Zaman France N° 235 - FR

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Il y a quelques jours, le milieu de terrain brésilien Alex (35 ans) a subitement résilié son contrat avec Fenerbahçe. Un conflit d’intérêt avec son entraîneur serait la cause de son départ. Plusieurs clubs brésiliens sont sur les rangs pour enrôler le joueur.

Les remèdes maison ne font pas toujours des miracles

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SPORT

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Les raisons du départ précipité d’Alex de Fenerbahçe

Malgré leur succès populaire, les remèdes maison en Turquie ne sont pas toujours à la hauteur de leur réputation. De plus en plus de médecins mettent en garde contre une utilisation potentiellement dangereuse de plantes ou de substances mal dosées et insistent sur la valeur thérapeutique prioritaire des médicaments.

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19 - 25 OCTOBRE 2012 N° 235

Réussite scolaire : des chiffres alarmants pour les Turcs de France Une étude menée par l’Insee et parue la semaine dernière a présenté une photographie de l’état de l’immigration en France. Pour la communauté turque, le constat est amer. Qu’ils soient immigrés ou enfants d’immigrés, les chiffres sont inquiétants en particulier dans le domaine de l’éducation. Gros plan sur un rapport qui fera couler beaucoup d’encre. -SOCIETE 06 EDITO

Etudes supérieures : le frein parental r02

Ankara et Athènes veulent relancer leurs relations

Les Juifs ultra-orthodoxes rêvent d’un 3e Temple

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rINTERNATIONAL 12

Faute de goût, les Turcs perdent de l’argent

La violence dans l’armée n’est plus un tabou

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Pour la première fois, des révélations sur des faits de tortures et de violences exercés contre des appelés dans les casernes turques ont été dévoilées dans une enquête menée par une association indépendante. Plus de 600 témoignages accablants contre l’armée turque ont déjà été recueillis. -TURQUIE 08

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Dans un entretien accordé à Zaman, le ministre turc de la Culture et du Tourisme, Ertugrul Günay, insiste sur l’insuffisance du sens esthétique des citoyens turcs. Un goût du beau qui a pourtant son importance dans un pays qui attire des millions de touristes chaque année. -TURQUIE 09

Ghannouchi a-t-il passé un accord avec les salafistes ?

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Le jihad, nouvel étendard des anti-système

Les jeunes, ex-délinquants et passés à l’islamisme radical, voient dans l’emblème du jihad un nouveau moyen de contester la société. D’après le sociologue Raphaël Liogier, «Pour certains jeunes des cités frustrés, la figure du jihadiste devient une figure attractive parce qu’elle fait peur aux nantis». qSOCIETE 05

A l’aube du premier anniversaire des élections libres en Tunisie, le leader du parti Ennahdha est pris dans un scandale politico-médiatique. Dans des vidéos, Rached Ghannouchi apparaît en pleine discussion avec des salafistes où il semble leur donner des gages. -INTERNATIONAL 11


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Etudes supérieures : le frein parental La récente étude de l’Insee intitulée «Immigrés et descendants d’immigrés en France» fait état d’un constat alarmant quant à la faible importance accordée aux études chez les Franco-turcs. 32 % des 20-35 ans d’origine turque ne possèdent aucun diplôme au-delà du brevet, ce qui représente le pourcentage le plus élevé. Derrière eux, les Algériens sont à 24 %. Pour comprendre ces chiffres désastreux, un regard sur le profil des parents permet de constater la persistance d’un schéma de reproduction sociale. En effet, la relation que les parents d’élèves de classe de 6e entretiennent avec le système scolaire est, par exemple, très éloquente. Au sommet du triste tableau, 70 % des pères et 79 % des mères turcs n’ont aucun diplôme, alors que ce chiffre descend à 50 et 54 % pour les Algériens, ou 45 et 52 % pour les autres pays africains. Et, c’est inévitablement aussi chez les parents turcs que l’on retrouve le moins de soutien scolaire apporté aux enfants et le moins d’importance attachée aux études. D’ailleurs, un autre tableau nous apprend que parmi toutes les populations immigrées présentes dans la vaste enquête, c’est le fait d’avoir des parents turcs qui s’avère être l’obstacle le plus important à la poursuite des études. Ils sont également ceux qui parlent le moins la langue française et c’est chez eux que le taux d’ouvriers non qualifiés est le plus important. On pourrait multiplier les exemples, le constat est toujours le même tant les chiffres se suivent et se ressemblent. Les parents turcs sont quasi systématiquement les plus mal placés. Le seul recours au profil des parents serait sans doute insuffisant pour expliquer l’ampleur du problème. Il faudrait également citer, entre autres, le rapport historique à la France ou la structure culturelle communautaire. Mais, il n’en demeure pas moins que l’impact de la position des parents reste central dans le faible niveau d’études chez les enfants. D’ailleurs, les parents turcs immigrés ont d’autant plus d’influence sur leurs enfants qu’il s’agit relativement d’une immigration récente ; si bien qu’aujourd’hui encore, les enfants nés de parents franco-turcs n’ont pas encore atteint l’âge des études supérieurs. Le changement viendra peut-être de là. info@zamanfrance.fr

19 - 25 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

La mosquée de Lille ouvre ses portes pour mieux faire connaître l’islam Face aux récentes tensions avec le monde musulman, la Ligue islamique du Nord a décidé «une mesure d’urgence» : ouvrir les portes de trois mosquées de l’agglomération lilloise pour accueillir les visiteurs et briser les préjugés sur cette religion. Un corridor aéré surmonté d’une verrière et flanqué de céramiques colorées, des portes boisées et sculptées, font que la première impression est souvent la même pour ces visiteurs qui ne sont jamais venus dans une mosquée : «C’est joli». Le recteur de la mosquée de Lille Sud en personne se présente aux arrivants. Rachid Laamarti, chargé des questions culturelles, invite à une visite guidée. Deux maquettes représentant le chemin du Prophète à Medina et La Mecque lui permettent d’illustrer ses explications sur les piliers de l’islam. Cette visite, Rachid Laamarti a l’habitude de la faire, tous les ans, pour les Journées du Patrimoine en septembre.

«Venez nous écouter, voir comment nous vivons»

Moins de deux mois plus tard, la mosquée de Lille Sud ouvre de nouveau ses portes. L’urgence de l’actualité. «Cette fois-ci, on a voulu apporter une réponse directe à ce qui se passe, ce qui se dit dans notre pays. Nous voulons sortir de

La Ligue islamique du Nord a ouvert les portes de la mosquée de Lille Sud pour accueillir le public et désamorcer le climat de tension ambiant autour de l’islam.

l’épisode du film (anti-islam, ndlr), des caricatures, du pain au chocolat», assure Amar Lasfar, le recteur de la mosquée. «Nous voulons dire aux musulmans, et surtout aux non-musulmans : venez nous écouter, voir comment nous vivons, ce que nous dispensons dans ce lieu de culte qui est, aux yeux de certaines personnes, mystérieux». Une cinquantaine de personnes suit la visite. Quelques dizaines de gens curieux, un peu intimidés parfois.

«Je croyais que c’était réservé aux musulmans, qu’on ne pouvait pas entrer», avoue Joëlle Cornil, qui vient d’une ville voisine. Enseignante, elle s’intéresse à cette culture dont sont issus nombre de ses élèves. «Je trouve que c’est vraiment une idée géniale, parce qu’on a beaucoup de préjugés contre cette religion. Avec tous les événements, plein de gens pensent que ce n’est pas une religion de paix», souligne-t-elle.

3000 infirmières du secteur public manifestent devant le siège du gouvernement à Bangkok (Thaïlande) pour exiger des améliorations dans leurs conditions de travail.

...ET UNE MAUVAISE

UNE BONNE...

