Zaman_France_Fr_n°_268

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Comment punir son enfant ? FAMILLE12

Les religieux turcs esquissent l’islam du XXIe siècle TURQUIE08

José Mourinho fait son retour à Chelsea SPORT16

7 - 13 JUIN 2013 N° 268 prix : 2,5 €

WWW.ZAMANFRANCE.FR

Taksim : les raisons de la mobilisation

objectif 21 : «voter pour se faire entendre» -

Créée à Clichy-sous-Bois par des Franco-turcs, l’association Objectif 21 s’est engagée à former et sensibiliser les jeunes de quartier au civisme et à la participation électorale. RfoUAd bAhrI, frANce 03

Après plusieurs jours de manifestations protestant contre la politique du Premier ministre Erdogan dans plusieurs villes de Turquie, un certain retour au calme était perceptible dans le pays. Le gouvernement a également pris acte de la mobilisation à l’image du vice-Premier ministre Bülent arinç qui a formulé ses excuses aux manifestants pacifiques. Dans un dossier exclusif, Zaman France revient sur les causes à l’origine de ce mouvement de contestation. R tUrqUIe 06-07 edIto

Les erreurs politiques de l’AKP Au pouvoir depuis dix ans, le Parti pour la Justice et le Développement, qui était loué pour son esprit réformiste, multiplie les erreurs politiques et démocratiques. Sûr de sa force électorale, le gouvernement se montre trop confiant pour la chroniqueuse Lale Kemal. RopINIoN 15

le fantasme du «printemps turc» EMRE DEMIR r02

léo seviyor, le chanteur à l’âme turque Paris’ten

hamon défend sa loi sur l’économie sociale et solidaire

Léo Seviyor, un artiste français de 26 ans, vient de sortir son tout premier album de hip-hop.... en turc, intitulé sevgilerle. RyAzgI gIrAy, cUltUre 13

les socialistes renoncent à la transparence du patrimoine

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Après l’affaire Cahuzac, François Hollande avait promis la transparence sur tous les patrimoines de tous les ministres et de tous les parlementaires. Mais les députés ne sont pas d’accord. RfrANce 02

une semaine de la présidentielle le 14 juin, huit candidats sont en lice l’élection -Aprincipalement des conservateurs, proches du Guide suprême. Parmi eux figurent le négociateur en chef du dossier nucléaire Saeed Jalili, le maire de présidentielle en Iran Téhéran, ou l’ancien ministre des Affaires étrangères. 09-10

Zaman Okur Hattý: 01 42 00 19 36

RINterNAtIoNAl

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Le ministre de l’Economie sociale et solidaire, Benoît Hamon, veut permettre à ce secteur économique d’être enfin identifié et reconnu dans ses spécificités. RecoNoMIe 11


02 FRANCE

Les socialistes renoncent à la transparence du patrimoine

EDITO EMRE DEMIR

le fantasme du «printemps turc» La presse française et internationale n’a pas tardé à qualifier le mouvement de contestation en Turquie du «Printemps turc». Mais peut-on vraiment faire une analogie entre les manifestations de Taksim et les révoltes du Printemps arabe ? Contrairement aux pays des révoltes arabes, la Turquie est un Etat libre. Tout le monde peut participer à la vie politique dans un cadre légitime. L’AKP a été élu démocratiquement à trois reprises et à chaque fois de manière plus importante. D’ailleurs, les manifestants ne réclament pas un changement de régime, ils défendent un style de vie contre l’interventionnisme croissant du gouvernement turc. Ces événements ne sont donc absolument pas les mêmes que ceux des soulèvements des pays arabes. En considérant le dynamisme de la société civile en Turquie, on peut même trouver plus de parallèle avec les manifestations des «Indignés» dans les capitales européennes. Pourtant, pour la conscience occidentale, et notamment dans les médias, la comparaison est étrangement tentante, sans doute à cause de la proximité religieuse entre les pays concernés. Cette expression de «Printemps turc» en dit long sur la façon dont cette 17e puissance mondiale est encore perçue en France. Personne n’a ici parlé de printemps quand les manifestants contre le mariage pour tous se faisaient gazer par les CRS. Mais la raison plus profonde de cette expression est que c’est là l’occasion rêvée d’enterrer définitivement l’idée de la possibilité d’un islam démocrate. La Turquie a fait figure de symbole discret durant le Printemps arabe, elle était l’argument de ceux qui invitaient à ne pas avoir peur des musulmans qui prenaient le pouvoir à la place des dictateurs destitués. C’est pour cela que la rhétorique de la Turquie comme modèle pour les pays arabes a été si abondante. Dès lors, voir ce pays échouer, dans l’inconscient collectif, serait la preuve tant espérée que le modèle était factice. Et que les soulèvements arabes ne pouvaient rien espérer de bon de la part des politiciens musulmans. On coupe ainsi l’herbe printanière sous le pied des révolutionnaires en leur rappelant que le modèle indirect n’était qu’un mirage. Autrement dit, ce qui se joue derrière les réactions excessives de la presse internationale est aussi la confirmation du vieux fantasme d’une incompatibilité fondamentale entre islam et démocratie. e.demir@zamanfrance.fr

7 - 13 JUIN 2013 ZAMAN FRANCE

Après l’affaire Cahuzac, François Hollande avait promis la transparence sur tous les patrimoines de tous les ministres et de tous les parlementaires. Mais les députés ne sont toujours pas d’accord. par les élus en communauté ou en indivision, «la moitié de leur valeur» seulement sera rendue publique. La porte-parole du groupe PS, Annick Lepetit, a ajouté qu’un consensus avait aussi été trouvé sur le cumul avec une activité professionnelle, dont les revenus seront limités à 50 % de l’indemnité parlementaire. Celle-ci étant d’environ 6.000 euros brut par mois, un député ou sénateur ne pourra donc avoir des revenus supérieurs à 8.000 euros brut, a expliqué la députée de Paris.

les déclarations de patrimoine des élus ne devraient finalement pas être publiées, comme le voulait françois hollande, mais simplement consultables.

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La transparence est en passe de devenir très opaque. Le groupe socialiste de l’Assemblée nationale refuse de se plier à la demande de François Hollande de transparence sur le patrimoine des élus français, qui pourra être consulté mais pas publié. Ses députés ont entériné mardi plusieurs amendements au texte sur la transparence de la vie publique qui avait été proposé par le gouvernement dans la foulée de l’affaire Jérôme Cahuzac. L’ancien ministre du Budget avait, en effet, reconnu la détention pendant 20 ans d’un compte clandestin à l’étranger. Ces amendements

ont été déposés lundi par le président de la commission des Lois, le socialiste Jean-Jacques Urvoas. Le débat en séance publique est prévu à partir du lundi 17 juin. L’amendement clé du texte dispose que les déclarations de patrimoine des parlementaires seront rendues publiques «sous la forme d’un droit de consultation en préfecture par tout citoyen inscrit sur les listes électorales». Il prévoit même que toute publication totale ou partielle d’une déclaration sera passible d’un an de prison et d’une amende de 45.000 euros. Un autre amendement précise que pour les biens détenus

