Le lait maternel réduit la force des microbes SANTE11
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Le monde extravagant de Tony Stark CULTURE13
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10 - 16 Mai 2013 N° 264
a l’occasion de la Journée de l’Europe, le 9 mai, naissance de l’union européenne, l’emblématique programme d’échange universitaire, Erasmus, a été mis à l’honneur. Parmi les destinations prisées par les jeunes étudiants français, la Turquie est en constante augmentation.
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LES ETUDIANTS FRANÇAIS SEDUITS PAR LA TURQUIE
azouz Begag : «attaquer les islamophobes m’a été préjudiciable» Ecarté depuis plusieurs semaines de Numéro 23, un talk-show diffusé sur la chaîne 23, l’ancien ministre Azouz Begag revient pour Zaman France sur les circonstances de cette éviction. Il considère que son opposition aux propos de Robert Ménard au cours d’un débat sur l’islam lui a coûté sa place dans l’émission. RFRaNCE 02
les Turcs contre l’application de la charia Une étude mondiale d’un institut américain montre que seulement 12 % des Turcs sont favorables à l’application de la charia dans leur pays, un des pourcentages les plus faibles du monde musulman. RTuRQuiE 08
Dalila Bouaziz paris Les voyages forment la jeunesse. Un proverbe bien illustré par le programme européen Erasmus qui permet à un étudiant
les challenges de la diaspora turque Pour l’institution turque chargée des expatriés, les Turcs souffrent d’un manque de cohésion et d’organisation auxquels ils doivent remédier. RTuRQuiE 07 EDiTo
2015, le défi des Turcs de France R02
venant des quatre coins d’Europe, inscrit au minimum en licence 2, d’étudier pendant un semestre ou un an dans l’un des 33 pays participant. Les objectifs sont fondés prin-
cipalement sur la découverte d’un autre système universitaire, le perfectionnement ou l’apprentissage d’une langue étrangère tout en renforçant l’interculturalité. -EuRoPE 09
Reporters sans Frontières : «la France est classée sous surveillance» D’après RSF, les journalistes sont souvent confrontés en France à un manque de respect de la protection des sources.
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A l’occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse, Zaman France revient sur le cas de la presse française. Classée 37e au niveau mondial, la position des médias hexagonaux reste fragile. D’après Johann Bihr, responsable du bureau Europe pour Reporters sans Frontières (RSF), les lois Hadopi et Loppsi et les difficultés rencontrées sur la protection des sources sont responsables de ce «statu quo». -FRaNCE 03 CouliSSES DE l’iNFo
l’information n’est pas un produit R03
02 FRANCE EDITO EMRE DEMIR
2015, le défi des Turcs de France La 3e édition du salon de la Turquie, Festiculture, qui s’est tenue à Eurexpo Lyon, du 3 au 5 mai, a révélé une nouvelle fois les motivations des acteurs de la société civile issus de la communauté turque à créer une force socio-politique organisée en France. En ligne de mire des Turcs de France, l’année 2015, qui célébrera le cinquantenaire de l’arrivée des premiers immigrés en France, paraît un objectif commun à la fois pour la Turquie et les Turcs de France. Pourtant, les apparences sont trompeuses. Là où ces derniers envisagent de prendre leurs responsabilités et d’occuper légitimement toute leur place économique, politique et civique dans la société française, Ankara semble voir les choses différemment. Dans un entretien à Zaman, Kemal Yurtnaç, à la tête de la Présidence des Turcs de l’étranger et des communautés apparentées, a manifesté sa volonté de créer une «diaspora turque», reflétant par-là la position de la Turquie et son intérêt à avoir une communauté visible et active. Mais pour quels objectifs ? Si l’Etat turc, qui a négligé ses expatriés européens pendant des décennies, s’efforce à présent d’être plus en phase avec eux, le rôle d’Ankara se doit néanmoins de rester limité pour l’intérêt même des Turcs de France. En effet, organiser une «diaspora» depuis Ankara n’est un objectif ni réalisable, ni même souhaitable pour eux. Par ailleurs, et contrairement aux apparences, l’immigration turque n’est pas une population homogène, mais au contraire très diversifiée pour des raisons sociopolitiques. On peut y trouver tous les clivages de la Turquie, les rivalités politiques, le pluralisme confessionnel et la solidarité communautaire comme l’islam sunnite, l’islam confrérique, l’alévisme, le laïcisme, le christianisme d’orient, mais aussi le nationalisme turc ou le séparatisme kurde. Cette diversité ethnique, politique et confessionnelle et la profonde hétérogénéité de la communauté turque a créé un véritable dynamisme associatif qui n’est pas toujours apparent. 2015 est une opportunité offerte pour que cette vivacité franchisse les limites intracommunautaires. e.demir@zamanfrance.fr
10 - 16 Mai 2013 ZAMAN FRANCE
Azouz Begag : «Attaquer les islamophobes m’a été préjudiciable» Ecarté depuis plusieurs semaines de Numéro 23, un talk-show diffusé sur la chaîne 23, l’ancien ministre Azouz Begag revient pour Zaman France sur les circonstances de cette éviction. Il considère que son opposition aux propos de Robert Ménard au cours d’un débat sur l’islam lui a coûté sa place dans l’émission. FouaD BaHRi paris
Pour quelles raisons avez-vous été évincé du talk-show présenté par Christophe Hondelatte sur la chaîne 23 ?
Tout ce que je sais c’est qu’elle intervient suite à cette émission fin février sur la mauvaise image de l’islam en France, à laquelle Robert Ménard était invité. Ce dernier avait dit qu’en Seine-Saint-Denis naissaient plus de musulmans que de Français ! C’est scandaleux. Ce qui est invraisemblable, c’est que personne ne dit rien. J’ai demandé à Ménard : mais comment savez-vous ça, vous avez des statistiques ? Il y a eu un énorme silence à l’antenne. Ménard proférait des mots qui étaient pénalement répréhensibles et il le savait. Je suis persuadé que ma position d’attaquer les islamophobes m’a été préjudiciable. Depuis, j’ai maintes et maintes fois rappelé Christophe Hondelatte et l’équipe en leur disant : «Qu’est-ce qui se passe ?», mais je n’ai eu aucune réponse ce qui témoigne d’un mépris invraisemblable. J’ai informé des amis sur Twitter. Hondelatte m’a alors envoyé ce message : «C’est vrai, on t’a évincé de l’émission, mais c’est la chaîne qui l’a voulu».
Selon vous, avez-vous été clairement victime d’islamophobie ? Quand vous êtes exclu, on ne vous en informe pas. Je n’ai eu aucune explication officielle sur mon éviction. Je peux juste faire un lien entre cette éviction et l’émission
elle-même. C’est une drôle de coïncidence. Par contre, le CSA peut s’intéresser à cette affaire, à savoir comment des individus peuvent proférer des propos racistes sans être punis.
