Zaman France N° 228 - FR

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L’âge moyen du mariage des femmes turques a augmenté, passant de 20 à 23 ans a révélé une étude de l’Institut turc de la statistique (TürkStat). Un changement qui traduit lui-même une évolution sociologique de la femme turque, plus active et plus indépendante financièrement.

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TURQUIE

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Les Turques se marient plus tard

Le salafisme, «un outil de la politique étrangère saoudienne» La recrudescence de violences commises par des salafistes au lendemain de la révolution tunisienne, marque-t-elle un tournant politique majeur dans l’histoire de ce pays où naquit le printemps arabe ? Pour les experts interrogés par Zaman France, si le phénomène salafiste n’est pas récent dans le monde musulman, le soutien politique et financier saoudien lui ont permis de gagner en puissance.

31 AOÛT - 6 SEPTEMBRE 2012 N° 228

WWW.ZAMANFRANCE.FR

Le «génocide arménien» débarque au collège La violence psychologique, meilleure arme du PKK ?

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La persistance des attaques du PKK en Turquie et l’impasse sécuritaire du gouvernement serait-elle la traduction d’une impuissance plus profonde de l’Etat turc face à la question kurde ? D’après les experts turcs spécialisés sur le PKK, qui défendent une politique kurde équilibrée, Ankara a sous-estimé la nature psychologique des actions menées par l’organisation terroriste. RTURQUIE 08

A l’occasion de la rentrée scolaire 2012, le gouvernement français a fait inclure un chapitre sur le «génocide arménien» de 1915 dans les programmes d’histoire-géographie destinés aux élèves du secondaire.

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Suite à la rénovation des programmes lancée par les ministres de l’Education nationale Xavier Darcos et Luc Châtel, les classes de troisième et de terminale d’enseignement général seront dotées de nouveaux manuels scolaires pour la rentrée 2012. Pour la première fois, ces derniers évoqueront longuement le «génocide arménien». En réalité, ce n’est pas la première fois que la question est traitée dans les

Pourquoi la Turquie échoue dans le sport

La guerre totale du KCK contre Ankara rEMRE DEMIR 02

Les astuces des grandes enseignes pour consommer plus

La mauvaise prestation de la Turquie aux Jeux olympiques de Londres, avec seulement cinq médailles remportées, dont deux en or, soulève des interrogations sur les causes des contre-performances sportives turques. Pour les professionnels du secteur, les raisons de cet échec telles que l’insuffisance des fédérations, le manque d’entraîneurs et d’installations, peuvent être surmontées. 1SPORT 16

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La multiplication de l’offre concurrentielle et la réduction du budget des ménages poussent constamment les grandes enseignes à plus d’inventivité pour inciter leur clientèle à surconsommer. Baisse des prix, design renouvelé ou encouragement à l’achat impulsif, les techniques mises en place ne poursuivent qu’un but : la maximisation des profits, même en temps de crise. RECONOMIE 13

50 % des médicaments vendus en ligne sont faux rSOCIETE 04

manuels français, mais cette fois le fait historique n’est pas simplement cité. Certains de ces ouvrages développent sur deux pages pleines les évènements de 1915, photographies et cartes à l’appui. Chez Hachette, le «génocide» est traité en tant qu’évènement indépendant du contexte historique international de l’époque et comme un exemple type de «violence de masse», qui structure tout le chapitre 3 de l’ouvrage sans toutefois en donner une définition précise. RSOCIETE 06

La hausse des loyers menace le «petit Istanbul» à Berlin rEUROPE 09

Le chiisme : un schisme clérical en islam rCULTURE 14


02 FRANCE Soliman le Magnifique

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EDITO EMRE DEMIR

La guerre totale du KCK contre Ankara Le Parti des Travailleurs Kurdes (PKK) mène une «guerre totale» depuis un mois contre l’Etat turc en mobilisant tous ses moyens militaires, économiques, politiques et sociaux. Il saisit toutes les occasions et tous les moyens dont il dispose pour poursuivre cette guerre. Il court après la victoire en misant tout sur la ligne de front. Le conflit militaire qui a duré pendant deux semaines a Semdinli, l’attaque contre un véhicule militaire à Foça, la visite des députés du parti pro-kurde aux terroristes du PKK, et, enfin, le massacre qui a tué neuf civils dont quatre enfants à Gaziantep ne sont que des aspects différents de cette stratégie. L’Union des communautés kurdes (KCK), l’organisation clandestine qui se pose en alternative kurde à l’Etat, appelle cette stratégie sanglante «la guerre du peuple». Même si le KCK n’a pas reconnu sa responsabilité dans l’attentat à Gaziantep, le suspect principal est un haut fonctionnaire de l’organisation. Le KCK est une organisation parapluie qui rassemble toutes les organisations pro-kurdes, y compris le PKK, la branche armée du KCK. Au cours du procès sur le KCK qui a commencé en décembre 2009, un grand nombre d’hommes politiques kurdes, dont plusieurs maires du parti pro-kurde BDP, ont été arrêtés. L’enquête contre le KCK est perçue par la presse européenne comme une manœuvre politique du gouvernement actuel pour étouffer le mouvement kurde. Les organisations internationales continuent à faire pression sur la Turquie pour arrêter les opérations contre le KCK. Même si les failles du système judiciaire turc et certaines méthodes de ses procureurs méritent une critique, cette enquête contre le KCK n’est pas du tout une simple affaire politique. Pourtant, l’horrible attentat à Gaziantep a montré que le KCK n’est pas un mouvement politique légitime mais une organisation criminelle complice du PKK. Murat Filiz, le cerveau de l’opération terroriste qui a tué quatre enfants était le garde du corps de Murat Karayilan, qui se considère comme le chef du KCK. Le PKK a réussi à étendre ces attaques dans des grandes villes grâce a l’organisation urbaine du KCK qui a servi la logistique humaine et matérielle de l’organisation terroriste. L’enquête contre le KCK doit se poursuivre tout en respectant les critères universels des droits fondamentaux. Parallèlement, le gouvernement d’Erdogan doit répondre à toutes les demandes politiques, sociales et culturelles du peuple kurde. e.demir@zamanfrance.fr

passionne les téléspectateurs Le documentaire Soliman le magnifique, diffusé le 21 août sur France 2 dans le cadre de l’émission Secrets d’histoire a battu des records d’audience. EMMANUELLE GRIMAUD PARIS Le 21 août dernier, les nombreux fidèles de l’émission à succès Secrets d’histoire se sont passionnés pour le destin de Soliman le Magnifique, le plus grand de tous les sultans ottomans. Et pour preuve, cette immersion dans le Moyen-Orient du milieu du XVIe siècle a intéressé pas moins de 3,43 millions de téléspectateurs. L’histoire du sultan a ainsi permis à France 2 d’enregistrer une part de marché de 18 %. Avec ce score, la chaîne prend la deuxième place du classement de première partie de soirée. Le documentaire, qui a été filmé à Istanbul et en France en collaboration avec le Conseil de la culture et de la présentation de Paris, était ponctué de déclarations de spécialistes du sujet (historiens,

écrivains). Pendant près d’1h30, Stéphane Bern se sera promené dans des cadres aussi sublimes qu’impressionnants tels le musée Sainte-Sophie ou le palais Topkapi à Istanbul et tant d’autres merveilles au gré d’une musique envoûtante. Avec aussi, pour illustrer le sujet du jour, de nombreux extraits d’une série télévisée turque à succès, diffusée en 2011, intitulée Le Siècle magnifique, déjà distribuée dans une quarantaine de pays.

Un documentaire plébiscité par les Français

En raison d’une forte demande de la part des auditeurs, le documentaire a été rediffusé dans la nuit du 25 au 26 août. L’émission Secrets d’Histoire, diffusée en début de

Le documentaire Soliman le magnifique diffusé sur France 2 a réuni 3,43 millions de téléspectateurs.

soirée sur France 2, et consacrée à Soliman le Magnifique, valait donc le détour. En réalité, le documentaire a remporté un grand succès populaire dès sa première diffusion en janvier 2011. Le Siècle magnifique a aussi provoqué plusieurs

polémiques, de jeunes nationalistes radicaux et certains politiques ayant violemment protesté, en reprochant aux producteurs de «dépeindre leurs ancêtres comme des personnes lubriques dans des alcôves de harem».

Des Syriens fuyant les persécutions du régime de Bachar al-Assad trouvent refuge en Turquie. Ils passent la frontière au niveau du village de Reyhanli dans la province d’Hatay avant de subir le contrôle des soldats, qui les placent dans le camp de Cilvegozu.

...ET UNE MAUVAISE

UNE BONNE...

La violence contre les femmes explose à Istanbul

Des chercheurs ont découvert un gène qui permet au plant de riz de mieux se développer sur des sols très pauvres en phosphore ainsi que d’accroître les rendements de près de 20 %. Ce gène serait même actuellement le seul rempart à une crise alimentaire semblable à celle de 2007-2008 qui menace d’éclater avec la flambée des cours de céréales. Le riz, aliment de base pour trois milliards d’êtres humains, est stocké

Selon les derniers rapports des journaux locaux et nationaux, des sites et agences d’actualité compilés par Bianet, un réseau de communication indépendant, Istanbul se tient, une fois de plus, en haut de la liste du nombre de meurtres de femmes commis par des hommes en Turquie. La province de Bursa a, quant à elle, été le théâtre du plus grand nombre de cas de violences à l’encontre des femmes.

jusqu’en 2013 et ses prix stagnent autour de 580 dollars la tonne pour le riz thaï. Les récoltes futures risquent d’être pénalisées par la stagnation des rendements. Toutefois, alors que le sol retient souvent étroitement le phosphore qu’il renferme et que seule une petite partie du précieux minéral pénètre les racines des plantes, le nouveau gène remédierait aux conséquences négatives de cette rétention.

