Zaman France N°225 - FR

Page 1

Un Français évoluant dans un grand club d’Istanbul, c’est chose peu commune. Et pourtant, Julien Escudé a choisi, lors du dernier mercato, de rejoindre les Aigles noirs de Besiktas. Retour sur les ambitions turques d’un jeune joueur tricolore.

12 ECONOMIE

SPORT

16

Julien Escudé : «Besiktas reste un grand club»

Le miracle économique turc attire les entreprises allemandes Les bons résultats économiques de la Turquie ont incité les entreprises allemandes à y investir massivement leurs fonds. 5.000 entreprises allemandes sur 30.000 étrangères s’y sont implantées et l’Allemagne représente d’ores et déjà le premier partenaire commercial de la Turquie avec 10,3 % de ses exportations et 9,5 % de ses importations.

WWW.ZAMANFRANCE.FR

10 - 16 AOÛT 2012 N° 225

Islamophobie au travail : ne pas «crier au loup à chaque fois» Les dernières affaires de moniteurs licenciés pour cause de jeûne, puis réintégrés, ont propulsé une nouvelle fois la question de l’islamophobie au travail sur le devant de la scène médiatique. Entre fautes professionnelles avérées et cas réels de discrimination, la limite n’est pas toujours simple à définir. Pour le sociologue Oméro Marongiu, il faut par dessus tout éviter de «crier au loup» aveuglément en privilégiant une approche globale des problèmes. -SOCIETE 04

La France demande l’arrêt des massacres en Birmanie rINTERNATIONAL 11

Le ramadan change la consommation des Turcs rTURQUIE 07

Des intellectuels turcs contre l’interdiction des noms kurdes Malgré de réelles avancées comme l’enseignement du kurde à

l’école, la Turquie reste très hostile à l’emploi du kurde pour désigner des lieux publics comme l’illustrent plusieurs décisions de justice. De nombreux intellectuels turcs et kurdes n’hésitent plus à dénoncer l’archaïsme de leur pays sur ce sujet. -TURQUIE 08

Religion et écologie : quand le Ciel veut sauver la Terre rSouvent présenté comme une forme de dévotion moderne consacrée à la nature, le respect de l’environnement a toujours occupé une place non négligeable dans les traditions religieuses soucieuses de garantir le partage des ressources avec les générations futures. -SOCIETE 05

Peillon se fait le défenseur d’une «morale laïque»

européenne et la baisse du déficit courant d’Ankara La Turquie, nouvelle Laontrécession poussé de nombreux investisseurs à privilégier la Turquie, par la stabilité de son système bancaire. Près de 8 millioasis des investisseurs séduits ards de dollars ont ainsi été injectés par les gestionnaires de fonds étrangers étrangers cette année dans les obligations turques. qECONOMIE 13

-Une mission ministérielle chargée de définir ce qu’est une «morale laïque» va être prochainement créée. L’objectif pour le ministre de l’Education Vincent Peillon, l’initiateur de cette mesure, est de permettre son enseignement à l’école. -FRANCE 03


02 SOCIETE EDITO FOUAD BAHRI

Islamophobie : séparons le bon grain de l’ivraie La profanation d’une mosquée à Montauban le 1er août dernier, où une tête de cochon a été déposée, et les dernières affaires de jeûneurs licenciés ou sanctionnés pour cause de ramadan ont replacé la question de l’islamophobie au cœur de l’actualité. Si le premier cas ne fait aucun doute quant à la nature des intentions racistes des auteurs de la profanation, le second, en particulier l’affaire des jeûneurs de Gennevilliers, est moins évident. La mairie, confrontée à un précédent de mise en défaut d’une salariée de confession musulmane pendant le ramadan, avait introduit un article obligeant les animateurs de colonies de vacances à s’alimenter et s’hydrater, invoquant les risques qu’un manque de vigilance ferait courir aux enfants dont ils ont la charge. Incontestablement, la mairie communiste de cette ville des Hauts-de-Seine a fait preuve de maladresse, et qui plus est, a enfreint les règles du code du travail qui prévoient des procédures garantissant aux salariés le droit de se défendre auprès de leur employeur. Pour autant, l’erreur de jugement et la maladresse de l’équipe municipale n’infèrent aucunement une intention islamophobe clairement prouvée, et ce d’autant plus qu’aucun jugement n’aura été prononcé, la mairie ayant décidé de réintégrer les animateurs. Par ailleurs, le questionnement par un employeur d’un manquement professionnel de ses salariés pour des raisons valables (sécuritaires par exemple) n’est pas illégitime en soi. Au-delà de ce cas particulier, deux enseignements peuvent être tirés. Le premier est que la question sociétale de l’islam est une fois encore éminemment chargée d’affect et ne se prête toujours pas à un traitement raisonnable et dépassionné. En ce sens, le contexte français, caractérisé par la présence persistante d’un climat islamophobe réel et structurel reconnu par toutes les études, joue un rôle évident dans la perception et la réaction de l’opinion publique musulmane. Et c’est là tout le problème : de nombreuses affaires de litiges professionnels ou civils sont automatiquement perçues comme traduisant un sentiment islamophobe de leurs auteurs, ce qui est faux. Le risque est, alors, de réagir injustement à une attitude perçue comme injuste elle-même et de généraliser les procès d’intentions. La France n’est pas islamophobe, comme n’hésitent plus à le dire certains internautes sur les réseaux sociaux, même s’il y a incontestablement de l’islamophobie en France et qu’elle doit être combattue. f.bahri@zamanfrance.fr

10 - 16 AOÛT 2012 ZAMAN FRANCE

Les désagréments du tourisme à Paris MAUD DRUAIS PARIS Les chauvins ont de quoi se réjouir. La France a battu tous les records de visite de touristes étrangers en 2011, dépassant de loin celui de 2010, qui s’élevait à 77,6 millions d’entrées. Elle a en effet reçu, selon le rapport annuel de la Direction générale de la compétitivité de l’industrie et des services, 81,4 millions d’étrangers, conservant ainsi la première place qu’elle occupe sans discontinuer depuis la Libération. Les moteurs de cette forte augmentation sont les pays émergents, en particulier la Russie, la Chine et le Brésil. Mais l’arrivée massive de touristes ne présente pas que des avantages pour le pays et en particulier pour la capitale française qui doit gérer cet afflux et tous les désagréments qui en découlent. Tout d’abord, les musées doivent mettre en place des mesures pour protéger les œuvres, comme les tableaux ou les objets d’art qui doivent être exposés sous verre ou dans des lieux présentant des systèmes de régulation

climatique ou hygrométrique (pour réduire les écarts d’humidité).

Paris submergée par les déchets

A cela vient s’ajouter l’organisation de files d’attentes interminables à l’entrée des expositions. Par ailleurs, les dégradations de monuments aussi visités que Notre-Dame de Paris, par exemple (13,6 millions de visites annuelles), sont inévitables. Et c’est sans compter tous les déchets abandonnés dans les lieux touristiques : en haute saison, quatre tonnes quotidiennes sur le quai d’Orléans de l’île Saint-Louis ! Le reste de l’année, ce sont seulement 300 kg qui sont ramassés par les services de propreté chaque jour selon un article du Figaro. Les Champs-élysées, l’avenue la plus touristique de France, est traversée quant à elle quotidiennement par 300.000 personnes. Les poubelles étant interdites, dans le cadre du plan Vigipirate, cela a pour conséquence un surcoût de 720.000 euros annuels pour

Chaque année, le Louvre reçoit près de neuf millions de visiteurs.

la ville de Paris. D’autres désagréments comme les files de cars (ils sont parfois 2000 à circuler dans la capitale) viennent ajouter pollution, bruit, ralentissement du trafic.

Des averses violentes ont paralysé les provinces de Samsun et Kastamonu lundi, provoquant la mort d’une personne et causant d’importants dommages dus au débordement des rivières.

...ET UNE MAUVAISE

UNE BONNE...

Haro sur la sécurité au travail en Turquie

Le ministère de la Santé a augmenté la fréquence des inspections sanitaires des produits cosmétiques suite à la découverte de dangereux métaux lourds et de substances microbiologiques nuisibles dans des cosmétiques au cours de récentes inspections. Le ministère a révélé les noms des produits en question. Il s’agit notamment de vaporisateurs d’eau de Cologne, de colorants capillaires, d’eye-liners, de poudres ainsi que de savons. Le gouvernement se donne donc pour mission d’intensifier les inspections pour

Le nombre des pertes humaines dûes à des accidents sur le lieu de travail atteint des records en Turquie. Selon un rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT), la Turquie se place juste derrière l’Algérie et le Salvador au classement mondial des pays qui recensent le plus de décès accidentels en raison des conditions de travail et qui regroupe 82 pays. La publication de ce rapport intervient

déterminer si d’autres produits fabriqués en Turquie contiennent des substances telles que l’arsenic ou le plomb. Pour ce faire, 250 inspecteurs vont être nommés. Ces derniers conduiront des inspections impromptues dans les 81 provinces turques. Pour informer les consommateurs, les résultats des inspections et des examens seront officiellement publiés sur Internet.

avant l’ouverture du 19e Congrès mondial sur la sécurité et la santé au travail qui doit se tenir à Istanbul en septembre prochain. L’OIT invite donc la Turquie à faire de gros efforts en termes de sécurité et à améliorer les conditions de travail. Pour l’heure, les pertes humaines dûes à des accidents de travail en Turquie s’élèvent à 479 personnes depuis le début de l’année.

