Zaman France N° 234 - FR

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Depuis une décennie, la sélection turque a perdu de sa splendeur. Après une nouvelle chute au classement FIFA (35e), les rouges et blancs ont confirmé la perte de leur niveau de jeu. Les deux matchs de qualification pour la coupe du monde 2014 au Brésil seront donc cruciaux si la Turquie espère entrevoir Rio.

SANTE

SPORT

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Le football turc veut renouer avec son passé

Dépression au travail : quels symptômes, quelles solutions ? Augmentation des cadences, exigences de productivité, mauvaise conjoncture économique... Les facteurs qui favorisent le stress au travail et mènent parfois à la dépression sont nombreux. Retour sur un mal qui concerne 20 % des Européens.

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12 - 18 OCTOBRE 2012 N° 234

Damas veut entraîner Ankara dans un chaos régional Les bombardements syriens le long de la frontière turque relèvent, d’après plusieurs experts, d’une stratégie visant à provoquer une guerre régionale dans laquelle Damas souhaite plonger la Turquie. Pour Oytun Orhan, du Centre d’études stratégiques du Moyen-Orient, «la possible intervention de la Turquie est considérée comme un facteur de survie du régime» syrien. -INTERNATIONAL 11 EDITO

Ne pas abandonner le peuple syrien EMRE DEMIR r02

La route de la céramique, de Limoges à Iznik

D’une imposture l’autre…

rFRANCE 03

rOPINION 15

Une mosquée ottomane en Afrique du Sud

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La mosquée Nizamiye édifiée dans un style ottoman près de Johannesbourg, en Afrique du Sud, a été inaugurée jeudi 4 octobre par le ministre turc de l’Economie Zafer Çaglayan et Jacob Zuma le président sudafricain. -INTERNATIONAL 12

Hollande refuse l’amalgame entre musulmans et islamisme radical

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Le président de la République a dénoncé les amalgames contre les musulmans, suite au coup de filet visant des islamistes à travers toute la France, le week-end dernier. François Hollande a tenu à rassurer, refusant une quelconque «stigmatisation». -FRANCE 05

Mobilisation contre le projet de loi sur les animaux

L’autre face du PKK : le trafic de drogue

Le PKK est connu pour ses activités terroristes menées en Turquie mais son rôle dans le contrôle du trafic de drogue dans le sud-est du pays l’est moins. La saisie récente de 15 tonnes de marijuana à Diyarbakir confirme pourtant l’importance pour le financement de ses activités, de la production et de la commercialisation des substances illicites. qTURQUIE 08

Dimanche 7 octobre, une marche proanimal a réuni plus de 15.000 manifestants turcs à Istanbul et 5.000 à Izmir protestant contre un projet de loi sur les droits des animaux. Les manifestants ont réclamé des modifications à une future législation qu’ils jugent trop cruelle. -TURQUIE 09


02 FRANCE EDITO EMRE DEMIR

Ne pas abandonner le peuple syrien A la suite des bombardements syriens sur Akçakale, Ankara a riposté et déployé des forces à la frontière. Mais la Syrie et la Turquie vont-elles vraiment s’engager dans un conflit armé ? Le régime de Bachar al-Assad qui se trouve déjà dans une situation politique assez difficile n’a pas le pouvoir de mener une guerre contre la Turquie. De l’autre côté, la Turquie n’a pour sa part aucun intérêt à mener une guerre qui pourrait avoir des répercussions économiques et politiques catastrophiques. Premièrement, parce qu’il s’agit d’une provocation délibérée de Bachar al-Assad qui cherche à entraîner la Turquie dans une guerre régionale, ce qui ne s’est jamais vu depuis l’Empire ottoman. Une éventuelle guerre pourrait détruire les effets positifs de la diplomatie turque de ces dix dernières années dans le monde arabe. Deuxièmement, Assad a peutêtre pris le risque de déclencher une guerre dans le seul but de faire sortir les rebelles syriens de Turquie, essayant de ramener Ankara à la table des négociations pour une transition plus favorable. Depuis la destruction d’un avion turc par l’armée syrienne, la Turquie a réussi à gérer la crise diplomatique en temporisant les réactions et en calmant le jeu. Mais chaque nouvel incident augmente la tension entre Damas et Ankara. Si la Syrie décide d’aller plus loin dans ses agressions, la Turquie, qui subit une énorme pression de la part de l’opinion publique, risque de durcir ses actions militaires. Les régimes dictatoriaux comme celui de la Syrie ont prouvé à maintes reprises qu’ils pouvaient instrumentaliser les guerres pour leur propre survie. Même si la Turquie ne veut pas la guerre, les provocations syriennes pourraient la déclencher. Jusqu’à présent, la Turquie a su faire les bons choix à deux reprises : en prenant le parti du peuple syrien dans ses revendications pour mettre fin à la tyrannie du régime Assad et en ouvrant ses frontières à l’afflux de réfugiés fuyant les atrocités de l’armée syrienne. Malgré ces provocations, la Turquie doit donc rester cohérente et maintenir sa politique de soutien envers le peuple syrien. e.demir@zamanfrance.fr

12 - 18 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

L’Observatoire Pharos veut lutter contre l’intolérance Un observatoire sur le pluralisme dans le monde a été lancé mercredi 3 octobre à Paris pour participer à la lutte contre l’intolérance avec des évaluations scientifiques par pays diffusées sur un site internet trilingue. L’Observatoire Pharos du pluralisme des cultures et des religions au service de la citoyenneté a mis en ligne ses conclusions concernant 12 pays et doit rendre public une quarantaine d’autres évaluations (sur la France et les Etats-Unis notamment) d’ici la fin de l’année. Pour chaque pays, le site www.observatoirepharos.com dresse un «état des lieux» du pluralisme, donne les dernières actualités sur le sujet et fournit des informations générales en français, arabe et anglais. «Il y a toujours eu besoin d’être vigilant sur la question de l’intolérance», a déclaré à l’AFP l’académicienne et juriste Mireille Delmas-Marty qui préside l’Observatoire. «Mais il y a peut-être une urgence particulière à cause de l’effet paradoxal de la mondialisation qui favorise à la fois une tendance à l’uniformisation du monde, notamment marchand, et une crispation identitaire en retour», a-t-elle ajouté. Les violences dans le monde musulman après la diffusion d’un film anti-islam ont, selon

Pour lutter contre la montée de l’intolérance dans le monde (comme l’illustre cette campagne d’affichage contre l’islam aux Etats-Unis), de nombreux instituts comme l’Observatoire Pharos ont été créés.

elle, «illustré ce risque». «On a vu à quels excès peut mener un événement limité, comme un film médiocre d’origine douteuse, mais diffusé à l’échelle mondiale par les nouveaux moyens de communication», dit-elle. Dans ce contexte, l’Observatoire Pharos a pour objectif d’évaluer si les droits des citoyens sont respectés quelle que soit leur appartenance culturelle ou religieuse et d’en diffuser le résul-

tat. «Le but n’est ni de dénoncer ni de donner des leçons, mais d’essayer d’éclairer la situation et de montrer sa complexité», a ajouté Mme Delmas-Marty. L’intellectuel Régis Debray, l’ancien commissaire à la diversité Yazid Sabeg, l’imam de Bordeaux Tareq Oubrou, l’évêque de Troyes Marc Stenger et le rabbin RenéSamuël Sirat font partie du Conseil d’administration de l’observatoire.

Vingt-deux enfants, pupilles de la nation turque (ici dans la reconstitution d’une ville miniature), ont visité l’un des plus grands événements botaniques mondiaux, l’exposition Floriade aux Pays-Bas (deux millions de visiteurs), dans la ville de Venlo. Le même événement se tiendra en Turquie en 2016.

...ET UNE MAUVAISE

UNE BONNE...

