Zaman France N°237 - FR by Zaman France

Après deux saisons au fond du gouffre, avec seulement 15 buts en 89 rencontres, Mevlüt Erding, l’attaquant turc du stade rennais, semble enﬁn remonter la pente.

11 INTERNATIONAL

SPORT

Mevlüt Erding, de l’ombre à la lumière ?

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2 - 8 NOVEMBRE 2012 N° 236

Le modèle de santé français s’essouffle

Une enquête co-publiée par le CSA indique que 57 % des Français ne se soigneraient plus faute de moyens ou en raison d’un mauvais remboursement des soins. Cette étude qui bat en brèche le modèle social à la française divise aussi les professionnels de la santé. Zaman France a voulu leur donner la parole. -SOCIETE 06

10 ans d’AKP entre réformisme et conservatisme

Un tribunal italien reconnaît le lien entre portable et cancer rSANTE 12

Le mariage des mineurs persiste en Turquie rTURQUIE 07

L’islam, trop visible pour la majorité des Français

Gürsel sur les traces de Nazim Hikmet

rL’ange rouge

Dans son dernier ouvrage , Nedim Gürsel revient sur les années d’exil de l’écrivain turc Nazim Hikmet emprisonné pour ses convictions communistes. Une plongée dans le passé berlinois du XXe siècle qui a remis au goût du jour l’œuvre oubliée de ce grand poète turc. -CULTURE 13

Filippetti salue la «vitalité de la création» turque

A l’occasion de la remise de la Légion d’honneur le 29 octobre à l’écrivain turc Orhan Pamuk, prix Nobel de littérature en 2006, Zaman France a rencontré la ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti. La ministre a salué le dynamisme culturel de la Turquie et a souligné sa «passion» pour la ville d’Istanbul. qFRANCE 05

Un sondage publié par Le Figaro montre que 60 % des Français considèrent que la religion musulmane est trop visible et surmédiatisée en France, et 43 % jugent qu’elle représente une «menace». Pour le président du CFCM, «les Français ne connaissent l’islam qu’à travers l’actualité, qui se concentre sur les faits négatifs comme l’arrestation de radicaux». -FRANCE 03

La peur de celui qui nous ressemble rSELAMI VARLIK 02

02 SOCIETE Etudes Plus Montargis La peur de celui chez les pompiers qui nous ressemble

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EDITO SELAMI VARLIK

Le dernier débat entre les deux candidats à la présidence américaine, Obama et Romney, a été l’occasion de se demander où se situent aujourd’hui les Etats-Unis à propos de la question de la lutte contre le terrorisme. Même si la question fut circonscrite à la politique étrangère, le sujet continue de hanter beaucoup d’Américains. Il est d’ailleurs notamment au cœur de la série Homeland, qui a littéralement triomphé aux derniers Emmy Awards, faisant sensation notamment dans sa façon de se démarquer de 24 heures, l’autre série du genre, qui, à l’inverse, proposait une vision très caricaturale de la menace terroriste, dans une Amérique traumatisée par le 11 septembre 2001. Avec Homeland, où on ne cesse de se demander si le lieutenant Brody est un agent double, les choses sont moins manichéennes, l’héroïne est psychotique et la CIA refuse de sombrer dans la paranoïa, à tort. Car finalement Brody a bien l’intention de commettre un attentat pour éliminer le fleuron de l’administration américaine. La seule vraie différence est qu’ici l’ennemi nous ressemble, au sens propre du terme, et qu’il souffre lui aussi. Le mal n’est plus seulement entré sur nos terres, comme avec le Word Trade Center, il est entré dans nos gènes, car il touche des convertis, qui, à l’image de ce qu’a révélé la triste actualité française des dernières semaines, sombrent parfois dans la folie la plus violente. Mais, dès lors, l’Autre n’est plus physiquement identifiable : il pourrait être n’importe lequel d’entre nous. Ce glissement est ainsi caractéristique d’une nouvelle façon de penser une certaine crise identitaire dans laquelle on craint de se fissurer de l’intérieur et non plus de devoir lutter vaillamment contre un ennemi extérieur. Les frontières étant, comme les identités, poreuses, on a peur de devoir changer et d’être ainsi dénaturés intérieurement, à l’image d’une idéologie d’extrême droite hantée par l’obsession de l’invasion. Peut-être inconsciente de la métaphore, Marine Le Pen avait eu recours à ce registre en affirmant que les Français mangeaient de la viande halal malgré eux. D’ailleurs, l’un des ressorts de la rhétorique complotiste est d’accuser des individus physiquement non-identifiables, ressemblant à tout le monde, mais censés avoir des intentions secrètes sournoises. selamivarlik@zamanfrance.fr

SAMI KILI MONTARGIS Dans le cadre de son projet de «responsabilisation sociale», le centre de soutien scolaire a organisé une sortie à la caserne de Villemandeur. Les gros camions, les hommes en uniforme, le récit des aventures et la ﬁgure du héros. Une combinaison sans doute des plus assorties dans l’esprit d’un enfant. Une admiration mêlée de respect qui s’impose tout naturellement, voilà à quoi ont eu droit les sapeurs-pompiers de la caserne de Villemandeur. Le centre de soutien scolaire de Montargis vient d’organiser une de ses traditionnelles «sorties instructives». Celal Erdem, le directeur, a opté pour une visite chez les pompiers, un des métiers les plus fascinants dans l’imaginaire des jeunes. «Nous essayons d’alterner sortie récréative et sortie civique ; l’activité socioculturelle permet de responsabiliser les élèves, leur

permet de gagner en conﬁance, de se positionner, d’avoir un avis, d’avoir quelque chose à dire, à partager», indique-t-il. Le jeudi 24 octobre, quinze élèves du CE1 à la 5e ont ainsi suivi, émerveillés, les explications du lieutenant Florian Raffaitin. Après les présentations d’usage concernant la caserne, l’historique, l’effectif, le rôle, les pompiers ont dévoilé leur belle collection de camions, que les enfants attendaient de découvrir avec impatience. Du fourgon pompe-tonne au camionciterne feux de forêt en passant par l’échelle pivotante automatique, ils en ont eu plein les yeux. Capable de se déployer sur 32 m, cette dernière a particulièrement fasciné. Burak Özüer, un élève de 5e, a eu l’opportunité de porter l’uniforme, les gants et le casque pour prendre part à une simulation. Le lieutenant Raffaitin a apprécié l’intérêt des partici-

Etudes Plus a organisé une visite de la caserne de Villemandeur, pour les enfants.

pants et la pertinence du concept d’Etude Plus qui marie soutien scolaire et implication sociale. Des crayons, des autocollants et des dépliants ont été distribués aux élèves en souvenir de cette visite qui aura duré une heure et demie. Le directeur a d’ores et déjà pris rendez-vous pour les adolescents. «Il est essentiel de venir voir ces

gens en temps normal, d’apprécier leur dévouement, de faire naître des vocations chez les ados», a-t-il déclaré. «L’élève est aussi un citoyen, un citadin, un individu, il est aussi de notre devoir de s’intéresser à cette facette. La prochaine étape consistera à organiser un séminaire sur les addictions».

L’ouragan Sandy qui s’est abattu sur New York (Etats-Unis) a provoqué la mort de 51 Américains et 15 autres ont été portés disparus. L’estimation des dégâts causés est évaluée entre 10 et 20 milliards d’euros. Dans certaines régions de la côte est des Etats-Unis, il est tombé jusqu’à 50 centimètres de pluie.

...ET UNE MAUVAISE

UNE BONNE...

La filière du lait en Turquie est en crise

La municipalité de Fatih à Istanbul doit mettre en place un plan de développement qui vise à protéger plusieurs zones dans la péninsule historique de la ville (la Corne d’Or), comme les environ d’Eminönü et de Sultan Ahmet. Le projet doit commencer à la mi-novembre, après une période où les citoyens étaient appelés à partager leur opinion à ce sujet. Le maire adjoint de la municipalité de Fatih, Adnan Güler, a déclaré dans une interview à Zaman que la municipalité planche sur ce

La ﬁlière agricole du lait en Turquie est peut-être menacée. D’après M. Bayraktar, président de l’Union turque des chambres agricoles (TZOB), «les élevages sont déversés dans les abattoirs en raison des faibles prix du lait, on ﬁnit par être obligé d’acheter des animaux provenant de l’étranger». Les problèmes auxquels sont confrontés les professionnels du lait en Turquie concernent notamment la stabilité

dossier depuis 2011. Le plan a pour objectif de prévenir la construction et la démolition de bâtiments sans l’obtention au préalable d’un permis de la municipalité de Fatih. Celle-ci divisera le quartier en zones résidentielles et commerciales. La construction de zones résidentielles dans les espaces dédiés aux commerces sera interdite, et vice-versa. La municipalité espère résoudre le problème de constructions incontrôlées de nouveaux édiﬁces.

des prix et les importations de bétail en provenance de différentes parties du monde qui ne permettent pas aux agriculteurs locaux de pouvoir rivaliser avec les importateurs. Autre problème : la sécheresse due aux faibles précipitations, qui a provoqué une poussée des prix des aliments pour animaux, et donc une augmentation du coût de l’alimentation des vaches laitières.