vIves crItIqUes à droIte et à gAUche Ces mesures arrêtées par le groupe socialiste n’ont guère convaincu l’opposition et font grincer des dents à gauche. «C’est une large hypocrisie parce que ça ne pourra pas être publié sur les médias référencés mais ça pourra être publié sur internet et les sanctions prévues sont purement virtuelles», a dit le centriste Jean-Christophe Lagarde. Pour Christian Jacob, le président du groupe UMP, «on est arrivé à un imbroglio invraisemblable». «Un an avant les municipales on va alimenter tous les tracts anonymes avec la publication des déclarations sur internet», rajoute-t-il. Si le Front de gauche a dit «partager» le projet de

loi et les amendements socialistes, les écologistes ont en revanche critiqué les modifications apportées au texte par le groupe PS. «Qui comprendrait qu’une loi sur la transparence finisse par le secret et l’opacité ?», a noté François de Rugy, co-président du groupe écologiste. Il s’agit en effet d’un recul par rapport aux deux projets initiaux qui prévoyaient, comme les ministres ont déjà dû le faire, la publication du patrimoine des parlementaires et de certains élus, comme les maires des grandes villes. De nombreux députés et sénateurs, dont le président de l’Assemblée, Claude Bartolone, avaient protesté contre une transparence jugée trop inquisitoriale. Les parlementaires sont majoritaires, au Parti socialiste comme dans l’opposition de droite, pour estimer qu’une publication de leur patrimoine serait attentatoire à leur vie privée, dans la mesure où il peut provenir d’origines multiples, y compris de professions exercées avant leur mandat. François Hollande lui-même avait, lors de sa conférence de presse du 16 mai dernier, laissé aux parlementaires le soin de trouver une «bonne solution» entre souci de transparence et protection de la vie privée.

PHOTO DE LA SEMAINE

Au moins dix personnes ont trouvé la mort et plusieurs étaient portées disparues à la suite des inondations provoquées par des pluies torrentielles en Europe centrale, principalement en allemagne, en république tchèque et en autriche.

...et UNe MAUvAIse

UNe boNNe...

Utilisation d’armes chimiques en Syrie

La mosquée de York, dans le nord de l’angleterre, a fait sensation. La Ligue de défense anglaise (EDL), un mouvement nationaliste et anti-islam, avait décidé d’organiser, dimanche 26 mai, une action devant la petite mosquée de la ville. Une manifestation programmée sur fond de tensions et de multiplication des incidents islamophobes dans le pays, après l’attaque de Woolwich le 22 mai dernier. Informés de cette «visite surprise», les musulmans de la ville ont décidé d’attendre les militants d’extrême droite avec

Comme Paris, Londres est convaincu de l’utilisation de gaz sarin dans le conflit syrien, a déclaré mercredi l’ambassadeur du royaumeUni en France. «Nous sommes certains que le gaz sarin a été utilisé. Nous avons nousmêmes nos échantillons, nous pensons que c’est très probable que l’utilisateur, c’est le régime syrien, mais nous ne sommes pas au stade de dire que c’est définitif», a dit Peter

du thé et des petits gâteaux, avant de leur proposer une partie de football. «Un très beau moment», se félicite l’imam abid salik, qui explique que le petit groupe venu devant le bâtiment a été accueilli par une centaine de membres de la mosquée, qui ont engagé la discussion. «Certains ont apporté des tasses de thé et des biscuits, puis après trente ou quarante minutes d’échange, [les militants d’EDL] sont entrés dans la mosquée», explique-t-il. Pour le curé local, la réaction de la communauté musulmane «a démontré la mesure de leur courage.»

ricketts sur Europe 1. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a déclaré mardi que la France avait la certitude que du gaz sarin avait été utilisé en syrie«à plusieurs reprises et de façon localisée». «Il y a une enquête de l’ONU qui fonctionne ; maintenant, il faut absolument aller sur le terrain en syrie pour ramasser les preuves», a dit mercredi l’ambassadeur britannique.

NoUvelle

Une manif anti-islam accueillie avec du thé et des biscuits à la mosquée


03 FRANCE

«Toutes les fortunes de France négocient leurs impôts» Des propos d’Henri Guaino, député UMP des Yvelines et ex-conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, sur le plateau de l’émission Mots croisés consacrée à l’affaire Tapie, lundi sur France 2.

Objectif 21 : «Voter pour se faire entendre» créée à clichy-sous-bois par des franco-turcs, l’association Objectif 21 s’est engagée à former et sensibiliser les jeunes de quartier au civisme et à la participation électorale.

serdar Kabakcioglu (à gauche) et osman sezer sont deux des responsables d’objectif 21, une association née à clichy-sous-bois et déterminée à sensibiliser les jeunes de quartier à l’engagement politique.

foUAd bAhrI ParIs Ils sont Franco-turcs et ont grandi à Clichy-sous-Bois. L’un, Osman Sezer, est ingénieur au Centre d’études spatiales de Paris, l’autre, Serdar Kabakcioglu, travaille dans la finance pour un groupe français. Tous deux sont respectivement vice-président et secrétaire général de l’association Objectif 21, fraîchement créée il y a quelques semaines. Son objectif : sensibiliser les jeunes des quartiers au vote et à l’engagement politique. «Je suis Français avant tout. La seule façon de s’exprimer en France, c’est de voter», défend Osman Sezer. Tout commence le 21 janvier 2012, au moment de la manifestation contre la loi sur le génocide arménien devant le Sénat. «On s’est vite rendu à l’évidence que protester ne servait à rien et qu’il faut voter pour se faire entendre», dit-il.

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s’IdeNtIfIer à lA frANce Avec 12 personnes au Conseil d’administration et 50 bénévoles, Objectif 21 a mis en place un programme de formation très détaillé autour du slogan «Informer, former et conseiller». L’association propose des cours en deux étapes sur le fonctionnement des institutions ponctuée de visites du Parlement. Le but est de comprendre les mécanismes de la République avec comme première échéance, les municipales de 2014. Les challenges à relever sont néanmoins nombreux. A commencer par le manque d’attrait envers la vie politique française. «Les Turcs sont attachés à leur culture, ce qui explique qu’ils ont parfois du mal à s’identifier à la politique en France. Et quand ils le font, ils superposent les enjeux français à ce qui se passe en Turquie», confie Osman. Au point que beaucoup de Turcs n’imaginent pas qu’un maire issu de leur rang émerge à court terme, ajoute le cadre associatif. voter poUr s’INtégrer Serdar Kabakcioglu, conscient de ces obstacles et de la «désidentification» des jeunes à la France, reste pourtant confiant pour l’avenir. «Notre but est de

promouvoir la citoyenneté tout en restant totalement apolitique. Nous souhaitons corriger la sous-représentation de certaines catégories de la population française en créant un effet de mimétisme autour de ceux qui sont engagés», dit-il. Le secrétaire général d’Objectif 21 qui voit dans le vote «la forme d’intégration la plus forte», mise sur le temps et la conscientisation progressive des jeunes. «Se sentir Français viendra avec le temps. Il faut leur montrer qu’à leur niveau, ils peuvent exister», estime-t-il.