Mais encore, la province méridionale d’Antalya fait état du plus grand nombre de viols. Les hommes, auteurs des violences, sont en moyenne âgés de 23 à 58 ans, alors que les victimes ont entre 18 et 46 ans. A ce jour, la Turquie est signataire d’une Convention sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique.

NOUVELLE

Un riz pour remédier à la crise alimentaire


03 FRANCE «Un des points de clivage fondamentaux, c’est l’attitude vis-à-vis de l’islam» Pour Alain Juppé, l’un «des points de clivage fondamentaux» dans le choix du candidat qu’il soutiendra pour la direction de l’UMP est l’islamophobie, contraire aux principes républicains. M. Juppé «attend de voir ce que propose chacun des deux candidats».

LIBYE

EN BREF

Destruction de sites soufis

LYON

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31 AOÛT - 6 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Le recteur de la Grande mosquée menacé de mort

Les idées reçues sur l’insécurité décryptées

Souvent animés par des visées politiques, de nombreux discours confondent la violence, l’incivilité ou l’injure… De ces contradictions naît l’image d’une société de plus en plus victime de la violence. Le sociologue Laurent Mucchielli traite de ce problème dans son essai L’invention de la violence. Des peurs, des chiffres et des faits. EMMANUELLE GRIMAUD PARIS A en croire le discours ambiant, nous vivons dans une société très violente. Celle-ci est instrumentalisée à coup de statistiques particulièrement douteuses que reprennent sans relâche les politiques dans leurs discours. Dans L’invention de la violence. Des peurs, des chiffres et des faits (Fayard), Laurent Mucchielli, sociologue du CNRS spécialiste des questions de délinquance et de violence, s’en prend aux nombreuses idées reçues en la matière. La thèse du sociologue est de dire qu’il y a un décalage entre le discours des politiques ou des médias et la réalité de la violence. Son essai condense les recherches du sociologue sur ces dix dernières années en terme de sécurité. Ainsi, il prend appui sur de nombreux travaux existants, dont les siens, pour passer en revue différents thèmes qui sont aujourd’hui au coeur du débat public. Dans son livre, Laurent Mucchielli étudie le fait sociétal global, examine les chiffres, aussi bien que les statistiques officielles ou les résultats d’enquêtes de terrain auprès de la population.

L’insécurité, un fond de commerce politique

Il propose également une réelle mise en perspective historique comme pour mieux démentir les déclarations alarmistes sur une prétendue augmentation brutale, un rajeunissement et une féminisation de la violence. En clair, Laurent Mucchielli pointe la confusion récurrente entre sécurité et sentiment d’insécurité. Il met à bas les fantasmes concernant la «montée de la délinquance» des mineurs, celle des étrangers ou des immigrés, ou encore les homicides et les viols. Il est vrai que l’insécurité est un problème sérieux qu’il est nécessaire d’étudier de façon scientifique. Or, comme le montre Laurent Mucchielli dans son livre, c’est tout le contraire qui se produit. Le thème de l’insécurité est devenu un élément essentiel de la communication politique et le fond de commerce de certains partis ou mouvements politiques. Leurs déductions idéologiques sont motivées par l’appât du gain électoral au prix d’une exploitation de sentiments comme la xénophobie ou la peur. Le sociologue montre que ces sentiments révèlent plus que jamais l’état de notre société, l’évolution de nos valeurs, autrement dit les inégalités croissantes de richesse, les façons d’habiter les villes, les drames familiaux, l’échec scolaire, l’ampleur du chômage et la ghettoïsation de certains quartiers.

La directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, «a exprimé sa vive préoccupation face à la destruction et à la profanation de sanctuaires soufis et de bibliothèques à Zliten, Misrata et Tripoli en Libye». Celle-ci «a appelé les auteurs à cesser immédiatement cette destruction». En effet, des islamistes radicaux ont démoli samedi le mausolée d’Al-Chaab al-Dahmani à Tripoli et profané le tombeau de ce sage, lieu de pèlerinage pour certains musulmans, notamment les soufis. Des mausolées à Zliten et à Misrata ont aussi été détruits.

Le recteur de la Grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, a annoncé avoir reçu une lettre de menaces de mort pour laquelle il a porté plainte. Dans ce courrier manuscrit de quatre pages, l’auteur écrit en rouge : «Une bombe ça fait boum et toi c’est pas une tête de porc que tu vas retrouver devant ta mosquée mais la tienne [...]». «On reçoit à peu près une fois par mois une lettre de menaces de cette même personne, mais qui n’avaient pas la même tonalité», a affirmé le recteur. Comme l’explique le sociologue Laurent Mucchielli, il existe un véritable décalage entre la perception de l’insécurité et l’insécurité réelle mesurée.

Zoom

Un nouveau dictionnaire turc pour les malentendants L’Institut de langue turque prépare un nouveau dictionnaire de la langue des signes qui synthétisera les différents dialectes turcs.

MAUD DRUAIS L’Institut de langue turque (Türk Dil Kurumu, TDK), fondé en 1932, a commencé à travailler à l’unification des différentes langues des signes dont se servent les personnes malentendantes en Turquie. Le ministère de la Famille et des politiques sociales, le ministère de l’Education et l’Institut de la langue turque prépareront conjointement un dictionnaire de 1986 mots pour mettre fin aux différences entre les langues. Le quotidien turc Star a rapporté que les éducateurs spécialisés chargés de l’enseignement du langage des signes commenceront leur activité après avoir été soumis à un examen sur ce nouveau dictionnaire. Grâce à celui-ci, les différences entre les langues des signes, dues aux erreurs des professeurs, seront réduites. Un certificat d’interprète de la langue des signes sera décerné à ceux qui passeront avec succès l’examen sur le nou-

veau dictionnaire. Cet examen n’aura lieu qu’une fois. La date limite d’inscription, qui a été déterminée par les directions provinciales de l’Education nationale turque sera le 21 septembre. Par ailleurs, le dictionnaire contiendra les signes des mots et expressions, mais pas leur signification.

Un dictionnaire standard

Le directeur de l’éducation spéciale au sein de l’Education nationale, Hakan Sari, a ainsi assuré que chacun pourra utiliser à sa guise l’un ou l’autre des dictionnaires. «Notre but, explique M. Sari, en publiant ce code standard de la langue des signes, c’est aussi de permettre à une personne malentendante de communiquer avec tout le monde dans n’importe quel hôpital ou tribunal, et qu’il soit compris». La langue des signes est considérée comme une langue à part entière, avec des modalités visuo-gestuelles, qui diffèrent des langues dites audio-orales. Un dictionnaire est déjà en ligne sur le site de l’Institut de langue turque.


04 SOCIETE 50 % des médicaments vendus en ligne sont faux

31 AOÛT - 6 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

MON AVOCAT Canan Özenici

Biens immobiliers : les avantages de la SCI En France, seules 22.500 officines sont autorisées à vendre des médicaments.

Selon une étude de l’OMS parue cet été, 50 % des médicaments vendus sur Internet sont des contrefaçons. Un chiffre très élevé qui inquiète les autorités sanitaires, celles-ci peinant à faire cesser ce commerce illicite en pleine expansion. MAUD DRUAIS PARIS Susie, une Américaine de 62 ans, a un jour décidé de s’acheter des médicaments en ligne pour lutter contre ses troubles du sommeil. Ceux-ci contenaient de l’acide borique, et la patiente a dû se faire greffer un nouveau foie pour survivre. D’autres, comme elle, se sont procuré des pilules censées leur faire perdre du poids et sont devenues diabétiques à vie. Ces histoires macabres relatées dans le cadre de l’opération annuelle Pangea, coordonnée par Interpol et l’organisation mondiale de la santé (OMS), afin de combattre la vente illicite de médicaments sur Internet, viennent témoigner des dangers de s’en procurer sur la toile. Et le message de ces campagnes de sensibilisation est clair «Don’t be your own killer, buy from a legitimate pharmacy» («ne soyez pas votre propre meurtrier, achetez dans une pharmacie légale»). Les autorités sanitaires de plus de 80 pays – dont l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) – tentent ainsi de réagir

face à un commerce qui augmente de façon exponentielle. Il suffit de taper «pharmacie en ligne» pour tomber sur une myriade de sites vantant la possibilité d’acheter des médicaments sur Internet, et ce, avec ou sans ordonnance. En 2011, les douanes françaises ont procédé à la saisie de plus de 65.000 contrefaçons de médicaments, soit un progrès de 75 % par rapport à 2010. En réaction à ces prises record, le directeur général de la Fédération professionnelle des industriels du médicament (LEEM), Philippe Lamoureux, avait souligné qu’«à ce jour, en France, la vente de médicaments sur Internet n’est pas réglementée».

Difficulté de légiférer

Comme souvent sur le web, il existe un vide juridique qu’un arrêt de la Cour européenne – l’arrêt Doc Morris – avait tenté de juguler en 2003. Depuis, il n’y a toujours pas eu d’adaptation à la réglementation française. Les consommateurs de l’Hexagone se tournent donc souvent vers des officines autorisées à exercer sur le

territoire européen pour trouver des médicaments en ligne. Malgré cette possibilité légale, 14 % des Français, soit 6,9 millions d’individus, reconnaîtraient pourtant acheter des produits délivrés uniquement sur ordonnance en dehors de ces circuits autorisés, selon une étude de la société pharmaceutique Pfizer en 2010. Il s’agit là d’un des travers propre à Internet : les pouvoirs publics rencontrent des difficultés à légiférer sur la toile. Comment, par exemple, contrôler des sites internet hébergés en dehors du territoire national ? Rappelons qu’en principe les autorités sanitaires françaises contrôlent tout le procédé, depuis la fabrication du médicament jusqu’à sa distribution en pharmacie. Avec Internet et l’émergence des «cyberpharmacies», tout ce processus est faussé, et selon une enquête de l’OMS publiée en 2012, 50 % des médicaments vendus en ligne sont des faux. Au mieux, ces derniers ne font aucun effet ; au pire, ils sont à l’origine de graves problèmes de santé, voire de la mort des patients.