NOUVELLE

Intensification des contrôles sanitaires sur les cosmétiques turcs


03 FRANCE Aucun pays à majorité musulmane «n’a jamais pu accueillir les Jeux olympiques» Déclaration du Premier ministre turc à Londres suite à la victoire de l’équipe féminine turque de basket dans le match contre l’Angola. À ce jour, Istanbul est toujours en course pour l’organisation des Jeux olympiques d’été de 2020 aux côtés de Madrid et Tokyo.

Peillon se fait le défenseur d’une «morale laïque»

Une mission ministérielle chargée de définir ce qu’est une «morale laïque» va être prochainement créée. L’objectif pour le ministre de l’Education Vincent Peillon, l’initiateur de cette mesure, est de permettre son enseignement à l’école.

EMMANUELLE GRIMAUD PARIS Du nouveau pour le système scolaire : Vincent Peillon a prévu la mise en place d’une mission sur «la morale laïque». Le 11 juillet, devant la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale, le ministre de l’Éducation nationale a signalé qu’une mission serait chargée de réfléchir sur la «morale laïque» et son enseignement, et ce, dès le mois de septembre. L’objectif est de penser à la «conception que nous devons diffuser de la laïcité», qui n’est «jamais la simple tolérance, l’indifférence, la neutralité» et implique «des valeurs qui doivent être inculquées». Des propos que l’on retrouve dans un essai écrit par le ministre en 2010. Ce dernier, dont le titre est Une religion pour la République, la foi laïque de Ferdinand Buisson, est consacré à ce prix Nobel de la paix, un des pères de la laïcité. Pour l’heure, de cette mission sur la morale laïque, on ne connaît pas encore la composition. En février dernier, l’ancien ministre Luc Chatel ainsi que le Haut conseil à l’intégration (HCI) avaient créé une mission «Pédagogie de la laïcité» afin de donner au personnel de l’Education nationale «les outils conceptuels et pédagogiques nécessaires pour mieux s’approprier le principe de laïcité».

Ahmadinejad au sommet islamique

40 généraux en retraite forcée

Mahmoud Ahmadinejad, le président iranien, se rendra au sommet islamique convoqué par l’Arabie saoudite pour la mi-août dans la ville sainte de la Mecque. Les relations saoudo-iraniennes sont empreintes de méfiance. L’Arabie saoudite accuse Téhéran de soutenir la contestation de sa minorité chiite et celle de la majorité chiite à Bahrein. Riyad accuse aussi l’Iran d’être à l’origine d’un complot visant à tuer l’ambassadeur saoudien aux Etats-Unis. De son côté, l’Iran reproche à l’Arabie saoudite d’avoir envoyé en 2011 son armée à Bahreïn pour réprimer le mouvement de contestation et de soutenir les rebelles syriens pour renverser le président Bachar al-Assad.

Le Conseil militaire suprême turc a décidé de pousser à la retraite 40 généraux et amiraux. Ceux-ci sont actuellement écroués en raison d’accusations de complot contre le gouvernement. La décision a été approuvée par le président Abdullah Gül. Un grand nombre de cadres de l’armée sont aujourd’hui en détention pour avoir tenté de renverser le gouvernement.

Le ministre de l’Education Vincent Peillon veut développer l’enseignement d’une «morale laïque» dans les établissements scolaires.

Zoom

Un musée pour valoriser l’immigration française EMMANUELLE GRIMAUD Ouverte au public depuis octobre 2007, la Cité nationale de l’histoire de l’immigration est un musée de l’immigration française. Celle-ci se donne pour mission de mettre en valeur les éléments relatifs à l’histoire de l’immigration en France, et notamment depuis le XIXe siècle. Elle souhaite également faire évoluer les mentalités. La Cité est hébergée par le palais de la Porte Dorée, un lieu emblématique et chargé d’histoire dont la

Comment définir la «morale laïque» ?

Plus tôt, en 2003, la Commission Stasi s’était, quant à elle, penchée sur le principe de laïcité et son application dans la République. Mais depuis la disparition des leçons de morale à l’école publique, en 1968, personne n’avait jusqu’alors cherché à ramener la laïcité dans le champ de la morale. Il est bien difficile de définir ce qu’est une «morale laïque». Pour le philosophe Henri Pena-Ruiz, la «morale laïque» est «l’idée selon laquelle la morale n’appartient pas aux seules religions et qu’il existe des valeurs communes et un respect de l’humanité sur lesquels croyants, agnostiques et athées peuvent se retrouver». Elle «laisse de la place pour les convictions de chacun. C’est une morale publique dans laquelle des morales privées, différentes suivant les individus, trouvent place» précise Jean Baubérot, spécialiste de la laïcité.

ARABIE SAOUDITE

EN BREF

ARMÉE TURQUE

‘‘

10 - 16 AOÛT 2012 ZAMAN FRANCE

La Cité nationale de l’histoire de l’immigration propose jusqu’ au 19 mai 2013 l’exposition «Vies d’exil. Des Algériens en France pendant la guerre d’Algérie 1954-1962».

vocation première fut d’être un musée des colonies, représentant l’histoire de la conquête coloniale. Suite à l’exposition coloniale de 1931 dont le but n’était autre que de promouvoir l’image de la France impériale à l’apogée de sa puissance, le palais changea plusieurs fois d’attributions. Ainsi, il a été le musée permanent des Colonies, le musée des arts africains et océaniens, le musée national des arts d’Afrique et d’Océanie (MAAO). Avec la création du musée du quai Branly et

la fermeture du MAAO en 2003, c’est à partir de 2007 que le bâtiment abrite la Cité nationale de l’histoire de l’immigration. «Repères», l’exposition permanente de la Cité, présente deux siècles d’histoire de l’immigration sur plus de 1100 m2. Elle est organisée sous la forme d’un parcours thématique et chronologique. À l’aide d’un dispositif cartographique, l’exposition décrit les mouvements de population dans le monde et notamment vers la France. Elle aborde neuf thématiques principales : Émigrer, Face à l’État, Terre d’accueil/France hostile, Ici et là-bas, Lieux de vie, Au travail, Enracinements, Sportifs, Diversité. Le but de la collection est de faire comprendre au visiteur les raisons du départ. Le musée fait également appel aux témoignages, documents d’archives, photographies et œuvres d’art, le tout dans un espace interactif. La Cité de l’immigration propose actuellement «Vies d’exil. Des Algériens en France pendant la guerre d’Algérie 1954-1962», une exposition temporaire du 9 octobre 2012 au 19 mai 2013.


04 SOCIETE

10 - 16 AOÛT 2012 ZAMAN FRANCE

Islamophobie au travail : ne pas «crier au loup à chaque fois» Les dernières affaires de moniteurs licenciés pour cause de jeûne, puis réintégrés, ont propulsé une nouvelle fois la question de l’islamophobie au travail sur le devant de la scène médiatique. Entre fautes professionnelles avérées et cas réels de discrimination, la limite n’est pas toujours simple à définir. Pour le sociologue Oméro Marongiu, il faut par dessus tout éviter de «crier au loup» aveuglément en privilégiant une approche globale des problèmes. FOUAD BAHRI PARIS A Gennevilliers, 200 personnes ont fait le déplacement, samedi dernier, pour l’iftar géant organisé devant la mairie. L’objectif était pour les organisateurs de dénoncer le climat d’islamophobie persistant en France. La municipalité communiste avait subi ces derniers jours le feu de nombreuses critiques pour avoir voulu licencier quatre moniteurs pour cause de jeûne, mettant en avant le risque qu’une baisse de leur vigilance consécutive au jeûne faisait courir pour la sécurité des enfants. La mobilisation de nombreuses associations musulmanes avait, entre temps, fait reculer la commune des Hauts-de-Seine qui a réintégré les moniteurs. Une autre affaire similaire à Cherves-Richemont, dans le sud-ouest de la France, démontre que cette problématique liée à la pratique de l’islam au travail n’est pas rare. Oméro Marongiu, sociologue et spécialiste en management de la diversité, explique à ce propos qu’ «un employeur a le droit de limiter la liberté de ses salariés sur des points comme l’hygiène ou la sécurité» mais estime néanmoins que dans cette affaire de Gennevilliers, «la procédure n’a pas été respectée avec entretien préalable, lettre de licenciement ou présence de témoins constatant la défaillance».

Les affaires de litiges opposant des employeurs et des salariés sur des cas de pratiques religieuses au travail ne relèvent pas toutes de

discriminations mais regroupent également des fautes professionnelles.

qu’ils ont constitué un préjudice économique pour l’entreprise» confirme Oméro Marongiu.

