, CFCM n’a eu de cesse de le poursuivre la première s’appuyant en compte des paramètres empiriques» toutes ces années : il n’a pas été conçu sur le calcul et seuledes entrailles de la base musulmane ment le calcul, l’autre sur la vision. La cacophonie qui a suivi a création, le CFCM n’a fait que récolter mais est tombé du ciel orageux des diété très mal vécue par les fidèles. Cette les fruits des circonstances particulières plomaties maghrébines et de leur corannée, l’institution a donc choisi de ne qui ont présidé à sa naissance, qu’il ne tège de nuées sombres. Délégitimé et prendre aucun risque et de s’aligner doit qu’à l’intervention du ministère conspué pour son «patte-blanchisme» sur la majorité des pays musulmans, de l’Intérieur qui est aussi celui des de principe à l’égard de l’Etat, égraRiyad en tête. Pour le moment, car le Cultes. Pour une raison simple : per- tigné par la masse des fidèles, pour
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l’absence de qualification religieuse de ses membres, pour la tutelle étrangère des cadres religieux qu’il entretient sur le territoire français, le CFCM traverse l’une des crises les plus importantes de son histoire qui est elle-même le récit de crises successives. Son atermoiement de l’an passé a été une faute majeure et a été perçu comme une faiblesse et un manque d’autorité et de cohérence. Pour autant, il était difficile à l’institution d’imposer par la force une décision incomprise et rejetée par une grande partie des fidèles et des mosquées de rite malékite ou de la mouvance salafiste. Le CFCM a découvert qu’avoir raison n’est pas toujours suffisant et que l’autorité se déclame moins qu’elle ne s’impose naturellement. Au point où en sont les choses, il n’est pas certain qu’un nouveau fiasco ne soit pas le meilleur des
scénarios pour l’institution. En effet, seul un électrochoc social peut encore ranimer ce corps moribond et obliger ses membres à trouver un nouvel accord négocié qui soit acceptable pour les musulmans. Le Prophète ne promettait-il pas un château au Paradis à celui des musulmans qui renonçerait à une polémique même s’il a raison !
PAS SEULEMENT UN DÉBAT THÉORIQUE D’ailleurs, la majorité des acteurs engagés dans cette discussion polémique entre partisans de l’observation oculaire ou calcul astronomique intégral ont perdu de vue que l’essentiel aujourd’hui pour bon nombre de fidèles n’est plus là. L’intensité de la polémique actuelle est devenu un risque de conflits et de haines réciproques car il ne s’agit pas seulement d’un débat théorique. Dans les faits, toutes les parties ont eu raison dans leur choix et tort dans leur comportement. L’annonce précoce de la date en dehors du cadre de l’institution est une faute pour ses membres, d’autant plus incompréhensible qu’ils se sont largement investis pour la maintenir en place. La polarisation entre partisans du calcul et de l’observation, une autre gageure dans la mesure où aucune observation n’est possible sans calcul et aucun calcul solide possible sans prendre en compte des paramètres empiriques. Il y a plusieurs approches du calcul et plusieurs approches de l’observation. Les propositions de l’astrophysicien Bruno (Abdel Haqq) Guiderdoni, de l’Observatoire de Lyon et proche du recteur de la Grande Mosquée de Lyon Kamel Kabtane, qui combinent une approche calculatoire non radicale – au sens où elle excluerait toute latitude observatoire – aux autres approches est une option intéressante sur laquelle les partisans du calcul devraient se pencher ! Cette approche combinerait les avantages des deux méthodes en les synthétisant. Le commencement du Ramadan pourrait être anticipé par le calcul, et la prévision du ou des points de vision de la nouvelle lune permettrait de décréter consensuellement, en fonction de l’importance de l’extension des aires géographiques concernées, la date la plus ouverte et la plus probable. La solution de ce noeud gordien se trouverait donc plus du côté de la disposition psychologique et morale des acteurs de l’islam de France que dans le cerveau d’un scientifique !
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27 JUIN - 3 JUILLET 2014 ZAMAN FRANCE
Jeûner quand sa famille n’est pas musulmane
Ils sont nés en étant d’une autre confession ou de parents athées. Ils se sont convertis à l’islam comme plusieurs milliers de personnes en France chaque année. Le jeûne, ils le vivent différemment des autres familles. Certains d’entre eux ont accepté de raconter à Zaman France leur Ramadan. DALILA BOUAZIZ PARIS Convertis à l’islam. Un choix que ces jeunes Français, nés d’une autre confession ou sans, ont fait après mûre réflexion. Non pour transgresser, mais parce qu’ils se sont trouvés au sein de cette religion. Souvent, ils ont commencé leur conversion en observant le jeûne, quatrième pilier de l’islam. «Cela me semblait être la chose qui ne nécessitait pas de connaissances particulières sur l’islam pour l’accomplir», explique Anaïs, une Lyonnaise de 26 ans, convertie depuis six ans.
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LE PREMIER RAMADAN, SOUVENT EN CACHETTE Difficile alors avec les horaires de l’iftar et les habitudes familiales et alimentaires de cacher le jeûne à leurs proches. «Non pas par honte, mais la conversion est un acte personnel, qu’on a déjà du mal à faire accepter à sa famille», indique Anaïs. Au début, ils se débrouillent «pour faire comme si». «Je sortais toute la journée et je rentrais le soir. Mes parents n’en avaient aucune idée. Je me prenais un gros repas à la rupture et le matin, je me réveillais plus tôt, discrètement», note Samir Lima, 24 ans, converti il y a sept ans, et issu d’une famille capverdienne et catholique. Une situation qu’a également vécue Anaïs. «Quand j’ai commencé à jeûner, la rupture tombait bien. Ce n’était pas 21h25, comme aujourd’hui, c’était plus vers 20H30. Ma mère rentrant très tard du travail, je reculais l’heure du dîner en discutant avant avec elle. C’était assez facile», plaisante-t-elle. L’INQUIÉTUDE DES PARENTS Pour ceux qui en ont parlé dès le début, ce n’était pas plus simple. Si pour Cindy, 24 ans, convertie depuis un an, ce choix a été accepté par sa famille, pour Louise, 24 ans, cela a été «un peu tendu, mes parents n’étaient pas trop d’accord», précise-t-elle. Et puis, «ils ont vu que cela ne s’apparentait pas à du terrorisme ! Ils ont constaté que je m’épanouissais dans cette religion», rajoute-telle. Certains parents comme ceux d’Elise, 22 ans, s’accomodent de ces conversions, y voyant une erreur de jeunesse passagère. «Je sais que ça les dérange que je fasse le Ramadan. Ils essaient de faire abstraction de ma conversion en espérant que cela me passera», lâche Elise, 22 ans, convertie depuis un an et demi. José Lima, 63 ans, s’est posé des questions quand son fils Samir et son frère jumeau lui ont appris qu’ils étaient devenus musulmans. «C’est vrai qu’au début l’inquiétude était assez forte. Maintenant ça va», précise-t-il. Et le Ramadan ? «Ce n’est pas gênant, on voit la pratique du jeûne un peu partout», notet-il. Lui comme sa femme achètent de la viande halal et font en sorte qu’il y ait toujours un plat sans porc. «ON FAIT LA DIFFÉRENCE ENTRE LA CULTURE ET LA RELIGION» Pour l’iftar, tous s’organisent comme ils le peuvent, contrairement aux familles traditionnelles musulmanes, où la rupture est l’occasion de se rassembler autour du repas. «Quand on est
convertie, c’est là qu’on fait vraiment bien la différence entre la culture et la religion. Le soir, cela m’arrivait de manger des pâtes, ce ne sont pas les super repas orientaux qu’on peut retrouver dans certaines familles musulmanes !», explique Elise. La rupture du jeûne se fait seul, l’heure est trop tardive pour que leurs parents les accompagnent. «On ne connaît pas
vraiment ce moment familial, pour nous, c’est plus un commandement», souligne Anaïs, qui concède que cette solitude «devient un peu plus difficile à gérer». Mais tous confirment que ce mois sacré est un moment que l’on fait pour soi. «Ça me dérange pas tant que ça d’être seule, c’est une période où je me retrouve avec moi-même», explique Louise.
Les convertis doivent souvent jeûner et rompre leur jeûne en cachette.
Samir Lima avec son fils
Pour les convertis, le Ramadan est une période propice à la solitude et à la réflexion personnelle.
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27 JUIN - 3 JUILLET 2014 ZAMAN FRANCE
Le futur centre musulman de Bordeaux fait polémique Le ministre de l’Education reçoit les mères voilées
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Ce mercredi 18 juin, une délégation de quatre collectifs de mères musulmanes – «Mamans toutes égales» (au niveau national), «Sorties scolaires avec nous» (BlancMesnil, Seine-Saint-Denis),«Toi plus moi plus ma maman» (Méru, Oise), «Mon enfant, l’école et moi» (Argenteuil, Val-d’Oise) – a été reçue par le ministre de l’Education, Benoit Hamon. Cette rencontre avait pour but de demander le retrait de la circulaire «Chatel» avant la rentrée 2014-2015. Mise en place par l’ancien ministre de tutelle, Luc Chatel, sous le gouvernement de Nicolas Sarkozy, ce texte interdisait aux mères de porter le voile pendant les sorties scolaires. Selon la délégation, cette circulaire est «sexiste et islamophobe». Feirouz Benamar, membre du collectif «Sorties scolaires avec nous !» a néanmoins exprimé sa satisfaction face à l’intérêt que le ministre a porté à cette affaire. «C’est la première fois qu’on nous écoute».