Le gouvernement crée 150.000 emplois-jeunes C’était une promesse de campagne de François Hollande lors de la course à la présidentielle. Proposer des «emplois d’avenir» aux jeunes sans qualification. Ils visent quelques 140.000 jeunes qui sortent chaque année de l’Education nationale sans diplôme. Le Conseil des ministres a examiné mercredi le pro-

jet de loi créant les 150.000 «emplois d’avenir». Ce texte sera le premier soumis aux parlementaires lors d’une session extraordinaire qui devait s’ouvrir la semaine du 24 septembre mais qui a été avancée à celle du 10, les textes étant «prêts», selon le ministre chargé des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies. Ces

emplois, subventionnés par l’Etat et principalement destinés aux jeunes de moins de 25 ans, ressemblent beaucoup aux emplois jeunes créés par Lionel Jospin entre 1997 et 2002. L’Etat financera ces nouveaux emplois à hauteur de 75 % du SMIC brut. Les employeurs verseront le reste.

Si la création d’une SCI (société civile immobilière) n’est pas une fin en soi, l’acquisition des biens immobiliers via cette structure juridique constitue désormais le schéma d’acquisition classique, et cela même pour les particuliers… surtout lorsque l’acquisition est réalisée par plusieurs personnes. Mais pour quelles raisons ? Ce type de structure permet, dans un premier temps, d’éviter les situations d’indivision. Les droits de propriété de chacun des associés portent sur les parts sociales de la société et non sur l’immeuble directement, ce qui permet d’optimiser toute la gestion de l’immeuble et d’éviter les situations de blocage. Ainsi, dans la société, chacun exprime son point de vue sur l’immeuble dont il est question et la décision est prise à la majorité en fonction du nombre de parts détenu par chacun des co-associés. De la même manière, dans le cas où la société accueille un local destiné à une activité commerciale ou artisanale par exemple, elle permet d’isoler la valeur de l’immeuble à construire des risques liés à l’activité de la société qui occupe les locaux. A long terme, la détention d’un immeuble à travers une telle structure permet également d’éviter le démembrement du patrimoine foncier, lorsque la personne qui l’a constitué vient à décéder en laissant plusieurs héritiers. Ces derniers ne peuvent pas, en effet, demander le partage en nature des immeubles, puisque leurs droits dans la succession portent sur des parts sociales et non pas sur les immeubles directement, ce qui permet de conserver l’actif immobilier intact. Toutefois, il faut préciser qu’à l’égard des tiers, les associés de la SCI répondent des dettes sociales proportionnellement à leur part dans le capital social. Même si le risque est limité quand on connaît la valeur des patrimoines immobiliers aujourd’hui et leur rentabilité, il convient tout de même de le prendre en considération. De plus, il faut noter que la SCI est une véritable société. Ce statut implique la réalisation de formalités diverses comme la tenue d’une assemblée générale annuelle, la souscription d’un compte propre à la société auprès d’une banque… A défaut, l’administration fiscale peut requalifier la société et la soumettre à un redressement fiscal. Pour vos questions : ceruguz@yahoo.fr


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06 SOCIETE Le «génocide arménien» débarque dans les ouvrages scolaires

31 AOÛT - 6 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

A l’occasion de la rentrée scolaire 2012, le gouvernement français a fait inclure un chapitre sur le «génocide arménien» de 1915 dans les programmes d’histoire-géographie destinés aux élèves du secondaire. EMMANUELLE GRIMAUD PARIS Suite à la rénovation des programmes lancée par les ministres de l’Education nationale Xavier Darcos et Luc Châtel, les classes de troisième et de terminale d’enseignement général seront dotées de nouveaux manuels scolaires pour la rentrée 2012. Pour la première fois, ces derniers évoqueront longuement le «génocide arménien». En réalité, ce n’est pas la première fois que la question est traitée dans les manuels français, mais cette fois le fait historique n’est pas simplement cité. Certains de ces ouvrages développent sur deux pages pleines les évènements de 1915, photographies et cartes à l’appui. Chez Hachette, le «génocide» est traité en tant qu’évènement indépendant du contexte historique international de l’époque et comme un exemple type de «violence de masse», qui structure tout le chapitre 3 de l’ouvrage sans toutefois en donner une définition précise. Pour illustrer le sujet, les auteurs proposent un total de six documents. Un encart est consacré au vocabulaire définissant les termes «camp de concentration», «déportation», «génocide» et «nationalisme». Une carte intitulée «Les lieux du génocide arménien» indique la zone des massacres de 1915, les routes de déportation et les camps de concentration. Mais encore, trois textes extraits d’une affiche placardée par le gouvernement ottoman, d’un entretien avec un historien et d’un rapport du consul américain d’Alep viennent interpeller les élèves. Parmi ces

L’enseignement du «génocide arménien» sera intégré dès cette année dans les programmes d’histoire des collégiens français.

documents, l’analyse de François Georgeon donne le ton : «Il s’agissait pour le ministre de l’Intérieur ottoman Talat Pacha de faire de l’Anatolie un espace homogène sur le plan ethnique et donc d’en chasser les Arméniens».

Des répercussions diplomatiques ?

La double page est également illustrée d’une photographie ainsi que d’un tableau chiffré faisant état du bilan humain des évènements de 1915. Chez Hatier, le cours est construit de manière similaire. En revanche, l’éditeur reprend le thème dans une sous-

partie d’une page consacrée aux «Violences de la guerre». Une modification du programme qui n’est pas du goût de la classe politique turque qui craint de mauvaises répercussions sur les élèves franco-turcs… Le fait de traiter des évènements de 1915 dans l’enseignement secondaire français pourrait à nouveau affecter les relations bilatérales avec Ankara. La Turquie était jusqu’alors optimiste quant au rétablissement des relations avec la France après l’élection du nouveau président François Hollande, le 6 mai. Les relations entre les deux pays avaient commencé à s’apaiser après la décision en

février dernier de la Cour constitutionnelle de ne pas adopter une loi sur la négation du «génocide», la jugeant anticonstitutionnelle. Plus tôt, en décembre, la Turquie avait annulé toutes les relations économiques, politiques et militaires prévues avec la France, après que le Parlement français ait voté en faveur du projet de loi. Pour l’heure, le gouvernement turc examine les fameux livres scolaires afin de s’assurer qu’aucune expression n’incrimine la Turquie. Si tel est le cas, la Turquie pourrait bien répondre par des canaux diplomatiques, conformément au droit international.

L’indignation des politiques turcs La décision d’introduire dans le programme d’histoire-géographie une double page sur le «génocide» arménien a suscité un tollé en Turquie. Retour sur les réactions des acteurs politiques et diplomatiques turcs. MAUD DRUAIS PARIS L’enseignement du «génocide» arménien dans le programme scolaire des élèves de troisième en France a suscité de vives critiques à travers la Turquie. Ainsi, Nabi Avci, le président de la Commission de l’éducation nationale, de la culture, de la jeunesse et des sports au Parlement turc a accusé le gouvernement français de planter les graines de la haine au sein de la jeunesse de France en introduisant dans le programme d’histoiregéographie un chapitre sur le «génocide» arménien. Il a ajouté au cours d’une interview accordée à Zaman que «l’érosion de la culture française et le glissement de la politique française vers l’extrême droite qui a commencé avec

Sarkozy continuent d’avoir un impact négatif sur le système scolaire français». Dans la foulée, l’ambassadeur de Turquie en France, Tahsin Burcuoglu a confié lors d’une interview à l’agence de presse Cihan que cette décision avait «mis en colère» la Turquie, en soulignant que celle-ci n’était pas récente mais émanait du gouvernement Fillon.

Un gouvernement qui n’a pas appris «la leçon»

Il a également souligné que ce n’était pas la première fois que cette question était évoquée dans les livres du programme de l’Education nationale, mais que la nouveauté résidait dans la place conséquente qui y était consacrée. Tah-

sin Burcuoglu a ajouté que l’ambassade suivait avec attention les développements concernant cette question et a exhorté les Turcs de France à se mobiliser autour de cette question. Egemen Bagis, le ministre des Affaires européennes et négociateur en chef pour l’entrée dans l’UE a quant à lui ironisé. «Regardez, le peuple français a envoyé à la pêche le précédent gouvernement pour avoir mis en place de mauvaises politiques [...]. Il semble que les politiques ues de ce pays n’ont pas appris la leçon qu’ils ont reçue», at-il déclaré.

Tahsin Burcuoglu, l’ambassadeur de la Turquie en France, s’est indigné contre l’enseignement du «génocide arménien» dans le nouveau programme d’histoire de 3e.


07 TURQUIE

31 AOÛT - 6 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Les Turques se marient plus tard L’âge moyen du mariage des femmes turques a augmenté, passant de 20 à 23 ans, a révélé une étude de l’Institut turc de la statistique (TürkStat). Un changement qui traduit lui-même une évolution sociologique des Turques, plus actives et plus indépendantes financièrement. Le nombre de femmes qui choisissent de se marier plus tard dans la vie a augmenté ces dernières années en Turquie, d’après une étude de l’Institut turc de la statistique (TürkStat) sur le mariage et le divorce pour l’année 2011. Par le passé, elles étaient nombreuses à choisir ou à se voir contraintes de se marier très jeunes pour des raisons financières ou pour se libérer de la pression familiale et sociale qui pousse à se marier avant d’être «trop vieux». Néanmoins, l’amélioration de la situation financière des femmes et le fait que l’attitude des Turcs visà-vis du mariage plus tardif a commencé à changer font qu’un nombre grandissant de femmespréfèrent aujourd’hui reporter leur mariage. D’après le Berlin-Institut, elles se marient en moyenne à l’âge de 23 ans aujourd’hui, contre 20 ans en 1975. Bien que la probabilité de divorce pour les conjoints de plus 30 ans soit élevée, on observe une aug-

mentation de 70 % des mariages pour la tranche 30-44 ans, d’après la Direction générale de l’état civil et la nationalité. Pour Alanur Özalp, psychothérapeute familial, c’est là un phénomène positif : «L’âge moyen actuel du mariage pour les femmes ne doit pas être considéré comme tardif. Il semble qu’il y ait moins de problèmes financiers. En outre, les couples plus âgés sont aussi plus stables.»

