Zaman France N°254 - FR

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La chancelière allemande qui était en voyage à Ankara, a exprimé sa volonté de poursuivre les négociations pour l’entrée de la Turquie dans l’UE, en ouvrant un nouveau chapitre. Mais fidèle à l’opinion publique allemande, Angela Merkel n’a pas manqué aussi de rappeler ses doutes sur la candidature turque.

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EUrOpE

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La valse-hésitation de Merkel sur l’adhésion turque

Le football turc toujours miné par les matchs truqués Deux ans après le scandale de Fenerbahçe, la corruption dans le football n’a pas reculé comme l’illustre la découverte de 79 nouveaux matchs truqués. Pour y mettre un terme, la Fédération turque de football envisage une coopération plus poussée avec Europol.

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01- 0 7 MARS 2013 N° 254

Banlieue, cohésion nationale : où va la politique française ? Avec un taux de chômage de 22,7%, la situation des banlieues est critique. Pour y faire face, le gouvernement a lancé un plan, mais qui reste insuffisant et manque d’ambition. Un constat inquiétant au moment où le FN sort renforcé de l’implosion de l’UMP et s’impose comme le leader de l’opposition. Les vertiges de la politique française r02

Le FN, un parti comme les autres… r03

Plan banlieue : des mesures positives mais insuffisantes r04

La députée des Français de Turquie perd son siège Daphna poznanskiBenhamou, députée pS des Français de l’étranger de la 8e circonscription qui comprend la Turquie, a appris le 15 février dernier l’invalidation de son élection par le Conseil constitutionnel qui la déclaré inéligible pour un an. Zaman France a voulu en savoir plus sur les raisons de cette éviction politique.

Peillon raccourcit les vacances d’été

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S’il est une réforme qui fait beaucoup de bruit en ce moment, c’est bien celle proposée par le ministre de l’Education nationale Vincent Peillon. Le ministre français a en effet annoncé le 24 février une réduction des congés d’été à six semaines au lieu de deux mois et des trois zones géographiques traditionnelles qui seront divisées en deux. RFRANCe 02

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Said Nursi, l’autre modernité de la Turquie

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Le quotidien Taraf a révélé la semaine dernière que le lieu probable de la seconde inhumation de la dépouille de Said Nursi serait le cimetière d’Isparta. RCULTURe 14

Un consensus se dégage sur la Constitution turque rTURQUie 08

Les Français séduits par la médecine alternative rSANTe 12


02 FRANCE EDITO FOUAD BAHRI

Les vertiges de la politique française Le retour de l’Etat dans les banlieues. C’est ainsi qu’a été présentée la série de mesures proposées par le gouvernement français et destinées à faire reculer le chômage, favoriser le renouvellement urbain et améliorer les structures éducatives dans les quartiers populaires. Hélas, beaucoup de bruit pour rien. Les décisions annoncées sont loin d’être à la hauteur des enjeux économiques, sociaux et sociétaux de ces zones urbaines sensibles. En dépit d’un changement de cap globalement positif sur ces dossiers au regard de la précédente magistrature, les acteurs de terrains ont exprimé leur déceptions et leurs inquiétudes. Les créations d’emplois sont faibles, très en deçà des attentes et du taux de chômage qui atteint en moyenne 22,7 % et même 50 % dans certaines communes délaissées. Quand à l’éducation, mis à part la légère augmentation des effectifs d’enseignants qui leur sera attribuée, il s’agit plus de mesurettes, que de solutions sérieuses. Le budget consacré au financement de ce plan reste le même que sous la présidence Sarkozy, ce qui est le signe que les banlieues ne sont toujours pas une priorité nationale pour le gouvernement français et que les révoltes urbaines de 2005 n’ont laissé aucun souvenir. Pendant ce temps, le Front national sème ses idées et laboure le paysage médiatique de sa présence qui a explosé depuis la succession de Marine Le Pen. Désormais le parti frontiste jouit d’une nouvelle image et d’un nouveau statut : celui de premier parti d’opposition gagné à la faveur d’une refonte idéologique, d’un rajeunissement de ses cadres et d’une faillite programmée de l’UMP. La guerre des chefs de la droite française, qui a renoncé à son centrisme républicain sur l’identité nationale depuis la présidence de Sarkozy, a accéléré cette ascension politique du FN. Mieux : elle l’a favorisé idéologiquement et normalisé par la nomination notamment de l’ancien Villieriste Guillaume Peltier à la tête de la Nouvelle droite, l’un des courants de l’UMP. Autant de facteurs qui donnent le vertige sur l’évolution actuelle de la politique française et impose plus que jamais, à l’heure où Stéphane Hessel nous a quitté, un devoir d’indignation. f.bahri@zamanfrance.fr

01- 0 7 MARS 2013 ZAMAN FRANCE

L’UDEC débat d’Europe avec la députée Sophie Auconie Près d’une centaine de participants ont assisté vendredi 15 décembre à la rencontre autour de la députée européenne Sophie Auconie, organisée à Orléans par l’Union des entrepreneurs du Centre (UDEC) et portant sur «les subventions européennes destinées aux PME». Après avoir détaillé les principaux dispositifs européens destinés à soutenir l’activité et l’emploi des PME, l’eurodéputée s’est également penchée sur l’utilisation de ces derniers en France, ainsi que sur les problèmes actuels rencontrés par l’Union européenne, notamment en termes de gouvernance. Selon Sophie Auconie, l’UE est une nécessité absolue pour ses Etats membres, qui ne sont pas en mesure d’affronter individuellement les défis liés à la compétitivité mondiale. Rappelant que parmi les principaux objectifs de l’UE figurent la cohésion sociale, le soutien de la croissance, ainsi que la gestion et la résolution des crises économiques ou politiques, elle a souligné qu’une harmonisation des systèmes sociaux et fiscaux des Etats membres était à cet effet nécessaire. La différence des smics nationaux intra-européens ou de la taxation des entreprises sont

La députée européenne Sophie Auconie était l’invitée de l’Union des entrepreneurs du Centre pour un débat autour de la politique européenne en matière de subvention auprès des PMe.

des exemples assez récurrents justifiant cette harmonisation.

Varsovie devance Paris sur les subventions

Aujourd’hui, 532 milliards d’euros sont consacrés à près d’une centaine de mesures de soutien spécifiques à travers toute l’Europe, dont les trois principales sont le FEDER (Fonds européen de développement régional), le FSE (Fonds social européen) et le FEADER (Fonds européen agricole pour le développement rural). La France figure parmi les pays qui exploitent

le moins les dispositifs de subventions européennes, contrairement à la Pologne où, par exemple, les besoins sont certes plus importants, mais où aussi les dossiers sont plus faciles à monter. La rencontre s’est clôturée par un petit cadeau de souvenir remis à la députée européenne par le secrétaire général de l’UDEC, Yavuz Bayhan Topcu, suivi d’un cocktail convivial qui a permis à ceux qui le désiraient de rencontrer l’eurodéputée et de lui poser des questions plus précises. Et pour d’autres de poser pour une photo souvenir avec l’invitée d’honneur...

Stéphane hessel (en présence du Dalaï Lama), s’est éteint à l’âge de 95 ans. Le militant humaniste français s’était fait connaître du grand public par son ouvrage devenu best-seller, indignez-vous.