Est-ce un dérapage individuel ou l’expression d’un problème de comportement plus global dans certains milieux médiatiques sur l’islam ?
des idées islamophobes, c’est le pire des scénarios. C’est la force de la banalisation de l’islamophobie qui fait qu’on ne la relève même plus. Plus personne ne dit rien y compris les membres de la communauté juive qui savent ce que c’est que la banalisation de l’antisémitisme et jusqu’où elle peut aller. C’est le tabou, le silence total.
L’islamophobie est omniprésente. Les gens ne s’en préoccupent même plus. C’est absolument banalisé. Quand elle est rendue visible à la télévision, sans répercussions pour celui qui la diffuse, cela devient extrêmement grave. Tout cela s’inscrit dans une lignée politique : de Brice Hortefeux à Claude Guéant, en passant par les pains au chocolat de Copé. On est à fond dans une logique islamophobe qui n’est même plus dissimulée. Les gens savent qu’ils peuvent s’exprimer, qu’ils sont libérés là-dessus.
la chaîne 23 est pourtant censée œuvrer en faveur de la diversité ?
Le scénario le plus tragique intervient avec cette émission dans laquelle la diversité est censée apporter quelque chose de plus sur le plan de la fraternité, des valeurs républicaines partagées. Mais cette diversité est utilisée pour mieux faire pénétrer dans le azouz Begag, ancien chroniqueur de la chaîne 23, dénonce une banalisation corps social français de l’islamophobie qu’il juge «omniprésente».
Des militants du mouvement islamiste Hefajat-e-islam, au Banglasdesh, ont chassé les policiers lors d’un affrontement à Narayanganj, le 6 mai. au moins sept personnes ont été tuées lundi dans des échauffourées entre policiers et islamistes radicaux qui revendiquent une loi anti-blasphème.
03 FRANCE
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10 - 16 Mai 2013 ZAMAN FRANCE
«Je n’ai pas l’habitude de céder la place à des gens dont je ne partage pas les idées» L’ancien ministre Bruno Le Maire (UMP) a commenté l’annulation par Manuel Valls et Najat Vallaud-Belkacem de leur participation à un forum en raison de la présence de Tariq Ramadan.
Reporters sans Frontières : «La France est classée sous surveillance» a l’occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse, Zaman France revient sur le cas de la presse française. Classée 37e au niveau mondial, la position des médias hexagonaux reste fragile. D’après Johann Bihr, responsable du bureau Europe pour reporters sans Frontières (rsF), les lois Hadopi et Loppsi et les difficultés rencontrées sur la protection des sources sont responsables de ce «statu quo».
a Paris , une manifestation de RSF dénonçant les atteintes à la liberté de la presse en Syrie.
L’information n’est pas un produit
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A l’occasion de la Journée mondiale de la presse, le 3 mai dernier, l’Union des clubs de la presse de France et francophones (UCP2F) a lancé un appel dans un texte qui demande notamment ce «que deviennent liberté et diversité dans un milieu où l’information est une marchandise, un produit comme un autre qui n’assure plus dans de nombreux médias que le quota de rédactionnel nécessaire à la pub». Le problème est fondamental mais repose sur un paradoxe : les journaux doivent, dans une certaine mesure, «vendre» la vérité ou plutôt l’information.
les médias sont des entreprises
Et les journaux gratuits n’échappent pas à la difficulté puisqu’ils vivent de la publicité. Les médias sont des entreprises. Ils doivent donc veiller
les journaux gratuits vivent de la publicité.
à augmenter ou même préserver leurs ventes pour pouvoir continuer à exister, surtout dans un contexte où le net a complètement bouleversé les codes et a plongé la presse écrite dans une véritable crise ayant poussé de grands titres à se limiter au numérique. En ce sens, il est normal de vouloir attirer l’attention du lecteur sur une information importante, dans un contexte où il est sans cesse soumis au flot incessant de données. L’existence même d’une ligne éditoriale et donc d’un type de lectorat que l’on espère fidèle donne nécessairement une orientation, même inconsciente à l’information. Le lecteur le sait, si bien qu’il achète tel journal plutôt que tel autre.
Résister à la tentation du buzz
Toutefois, ces constats sur les enjeux pragmatiques de la production de l’information ne doivent pas être un prétexte pour justifier la tentation du buzz qui relève d’un autre problème et qui, elle, est inacceptable. Sur le net et les réseaux sociaux tout va très vite si bien que le risque est que l’information devienne un produit comme un autre, dont le titre, voire même l’angle, deviennent une forme de packaging tape-à-l’œil. La valeur d’un article se mesure alors au nombre de vues, de clics, de «J’aime». Mais «un autre journalisme est possible», comme le proposait en titre le numéro de janvier 2013 de La revue XXI qui avait sorti un manifeste de vingt pages sur le sujet. Indépendamment des propositions du trimestriel qui veut un retour au terrain, à la chaire du journalisme, l’enjeu de cette dénonciation des «médias-marchandises» est de refuser de céder à la logique du chiffre, malgré les enjeux économiques. Un journaliste responsable est alors celui qui veille à être fidèle à la complexité du monde, en essayant de donner les outils pour la comprendre, la décrypter plutôt que de séduire par le biais des simplifications.
COULİSSES DE L’İNFO
FouaD BaHRi paris
Quel est l’état de la liberté de la presse en France ?
La France est 37e sur 179 pays dans notre dernier classement mondial de la liberté de la presse. Il s’agit d’une position médiane pour l’Union européenne, dont les membres s’échelonnent entre la 1re (Finlande) et la 87e (Bulgarie) places. Celle de la France n’est donc pas indigne, mais elle est décevante, et signale qu’un nombre de problèmes impactant la liberté de l’information dans notre pays doivent être pris au sérieux. Une place de plus par rapport au classement 2012 : une variation si mince n’est pas significative, et s’explique par les mouvements relatifs des Etats voisins. On ne doit donc pas parler d’amélioration, mais de statu quo.
par RSF en ce qui concerne Internet, notamment depuis les lois Hadopi et Loppsi. Hadopi prévoit la coupure de l’accès à internet en dernier recours, une sanction que nous jugeons disproportionnée. N’oublions pas que l’ONU reconnaît que l’accès à internet constitue une liberté fondamentale. Loppsi a introduit le filtrage administratif du web, c’est-à-dire la possibilité pour les autorités de bloquer des sites internet sans décision de justice. Il y a aussi le mode de nomination des présidents de l’audiovisuel public : en vertu d’une réforme introduite par Nicolas Sarkozy, les présidents de France Télévisions et de Radio France sont nommés par le président de la République. Même si nous n’avons noté aucun cas de censure directe, cette réforme introduit un soupçon sur la confiance de la population dans les médias publics.
le gouvernement de Jean-Marc ayrault fait-il mieux en la matière ?