«AVEC OU SANS FOULARD, MAMANS TOUTES ÉGALES» La trentaine de femmes qui étaient présentes dans la rue de Grenelle, où siège le ministère de l’Education Nationale, explique dans une lettre ouverte que «parce que nous portons un foulard, nous n’avons pas le droit d’accompagner nos enfants aux sorties scolaires, mais nous avons le droit de nous présenter aux élections de délégués de parents d’élèves. Nous ne pouvons pas trouver les arguments cohérents pour expliquer cela à nos enfants». Lors de cette journée, les mères voilées et non voilées avaient brandi des banderoles «Avec ou sans foulard, mamans toutes égales». Selon le Défenseur des droits, les mamans ne peuvent pas être considérées comme des auxiliaires du service public et elles ne sont donc pas concernées par la neutralité religieuse lors des sorties scolaires. Mais les établissements scolaires ont le droit de refuser leur présence. Le 12 mai, Benoît Hamon, avait déclaré sur BFM TV que les chefs d’établissement devaient «faire preuve de discernement» et régler ce problème au cas par cas.
La FMG est à l’origine du futur centre, qui va se situer dans le quartier de la Bastide.
A Bordeaux, une nouvelle étape symbolique vient d’être franchie dans le projet de construction d’un centre musulman. Le journal portugais Publico a dévoilé le nom du cabinet d’architecture choisi (Aires Mateus, basé à Lisbonne) et a publié plusieurs illustrations en images de synthèse du futur centre. Le coût total du projet est de 22 millions d’euros et devrait prendre fin en 2018. DIJAN CETINGOZ PARIS Initié par la Fédération musulmane de la Gironde (FMG), ce centre, qui va se situer dans le quartier de la Bastide, va proposer en plus de la mosquée, une école de formation d’imams, une partie culturelle, des salles de classe, une bibliothèque, un amphithéâtre et une salle d’exposition.
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DES SOUTIENS ET DES ADVERSAIRES Alain Juppé et son opposant socialiste Vincent Feltesse soutiennent le projet. Ils affirment néanmoins, en réponse aux critiques de leurs op-
posants, avoir simplement vendu un terrain de 12 000 mètres carrés et ne pas participer financièrement à sa réalisation. En effet, l’ancien candidat du FN à la mairie de Bordeaux, Jacques Colombier, est contre ce projet. Selon lui, ce centre musulman est un complot qui allierait les musulmans de Gironde et «l’UMPS» et sera un repaire de musulmans intégristes. Le 13 janvier, il avait déclaré sur France Bleu Gironde «Je rappelle quand même que les Frères musulmans, euh… L’association des musulmans de la Gironde est affiliée à l’UOIF (Union
Le journal portugais Publico a publié des illustrations en images de synthèse du futur centre.
des organisations islamiques de France), et sont adeptes de la charia. C’est une branche dure et radicale de l’islam».
LES APPORTS FINANCIERS DE L’ÉTRANGER Des financements étrangers devraient permettre à ce projet de se réaliser. Une partie des fonds proviendrait de l’Azerbaïdjan. La FMG a déclaré que l’aide financière des pays étrangers était à prendre en compte. «Tant que la loi le permet, pourquoi pas? Parce qu’après tout, ce sera un événement architectural qui sera un plus pour la ville de
Bordeaux. Un des monuments que les touristes pourront venir visiter», a déclaré le secrétaire général de l’association, Charafeddine Mouslim. Ce dernier pose néanmoins une limite : «Il faut que cet argent soit transparent, (il va passer par le Trésor public) et surtout qu’aucun centime ne soit conditionné, pour garantir l’indépendance de l’organisation». Malgré les critiques et les manifestations, la Fédération musulmane de Gironde affirme que le centre accueillera également des non-musulmans, en plus des 4000 fidèles.
Les aumôniers musulmans des prisons réclament un statut professionnel DIJAN CETINGOZ PARIS En publiant leur communiqué le 16 juin, les aumôniers musulmans n’avaient qu’un but : obtenir un cadre légal indispensable au bon déroulement de leurs missions comme par exemple le financement des formations complémentaires. Cette demande concerne également les missions face à la radicalisation islamiste dans le milieu carcéral. Dans ce communiqué, El Alaoui Talibi, l’aumônier national des prisons, défend également le travail de ses confrères qui «tous les jours, sans compter leur temps ni leur énergie, essayent de transmettre aux personnes détenues des valeurs à la fois religieuses et humanistes : la sacralité de la vie humaine, le respect des personnes et des biens d’autrui, le vivre-ensemble, le respect des lois de la République». Les aumôniers musulmans des prisons ne perçoivent pas de salaire mais
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Les aumôniers musulmans perçoivent une indemnité pour leurs frais de déplacement.
une indemnité versée par l’administration pénitentiaire qui couvre leurs frais de déplacement, a dit la secrétaire de leur aumônerie nationale, Samia Ben Achouba. Elle-même aumônier régional, elle explique à l’AFP qu’elle reçoit 800 euros nets par mois pour ses interventions dans cinq établissements pénitentiaires du Nord-Pas-de-Calais. El Alaoui Talibi explique que «pour exiger qu’un aumônier aille en prison, il faut une carotte, comme une couverture sociale ou une retraite» et il ajoute également que «pour nos frères catholiques, c’est l’Église qui peut payer cela. Mais pour nous, aucune structure ne peut le faire. Or une présence plus importante dans les prisons peut diminuer la radicalisation». Les membres musulmans de l’aumônerie des prisons veulent qu’il n’y ait aucune différenciation entre les aumôneries, selon la loi 1905 sur la laïcité.
PAS ASSEZ D’AUMÔNIERS MUSULMANS EN FRANCE Malgré la forte présence des musulmans dans les prisons, il y a moins d’aumôniers musulmans. Ils sont actuellement 169. Dans le communiqué publié lundi, ils prennent comme exemple la maison d’arrêt de Valence pour défendre leurs arguments. «À la maison d’arrêt de Valence, 80 % des détenus sont musulmans. Or il y a trois aumôniers catholiques, deux protestants et un musulman». Trois semaines après la tuerie de Bruxelles, pour laquelle Mehdi Nemmouche a été incarcéré, les membres de l’aumônerie musulmane des prisons s’étaient réunis à Paris pour une réunion où ils avaient souhaité «renouveler [leur] ferme et totale condamnation de la barbarie qui a frappé des personnes innocentes au musée juif de Bruxelles.»
07 TURQUIE
27 JUIN - 3 JUILLET 2014 ZAMAN FRANCE
FN : la guerre des rappeurs a bien eu lieu
MON AVOCAT CANAN ÖZENICI
Les avantages de la franchise
Le rappeur Médine vient de sortir un titre intitulé «MC Soraal», jeu de mots entre l’artiste MC Solaar et le polémiste Alain Soral.
Pour certains journalistes, les rappeurs de cette décennie seraient globalement dépolitisés et la question du Front national ne les heurterait plus. Une affirmation rapide au vu des derniers développements du rap porté par des artistes comme Médine, Youssoupha et un certain Edel Hardiess. Zaman France fait le point. FOUAD BAHRI PARIS Dans un article publié mercredi 18 juin, Le Monde.fr titrait «Le Front national ne fait plus réagir les rappeurs». Signé Stéphanie Binet, l’article justifie son titre par ces remarques : «Les groupes de rap des années 2010 n’ont pas la fibre politique de leurs aînés qui pourfendaient dans les années 1990 le «Bleu Blanc Rouge», enregistraient des titres collectifs contre le racisme, ou se mobilisaient entre les deux tours des élections présidentielles en 2002». Pourtant, cette affirmation pour partiellement exacte qu’elle soit, ne l’est plus lorsqu’on embrasse le monde du rap français dans son intégralité. Le FN, ses thèmes de campagnes et la galaxie de militants et de groupuscules qui gravitent autour font bien partie des thèmes de réflexion de certains rappeurs et ces préoccupations se retrouvent dans leurs textes.
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LA LIGUE DES RAPPEURS POLITIQUES Citons le dernier album de Médine, Protest song, dans lequel des morceaux comme «Blokkk Identitaire», en duo avec Youssoupha, abordent le thème de la violence des tensions identitaires entre militants sionistes, adeptes des Black panthers et néo-nazis. Usant de scènes choquantes d’agressions racistes, ce clip inscrit bien le thème de la violence identitaire comme sujet de préoccupation brûlant de la planète rap, thème qui est au cœur du vote FN. D’ailleurs, le même rappeur Médine vient de sortir un titre intitulé «MC Soraal», jeu de mots entre l’artiste MC Solaar et le polémiste sulfureux Alain Soral, issu du Front national et très influent chez une partie des jeunes fans de Dieudonné. Sans doute une manière de laisser entendre que le polémiste s’est auto-attribué le rôle de porte-parole des jeunes de banlieues, à l’instar d’un rappeur. C’est dire que le Front national fait bien parler et chanter les rappeurs. Un nouveau groupe, La ligue, incluant Youssoupha, Kery James, un
habitué du rap politique, et Médine, est déjà annoncé pour 2015.