Peillon raccourcit les vacances d’été YAGMUR CeNGiZ pariS S’il est une réforme qui fait beaucoup de bruit en ce moment, c’est bien celle proposée par le ministre de l’Education nationale Vincent Peillon. Le ministre français a en effet annoncé le 24 février une réduction des congés d’été à six semaines au lieu de deux mois et des trois zones géographiques traditionnelles qui seront divisées en deux. Des mesures qui arrivent comme un cheveu sur la soupe dans le projet de réforme sur les rythmes scolaires. Le décret voté le 26 janvier prévoyait déjà d’étaler les semaines

de classe de quatre jours à quatre jours et demi pour alléger les journées de travail dans la semaine. La réforme sera appliquée en 2013 ou en 2014 en fonction du choix des villes et le maire de Paris Bertrand Delanoë souhaite l’appliquer dès la rentrée 2013.

Une réforme rythmée par les contestations

Ces mesures ne satisfont cependant pas tout le monde. «Les enseignants qui font passer les oraux du bac sont déjà occupés jusqu’à la mi-juillet», s’indigne Frédérique Rollet, la secrétaire générale

du syndicat enseignant SNES-FSU. Les critiques du corps enseignant ont poussé le ministre à davantage de prudence. La question «sera peutêtre évoquée après 2015», a-t-il ainsi ajouté. La réduction des vacances d’été n’est donc pas la bienvenue, d’autant que la réforme sur les quatre jours et demi reste inachevée. A cela s’ajoute un fonds financier de 250.000 euros qui reste à déployer dans les communes en difficulté et des villes comme Lyon, Marseille ou Montpellier y vont à petit pas en attendant 2014 pour mettre le pied à l’étrier.

Le ministre de l’education nationale Vincent Peillon souhaite réduire les vacances scolaires d’été à six semaines au lieu de huit.


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01- 0 7 MARS 2013 ZAMAN FRANCE

Le FN, un parti comme les autres…

MON AVOCAT Canan Özenici

Depuis sa prise de fonction à la présidence du Front national, Marine Le Pen a réussi à dédiaboliser son parti politique et à augmenter sa visibilité médiatique.

Deux ans après la succession de Marine Le Pen à la tête du Front national, le parti d’extrême droite a gagné son double pari : dédiaboliser son image et crédibiliser son discours dans l’opinion publique. Grâce à une communication bien huilée et un nouveau discours politique, la fille de Le Pen apparaît désormais comme la principale figure de l’opposition, à l’heure où l’UMP n’a plus de chef. le Guépard de Visconti, il s’agit de tout FoUAD BAhRi pariS Jeudi 21 février, Marine Le Pen changer pour que rien ne change. La était l’invitée de l’émission poli- condamnation de l’immigration, pilier tique de David Pujadas «Des paroles et politique du programme du FN père, des actes». Un plateau télé qu’elle devient un argument économique connaît bien pour l’avoir occupé à de contre la mondialisation et la concurnombreuses reprises, depuis l’époque rence déloyale des multinationales dans de «A vous de juger» d’Arlette Chabot. la bouche de la patronne du FN. La présence médiatique du Front national a, en effet, explosé depuis la passa- Vous n’êtes pas le diable, madame ! tion de pouvoir entre Le Pen père et Les fondamentaux de l’extrême droite fille à la tête du parti d’extrême droite. deviennent donc respectables et le Le visage du Front national a donc personnel politique ne s’y trompe changé. Une femme quarantenaire en pas, à l’image d’un Bruno Le Maire, ancien ministre sarkozyste, lieu et place d’un vieux salué par Marine Le Pen lion usé de la politique. pour son dernier livre. Secondé de Florian Echanges d’amabilités, Le Philippot et Louis AlMaire évoque la sincérité liot, ses lieutenants du combat politique de sa masculins, tout aussi jeunes, la championne «Les fondamentaux de vis-à-vis et change d’argumentaire : vous n’êtes pas du nationalisme franl’extrême droite deçais qui ne se prive pas viennent respectables» le diable madame, mais vos propositions sont vieilles et d’exploiter au passage la symbolique de Jeanne d’Arc, est bien datées ! La normalisation est achevée rôdée en communication dont elle maî- et ce n’est pas la moindre des victoires politiques de la leader du FN. Signe des trise les codes. temps nouveaux, des alliances locales au grand jour sont désormais possibles Tout changer pour que rien ne change Sourire permanent aux lèvres, crispa- avec les élus UMP et la «priorité natiotion sérieuse sur les sujets économiques nale», reformulation marinienne de la ou mimiques outrées quant la critique «préférence nationale» si chère à Jeanse fait embarrassante, Marine Le Pen a réponse à tout. Et avec la jeune Marion Maréchal-Le Pen, présente à l’Assemblée nationale, la relève du parti semble assurée. Au FN, les visages n’ont pas seulement changé. Les discours aussi, formellement du moins. Alors que Jean-Marie Le Pen parlait de péril immigré, Marine évoque la menace de l’islamisation de la France invoquant la laïcité et la République là où son mentor parlait de Nation et de souche. Comme

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Marie, n’est pas adressé aux Français de souche mais à tous les Français quelles que soient leurs origines ou leurs «religions». Les apparences sont préservées. Cette évolution était pourtant prévisible et demeure le principal héritage du mandat de Nicolas Sarkozy.

La résurgence suprématiste en europe

En appliquant la maxime de Gramsci selon laquelle toute victoire politique est précédée d’une victoire idéologique, l’ancien président de la République a renforcé le vivier électoral du Front national et sa montée en puissance médiatique. Les nombreuses attaques verbales sur l’islam et les musulmans de France, d’Hortefeux à Guéant, ont consolidé une islamophobie désormais consensuelle dans l’opinion publique française comme l’ont révélé plusieurs sondages. Les crises économiques créent toujours des crises de confiance et d’identité dans la conscience d’un peuple. En réduisant l’islam à l’immigré et l’immigré à une menace économique, Marine Le Pen fait ainsi coup double et réhabilite des positions politiques qui comme l’illustre la victoire électorale de nombreuses formations populistes un peu partout en Europe, sont aujourd’hui dominantes.

Marine Le Pen était l’invitée de David Pujadas dans l’émission «Des paroles et des actes» sur France 2, le 21 février dernier.

L’apprentissage : une aubaine, oui mais… La première source d’inquiétude et de revendication des entrepreneurs français provient du poids des charges sociales dans le bilan de leur entreprise. L’apprentissage est une forme d’éducation alternée qui associe formation pratique dans une entreprise et formation théorique dans un centre de formation d’apprentis. L’emploi d’un apprenti permet aux entreprises de bénéficier, en fonction de sa taille, d’exonération totale ou partielle de charges sociales. De plus, un crédit d’impôt spécial est accordé aux entreprises qui emploient ces apprentis. Ce dispositif fiscal permet aux employeurs de percevoir, sous certaines conditions, 1600 euros par an par apprenti embauché, crédit porté à 2200 euros par an pour l’emploi d’un apprenti reconnu travailleur handicapé. Ce n’est pas tout, les entreprises du secteur privé et du secteur public, localisées en Ile-de-France, bénéficient également d’une indemnité compensatrice forfaitaire versée par le Conseil régional d’Ile de France de 1000 euros par apprenti et par année de formation. Mais attention, si ce dispositif est avantageux financièrement, il comporte, d’autre part, des responsabilités pour le chef d’entreprise. En effet, à défaut de formation de l’apprenti, le contrat d’apprentissage doit être requalifié en contrat de travail à durée indéterminée. Le salarié doit en outre être indemnisé du préjudice résultant de sa formation incomplète. En effet, l’absence de formation de l’apprenti détourne le contrat d’apprentissage de son objet, et justifie sa requalification en contrat de travail à durée indéterminée (CDI), précise la chambre sociale de la Cour de cassation dans un arrêt du 12 février 2013. Dans ce dossier, l’apprenti, qui devait réaliser le même travail que les autres salariés de l’entreprise, «n’était pas en situation d’apprentissage mais exerçait des fonctions d’agent EDF à part entière et qu’il était dans l’impossibilité matérielle de recevoir une formation professionnelle sérieuse». L’employeur n’ayant pas satisfait à son obligation de formation, il a détourné le contrat d’apprentissage de son objet. L’employeur, en plus des conséquences de la requalification est condamné au paiement de dommages et intérêts. En effet, le préjudice résultant d’une formation incomplète pendant l’exécution du contrat est distinct de celui de la rupture. Il doit donc être indemnisé. Pour vos questions : ceruguz@yahoo.fr


04 FRANCE

01- 0 7 MARS 2013 ZAMAN FRANCE

Plan banlieue : des mesures positives mais insuffisantes Un taux de chômage de 22,7%, un jeune sur 4 sans qualification : la situation dans les quartiers populaires est critique. pour y faire face, le gouvernement a lancé un plan d’action pour les banlieues. Des mesures sur l’emploi ou l’éducation jugées insuffisantes par les acteurs associatifs, même si pour certains maires elles vont dans le bon sens.

