Zaman France N° 240 - FR

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Les informations télévisées ou la lecture de la presse écrite provoquent parfois le développement d’un pessimisme profond au sein du public. En Turquie, ce mal moderne porte désormais un nom : le «syndrome du monde mauvais».

16 SPORT

SANTÉ

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Face à la violence de l’information, restez zen !

WWW.ZAMANFRANCE.FR

En Turquie, les filles aussi jouent au foot Le football féminin connaît une véritable progression depuis ces 20 dernières années. Plus de 26 millions de femmes dans le monde sont licenciées. En Turquie, la Fédération turque de football mise sur le programme «Villages de football pour les filles» pour promouvoir cette toute nouvelle discipline.

23 - 29 NOVEMBRE 2012 N° 240

Quelle stratégie turque pour sortir du bourbier syrien ?

Alors que le conflit entre Ankara et Damas semble s’être enlisé, quelle stratégie diplomatique turque permettrait une sortie de crise rapide dans ce dossier ? D’après Merve Özdemirkiran, chercheuse spécialisée sur la Turquie au CERI-Sciences Po, Ankara doit éviter à tout prix une guerre bilatérale et favoriser l’unité de l’opposition syrienne. R INTERVIEW 11 EDITO

L’affaire Sevimli et les failles de la justice turque EMRE DEMIR r02

La droite en pleine fracture morale

Emir Kir, une succes story belge en politique

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C’est à l’issue d’une élection très controversée que Jean-François Copé a finalement remporté la présidence de l’UMP face à François Fillon. Une victoire qui a d’ores et déjà plongé la droite française dans une double fracture politique et morale, selon les termes de l’ancien Premier ministre. RFRANCE 03

Une première en Belgique. Elu bourgmestre dans la commune de Saint-Josse, Emir Kir devient ainsi le premier maire d’origine turque à accéder à cette fonction après douze ans de carrière politique au cours de laquelle il fut notamment secrétaire d’État. 1EUROPE 10

Davul et DJ : la nouvelle mode des mariages turcs

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Les mariages turcs empruntent de plus en plus à d’autres cultures et n’hésitent plus à mélanger davul et DJ. Zaman France est parti à la rencontre des organisateurs de mariages turcs en France pour comprendre comment ceux-ci réussissent cette singulière union entre traditions turques et innovations technologiques. RSOCIETE 05

Nadia Hathroubi-Safsaf, «passeuse de mémoire» rSOCIETE 06

Le Trio Joubran, ambassadeur populaire de la culture palestinienne rCULTURE 13


02 FRANCE EDITO EMRE DEMIR

L’affaire Sevimli et les failles de la justice turque Un tribunal turc a confirmé l’interdiction de quitter la Turquie imposée à l’étudiante franco-turque Sevim Sevimli. Sevimli a bénéficié d’une libération conditionnelle début août, avec interdiction de quitter le territoire. Accusée de diriger une organisation terroriste armée, considérée comme telle par l’Union européenne, et de faire la propagande de ce mouvement, elle risque jusqu’à 32 ans de prison. L’organisation en question se nomme le DKHP-C (Front de libération du peuple révolutionnaire). C’est une structure de type stalinienne, marginale, qui avait commis plusieurs attaques terroristes en Turquie dans les années 70. Parallèlement aux procès contre DHKP-C en Turquie, une quinzaine des membres de cette organisation est devant le tribunal correctionnel de Paris depuis deux semaines pour financement et association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste. La décision du tribunal de Paris sera annoncée le 29 novembre. Donc, contrairement à la médiatisation en France de cette affaire, il ne s’agit pas seulement de jeunes sympathisants de gauche qui auraient participé à certains concerts. Mais, d’un autre côté, nous ne pouvons pas mettre dans le même sac l’ensemble des accusés. Chacun d’entre eux doit être jugé de manière juste et équitable, au cas par cas. Dans le cas de Sevimli, les chefs d’accusation et les preuves présentés au tribunal ne montrent pas d’éléments solides prouvant la culpabilité pour les actes commis. Le cas de Sevimli montre encore une fois les failles du système judiciaire turc. Héritée des longues années du conflit avec le PKK, la loi relative à la lutte contre le terrorisme (TMK) et le code pénal (TCK) n’est pas compatible avec la jurisprudence européenne. Lorsqu’en septembre 2010, 58 % des Turcs ont voté «oui», l’espoir était grand que le référendum constitutionnel permette d’accélérer la réforme judiciaire. Contrairement aux attentes, le système judiciaire continue de nuire à la transformation démocratique de la Turquie. e.demir@zamanfrance.fr

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Laïcité : «l’égalité de ceux qui croient et ne croient pas» Le 14 novembre, le centre de réflexion et d’action sociale la Plateforme de Paris a organisé une conférence intitulée «l’Etat laïc et les connivences religieuses» dans le cadre de la 12e édition de la Semaine annuelle de Rencontres Islamo-Chrétiennes (SERIC). L’événement avait pour objectif de discuter du rôle de l’Etat dans les relations entre les différentes religions dans une société plurireligieuse et de réfléchir sur le vivre-ensemble. La députée (UMP) de l’Yonne (89) Marie Louise Fort a souligné que l’un des objectifs de la loi 1905 sur la laïcité est la distinction entre sphères politique et privée. La loi, a-t-elle dit, garantit «l’égalité de ceux qui croient et croient pas». Quand à Valentine Zuber, maître de conférences, historienne, sociologue, elle estime que la laïcité «n’est pas une doctrine, mais une discussion». La spécialiste de la laïcité en France pense que l’Etat, par les lois de 2004 sur le port du voile à l’école et celle de 2010 interdisant la burqa, perd sa neutralité puisqu’il intervient dans la sphère des libertés religieuses. Pour JeanMichel Cros, chercheur et chargé de mission à la ville de Strasbourg, le dialogue entre l’Etat et les communautés est néces-

La Plateforme de Paris a organisé une conférence intitulée «l’Etat laïc et les connivences religieuses» le 14 novembre.

saire pour assurer le vivre-ensemble. M. Cros, en donnant l’exemple du Concordat en région Alsace-Moselle, a démontré l’expérience positive de l’interaction entre les institutions et les cultes.

«Les principes religieux ne doivent pas être politiques»

«Je suis amplificateur du dialogue interreligieux», a déclaré pour sa part Hamou Bouakkaz, adjoint au maire de Paris, chargé de la vie associative et de la démocratie

locale. Selon l’auteur de Aveugle, Arabe et homme politique, ça vous étonne ?, le dialogue sert à déconstruire les ignorances et les préjugés. Enfin, Frédéric Rousse, attaché parlementaire et conseiller national de l’UMP a souligné l’importance d’empêcher que la religion prenne le pouvoir. Rousse a fait part de son inquiétude vis-àvis des questions de la burqa et du menu halal dans les écoles. C’est la loi qui a la primauté, dit-il, et «les principes religieux ne doivent pas être politiques».

Le ministre des Affaires étrangères turc Ahmet Davutoglu a visité l’hôpital Sifa dans la bande de Gaza. Très ému, il a pleuré la mort d’un palestinien avec la famille de celui-ci.

...ET UNE MAUVAISE

UNE BONNE...

Seconde récession pour la zone euro depuis 2009

La France et la Turquie ont discuté mardi à Paris de coopération dans l’agro-alimentaire, l’énergie et l’environnement à l’occasion d’une première rencontre bilatérale à caractère économique depuis mars 2011. Trois groupes de travail ont été créés. «C’est l’ouverture d’une nouvelle époque dans les relations entre nos deux pays dans les domaines politique et économique», a déclaré

La zone euro a subi sa deuxième récession depuis 2009, malgré une légère croissance de 0,2 % en Allemagne et en France, entre juillet et septembre dernier. Cette faible croissance n’était pas en mesure de faire le poids face aux fortes mesures d’austérité prises aux Pays-Bas, en Autriche, en Espagne et en Italie. La réces-

le ministre turc de l’Economie, Zafer Caglayan. La ministre française du Commerce extérieur Nicole Bricq, doit se rendre en Turquie en janvier. Les deux pays ont signé une feuille de route de leurs projets économiques et commerciaux ainsi qu’un accord de coopération qui doit permettre à des entreprises françaises et turques de s’associer sur des marchés tiers.

sion de la zone euro, d’abord présente dans les pays de la périphérie, s’est propagée dans les pays du centre. La France est à présent frappé par cette mauvaise conjoncture. L’Allemagne, quant à elle, doit faire face à un ralentissement de la croissance dans un marché d’exportation asiatique.