COULİSSES DE L’İNFO

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7 - 13 JUIN 2013 ZAMAN FRANCE

C’est quoi la «communauté internationale» ? -

«L’opposition syrienne joue avec les nerfs de la communauté internationale», explique le titre d’un article de Metronews daté du 30 mai. Le lendemain, Directmatin décrit, quant à lui, comment les dernières déclarations de Bachar al-Assad sont une «provocation envers toute la communauté internationale». Indépendamment du fait qu’apparemment la résistance syrienne agace autant la «communauté internationale» que le pouvoir en place, cette expression sous-entend l’idée d’un bloc uni et homogène. Presque systématiquement utilisée quand il s’agit de sujets internationaux – notamment sensibles, comme pour l’Iran, le Mali, etc. –, elle laisse entendre qu’il existerait une entité supérieure dont la définition irait parfaitement de soi, alors que son usage reste tout à fait flou.

lA coMMUNAUté INterNAtIoNAle N’A pAs d’eXIsteNce JUrIdIqUe On s’imagine alors que cette communauté existe de façon autonome au-dessus des Etats et qu’elle se fait l’écho de la position de la totalité d’entreeux . Elle devient ainsi critère du droit ; elle ordonne, menace ou salue telle ou telle initiative, alors qu’elle n’a pas d’existence juridique. Dans son livre Le droit international en quête de son identité, le juriste Prosper Weil constate que «dans le jargon des médias, la syno-

l’expression communauté internationale sous-entend l’idée d’un bloc uni et homogène

nymie est devenue courante entre "communauté internationale" et "Conseil de sécurité de l’ONU"». Pourtant, pour le cas de la Syrie, cette identification ne peut fonctionner étant donné que seulement trois des cinq Etats du Conseil sont clairement hostiles à Bachar al-Assad.

lA coMMUNAUté des «plUs INflUeNts» Plus généralement, une communauté désigne un groupe de personnes ayant des traditions et des valeurs communes. Elle est donc mue par un intérêt commun accepté de tous. En ce sens, l’expression «communauté internationale» est assez paradoxale dans la mesure où la communauté est précisément nationale car elle repose sur le partage d’une histoire et d’un destin particulier. Le recours systématique à cette expression laisse entendre que le monde serait une grande famille, composée d’une pluralité d’Etats,

ayant une vision commune qui devient alors la norme à laquelle doivent se plier les postures divergentes. Elle repose ainsi sur l’idée qu’il existe des valeurs éthiques universelles qui devraient s’appliquer à tous et dont certains pays sont les garants.

lA doMINAtIoN des pAys les plUs pUIssANts Pourtant, pour Prosper Weil, qui est également arbitre international et conseil devant la Cour internationale de justice de La Haye, l’expression désigne «un leurre». Car au final, «ce sont les Etats – ou les plus influents d’entre eux, notamment au sein du Conseil de sécurité – qui sont et demeurent les maîtres du jeu». Le risque est alors que l’expression ne désigne plus que la vision du monde des pays occidentaux les plus puissants à l’échelle internationale, laissant de côté de nombreux pays ayant moins les moyens de se faire entendre.


04 SOCIETE

7 - 13 JUIN 2013 ZAMAN FRANCE

Le rapport sur les retraites concernerait tout le monde -

d’après des sources syndicales, le rapport sur les retraites proposerait une série de mesures qui mettraient à contribution tous les français pour redresser les comptes.

Le rapport Moreau sur l’avenir des retraites proposera de mettre à contribution les retraités, les entreprises et les actifs, dont les fonctionnaires, pour résorber les déficits, a indiqué mardi Le Figaro. Le texte sera remis la semaine prochaine au gouvernement et doit lui fournir des pistes pour sa réforme annoncée pour l’automne pro-

chain. Sans surprise, le texte proposera que les actifs travaillent plus longtemps, sans choisir entre un nouveau relèvement de l’âge légal ou un allongement de la durée de cotisation pour une retraite à taux plein, écrit le quotidien. Le président François Hollande s’est exprimé en faveur de cette seconde option. Les actifs pourraient en outre subir

une sous-indexation pour le calcul de leur pension, avec par exemple 100 euros cotisés pour 95 euros de droits à la retraite, un mécanisme déjà utilisé dans les régimes de retraites complémentaires. Pour les retraités, le texte propose de supprimer la fiscalisation des pensions majorées de 10 % pour les parents de trois enfants.

MON AVOCAT CANAN ÖZENICI

Attention aux braconniers du droit ! Les avocats rencontrent tous les jours des victimes de ceux qui sont souvent appelés les «braconniers du droit». Ces derniers pratiquent la fonction de façon illégale, sans règle et sans déontologie. Dans notre communauté, l’interprète, qu’il soit assermenté ou non, le comptable qu’il soit expert ou non ont été érigés comme des interlocuteurs privilégiés sur les questions qui touchaient au droit. Malheureusement, si un avocat a une responsabilité professionnelle vis-à-vis de son client, les conseillers juridiques, eux, sont libres de commettre des erreurs et parfois même irréparables ! Les tribunaux prennent aujourd’hui la question au sérieux, c’est du moins ce qu’on retient de la décision du tribunal de grande instance de Créteil du 14 mai dernier. Celui-ci a condamné une société de conseil à cesser, sous astreinte, ses activités de consultation juridique. Le tribunal a, en effet, jugé que l’activité de consultation juridique était exercée à titre principal et non à titre accessoire, comme le lui permettait son agrément d’office professionnel de qualification des conseils en management (OPQCM) dont il bénéficiait. La juridiction a constaté que l’activité de conseil et d’assistance de la société représentait 70 % de son exercice global, par rapport au 30 % de l’activité qui consiste à former des représentants du personnel. Le tribunal en a déduit que l’activité juridique constatée était exercée à titre principal et non accessoire à une autre activité, comme l’autorise l’agrément dont la société était détentrice. L’objectif recherché par les juges dans le cadre de ces contentieux est clairement la protection des clients de ce type de braconniers.Il est certain que ces organisations ont la capacité de faire du bon travail, pour autant, ont-elles la faculté de répondre de leurs éventuelles erreurs ? Là est tout le problème et surtout le danger lorsqu’une question d’importance est confiée aux mains de sociétés irresponsables. pour vos questions : ceruguz@yahoo.fr


Un petit aperçu de l’éventail de livres disponibles

aux Éditions du Nil… Les contributions de M. Fethullah Gülen dans le monde entier… Un enseignant à l’étranger :

Une analyse de la vie du Prophète

Mohammed : Le Messager de Dieu

Parole et pouvoir d’expression

Une vie consacrée au service de l’humanité…

Mohammed, Le Messager de Dieu envoyé comme une miséricorde pour toute l’humanité.

Pour une parfaite maitrise de la parole et du pouvoir d’expression…

ISBN : 978-159-784-008-8 15 x 23 cm / 472 p. / 14 €

ISBN : 978-975-278-422-2 15 x 22,5 cm / 150 p. / 10 €

Concepts clés de la pratique du soufisme

Questions et réponses sur l’islam 1

Questions et réponses sur l’islam 2

Voyage spirituel menant à la Vérité Ultime…

Des réponses claires et précises aux questions d’actualité sur l’islam…

Des réponses claires et précises aux questions d’actualité sur l’islam…

ISBN : 978-975-278-235-8 15 x 22,7 cm / 286 p. / 12 €

ISBN : 978-975-278-476-5 15 x 22,7 cm / 179 p. / 10 €

M. Fethullah Gülen

ISBN : 978-972-278-492-5 15 x 22,7 cm / 84 p. / 6 €

Les collines d’émeraude du cœur

ISBN : 978-975-278-480-2 15 x 23 cm / 199 p. / 12 €

Comment éduquer son enfant selon l’islam ?