François hollande en visite dans la commune d’Aubervilliers en Seine-Saint-Denis.

lyse Didier Lapeyronnie, professeur de SoPhie SoUChARD pariS «Où est le droit de vote des étran- sociologie à l’Université de la Sorbonne gers ? La lutte contre le contrôle au - Paris IV, spécialiste des villes et des faciès ?». Les questions de Mehdi Biga- banlieues, contacté par Zaman France. derne, adjoint au maire de Clichy-sous- La nouvelle cartographie prioritaire est une bonne chose selon lui Bois (Seine-Saint-Denis) puisque «ce qu’il y avait de et membre de l’Associacrédit avait tendance à se tion nationale des élus de défaire et à se dissoudre». la diversité (Aneld), sont Il voit dans ce plan «un lourdes d’espérances dérééquilibrage de mesures çues. Malgré la récente mise en place d’un plan «Dans les faits, il n’y a plus sociales», même s’il d’action en faveur des pas de plan banlieue» estime qu’il «faut aller plus loin en termes de moyens quartiers populaires, membres d’associations et élus locaux et en termes politiques». L’enjeu reste des banlieues manifestent de plus en d’«amener les autres ministères à agir plus leur mécontentement. Pourtant, le également». 19 février dernier le Premier ministre présentait, à l’issue du Comité Intermi- Des mesures sociales insuffisantes nistériel des villes, un plan gouverne- «Ça me semble léger et à la rigueur, mental de 27 mesures rassemblées au- c’est même un peu insultant» : voilà le tour de 5 engagements principaux pour sentiment de Hassan Ben M’Barek, pré«intégrer dans les politiques publiques sident du Front des banlieues indépenles spécificités des banlieues». dant (FBI), face à ce plan d’action. Selon lui, le programme gouvernemental n’est pas «à la hauteur des enjeux». Pour le 1000 quartiers prioritaires, responsable associatif, la priorité dans 2000 emplois francs Bénéficiant d’un budget constant (505 les banlieues est avant tout l’emploi. millions), le gouvernement prévoit ainsi Or, sur ce point les mesures sont jugées de resserrer la «géographie prioritaire» «insuffisantes». Il faudrait ainsi, selon en concentrant les moyens financiers sur l’acteur associatif, «arrêter de subven1.000, et non plus 2.500 quartiers prio- tionner des projets de centre social et ritaires. 2.000 «emplois francs» sur une essayer de créer des locaux et des pépidizaine de sites, 30 % des 150.000 em- nières pour qu’il y ait un vrai dynamisme plois d’avenir promis aux 16-25 ans, 20 % qui se crée dans les banlieues, à travers des 170.000 contrats d’insertion dans la la libre entreprise». Allant jusqu’à dire vie sociale (Civis) : dans des quartiers où que «dans les faits, il n’y a pas de plan le taux de chômage est 2 fois plus élevé banlieue avec M. Hollande». qu’ailleurs (22,7%), l’accent est mis sur l’aide à l’emploi. Autre domaine privi- «Mieux tenir compte de la situation légié : l’éducation. La priorité est ainsi sociale des habitants» donnée au financement de la scolarisa- Le maire socialiste d’Aubervilliers, tion des moins de 3 ans et à l’embauche Jacques Salvator, confie quant à lui que de nouveaux enseignants. Concernant le «dans les circonstances actuelles», ce volet urbain, il est prévu de boucler plan «va dans la bonne direction». Il le plan national de rénovation souligne notamment le lancement urbaine (PNRU) lancé en 2003 des emplois francs, «une expéridont le but est de reconstituer mentation légitime». Mais le maire des logements sociaux démolis regrette qu’il n’y ait «pas encore sufet de désenclaver les quartiers fisamment de précision en ce qui par la création de voirie. Un concerne les cibles sociodeuxième plan de rénologiques de la politique vation sera mis en place de la ville» : étrangers, à partir de 2014. familles monoparentales, sortants de Un plan modeste prison, autant de situations sociales mais lucide «Sa force, c’est qui nécessitent des hassan Ben M’Barek est le président d’abord qu’il est accompagnements du Front des banlieues indépendant. plus modeste», anaspécifiques.

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INTERVIEW06

01- 0 7 MARS 2013 ZAMAN FRANCE

La députée des Français de Turquie perd son siège Daphna Poznanski-Benhamou, députée PS des Français de l’étranger de la 8e circonscription qui comprend la Turquie, a appris le 15 février dernier l’invalidation de son élection par le Conseil constitutionnel qui la déclaré inéligible pour un an. Zaman France a voulu en savoir plus sur les raisons de cette éviction politique. SoPhie SoUChARD pariS

Le Conseil constitutionnel a annulé votre élection. Comment comprenez-vous cette décision ?

La décision du Conseil Constitutionnel est particulièrement sévère. Elle a été prise au motif que j’aurais – et je dis bien cela au conditionnel – dépassé le plafond permis de dépenses personnelles de 17 %. Or le détail des sommes retenues dans ce pourcentage n’a été communiqué ni à mon expert-comptable, ni à mon avocat, ni à ma mandataire financière et ni même à moi-même. Il y a un manque total de transparence dans la décision. On m’a reproché en quelque sorte le non-respect de règles qui n’existaient pas le jour où ma candidature a été enregistrée. Ils ne prennent pas en compte qu’en réalité c’est la première fois qu’on fait des élections des députés des Français à l’étranger. Il n’y a d’ailleurs pas que moi : une autre députée des Français de l’étranger de la 1ere circonscription et la plus grande partie des candidats qui n’ont pas été élus ont vu leurs comptes rejetés. Ce qui prouve qu’il y a un problème. Sur une circonscription qui fait 1.200.000 km², personnellement je ne pouvais pas amener ma mandataire financière tout le temps, partout. Je n’avais pas les moyens financiers, tout simplement.

Quels sont les dispositifs, les règles à réformer ?

Il faut vraiment - et c’est ce qu’a dit le président de la Commission des lois, Jean-Jacques Urvoas – qu’on se penche sur le dysfonctionnement de cette histoire de mandataire financier qu’il est impossible d’emmener avec vous dans tous les pays. Moi j’avais une circonscription de 1.200.000 km², soit deux fois la France, 8 pays, 4 monnaies différentes. Comment gère-t-on ça ? Sauf à dire, les candidats ne font pas campagne et on va envoyer uniquement des personnalités connues de France. Or, c’est

L’élection de Daphna Poznanski-Benhamou, députée PS des Français de l’étranger de la 8e circonscription qui comprend la Turquie a été invalidée par le Conseil constitutionnel.

complètement l’inverse de ce que veulent les Français de l’étranger. Ils m’ont élue parce que j’étais la seule à être une vraie Française de l’étranger, la seule à bien connaître les problèmes. On arrive en fait à quelque chose d’anti-démocratique. Si vous dites que les candidats du terrain ne peuvent pas se présenter, ça veut dire quoi ? Il n’y a plus que ceux de Paris qui peuvent se présenter. C’est un déni démocratique. Il faut que la commission des lois du Parlement se demande comment on adapte vraiment les règles en prenant en compte tous les cas de figure.