L’inflation en Turquie atteint les 9,9 %

Les indicateurs économiques de la Turquie sont au beau fixe. Alors que les pays de l’Union européenne (UE) s’enfoncent dans la crise, la Turquie s’impose de plus en plus sur leurs marchés. Elle est devenue, par exemple, au cours de la période allant de janvier à août, le cinquième pays exportateur d’automobiles vers l’UE. Face à cette avancée, les industries automobiles du Portugal, de la Grèce et de l’Italie,

Selon l’Institut des statistiques turcs (TurkStat), cette inflation record est due aux dernières augmentations du prix du carburant, de la nourriture et des boissons alcoolisées. Le prix s’est accru de 1,03 % pour le mois précédent. L’alcool et le tabac ont connu la plus forte hausse lors de ces 12 derniers mois avec 18,88 %, suivi par les habitations 12,05 %, les hôtels et

entre autres, se sont effondrées (- 42,8 %, -42,5 %, - 21,4 % respectivement). Au total, les exportations globales de la Turquie ont fait un bond de 7,4 % le mois dernier, par rapport à septembre 2011, s’est enorgueilli Mehmet Büyükeksi, le président de l’Assemblée des exportateurs turcs le 1er octobre, alors qu’il était en compagnie du ministre de l’Economie Zafer Caglayan à l’occasion d’une réunion à Diyarbakir.

les restaurants 9,74 %. Si l’on regarde mois par mois l’indice des prix à la consommation (IPC) , la plus forte augmentation des prix aux producteurs est le secteur du pétrole brut et du gaz naturel avec 7,44 %. Le produit alimentaire qui a connu la plus forte hausse est l’aubergine avec 33,49 %, suivi par les œufs avec 29,34 % pour le mois de septembre.

NOUVELLE

La Turquie, 5e exportateur de voitures vers l’UE


03 FRANCE

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12 - 18 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

«Les voyageurs auront la chance de commencer la journée avec un pain au chocolat» Déclaration du Collectif contre l’islamophobie en France qui a organisé une distribution de pains au chocolat mercredi dernier à la Gare Saint-Lazare à Paris, après les propos polémiques de Jean-François Copé.

La route de la céramique, de Limoges à Iznik En 2011, la ville d’Iznik, près d’Istanbul, a été admise dans le programme de l’Unic, un réseau européen de villes engagées dans la céramique. Cette intégration, elle le doit en grande partie à Gülsen Yildirim, une élue franco-turque de Limoges.

Le ministre turc chargé des Affaires européennes Egemen Bagis a fait le déplacement à l’occasion de l’admission de la ville d’Iznik dans le programme de l’Unic, un réseau européen de villes engagées dans la céramique.

AZIZ OGUZ PARIS Le 17 septembre 2012, la cité turque d’Iznik, près d’Istanbul, a accueilli l’assemblée générale annuelle de l’Urban network for innovation in ceramics (Unic), un réseau européen de villes impliquées dans la céramique. Ce savoir-faire consiste à fabriquer des objets à partir de l’argile. Créé en 2008 par la ville de Limoges, l’Unic regroupe avant tout des villes de l’Union européenne comme Séville en Espagne ou Delft aux Pays-Bas. Mais que vient faire alors une ville turque dans ce projet européen ? «J’ai joué un rôle déterminant dans l’intégration d’Iznik dans notre réseau», raconte Gulsen Yildirim. D’origine turque, cette professeure de droit est conseillère municipale à Limoges depuis quatre ans. C’est elle qui a pensé à intégrer la ville d’Iznik dans la route internationale de la céramique constituée par l’Unic, que des villes chinoises ont déjà intégrée, comme celle de Jingdezhen, où est née la porcelaine. La ville turque a, quant à elle, intégré le projet en 2011. «Cela montre que quand on a des élus d’origine turque dans une collectivité territoriale, cela favorise les liens avec la Turquie. Sans ma présence, la ville de Limoges n’aurait sans doute pas pensé spontanément à la céramique d’Iznik», poursuit l’élue.

Zoom Eller, une association de protection du droit des femmes EMMANUELLE GRIMAUD PARIS En Turquie, un dispositif d’aide aux femmes battues va être mis en place à Bursa et à Adana pour la première fois : en cas d’agression, les femmes pourront désormais appeler à l’aide la police grâce à un bouton fixé sur un collier ou un bracelet pour passer inaperçu, et ce dès le 18 octobre. Pendant ce temps, l’association Eller, en France, tente de défendre les droits des femmes, plus particulièrement turques. Eller, qui «vise la protection, l’intégration, l’autonomie et l’émancipation des femmes», est une association dont l’unique but est de

500 ans de céramique

«Il y a en général une méconnaissance de la Turquie en France», regrette-t-elle. La cité turque a en effet une longue tradition de plus de 500 ans dans le domaine de la céramique. C’est au XVe siècle que Iznik commence à produire des pièces pour l’Empire ottoman avant d’exporter vers d’autres régions du monde. Mais à la chute de l’Empire, en 1923, Iznik perd progressivement son savoir-faire avant de le retrouver, il y a une vingtaine d’années, grâce à une fondation turque. Aujourd’hui, en ayant intégré l’Unic, Iznik peut compter sur la vitrine internationale que lui offre le réseau. Mais aussi sur le savoir-faire des autres villes, notamment celle de Limoges : l’industrie de la ville utilise la céramique pour la décoration ou la cuisine, mais aussi dans la santé et même l’aéronautique. Dans un avenir proche, l’élue Gülsen Yildirim veut intégrer dans ce programme d’autres villes turques, comme Kütahya ou Çanakkale. L’exemple d’un partenariat francoturc efficace.

Dans la ville de Denizli, des étudiantes protestent contre les violences faites aux femmes grâce à une représentation théâtrale, en 2011.

«lutter contre n’importe quelle forme de violence (mariages forcés, violences physiques ou morales, menaces de mort, crimes d’honneur…) faite aux femmes d’origine étrangère ou française et plus particulièrement originaires de Turquie». En effet, les turcophones qui ne maîtrisent pas le français sont reçues dans leur langue. Concrètement, l’association fournit des informations sur les droits des femmes, assure un suivi juridique, social et psychologique, peut même organiser des médiations familiales et réaliser des groupes de sensibilisation à la notion de parentalité. Eller sou-

haite amener les femmes, dans leur ensemble, à s’émanciper afin de leur permettre de décider pleinement de leur vie en toute autonomie. Les bénévoles travaillent avec de nombreux partenaires comme le réseau «Agir avec elles». C’est dans une démarche de sensibilisation et de prévention qu’Eller intervient auprès des jeunes, en se rendant dans des établissements scolaires, notamment pour aborder la question des mariages forcés et permettre aux élèves de prendre connaissance de leurs droits. L’association met aussi en place des programmes de sensibilisation aux droits, devoirs et à la législation française à destination des familles. Mais encore, Eller met à disposition de tous, un centre de ressources documentaires régulièrement réactualisé et particulièrement spécialisé sur la Turquie. Ainsi, les étudiants, chercheurs, journalistes peuvent y trouver des documents d’archives, des informations globales et des conseils. Des numéros de téléphone (fixe et portable) ainsi qu’une adresse e-mail sont mis à disposition du public sur le site internet de l’association.



05 FRANCE

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Hollande refuse l’amalgame entre musulmans et islamisme radical

MON AVOCAT Canan Özenici

François Hollande, (ici présent au moment de l’inauguration du département des Arts de l’islam au musée du Louvre) a mis en garde contre les «amalgames» visant les musulmans.

Le président de la République a dénoncé les amalgames contre les musulmans, suite au coup de filet visant des islamistes à travers toute la France, le week-end dernier. François Hollande a tenu à rassurer, refusant une quelconque «stigmatisation». Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a assuré dimanche la communauté juive de sa solidarité «fraternelle» et exprimé son inquiétude face aux «amalgames» visant les musulmans, contre lesquels François Hollande a luimême mis en garde. Le chef de l’Etat a appelé le président du CFCM, Mohammed Moussaoui, après avoir reçu les représentants de la communauté juive, au lendemain d’une opération de démantèlement d’une cellule islamiste. «Les musulmans de France ne doivent pas pâtir de l’islamisme radical, ils en sont aussi victimes. Et je ne tolérerai pas que, dans notre République, des hommes ou des femmes, parce qu’ils ont des convictions religieuses, puissent être mis également en stigmatisation par des propos qui seraient déplacés», a

déclaré François Hollande. L’Elysée a ajouté que le chef de l’Etat avait rappelé à M. Moussaoui «que les auteurs d’actes criminels ne sauraient être confondus avec l’ensemble de la communauté musulmane de notre pays». «Le président m’a assuré qu’il veillera à ce qu’aucun amalgame ne soit fait», a confirmé à l’AFP M. Moussaoui. Le CFCM «condamne fermement l’agression» contre une synagogue d’Argenteuil (Val-d’Oise), cible samedi soir de tirs à blanc, a déclaré dans un communiqué M. Moussaoui, évoquant un «acte d’intimidation inadmissible».