Vers une civilisation mondiale

Amour et tolérance

La statue de nos âmes

Des méthodes pédagogiques pour assurer un bel avenir à votre enfant…

Amour et Tolérance, deux concepts indispensables pour un meilleur vivre ensemble…

Un message de paix et d’espoir…

ISBN : 978-975-278-449-9 15 x 23 cm / 180 p. / 12 €

ISBN : 978-975-278-448-2 15 x 22,7 cm / 264 p. / 12 €

SAGESSE D’ORIENT

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4, rue du Landy, 93300 Aubervilliers France - Mobile : 06 69 98 21 68 - Fixe : 01 48 33 96 95

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06 TURQUIE Les raisons de la colère turque foUAd bAhrI ParIs En quelques jours, la Turquie a vécu l’un des épisodes politiques les plus importants de son histoire. A Istanbul, Ankara, Izmir et dans tout le pays, le peuple turc s’est levé comme un seul homme. Une mobilisation exceptionnelle s’est organisée, sans que personne n’ait senti la tempête se lever. Les Turcs ne décolèrent plus, avec dans leur collimateur un seul visage et un nom : Recep Tayyip Erdogan. Mais qu’a donc fait le Premier ministre turc pour susciter un tel courroux ?

7 - 13 JUIN 2013 ZAMAN FRANCE

Un Iranien arrêté dans les manifestations d’Ankara

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l’AKp, dU réforMIsMe à l’AUtorItArIsMe Le premier reproche que les Turcs font à Erdogan est son autoritarisme politique qui n’a cessé de grandir au fur et à mesure de son mandat. Fait rare pour être souligné, ce n’est pas du chômage que les Turcs se plaignent, du moins la majorité d’entre eux, au vu des performances économiques du pays. C’est du manque de respect de leur vie privée, après les mesures visant à la restriction du tabac, puis de l’alcool dans les lieux publics. Les mimiques et les outrances verbales du chef de l’AKP passent également de plus en plus mal, au lendemain de l’attentat de Reyhanli, conséquence pour de nombreux Turcs du durcissement de ton d’Erdogan contre Assad. les eXcès dU lIbérAlIsMe à IstANbUl Second élément, les excès du libé-

le premier ministre a sousestimé le mécontentement profond de ses concitoyens.

ralisme illustrés par le développement exponentiel de la construction de centres et de complexes commerciaux. Cette extension tout azimut du secteur immobilier à valeur marchande a suscité, là-encore, de nombreuses critiques qui n’émanent pas toutes de l’extrême gauche. Des architectes turcs ont mis en garde le gouvernement contre la perte d’identité culturelle et urbaine d’Istanbul entraînée par toutes les constructions subites et massives. Buildings, murs de verre et centre commerciaux ont remplacé progressivement les couleurs traditionnelles et les formes d’Istanbul, cette ville-monde, pour

paraphraser l’historien français Fernand Braudel. Là-encore, l’excès d’Erdogan et son entêtement ont agacé et inquiété de nombreux Stambouliotes.

lA colère de tAKsIM, l’hérItAge d’erdogAN ? Un autre élément que nous évoquions dans une précédente chronique concerne ce phénomène courant en politique qui est la perte du contact avec le réel, particulièrement propice dans les milieux élitistes. Il est certain qu’Erdogan a péché par son manque de lucidité et a clairement sous-estimé, sur ce point,

le mécontentement profond des Turcs. L’absence d’opposition, le manque de sagesse et la précipitation du Premier ministre ont multiplié les griefs retenus contre lui. Plus que l’AKP, c’est son leader que les Turcs de Taksim défient aujourd’hui. Et paradoxalement, cet affrontement entre «père et fils» souligne lui-même ce qu’aura légué le Parti de la Justice et du Développement à la Turquie. La libéralisation et la démocratisation de la société turque amorcées par le parti conservateur a semé, à sa manière, les graines de la contestation qui poussent aujourd’hui dans l’ensemble de la Turquie.

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La police turque a arrêté cette semaine un ressortissant iranien nommé Shayan Shamloo, suspecté d’être lié aux manifestations violentes qui ont éclaté à Ankara après les révoltes pacifiques du parc Gezi à Istanbul. Selon une source du gouvernement souhaitant conserver l’anonymat, l’Iranien qui a été arrêté est suspecté d’avoir joué un rôle de provocateur dans les manifestations contre le projet d’urbanisation du parc Gezi. La même source a confié à Zaman que les autorités pensent que M. Shamloo possède des liens avec les services de renseignement iraniens. La police turque aurait arrêté jusqu’ici 15 étrangers liés aux événements à travers le pays, la plupart d’entre eux étant des ressortissants iraniens. Le quotidien turc progouvernemental Star a rapporté mardi qu’un autre Iranien, Ramin Sarabi, avait été arrêté à Erzurum car accusé d’avoir mené un complot pour attaquer un groupe de la délégation de personnalités turques chargée d’accompagner le processus de paix avec le PKK. D’après l’enquête du bureau du procureur d’Erzurum, Ramin Sarabi aurait des liens avec la Garde révolutionnaire iranienne.

«les turcs ont pris conscience de leurs droits» Quel est le profil et quelles sont les motivations des manifestants en Turquie ? Et quelles seront les conséquences de cette grande mobilisation à la présidentielle de 2014 ? Dilek Yankaya, docteure associée au CErI (Centre d’études et de recherches internationales) sur la Turquie, répond à ces questions en exclusivité pour Zaman France. quelles sont les principales raisons de la contestation en turquie ? La raison principale est l’intervention

Les manifestants ont assuré, eux même, et de façon intense, leur propre couverture des événements, en tweets, photos, et vidéos.

les réseaux sociaux au cœur de la mobilisation deNIz ergUrel Les réseaux sociaux ont joué un rôle crucial dès le début du mouvement de contestation en Turquie, qui mobilise des milliers de Turcs à travers tout le pays. Le pays compte 75 millions de personnes avec une moyenne d’âge de 30 ans. Le nombre de personnes utilisant internet dépassent les 35 millions. Avec 32 millions d’utilisateurs de Facebook et 9,7 millions pour Twitter, la Turquie est très active sur les réseaux sociaux. Ces derniers ont un rôle important pour les Turcs en tant que moyen de par-

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tage et d’expression de leurs opinions, selon Yasin Kesen, fondateur de Surveillance des médias sociaux, analyse et conseil.

des stAtIstIqUes qUI oNt eXplosé sUr tWItter Lorsque les manifestations dans le parc Gezi ont commencé, les tweets ont explosé. Lors d’une journée habituelle, il y a 9 à 11 millions de tweets envoyés en Turquie. Mais quand les événements ont pris de l’ampleur le 31 mai, on en comptait 15,2 millions. Le même jour, 558.000 utilisateurs de Twitter ont envoyé

un total de 3,7 millions de messages utilisant le hashtag #geziparkı, ou les mots «Taksim» ou «Gezi Parki ». Le 1er juin, le nombre total des tweets envoyés en Turquie a atteint les 27,5 millions. 15 millions étaient liés aux manifestations ou aux dommages causés par les affrontements. La popularité des réseaux sociaux comme Twitter encourage les gens à exprimer leurs idées et devient ainsi un facteur décisif de mobilisation. Pendant les périodes de troubles, le partage d’informations sur les réseaux sociaux crée vite un effet boule de neige.