Y a-t-il un recours possible pour contester cette décision ?

Le seul recours qui existe est d’aller devant la Cour de justice européenne des droits de l’homme en disant qu’il y a un manque de transparence et qu’on m’a appliqué des lois qui n’existaient pas. Cela serait jouable, je peux gagner. Mais ce genre de procédure dure 4 ans minimum et est très coûteuse. Or, dans 4 ans, on revote. Donc cela n’a aucun intérêt de le faire.

Quels soutiens avez-vous reçu ?

J’ai reçu de partout, des mails et des coups de téléphone de soutien. Les gens m’ont dit, et ça m’a beaucoup touché : «en moins de huit mois, vous avez fait plus que beaucoup de députés en 5 ans». Le Premier ministre Ayrault m’a rendu hommage, le premier secrétaire du Parti socialiste, le président du groupe socialiste, la présidente de la commission de la défense également.

Quel est votre lien avec la Turquie ?

Je me suis déplacée très souvent en Turquie depuis mon élection. J’y ai de nombreux amis. Je voudrais leur dire [aux Turcs] que je serai toujours là. J’espère, peut-être dans d’autres fonctions, pouvoir les retrouver. A Istanbul, j’étais comme chez moi.

Le statu quo sur le Concordat salué par les religions de France Les représentants des trois cultes reconnus par l’Etat en Alsace-Moselle (catholique, protestant et juif) se sont félicités vendredi, lors d’une conférence de presse commune, que le régime local des cultes soit désormais «intégré à la laïcité française», après sa validation jeudi par le Conseil constitutionnel. La décision des Sages, selon laquelle l’Etat laïc a le droit de rémunérer les ministres du culte en Alsace-Moselle, «confère

à notre situation un caractère quasi constitutionnel», s’est réjoui le président des Eglises protestantes (calvinistes et luthériennes) d’Alsace et de Lorraine, Jean-François Collange. Cette décision, qui s’appuie sur le fait que les pères de la constitution n’avaient pas voulu abroger le régime concordataire local, l’ «intègre dans la laïcité française», a-t-il ajouté. Côté catholique, l’archevêque de Strasbourg, Mgr Jean-Pierre Grallet, a mis en garde contre tout «cri de soulagement corporatiste», préférant expliquer que «l’expérience originale du concordat permet des relations fructueuses entre les cultes et la République» et une «laïcité apaisée». Pour le grand rabbin de Strasbourg, René Gutman la décision des Sages est un «événement historique», et a souligné que, même si la procédure ne visait Le Concordat est un régime juridique d’excep- juridiquement que le culte protestant, tion qui finance, en France, les cultes. «nous étions tous concernés».

«La modernité, ce n’est pas l’origine sociale !» Rachida Dati a critiqué, sur les ondes de RMC, sa collègue de l’UMP issue d’un milieu aisé, Nathalie KosciuskoMorizet, dans le cadre d’une campagne marquée par une rivalité dans l’élection municipale de Paris.



08 TURQUIE

01- 0 7 MARS 2013 ZAMAN FRANCE

Un consensus se dégage sur la Constitution turque Longtemps freinées par des désaccords profonds entre partis politiques turcs, les négociations autour de la prochaine Constitution pourraient avancer à grandes enjambées. Le rôle politique de l’armée et le régime présidentiel défendu par l’aKp ne seraient plus des obstacles à cette réforme institutionnelle amorcée en Turquie.

«Il existe un accord entre les quatre partis qui rédigent le nouveau texte. Je crois que sur ce point il n’y aura pas divergences car l’objectif visé est une Constitution civile, plus démocratique», a expliqué une source parlementaire à l’AFP. L’état-major des armées est actuellement placé sous la tutelle du Premier ministre et ses actions ne peuvent pas être remises en cause par le ministère de la Défense, institution civile. Depuis l’arrivée au pouvoir en 2002 de son Parti de la justice et du développement, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan est parvenu à réduire l’influence politique des militaires, au gré de révisions constitutionnelles et d’enquêtes judiciaires qui

ont vu des centaines d’officiers incarcérés sous l’accusation avérée de complot contre le gouvernement. Depuis 1960, l’armée turque, gardienne autoproclamée de l’héritage laïque du fondateur de la République Mustafa Kemal Atatürk, a pris trois fois le pouvoir à la faveur de coups dÉtat et contraint en 1997 un gouvernement d’inspiration islamiste à quitter le pouvoir.

Pas d’obstacle sur la présidentielle

Dans la future Constitution, «l’armée conservera sa place mais sous la responsabilité de l’institution civile, ce qui est le cas dans les pays occidentaux», a insisté auprès de l’AFP la source parlementaire.

Les parlementaires turcs avancent progressivement sur les sujets de désaccords concernant la rédaction de la future Constitution.

Si ce point fait l’unanimité, les partis politiques turcs représentés à l’Assemblée peinent à accoucher d’un texte commun en raison de leurs divergences sur plusieurs autres questions, comme la nouvelle définition de la citoyenneté et les droits à accorder à la minorité kurde. Par contre, la question du régime présidentiel défendu par l’AKP ne sera plus un obstacle. Le Vice Premier ministre turc a en effet déclaré il y a deux semaines que

son parti ne s’opposerait pas à la poursuite des efforts parlementaires pour faire émerger cette Constitution, si un consensus existait entre les autres formations sur ce sujet. M. Erdogan a néanmoins averti que les discussions sur la nouvelle Constitution devaient s’achever au plus tard au mois d’avril. Passé cette date, l’AKP soumettra sa propre proposition de réforme au Parlement, où il est majoritaire, a-t-il prévenu.


09 EUROPE La valse-hésitation de Merkel sur l’adhésion turque

01- 0 7 MARS 2013 ZAMAN FRANCE

La chancelière allemande qui était en voyage à Ankara, a exprimé sa volonté de poursuivre les négociations d’adhésion de la Turquie pour entrer dans l’UE, en ouvrant un nouveau chapitre. Mais fidèle à l’opinion publique allemande, Angela Merkel n’a pas manqué aussi de rappeler ses doutes sur la candidature turque.

La chancelière allemande Angela Merkel a demandé au gouvernement turc de lever son blocage sur Chypre pour relancer le processus d’adhésion à l’Ue.

60 % des Allemands contre l’adhésion turque

BUDGeT TUNiSie

BREVES ECO

Paris a besoin de 6 milliards d’euros

1.000 nouvelles entreprises turques

Le ministre du Budget français, Jérôme Cahuzac a annoncé lundi 25 février sur Europe 1 qu’il va falloir trouver entre 5 et 6 milliards d’euros de recettes d’ici à 2014 pour «favoriser la stabilité fiscale» de la France. Une somme qui pourrait être obtenue par une hausse des impôts, même si Cahuzac se garde d’en parler explicitement. L’objectif pour le gouvernement est de ramener le déficit public à 3 % du produit intérieur brut, comme l’a préconisé la Commission européenne courant février.