Un handicap pour poursuivre ses études

Nurhan Öztürk, une Turque qui vit au Canada, rappelle qu’autrefois une femme qui était encore célibataire à l’âge de 22 ans était considérée comme ayant «manqué le coche». C’est ainsi qu’en 1989, alors qu’elle était âgée de 20 ans, elle a dû abandonner ses études pour pouvoir se marier. Chez d’autres femmes, au contraire, la recherche de meilleures opportunités d’emploi ou

Le concours des femmes entrepreneurs de Turquie est organisé chaque année par la revue Ekonomist et Garanti Bankasi en partenariat avec l’association des femmes entrepreneurs de Turquie.

d’une évolution de carrière conduit à repousser le mariage. Les gens qui se sont mariés il y a quatre ou cinq décennies avaient le sentiment que se marier à un âge précoce était une nécessité. Zahide, 62 ans, explique

ainsi que son mariage à l’âge de 20 ans était à l’époque considéré comme très tardif. «A 17 ans, une fille était censée être déjà mariée, et à cette époque-là beaucoup n’avaient pas reçu d’éducation», a-t-elle expliqué.


08 TURQUIE

31 AOÛT - 6 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

La violence psychologique, meilleure arme du PKK ?

La persistance des attaques du PKK en Turquie et l’impasse sécuritaire du gouvernement serait-elle la traduction d’une impuissance plus profonde de l’Etat turc face à la question kurde ? D’après les experts turcs spécialisés sur le PKK, qui défendent une politique kurde équilibrée, Ankara a sous-estimé la nature psychologique des actions menées par l’organisation terroriste.

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Décombres d’un bâtiment endommagé dans une attaque du PKK la semaine dernière à Gaziantep. Neuf personnes ont été tuées dans l’explosion, dont un bébé de 1 ans.

D’un autre côté, selon Emre Uslu, l’Etat peut toujours réparer la fracture psychologique, en particulier dans l’ouest du pays, et ce en visant le leadership du PKK.

La précipitation du gouvernement

Il y a un quasi-consensus parmi les experts antiterroristes pour recommander une position ferme vis-à-vis du PKK, une organisation qui n’a jamais cessé de recourir à la violence. Mais, heureusement, il y a également consensus sur la nécessité d’accroître la démocratisation et de donner, quoique tardivement, leurs droits aux Kurdes. Tout le monde est d’accord pour dire que le fait d’avoir dénié ces droits par le passé a contribué au développement du terrorisme, et servi de prétexte au PKK. Le professeur Avci, qui reproche au gouvernement de ne pas avoir consulté les experts en psychologie politique sur cette question, souligne l’importance de développer ces droits dans les moments d’accalmie, car le contraire – donner davantage de droits en période d’attaques terroristes – amènerait à penser que c’est la violence qui fait avancer les choses.

BREVE ECO

IMMOBILIER

SEVGİ AKARÇESME On ne peut pas s’empêcher de se poser la question : la Turquie souffret-elle d’impuissance après des décennies passées à résister au terrorisme ? L’idée d’une sécession des Kurdes de Turquie, jusqu’alors éminemment taboue, est maintenant évoquée à voix haute, notamment à l’ouest du pays. Confirmant le fait que la société turque baignait dans une atmosphère de désespoir dûe à l’acharnement du PKK, un expert en terrorisme qui a souhaité garder l’anonymat, a affirmé qu’«il y aura une question turque si ce processus est mal géré». Cet expert a également ajouté qu’en Turquie Kurdes et Turcs sont mélangés dans une proportion qui tranche avec ce que connaissent les pays de la région, les Kurdes de Syrie, d’Iran et d’Irak vivant isolés du reste de la population. Gültekin Avci, ancien procureur et chroniqueur du journal Bugün, affirme que le but de toutes les organisations terroristes est de créer le sentiment qu’elles exercent un contrôle sur la société. «Les organisations terroristes veulent établir un contrôle sur la psyché de la société en instillant le désespoir et le pessimisme et en ruinant la confiance dans la fracture psychologique en laissant penser l’Etat», a-t-il déclaré. aux Kurdes qu’il n’y a pas d’Etat, qu’il n’y a que le PKK» ajoute le chroniqueur de Taraf. Le PKK ne représente pas le Kurde moyen ! Pour Nihat Ali Özcan, expert de la Fonda- De même, l’ancien procureur Avci affirme tion turque pour la recherche en politique que les Kurdes, en particulier, tendent à économique (TEPAV), «il est impossible préférer l’autorité qu’ils supposent être de parler d’une réaction uniforme au sein la plus forte. Il est ainsi partisan d’une d’une population de 74 millions d’indivi- position plus ferme dans la lutte contre le dus», explique-t-il, ajoutant que «le ter- terrorisme tant que les montagnes abriterorisme vise à augmenter le sentiment de ront des terroristes du PKK, et milite en frustration chez certains, tout en essayant faveur de l’octroi de davantage de droits de donner aux autres l’impression qu’ils ont aux Kurdes comme l’éducation dans leur été vengés». M. Özcan évoque ainsi le pou- langue maternelle et une citoyenneté défivoir structurant de la violence au sein de la nie sur une base constitutionnelle. Il ne fait société et constate que du point de vue de pas de doute que le PKK ne représente pas l’organisation terroriste PKK «tuer des sol- le Kurde moyen, ni même une majorité de dats ou des policiers est légitime, mais tuer Kurdes en Turquie. Si c’était le cas, l’aile des civils ne l’est pas», quoiqu’il lui arrive politique de l’organisation terroriste, le parfois de viser des civils, comme ce fut le Parti pour la paix et la démocratie (BDP) cas dans la récente attaque de Gaziantep. serait beaucoup plus fortement représenL’expert anti-terroriste et chroniqueur au tée, compte tenu de l’importance de la journal Taraf, Emre Uslu, considère éga- population kurde en Turquie. Cependant, lement que créer un sentiment d’empri- il est également indéniable que le BDP, et sonnement au sein de la société est un des donc indirectement le PKK, a presque déobjectifs du PKK. «Ils ne se contentent pas tourné la «défense des droits des Kurdes» à comme par le passé d’essayer de créer des son profit, ce qui a marginalisé la question, zones de non droit, mais tentent d’accuser compromettant les possibilités de progrès.

Le marché turc ouvert aux Chinois

Une nouvelle loi immobilière turque, approuvée récemment par le président Abdullah Gül, ouvre sous conditions le marché immobilier aux ressortissants chinois. Une décision qui ne peut que booster les investissements chinois en Turquie. Les ressortissants chinois doivent demander une permission au ministère turc de l’Intérieur pour pouvoir acquérir un bien dans le pays. De plus, d’après la loi, les citoyens chinois ne peuvent acheter des maisons en Turquie que dans le but d’y habiter. Cette nouvelle loi représente la plus grande ouverture du marché de l’immobilier turc aux investisseurs étrangers. Plus généralement, le texte autorise désormais 183 nationalités à investir dans l’immobilier en Turquie contre 89 auparavant. Il a pour but principal de rendre la Turquie plus accessible aux investissements étrangers.

Selon les derniers chiffres de l’Insee, 14 % de la population française dispose de 60 % ou moins du revenu médian, soit 954 euros par mois pour vivre.


09EUROPE

31 AOÛT - 6 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

La hausse des loyers menace le «petit Istanbul» à Berlin Le quartier du «petit Istanbul» à Berlin qui compte 280.000 habitants regroupe une forte population turque.

Strasbourg: Besançon: Paris: Lyon:

+336 22 94 51 55 +333 81 53 19 25 +336 79 40 78 78 +336 11 22 74 35

Montpellier: Antwerpen: Mannheim: München:

+336 05 12 41 24 +324 86 70 76 19 +49 178 7625833 +49 89 54 3 8688

Stuttgart: Den Haag: Sousse: Istanbul:

