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Le premier festival d’Anatolie ouvre ses portes le vendredi 28. Organisé par l’Union des démocrates européens turcs en France, l’événement veut faire connaître la richesse de la culture turque, et devenir avec le temps une manifestation annuelle incontournable.
SPORT
CULTURE
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L’Anatolie fait son festival à Paris
Kenan Sofuoglu, le pilote prodige Premier champion du monde turc de moto, Kenan Sofuoglu est prophète en son pays. Le 23 septembre, le pilote a façonné encore plus sa légende en glanant pour la troisième fois la couronne en Supersport. Un record dans sa catégorie.
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28 SEPTEMBRE - 4 OCTOBRE 2012 N° 232
L’AFFAIRE BALYOZ
HILMI ÖZKÖK
CENGIZ ÇANDAR
«Ce que j’observe en tant que citoyen, c’est que le jury a agi de manière très consciencieuse durant ce procès. (…) Donc, je ne peux pas dire : “Le procès n’a pas été équitable”».
«Le procès en 1975 des auteurs du coup d’Etat en Grèce avait été qualifié de Nuremberg grec. Vu sous cet angle, le procès Balyoz peut être qualifié de “Nuremberg turc”».
Comment la Turquie a échappé à un nouveau coup d’Etat Pour la première fois en Turquie, des centaines d’officiers ont été condamnés pour avoir projeté de renverser par un putsch le gouvernement AKP. Pour de nombreux observateurs, ce jugement marque l’espoir d’en finir avec les coups d’Etat militaires dans un pays qui en a déjà connu quatre depuis 1960. La justice turque a lourdement condamné le 21 septembre plus de 300 officiers accusés d’avoir comploté pour renverser le gouvernement AKP, le premier verdict d’une série de procès au retentissement historique dans la Turquie moderne. La cour de Silivri, à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest d’Istanbul, a infligé au «cerveau» du complot, l’ex-général Ce-
tin Dogan, ancien commandant de la 1re armée, et aux anciens chefs de l’armée de l’air et de la marine, Ibrahim Firtina et Özden Örnek, des peines de vingt ans de prison. Elle a également condamné 78 officiers à dix-huit ans et 246 autres à seize ans de réclusion. Vingt-huit d’entre eux ont vu leur sentence réduite à douze ans pour bonne conduite. R TURQUIE 08
Les détails macabres d’un plan de 5000 pages -08 EDITO
Pourquoi il faut défendre le procès Balyoz EMRE DEMIR -02
Charlie Hebdo ou l’extrémisme comme fonds de commerce -
Plus d’une semaine après la publication des caricatures sur le Prophète, les critiques pleuvent toujours sur Charlie Hebdo. Surfant sur une islamophobie rampante pour les uns, le journal satirique, qui revendique une ligne anticléricale, est aussi accusé de donner «du grain à moudre à l’extrême droite». RSOCIETE 05
UN VERDICT HISTORIQUE MAIS INSUFFISANT
De nombreuses voix insistent en Turquie sur l’insuffisance de ce jugement qui devrait, selon elles, être suivi de profondes réformes afin de limiter le pouvoir politique de l’armée. R TURQUIE 09
OPINION
«Le coup d’Etat a été empêché par d’autres militaires» MÜMTAZER TÜRKÖNE -15
Revenir à la laïcité de 1905
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Spécialiste de la laïcité, l’historien Jean Baubérot insiste sur l’écart entre la loi de 1905 et ses multiples instrumentalisations d’aujourd’hui, notamment par la droite. RFRANCE 03
02 FRANCE EDITO EMRE DEMIR
Pourquoi il faut défendre le procès Balyoz Dès le verdict du procès Balyoz, vendredi dernier, la presse française n’a pas tardé à présenter l’affaire comme un bras de fer politique entre les «militaires laïques» et le «gouvernement islamiste». On a ainsi surtout insisté sur les spéculations et les débats entourant le procès évoqués par Dani Rodrik, professeur d’économie à l’université de Harvard. Rodrik, qui est aussi le beau-frère de Cetin Dogan, suspect numéro 1 du procès, affirme ainsi à qui veut bien l’entendre qu’il s’agit d’un complot fabriqué par les procureurs. Il présente ainsi certains documents comme étant faux, mais n’évoque jamais les autres, des CDs, des témoignages et surtout des enregistrements audio d’une réunion sous la direction du général Cetin Dogan au siège de l’armée turque au début du mois de mars 2003, qui montrent indiscutablement qu’il y a bien eu une tentative de coup d’Etat. Qui connaît la tradition tutélaire de l’armée turque sait que les coups d’Etat militaires et les mémorandums publiés par l’armée contre le gouvernement ne sont pas rares en Turquie. Le processus de démocratisation du pays a été à plusieurs reprises stoppé du fait des tentatives de l’institution militaire de s’immiscer dans la vie politique. L’armée turque, qui s’est longtemps considérée comme la gardienne du système politique, a été à l’origine de nombreux coups d’Etat et de mémorandums contre le gouvernement en 1960, 1972, 1980, 1997 et 2007. Si les allégations de Dani Rodrik sont ne serait-ce que partiellement vraies, les juges et les procureurs devront rendre des comptes. Même si les failles chroniques dans le système judiciaire turc persistent, il n’y pas le moindre doute quant à la légitimité du procès intenté par les procureurs. La majorité des cadres militaires mis en cause dans cette affaire pensent certes qu’ils n’ont commis aucun crime, mais ont simplement agi conformément à l’idéologie kémaliste qui leur a été inculquée dans les écoles militaires et conformément au devoir de «défendre la République» prescrit par la Constitution et les lois. Mais la Turquie n’est plus un pays sous-développé dirigé par une dictature militaire. C’est la raison pour laquelle ce verdict inédit est capital pour la démocratisation du pays. e.demir@zamanfrance.fr
28 SEPTEMBRE - 4 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE
Il est légal de se marier voilée AZIZ OGUZ PARIS Peut-on se marier civilement en étant voilée ? C’est la question que soulève l’affaire de Myriam et Saad*. Le 6 septembre, ces deux trentenaires n’ont pu se marier dans leur commune de la Seyne-surMer dans le sud-est de la France. L’adjointe de la mairie Florence Cyrulnik (PS) a refusé de prononcer leur union le jour de la cérémonie de mariage, à cause du jilbeb de la mariée. «Choqué» par cette «injustice», le couple a porté plainte. Mais, le 21 septembre, le tribunal de grande instance (TGI) de Toulon a donné raison à Florence Cyrulnik. «Dans la mesure où le port d’un voile dissimule le visage, même pour partie, d’un des futurs époux et ne permet pas à l’officier d’état-civil de s’assurer de façon certaine de l’identité de celui-ci, il ne peut lui être reproché de refuser de célébrer le mariage faute de pouvoir recueillir valablement les consentements nécessaires», a jugé le tribunal. Cette décision a scandalisé l’avocat du couple, Gilles Devers, affirmant que «cet argument du
doute sur l’identité n’est apparu que devant le tribunal, comme une roue de secours». L’avocat dénonce la décision du TGI qui «botte en touche», car selon lui, c’est un problème de liberté religieuse et non d’identification. Le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) dénonce ce refus et rappelle qu’il est légal de se marier en étant voilée. «Juridiquement on doit pouvoir reconnaître les mariés pour prononcer
l’union», explique Lila Charef, juriste au CCIF. «Dans le cas où un tissu dissimule le visage de la personne, l’officier de l’état civil a le droit de lui demander de se dévoiler ; mais ce n’est évidemment pas le cas de Myriam qui porte un jilbeb laissant apparaitre son visage», poursuit-elle. Le CCIF a apporté son soutien au couple et a affirmé que «le référé du TGI de Toulon ne doit, en aucun cas, dissuader les musulmans de défendre
leurs droits devant le pouvoir judiciaire». Le couple a luimême déjà fait appel du jugement. «Madame Cyrulnik ne pensait pas que nous porterions l’affaire en justice. Mais nous irons jusqu’au bout», prévient Myriam. «C’est une question de liberté fondamentale, le débat se posera en ces termes devant la cour d’appel d’Aixen-Provence», renchérit l’avocat du couple. * Les noms ont été modifiés.
Le 22 septembre, un concours d’hommes-oiseaux était organisé dans la ville du Nouveau Taipei à Taïwan. La compétition a réuni au total 280 personnes réparties en 60 équipes.
...ET UNE MAUVAISE
UNE BONNE...