du gouvernement sur la liberté de vie et d’expression des citoyens turcs. Celuici, qui se permet de légitimer toutes ses décisions grâce à sa victoire électorale, a progressivement développé une intolérance vis à vis de toute critique. Depuis deux ans, les médias ne respectent plus leur mission qui est d’informer le peuple. Ce dernier se sent sans voix et sans représentation. Ce groupe qui se sent exclut de l’espace public a finalement décidé de se faire entendre. qui sont les manifestants ? Les manifestants viennent de tout ho-

rizon et appartiennent aussi bien aux couches populaires qu’aux classes aisées. Ils ont des sensibilités religieuses très variées. On retrouve aussi bien des électeurs déçus de l’AKP que d’autres mouvements politiques. Ce sont les jeunes, les personnes âgées, les professions libérales – avocats, médecins, restaurateurs – , etc. A travers cette solidarité touchante, les Turcs ont pris conscience pour la première fois de leurs droits et leurs responsabilités de citoyens. que peut donner politiquement cette contestation ? Tout dépend des compétences de gestion de crise de l’AKP et notamment du Premier ministre. Souvenez-vous du «discours du balcon» après les élections en 2011, qui promettait d’inclure toute la diversité de notre peuple, de notre culture... Il est difficile aujourd’hui d’en suivre les traces. Les médias turcs se taisent, mais à l’étranger tous les chaînes télévisées, les radios, les journaux parlent de ce mouvement. Ce serait dommage pour le gouvernement de perdre l’image d’une Turquie démocratique alors qu’il se présentait au monde comme un modèle pour la région.


07 TURQUIE

7 - 13 JUIN 2013 ZAMAN FRANCE

Le vice-Premier ministre fait ses excuses aux manifestants pacifiques

les critiques internes se multiplient à l’AKp -

Les manifestations des anti-Erdogan dans toutes les grandes villes de Turquie ont semé le doute dans les rangs de l’AKP. Des leaders importants du parti gouvernemental n’ont pas hésité à critiquer ouvertement le jusqu’au-boutisme du Premier ministre qui a déclaré à propos des manifestants : «Ce n’est pas une bande de vandales qui va nous faire NABİ AVCİ reculer». Les critiques les plus sévères viennent de Nabi Avci, ministre de l’Education nationale, l’un des proches d’Erdogan. «En 5 jours, on a réussi en tant que gouvernement à rassembler toutes les fractions politiques qui ne pouvaient pas agir ensemble dans des conditions normales. L’opposition politique

n’aurait pas pu réussir ça même en plusieurs années», a-t-il déclaré.

gÜl coNtre erdogAN Pour sa part, le vice-Premier ministre turc Bülent Arinç, numéro deux du gouvernement, a présenté ses excuses au peuple turc pour la violence de la répression policière. «Plutôt que d’envoyer du gaz sur des gens qui disent : «Nous ne voulons pas de centre commercial», les autorités auraient dû leur dire que leurs inquiétudes étaient partagées», a-t-il regretté. Quant au président de la République, Abdullah Gül, il a appelé sur son compte Twitter, le gouvernement au «bon sens». «Dans une démocratie, les réactions doivent être exprimées (...) avec bon sens, avec calme et, en retour, les dirigeants doivent déployer plus d’efforts pour prêter une oreille attentive aux différentes opinions et inquiétudes», a-t-il déclaré, dans une allusion à la fermeté du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

la tentation présidentielle d’erdogan -

En dix ans, Recep Tayyip Erdogan a profondément transformé le visage de la Turquie de Kemal Ataturk, et ne semble pas vouloir en rester là, malgré le spectaculaire mouvement de colère de la place Taksim qu’il attribue à une poignée d’extrémistes. A l’opposition qui l’accuse de se comporter en «dictateur», l’exmaire d’Istanbul (1994-1998) rétorque qu’il s’appuie sur les larges victoires électorales du Parti de la Justice et du Développement et que la nation a exprimé son choix par les urnes. Aujourd’hui, Erdogan ne cache guère son ambition de briguer la présidence en 2014, à l’expiration de son troisième mandat à la tête du gouvernement. Mais une présidence aux pouvoirs renforcés, pas celle essentiellement honorifique qu’occupe actuellement son allié Abdullah Gül. Les négociations de paix ouvertes avec Abdullah Öcalan, le chef emprisonné du PKK, seraient aux yeux des plus cyniques une manière pour lui d’obtenir le soutien des députés kurdes à ses projets de révision de la Constitution. Les ambitions présidentielles d’Erdogan ne

erdogan est sûr de son soutien auprès des classes populaires.

font que conforter le point de vue de ses opposants selon lesquels celui qui reste l’homme le plus populaire de Turquie se verrait bien sultan des temps modernes, au risque de faire grincer des dents à l’intérieur de son propre parti. Aucun dauphin ne se dégage au sein de l’AKP et les prochaines élections s’annoncent difficiles pour le CHP, le principal parti d’opposition, alimentant la confiance affichée aujourd’hui par Erdogan face à une contestation pourtant sans précédent depuis son arrivée au pouvoir.

le vice-premier ministre turc, bülent Arinç, a souligné que les dégâts occasionnés par les manifestations s’élèvent à près de 28 millions d’euros.

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Le vice-Premier ministre turc, Bülent Arinç, a présenté mardi ses excuses pour «la violence excessive utilisée dans un premier temps contre ceux qui se comportaient par respect pour l’environnement», avant d’ajouter : «Mais je ne pense pas que nous devions des excuses à ceux qui ont causé des déprédations

‘‘

«Il est nécessaire de communiquer pour dissiper la confusion dans l’esprit des gens» dans nos rues et tenté de porter atteinte à la liberté du peuple.» Bülent Arinç a ainsi établi une distinction nette entre les manifestations pacifiques organisées par les écologistes et celles qui ont

suivi. Il a souligné à cet égard que les dégâts occasionnés s’élèvent à environ 28,5 millions d’euros. Le mouvement de contestation est parti initialement du rejet d’un projet d’aménagement urbain dans Istanbul prévoyant la construction de la réplique d’une caserne ottomane abritant un centre commercial à la place du parc Gezi, qui borde la place Taksim.

REMİSE EN QUESTİON DE LA POLİTİQUE D’ERDOGAN

Après l’intervention policière musclée de vendredi, des centaines d’individus, dont certains décidés à en découdre avec les forces de l’ordre, ont rejoint les manifestants pacifiques. La contestation s’est alors muée en une remise en question de la politique du gouvernement de Recep Tayyip Erdogan, que ses adversaires accusent de mener

une «islamisation rampante» de la société.

POSSİBİLİTÉ D’UN RÉFÉRENDUM SUR LE PROJET TAKSİM

Le vice-Premier ministre a déclaré qu’il allait rencontrer les organisateurs de la première manifestation. Evoquant la possibilité d’un référendum sur le projet Taksim, il a affirmé que le gouvernement était prêt à écouter les écologistes et les militants de la cause animale. «Il est nécessaire de communiquer clairement pour dissiper la confusion dans l’esprit des gens. Dans ce but, nous rencontrerons aujourd’hui les associations et représentants de ceux qui ont saisi la justice (ndlr, contre le projet d’urbanisme à l’origine de la crise) afin de mieux comprendre leurs points de vue», a déclaré à la presse le numéro deux du gouvernement.