Inquiétude du CFCM

«Le CFCM assure la communauté juive de son soutien et de sa solidarité fraternels face à toutes les agressions qui visent ses membres

et ses institutions», a encore indiqué son président. «Au moment où des membres de réseaux extrémistes (...) font l’objet d’interpellations, le CFCM en appelle à la conscience et à la responsabilité de chacun afin d’éviter tout amalgame avec l’ensemble des musulmans, qui sont profondément affectés par l’instrumentalisation faite de leur religion par ces individus», a-t-il dit. M. Moussaoui s’était déjà inquiété dimanche matin de ces «amalgames» entretenus, selon lui, par «des propos et déclarations inappropriées». «L’immense majorité des musulmans de France aspire à vivre sa spiritualité dans le strict respect des valeurs de la République» et «espère le faire dans l’indifférence, comme tous les citoyens des autres cultes ou convictions», disait-il.

48 % des Français jugent la loi sur la fin de vie insuffisante Près d’un Français sur deux (48 %) estime que la loi française actuelle sur la fin de vie ne permet pas «suffisamment d’atténuer les souffrances physiques ou morales» des malades, selon un sondage publié dans Pèlerin Magazine. Pour la majorité (59 %), cette loi ne permet pas «d’éviter toute forme d’acharnement

thérapeutique», ni «de respecter la volonté du malade concernant sa fin de vie» (68 %), selon ce sondage Ifop. 86 % des Français se déclarent «favorables à la légalisation de l’euthanasie». Une adhésion qui est encore plus forte parmi les sans religion (94 %). Mais 59 % des catholiques pratiquants partagent également ce

point de vue. Parmi les personnes interrogées, 39 % ont déjà accompagné un proche en fin de vie (24 % des moins de 35 ans et 56 % des 65 ans et plus) Pour 44 %, il est «mort paisiblement et sans souffrance», alors que 40 % pensent au contraire que «ses souffrances n’ont pas été suffisamment soulagées».

La détention provisoire en France : mode d’emploi Le procès de Sevil Sevimli, étudiante franco-turque, s’est ouvert mercredi dernier devant la cour d’assises de Bursa. La prochaine audience est fixée au 19 novembre 2012. Un contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire turc lui est imposé d’ici là. L’acte d’accusation, lu en début d’audience, la désigne comme la responsable de l’organisation de jeunesse du DHKP-C à Eskisehir et lui reproche d’en avoir fait l’apologie en distribuant des tracts et en organisant des manifestations. Cette Lyonnaise est arrivée en début d’année à Eskisehir, dans le cadre d’un programme d’échange universitaire. Elle a été arrêtée le 10 mai dernier et incarcérée pendant 3 mois en détention provisoire. Elle a été ensuite remise en liberté sous contrôle judiciaire début août. C’est pour cette affaire, dénoncée comme étant emblématique des dérives causées par l’arsenal législatif anti-terroriste mis en place par Ankara, que le quotidien Le Monde a cru pouvoir interpeller le Premier ministre turc en publiant le 29 juin dernier un éditorial intitulé «Quel crime a commis Sevil Sevimli, M. Erdogan ?». Pour comprendre ces réactions, il faut rappeler que les prisons françaises comptent 24,6 % de personnes placées en détention provisoire (selon les chiffres du mois de septembre 2012) et qu’il s’agit là, selon la loi française, d’une mesure de détention, exceptionnelle, visant à emprisonner une personne suspectée afin de pouvoir réaliser une enquête en toute sérénité sans encourir le risque que cette personne s’échappe, fasse disparaître des preuves, se concerte avec ses éventuels complices ou exerce des pressions sur des victimes. En France, pour les affaires les plus graves de trafic de stupéfiants, terrorisme, proxénétisme, extorsion de fonds, crime commis en bande organisée ou contre les personnes, la limite de la durée de la détention provisoire est portée à 4 ans. Si un juge d’instruction accepte avant l’expiration de ce délai de placer un accusé sous contrôle judiciaire, il est évident que pour des raisons de garantie de représentation en justice, il imposera l’interdiction de quitter le territoire français automatiquement surtout en matière de terrorisme. Il faut rappeler aussi que la France a été condamnée à plusieurs reprises en raison de la durée de la détention provisoire, la dernière en date étant sa condamnation du 26 janvier dernier dans l’affaire Berasategi. Pour vos questions : ceruguz@yahoo.fr


06 SOCIETE

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La querelle de minaret se poursuit à Epinay-sur-Seine De nombreux fidèles d’Epinay-sur-Seine rejettent la gestion de leur lieu de culte par la Grande Mosquée de Paris.

Serrures brisées, vols, pneus crevés, assignations en justice et accusations croisées de «manipulation» : la mosquée d’Epinay-sur-Seine est au cœur d’une «querelle de minaret» illustrant les difficultés de l’islam français à s’organiser. Chaque vendredi, 1000 à 1500 fidèles se réunissent dans la mosquée de cette commune de Seine-Saint-Denis, qui a déboursé 2,8 millions d’euros pour réaménager d’anciens hangars SNCF en centre culturel. La loi interdisant le financement du culte par les collectivités, la mosquée est en fait une salle de prière de 700 m2 abritée dans ce centre culturel avec des salles de classe, un salon de réception et une cuisine. Il y a deux ans, le maire (divers droite) Hervé Chevreau a confié la gestion du lieu à une association, l’OGME, émanant de la Grande Mosquée de Paris. Mais cette institution liée à l’Algérie et qui contrôle quelque 700 lieux de culte en France en leur fournissant notamment des imams, n’a qu’une influence limitée sur les jeunes dans les banlieues.

Une gestion disputée

Strasbourg: Besançon: Paris: Lyon:

+336 22 94 51 55 +333 81 53 19 25 +336 79 40 78 78 +336 11 22 74 35

Montpellier: Antwerpen: Mannheim: München:

+336 05 12 41 24 +324 86 70 76 19 +49 178 7625833 +49 89 54 3 8688

Stuttgart: Den Haag: Sousse: Istanbul:

SEVILOG 6 rue Hannong F-67380 LINGOLSHEIM

Tél : +33 (0)3 88 44 18 76

www.akead.com

+49 15787014798 +31 6 29 93 71 80 +216 2 4 27 81 29 +90 216 632 7066

Comme à Epinay-sur-Seine. Ici, ce sont des fidèles liés à l’Union des associations musulmanes d’Epinay-sur-Seine (UAME) qui ont le contrôle effectif du lieu de culte : ce sont eux qui ouvrent les portes pour les prières, s’interposent à chaque fois que la Grande Mosquée amène son propre imam, et surtout, collectent l’aumône. A cinq reprises, l’UAME a été déboutée ou condamnée par la justice. «Ces gens veulent prendre possession des lieux par la force, sans aucun respect des lois de la République, c’est inacceptable», juge M. Chevreau, assurant à l’AFP qu’ils ne représentent qu’une «minorité». «Le maire n’a pas à se mêler du culte», rétorque le président de l’UAME, Nabil Abdellaoui. «Trois cent cinquante fidèles, qui viennent tous les jours, sont pris en otage», poursuit-il, dénonçant l’imam de la Mosquée de Paris «qui ne parle pas français et dont les discours sont orientés par l’Algérie». «On est nés et on a grandi en France, on a été à l’école de la République, et c’est eux qui devraient gérer ? Non !», ajoute un autre militant, Youssef al-Ouachouni, ancien candidat

aux législatives. L’OGME a déposé plusieurs plaintes, l’UAME aussi. La mosquée a un temps été fermée fin 2011 et un incendie accidentel a encore attisé la méfiance. «Les protagonistes de ce dossier jouent sans cesse au chat et la souris», soupire-t-on au commissariat, soulignant que «ça prend beaucoup d’énergie aux policiers».

Appel à la manifestation

Le ton s’est durci jeudi 26 septembre avec l’interpellation et le placement en garde à vue de MM. Abdellaoui et al-Ouachouni après d’énièmes dégradations, cette fois sur un système de fermeture par badge installé par la mairie qui souhaitait reprendre le contrôle des accès. Ils réfutent toute responsabilité et ont appelé à manifester samedi, devant la mairie. L’imam proche du mouvement, Moustapha Halloumi, qui avait appelé à un rassemblement devant le commissariat, avait également été arrêté. Cet imam, qui prêche à Epinay depuis quinze ans, est au cœur du conflit. Le tribunal de Bobigny, saisi par l’OGME, a interdit à M. Halloumi «de se présenter comme l’imam de la mosquée d’Epinay ou de tenir l’office à ce titre». «Et pourtant il vient», s’indigne le représentant de la Grande Mosquée de Paris, Aïssa Nakes. Et puis, il y a la difficile question de l’aumône. Selon un tract de l’OGME, les proches de l’UAME ont «illégalement» collecté «presque 200.000 euros». En attendant, l’OGME, privée de ressources, doit 60.000 euros à EDF. «Nous n’allons pas payer pour chauffer un lieu squatté par d’autres», affirme M. Nakes. «Ce groupuscule défie tout le monde y compris la République», regrette-t-il, en rappelant les mots durs de Manuel Valls envers «ceux qui se réclament de l’islam et représentent une menace grave pour l’ordre public» en ne respectant pas les «lois». «Pour nous discréditer, on nous présente comme des radicaux, des fondamentalistes, des salafistes», s’énerve M. Abdellaoui.