UN RAPPEUR PRO-FN ? Mais d’autres rappeurs ont pris un tout autre chemin à propos du Front national. Un artiste nommé Edel Hardiess a ainsi affiché sa relative proximité avec le parti de Jean-Marie Le Pen. Son album annonce bien la couleur : Le chant des partisans, avec un drapeau français en couverture, et un titre phare «Résistant», autant de symboles du nationalisme français qui sont loin d’être indifférents pour l’électorat de Marine Le Pen. Hardiess déclare dans une interview donnée à nos confrères du Courrier de l’Atlas, être moins éloigné des valeurs du FN que de celles du PS ou de l’UMP. Il ajoute qu’il ne s’agit pas d’une relation d’adhésion mais plutôt de favoriser le départ politique des formations de droite et gauche du gouvernement. «Je préfère un ennemi déclaré qu’un traître», a confié le chanteur. Mais sur d’autres sujets comme le mariage pour tous, l’intervention en Libye et au Mali, le cas Snowden, il précise qu’il est tout à fait en phase avec le FN. Une position qui peut paraître surprenante, tant des thèmes comme l’islam ou l’immigration sont les cibles préférées du parti d’extrême-droite. L’EFFET SORAL Faut-il y voir un effet Soral ? Sans aucun doute. L’écrivain français qui a lançé le site Egalité et Réconciliation, très fréquenté, fait régulièrement la promotion de chanteurs et de rappeurs pro-Dieudonné et accessoirement, soraliens sympathisants. Citons Kimto Vasquez, Morsay, et même Kery James que Soral juge proche de sa ligne de rapprochement entre «Français de souche» et jeunes des quartiers populaires. On l’aura donc compris, loin d’être absent des textes ou des univers politiques des rappeurs, le FN, par divers biais, plane encore sur l’esprit des rappeurs français.
Les rappeurs français Edel Hardiess et Médine.
En période de crise, l’antériorité d’une marque, un savoir-faire sont des valeurs rassurantes pour le consommateur. C’est pourquoi de nombreux entrepreneurs décident de s’affilier à un réseau de vente de produits et services déjà existant et performant pour s’assurer la chance d’un bon démarrage. La première étape à respecter dans l’affiliation est naturellement l’étude des conditions d’accès. Interrogez-vous sur la véritable rentabilité du système et surtout assurez-vous que le réseau d’indépendants ne cache pas en réalité un système de « contrat de travail light »… Ceci étant dit, reste à savoir comment financer votre projet. Le plan de financement comporte le détail des investissements nécessaires à la création de votre point de vente. Les experts recommandent un apport personnel couvrant au moins 30 % du montant total. En dessous de ce seuil, ils estiment que le franchisé ne pourra pas rembourser son prêt, les frais d’assurance et les intérêts, tout en se rémunérant. N’hésitez pas à démarcher plusieurs établissements bancaires et, en priorité, ceux qui ont noué des partenariats avec votre franchiseur. Dans ce cas, vos interlocuteurs connaissent déjà l’enseigne et la fiabilité du réseau. L’agence à laquelle vous vous adresserez transmettra votre dossier au service national dédié à la franchise. Il sera rapidement analysé et vous bénéficierez des conditions négociées par le réseau (conditions monétiques, frais de dossier revus à la baisse, etc.). Pour bâtir son dossier, le franchiseur est tenu de fournir au futur franchisé un état local et national du marché, c’est-à-dire les chiffresclés du secteur d’activité. En revanche, il vous appartient, en tant que futur chef d’entreprise, de tester l’opportunité d’affaires. Mais cela ne vous dispense pas d’une étude de marché locale. Votre analyse du potentiel régional vous permet de compléter vos connaissances en vérifiant l’effectif de la population, ses caractéristiques et le nombre de concurrents. Faites aussi appel à un expert-comptable pour valider le prévisionnel et à un avocat, ou à un conseiller juridique, pour étudier le statut le plus pertinent pour votre structure. Tout cela vous permettra de bâtir votre business plan. C’est le document que vous présenterez à la banque lorsque vous solliciterez un prêt. Il est donc essentiel de le soigner. Il comporte un résumé en quelques pages (trois ou quatre), puis le dossier lui-même, d’une vingtaine de pages avec les annexes (document d’inscription au registre du commerce ou des métiers, les trois derniers bulletins de salaire et les titres de propriété). Bref, un travail de longue haleine mais primordial avant de se lancer dans l’aventure ! Pour vos questions : ceruguz@yahoo.fr
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27 JUIN - 3 JUILLET 2014 ZAMAN FRANCE
«Tous les ressortissants de Turquie et du Qatar doivent quitter la Libye dans les 48 heures» C’est ce qu’a déclaré le 22 juin Mohamed el Hedjazi, porte-parole du général rebelle libyen Haftar. L’officier à la retraite a déclaré à la mi-mai la guerre aux milices islamistes actives en Cyrénaïque. Il accuse aujourd’hui les deux pays d’encourager le «terrorisme».Depuis, la Turquie a entamé l’évacuation de ses ressortissants présents en Libye.
Erdogan prépare sa chasse aux sorcières contre le Hizmet Le Premier ministre turc annonçait depuis des mois l’imminence d’une vaste enquête contre ce qu’il appelait l’«Etat parallèle». C’est désormais chose faite. A l’approche du lancement de la campagne présidentielle, un procureur d’Ankara a ordonné des mesures d’investigation. Au même moment, la révélation d’un document de travail du ministère de l’Intérieur visant à ficher des membres du Hizmet a fait polémique.
SAMI KILIÇ PARIS Après six mois de rhétorique enflammée, voilà arrivé le temps des procédures. Des «persécutions», diront volontiers les «futures victimes». Un retour en arrière s’impose pour saisir la trame de «l’affaire». Le 17 décembre 2013, un procureur d’Istanbul met en examen des proches du Premier ministre turc, Tayyip Erdogan, accusés de corruption. Un remaniement ministériel évincera ces ministres à la suite de la diffusion de communications téléphoniques compromettantes. Le 25 décembre, c’est le fils du Premier ministre, Bilal Erdogan, qui est inquiété jusqu’à ce que le procureur général d’Istanbul retire le dossier des mains du procureur. Depuis, Tayyip Erdogan dénonce l’existence d’un «Etat parallèle» qui aurait juré sa perte. Et cette organisation louche se trouve être le Hizmet, mouvement civil d’inspiration religieuse qui se nourrit des idées de Fethullah Gülen, homme de religion et penseur musulman.
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UNE NOUVELLE MODE : IMPUTER TOUT CE QUI VA MAL À L’«ETAT PARALLÈLE» Selon cette théorie, des membres du Hizmet auraient infiltré la justice et la police et auraient planifié toute une série de manœuvres afin de déstabiliser le gouvernement AKP, avec lequel ils étaient pourtant en bonne intelligence jusqu’alors. Tayyip Erdogan est immédiatement monté au créneau pour fustiger un «Etat parallèle», une «organisation mafieuse», une «traîtrise». Il a promis d’entrer «dans leur repaire». De part et d’autre, on a brûlé les vaisseaux et on s’est lancé dans une offensive verbale très dure. Erdogan n’a pas hésité à qualifier de «faux prophète» et de «savant brouillon» Fethullah Gülen, celui qu’il encensait jusqu’alors. «Pennsylvanie» (lieu de résidence de Gülen aux Etats-Unis) est devenu un motto. Tout ou presque a commencé à être imputé à la «Pennsylvanie». Les deux dernières allégations montrent l’ampleur du phénomène. A Lyon, en meeting pour l’élection présidentielle, Erdogan a accusé la «Pennsylvanie» d’être à l’origine du décrochage du drapeau turc à Diyarbakir ! Dans l’avion qui le ramenait en Turquie, il a lié la li-
bération des détenus dans l’affaire des écoutes du bureau du Premier ministre à l’œuvre de la «justice parallèle» !