La démocratie recule dans le monde
C’est une première dans l’histoire de la Norvège. En nommant Hadia Tajik ministre de la Culture, le 21 septembre 2012, le Premier ministre Jens Stoltenberg a fait d’elle la première femme musulmane du pays à accéder à ce statut. La ministre, âgée de 29 ans, est également devenue la plus jeune ministre norvégienne. Née en 1983 de parents pakistanais, Hadia
En 2011, la démocratie a reculé à travers le monde. Ce constat tiré par la Freedom House, une organisation basée à Washington dans son dernier rapport Countries at the Crossroads en conclut que les avancées démocratiques, consécutives au Printemps arabe, sont très fragiles. La Freedom House souligne également les débuts chaotiques des nouveaux gouvernements, qui pourraient à terme se
Tajik est avocate, journaliste et femme politique. Depuis 2009, elle est parlementaire pour le Parti travailliste norvégien. Le Premier ministre a décrit la jeune femme comme une «personne travailleuse, dotée de capacités intellectuelles vastes». Hadia Tajik a, quant à elle, déclaré qu’elle ne s’attendait pas à être nommée à ce poste, mais «a promis de faire de son mieux en se fondant sur ce que ses prédécesseurs ont accompli».
transformer en régimes autoritaires selon l’organisation. Seule la Tunisie a nettement amélioré la qualité de sa gouvernance au sein des pays d’Afrique du Nord, d’après le rapport qui portait sur 72 pays. Les critères utilisés pour mesurer la solidité des régimes en matière démocratique sont notamment la séparation des pouvoirs, les libertés civiles, la transparence et la lutte contre la corruption.
NOUVELLE
Une musulmane nommée ministre en Norvège
03 FRANCE
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28 SEPTEMBRE - 4 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE
«Dans toute guerre entre l’homme civilisé et le sauvage, soutenez l’homme civilisé» Un groupe de pression conservateur américain a obtenu par un juge new-yorkais le droit de placarder ses affiches en soutien à Israël, portant cette mention dans le métro de la ville.
Revenir à la laïcité de 1905 Spécialiste de la laïcité, l’historien Jean Baubérot a insisté sur l’écart entre la loi de 1905 et ses multiples instrumentalisations d’aujourd’hui, notamment par la droite.
AZIZ OGUZ PARIS La question des rapports entre l’islam et la laïcité a eu l’occasion de revenir au premier plan ces dernières semaines. Et si la solution à la stigmatisation de l’islam passait par un retour aux fondements de la loi de 1905 ? C’est cette piste qu’a évoquée Jean Baubérot, directeur d’études émérite à l’Ecole pratique des hautes études (EPHE) à l’occasion d’une rencontre à la Plateforme de Paris autour de son dernier ouvrage, paru en 2012, La laïcité falsifiée (La Découverte). Grand spécialiste de la question, le sociologue avait notamment participé à la commission Stasi en 2003 sur «l’application de la laïcité dans la République». Pour le professeur, il faut revenir à la «conception de la laïcité de 1905 où la séparation de l’Eglise et de l’Etat était explicitement coordonnée à la liberté de conscience pour tous». Jean Baubérot fustige ainsi les forces de droite, notamment d’extrême droite, qui définissent, selon lui, la laïcité dans sa conception de neutralité pour mieux stigmatiser les musulmans. Il en voit la preuve dans la dernière sortie de Marine Le Pen, le dimanche 23 septembre, sur l’interdiction du voile et de la kippa dans l’espace public. Il soutient que les défenseurs de cette «nouvelle laïcité» font dire «à la loi de séparation de 1905 le contraire de ce qu’elle a réellement dit». «Elle n’a jamais été une laïcité de combat», poursuit-il.
Jean Baubérot a donné une conférence sur son ouvrage La laïcité falsifiée à la Plateforme de Paris.
Zoom
Ces Israéliens qui aiment les Iraniens EMMANUELLE GRIMAUD PARIS «Israel loves Iran», un mouvement né en mars dernier sur Facebook, connaît un véritable succès. Et pour cause, près de 84.200 personnes «aiment» le
La loi de 1905 garante de la liberté religieuse
Le professeur va en effet à contre-courant d’un discours présentant la laïcité comme une force offensive contre les religions. Jean Baubérot défend même l’idée que la Séparation a permis de «libérer la parole de l’Eglise catholique». Il rappelle aussi que la République s’est «accommodée», au début du siècle, avec celle-ci en donnant par exemple un jour libre dans la semaine à l’école publique pour permettre aux enfants de suivre des cours de catéchisme à l’église. Elle doit donc retrouver, expliquet-il, cette même force d’accommodation avec l’islam. Mais elle doit pour cela surmonter «l’impensé colonial de la laïcité». Car, pour lui, la France n’a pas digéré son histoire coloniale, ce qui explique les difficultés auxquelles sont confrontés actuellement les musulmans. Mais le professeur se veut optimiste : « Même si ce n’est pas suffisant, des choses sont faites. De plus en plus de mosquées sont construites. Il y a encore 20-30 ans, l’idée ne nous venait même pas que les musulmans aient des lieux de culte décents».
La campagne «Israel loves Iran» connaît un véritable succès en Israël.
groupe sur le célèbre réseau social. C’est par le biais d’internet que le groupe diffuse des messages de paix au peuple iranien, comme «Not ready to die in your war» (Pas prêts à mourir pour votre guerre) ou «Iranians, we will never bomb your country» (Iraniens, nous ne bombarderons jamais votre pays). Grâce à ceux-ci un vrai dialogue est né entre les internautes israéliens et iraniens. A l’origine du mouvement, un couple d’Israéliens, Ronny Edry et Michel Tamir, deux graphistes enseignant le design à Tel Aviv. «L’idée en tant que graphiste designer (mon métier) était d’essayer de faire un poster simple, d’adresser un message à mes amis, juste pour dire que je n’ai rien contre les Iraniens. Je ne pensais pas que cela aurait cet impact» confie Ronny. Car le mouvement a pris une ampleur considérable depuis sa création en mars dernier. Aujourd’hui, celui-ci n’est
plus uniquement virtuel. En août dernier, Ronny Edry a organisé un voyage à Munich qui a été l’occasion pour les internautes impliqués dans le mouvement de se rencontrer. Le 6 septembre, le fondateur «d’Israel loves Iran» a également donné une conférence lors d’un événement organisé par Tedx, une structure qui vante le slogan «Les idées méritent d’être diffusées». C’est donc grâce à des actions concrètes que les acteurs du mouvement diffusent leur message d’amour et de paix au peuple iranien. Après avoir placardé les portraits d’Israéliens et d’Iraniens dans des abribus à Tel Aviv, l’enseignant a donné une conférence sur l’histoire du mouvement. En Israël, on évoque souvent une guerre imminente contre l’Iran. Le succès de l’initiative «Israel loves Iran» montre néanmoins qu’une partie de la population y est opposée.
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05 SOCIETE
28 SEPTEMBRE - 4 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE
Charlie Hebdo ou l’extrémisme comme fonds de commerce Plus d’une semaine après la publication des caricatures sur le Prophète, les critiques pleuvent toujours sur Charlie Hebdo. Surfant sur une islamophobie rampante pour les uns, le journal satirique, qui revendique une ligne anticléricale, est aussi accusé de donner «du grain à moudre à l’extrême droite». FOUAD BAHRI PARIS Pour 56 % des Français, la publication des caricatures sur le Prophète par Charlie Hebdo était irresponsable. C’est le résultat du sondage réalisé par la chaîne de télévision M6 avec MSN, en plein cœur de la polémique suscitée par l’hebdomadaire satirique peu de temps après la flambée de colère du monde musulman provoquée par la diffusion d’un film américain anti-islam. Les responsables de Charlie Hebdo se défendent en invoquant le combat anticlérical qu’ils mènent contre les religions et en particulier contre l’extrémisme religieux. Mais de nombreuses personnalités comme Tariq Ramadan ont dénoncé la surenchère de ces publications dans un contexte marqué par la montée de l’islamophobie. S’exprimant sur Europe 1, l’intellectuel suisse a expliqué que «la seule attitude noble en face de la provocation de ceux qui cherchent à développer une islamophobie en France, c’est d’ignorer ces attaques».
Les liaisons dangereuses avec l’extrême droite
Charlie Hebdo, qui «donne l’occasion aux obscurantistes de briller», offrirait aussi «du grain à moudre à l’extrême droite». Une collusion qu’Abdelkrim Branine attribue directement à une recomposition de l’extrême gauche traversée par un clivage entre les partisans d’un métissage avec les musulmans et les ultra-laïcards, «les salafistes de la laïcité» qui seraient sur le point de l’emporter.