08 TURQUIE

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L’autre face du PKK : le trafic de drogue Le PKK est connu pour ses activités terroristes menées en Turquie mais son rôle dans le contrôle du trafic de drogue dans le sudest du pays l’est moins. La saisie récente de 15 tonnes de marijuana à Diyarbakir confirme pourtant l’importance pour le financement de ses activités, de la production et de la commercialisation des substances illicites. AZIZ ISTEGUN, ISMAIL AVCI, DIYARBAKIR Un total de 15.415 tonnes de marijuana et 60.000 plantes de cannabis appartenant à des membres du PKK a été saisi lors d’une opération organisée par les forces de sécurité turques dans le sud-est de la province de Diyarbakir vendredi 5 octobre. L’opération a été menée par 200 membres des forces de sécurité et organisée par le commandement régional de la gendarmerie de Diyarbakir. La valeur de revente de la marijuana confisquée est estimée à environ 9 millions de dollars. Connu comme une organisation terroriste militant depuis trente ans pour la séparation avec la Turquie, le PKK est aussi une importante organisation criminelle qui contrôle le trafic de drogue dans le sud-est du pays.

Un trafic qui a rapporté 50 millions de dollars

Actuellement, les régions du sud-est les plus touchées par le terrorisme sont utilisées comme «refuges» pour les cultivateurs de marijuana ainsi que pour les trafiquants de drogues synthétiques. Sont concernés les départements du nord de Diyarbakir, Lice, Hani, Hazro et Kulp et les zones rurales du département Genç de Bingöl, où se trouvent des champs interminables de cannabis. Les autorités ne sont pas présentes dans ces endroits pour lutter contre le «terrorisme», mais le PKK y a installé des campements. Les 80 villages de la région cultivent tous de la marijuana. Les récoltes de cannabis obtenues dans ces champs en 2012 sont estimées à 500 tonnes. Toute la culture, la vente et la revente sont entièrement contrôlées par le PKK, qui aurait déjà gagné 50 millions de dollars grâce au trafic de drogue, d’après les services secrets turcs. Le seul endroit du sud-est – une des cinq régions considérées comme «province» par le PKK – où ses militants subviennent à leurs besoins et

Une saisie record de plus de 15 tonnes de marijuana a été effectuée par les service de sécurité turcs dans la province de Diyarbakir.

envoient de l’argent à leurs quartiers généraux dans les montagnes de Kandil, au nord de l’Irak, est Amed, nom donné à Diyarbakir par le PKK. Les zones rurales de Diyarbakir et de Bingöl sont en grande partie devenues des plantations de marijuana et abritent également des campements du PKK.

20 % des gains sont reversés au PKK

Quatre autres endroits comme Görese abritent les centres de direction du PKK dans les zones rurales de Diyarbakir et de Bingöl. La majorité des jeunes vivant dans les zones urbaines de ces départements, qui participent habituellement aux manifestations pro-PKK illégales et souvent violentes, sont dépendants à la drogue. Des dizaines de villages et de villes sont entourés de champs de cannabis dans la région située

entre Lice et Genç. Des puits et des bassins d’irrigation ont d’ailleurs été construits afin de satisfaire aux besoins en eau de ces champs. Certains cultivateurs ont même installé euxmêmes des systèmes d’irrigation pour leurs champs de marijuana. Ceux qui n’ont pas de maison dans la région construisent des cabanes près des champs pendant la saison et retournent ensuite dans leurs villes après la récolte. Le groupe terroriste contrôle entièrement le trafic de drogue de la région et les cultivateurs doivent verser 20 % au PKK. Bien que la quantité annuelle de marijuana cultivée dans ces champs soit de 500 tonnes, la quantité saisie par la police ou la gendarmerie est, quant à elle, de plus de 20 tonnes par an. Le reste est vendu dans les villes de l’Ouest, comme Istanbul, empoisonnant la jeunesse du pays.

DES RESPONSABLES DU PKK INTERPELLÉS EN FRANCE Un dirigeant présumé du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en Europe et trois autres personnes ont été interpellés le week-end dernier en France dans une enquête sur les activités de l’organisation, a-t-on appris de sources judiciaires proches de l’enquête. Ce dirigeant, qui aurait un rôle dans la logistique de l’organisation, a été arrêté samedi à Paris avec un autre homme tandis que les deux autres ont été interpellés dimanche à Evron (Mayenne) et à Saint-Ouen-l’Aumône (Val-d’Oise), at-on précisé. Ces interpellations ont été conduites dans le cadre d’une enquête pour financement du terrorisme et association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste conduite depuis le 12 juillet par les juges antiterroristes Thierry Fragnoli et David Benichou, a-t-on ajouté. Les enquêteurs cherchent en particulier à savoir si les individus interpellés tentaient de se procurer des armes de guerre, selon une source proche de l’enquête.


09 TURQUIE

12 - 18 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Forte mobilisation turque pour la protection animale Dimanche 7 octobre, une marche pro-animal a réuni plus de 15.000 manifestants turcs à Istanbul et 5.000 à Izmir protestant contre un projet de loi sur les droits des animaux. Les manifestants ont réclamé des modifications à une future législation qu’ils jugent trop cruelle. FLORIAN GAMBIN PARIS Les animaux errants vont-ils être abattus ? Pour les 20.000 manifestants d’Istanbul et d’Izmir mobilisés contre un projet de loi devant être discuté au Parlement avant la fin du mois d’octobre, il n’en est pas question. Ce projet de loi autorise notamment l’enlèvement de tous les animaux errants dans les rues, limite le nombre d’animaux admis dans les maisons, et recommande l’éradication des races dites dangereuses. D’après les institutions officielles, les animaux seront pris en charge au sein de parcs spécialisés où ils seront vaccinés et castrés. Faux, rétorquent les organisations de défense des animaux. La promesse de construire des hébergements ne serait qu’un simple leurre. Tout ce que les autorités souhaitent c’est de permettre de procéder à de nouvelles expériences sur les animaux. Les défenseurs des droits des bêtes font deux recommandations. La première est que le projet

A l’approche de l’hiver, la préparation d’une loi pour endiguer la prolifération des chiens errants a provoqué la mobilisation de 20.000 Turcs en faveur des droits des animaux.

de loi double le nombre d’offices provinciaux de la protection des animaux. La seconde est que les membres deviennent des fonctionnaires à part entière et non plus des bénévoles.

L’homme au secours de son meilleur ami

37 groupes nationaux et internationaux de la société civile, y compris la chambre des vétérinaires, ont collecté des milliers de signatures dans une pétition. Ce projet de loi appelé «loi de la mort» est vivement critiqué par l’organisation vétérinaire et les groupes environnementaux. Özün Kanbay, l’un des partisans de la cause animale met le doigt sur l’un des problèmes majeurs. «Les municipalités sont incapables d’ouvrir une simple clinique de stérilisation, par faute de moyens», ditil. «Cette loi est centrée sur l’homme qui légalise le massacre des animaux errants» ajoute-t-il. Selon les experts, les tuer ne résoudra pas le problème car ils se reproduisent trop vite et en

grand nombre. La chambre des vétérinaires d’Izmir a rappelé au gouvernement que des crimes de cruauté envers les animaux sont punissables en vertu du code turc. Les défenseurs des animaux souhaitent qu’ils restent

dans les rues mais que leurs conditions de vie soient améliorées. Ils désirent également que des lois plus strictes contre la cruauté des animaux soient votées et que des vaccinations aient lieu régulièrement.