LA JUSTICE DÉCLENCHE UNE ENQUÊTE La chaîne Al Jazeera Türk vient de révéler que Serdar Coskun, un procureur d’Ankara spécialisé dans les infractions visant à renverser l’ordre constitutionnel, avait lancé une enquête préliminaire au début du mois de juin. Il a demandé à la police de mener des investigations sur l’«Etat parallèle», ses membres, ses buts, son organisation, ses ressources économiques et ses moyens de communication. Il a également demandé à vérifier si le Hizmet n’entrait pas dans la qualification d’organisation terroriste. Le procureur a d’ailleurs directement évoqué le mouvement et ordonné un recensement de certains éléments comme les sites Internet, les journaux, les chaînes de télévision, les chambres d’étudiants, les établissements scolaires (y compris ceux de l’étranger), les centres de soutien scolaire, les sociétés, les fondations, les associations, les banques, les terrains, les dons, les ventes ainsi que toutes les activités économiques des membres du Hizmet. LE MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR A-T-IL CONCOCTÉ UN PLAN D’ÉLIMINATION DU HIZMET ? Au même moment, l’ancien ministre de l’Intérieur du gouvernement AKP, Idris Naim Sahin, a mis au jour l’existence d’un plan de travail pour éliminer le Hizmet. Compte tenu des documents qu’il s’est procurés, Sahin a adressé une question écrite au ministre actuel de l’Intérieur, son successeur Efkan Ala, le bras droit d’Erdogan. Il lui a demandé si le ministère avait saisi les services de renseignement pour déterminer les lieux où peuvent se trouver des archives du Hizmet, les saisir et les analyser. Le ministère leur aurait également confié la tâche de déterminer les noms et adresses des personnes impliquées dans ce mouvement, de faire une analyse sur les capacités du Hizmet à renverser l’ordre constitutionnel établi. Enfin, Ala aurait voulu savoir s’il y a une implication du mouvement dans les assassinats de Hrant Dink, journaliste turc d’origine arménienne
abattu en 2007, du père Santoro, prêtre de l’église Santa Maria à Trébizonde tué en 2006 ou encore de Mustafa Yücel Özbilgin, juge au Conseil d’Etat qui avait été visé par un avocat en 2006. Ces trois meurtres avaient été rattachés à l’affaire Ergenekon, nébuleuse militarocivile dont le but était de créer une ambiance délétère dans le pays afin de faire tomber le gouvernement d’Erdogan. Ils sont désormais imputés au Hizmet, un véritable retournement de situation.
DES RÉACTIONS INDIGNÉES Les indignations ne se sont pas fait attendre après la révélation de l’existence de ce plan de travail anti-Hizmet. Yasar Yakis, l’ancien ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de l’AKP, a exprimé son désappointement : «Si les accusations sont vraies, je serai déçu de voir où l’Etat en est arrivé sous l’AKP dont je suis un des fondateurs.», a-t-il indiqué. Le président du groupe MHP (droite nationaliste) à l’Assemblée nationale, Oktay Vural, a dénoncé un procédé de propagande pour «éliminer la société civile». «En lisant ce document, on constate que l’autorité politique crée d’abord une infraction et se met ensuite
C’est le 1er juillet que l’AKP annoncera son candidat aux présidentielles.
à chercher les coupables et les preuves», a-t-il déclaré. Pour l’heure, le ministère de l’Intérieur n’a pas réagi sur le sujet.
UN PREMIER MINISTRE TOUJOURS AUSSI DÉTERMINÉ Le seul à assumer la ligne dure reste Tayyip Erdogan en personne. Rappelant sans cesse qu’il a échappé à une «tentative de coup d’Etat judiciaire», le chef du gouvernement n’en démord pas. «Il y aura tout, des actions en justice jusqu’aux notices rouges d’INTERPOL. Comme ils nous ont intenté des centaines de procès, on va leur intenter des centaines, des milliers de procès», a-t-il dit avant d’ajouter : «Les choses ont déjà commencé à bouger. Dans les républiques turciques, dans certains pays de l’Afrique, les écoles de l’organisation parallèle ont été fermées. Nous préparons un projet, quand il sera prêt, les choses vont s’accélérer». Quand on sait qu’il n’hésite pas à évoquer l’«Etat parallèle» à tout bout de champ, on peut aisément penser que la campagne présidentielle sera l’occasion d’entendre une rhétorique remâchée. Les journaux progouvernementaux ont déjà commencé à présenter le candidat de l’opposition, Ekmeleddin Ihsanoglu, comme un «projet» du Hizmet...
Présidentielles : le doute plane sur la candidature du Premier ministre -
Le Premier ministre turc Tayyip Erdogan a déclaré au quotidien Sabah ce dimanche que l’AKP pourrait prendre une décision inattendue quant à la nomination de son candidat à la présidentielle. Il a en effet laissé entendre qu’un autre que lui pourrait être présenté comme candidat, alors qu’il reste moins de deux mois avant les élections en Turquie. Erdogan a ajouté que l’AKP nommera son candidat une fois que le CHP et le MHP auront pris leur décision définitive sur le leur. Malgré la candidature d’Ekmeleddin Ihsanoglu, ancien secrétaire géné-
ral de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), par les deux partis de l’opposition, Erdogan a déclaré que cellec-ci n’était pas officielle : «Pour que cela devienne une décision définitive, ils doivent d’abord soumettre une résolution parlementaire au Parlement, puis signer la motion avant que soit notifié un nom au Conseil suprême des élections (YSK)». «Tout peut arriver, jusqu’au dernier moment. C’est pour cela que le 1er juillet prochain [jour de l’annonce du candidat AKP] sera d’une importance capitale», a déclaré Erdogan.
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27 JUIN - 3 JUILLET 2014 ZAMAN FRANCE
Putsch de 1980 : prison à vie pour Evren et Sahinkaya -
L’ancien président turc Kenan Evren et l’ex-chef d’état-major de l’armée de l’air, Tahsin Sahinkaya, ont été condamnés mercredi à la prison à perpétuité pour leur implication dans le coup d’Etat militaire de 1980, rapporte la chaîne publique TRT. Le procureur général, Erdinç Hakan Özdabakoglu, a commencé par demander une condamnation à perpétuité pour les deux hommes, accusés d’avoir bouleverser l’ordre constitutionnel du pays par la force.
UN PUTSCH D’AMPLEUR DANS L’HISTOIRE DE LA TURQUIE Kenan Evren, âgé de 96 ans, et Tahsin Sahinkaya, 89 ans, étaient accusés d’avoir
La Cour constitutionnelle turque annule le procès Balyoz
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La Cour constitutionnelle turque vient d’annuler le procès Balyoz pour violation des droits de la défense. La Cour a estimé que les données digitales ainsi que l’audition des témoins violaient les articles de la Constitution qui protègent les droits de la défense. La procédure ayant été viciée, les prévenus auront droit à un nouveau procès. L’affaire Balyoz concernait une tentative de coup d’Etat qui aurait été fomentée par les militaires en 2003, un an après l’arrivée au pouvoir de l’AKP. Les chefs d’état-major de l’armée de l’air et de la marine, Ibrahim Firtina et Özden Örnek, ainsi que le commandant de la première armée de terre basée à Istanbul, Cetin Dogan, avaient écopé d’une peine de 20 ans d’emprisonnement. Au total, 230 militaires avaient été condamnés.
Beko prend la deuxième place en Europe
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En l’espace de dix ans, la marque turque d’électroménager à réussi à se hisser au second rang en Europe alors qu’il y a cinq ans, elle occupait la cinquième place. Tous les jours, il y a 12 500 machines à laver qui sortent des chaînes de production de la marque. Dans l’usine de Cayirova, en Turquie, ils sont 1 700 employés à travailler 45 heures par semaines sur l’assemblage des pièces des machines. La filiale compte 8 usines en Turquie, ce qui représente une dizaine de millions d’appareils par an. Depuis quelques années, la France est devenue le second marché de la marque, après le Royaume-Uni. Le chiffre d’affaire de la compagnie a augmenté de 12,3 % «soit une multiplication par 7 en dix ans» précise la présidente de la filiale Brigitte Petit. La raison de ce succès est simple. Contrairement aux autres marques, Beko a proposé des produits innovants avec un style contemporain et des prix moins élevés (351 euros). «Nous sommes un démocratiseur, aucune marque n’a une offre aussi large, fiable et avec du design» déclare la présidente. L’autre raison de ce succès est que la marque est très présente dans des émissions comme Top Chef. Cela a permis en 2013 à BEKO d’être à la troisième place des ventes en France.
préparé le terrain à l’intervention de l’armée, la troisième en vingt ans. Le procès des deux hommes a commencé à Ankara en novembre 2012. Le coup d’Etat militaire de 1980 a affecté le pays plus qu’aucun autre coup d’Etat dans l’histoire de la République. Un total de 650 000 personnes ont été arrêtées et la police avait fiché 1,7 millions d’individus. Quelque 230 000 personnes ont été jugées dans 210 000 affaires durant la période du coup d’Etat, essentiellement pour des raisons politiques. Les deux militaires reçoivent actuellement des soins à l’hôpital militaire d’Ankara et d’Istanbul.
Les meneurs du coup d’Etat du 12 septembre : de gauche à droite, Nejat Tumer, Nurettin Ersin, Kenan Evren, Tahsin Sahinkaya et Sedat Celasun (photo du 29 octobre 1980).
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27 JUIN - 3 JUILLET 2014 ZAMAN FRANCE
La Turquie au Moyen-Orient : une histoire de mauvaise théorie… La politique turque au Moyen-Orient est un échec complet. L’entrain du ministre des Affaires étrangères, théoricien d’un rapprochement avec les pays voisins, n’a pas suffi à mettre la Turquie au cœur de l’échiquier. C’est le contraire qui s’est produit, la Turquie a perdu la main dans la région. Décryptage des amitiés et des inimitiés turques dans la région. SAMI KILIÇ PARIS «Zéro problème avec les voisins» et «profondeur stratégique» avait théorisé l’actuel ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu. Un «vœu pieu» avaient dénoncé les observateurs. Le Moyen-Orient est mouvant, la théorie est rarement pertinente. Si bien que la Turquie qui s’était effectivement rapprochée de l’Egypte, de l’Irak, de la Syrie et d’Israël en est venue à les bouder. Seul l’Iran chiite fait figure de partenaire stable.