+49 15787014798 +31 6 29 93 71 80 +216 2 4 27 81 29 +90 216 632 7066

Les habitants du «petit Istanbul», un quartier majoritairement turc de Berlin, sont confrontés à une hausse considérable des loyers qui ont augmenté de 11 % depuis 2011. Un mouvement de protestation de Turcs berlinois s’est mis en place. La flambée des loyers à Berlin ger. Il évoque notamment cet ancien menace de faire voler en éclat habitant, parti vivre en banlieue, qui la vitrine cosmopolite de Kreuzberg, a pleuré récemment en venant soutefief d’une importante communauté nir le campement, ému de retrouver turque, poussée de plus en plus à son quartier. Autour de ce carrefour, quitter ce «petit Istanbul» pour la dominé par les barres d’immeubles banlieue. Les classes et emblématique du populaires de ce quartier Kreuzberg «multikulti», de l’ancien Berlin-ouest grouille toute une actià l’histoire et au paysage vité autour des épiceries, profondément marqués étals de fruits et légumes par l’immigration à prix cassés, restaurants «Nous resterons ici rapides, locaux associaturque depuis les anjusqu’à ce que les nées 1960, subissent tifs, turcs pour la plupart. depuis quelques an- loyers aient baissé» Et, à un jet de pierre, une nées un rattrapage brumosquée flambant neuve. tal de leurs loyers. La Signe que l’embourgeoihausse moyenne du bail à la reloca- sement avance, des magasins bio, tion, dans cet arrondissement popu- inabordables pour la plupart des laire mais réputé branché, a atteint 11 familles vivant ici, ont commencé à % en 2011, l’une des plus fortes dans pousser comme des champignons. la capitale allemande, notamment à «Hors de question que je parte» en cause de l’afflux d’étudiants et de banlieue, «là-bas il n’y a aucun bus, jeunes couples. La flambée de l’im- tout est mort», lâche une femme mobilier est un phénomène général turque, sous couvert d’anonymat. à Berlin, où des experts craignent la formation d’une bulle spéculative. Plafonner les loyers ? Pas réaliste Mais Kreuzberg, qui compte 280.000 pour le maire du quartier habitants, est d’autant plus impacté Fatih Ulutürk, un étudiant de 21 ans qu’après la chute du Mur en 1989 et dont la famille vit ici depuis plus de la réunification des deux parties de la deux générations, accuse la municiville, la municipalité a vendu en palité de vouloir «sortir les Turcs de masse des dizaines de milliers de Berlin». «Nous avons construit notre logements sociaux à des groupes vie ici. Mais si les loyers continuent immobiliers privés qui peuvent aug- de grimper il est fort probable que menter les loyers à leur guise. Paral- nous devrons déménager», regrettelèlement, cette partie de Berlin-ouest t-il. Le jeune homme, qui paie 600 coincée contre le mur, s’est retrouvée euros par mois pour son deux-pièces, en plein centre de la cité. craint la casse du «vivre-ensemble» avec «des minorités parquées en Un quartier turc qui s’embourgeoise ! périphérie, sur le modèle de Paris». Aujourd’hui encore, beaucoup de Le maire du quartier, Franz Schulz, ces logements sociaux sont occupés fait parfois un saut au campement par des familles turques. Attachées pour déposer des petits pains. Mais il à leur quartier, certaines ont décidé ne partage pas les revendications des de rejoindre un mouvement de manifestants. Selon l’élu écologiste, protestation local. Depuis juin, une plafonner les loyers ne serait pas centaine d’habitants gravitent ainsi réaliste. «Cela ne concernerait que autour d’un campement permanent le logement social et obligerait Berinstallé à «Kottbusser Tor» pour ré- lin déjà lourdement endetté à verser clamer un plafonnement des loyers. des sommes colossales aux bailleurs» «Nous resterons ici jusqu’à ce que les pour les dédommager du manque loyers aient baissé», prévient Detlev à gagner. En attendant, plusieurs Kretschmann, 63 ans, un des piliers groupes immobiliers ont concédé aux du mouvement. «Arriverons-nous manifestants des baisses de charges à tenir ? C’est une autre question», et la garantie que personne ne sera ajoute ce musicien en sirotant un expulsé en cas d’impayé. Et la ville café devant une assiette de pâtisse- promet la construction de 30.000 ries turques. Selon lui, des familles logements sociaux par an pour acont déjà été contraintes de déména- cueillir des familles modestes.

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10 INTERNATIONAL

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Israël déboute la plainte des proches de Rachel Corrie des bulldozers», et que le conducteur de l’engin n’était pas responsable de sa mort. Il ne l’aurait pas vue. Les parents de Rachel Corrie décident alors de déposer une plainte au civil contre l’Etat d’Israël. Le 26 août, le juge Oded Gershon, en charge de l’affaire, déclare être parvenu à la conclusion «qu’il n’y a pas eu de négligence de la part du conducteur».

Rachel Corrie est décédée sous les chenilles d’un bulldozer israélien en mars 2003, alors qu’elle tentait de s’opposer à la destruction d’une maison palestinienne.

La plainte au civil rejetée

fondé sur des faits déformés et aurait pu être rédigé par le procureur». Il a annoncé que la famille allait faire appel. La jeune fille laisse un témoignage poignant dans ses courriels publiés en anglais par The

Guardian et réunis dans un document par l’organisation If America Knew. Un bateau portant son nom avait tenté de forcer le blocus israélien de la bande de Gaza, en juin 2010.

Des tensions ethniques destabilisent une région musulmane de l’Inde L’Etat d’Assam, dans le nord-est de l’Inde, vit les heures les plus sombres de son histoire. Depuis le 20 juillet, des violences opposant l’ethnie bodo et des musulmans ont fait 78 morts et entraîné l’exil de 400.000 personnes. Entre les maisons incendiées et les campements de fortune, la traversée en voiture des districts de Chirang, Dhubri et Kokrajar offre un spectacle de désolation. Ce n’est pas la première fois que des heurts éclatent entre les deux communautés. En effet, l’animosité qui existe entre les autochtones et les musulmans s’explique en grande partie par des litiges de propriété. Les Bodos sont un peuple d’agriculteurs et louent des terres aux musulmans, arrivés du Bangladesh dans les années 1970, qui sont accusés d’avoir eu recours à la force pour se les approprier illégalement. Et l’absence

de titres de propriété complique encore plus la situation. De leur côté, les Bodos attribuent les récentes flambées de violence à l’immigration clandestine. Jamais depuis 1947 des violences n’avaient engendré de tels déplacements de populations. Le Premier ministre indien, Manmohan Singh, lors de sa visite dans la région, le 28 juillet dernier, a qualifié cette crise de «souillure pour notre pays». L’expression de crise humanitaire est plus appropriée tant la répartition des camps de réfugiés reproduit l’antagonisme ethnique. On dénombre aujourd’hui 178 camps de réfugiés dans le district de Dhubri, à majorité musulmane, où se sont retranchés la plupart des musulmans qui fuient le district de Kokrajhar, où ils sont minoritaires. Les Bodos, quant à eux, sont répartis dans les 108 camps de Kokrajhar.

Une manifestation de protestation de musulmans indiens contre les violences qu’ils subissent de la part de l’ethnie bodo, dans le nord-est du pays.

EN BREF

MOZAMBIQUE

Il a également assuré que «la défunte s’est mise dans une situation dangereuse (…). Elle ne s’est pas éloignée comme l’aurait fait une personne raisonnable. Sa mort résulte d’un accident qu’elle a provoqué elle-même». Les parents de Rachel Corrie ainsi que les autres militants présents sur les lieux sont quant à eux persuadés que cette mort aurait pu être évitée. Pour l’avocat de la famille, Me Hussein Abou Hussein, «le verdict est

Le port du voile autorisé à l’école

SANTÉ

MAUD DRUAIS PARIS «Ne t’inquiète pas trop pour moi, pour le moment je suis plus inquiète par le fait que nous ne soyons pas très efficaces. Je ne me sens pas particulièrement en danger» : ce sont les mots du dernier courriel de Rachel Corrie, militante pacifiste du mouvement international de solidarité (ISM), adressé le 28 février 2003 à son père. Deux semaines plus tard, Rachel Corrie, alors âgée de 23 ans, mourra sous les chenilles d’un bulldozer de l’armée israélienne alors qu’elle tentait de s’opposer à la destruction d’une maison à Rafah, dans la bande de Gaza, là où elle résidait depuis un mois et demi. Elle devient alors le symbole du soutien aux Palestiniens dans le monde. Suite à son enquête, l’armée israélienne conclut que la jeune fille a été tuée «alors qu’elle perturbait les opérations menées sur le terrain par

Une nouvelle maladie qui inquiète

Le gouvernement du Mozambique a autorisé les élèves musulmanes à porter le voile à l’école si elles le souhaitent, faisant marche arrière après des protestations de la communauté islamique locale. Rafael Bié, porte-parole du ministre de la Justice, a admis un «problème de communication», mais souligné qu’il y avait une liberté religieuse au Mozambique. «Par exemple, une nonne catholique peut faire cours voilée, et il n’y a pas de problème», a-t-il ajouté. Une décision qui a satisfait le Conseil islamique du Mozambique. Selon les médias, le parti au pouvoir, le Frelimo, a subi de fortes pressions de la communauté musulmane.

Une nouvelle maladie dont les symptômes sont identiques à ceux du SIDA a été découverte chez des patients aux Etats-Unis et en Asie. Plus précisément, c’est en Thaïlande et à Taïwan que le nombre de cas recensés est le plus élevé. Une étude menée depuis 2004 dans cette région asiatique montre que les personnes infectées souffrent de graves troubles immunitaires, les rendant vulnérables aux infections opportunistes. Selon l’étude publiée dans le New England Journal of Medicine, les chercheurs ne disposent pas de chiffres précis du nombre de personnes décédées mais il semble que cette affection soit assez restreinte et très localisée.

«La pratique de la religion n’est plus totalement garantie en Allemagne» Le débat sur la circoncision, objet d’une vive controverse en Allemagne, met en danger la liberté de religion, a estimé le ministre turc des Affaires européennes, Egemen Bagis, dans une tribune parue dans le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung.