Sécurité professionnelle et enjeux économiques

D’ailleurs, pour Oméro Marongiu, la vraie question de la sécurité au travail dans la profession des moniteurs «n’est pas celui de l’alimentation mais du sommeil et de la fatigue physique, avec des réunions d’encadrement se déroulant parfois à 1 h du matin», pendant les colonies de vacances. Le sociologue estime, par ailleurs, que ces problèmes doivent être traités de manière globale, loin des seuls aspects liés à l’islamophobie. Dès lors, deux cas de figures s’imposent : celui qui relève de considérations sécuritaires, d’une part, et d’enjeux purement économiques, d’autre part. «Un chauffeur de métro refusait de parler avec ses collègues féminines et quand il prenait son poste ne transmettait pas les consignes de sécurité» évoque ainsi Oméro Marongiu, à titre d’exemple. Mais la sécurité au travail peut aussi être directement associée à la question de l’hygiène. «Un employé faisait cuire des steaks halal dans une cuisine collective pour sa collègue musulmane. Il s’est pris une mise à pied pour non respect des normes d’hygiène, rupture de la chaîne du froid pouvant entraîner des salmonelles ou des bactéries» poursuit encore le sociologue.

Distinguer les affaires au cas par cas

Cette même prière, par contre, accomplie durant le temps de pause et qui ne gêne pas le bureau commun de l’entreprise ne peut pas être interdite» ajoute Marwan Muhammad.

Autrement dit, toutes les affaires de sanctions, liées à une pratique religieuse musulmane, ne relèvent pas de cas d’islamophobie. «Il ne faut pas crier au loup à chaque fois et prendre la défense inconditionnelle de toute personne qui a subi un avertissement» ajoute le sociologue. Au Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), on a conscience de cette responsabilité dans la distinction des vraies cas d’islamophobie, des faux. Marwan Muhammad, porte-paLe Collectif contre l’islamophobie en role du CCIF, témoigne : «nous vériFr (CCIF) créé en 20 03 est l’une des or ance ganisafions les faits systématiquement. Nous tions les plus activ es et des plus prés ente sur le territoire. Ell essayons d’obtenir des témoignages, e est aussi l’une de s s plus organisées, avec des documents écrits pour savoir si la un pôle organisat ion, communication et jur idiqu personne a été discriminée et si elle l’a les victimes. Le CR e pour accompagner I (C été en fonction de son appartenance le racisme et l’islam oordination contre ophobie), fondé pa à l’islam ou non. Nous vérifions aussi Abdelaziz Chaam bi en 2008, considè r re l’islamophobie co que la personne remplissait bien ses mm systémique» et «s e un «phénomène fonctions correctement». Tout n’est e veut un outil du rable et accessible à toutes les victimes de ra alors qu’une affaire de discernement cisme» pour combattre ce de rnier, en particulie et de lecture juridique précise des lile terrain politiqu r sur e. Enfin, d’autres orga tiges. «Arrêter son travail à un moment tions comme l’Obs ervatoire de l’islam nisaop bie ont vocation à précis pour faire sa prière, est abusif recenser les actes hoisl phobes et alerter car cela altère l’accomplissement de les pouvoirs publi amocs. son travail eu égard à son contrat.

Repères :

Les associations de lutte contre l’islamophobie

Oméro Marongiu est spécialisé en management de la diversité dans les entreprises.

Quant à l’obligation pour les employés de porter une tenue de travail, naturelle pour les aspects sécuritaires, elle ne peut être généralisée à d’autres considérations sans raison valable. «Porter un costume cravate doit être justifié par un argument commercial lié entre autres à l’image de marque de la société. Le port d’une barbe ou d’un voile ne peuvent pas constituer, dans le privé, de motif de restriction sauf s’il est prouvé


05 SOCIETE

10 - 16 AOÛT 2012 ZAMAN FRANCE

Un cimetière musulman, au Kazakhstan, à proximité de la mer d’Aral, victime d’un désastre écologique.

Religion et écologie : quand le Ciel veut sauver la Terre Vous cherchez une solution ? Des experts à votre service Terminal d’entrepôt et de magasin

Caisse informatique

Terminal de vente mobile

Solutions tablettes

Borne de contrôle de prix et d’information

Solution de vidéosurveillance

Strasbourg: Besançon: Paris: Lyon:

+336 22 94 51 55 +333 81 53 19 25 +336 79 40 78 78 +336 11 22 74 35

Montpellier: Antwerpen: Mannheim: München:

+336 05 12 41 24 +324 86 70 76 19 +49 178 7625833 +49 89 54 3 8688

Stuttgart: Den Haag: Sousse: Istanbul:

SEVILOG 6 rue Hannong F-67380 LINGOLSHEIM Tél : +33 (0)3 88 44 18 76

www.akead.com

+49 15787014798 +31 6 29 93 71 80 +216 2 4 27 81 29 +90 216 632 7066

Souvent présenté comme une forme de dévotion moderne consacrée à la nature, le respect de l’environnement a toujours occupé une place non négligeable dans les traditions religieuses soucieuses de garantir le partage des ressources avec les générations futures. DARINE HABCHI PARIS Le caractère désastreux des conséquences écologiques liées aux activités de l’homme pousse parfois certaines personnes à se tourner vers la religion pour y trouver des réponses. Mais quels liens précis existent entre religion et écologie ? Selon Jean-Marie Pelt, président de l’Institut européen de l’écologie, « toutes les religions ont transmis un message concernant les rapports de l’homme avec la nature». «Dans les monothéismes, explique-t-il, une idée commune s’impose aussi bien dans la Bible que dans le Coran : l’homme doit "garder et jardiner la terre". Or, le jardinier cultive son jardin avec tendresse et délicatesse. Nous devons retrouver ce rapport harmonieux et n’intervenir dans la nature qu’avec mesure». Pour les religions monothéistes, donc, l’homme se doit de préserver la terre. Elles condamnent toutes ainsi le consumérisme sans frein. Certains croyants de confession musulmane, comme Souleymane, 21 ans, surveillant de lycée, tentent à leur manière de rester fidèles à ces enseignements et de préserver l’environnement. «Je suis conscient des problèmes générés sur la terre et depuis tout petit mes frères, ma sœur et moi avons grandi dans une famille très économe, où les questions de protection de la nature et des ressources naturelles avaient toute leur place» raconte-t-il. «Nous devions faire attention à ne pas gaspiller trop d’eau, ni de nourriture. Cette éducation m’a permis de conserver et d’améliorer mon comportement vis-à-vis de l’environnement», indique le jeune homme. Comme le souligne Jean-Marie Pelt, si l’écologie n’est pas une religion, «elle reprend à son compte le respect

de la terre mère, si caractéristique des peuples premiers». Les religions orientales comme le bouddhisme ou l’hindouisme ont souvent poussé très loin, elles aussi, leur souci de protection à l’égard de tous les êtres vivants. En islam, on peut également retrouver cette sensibilité au cœur de certaines traditions soufies.

Lorsque les questions écologiques mènent vers la spiritualité

En effet, quelle que soit la religion choisie, toutes incitent à une certaine sobriété considérée comme indissociable d’une réelle pratique spirituelle. «Une authentique élévation religieuse et morale conduit à faire un usage parcimonieux des ressources naturelles afin de ne pas épuiser la terre et pour permettre aux générations futures de vivre sur une planète encore riche en ressources et pas complètement polluée» précise le président de l’Institut européen de l’écologie. D’après lui, si la spiritualité commence lorsque l’homme se réfère à plus grand que soi, le respect de la nature peut alors être porteur de spiritualité. Une observation qui rejoint la connexion de l’écologie avec les mouvements modernes de développement personnel où la culture du moi ou du bien être individuel fait peu de cas de la relation avec les autres. «Or, explique Jean-Marie Pelt, la spiritualité se déploie à travers le passage du «Je» au «Nous». Il importe que l’écologie se situe clairement en faveur d’une plus grande solidarité entre les hommes et d’une plus grande convivialité pas seulement dans les discours mais aussi dans les faits. L’écologie se doit de promouvoir l’altruisme», poursuit-il.



07 TURQUIE

10 - 16 AOÛT 2012 ZAMAN FRANCE

Le ramadan change la consommation des Turcs

Moment privilégié d’autoréflexion, de conscience spirituelle et de charité pour les musulmans, le ramadan est aussi une période qui entraîne des changements importants dans les habitudes alimentaires, estivales, les tendances de consommation et les comportements des Turcs. de sucre, et de güllaç ainsi qu’une augmentation de 30 % des ventes de glaces au moment du ramadan. Etant donné que le jeûne dure près de 18 heures, certains fumeurs profitent également de cette occasion pour arrêter. Mais le ramadan influence également les habitudes estivales.

La consommation de viande pendant le ramadan augmente de 20 % en Turquie.

Les touristes reportent leurs vacances

également une hausse du nombre et du montant des dons en faveur des nombreuses associations caritatives en Turquie qui aident non seulement les personnes dans le besoin en Turquie mais aussi dans d’autres pays.