Les Turcs de plus en plus attachés aux libertés individuelles «La société turque est plus modérée en terme de conservatisme, et l’individualisme [c’est-à-dire le libéralisme, le soutien aux droit des individus, NDLR] est en augmentation» : c’est la conclusion tirée du sondage «Conservatism in Turkey», menée sous la direction de Hakan Yilmaz, professeur de sciences politiques à l’université stambouliotte de Bogaziçi. Ce dernier prédit ainsi à l’aune de cette recherche

qu’«il semble que le conservatisme et la religiosité en Turquie vont être façonnés autour de l’individualité dans les années à venir». Les 1200 personnes interrogées se sentent «plus conservatrices» qu’il y a six ans (le pourcentage passe de 30 à 35 %), tout en considérant à 87 % qu’être musulman et laïc est compatible. Elles expriment d’autre part leur attachement à la protection de la liberté (42 %, un chiffre en aug-

mentation) et, dans la même perspective, 6 % des personnes interrogées considèrent que l’Etat devrait limiter la liberté d’expression, contre 10 % en 2006.

Les Turcs très sceptiques sur l’intégration européenne

Les Turcs rejettent de plus en plus le contrôle des citoyens par l’autorité de l’Etat même si le nombre de ceux qui y

sont favorables s’élève à 60 %. L’enquête relève par ailleurs l’explosion du sentiment anti-adhésion à l’Union européenne, avec un bond frôlant les 40 % : ils étaient quatre fois moins nombreux en 2006 ! Selon le professeur Yilmaz, les résultats du sondage témoignent d’une «urbanisation rapide, de l’augmentation des richesses du pays, et, surtout, des médias sociaux qui permettent aux individus de s’exprimer».



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12 - 18 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Damas veut entraîner Ankara dans un chaos régional Les bombardements syriens le long de la frontière turque relèvent, d’après plusieurs experts, d’une stratégie visant à provoquer une guerre régionale dans laquelle Damas souhaite plonger la Turquie. Pour Oytun Orhan, du Centre d’études stratégiques du Moyen-Orient, «la possible intervention de la Turquie est considérée comme un facteur de survie du régime» syrien. SINEM CENGIZ ANKARA Les analystes s’accordent à dire que les tensions le long de la frontière turco-syrienne qui suscitent des inquiéLes forces armées turques déployées le long de la frontière turco-syrienne sont en alerte maximale depuis les premiers tirs d’obus syriens. tudes quant à une escalade du conflit et son extension aux pays voisins, consti- risque fort d’évoluer en guerre régionale. acquis ces dernières années aux yeux des poursuivi M. Davutoglu. «Il ne s’agit pas tuent une provocation délibérée du ré- «Depuis l’incident d’Akçakale, la Syrie fait populations arabes. d’une autorisation pour la guerre. Il s’agit gime syrien afin de pousser la Turquie son possible pour repousser les limites d’une mesure dissuasive», a répondu le dans une guerre régionale, qui pourrait de la Turquie. Akçakale a été l’élément La Turquie ne veut pas d’une guerre vice-Premier ministre Besir Atalay aux également inclure le Liban, la Jordanie et déclencheur. Cet incident semble être un Le ministre des Affaires étrangères, journalistes, après l’adoption à 320 contre l’Irak. «La situation actuelle est très clair point de limite pour le régime syrien» a Ahmet Davutoglu, s’est exprimé pour 129 de la mesure par le Parlement, qui pour les deux camps, ils doivent résoudre indiqué Oytun Orhan à Zaman. «La Syrie sa part sur la motion gouvernementale déclare que la priorité de la Turquie est leur problème soit par le devrait faire marche arrière approuvée en début de semaine, autori- d’agir en coordination avec les instituconsensus, soit par le déaprès cet incident. Il est évi- sant le gouvernement turc à envoyer des tions internationales. Cette mesure parclenchement d’une guerre. dent que le régime syrien n’a troupes à l’étranger, en indiquant que la lementaire ouvre pourtant la voie à des En terme de gestion de crise, pas la force d’affronter la Tur- Turquie ne prenait pas de mesures en vue actions militaires de représailles. «Je ne la situation actuelle présente quie», a-t-il ajouté. L’analyste d’une guerre avec une telle résolution. pense pas que la Turquie continuera les les signes d’une guerre», a a poursuivi ses propos en indi- «La résolution a, au contraire, été adop- tirs d’artillerie puisqu’elle est consciente déclaré Mehmet Seyfettin «Il est évident que le quant que le régime syrien est tée pour éviter une guerre et donner un du scénario qui se joue sur le terrain. La Erol, le directeur du Centre régime syrien n’a pas parfaitement conscient qu’atti- avertissement assez clair à l’administra- Turquie s’abstiendra d’entrer en guerre international de recherches rer la Turquie dans une guerre tion syrienne. Nous voulons dissuader», a avec la Syrie», a ajouté M. Erol. stratégiques et sécuritaires la force d’affronter la pourrait entraîner un conflit Turquie» d’Ankara (USGAM), à Zaet faire tomber les puissances man, avant d’ajouter que le régionales dans un bourbier. régime syrien veut attirer la «La possible intervention de la Turquie dans un bourbier. La commu- Turquie est considérée comme un facteur nauté internationale a condamné toutes pour la survie du régime», a-t-il poursuiles attaques du régime syrien, mettant en vi. Hasan Kanbolat, directeur du Centre garde contre les tensions grandissantes d’études stratégiques du Moyen-Orient, Ce n’est pas la première fois que la relations entre les deux pays. «Il y entre la Turquie et la Syrie. Des Etats-Unis note que si la Turquie entre en guerre avec Turquie et la Syrie sont sur le point a une différence considérable entre à la Grande-Bretagne, de la Russie à la la Syrie, il s’agira d’une grande première, d’entrer en guerre. Les relations la situation actuelle et celle de 1998. Chine, la communauté internationale a depuis la période ottomane, période entre la Turquie et la Syrie étaient En 1998, le PKK n’était qu’un pion largement exprimé ses inquiétudes depuis laquelle la Turquie n’a pas connu houleuses avant 1998. Les deux que la Syrie pouvait facilement sacriconcernant les échanges de tirs entre les de conflits armés avec un pays arabe. pays étaient déjà sur la corde raide fier. En 1998, l’intervention turque deux voisins. Or, selon lui, une telle situation pourrait lorsque la Turquie avait menacé la représentait une menace pour l’exissusciter l’hostilité des populations arabes Syrie d’entreprendre des opérations tence du régime mais aujourd’hui, Pour Assad, le pire reste envers la Turquie. Hasan Kanbolat pense militaires contre elle si elle continuait le régime syrien la considère comme ainsi qu’il est possible qu’Assad joue le le meilleur moyen de survivre à donner l’asile à Abdullah Öcalan, un facteur de continuité de son pouD’après Oytun Orhan, spécialiste de la rôle de la victime et compte sur l’exacerle dirigeant du PKK, à Damas, son voir», d’après les déclarations de Syrie au Centre d’études stratégiques bation d’un nationalisme arabe. Dès lors, refuge de longue date. La signa- Oytun Orhan, spécialiste de la Syrie du Moyen-Orient (ORSAM), l’objectif il se présenterait comme le chef de file de ture des accords d’Adana en 1998 au Centre d’études stratégiques du principal du régime syrien est de pousser l’opposition à la Turquie et Recep Tayyip a constitué un tournant dans les Moyen-Orient (ORSAM). la Turquie à entrer dans une guerre qui Erdogan perdrait le statut de héros qu’il a

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UNE ESCALADE TURCO-SYRIENNE QUI N’EST PAS NOUVELLE


12 INTERNATIONAL

12 - 18 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Une mosquée ottomane en Afrique du Sud

La mosquée Nizamiye édifiée dans un style ottoman près de Johannesbourg, en Afrique du Sud, a été inaugurée jeudi 4 octobre par le ministre turc de l’Economie Zafer Çaglayan et Jacob Zuma le président sud-africain.

La mosquée Nizamiye à proximité de Johannesbourg a été financée par l’homme d’affaires turc Ali Katircioglu et construite sur la base du style architectural ottoman.

BREVES ECO

FINANCE ISLAMIQUE

La mosquée porte le nom de Nizam al-Mulk, un héros persan !

une clinique. C’est l’actuel chef de l’Etat sud-africain Jacob Zuma qui a coupé jeudi le ruban rouge, entouré d’une délégation ministérielle turque. «La mosquée Nizamiye va contribuer à améliorer la compréhension et la tolérance entre les diverses religions», a-t-il déclaré, sous les applaudissements. L’édifice, avec son dôme de 24 mètres de diamètre, est une réplique de la mosquée Selimiye. L’édifice religieux porte le nom de Nizam al-Mulk, un héros persan qui vécut au XIe siècle. L’Afrique du Sud est un pays très majoritairement chrétien qui compte environ 650.000 musulmans pour 50 millions d’habitants.