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LA SYRIE Le Premier ministre turc, Tayyip Erdogan, avait développé des liens d’amitié avec Bachar al-Assad. Face au «printemps syrien» et à sa répression sanglante par le président syrien, la Turquie en est venue à demander sa tête. Elle a été le grand soutien des forces de l’opposition. Davutoglu avait évoqué à l’époque «une chute qui se ferait en quelques jours». Quelques années ont passé. Des groupes djihadistes et l’extension syrienne du PKK, le PYD, sont en train de ronger le territoire syrien. Assad, droit dans ses bottes, est toujours à la manœuvre. Les Turcs en sont réduits à accueillir des centaines de milliers de réfugiés. Un déferlement qui devient de plus en plus pesant sur un plan budgétaire et sécuritaire. L’IRAK La Turquie n’a jamais caché son aversion pour le Premier ministre irakien, Nouri al Maliki. Un temps soutien d’une coalition sunnite, la Turquie a préféré réorienter sa politique vers plus de neutralité. Il n’en reste pas moins qu’elle a accueilli en exil le vice-Président
Un Israelien vice-président de la Commission de la décolonisation à l’ONU
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Malgré l’opposition du Groupe des Etats arabes, Mordehai Amohai, représentant d’Israël à l’ONU, a été élu au poste de Vice-Président de la Quatrième Commission de l’Assemblée générale. Cette commission est chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation Il y a quelques jours, la représentante du Qatar avait informé le Président de la Commission de leur refus de cette candidature. Selon elle, le pays est une «puissance occupante qui viole la Charte des Nations Unies et le droit international». Néanmoins, l’Israélien Mordehai Amohai a été soutenu par 28 Etats européens lors de cette élection.
sunnite, Tarek al Hachémi, condamné à mort dans son propre pays. Ironie de l’histoire, la Turquie qui craint depuis fort longtemps la création d’un Etat kurde à sa frontière méridionale, s’est rapprochée des Kurdes du Nord jusqu’à signer un contrat sur le pétrole, ce qui a eu le don d’irriter l’autorité centrale. Dernièrement, les groupes djihadistes de l’Etat islamique en Irak et au Levant, soutenus par les grandes familles sunnites, ont enlevé le consul turc de Mossoul ainsi que des chauffeurs de poids lourd. Les groupes extrémistes ont également pris la ville de Tall Afar, bastion des Turkmènes. La Turquie passe pour le protecteur des Turkmènes. Lorsque des procureurs turcs ont arrêté des camions affrétés par les services de renseignement à destination de l’Irak et de la Syrie, le gouvernement turc a dénoncé ces procédures au nom de l’assistance aux frères turkmènes. Aujourd’hui, face à l’avancée des extrémistes, il leur demande de quitter l’Irak.
L’EGYPTE La Turquie a soutenu les Frères musulmans et plus particulièrement le président al Morsi jusqu’au bout. Le Premier ministre turc a été l’un des rares responsables politiques à dénoncer le coup d’Etat du général Sissi. Les relations diplomatiques ont été rompues. Le gouvernement turc continue de camper sur sa position «légitime». Il n’en reste pas moins que l’Egypte est le plus grand pays arabe et un partenaire incontournable sur nombre de dossiers régionaux. Une prise de conscience qui explique sans doute le geste du président de la République turc, Abdullah Gül, qui s’est
Jusqu’au bout, la Turquie aura soutenu le président égyptien al Morsi.
résigné à envoyer un message de félicitations à son nouvel «homologue» Abdelfattah al Sissi.
L’IRAN La Turquie se targue d’avoir une relation stable avec l’Iran depuis le traité de Qasr-i Chirin de 1639 qui a défini les frontières entre les deux puissances de l’époque, l’Empire ottoman et l’Etat safavide. Les deux Etats n’en sont pas pour autant des alliés. La Turquie a des ambitions dans le monde sunnite alors que l’Iran est le champion de la cause chiite. Les relations de bon voisinage sont donc plus stratégiques qu’autre chose. Le ton reste courtois. Erdogan, qui s’était rendu en Iran au début de l’année 2014 après l’élection de Rohani, avait parlé de sa «deuxième maison». Les deux pays coopèrent surtout dans le domaine économique (gaz) et sécuritaire (le séparatisme kurde). Rohani a récemment effectué une visite d’Etat en Turquie, 18 ans après celle de Rafsandjani.
Tayyip Erdogan avait développé des liens d’amitié avec Bachar al-Assad. Face au «printemps syrien» la Turquie en est venue à demander la tête de ce dernier.
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27 JUIN - 3 JUILLET 2014 ZAMAN FRANCE
C’est le nombre de réfugiés, de déplacés et de demandeurs d’asile à travers le monde à la fin de l’année dernière, un chiffre sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, selon un rapport du Haut commissariat de l’Onu aux réfugiés (HCR).
ENLÈVEMENT DE TURCS EN IRAK
Rasmussen : l’OTAN aidera la Turquie Le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a déclaré que l’alliance n’hésiterait pas à défendre et protéger son alliée la Turquie, après l’assaut de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) sur le Consulat turc de Mossoul et la prise en otage de son personnel diplomatique. DENIZ ARSLAN ANKARA Dans un entretien exclusif à Zaman, Rasmussen a déclaré que la situation irakienne a été majoritairement abordée pendant ses réunions officielles avec les représentants turcs à Ankara ce lundi. En visite officielle en Turquie, Rasmussen a rencontré le président turc, Abdullah Gül, le Premier ministre, Tayyip Erdogan, le ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, et le ministre de la Défense, Ismet Yilmaz. Le consulat turc à Mossoul a été attaqué mercredi dernier et des diplomates turcs sont maintenant entre les mains du groupe de l’EIIL, affilié à al-Qaïda. A la question de savoir si l’article 5 du Traité de l’Atlantique nord pouvait être activé après cette attaque, Rasmussen a déclaré que l’activation de l’article n’avait de toute façon pas été demandée. «Personne n’a demandé l’activation de l’article 5. Nous avons eu une réunion à l’OTAN à la demande de la Turquie et bien sûr, nous continuerons à suivre de près la situation et consulterons notre alliée, la Turquie», a-t-il dit.
En visite officielle en Turquie, Rasmussen a notamment rencontré Ahmet Davutoglu.
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UN «LIEN FORT DE SOLIDARITÉ» «Nous mettrons à disposition une défense et une protection efficaces pour nos alliés. Nous n’hésiterons pas à prendre les mesures nécessaires pour défendre et protéger notre alliée, la Turquie. Vous l’avez vu quand nous avons déployé des missiles Patriot en Turquie à sa demande, en réponse à la situation syrienne qui se détériorait. Le déploiement de missiles Patriot
en Turquie montre [notre] lien fort de solidarité et [notre] détermination à prendre les mesures nécessaires afin de protéger nos alliés», a déclaré Rasmussen, après avoir fortement condamné l’attaque de l’EIIL et en particulier la prise en otage de Turcs à Mossoul. La Turquie avait en effet demandé six missiles Patriot à l’OTAN pour défendre son espace aérien contre la Syrie en 2012. Les Etats-Unis avaient invoqué l’article 5 du traité de l’Atlantique nord pour obtenir l’aide de l’OTAN au moment de l’invasion de l’Afghanistan en 2001. Avec l’article 5, toute attaque contre un allié est considérée comme une attaque contre tous les autres alliés. Rasmussen, qui était Premier ministre du Danemark, a déclaré que la situation en Syrie, en Irak, en Ukraine et en Libye rappelait que l’OTAN faisait face à de nombreux défis de sécurité et que l’alliance devait «se tenir prête à les résoudre».
Colère en Turquie après le blackout médiatique imposé par la justice E. BARIS ALTINTAS ISTANBUL L’interdiction de publication imposée par la justice turque aux médias couvrant la prise d’otages de citoyens turcs par l’EIIL dans la ville de Mossoul en Irak est vue comme un véritable acte de censure par les journalistes et autres associations de médias. Ce 17 juin, la 9e Haute Cour pénale d’Ankara a en effet imposé cette interdiction de publication afin d’assurer la sécurité des otages, deux jours après les critiques d’Erdogan à l’adresse des médias qui couvraient la prise d’otages.
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«NOS CITOYENS ONT DROIT DE CONNAÎTRE LA SITUATION À MOSSOUL» L’Association des journalistes turcs (TGC) a condamné cette décision en affirmant que «l’interdiction de publier des informations sur les actions de l’EIIL [constituait] une censure». L’Association a également pointé du doigt le moment où tombe cette décision, soit deux jours seulement après les propos d’Erdogan sur la couverture des médias de la situation à Mossoul : «Le public, dont le droit à l’infor-
mation a déjà été restreint, sera laissé totalement dans le noir sur la situation à Mossoul, avec cette interdiction. Nos citoyens ont naturellement droit de connaître la situation actuelle à Mossoul, où se trouvent des résidents turcs».