BREVES ECO

BANQUE

De nombreux musulmans préfèrent généralement rester à la maison et se reposer lorsqu’ils jeûnent pendant l’été, considérant que la longueur des journées d’été et les fortes chaleurs rendent le jeûne plus difficile. Le président de l’Association des hôteliers turcs (TUROB) a ainsi confirmé que les touristes ont reporté cette année leurs plans de vacances à des moments postérieurs au jeûne. Par ailleurs, étant donné que l’islam encourage particulièrement la charité pendant cette période, il y a

La BERD prête 20 millions d’euros

LIBRE-ÉCHANGE

FATMA DISLI ZIBAK ISTANBUL Comme chaque année, le pide, un pain plat souvent recouvert d’œuf et parsemé de graines de sésame ; le güllaç, un dessert fait à base de fécule de maïs, de farine et de lait et les dattes, qui sont fréquemment consommées à cette période, partent comme des petits pains. Le ramadan stimule aussi les ventes de viande en Turquie. Pour ces repas de rupture du jeûne, les gens préfèrent cuisiner de la viande, ce qui entraîne ainsi une hausse de sa consommation. Bilgin Sahin, le président de la Chambre des bouchers d’Istanbul, a déclaré à Zaman que le ramadan entraînait une hausse moyenne de 20 % des ventes de viande en Turquie. Faruk Güllü, le directeur de la chaîne pâtissière stambouliote Güllüoglu, a quant à lui déclaré qu’il y avait une hausse de 60 % des ventes de baklavas, dessert fabriqué à base de fines feuilles séchées de pâte trempées dans du sirop

Ankara et Séoul signent un accord

Bozer désigné à la tête de Coca-Cola International

Ahmet Bozer, nouveau président de Coca-Cola International, travaille depuis 22 ans pour la grande enseigne américaine.

75

%

Ahmet Bozer, l’actuel président des départements Eurasie et Afrique du groupe Coca-Cola Company, sera président, à partir du 1er janvier 2013, de CocaCola International, un nouveau groupe opérationnel qui comprend les activités de la société en Europe, dans le Pacifique, en Eurasie et en Afrique. La société a annoncé sa nouvelle structure opérationnelle lundi dernier, déclarant que la configuration sera organisée autour de trois entités opérationnelles principales, soit Coca-Cola Company International, Coca-Cola Amériques et le groupe Bottling Investments Groupe (BIG). Parallèlement à la désignation d’Ahmet Bozer, Steve Cahillane a été élu président de CocaCola Amériques et Irial Finan est reconduit dans ses fonctions de président du

groupe BIG. Ahmet Bozer travaille depuis 22 ans au service de la Coca-Cola Company; il a intégré Coca-Cola à Atlanta, en 1990, en tant que contrôleur de gestion financière. Le cadre de 52 ans a été muté en Turquie, en 1992, en tant que gestionnaire des finances et a rejoint les entreprises d’embouteillage de Coca-Cola en Turquie (aujourd’hui la Coca-Cola Içecek A.S.) en 1994 en tant que directeur financier. Par la suite, il a été nommé directeur général en 1998 et est devenu en 2000, président du département Eurasie, puis président du département Eurasie et Moyen-Orient en 2003. En 2006, il a endossé également la direction du département Russie, Ukraine et Biélorussie. Il a été promu à la direction du Groupe Eurasie et Afrique en 2008.

La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a accordé un prêt de 20 millions d’euros à la VakifBank, l’une des principales banques de Turquie. Cette somme doit soutenir le développement des petites et moyennes entreprises (PME) du secteur agroalimentaire, et en particulier dans les zones rurales. De plus, l’établissement européen va prêter 100 millions d’euros à Türk Telecom, le premier groupe de télécommunications du pays, afin d’aider le financement de l’extension du haut débit dans les régions d’Adana, Diyarbakir, Erzurum, Kayseri, Samsun et Trabzon.

Le ministre turc de l’Economie Zafer Çalayan et le ministre sud-coréen du Commerce Taeho Bark ont signé un accord de libre-échange entre les deux pays mercredi. La signature de cet accord va permettre aux deux pays de découvrir de nouvelles opportunités. Mais encore, selon le ministre turc, cette relation contribuerait à une augmentation des affaires commerciales entre la Turquie et la Corée du Sud mais aussi avec d’autres pays. S’adressant aux journalistes, il a souligné l’importance de l’étape franchie en terme d’intégration économique. Les liens économiques avec la Corée du Sud représentent en effet 2 milliards de dollars du revenu national turc.

C’est le pourcentage de la population turque hostile à une action militaire de leur pays contre la Syrie, d’après les résultats d’un sondage effectué par le Centre d’études stratégiques Bilgesam.


08 TURQUIE

10 - 16 AOÛT 2012 ZAMAN FRANCE

Des intellectuels turcs contre l’interdiction des noms kurdes Malgré de réelles avancées comme l’enseignement du kurde à l’école, la Turquie reste très hostile à l’emploi du kurde pour désigner des lieux publics comme l’illustrent plusieurs décisions de justice. De nombreux intellectuels turcs et kurdes n’hésitent plus à dénoncer l’archaïsme de leur pays sur ce sujet. ment du kurde, réelles avancées décrites par SEVGI AKARCESME ISTANBUL A la lumière de l’interdiction d’utiliser l’intellectuel kurde Orhan Miroglu comme la langue kurde dans la sphère pu- «notre nouvelle réalité», les tentatives blique en Turquie, le verdict de la Cour d’interdire les représentations publiques administrative de Diyarbakir ordonnant, le de personnalités kurdes et la pratique du mois dernier, le changement du nom kurde kurde entachent l’effort de la Turquie pour d’un centre des arts, de la culture et de la une plus ample libéralisation. Le mois derjeunesse ainsi que celui de 19 parcs publics nier, les membres du Conseil général de à Diyarbakir n’a surpris personne. Pourtant, la municipalité de Dogubeyazit, rattachée à la province d’Agri, ont été face aux réformes turques sans condamnés à une peine d’un précédent sur la question kurde, mois et vingt jours de prison et et en particulier depuis le début le maire du district à six mois des négociations pour l’adhéde prison, pour avoir donné sion à l’UE, interdire des mots à un parc le nom du poète et ou des noms en raison de leur philosophe kurde Ehmedê Xanî. origine kurde semble désor«Le paradigme De tels évènements confirment mais archaïque. Les noms atkémaliste dans le l’idée de Orhan Miroglu selon tribués aux centres culturels et secteur judiciaire laquelle «malgré toutes les aux parcs ont été considérés est protégé» réformes judiciaires, le paracomme inappropriés, pour le digme kémaliste dans le secteur motif qu’ils ne figurent pas judiciaire est protégé». Le polidans le dictionnaire de l’Institut tologue et éditorialiste du journal Sabah, de la langue turque (TDK). En 2009, la Hasan Bülent Kahraman, ajoute qu’«utiliser municipalité de Kayapinar, rattachée à Diyarle kurde dans la sphère sociale est vu d’un bakir, avait fait appel auprès de la préfecture mauvais œil car cela est considéré comme afin d’obtenir la reconnaissance légale d’un une "kurdisation" de la région et comme parc nommé en l’honneur du poète kurde Cegerxwîn. Suite au rejet de la requête pré- des concessions faites aux Kurdes». Pour textant que le nom n’était pas turc, la muni- autant, la logique qui s’oppose à l’utilisacipalité a entamé des poursuites auprès de la tion des noms kurdes car ils portent des Cour administrative de Diyarbakir. La Cour a lettres tels que le Q, le W et le X ne concerne confirmé le verdict et les fonctionnaires muni- pas l’usage de l’anglais ou du français cipaux ont déclaré mercredi, à Zaman, qu’ils dans la vie quotidienne. De plus en plus de commerces adoptent des noms anglais, avaient fait appel de la décision. la lingua franca du monde contempoLa justice, dernière chasse rain, mais aucun procès n’a été entamé à leur encontre pour avoir choisi des noms gardée du kémalisme ? Malgré les 2.500 requêtes reçues par l’uni- qui ne figurent pas dans le dictionnaire versité Artuklu de Mardin pour l’enseigne- officiel turc.

‘‘

Un panneau de la ville de Sur, dans la province de Diyarbakir, mentionnant un message d’accueil en kurde, est retiré.

Le risque de radicalisation des Kurdes

L’éditorialiste de Zaman et politologue Dogu Ergil pense que ces interdictions sont une manifestation de l’incapacité de la Turquie à «accepter sa réalité sociologique». Dogu Ergil affirme que l’utilisation d’une langue relève d’un problème de droits de l’homme et que «la Turquie perd son temps, son énergie et son prestige» dans sa lutte actuelle contre la langue kurde. Le politologue pense d’ailleurs que de telles lacunes prouvent que la Turquie n’est pas encore devenue un vrai Etat démocratique. Pour l’écrivain kurde Ibrahim Güçlü, le danger de telles décisions est qu’elles vont provoquer «des comportements radicaux» chez les Kurdes.