La Grande Mosquée des Omeyyades d’Alep détériorée

Le gouvernement se prépare à intensifier sa lutte contre la maltraitance faite aux enfants, avec l’ouverture de nouveaux centres de surveillance pour enfants (CIM). Le ministère de la Santé est chargé de la supervision générale. Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan affirme que les CIM seront mis en place pour traiter plus efficacement les cas de violence. Souvent, les victimes d’abus doivent raconter leur expérience

La Grande Mosquée des Omeyyades d’Alep, l’un des joyaux historiques, a été endommagée suite à des combats entre les troupes du régime du président syrien Bachar al-Assad et les rebelles selon l’AFP. Des tapis, des vitres et des corans ont été brulés et cassés, mais aussi des cheveux et un fragment

à des personnes qui ne sont pas formées à la psychologie de l’enfant ce qui peut nuire à leur équilibre psychologique. Les médecins qui y travaillent, vérifient que l’enfant n’a aucune blessure physique et les pédopsychiatres évaluent son état mental. Actuellement, il existe quatre centres : à Ankara, un autre dans la province de Kayseri, un troisième dans la province du nord de Samsun et le dernier au sud-est de Gaziantep.

de dent qui auraient appartenu au Prophète Muhammad ont été subtilisés. L’armée du président syrien a repris le contrôle de la mosquée aux rebelles selon une source militaire et une ONG. Selon l’agence officielle Sana, Bachar al-Assad aurait formé une commission spéciale pour restaurer le site.

NOUVELLE

La Turquie va ouvrir des nouveaux centres de surveillance pour les enfants


03 SOCIETE

19 - 25 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

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«Je veux saluer l’attitude de ses dirigeants car il y a eu des provocations» Le président François Hollande a propos de l’attitude positive de la Turquie dans le conflit syrien, au cours d’un entretien sur RFI/France24/TV5Monde.

Le dévouement, mis en scène par les Turcs d’Orléans

Une pièce de théâtre intitulée Fedakarlik, le dévouement, a été organisée et jouée par l’association Rûmî d’Orléans. Pour la structure francoturque, l’objectif était de montrer que cette valeur restait universelle et essentielle pour les sociétés modernes.

400 personnes ont fait le déplacement pour assister à la pièce Fedakarlik montée par l’association franco-turque Rûmî d’Orléans.

L’association Rûmî d’Orléans a organisé, la semaine dernière, la représentation d’une pièce de théâtre intitulée Fedakarlik, «le dévouement». Cette association qui s’est donné pour but de promouvoir le dialogue interculturel a voulu montrer que ce sentiment d’abnégation et d’entraide n’a pas disparu de notre univers mental et qu’il reste une valeur universelle. Jouée devant 400 spectateurs dans la salle de cinéma Pathé, la pièce raconte l’histoire de quelques maîtres d’internat qui se démènent au quotidien pour remédier aux difficultés socio-économiques que rencontrent les élèves. Un mélange d’humour et de drame savamment représenté par les comédiens du conservatoire d’Istanbul.

Zoom

«Cherche bien ce que tu veux être puisque tu es tout»

Yoola : une entreprise au service des handicapés

Un spectateur, visiblement touché par le réalisme de la pièce, ne put s’empêcher de penser à sa situation : «c’est un bon résumé de la situation des étudiants. On lutte pour étudier dans des conditions dignes et en même temps, on est jeune et on positive, c’est tragi-comique !». Halil Ipek, président de l’association Rûmî, se réjouit de l’affluence : «nous avons fait d’une pierre, deux coups. On sensibilise à la détresse des autres et on aiguise l’appétit culturel. S’intéresser à l’art sous toutes ses formes ne peut qu’aboutir à ce que nous désirons le plus : la compréhension réciproque, le dialogue interculturel et in fine, le vivre-ensemble» détaille-t-il. L’association se dit prête à soutenir tous ceux qui ont des projets allant dans ce sens et désireux d’être épaulés par une structure plus expérimentée. «Rien n’est impossible, poursuit M. Ipek, il faut juste savoir agir».

FLORIAN GAMBIN PARIS Yoola handicap est la première entreprise qui propose aux personnes handicapées de participer à différents évènements tels que des spectacles, des manifestations sportives (football, tennis, rugby...) en France comme à l’étranger. Elle a remporté le prix Talent des cités 2012. Son fondateur, Malik Badsi, jeune chef d’entreprise de 28 ans a réussi son objectif. De-

Des projets inspirés par l’enseignement de Rûmî

Mais pour le responsable de l’association, les valeurs religieuses véhiculées par la tradition soufie et incarnées par Mevlânâ, sont une source d’inspiration essentielle dans l’accomplissement de ses œuvres. «S’il est une qualité que le grand mystique musulman d’expression persane, Rûmî alias Mevlânâ, incarne, c’est bien celle de la générosité. Donner sans aucune contrepartie» explique-t-il, ajoutant que ce don avait été immortalisé par «la posture du Maître (Rûmî) dans la danse giratoire dite du sema, la main droite recueillant la grâce divine et la main gauche la répandant sur Terre». Selon Halil Ipek, «certains ont apprécié notre projet et nous les avons aidés à créer des associations dans leurs villes». «Le nom «Rumi» leur a beaucoup plu. Ils nous ont fait savoir qu’ils voulaient l’utiliser et nous les avons aidés».

Yoola est une entreprise dédiée spécifiquement aux services à destination des handicapés.

puis l’ouverture de Yoola en 2009, son action ne cesse de s’agrandir et il espère pouvoir atteindre les 950 clients d’ici la fin de l’année. Peu importe le handicap dont les individus souffrent, l’entreprise essaie de répondre aux besoins de ses clients pour qu’ils puissent profiter pleinement du spectacle. Cette idée innovante, Malik l’a eue lors du championnat d’Europe de football 2008 : «j’étais en

licence professionnelle technicocommerciale. J’ai fait une étude sur l’accessibilité de l’événement pour les personnes handicapées et j’ai découvert que c’était une grosse galère». C’est à ce moment-là que Yoola est née. Son objectif était de pouvoir accompagner des personnes handicapées à la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. Il parvient à décrocher un Business angel de la part de la FIFA (Fédération internationale de football association) qui lui avance 35.000 euros. A la suite de différentes démarches auprès des entreprises, des clubs professionnels de football, il parvient à obtenir des tickets pour les matchs. En 2010, 65 personnes ont eu la chance de partir à Johannesburg et au Cap (Afrique du Sud) pour assister à la Coupe du monde de football. Ce qui tient à cœur à Malik, c’est de se rendre utile. Dans quelques semaines, l’entreprise proposera une «Yoola box» avec différentes activités de loisirs, des voyages, des weekends, etc.


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05 SOCIETE

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Le jihad, nouvel étendard des anti-système Les jeunes, ex-délinquants et passés à l’islamisme radical, voient dans l’emblème du jihad un nouveau moyen de contester la société. D’après le sociologue Raphaël Liogier, «Pour certains jeunes des cités frustrés, la figure du jihadiste devient une figure attractive parce qu’elle fait peur aux nantis».

FINANCE

ENERGIE

BREVES ECO

Le courant ne passe plus entre Damas et Ankara

La Syrie a suspendu il y a une semaine ses importations d’énergie électrique en provenance de la Turquie en raison de dommages causés à son réseau d’approvisionnement par la guerre, ont rapporté des responsables turcs. «La Syrie a arrêté ses achats d’électricité à la Turquie il y a une semaine», a déclaré le ministre turc de l’Energie Taner Yildiz, ajoutant que son pays était prêt à reprendre ses livraisons si la Syrie le demandait. «Nos livraisons reprendront dès que ce problème sera réglé. Nous sommes prêts à leur fournir de l’électricité quand ils le souhaiteront», a indiqué l’un des directeurs de la compagnie, Yasar Arslan. Ankara fournit environ 20 % de l’énergie consommée par son voisin Damas.