LE CHP DÉPOSE UN RECOURS Le CHP, principal parti de l’opposition, s’est opposé à l’interdiction. Le vice-président du parti, Bülent Tezcan, a déposé un recours mardi, accusant le Consulat turc de Mossoul en Irak. gouvernement de cacher et de couvrir de sérieuses allégations survenues en lien avec la situation actuelle. L’ancien journaliste Can Dündar a déclaré à Zaman que la décision constituait Le Conseil des ministres qui s’est non seulement une violation de réuni le 16 juin 2014 a décidé de retila liberté de la presse mais aussi rer le Front al Nosra de la liste des groupes une violation de l’indépendance terroristes affiliés à al Qaïda. Ce groupe judiciaire. «C’est un cas évident djihadiste qui sévit en Syrie reste idéologide censure. Certes, les déclaraquement proche d’al Qaïda mais la Turquie tions du gouvernement peuvent s’aligne ainsi sur la décision du Conseil de avoir des répercussion négasécurité des Nations-Unies qui avait décidé tives sur la situation des otages début juin de dissocier les deux groupes mais pas ce qui est écrit dans les dans sa liste des organisations terroristes. médias», déclare pour sa part Le groupe al Nosra avait été incorporé à la le juriste et chroniqueur Orhan liste turque, deux semaines auparavant. Kemal Cengiz.
La Turquie retire le Front al Nosra de la liste des groupes terroristes affiliés à al Qaïda
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«JE N’AI AUCUNE RAISON DE CROIRE QUE LA TURQUIE SOUTIENDRAIT DES GROUPES TERRORISTES» La presse occidentale a été plutôt critique vis-à-vis du soutien présumé du gouvernement turc au terrorisme sur la frontière sud. La presse a notamment dit que les Turcs avaient permis aux affiliés d’al-Qaïda d’utiliser la frontière turco-syrienne comme une zone transitoire. Le statut de la Turquie en tant qu’alliée de l’OTAN a été remis en question par certains experts internationaux. «Je connais la Turquie en tant que force puissante contre les actes de terrorisme. La Turquie a gravement souffert elle-même du terrorisme. La Turquie a toujours été un soutien dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. Je n’ai aucune raison de croire que la Turquie soutiendrait de quelque manière que ce soit les groupes terroristes ou les groupes affiliés au terrorisme», a ajouté Rasmussen.
12 INTERNATIONAL Journée mondiale des réfugiés :
Où en est-on ? Dans le cadre de la Journée mondiale des réfugiés, le Haut Commissariat des Nations Unies a publié son rapport sur les déplacements forcés dans le monde. Ils sont aujourd’hui 51,2 millions à devoir quitter leur foyer du fait de conflits. Stéphane Lobjois, responsable du pôle Urgences du Secours Islamique France a répondu aux questions de Zaman France.
Combien y-a-t-il de réfugiés dans le monde? Quelles sont les zones les plus touchées ? Le Haut Commissariat des Nations Unies a publié son rapport aujourd’hui, il y a 51,2 millions de réfugiés dans le monde. En ce qui concerne la Syrie, il y a 2,5 millions de réfugiés qui sont répartis sur plusieurs pays: la Turquie, le Liban, la Jordanie et l’Irak. Le Liban est le pays qui en accueille le plus. Comment a évolué la situation des réfugiés ces dernières années ? Le rapport du HCR le prouve, il y a de plus en plus de réfugiés depuis quelques années. Les chiffres d’aujourd’hui n’avaient jamais été atteints depuis la Seconde Guerre mondiale. Le grand problème cette année est qu’il y a moins de moyens financiers pour aider ces familles, contrairement à 2013. Cela n’est pas très logique au vu de la hausse des chiffres. Est-ce que les populations acceptent facilement l’arrivée des réfugiés dans leur pays ? On peut s’apercevoir que les populations les acceptent, mais, sur le long terme, elles atteignent leurs limites. Le Liban a été touché par la crise internationale et avec l’arrivée des réfugiés il y a une concurrence qui s’est créée notamment pour trouver du travail. Comme il y a plus de demande, les salaires baissent et les prix augmentent. Et comme la situation des Syriens est plus compliquée et qu’ils coûtent moins cher, certaines personnes en profitent pour les exploiter. Quelle est la situation en Turquie en ce qui concerne les réfugiés syriens? Nous ne couvrons pas la Turquie mais la situation est complètement différente. La Turquie est un plus grand pays avec une meilleure situation économique que le Liban. L’impact de la présence de réfugiés n’est donc pas le même. D’autant que la Turquie a créé des camps de réfugiés «officiels» contrairement aux Libanais, il est donc plus facile pour eux de gérer les populations syriennes.
Le Liban accueille le plus grand nombre de réfugiés syriens. Parmi eux, de nombreux enfants.
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A Düsseldorf, les Olympiades font la joie des Turcs La dernière cérémonie du 12e festival de la langue et de la culture qui s’est tenue à Düsseldorf, en Allemagne, samedi 21 juin, a été marquée par la joie et la fierté de 15 000 personnes, majoritairement des Turcs d’Europe et de Turquie.
La cérémonie finale s’est tenue en Allemagne avec la participation de 250 élèves originaires de 145 pays.
SEVGI AKARÇESME Cette année, l’événement, connu sous le nom d’«Olympiades turques» et habituellement organisé en Turquie, s’est tenu à l’étranger et sous une autre dénomination, afin d’éviter les pressions du gouvernement turc. Ce dernier ayant tout tenté pour empêcher l’événement traditionnel organisé par le Hizmet d’avoir lieu, les organisateurs ont décidé de délocaliser l’événement à l’étranger pour éviter les problèmes de visa qu’auraient pu rencontrer les jeunes participants. Après deux premières cérémonies organisées en Ethiopie et en Roumanie, la cérémonie finale s’est tenue en Allemagne avec la participation de 250 élèves originaires de 145 pays. L’intellectuel musulman Fethullah Gülen, qui a inspiré ce projet visant à rassembler les élèves des écoles turques implantées à travers le monde, a fait parvenir un message qui a été accueilli par un tonnerre d’applaudissements. L’érudit citait dans son message un proverbe japonais qui dit que ce n’est pas la longueur du voyage qui compte mais les personnes avec qui on voyage. Gülen a parlé de la valeur de l’Etat de droit, des droits de l’homme et des libertés en Allemagne et a remercié les personnes en Allemagne qui ont organisé le festival.
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UN PUBLIC ENCHANTÉ Ainsi, durant trois heures, des jeunes se sont produits en chant, danse et récitation de poèmes. Ali Ugursavas, président de l’Association de la langue turque (Türkçe Der) organisatrice du festival, a déclaré que l’objectif de l’événement était de contribuer à la formation d’une mosaïque des cultures. Des jeunes originaires d’Indonésie, d’Albanie, d’Azerbaïdjan ou encore d’Algérie ont impressionné le public grâce à leurs performances, en langue turque pour la plupart. Une jeune algérienne, Dalia Chih, a particulièrement attiré l’attention en reprenant un titre du chanteur de folk turc, Müslüm Gürses. Tous ont clôturé le festival en chantant l’hymne des Olympiades, «Yeni bir dünya» («Un nouveau monde»), avec le public. Contrairement aux autres années, aucun diplomate turc n’a participé aux différentes cérémonies, suite aux consignes du gouvernement turc.
Le hold-up américain du cinéaste Kader Ayd DIJAN CETINGOZ PARIS Kader Ayd qui s’est fait connaître en 2000 avec Old School, revient sur les écrans avec un nouveau film, Five Thirteen, sorti le 11 juin. Le film raconte l’histoire de deux frères, Mike et Tre, qui tentent de rentrer dans le droit chemin. Le premier, qui sort de prison, va tout faire pour protéger sa fille de la violence des rues alors que le dernier accepte un dernier contrat pour aider sa petite amie avant de changer de voie. Le casting rassemble des acteurs connus
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comme Dany Trejo, Steven Bauer (Scarface, Breaking Bad), Gary Dourdan (Les Experts) et surtout Tom Sizemore (Heat, Tueur-nés).
KADER AYD, UN RÉALISATEUR ATYPIQUE D’après les acteurs, la méthode de travail de Kader Ayd est différente de celle des autres réalisateurs. «Nous n’avions pas de script, juste les grandes lignes de l’histoire» explique Malik Barnhardt à Metronews, l’acteur qui interprète le personnage de Tre. Aucun scénario n’a été proposé, ce
qui a laissé une grande liberté aux comédiens. «On a improvisé les répliques pendant le tournage» ajoute-t-il. Une première à Hollywood. Depuis quelques années, de nombreux Franco-maghrébins ont tenté l’aventure américaine à Hollywood. Le réalisateur Rachid Bouchareb et l’acteur Saïd Taghmaoui en font partie. Le premier a sorti dernièrement La Voie de l’ennemi avec Forest Whitaker et Harvey Keitel. Le second est connu pour avoir joué dans G.I Joe : Le réveil du Cobra ou encore Conan.