NOUVELLE

La France et la Turquie relancent leurs relations commerciales


03 FRANCE

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«Nous n’avons pas honte» Déclaration de Clémentine Autain, militante féministe, dans une interview à TF1 News, au sujet du «manifeste des 313», publié dans le NouvelObs, pour que la question du viol en France ne soit plus un sujet tabou.

La droite en pleine fracture morale C’est à l’issue d’une élection très controversée que Jean-François Copé a finalement remporté la présidence de l’UMP face à François Fillon. Une victoire qui a d’ores et déjà plongé la droite française dans une double fracture politique et morale, selon les termes de l’ancien Premier ministre.

MAUD DRUAIS PARIS Double revendication de la victoire, officialisation de la défaite de François Fillon lundi soir, contestation de ce dernier mercredi : l’élection pour la présidence de l’UMP a été entachée par des phrases assassines et par vingtquatre heures de «bordel généralisé», selon l’expression du maire du XVI e arrondissement de Paris Claude Goasguen. Les accusations de «bourrage d’urne», de «procurations en blanc» et «d’électeurs fantômes» ont fusé dans tous les coins de France. François Fillon a finalement reconnu sa défaite avec ces mots : «ce qui me frappe, c’est que la fracture qui traverse notre famille politique est devenue manifeste. Une fracture à la fois politique et morale.» Lorsqu’il évoque cette fracture politique, le candidat perdant fait référence au succès de la motion de la «droite forte» ultrasarkozyste soutenant M. Copé et emmenée par Guillaume Peltier, ancien proche de Philippe de Villiers. C’est elle qui sort grande gagnante de ce scrutin. Elle met en avant les «racines chrétiennes» de la France, revendique sa «fierté» d’être à droite. Pour elle, le sarkozysme est incarné entre autres par le «patriotisme, la récompense du travail et du mérite, […] la lutte contre les fraudes et l’assistanat».

Jean-François Copé a été élu à la présidence de l’UMP avec en toile de fond de cette élection, l’attachement au sarkozysme.

Zoom

Kilim : le plus ancien tapis de l’humanité EMMANUELLE GRIMAUD PARIS Le kilim est un tapis dépourvu de velours car il est brodé au lieu d’être noué. Egalement orthographié klim oukélim, il est fabriqué dans diverses villes d’Anatolie et d’Iran. Son nom, qui vient du persan gelim, sert à désigner un tapis de laine à point plat que l’on trouve surtout au Proche-Orient, dans le Caucase ainsi qu’en Asie centrale et qui a vu le jour il y a près de 10.000 ans. Les motifs des

Nicolas Sarkozy, discret vainqueur ?

Et Nicolas Sarkozy dans tout cela ? Des proches de l’ancien président ont reconnu dans un entretien au Figaro avoir «tenté de faire monter celui qui était le moins bien placé», une tactique pour que le nouveau chef de l’UMP ne soit pas un leader fort. Le soutien affiché du fils de l’ancien chef d’Etat, Jean Sarkozy, ou de l’ancien ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux, pourrait s’inscrire dans une telle stratégie destinée à permettre un éventuel retour de M. Sarkozy qui s’est bien gardé de faire le moindre commentaire. Nombreux sont ceux qui le perçoivent déjà comme le silencieux gagnant de l’élection, surtout face à la défaite d’un François Fillon qui prenait déjà ses distances avec la «ligne Buisson» de l’ancien chef de l’Etat (du nom du conseiller de Nicolas Sarkozy issu de l’extrême droite Patrick Buisson). Il devra cependant faire face à d’autres échéances, judiciaires celles-là. Jeudi, il était en effet auditionné par le juge d’instruction Jean-Michel Gentil au palais de justice de Bordeaux, pour un éventuel financement illégal de sa campagne en 2007 dans le cadre de l’affaire Bettencourt.

Le kilim a vu le jour dans le Caucase il y a près de 10.000 ans.

kilims constituent une forme d’écriture symbolique héritée des anciennes croyances chamaniques. La technique de fabrication est la même que celle utilisée pour la tapisserie : les fils de chaînes sont disposés sur toute la longueur du kilim et les fils de trames colorés forment les motifs en passant dessus et dessous. Les premiers sont utilisés pour le décor du tapis et les seconds sont destinés à le consolider. Bien que fabriqué sans ve-

lours, le kilim est très résistant. L’artisan se sert de pelotes de fils de couleurs et utilise, comme modèle, un dessin préalablement effectué. Pour les tapis noués, les nœuds sont tassés à l’aide d’un peigne spécial, puis on coupe les bouts de fils suivant la longueur du velours désirée. La dernière opération de tissage consiste à tisser un nouveau bord qui termine le tapis. Après avoir été lavé à l’eau savonneuse, le tapis est mis à sécher puis brossé pour lui donner du lustre. Si de nos jours les colorants synthétiques ont pris une place prépondérante dans la fabrication des tapis, les plus beaux tapis restent ceux qui sont fabriqués avec des colorants naturels. Les principales fibres utilisées sont la laine, le coton et la soie. Jusqu’à récemment, les kilims n’étaient pas confectionnés dans un but commercial et conservent donc leur authenticité. Ils représentent à la fois la mémoire et l’identité des peuples sédentaires, nomades et semi-nomades qui les tissent. Chaque tribu et chaque village possède son propre style : couleurs chatoyantes ou sobres, décors complexes ou épurés suivant les régions.



05 SOCIETE

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Davul et DJ : la nouvelle mode des mariages turcs

MON AVOCAT Canan Özenici

Le fisc veut récupérer un milliard d’euro Les mariages turcs en France s’inspirent de plus en plus d’autres cultures, maghrébines notamment.

Les mariages turcs empruntent de plus en plus à d’autres cultures et n’hésitent plus à mélanger davul et DJ. Zaman France est parti à la rencontre des organisateurs de mariages turcs en France pour comprendre comment ceux-ci réussissent cette singulière union entre traditions turques et innovations technologiques. MAUD DRUAIS PARIS Il est loin le temps des mariages turcs où seul le son des davul (tambour) et des ney rythmait une cérémonie qui durait trois jours. Nihat, le patron d’EEOS pour Europe Evénement Organisation Strasbourg, qui organise des mariages turcs, en témoigne : «Il y a un monde entre les mariages turcs de l’époque et ceux d’aujourd’hui». Avant, explique-t-il, «ils faisaient tout (…) eux-mêmes, de A à Z. Tout était en barquette, papiers, ils invitaient un max de monde». Aujourd’hui «on commence à avoir moins de monde et plus de qualité : (…) ils veulent des vraies nappes, des vraies fleurs, de vraies assiettes». Et cela, «parce que les tables françaises sont plus jolies que les tables turques dans les mariages, [mais] on s’imprègne un peu de toutes les cultures», raconte Nihat. Le trône d’origine arabe, par exemple, inconnu chez les Turcs, a fait son apparition pour une cérémonie qui se métisse. Cette différence, il n’est pas le seul à la constater : Zoubida Cher-

gui, organisatrice du Grand Salon du Mariage Oriental d’Europe qui s’est tenu les samedi 17 et 18 novembre, note elle aussi une évolution chez la communauté musulmane française dans son ensemble. De nouvelles tendances arrivent même d’Inde : le henné «éphémère» est «plus scintillant, c’est-à-dire qu’il est orné de dessins faits de strass et va habiller la robe. (…). C’est une mode qui s’inscrit dans les rites bollywood». Quant à la table du traiteur, elle «a complètement changé. Même si elle reste halal, on est sur une démarche très gastronomique», ajoute-t-elle.