En 2013, la Turquie remboursera sa dette

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré que la Turquie va effacer sa dette restante au Fonds monétaire international (FMI) en avril 2013. Erdogan a rappelé que lorsque l’AKP est arrivé au pouvoir en 2002 la dette de la Turquie était de 23,5 milliards de dollars (18,16 milliards d’euros). Le Premier ministre turc a déclaré que le taux de croissance annuel moyen a augmenté de 5,3 % entre 2003 et 2011. Un autre objectif majeur macroéconomique est de diminuer le taux de chômage à 5 % par rapport au taux actuel d’environ 8 %. Le gouvernement prévoit de former 400.000 chômeurs chaque année en plus des plans pour réduire l’emploi non déclaré de 37 % à 15 % .

Les prisons françaises sont un lieu de radicalisation courant des ex-délinquants reconvertis à l’islamisme radical.

La figure du «jihadiste» est devenue «l’emblème de la lutte contre le système» pour des personnes fragiles et isolées, dans un contexte de «paranoïa» face à l’islam en Europe, estime le sociologue Raphaël Liogier, auteur du Mythe de l’islamisation. «Pour certains jeunes des cités frustrés, la figure du jihadiste devient une figure attractive parce qu’elle fait peur aux nantis», explique le professeur à Sciences Po Aix dans un entretien à l’AFP. «C’est une aventure qui donne un sens à leur vie» dit-il. Ce ne sont pas les textes ou les rites de l’islam qui séduisent ces jeunes, mais «à force d’entendre parler d’une lutte entre l’Occident et l’islam, ils finissent par se mettre du côté de l’islam», poursuit le sociologue.

Redevenir les maîtres du jeu

Ceux qui rallient «la cause» sont souvent «nés hors de l’islam». «Il s’agit de convertis de la dernière minute, qui ne parlent pas arabe» ajoute Raphaël Liogier. Six des sept personnes mises en examen après le démantèlement d’une cellule de terroristes présumés s’étaient converties «plus ou moins» récemment à l’islam. Pour Farhad Khosrokhavar, directeur de recherche à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, à Paris, et spécialiste de l’islamisme radical, qui s’est exprimé dans l’hebdomadaire La Vie, le phénomène touche aussi les jeunes passés par la

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délinquance et la vie carcérale. «La logique du banditisme est d’être horsla-loi. Le passage à l’islamisme radical donne à ces jeunes une légitimité et une dignité qu’autrement ils n’ont pas à leurs propres yeux» explique le directeur de recherche. D’après Farhad Khosrokhavar, ces jeunes passés par la délinquance trouvent dans l’islamisme radical, le moyen non seulement de se réhabiliter moralement mais encore de redéfinir les règles du jeu. «En adhérant à l’islamisme radical, ils deviennent eux-mêmes les dispensateurs de la norme, contre ceux qui les jugeaient de haut», dit-il.

La surpopulation carcérale dans la ligne de mire

«Cela leur prouve leur supériorité morale par rapport à une société qui a peur de mourir» poursuit le spécialiste de l’islamisme radical. Ce sentiment serait exacerbé par l’extrême précarité des prisons françaises. La prison sert de «renforçateur de rancœur» : ils y découvrent une logique d’autant plus inhumaine que la surpopulation et l’absence de prise en charge, faute de moyens, les confortent dans leur sentiment d’être rejetés par la société entière. Pour Raphaël Liogier, «l’obsession de l’islam est en grande partie responsable» de cette dérive radicale et il est donc urgent de «dégonfler ce mythe».

SEULE UNE «ULTRA-MINORITE» DE CONVERTIS SE RADICALISE Seule une «ultra-minorité» de convertis à l’islam se radicalise, affirment les spécialistes, soulignant la diversité des profils de ces nouveaux croyants. Les musulmans convertis en France sont «entre 30.000 et 100.000 selon les travaux des chercheurs, mais c’est une estimation qu’il faut prendre avec précaution», en l’absence de comptage précis, estime Mohamed-Ali Adraoui, chercheur et enseignant à SciencesPo, interrogé par l’AFP. Parmi elles, «certaines personnes ultra-minoritaires vont se radicaliser. Mais ce qui les fascine, ce n’est pas la religion mais la violence», assure M. Adraoui. Cette frange va surtout «se former sur internet, à l’image de Mohamed Merah», explique le chercheur. Ces conversions en prison «peuvent exister mais c’est minoritaire», tient d’ailleurs à souligner M. Adraoui. Le profil des convertis s’avère très varié. «Certains se convertissent parce qu’ils se marient à une musulmane, d’autres parce qu’ils sont allés dans des pays musulmans, au Maghreb, au Pakistan, ou en Afrique noire», précise le chercheur.

Selon l’étude trisannuelle ObEpi-Roche, 7 millions de Français seraient obèses. L’obésité touche en France 15 % de la population adulte.


06 SOCIETE Réussite scolaire : des chiffres alarmants pour les Turcs de France 19 - 25 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Une étude menée par l’Insee et parue la semaine dernière a présenté une photographie de l’état de l’immigration en France. Pour la communauté turque, le constat est amer. Qu’ils soient immigrés ou enfants d’immigrés, les chiffres sont inquiétants en particulier dans le domaine de l’éducation. Gros plan sur un rapport qui fera couler beaucoup d’encre. MAUD DRUAIS PARIS Une enquête accablante pour les Turcs de France : c’est la conclusion que l’on peut tirer à la lecture de l’étude consacrée aux immigrés et descendants d’immigrés en France, édition 2012, menée par le très sérieux Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Le rapport s’intéresse à deux catégories de personnes biens distinctes : les immigrés, d’une part, et les descendants d’immigrés, expression qui désigne «les personnes nées en France ayant au moins un parent immigré».

dans les statistiques : «tous ces résultats témoignent des difficultés scolaires (…) particulièrement marquées pour les filles d’immigrés originaires de Turquie»… et pour cause : les chiffres sont désarmants. Le rapport note que dans la population féminine, une fille d’immigrés de Turquie a presque six fois plus de «chance» d’être non diplômée en comparaison d’une femme sans aucun passé migratoire : la variable «parents turcs» est celle qui pèse le plus dans la probabilité de ne pas être diplômé !

Diplômés issus de l’immigration turque (en %) Taux de diplômés du Brevet des collèges

69 % 67 % Taux de diplômés du baccalauréat des 20-35 ans

37 % 42 %

Le maintien de la langue d’origine

Un autre point doit être souligné : les Turcs maintiennent bien plus leur langue d’oriLes Turcs de France ont un gine, que les immigrés d’autres origines. très faible niveau d’éducation Au niveau de l’éducation, les immigrés Ainsi, 8 % des personnes nées en France turcs, ainsi que leurs enfants, ont un ni- d’au moins un parent turc parlent uniquement français à la maison, un veau d’étude bien inférieur à taux bien en-deçà du second la moyenne. Ils arrêtent génétaux le plus bas, celui des enralement leurs études avant 19 fants de Marocains et Tunisiens ans : c’est l’âge le plus jeune, (29 %). Par ailleurs, lorsque les par pays, après le Portugal deux parents sont immigrés, (18 ans environ). Les mères immigrées turques sans «Seuls 17 % des élèves ce taux chute à 2 %. Un autre extrêmement probant : diplôme représentent 79 %, d’origine turque se résultat 78 % des descendants d’immiet le taux est de 70 % pour font aider réguliègrés parlent toujours turc avec les pères d’enfants scolarisés rement par leurs leurs propres enfants. Dans dans le système d’éducation leur sillage, mais loin derrière, parents» français ! Dans la même perssuivent les originaires de la pective, on note un désintérêt Tunisie et du Maroc (54 %). pour l’école, de la part de l’entourage familial des enfants. Ainsi, seuls 17 % des élèves d’origine turque se font aider régulièrement Un mieux au niveau du travail par leurs parents. Ces taux se démarquent Les écarts se resserrent au niveau des très sensiblement de ceux des autres groupes chiffres du travail avec les autres groupes d’immigrés. Par ailleurs, 32 % des Turcs de d’immigrés. L’intégration économique France ayant entre 20 et 35 ans ne possè- semble être plus facile. Ainsi, le taux de dent aucun diplôme au-delà du brevet, un chômage des actifs immigrés turcs âgés chiffre largement au-dessus de la moyenne, de 25 à 64 ans dépasse les 25 %, mais celui qui est de 18%, et bien loin derrière les Al- de leurs enfants est de 24 %, un chiffre gériens, avant-derniers (24 %). Le rapport moindre que celui des Maghrébins et des tire même la sonnette d’alarme en ce qui Africains d’origine subsaharienne. Seuls concerne les Turcs, qui font figure à part 3% des immigrés turcs sont cadres ou