Une colère fruit de la rancœur sociale
Mais à cette logique de la confrontation idéologique d’une certaine extrême gauche avec l’islam, répondrait en retour la réaction très émotive des masses musulmanes, alimentant ainsi un cercle vicieux ayant les apparences de l’antagonisme civilisationnel. C’est l’avis de la journaliste Nadia Moulaï auteure d’un ouvrage à paraître en octobre intitulé Petit précis de l’islamophobie ordinaire aux éditions Les points sur les I. «L’émotivité dans le monde musulman est tellement à son comble que la moindre critique peut prendre des réactions disproportionnées» dit-elle. Selon la journaliste, il faut surtout éviter «le mélange des genres» consistant à parler d’islam en lieu et place de logiques tenant plus de la frustration sociale. «C’est le fruit d’années de rancœurs sociales. Ce ne sont pas des motivations purement spirituelles car [si c’était le] cas il n’y aurait pas de violences» précise-t-elle, mettant en garde contre les amalgames. «On peut avoir envie de manifester et de dénoncer ces caricatures sans être un extrémiste. En interdisant les manifestations, on part du postulat que seuls les extrémistes sont choqués par ces caricatures» explique Nadia Moulaï.
Journaliste et animateur du Forum débat sur Beur FM, Abdelkrim Branine a suivi avec attention l’évolution du journal satirique. S’il s’accorde à penser que la tradition anticléricale de la presse satirique «est très bien et [qu’] il faut s’en féliciter», il juge que le contexte international et local doit inciter à plus de responsabilité. D’autant qu’en France «les musulmans ne sont pas une communauté qui pèse politiquement [mais] un géant aux pieds d’argile». Abdelkrim Branine, qui qualifie l’initiative de Charlie Hebdo d’«imposture», considère donc qu’on ne peut pas «taper avec la même intensité sur les trois religions». «Il ne s’agit pas d’interdire mais d’appeler à la responsabilité» ajoute-t-il. Il estime par ailleurs que la posture de Charlie Hebdo le mène directement sur les terres de l’extrême droite. «Quand on est soutenu par Fdesouche, le Bloc identitaire, Marine Le Pen, on ne peut pas ne pas se poser des questions» poursuit-il. Un lien renforcé par l’origine des premières caricatures danoises, publiées par Jyllands-Posten , un journal populiste Abdelkrim Branine est journaliste et animateur du Forum débat sur Beur FM. de droite. Ainsi,
Les locaux de Charlie Hebdo ont été placés sous protection policière suite à la publication des caricatures.
PLUS DE POLICIERS QUE DE MANIFESTANTS Un impressionnant dispositif policier, déployé dans plusieurs grandes villes françaises, a empêché samedi toute manifestation de musulmans contre le film anti-islam et la publication des caricatures de Charlie Hebdo. A Paris, 50 personnes «qui ne respectaient pas les interdictions» ont été interpellées et rapidement relâchées après vérification de leur identité, a précisé la préfecture de police. A Lille, une tentative de rassemblement a rapidement avorté lorsqu’une vingtaine de personnes a voulu dénoncer à la fois des «provocations à l’égard de l’islam» et l’interdiction de manifester. Un homme, qui semblait donner des ordres aux manifestants, a été emmené au poste pour vérification d’identité et quatre femmes ont été verbalisées pour le port du
niqab. A Marseille, une soixantaine de CRS, appuyés par un hélicoptère de la gendarmerie, étaient mobilisés, comme une trentaine de journalistes... pour un seul manifestant. Dans la capitale, les forces de l’ordre, réparties sur plusieurs zones jugées à risque, ont dissuadé toute velléité de manifestation illégale, alors que deux demandes de rassemblement, au Trocadéro et devant la Grande Mosquée, avaient été refusées par la préfecture de police. Au Trocadéro, des journalistes de l’AFP ont compté plus d’une trentaine de cars de gendarmes mobiles et de policiers en tenues antiémeutes. Touristes, femmes voilées, hommes barbus et de nombreux jeunes étaient régulièrement approchés par les forces de l’ordre, parfois pour des contrôles d’identité.
06 SOCIETE La liberté de pensée comme «bouclier de la violence symbolique»
28 SEPTEMBRE - 4 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE
MON AVOCAT Canan Özenici
Vous avez reçu une assignation, les étapes clés à respecter
Directrice d’études à l’EHESS et auteur d’Interpénétrations. L’Islam et l’Europe (Galaade), Nilüfer Göle interprète les événements qui ont fait suite au film L’innocence des musulmans en terme d’«interpénétration» des croyances et des cultures. Pour elle, la liberté de pensée ne devrait pas être un moyen d’alimenter la domination de l’Autre. UGUR KÖMEÇOGLU ISTANBUL Pour Nilüfer Göle, qui vient de publier en turc Seküler ve Dinsel : Asinan Sinirlar (Laïc et religieux : les limites franchies) chez Metis, les dernières affaires de film anti-islam et de caricature sont un nouvel exemple d’interpénétration entre le monde occidental et l’Islam, de violence entraînée par cette proximité et de dépassement des limites. La directrice d’étude à l’EHESS juge ainsi que la colère du monde musulman ne peut être entièrement attribuée à l’Occident ou à l’Islam. Elle interprète les manifestations les plus violentes comme des «symptômes pathologiques de rencontre entre ces deux mondes», en rappelant l’importance du phénomène d’«interpénétration» des deux identités. Elle ajoute toutefois que certaines mouvances minoritaires telles que les salafistes djihadistes, qui ne sont pas représentatifs de l’Islam, essaient de profiter du printemps arabe pour asseoir leur pouvoir et intimider leurs concitoyens par le biais de la violence.
Nilüfer Göle est sociologue, spécialiste de l’émergence de nouveaux signes de la religiosité islamique dans l’espace public.
La liberté de pensée ne doit pas servir la domination
Du côté occidental, le concept de liberté de pensée est devenu selon elle le garant de la violence symbolique. Ainsi, elle juge que le monde occidental doit redéfinir son principe de liberté de pensée et s’assurer qu’il ne soit pas utilisé pour servir une domination hégémonique car «le principe de la liberté de pensée n’est pas de pouvoir tout dire». Pour elle, la liberté de pensée ne peut donner de résultats que dans un environnement où des critères de production et de diffusion sont préservés. Alors qu’aujourd’hui internet permet précisément à chacun de diffuser n’importe quelle photo, propos ou vidéo. Pour réussir à mettre en place des relations plus apaisées, les pays musulmans et le monde occidental doivent «opter pour un nouveau style de communication, d’interaction et de pénétration, quand ils dépassent les limites,
rencontrent les symboles et les valeurs sacrées de l’Autre et testent son seuil de tolérance». Cependant, la solution ne passe pas nécessairement par un effort d’adaptation aux politiques modernes, mais aussi par un réinvestissement de certaines valeurs traditionnelles. La sagesse du silence pourrait ainsi, dans certains cas, «ouvrir la voie d’un nouveau style en politique».
En finir avec les visions polarisées
Nilüfer Göle rappelle par ailleurs que l’identification de la modernité occidentale à la laïcité est de plus en plus remise en question. «Les débats sur la laïcité ont été enrichis par la laïcité pluraliste en Inde et la résistance anticolo-
nialiste et pacifiste de Gandhi», indique-t-elle, en ajoutant que les observations à propos de la laïcité islamique font également partie de ces débats. «C’est pourquoi, pour elle, il n’est plus possible de faire une lecture dualiste avec la modernité laïque occidentale et le reste du monde». Une telle vision relève de la «paresse intellectuelle» ou même d’une «idéologie raciste». La modernité n’a plus un seul centre, ce qui montre de plus en plus les failles du discours sur la modernité laïque hégémonique. Or, les positions qui exigent de choisir entre telle et telle idéologie font l’impasse sur les interactions et les interpénétrations entre la laïcité et la religion.