Repères :

Une évolution des droits lente mais progressive

2004 : la chaîne off icielle de la télévision turque (TRT) diffuse des programmes en langue kurde. 2006 : Gün TV et Söz TV, deux chaîn es de télévision, sont autorisées à diffus er en kurde, ainsi qu e la radio Medya FM . 2009 : possibilité pour les familles de détenus de pa rler en kurde lors des visites au parlo ir. 2011 : excuses off icielles de Recep Tayyip Erdogan po ur les massacres de Dersim. 2012 : le Premier ministre annonce l’enseignement du ku rde à l’école publi que.


Ramazan ayiniz M端barek olsun...


10 INTERNATIONAL

10 - 16 AOÛT 2012 ZAMAN FRANCE

Pékin tente de limiter le ramadan chez les Ouïghours Depuis le commencement du ramadan, Pékin essaie par tous les moyens d’empêcher les populations ouïghoures d’accomplir leur jeûne et de se rendre dans les mosquées pour prier. Des cadres locaux du Parti communiste chinois n’hésitent plus à distribuer de la nourriture aux populations et à fermer l’accès aux lieux de culte. ainsi décidé la ville de Zonglang dans le district de Kashgar.

La résistance du peuple ouïghour

Selon la tradition musulmane, le ramadan permet aux croyants de faire l’épreuve de la privation pour songer aux pauvres et les aider. Cette année, le jeûne a débuté le 20 juillet dans le Xinjiang. D’autres instructions officielles demandent aux responsables communistes locaux d’offrir des «dons» de nourriture aux chefs de village afin de s’assurer qu’ils ne jeûnent pas. Le Congrès mondial ouïghour, basé à Munich (Allemagne) et considéré par Pékin comme une organisation «séparatiste», a prévenu que ces mesures conduiraient «le peuple ouïghour à résister encore plus fermement [à la tutelle de Pékin]». «La Chine utilise son administration pour forcer le peuple ouïghour à manger et à rompre le jeûne», a dénoncé dans un communiqué Dilshat

Rexit, porte-parole du Congrès mondial ouïghour. Le Xinjiang, région aux confins occidentaux de la Chine, est régulièrement secoué par des troubles en raison des fortes tensions entre Hans (ethnie majoritaire en Chine) et Ouïghours. Nombre de ces derniers dénoncent la répression culturelle et religieuse à leur encontre ainsi que l’immigration massive de Hans qui mènent le développement économique de cette région encore pauvre mais riche en ressources naturelles.

EN BREF

LOGEMENT

Les autorités chinoises ont fortement restreint pour les musulmans de la région du Xinjiang (nord-ouest) les possibilités de faire le jeûne du ramadan ainsi que de prendre part aux pratiques religieuses et traditionnelles qui y sont associées. Selon les instructions publiées par de nombreux sites gouvernementaux, les responsables communistes locaux sont incités à strictement limiter les activités religieuses du mois sacré musulman, notamment le libre accès aux mosquées. Le Xinjiang compte environ 9 millions de Ouïghours, des musulmans turcophones qui se plaignent d’être victimes de persécutions de l’Etat chinois et d’être marginalisés dans leur région natale. «Il est interdit aux cadres du Parti communiste, aux responsables travaillant dans le service public (et à ceux qui sont à la retraite), ainsi qu’aux élèves scolarisés de participer aux activités religieuses du ramadan», a

Les autorités chinoises ont décidé de limiter au maximum la pratique du jeûne de ramadan chez les Ouïghours, dans la région du Xinjiang.

L’Union de la jeunesse turque de Komotini a été attaquée lundi soir par des manifestants affiliés au parti Aube dorée, un parti d’extrême droite ouvertement anti-immigrés en Grèce,

dans la région de Thrace occidentale. Les autorités grecque locales ont organisé une manifestation à Komotini dans le nord de la Grèce. 150 membres d’Aube dorée y ont participé. Suivant la marche des manifestants, ils se sont vus refuser l’entrée du consulat turc de la ville, ainsi que l’accès à la rue où se situe ce dernier. En réaction, ils se sont donc rendus aux locaux de l’union de la jeunesse turque. Tout en scandant des chants nationalistes grecs ainsi que des slogans Le Leader d’Aube dorée, Nikolaos Michaloliakos, dont 150 militants ont participé à anti-turcs, la foule a comune manifestation à Gümülcin. mencé à jeter des bou-

teilles dans le jardin de l’union, et a fini par quitter les lieux seulement après l’intervention de la police. Le président de l’Union, Koray Hasan, a fermement condamné l’attaque. «Ce n’est pas nous qui avons amené les immigrés ici. Allez protester chez ceux qui sont responsables de l’afflux d’immigrés. Nous condamnons totalement l’attaque, et souhaitons que les gens utilisent leur cerveau» a-t-il dit. Les autorités grecques rassemblent actuellement des milliers d’immigrés suspectés d’être en situation illégale. La police a assuré avoir arrêté 6000 personnes ce week-end à Athènes, dans le cadre d’une vaste opération appelée Zeus Xenios, du nom de l’ancien dieu grec de l’hospitalité.

TURQUIE

Grèce : l’Union de la jeunesse turque attaquée par l’extrême droite

Entrée en vigueur de l’encadrement des loyers

La mesure d’encadrement des loyers des logements privés s’applique depuis mardi 1er août. Le décret s’applique dans 38 agglomérations et concerne de grandes métropoles comme Paris, Lyon, Marseille ou encore Nice. Le nouveau dispositif du gouvernement prévoit que dans ces agglomérations les propriétaires ne pourront plus pratiquer de hausse supérieure à l’indice de référence des loyers lors d’une location. Toutefois, des dérogations sont prévues en cas de travaux ou de sous-évaluation du loyer.

Interdiction de quitter le territoire pour Sevil Sevimli

L’étudiante franco-turque Sevil Sevimli, libérée lundi, «est placée sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter la Turquie dans l’attente de son procès qui devrait avoir lieu le 26 septembre», a indiqué le ministère français des Affaires étrangères. Sevil Sevimli était emprisonnée depuis mai en Turquie pour des liens supposés avec une organisation clandestine d’extrême gauche. De par sa double nationalité, elle était considérée par Ankara comme une ressortissante turque et encourait 12 ans de prison. Etudiante en licence Information-communication à l’université Lyon-2, elle avait été arrêtée alors qu’elle participait à un échange européen Erasmus.

«Les courtes peines, il faut arrêter !» Interrogée par le journal Libération, Christiane Taubira, la ministre de la Justice, a démontré sa volonté de rompre avec le tout répressif des années Sarkozy.


11 INTERNATIONAL

10 - 16 AOÛT 2012 ZAMAN FRANCE

La France demande l’arrêt des massacres en Birmanie

Paris a interpellé les autorités birmanes au sujet des violences subies par les Rohingyas, une minorité musulmane non reconnue par le gouvernement birman, et appelle à la fin des massacres et des exactions subis par les populations civiles.

La France a appelé lundi les autorités birmanes à «protéger toutes les populations civiles sans discrimination» et à enquêter sur de «possibles exactions» contre les populations musulmanes dans l’Etat de Rakhine. «La France attache une grande importance à un règlement pacifique et concerté des questions ethniques en Birmanie, afin de parvenir à la réconciliation nationale», a souligné un porte-parole du Quai d’Orsay dans une déclaration. Elle demande que le statut des populations musulmanes de l’Etat d’Arakan, à l’ouest de la Birmanie, «soit clarifié au regard du droit de la nationalité et qu’elles bénéficient, quel que soit ce statut, de la plénitude de leurs droits dans le respect des droits de l’homme», a déclaré ce porte-parole, Vincent Floréani. «Des informations font état d’actes de violence inquiétants de la part des forces de sécurité à l’encontre des civils», a-t-il ajouté. La France plaide pour «des mesures immédiates» en vue d’un apaisement des tensions et d’«un accès humanitaire sans en-

trave» aux déplacés. Elle souhaite aussi «que les autorités birmanes définissent une stratégie visant à la réhabilitation et la réconciliation, fondée sur l’intégration et non la séparation, entre les deux communautés».

Les populations musulmanes de Birmanie, les Rohingyas, sont considérées par l’ONU comme l’une des minorités les plus opprimées au monde.

L’ONU accuse les forces de sécurité birmanes d’«abus»

Des affrontements entre bouddhistes et musulmans ont eu lieu depuis juin dans l’Etat de Rakhine dont la population est majoritairement bouddhiste et où vivent confinés quelque 800.000 Rohingyas, de confession musulmane, qui ne bénéficient pas de la nationalité birmane. Des organisations de défense des droits de l’homme ont accusé les forces de sécurité birmanes d’abus, en particulier contre les Rohingyas, et l’ONU s’est inquiétée d’une répression visant la communauté musulmane. Mais le gouvernement a rejeté ces accusations. Les Rohingyas, considérés par l’ONU comme l’une des minorités les plus persécutées de la planète, ne font pas partie des groupes ethniques

reconnus en Birmanie. Vendredi, le ministère français des Affaires étrangères avait «regretté» la décision du Bangladesh d’interdire l’action de trois

organisations non gouvernementales (ONG) occidentales auprès des réfugiés Rohingyas, qui fuient les violences en Birmanie.