Sur l’ensemble de ces points, le nouveau gouvernement a pris des engagements qui vont dans le bon sens, mais qui ne se sont pas encore traduits dans les faits. Cette attente explique la stagnation de la position de la France. Parmi nos derniers sujets de préoccupation, les sévères restrictions imposées aux médias dans leur couverture de l’intervention française au Mali pèseront sur le classement de la France en 2014.
Comment expliquez-vous ce clas- internet n’a-t-il pourtant pas fait souffler un vent de liberté sur la sement moyen de la France ? Au-delà de la campagne élec- presse française ? torale de 2012 marquée par un climat délétère à l’encontre des médias, cette position s’explique surtout par des difficultés structurelles. La protection du secret des sources : au-delà des fadettes du Monde (factures téléphoniques détaillées, NDLR) les pratiques policières quotidiennes témoignent du manque de considération général pour ce principe. La loi de 2010 consacre le principe du secret des sources mais ne prévoit aucune sanction en cas de violation et n’encadre pas les exceptions. La France est classée «sous surveillance»
Je n’ai pas l’impression qu’internet, en tant que tel, ait vraiment impacté l’état de la liberté de l’information en France en positif ou en négatif. Par contre, son apparition a bien sûr complètement bouleversé le paysage médiatique. Plusieurs investigations sont aujourd’hui le fait de médias en ligne tels que Mediapart ou Rue89. Cela ne veut pas dire que les médias traditionnels n’en font plus, mais les difficultés structurelles qu’ils connaissent actuellement rend leur situation économique compliquée et limite leurs moyens d’action.
05 SOCIETE
10 - 16 Mai 2013 ZAMAN FRANCE
Les Français pessimistes sur l’avenir de leurs enfants Les Français sont plus pessimistes sur l’avenir de leurs enfants que les Italiens ou les Espagnols, pourtant plus durement touchés par la crise économique, selon un sondage Ipsos-CGI-Publicis publié lundi dans Le Monde. 72 % des Français pensent que leurs enfants vivront moins bien qu’eux à leur âge contre 53 % des Allemands, 58 % des Italiens, 50 % des Espagnols, 45 % des Britanniques et 31 % des Polonais, selon ce panel effectué dans les six pays les plus peuplés de l’Union européenne. Pour résoudre la crise, ils estiment qu’il faut avant tout s’attaquer au niveau excessif des impôts (35 %), à l’égoïsme des riches (27 %), à la fermeture des entreprises industrielles (25 %) et au niveau de l’immigration (24 %). Projet1_260 06/12/12 10:54 Page1
MON AVOCAT Canan Özenici
72 %des Français pensent que leurs enfants vivront moins bien qu’eux à leur âge.
Bientôt les vacances… Le printemps est arrivé et vous ne cessez de penser à vos vacances… Heureusement que les congés payés existent ! Tout salarié y a droit chaque année et cela à la charge de l’employeur. L’octroi des repos constitue une obligation pour le patron. Il doit donc veiller à prendre les mesures nécessaires pour permettre au travailleur de disposer de son droit aux congés. En cas de litige, c’est à l’employeur de prouver qu’il a bien satisfait à ses obligations d’information des salariés sur la période de prise des vacances et l’ordre des départs. A défaut, il peut être condamné à réparer le préjudice subi par le salarié et souverainement apprécié par les juges. L’employeur qui contrevient aux dispositions légales et réglementaires sur les congés payés est passible d’une lourde amende. Celle-ci est appliquée autant de fois qu’il y a de personnes concernées. En revanche, si l’employeur a bien rempli les obligations lui incombant et n’a pas fait obstacle à la prise du congé, les repos non pris par le salarié seront perdus. Pour savoir combien de congés payés vous avez capitalisé cette année, il faut vous référer à une période comprise entre le 1er juin de l’année précédente et le 31 mai de l’année en cours (sauf exception de la convention ou accord particulier). Par exemple, pour les congés 2013, elle va du 1er juin 2012 au 31 mai 2013. Précisons que la période de référence des salariés entrés en cours d’année débute à leur date d’entrée. Au 1er juin 2012, premier jour de la période de référence des congés 2013, l’ouverture du droit aux congés payés est automatique, dès la prise de fonction, l’exigence d’une durée de travail minimum (un mois puis 10 jours), jugée non conforme au droit communautaire, ayant été supprimée par la loi Warsmann. Naturellement, le régime légal décrit ne fait pas obstacle à l’application de régimes plus favorables pour le salarié, résultant de dispositions conventionnelles ou d’usages particuliers au sein de l’entreprise ! Pour les plus courageux, sachez que le salarié qui travaille pendant ses congés payés de même que son employeur peuvent faire l’objet de la part du maire ou du préfet d’une action en justice. Sachant que les dommages et intérêts ne peuvent être inférieurs au montant de l’indemnité de congés payés due au salarié… Alors le travail c’est la santé, mais ne pas trop en faire, c’est la conserver ! Pour vos questions : ceruguz@yahoo.fr
07 TURQUIE
10 - 16 Mai 2013 ZAMAN FRANCE
Les challenges de la diaspora turque Pour l’institution turque chargée des expatriés, les Turcs souffrent d’un manque de cohésion et d’organisation auxquels ils doivent remédier.
la communauté turque ne jouit pas pleinement de ses droits dans les pays étrangers.
aYDiN alBaYRaK aNKara Créer un statut de diaspora turque, c’est ce que revendique la Présidence des Turcs de l’étranger et des communautés apparentées. Plutôt qu’une simple «masse démographique», les Turcs devraient tendre vers une organisation sous forme de communauté, c’est-à-dire comme une force organisée, capable de défendre ses droits et d’exercer une influence sur les prises de décisions des pays de résidence. Un document de stratégie pour la diaspora a été établi par cette organisation il y a environ deux mois, mais les objectifs qu’il comprend n’ont pas encore été atteints.