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Taux de diplômés de l’enseignement supérieur des 25-35 ans

18 % 08 %

exercent une profession intellectuelle ; à l’inverse, 39 % des Turcs travaillent dans le secteur de la construction. C’est le taux largement le plus élevé. Tous ces chiffres se rapprochent étonnamment de ceux concernant les immigrés et fils d’immigrés portugais, qui font souvent «bande à part» avec les Turcs. En ce sens, il est possible de rapprocher ces deux pays en termes migratoires. Le constat tiré doit cependant être nuancé, car «la prise en compte du milieu social et familial réduit fortement les inégalités selon l’origine migratoire sans les faire toutes disparaître», notamment en

ce qui concerne le niveau d’éducation, explique le rapport. En d’autres termes, c’est plutôt l’environnement social qui pèse, et pas l’origine en elle-même. En effet, les Turcs de France sont arrivés plus tard en France (44 % des enfants d’immigrés turcs sont eux-mêmes migrants), et les caractéristiques sociodémographiques des familles immigrées leurs sont souvent défavorables. En résumé, ce n’est pas le fait d’être Turc qui explique les résultats de cette étude, ce sont plutôt les caractéristiques sociales des immigrés turcs de France et de leurs descendants.



08 TURQUIE

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La violence dans l’armée n’est plus un tabou Pour la première fois, des révélations sur des faits de tortures et de violences exercés contre des appelés dans les casernes turques ont été dévoilées dans une enquête menée par une association indépendante. Plus de 600 témoignages accablants contre l’armée turque ont déjà été recueillis. Les jeunes appelés de l’armée turque sont régulièrement victimes de violences de la part de gradés.

Jusque-là, la gêne et surtout cation, l’état-major s’est contenté la crainte ont empêché le de l’informer par téléphone que phénomène d’éclater au grand son fils avait été victime d’une jour. Pour la première fois, une crise d’épilepsie. «Quand mon enquête indépendante publiée fils est arrivé à l’hôpital, ses lèvres vendredi a brisé le tabou des vio- étaient gonflées comme un tamlences infligées aux jeunes appe- bour, on aurait dit qu’on l’avait lés de l’armée turque pendant leur ébouillanté. Plus de vingt témoins service militaire. Orhan a 24 ans ont vu ce qu’ils lui ont fait. Mais mais les manières balbutiantes et rien de tout ça ne figurait dans le les mots rares d’un garçon qui rapport», pleure Aydin Kantar. n’en a que la moitié. Il y a trois ans, pendant son séjour sous les Des centaines de drapeaux, le jeune homme a été témoignages à charge passé à tabac par un capitaine et En Turquie, ceux qui osent un sergent qui en avaient fait leur rompre publiquement le silence souffre-douleur. Il en est revenu pour rapporter les violences faites brisé et handicapé. aux 400.000 jeunes Aujourd’hui encore, enrôlés sous les draOrhan peine à troupeaux ne sont encore ver les mots pour qu’une poignée. Mais raconter son calvaire. le mur a commencé à «Ils m’ont battu se fissurer. Depuis avril deux, trois jours de «Les chiffres que nous 2011, les bénévoles suite. Des coups de publions sont sûre- de l’Initiative pour pied, des gifles, ils ment très en-deçà de les droits des appem’ont battu aussi lés ont recueilli plus la réalité» avec des bâtons», de 600 témoignages ânonne-t-il. «Avant, sur leur site internet. je faisais tous les Parmi eux, 432 ont été boulots. Maintenant, ma hanche dévoilés dans toute leur brutalité est cassée, je ne peux plus travail- dans le rapport publié vendredi. ler (...) je suis à la maison et je «Les chiffres que nous publions prie», confie-t-il. sont sûrement très en-deçà de la réalité», assure l’un des initiateurs du projet, Tolga Islam. Grâce à ce Pour les familles, obtenir justice Jugé par un tribunal militaire, le rapport, et aux plaintes déposées sous-officier qui l’a passé à tabac devant la Cour européenne des a été condamné à six mois de pri- droits de l’Homme, les animason avec sursis et une amende de teurs de l’Initiative espèrent dé3.000 livres (1.250 euros), ramenés sormais convaincre leurs députés, à 1.500. L’officier qui l’a couvert jusque-là très prudents, de pasa été relaxé. Même s’il ne se fait ser vraiment à l’action. Rendezguère d’illusion sur l’issue de leur vous a également été pris avec le procès en appel, son père reste ministre de la Défense. «L’armée déterminé. «Je n’ai rien contre les nous a dit que les cas que nous militaires mais je veux que ceux citons sont des exceptions. C’est qui ont fait ça soient punis, il ne exactement ce que répondait la trouvera plus jamais de travail», police aux accusations de torture plaide Musa Abravci. «On ira dans les années 1990. Il faut que jusqu’au bout, jusqu’à la mort s’il cela cesse», note un autre animale faut, pour avoir un jugement et teur du projet, Yigit Aksakoglu. pour obtenir justice» dit-il. Aydin «Aucun des députés que nous Kantar est un autre père en colère. avons rencontrés n’a émis de criSon fils Ugur est mort en octobre tique sur notre projet», relève-t-il 2011. Mis aux arrêts dans une pri- avec optimisme, «c’est un bon son militaire du nord de l’île de signe». Contacté par l’AFP, l’étatChypre après une dispute avec un major de l’armée turque n’a pas autre soldat, il y a été torturé pen- souhaité réagir immédiatement dant sept jours. Pour toute expli- au rapport.

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09 TURQUIE

19 - 25 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Faute de goût, les Turcs perdent de l’argent Dans un entretien accordé à Zaman, le ministre turc de la Culture et du Tourisme, Ertugrul Günay, insiste sur l’insuffisance du sens esthétique des citoyens turcs. Un goût du beau qui a pourtant son importance dans un pays qui attire des millions de touristes chaque année.

Le ministre de la Culture et du Tourisme Ertugrul Günay en visite à Bursa en septembre dernier.

Un sens de l’esthétique pour favoriser le tourisme

L’esthétique est pourtant un plus non négligeable dans un pays qui accueille chaque année un flot de touristes s’élevant l’an dernier à 31,5 millions d’âmes. Un chiffre considérable qui propulse la Turquie au sixième rang des pays les

plus visités au monde, et qui lui permet de générer des revenus de l’ordre de 23 milliards de dollars en 2011, selon l’Institut de statistiques turc (TurkStat). Les citoyens turcs devraient donc prendre conscience de la richesse de leur patrimoine et de la nécessité de mettre en place un tourisme durable respectueux de l’environnement : «aujourd’hui, un complexe qui n’est pas aux normes environnementales ne devrait pas recevoir la meilleure classification [cinq étoiles]», insiste M. Günay. Il en est de même pour les objets anciens, pour beaucoup trafiqués par le passé et exposés dans des collections réparties aux quatre coins du monde. Depuis 2007, la Turquie a réussi à rapatrier 3336 pièces, un effort important qui s’inscrit dans une politique plus large de promotion du tourisme dans ce pays. En 2013, l’Etat devrait dépenser 100 millions de dollars pour améliorer son image et attirer encore davantage de touristes.