Aujourd’hui au courrier : une assignation devant le tribunal de grande instance. Pas de panique, les réponses à vos questions sont les suivantes : tout d’abord, c’est quoi une assignation ? C’est un acte introductif d’instance, c’est-à-dire, le premier acte juridique qui commence une instance civile. Que dois-je faire ? La première chose à faire est de trouver un bon avocat ! En effet, la représentation est obligatoire devant cette juridiction. Il vous faut donc obligatoirement constituer avocat. Combien ça coûte ? Les honoraires d’un avocat sont libres. Le principe clé est d’en discuter ! Les honoraires peuvent être fixés au temps passé, en fonction des résultats, un forfait peut être conclu, une convention peut prévoir un système intermédiaire, etc. Un avocat pas cher est-il forcément mauvais ? Payer beaucoup d’honoraires garantie-t-il forcément le résultat à la clé ? Non et non ! Des honoraires peu élevés peuvent être liés à des faibles frais de fonctionnement et malheureusement un avocat très expérimenté ne peut pas éviter à coup sûr l’aléa judicaire. Dans ce domaine, ce qu’il y a de plus important à savoir, c’est que votre intérêt est d’avoir les services de l’avocat que vous avez choisi et qu’il est de l’intérêt de l’avocat de ne pas perdre un dossier. Mais comment choisir l’avocat qui saura défendre vos intérêts au mieux ? Tout d’abord, méfiez-vous des avocats qui vous donnent des garanties ou qui vont jusqu’à donner 100 % de réussite à votre dossier ! Il y a plus de 22.000 avocats rien qu’à Paris, il n’y a pas de règles strictes pour choisir un bon avocat. Pour une première sélection, le site des avocats du barreau de Paris (ou celui mis en place par le barreau de votre région) peut vous venir en aide grâce à des critères tels que la langue, la spécialité, la situation géographique de son cabinet. Vous pouvez également faire appel à vos proches pour avoir des noms d’avocats qui ont donné satisfaction. Le plus important est de pouvoir communiquer avec votre avocat, donnez-lui le maximum de détails sur votre affaire : il fera le tri des informations. Il faudra également vous assurer sur le fait de savoir si l’avocat que vous avez choisi est bien un spécialiste de la matière qui vous concerne. En effet, il y a certaines matières très techniques qui imposent les conseils d’un spécialiste expérimenté. N’hésitez pas à rencontrer plusieurs avocats avant de faire votre choix et vous ferez forcément la différence de celui qui sait et celui qui est sûr ! Pour vos questions : ceruguz@yahoo.fr
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08 TURQUIE
28 SEPTEMBRE - 4 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE
Comment la Turquie a échappé à un nouveau coup d’Etat Pour la première fois en Turquie, des centaines d’officiers ont été condamnés pour avoir projeté de renverser par un putsch le gouvernement AKP. Pour de nombreux observateurs, ce jugement marque l’espoir La justice turque a lourdement condamné vendredi 21 septembre plus de 300 officiers accusés d’avoir comploté pour renverser le gouvernement du Parti de la justice et du développement (AKP), le premier verdict d’une série de procès au retentissement historique dans la Turquie moderne. La cour de Silivri, à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest d’Istanbul, a infligé au «cerveau» du complot, l’ex-général Cetin Dogan, ancien commandant de la 1re armée, et aux anciens chefs de l’armée de l’air et de la marine, Ibrahim Firtina et Özden Örnek, des peines de vingt ans de prison. Elle a également condamné 78 officiers à dix-huit ans et 246 autres à seize ans de réclusion. Vingthuit d’entre eux ont vu leur sentence réduite à douze ans pour bonne conduite. Tous ont été reconnus coupables, à des degrés divers, de «tentative d’empêcher par la force l’action du gouvernement de la République», une peine passible de la prison à vie mais qui a été réduite car le crime, indépendamment de la volonté des accusés, n’a pas pu être réalisé, a indiqué la Cour. La plupart des accusés sont par ailleurs interdits à vie d’activité dans le secteur public. Trente-
Le «cerveau» du complot, l’ex-général Cetin Dogan, ancien commandant de la 1re armée, a été condamné à vingt ans de prison.
quatre prévenus ont été acquittés à l’issue d’un procès qui a sonné la fin de l’impunité d’une armée à l’origine de quatre coups d’Etat depuis 1960.
«Le Nuremberg turc»
Au total, 365 officiers d’active ou à la retraite, dont plusieurs anciens chefs d’armée et de corps d’armée, étaient poursuivis depuis décembre 2010 pour leur participation à un complot dont le nom de code est «Masse de forgeron» (Balyoz). 250 d’entre eux étaient en détention provisoire. Selon le jugement de la Cour, cette conspiration avait pour objectif de chasser l’AKP du
pouvoir auquel il venait d’accéder un an plus tôt. Elle prévoyait une série d’attentats destinés à semer le chaos en Turquie et à justifier une intervention de l’armée. Mais les inculpés ont tous contesté cette version des faits, prétendant que le plan incriminé n’était qu’un scénario d’exercice. Ce procès est la plus retentissante des procédures pour complot qui émaillent depuis 2007 la vie judiciaire turque, car il attaque frontalement une armée jusque-là intouchable, gardienne autoproclamée de la laïcité dans un pays à la population très majoritairement musulmane. C’est, par ailleurs, la première fois qu’un tribunal civil condamne des militaires
pour tentative de coup d’Etat. Avant même le verdict très lourd rendu vendredi, ces dossiers ont été dénoncés dans les milieux pro-laïcité comme une chasse aux sorcières visant à faire taire l’opposition et à faciliter l’islamisation en catimini du pays. Pourtant, pour Cengiz Candar, du journal de gauche libérale Radikal, de même que le procès des auteurs du coup d’Etat de 1967 en Grèce avait été qualifié de Nuremberg grec, le procès Balyoz peut être qualifié de «Nuremberg turc». Il écrit espérer que ce jugement marquera la fin dans l’histoire turque des coups d’Etat et des interventions de l’armée dans la sphère politique.
Les détails macabres d’un plan de 5.000 pages Les projets de coup d’Etat avaient débuté en 2003 juste après que l’AKP se soit retrouvé seul au gouvernement. La décision aurait été prise à l’issue d’un séminaire où se seraient retrouvés 29 généraux et 162 officiers et durant lequel le plan aurait
été appelé «Masse de forgeron» (Balyoz). Le coup d’Etat devait suivre le modèle de celui du 12 décembre 1980. Le plan de 5.000 pages comporte également les noms de 137 journalistes qui devaient coopérer avec le pouvoir militaire et de 36 autres qui devaient
être arrêtés. Les documents du plan Balyoz ont été analysés par le Conseil de la recherche scientifique et technologique de Turquie (Tübitak) et les laboratoires de criminologie de la police. Ce sont les résultats de ces analyses annonçant que «les documents sont authentiques et qu’ils appartiennent bien aux personnes concernées» qui ont poussé les forces de sécurité à lancer les perquisitions et les interpellations. Les généraux ne nient pas l’existence de ce plan détaillé mais le présentent comme un entraînement stratégique interne à l’armée. Par ailleurs, la mise en œuvre d’une des quatre parties du plan, dénommée «Infiltration» (Sizma), aurait déjà débuté. Cette première étape consistait à infiltrer des organisations terroristes d’extrême droite et d’extrême gauche.
Faire croire à des menaces islamistes et grecques
L’une des parties du plan comportait l’opération aérienne Oraj (Orage) et portait la si-
gnature présumée d’Ibrahim Firtina, ex-chef de l’armée de l’air. D’après le document, le «Devoir », titre de l’une des parties, du commandement des forces aériennes devait être de «s’assurer que l’état d’urgence soit décrété dans la totalité du pays et que l’action du Commandement de l’état d’urgence soit un succès». Il s’agissait aussi «d’accroître la tension avec la Grèce et de provoquer les intégristes». Selon la partie intitulée «Niqab et barbe», les mosquées de Fatih et de Beyazit, d’Istanbul, devaient subir des attentats à la bombe, afin de créer un climat de tension. Une force spéciale constituée de 9 militaires devait installer la charge explosive dissimulée dans un téléphone portable dans une des entrées des mosquées. La bombe devait précisément exploser au moment de la prière du vendredi, alors que les mosquées sont pleines de fidèles. Par ailleurs, après les provocations militaires avec la Grèce, des groupes d’hommes barbus et en djellaba ainsi que des femmes en niqab devaient faire irruption au Musée de l’air.
09 TURQUIE
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Un verdict historique mais insuffisant
De gauche à droite, le journaliste et écrivain Markar Esayan, le rédacteur en chef du quotidien Apoyevmatini Mihail Vasiliadis, ainsi que Hayko Bagdat, écrivain, se sont félicités du verdict prononcé par les juges.
De nombreuses voix insistent en Turquie sur l’insuffisance de ce jugement qui devrait, selon elles, être suivi de profondes réformes afin de limiter le pouvoir politique de l’armée. Les minorités religieuses de Turquie ont accueilli avec une grande satisfaction les verdicts prononcés, les décisions de la cour d’Istanbul étant susceptibles à leurs yeux de réduire la perspective d’un nouveau coup d’Etat militaire, et d’épargner ainsi des minorités, qui, historiquement, ont beaucoup pâti du pouvoir de la junte. S’adressant à Zaman, plusieurs représentants ont de manière unanime évoqué les plans de la junte élaborés dans le cadre de Balyoz et visant à menacer et à tuer des membres des minorités chrétiennes en Turquie pour faire croire à l’Occident que les chrétiens du pays étaient opprimés par le gouvernement «islamiste» dirigé par le Parti de la justice et développement (AKP). Markar Esayan a ainsi déclaré que la junte avait des plans visant clairement les minorités et destinés à «dénoncer l’AKP auprès de l’Occident», néan-
moins le verdict dans cette affaire «prouve qu’une justice [indépendante] est possible en Turquie». «Les minorités ont toujours souffert des gouvernements militaires», a déclaré Mihail Vasiliadis, qui a ajouté se réjouir que le procès ait pu se clore dans des délais relativement courts. Soulignant que «les minorités ont toujours été instrumentalisées dans les combats politiques et les luttes de pouvoir en Turquie», M. Vasiliadis a ajouté qu’«Il est agréable de penser qu’il n’y aura plus de nouvelle intervention de l’armée [dans les affaires de l’Etat]».