NOUVELLE

La municipalité de Fatih veut protéger la Corne d’Or

03 FRANCE

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«Mon grand-père était un Arabe, pas un Pied-Noir, un Arabe» Réponse d’Arnaud Montebourg ministre du Redressement productif, lors de l’émission Face à l’actu sur Beur FM, lorsque la question sur ses origines lui a été posée.

L’islam, trop visible pour la majorité des Français Un sondage publié par Le Figaro montre que 60 % des Français considèrent que la religion musulmane est trop visible et surmédiatisée en France, et 43 % jugent qu’elle représente une «menace». Pour le président du CFCM, «les Français ne connaissent l’islam qu’à travers l’actualité, qui se concentre sur les faits négatifs comme l’arrestation de radicaux». La majorité des Français jugent l’islam trop visible et 43 % le considèrent comme une «menace», selon un sondage publié jeudi par Le Figaro, qui a immédiatement donné lieu à des interprétations divergentes sur les causes de cette crispation. Ce sondage Ifop, qui reprend notamment des questions posées depuis 1989 aux Français, montre une nette dégradation de l’image de la deuxième religion de France ces dernières années. Aujourd’hui, 60 % des sondés pensent que la visibilité et l’inﬂuence de l’islam sont «trop importantes» (55 % il y a deux ans) et 43 % considèrent l’islam comme une menace (42 % en 2010). Plus précisément, 43 % des personnes interrogées sont opposées à l’édiﬁcation de mosquées (22 % en 2001), 63 % au port du voile dans la rue (32 % en 2003) et 45 % se disent «hostiles» à l’élection d’un maire d’origine musulmane dans leur commune (35 % en 2001). «Tout se passe comme si les marqueurs du communautarisme étaient devenus insupportables aux Français», ajoute le quotidien conservateur.

L’affaire Lies Hebbadj, accusé de polygamie, est emblématique de cette surmédiatisation négative autour de l’islam en France.

Zoom

Mail for good ou l’ère du don gratuit MAUD DRUAIS PARIS Donner aux associations sans débourser un centime : c’est l’idée surprenante et pour le moins innovante qu’a trouvée Ismaël Le Mouel. A peine sorti d’HEC et de polytechnique, le jeune diplômé découvre l’entrepreneuriat social en Argentine au sein de ﬁrmes autogérées, puis lance Mail for good, le «premier portail de soutien au secteur associatif» avec un ami, Bruno Humbert. Deux possibilités s’offrent aux visiteurs généreux du site internet : ou donner

«Les Français négligent les facteurs économiques et sociaux»

Face à cette mise en demeure, le Conseil représentatif du culte musulman (CFCM) rejette la faute sur le traitement politique et médiatique de l’islam. «Les Français ne connaissent l’islam qu’à travers l’actualité, qui se concentre sur les faits négatifs comme l’arrestation de radicaux», souligne le président du CFCM Mohammed Moussaoui. «Il y a un traitement politique et social de l’islam et non spirituel», dit-il. Déplorant les polémiques sur l’abattage rituel ou le ramadan, il a regretté que certains «agitent la peur de l’islam». «Forcément, cela influence les sentiments des Français» ajoute M. Moussaoui. Le sociologue Raphaël Liogier, auteur du Mythe de l’islamisation et professeur à Sciences Po Aix, s’est dit très préoccupé par le sondage qui, selon lui, reflète une «situation explosive». Le «plus grave», dit-il, est la statistique suivante : 68 % des sondés attribuent les problèmes d’intégration des musulmans à leur «refus de s’intégrer». «En disant cela, les Français supposent une intention maligne et négligent les facteurs économiques et sociaux», estime le chercheur. «On est dans la définition clinique de la paranoïa : on a peur de choses que l’on ne voit même plus, que l’on suppose exister» poursuit M. Liogier.

Mail for good permet par un simple clic de collecter des fonds pour les associations grâce aux recettes publicitaires.

par carte bancaire, ou faire un mini don, aussi appelé «don gratuit». Le principe mis en place par la start up est simple. L’internaute va sur le site internet, choisit une association, clique sur «donner une minute». Ensuite, il sera invité à visionner le spot publicitaire d’un annonceur, qui reversera cinq centimes à l’association que l’internaute a souhaité soutenir. «Finalement, explique le fondateur de Mail for good à France Info, si tout le monde donne 5 centimes tous les jours à une association, à la ﬁn de l’année ça fait

quand même quasiment 100 euros par personne si on le fait plusieurs fois par journée». Et même s’«il n’y a pas de magie, c’est grâce à la publicité», le principe rencontre un franc succès. Déjà 468 associations sont inscrites sur le site internet, des plus grandes structures, comme Action contre la faim, aux plus petites entités. Les donateurs découvriront ainsi une kyrielle de petites associations inconnues, preuve du dynamisme de la vie associative française. Pour Ismaël Le Mouel, mail for good est aussi un moyen d’inciter les donateurs à passer du don minute au don en ligne. Cette initiative sera-telle la solution de demain à la crise que traversent les associations et les ONG ? Un rapport Mediapris/France générosité démontre en effet que 31 % des donateurs français prévoient de réduire leurs dons, tandis que 22% d’entre eux projettent de ne plus en faire du tout en 2012.

05 FRANCE

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Filippetti salue la «vitalité de la création» turque A l’occasion de la remise de la Légion d’honneur le 29 octobre à l’écrivain turc Orhan Pamuk, prix Nobel de littérature en 2006, Zaman France a rencontré la ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti. La ministre a salué le dynamisme culturel de la Turquie et a souligné sa «passion» pour la ville d’Istanbul. MAUD DRUAIS, FOUAD BAHRI PARIS

La remise de la Légion d’honneur à Orhan Pamuk est-elle une reconnaissance de l’œuvre de l’artiste ou de la littérature turque en général ?

Orhan Pamuk est l’un des tout premiers meilleurs écrivains turcs, et le fait qu’il ait eu le prix Nobel, évidemment, est une consécration pour lui mais aussi pour toute la littérature turque. Et donc c’est à la fois à l’écrivain, évidemment, que je remets la Légion d’honneur, et aussi je salue, à travers lui, la formidable création littéraire et artistique en Turquie.

Selon vous, les échanges culturels entre la Turquie et la France sont-ils suffisants ? Faut-il les renforcer ? Moi, je serais très volontaire et très soucieuse de renforcer et de déve-

lopper les échanges culturels entre la France et la Turquie parce qu’on a, aujourd’hui, en Turquie, une vitalité de la création qui est remarquable ; alors évidemment beaucoup à Istanbul. La scène stambouliote en matière d’art contemporain, c’est important, mais aussi en matière de design, de mode, et en matière littéraire. Il y a le cinéma aussi qui émerge, la musique. C’est vraiment une ville où il se passe quelque chose de fondamental du point de vue de la culture.

Les Français savent peu de choses de la Turquie. Comment l’expliquez-vous ?

Souvent, quand ils vont en vacances (les Français, ndlr) en Turquie ils ne restent pas toujours à Istanbul. Et puis ils ont une vision très partielle de ce qui s’y passe, mais les artistes

français, savent, eux ce qui se passe là-bas ! D’ailleurs il y en a beaucoup qui vont s’installer ou en tous cas chercher de l’inspiration à Istanbul. Je voudrais donc qu’on tire le meilleur proﬁt de ces échanges entre des artistes, et puis aussi de la présence d’artistes turcs en France, depuis parfois très longtemps et ça, pour nous, c’est une richesse.

Et vous, connaissez-vous la Turquie ? Je connais Istanbul, et je ne connais pas le reste de la Turquie malheureusement… mais j’ai vraiment une grande passion pour la ville d’Istanbul, que je trouve être une ville extraordinaire, magniﬁque, et puis vivante, enﬁn vraiment qui bouge, qui est pleine d’énergie !

Paris rend hommage au Victor Hugo turc La ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, a remis la Légion d’honneur au prix Nobel de littérature turc Orhan Pamuk.

MAUD DRUAIS PARIS C’est dans une salle aux luxueuses dorures de l’ancienne résidence royale rue de Valois, au ministère de la Culture et de la Communication, que l’écrivain turc Orhan Pamuk, prix Nobel de littérature en 2006, a reçu lundi les insignes d’Officier de l’ordre national de la Légion d’honneur. La ministre française de la Culture Aurélie Filippetti a débuté la cérémonie de remise de la distinction par un discours où elle a salué sa «liberté de style» et son combat «contre toutes les intolérances». «Vous restez, malgré toutes les consécrations, un écrivain d’avantgarde, un éternel novateur», a souligné Aurélie Filippetti en recevant l’écrivain dont les livres ont été écoulés à plus de 11 millions d’exemplaires dans le monde. Au cours d’un discours d’une dizaine de minutes, la ministre n’a pas hésité à comparer le prix Nobel turc à l’écrivain français Victor Hugo, qui marqua le XIXe siècle, ainsi que sa «filiation» avec André Malraux qui occupa remarquablement les lieux en tant que ministre de la Culture.