HSBC restructure ses activités

SOUDAN

Le ministre turc de l’Economie Zafer Çaglayan a inauguré jeudi 4 octobre une grande mosquée à côté de la ville sud-africaine de Johannesburg. Rizanur Meral, président de la Confédération des hommes d’affaires et des industriels turcs (TUSKON), Mustafa Çikrikçioglu, vice-président de l’Assemblée des exportateurs turcs (TIM) et plusieurs hommes d’affaires turcs étaient également présents. La mosquée imite le style des complexes ottomans, abritant également un centre culturel, une école turque, des terrains de sport, des commerces, une clinique, un restaurant et une académie de sciences islamiques. «Il s’agit d’un complexe social qui servira de lieu de rencontre pour toutes les religions et les croyances», a déclaré Çaglayan, qui était en visite officielle en Afrique du Sud. Appelé le Nizamiye Külliyesi, le complexe a été totalement financé par Ali Katircioglu, un homme d’affaires turc âgé de 74 ans. La mosquée en elle-même est une petite réplique de la mosquée Selimiye érigée au XVIe siècle dans la ville turque d’Edirne et qui figure au patrimoine mondial de l’Unesco.

La réussite turque adoptée comme modèle

La construction du complexe, qui représente le plus grand du genre dans l’hémisphère sud, a commencé il y a trois ans dans une localité située entre la capitale économique de l’Afrique du Sud, Johannesburg, et sa capitale politique, Pretoria. L’ex-président sudafricain Nelson Mandela, qui en avait souhaité la construction, avait insisté sur la nécessité d’y inclure

Guinée-Bissau : des oulémas s’engagent contre l’excision Des chefs religieux et oulémas de Guinée-Bissau se sont engagés vendredi à abolir l’excision dans leur pays où officiellement plus de 320.000 filles et femmes ont subi des mutilations génitales sur une population de 1,7 million d’habitants. «L’excision est une pratique ancestrale» qui existe «dans plusieurs pays du monde», mais «elle n’est inscrite nulle part, ni dans le livre saint (Coran), ni autorisée par les hadith», selon les termes de la déclaration de Bissau. Les imams et oulémas ont notamment déclaré : «nous imams et oulémas de Guinée-Bissau, nous engageons à oeuvrer pour l’abolition totale de cette pratique néfaste». La

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déclaration de Bissau a été signée à l’issue d’une «Conférence islamique pour l’abandon de la mutilation génitale féminine». Selon l’imam Abubacar Djalo, porte-parole des dignitaires religieux de GuinéeBissau, cet engagement se manifestera par des sensibilisations lors des prêches dans les mosquées à travers le pays. La pratique de l’excision est surtout présente dans les communautés majoritairement musulmanes. En juin 2011, le parlement bissau-guinéen a voté une loi interdisant cette mutilation sexuelle, qui prévoit jusqu’à cinq ans de prison ferme et jusqu’à 5 millions de FCFA (7.622 euros).

Les autorités religieuses musulmanes de GuinéeBissau ont décidé d’abolir la pratique de l’excision et de militer en faveur de son abandon.

La banque britannique HSBC a décidé de restructurer ses activités de finance islamique en se recentrant en particulier sur la Malaisie et l’Arabie saoudite et en abandonnant d’autres pays comme les Emirats Arabes Unis, a-t-elle annoncé jeudi dans un communiqué. Après une «revue stratégique de ses activités de finance islamique», HSBC annonce qu’il va concentrer son offre de (produits de) finance islamique sur les clients en Malaisie et en Arabie saoudite et maintenir une présence limitée en Indonésie», a indiqué le groupe. Après cette restructuration, le groupe estime qu’il conservera 83% de ses revenus actuels tirés de la finance islamique. La restructuration de cette activité intervient dans le cadre du plan stratégique dévoilé par la banque en mai 2011 qui vise à faire de 2,5 à 3,5 milliards de dollars d’économies d’ici 2013.

En raison de sa récente percée économique, le vice-président soudanais Ali Osman Taha souhaite prendre la Turquie comme modèle pour son pays. Le président soudanais invite les hommes d’affaires turcs à investir davantage au Soudan. «Les portes du Soudan sont grandes ouvertes pour plus d’investissement de la Turquie» a lancé le vice-président. Pour lui, il y a encore des possibilités d’investissement dans les secteurs de l’agriculture et de l’industrie alimentaire. Le président soudanais a également remercié la Turquie pour son implication dans la construction de routes, aéroports et autres infrastructures dans son pays.

D’ici l’année prochaine, 70 nouveaux complexes commerciaux sur le modèle de parcs à thème ou de rues commerçantes à ciel ouvert fleuriront à travers toute la Turquie, selon la société de consultance Istanbul Real Estate Valuation and Consulting.


13 FAMILLE & SANTE

5 - 11 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Dépression au travail : quels symptômes, quelles solutions ? Augmentation des cadences, exigences de productivité, mauvaise conjoncture économique... Les facteurs qui favorisent le stress au travail et mènent parfois à la dépression sont nombreux. Retour sur un mal qui concerne 20 % des Européens.

20 % des travailleurs européens sont touchés par le mal de la dépression en raison du stress et des obligations professionnelles qu’ils subissent.

MAUD DRUAIS PARIS «J’ai commencé à perdre pied sans m’en rendre réellement compte. Au travail, je me sentais isolée, débordée, j’avais perdu confiance en moi» : il s’agit là du témoignage d’une cadre de direction sur le site psychologies.com, qui décrit sa lente descente en enfer : «J’avais peur de tout, je dormais très mal» dit-elle. Cette femme d’une cinquantaine d’années a finalement tenté de mettre fin à ses jours, car elle n’avait «qu’une idée en tête : faire cesser cette souffrance». Ce témoignage corrobore une récente enquête réalisée par l’Institut Mori pour l’association européenne de dépression (EDA). Cette étude menée dans sept pays européens, dont la Turquie et la France, montre que 20% des 7000 individus interrogés ont déjà été diagnostiqués comme dépressifs une fois dans leur vie. Il ressort également qu’un salarié européen sur dix a déjà été en arrêt maladie pour cause de dépression.

Reconnaître les symptômes du burnout

Dans le monde du travail, le burnout (épuisement professionnel) est désormais un mal bien connu. Celui-ci se traduit par des douleurs physiques, des difficultés pour se lever le matin, l’impression de travailler toujours plus pour un rendement qui diminue constamment, le sentiment que les efforts ne sont pas remarqués, une attitude désabusée... La période où se manifestent ces symptômes, dite de «craquage», est la plupart du temps suivie d’un état dépressif au cours duquel les employés passent souvent par la case hospitalisation. Patricia, ancienne responsable ressources humaines dans un grand cabinet d’audit et de conseil, a vu plusieurs cas de burnout : «l’une de nos responsables a un jour été convoquée par la direction de l’entreprise». «Ils lui ont dit qu’elle devait licencier toute son équipe, principalement constituée de mères de famille, car les emplois allaient être délocalisés au Maroc», ajoute-t-elle. Un «choc» pour la jeune fille déjà surmenée et qui ne supporte pas cette nouvelle exigence de l’entreprise. Dès lors, elle est arrêtée deux mois.

Quelles solutions ?

Ces situations de stress, qui vont généralement de pair avec des responsabilités croissantes et des objectifs de plus en plus élevés doivent être clairement identifiées. Le site passeportsante.net, à travers la voix de plusieurs spécialistes (psychologues, sociologues) donne une kyrielle de conseils, à la fois pour les employeurs et pour les employés, afin de les aider à gérer leur propre stress et celui ressenti au sein de l’entreprise. Le maître mot est la communication, l’autonomie des employés, la reconnaissance, mais aussi le maintien d’un équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Comme le souligne Marc Loriol, sociologue spécialiste de la souffrance au travail, dans un article sur le site Rue 89, il faut savoir «nommer le mal-être», afin de permettre une prise en charge en cas de nécessité. Il souligne également l’importance de ne pas faire face tout seul à son stress, par exemple si un supérieur outrepasse ses fonctions. Il est enfin capital de donner un sens à son travail pour le rendre acceptable.


14 CULTURE

12 - 18 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

A lire

Une conférence prononcée par Son Excellence Rauf Engin Soysal, ambassadeur représentant permanent de la République de Turquie auprès du Conseil de l’Europe.