Une importante délégation économique belge en Turquie Une large délégation d’entrepreneurs belges, menée par le prince Philippe, s’est rendue lundi en Turquie pour évoquer les échanges bilatéraux, a-t-on indiqué de source diplomatique turque. Au total plus de 350 participants dont de nombreux chefs d’entreprises

ont rencontré les milieux d’affaires à Istanbul, première métropole et coeur économique du pays. La Turquie, 17e économie de la planète, a présenté des taux de croissance qui ont avoisiné les 9 % et les prévisions pour cette année sont de 3,2 %. Le pays est un partenaire

économique privilégié de la Belgique qui célébrera l’an prochain le cinquantenaire de l’immigration turque estimée aujourd’hui à quelque 190.000 personnes, pour la plupart de nationalité belge. La Turquie constitue le 14e client économique de la Belgique.

EN BREF

MONDE ARABE

plus d’un visiteur étranger. Pour Ertugrul Günay, l’aspect général des villes turques n’est pas plaisant, surtout pour un pays qui fait partie du top 10 des destinations touristiques mondiales. Une situation qui n’a pourtant pas toujours été d’actualité, bien au contraire : Ertugrul Günay note que la sensibilité esthétique était très présente dans la vie des Seljukides et des Ottomans, ainsi qu’au cours des premiers temps de la République. Cette dernière sensibilité a juste «disparu de la République à partir des années 1950, avec l’émergence des plastiques et du béton».

Risques de crise alimentaire

RELIGIONS

MAUD DRUAIS PARIS Les Turcs manquent-ils du sens de l’esthétisme ? Selon Ertugrul Günay, le ministre de la Culture et du Tourisme turc, la réponse est incontestablement «oui». Ce dernier tire la sonnette d’alarme : les conséquences économiques et culturelles pour la Turquie en seraient multiples et particulièrement préjudiciables. Dans un entretien accordé à Zaman, ses mots sont sans appel : «nous avons besoin d’introduire de l’esthétique dans nos vies. C’est ce qui nous fait le plus défaut». Un manque qui va de l’absence d’aménagement urbain au design souvent douteux des édifices, en passant par la décoration des cafés ordinaires ou des salons de thé, insuffisances criantes au sein de la société turque contemporaine. Selon le ministre, seules quelques villes font exception : Datça et Alaçati, dans la région égéenne, ainsi qu’Antalya et ses environs qui font des progrès en ce sens. Il pointe notamment du doigt ces petites rues qui jouxtent les lieux dits touristiques, «repoussantes» selon lui, et qui feraient fuir

Menaces sur la liberté de culte

Les baisses de production de céréales aux Etats-Unis et en Russie menacent la sécurité alimentaire en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, selon une étude publiée par l’agence Maplecroft. «Les régions restent classées à risque élevé en raison des récoltes réduites aux Etats-Unis et en Russie (en raison de la sécheresse), ces pays dépendent des importations de céréales et sont, par conséquent, vulnérables aux fluctuations du marché», estime Maplecroft. Le Yémen, la Syrie, l’Irak et la Libye, sont classés à «hauts risques» et la Somalie, la République démocratique du Congo, le Burundi et le Tchad avec Haïti sont jugés à «risques extrêmes».

Selon le rapport d’Aide à l’Eglise en Détresse (AED), les menaces qui pèsent sur la liberté religieuse dans le monde restent toujours aussi vives, touchant également aujourd’hui les pays du «printemps arabe». Ainsi, indique le rapport bisannuel, «75 % des cas d’atteinte à la liberté religieuse concernent des chrétiens». En tête des pays les moins tolérants, l’AED pointe l’Arabie Saoudite, pays qui considère les chiites comme des citoyens de seconde zone et où une fatwa lancée en mars 2012 par le Grand Mufti estimait nécessaire de détruire toutes les églises chrétiennes. En Corée du Nord, où toute liberté religieuse est niée, les prisonniers pour motifs religieux, catholiques ou protestants, sont plus durement punis que les autres.

« Si l’ONU confirme son soutien, il y aura une intervention militaire au Mali» Propos de Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense lors de son intervention télévisée sur l’émission Les 4 vérités mardi 16 octobre sur France 2.


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11 INTERNATIONAL

19 - 25 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Ghannouchi a-t-il passé un accord avec les salafistes ?

A l’aube du premier anniversaire des élections libres en Tunisie, le leader du parti Ennahdha est pris dans un scandale politico-médiatique. Dans des vidéos, Rached Ghannouchi apparaît en pleine discussion avec des salafistes où il semble leur donner des gages.

M. Ghannouchi, au cours d’un meeting orgnisé par Ennahda. Le leader islamiste a assuré que le contenu des vidéos publiées sur internet a fait l’objet de manipulation.

MAUD DRUAIS PARIS Depuis une dizaine de jours, la Tunisie est en pleine tempête médiatique. Une vidéo circulant en boucle sur les réseaux sociaux met en cause le leader historique du parti tunisien Ennahdha, Rached Ghannouchi : on y voit l’imam salafiste de la mosquée de Msaken (sud de Tunis) s’entretenir avec le fondateur du parti islamiste tunisien. La mise en ligne de cette vidéo intervient juste après celle d’un autre post le présentant filmé, accueillant des salafistes lors d’un meeting de son parti en février dernier et faisant montre de complaisance à leur égard. Dans la vidéo, Rached Ghannouchi leur demande ainsi de «patienter (...) pourquoi se précipiter ? Prenez votre temps pour capitaliser les acquis». Il leur conseille également de «créer des télévisions, des radios, des écoles, des universités» et de faire preuve de «sagesse» pour asseoir leur pouvoir face aux laïcs qui contrôlent encore «les médias, l’économie, l’administration, les institutions» et «peuvent rebondir après leur échec» aux élections d’octobre 2011 remportées par Ennahdha.

Tollé au sein de l’opposition

La presse tunisienne, ainsi que les grands médias occidentaux se sont immédiatement emparés de l’affaire, pointant du doigt le double discours d’Ennahdha et sa stratégie «d’agenda caché» si souvent évoquée à l’encontre des gouvernements dits islamistes modérés. Une stratégie qui viserait à se revendiquer officiellement comme mesuré, tout en ayant la volonté d’établir un Etat basé sur l’instauration de la charia. «Ghannouchi l’illusionniste», «Rached Ghannouchi, Echeikh et mat !» titraient ainsi Jeune Afrique et Kapitalis. L’opposition tunisienne, quant à elle, a qualifié de «très grave» la vidéo où M. Ghannouchi «jette le discrédit sur des institutions» auxquelles il «doit des explications», a réagi Issam Chebbi du Parti républicain (centre) sur la radio Mosaïque FM. L’avocat Hatem Farhat a pour sa part porté plainte pour «complot contre la sûreté intérieure de l’Etat». Mais un mystère persiste. Qui pourraient être les bénéficiaires des vidéos : les salafistes ? L’aile la plus conservatrice d’Ennahdha ? Ghannouchi lui-même ?

La défense de Ghannouchi

Une chose est sûre : les propos de M. Ghannouchi vont à l’encontre de ses déclarations publiques. Il avait par exemple affirmé le 21 septembre dernier que les salafistes jihadistes représentaient un danger «non seulement pour Ennahdha mais pour les libertés publiques dans le pays et pour sa sécurité», ajoutant que l’Etat devait «serrer la vis». Si le principal intéressé ne conteste pas le contenu des vidéos, il assure que «certaines parties ont été enlevées». «Je parlais des laïcs extrémistes qui poussent le pays à la confrontation» dit-il, ajoutant que «les laïcs modérés sont nos alliés» au sein du gouvernement dirigé par Ennahda. Bref, pour Ghannouchi, il s’agissait d’un simple «appel à la sagesse et à la raison».