L’innocence au cœur du discours d’Orhan Pamuk

La ministre a poursuivi en déclarant que «cette liberté dans le style cor-

Repères :

Une œuvre traduite dans plus de 60 langues

respond totalement à la liberté de l’homme (...) Vous qui n’avez jamais hésité, même au prix d’une très grande solitude, à vous élever contre l’oubli, les silences de l’Histoire». Orhan Pamuk s’était en effet distingué à plusieurs reprises, notamment lorsqu’il avait soutenu le procès lié à l’affaire retentissante d’Ergenekon. L’écrivain turc a quant à lui reçu la plus haute décoration honorifique française en faisant référence à l’innocence, très présente dans son œuvre.

Il s’est comparé à un enfant, confessant avoir «vécu comme (il voulait), comme un enfant irresponsable», et remerciant «avec la joie d’un enfant qui veut continuer à jouer avec ses jouets». «A chaque médaille, l’enfant qui est en moi essaie de voir le côté plaisantin de la chose» a-t-il déclaré. Orhan Pamuk a également souligné son amour de la littérature et de la peinture françaises et a chaleureusement remercié son éditeur Antoine Gallimard.

Les livres de l’écr ivain turc, né le 7 juin 1952 à Istanbu l, on immense succès en t rencontré un France. Ses ouvrages sont tra duits dans plus de 60 langues. Il a ég alement été en 2006 le premier Tu rc à être couronné par le prix Nobel de littérature. Nombre de ses ro man France chez Gallim s, publiés en ard, sont devenus des classiques : La Mai Mon nom est Roug son du Silence, e, Le Livre Noir, D’autres couleurs, Neige, prix Médici s étranger 2005, Le Musée de l’innocence... L’écrivain, qui accumule les prix littéraires au x Etats-Unis et en Europe, a égalem ent reçu vendredi le prix Sonning, la pl us prestigieuse récompense cultu relle au Danemar k.

06 SOCIETE

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Le modèle de santé français s’essouffle Une enquête co-publiée par le CSA indique que 57 % des Français ne se soigneraient plus faute de moyens ou en raison d’un mauvais remboursement des soins. Cette étude qui bat en brèche le modèle social à la française divise aussi les professionnels de la santé. Zaman France a voulu leur donner la parole. FOUAD BAHRI PARIS Un constat accablant. D’après une enquête du Centre d’études et de connaissances sur l’opinion publique (Cecop) et de l’Institut CSA, un Français sur cinq renonce «plus souvent» à se faire soigner. 57 % s’en priveraient «par manque d’argent» et 41 % «parce que le remboursement aurait été insufﬁsant». Ces chiffres remettent sérieusement en cause le modèle de santé à la française tant vanté, même si ses problèmes structurels, comme les déﬁcits abyssaux de la Sécurité sociale, sont bien connus. Mais comment comprendre qu’un tel fossé se soit creusé entre les Français et leur santé ? Pour le docteur Didier Ménard, président du Syndicat de la médecine générale (SMG), ces chiffres ne sont pas une surprise. «La politique de taxation des maladies et l’envolée des dépassements d’honoraires ont fait des dégâts» explique-t-il. Selon lui, la plupart des spécialistes facturent des actes médicaux (radios, examens, chirurgie ambulatoire) inaccessibles dans leurs tarifs, y compris

41 % des Français estiment que le remboursement des soins est insuffisant.

pour les coûts de l’hospitalisation. «J’ai des patients qui m’ont révélé avoir fait des crédits pour payer des frais d’hospitalisation. L’Assurance maladie ne rembourse que 50 % de ces frais et tout le monde ne peut pas prendre de mutuelle» confie Didier Ménard. à l’étranger. «La consultation des généralistes est à 23 euros, la moins chère de Mais tous les professionnels l’OCDE. Dans beaucoup de de la santé ne partagent pas cas, le patient peut avoir le ce bilan négatif. Michel Com- tiers payant. Ceux qui ont bier, médecin et président de la Couverture médicale unil’Union nationale des omni- verselle (CMU) ont accès praticiens franaux soins sans çais (UNOF), avancer d’argent, considère ainsi et il y a l’Aide à la que ce tableau complémentaire noir «n’est pas santé (ACM) pour la réalité». «Il ceux qui sont aun’y a pas 57 % «Des patients m’ont dessus du barème des Français révélé avoir fait des de la CMU» pourqui renoncent crédits pour payer des suit-il. Michel à se faire soireconfrais d’hospitalisa- Combier gner ou alors naît pourtant des tion» nos cabinets problèmes de seraient vides» remboursement assène-t-il. Le président de et des tarifs particulièrement l’UNOF rappelle par ailleurs excessifs en ce qui concerne que le système de soins fran- la médecine dentaire et çais est le plus performant en l’optique. Faut-il donc en terme de couverture sociale conclure que l’état des lieux et qu’il n’a pas d’équivalent médical en France n’est pas

La meilleure couverture médicale du monde ?

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si catastrophique ? Que la CMU et l’ACM tiendraient lieu de bouées de sauvetage sanitaire des Français ? Faux, rétorque pour sa part Didier Ménard. «Au départ, vous pouviez avoir la CMU seulement par déclaration sur l’honneur. Mais depuis 10 ans, les gouvernements n’ont cessé de mettre des obstacles administratifs pour l’obtenir. Beaucoup de gens qui y ont théoriquement accès n’arrivent pas à l’avoir. Il y a aussi les jeunes et les personnes âgées qui n’y ont pas droit» argumente le président de la SMG.

La santé est un choix de société

Quelles sont alors les causes exactes du malaise sanitaire des Français ? Là-encore, les réponses divergent. Pour Michel Combier, «la Sécurité

sociale n’a plus les moyens». «On n’a pas un problème de dépenses, mais de recettes. Il y a du chômage et la majorité des recettes de l’Assurance maladie étant surtout indexée sur le travail, on a un défaut de financement qui diminue les remboursements» diagnostique-t-il. Le responsable médical préconise dès lors une réforme du financement de la Sécurité sociale avec une augmentation de la CSG et un élargissement de l’assiette de paiement. Pour Didier Ménard, tout repose sur un choix de société qui relève d’abord du politique. «L’Assurance maladie est déficitaire parce qu’on a exonéré les entreprises de payer plus de cotisations. C’est un choix politique. Soit on met l’argent dans la santé publique, soit on le met ailleurs» affirme le président de la SMG.

Il y aura «un peu plus» d’expulsions d’étrangers en 2012 Il y aura «un peu plus» de reconduites à la frontière en 2012 qu’en 2011, soit plus que le record de 33.000, mais ce n’est pas le résultat «d’un objectif chiffré», a indiqué vendredi à l’AFP le cabinet du ministre de l’Intérieur. «En 2012, le nombre d’éloigne-

ments sera supérieur à celui de 2011», avait indiqué Manuel Valls jeudi soir devant des députés, sans fournir plus de précisions. «Il y a de la part de ce gouvernement, une volonté de mener une politique humaine, juste, mais très ferme sur les reconduites à la fron-

tière», avait-il toutefois ajouté. Il s’était dit opposé à une «politique du chiffre qui pèse énormément sur les forces de l’ordre. Elle amène à des comportements, à des tensions qui ne conduisent pas à l’efﬁcacité». Claude Guéant, alors ministre de l’Intérieur, avait indi-

qué en début d’année viser la barre des 40.000 reconduites à la frontière en 2012 en cas de réélection de Nicolas Sarkozy. Le bilan 2012 sera ﬁnalement inférieur à cet objectif de la droite car «le nombre d’éloignements diminue progressivement depuis mars», a souli-

gné le cabinet de M. Valls. Cette baisse n’est pas la résultante de consignes, mais découle de l’impossibilité de recourir à la garde à vue pour les sans papiers depuis des décisions de la justice européenne et de la Cour de cassation, selon cette source.

07 TURQUIE

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Le mariage des mineurs persiste en Turquie Le mariage des mineurs reste une pratique encore très présente en Turquie. D’après le Fonds des Nations unies pour la population, un tiers des mariages en Turquie impliquerait un jeune de moins de 18 ans. La plupart de ces unions concernent des ﬁlles. où 5 % des enfants sont touchés. Les familles où le niveau d’éducation est faible y ont recours plus souvent.

Une campagne pour sensibiliser les Turcs

Il y a un an, la ministre de la Famille et des Politiques sociales Fatma Sahin a participé à une commission parlementaire contre le mariage des ﬁllettes en Turquie.

son article 16.2 que «les mariages et fiançailles d’enfants n’ont aucun effet juridique et [que] toutes les mesures nécessaires, y compris les dispositions législatives doivent être prises afin de fixer un âge minimal pour le mariage». L’année dernière, en Turquie, 20.000 familles ont ouvert un dossier pour obtenir la permission de marier leur fille avant l’âge de 16 ans.