Premières migrations turques en 1960
Actuellement, 6 millions de Turcs mières migrations turques remontent à vivent à l’étranger et environ 5.000 1960, les expatriés sont encore loin de organisations non gouvernementales fonctionner comme les autres turques sont implancommunautés et ne jouissent tées dans le monde. pas pleinement de leurs droits «Nous essayons d’endans les pays étrangers. La cacourager la population pacité de s’exprimer dans une turque de l’étranger et langue étrangère, le risque de les Organisations non gouvernementales «les expatriés sont perdre son identité culturelle (ONG) à agir en tant encore loin de fonc- et la difficulté à participer à la que diaspora grâce à tionner comme les politique du pays dans lequel résident sont toujours des des formations que autres communautés» ils problèmes majeurs auxquels l’on dispense», déclare ils sont confrontés. Kemal Yurtnaç à la tête de la Présidence des Turcs de l’étranger et des communautés apparentées, dans un Sensibilisation sur les droits entretien à Zaman. Bien que les predes Turcs de l’étranger En formant les représentants des ONG turques à l’occasion de rassemblements annuels, la Présidence souhaite les sensibiliser sur leurs droits face à d’éventuelles attitudes discriminatoires dans les institutions publiques. Kemal Yurtnaç explique par ailleurs la réticence des Turcs à actuellement, revendiquer ces droits par un rap6 vivent à l’étran millions de Turcs port particulier qu’ils entretiennent ge en Europe. L’a r, principalement avec l’Etat. Un rapport fondé sur une lle destination pri magne est la vision autoritaire où l’Etat incarne une vilégiée des immigrants tu fi gure paternelle de substitution. «Ce rcs s’élevant à prè avec un nombre que les Turcs de l’étranger doivent s de 3 millions d’habitants. Vie garder à l’esprit, c’est le principe d’Etat nt où vivent 500.0 ensuite la France, de droit», précise Kemal Yurtnaç. «Et 0 pays-Bas, avec 0 Turcs puis les c’est grâce à une structure organisée 4 pays européen 20.000 Turcs. Les qu’ils pourront parvenir à lutter contre s sont suivis de par quelques p près les violations de leurs droits». A noter ay comme l’Ouzb s d’asie centrale que le nombre d’ONG turques actives ék le Kazakhstan istan, à l’étranger dans le domaine ou Kirghizistan. Q encore le des droits de l’Homme est ua ils sont actuelle nt aux États-Unis, en hausse. La Présidence m position des p ent à la dixième propose enfin le financement ays migrants turcs d’accueil des de tout projet d’utilité générale av s’élevant à envi ec une population pour les Turcs de l’étranger, comme ron 160.000. l’enseignement de la langue turque.
Repères :
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Les Turcs dans le mo nde
08 TURQUIE
10 - 16 Mai 2013 ZAMAN FRANCE
Les Turcs contre l’application de la charia et d’Afrique ont participé à cette étude intitulée «Religion, politique et société».
une vision souple de la charia
La Turquie figure parmi les pays qui comptent le plus faible pourcentage de musulmans voulant la charia.
une étude mondiale d’un institut américain montre que seulement 12 % des Turcs sont favorables à l’application de la charia dans leur pays, un des pourcentages les plus faibles du monde musulman. Une grande majorité de Turcs ne veulent pas de la charia et défendent une vision pluraliste de la société. C’est ce que montre une enquête
publiée le 30 avril et réalisée par l’institut américain de recherche Pew entre 2008 et 2012. 38.000 personnes vivant dans 39 pays d’Europe, d’Asie, du Moyen-Orient
Selon ses résultats, la Turquie figure parmi les pays qui comptent le plus faible pourcentage de musulmans voulant la charia. Tandis que cette proportion monte à 99 % en Afghanistan, elle descend à 12 % en Turquie, pas très loin du minimum de 8 % en Azerbaïdjan. Et ce taux n’est pas toujours lié à la pratique assidue de la prière quotidienne. En effet, le niveau monte à 18 % chez les personnes priant quotidiennement et descend à 8 % chez celles priant peu. Cette différence de 10 % est parmi les plus faibles de l’enquête, le minimum étant de 9. Par ailleurs, les Turcs ont une vision assez souple de la charia puisque 28 % pensent qu’elle a été développée par des hommes, même si elle repose sur la Parole divine, tandis que 49 % pensent qu’elle est directement la Parole révélée de Dieu. Ce chiffre atteint les 81 % au Pakistan et en Jordanie.
tiers des personnes favorables à la charia défendent les châtiments corporels. Ce refus de la violence s’accompagne d’une posture favorable à la pluralité religieuse, puisque 89 % des Turcs veulent que les membres des autres religions puissent librement les pratiquer. Et seulement 15 % pensent qu’il y a des tensions entre les pratiquants et les non-pratiquants. 25 % ne sont pas contre le fait que leurs fils épousent une chrétienne, et 20 % si c’est leur fille. Même parmi les personnes favorables à la charia, 23 % acceptent la polygamie. Et 90 % des Turcs pensent que la femme doit être libre de décider de porter ou non le voile. Et ce nombre est sensiblement le même chez les hommes et les femmes.
Contre la violence et pour la liberté
Seuls 36 % des Turcs pensent que la notion de charia ne tolère qu’une seule interprétation. Cette pluralité des approches s’accompagne d’un refus général de la violence. En effet, seulement un
89 % des Turcs sont favorables à la liberté de culte pour les autres religions.
09 EUROPE Les étudiants français séduits par la Turquie 10 - 16 MAI 2013 ZAMAN FRANCE
A l’occasion de la Journée de l’Europe, le 9 mai, naissance de l’Union européenne, l’emblématique programme d’échange universitaire, Erasmus, a été mis à l’honneur. Parmi les destinations prisées par les jeunes étudiants français, la Turquie est en constante augmentation. Dalila Bouaziz paris Quand on pense à Erasmus, on a tout de suite en tête le film L’Auberge espagnole de Cédric Klapisch, campant les diversités culturelles des étudiants venant des quatre coins d’Europe ! Pendant un semestre ou un an, un élève européen, inscrit au minimum en licence 2, peut étudier dans l’un des 33 pays participant au programme Erasmus, mis en place par la Direction éducation et formation de la Commission européenne. Les objectifs sont fondés principalement sur la découverte d’un autre système universitaire, le perfectionnement ou l’apprentissage d’une langue étrangère tout en renforçant l’interculturalité. La Turquie en fait partie depuis 2004. La première année, 1.142 étudiants européens se sont rendus dans l’un des 84 établissements turcs jumelés avec une université européenne. Chaque établissement établit ses propres partenariats avec des universités étrangères. En 20102011, le nombre a été multiplié par 10 ! Un engouement que l’on retrouve aussi chez les étudiants français, de plus en plus nombreux à partir en Turquie. Une réciprocité qui est également vraie.
Découvrir une histoire méconnue
En 2011-2012, 485 étudiants français sont partis en Turquie grâce au programme européen Erasmus.
suivent le programme officiel de leurs pays d’origine tout en ayant la liberté de choisir des options supplémentaires qui n’y figurent pas. «En 2013-2014, nous avons 19 étudiants qui partiront en Turquie», note Sébastien Linden. «Après leur année, les élèves ont très souvent envie d’y retourner pour continuer leur apprentissage de la culture turque», souligne-t-il.