Une alliance entre tradition et modernité

Pour Zoubida Chergui, il ne faut pas opposer tradition et modernité. Elle remarque que le rite religieux est conservé, mais que ce qui l’entoure est le résultat de bricolages culturels, esthétiques. Ainsi, «les rituels ancestraux (sont) respectés, mais cela n’enlève pas la modernité». Elle regrette d’ailleurs une confusion : «on a l’impression que quand on

dit "traditionnel", c’est de l’histoire. C’est certes (...) la chaîne des valeurs qui sont acquises au fil du temps, (…) mais qui n’empêche pas une modernité qui est de fait». Nihat, quant à lui, reconnaît que ces nouveautés ne sont pas toujours pour plaire aux plus âgés : «les vieux (…) ne s’imaginent pas un DJ faisant un mariage, pour eux il faut absolument un groupe». Alors «on fait du moderne avec de l’ancien, un DJ avec un groupe», dit-il.

LED, cristal, DJ... le mariage de demain

Ce que les jeunes mariés aiment maintenant, c’est tout ce qui brille : «ce qui est lumineux, grand, avec beaucoup de lumières, beaucoup de cristal, ils aiment bien les choses bling bling», assure Emre, le gérant de la société Klass Event, même s’il reconnaît que la crise incite à la mesure. Pour Nihat, «les tendances de demain ce sera tout ce qui est LED (diode électro-luminescente, ndlr) à base de draps blancs et projection de lumières».

«Inquiétante» progression des actes islamophobes en 2012 Les actes islamophobes ont enregistré une hausse «inquiétante» lors des dix premiers mois de l’année 2012, a indiqué dimanche l’Observatoire national de l’islamophobie, qui s’élève par ailleurs «contre tous les actes de racisme et de xénophobie» en France. «Si l’année 2011 a vu les

actes antimusulmans en forte progression (+34 %), l’année 2012 s’annonce encore plus inquiétante, car du 1er janvier au 30 octobre, ces actes ont augmenté de plus de 42 %, passant de 123 actes pour les 10 premiers mois de 2011 à 175 pour la même période en 2012, soit 52 actes en plus», dénonce l’Ob-

servatoire. Selon lui, «l’action la plus spectaculaire fut l’occupation, le 20 octobre 2012, de la mosquée de Poitiers par 74 personnes se réclamant du groupe Génération identitaire» qui «ont pendant plusieurs heures scandé des propos guerriers à l’encontre de l’islam et des musulmans».

Si vous êtes chef d’entreprise, votre comptable vous a probablement prévenu : les mois à venir vont être difficiles dans vos relations avec le fisc… Le mot d’ordre, dans ce contexte, étant la prudence ! Le gouvernement a d’ailleurs dévoilé son projet : renforcer le rendement des services fiscaux, grâce à un arsenal anti-fraude destiné à récupérer un milliard d’euros supplémentaire l’an prochain. Le projet de loi de finances prévoit un important dispositif de lutte contre les montages d’optimisation fiscale et de fraude, en particulier sur les plus-values. Il prévoit également le renforcement des prérogatives des services fiscaux. Vous noterez que l’utilisation du terme «optimisation» à côté de celui de «fraude» en dit long. Bercy a dressé la liste des montages d’optimisation et des fraudes les plus courants, qui sont utilisés, à la fois par les entreprises et par les particuliers. Les mesures qui sont dans son collimateur sont les donations-cessions, les apports-cessions, les avoirs à l’étranger ou encore le système de cession à titre onéreux d’usufruit temporaire. Le mécanisme des apports-cessions en particulier est un système d’optimisation visant à contourner la taxation des plus-values. Il permet à une personne physique d’apporter des titres à fort potentiel en plus-value à une société qu’il contrôle, sans être soumis à imposition. Cette société pourra ensuite céder les titres au prix auquel ils ont été apportés, et jouir de la trésorerie ainsi récupérée, sans enregistrer de plus-value. Le prix de cession pourra alors servir à la réalisation d’un nouveau projet. Ce système est basé sur l’optimisation et non sur la fraude, mais la nouvelle mesure prévoit que l’administration puisse taxer la plus-value au moment de l’apport des titres, sous certaines conditions (par exemple si 50 % du fruit de la cession n’est pas réinvesti dans les trois ans). Pour renforcer l’efficacité des contrôles, les moyens sont donnés à l’administration pour atteindre l’objectif du milliard : élargissement des informations que les services fiscaux peuvent collecter lors des visites et saisies, droit d’accès aux données informatisées, y compris sur des serveurs externes. Le texte modernise aussi la procédure de «flagrance fiscale», afin de la rendre plus efficiente. Nous verrons dans les mois à venir si ces mesures sont suffisantes ou s’il conviendra de les compléter pour atteindre les objectifs fixés ! Pour vos questions : ceruguz@yahoo.fr


06 SOCIETE

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Nadia Hathroubi-Safsaf, «passeuse de mémoire» Nadia Hathroubi-Safsaf vient de publier Immigrations plurielles - témoignages singuliers aux Editions Les points sur les i. Dans cet ouvrage qui rend hommage à travers une série de portraits aux immigrés en France, l’auteur a souhaité rappeler la diversité de ces parcours de vie.

Nadia Hathroubi-Safsaf a donné la parole aux immigrés et fils d’immigrés dans un ouvrage qui retranscrit la diversité de l’immigration en France.

«Je ne voulais pas m’enfermer dans une logique communautaire», explique Nadia Hathroubi Safsaf, rédactrice en chef de la revue du Courrier de l’Atlas à propos de l’ouvrage qu’elle vient de publier, Immigrations plurielles - témoignages singuliers aux Editions Les points sur les i. Pour l’auteure, l’objectif du livre était de montrer que «ce sont ces vagues migratoires qui ont fait cette France (…) métissée, cette diversité». Elle a ainsi décidé de rendre hommage à «tous les immigrés, aussi bien les Espagnols, les Portugais, les Italiens, les Belges, et les Maghrébins». Nadia Hathroubi Safsaf a pris le parti pour ce faire de donner la parole aux premiers concernés et de raconter chaque témoignage sous la forme d’une histoire. D’où ce projet est-il parti ? «D’un agacement», répond-elle, par «le traitement de l’immigration pendant la campagne présidentielle, et aussi, quand il y a eu

tout ce débat nauséabond autour de l’identité nationale».

«Beaucoup d’histoires fortes»

Nadia Hathroubi-Safsaf a rencontré tous ces personnages hauts en couleurs grâce à «du bouche à oreille, des rencontres», confie-t-elle à Zaman France. «J’ai abordé des gens dans la rue, des personnes âgées avec qui j’ai discuté». Au final, pas de profil type : Juan, par exemple, décédé en octobre dernier, avait fui la guerre d’Espagne avec sa mère et son frère, son père ayant été tué par les soldats franquistes. Sa mère est morte quelques mois après leur arrivée en France. Pour Nadia, ce parcours est «très intéressant (car il) montrait comment les gens ont pu fuir leur pays, (et ce) non pas parce qu’ils avaient besoin de profiter des avantages sociaux…».

Une leçon de vie !

Anna, Maria, Lakhdar et d’autres voix de l’immigration montreront la diversité de cette France. Nadia Hathroubi

Safsaf dit même avoir quitté son habit de journaliste pour prendre celui d’une «passeuse de mémoire». Encore sous le coup de l’émotion, elle explique avoir «beaucoup pleuré en le faisant, ça m’a touchée ces histoires de personnes âgées». Elle avoue également avoir beaucoup appris de ces «aînés». «On vit dans une société où on se mine pour des choses qui n’ont vraiment pas lieu d’être», et c’est ainsi que l’écriture de son livre lui a fait «prendre du recul sur beaucoup de choses», explique-t-elle. Et de conclure : «quand on voit ce que nos aînés ont traversé, j’ai envie de dire chapeau bas ! Nous, on pourrait pas faire ça…» Immigrations plurielles – témoignages singuliers de Nadia Hathroubi-Safsaf, Editions Les points sur les i, 135 pages, 12 euros.


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08 TURQUIE

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Controverse autour des propos d’Erdogan sur la peine de mort En agitant l’idée d’un rétablissement de la peine de mort, le Premier ministre turc a provoqué de nombreuses réactions au sein de la classe politique de son pays et a suscité une levée de boucliers dans toute l’Europe.

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a dit envisager le retour de la peine de mort en Turquie.