Les détenus kurdes mettent le gouvernement sous pression La grève de la faim collective observée par des centaines de détenus politiques kurdes à travers les prisons de Turquie met le gouvernement turc dans l’embarras alors que la situation des protestataires devient de plus en plus précaire. Le mouvement est suivi depuis plus de 50 jours par environ 700 prisonniers de plus de 50 prisons pour la plupart membres du principal parti pro-kurde de Turquie, le Parti pour la paix et la démocratie (BDP), et des prévenus accusés de liens avec la rébellion kurde. «La situation des grévistes se détériore de jour en jour», a indiqué à l’AFP un responsable de l’Association des droits de l’homme (IHD) qui a aussi fait état de certains mauvais traitements contre les protestataires. Le mouvement a été lancé le 12 septembre, date anniversaire du putsch Le ministre de la Justice turc, Sadullah Ergin, en militaire de 1980, par quelques dizaines de visite à la prison de Sincan le 24 octobre dernier. détenus. Depuis, il s’est propagé rapidement

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à des dizaines d’établissements pénitenciers, attirant l’attention des médias et des responsables politiques. Les protestataires ne se nourrissent que d’eau salée et sucrée et de vitamines. Les militants kurdes réclament le droit à l’éducation en langue kurde, ainsi que le droit d’utiliser leur langue maternelle dans les tribunaux, ce qui leur est refusé actuellement. Le ministre a afﬁrmé que le gouvernement envisageait une réforme dans ce domaine, mais sur l’autre revendication, celle de faire lever les restrictions sur l’usage du kurde dans les lieux publics, il n’a rien promis, car une telle initiative paraît très difﬁcile, même si d’importants progrès ont été faits en faveur des droits culturels des Kurdes ces dix dernières années. L’autre revendication concerne la libération du chef de l’organisation terroriste, Abdullah Öcalan, emprisonné sur l’île d’Imrali (nord-ouest) depuis 1999.

BREVES ECO

IMPORTATION

Le 19 octobre dernier, l’agence de l’UNFPA en Turquie a publié une vidéo pour sensibiliser les Turcs sur la tragédie des enfants mariés (Child Brides). L’UNFPA a montré que le phénomène touchait majoritairement les ﬁlles. Selon les chiffres du ministère turc de l’Education, 97,4 % des mineurs quittant le milieu scolaire à la suite d’un engagement marital sont des ﬁlles. La Turquie reste très loin derrière les pays d’Afrique subsaharienne et d’Asie du sud où les mariages précoces sont très répandus. D’après l’Unicef, 77 % des Nigériennes qui ont entre 20 et 24 ans se sont mariées avant l’âge de 18 ans. La Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (1979) qui condamne cette pratique souhaite que des mesures soient prises contre les mariages de mineurs et plus largement celui des enfants. Elle stipule dans

Ankara augmente les tarifs pour le bétail

NOIX

FLORIAN GAMBIN PARIS Le 11 octobre dernier a eu lieu la première journée mondiale des ﬁlles. Le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) coopère avec Ankara depuis 1971 pour dénoncer les mariages des jeunes ﬁlles mineures dans le pays, dans le but de mettre un terme au phénomène. Le mariage des mineurs (moins de 18 ans), qui implique très majoritairement des filles, est reconnu comme une violation des droits humains par l’Unicef. Mais les mariages précoces sont des pratiques qui restent tout à fait autorisées sur tout le territoire turc. Un mariage sur trois concerne celui d’un mineur en Turquie et 28 % sont des unions entre deux mineurs, d’après les chiffres de l’UNFPA. C’est dans la région de l’est de l’Anatolie que cette pratique est la plus courante. On y recense environ 10 % de mariages qui incluent des mineurs. Il faut aller à l’est de la mer noire pour trouver des chiffres plus bas avec 3 % de mariages. Les zones rurales comptent le plus grand nombre de victimes de ces pratiques (environ 9 %), contrairement aux zones urbaines

La Turquie devient le 3e producteur mondial

Le gouvernement turc a pris la décision d’augmenter les tarifs sur les importations de bétail et de viande. Cette décision a été publiée dans le Journal officiel, un choix visant à offrir un avantage concurrentiel aux producteurs locaux sur le marché intérieur. Le droit de douane sur les importations de vaches pesant plus de 400 kilogrammes et les agneaux de moins de 12 mois a été porté de 30 % à 40 %.

Après la Chine et les Etats-Unis, respectivement premier et deuxième producteurs mondiaux de noix, la Turquie se hisse sur la troisième marche du podium. Ankara produit chaque année plus de 178.000 tonnes de noix. Au cours de ces dix dernières années, la Turquie a accru sa production de noix de 53 %.

Le taux national de fécondité en Turquie a chuté à 1,9 naissances par femme. 69 % des nouveaux-nés ont des mères de moins de 30 ans d’après les dernières estimations. L’institut de statistiques TurkStat avait prévu plus tôt cette année que le taux de fécondité tomberait en dessous de deux en 2025.

08 TURQUIE 10 ans d’AKP entre réformisme et conservatisme

2 - 8 NOVEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

L’AKP du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan fête samedi ses dix ans au pouvoir en Turquie. Une décennie marquée par de nombreuses réformes et des succès économiques qui ont transformé le pays. Le bilan est néanmoins mitigé ces deux dernières années, avec plusieurs scandales et une stagnation en matière d’avancées démocratiques. Le 3 novembre 2002, le Parti de la justice et du développement (AKP) remportait avec 34% des voix les élections générales, balayant une classe politique minée par les scandales et une crise financière sans précédent. Cette victoire marque la fin de onze ans d’instabilité gouvernementale. Dix ans plus tard, les observateurs s’accordent à reconnaître d’importants succès sanctionnés par deux victoires écrasantes aux législatives de 2007 et 2011. Dans le domaine économique d’abord, où le gouvernement a conduit à son terme un accord avec le Fonds monétaire international (FMI), épuré le système bancaire et respecté une discipline budgétaire stricte, permettant un retour de la confiance et un envol de la croissance. A quatre reprises en dix ans, elle affichera un taux annuel supé-

rieur à 8 %. Le produit intérieur approche du pouvoir de plus en brut par habitant va ainsi tripler plus autoritaire. «Jusqu’en 2010, en une décennie, passant de l’AKP a fait des choses très utiles, 3500 dollars en 2002 à 10.400 mais depuis deux ans c’est une dollars en 2011. L’AKP multiplie vraie catastrophe», juge Baskin aussi les réformes politiques, Oran. En effet, plusieurs affaires comme le drame avec pour moteur le d’Uludere, où processus d’adhé34 citoyens turcs sion à l’Union eud’origine kurde ont ropéenne (UE) été tués par erreur lancé en 2005. A constituent un son crédit, une nouvelle approche «Ils ne sont pas figés exemple typique attitude déride la question dans l’idéologie qui d’une vant vers un autokurde, à laquelle l’AKP tente de ré- s’est constituée dans ritarisme latent. Le les années 1930» gouvernement avait pondre en autoritenté de dissimuler sant l’enseignece qui s’était réellement du kurde, et la fin de tabous sur des sujets ment passé, au lieu de «s’excupolémiques comme le «génocide ser, comme il l’a fait pour Derarménien». «Ils ne sont pas figés sim», assurait à Zaman Koray dans l’idéologie qui s’est consti- Çaliskan, politologue enseignant tuée dans les années 1930 et, de à l’université de Bogaziçi, en ce fait, ils ont été capables d’ac- juin dernier. De même, le grand complir des réformes pragma- chantier constitutionnel avance tiques et libérales», estime Bas- très lentement et «les débats rekin Oran, politologue latifs à une nouvelle constitution à l’université d’An- ont pris du retard par rapport à kara. Surtout, l’AKP ceux sur le système présidentiel», a réussi à mettre au souligne l’éditorialiste Ahmet pas l’armée turque, Turan Alkan dans les colonnes auteur de quatre de Zaman. Et c’est sans compter coups d’Etat en un la liberté de la presse qui est en demi-siècle. Menacé net recul. La Turquie détient le d’interdiction pour triste record mondial de journa3 novembre 2002 : arrivée au po cause d’islamisme, le listes emprisonnés. parti AKP. uvoir du parti va riposter en ro2004 : premières sur la chaîne publi émissions en langue kurde gnant les pouvoirs des L’AKP dans une phase difficile qu e TR T. 1er juin 2005 : adoptio généraux. La justice Le pouvoir AKP est désormais n d’u n nouveau code péna accordant plus de l turque va ainsi ouvrir aussi menacé par des perspecconforme aux exigelibertés individuelles et plus nces européennes. un procès qui enverra tives économiques plus sombres. 3 octobre 2005 : débu t des négociations sion avec l’Union eu en 2010 plus de 300 offi- Avec la crise qui frappe son prind’a dh éropéenne. 22 juillet 2007 : électi ciers derrière les bar- cipal client, l’Europe, la Turquie où l’AKP obtient 46 ons législatives anticipées, reaux dans le cadre de a révisé à la baisse ses prévisions ,7 % des voix. 30 juillet 2008 : la l’affaire Balyoz. de croissance pour 2012 à 3,2 %. une demande d’iCour constitutionnelle rejette nterdiction de l’A «3 %, ce n’est pas suffisant pour d’activités anti-laïqu KP, accusé es. 29 mars 2009 : électi contenir le chômage» en TurUne tendance autoritaire ? des voix mais reste ons municipales. L’AKP perd Autant de changements quie, où l’exode rural, la progresla première formatio tique du pays. n poliqualifiés de «révolution- sion du travail des femmes et la 12 septembre 2010 naires» par le sociologue pression démographique nécesréférendum une ré: la Turquie approuve par forme de la Cons 57,9 %. titution à Ferhat Kentel, de l’uni- sitent la création de 500.000 em12 juin 2011 : victoire versité stam- plois par an, prévient Seyfettin de l’AKP aux électi latives. ons légisbouliote Sehir. Gürsel, économiste à l’univer28 décembre 2012 : Mais pour lui et sité stambouliote de Bahçesehir. turcs d’origine kurdtragédie d’Uludere. 34 civils e sont tués. de nombreux ana- «Pour ça, il faut au moins 4,5 % 21 septembre 2012 lystes, cette «révolu- à 5 %» de croissance, poursuit-il, cadre de l’affaire : verdict des juges dans le condamnés à de la Balyoz. 300 suspects sont tion» s’est arrêtée il y a reconnaissant que «l’AKP entre prison ferme. deux ans. Pour le socio- dans une phase difficile de son logue, l’AKP connait une histoire».