Tunisie : un fondateur d’Ennahda agressé par un extrémiste

Abdelfattah Mourou est l’un des fondateurs, avec Rached Ghannouchi, du parti Ennahda actuellement au pouvoir en Tunisie.

Un membre fondateur du parti islamiste Ennahda au pouvoir en Tunisie, l’avocat et militant Abdelfattah Mourou, a été violemment agressé et légèrement blessé dans la nuit de dimanche à lundi par un militant islamiste radical, a indiqué à l’AFP le fils de la victime, Dhiaeddine Mourou. Selon cette source, Me Mourou a été frappé car il a pris la défense, lors d’une conférence à Kairouan (centre) sur l’islam et la tolérance, de Youssef Seddik, un penseur tunisien honni par les islamistes radicaux, qui se faisait insulter par une partie du public. «Une de ces personnes a pris un verre et l’a jeté à la tête» de M. Mourou, a expliqué son fils, ajoutant que son père avait été soigné, et que cinq points de suture lui ont été faits au front. Sur une vidéo mise en ligne, on voit en effet le bras d’un homme saisissant un verre et le brisant sur la tête d’Abdelfattah Mourou, 64 ans. L’agresseur, Thameur Wahada, la quarantaine, est membre de l’association religieuse Abou Zid

Al Kaïrawani. Son appartenance à Ennahdha a été démentie par le responsable local du parti au pouvoir, qui a par ailleurs vivement condamné l’agression. Condamné en 2007 pour appel à la violence, Thameur Wahada a bénéficié de l’amnistie générale décrétée en mars 2011 par l’un des gouvernements postrévolution. La victime, Me Mourou, est l’un des fondateurs de Ennahda, parti qui domine la coalition tripartite actuellement au pouvoir en Tunisie. Il avait rompu dans les années 1990 avec ce mouvement avant de rejoindre de nouveau ses rangs mi-juillet lors du congrès du parti. Les islamistes radicaux, les salafistes en particulier, sont à l’origine de plusieurs coups d’éclat et d’actes de violence depuis janvier 2011 et la révolution qui a renversé le régime de Zine El Abidine Ben Ali. Plusieurs organisations de la société civile et l’opposition parlementaire dénoncent le manque de fermeté dont fait preuve Ennahda à l’égard de cette mouvance.


12 ECONOMIE

10 - 16 AOÛT 2012 ZAMAN FRANCE

Le miracle économique turc attire les entreprises allemandes Les bons résultats économiques de la Turquie ont incité les entreprises allemandes à y investir massivement leurs fonds. 5.000 entreprises allemandes sur 30.000 étrangères s’y sont implantées et l’Allemagne représente d’ores et déjà le premier partenaire commercial de la Turquie avec 10,3 % de ses exportations et 9,5 % de ses importations. Avec son économie florissante, la Turquie fait le bonheur d’un nombre grandissant d’entreprises allemandes, et aussi celui d’Allemands d’origine turque en quête d’emploi, alors que la zone euro est en panne de croissance. L’économie turque a de quoi faire pâlir d’envie la zone euro. Le PIB y a crû de 5,4 % par an en moyenne ces dix dernières années. Sa dette publique est tombée sous les 40 % du PIB, bien en deçà de celle de la plupart des pays européens, et son inflation, longtemps galopante, est désormais sous contrôle. «La croissance terne en Europe va entraîner de nouveaux investissements directs étrangers en Turquie, rendant le pays indispensable dans la stratégie de long terme des entreprises européennes» , prédit une étude de marché du cabinet de conseil francfortois Roland Berger. Avec une population de 74 millions de personnes, dont plus de 60 % ont moins de 35 ans et dont le pouvoir d’achat grimpe d’année en année, le pays a d’énormes besoins dans les domaines des infrastructures, de l’énergie, de l’automobile ou des services financiers. Autant de secteurs où les entreprises allemandes excellent. Aussi, sur quelque 30.000 firmes étrangères en Turquie, près de 5.000 sont d’origine allemande, selon la chambre de commerce germano-turque d’Istanbul. Rien que l’an dernier, 534 nouvelles entreprises avec des capitaux d’Outre-Rhin ont été créées dans le pays, un bond de 14 % sur un an. Tedrive Steering, un petit équipementier automobile de la Ruhr (nord-ouest de l’Allemagne), est l’une d’entre elles. Il a choisi la Turquie pour son premier site à l’étranger de montage de ses systèmes de direction. Le marché automobile turc est en «très forte crois-

Les membres de la direction de RWE, le numéro deux allemand de l’énergie qui a investi 500 millions d’euros dans la construction d’une centrale à gaz à cycle combiné à Denizli.

sance» et «la technologie allemande jouit toujours d’une excellente réputation dans le pays», se félicite son patron, Thomas Brüse.

La fin d’une «image d’enfants d’immigrés»

«Beaucoup d’entreprises allemandes sont déjà présentes depuis longtemps dans le pays mais de nouvelles filiales, succursales ou coentreprises s’inscrivent» à la chambre de commerce, signe qu’elles étendent leurs activités sur place, relève Ralph Jäger, viceprésident de la chambre et directeur financier de RWE Turquie. RWE, le numéro deux allemand de l’énergie, a d’ailleurs investi 500 millions d’euros dans la construction d’une centrale à gaz à cycle combiné à Denizli (sud-ouest du pays) pour alimenter en électricité quelque 3,5 millions de foyers,

avec une mise en service prévue fin 2012. RWE et les autres entreprises allemandes profitent tout particulièrement des relations socio-économiques anciennes qui unissent les deux pays. L’Allemagne est le premier partenaire commercial de la Turquie, absorbant 10,3 % de ses exportations et représentant 9,5 % de ses importations, selon les statistiques 2011 de l’agence publique de développement économique Germany Trade & Invest. De nombreux Turcs se sont installés en Allemagne depuis les années 1960 pour y trouver du travail et forment aujourd’hui la première communauté d’origine immigrée du pays, soit environ 3 millions de personnes. Les salariés et cadres des entreprises allemandes sur place sont souvent des Turcs formés en Allemagne,

ou des Allemands d’origine turque, dont le bilinguisme et la connaissance des deux cultures sont appréciés, relève M. Jäger. Un centre de formation privé de Kreuzberg, un quartier multiculturel de Berlin, surfe sur la tendance. Depuis 2006, il propose des apprentissages en allemand, anglais et turc dans le commerce et l’hôtellerie, avec des stages dans des entreprises allemandes en Turquie, par exemple au sein du groupe de distribution Metro. «Nous voulons former des jeunes qui seront un jour utiles à l’économie allemande» explique Nihat Sorgec, le directeur du centre. «Et nous leur permettons de se débarrasser de leur image d’enfants d’immigrés socialement défavorisés, donc c’est du gagnant-gagnant», ajoute-t-il.


13 ECONOMIE La Turquie, nouvelle oasis des investisseurs étrangers La récession européenne et la baisse du déficit courant d’Ankara ont poussé de nombreux investisseurs à privilégier la Turquie, séduits par la stabilité de son système bancaire. Près de 8 milliards de dollars ont ainsi été injectés par les gestionnaires de fonds étrangers cette année dans les obligations turques. Le marché turc d’actions et d’obligations a offert cette année le meilleur rendement mondial aux investisseurs, pour lesquels Istanbul est une oasis entre l’Europe frappée par la récession et le Moyen-Orient en proie à des tensions politiques croissantes. Les rendements en dollar des actions turques sont jusqu’à cette année supérieurs à 30 %. Les obligations locales ont offert un rendement en dollars de 17 %, soit presque le double du chiffre de l’indice élargi des marchés émergents. Certains gains de ce marché prodigieux ont pu rebondir après une baisse due à une année 2011 désastreuse qui a vu une chute des actions turques de l’ordre de 20 %, tandis que la lire plongeait de 18 % par rapport au dollar. Mais le véritable catalyseur a été l’image donnée par l’amélioration de la balance des paiements et le succès des politiques de la banque centrale. Les investisseurs notent en outre que l’important déficit courant de la Turquie a été réduit de près d’un tiers cette année, grâce à la baisse des coûts d’importation du pétrole et à une forte augmentation des exportations. L’inflation

devrait se situer fin 2012 à près de la moitié de son niveau de l’année dernière.