C’est en évoquant le sort réservé au célèbre détenu kurde Abdullah Öcalan que le chef du gouvernement turc a remis la question de la peine de mort sur le tapis. Condamné à mort en 1999, le chef historique du PKK a vu sa peine commuée en réclusion criminelle à perpétuité. «Aujourd’hui, de nombreuses personnes sont favorables à un rétablissement de la peine de mort», a-t-il déclaré au début du mois en soulignant la «souffrance» des victimes de la rébellion terroriste du PKK. M. Erdogan a évoqué dimanche le meurtrier norvégien Anders Breivik. «Le pouvoir [de pardonner au meurtrier] appartient à la famille de la victime, pas à nous», a-t-il déclaré. Ministres et responsables de l’AKP se sont quant à eux succédé pour tenter de modérer les propos d’Erdogan. «Nous n’étudions pas cette question pour le moment», a assuré le ministre de la Justice Sadullah Ergin. Sans surprise, cette sortie a provoqué un concert de protestations dans l’Union européenne, dont la Turquie aspire toujours à devenir membre. Entre autres mesures, l’abolition de la peine capitale, définitive en 2004, entrait pré-

cisément dans la préparation de sa candidature. «La peine de mort ne doit pas exister dans les lois des pays membres de l’Union européenne», a rappelé le commissaire de l’UE à l’élargissement Stefan Füle.

«Surenchère populiste»

«M. Erdogan est connu pour ses écarts verbaux, il ne faut pas le prendre au pied de la lettre», juge l’universitaire Jean Marcou, spécialiste de la Turquie, «il faut plutôt y voir d’abord un signe d’impatience et de mécontentement face au blocage du processus d’adhésion européen.» Le propos du Premier ministre n’est pas non plus exempt d’arrière-pensées politiques. Recep Tayyip Erdogan ne cache plus son ambition de briguer en 2014 un mandat de président de la République aux pouvoirs renforcés. «Il a besoin des nationalistes pour modifier la Constitution», note un expert européen. Et le chef du Parti nationaliste (MHP), Devlet Bahçeli, a en effet affirmé son soutien : «Le MHP est prêt à aider l’AKP à rétablir la peine de mort», lui a lancé M. Bahçeli, en ajoutant ces mots : «Montrez que vous en êtes capable !»

Sevim Sevimli restera en Turquie Un tribunal turc a confirmé lundi l’interdiction de quitter la Turquie imposée à l’étudiante francoturque Sevim Sevimli, accusée d’avoir entretenu des liens avec un groupe terroriste d’extrême gauche interdit, et fixé la prochaine audience de son procès au 16 janvier. A l’issue des débats, la cour criminelle de Bursa (nordouest) a une nouvelle fois rejeté la demande de levée du contrôle judiciaire de la jeune femme, qui risque une peine maximale de 32 ans de prison, contre les réquisitions du procureur. «Permettez-lui de poursuivre ses études en France et de revenir en Tur-

L’étudiante Sevim Sevimli a comparu devant la cour criminelle de Bursa. Elle encourt jusqu’à 32 ans de prison.

quie pour les prochaines audiences», a demandé au président de la cour son avocat, Me Inayet Aksu. Sevim Sevimli nie les accusations portées contre elle.

Des charges judiciaires «fragiles»

«J’espérais une autre appréciation de ce dossier», a pour sa part réagi, déçu, le président de l’université de Lyon 2, Jean-Luc Mayaud, où Sevim Sevimli suivait ses études avant de venir en Turquie. «Ce que j’ai pu entendre, c’est que les faits sont très fragiles, qu’il y a une discordance entre ce que dit la loi turque et ce qu’en disent les services de sécurité», a poursuivi M. Mayaud. Plusieurs avocats du barreau de Lyon et le consul général de France à Istanbul Hervé Magro étaient également présents à l’audience. L’étudiante est accusée d’appartenir à une organisation d’extrême gauche interdite, le Parti/Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C). A l’origine de nombreuses actions violentes en Turquie depuis la fin des années 1970, le DHKP-C a revendiqué le 11 septembre un attentat suicide qui a coûté la vie à un policier à Istanbul.



10 EUROPE

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Emir Kir, une succes story belge en politique Une première en Belgique. Elu bourgmestre dans la commune de SaintJosse, Emir Kir devient ainsi le premier maire d’origine turque à accéder à cette fonction après douze ans de carrière politique au cours de laquelle il fut notamment secrétaire d’État.

Fierté familiale

«Ma maman est décédée depuis maintenant plusieurs années, mon

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Emir Kir est devenu le premier bourgmestre belge d’origine turque.

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BREVES ECO

CROISSANCE

papa encore plus», raconte Emir Kir. au développement du pays» et Mais il est certain que ses parents, qui, «au même titre que les Belges, s’ils «étaient vivants seraient parti- contribuent au développement écoculièrement, j’imagine, fiers de voir nomique, social, culturel, payent leur enfant être un des représentants des impôts, vivent dans les mêmes en politique», «surtout, poursuit- quartiers». il, s’agissant de parents qui ont fait l’immigration». Celui qu’il appelle Leçon tirée et leçon à donner affectueusement «mon papa» est S’il a un message à faire passer par en effet arrivé dans le milieu des rapport aux jeunes qui souhaitent années 60 de Turquie avec un rêve s’investir en politique, c’est le suidans sa valise, celui de vant : il faut «connaître gagner un peu d’argent l’idéologie, les valeurs, et retourner au pays. les principes défendus par «Et voilà où on en le parti politique», mais est !» s’esclaffe Emir «une candidature doit Kir, reconnaissant qu’il (aussi) être le fruit d’une «Pouvoir être utile, préparation de longue s’agit là d’une histoire extraordinaire, bien c’est quelque chose de haleine». Enfin, «il est qu’encore vue comme utile d’avoir des compémerveilleux» «la pointe de l’iceberg». tences et une expérience Emir Kir croit pourtant que, dans une professionnelle». Emir Kir, quant à société où l’on est parfois tenté dans lui, a reçu une leçon de vie fondal’opinion publique de ne parler que mentale de son père, qui lui disait des choses qui ne vont pas, il faut «que l’on ne peut pas être simpleaussi «parler de temps en temps des ment le parent de sa famille (…), trains qui arrivent à l’heure…». A ce qu’au même moment on a une ressujet, le bourgmestre de Saint-Josse ponsabilité vis-à-vis de la société». salut le volontarisme de la Belgique Le jeune bourgmestre a grandi avec vis-à-vis des immigrés, et pense cette devise, devenue «une petite que cela a beaucoup compté pour marque de fabrique familiale». Et de favoriser l’investissement politique conclure : «pouvoir être utile, c’est de ces populations, qui «participent quelque chose de merveilleux».

Le PIB turc plus équilibré

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MAUD DRUAIS PARIS Emir Kir n’est pas du genre à se laisser impressionner. Issu d’une famille immigrée et ouvrière, il a su entrer dans la cour des grands, après un long combat politique déjà vieux de plus d’une décennie. Lorsqu’on lui demande ce qui lui a donné envie d’entrer en politique, les choses sont claires. Emir Kir a été marqué par quatre choses : son père ; le bourgmestre Guy Cudell, «précurseur de toute une série de politiques qui ont fait la promotion de l’égalité, (…) un homme qui était très tolérant» ; la condition ouvrière de son milieu familial ; enfin ses études à la faculté de sciences politiques qui lui ont permis, assure-t-il, de mieux comprendre les idéologies de droite et de gauche. Pour sa part, il choisira la gauche au sein du parti socialiste avec lequel il se sent en «parfaite adéquation», et pour lequel il a une reconnaissance et une allégeance inconditionnelles. Jamais, confie-t-il à Zaman, il ne s’est senti utilisé par le parti comme un attrape-voix : «on m’a fait confiance» assure-t-il. Et il a lui aussi fait confiance au PS ainsi qu’au système de parti sans lequel «la démocratie est quelque chose d’impraticable».