12 INTERNATIONAL

19 - 25 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Le troisième Temple, rêve des ultra-orthodoxes

«Interdit de chanter, de danser, de prier». Ce panneau à l’entrée de l’esplanade des Mosquées de Jérusalem rappelle aux Juifs religieux qu’ils ne sont que tolérés sur leur lieu le plus sacré, où certains rêvent de construire le troisième Temple. Appelée «Mont du Temple» par les Juifs, en référence au Premier et Second Temples de l’Antiquité, et «Noble Sanctuaire» par les musulmans, l’esplanade abrite la mosquée Al-Aqsa, troisième lieu le plus saint de l’islam, et le Dôme du Rocher. Si la coupole dorée du Dôme du Rocher est un symbole universel de Jérusalem, elle est considérée comme une «provocation» pour une minorité de Juifs radicaux, qui militent activement pour la

construction du troisième temple à sa place. Toute tentative des autorités israéliennes de réaliser des travaux autour du site éveille la suspicion des Palestiniens, qui les accusent de vouloir transformer l’esplanade en lieu saint juif. «Ils jouent avec le feu», affirme à l’AFP le ministre palestinien en charge de Jérusalem, Adnane al-Husseini. «Le gouvernement israélien devrait les empêcher de pénétrer sur l’esplanade» dit-il. Si l’ensemble des Juifs religieux prient quotidiennement pour la reconstruction du Temple, l’immense majorité considère que, pour des raisons religieuses, il est interdit de pénétrer dans ce saint des saints. Un panneau du rabbinat israélien à l’entrée du site prévient qu’il

est interdit aux juifs de s’y rendre, même si de plus en plus d’autorités rabbiniques passent outre. «Ce n’est pas une question politique, mais la loi juive interdit d’aller sur le Mont du

Les Juifs religieux d’Israël ambitionnent de voir s’élever un jour le troisième Temple sur les décombres de l’esplanade qui abrite la mosquée Al-Aqsa.

Temple en raison de l’impureté dans laquelle nous sommes tous plongés», explique le rabbin Shmouël Rabinowitz, en charge des Lieux saints et à la tête de la Fondation pour le Mur Occidental.

Ankara et Athènes veulent relancer leurs relations La Grèce et la Turquie sont convenus mercredi d’organiser un sommet bilatéral en janvier pour reprendre leur rapprochement, interrompu par la crise de la dette dans la zone euro. «Nous sommes convenus que la prochaine réunion aura lieu en janvier

et sera une étape pour le rapprochement entre les deux pays», a indiqué Dimitris Avramopoulos, ministre grec des Affaires étrangères, à l’issue d’entretiens avec son homologue turc Ahmet Davutoglu. En visite officielle à Athènes, M. Davutoglu a été reçu

mercredi matin par le Premier ministre grec Antonis Samaras, puis par son homologue. Un premier sommet s’était déroulé à Athènes en mai 2010, au cours duquel M. Erdogan était arrivé à la tête d’une importante délégation et avait signé de nombreux accords dans

les secteurs des finances, de l’immigration, de l’énergie, du tourisme, de l’éducation et de la culture. Les échanges commerciaux entre les deux pays qui ont atteint la somme de 3,2 milliards d’euros pourraient passer prochainement à 10 milliards d’euros.


13 FAMILLE & SANTE

19 - 25 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Les remèdes maison ne font pas toujours des miracles Malgré leur succès populaire, les remèdes maison en Turquie ne sont pas toujours à la hauteur de leur réputation. De plus en plus de médecins mettent en garde contre une utilisation potentiellement dangereuse de plantes ou de substances mal dosées et insistent sur la valeur thérapeutique prioritaire des médicaments.

HATICE KÜBRA KULA ISTANBUL En Turquie, les remèdes maison, connus sous le nom de Koca Kari Ilaci (remèdes de grands-mères), sont encore considérés comme un moyen efficace pour soigner les maladies par un nombre considérable de personnes, bien que les médicaments leur soient accessibles. Ces remèdes sont généralement choisis par des personnes qui ne souhaitent pas consulter un docteur car elles considèrent que la médecine populaire est plus saine et naturelle

que la médecine conventionnelle. Un grand nombre d’affections, allant des piqûres de moustique aux ulcères gastro-duodénaux, sont souvent soignés avec des médicaments faits maison en suivant des recettes de médecine populaire à base de plantes, de fruits et autres substances naturelles. Les informations concernant les remèdes maison ont été transmises de génération en génération, en particulier chez les femmes, et faisaient souvent autorité autrefois. Par exemple, de l’eau salée

est appliquée sur une piqûre de moustique, selon un remède maison, ou du pain mâché est placé sur une blessure pour éviter qu’elle n’enfle. Certaines personnes utilisent même une mixture d’ail et de plantes pour traiter la calvitie.

Une médecine alternative aux médicaments

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Parfois, la médecine populaire est aussi considérée comme une méthode de médecine alternative pouvant, selon certaines personnes, soigner des maladies que même les pratiques de la médecine conventionnelle et les médicaments sont incapables de guérir à l’aide de techniques spéciales. Les entreprises de marketing et les programmes télévisés font souvent la promotion de «médicaments» composés à base d’herbes et de plantes augmentant, ainsi, la popularité de cette médecine chez les individus qui ne souhaitent pas avaler de médicaments contenant des produits chimiques. Mais les experts et les docteurs mettent souvent en garde contre les remèdes faits maison et leurs équivalents commerciaux, les médicaments à base de plantes, vendus comme des produits médicaux alternatifs. Le docteur Alahattin Öztürk, de l’hôpital Sema d’Istanbul, considère dans un entretien accordé à Zaman que certaines plantes et substances naturelles peuvent bien être utilisées pour soigner des maladies mais que cela ne signifie pas qu’elles soient toutes bénéfiques pour l’homme. «Vous pouvez être sûr que si un produit a un effet positif sur la santé, il peut également avoir des effets indésirables», a affirmé Alahattin Öztürk, tout en indiquant que les plantes ne causent pas moins

Les remèdes maison appelés Koca Kari Ilaci en Turquie, mal dosés, peuvent parfois s’avérer dangereux pour les malades.

d’effets indésirables sur le corps que des médicaments vendus en pharmacie. «Les médicaments à base de plantes peuvent ne pas être bénéfiques pour la santé, sauf s’ils sont autorisés à être fabriqués par le ministère de la Santé. D’autre part, les médicaments à base de plantes certifiés par le ministère de l’Agriculture ne sont pas une garantie quant à l’obtention d’effets positifs sur la santé», a ajouté Alahattin Öztürk.

Un mauvais dosage peut être fatal

Les remèdes faits maison à partir de substances naturelles peuvent même causer de graves problèmes de santé. Les experts affirment que la quantité de chaque ingrédient placé dans un remède fait maison doit être correctement spécifié. Une dose trop ou insuffisamment forte de certains ingrédients peut nuire et même mettre en danger les patients. C’est la raison pour laquelle les médecins conseillent, généralement, de n’utiliser que les médicaments vendus en pharmacie. Enfin, les noms des plantes utilisées dans les remèdes maison ne sont pas toujours fiables, compte-tenu du fait qu’il existe plusieurs espèces pour certaines plantes.


14 CULTURE

19 - 25 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

A lire

& à voir...

son enfance à Chypre jusqu’à sa conversion à l’islam, qui lui permet d’accéder à une paix retrouvée. Elle y raconte la césure qu’a constituée dans sa vie l’année 2008 : au sommet de sa gloire, et alors que toute la profession la consacre lors des Victoires de la musique, Diam’s s’effondre. Elle disparaît alors pendant de longs mois. La forte personnalité qui transparaît dans ses textes n’était qu’une

CINÉ-DÉBAT

Cinq années d’une chronique intime filmée par un paysan palestinien. Du documentaire engagé à l’action en justice, la lutte non-violente d’un village de Cisjordanie : Bil’in, amputé de la moitié de ses terres par l’occupant israélien. Autour de la colonie juive de Modin’in Illit, a été construit un «mur de séparation»… Un film de Emad Burnat et Guy Davidi (documentaire, Palestine / Israël / France, 1h30).