La bonne santé des banques turques

Bien que la croissance économique ait ralenti par rapport à l’année dernière où elle avait atteint pas moins de 8 %, les entreprises restent pour la plupart en bonne forme, avec des banques qui connaissent une croissance des prêts de l’ordre de 15 à 18 % et des exportateurs qui bénéficient de Une réunion d’investisseurs internationaux en Turquie présidée par Recep Tayyip Erdogan. la dépréciation qu’a connue la lire l’année dernière. L’ensemble de ces éléments offre un contraste en effet que les gestionnaires de fonds étrangers ont investi saisissant avec le voisinage de la Turquie que constituent près de 8 milliards de dollars cette année dans les obligala zone euro et le Moyen-Orient. «Dans le contexte de tions turques, tandis que les marchés boursiers ont récolté son environnement, la Turquie semble en assez bonne 2 milliards de dollars. Selon le rapport mensuel de Bank of forme», a ainsi déclaré Jeff Chowdhry, co-gestionnaire America / Merrill Lynch, la Turquie a offert aux investisd’un portefeuille de 4,5 milliards de dollars au sein de F&C seurs la meilleure position d’achat des marchés émergents Investments. Les données de la banque centrale montrent après la Russie le mois dernier.


14 CULTURE

10 - 16 AOÛT 2012 ZAMAN FRANCE

Le premier sultan turc à se rendre en Europe

«Ces statues existent encore aujourd´hui. Emine Atalay Seçen, architecte paysagiste pour le service des palais nationaux du Parlement, a effectué des recherches sur l´histoire de ces statues. Selon elle, «les historiens voient l´année 1871 comme un tournant important pour l´art statuaire turc. Cette date marque le moment précis à partir duquel les statues ont commencé à s´inscrire de manière notable dans la vie sociétale de l’époque ottomane»

A lire

Métissage culturel et musical gratuit et en plein air, avec Omar Hayat et ses musiciens pour deux créations, l’une avec la XXe Tribu, compagnie de danse hip hop dirigée par François Lamargot, l’autre avec des musiciens de jazz : Vincent Segal (violoncelle), Mehdi Haddad (oud) et Mokhtar Samba (batterie).

«Les Voies de la Méditerranée», d’Asie Mineure en Andalousie

Avec Frédéric Tavernier-Vellas (chant), Fouad Didi (violon, chant), Katérina Papadopoulou (chant, oud), Riad Kasbadji (mandole), George Mas (clarinette), Hassan Boukerou (derbouka, cajón) et Hédia Chaffaï (qanûn).

Le sultan Abdülaziz, de retour d’un voyage d’Europe, fut le premier dignitaire à introduire des statues et bustes impériaux à Istanbul.

a-t-elle déclaré au quotidien Zaman. «Je pense, poursuit-elle, que si nous souhaitons véritablement aborder la question de la présence des statues sous l’Empire ottoman, il convient de la replacer dans le contexte du voyage du sultan Abdülaziz en Europe parce qu’il était le premier dirigeant ottoman à se rendre en Europe. Au cours de son voyage, celui-ci remarqua les bustes et les statues ornant les palais des dirigeants européens et à son retour, il convia le sculpteur le plus célèbre du moment, C.F. Fuller à Istanbul, afin que celui-ci réalise un buste le représentant». Comme l’affirme Emine Atalay Seçen, le sculpteur Fuller s’est bel et bien rendu à Istanbul et sculpta un buste du sultan dans tous ses appa-

rats royaux. C´est ainsi qu’Abdülaziz est devenu non seulement le premier sultan ottoman à aller en Europe, mais aussi le premier à commander un buste de sa personne. L’architecte turque a ajouté qu’il ne s’est pas contenté de commander un buste mais avait également souhaité la réalisation de 24 statues représentant divers animaux, destinées à la décoration du Palais Beylerbeyi. Ces statues sont devenues les premières à être officiellement accueillies par les palais ottomans. Après le règne d´Abdülaziz, certaines de ces statues ont été réparties à différents endroits et plus aucun autre monarque ottoman ne passa commande d´un buste à son effigie et ne fit faire de statues à des fins décoratives.

EXPOSITION

Le 12 août à 21:00 Abbaye de Sylvanes 12360 Sylvanes

Porte-Coran, consoles, tajines, fauteuils, les objets conçus par les vingt-quatre designers algériens sélectionnés – 12 femmes et 12 hommes – sont à la jonction de la tradition et d’une modernité d’avant-garde.

Solidarité avec le peuple palestinien

Un iftar de ramadan au profit des familles palestiniennes démunies, à Gaza, en Cisjordanie, mais aussi dans les camps de réfugiés du Liban et de Jordanie. Un évènement ouvert à tous organisé par le Comité de bienfaisance et de secours aux Palestiniens (CBSP) dans le cadre de son dîner caritatif annuel. Le 11 août de 19:00 à 22:30 1, avenue Hélène Boucher 93120 La Courneuve

enfin la permanence de certains grands thèmes au sein de la pensée musulmane. Très tôt en effet, s’est posée la question des relations entre raison et foi, dans une perspective qui est celle de l’unité de la connaissance. Les scientifiques musulmans du XXIe siècle rouvrent le débat, en y adossant la question du sens, qui se pose avec acuité dans nos sociétés post-modernes.

THÉÂTRE

Science et islam : un mariage de raison pour expliquer comment ils comprennent leur pratique de la science au plus haut niveau, dans le contexte de leur culture et de leur foi. Des mathématiciens, des physiciens, des biologistes, des astrophysiciens y présentent certains enjeux de la science contemporaine qui leur semblent entrer en résonance avec la pensée islamique. Des islamologues y rappellent

Designers algériens

Jusqu’au 16 septembre Institut du monde arabe Place Mohammed V 75005 Paris

& à voir...

Abd-al-Haqq Guiderdoni est connu du grand public pour avoir animé l’émission «Connaître l’islam» le dimanche matin sur France 2. Il est, on le sait moins, chercheur en astrophysique au CNRS et directeur de l’Institut des hautes études islamiques. Cet ouvrage collectif a été élaboré sous sa direction. Des scientifiques musulmans prennent la parole

Essaouira à la Villette

Le 12 août à partir de 17:00 Parc de la Villette 211, avenue Jean-Jaurès 75019 Paris

IFTAR CARITATIF

Islam des mondes

SEVİM SENTÜRK İSTANBUL Le premier sultan ottoman à avoir visité l´Europe a été le sultan Abdülaziz. Dès son retour, il ordonna la sculpture d’un buste le représentant ainsi que de 24 autres statues destinées à décorer le Palais impérial. Aujourd´hui, ces statues sont dispersées dans tout Istanbul. La question des statues dans les palais ottomans a souvent fait l’objet de nombreux débats autour d’interrogations telles que «les statues avaient-elles un but uniquement décoratif ?» ou «que pensaient les sultans de cet art ?». Les réponses que nous trouvons nous référant aux sources historiques ne sont pas très claires. Du moins, ce fut le cas jusqu´à ce que l´Empire ottoman entre dans sa phase de modernisation. Les historiens n’évoquent pas le fait que jusqu´au XIIIe siècle, les sultans introduisaient des statues dans les palais ottomans. Il existe quelques allusions à Pargali Ibrahim, homme d´Etat de haut rang, faisant venir des statues de personnages importants de la mythologie grecque tels qu’Hercule, Apollon ou Dionysos, après une expédition ottomane en Hongrie. A partir du début du XIXe siècle, la présence importante des statues au sein de l´Empire ottoman devint davantage visible, en raison du fait que celles-ci étaient commandées directement par les palais ottomans».

CONCERT

Abdülaziz, le sultan aux 24 statues

AGENDA CULTUREL

Science et religion en Islam – Des musulmans parlent de la science, de Abd-Al-Haqq Guiderdoni, Al Bouraq, 388 pages, 28 €.

Femmes de couleurs

Dans ce one-man-show plein d’énergie et de fraîcheur, Samia Orosemane retranscrit avec humour les anecdotes qui font son quotidien. Défilent alors avec bonheur les différents personnages de son univers drôle et chaleureux. Jusqu’au 14 août, les mardis à 20:00 Théâtre populaire du Reinitas 36, rue Henri Chevreau 75020 Paris


OPINION15

10 - 16 AOÛT 2012 ZAMAN FRANCE

L’avenir des Kurdes : démocratie ou sécession ? La tentation sécessionniste des populations kurdes de Turquie n’est pas que le fruit du nationalisme des organisations kurdes. Pour le chroniqueur Ihsan Dagi, qui fait référence à l’exemple irakien, le pouvoir turc a aussi sa part de responsabilité dans ce phénomène. «Il appartient de démontrer que la coexistence comme le partage du pouvoir sont possibles», défend-il. Une entité ethnique sous le joug d’un pouvoir central a face à elle deux options : soit œuvrer pour un régime démocratique qui reconnaisse son existence et garantisse ses droits, soit, s’il n’y a aucun espoir de démocratiser le pouvoir central, tenter de faire sécession. Il serait faux, IHSAN DAGI cependant, d’attribuer la tendance au séparatisme à la seule pulsion nationaliste des communautés ethniques dominées. Je pense que la principale responsabilité en la matière incombe au pouvoir central à qui il appartient de démontrer que la coexistence comme le partage du pouvoir avec les minorités ethniques sont possibles. Sinon, on ne saurait blâmer les tendances nationalistes des minorités ethniques. Même si un Etat indépendant n’impliquerait pas nécessairement la jouissance de ces droits à un niveau individuel, personne ne pourrait plus empêcher la communauté constituée en Etat de chercher à obtenir de tels droits. Cela a été le cas des Kurdes d’Irak pendant des décennies.