Des réformes doivent suivre
Le militant et écrivain arménien Hayko Bagdat a déclaré pour sa part qu’il «trouve la décision [de justice] très positive, mais néanmoins insuffisante», évoquant les aspects non résolus de l’assassinat de Hrant Dink. «Nous avons été témoins des
agissements de l’Etat. Ils avaient déjà mis en œuvre le plan Cage. Nous connaissons les faits», a-t-il ajouté, dénonçant ainsi les arguments selon lesquels l’affaire Balyoz s’appuierait sur de faux documents. De même, le juge militaire à la retraite Ümit Kardas insiste sur l’insuffisance du procès car, selon lui, il est impossible de mettre fin aux coups d’Etat par le seul biais des décisions judiciaires. «On ne peut pas [rompre avec cette tradition de coups d’Etat en Turquie] en ayant recours aux [seuls] moyens judiciaires, à travers des décisions de justice : il faut plus de réformes structurelles» a-t-il déclaré. Il propose ainsi de «rattacher l’Etat-major au ministère de la Défense, et mettre ainsi fin à son statut d’autonomie», de «modifier la structure administrative des Forces armées turques» et d’«abolir le système judiciaire bicéphale [civil et militaire]».
UN PROCES EQUITABLE SELON LE GENERAL ÖZKÖK En réponse aux critiques adressées au procès, l’ancien chef d’état-major qui était à la tête de l’armée durant les événements incriminés juge le procès équitable. Le général Hilmi Özkök a déclaré qu’il lui était impossible d’être de ceux qui critiquent le procès du coup d’Etat Balyoz, qui s’est achevé la semaine dernière, et de prétendre qu’il n’était pas impartial, ajoutant que tout ce qu’il y avait à faire était de respecter le verdict de la Cour. «Je ne peux pas dire une chose pareille [que le procès n’était pas équitable]. Parce que je ne suis pas juriste. Néanmoins, ce que j’observe en tant que citoyen, c’est que le jury a agi de manière très consciencieuse durant ce procès. Ils ont écouté les témoins. L’équipe d’experts a également fait ce qu’il fallait. Donc, je ne peux pas dire : "Le procès n’a pas été équitable"» a affirmé le général Özkök, dans une déclaration publiée par plusieurs journaux turcs dimanche 23 septembre.
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La Turquie déploie son armée à la frontière syrienne L’armée turque a déployé samedi des canons et des missiles anti-aériens à proximité d’un poste frontière avec la Syrie, où rebelles et forces gouvernementales s’affrontent, selon les médias turcs. L’armée a effectué le déploiement de ses armes de manière préventive à la suite de violents affrontements en Syrie pour le contrôle du poste frontière de Tall alAbyad, selon la chaîne NTV News. Ce déploiement fait suite à un bombardement, jeudi 20 septembre, par les forces gouvernementales syriennes proche de la ville frontière d’Akçakale, dans le sud-est du pays, et au cours duquel deux Turcs ont été blessés. Les forces syriennes tentaient alors de reprendre cette position aux rebelles. Les civils ont été blessés par des éclats d’obus qui ont explosé du côté syrien de la frontière. Un autre projectile trouvé à proximité et qui n’a pas explosé, a été désamorcé. Mercredi 19 septembre, les rebelles avaient pris
le contrôle du poste frontière qui se situe sur la route nationale entre la ville de Raqa dans le nord-est de la Syrie et la ville turque de Sanliurfa, où de violents affrontements avec les troupes du président al-Assad se poursuivent. Trois autres civils avaient été blessés, le 18 septembre, par des balles perdues tirées du côté syrien, encourageant les autorités locales à recommander aux habitants de rester éloignés de la frontière. Les écoles du secteur sont fermées depuis lundi. Tall al-Abyad est à une centaine de kilomètres au nord de Raqa et le postefrontière est relativement petit et mis en service depuis peu. Depuis juillet, les rebelles syriens qui combattent le régime du président Bachar al-Assad ont pris le contrôle des points de passage Bab al-Hawa, Al-Salama et Jarabulus situés sur la frontière avec la Turquie. Ils ont également pris des points de passage entre l’Irak et la Syrie, sur la frontière orientale du pays.
En réaction à un bombardement près de la ville frontière d’Akçakale par les forces syriennes, l’armée turque s’est déployée le long de la frontière.
L’Egypte et les Etats-Unis sont des amis mais pas des alliés Le président égyptien Mohamed Morsi a estimé que son pays et les EtatsUnis étaient de «vrais amis» mais pas forcément des alliés, dans une interview publiée samedi soir par le New York Times. M. Morsi, attendu dimanche à New York pour une visite à l’ONU quelques jours avant l’assemblée générale de l’organisation, était interrogé sur
les propos tenus mi-septembre par le président américain Barack Obama, qui avait surpris en affirmant que les Etats-Unis ne «considér[aient] pas [les Egyptiens] comme des alliés», ni «comme des ennemis». Interrogé pour savoir s’il considérait son pays comme un allié des Etats-Unis, le président égyptien est resté évasif, répondant simple-
La secrétaire d’Etat Hillary Clinton a rencontré le président égyptien Mohammed Morsi lundi 24 septembre à New York.
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%
ment : «cela dépend de votre définition d’un allié». M. Morsi a toutefois estimé que les deux pays étaient de «vrais amis». Après les déclarations de M. Obama, prononcées sur fond d’échauffourées devant l’ambassade américaine au Caire, plusieurs responsables américains avaient tenté de rectifier le tir. Le porteparole du département d’Etat Victoria Nuland avait notamment estimé que Le Caire demeurait «un allié des Etats-Unis, non-membre de l’Otan». L’Egypte a le statut d’allié majeur non-membre de l’Otan depuis 1989, lui offrant une coopération militaire privilégiée avec les Etats-Unis, comme l’Australie, le Japon, la Jordanie, Israël et la Thaïlande. Des milliers d’Egyptiens, en majorité des salafistes, avaient manifesté le 11 septembre devant l’ambassade américaine pour dénoncer le film anti-islam, qui a provoqué une vague de protestations violentes dans le monde musulman. Le dirigeant égyptien a souhaité rencontrer le président Obama à la Maison Blanche mais l’idée a été fraîchement accueillie par Washington et M. Morsi y a finalement renoncé, affirme le New York Times.
BREVES ECO
INDUSTRIE
o ni
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Des voitures turques d’ici 2023
Le ministre de l’Economie turc, Zafer Caglayan, en est convaincu : son pays construira d’ici 2023 «ses propres voitures, ses avions ainsi que ses hélicoptères». Cette date de 2023 est symbolique, car elle correspond au centenaire de la République turque. Le ministre des Transports, Binali Yildirim, avait déjà annoncé début 2011 que la Turquie se positionnait dans ce type d’industries, évoquant également la volonté du pays de construire ses propres satellites. La Turquie héberge de nombreux sous-traitants dans l’industrie. Mais pour le moment, elle ne dispose pas de ses propres filières.
Le nombre de manifestants contre les caricatures représente 0.01% de la population musulmane mondiale, selon Etienne Leenhardt qui s’exprimait au JT de France 2.
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Le témoignage de paix du dernier moine de Tibhirine La rentrée littéraire est marquée par le témoignage inédit du dernier moine de Tibhirine, paru aux Editions du Seuil. Cet ouvrage basé sur une trentaine d’heures d’entretiens avec le frère Jean-Pierre est un vibrant appel au dialogue et à la paix entre religions. L’esprit de Tibhirine, témoignage inédit du dernier moine survivant du drame qui inspira le film Des hommes et des dieux, fait revivre l’atmosphère de ces années de plomb en Algérie et se veut un message de paix entre les religions en cette période de «détestation de l’islam». Le journaliste lyonnais Nicolas Ballet, qui cosigne avec frère Jean-Pierre ce livre figurant parmi les meilleures ventes de la rentrée des éditions du Seuil, y voit le signe d’un «intérêt pour un autre discours sur les relations avec les musulmans», loin des films islamophobes et autres caricatures. Le livre s’ouvre sur une lettre manuscrite de frère JeanPierre, 88 ans, évoquant son départ en 1964 du monastère trappiste de Timadeuc, en Bretagne, pour «construire une
En 2007, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, se recueille sur la tombe des sept moines de Tibhirine tués en 1996.
petite communauté implantée en plein milieu musulman, vivant pauvre parmi les pauvres». Aujourd’hui retiré dans un monastère au Maroc, le vieux moine raconte sa peur pendant la «décennie noire» des années 1990 marquée par la montée de l’islamisme.