La Turquie, à cheval entre l’Europe et l’Asie, et son histoire ottomane séduit les étudiants français. La découverte de la culture musulmane et aller au-delà des images ou préjugés qu’ils peuvent avoir motivent également les jeunes Français. «Pour mon année en Erasmus, je voulais découvrir une culture différente et être L’hospitalité desTurcs vraiment dépaysée», explique Audrey, L’accueil des Turcs est un élément marquant pour les étudiants actuellement à Istanbul français, souvent surpris par en licence 3 de droit. Etul’hospitalité de la populadier tout en voyageant, tion. Au point que certains un principe que 485 étugardent par la suite un véridiants français ont suivi en tablement attachement au 2011-2012, en se rendant en Turquie, alors qu’en «La Turquie, à cheval entre pays. Clément, parti en 2006 à l’université Middle East 2010-2011, ils étaient 386, l’Europe et l’Asie, et son soit une hausse de 25 % histoire ottomane séduit Technical University à Ankaen un an ! Le pays est la les étudiants français» ra, est finalement resté trois ans sur place. «Je suis tombé 15e destination préférée des Français et gagne petit à petit en amoureux du pays ! J’ai validé ma licence de sociologie et j’ai réussi à prolonger notoriété. d’une année pour un master 1, avant de faire une troisième année où j’ai préparé Un pays en plein boom économique A Sciences Po Paris, la Turquie est même les concours de journalisme», précise-tun pays prioritaire. «La croissance éco- il. Un sentiment partagé par Audrey : «Je nomique et le très bon système uni- ne veux plus repartir ! C’est clairement la versitaire encouragent les échanges meilleure année de ma vie», s’enthouentre les deux Etats», indique Sébastien siasme-t-elle. Et professionnellement, Linden, chargé de mission avec la Tur- ces étudiants reviennent souvent avec un quie. Les étudiants français savent qu’il nouveau regard sur le monde et parfois est opportun de faire un stage dans une même un changement dans leur parentreprise en plein essor économique. cours de vie.«C’était moins religieux que Aussi, l’établissement a créé un par- ce que j’imaginais. Je pouvais expliquer tenariat avec huit universités turques que j’étais athée sans que l’on me fusdont six à Istanbul : Bogazici, Bilgi, Koç, tige par rapport à d’autres pays où j’ai pu Sabanci, Marmara et Galatasaray et deux voyager», note Clément. «Sans la Turà Ankara : Metu et Bilkent. Les étudiants quie, je ne travaillerais pas. J’ai construit essayent généralement d’apprendre la un réseau vraiment très riche pendant langue turque avant de s’y rendre et mes trois années», conclut-il.
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10 INTERNATIONAL
10 - 16 Mai 2013 ZAMAN FRANCE
Israël frappe la Syrie l’armée israélienne a mené deux raids, vendredi et dimanche, sur le territoire syrien pour détruire des missiles à destination du Hezbollah.
TuRQuiE
EDF-GDF
BREVES ECO
une nouvelle privatisation évoquée
Les groupes EDF et GDF SUEZ pourraient être les premiers concernés par d’éventuelles cessions de participations de l’Etat, ont estimé lundi plusieurs intervenants de marché. Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a déclaré dimanche soir que l’Etat envisageait de réduire sa part dans certaines entreprises où son taux de participation est «très important» afin de financer des investissements. «Si l’on tient compte des déclarations de Jean-Marc Ayrault, les trois dossiers concernés en priorité sont EDF, ADP et GDF Suez, qui constituent les trois plus grosses participations de l’Etat», explique Renaud Murail, gérant chez Barclays Bourse. L’Etat français est actionnaire à 84,4 % d’EDF, ce qui en fait sa principale participation directe dans une entreprise.
L’armée de l’air israélienne a mené deux raids, vendredi et dimanche, sur le territoire syrien pour détruire des missiles de fabrication iranienne qui attendaient d’être livrés au Hezbollah. L’Etat hébreu a bombardé un site très protégé de Hamah où seraient menées des activités liées à l’arsenal chimique et biologique de Damas, ainsi qu’une position de la Garde républicaine sur le mont Kassioun, qui domine la capitale et le bassin de la Barada, une rivière voisine. Le gouvernement syrien a condamné ces raids les qualifiant de «déclarations de guerre» et a menacé de prendre des mesures de rétorsion sans plus de précision. Damas a accusé Israël de renforcer par ses actions la position des rebelles syriens en lutte depuis plus de deux ans contre le pouvoir de Bachar al-Assad. Israël a rejeté
cette accusation affirmant ne pas souhaiter prendre partie dans le conflit qui se poursuit en Syrie.
les Etats-unis n’ont pas été prévenus
Les missiles qu’aurait visés l’armée de l’air israélienne, des Fateh-110 selon une source du renseignement occidental, auraient une portée suffisante pour atteindre Tel Aviv. L’administration américaine n’a pas été prévenue des frappes aériennes, a déclaré dimanche un responsable du renseignement américain. Il a indiqué que les Etats-Unis avaient été informés «après coup». A noter que 61 % des Américains sont majoritairement hostiles à une intervention des Etats-Unis en Syrie. Barack Obama a annoncé à ce sujet vendredi qu’il ne prévoyait pas de scénario dans lequel des troupes américaines seraient déployées en Syrie.
Début du procès d’une militante néonazie à Munich Le procès de Beate Zschäpe, seule survivante d’un groupe néonazi soupçonné de dix assassinats en Allemagne, s’est ouvert lundi à Munich, où devrait être mis en lumière le manque d’efficacité des services de sécurité dans la surveillance des mouvements d’extrême droite. Avec deux amis, Uwe Mundlos et Uwe Böhnhardt, originaires comme elle de Iéna dans l’ex-RDA, Zschäpe avait créé en 1998 le groupuscule Clandestinité nationale-socialiste (NSU).
le groupuscule a opéré pendant plus de 10 ans
Cette organisation, dont la violence a conduit l’Allemagne à admettre la persistance et la vivacité de l’extrême droite sur son sol, a opéré sans se faire repérer pendant plus de dix ans. Le groupuscule est accusé d’avoir assassiné huit ressortis-
sants turcs, un Grec et une policière entre 2000 et 2007, d’avoir perpétré deux attentats à la bombe dans des quartiers à forte population immigrée de Cologne. NSU a également commis une quinzaine de braquages de banques. La jeune femme, âgée de 38 ans, est apparue lundi devant le tribunal de Munich où elle est jugée, cinq meurtres imputés à la NSU ayant été commis en Bavière. A l’extérieur du palais de justice, 500 policiers ont été déployés tandis que des membres de la communauté turque d’Allemagne et des militants antiraciste ont scandé des slogans hostiles à Zschäpe qualifiée d’«enfant d’Hitler». «Par ses dimensions historique, sociale et politique, le procès de la NSU est l’un des plus significatifs de l’histoire allemande de l’après-Guerre», estiment les avocats de la famille de la première victime du trio, Enver Simsek, un fleuriste.