Turquie : un grand émergent aux portes de l’Europe

Par Deniz Unal, économiste (Centre d’études prospectives et d’informations internationales), traductrice et chargée du domaine turc aux Editions Bleu Autour. Le 12 octobre à 10:15 Musée Pierre-Noël 11, rue Saint-Charles 88100 Saint-Dié-des-Vosges

geront un processus de sécularisation ; pour faciliter la mise en œuvre de leurs réformes, ils chercheront à en justifier la nécessité en s’appuyant sur des versets du Coran, consacrant de facto une subordination de la religion à l’Etat, et la négation du principe selon lequel al-islâm dîn wadawla (l’islam est religion et Etat).

La crainte kémaliste d’une division turque

Ce processus de modernisation-occidentalisation est néanmoins endogène et engagé sous les auspices de l’islam. Atatürk saura en tirer parti en le radicalisant dès 1923 : fermeture des écoles coraniques et des ordres religieux, droit islamique (charia) remplacé par les droits suisse, allemand et italien. La création du Diyanet un an plus tard entre dans ce cadre. Il s’agit, en exerçant un monopole sur l’interprétation et la diffusion de la religion, de soustraire durablement l’islam sunnite majoritaire à l’influence des «cercles réactionnaires» et de le mettre au contraire au service du projet cultu-

rel kémaliste. Ainsi, les questions relatives au droit religieux et aux règles touchant directement l’Etat et la société relèvent de la seule compétence du Parlement. Les décisions relatives aux croyances et aux rituels relèvent du Diyanet. Historiquement, l’instauration d’une religion d’Etat, c’est-à-dire d’un islam républicain, laïc et ethno-national, ressortit à la crainte kémaliste d’un morcellement social et territorial le long de lignes de fracture confessionnelles (sunnites / alévis) et ethniques (Turcs / Kurdes). Il s’agissait dans l’esprit de ses concepteurs de séculariser la population «par le haut», de l’homogénéiser, et de garantir ainsi l’unité territoriale du pays. Néanmoins, l’exercice d’un tel contrôle allait, de par sa nature même, favoriser une politisation de l’islam «par le bas» : le principe du monopole de l’Etat sur l’interprétation et le contrôle de la religion est aujourd’hui battu en brèche par des partis politiques et des acteurs sociaux partisans d’une plus grande liberté religieuse, et, concrètement, d’un Diyanet plus autonome.

Oliveraies en mer Egée

Les échanges de population entre la Grèce et la Turquie en 1923 ont été à l’origine de beaucoup de douleurs et de rancœurs. Néanmoins, sur les terres échangées, de part et d’autre, on pratiquait l’oléiculture depuis longtemps, de sorte que les fruits des uns ont nourri les familles des autres… Un film de Albert Knechtel (France, 2012, 52 mn). Le 18 octobre à 18:30 iReMMO 5/7, rue Basse des Carmes 75005 Paris

Musulmans d’Europe, citoyenneté et vie publique : points de vue de et sur le mouvement Gülen

Avec Paul Weller, professeur de relations interreligieuses à l’université de Derby en Angleterre. Pour l’auteur, «l’enseignement de Fethullah Gülen offre la possibilité d’un renouvellement de l’islam adapté à la réalité pour les musulmans en Europe». Le 15 octobre à 19:30 Centre d’études Istina 45, rue de la Glacière 75013 Paris

bienveillance tout à la fois. Il raconte cinq petites histoires dans lesquelles s’est illustré son petit-fils, Kirikou, petit mais vaillant. «Malgré Karaba la sorcière», il vient au secours de la femme forte et du vieux grincheux, permet à la griotte de transmettre son savoir, et perce enfin le secret du monstre bleu, comme celui du pouvoir magique de la musique…

RENCONTRE CROISÉE

Kirikou revient, malgré la sorcière tion culturelle qui a le mérite de ne pas être étroitement française : avec ce troisième film autour du personnage de Kirikou, l’auteur nous livre sous cette forme désormais familière, pure de tout occidentalocentrisme, des contes ouest-africains simples, beaux et universels. Ici, c’est le grandpère qui parle, figure révérée de l’autorité et symbole de la

DOCUMENTAIRE

Le responsable du Diyanet Mehmet Görmez au cours d’une conférence à l’université de Baskanligi.

& à voir...

Le conteur Michel Ocelot revient avec un nouveau Kirikou, pour le plus grand plaisir des enfants, des petits comme des grands. Dans un secteur dominé par des géants comme Disney, pour lesquels le film d’animation est une industrie, le Français Michel Ocelot est, dans le sens le plus noble du terme, un artisan. Et le représentant d’une excep-

La Turquie comme acteur du Projet européen

Le 12 octobre à 11:30 Hôtel de Ville Place Jules Ferry 88100 Saint-Dié-des-Vosges

PRÉSENTATION D’OUVRAGE

Islam des mondes

SEYFEDDINE BEN MANSOUR TUNIS La Grande Mosquée de Strasbourg a été inaugurée le 27 septembre dernier, en présence du ministre de l’Intérieur chargé des Cultes. Manuel Valls a saisi l’occasion pour souligner le caractère spécifique, non généralisable, du droit local d’Alsace-Moselle, qui permet notamment que les édifices religieux soient financés par les collectivités, mais aussi que les prêtres et les rabbins soient formés et rémunérés par l’Etat. En Turquie, autre pays laïc, pareil régime dérogatoire n’existe pas : une seule instance, la Direction des affaires religieuses (Diyanet Isleri Baskanligi ), gère l’islam de la République. Les chiffres de 2006 décrivent l’une des plus grandes institutions du pays : dotée d’un budget de 1,3 milliard de livres (environ 700 millions d’euros), le Diyanet finance et administre les quelques 78.000 mosquées et 5.000 écoles coraniques du pays. Parmi ses 80.000 fonctionnaires, une majorité est constituée d’imams et de professeurs de théologie. Le Diyanet a ainsi la charge de définir et de diffuser à l’ensemble des mosquées du pays les prêches du vendredi, de traduire les textes religieux, et de rendre des avis juridiques (fatwas). Elle est traditionnellement dirigée par un professeur de théologie nommé par le Premier ministre. Le Diyanet dépend en effet directement du Premier ministère ; elle est ainsi au cœur de l’administration de la Turquie laïque. Le paradoxe n’est qu’apparent : ce qui est central ici, c’est la conception selon laquelle l’Etat doit contrôler le religieux. Sous l’Empire déjà, les théologiens officiaient au sein de la bureaucratie étatique. Au début du XIXe siècle, les sultans réformateurs Mahmud II et Abdülmecid Ier enga-

CONFÉRENCE

Diyanet : séculariser l’islam «par le haut»

AGENDA CULTUREL

Kirikou et les hommes et les femmes, réalisé par Michel Ocelot (animation, France, 2012, 1h28). Avec les voix de Romann Berrux et Awa Sène Sarr. Sortie en salles le 3 octobre.

Islamisme(s)

Avec Jean-Michel Salgon, politologue, coordinateur du Dictionnaire de l’islamisme au Maghreb (L’Harmattan, 2012) et Samir Amghar, chercheur, auteur de Salafisme d’aujourd’hui et directeur de l’ouvrage Les islamistes au défi du pouvoir. Évolutions d’une idéologie (Michalon, 2012). Le 16 octobre à 18:00 iReMMO 5/7, rue Basse des Carmes 75005 Paris


OPINION15

12 - 18 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

D’une imposture l’autre… Le dernier ouvrage de Martine Gozlan, journaliste à l’hebdomadaire Marianne, intitulé L’imposture turque, loin d’apporter un éclairage sur les transformations vécues par la société turque, conforte les préjugés les plus répandus. Pour Jean-Michel Cros, chercheur sur l’islam contemporain, «Il convient d’être vigilant car ce sont toujours la liberté et la démocratie qui souffrent» de ce type d’entreprise de désinformation. JEAN-MICHEL CROS STRASBOURG Dans les productions récentes où la mauvaise foi et les préjugés le disputent à l’ignorance, il nous faut faire une place au dernier opuscule de Martine Gozlan intitulé : L’imposture turque, aux Editions Grasset. Ne nous y trompons pas : ce livre est remarquable ! Il concentre en effet sur quelques pages un catalogue d’idées reçues, de formules dignes d’une première année de fac et une totale absence de recul, mises au service d’une idéologie douteuse. L’hypothèse est que nous serions pris dans un miroir aux alouettes – celui de la démocratie turque - que Martine Gozlan va bien entendu briser pour éclairer notre faible entendement. Comment s’y prend-elle ? elle dénonce – sur la base de témoignages anonymes – «les bigots ombrageux des confréries, comme la secte de Fethulalh Gülen qui tient sous sa coupe l’école, la justice et la police». Ce mot de secte reviendra plusieurs fois à propos du mouvement Gülen, ce qui nous montre d’entrée que Mme Gozlan ne sait pas de quoi elle parle. Elle dénonce, avec un mépris ouvertement affiché, n’hésitant pas à parler à propos de l’islam de «bigoterie qui soufflait de la steppe», en disant qu’aujourd’hui «ce sont les fanatiques qui sortent de l’ombre», en utilisant les clichés les plus éculés : «Erdogan n’est pas un subtil. Là où il repasse, l’herbe diplomatique occidentale ne repousse plus», en proposant une sorte d’éternel oriental, barbare cruel et débauché enfin : «Tout ce passé a-t-il sombré dans les flots, lesté de pierres comme le corps des favorites déchues pleuré par le Victor Hugo des Orientales ?».