Gaza au centre des débats

Le FMI estime que la Turquie avance vers une croissance plus «durable et équilibrée» tout en relevant que le pays restait «vulnérable» à l’environnement extérieur. Le FMI salue le travail des «autorités turques car elles ont préparé le terrain» à cette reprise. Après avoir bondi de 8,5 % en 2011, le produit intérieur brut (PIB) turc devrait progresser de 3 % cette année selon les prévisions du FMI. L’institution met en garde la Turquie qui «reste vulnérable à un revirement des marchés, en raison des besoins importants du pays en termes de financement extérieur» et recommande à Ankara de continuer à «réduire les déséquilibres» de son économie. Les dirigeants de pays musulmans émergents dont la Turquie est membre, sont réunis à Islamabad pour doper leurs échanges commerciaux, mais ce sommet pourrait être éclipsé par une actualité brûlante : le conflit à Gaza. «Les pays du D8 (Developing Eight) vont saisir l’occasion pour évoquer de grands enjeux politiques. La crise actuelle entre le Hamas et Israël de même que les relations entre l’Iran et les Etats-Unis vont faire l’objet de discussions sérieuses», souligne l’un des membres du D8. Les échanges commerciaux entre ces huit pays musulmans émergents avoisinent actuellement les 101 milliards d’euros.

L’ère chrétienne aurait débuté sept années plus tôt et nous serions en 2019 et non en 2012, d’après le pape Benoît XVI. Le chef de l’Eglise catholique a remis en question la date de naissance de Jésus-Christ en se basant sur des calculs astronomiques.


INTERVIEW11

23 - 29 NOVEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

SYRIE :

«Un conflit bilatéral serait catastrophique pour la Turquie» Alors que le conflit entre Ankara et Damas semble s’être enlisé, quelle stratégie diplomatique turque permettrait une sortie de crise rapide dans ce dossier ? D’après Merve Özdemirkiran, chercheuse spécialisée sur la Turquie au CERI-Sciences Po, Ankara doit éviter à tout prix une guerre bilatérale et favoriser l’unité de l’opposition syrienne. FOUAD BAHRI PARIS

Quelle est la stratégie diplomatique de la Turquie pour sortir du bourbier syrien ?

jugez-vous précisément l’action de la communauté internationale en Syrie ?

La crise syrienne est très particuLa stratégie de la Turquie vis à lière par rapport à la Libye. Jusqu’à vis de la Syrie depuis le départ présent, la communauté internaest de trouver une solution dans tionale est restée timide. Au mole cadre international, notam- ment de la formation des groupes ment l’ONU. Il y a eu beaucoup de l’opposition syrienne, elle a été plus active avec beaude crises ces dercoup d’échanges entre niers mois entre la diplomates. Mais on Turquie et la Syrie est tombé dans une qui apparaissaient sorte de cercle vicieux comme des crises où l’on parle beaucoup bilatérales mais la Turquie ne veut «Si l’opposition était mais où il n’y a pas de proposition de solupas intervenir seule unie, elle serait pardans ce conflit. Ce venue à renverser ce tion. L’insistance du soutien de la Russie et refus d’intervenir régime» de la Chine envers la seule dans une crise est l’une des bases de la politique Syrie par leur droit de véto a créé extérieure turque depuis la fon- un blocage énorme dans le foncdation de la République. Jusqu’à tionnement de l’ONU. La Turquie présent, les dirigeants turcs ont n’a pas encore réussi à convaincre réussi à respecter ce principe de la communauté internationale non intervention unilatérale dans d’intervenir plus précisément, ce une situation assez délicate. Une qui est le vrai problème. intervention turque créerait une rupture avec le passé et avec la Une intervention militaire même cohérence diplomatique turque. sous mandat international est-elle

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Vous parlez de respect du cadre international par la Turquie. Comment

Merve Özdemirkiran est chercheuse spécialisée sur la Turquie au CERI-Sciences Po.

la meilleure option pour résoudre ce conflit ?

C’est de l’ordre de la spéculation que d’en parler mais la Turquie ne doit pas prendre la tête d’une intervention militaire contre la Syrie. Elle ne peut pas résoudre ce problème seule. La vraie question est celle de l’opposition syrienne qui n’est pas du tout organisée. Le régime de Bachar al-Assad continue de durer à cause des litiges qui existent dans l’opposition. La Turquie doit proposer des solutions plus concrètes à la communauté internationale car elle est le pays frontalier de la Syrie. Les dirigeants turcs connaissent beaucoup mieux le terrain et ils disposent d’informations importantes sur les réfugiés. Ils peuvent observer de façon privilégiée ce qui se passe au sein de l’opposition syrienne. La solution passera donc par la réorganisation de l’opposition syrienne qui réunit des laïcs, des groupes de gauche, des islamistes. Si l’opposition était unie, elle serait parvenue à renverser ce régime.

La question des réfugiés syriens reste épineuse pour Ankara. Une intervention militaire pourrait créer un afflux beaucoup plus massif de Syriens en Turquie.

Mais une réorganisation de l’opposition peut-elle faire l’économie d’une approche militaire ? Et celleci ne créerait-elle pas d’autres problèmes pour la Turquie comme l’afflux de réfugiés ?

Au moins si l’opposition syrienne s’unit et propose une alternative politique viable, la majorité des problèmes seront résolus. Il y a toujours des difficultés quand un régime s’effondre comme en Irak avec la chute de Saddam Hussein. Le plus dangereux aujourd’hui sont les attaques frontalières de la Syrie en Turquie. Un conflit bilatéral serait catastrophique pour la Turquie. Elle déstabiliserait le pays et engendrerait de nombreux problèmes intérieurs. La Turquie est devenue une puissance régionale et émergente. Une guerre détruirait tout cela. Elle doit au contraire avoir des relations diplomatiques beaucoup plus ciblées avec la Chine et la Russie pour les convaincre d’une action au sein de l’ONU.

Une solution passerait-elle par la réintégration de l’Iran à la table des négociations ? La Turquie peut-elle jouer un rôle de médiateur en ce sens ?

L’Iran doit être intégré dans le processus, c’est sûr et la Turquie pourrait servir de médiateur mais

le problème est que ce pays a été marginalisé par la communauté internationale. Il est donc difficile de l’intégrer à une solution diplomatique avec l’ONU ou l’OTAN dès lors que l’Iran a un certain nombre de problèmes avec ces organisations internationales. Il n’est donc pas perçu comme un interlocuteur privilégié.

Depuis l’élection de François Hollande, on a l’impression d’assister à un rapprochement diplomatique entre la France et la Turquie sur le dossier syrien. Est-ce bien le cas ?

Après le changement de pouvoir en France et après la visite de Laurent Fabius (le ministre français des Affaires étrangères, ndlr) en Turquie, les relations diplomatiques turco-françaises qui sont passées par de multiples crises s’améliorent doucement. On peut envisager un partenariat. Les diplomates français sont d’ailleurs invités à de nombreuses réunions à Istanbul. Il y a un changement d’attitude de la part de la France et un changement de perception de la part de la Turquie qui était très méfiante vis-à-vis de Paris ces dernières années. On peut dire que ces relations changent et qu’elles peuvent avoir une conséquence pour la résolution de la question syrienne.


12 FAMILLE & SANTE

23 - 29 NOVEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Face à la violence de l’information, restez zen !

Les informations télévisées ou la lecture de la presse écrite provoquent parfois le développement d’un pessimisme profond au sein du public. En Turquie, ce mal moderne porte désormais un nom : le «syndrome du monde mauvais».

«Le syndrome du monde mauvais», kötü dünya sendromu, est la conséquence de l’avalanche de mauvaises nouvelles déversées quotidiennement par les médias.