Deux allemandes rendent hommage aux victimes assassinées par le groupe néonazi.
l’échec d’aéroport de Paris
L’offre d’Aéroport de Paris (ADP) n’a pas été retenue pour la construction du troisième aéroport d’Istanbul. Avec 150 millions de passagers par an, six pistes, et une capacité de relier 40 % de la population mondiale, le marché était une aubaine pour l’entreprise française. La raison de l’échec est d’ordre financier, les enchères pour l’attribution du chantier ayant dépassé le budget estimé à 21,5 milliards d’euros d’ADP. Le consortium d’entreprises turques du BTP qui a remporté la concession a proposé pour sa part 22,1 milliards d’euros.
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La violence politique continue de faire des victimes au Pakistan Une explosion lors d’un meeting électoral a fait 15 morts et 40 blessés lundi dans le nord-ouest du Pakistan, ont indiqué des responsables pakistanais. L’explosion est survenue lors d’un rassemblement du Jamiat Ulema-e-
Islam, une formation religieuse. Depuis le début du mois d’avril, les talibans ont tué plus de 70 personnes dans des attentats visant les trois principaux partis politiques du Pakistan en vue des élections législatives du 11 mai.
Galatasaray a remporté dimanche son 19e titre de champion de Turquie avec une victoire 4-2 contre Sivasspor, qui couronne une saison agrémentée d’un quart de finale de Ligue des Champions. L’équipe devance Fenerbahçe au nombre de titres de champion (19 contre 18).
11 FAMILLE & SANTE Le lait maternel réduit la force des microbes 10 - 16 Mai 2013 ZAMAN FRANCE
De nombreuses bactéries développent des résistances aux antibiotiques présents dans les médicaments. Une protéine appelée Hamlet et contenue dans le lait maternel pourrait affaiblir ces «super-microbes». Dalila Bouaziz paris Une découverte qui fera plaisir aux mamans. Des chercheurs américains ont révélé qu’une protéine présente dans le lait maternel contribuait à diminuer la résistance aux antibiotiques de certaines bactéries responsables de pneumonies graves et d’autres infections difficiles à traiter, d’après une étude publiée mercredi 1er mai aux Etats-Unis. Cette protéine, appelée Hamlet (alpha lactalbumine modifiée tueuse de cellules tu-
morales, en français), pourrait renforcer et améliorer les effets des antibiotiques, dont l’action était jusqu’ici limitée sur les bactéries. Cette découverte a donc des chances d’intéresser les médecins souvent confrontés au problème des «super-microbes» qui ont tendance à résister aux antibiotiques, comme le staphylocoque doré multirésistant (SARM), responsable d’un grand nombre d’infections nosocomiales. Ces expériences menées dans des cultures en laboratoire et sur des animaux ont montré qu’Hamlet augmente la sensibilité des bactéries à de multiples antibiotiques.
une protéine hyper résistante aux bactéries
Des chercheurs américains ont révélé qu’une protéine présente dans le lait maternel contribuait à diminuer la résistance aux antibiotiques de certaines bactéries.
Quels antibiotiques sont concernés ? Pour le moment, l’étude montre que les bactéries résistaient beaucoup moins bien à la pénicilline, un traitement administré aux patients souffrant de certaines formes de pneumonie ou de staphylocoque doré, un microbe notamment res-
Sevilog
ponsable d’intoxications alimentaires. Par conséquent, la protéine Hamlet «a le potentiel de réduire la concentration d’antibiotique nécessaire pour combattre les infections et nous permet d’utiliser les antibiotiques les plus répandus contre des bactéries résistantes», souligne Anders Hakansson, directeur de l’étude. Autre bonne nouvelle, les microbes paraissent avoir beaucoup de mal à développer une résistance à Hamlet. Les plus solides d’entre eux meurent en grand nombre, même après avoir été exposés à cette protéine pendant de nombreuses générations. Enfin, «Hamlet est une substance se formant naturellement dans le lait humain et n’a pas d’effets secondaires toxiques», note le chercheur. Recommandé par les plus hautes autorités de santé internationales, le lait maternel est l’aliment naturellement le mieux adapté aux besoins alimentaires des bébés. Riche en anticorps, il les protège contre les infections et d’éventuelles allergies.
13 CULTURE
10 - 16 Mai 2013 ZAMAN FRANCE
Le monde extravagant de Tony Stark Tony Stark continue de conquérir le grand écran avec ce troisième volet de la saga iron Man 3. avec des scènes d’action brillantes et un scénario qui fait la part belle à l’autodérision, le dernier film de la trilogie pourrait s’imposer comme le meilleur opus. EMiNE YilDiRiM Avec Iron Man 3, c’est un enjeu de taille hollywoodienne qu’affronte Shane Black. Cette fois, c’est lui et non pas Jon Favreau comme dans les deux premiers films au poste de réalisateur. Le résultat est fulgurant : le long métrage est débordant d’humour avec des blagues mêlant sarcasme et franchise. Dans ce troisième chapitre, Stark vit toujours dans sa demeure de Malibu avec la superbe Pepper Potts (interprétée par la rayonnante Gwyneth Paltrow) qui est maintenant présidente de Stark Industries. Le garde du corps de Stark, Happy (Jon Favreau) fait également toujours partie de l’équipe, de même que le lieutenant-colonel James Rhodes (Don Cheadle). Stark vit hanté par son passé et passe son temps à fabriquer des costumes d’Iron Man pour se protéger. Seulement voilà, le génie maléfique Aldrich Killian (Guy Pearce) et son employée Maya Han-
sen (Rebecca Hansen) resurgissent plus puissants que jamais avec une potion biochimique permettant au corps humain de guérir immédiatement après une blessure, ce qui leur permet d’avoir une mainmise sur le monde.
Railler les films hollywoodiens
Dans le même temps, Tony Stark doit affronter un ennemi terroriste, le Mandarin, un comédien britannique qui revendique une série d’attentats à la bombe. Une bataille a alors lieu, pendant laquelle Iron Man/Tony Stark doit mettre son courage à l’épreuve. Ces choix ingénieux de Shane Black montrent sa volonté de railler les films hollywoodiens avec leur habitude à prendre des acteurs anglais pour interpréter les personnages maléfiques. Le film a un caractère absurde, ce qui fait justement toute sa virtuosité. Le succès de ce long métrage repose sur le talent de
le succès de ce long métrage repose sur le talent de Robert Downey Jr. et du réalisateur qui ne se prennent au sérieux à aucun moment.