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Islam des mondes
Ramadan : un mois, avant d’être un jeûne
SEYFEDDINE BEN MANSOUR LILLE Le samedi 28 juin commence le neuvième mois de l’année hégirienne 1435. Car si, par métonymie, le mot Ramadan en est venu à signifier «jeûne» dans l’usage courant, il désigne en propre un mois lunaire. Un mois particulier, au statut sacral affirmé. D’abord parce que, bien entendu, il est lié à l’observance du quatrième pilier de l’islam, la pratique du jeûne obligatoire, mais aussi parce qu’il est lié à l’avènement même de la révélation coranique. Ainsi, dans ce verset qui précise le cadre temporel de la descente du Livre, Ramadan est-il nommément cité, privilège qui d’emblée le distingue des onze autres mois de l’année : «Le mois de Ramadan est celui au cours duquel le Coran a été révélé pour guider les hommes dans la bonne direction […]» (II:185).
«Le mois de Ramadan est celui au cours duquel le Coran a été révélé pour guider les hommes dans la bonne direction […]» (II:185).
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LE MEILLEUR DES MOIS LUNAIRES A ce titre, il est, selon Ibn ‘Arabi (1165-1240), le meilleur des mois, à l’image de vendredi, le meilleur des jours. C’est au cours d’une «nuit bénie» (XLIV:3) que le Coran a été révélé, une nuit que les commentateurs s’accordent à placer durant le mois de Ramadan, l’identifiant à cette Nuit du Des-
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«C’est en cette mystérieuse nuit que le Coran est descendu depuis la "Table préservée" vers le ciel de ce bas monde» tin «meilleure que mille mois» (XCVII). Selon diverses traditions en effet, c’est en cette mystérieuse nuit que le Coran est descendu depuis la «Table préservée» vers le ciel de ce bas monde. L’expression désigne la table sur laquelle est inscrit tout ce qui est, fut, et sera jusqu’au jour du Jugement dernier. Ensuite, c’est également durant le mois de Ramadan, et également la nuit, que pour la première fois Muhammad reçut la Parole divine, transmise par l’archange Gabriel, alors qu’il s’était
retiré dans une grotte située au sommet du mont Hira. Il n’est pas anodin à cet égard que le premier verset qui fut révélé alors soit constitué du mot Iqra ! («Lis !», XCVI:1) : construit sur la racine QR’, il est de la même famille que le mot Qur’ân.
LES TROIS ÉTAPES DU PARDON CORANIQUE La parenté formelle souligne ici, comme l’ont relevé nombre de commentateurs, dont Ibn ‘Arabi, la solidarité qui existe entre le Coran, le mois de Ramadan et la fonction
du Prophète, Muhammad ayant été suscité comme apôtre ce même mois durant lequel fut donnée la révélation coranique. A son statut sacral est également lié le fait, rappelé par nombre de traditions, que Ramadan est par excellence, c’est-à-dire plus qu’à aucun autre moment de l’année, le mois au cours duquel se manifeste la Miséricorde divine. «Son commencement est miséricorde, son milieu, pardon, et son terme, affranchissement du feu», souligne ainsi un hadith, tandis qu’un autre affirme : «Le mois de
Ramadan est venu à vous ; c’est un mois de bénédictions en lequel Dieu vous enveloppe de Sa miséricorde. Il pardonne les fautes et exauce les demandes […].» L’obligation du jeûne ajoute à la dimension sacrale une dimension sociale particulièrement marquée. La charité est ainsi particulièrement recommandée durant Ramadan, en cette période de l’année qui voit la Umma, la communauté musulmane, resserrer ses liens, – car ce mois à nul autre pareil, «il est celui de ma communauté», dira le Prophète.
Episode I La vie du Prophète d’après les Chroniques de Tabari Où il est raconté que, de l’Arabie à la Perse, des signes annonçaient la naissance d’un prophète SEYFEDDINE BEN MANSOUR Ce fut dans l’année de l’Eléphant, de l’expédition d’Abraha contre La Mecque [voir la sourate de l’Eléphant (CV) : l’armée envoyée par le maître chrétien du Yémen pour détruire la Kaaba sera décimée par des «nuées d’oiseaux»], que le Prophète vit le jour, lundi 12 du mois de Rabî‘a premier. Sa mère était Amina, fille de Wahb, fils de ‘Abd al-‘Ozza, de la tribu de Zohra et son père était ‘Abd Allah, fils de ‘Abd al-Mottalib, fils de Hashim, fils de ‘Abd Manaf.
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L’ANNONCE FAITE À AMINA […] La mère du Prophète a raconté que, quand elle le portait dans son ventre et que, au bout de neuf mois, le temps de sa délivrance approchait, elle vit, dans un songe, un ange descendre du ciel, qui lui dit : «Celui que tu portes dans ton ventre est le plus grand de tous les hommes et la plus noble de toutes les créatures: quand tu en seras délivrée, donne lui le nom de Muhammad et prononce ces mots : J’ai recours pour lui au Dieu unique contre la mauvaise influence de tout envieux». Elle fit part de ce songe à ‘Abd al-Mottalib. Ensuite, dans la nuit où le Prophète vint au monde, sa mère regarda et vit qu’il jaillissait de lui une lumière rayonnant jusque vers la Syrie et elle vit tous les palais de ce pays et
la lumière sortant de lui rayonnait aussi vers le ciel et atteignait les étoiles. Le lendemain, elle fit appeler ‘Abd al-Mottalib et lui raconta ce qu’elle avait vu. ‘Abd al-Mottalib donna à l’enfant le nom de Muhammad.
RÊVES PRÉMONITOIRES Une autre tradition rapporte que, au moment de la naissance du Prophète, toutes les idoles qui se trouvaient dans la ville de La Mecque et dans le temple de la Kaaba furent renversées et tombèrent sur la face et le feu des mages de tous les pyrées [temples zoroastriens], dans l’Arabie et dans la Perse, s’éteignit dans cette nuit. Dans la même nuit, Nouchirwan [le roi de Perse] vit en songe les tours de son palais renversées. «UN GRAND ÉVÉNEMENT SE PASSE PARMI LES ARABES» Le grand Mobed [souverain pontife de la religion zoroastrienne] eut un songe dans lequel il vit comment de grands chameaux vigoureux luttèrent contre de petits chameaux arabes en petit nombre, comment ils furent mis en fuite, comment les chameaux arabes passèrent le [fleuve] Tigre, pénétrèrent dans la Perse et s’y répandirent. […] Le lendemain, on reçut de la Perse la nouvelle que le principal feu s’était éteint dans le pyrée […]. Il y
Chroniques de Tabari, la version persane de Bal’ ami (Xe siècle).
avait mille ans que ce feu ne s’était éteint. […] Le Mobed [dit alors] : «Un grand événement se passe parmi les Arabes. Il viendra de là quelqu’un qui subjuguera la Perse et qui triomphera de sa souveraineté et de sa religion.
[A suivre…]
Le texte dont Zaman France présente ici des morceaux choisis, accompagnés de titres, d’intertitres et de parenthèses explicatives, est une traduction française due à Hermann Zotenberg (XIXe siècle) de la version persane effectuée par Abu Ali Muhammad Bal’ami (Xe siècle) à partir du texte arabe original des célèbres Chroniques de l’imam Ibn Jarir Tabari (IXe-Xe siècles).
OPINION15
27 JUIN - 3 JUILLET 2014 ZAMAN FRANCE
Ihsanoglu, le meilleur ennemi d’Erdogan
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DENVER
Le cauchemar sectaire de l’Irak
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Avec la conquête des provinces du nord-ouest de l’Irak par l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), un nouveau chapitre terrifiant vient de s’ouvrir dans l’histoire mouvementée du pays. L’EIIL n’est pas un groupe ouvert au dialogue. Il adhère à la vision, exprimée dans de nombreux coins du monde sunnite arabe, selon laquelle les musulmans chiites sont des apostats et des traîtres de l’islam, les pires des pires (avec Israël et les Etats-Unis). A ce sujet, il faut se rappeler que le péché originel de l’occupation de l’Irak menée par les Etats-Unis il y a 11 ans était soi-disant intitulé la «débaasification», c’est-à-dire l’élimination de toute personne ayant des liens avec le parti Baas de Saddam Hussein. Cette décision a été prise l’année qui a suivi l’invasion de 2003, quand l’Irak était entre les mains des Etats-Unis. La «débaasification» était considérée comme une initiative déterminante visant à éliminer une odieuse idéologie. Elle a été comparée à la dénazification de l’Allemagne au lendemain de la Deuxième guerre mondiale. La conséquence de ce programme de «débaasification» a été la marginalisation des sunnites, et la réponse des sunnites à ce processus est devenue un soutien de facto aux islamistes.
Carrière politique, personnalité, charisme, tout semble séparer le Premier ministre Erdogan de son rival à l’élection présidentielle, Ekmeleddin Ihsanoglu. Justement, selon le chroniqueur Mümtazer Türköne, un Ihsanoglu devenu Président de la République turque pourrait être la personne idéale pour contenir le pouvoir d’Erdogan.