Une zone industrielle pilote sera créée en Tunisie dans la région d’Ennahli. Au terme d’un séminaire sur la coopération turco-maghrébine organisé à Hammamet le 24 février dernier, les discussions ont abouti à un accord pour l’accueil de près de 1.000 entreprises turques et la formation de plusieurs milliers d’emplois d’après les déclarations du ministre tunisien Ridha Saïdi chargé du Dossier économique auprès du gouvernement. Quant au Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, il effectuera une visite en Tunisie fin mars pour concrétiser ce projet, avec notamment l’inauguration à Tunis d’une antenne de l’Agence de coopération technique et économique turque (TIKA).

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ainsi fermés aux navires et avions en provenance directe de Chypre. «Ouvrir un nouveau chapitre est un premier pas, avançons pas à pas», a insisté Mme Merkel devant son hôte. M. Erdogan s’est gardé de répondre directement à son invitée sur le sujet en indiquant «ne pas connaître» les intentions du nouveau président chypriote Nicos Anastasiades, largement élu dimanche, sur cette question. «Mais nous ferons notre possible pour surmonter ces difficultés (...) si nous sentons une volonté honnête de parvenir à une solution durable», a-t-il poursuivi.

La chancelière allemande Angela Merkel a réitéré lundi à Ankara son engagement à relancer prudemment le processus d’adhésion moribond de la Turquie à l’UE, mais en demandant à Ankara de lever en échange son blocage sur la question de Chypre. Ainsi qu’elle l’avait annoncé à la veille de sa visite, Mme Merkel s’est de nouveau déclarée, devant la presse, disposée à ouvrir un nouveau chapitre de discussions. «Nous voulons que ce processus avance», a-t-elle déclaré à l’issue d’un entretien avec le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan. «Même si j’ai des réserves sur une adhésion pleine et entière de la Turquie, je veux que les discussions se poursuivent», a ajouté la chancelière, «mais nous

Même modeste et prudent, le geste de la chancelière intervient après celui de la France, qui s’est dite prête au début du mois à lever son veto sur un des avons besoin de progrès sur le proto- cinq chapitres de discussion bloqués cole d’Ankara, sinon nous ne pour- par l’ex-président Nicolas Sarkozy, rons pas continuer à ouvrir des cha- farouchement hostile à l’entrée de la Turquie dans l’UE. Comme l’a soulipitres» de discussion. gné un sondage publié dimanche dans le Bild am Sonntag, près des deux tiers Les intentions du président chypriote Signé en juillet 2005, le protocole des Allemands (60 %) demeurent hostiles à une adhésion de d’Ankara prévoit que la Turquie. Mme Merkel a la Turquie étende également tenu à répondre à tous les pays qui à son hôte, qui a récemment ont adhéré à l’Union accusé à plusieurs reprises européenne il y a un l’Allemagne de complaian, dont Chypre, les accords d’union doua- Angela Merkel : «Nous sance à l’égard des militants nière qui l’unissent sommes très sensibles à kurdes ou de l’extrême gauche turque qui vivent aux pays européens. Ankara refuse tou- la surveillance du PKK» sur son territoire. «Nous sommes très sensibles à la jours de reconnaître le gouvernement de sa partie méri- surveillance des membres du PKK», dionale. Ses ports et aéroports sont a-t-elle assuré.

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La crise économique a fragilisé les Roms Avec la crise, la minorité rom est encore plus victime de discrimination, marginalisation et violences et cela pourrait s’aggraver en 2014 avec des lois sur l’immigration plus souples en Europe, a estimé le président du Conseil de l’Europe, le Norvégien Thorbjoern Jagland, dans une interview avec l’AFP. «La situation des minorités en Europe est davantage sous pression, les tensions sont réellement en train d’augmenter», a-t-il dit, soulignant que les pays ne semblent pas prêts à y faire face. M. Jagland est à Genève pour s’adresser mardi sur ce sujet au Conseil des Droits de l’Homme des

Nations Unies au nom du Conseil de l’Europe. «Quand les temps sont durs, ce sont les minorités qui souffrent le plus des difficultés économiques, elles sont souvent victimes d’attaques, accusées des problèmes affectant les pays», a déclaré M. Jagland. La minorité rom la plus importante est en Roumanie, avec 620.000 personnes selon un dernier recensement officiel, ils seraient en fait plus de 2 millions selon les ONG, et prés de 700.000 en Bulgarie. M. Jagland s’attend à ce que le mouvement migratoire s’amplifie avec Les populations Roms d’europe sont les plus discriminées les règles d’immigration qui seront assou- et ont davantage souffert des conséquences sociales de la plies en Europe à partir de janvier 2014. crise économique.

millions d’euros

Le coût de l’intervention militaire française au Mali a été estimé à plus de 100 millions d’euros d’après la déclaration du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.



11 INTERNATIONAL Des pays africains tentés par la finance islamique

01- 0 7 MARS 2013 ZAMAN FRANCE

De plus en plus de pays africains songent à émettre des obligations conformes à la loi islamique («Sukuk») pour stimuler leur croissance et réduire leurs déficits, indique vendredi l’agence de notation américaine Standard & Poor’s. «Les pays africains vont-ils se tourner vers la finance islamique pour stimuler leur croissance ?», s’interroge S&P dans un document.

De plus en plus de pays africains souhaitent recourir aux obligations conformes à la loi islamique, appelées Sukuk, pour financer leurs déficits publics colossaux.

Une manne pour financer la dette publique

L’Afrique du sud, la banque centrale du Nigeria, le Sénégal et la Mauritanie ont récemment fait part de leur intention d’émettre des obligations islamiques Sukuk, indique S&P. Les émetteurs d’obligations islamiques s’engagent à ne pas spéculer avec les fonds reçus ou à les investir dans les secteurs du jeu ou de la pornographie. C’est le cas en Tunisie et en Egypte où Le Caire a présenté une loi autorisant des émissions d’obligations islamiques pour aider à financer les déficits du pays, selon S&P. «Nous croyons que les obligations islamiques émises par les pays africains pourraient intéresser

Le Maroc ouvre son premier institut chrétien Dans les locaux de «La Source», un centre de documentation du diocèse de Rabat, une trentaine d’étudiants pour la plupart originaires d’Afrique noire attendent le début de leur cours sur «l’histoire de l’Eglise» : à Rabat, en terre d’islam, une formation universitaire inédite en théologie chrétienne vient de s’ouvrir. «C’est la première fois que des étudiants catholiques et protestants suivent des cours communs dans une même salle, au Maroc, un pays musulman», se félicite auprès de l’AFP l’évêque de Rabat, Mgr Vincent Landel, un des concepteurs de ce projet mené en coopération avec l’Institut catholique de Paris et la faculté de théologie protestante de Strasbourg, dans l’est de la France.

Une formation destinée aux chrétiens

Initié en 2012, l’institut «Al Mowafaqa» («convergence») doit officiellement ouvrir ses portes en juillet pour offrir une formation universitaire «enracinée dans le contexte marocain (...), au service des Eglises chrétiennes au Ma-

roc et au-delà», précise son site internet (almowafaqa.com). En attendant, une session intensive a été lancée en février dans les locaux de «La Source». En cette deuxième journée de formation, dans la grande salle de cours, des étudiants de 12 nationalités suivent un séminaire sur la Bible assuré par deux professeurs, l’un catholique et l’autre protestant. La cathédrale Saint-Pierre, à Rabat, au Maroc

Le conseil d’administration est lui-même composé d’enseignants de diverses universités étrangères : Cameroun, France, Liban, Congo... Les critères d’admission sont eux clairement définis : être chrétien, avoir le baccalauréat... et ne pas être Marocain. «Nous travaillons dans le respect de la loi du pays qui nous accueille», fait valoir Mgr Landel.

une base d’investisseurs du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ou de la Banque islamique de développement (BID), qui cherchent des opportunités d’investissements charia-compatibles», écrit l’analyste de S&P Christian Esters, auteur de l’étude.