La contestation «d’une façon de gouverner» pour Alican tayla, chercheur associé à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), les manifestants focalisent leur mécontentement sur le Premier ministre. foUAd bAhrI ParIs la mobilisation des turcs contre le projet immobilier du premier ministre à Istanbul est historique. comment l’expliquez-vous ? Au départ, c’était un mouvement pacifique de jeunes opposés à la destruction du parc situé près de la place Taksim qui doit être remplacé par un centre commercial. Mais ceci n’explique pas le mouvement que c’est devenu par la suite et l’ampleur des manifestations. C’est une contestation globale d’une certaine façon de gouverner du Premier ministre Erdogan. On lui reproche sa politique étrangère en Syrie et les attentats de Reyhanli. Mais aussi la violence inouïe de la répression policière à Istanbul et dans d’autres villes comme Ankara ou Izmir.

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On critique également son mépris quand il traite des centaines de milliers de manifestants de pillards ou de marginaux et son refus d’entendre l’opposition de la société turque.


08 TURQUIE

7 - 13 JUIN 2013 ZAMAN FRANCE EN BREF

275.000

Le gouvernement s’engage à créer 100.000 places nouvelles dans les crèches, 100.000 autres chez les assistantes maternelles et 75.000 à l’école maternelle pour les moins de trois ans, d’ici 2017.

Les religieux turcs esquissent e l’islam du XXI siècle

MAlI

l’Afrique va honorer hollande

les théologiens turcs ont fait une sélection parmi les 20.000 hadiths considérés comme des principes de gouvernance personnelle et collective pour les musulmans.

Projet1_260 06/12/12 10:54 Page1

Un recueil de hadiths en six volumes pour le «croyant d’aujourd’hui» compilé par les savants musulmans du Diyanet va être publié prochainement. Une encyclopédie attendue tant en Turquie que dans le reste du monde musulman.

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Après six ans de travaux, les théologiens turcs s’apprêtent à publier un recueil modernisé des préceptes du prophète Muhammad, avec pour ambition de dessiner l’islam du XXIe siècle. L’entreprise, qui a suscité autant la curiosité que l’inquiétude des religieux du monde entier, consiste en une sélection parmi les 20.000 hadiths, les paroles et actes attribués au Prophète et considérés comme des principes de gouvernance personnelle et collective pour les musulmans. La centaine d’experts ayant collaboré à ce projet, sous l’autorité du Diyanet, l’institution chargée en Turquie des affaires religieuses, ont choisi quelques centaines de préceptes traitant de Dieu, de la foi et la vie dans des termes accessibles à tous les citoyens turcs. «Nous ne sommes plus au XXe siècle. Nous avions besoin d’un nouvel ouvrage sur la croyance islamique dans le contexte de la culture d’aujourd’hui», souligne Mehmet Ozafsar, responsable du projet et vice-président du Diyanet, une instance directement rattachée au Premier ministre. Ce qui rend singulière l’expérience turque, c’est qu’elle sélectionne et explique les hadiths dans l’optique de la Turquie de 2013, un pays qui tente la synthèse entre la laïcité, la société musulmane et les caractéristiques d’une économie moderne et dynamique.

dépAsser le lIttérAlIsMe Dans cette encyclopédie en six volumes, sont rassemblés les préceptes jugés les plus importants par les théologiens turcs. Regroupés par thème, ils sont assortis de brefs commentaires replaçant les hadiths dans leur contexte historique et expliquant ce qu’ils signifient aujourd’hui. «Il existe dans le monde musulman plusieurs approches, dont certaines très étroites intellectuellement. Les Turcs ont une idée différente de la culture islamique», souligne Mehmet Ozafsar. L’islam turc

a ses prédicatrices dans les mosquées et on compte plusieurs femmes parmi les adjointes des muftis des grandes villes du pays. Pour Mehmet Pacaci, chargé des relations internationales au Diyanet, les musulmans ne doivent pas se contenter «d’ouvrir le Coran ou une compilation d’hadiths, de trouver un verset ou un précepte du Prophète et de se dire "Ah! Voilà le jugement pour cet acte"». «Si l’on fait cela, c’est de la littéralité, c’est de l’ignorance. Malheureusement, une telle ignorance existe dans le monde musulman», ajoute-t-il.

de NoUvelles versIoNs de l’oUvrAge eN coUrs Accueilli dans un premier temps avec circonspection par le reste du monde musulman, le projet turc suscite désormais une forte attente, notamment dans les pays arabes. C’est le cas en Egypte, où les tensions sont grandes entre libéraux, Frères musulmans au pouvoir et salafistes. «Pour les intellectuels, cette nouvelle interprétation est bienvenue, ils pensent qu’il est important que le monde arabe y soit confrontée», dit Ibrahim Negm, conseiller du grand mufti d’Egypte. Ibrahim Negm souligne que des religieux turcs se rendent désormais régulièrement à l’université Al Azhar du Caire, qui fait autorité en matière d’islam sunnite. Des versions en arabe du grand théologien turc Said Nursi, décédé en 1960, commencent à apparaître dans les librairies de la capitale égyptienne. La première édition de L’islam selon les hadiths du Prophète, titre de la compilation, doit sortir des presses en Turquie pendant le ramadan, début juillet. Le Diyanet prépare une version en bosniaque et en envisage une bilingue allemand-turc pour l’importante communauté turque. Des éditeurs égyptiens et britanniques ont également manifesté leur intérêt.

Neuf chefs d’Etat et de gouvernement africains ont assisté mercredi au siège de l’Unesco, à Paris, à la remise du prix Félix Houphouët-Boigny à François Hollande, récompensé pour son action au Mali, où la France intervient militairement depuis janvier. Ce prix lui est décerné «pour sa haute contribution à la paix et à la stabilité en Afrique». Etaient présents à Paris les présidents du Bénin, du Burkina Faso, de Côte d’Ivoire, du Mali, de Mauritanie, du Tchad, du Sénégal et du Gabon, ainsi que le Premier ministre du Niger. Selon l’Elysée, le chèque de 150.000 dollars lié à ce prix sera remis à la branche malienne du Réseau paix et sécurité des Femmes de l’espace Cedeao, qui coordonne les initiatives d’associations de femmes en faveur de la paix et de la réhabilitation des zones de conflit et à l’association Solidarité défense, qui apporte un soutien aux soldats blessés et aux familles de victimes.


09 INTERNATIONAL

7 - 13 JUIN 2013 ZAMAN FRANCE

Khamenei, maître du jeu

Les guerres secrètes d’Ahmadinejad A l’occasion de l’élection présidentielle qui aura lieu le 14 juin en Iran, Mehdi Khalaji membre de l’Institut de Washington pour la politique au Proche-Orient, analyse pour Zaman les relations de pouvoir entre le Guide suprême et les différents présidents de la République islamique. Mehdi Khalaji Esfandiar Rahim Mashai, successeur favori de l’actuel président iranien Mahmoud Ahmadinejad, ne fera pas partie des candidats à l’élection présidentielle du 14 juin prochain. L’ancien président Hachemi Rafsanjani non plus. Le rejet de ces deux candidatures constitue un message clair de la part du Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei. En d’autres termes, celui-ci ne veut pas voir son pouvoir diminuer. Le Guide est aujourd’hui déterminé à éviter les divergences qu’il a connues notamment avec les précédents présidents et en particulier avec Ahmadinejad. La mise à l’écart des candidatures de Mashai et Rafsanjani met en avant, une fois de plus, la division du pouvoir exécutif ancrée au cœur de la politique iranienne avec d’un côté, le Guide suprême et de l’autre, le président. En 2009, lorsque Khamenei a soutenu publiquement la réélection controversée d’Ahmadinejad, personne n’aurait pu prévoir les tensions sans précédent qui sont ensuite apparues entre les deux autorités.