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Le 3 novembre 2002 marque l’arrivée au pouvoir du parti AKP.

Le 3 octobre 2005, Ankara ouvre le début des négociations d’adhésion avec l’Union européenne.

Repères :

Les dates clés de la décennie AKP

Le 12 septembre 2010, la Turquie approuve par référendum une réforme de la Constitution à 57,9 %.

09EUROPE La justice allemande souligne l’illégalité du contrôle au faciès

2 - 8 NOVEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

La justice allemande a souligné l’illégalité des contrôles de police au faciès.

La justice allemande a souligné l’illégalité des contrôles de police selon la couleur de peau, en se prononçant en appel sur une plainte d’un étudiant allemand d’origine africaine, a-t-on appris mardi de source judiciaire. En première instance, le tribunal administratif de Coblence (ouest) avait donné tort à cet étudiant qui estimait avoir été discriminé lors d’un contrôle d’identité par deux policiers dans un train en décembre 2010. L’un des deux policiers avait reconnu que le plaignant avait été contrôlé «à cause de la couleur de sa peau». Estimant ce critère illégal, le jeune homme avait saisi la justice. Le tribunal administratif d’appel de Rhénanie-Palatinat (ouest) «a estimé lundi que ce contrôle était illégal et qu’il violait la loi interdisant la

discrimination», a indiqué à l’AFP un porte-parole du tribunal qui avait rendu sa décision oralement lundi. Le tribunal s’est prononcé à l’issue d’une confrontation entre les représentants du plaignant et des policiers. Les représentants des policiers «se sont excusés». «Il s’agit d’une affaire classée», a déclaré le porte-parole du tribunal Hartmut Müller-Rentschler. Cette décision a été saluée par des associations de défense des Droits de l’Homme. Amnesty International y a vu «un message important contre les discriminations lors des contrôles d’identité». L’Institut allemand pour les droits de l’Homme (DIM) a appelé le gouvernement allemand à «s’assurer qu’il ne soit plus fait appel à cette pratique au sein de la police fédérale».

Roms : l’UE durcit le ton contre les Balkans L’Union européenne a menacé jeudi de rétablir l’obligation de visa pour la Serbie et quatre autres pays des Balkans candidats à l’adhésion aﬁn de les contraindre à respecter les droits des Roms et à améliorer leurs conditions de vie. Le ministre suédois de l’Intérieur Tobias Billström a été très explicite à son arrivée à Luxembourg pour une réunion avec ses homologues de l’Union européenne. «Tout le monde doit faire ses devoirs avant d’adhérer à l’Union européenne», a-t-il afﬁrmé. L’un de ces devoirs est «d’améliorer le sort des minorités», a-t-il expliqué. Tobias Billström est l’un des sept signataires, avec ses homologues allemand, français, autrichien, belge, luxembourgeois et néerlandais, d’une lettre réclamant la possibilité de réintroduire une obligation de visa pour la Serbie, le Monténégro, la Bosnie-Herzégovine, l’Albanie et l’ancienne république yougoslave de Macédoine pour protester contre une augmentation croissante de demandes d’asile non fondées par les ressortissants de ces pays. «Ces personnes n’ont pas

droit à l’asile. Ils quittent leur pays à cause de leur situation économique», a insisté Tobias Billström.

Un mécontentement grandissant

«Nous avons besoin de toutes nos capacités d’asile pour ceux qui ont vraiment besoin de notre aide», a renchéri le secrétaire d’Etat allemand à l’Intérieur Ole Schröder. «Je pense surtout à la situation en Syrie, je pense aux gens d’Afghanistan. Il est inacceptable que nous ayons deux fois plus de demandeurs d’asile venus de Serbie que d’Afghanistan. Cela montre l’absurde de la situation, d’autant plus que la Serbie est candidate à l’adhésion à l’UE», a ajouté le représentant allemand. Ces prises de position très dures sont la manifestation d’un mécontentement grandissant contre les conditions dans lesquelles la Commission européenne négocie les adhésions, a-t-on expliqué de sources diplomatiques. «La Commission remplit des cases et les commissaires en charge de l’Elargissement se focalisent sur leurs résultats», a déploré un négociateur européen.

11 INTERNATIONAL

2 - 8 NOVEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Élections : le 11 septembre hante la diplomatie américaine Onze ans après les attentats du 11 septembre et alors que la campagne pour les élections présidentielles aux Etats-Unis bat son plein, le monde musulman associé au Proche-Orient est encore vu avant tout à travers le prisme d’enjeux sécuritaires et de risques liés au terrorisme. tat de l’absence de leadership de Barack Obama. S’il est élu, Mitt Romney promet un «changement de cap au Moyen-Orient». En d’autres termes, un durcissement qui se traduirait par une «diplomatie offensive», at-il revendiqué lors de son discours à l’Institut militaire de Virginie le 8 octobre dernier. Pourtant, pour le spécialiste des Etats-Unis Julien Vaïsse qui donnait une interview au Point, «si le républicain s’efforce de paraître plus dur que son adversaire, dans les faits, les contraintes liées à la fonction suprême l’empêcheront de se montrer belliqueux».

EN BREF

BERLIN

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dans l’esprit des Américains et dans celui des deux candidats. Si Barack Obama semble plus mesuré –«il est évident que nous ne pouvons affronter tous les enjeux de façon militaire»-, l’emblématique discours du Caire (2009), où il célébrait «un nouveau départ pour les Etats-Unis et les musulmans du monde entier» et la nécessité d’un Etat palestinien semblent bien loin. La priorité, aujourd’hui, c’est la lutte contre la terreur. «Ce que j’ai fait pendant ma présidence et ce que je continuerai à faire, c’est d’abord m’assurer que ces pays soutiennent nos efforts contre le terrorisme», assure-t-il. Le site de campagne d’Obama comprend paradoxalement un volet «sécurité nationale» mais se basant essentiellement sur le bilan de sa politique internationale au Moyen-Orient (guerre en Irak, en Afghanistan, Al-Qaïda). Et, même si le président américain a rappelé son engagement pour une «Palestine indépendante, prospère», le 25 septembre dernier, à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, l’échec sur ce dossier est cuisant.

Erdogan inaugure la nouvelle ambassade

BIRMANIE

blicain rappelle la menace que représente MAUD DRUAIS PARIS «C’est entendu : la politique étran- toujours Al-Qaïda, met dans le même sac gère ne joue aucun rôle dans l’élec- le président égyptien Mohammed Morsi, tion américaine» : ainsi débutait l’édito du Oussama Ben Laden, AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique) et prône Monde du 24 octobre dernier «une stratégie large et solide à visant à décrypter le débat même d’aider le monde musulopposant le président démoman (…) à rejeter cette radicacrate, Barack Obama, et le lisation violente et extrémiste», républicain Mitt Romney le aﬁn de «sortir de ce marasme 23 octobre. Un point à sou(au Proche-Orient)». Un interlever cependant : si au cours Obama : «nous ne de la campagne, il n’a jamais pouvons affronter ventionnisme qui n’est pas sans une époque pas si été question de l’islam, la tous les enjeux de rappeler éloignée où les Etats-Unis se question a été centrale lors façon militaire» voulaient être les gendarmes du du dernier débat. Et il est monde. Mitt Romney accuse frappant de voir que, 11 ans très vite Barack Obama : «m’ataprès les attentats du 11 septaquer n’est pas un programme et ne pertembre 2001, l’islam et le monde musulman met de parler ni du Moyen-Orient ni du sont presque toujours associés au terroterrorisme», deux thèmes indissociables, risme dans cette Amérique encore «traumatisée». Ainsi, la première partie du débat, donc. frisant l’amalgame, concernait à la fois les changements au Proche-Orient et les nou- Le bilan mitigé de Barack Obama veaux visages du terrorisme. Dans sa toute Le moins que l’on puisse dire, c’est que première prise de parole, le candidat répu- le 11 septembre est toujours bien présent