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installer la connexion internet chez elle, à MERVE TUNÇEL Meurtres, agressions, viols, violences Bahçelievler, illustre cette situation. Après familiales ou autres tragédies… Les sa mort, nombreux sont ceux qui ont reactualités liées à des affaires judiciaires se gretté qu’elle n’ai pas été «aussi méfiante suivent et se ressemblent à la télévision et que sa mère». En effet, sur le compte twitdans les journaux. Alors que certains les ter de Fatma Nur, on apprend que sa mère prennent trop au sérieux et deviennent allait jusqu’à lui recommander de mettre paranoïaques, d’autres au contraire ne s’en de l’argent sous une bouteille vide pour ne soucient pas et les trouvent normales. pas avoir à parler avec le porteur d’eau. Cette situation en Turquie porte un nom Pour la jeune fille, il s’agissait là d’un excès médical : «le syndrome du monde mau- de méfiance : on connait pourtant sa triste vais» (kötü dünya sendromu) lié à l’ava- fin. Fatma Nur n’est qu’un exemple. Dans lanche de mauvaises nouvelles que dé- les programmes télévisés grand public versent les médias quotidiennement. Les sont en effet étalés des milliers de cas simisymptômes en sont les suivants : les indi- laires. vidus ressentent une peur diffuse, celle d’être futures victimes d’un meurtre, d’un L’inflation médiatique enlèvement ou de violences. Cependant, des affaires judiciaires certains vont plus loin encore et envisagent L’exemple de Dilber Firtina est symune fin du monde survenant à cause d’un bolique. Cette femme avait tué son fils virus ou d’une maladie, ou à cause d’une parce qu’il l’avait surprise avec un autre guerre nucléaire ou biologique. Nous ne homme et avait ensuite participé à un tel savons pas si la fin du monde va survenir programme télévisé afin que son fils soit suite à ces scénarios catastrophes ; ce qui retrouvé, versant des «larmes de crocodile» pendant des semaines devant est sûr c’est que le «synl’écran. Cela avait choqué tous drome du monde maules téléspectateurs une fois vais» tourmente l’humal’affaire élucidée. Par la suite, nité. D’après le psychiatre toutes les personnes particiet président de l’Univerpant à l’émission pour retrousité d’Üsküdar Nevzat Tarhan, ce syndrome est «Le monde devient ver un proche disparu ont été traitées comme des tueurs provoqué par la disparimenaçant dans tion progressive d’un en- l’esprit d’une grande potentiels par le public. A bien y regarder, ce syndrome est lié vironnement sûr et par un partie de la société» à la forte présence des affaires monde de plus en plus menaçant. Les journaux télévisés, les faits judiciaires et de tous leurs détails macabres sanglants des troisièmes pages de couver- dans le traitement de l’actualité. Dans ces tures renforcent les peurs et le sentiment conditions, les jeunes générations naissent d’insécurité. Le monde devient invivable dans une société particulièrement anxioet menaçant dans l’esprit d’une grande gène et reproduisent ces schémas de peur. partie de la société. Les conséquences en Il est pourtant important de transmettre sont inévitables : pessimisme ambiant et aux jeunes la confiance en l’avenir, l’idée individus fatigués de la vie. Ce qui est ar- que de très bonnes choses peuvent leur rivé récemment à Fatma Nur Çelik, une arriver. Il faut être à la fois optimiste et étudiante violée et tuée par celui qui devait précautionneux.

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13 CULTURE

23 - 29 NOVEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Le Trio Joubran, ambassadeur populaire de la culture palestinienne Dès leurs débuts sur scène en 2004, ils ont su faire connaître la culture palestinienne à travers leur musique. Très populaire en Turquie, le Trio Joubran qui a donné un concert à Istanbul le 2 novembre, poursuit sa tournée en France le 24 novembre à Guérant et le 7 février à l’Olympia. CENK ERDEM ISTANBUL Vous souvenez-vous du premier

concert du Trio Joubran à Paris en 2004 ?

Nous avons commencé avec Randana, qui était un album expérimental. On voulait vérifier si ça marcherait ou pas, et ça a marché ! On s’est sentis soulagés après, et on s’est mis à faire «de la musique pour la musique» avec le deuxième album, Majâz, qui a eu beaucoup de succès.

Dans votre musique, quels sont les éléments essentiels de la culture palestinienne ?

En tant que Palestiniens, et pas seu-

Le célèbre poète Mahmoud Darwish est partout dans votre musique. Comment définissez-vous son influence dans votre musique ?

Il a influencé tous les Palestiniens et même tous les Arabes, mais le fait que Samir ait partagé avec lui la même scène [lors d’un concert] a rendu notre relation plus étroite et plus forte. Après sa mort, il fallait que nous lui rendions hommage sur scène, c’était un devoir pour nous, pour [contribuer à ce] que sa voix continue de résonner dans l’histoire de la Palestine. Nous sommes toujours fiers de lui rendre hommage à travers notre musique.

Vous avez donné un grand concert à Istanbul début novembre. Quelles impressions en avez-vous gardé ?

Je me souviens de la première fois que je suis venu à Istanbul : c’était le Ramadan et les prières qui venaient des mosquées les plus belles que j’aie jamais vues nous ont émus tous les trois, presque jusqu’aux larmes ainsi que la musicalité de cette culture et la similitude avec notre culture. Nous avons vu beaucoup de gens qui attendaient à l’extérieur des mosquées pour rompre leur jeûne. Je me suis dit : «ce pays sera toujours un pays sûr parce que ses gens se soucient les uns des autres».

PRISONS

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Vous avez sorti votre cinquième album, AsFâr, en 2011. Qu’est-ce qui a changé dans votre musique au fil des ans ?

EN BREF

Ankara condamné par la CEDH

PROCÈS

Oui, je me souviens... J’étais effrayé ; j’avais peur de l’échec. Ce jour-là, il a commencé à pleuvoir très fort et je me suis senti soulagé : finalement, je n’étais Le Trio Joubran sera en tournée en France le 24 novembre à Guérant et le 7 février à l’Olympia. pas la seule cause possible d’échec ! Mais, juste avant le concert, il s’est ar- lement en tant que musiciens, nous Vous dites que vous ne voulez pas qu’on rêté de pleuvoir, le soleil est apparu et sommes au-delà du stade d’avoir à vous qualifie de trio de «world music». ce ne sont pas des centaines, mais des prouver que nous sommes Palesti- Dans quelle catégorie est-ce que vous clasmilliers de personnes qui niens. Je pense que chaque seriez votre travail musical ? sont venues assister au mot, chaque acte, chaque On voudrait que notre musique soit concert. Là, j’ai compris mélodie [dans notre mu- appelée «musique métaphorique» ; que ça ne dépendait plus sique] peut représenter notre second album, Majâz, signifie que de moi que ce soit notre culture, ce qui est la «métaphore» en arabe. On voudrait un échec ou pas. Je me preuve que cette culture a créer un [genre] musical nouveau, souviens que la seconde «Chaque mélodie est une histoire, une terre. Un parce que l’[étiquette] «world music» où Samir m’a appelé la preuve que cette art honnête ne peut être que ne s’applique pas à notre musique, ni sur scène je suis devenu culture a une histoire» le fait d’un esprit et d’une à beaucoup d’autres d’ailleurs, parce quelqu’un d’autre ; je âme indépendants, et nous que le monde est maintenant ouvert et n’étais plus moi-même, je ne vivais plus n’avons pas le moindre doute sur notre on peut toucher un grand nombre de que pour la musique et pour les milliers histoire. cultures à travers une seule et simple de personnes face à moi. mélodie.

Le terme «souchien» est légal

La Turquie a été condamnée mardi par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) à verser un total de 65.000 euros à quatre détenus, blessés lors d’une intervention policière dans une prison d’Istanbul fin 2000. Les juges de Strasbourg ont estimé dans leur arrêt qu’il y avait eu violation de l’article 2 de la Convention européenne des droits de l’homme («droit à la vie»), lors de cette opération de police visant à mettre un terme à une grève de la faim. La police avait alors fait «un usage excessif de la force et d’armes», ce qui avait conduit à la mort de douze détenus et à l’hospitalisation d’une cinquantaine de prisonniers. L’utilisation du terme «souchien», pour désigner un Français de souche, n’est pas répréhensible : la cour d’appel de Toulouse a relaxé lundi la militante anti-raciste Houria Bouteldja, qui avait prononcé le néologisme lors d’un débat télévisé en 2007. Le président de l’organisation d’extrême droite Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne, Bernard Anthony, qui poursuivait Mme Bouteldja, a crié son «indignation» : elle «a tenu des propos (…) sur les "souchiens qu’il faudrait éduquer"». Houria Bouteldja avait affirmé avoir prononcé «le terme de souchien en un seul mot», et non pas «sous-chien».

«Les dirigeants de cinq pays tiennent le destin de sept milliards de personnes» Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a déploré lundi un manque de représentation des pays musulmans à l’ONU, devant une audience de dignitaires religieux réunis à Istanbul pour un Conseil islamique eurasiatique.


14 CULTURE

23 - 29 NOVEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

A lire

Chant, oud et percussion, le trio Agua Viva fait revivre les romances et cantigas de la tradition judéoarabe d’Espagne, telle qu’elle a pu être conservée, des siècles durant, dans les villes méditerranéennes de l’Empire ottoman.