Une croyance dans le dialogue interreligieux
Avec une candeur assumée, le moine évoque des souvenirs plus heureux, comme ce Credo composé par frère Célestin «sur le ton de l’appel du muezzin» ou ces liens tissés avec les villageois. Lors de ses six semaines passées au monastère au Maroc, Nicolas Ballet a pu assister à la lecture du journal du prieur de Tibhirine, Christian de Chergé, qui figure parmi
les sept moines enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, puis tués. Il revient certes sur la nuit du rapt et la façon dont frère Jean-Pierre a eu la vie sauve (avec frère Amédée, mort en 2008) grâce au mensonge de Mohamed, le jardinier du monastère : «Ils ont demandé "Ils sont bien sept ?". Et il leur a répondu «C’est comme vous dites». Or, nous étions neuf». Mais si frère Jean-Pierre confie que «connaître la vérité serait un soula-
gement pour tous», le livre n’a pas pour objet l’enquête sur la mort des moines, imputée au GIA. Le vieux moine refuse de prendre partie et évoque les islamistes comme «les frères de la montagne». Car, rapporte Nicolas Ballet, le message qu’a voulu faire le dernier survivant de Tibhirine avec ce livre est celui de sa croyance invaincue dans le dialogue entre chrétiens et musulmans, fidèle à «l’esprit de Tibhirine».
Plus de riches en Asie qu’en Amérique du Nord
Une boutique Louis Vuitton à Shanghai, où la demande de biens de luxe est très forte.
Le nombre de riches asiatiques a surpassé celui des nord-américains pour la première fois l’année dernière, mais le montant de leur fortune a légèrement reculé et leur richesse totale est toujours à la traîne par rapport au continent nordaméricain, selon le groupe Capgemini et RBC Wealth Management. La région de l’Asie-Pacifique compte à présent 3.37 millions d’individus jouissant d’un patrimoine net élevé. Dans le jargon des statistiques il s’agit du high net worth individuals (HNWI), soit le nombre d’individus pouvant à leur actif investir un million de dollars ou plus. En Amérique du Nord, ce chiffre s’élève à 3.35 millions et en Europe à 3.17 millions de personnes, ont souligné les groupes dans leur rapport. La richesse de l’Asie, dont 54 % est concentrée au Japon, 17 % en Chine et plus de 5 % en Australie, a vu le montant total des fortunes de ses citoyens passer de 10.7 trillions (milliers de milliards) de dollars en 2010 à 10.8 trillions, tandis que celle des Etats-Unis reste
toujours supérieure avec 11.4 trillions. Le rapport sur la richesse de la région Asie-Pacifique, réalisé par Capgemini et RBC Wealth Management, est particulièrement attendu par les gestionnaires de fortune du monde entier, les agents immobiliers haut de gamme, les détaillants de produits de luxe, entre autres, qui souhaitent connaître où et comment les très riches investissent, et comment évolue leur patrimoine. Selon Claire Sauvanaud, la viceprésidente des services financiers de Capgemini, la plupart des riches asiatiques ont construit leur fortune grâce à un business familial, un modèle qui jusqu’à présent n’a pas beaucoup évolué : «il n’y a pas de changement important dans les différents postes de gestion des portefeuilles». Notons que le pays où, en volume, le nombre de riches a le plus augmenté est le Brésil, avec une explosion de + 6.2 %, ce qui ne signifie en aucun cas qu’il y a moins de pauvres, mais peut au contraire être signe parfois, d’une augmentation des inégalités.
12 CULTURE L’Anatolie fait son festival à Paris 28 SEPTEMBRE - 4 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE
Le premier festival d’Anatolie ouvre ses portes le vendredi 28. Organisé par l’Union des démocrates européens turcs en France, l’événement veut faire connaître la richesse de la culture turque, et devenir avec le temps une manifestation annuelle incontournable. avec de nombreuses dégustations autour d’un verre de thé. Parallèlement à ces différentes découvertes, d’autres activités seront proposées aux visiteurs : ils pourront notamment admirer les toiles de peinture à l’huile de l’exposition «Efeler» de Mustafa Ali Kasap, la cérémonie soufie du sema, ainsi que des représentations de danses folkloriques traditionnelles. Les arts cinématographiques seront aussi au rendez-vous, avec la projection du film très largement récompensé Turkish Passport ; et du documentaire De l’Orient à l’Occident, portant sur les civilisations successives au Moyen Orient.
MAUD DRUAIS PARIS Pour sa grande première, le festival d’Anatolie, dont Zaman France est partenaire et qui se tiendra du 28 au 30 septembre au parc des expositions de Villepinte, a vu les choses en grand. «Nous attendons environ 5.000 personnes» au cours de l’événement qui tendra à «devenir une tradition», assure Serap Okuyucu, l’une des organisatrices. Cette année, ce rendez-vous à l’initiative de l’Union des démocrates européens turcs (UETD) en France, mettra en avant la ville d’Istanbul, symbole de la splendeur du passé et du présent de la Turquie. Le Grand bazar ainsi que certains quartiers d’Istanbul, comme Ortaköy, seront ainsi reconstitués à une échelle réduite. Et, pour faire connaître ce pays qui a déjà attiré près de 400.000 Français en 2011, rien de moins que la présentation de 17 arts traditionnels turcs, tels que le soufflage du verre, l’art de l’enluminure, de la céramique, de la marbrure, ou encore de la calligraphie.
de cette destination de vivre des moments de nostalgie et pour d’autres d’aller à sa découverte en voyageant le temps d’une visite dans cette ville» d’Istanbul. Il s’agit aussi, selon Serap Okuyucu, de présenter les «particularités de la Turquie et de casser les préjugés associés à ce pays souvent méconnu» et de «donner envie aux visiteurs de se rendre dans le pays». A travers tous ces stands et ces nombreuses activités, les visiteurs sortiront avec une vision assez complète de la culture turque. Deux moments particulièrement forts sont au programme, avec les concerts de Ugur Isilak et de Mustafa Ceceli, respectivement les samedi 29 et dimanche 30 septembre.
Présenter les particularités de la Turquie
EN BREF
CARICATURES
Le but du festival est ainsi double : il «permettra aux visiteurs amoureux
De nombreuses activités
Pour les petits comme pour les grands, des initiations sont prévues, animées par des artistes «arrivés directement de Turquie» pour partager leur savoir-faire, explique Mme Okuyucu. La gastronomie turque aura aussi une place spéciale,
Mustafa Ceceli est l’un des chanteurs invités au festival d’Anatolie.
La popularité en Croatie d’une série télévisée turque sur le personnage historique du sultan ottoman Soliman le Magnifique a contribué au projet de reconstruction d’un pont dans l’est du pays dont il avait ordonné la construction. «Le moment n’aurait pu être meilleur pour notre idée. […] La diffusion de la série […] nous a beaucoup aidé pour attirer le soutien et l’intérêt pour le pont», a déclaré à l’AFP Sinisa Maurus, de la Société de l’amitié turco-croate à Osijek (est). Le feuilleton Siècle magnifique (Muhtesem Yüzyil) sur la vie du sultan, diffusé sur la chaîne commerciale RTL depuis plusieurs semaines, est devenu très populaire en Croatie. Le sultan a été de 1520 à 1566 à la tête de l’Empire ottoman, qui a régné sur les Balkans pendant environ cinq siècles. Le pont en bois à Osijek surnommé «Sultan Soliman», qui faisait huit kilomètres de long et était fabriqué sans clous, a été construit sur ses ordres. Il traversait la rivière Drava pour relier Osijek au village de Darda. Le pont a été détruit en 1686 par l’armée des Habsbourg qui
ont fait cesser le règne des Turcs sur le territoire actuel de la Croatie. L’association de M. Maurus, créée il y a quelques mois seulement, veut reconstruire le pont qui, selon elle, enrichirait l’offre touristique d’Osijek. Le projet est sou-
tenu par le conseil touristique local, ainsi que par l’ambassade turque en Croatie. Le coût de la reconstruction du pont est estimé à plusieurs millions d’euros qui seront fournis par le secteur privé, a précisé M. Maurus.
La mosquée de Fethiye, à Athènes, est l’un des nombreux vestiges ottomans de la région des Balkans.