La question de Barzani à Saddam Hussein Edité par : Zukunft Medien GmbH Sprendlinger Land Str. 107-109 63069 Offenbach / Allemagne Directeur de la publication : HÜSEYİN KARAKUŞ Rédacteur en chef : EMRE DEMİR e.demir@zamanfrance.fr Gestionnaire administratif : FAHRETTIN TEKİN f.tekin@zamanfrance.fr Secrétaires de rédaction : BAYRAM ŞEN b.sen@zamanfrance.fr FOUAD BAHRI f.bahri@zamanfrance.fr Commercial : MEHMET SELVİ m.selvi@zamanfrance.fr

Directeur artistique : EVREN AYAZ e.ayaz@zamanfrance.fr Responsable ressources humaines : AYŞE AKYÜREK a.akyurek@zamanfrance.fr

Relations publiques : SIDDIK İLHAN PARİS s.ilhan@zamanfrance.fr MEHMET DİNÇ Strasbourg m.dinç@zamanfrance.fr

VEYSEL YAVUZ Lyon v.yavuz@zamanfrance.fr OSMAN USTA Orleans o.usta@zamanfrance.fr

Imprimerie : ROTO CHAMPAGNE ZI de la Dame Huguenotte 2 rue des frères Garnier 52000 CHAUMONT Adresse : 2 Boulevard Saint-Martin Paris 75010 Tel : 01 42 00 19 36 Faks : 01 42 00 19 58, info@zamanfrance.fr www.zamanfrance.fr - www.zamanfransa.com no CPPAP 112U90032

«En 1970, une commission dirigée par Saddam Hussein a rendu visite au mollah Mustafa Barzani dans son quartier général à Erbil. Les Kurdes étaient engagés dans une lutte armée pour leur autonomie depuis 1961, et le gouvernement de Bagdad voulait proposer un nouvel accord en vue de régler la question kurde. Mustafa Barzani a déclaré qu’il ne déposerait pas les armes tant que Bagdad n’aura pas reconnu l’autonomie des Kurdes. […] Saddam Hussein a accepté les conditions du mollah Mustafa et le cessez-le-feu a été décrété. Au cours de cette réunion, [Massoud] Barzani, le fils du mollah Mustafa, a demandé à Saddam Hussein à Bagdad comment il comptait résoudre le problème de la démocratie au niveau de

l’ensemble de l’Irak. Saddam al-Maliki] menace l’unité de Hussein lui a répondu : «le sysl’Irak au lieu de contribuer à la tème [par lequel] nous gouverconsolider», affirme-t-il. Pournons le reste de l’Irak ne vous suivons la lecture. «Bien que les concerne pas. Vous Kurdes aient mis en vouliez l’autonoplace un gouvernemie au Kurdistan ? ment régional et qu’ils Vous l’aurez. Pouraient atteint un niveau quoi vous soucier accru d’autonomie, ils du reste ?»». On ne se sont pas pour a fini par com- «Vous vouliez l’auto- autant engagés dans prendre au fil des nomie au Kurdistan ? un programme polians la pertinence tique visant à faire Vous l’aurez. de la question po- Pourquoi vous soucier sécession avec l’l’Irak. sée par Massoud Cela signifie que les du reste ?» Barzani, comme avantages qu’ils ont l’affirme Burak obtenus n’ont pas eu Özpek Bilgehan, enseignant à pour effet de les pousser à l’inl’université d’Economie et de dépendance». Technologie TOBB, et auteur Le Kurdistan irakien : une leçon d’un article provocateur et révépour la Turquie lateur sur l’avenir du Kurdistan L’auteur continue en estimant irakien, dont a été extrait ce qui que «les efforts déployés par suit. Dans son article intitulé Maliki pour centraliser le pou«La démocratie ou une partivoir, en contrôlant les ministères tion : scénarios d’avenir pour les stratégiques, l’armée, la comKurdes d’Irak», l’auteur avertit mission électorale et l’éconotoutes les parties intéressées mie, et en excluant les grandes que le maintien de l’unité irafigures politiques sunnites et kienne exige une démocratie kurdes du système politique effective à Bagdad et le respect et de l’administration, portent d’un partage du pouvoir entre atteinte à la tradition de parle centre et l’entité fédérale. «La tage du pouvoir de facto mise politique de centralisation du en place en Irak après l’inva[Premier ministre irakien Nouri sion américaine». Massoud Barzani a déclaré pour sa part qu’«un dictateur à Bagdad ne peut pas diriger le Kurdistan et

‘‘

que si Bagdad s’avise d’essayer, les Kurdes emprunteront le chemin de la sécession». «Le processus est déjà enclenché et ce n’est qu’une question de temps et de développement régional pour décider quand et comment la chose doit se produire», a-t-il ajouté. Alors que le gouvernement Maliki essaie de subordonner le gouvernement régional du Kurdistan en coupant leur budget et en imposant une identité arabe à l’armée, le gouvernement régional du Kurdistan voit dans ces tentatives celles d’un dictateur qui cherche à consolider son pouvoir et à centraliser son système politique. Ainsi, la stratégie de Maliki réveille-telle chez les Kurdes des craintes anciennes, héritées de l’Irak baasiste, qui était par excellence un Etat fort et centralisé. S’il était amené à rencontrer Maliki, Massoud Barzani pourrait poser la même question que celle qu’il adressa à Saddam Hussein il y a 42 ans, et rappeler ensuite à Maliki ce qu’avait coûté à l’Irak la réponse arrogante du dictateur. Sans une démocratie pleine et entière, il sera impossible de mettre un terme aux tendances sécessionnistes de minorités ethniques fortes qui par ailleurs jouissent d’une autonomie régionale. C’est là un enseignement que la Turquie devrait elle aussi mettre à profit. i.dagi @ todayszaman.com


Julien Escudé : «Besiktas reste un grand club» Un Français évoluant dans un grand club d’Istanbul, c’est chose peu commune. Et pourtant, Julien Escudé a choisi, lors du dernier mercato, de rejoindre les Aigles noirs de Besiktas. Retour sur les ambitions turques d’un jeune joueur tricolore. Alors que Besiktas est en train de dégraisser à cause d’une situation financière compliquée et ne jouera pas de coupe d’Europe, qu’est-ce qui vous a finalement poussé à signer dans ce club ?

Lyon et Rennes, mais je voulais continuer ma Vous avez déjà participé à quelques séances carrière à l’étranger. d’entraînement. Que vous inspire votre nouvel

lenge, c’était la possibilité de découvrir un nouveau championnat et aussi une nouvelle ville. Besiktas n’en reste pas moins un grand club avec de très bons joueurs, ce qui per me permettra de jouer des titres.

Mon objectif était principalement de découvrir une nouvelle culture et un nouveau pays. J’étais très motivé pour jouer un championnat ayant un style différent de ce que j’ai connu jusqu’ici. Or je connais déjà très bien le championnat de France.

entraîneur Samet Aybaba et votre équipe ? Malgré tous les atouts de l’aventure chez Besiktas, Les qualificatifs pour Samet Aybaba pourcomment se fait-il que vous n’ayez pas accepté une raient être «tranquillité et confiance». C’est une personne également très observatrice. Ce qui m’a surtout intéressé dans ce cchal- offre française ?

Julien Escudé est l’une des nouvelles recrues internationales du club turc Besiktas.

Après trois saisons aux Pays-Bas et sept saisons en Espagne, on aurait pu penser que Comment s’est déroulé votre intégration dans cette vous alliez finalement rentrer en France. nouvelle équipe ? Le premier contact a été très bon. Les joueurs se Avez-vous reçu des offres de Ligue 1 ? J’ai reçu des offres de Lille, Marseille, sont montrés très sympathiques.

Au niveau des entraînements, j’ai remarqué qu’il privilégie surtout le jeu balle au pied. Le groupe est composé de joueurs très jeunes. Mais le bon point aussi, c’est que les joueurs sont des personnes simples.

Et de votre côté, qu’espérez-vous apporter à Besiktas ?

Mon expérience, mon professionnalisme et ma volonté de toujours progresser.

En partenariat avec TurcoFoot


aa WWW aa INTERNATIONAL aa EUROPE aa ECONOMIE aa TURQUIE aa FRANCE aa SOCIETE aaaa aaaa

aaa aaaa

10 - 16 AOÛT 2012 ZAMAN FRANCE

10 - 16 AOÛT 2012 ZAMAN FRANCE

10 - 16 AOÛT 2012 ZAMAN FRANCE

10 - 16 AOÛT 2012 ZAMAN FRANCE

10 - 16 AOÛT 2012 ZAMAN FRANCE

10 - 16 AOÛT 2012 ZAMAN FRANCE

10 - 16 AOÛT 2012 ZAMAN FRANCE


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.