Dans l’ombre d’un homme

Après la révolution égyptienne, quatre femmes racontent leurs combats et leur vie, mariages, divorces, amours et résistances, en écho au mouvement de lutte pour la liberté. Un film de Hanan Abdalla (documentaire, Egypte, 2011, 1h05). Le 25 octobre à 18:30 Institut du monde arabe Place Mohammed V 75005 Paris

Les trois monothéismes : le regard du psychanalyste

Avec la participation de Daniel Sibony, psychalanalyste. Une conférence-débat organisée par l’Université populaire d’Arcueil, dans le cadre de son cycle «Vivre ensemble aujourd’hui». Entrée libre. Le 22 octobre à 20:00 Anis Gras 55, avenue Laplace 94110 Arcueil

Poésie et danse soufies

A travers le vocabulaire gestuel de la danse persane, Rana Gorgani revisite les poèmes de Mevlana (Rumi), Saadi, Hafez et bien d’autres. Maison des associations du 12e 181, avenue Daumesnil 75012 Paris

Diam’s musulmane : des paillettes à la lumière En 2009, peu avant la sortie de son dernier album, Mélanie Georgiades alias Diam’s est photographiée à son insu à la sortie d’une mosquée, vêtue d’un long voile. Des mois durant, polémiques et réactions de tous bords vont se multiplier. Mélanie n’avait pas souhaité répondre. Elle le fait aujourd’hui, avec cette autobiographie-témoignage. Elle y retrace sa vie, depuis

Cinq caméras brisées

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CONFÉRENCE-DÉBAT

té de culte, ainsi que le droit Jusqu’à la Reconquista, la célébration de pour les communautés d’être fêtes chrétiennes, souvent populaires, par régies selon leurs propres les musulmans était courante. lois. Ces droits supposaient l’acquittement d’impôts spécifiques (foncier, kharaj et de capitation, jizya). Non seulement la pratique de leur culte par les dhimmis, dans l’espace privé ou public, n’était pas (sauf exception, relevant de facteurs externes) conçue comme une menace, mais encore cette coexistence pacifique a-t-elle été à l’origine de phénomènes d’acculturation d’autant plus significatifs qu’ils n’étaient pas à sens unique. D’après l’historien al-Massoudi, qui écrit en 947, nombreux sont les musulmans qui se joignent aux chrétiens pour fêter les Qalandas, c’est-à-dire le Nouvel An. Le même terme (du latin calendæ) est utilisé en 985 par le chroniqueur jérusalémite al-Muqaddasi pour en Andalousie […] Que les le calife de Cordoue Abd décrire le même phénomène musulmans adoptent de ar-Rahman III, qui organien Palestine. bon cœur pareilles pratiques sait des courses de chevaux. […] qu’ils fassent quelques- De même la fête chrétienne La Reconquista mettra uns de ces préparatifs, que d’al-Milad (la Nativité) et les enfants s’amusent […] celle, à l’origine païenne, de fin à cette politique à fabriquer des tabernacles Yannayer (Nouvel An, du lade tolérance En Egypte, c’est le Nouvel aux Calendes et à faire bom- tin berbérisé puis arabisé jaAn copte (le mois de Thôt) bance à Noël, il ne le faut nuarius, «janvier»). Ces praqui reste une grande fête pas. Toutes ces pratiques ne tiques disparaîtront avec les populaire sous le califat des conviennent pas aux musul- communautés chrétiennes Fatimides (Xe-XIIe siècles). mans»… La Saint-Jean était autochtones, c’est-à-dire Quant au Maghreb, l’ouléma effectivement fêtée par les vers le XIIe siècle. Face aux malékite kairouanais Abu al- musulmans d’Andalousie et progrès de la Reconquista à Hasan al-Qabisi (935-1012) plus généralement par ceux l’ouest et à la colonisation écrit : «il est blâmable d’ac- du Maghreb occidental : al- normande à l’est, le nouvel cepter [des cadeaux] pour Ansara, de son nom arabe, empire hispano-maghré[ces] fêtes […] au nombre fête qui commémore Yahya bin des Almohades (1147desquelles figurent aussi : Ibn Zakkariyya (Saint Jean- 1269) répondra en effet par Noël, Pâques et Nouvel An Baptiste fils de Zacharie), l’abandon de la politique de chez nous [et] la Saint-Jean était célébrée avec éclat par tolérance.

digue censée contenir les flots déchaînés d’un être en proie à l’angoisse et à la solitude, en quête d’une paix qu’il ne trouve pas. La digue cède, et celle qui a dû grandir sans père sombre alors dans la dépression. Les soins en clinique psychiatrique soulagent mais ne guérissent pas. La lumière viendra de la soumission confiante à la volonté de Dieu : devenue musulmane Mélanie renaît.

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Islam des mondes

SEYFEDDINE BEN MANSOUR TUNIS «Il est des quartiers où les enfants ne peuvent pas manger leur pain au chocolat car c’est le Ramadan» a déclaré le 6 octobre dernier Jean-François Copé, en ouverture de sa campagne pour la présidence de l’UMP. Une campagne d’emblée axée sur une thématique d’extrême droite, opposant les Français de souche, «les Blancs», à ceux conçus comme relevant d’une altérité irréductible, «les musulmans». La manœuvre consiste ici à présenter la pratique religieuse de l’autre comme étant d’essence belliqueuse et comme ayant dès lors vocation à envahir l’espace public. Plus d’un millénaire avant la Déclaration universelle des droits de l’homme pourtant, à Damas, Bagdad ou Cordoue, les cloches des églises, les cortèges funéraires juifs ou les processions rituelles chrétiennes faisaient partie du quotidien de sociétés d’islam presque banalement plurielles. Le statut de dhimmi, quoique posant une inégalité de droit, a constitué, jusqu’à l’invention récente de la citoyenneté, le meilleur cadre légal en matière de vivre ensemble. A la fois inégalitaire et protectrice, communautariste et tolérante, la dhimma supposait des droits et des devoirs : aux «protégés» juifs, chrétiens ou zoroastriens, l’Etat garantissait la propriété des biens, l’intégrité des personnes, la liber-

DANSE

Quand des musulmans célébraient les fêtes chrétiennes

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OPINION15

19 - 25 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

La femme arménienne et son fils Les révélations sur les origines arméniennes de la mère de l’ancien éditorialiste ultranationaliste Ilhan Selçuk dans le livre de Hasan Cemal, 1915 : Ermeni Soykirimi, ont fait scandale. Pour le chroniqueur Ahmet Turan Alkan, qui estime que la Turquie doit requestionner son histoire officielle, la divulgation de la vie privée reste inexcusable. Le dernier roman de Hasan Cemal, intitulé 1915 : Ermeni Soykirimi (1915 : Le génocide arménien), a fait sensation et scandale en affirmant que la mère de l’ancien rédacteur en chef de AHMET TURAN ALKAN Cumhuriyet et voix des ultranationalistes en Turquie, Ilhan Selçuk, était d’origine arménienne. Je n’ai pas encore lu le livre mais son titre me fait penser à une ancienne grenade de fabrication allemande «dont on a retiré la goupille et dont on se demande si elle va exploser». Cette question mérite que l’on s’y attarde. La notion de génocide n’est pas un terme à prendre à la légère, mais précisons que les évènements qui ont eu lieu en 1915 n’ont rien de défendables. Pas besoin de faire un dessin : cette question, que nous essayons de jeter aux oubliettes en nous obstinant à la déléguer aux historiens, va réapparaître dans l’actualité dans quelques années et voir sa dimension internationale gagner en importance et en gravité. Nous allons probablement essayer d’en attribuer la faute à tout le monde sauf à