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Ahmadinejad, un président défiant l’autorité de l’ayatollah Au lieu de se ranger du côté de Khamenei, Ahmadinejad a promu un programme nationaliste et anti-clérical, défiant l’autorité du Guide suprême afin d’établir son propre réseau économique et sa sphère d’influence. Sur les quatre dernières années, Ahmadinejad a essayé plusieurs fois d’affaiblir le contrôle de l’ayatollah sur les décisions politiques. En 2011, il a tenté de destituer Heider Moslehi, un allié du Guide, de sa fonction de chef de services de renseignements. Il a également défié la plus puissante institution économique et militaire iranienne, le Corps des Gardiens de la révolution iranienne (IRGC). Mais, étant donné que la division entre Khamenei et Ahmadinejad s’est creusée, le soutien du président a considérablement baissé. Les médias d’Etat ont même qualifié les soutiens d’Ahmadinejad de «cercle de déviation». Ce

Sur les quatre dernières années, Ahmadinejad a essayé plusieurs fois d’affaiblir le contrôle de l’ayatollah sur les décisions politiques.

dernier n’est pas le premier représentant haut placé à défier le Guide suprême d’Iran.

Des divergences iraniennes qui subsisteront après les élections Le Grand ayatollah Hossein Ali Montazeri, l’un des dignitaires les plus importants d’Iran, aurait pu être Guide suprême s’il n’avait pas eu un différend avec le Grand ayatollah Rouhollah Khomeini, fondateur de la République islamique. De même, Abolhassan Bani Sadr, premier président d’Iran, a connu un accrochage politique avec Khomeini au sujet de la division du pouvoir exécutif. Destitué de sa fonction de président en 1981, après seulement un an au pouvoir, il trouva refuge en

France. L’histoire d’Ahmadinejad a de nombreux points communs avec celle de Bani Sadr. Tous deux étaient inconnus avant leur accession au pouvoir. Ils ont dépendu du soutien du Guide suprême pour y accéder et l’ont perdu en tentant d’atténuer l’influence de la hiérarchie cléricale et de l’IRGC. Après les élections, les divergences qui ont longtemps paralysé la politique iranienne vont probablement persister. La politique nucléaire, elle, est dans l’impasse et pourrait avoir de lourdes conséquences. Sans gouvernement unifié capable de parvenir à un consensus, Khamenei ne changera pas sa position sur le sujet. Ainsi, l’Iran restera dans l’impasse diplomatique visà-vis de l’Occident.

Une élection sous le parrainage du Guide suprême -

Huit candidats ont été approuvés par le Conseil des gardiens de la Constitution. Hassan Rohani, ancien négociateur iranien dans les pourparlers sur le programme nucléaire, est considéré comme le candidat le plus centriste à la présidentielle iranienne depuis le rejet par le Conseil des gardiens de la révolution de la candidature d’Hachemi Rafsanjani et de celle d’Esfandiar Rahim Mashaie. Mais tout comme Mohammad Reza Aref, un réformateur et Mohsen Rezaie, un conservateur, il ne fait pas partie des favoris, ne bénéficiant pas du soutien de Khamenei , à la différence de Gholam-Ali Haddad-Adel, proche du Guide, et Saeed Jalili, négociateur en chef pour le dossier nucléaire. Parmi les membres du Conseil des gardiens de la révolution qui ont obtenu le sésame pour l’élection, figurent outre Saeed Jalili et Gholam-Ali Haddad-Adel, Ali Akbar Velayati.

Saeed Jalili le favori Le premier a travaillé directement sous les ordres d’Ali Khameneï, le deuxième, qui a un lien de

De gauche à droite: Mohammad Gharazi, Mohsen Rezaei, Mohammad Baqir Qalibaf , Gholam Ali Haddad Adel, Hasan Rohani, Mohammad Reza Aref, Ali Akbar Velayati et Saeed Jalili.

parenté avec lui, fait partie de ses proches collaborateurs et le troisième est son conseiller pour les Affaires étrangères. Saeed Jalili, qui s’est montré inflexible face aux exigences des grandes puissances dans les négociations sur le programme nucléaire de Téhéran, semble aujourd’hui le mieux à même de l’emporter. Soutenu par

le camp conservateur, il a obtenu mardi 28 mai l’appui explicite de l’ayatollah Mohammad Taqi Mesbah-Yazdi, ancien mentor religieux de Mahmoud Ahmadinejad devenu l’un de ses détracteurs après sa disgrâce. Il jouit d’une grande influence auprès des Gardiens de la révolution et des milices «bassidji», chargés de la sécurité intérieure.

Six des 12 membres du Conseil des gardiens sont nommés par le Guide, ce qui lui donne un poids considérable dans le choix des candidats.

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L’ayatollah Ali Khamenei, Guide suprême de la révolution iranienne, a assuré mercredi 29 mai qu’aucun des candidats à l’élection présidentielle du 14 juin, tous idéologiquement proches de lui, n’avait ses faveurs. Le Conseil des gardiens, instance formée de membres du clergé chiite et de juristes chargée de la validation des candidatures, a pourtant rejeté la semaine dernière celles de l’ancien président Hachemi Rafsanjani et d’Esfandiar Rahim Mashaie, ex-chef de cabinet et proche du président sortant Mahmoud Ahmadinejad, tous deux plus critiques envers le pouvoir.

Le devoir de réserve du Guide Le camp réformateur, représenté lors du scrutin de 2009, a également été exclu et les chefs de file du «mouvement vert» qui s’est formé après la réélection contestée d’Ahmadinejad sont officieusement assignés à résidence depuis plus de deux ans. Après la vague de contestation sans précédent d’il y a quatre ans, l’arrivée aux affaires d’un fidèle ne serait pas pour déplaire au Guide. D’autant que Mahmoud Ahmadinejad, auquel la Constitution interdit de briguer un troisième mandat, ne s’est pas montré très docile au cours du second, disent les experts des affaires iraniennes. «On dit toujours ces choses-là et c’est faux, parce que personne ne sait pour qui le Guide votera. Comme tout le monde, il n’a qu’une voix», ont déclaré certains des proches de l’ayatollah devant des parlementaires.


10 INTERNATIONAL

7 - 13 JUIN 2013 ZAMAN FRANCE

Shirin Ebadi : «Les élections n’ont jamais été libres en Iran» L’Iranienne shirin Ebadi, prix Nobel de la Paix en 2003, revient pour Zaman sur l’Iran d’aujourd’hui et sur la future élection présidentielle du 14 juin.