88 morts suite à des violences communautaires

Mitt Romney promet un durcissement

Quant à la stratégie du candidat républicain, elle a le mérite d’être claire et sans ambiguïté : «ma stratégie est claire, traquer les "méchants" (bad guys), mettre tout en œuvre pour les arrêter, et les faire disparaître du paysage». Pour Mitt Romney, l’attaque contre le consulat américain de Benghazi est le résul-

Les débats qui ont opposé les deux candidats à la présidence américaine ont tourné en grande partie autour des questions de politique étrangère.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a inauguré la nouvelle ambassade de Turquie à Berlin, présentée comme la plus grande ambassade turque dans le monde, selon l’AFP. L’imposant bâtiment a été construit sur le terrain de l’ancienne ambassade de l’Empire ottoman acquis en 1918. Elle avait été détruite pendant la Seconde guerre mondiale. L’imposant bâtiment a coûté 30 millions d’euros. Pour le Premier ministre turc «c’est un symbole des relations profondément enracinées entre l’Allemagne et la Turquie». L’Allemagne compte trois millions de ressortissants turcs ou d’origine turque sur son territoire.

Au moins 88 personnes ont été tuées au cours du mois d’octobre lors des violences entre bouddhistes et musulmans dans l’ouest de la Birmanie, ont indiqué les autorités birmanes. Après plusieurs semaines d’accalmie dans l’Etat, des violences ont de nouveau éclaté le 21 octobre entre bouddhistes de l’ethnie rakhine et Rohingyas, la minorité musulmane. Cette communauté est considérée par l’ONU comme l’une des plus persécutées de la planète. «Au total, 49 hommes et 39 femmes ont été tués», a indiqué un responsable gouvernemental à l’AFP, portant le bilan depuis juin à près de 180 morts.

«Après Sandy, nous craignons le choléra» Déclaration des autorités haïtiennes qui craignent des épidémies de choléra véhiculées par l’eau, après le passage de l’ouragan Sandy.

12 FAMILLE & SANTE Un tribunal italien reconnaît le lien entre portable et cancer

2 - 8 NOVEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Dix ans après la découverte de la tumeur bénigne, la Cour de cassation de Brescia en Italie a reconnu que l’utilisation intensive du téléphone portable pouvait provoquer une tumeur au cerveau. Une décision appuyée par les études de deux spécialistes italiens. différentes douleurs dans son oreille. FLORIAN GAMBIN PARIS Une décision qui pourrait faire Il avait développé une tumeur qui date. Un tribunal italien vient touchait le ganglion du nerf trijude reconnaître officiellement dans meau. Après dix ans de procès et une une décision de justice le lien entre la opération réussie, le verdict des juges est allé dans le sens du dangerosité des téléplaideur. Sur la base des phones portables et les études menées par les cancers en s’appuyant sur deux spécialistes, ils ont les études d’Angelo Gino reconnu le plaignant vicLevis, oncologue à l’unitime de maladie profesversité de Padoue, et sionnelle et invalide à 80 «Après dix ans de Giuseppe Grasso, neurochirurgien à Brescia. procès, le verdict des %, à cause de l’utilisaC e s d e u x I t a l i e n s juges est allé dans le tion intensive de son mobile. En 2000, une viennent d’établir le lien sens du plaideur» vaste enquête a été lanentre les tumeurs au cercée dans 13 pays, dont la veau et l’utilisation intenFrance, par le Centre sive du téléphone porinternational de recherche sur le cantable. L’histoire débute en 2002 en cer (Circ), dans le but de rechercher Italie, Innocente Marcolini, un ﬁnanun éventuel lien de cause à effet entre cier qui utilisait son téléphone porutilisation du mobile et tumeurs au table six heures par jour pendant cerveau. En 2010, un tel lien n’était douze ans pour des raisons profespas établi, même s’il était avéré par sionnelles, a commencé à ressentir

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Une étude sur les risques sanitaires liés au téléphone portable a été lancée par l’Union européenne. Ses résultats seront publiés ﬁn 2015.

ailleurs que le risque était accru pour les personnes ayant une utilisation intensive du téléphone portable. Différentes actions ont néanmoins entaché le bon déroulement de l’enquête.

Les symptômes liés aux tumeurs du cerveau

A l’époque, l’expertise avait coûté plus de 19 millions d’euros. La Commission européenne avait débloqué 3,74 millions d’euros, les pays participants, 9 millions d’euros et 5,5 millions d’euros avaient été versés par des

industriels via l’Union internationale contre le cancer (Circ). L’insomnie, le bourdonnement électrique dans la tête, les brûlures, sont les premiers symptômes, mais ils varient en fonction de chaque individu. Il n’existe pas de symptômes typiques. Un nouveau projet ﬁnancé par l’Union européenne, le Mobi-kids, étudiera les risques de tumeurs cérébrales liés au téléphone portable chez les enfants et les adolescents. Les premiers résultats de cette enquête verront le jour entre ﬁn 2015 et début 2016.

Les musulmans préfèrent inhumer leurs défunts à l’étranger Eu égard au manque de carrés confessionnels et à l’interdiction de la crémation par l’islam, des milliers de musulmans morts sur le sol français sont inhumés dans le pays d’origine de leur famille, l’enterrement en France apparaissant comme l’«ultime geste d’intégration». Selon le ministère de l’Intérieur, entre 75 et 80 % des musulmans morts en France sont rapatriés dans le

pays de leurs racines familiales pour y être inhumés. Un chiffre «en diminution douce mais constante», a toutefois noté la même source. En 2011, plus de 2.300 défunts ont été transférés de la France vers le Maroc, et plusieurs centaines d’autres vers la Tunisie et vers l’Algérie, ont indiqué les consulats respectifs de ces pays interrogés par l’AFP. Pour Yassine Chaïb, auteur de L’Emigré et

la mort, il s’agit d’un «choix par défaut», en raison notamment du manque de carrés musulmans en France, pays de tradition laïque. Historiquement, le cimetière de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a été le premier cimetière musulman, créé sous statut privé dans les années 1930. En février 2012, un cimetière musulman municipal a été inauguré à Strasbourg (Bas-Rhin), une ouverture

possible car la loi de 1905 sur la séparation des églises et de l’Etat ne s’applique pas en Alsace-Moselle. La France compte au total au moins 200 carrés musulmans, selon une estimation du ministère de l’Intérieur. En islam, les défunts doivent être enterrés dans un cimetière où est respecté le rite funéraire qui veut notamment que la tête du mort soit tournée vers La Mecque.

13 CULTURE

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Gürsel sur les traces de Nazim Hikmet Dans son dernier ouvrage L’ange rouge, Nedim Gürsel revient sur les années d’exil de l’écrivain turc Nazim Hikmet emprisonné pour ses convictions communistes. Une plongée dans le passé berlinois du XXe siècle qui a remis au goût du jour l’œuvre oubliée de ce grand poète turc. EMRE DEMIR PARIS L’écrivain turc Nedim Gürsel a présenté, au Petit Palais, à Paris, son dernier ouvrage L’ange rouge (Seuil). Le livre raconte l’histoire de trois personnes ayant vécu les grands ravages du XXe siècle et dont les chemins se croisent à Berlin. Le roman évoque ainsi longuement la ville, avant et après la chute du mur ; l’occasion de revenir sur les années d’exil de l’écrivain turc Nazim Hikmet. Dans le roman, un indicateur de la Stasi communiste donne au biographe turc du romancier des rapports qui lui permettent d’en savoir plus sur la vie en exil du poète. Gürsel a ainsi évoqué le fait qu’à son arrivée en France, en 1970, Nazim Hikmet était bien plus connu qu’aujourd’hui et que la conjoncture de l’époque renforçait cette situation. Soulignant que la popularité de Nazim Hikmet en France est, depuis, en déclin constant, Nedim Gürsel avance que ce roman atténue un peu cette tendance. «Aujourd’hui, grâce à ce roman, Nazim Hikmet est de nouveau à l’ordre du jour» a déclaré

Gürsel, faisant référence aux articles du Monde et de Libération sur le sujet. Nedim Gürsel s’est exprimé au sujet de Nazim Hikmet en le qualiﬁant de poète toujours important et a fait référence à l’injustice qu’il a subie en passant une longue période de sa vie en prison pour avoir dit qu’il était communiste. En rapport avec le sujet du livre, l’auteur célèbre a souligné que son roman traite des années d’exil ainsi que de la lutte politique de Nazim Hikmet mais qu’il ne s’agit pas d’un roman documentaire. Nedim Gürsel s’est également prononcé à propos de la popularité de la littérature turque en France, en rappelant que, de nos jours, il existe des auteurs turcs dont les livres sont régulièrement traduits en français, et que vingt-cinq de ses livres à lui ont également été traduits. Nedim Gürsel précise que, chaque année, en France, un prix «France-Turquie» est remis à un auteur en rapport avec la Turquie et que, par ce biais, il est possible de faire connaître la littérature turque en France.