JUSTICE
Une série permet de restaurer un pont ottoman
Des livres pour répondre aux insultes
Face aux caricatures et autres blasphèmes, le président de l’association des musulmans de Grigny Abdelhak Eddouk a lancé, le 21 septembre, l’opération «un livre face à l’insulte», qui a duré une semaine. L’aumônier a acheté à moitié prix 430 exemplaires de Mohammad, un Prophète pour l’humanité, de l’indien Mawlana Wahidudin Khan, à la maison d’édition AlAzhar. Le religieux a ensuite demandé aux fidèles d’offrir «ce livre à un non-musulman, à ceux que vous connaissez, qui vont aborder le sujet avec vous» pour ainsi «répondre pacifiquement à ceux qui nous insultent, et participer à faire connaître le Prophète».
Condamné pour menaces contre un consulat français.
Un habitant de Limoges a été condamné, le 21 septembre, à cinq mois de prison avec sursis et des travaux d’intérêt général. Le jeune homme de 23 ans avait adressé des menaces de mort au consulat de France à Ankara. Il avait notamment mis en ligne une vidéo où il s’exhibait avec une arme et proférait des menaces de mort. Convoqué le 19 septembre par la police de Limoges, il a reconnu les faits, expliquant avoir agi ainsi pour se plaindre de la lenteur des services consulaires. Il a aussi précisé lors de son audience avoir voulu «faire le buzz sur internet», car il rêvait d’une «carrière de vedette».
«Le chiffre de cinq millions est inférieur à nos attentes» Déclaration au journal Le Monde de Brian White, analyste de la société de Bourse Topeka Capital Markets, à propos des ventes de l’iPhone 5. Ce chiffre n’atteint pas les 6 à 6.5 millions de ventes attendues en trois jours.
14 CULTURE
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A lire
Choqué par l’absence de débat public sur la construction d’un troisième pont sur le Bosphore, et inquiet pour l’avenir de sa ville, le réalisateur Imre Azem se lance dans son premier docu-fiction (2011, Turquie, 1h28).
Takva, l’homme qui craint Dieu
Un croyant rigoriste devient collecteur de fonds pour une confrérie d’Istanbul et découvre les tentations de la modernité. Un premier film éblouissant de maîtrise, dû à Özer Kiziltan (2006, Turquie / Allemagne, drame, 1h36).
lui annoncer la naissance de Jésus accuse la transcendance absolue que constitue le kun !, « sois !». Car «Dieu crée ce qu’Il veut. S’Il décrète une chose, Il Lui suffit de dire : "Sois", et elle est.» (III : 47). Ailleurs, le Coran loue «celle qui préserva son sexe» (XXI : 91). Les exégèses varient de l’interprétation littérale (elle resta chaste) à d’autres plus imagées (elle protégea son encolure du souffle de Gabriel). Néanmoins, il faut avoir à l’esprit qu’en islam la chasteté n’est pas une valeur : ce qui mérite l’approbation de Dieu, ce n’est pas tant la chasteté volontaire que l’obéissance à Ses lois, c’est-à-dire, en l’espèce : la modération et la pudeur, vertus dont ici encore, Marie est le parangon. «Du fils de Marie et de sa mère, Nous avons fait un signe» (XXIII : 50). Le singulier a retenu l’attention des commentateurs. Et notamment Razi, pour qui le miracle est ici à la fois en Marie et en Jésus, non
pas en tant qu’ayant été accompli par Dieu par leur biais (contrairement aux miracles que Jésus accomplira, par exemple), mais en tant que constitué par eux, qui dès lors constituent une unité. Des 25 occurrences du nom de Jésus dans le Coran, 24 sont constituées par la forme insécable «Jésus fils de Marie». Une des significations essentielles de Marie est sans doute dans cette gémination avec la figure du prophète Jésus, assimilation qui procède de sa qualité de réceptacle du souffle divin, elle-même liée à sa conduite respectueuse de la Loi. Elle sera ainsi, affirme l’exégète al-Qurtubi, «parmi les premiers à entrer au Paradis, avec les prophètes», n’ayant pas, contrairement à Zacharie, demandé «de signe lorsqu’on lui annonça la Nouvelle». La Vierge a manifesté une confiance en Dieu et un abandon total à Sa volonté. Elle incarne de fait le modèle du parfait croyant.
Alessandra Mapelli, ethnopsychiatre, montrera notamment comment la construction d’un bilinguisme «heureux» peut favoriser la construction identitaire, la réussite scolaire et l’intégration des enfants.
Les paysages urbains d’Istanbul dans la péninsule historique
Gravures, peintures, plans, cartes et photos offrent ici un point de vue historique sur Istanbul à la fois original et fort intéressant. Une exposition constituée à partir de la collection personnelle du professeur Aykut Karaman. Du 21 septembre au 30 octobre Centre culturel Anatolie 77, rue La Fayette 75009 Paris
Le jeûne : libérer le corps pour libérer l’esprit est par excellence le moyen de pouvoir libérer le corps du poids de la contingence, et partant, de se rapprocher de Dieu. Théologiens tous deux, les auteurs ont voulu rendre compte de cette ascèse spirituelle à partir de leur propre tradition. Anselm Grün est Bénédictin. Conseiller spirituel, il enseigne la méditation, le jeûne et la contemplation. Peter Müller
Le bilinguisme est un cadeau, pas un fardeau !
Le 1er octobre 2011 à 16:00 ou 18:00 Maison d’Europe et d’Orient 3, passage Hennel 75012 Paris France
EXPO PHOTO
La Pietà (1498-1499) est une statue en marbre de Michel-Ange de la Basilique Saint-Pierre du Vatican à Rome représentant la Vierge Marie.
CONFÉRENCE-DÉBAT
Le 30 septembre à 20:45 Arte www.arte.tv
& à voir...
Jeûner c’est, en substance, apprendre à être heureux avec moins. Pour les auteurs de cet ouvrage à la fois pratique et lumineux, le paradoxe n’est qu’apparent. Son absence même dénoncerait en creux la vaine prétention de notre société, qui associe le bonheur à la possession, au plus, au plein. Or la véritable plénitude est spirituelle, et ne peut qu’être telle. Et le jeûne
Ekümenopolis ou l’Istanbul sans fin
Le 28 septembre à 18:00 Institut hongrois 92 rue Bonaparte 75006 Paris
FESTIVAL
Islam des mondes
SEYFEDDINE BEN MANSOUR TUNIS Le 29 août dernier sortait en salles La Vierge, les coptes et moi de Namir Abdel Messeeh. En enquêtant sur les apparitions de la Vierge en Egypte, le réalisateur se proposait entre autres de rendre compte de ce lien entre chrétiens et musulmans que constitue le personnage de la Vierge. Marie occupe en effet une place éminente en islam. Une sourate entière lui est dédiée ( Maryam ), ainsi que de nombreux autres versets. Marie représente en effet le modèle coranique du parfait croyant. Elle est toute entière dans cette soumission patiente, cette humilité et cette sereine acceptation du décret divin qui sont les vertus premières du musulman. Dans le Coran, l’excellence de Marie est d’abord exprimée par la divine provision de boisson et de nourriture. Alors qu’elle est adossée au tronc d’un palmier, en prise aux douleurs de l’enfantement, une voix (celle de Gabriel ou de Jésus, selon les exégètes) l’appelle pour la consoler, et l’avertit de l’apparition d’un ruisseau à ses pieds et de la vivification du palmier, qui porte maintenant des dattes «fraîches et mûres» (XIX : 23-25). Prodige (karamât) selon Tabari, ou miracle (mu‘jiza) selon Jubbai, il y a là pour tous les exégètes un élément manifeste d’élection. «Mange et bois, rends à ton œil la fraîcheur. Au premier humain que tu verras, dis : «J’ai fait vœu au Tout Miséricordieux de jeûner. Je ne parlerai ce jour à personne !» » (XIX : 26). C’est en effet lorsque le croyant se met en état d’abstention que Dieu lui confère Sa Grâce : pendant que Marie jeûne / fait vœu de silence, Dieu envoie Sa propre nourriture et Son Verbe au monde. Jésus est Kalimat Allâh, «Parole de Dieu». Les épisodes de l’annonciation et de la conception qui suivent font de Marie l’élément humain d’une triade qui magnifie la puissance du Verbe divin : la nature physique de l’Ange venu
CINÉMA
La Vierge Marie, modèle coranique du parfait croyant
AGENDA CULTUREL
est éducateur et formateur. Il dirige des pèlerinages et forme des accompagnateurs de groupes de jeûneurs. Leur ouvrage a bénéficié de leurs savoirs complémentaires. Tandis qu’Anselm Grün rappelle l’arrière-plan spirituel du jeûne et son importance dans la vie du croyant, Peter Müller donne des recommandations pratiques pour l’organiser dans les meilleures conditions.
Jeûner avec le corps et l’esprit de Anselm Grün et Peter Müller, éditions Salvator, 224 pages, 20 €.