Soutenir l’agriculture africaine

«Les pays membres du GCC disposent d’excédents budgétaires, lesquels, nous croyons, pourraient être investis éventuellement dans les Sukuk émises par d’autres régions», écrit M. Esters. Pour des pays africains qui présentent d’énormes déficits et des finances publiques exsangues, attirer des investisseurs étrangers via des Sukuk pourrait leur permettre d’accéder à de nouvelles sources de financement, à une nouvelle classe d’investisseurs et de financer des projets dans les infrastructures, selon S&P. En optant pour les Sukuk, les pays africains pourraient aussi bénéficier des fonds de la BID, pionnière dans la finance islamique et dont le but est de financer des projets dans le domaine des infrastructures, de l’agriculture et de l’énergie.

La Turquie plaide pour l’unification de Chypre

Les Chypriotes ont élu Nicos Anastasiades comme nouveau président de l’île, toujours divisée en deux parties.

La Turquie souhaite que le nouveau président de Chypre Nicos Anastasiades, considéré comme proeuropéen, favorise une réunification de l’île, divisée depuis 1974 en deux secteurs, turc et grec, pour lui éviter la faillite, a déclaré son ministre des Affaires européennes Egemen Bagis. «La crise économique est le résultat de leur attitude obstinée», a estimé M. Bagis dans un entretien accordé lundi à l’AFP. Le ministre a émis l’espoir que le nouveau chef de l’État chypriote (grec) favorisera la réunification de l’île, une évolution susceptible de constituer «le remède à la crise économique» de ce pays membre de l’Union européenne (UE). «J’espère que le nouveau président et la nouvelle direction à Chypre ne constitueront pas une blague de plus mais une partie sérieuse à même de négocier avec les Chypriotes turcs, la Turquie et la Grèce», a souhaité Egemen Bagis, qualifiant de «grosse blague» le président sortant Demetris Christofias, qui ne se représente pas. Chypre traverse une grave crise financière qui a contraint son gouvernement à demander l’assistance du Fonds monétaire international et de l’UE pour venir en aide à ses banques, très exposées aux problèmes financiers grecs


12 FAMILLE & SANTE

01- 0 7 MARS 2013 ZAMAN FRANCE

Les Français séduits par la médecine alternative Médecines alternatives, non conventionnelles, douces, parallèles : les qualificatifs abondent pour désigner une pratique aujourd’hui de plus en plus répandue. Près de 4 Français sur 10 recourent ainsi aux médecines naturelles, en complément des médicaments. Les médecines alternatives attirent aujourd’hui de plus en plus d’adeptes. C’est ce que révèle la dernière étude en date sur ce sujet réalisée par l’Ifop qui montre que 39 % des Français ont recours aux médecines douces. En tête du classement des médecines naturelles les plus usitées, l’homéopathie, suivie de près par l’ostéopathie et la phytothérapie (remèdes à base d’extraits de plante). 78 % des personnes interrogées jugent efficaces ces remèdes lorsqu’ils sont utilisés en prévention.

Prendre moins de médicaments

Ces pratiques alternatives sont reconnues, parfois même au sein de l’hôpital : elles ont tendance à perdre leur aspect controversé, longtemps entretenu par

une image de charlatanisme. Parmi les raisons invoquées, la volonté de soigner les maux liés au stress ou les maladies bénignes en essayant de réduire la consommation de médicaments. Pour la plupart des personnes interrogées, l’usage des médecines douces ne remplace en aucun cas la médecine traditionnelle. «La majorité des malades se tourne vers des médecines non conventionnelles en complément du traitement conventionnel», souligne ainsi une note du Centre d’analyse stratégique (octobre 2012). Nombreuses sont les personnes subissant un traitement médicamenteux lourd, dans le cas d’un cancer par exemple, qui se tournent vers les médecines naturelles pour pallier des effets secondaires gênants comme la

Le recours aux médecines alternatives comme la phytothérapie, à base de plante, rencontre un certain succès chez 39 % des Français.

chute de cheveux ou les nausées en évitant de prendre d’autres médicaments.

Une médecine participative et complémentaire

Ces médecines non conventionnelles tendent aujourd’hui à se professionnaliser. «Dans plus de 80 % des cas, la prescription de médecine naturelle vient aujourd’hui de médecins ayant pignon sur rue et presque plus de personnes

situées en dehors du milieu médical» assure le cancérologue Simon Schraub au quotidien La Croix . L’attractivité des médecines naturelles est le témoin d’une évolution des mentalités. Passant «d’une tradition clinique paternaliste à une modernité thérapeutique participative», analyse Henri Bergeron, spécialiste de la santé au CNRS, dans un entretien à La Croix, «le patient […] est de plus en plus coproducteur de soins».



14 CULTURE

01- 0 7 MARS 2013 ZAMAN FRANCE

A lire

Said Nursi a été un farouche défenseur de la République turque.

modernité autrement que dénuée de toute spiritualité et dans un cadre matérialiste d’inspiration occidentale, ce qui explique leur hostilité. Said Nursi naît en 1876 dans le village de Nurs, près de la ville de Bitlis au sein d’une famille kurde conservatrice de l’Est de l’Anatolie. Celui qui allait devenir le théologien le plus influent de la République turque ne ressemblait en rien aux savants (oulémas) de l’époque, citadins raffinés à la pensée sclérosée, à l’image de cet Empire ottoman finissant dont ils étaient la garde idéologique. Strictement kurdophone jusqu’à l’âge de 14 ans, ayant fréquenté les

écoles religieuses traditionnelles (mederses) de 9 ans à 21 ans, portant des armes à la ceinture, le jeune Nursi ressemble davantage à un rural kurde. En 1909, il utilise pour se qualifier le terme de gharîb, «étranger», mais aussi «dissident». Quelques années plus tôt, en 1894, alors qu’il est l’hôte du préfet Ishqodrali Tahir Pasha, il découvre les sciences exactes et les sciences naturelles. Il utilise avec profit leur méthodologie pour enseigner les sciences religieuses, comme pour démontrer la vérité de la foi. C’est à la même époque qu’il s’éloigne des ordres naqshabandi et khalidi ‒ vers les-

& à voir...

Qatar : un micro-etat hyperactif Territoire désertique à peine plus grand que la Corse, indépendant depuis 1971, le Qatar a connu une ascension fulgurante en l’espace de deux décennies. L’Etat gazier s’est construit depuis une notoriété à l’échelle internationale qui ne repose pas uniquement sur l’exploitation de son riche sous-sol. Sur les plans diplomatique, financier, culturel, médiatique, religieux et sportif,

L’islam en France : la religion est-elle facteur d’intégration sociale ou repli communautaire ?

le petit émirat de la péninsule arabique joue en effet dans la «cour des grands». Mais de quoi le Qatar est-il réellement le nom ? C’est à cette question devenue lancinante que se sont attelés à répondre 9 spécialistes de renom. Dans ce nouveau dossier de Confluences Méditerranée, il s’agit, au-delà des aspects connus – tels que le rôle d’Al Jazeera ou la politique étrangère intrusive,

régulièrement analysés depuis le déclenchement du Printemps arabe – de comprendre la genèse, la réalité présente et les ambitions du Qatar. Au sommaire, notamment : la stratégie économique du Qatar ; l’implication du Qatar dans les révolutions arabes ; le Qatar et l’Islam de France : vers une nouvelle idylle ? ; Qatar : chance ou menace pour les intérêts français ?