Robert Downey Jr. et du réalisateur qui ne se prennent au sérieux à aucun moment. Avec des scènes d’action ingénieuses, des personnages décalés campés par un casting des plus harmonieux, Iron Man 3 est sans doute le meilleur volet de la saga. On
aurait envie que la série se termine par ce troisième chapitre au final extravagant et pompeux. Mais dans la veine des blockbusters hollywoodiens, il n’est pas impossible que l’on voit naître dans quelques années un quatrième volet.
14 CULTURE
10 - 16 Mai 2013 ZAMAN FRANCE
ColloQuE
Peuple à l’identité forte
Rôle culturel majeur des ouïghours
Ainsi, d’un côté, l’islam ouïghour a conservé jusqu’à nos jours des formes marquées de chamanisme, première religion des peuples turcs. Le chamane islamisé y est ainsi à la fois médecin et devin. De l’autre, la langue ouïghoure est la seule langue turque à s’écrire aujourd’hui encore à l’aide de l’alphabet du Coran. Les Ouïghours auront ainsi joué un rôle culturel majeur au sein de la grande nation turcique, rôle qui se verra
a lire
les ouïghours sont un peuple turc musulman, installé en Chine, dans la région de Xinjiang depuis plus d’un millénaire.
affirmé avec l’islamisation progressive de la presque totalité des peuples turcs. Ils sont à l’origine du premier système graphique qui a servi à noter une langue turque, le syllabaire ouïghour. Puis du premier alphabet (développé à partir de l’alphabet sogdien), lorsque devenus maîtres de l’empire de Mongolie (745-840), leurs besoins en communication sont devenus plus importants. Il sera dès le IXe siècle l’outil «national» des divers peuples turcs, avant d’être supplanté par l’alphabet arabe avec l’expansion de l’islam.
Première littérature turque d’islam
Là encore, les Ouïghours seront pionniers : dès le XIe siècle, leur langue, désormais écrite en caractères arabes, donne naissance à la première littérature turque d’islam. De cet idiome dérivera en outre une autre langue majeure de l’islam turc, le tchagatay, reflet de la mosaïque des peuples musulmans de la région, avec ses nombreux emprunts à l’arabe, au persan et au mongol. Il n’est pas étonnant dès lors que des noms des
Ouïghours qui soient passés à la postérité, deux soient ceux d’hommes de lettres. Le premier est l’historien et lexicographe Mahmud al-Kashgar, auteur d’une monumentale Encyclopédie des langues des Turcs (Diwân lughât atTurk), rédigée en arabe vers 1072-1076 sur commande du calife abbasside alQa’im, à une époque où l’élément turc seldjoukide devenait prépondérant au sein du pouvoir militaire. Le second est Yusuf Khass Hajib de Balasagun, également auteur, à la même époque, d’un ouvrage destiné aux princes, le Savoir qui mène à la félicité (Kutadgu bilig), recueil de conseils de bonne gouvernance rédigé à l’intention de Tavghach Bughra Khan, souverain karakhanide de Kashgar. Son ancêtre, Satuq Bughra Khan, dans le nom duquel les origines païennes sont clairement perceptibles (le chameau – bughra – est en effet un animal totémique dans le chamanisme), a été le premier souverain de la région à se convertir à l’islam. Le royaume qu’il a fondé au Xe siècle est devenu ainsi le tout premier Etat turc musulman.
la Turquie contemporaine forgée à travers les siècles l’Algérie, et du Yémen à la Hongrie. Le second tient à la méthodologie adoptée : afin de mieux cerner son objet, l’auteur convoque d’autres sciences sociales, et notamment la sociologie historique, faisant ainsi converger les analyses des faits sociaux, religieux et politiques. Le troisième tient aux ruptures et aux continuités que l’auteur fait apparaître, en porte à faux
Différents et ensemble : comment faire société ?
En attribuant à des problèmes d’origine sociale une cause ethnique ou religieuse, politiques et médias faussent le débat. Ce colloque organisé par la commission Islam et laïcité entend poser sur des bases saines la question du vivre ensemble aujourd’hui.
l’islam politique deux ans après le Printemps arabe
Par Patrick Haenni, senior advisor au Centre pour le dialogue humanitaire (Genève). Le 14 mai à 18:00 EHEss 105, boulevard Raspail 75006 Paris
Du dialogue euro-arabe à la coopération islamo-atlantiste, chronique d’une dérive mutuellement mortifère
Par René Naba, ancien responsable du monde arabo-musulman au service diplomatique de l’AFP. Le 10 mai à 19:00 Espace albert-raphaël Chemin de la Calade 83350 Ramatuelle
& à voir...
Ce dernier ouvrage de l’historien turc Hamit Bozarslan présente au moins trois intérêts. Le premier tient à la forme : dans ces 600 pages se trouvent synthétisés près de sept siècles d’histoire turque, depuis le premier sultanat anatolien au XIIIe siècle, jusqu’à l’actuelle République de Turquie – puissance émergente –, en passant par le vaste et puissant Empire ottoman, de l’Azerbaïdjan à
Dans le bidonville de Casablanca où ils vivent, Hamid a toujours protégé son petit-frère, Yachine. D’abord sur le terrain de jeu, plus tard dans des actes de semi-délinquance. Lorsque Hamid sort de prison, il a changé et entraîne Yachine dans une voie bien différente, celle du fondamentalisme, jusqu’au terrorisme. Un film de Nabil Ayouch (drame, Maroc/ France/Belgique, 1h55). Prix François Chalais, Cannes 2012.
Le 15 mai de 14:00 à 19:00 et le 16 mai de 19:00 à 22:00 Mairie du iie arrondissement 17, rue Léopold Bellan 75002 Paris
CoNFÉRENCE
Au nombre de 9 millions, ils constituent aujourd’hui moins de la moitié de la population locale (45 %), du fait de la colonisation par l’élément han, l’ethnie majoritaire en Chine, de cette région riche en ressources naturelles. Peuple à l’identité forte, à la culture ancienne, les Ouïghours résistent aujourd’hui comme ils l’ont fait par le passé. Malgré la proximité du prestigieux Empire du Milieu, ils sont demeurés relativement imperméables à l’acculturation chinoise, évoluant au contraire au sein de l’aire culturelle turco-persane, avec deux référents majeurs : la turcité et l’islam, le second ayant acquis au fil des siècles une dimension identitaire renforcée par l’oppression du colonisateur chinois.
les chevaux de Dieu
Le 12 mai à 20:30 Marlymages 39, rue de Metz 57155 Marly
TaBlE RoNDE
islam des mondes
SEYFEDDiNE BEN MaNSouR LiLLE Figure de proue de la résistance ouïghoure en exil, Rebiya Kadeer, était récemment à Paris. Elle a dénoncé, le 24 avril dernier, dans un entretien accordé au Monde, la répression «brutale des autorités chinoises au Turkestan oriental». C’est ainsi que les Ouïghours, peuple turc musulman installé dans la région depuis plus d’un millénaire, appellent cette province aux confins de l’Asie centrale, devenue chinoise au XVIIe sous le nom de Xinjiang, «Nouvelle frontière».