1er Festival d’Anatolie
Trois jours de festival destinés à faire connaître l’histoire, la culture et les arts turcs aux Français. Des monuments historiques reproduits en miniature, des concerts, des conférences, mais aussi des produits et des services (ameublement, déco, habillement, organisation de mariages, joaillerie, photographie, arts traditionnels, gastronomie...). Du 28 au 30 septembre Parc des Expositions de Paris-Nord Villepinte Avenue des Nations 93420 Villepinte
OPINION15
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«Le coup d’Etat a été empêché par d’autres militaires» Le chroniqueur Mümtazer Türköne insiste sur l’importance du caractère dissuasif des peines prononcées dans l’affaire Balyoz mais rappelle que c’est grâce à d’autres militaires que le pire a pu être évité. L’affaire Balyoz n’était pas simplement le procès d’une tentative de coup d’Etat suivi d’une condamnation. Cette affaire a également fini par montrer aux Turcs comment a Mümtazer Türköne pu être prise la décision d’élaborer et de mettre en œuvre un coup d’Etat. Il faut avoir à l’esprit que la junte est une organisation, et que son activité principale est de mener à bien un coup d’Etat et de prendre le contrôle du pays, pour concevoir à quel genre de travail complexe ses membres doivent se plier pour atteindre leur but. Elaborer un coup d’Etat suppose en effet des calculs aussi complexes que difficiles, ainsi qu’une organisation irréprochable. D’autant plus si on songe que tout doit se faire sous le sceau du secret, et que, malgré le grand nombre de personnes impliquées, aucune n’a violé la règle. Balyoz, c’est le procès d’une tentative de coup d’Etat, d’un coup d’Etat qui, s’il n’a pas été mené à bien, a néanmoins été minutieusement préparé. Ce que la Cour a fait, c’est, devant les yeux du public, l’autopsie du crime, en exposer les instruments, aussi bien que les criminels eux-mêmes, et montrer comment et au moyen de quels instruments le véritable «assassinat» a été commis. Dans une affaire qui
terrestres a changé de camp pour rejoindre la position de l’état-major. Dès lors, le coup d’Etat est devenu une action assumée par la seule 1 re Armée d’Istanbul. Les affrontements personnels et les positions prises par certaines figures des Forces armées turques (TSK) ont, dans une perspective plus large, constitué également un facteur déterminant. Un coup d’Etat contre Bref : un coup d’Etat planifié la volonté de l’état-major re Mais l’affaire Balyoz n’a par la 1 Armée d’Istanbul a pas seulement permis de été effectivement empêché mettre en lumière, dans par la coopération entre les forces terrestres et ses moindres l’état-major. Ce détails, un plan qu’il importe de de coup d’Etat, retenir, c’est que elle nous a égale coup d’Etat a lement montré été empêché par comment un «Au dernier moment, d’autres militaires : coup d’Etat le gouvernement, le commandant des soigneusement préparé forces terrestres a la sécurité nationale ou encore les et pour lequel changé de camp» services de renil n’y avait plus seignement n’ont qu’à appuyer pratiquement joué aucun sur le bouton «on», pouvait rôle ici. Ce que nous voyons être empêché. Le coup d’Etat donc, c’est qu’un responsable Balyoz a été élaboré contre la volonté de l’état-major. Et militaire irréfléchi a pu planiil n’a pu être empêché que fier un coup d’Etat, en usant lorsque, au dernier moment, librement de la force milile commandant des forces taire. Mais qu’à la fin, il a été empêché par d’autres militaires. La première conclusion que nous pouvons en tirer est la suivante : s’il n’y avait pas eu de désaccord sur le sujet au sein de l’armée, un coup d’Etat aurait certainement eu lieu en Turquie au printemps 2003. Plus grave en-
compte 365 suspects et où l’ensemble des faits incriminés ont été enregistrés, il est difficile d’imaginer qu’un élément puisse demeurer dans l’ombre. La lumière a donc été faite sur l’ensemble de l’affaire. C’est la raison pour laquelle, d’ailleurs, personne n’a été surpris par les condamnations.
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core : si l’armée décidait aujourd’hui de faire un coup d’Etat, élaboré et exécuté à tous les niveaux dans le respect de la hiérarchie, rien ne pourrait l’en empêcher. En fait, que le commandant des forces terrestres soit convaincu, comme ce fut le cas en 2003, et la Turquie sera de nouveau confrontée à un coup d’Etat, n’est-ce pas ?
L’importance de la dimension dissuasive des peines
Il est également vrai qu’il ne semble pas que le gouvernement ou les divers corps de l’Etat disposent d’outils leur permettant d’arrêter un coup d’Etat. La conclusion est effrayante, mais c’est là la vérité. Ce que cela signifie, c’est que toute une nation est obligée de compter sur la probité morale de quelques individus et ce, au sein de sa hiérarchie militaire. C’est la raison pour laquelle l’aspect dissuasif de l’affaire Balyoz est très important. Dans le prononcé des peines à l’encontre de 323 officiers de l’armée, un ensemble de sanctions émanant d’une institution extérieure à l’armée a été sollicité pour la première fois : la loi. Les réactions qu’ont suscitées les sentences lorsqu’elles ont été rendues publiques nous montrent qu’il existe toujours une atmosphère qui peut théoriquement inciter des officiers à envisager un putsch. La seule force assez puissante pour prévenir une telle action est maintenant la crainte suscitée par les peines de 18 à 29 ans prononcées par les tribunaux pour tentative de coup d’Etat. Ainsi, nous voyons qu’en Turquie un tel projet a fait l’objet à la fois d’un jugement et d’une condamnation. Nous voyons dans le même temps qu’il n’existe toujours pas de mécanisme de contrôle politique pour empêcher les coups d’Etat. Aussi la mesure qui s’impose aujourd’hui est-elle d’entamer un débat national sur la mise sous contrôle démocratique de l’institution militaire. m.turkone@todayszaman.com
Kenan Sofuoglu, le pilote prodige Premier champion du monde turc de moto, Kenan Sofuoglu est prophète en son pays. Le 23 septembre, le pilote a façonné encore plus sa légende en glanant pour la troisième fois la couronne en Supersport. Un record dans sa catégorie. AZIZ OGUZ PARIS Kenan Sofuoglu est entré dans l’histoire de la moto. En remportant le championnat de Supersport, le turc est devenu le premier pilote triple champion du monde dans sa catégorie. Et de quelle manière ! Alors qu’il lui suffisait de terminer quatrième du Grand Prix du Portugal, ce dimanche 23 septembre, le prodige turc a
Kenan Sofuoglu est triple champion du monde de Supersport.
bataillé toute la course pour terminer deuxième derrière son rival français Jules Cluzel. «Même si je n’ai pas terminé premier, je suis très heureux», a déclaré le pilote en perfectionniste. D’autant plus qu’il a réalisé cette démonstration avec un genoux douloureux. Né en 1984, à Adapazari, près d’Istanbul, Kenan Sofuoglu a grandi dans une famille de motards. Son père est mécanicien de moto. Et alors qu’il est adolescent, ses deux grands frères, Bahattin et Sinan, sont déjà des pilotes professionnels en Turquie. C’est d’ailleurs en voyant son frère Sinan concourir à une course, en 1996, qu’il veut luimême devenir pro. Quatre ans plus tard, il fait sa première course dans le championnat turc. Mais la Turquie n’est pas assez grande pour le talent du jeune prodige qui s’envole en Allemagne en 2002, où en 2003 il finit deuxième du Grand prix d’Allemagne de Supersport. Sa carrière internationale est lancée. Et sa progression est constante. En 2007, il devient le premier
turc à devenir champion du monde d’un sport moto. Il double la mise en 2010 en gagnant à nouveau le championnat de Supersport.
Être champion malgré les tragédies
Mais entre ses deux titres, le pilote vit une année totalement noire en 2008. Alors qu’il passe à la catégorie audessus, en Superbike, Kenan Sofuoglu est endeuillé par la mort de son frère Sinan. Celui-ci meurt dans un accident de course en Turquie. Le pilote avait déjà perdu son autre frère, Bahattin, renversé par une voiture en 2002. Son année est catastrophique, mais promet-il, «Si Dieu le veut, je vais redevenir champion pour mes frères». Ce qu’il réussit avec brio. Aujourd’hui à nouveau au som-
met du monde, le pilote se voit concourir encore «3-4 ans» mais pas plus. Fatigué par le train de vie «difficile» de son sport, il dit vouloir ouvrir une école de moto dans sa région natale, à Sakarya, pour «former les stars de demain». En attendant, on retrouvera le champion à l’occasion de la dernière course de la saison à Nevers au circuit de Magny-Cours, le 7 octobre prochain.
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28 SEPTEMBRE - 4 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE
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