12 INTERNATIONAL Le salafisme, «un outil de la politique étrangère saoudienne»

31 AOÛT - 6 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

La recrudescence de violences commises par des salafistes, au lendemain de la révolution tunisienne, marque-t-elle un tournant politique majeur dans l’histoire de ce pays où naquit le printemps arabe ? Pour les experts interrogés par Zaman France, si le phénomène salafiste n’est pas récent dans le monde musulman, le soutien politique et financier saoudien lui ont permis de gagner en puissance. Amghar. Si elles ont toujours existé dans les FOUAD BAHRI PARIS Depuis la chute du régime de Ben Ali, pays musulmans, les tendances salafistes ont les Tunisiens font face à une nouvelle néanmoins bénéficié d’un soutien extérieur, menace : l’émergence visible et violente de à la fois financier et politique, clairement grouspuscules salafistes. En quelques se- identifié et qui les ont nettement renforcées. maines, les attaques impliquant des éléments Pour Mohamed-Ali Adraoui, chercheur et enseignant à Sciences Po sur le de cette mouvance religieuse monde arabe, «leur émergence radicale se sont multipliées. est l’une des conséquences et L’agression d’un élu français, l’un des outils de la politique Jamel Gharbi, au Festival de étrangère saoudienne». «Depuis Bizerte le 16 août dernier, la guerre en Libye, poursuit-il, celle du quartier de Sidi Bou«Les relations entre l’Arabie saoudite a adopté une zid où des dizaines de salal’Arabie saoudite et les politique plus proactive pour fistes ont fait 7 blessés ou encore l’annulation de la re- Frères musulmans se empêcher l’émergence de pôles qui pourraient lui nuire. Le présentation du spectacle sont détériorées» calcul qui a consisté à financer «Made in Tunisie, 100 pour et appuyer l’émergence des cent Hallal» de l’humoriste mouvements salafistes est fait par certains Lotfi Abdelli dans la localité de Menzel Bourdirigeants saoudiens». Ainsi, en Egypte, le guiba, ont illustré violemment la montée en résultat impressionnant du parti politique puissance de cette tendance ultra-minoritaire salafi ste An-Nour aux dernières élections a mais très active. Comment comprendre ce été rendu possible par le soutien fi nancier de phénomène qui a frappé également d’autres plusieurs millions de dollars en provenance pays du monde arabe comme l’Egypte ou d’Afrique noire tels que le Mali ou la Soma- de Ryad. Un soutien décisif car «moins d’un lie ? En Tunisie, «on a l’impression que les an avant les élections égyptiennes, An-nour salafis viennent de nulle part alors qu’ils sont ne voulait pas faire de politique», précise M. d’implantation lointaine» explique Samir Adraoui. Amghar, spécialiste de ce mouvement et auteur du livre Des islamistes au défi du pou- Ennahda joue-t-elle un double jeu ? voir (Michalon). «Ils étaient tout juste tolérés A quels objectifs obéit ce soutien saoudien ? sous Ben Ali, on laissait faire car ils ne prô- D’après Samir Amghar, à des considérations naient pas l’action armée, étaient apolitiques purement géopolitiques éloignées de toute et très critiques à l’égard des autres mouve- motivation religieuse. «Il faut savoir que les Frères musulmans sont financés par le Qatar. ments islamistes» précise le sociologue. En arrière-cour, se joue une sorte de guerre entre ces deux pays qui luttent pour le L’équation géopolitique saoudienne Toutefois, la recrudescence de leur activisme leadership islamique sur le monde muserait aussi l’une des conséquences du prin- sulman et avoir des relais pro-qataris temps arabe. «Depuis la révolution tuni- ou pro-saoudiens dans ces pays là. Ils sienne, on assiste à un développement du font le pari qu’à un moment ou à un salafisme qui est la conjonction de trois fac- autre, ces partis auront le pouvoir» teurs : le retour de salafis installés en Europe dit-il. Dans cette compétition poliaprès la chute de Ben Ali, de djihadistes partis tique, les mouvements salafistes en Irak et la libération de militants ultra-ra- sont utilisés comme un moyen de dicaux des prisons tunisiennes» ajoute Samir faire barrage aux Frères musul-

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Rencontre entre le roi d’Arabie saoudite et le nouveau président égyptien Mohamed Morsi.

mans dont se méfie pleinement Ryad. «Les relations entre l’Arabie saoudite et les Frères musulmans se sont détériorées», confirme Mohamed-Ali Adraoui. «Une partie des dirigeants des Frères musulmans voudrait faire des ouvertures à l’Iran ce qui a soulevé la crainte que l’Egypte s’éloigne des EtatsUnis et de Ryad» précise encore le chercheur à Sciences Po. Mais les relations entre Frères musulmans et mouvements salafistes pourraient être plus ambigües qu’elles ne le paraissent a priori. Selon Samir Amghar, une convergence idéologique et un certain opportunisme politique auraient poussé les leaders d’Ennahda, actuellement au pouvoir à Tunis, à instrumentaliser les groupes salafistes. «On a l’impression, dit-il, même s’il faut le recouper par des entretiens et des témoignages, qu’il y a une instrumentalisation, de la part des islamistes tunisiens, des salafistes, pour capitaliser leur succès sur leur propre parti. C’est une manière pour eux de sous-traiter le champ islamique. Les Frères musulmans vont tenir des postures officielles hyperconsensuelles. En même temps, leur base leur réclame d’avoir des postures un peu plus

radicales, qu’ils ne peuvent pas avoir et qu’ils vont donc déléguer aux salafis».

Parler d’islam pour ne pas parler du chômage

Les salafistes rempliraient ainsi une double fonction de soutien politique mais aussi de contrefeux social pour les responsables islamistes tunisiens. «Ennahda se sert des salafis comme d’un épouvantail pour dire : "vous nous accusez d’être des radicaux ! Or, il y a pire"» confirme Samir Amghar, tandis que la focalisation sur la question religieuse permet de faire diversion sur la crise économique et sociale traversée par le pays. «Il est plus facile de se prononcer pour plus d’islam dans la société que de mettre en place une politique de lutte efficace contre le chômage» remarque le sociologue. Une analyse qui n’est pas partagée par Mohamed-Ali Adraoui. Le chercheur croit en effet qu’«il y a une impossibilité à court terme (en Tunisie) de combattre les groupes salafistes». «Les gens d’Ennahda sont sur la défensive et ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent. Les salafis sont plutôt une épine dans leurs pieds» conclut M. Adraoui.

Les mouvements salafistes sont pleinement soutenus et financés par l’Arabie saoudite.


13 ECONOMIE

31 AOÛT - 6 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Consommez plus ! Comment les marques nous influencent La multiplication de l’offre concurrentielle et la réduction du budget des ménages poussent constamment les grandes enseignes à plus d’inventivité pour inciter leur clientèle à surconsommer. Baisse des prix, design renouvelé ou encouragement à l’achat impulsif, les techniques mises en place ne poursuivent qu’un but : la maximisation des profits, même en temps de crise. «Les hypermarchés distribuent 70 % des fournitures scolaires vendues en France». Pour Rémy Garandeau, directeur des produits «maison et loisirs» chez Auchan, cité par le quotidien La Croix, la rentrée scolaire représente l’un des grands moments commerciaux de l’année. Chaque saison, les grandes enseignes investissent des moyens considérables pour inciter l’ensemble de leur clientèle à consommer toujours plus. «Les techniques d’incitation à la consommation sont évidentes» explique le sociologue Simon Langlois comme dans le cas de «la nourriture industrielle». «Les portions offertes dans les fast-foods ont été augmentées, les pizzas sont plus larges dans les pizzérias [tandis que] l’ajout systématique de sucre [constitue] une autre technique privilégiée» décrit le sociologue. Les grandes enseignes cherchent à travers ce type de procédé à créer une dépendance physiologique à leurs produits génératrice de consommation et donc de profit. «On se rappellera que les compagnies de tabac avaient ajouté des produits chimiques entraînant l’addiction à la cigarette» rappelle le sociologue. La réduction des prix d’achat est un autre moyen efficace d’inciter à la consommation des ménages au budget de plus en plus limité du fait de l’inflation.

Conditionner le consommateur !

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Les grandes enseignes de la distribution française s’apprêtent à faire l’un de leur plus important chiffre d’affaires en cette période de rentrée scolaire.

grandes marques qui commercialiseraient des produits à durée de vie limitée dans le but de pousser à la surconsommation. Simon Langlois nuance cette appréciation. «Obsolescence planifiée ? Oui et non. C’est un fait que certains produits de consommation durent moins longtemps, notamment les gros électroménagers, [mais] les voitures sont mieux construites et plus durables qu’auparavant» précise-t-il. Pour le sociologue, deux autres facteurs doivent être considérés dans le cas de l’usure prématurée des objets consommés. «Le progrès technique qui rend rapidement obsolètes les objets, dans l’informatique, par exemple. Ensuite, le design est un autre facteur à ne pas négliger. Les formes, les couleurs changent avec l’innovation et la créativité. Même les objets les plus courants comme les ustensiles de cuisine sont de beaux objets». Le célèbre iPhone d’Apple illustre très bien le succès de cette nouvelle stratégie commerciale. «Steve Jobs [de la firme Apple] était préoccupé par la recherche de la beauté en plus de celle du profit et de la rentabilité» poursuit Simon Langlois, obtenant ainsi l’une et l’autre.

Dépenses de consommation des ménages En milliards d’euros

Avril 2012

Mai Juin 2012 2012

Alimentaire évolution (%) Biens fabriqués évolution (%) Dont : automobiles évolution (%) éqpt. du logement évolution (%) textile-cuir évolution (%)

14,639 –0,7 20,266 –2,3

14,655 0,1 20,716 2,2

14,802 1,0 20,720 0,0

4,663 –2,3 5,217 2,4 3,536 –9,6

4,763 2,2 5,144 –1,4 3,866 9,3

4,753 –0,2 5,209 1,3 3,798 –1,7

autres biens fabriqués évolution (%) Énergie Dont prod. Pétroliers évolution (%) Total évolution (%) Produits manufacturés évolution (%)