L’ange rouge est le dernier ouvrage de Nedim Gürsel.

11 artistes turcs s’exposent chez Louis Vuitton AZIZ OGUZ PARIS La Turquie est à l’honneur de l’Espace culturel Louis Vuitton. A Paris, la marque de luxe organise, du 10 octobre 2012 au 6 janvier 2013, l’exposition «Journeys. Déambulations dans la Turquie contemporaine». Chaque année depuis 2006, Louis Vuitton explore la scène artistique d’un pays étranger sur le thème du voyage, qui est évidemment stratégique pour la maison française de maroquinerie. Pour illustrer cette thématique, les travaux de onze artistes turcs, «de générations différentes et utilisant des techniques variées» précise la marque de luxe, sont présentés. On y retrouve la dessinatrice Ceren Oykut, la photographe Silva Bingaz ou la jeune peintre de 25 ans Ihsan Oturmak. Nombreux d’entre eux mélangent les genres. Le travail de Murat Akagündüz mêle par L’Espace culturel Louis Vuitton organise une exposition de onze artistes turcs autour du thème de la Turquie contemporaine. exemple vidéo et peinture en résine.

«Istanbul, une place incontournable pour l’art contemporain»

Ancrées dans leur époque, leurs œuvres marquent leurs engagements. L’artiste Canan dénonce l’instrumentalisation du corps féminin dans le système capitaliste qui contraint la femme a être réduite à un objet. Halil Altindere manipule des symboles étatiques, comme le drapeau, la carte d’identité, ou encore un billet de banque, pour dénoncer le système de marginalisation et de répression d’un État. L’autre point commun de ces artistes est qu’ils vivent tous à Istanbul, même s’ils sont originaires de différents endroits de Turquie. «En quelques années, Istanbul s’est imposée comme une place incontournable pour l’art contemporain mondial avec l’ouverture de fondations, de galeries et l’importance de sa Biennale», affirme Hervé Mikaeloff, le commissaire de l’exposition.

14 CULTURE

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A lire

Leili Anvar (INALCO) présentera Cantique des oiseaux de Farideddine Attar, un long poème mystique du XIIe siècle que la spécialiste franco-iranienne a récemment traduit aux éditions Diane de Selliers. Michael Barry (université de Princeton) proposera une «lecture» des miniatures qui accompagnent, illustrent et commentent le texte.

DÉBAT L’héritage arabe des villes françaises

La province, qui correspond grosso modo à l’actuel Languedoc-Roussillon, comprend notamment, outre sa capitale, Arbouna (Narbonne), les villes d’Ajda (Agde), Bazyih (Béziers), Nima (Nîmes), Majlouna (Castelsarrasin) et Qarqachouna (Carcassonne). La division administrative arabe disparaîtra en 759, tout comme disparaîtra en 975 le micro-Etat de Farakhchinit (Fraissinet), fondé en 891 dans le golfe de SaintTropez et qui étendra son influence

jusqu’aux Alpes et au Piémont. Néanmoins, il s’en faut que la disparition de ces structures politiques coloniales n’ait entraîné celle des musulmans du midi de la France. Les traditions orales sont riches en attestations de la souche arabe de nombre de populations locales, jusque dans les Alpes et le Jura. «Nous […] avons vu ces familles au teint brun, aux coutumes bizarres, au nom sans contredit oriental, et qui se disent ellesmêmes arabes […]» souligne ainsi l’historien A. Vingtrinier en 1862. Parmi les stèles funéraires datant des XIe et XIIe siècles découvertes dans l’Hérault et à Montpellier, celle d’un juriste (faqih), preuve de l’existence à cette époque tardive d’une communauté structurée. Enfin, la toponymie est par endroits, clairement arabe : ainsi la Moïe (miyah, «eaux»), petit torrent dans la Drôme, Almanarre, quartier d’Hyères où se dressait autrefois un phare (manar), ou encore, non loin de là, le village de Ramatuelle, de l’arabe rahmat Allah, «divine miséricorde».

permettre ainsi de faire siennes les cultures dont elles sont le support – est une œuvre de longue haleine. L’auteur se propose de guider les parents : elle répond aux questions les plus fréquentes, analyse les conditions de réussite et les difﬁcultés et donne enﬁn les nombreux conseils qui favorisent chez l’enfant l’acquisition d’une compétence bi- ou plurilingue réelle.

Phoppart

A travers Phoppart (photography & painting parts), Pinar Selimoglu explore la question du sens de la vie, et singulièrement, de la sienne. Une exposition organisée dans le cadre d’Automne aux couleurs de Turquie. Entrée libre. Du 6 au 23 novembre Hôtel de ville Rue Pierre Fourier 54000 Nancy

Frantz Fanon : Sous la peau

Frantz Fanon n’était pas seulement le psychiatre et penseur qui a analysé et combattu le système colonial. C’était un grand écrivain dont Camel Zekri, compositeur, a saisi la théâtralité et la musicalité des textes. Un spectacle dense autour d’une parole libératrice. Le 3 novembre à 19:00 Institut des cultures d’Islam 19-23, rue Léon 75018 Paris

Comment fait-on des enfants bilingues ouvrage sur la question. Bien que la recherche ait démontré les effets bénéﬁques du bilinguisme précoce, certains préjugés ont la vie dure, le plus courant étant celui selon lequel il faudrait d’abord maîtriser une première langue pour pouvoir en apprendre une seconde. Si l’idée est aussi fausse que répandue, donner à son enfant la maîtrise de deux langues (ou davantage) – et lui

Le 6 novembre à 18:00 iReMMO 5 / 7, rue Basse des Carmes 75005 Paris

EXPOSITION

notamment au travers d’une politique de tolérance. C’était notamment le cas de la province d’Arbouna (Narbonne), dernière des six provinces arabes dépendant de Cordoue. A sa tête, en 734, le gouverneur Yusuf Ibn ‘Abd ar-Rahman concluera un traité avec le duc de Provence aux termes duquel le premier occupera un certain nombre de places fortes dans la vallée du Rhône aﬁn de protéger la Provence… des attaques de Charles Martel.

Election présidentielle américaine et ProcheOrient

Avec Karim Emile Bitar, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques et Philip Golub, professeur de relations internationales à l’Université américaine de Paris. Un débat organisé par l’iReMMO, en collaboration avec RFI.

Bataille de Poitiers, par Charles de Steuben, 1837. La bataille de Poitiers fut magniﬁée au XIXe siècle pour soutenir la politique coloniale de Louis-Philippe en Algérie.

& à voir...

L’auteur le précise d’emblée : ce livre est destiné aux parents qui, en famille, parlent une autre langue que le français. Mais aussi aux parents monolingues qui considèrent que l’apprentissage précoce d’une seconde langue est une chance pour leur enfant. Linguiste, psychosociologue et mère de trois enfants plurilingues, Barbara AbdelilahBauer signe ici son second

Les ailes du désir : lectures du Cantique des oiseaux

Le 8 novembre à 18:30 Institut du monde arabe Place Mohammed V 75005 Paris

SPECTACLE

Islam des mondes

SEYFEDDINE BEN MANSOUR TUNIS A l’appel de plusieurs partis de gauche, environ 150 à 200 personnes ont défilé jeudi 25 octobre à Poitiers «contre la xénophobie». La manifestation entendait répondre à l’occupation, samedi matin, de la future grande mosquée de la ville par environ 70 militants du groupe d’extrême-droite Génération identitaire, qui avaient notamment hissé une banderole arborant la date de 732, en référence à la victoire de Charles Martel. Quatre de ces militants ont été mis en examen, notamment pour incitation à la haine. La bataille de Poitiers se prête certes d’autant mieux à l’exploitation idéologique que son statut est hybride : à mi-chemin entre le fait historique et le mythe fondateur. Emblématique, la formule 732 : Charles Martel arrête les Arabes à Poitiers est censée représenter la victoire sans appel de la Chrétienté et de cette nation en germe qui plus tard sera appelée France. La réalité historique, est, quant à elle, inﬁniment plus complexe. D’une part, la colonisation du midi de la France par les Arabes a précédé et suivi la bataille de Poitiers : de la prise de Narbonne en 719 à la destruction en 975 de l’enclave arabe du Fraissinet, elle s’étale sur plus de deux siècles. D’autre part, il est douteux que les Arabes aient jamais eu le projet de s’implanter dans des régions pour eux aussi septentrionales : la bataille de Poitiers était à l’origine un raid mené par ‘Abd ar-Rahman, gouverneur en chef de l’Andalousie, et destiné à piller la région ; non à la coloniser. On sait du reste que Charles Martel avait laissé à dessein les armées arabes s’alourdir de butin à mesure de leur progression depuis Pampelune au sud, aﬁn de tirer parti de ce handicap de manière décisive une fois parvenus aux environs de Tours. La norme dans la stratégie coloniale arabe était en effet d’éviter les exactions, pour au contraire se concilier les populations soumises,