Edité par : Zukunft Medien GmbH Sprendlinger Land Str. 107-109 63069 Offenbach / Allemagne Directeur de la publication : HÜSEYİN KARAKUŞ Rédacteur en chef : EMRE DEMİR e.demir@zamanfrance.fr Gestionnaire administratif : FAHRETTIN TEKİN f.tekin@zamanfrance.fr Responsable publicité : MEHMET SELVİ m.selvi@zamanfrance.fr Secrétaires de rédaction : BAYRAM ŞEN b.sen@zamanfrance.fr FOUAD BAHRI f.bahri@zamanfrance.fr Directeur artistique : EVREN AYAZ e.ayaz@zamanfrance.fr

Relations publiques : SIDDIK İLHAN PARİS s.ilhan@zamanfrance.fr MEHMET DİNÇ Strasbourg m.dinç@zamanfrance.fr OSMAN USTA Orleans o.usta@zamanfrance.fr

ISSN 1869-5795 Imprimerie : ROTOCENTRE 348, rue Marcel Paul 45770 SARAN Adresse : 2 Boulevard Saint-Martin Paris 75010 Tel : 01 42 00 19 36 Faks : 01 42 00 19 58, info@zamanfrance.fr www.zamanfrance.fr - www.zamanfransa.com no CPPAP 112U90032

nous-mêmes, afin de nous dédouaner de notre responsabilité dans cette grande tragédie. D’ailleurs, nous avons beau avoir pour philosophie celle de vivre au jour le jour, il semble que nous allons inévitablement nous retrouver confrontés à de fortes pressions internationales à la veille du centenaire de la tragédie.

De la vérité officielle au devoir de vérité

Nous avons le devoir de connaître la vérité sur les évènements de 1915 et d’assumer cette vérité ; à cet égard, l’approche officielle de notre pays n’est défendable que pour une propagande adressée à des Turcs. L’opinion publique internationale n’approuve pas notre façon de nous justifier. Nous n’avons pas beaucoup d’amis, ça, nous l’avons bien compris, mais le fait d’être dénoncés par les parlements d’autant de pays ne mériterait-il pas de laisser au moins une place au doute ? Les divergences entre les vérités officielles et officieuses représentent un style propre à l’écriture de l’histoire turque, unique

en son genre ; des centaines dies continuaient à pleurer leurs de livres, d’articles que l’on souvenirs sanglants ? peut classer dans la catégorie «histoire contestataire» ont été Respecter la confidentialité écrits et ont trouvé écho dans de la vie privée la société. Le leitmotiv «Honte Revenons à notre sujet : Ilhan à l’histoire mensongère» prend Selçuk a gardé secret la véritable une place non négligeable sur identité de sa mère jusqu’à ce les étagères des livres écrits qu’elle meure. Que pouvait-il par les historiens de l’époque faire d’autre ? Les frères Selçuk contemporaine et nous tenons étaient des personnages aux pour vrai la quaidées politiques si-totalité de ce connues. Le fait qui figure dans que leur mère soit ce genre de livres, une orpheline arà une exception ménienne pouvait près : les évèneaffecter sérieusements de 1915. «Et si la "version ment leur carrière, Quand il s’agit officielle" que nous voire porter atteinte de parler de ces avons fait écrire à nos aux idées politiques évènements drahistoriens n’était pas qu’ils défendaient matiques, le fait – bien qu’il n’y ait vraie ?» de se dissimuler aucun rapport entre derrière l’excuse les deux. C’est avec du «mais eux aussi nous ont peine et honte que je rappoignardés dans le dos alors que pelle qu’aujourd’hui encore nous étions faibles et impuis- Arménien, Grec et Gitan sont sants» révèle à lui seul un signe aussi des termes à connotation de faiblesse. Et si la «version négative. Ce qu’il faut surtout officielle» que nous avons faite avoir à l’esprit, c’est que ce qu’a écrire à nos éminents histo- vécu Hikmet Kasim Hanim riens et qui est inscrite dans les n’était pas à l’époque un évèmanuels, dans les programmes nement isolé, accidentel ; bien scolaires, n’était pas vraie ? Et si au contraire des situations de dans la version que nous tenons ce genre devaient se compter pour vraie des milliers de tragé- par milliers. Si seulement ces enfants, ces personnes avaient pu choisir de leur propre gré la religion musulmane. Nous savons tous que cela n’avait pas été le cas et qu’ils y ont été contraints, qu’ils n’avaient pas le choix. Il n’y a pas de quoi être fier d’avoir un temps forcé des personnes de chez nous à changer de religion et d’identité. A ce stade, ce qu’il faudrait à présent mettre à l’ordre du jour, c’est que le fait de révéler ou non les identités gardées jusqu’alors secrètes, de rendre public ce type d’information ne concerne que les intéressés et leur famille, et doit en tout état de cause relever d’un choix personnel ; tout le monde devrait respecter ce choix. Je tiens à préciser à cet égard que je ne trouve pas correcte la révélation faite par Hasan Cemal dans son roman (si telle n’était pas la volonté d’Ilhan Selçuk). a.alkan@zaman.com.tr

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Les raisons du départ précipité d’Alex de Fenerbahçe Il y a quelques jours, le milieu de terrain brésilien Alex (35 ans) a subitement résilié son contrat avec Fenerbahçe. Un conflit d’intérêt avec son entraîneur serait la cause de son départ. Plusieurs clubs brésiliens sont sur les rangs pour enrôler le joueur. FLORIAN GAMBIN PARIS L’icône s’en est allée. Le 29 septembre dernier, au sortir d’une défaite en championnat contre Kasimpasa (2-0), une réunion se serait tenue dans le vestiaire de Fenerbahçe. L’entraîneur Aykut Kocaman aurait annoncé aux joueurs qu’il serait inconcevable pour le club d’avoir deux meneurs (lui et Alex). Le Brésilien se serait donc fait éjecter à cause d’un simple problème d’ego. Inimaginable. Alex sous le maillot des canaris jaunes c’est huit années de fidélité, 170 buts en 340 matchs et un statut de capitaine de l’équipe. Le 15 septembre, une statue de bronze à son effigie a été inaugurée non loin du stade où la formation turque joue. Avec son départ, ce n’est pas seulement Fenerbahçe qui perd un joueur d’exception, mais tout le championnat turc.

Le divorce était devenu évident

Les problèmes entre les deux hommes ne datent pas d’hier. Ils auraient débuté peu de

temps après la prise de fonction de Kocaman (2010). Cela faisait plusieurs semaines déjà que l’avenir du Brésilien s’inscrivait en pointillé du côté des rives du Bosphore. En août dernier, après un match de qualification pour la Ligue des champions contre Valsui (victoire 4-1), l’avenir du joueur avait déjà été mentionné. Sur son compte Twitter, Alex déclare que Kocaman est «jaloux» de lui. Ses relations avec le président Aziz Yildirim étaient elles aussi tendues. Ce dernier aurait voulu que le joueur signe un document qui stipule que Fenerbahçe ne lui devait rien. Ce que le milieu de terrain aurait refusé, provoquant ainsi la colère du président.

Retour au bercail ?

Depuis l’annonce de sa rupture de contrat, de nombreux clubs brésiliens tels que Palmeiras, Cruzeiro, Grêmio et Santos ont fait part de leur intérêt. Lors d’un entretien accordé à la chaîne de télévision brésilienne Estadao,

Gilson Kleina, l’entraîneur de Palmeiras, a annoncé qu’Alex aurait donné sa priorité au Verdao. «Ce que je sais, c’est que Sampaio [César Sampaio, directeur sportif de Palmeiras] a appelé Alex, il a de l’intérêt pour Palmeiras [...]. Il a connu une résiliation compliquée en Turquie où les supporters voulaient qu’il reste. Il a décidé de prendre deux semaines pour réfléchir mais autant que je sache, il a dit qu’il parlerait en priorité avec Palmeiras» a déclaré Gilson Kleina.

Huit ans après avoir intégré le club, Alex a décidé de quitter Fenerbahçe.


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