CONFÉRENCE Le traité de Hudaybiyya : un modèle du genre

Signé entre le Prophète et le plénipotentiaire qurayshite Suhayl Ibn ‘Amru, il garantissait l’essentiel pour les musulmans, tout en permettant aux Qurayshites de ne pas perdre la face. Ses 9 articles stipulent en substance que : 1) l’accord est intervenu entre les musulmans et les Qurayshites ; 2) le traité signé, tous les musulmans doivent rentrer à Médine ; 3) les musulmans auront le droit d’entrer à la Mecque pour accomplir le petit pèlerinage à partir de l’année suivante ; 4) Quraysh ne doit en aucune manière entraver cette action ; 5) le séjour des musulmans à la Mecque ne doit pas dépasser 3 jours ; 6) une trêve est instaurée pour une durée de 10 ans ; 7) le Prophète est tenu de remettre à Quraysh tout déserteur, même musulman, qui se réfugierait à Médine ; 8) les Qurayshites ne sont pas réciproquement engagés ; 9) les tribus de la péninsule sont libres de rejoindre l’un ou l’autre camp, sous réserve d’adhérer au traité. Du point de vue de la forme, les usages

diplomatiques ont été respectés : c’est un traité, signé par les deux parties, qui conservent chacune une copie. La formule inaugurale «Au nom de Dieu, voici ce qui a été convenu entre Muhammad Ibn ‘Abd Allah et Suhayl Ibn ‘Amru», qui niait sa qualité d’Envoyé de Dieu a été acceptée par le Prophète, malgré la réticence de ses fidèles. Compromis formel somme toute mineur eu égard au bénéfice retiré : tout d’abord, après quinze années de guerre, la reconnaissance des musulmans par Quraysh constitue un acquis politique majeur pour le jeune Etat de Médine. Ensuite, la trêve recherchée par le Prophète dans un but tactique, allait offrir une décennie de paix qui sera entre autres employée à consolider l’Etat naissant. Enfin, le contact instauré par les pèlerinages annuels, en permettant une meilleure connaissance de l’islam, sera à l’origine de nombreuses conversions, dont celles de Khalid Ibn al-Walid et ‘Amru Ibn al-‘As, qui dirigeront plus tard l’armée et la diplomatie musulmanes jusqu’aux confins du monde connu.

Avec Tewfik Aclimandos, professeur au Collège de France et Sarah Ben Nefissa, chercheure à l’IRD. Dans le cadre du séminaire «Le printemps arabe et ses lendemains. Processus en cours, lectures en question».

Pardon de Dieu, pardon des hommes. Chez les chrétiens, chez les musulmans

Réflexion et échange à partir des interventions d’Etienne Heyse et d’Amina Tougui. Une approche religieuse et psychologique à partir des textes de la Bible et du Coran.

Le 25 novembre à 16:00 21bis rue Dareau 75014 Paris

Entre liberté et morale : quelle parole des croyants aujourd’hui ?

Organisée autour des axes Morale chrétienne et morale musulmane principes et enjeux actuels et Une économie au service de l’homme, cette journée de réflexion et d’échanges verra notamment la participation de Selami Varlik, docteur en philosophie et en théologie, et acteur franco-turc du dialogue islamo-chrétien. Le 24 novembre de 9:00 à 17:00 Foyer de Grenelle 7/15 avenue de la porte de la Villette 75019 Paris

Un pied de nez aux «islamologues de comptoir» «islamologues de comptoir», l’auteur, jeune journaliste originaire d’une cité du Val d’Oise, a pris le parti de l’humour. Souvent, en forçant à peine le trait, tant les propos islamophobes frisent le grotesque. En rire, et, singulièrement, en faire rire, ne signifie pas, loin s’en faut, feindre que le sujet n’est pas grave, ou tenter de le dédramatiser. Au contraire. Avec

La nouvelle donne égyptienne

Le 27 novembre à 18:00 Université Paris VII-Diderot Immeuble Montréal, salle 2 105, rue de Tolbiac 75013 Paris

Une réunion de l’Organisation de la coopération islamique. Les fondements de la diplomatie instituée par le Prophète restent un modèle encore aujourd’hui pour les leaders musulmans.

& à voir...

Depuis quelques années déjà, la montée de l’islamophobie est un fait en Europe. Burqa, viande halal, piscine non-mixte ou terrorisme, les polémiques, dans l’Hexagone, se sont succédé à un rythme effréné, au point que les musulmans de France seraient devenus, «à l’insu de leur plein gré», les acteurs d’un choc des civilisations à la française. Face aux

Chants séfarades

Le 23 novembre à 20:00 Maison d’Europe et d’Orient 3, passage Hennel 75012 Paris

JOURNÉE D’ÉCHANGES

Islam des mondes

SEYFEDDINE BEN MANSOUR TUNIS Le président français François Hollande a reçu le 18 novembre à l’Elysée la nouvelle Coalition de l’opposition syrienne. Il a déclaré à cette occasion que Paris allait prochainement accueillir un «ambassadeur» issu de cette instance seule «représentant légitime du peuple syrien». Il s’agit là d’une première dans l’histoire de ces deux pays qui ont chacun une tradition diplomatique pluriséculaire. En devenant la capitale du nouvel Etat islamique sous les Omeyyades (661-750), la Syrie enrichira la nouvelle diplomatie arabe des usages hérités de la grande tradition byzantine. Néanmoins, celle instituée par le Prophète lui-même n’avait rien à envier aux formes les plus modernes de la diplomatie. C’est ce que montre notamment le traité de Hudaybiyya. Une diplomatie suppose un Etat. Le Prophète en instituera un à Médine, qu’il dotera d’une constitution, la Sahifa , document d’une extraordinaire modernité. Un Etat qui repose sur le principe de l’appartenance citoyenne, au-delà des liens tribaux et confessionnels, et qui institue l’égalité des citoyens devant la loi et la responsabilité individuelle (et non plus collective, à l’origine de vendettas sans fin). Dès lors, le chef de l’Etat allait pouvoir donner la pleine mesure de ses talents de diplomate. En l’an 5 de l’Hégire, le Prophète et 1.400 de ses fidèles quittent Médine en direction de la Mecque dans le but d’y accomplir le petit pèlerinage (‘umra) : maîtres de la cité, les Qurayshites idolâtres leur en refusent l’accès, les interceptant à Hudaybiyya. Des affrontements ont lieu, sans résultat décisif. Cette guerre aurait pu être aussi meurtrière qu’inutile sans l’action diplomatique du Prophète qui débouchera sur le traité de paix de Hudaybiyya.

CONCERT

Les piliers prophétiques de la diplomatie islamique

AGENDA CULTUREL

cette suite de nouvelles, toutes inspirées de faits réels, Nadia Henni-Moulaï veut dénoncer l’ignorance, source inépuisable d’islamophobie. Au fil des anecdotes, elle dessine ce que n’est pas le Français de confession musulmane : une suite de préjugés aux traits grossiers. Ce faisant, ce petit ouvrage fait aussi œuvre didactique, ce qui n’est pas son moindre mérite.

Petit précis de l’islamophobie ordinaire, de Nadia Henni-Moulaï, Editions Les points sur les I, 150 pages, 13 €.

Prisonniers palestiniens : quelle solidarité ?