Edité par : Source SARL 2, boulevard Saint Martin 75010 PARIS
CHRISTOPHER R. HILL
Erdogan peut-il perdre ? Oui, cela se peut. Et s’il perdait, ce serait la fin de sa carrière politique, tout comme Waterloo le fut pour Napoléon. Le candidat choisi par l’opposition est une figure forte. Dans le contexte MÜMTAZER TÜRKÖNE de l’élection présidentielle, une comparaison des deux va mettre au grand jour les faiblesses d’Erdogan. Ekmeleddin Ihsanoglu bénéficie également d’un avantage en politique intérieure. Erdogan a remporté les élections locales en polarisant le peuple, mais la même stratégie fonctionnera-t-elle pour les élections présidentielles ?
INCARNER LE CONSENSUS Le CHP et le MHP ne suivent pas la même ligne politique. Mais ils se sont mis d’accord sur une figure pouvant rivaliser avec l’AKP. Cet accord est un défi de taille vis-à-vis de la stratégie de polarisation d’Erdogan. Ihsanoglu est une figure qui est apparue grâce à un consensus. Son rival maintient son pouvoir grâce à la polarisation. Le peuple élira un président symbole de consensus et de conciliation. Erdogan n’a qu’une chance : faire croire au peuple qu’il incarne le consensus. Il y procédera en organisant une
campagne de propagande. Mais homme ou d’une stabilité où la il doit séduire non seulement fonction présidentielle joue un ses soutiens et les citoyens turcs rôle de contre-pouvoir dans les mais aussi le monde. L’avantage limites de la démocratie ? absolu d’Erdogan provient de sa POLARISATION CONTRE CONSENSUS capacité à maintenir une certaine La course à la présidentielle d’Erstabilité. L’opposition est incadogan et Ihsanoglu repose sur pable d’offrir une alternative à la la polarisation et la politique du stabilité de l’AKP. Mais le pouvoir consensus. Erdogan est comme absolu d’Erdogan est une épée à un boxeur qui met K.O. double tranchant. son adversaire. Il est sans Erdogan recherche égal et téméraire. De toujours plus de l’autre côté, Ihsanoglu pouvoir. Aucune objection n’est soulevée contre «L’avantage absolu d’Erdogan l’ordre établi sous sa gouvernance, est sa capacité à maintenir car il n’y a pas une certaine stabilité» d’alternative.
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QUEL TYPE DE STABILITÉ VOULONS-NOUS POUR LA TURQUIE ? Alors que l’apparition d’un système présidentiel pourrait changer le système politique, l’ordre parlementaire et l’équilibre économique, la stabilité ne serait pas affectée si Erdogan perdait les élections. L’AKP pourrait se maintenir au pouvoir grâce à la carte de la stabilité. Seules les figures au pouvoir changeraient. D’un autre côté, en tant que figure du consensus, Ihsanoglu pourrait contribuer à une stabilité durable. Voulons-nous d’une stabilité qui dépende de la volonté d’un seul
est un gentleman poli et patient. Ihsanoglu pourrait être la bonne personne pour contenir le pouvoir d’Erdogan. Pour limiter Erdogan, pas pour le détruire. Cette idée pourrait même plaire aux soutiens d’Erdogan qui verraient que cela peut contribuer à la stabilité. La seule solution pour Erdogan est d’adopter un discours de réconciliation pour défier son rival. Sa stratégie pourrait très rapidement changer et peut-être Erdogan portera-t-il bientôt plus d’attention à la réconciliation et au consensus. m.turkone@todayszaman.com
FAIRE ACCEPTER L’IDÉE D’UN IRAK CHIITE Aujourd’hui, les partis politiques irakiens sont en grande partie des organisations sectaires. Les chiites votent pour des candidats chiites et les sunnites pour des candidats sunnites. Le président américain Obama a raison lorsqu’il dit qu’une phase politique complémentaire aux actions militaires est nécessaire. Il serait probablement bon que Maliki promette de ne pas diriger le gouvernement pour un troisième mandat. Maliki est devenu la figure la plus polarisante de la politique irakienne et il est difficile d’imaginer le pays progresser sous son leadership. Mais il doit y avoir un effort beaucoup plus concerté pour persuader les voisins arabes de l’Irak d’accepter un Irak gouverné par les chiites. Parmi la population arabe d’Irak, les chiites sont trois fois plus nombreux que les sunnites. Dans un pays où l’identité politique est liée à l’identité religieuse, le régime de la majorité est synonyme du régime des chiites. Le reste du monde arabe sunnite a eu du mal à accepter ce fait démographique. Des pays comme l’Arabie saoudite possèdent des minorités chiites dont ils craignent l’agitation. LE SECTARISME AU COEUR DU CONFLIT RÉGIONAL Si la campagne d’attentats et d’assassinats menée par les islamistes sunnites en Irak a principalement ciblé les chiites, nombre de ces attaques ont aussi ciblé les sunnites soupçonnés de soutenir le gouvernement. Et une grande partie de l’armement et de l’aide que l’Arabie saoudite et les Etats du Golfe ont fourni pour soutenir le soulèvement sunnite en Syrie est maintenant entre les mains des extrémistes. Il s’avère qu’armer les rebelles modérés syriens est plus facile à dire qu’à faire. La situation actuelle en Irak doit être replacée dans un contexte plus large de violences sectaires à travers la région. Qu’il trouve ses origines dans l’invasion de l’Irak menée par les Etats-Unis il y a 11 ans ou dans le Printemps arabe souvent mal compris, le sectarisme est bien vivant. Les Etats-Unis et l’Occident ont besoin d’une politique qui réponde de front au conflit sectaire, non pas uniquement en Irak mais à travers la région. Retrouvez l’intégralité de cet article sur : www.zamanfrance.fr
Ramadan et Coupe du Monde : que vont faire les joueurs ? L’équipe d’Algérie face à la Corée du Sud.
Le Ramadan commence dans trois jours et tombe pendant la phase finale de la Coupe du Monde. Pour les joueurs musulmans, le dilemme est de taille : jeûner ou pas, d’autant que l’effort à fournir sera plus intense. Gros plan sur les différentes options qui s’offrent aux joueurs. DIJAN CETINGOZ PARIS La Coupe du Monde tombe cette année en plein mois de Ramadan. Des équipes comme l’Algérie, la BosnieHerégovine ou encore le Nigéria sont concernées, mais pas seulement. Des joueurs comme Xherdan Shaqiri (Suisse), Moussa Sissoko et Bacary Sagna (France), Marouane Fellaini et Nacer Chadli (Belgique), Wakso Mubarak (Ghana) et Vincent Aboubakar (Cameroun) vont se retrouver dans la même situation. Pour tous ces joueurs, le choix est difficile : jeûner et jouer ou renoncer au jeûne pour mieux jouer. En France, le comité de jurisprudence de l’UOIF, Dar al-fatwa, avait expliqué au site Saphir news lors des JO de 2012 à Londres que les athlètes pouvaient s’abstenir de jeûner parce qu’ils étaient considérés comme voyageurs mais seulement pour quelques jours.
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«IL FAUT UNE GRANDE DISCIPLINE POUR TENIR» Cette fatwa peut également s’appliquer aux footballeurs musulmans qui se sont déplacés au Brésil et qui voyagent dans les 12 villes où se déroulent les rencontres. Ils devront néanmoins terminer le Ramadan à la fin de la compétition et rattraper ultérieurement les jours de jeûne qu’ils n’auront pas effectués. Le joueur Nacer Chadli, joueur de l’équipe belge a été clair à ce sujet: «Le Ramadan commence à la fin du mois. J’espère bien qu’on sera encore au Brésil à ce moment-là. Mais le faire, c’est assez dur, tant physiquement que mentalement. Pour moi, c’est hors de question de suivre le Ramadan si j’ai des entraînements et des matches. Dans ce cas-là, je rattraperais mes jours de jeûne plus tard.» Kolo Touré, le joueur ivoirien, avait déclaré de son côté au Daily Mail qu’il allait faire le Ramadan si son équipe était qualifiée pour les huitièmes de finale. «Il faut une grande discipline pour tenir le coup. Pour moi, les cinq premiers jours sont difficiles, mais, après ça, le corps s’adapte et on se sent vraiment heureux». DES JOUEURS PLUS PERFORMANTS Faire le Ramadan n’empêche pas les joueurs d’être plus performants pendant le jeûne. Avant les JO de Londres, une étude sur «Le Ramadan et le football» avait été publiée dans le Journal of Sports Sciences par les docteurs Hakim Chalabi et Yacin Zerguini, membres de la Commission médicale de la FIFA. Ils expliquaient dans cette étude qu’il faut «réorganiser son sommeil en conséquence» et changer «le niveau de nutrition» pour que les joueurs puissent être en forme pendant cette période. Yacin Zerguini explique également qu’«il faut aussi modifier la qualité des aliments, afin de s’adapter à l’exercice. Les joueurs doivent mieux s’hydrater et allonger la durée de leur sieste pendant l’après-midi». La Fédération des associations islamiques au Brésil a publié en mai «Salam Brazil – 2014 World Cup», un guide destiné aux joueurs mais également aux 20 000 visiteurs musulmans qui sont présents au Brésil pendant la Coupe du Monde. Ce guide de 32 pages comprend les adresses des mosquées, des restaurants halal, des hôpitaux ou encore des ambassades.