5,909 –1,1 6,724 4,081 8,3 41,687 0,5 35,687 –1,4

5,973 1,1 6,531 3,972 –2,7 41,883 0,5 36,207 1,5

5,988 0,2 6,447 4,003 0,8 41,938 0,1 36,400 0,5

Source : Insee

Mais d’autres méthodes d’accès à la clientèle ont également été développées dans les grandes surfaces pour influencer directement les clients sur les lieux de vente. «La grande distribution a très vite compris qu’en tant que consommateurs nous avions des besoins et des envies impulsives. C’est l’achat impulsif. Elles prennent place dans un pour cela que la PLV (promotion sur le lieu dispositif plus large qui inclut toute une orgade vente) a été mise en place» analyse Pau- nisation spatiale des lieux de vente avec «la line Breduillieard, doctorante à mise en place des rayons, l’aml’université Bordeaux 3 et cherbiance du magasin, les odeurs, les cheure associée à la Chaire de lumières, la musique, la tempérarelations publiques et commuture» ajoute Pauline Breduillieard. nication marketing – UQAM. Pour la doctorante, «tout est fait L’objectif de la PLV, dit-elle, pour stimuler nos sens», et donc «Steve Jobs était est de favoriser une «expéencourager notre consommation. rience de consommation», à Le développement des Nouvelles préoccupé par la travers un échange avec un recherche de la beau- Technologies de l’Information et spécialiste du produit dans le de la Communication a sensité en plus de celle but de faciliter sa découverte. blement amplifié les possibilités de la rentabilité» «Le plus souvent, la dégustad’actions et d’évaluation des tion est accompagnée d’une grandes enseignes qui peuvent réduction sur le prix de vente pour motiver à présent constituer des fichiers de clients l’acte d’achat» précise-t-elle, n’hésitant pas à potentiels à partir d’informations disponibles parler de «conditionnement» de la clientèle. dans les dossiers des cartes de fidélité ou Autre technique employée, la présence de même des cartes de crédit maison. rabais et de réductions sur le lieu de vente. «Pour stimuler l’achat d’un produit plutôt L’obsolescence programmée : qu’un autre», ou bien encore les opérations le vrai et le faux de vente type «deux pour un». Toutes ces Par ailleurs, d’aucuns parlent volontiers techniques ont pour objectif de favoriser ce d’une autre stratégie plus inavouable, celle que les spécialistes du marketing nomment de l’obsolescence programmée voulue par les


14 CULTURE

31 AOÛT - 6 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

L’imam est infaillible pour les chiites

A l’image de ce qui l’a fait naître, la divergence entre chiites et sunnites est d’ordre théologico-politique et centrée sur la figure de l’imâm. Pour les sunnites, le calife est essentiellement un souverain temporel. Son titre de Commandeur des croyants ne correspond

A lire

EXPOSITION

Le 5 septembre à 18:00 iReMMO 5 / 7, rue Basse des Carmes 75005 Paris

Les chiites considèrent que seul un descendant du Prophète peut assumer la fonction califale.

leur autorité doctrinale fait-elle définitivement loi pour l’interprétation du Coran et de la Sunna. Pour les sunnites, l’infaillibilité est le fait des prophètes et Dieu seul a connaissance des choses cachées ; quant aux interprétations, leur validité, par ailleurs relative, résulte d’un consensus. Ainsi, alors que dans le sunnisme la relation entre le croyant et Dieu est directe, le chiisme suppose un clergé. Dans sa forme duodécimaine (95 % des chiites), la hiérarchie est la suivante : simples mollâhs, hujjat alislâm, âyatu Llâhs (collège de docteurs de la foi), et enfin, au sommet de la pyramide, l’âyatu Llâh suprême. En Iran, ce clergé – qui, historiquement, constitue un corps social très autonome, et largement indépendant, sur le plan économique, de l’appareil étatique – a dans une large mesure réussi à instaurer le velâyat-e faqih, le «gouvernement du docte», pouvoir éminemment temporel.

Vingt tableaux dus à quatorze dessinateurs et illustrateurs de Bassem, une revue pionnière du Comics arabe qui célèbre à Paris ses 25 ans. Le vernissage aura lieu le 7 septembre à 18:00.

L’Aïd à la mosquée

Structures gonflables et autres jeux, une fête conviviale où les enfants seront particulièrement mis à l’honneur. Pour les parents, des stands collations sont prévus, ainsi que des animations spécifiques. Le 1er septembre à partir de 10:00 Mosquée Sahaba 4, rue Jean Gabin 94000 Créteil

Fêter l’Aïd

Des stands restauration, pâtisseries et confiseries, des stands associatifs, mais surtout, pour les enfants, des structures gonflables et des balades en poneys entre autres animations, pour continuer de fêter l’Aïd en famille. Le 2 septembre de 11:00 à 18:00 Place du Marché Boulevard des Etats-Unis 69008 Lyon

Un Algérien s’improvise prof au Canada franco-algérien Fellag y tient d’ailleurs le premier rôle. Un rôle à la fois grave et subtil qu’il interprète avec brio. Montréal. Malgré les réticences préalables de la directrice, Bachir Lazhar, un immigré algérien, est rapidement embauché pour remplacer une enseignante disparue subitement. L’homme, qui risque l’expulsion à tout moment, s’est exilé à la suite

Comics 2, illustrations et dessins

iReMMO 5 / 7, rue Basse des Carmes 75005 Paris

FÊTE

pas à un magistère religieux, mais est lié au cadre islamique de l’Etat, cadre dont il lui incombe d’assurer la pérennité. Chez les chiites, le calife est imâm, et il a trois fonctions : diriger la communauté ; rendre compte des sciences religieuses et des lois ; être un guide spirituel pour les fidèles, qui à travers lui accèdent au sens caché des choses. Car, si le «cycle de la prophétie» s’est achevé avec la mort du Prophète, celui de l’«initiation» se poursuit à travers la personne de l’imâm. Pour toutes ces raisons, il ne saurait être choisi par le biais d’une élection. Chaque imâm est désigné par son prédécesseur, en vertu d’un «commandement divin». De par sa fonction à la fois humaine et cosmique, il est infaillible et connaît les choses cachées. Ce savoir ésotérique, intime, Dieu l’a secrètement communiqué à Muhammad lors de son Ascension, Muhammad à ‘Alî, et ainsi chaque imâm à son successeur. Aussi

& à voir...

Du cinéma social venu d’outre-Atlantique avec cette brillante adaptation de la pièce d’Evelyne de la Chenelière, Bachir Lazhar. Le film, sorti l’an dernier au Canada, a d’ailleurs remporté près de dix récompenses, dont notamment le Prix du Public à Locarno, le Prix du Meilleur film canadien à Toronto et le Prix spécial du Jury à Namur. L’acteur

Evolutions sociales et politiques des mondes européen et arabe : comparaison / clés de compréhension

Avec Pierre Lafrance, ambassadeur de France et Abdelkader Abid, chercheur, spécialiste des élites arabes. Un débat organisé par l’Institut de recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient, en collaboration avec RFI.

VISITE GUIDÉE

Islam des mondes

Le 18 août dernier, le média en ligne Tiwinoo relatait un fait divers à la fois «drôle et triste» : un jouet pour enfants a provoqué l’ire des salafistes tunisiens. Il s’agit d’un pistolet en plastique qui, lorsqu’on appuie sur sa gâchette, diffuserait le message suivant : Go ! go ! go ! w-idhrab as-sayyida ‘Â’isha !, «Vas-y ! vite ! vite ! et tue ‘Â’isha !». Enclins aux théories du complot, les wahhabites tunisiens y ont vu quelque manœuvre sournoise des chiites destinée à pervertir leurs enfants… En réalité, le message appelait à sauver des otages (pull over and save the hostages !). ‘Â’isha, l’épouse du Prophète – «la Mère des croyants», pour l’ensemble des sunnites – demeure pour les chiites celle qui s’était opposée à ‘Alî, leur premier imâm. A l’origine du grand schisme qui, au VIIe siècle, va scinder la jeune communauté musulmane en sunnites, chiites et kharijites, la question de la succession califale, centrée autour du personnage de Ali Ibn Abi Talib, cousin, gendre et compagnon du Prophète. Succédant à Othman à la tête de l’Etat islamique, Ali, et, à sa suite, ses partisans, considèrent que seul un descendant du Prophète peut assumer la fonction califale. Ils s’opposent en cela aux sunnites, qui élargissent le cercle à l’ensemble des membres de Quraysh, la tribu de Muhammad. Pour les kharijites enfin, tout musulman, pour peu qu’il en soit digne, peut prétendre à l’éligibilité califale.

DÉBAT

Le chiisme : un schisme clérical en islam

AGENDA CULTUREL

d’une tragédie personnelle. Fragilisés par le décès de leur enseignante, les écoliers sont quant à eux aussi ébranlés qu’attachants. Avec humour et sensibilité, le cinéaste décrit la rencontre de ces deux mondes, et, singulièrement, un homme humble, prêt à transcender sa propre souffrance pour aider ses élèves à vaincre le silence qui les emmure.

Monsieur Lazhar, réalisé par Philippe Falardeau (drame, Canada, 2011, 1h34). Avec Fellag, Sophie Nélisse, Emilien Néron. Sortie en salles le 5 septembre.

Le Paris arabe historique

Cette conférence à ciel ouvert permet de découvrir les liens entre le monde arabe et la France tels qu’ils sont inscrits dans le paysage du Ve arrondissement : le Collège de France et la Sorbonne, où l’arabe fut enseigné dès le XVIe siècle, les lieux de culte des chrétiens arabes de France, ou encore la Grande mosquée de Paris. Tous les samedis à 15:00 Départ en face du Collège de France Rue des Ecoles 75005 Paris Réservations : 01 40 51 38 14