CONFÉRENCES CROISÉES

732 : Charles Martel arrête les Arabes à moitié

AGENDA CULTUREL

Jamel Debbouze : Tout sur Jamel

Avec sa verve inimitable, Jamel raconte son mariage, la naissance de son fils, le choc des cultures, mais aussi sa première rencontre avec le théâtre... Guide à l’usage des parents d’enfants bilingues, de Barbara Abdelilah-Bauer, éditions La Découverte, 216 pages, 17 €

Le 3 novembre à 20:30 Théâtre Jean-Arp 22, rue Paul-Vaillant-Couturier 92140 Clamart

OPINION15

2 - 8 NOVEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

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Les propriétaires de la République L’anniversaire de la fondation de la République turque a été une nouvelle occasion pour le CHP de revendiquer des slogans en faveur de sa protection. Pour le chroniqueur Mümtazer Türköne, cette démarche de l’opposition est archaïque car la République n’a plus d’ennemis depuis longtemps. Les célébrations «alternatives» organisées par le principal parti d’opposition, le Parti populaire républicain (CHP), et plusieurs organisations de la société civile à l’occasion de l’anMümtazer Türköne niversaire de la création de la République ont pris la forme, cette année encore, d’un vieux débat. «Revendiquer la propriété de la République» est un slogan souvent utilisé par le CHP et les groupes kémalistes de gauche. Le genre de slogan qui vous donne l’impression que la République est en danger. En réalité, ce slogan est bien plus une habitude qu’un appel aux armes face à un danger imminent. Les auteurs de coups d’Etat en Turquie auraient utilisé ce slogan par le passé pour se rapprocher des masses. Le système tutélaire militaire s’en serait servi pour se légitimer. C’est la raison pour laquelle ce slogan est aujourd’hui perçu comme le symbole d’une identité politique antidémocratique. Quoique contradictoire, ce sens s’explique très bien. Vous ne trouverez personne en Turquie, pas même parmi les groupes marginaux, qui soit contre la République. Alors contre qui voudriez-vous la défendre ? C’est à l’issue d’une guerre anti-impérialiste terrible que la République turque a été créée. Personne ne s’est opposé à son institution.

La République des vertueux

Aucun mouvement politique n’a été créé pour défendre le califat ou pour essayer de le restaurer. La seule chose qui ait jamais été débattue était la démocratie. Avant l’établissement de la République, en 1908, l’Empire ottoman avait déjà mis en place une monarchie constitutionnelle multipartite. Après la proclamation de la République, il faudra attendre 1950 pour voir l’instauration d’un

régime fondé sur un multipas le régime de tout un chapartisme juste et équitable. cun, mais uniquement de ceux Succédant au califat, la Répuqui sont vertueux. Et quelle blique était la bonne formule est la référence en matière pour la transition d’un empire de vertu ? C’est la déﬁnition à un Etat-nation. Aussi, la qu’en donnent Les Lumières, République de empruntée donc à Turquie s’estla tradition répuelle revendiblicaine française. quée en tant Ainsi, les élites qu’Etat-nation. éclairées par la raiLes élites à son et par la science l’origine de la «La République n’a dirigeraient-elles le République pour le peuple, pas d’ennemi : pour- pays ont opté pour et à ses dépens. La un modèle de quoi devrait-elle donc possibilité de faire avoir des propriérégime étroides progrès, grâce tement élitiste, à la raison et à la taires ?» dans le but de science, est entre maintenir la population loin les mains de ces élites. A ce du pouvoir politique. «La stade, intervient une arme reRépublique est une vertu» est doutable : la laïcité. Un régime un autre exemple de slogan qui va aussi bien avec la raiutilisé par ces élites fondason et la science ne peut être trices et il constitue de fait qu’une République laïque. La l’essence de leur conception raison pour laquelle la laïcité en la matière. Il implique en se trouve au centre de tous les effet que la République n’est débats politiques en Turquie, c’est qu’elle peut être utilisée comme une arme redoutable dans le conflit d’intérêts qui oppose le peuple et les élites républicaines. Ainsi, le principe de laïcité se présente-t-il comme un facteur qui offre à la tutelle militaire la légitimité dont elle a besoin. Dès lors, revendiquer la propriété de la République doit-il être interprété comme

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la tentative par une minorité de mettre la main sur le pouvoir politique au détriment des masses. Ce débat, qui a pu servir à décrire l’histoire de la République dans son ensemble, est clos en réalité. Lorsque, s’exprimant depuis la place Tahrir en pleine révolution égyptienne, le leader du Parti de la justice et du développement au pouvoir (AKP) a proposé aux Arabes d’adopter un régime laïc, la preuve était faite que le régime républicain laïque a été étendu à l’ensemble des masses par le biais d’un gouvernement conservateur.

Des slogans républicains vides de sens

Dix ans de pouvoir AKP ont mis un terme aux débats autour des concepts de laïcité et de République. Pour toutes ces raisons, les célébrations «alternatives» de la République par le CHP et les organisations de la société civile n’ont qu’une signification symbolique. Dans la mesure où il n’y a personne qui soit contre la République, vouloir la protéger n’a aucun sens. Ce slogan permet simplement à l’opposition d’user à peu de frais d’une rhétorique facile. Par ailleurs, ces débats idéologiques creux empêchent le CHP de devenir un candidat sérieux au pouvoir politique dans un environnement libre et démocratique. Ces débats inutiles sont anachroniques en Turquie ; ceux qui en sont partisans s’empêchent de comprendre un monde en mutation et d’y trouver leur place. La République n’a pas d’ennemi : pourquoi devrait-elle donc avoir des propriétaires pour la protéger ? Le but était de faire de la République la propriété de tous. Maintenant que ce but a été atteint, ce slogan n’est-il pas tout à fait vide de sens ? m.turkone@todayszaman.com

Mevlüt Erding, de l’ombre à la lumière ? Après deux saisons au fond du gouffre, avec seulement 15 buts en 89 rencontres, Mevlüt Erding, l’attaquant turc du stade rennais, semble enﬁn remonter la pente, pour le plus grand bonheur de son entraîneur et des supporters.

L’attaquant Mevlüt Erding joue sous les couleurs de Rennes.

FLORIAN GAMBIN PARIS Malgré la défaite de son équipe, Rennes, deux buts à zéro contre Saint-Etienne lors de la dernière journée du championnat de France, Mevlüt Erding effectue un très bon début de saison. Avec déjà sept réalisations toutes compétitions confondues et deux passes décisives, voilà longtemps qu’on ne l’avait pas vu aussi conﬁant. Il a commencé à retrouver ce qui faisait sa force durant son expérience sochalienne et ses débuts parisiens, à savoir sa percussion, sa justesse dans l’action, son jeu de tête, toutes ces qualités qui faisaient de lui l’un des meilleurs attaquants de l’Hexagone. Que ce soit en coupe ou en championnat, à chaque fois qu’Erding marque, Rennes ne perd pas (4 victoires et 1 nul en 11 matchs). Il avoue avoir

«douté» durant ces deux dernières années, avec un manque ﬂagrant de réussite face au but. Il inscrit seulement 15 buts en 89 rencontres lors des deux dernières saisons (2010-2012). Lui, dont l’avenir semblait tout tracé et qui venait d’effectuer sa meilleure saison professionnelle après avoir frappé à 19 reprises en 38 matchs durant l’exercice 2009-2010. Le phénomène s’en était allé, le temps était peut-être venu de changer d’air.

Erding : «j’ai privilégié l’aspect sportif»

Lors du dernier mercato hivernal, les propositions afﬂuaient sur le bureau du jeune attaquant : Galatasaray, Fulham, Sunderland… Mais pour lui, hors de question de quitter l’Hexagone pour le moment. Il voulait montrer qu’il n’était pas ﬁni en France et qu’il pouvait redevenir un attaquant majeur du championnat. «J’avais des

offres de l’étranger où j’aurais gagné plus d’argent, mais j’ai privilégié l’aspect sportif», conﬁe-t-il. Il a donc choisi de rebondir au stade rennais et a travaillé dur pour revenir à son meilleur niveau. Le déclic, il a réussi à l’avoir lors des vacances d’avant préparation qui ont été «idéales» pour le revigorer, comme il l’a révélé au site So Foot. La confiance que lui ont témoignée son entraîneur et son président en faisant partir Hadji, Boukari et Kembo (meilleur buteur rennais de l’exercice précédent), et en l’intronisant attaquant numéro un du club, a permis à Erding de se libérer d’un poids et de retrouver le statut qui était le sien par le passé, ce qui semble fonctionner. Il paraît en effet avoir retrouvé cette conﬁance qui lui faisait défaut ces derniers temps. Avec un retour sur la pointe des pieds, l’attaquant rennais pourrait bien être la bonne surprise de cette saison.