«Qatar : jusqu’où ?», dossier dirigé par Agnès Levallois, Confluences Méditerranée n° 84 / février 2013, L’Harmattan, 194 pages, 19 €.

Une conférence prononcée par Tarik Yildiz, doctorant au Centre de recherche sociologique et politique de Paris.

eXPo PhoTo

Le 4 mars à 19:30 plateforme de paris 72, rue Victor Hugo 93500 Pantin

Colères

Printemps arabe. Combattants de la démocratie et de la liberté, militants d’un jour ou de toujours, anonymes ou connus, ce sont des «icônes révolutionnaires» que saisit l’objectif de Johann Rousselot. Jusqu’au 30 mars iReMMO 5-7, rue Basse des Carmes 75005 Paris

eXPoSiTioN

La République était à ses yeux garante de la liberté d’expression et de l’égalité de tous devant la loi. De même qu’il a toujours prôné la nécessité d’étudier et de promouvoir les sciences positives, le progrès et le salut ne pouvant résider dans la foi seule, même si le primat de cette dernière n’a jamais été remis en question. C’est là le principal grief des kémalistes, qui ne sauraient concevoir la

Le 7 mars à 18:00 Maison de l’Orient et de la Méditerranée. 7, rue Raulin 69007 Lyon

Un penseur turc très influent

Reçu par le sultan ‘AbdülHamid II en 1907, il plaide pour la création d’établissements d’enseignements modernes dans sa province natale de Bitlis, dénonçant le caractère archaïque des mederses, et ne craignant pas de rappeler dans sa généreuse intransigeance que «l’islam ne cautionne pas la tyrannie». Il lui sera opposé, pour le moins, une fin de non-recevoir. Mais on ne lutte pas contre le courant de l’Histoire. Les conditions socio-économiques créées par le vingtième siècle naissant rendront obsolètes à la fois l’islam confrérique et l’islam d’Empire, centralisé et bureaucratique. Elles seront au contraire à l’origine, d’une part, de l’idéologie positiviste autoritaire de l’élite moderniste, dont sera issu Atatürk, et, d’autre part, de la voie originale qu’explorera Said Nursi, celle d’une pensée moderniste ancrée dans l’orthodoxie sunnite. Une pensée qui inspire aujourd’hui des millions d’individus qui, sur le plan social, économique et éducationnel, adoptent une position favorisant le progrès et le vivre ensemble, mettant en avant, en vertu des principes de l’islam, les valeurs du pluralisme, de l’entraide, et de l’unité nationale.

Une conférence prononcée par Fabrice Balanche (université de Lyon 2), dans le cadre du cycle «L’aire arabe et le monde : contacts, échanges, stratégies».

Bedri Baykam

SPeCTACLe MUSiCAL

Les sciences exactes au service de la foi

quels il reviendra après avoir intégré leur apport au sein d’un système de pensée moderniste ‒ pour se rapprocher de l’establishment ottoman.

L’internationalisation du conflit syrien

Les petits riens

TABLe RoNDe

islam des mondes

SeYFeDDiNe BeN MANSoUR LILLE Le quotidien Taraf a révélé la semaine dernière que le lieu probable de la seconde inhumation de la dépouille de Said Nursi serait le cimetière d’Isparta. Si le penseur turc a été initialement enterré à Urfa en mars 1960, les militaires qui prennent le pouvoir au mois de juillet à l’issue d’un coup d’Etat s’empresseront de déplacer sa dépouille dans un endroit tenu secret. Il s’agissait pour les généraux kémalistes d’empêcher que la tombe du grand homme, en devenant un lieu de recueillement et un symbole, ne serve à structurer et donc à renforcer une opposition porteuse d’une conception du monde et de la société fondée sur les valeurs de l’islam. Said Nursi a pourtant été membre du Comité union et progrès à l’origine de l’avènement de la République, système politique dont il sera sa vie durant un fervent défenseur.

CoNFÉReNCe

Said Nursi, l’autre modernité de la Turquie

AGENDA CULTUREL

L’Algérie, le Sahara et la géopolitique du Maghreb

Artiste de stature internationale, le plasticien turc Bedri Baykam présente à Paris ses dernières œuvres. Jusqu’au 23 mars Galerie Lavignes-Bastille 27, rue de Charonne 75011 Paris

Quatre contes traditionnels de Turquie où l’on parle de petits riens que l’on trouve quand on ne les cherche pas. Mise en scène de Sedef Ecer. A partir de 4 ans. Du 4 au 8 et du 11 au 15 janvier à 17:30 aktéon théâtre 11, rue du Général Blaise 75011 Paris

«Les visages changeants d’Al Qaïda au Maghreb islamique», par Mohammad-Mahmoud Ould Mohamedou, Institut de hautes études internationales et du développement (10:30-12:30) ; «L’échec du modèle économique algérien», par Mourad Ouchichi, université de Béjaïa (14:00-16:00) ; «Les relations de l’Algérie avec ses voisins : Maroc, Mali, Tunisie, Libye...», par Akram Belkaïd, journaliste indépendant (16:00-18:00). Le 2 mars de 10:00 à 18:00 iReMMO 5-7, rue Basse des Carmes 75005 Paris


OPINION15

01- 0 7 MARS 2013 ZAMAN FRANCE

Ghannouchi et la France : un amour contrarié Qualifié de «fasciste vert» par des hommes politiques français, le leader du parti islamiste tunisien Ennahda a toujours entretenu des relations orageuses avec paris. Pour Vincent Geisser, politologue à l’Institut français du Proche-Orient, si la collaboration policière française à l’époque de Ben Ali explique largement ce malaise, elle n’a pas empêché les «nahdaouis» de tisser des liens profonds avec l’Hexagone.

Les dernières déclarations de Rached Ghannouchi au JDD n’ont fait que confirmer une croyance répandue chez les acteurs et les observateurs de la scène politique tunisienne : le président du parti VINCENT GEISSER Ennahda et, au-delà, les islamistes en général, n’ont jamais aimé la France, préférant se tourner vers les pays anglo-saxons davantage compréhensifs. Il est vrai que certains passages de l’interview au JDD tendraient à corroborer le «penchant anglo-saxon» des islamistes tunisiens : «[…] La France est le pays qui comprend le moins l’islam et les Tunisiens… A l’inverse, les Allemands, les Britanniques, les Américains y parviennent et savent que l’islam n’est pas uniLes premiers se sont généraleforme et comporte des radicaux, ment bien insérés dans le réseau des modérés… Et que nous associatif musulman français et sommes à la tête des composantes ont développé des relations avec modérées», avait-il déclaré. Ces l’ensemble de l’opposition tunipropos du leader historique d’En- sienne (y compris les tendances nahda manquent sans doute de laïque, libérale et bourguibienne), nuances, ne sealors que les seconds rait-ce que parce sont davantage resque nombre tés enfermés dans d’islamistes tunila «bulle islamique siens ont des atbritannique» (londotaches réelles et nistan) aux côtés des «La France ne nous profondes avec autres mouvements edité par : Source SARL 2, boulevard Saint Martin l’Hexagone, pays aime pas et ne nous islamistes réfugiés à 75010 pariS où ils se sont réLondres. Ce clivage aimera jamais !» Directeur de la publication : EMRE DEMİR entre islamistes gaufugiés durant les rédacteur en chef : EMRE DEMİR années de la dictature de Ben Ali : lois et british a été à l’origine de e.demir@zamanfrance.fr certains d’entre eux sont devenus nombreuses luttes, dissidences Gestionnaire administratif : FAHRETTİN TEKİN des acteurs centraux de l’islam de et divergences au sein du parti f.tekin@zamanfrance.fr Ennahda en exil. Disons pour France. responsable commercial : MEHMET SELVİ faire simple que les nahdaouis m.selvi@zamanfrance.fr L’ouverture idéologique londoniens ont été majoritaiSecrétaires de rédaction : relations publiques : rement «pro-anglo-saxons» et des islamistes parisiens BAYRAM ŞEN SIDDIK İLHAN paris s.ilhan@zamanfrance.fr Ce n’est un secret pour personne : surtout «pro-Ghannouchi», alors b.sen@zamanfrance.fr FOUAD BAHRI MEHMET DİNÇ Strasbourg nombre d’instituts islamiques, que les nahdaouis parisiens ont m.dinç@zamanfrance.fr f.bahri@zamanfrance.fr OSMAN USTA Orleans d’associations musulmanes et de été davantage «indépendants» o.usta@zamanfrance.fr Directeur artistique : EVREN AYAZ İSMAIL ÇITAK Lyon lieux de culte ont été créés par et ouverts sur les autres comi.citak@zamanfrance.fr e.ayaz@zamanfrance.fr des anciens islamistes tunisiens posantes laïques de l’opposition imprimerie : rOTOCENTrE résidant sur le territoire français. tunisienne. L’alliance avec Moncef 348, rue Marcel Paul 45770 SARAN Adresse : 2 Boulevard Saint-Martin 75010 pariS Toutefois, l’on ne peut nier qu’il Marzouki (CPR), Mustapha Ben Tel : 01 42 00 19 36 Faks : 01 42 00 19 58 info@zamanfrance.fr a toujours existé une tension Jaafar (FDTL) et même Néjib www.zamanfrance.fr - www.zamanfransa.com n CPPAP 112U90032 - iSSN 1869-5795 entre les «islamistes parisiens» Chebbi (Parti républicain, auTarif abonnement annuel France : 120€ et les «islamistes londoniens». jourd’hui dans l’opposition) date