CiNÉMa
Les Ouïghours, pionniers de la turcité d’islam
AGENDA CULTUREL
avec la doxa. Ainsi, notamment, la date de 1908 (révolution Jeune-Turque) comme date charnière, relativisant la «rupture» kémaliste de 1923 (instauration d’un Etat-nation turc), ou encore la continuité d’une violence étatique, y compris en ce qui concerne la modernisation, qui fut imposée par les derniers sultans avant de l’être par la République.
Histoire de la Turquie. De l’Empire à nos jours, de Hamit Bozarslan, Editions Tallandier, 592 pages, 27 €.
Rituel pour une métamorphose
Autour de l’œuvre du dramaturge syrien Saadallah Wannous (19411997) à l’occasion de son entrée au répertoire de la Comédie-Française. Une œuvre émancipatrice qui explore sans concession les liens entre l’individu et le pouvoir. Avec notamment Luc Deheuvels, universitaire (INALCO) et Sylvia Bergé, sociétaire de la ComédieFrançaise. Le 16 mai à 18:30 institut du monde arabe place Mohamed V 75005 Paris
OPINION15
10 - 16 MAI 2013 ZAMAN FRANCE
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L’apport de Gülen à la société civile turque L’intellectuel et penseur musulman turc Fethullah Gülen, inspirateur du mouvement Hiz-
met, a influencé la vision de l’islam en Turquie. D’après le chroniqueur Jean-Michel Cros, Gülen a montré aux Turcs qu’ils pouvaient être à la fois démocrates et musulmans en créant ce qui est devenu un mouvement sociétal de masse. Turquie ; ces deux aspects me JEAN-MICHEL CROS STRASBOURG «Enfin !» C’est le mot qui paraissent fondamentaux. vient à la lecture de Société civile, démocratie et islam : pers- Une culture du dialogue pectives du mouvement Gülen, Il faut remercier les auteurs de que viennent de publier les édi- dire avec une grande clarté que tions L’Harmattan, sous la direc- tant l’Occident que les élites kémalistes abordent tion d’Erkan Tola question de l’islam guslu. Ce livre, avec un a priori falsans doute le lacieux, aux termes premier en franduquel l’islam – sans çais sur le mouautres précisions – vement, peut être exigerait des croyants de nature à bous- «Fethullah Gülen a proqu’ils créent un ordre culer les préjugés posé une voie basée sur le politique fondé sur la qui demeurent dialogue et la tolérance, charia ; ce déni de la encore à son procondamnant fermement réalité empêche de pos. Dans une voir que Gülen, dans série de chapitres le terrorisme» une Turquie qui est resserrés, le point peut être laïque mais pas sécuest fait de façon précise sur de lière, a montré aux Turcs qu’ils nombreux aspects. Faisons tout pouvaient être à la fois démode suite justice de la théorie du crates et musulmans en créant ce complot, ou de l’agenda secret, qui est devenu un mouvement souvent prêtée au mouvement, alors que le seul que connaisse la sociétal. En développant une Turquie est en réalité celui du culture du dialogue qu’il veut groupe Ergenekon… L’ouvrage substituer à la culture de l’afapporte des éclairages pertinents frontement (contre les Kurdes, sur un certain nombre de sujets et les alévis ou les religieux entre notamment sur les apports de autres) qui était jusque-là celle Fethullah Gülen à la modernisa- de la République, ainsi que des tion et à la démocratisation de la activités visibles par tous, ce qui
‘‘
rend d’autant plus grotesque la thèse du complot, en promouvant l’euro-islam, en devenant le prédicateur de la modernité et de l’islam moderne. En étant, enfin, l’un des vecteurs de la modernisation de la Turquie, mettant au centre de son combat l’homme et son prochain, ainsi que la démocratie. Ce combat a contribué puissamment à la démocratisation que la Turquie a connu ces dernières années : à partir de son analyse de la faiblesse des pays musulmans, résidant dans un retard politique, une crise morale et spirituelle et une connaissance insuffisante de l’Islam, Fethullah Gülen a proposé une voie basée sur le dialogue et la tolérance, condamnant fermement le terrorisme et les conceptions guerrières du «jihâd».
Le respect d’autrui
Insistant sur la loi et l’ordre, le respect d’autrui, l’importance du non jugement et les valeurs universelles, Gülen a ainsi rencontré non seulement le pape Jean-Paul II, mais a été également la première personnalité turque à rencontrer le patriarche œcuménique
de Constantinople, Bartholomée Ier ainsi que le patriarche arménien de Turquie, Mesrob Ier. «Le respect suppose attention, appréciation et tolérance», dit l’intellectuel turc. De nombreuses pages de cet ouvrage collectif mériteraient d’être citées, tant elles sont de nature – pour qui voudra les lire… – à dissiper les préjugés, un chapitre étant d’ailleurs consacré à la transformation des perceptions entre musulmans et non musulmans. Ce sur quoi je voudrais m’interroger précisément, c’est sur la persistance de cette opinion négative, dans les medias ou le monde politique, à propos du mouvement Gülen. Elle tient sans doute à plusieurs facteurs.
Un dénigrement injustifié
Le premier est sans doute que de nombreux Occidentaux, et j’inclus dans cette catégorie l’establishement kémaliste, ont du mal à accepter un mouvement social se revendiquant à la fois de la démocratie et de valeurs qui lui sont propres, l’islam en l’occurrence. Cette vision, de type colonial, est plus prégnante dans les esprits que ce qu’on dit souvent. Un deuxième aspect réside dans la nouveauté du mouvement : en effet, depuis le milieu du XIXe siècle, la modernisation en Turquie, qui a commencé avec les Tanzimats, s’est toujours faite sous l’impulsion d’un Etat protecteur. Le kémalisme entre totalement dans la tradition ottomane sur ce point. Or, avec le mouvement Gülen, nous assistons pour la première fois dans le monde turc à une impulsion modernisatrice qui ne vient pas «d’en haut» mais «d’en bas». A ce titre ce mouvement est véritablement révolutionnaire, bien plus que le kémalisme. Ces deux raisons majeures, intolérables pour certains esprits, expliquent à mon avis cette volonté de dénigrement que l’on trouve bien souvent. Le «Tiers Monde» (mais la Turquie en fait-elle partie ?) était acceptable quand il était nationaliste, et se battait, même contre nous, mais avec «nos» valeurs. Il ne l’est plus quand il revendique les siennes. Mais cela, c’est tout le mérite de Fethullah Gülen de passer outre… jean-michel.cros@neuf.fr