Avec notamment M. Millet (Chrétiens de la Méditerranée), Ch. Gillmann (Association France Palestine solidarité), Y. Benderbal (Comité de bienfaisance et de secours aux Palestiniens) et J.-G. Greilsamer (Union juive française pour la paix). Le 27 novembre de 19:00 à 22:30 Foyer de Grenelle 17, rue de l’Avre 75015 Paris


OPINION15

23 - 29 NOVEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Les origines du terrorisme israélien Les bombardements israéliens sur Gaza rappellent un fait majeur de l’histoire de l’Etat sioniste : la permanence de l’emploi sur des populations civiles de méthodes terroristes. Pour le chroniqueur Bülent Kenes, il s’agit d’un héritage des organisations terroristes qui ont été associées à la fondation d’Israël. Si vous vous demandez quelle organisation terroriste a joué le rôle le plus important dans l’édification des fondements de l’Etat d’Israël, la réponse est sans aucun doute la Haganah («Défense»), BÜLENT KENES qui fut active entre 1920 et 1948, avant que la création de l’Etat d’Israël ne la rende superflue. D’autres organisations terroristes telles que l’Irgoun (Irgoun Tsvaï Le-Oumi, «Organisation militaire nationale») et le Lehi (Lohamei Herut Israël, «Combattants pour la liberté d’Israël») ont également œuvré pour la création de l’Etat israélien, qui héritera ainsi, dès sa naissance, de leur expérience en matière de terrorisme et de massacres. Forte de 50.000 membres en 1936 – Palmach excepté (Plougot Mahatz, «Unité de choc»), son corps d’élite – la Haganah concentrait ses efforts sur la défense des villages et des terres spoliés aux Palestiniens. L’Irgoun et le Lehi, qui

Edité par : Source SARL 2, boulevard Saint Martin 75010 PARIS Directeur de la publication : HÜSEYİN KARAKUŞ Rédacteur en chef : EMRE DEMİR e.demir@zamanfrance.fr Gestionnaire administratif : FAHRETTIN TEKİN f.tekin@zamanfrance.fr Responsable publicité : MEHMET SELVİ m.selvi@zamanfrance.fr Secrétaires de rédaction : BAYRAM ŞEN b.sen@zamanfrance.fr FOUAD BAHRI f.bahri@zamanfrance.fr Directeur artistique : EVREN AYAZ e.ayaz@zamanfrance.fr

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étaient les successeurs de la Haganah, se sont comportés en organisations terroristes classiques, s’en prenant indifféremment aux civils et aux militaires. Le fait que Menahem Begin, l’un des leaders de l’Irgoun qui, à plusieurs reprises, avait mis à l’épreuve la patience de la Haganah ellemême, ait par la suite uni cette dernière et le Lehi, et veillé à ce que les deux organisations terroristes agissent de concert, grâce à quoi il deviendra Premier ministre du jeune Etat d’Israël, montre à l’évidence la continuité qui existe entre l’Irgoun et Israël. Les positions qu’ont occupées au sein de l’Etat hébreu d’autres dirigeants de premier plan de la Haganah, à savoir Yitzhak Rabin, Ariel Sharon, Rehavam Zeevi, Dov Hoz, Moshe Dayan, Yigal Allon et Ruth Westheimer, en disent également long sur la nature de cet Etat. Lors de la création de l’Etat d’Israël,

la Haganah a simplement changé de nom pour devenir l’«Armée de défense d’Israël» [Tsva Haganah Le-Israel, la fameuse Tsahal, ndlr]. Ainsi, en septembre 1948, les membres de l’Irgoun ont-ils rejoint la nouvelle armée israélienne, qui a ainsi pu bénéficier de leur expérience en matière de massacres.

«Tu ne tueras point» : un commandement violé

été à l’origine du plus grand massacre jamais perpétré contre la population gazaouie. L’opération «Plomb durci», conduite entre le 27 décembre 2008 et le 18 janvier 2009 avait ainsi fait 1434 morts, dont 960 civils, parmi lesquels 288 enfants et 121 femmes ; ainsi que 5303 blessés, dont 1.606 enfants et 828 femmes. Le fait que parmi les victimes on compte également 239 policiers et 235 pompiers montre à quel point la machine de terreur israélienne fait peu de cas de la population civile. Face aux pertes palestiniennes, qui sont considérables, seuls 13 soldats israéliens sont morts durant l’opération «Plomb durci».

L’héritage politique de l’Irgoun, qui s’appuie sur le sionisme, est actuellement représenté par le Likoud dirigé par Benjamin Netanyahu, le membre le plus important de la coalition au pouvoir en Israël. Depuis 1948, l’Etat d’Israël n’a jamais renoncé aux méthodes terro- Une impunité internationale ristes qui avaient été utilisées Avec sa vision du monde avant sa création. Il a continué strictement axée sur la sécurité, avec laquelle il à les utiliser sans a recours à toutes réserve, sous les sortes de méthodes yeux du monde inhumaines, n’hésientier, usant de tant pas, au besoin, la victimisation à terroriser les des juifs en lien «En contradiction populations, Israël, avec les crimes non seulement fait nazis, idée par complète avec la ailleurs large- Torah, Israël continue un usage de la force qui est disproporment diffusée, d’assassiner» tionné et sans diset du sentiment de culpabilité que la commu- cernement, avec l’intention de nauté internationale lui associe. tuer toujours davantage, mais En contradiction complète avec encore évite avec précaution l’injonction de la Torah «Tu de respecter les obligations ne tueras point», l’un des Dix auxquelles sont normalement commandements, Israël conti- soumis les belligérants en nue d’assassiner. Y compris matière de distinction entre les nouveau-nés, les femmes combattants et non-comenceintes, les personnes âgées battants. Pourquoi d’ailleurs et les enfants. Vous vous en Israël devrait-il se sentir tenu souvenez peut-être, avant de respecter ces lois ? Pas une l’opération en cours, baptisée seule puissance internationale «Pilier défensif», et qui depuis ne lui ferait rendre compte de plusieurs jours est en train de ses actes. Au contraire, les puisdétruire Gaza, Israël avait déjà sances occidentales, Etats-Unis en tête, rivalisent dans le soutien qu’elles apportent à son droit de tuer. Armée de terre, marine et aviation, Israël a mobilisé toutes ses forces militaires pour bombarder Gaza, une minuscule bande de terre où s’entassent 1,7 million d’individus, devenue au fil des années de siège et de blocus une véritable prison à ciel ouvert. b.kenes @ todayszaman.com

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En Turquie, les filles aussi jouent au foot Le football féminin connaît une véritable progression depuis ces 20 dernières années. Plus de 26 millions de femmes dans le monde sont licenciées. En Turquie, la Fédération turque de football mise sur le programme «Villages de football pour les filles» pour promouvoir cette toute nouvelle discipline. FLORIAN GAMBIN PARIS Encore bien loin de la surmédiatisation et des sommes astronomiques touchées par Cristiano Ronado, Lionel Messi ou David Beckham, le football féminin trouve son rythme de croisière. En Turquie, depuis 1994, le championnat national se dispute entre dix clubs. L’équipe nationale participe à toutes les phases qualificatives des coupes du monde et des championnats d’Europe. Lors de la saison précédente, les filles de l’Atasehir Belediyesi ont remporté leur deuxième championnat consécutif. Elles ne sont plus qu’à deux longueurs des quatre titres d’affilée remportés par l’équipe du Dinarsuspor dans le milieu des années 1990. Pour promouvoir le football féminin en Turquie, la Fédération turque de football (TFF) a lancé en 2008 le programme «Villages de football pour les filles» pour toutes les joueuses âgées de 11 et 12 ans. Pendant dix jours, elles participent à des entraînements dirigés par différents entraîneurs nationaux. En plus de ce stage,

elles reçoivent une formation sur la nutrition et les premiers secours. Les plus talentueuses sont invitées à rejoindre leur club local ou les centres de formation de la TFF.

filles pratiquent ce sport parce qu’elles l’aiment : c’est leur motivation principale». Avec seulement 1.200 licenciées, contre

200.000 chez les hommes, le football féminin turc progresse lentement. Néanmoins, de plus en plus de filles chaussent leurs crampons pour montrer qu’elles aussi peuvent exister dans le monde du ballon rond.

La TFF pense à ses filles

La Fédération encourage les féminines internationales à participer à ces centres de formation en passant des moments avec ces jeunes filles pour leur transmettre leur savoir et répondre à leurs questions. La TFF souhaite également que pendant ou après leur carrière de footballeuse, un maximum de joueuses soient formées pour devenir entraîneur ou professeur d’éducation physique et sportive. L’année dernière, la TFF soutenue par le ministère de l’Education a lancé l’Ecole de football pour les filles. Des championnats interécoles ont eu lieu et l’idée a été bien accueillie au vu du nombre de participantes : 14.000 pour cette première année. Pour Necla Güngör, sélectionneuse de l’équipe féminine turque des moins de 15 ans, «les

Même si le football féminin a peu de licenciées en Turquie, la Fédération turque de football a mis en place pour le promouvoir une politique ambitieuse.


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