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Je n’avais pas la possibilité de suivre la voie de l’islam». Depuis, le leader historique d’Ennahda a toujours considéré la laïcité française comme une idéologie anti-musulmane et anti-islamique lui préférant largement le sécularisme libéral à l’anglo-saxonne. Les attaques verbales du ministre français de l’Intérieur, Manuel Valls, ou du président du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, le comparant à un «fasciste vert», ont sans doute contribué à le conforter dans son préjugé : «La France ne nous aime pas et elle ne nous aimera jamais !»

Une solide relation franco-tunisienne

précisément des années d’exil en France. Mais il est vrai aussi que Rached Ghannouchi a de «bonnes raisons» d’être critique à l’égard de la France, qui ne lui a jamais fait de cadeaux.

La «galère» parisienne de Ghannouchi

Durant toutes les années de la dictature Ben Ali, les autorités sécuritaires lui ont interdit l’entrée sur le territoire français au nom de la «raison d’Etat», ce motif masquant, en réalité, une collaboration étroite entre les services français et la police politique tunisienne. Plusieurs invitations dans des rencontres musulmanes européennes furent ainsi annulées à la dernière minute par la simple volonté de Ben Ali. Un amour contrarié avec la France officielle dont les racines sont pourtant anciennes. Lorsque nous l’avions rencontré en juillet 2001 à son siège de Londres, Rached Ghannouchi évoquait ainsi ses «années galère» en France, lorsqu’il était étudiant (1968) : «Je crois que ce séjour à Paris a représenté les plus durs moments de ma vie : je n’avais pas d’argent, je n’avais pas de travail et je ne pouvais pas manger halal.

Toutefois, ce point de vue n’est pas partagé unanimement au sein du mouvement Ennahda : l’expérience du racisme et de l’islamophobie en France n’a pas empêché des nahdaouis de tisser de très nombreux liens avec les Français au point d’en épouser certain(e)s et de donner naissance à des petits Gaulois. Combien de binationaux parmi les familles gravitant aujourd’hui autour des cercles islamistes ? Combien de mariages avec des ressortissants français ? Combien d’institutions ou d’associations musulmanes créées dans l’Hexagone par des nahdaouis qui continuent toujours à fonctionner ? Combien d’entreprises et de sociétés possédées par des nahdaouis en France ? Combien d’islamistes qui récitent le Coran aussi à l’aise en arabe que dans la langue de Molière ? Une chose est sûre : la «France/Tunisie» dans sa version islamiste n’est pas prête de s’éteindre, en dépit du positionnement très anglosaxon de l’émir. A l’instar des autres acteurs politiques tunisiens, Rached Ghannouchi n’échappe pas à un rapport passionnel à la France : il s’agit moins d’hostilité que d’ambivalence, une relation que l’on pourrait résumer par la célèbre formule «je t’aime, moi non plus !


Le football turc toujours miné par les matchs truqués Deux ans après le scandale de Fenerbahçe, la corruption dans le football n’a pas reculé comme l’illustre la découverte de 79 nouveaux matchs truqués. Pour y mettre un terme, la Fédération turque de football envisage une coopération plus poussée avec Europol. Nicolas Theodet paris Ce sont près de 380 matches truqués qui sont à l’origine d’un nouveau scandale dans le football européen. Parmi eux, 79 se sont déroulés sur le sol turc. Pour lutter plus fermement contre ce fléau, la Fédération turque de football (FTF) a annoncé qu’elle souhaitait coopérer avec Europol pour enquêter sur les auteurs de cette nouvelle affaire de corruption. Mais la principale raison de cette nouvelle forme de mafia vient avant tout de la popularisation des paris sportifs. Pour Nadim Nourredine, fondateur de Pronosoft, une entreprise qui fournit les référencements de Parions Sport, «il y a beaucoup de parieurs en Turquie, comme dans tous les pays méditerranéens». Alors que la mode du pari se développe, le nombre de fraudes augmente de plus en plus. Pim Verschuuren, chercheur en géopolitique du sport à l’Institut de Relations Internationales et Stratégique (IRIS), explique que le manque d’autorité nuit à la Turquie, où «l’on retrouve une grande implication

des mafias locales comme dans les autres pays retrouver la moitié du budget du club à l’année» concernés d’ailleurs». déclare Pim Verschuuren.

Süper Lig : un championnat vulnérable

La Turquie reste donc une cible privilégiée, souvent victime de scandales dans les milieux sportifs. La Süper Lig de football est certainement l’un des championnats européens les plus touchés par ces affaires de corruption et de matchs truqués. En effet, le championnat turc de football «n’est pas au même niveau que les autres championnats européens sur le plan médiatique», assure Pim Verschuuren. Une balance qui facilite les paris mafieux. Le chercheur explique que «pour parier des grosses sommes d’argent, il faut des matchs à forts enjeux, c’est beaucoup moins louche». Avec son championnat moins médiatique, mais qui se situe à un bon niveau européen, la Turquie est la cible parfaite. Et pour cause, pour certains présidents de clubs, les affaires de corruption sont une aubaine. «C’est un bon moyen de s’enrichir, et parfois même de

La passion turque pour le foot menacée

Ce nouveau scandale devrait permettre de mieux contrôler ces affaires de corruption, et de toute façon, la Fédération turque de football n’a pas le choix car «ces scandales décrédibilisent le foot turc. Ils font reculer les droits de diffusion, et même reculer les investisseurs», déclare le chercheur de l’IRIS. «La ferveur recule aussi et ceci est dommageable pour le sport local», ajoute-t-il. Surtout que la Turquie n’en est pas à son premier scandale. En 2012, le président de Fenerbahçe Aziz Yildirim avait été condamné pour une affaire de matchs truqués, et avait vu son club perdre sa place en Ligue des Champions.


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