OPINION15

31 AOÛT - 6 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

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Cet obscur objet de répulsion JEAN-MICHEL CROS STRASBOURG Le site Turquie européenne – Pour une Europe pluraliste et ambitieuse a publié les 20 et 21 août, un article de Maximilien Popp sur le mouvement Gülen intitulé «Le monde obscur du mouvement islamiste de Fethullah Gülen». Quelles sont les thèses que développe cet article ? Elles ne sont pas nombreuses et peuvent se résumer à une seule : celle du complot. En effet, «Le mouvement Gülen a deux visages : l’un qu’il montre au monde et l’autre qui s’en cache», c’est, nous dit un intertitre, «une secte semblable à la scientologie», qui pratique le double langage, dont les transfuges, qui témoignent tous de façon anonyme, craignent pour leur carrière voire pire, et qui s’étendrait tel une pieuvre sur la Turquie… Il est vrai que croire aux théories du complot est sans doute une manière d’enchanter le monde, d’y mettre du mystère et du suspense. Ces théories sont aux adultes ce que les contes de fées sont aux enfants. Mais que nous révèle cet article si nous prenons les choses plus posément et de façon plus rationnelle ? Politiquement, tout d’abord, il y a une contradiction gênante : alors que l’on fait passer le mouvement Gülen pour une «société secrète ultra-conservatrice», la méthode employée par l’article rappelle furieusement les attaques maurrassiennes contre le complot judéo-maçonnique, ou le film de Marquès-Rivière Forces occultes, emblématique du régime de Vichy. On y voyait un jeune député idéaliste, happé par la franc-maçonnerie, découvrant progressivement un milieu affairiste, intriguant, ne visant que sa propre hégémonie, faisant la carrière de ses membres et empêchant celle des autres… Bref, tout ce que l’on reproche au mouvement Gülen dans cet article. Il y a donc une contradiction, pour ne pas dire une incohérence, entre l’implicite de l’article, qui est celui d’une option libérale et pluraliste, et la méthode utilisée pour décrire ce dont on parle. Mais ce n’est pas la seule, nous y reviendrons. Passons brièvement tant sur le titre de l’article : un mouvement «islamiste», que sur la référence au fait que Fethullah Gülen aurait usé ses fonds de culottes sur les mêmes bancs d’école que Cemaleddin Kaplan, le «calife de Cologne» : cela prouve quoi ? Rien ! Rien, dans les positions du mouvement Gülen, que je suis depuis quelques années

quand même, comme dans les écrits de Fethullah Gülen ne peut corroborer une hypothétique relation intellectuelle ou politique entre Gülen et Kaplan. Procéder ainsi est d’une flagrante malhonnêteté intellectuelle. Dont acte. L’idée de la comparaison avec l’anti-maçonnisme m’est venue à la lecture de ce passage : «en 2006, l’ancien chef de la police Adil Serdar Sacan a estimé que les Fethullahcis tenaient plus de 80 % des positions haut placées des forces de police turques. L’affirmation selon laquelle la TNP (Police nationale turque) est contrôlée par les gülénistes est impossible à vérifier mais nous n’avons trouvé personne pour la contredire», a écrit James Jeffrey, qui fut ensuite ambassadeur américain à Ankara, dans un câble diplomatique de 2009». Que signifie ce galimatias ? Pas grand-chose… Que sont tout d’abord les «positions haut placées» ? Desquelles parle-ton ? Un commissaire de police est-il «haut placé» ? 80 % des commissaires de police seraient-ils Fethullahcis ? Pourquoi 80 % et pas 70 % ? On n’en sait rien. Que dirait-on ensuite si l’on affirmait que 80 % des «positions haut placées» étaient oc-

cupées par des juifs ? Des homosexuels ? J’entends d’ici les cris d’indignation, qui seraient au demeurant justifiés… Nous retrouvons exactement là les informations non vérifiables, non contredites parce que précisément non vérifiables, qui ont fait le miel de l’extrême droite européenne dans les années 30. On en connaît aujourd’hui les conséquences. Je suis perplexe ensuite sur la manière d’instruire le dossier. Lorsque l’on se revendique, au moins implicitement, de principes démocratiques, il est nécessaire d’instruire à charge et à décharge. Or, que ce passe-t-il dans cet article ? Tous les témoignages susceptibles d’être favorables sont systématiquement suspectés, ainsi celui d’Ercan Karakoyun, dont on nous dit à propos de sa bibliothèque : «la sélection de livres parait être équilibrée et judicieuse, avec un peu de tout et rien de trop controversé. Cela semble voulu afin de transmettre le message suivant aux visiteurs : regardez, nous sommes de bons musulmans. Nous pleurons les morts de l’Holocauste, nous sommes intéressés par des discussions théologiques sur le christianisme et nous sommes démocrates».

Les musulmans, selon notre auteur, visiblement atteints de ce que j’ai appelé ailleurs «le syndrome de Hadji Mourad» (que j’ai tiré du texte de Tolstoï), ne peuvent donc pratiquer que le double langage, la parole du musulman étant toujours suspecte. En même temps, il est fait état des déclarations de Fethullah Gülen appelant voici quelques années à «ébranler l’Etat turc», déclarations toujours contestées par l’intéressé mais qui, là, ne sont curieusement pas mises en doute. Or, dans un système de droit démocratique digne de ce nom et pour une bonne administration de la justice, on ne peut pas retenir comme témoignage à charge un propos nié par celui à qui on le prête. Ou alors, c’est revenir à la justice inquisitoriale de l’Ancien Régime, qui admettait comme preuves les rumeurs et ouï-dire. Il y a une contradiction également, dans le fait de reprocher à un mouvement une part «obscure» et de ne présenter que des témoignages anonymes à l’appui de sa thèse. Parce que les personnes intéressées auraient peur : «Tous ceux qui touchent à Gülen sont détruits» nous dit-on. J’apporterai un jour – ce serait trop long ici – le témoignage de la manière dont sont traités, dans leur carrière, ceux qui cherchent à lutter contre les préjugés touchant l’islam. Les auteurs des destructions et les victimes ne sont manifestement pas là où les voit l’auteur de l’article. Enfin, il est fait référence à un message vidéo de novembre 2011, dans lequel Fethullah Gülen appellerait l’armée turque à attaquer les séparatistes kurdes. Je suis actuellement à Istanbul, où je vis en direct l’émotion causée par l’attentat de Gaziantep attribué au PKK et qui a fait dix morts, sans compter les blessés. J’ai eu la curiosité de rechercher sur le site «Turquie européenne» ce que l’on en disait. Rien. Un vide sidéral. La grandeur des espaces infinis qui nous effraie… Où est donc le danger véritable ? En conclusion, je suis extrêmement perplexe sur le pluralisme que propose Turquie européenne dans son titre, avec les méthodes que je vois utiliser. On sait en France ce qu’a coûté la chasse aux francs-maçons induite par ces théories du complot. Que veut-on pour la Turquie ? La même chose à l’encontre des partisans de Gülen ? Si les bombes tuent immédiatement, n’oublions pas qu’à terme les mots peuvent aussi tuer. jean-michel.cros@neuf.fr


Pourquoi la Turquie échoue dans le sport

La mauvaise prestation de la Turquie aux Jeux olympiques de Londres, avec seulement cinq médailles remportées, dont deux en or, soulève des interrogations sur les causes des contre-performances sportives turques. Pour les professionnels du secteur, les raisons de cet échec telles que l’insuffisance des fédérations, le manque d’entraîneurs et d’installations, peuvent être surmontées. FATYH VURAL ISTANBUL Alors que viennent de s’ouvrir les XIVe Jeux paralympiques de Londres, comment expliquer le manque de résultats et de performances sportives des Turcs sur le plan international ? Les 5 médailles décrochées aux Jeux olympiques et la modeste place de 32e nation au classement final n’ont fait que confirmer l’idée qu’un malaise sportif existe en Turquie. D’après les spécialistes de nombreuses disciplines sportives, les causes sont nombreuses mais bien identifiées. Mehmet Atalay, ancien directeur général de la Jeunesse et des Sports lors des Jeux Olympiques d’Athènes en 2004 et de Pékin en 2008 souligne par exemple la dégradation des relations entre les fédérations sportives et la Direction générale de la Jeunesse et des Sports «Vous ne pouvez pas retirer l’indépendance que vous avez accordé à une fédération parce qu’elle a commis une erreur. Si nous connaissons aujourd’hui des soucis, c’est en grande partie pour cette raison» dit-il soulignant par ailleurs que «vous ne devez pas lésiner sur l’argent». L’ancien directeur turc estime également qu’il convient d’organiser davantage de tournois internationaux en Turquie et d’augmenter le nombre de compétitions : «si vous ne faites pas les sélections de boxe en Turquie, vous ne pouvez faire augmenter de beaucoup le nombre de sportifs qui ira aux Jeux olympiques. Si le championnat mondial de basketball ne s’était pas tenu en Turquie, nous aurions pu ne pas arriver en deuxième position !»

ajoute-t-il s’appuyant sur l’exemple australien. «L’Australie a organisé les Jeux olympiques de Melbourne en 1956 et de Sydney en 2000. Pendant le laps de temps qui a séparé les deux jeux, elle a développé des installations sportives et propagé la culture sportive. Sa réussite après les Jeux olympiques de 2000 a perduré».

Que le sport devienne un mode de vie !

Pour Mustafa Ferit Acar, ancien directeur de la Faculté d’éducation sportive et de sport rattachée à l’université d’Ege et membre du Comité olympique national, «il n’y a pas d’entraîneur pour former les sportifs !». Même constat pour les psychologues pouvant aider les sportifs à faire face au stress. «Nous vivons toujours une frustration. Les installations parfaites, l’environnement, la culture, font ressentir aux sportifs un sentiment d’infériorité. Ils vivent un choc de cultures. Pour le dépasser, il faut un psychologue spécialisé, mais il n’y en a pas». La question du rapport psychologique à la victoire ou la défaite apparait comme essentiel à l’ancien directeur sportif. «La défaite provoque le stress des sportifs. Cela peut venir de la peur de passer à côté de la récompense car nous ne pouvons pas vivre pleinement l’ambiance de la compétition» explique-til. Au-delà de ces problèmes structurels et humains, la dimension culturelle n’est pas absente du manque de résultats sportifs des Turcs. «Il faut faire du sport non pas une activité qui se regarde mais en faire un mode de vie. Le fait de n’avoir que 2 millions de sportifs

Défilé de la délégation turque au cours des Jeux olympiques de Londres.

professionnels dans un pays de 75 millions d’habitants et que leur grande majorité soit des footballeurs creuse l’écart dès le début entre nous et les pays avec lesquels on rivalise» observe-t-il. Un défi à relever qui passera également par un autre rapport culturel et

linguistique avec les nations sportives. «Nous ne sommes pas bons dans le domaine des langues étrangères. Beaucoup de nos entraîneurs et dirigeants ne savent pas parler l’anglais. C’est pourquoi le dialogue ne peut se créer !» ajoute Mustafa Ferit Acar.


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