Des raccourcis anxiogènes sur la Turquie Edité par : Zukunft Medien GmbH Sprendlinger Land Str. 107-109 63069 Offenbach / Allemagne Directeur de la publication : HÜSEYİN KARAKUŞ Rédacteur en chef : EMRE DEMİR e.demir@zamanfrance.fr Gestionnaire administratif : FAHRETTIN TEKİN f.tekin@zamanfrance.fr Responsable publicité : MEHMET SELVİ m.selvi@zamanfrance.fr Secrétaires de rédaction : BAYRAM ŞEN b.sen@zamanfrance.fr FOUAD BAHRI f.bahri@zamanfrance.fr Directeur artistique : EVREN AYAZ e.ayaz@zamanfrance.fr

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ISSN 1869-5795 Imprimerie : ROTOCENTRE 348, rue Marcel Paul 45770 SARAN Adresse : 2 Boulevard Saint-Martin Paris 75010 Tel : 01 42 00 19 36 Faks : 01 42 00 19 58, info@zamanfrance.fr www.zamanfrance.fr - www.zamanfransa.com no CPPAP 112U90032

Elle dénonce, en utilisant la plus honteuse des méthodes : en

essayant de jouer sur la peur du public leur culture et leurs croyances ? Pourfrançais. Outre – nouvelle preuve de quoi ne pas dire qu’il a fallu attendre la non maîtrise de son sujet – qu’elle 2011 pour qu’Erdogan, cet abominable attribue à Erdogan la comparaison entre islamiste, présente les excuses officielles les minarets et les baïonnettes, qui apde l’Etat turc pour ces crimes, excuses partient en fait à Ziya Gökalp, l’un des qui ont soulevé l’indignation des kémapères du laïcisme turc, elle nous dresse listes ? Ces faits sont-ils trop gênants le tableau d’une Turquie liberticide de pour la légende dorée de la soi-disant la presse et de l’édition – où l’on vient démocratie laïque instaurée en 1924 ? pourtant de publier les carnets de Talat Pasha qui intéressent directement la Une liberté à géométrie variable question arménienne, en rupture avec La tolérance religieuse : lorsque Marla doxa républicaine sur le sujet – le tine Gozlan s’effraie en nous disant «les tableau d’une Turquie où «le voile est confréries renaissent». En quoi est-ce désormais majoritaire», où les fanagrave et pourquoi ne pas protester plutiques sortent de l’ombre, nous l’avons tôt, quand on aime la liberté comme elle dit, «où la laïcité s’assombrit de jour en prétend le faire, contre leur interdicjour, comme la liberté de la presse», où tion ? Mais il est vrai que celle-ci est un les Alévis n’ont pas droit à «acquis» kémaliste…La peur la parole religieuse et polienfin, car, nous dit l’auteur, tique, ajoutant qu’Atatürk l’ennemi est chez nous, au les arracha à leur «dérélicsein de la République, et plus tion», le kémalisme étant particulièrement du Conseil apparemment l’horizon français du culte musulman, indépassable de toute «Dans la campagne aux mains des Frères musulmodernité, de toute laïmans… Ce qui n’est au fond en cours contre la cité et de la tolérance… Turquie, (cet) opusqu’une sottise de plus dans Reprenons cela : Atatürk ce livre. Alors pourquoi en laïc ? Comment se fait- cule a toute sa place : parler ? Dans la campagne de il alors que la mention contribuer à préparer presse en cours contre la Turles esprits à toutes quie, ce genre d’opuscule a de la confession ait toujours figuré sur les cartes les mesures les plus toute sa place : servir aux élus, d’identité ? Comment se aux citoyens, une pseudo anaturcophobes» fait-il qu’il ait organisé lyse, de pseudo arguments, une Direction des affaires religieuses qui vont, nolens volens, contribuer à et que l’Etat contrôle par ce biais tout préparer les esprits à toutes les mesures le clergé ainsi que les prêches ? Atatürk les plus turcophobes et islamophobes, favorable aux Alévis ? Qu’en est-il du comme une nouvelle loi sur la question massacre de Dersim en 1937 et 1938, arménienne, où de nouvelles mesures qualifié par lui de «mission de civilisadiscriminatoires au nom d’une laïcité tion», qui fera entre 40.000 et 80.000 proclamée en péril. Il convient donc morts, où des villages seront brûlés, d’être vigilant, car au final, ce sont toudes milliers de personnes torturées et jours la liberté et la démocratie qui en déportées en Anatolie, où les Kurdes souffrent. alévis se verront interdire leur langue, jean-michel.cros@neuf.fr

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Le football turc veut renouer avec son passé Depuis une décennie, la sélection turque a perdu de sa splendeur. Après une nouvelle chute au classement FIFA (35e), les rouges et blancs ont confirmé la perte de leur niveau de jeu. Les deux matchs de qualification pour la coupe du monde 2014 au Brésil seront donc cruciaux si la Turquie espère entrevoir Rio. FLORIAN GAMBIN PARIS La bataille de l’est va débuter. Il y a moins de dix ans, la Turquie se faisait une place au soleil dans le top 10 mondial (8e), aux côtés des grandes nations de la planète football telles que l’Angleterre, l’Argentine ou encore le Brésil. Cette dernière équipe avait d’ailleurs été éliminée par la sélection turque lors de la coupe des confédérations 2003 en France. Cette huitième place au classement FIFA, la Turquie ne l’avait pas volée. Elle la devait à ses bonnes prestations lors de la coupe du monde 2002 (3e) et de la coupe des confédérations 2003 (3e), ainsi qu’à une montée en puissance du football turc en Europe (en 2000, Galatasaray remporte la coupe de l’UEFA). Avec des

joueurs de classe internationale, tels que Hakan Sükür, Rüstü et Nihat Kahveci, elle était promise à un bel avenir.

Le déclin

Du jour au lendemain, le ciel s’assombrit pour le football turc. Les joueurs clefs ont pris leur retraite internationale les uns après les autres (Hakan Sükür et Rüstü en 2008), alors que la nouvelle génération (Hamit Altintop, Mevlut Erding) n’est pas parvenue à assurer la relève. Le championnat d’Europe 2008 fut l’arbre qui cacha la forêt. Depuis quatre ans, les rouges et blancs ont connu une traversée du désert, avec des résultats qui ne font pas honneur à leur valeur. La Turquie manque les grandes com-

La sélection nationale de l’équipe turque au cours d’une séance d’entraînement.

pétitions internationales (coupe du monde 2010 et Euro 2012) et tombe même à la 35e place au classement FIFA.

Dos au mur ?

Après les deux premiers matchs de qualification, le bilan des hommes de Abdullah Avci est plutôt mitigé. Une quatrième place et trois points

au compteur était le minimum qu’ils pouvaient espérer. Alors certes, la défaite contre les Pays-Bas aurait pu être anecdotique, mais elle ne le fut pas dans sa manière. Venir à bout d’une équipe roumaine, qui montre depuis plusieurs mois un visage plutôt séduisant et qui reste le principal adversaire pour l’obtention de la deuxième place, ne sera

pas une tâche facile au cours de la rencontre prévue le 12 octobre. Après le défi roumain, il faudra faire face à la Hongrie, qui totalise le même nombre de points que la Turquie. Autant dire que si Ankara ne parvient pas à venir à bout de ses deux prochains adversaires, elle verra probablement le bateau pour Rio prendre le large, sans elle.


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