«Aucun gouvernement ne devrait utiliser l’excuse de la religion pour nier les droits de la moitié de la population : les femmes», pointe l’Iranienne shirin Ebadi.

quel regard portez-vous sur les élections en Iran ? Les élections n’ont jamais été libres

en Iran. Plus de 600 personnes ont présenté leur candidature pour la présidentielle du 14 juin mais le Conseil des gardiens de la Constitution n’en a retenu que huit. Il est intéressant de voir que Hachemi Rafsanjani (l’ancien président, NDLR) a été évincé. Il est actuellement président du Conseil de discernement de l’intérêt supérieur du régime, une position qui lui permet de prendre des décisions dans l’intérêt de la population. Pourquoi a-t-il été écarté de la présidentielle ? C’est bien la preuve que les élections ne sont pas libres du tout. quel est le bilan du président Ahmadinejad ? Pendant le mandat d’Ahmadinejad, les droits de l’Homme ont souvent été violés. Le fossé entre les classes sociales s’est creusé et la corruption a augmenté. Et ne parlons pas des droits des femmes. Les médias internationaux se sont centrés sur la question nucléaire et la situation actuelle des droits de l’Homme en Iran a été écartée. Du coup, cette situation a empiré. pensez-vous que l’Iran devrait cesser ses activités nucléaires ? L’enrichissement d’uranium doit cesser immédiatement. L’Iran

Mahmoud Abbas nomme un Premier ministre, rejeté par le Hamas

s’éviterait ainsi de lourdes sanctions. l’Iran est menacé par la communauté internationale à cause de cela... Je ne pense pas que les Etats-Unis puissent attaquer l’Iran. Ses récentes interventions en Irak et en Afghanistan ne lui ont pas été très bénéfiques. quand les révoltes arabes ont commencé il y a environ deux ans, le monde s’attendait à ce que les Iraniens se rebellent à l’image de leurs voisins, mais il n’y a eu aucun soulèvement… Le régime iranien est très sévère. Dès que les gens le critiquent, même légèrement, on les arrête. La population a été intimidée et ne veut pas s’engager dans la violence. Dans les 34 dernières années, elle a connu une révolution et une guerre de huit ans avec l’Irak. Pour une génération, c’est trop. Du coup, les Iraniens veulent se rebeller douce-

ment. Cette approche pacifiste aura des résultats positifs mais cela prendra du temps. environ 70 % de la population iranienne est âgée de moins de 30 ans. quelles sont ses aspirations ? Cette tranche de la population est opposée au gouvernement. Elle veut des libertés mais n’en a pas. Elle veut du travail mais n’en a pas. Le taux de chômage est très élevé en Iran, ce qui explique l’importante fuite des cerveaux. Vous êtes sceptiques sur l’idée de démocratie dans le monde musulman. pouvez-vous développer cette idée ? La chute d’une dictature dans un pays ne signifie pas forcément la fin de celle-ci. En d’autres termes, les nations issues de la démocratie doivent empêcher tout nouveau dictateur d’abuser des espérances du peuple.

Quelle est votre définition de la démocratie ? De nombreux dictateurs accèdent au pouvoir grâce aux votes de la majorité. Dans certains pays comme la Tunisie et l’Egypte, la population a choisi des partis islamiques. Je suis contente que le peuple égyptien ait eu assez de courage pour montrer leur résistance aux personnes qui ont accédé au pouvoir. La victoire aux élections n’implique pas toujours la démocratie. Les gouvernements tunisien, turc et iranien, même s’ils sont islamiques, doivent interpréter l’islam de façon à mettre en œuvre les principes des droits de l’Homme. On ne devrait pas utiliser une religion ou une idéologie pour mettre les droits de l’Homme à l’écart. Aucun gouvernement ne devrait utiliser l’excuse de la religion pour nier les droits de la moitié de la population : les femmes.

Pour tous les clients à jour

rami hamdallah, homme politique indépendant et universitaire, est le nouveau premier ministre de l’Autorité palestinienne.

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Le président palestinien Mahmoud Abbas a nommé dimanche l’homme politique indépendant Rami Hamdallah comme nouveau Premier ministre. Une désignation aussitôt rejetée par le Hamas et qui risque de compromettre les efforts de réconciliation avec le Fatah. Peu connu en dehors des territoires, Hamdallah, professeur de linguistique et président de l’université An Nadjah depuis 1998, a été désigné en remplacement de l’économiste Salam Fayyad qui avait démissionné en avril. La nomination de Hamdallah pourrait constituer un sérieux obstacle aux efforts de réconciliation engagés sous l’égide de l’Egypte entre le Fatah et le Hamas. Le mois dernier, les deux factions palestiniennes s’étaient mises d’accord pour former un gouvernement d’union représentant l’ensemble des territoires. Mais, selon un porte-parole de l’organisation islamiste qui administre la bande de Gaza depuis qu’elle en a chassé le Fatah en 2007, la nomination de Hamdallah est de nature à remettre en cause ce processus politique.

WAshINgtoN perd UN AllIé fIAble Hamdallah a promis de tenir l’engagement pris par Abbas de revenir à la table des négociations dans le but de constituer un Etat palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale, précise Wafa. Fayyad, ancien responsable de la Banque mondiale, avait démissionné en avril en raison d’une crise économique provoquée par la réduction des fonds occidentaux et le gel par Israël de transferts d’argent. Fayyad était considéré comme l’artisan de la mise en place des institutions palestiniennes de nature à obtenir une indépendance à l’égard d’Israël. L’ancien chef du gouvernement était considéré comme un allié fiable par les Occidentaux. Son départ risque de ranimer leur méfiance quant à l’utilisation des fonds alloués aux Palestiniens ainsi que les soupçons de corruption. Les Etats-Unis et certains pays européens avaient réduit leur soutien financier aux Palestiniens en signe de protestation au fait que l’Autorité palestinienne avait été élevée au rang d’Etat observateur à l’ONU en novembre dernier.


11 ECONOMIE

7 - 13 JUIN 2013 ZAMAN FRANCE

Hamon défend sa loi sur l’économie sociale et solidaire Le ministre de l’Economie sociale et solidaire, Benoît Hamon, veut permettre à ce secteur économique d’être enfin identifié et reconnu dans ses spécificités. foUAd bAhrI ParIs Le projet d’économie sociale et solidaire de Benoît Hamon est enfin lancé.Mardi 28 mai, le ministre de l’Economie sociale et solidaire était à la Maison de la Chimie à Paris pour présenter les grandes lignes de son nouveau texte de loi, présenté en juillet au Conseil des ministres. Décidé à booster le secteur de l’ESS (économie sociale et solidaire), l’ancien porte-parole du Parti socialiste en a profité pour faire une mise au point sur les enjeux de ce secteur, dont il veut faire le levier du redressement économique de la France. «L’ESS créait 23 % des emplois dans les dix dernières années quand l’économie classique n’en créait que 7 %», a avancé M. Hamon.

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500 MIllIoNs d’eUros poUr l’ess L’objectif principal de ce texte sera donc de faire émerger ce secteur qui représente plus de deux millions de salariés et autour de 10 % du produit intérieur brut français. Au cours de cette présentation, Benoît Hamon est revenu sur les difficultés propres à l’ESS, comme le manque d’information auprès des salariés. «Des entreprises en bonne santé ferment parce qu’elles n’ont pas trouvé de repreneurs. La reprise par les salariés n’est pas toujours une solution à laquelle pense forcément le chef d’entreprise», a ainsi commenté le ministre. Concernant le financement de ce projet de loi, Hamon a annoncé 500 millions d’euros. «C’est l’affichage d’une ambition, c’est un plancher et surtout pas un plafond», a-t-il poursuivi. plUs de rIgUeUr sUr lA solIdArIté socIAle Il a également rappelé le rôle essentiel de l’interaction entre banquiers et entrepreneurs de l’ESS. «Ce que nous attendons des banques de financement public, c’est qu’elles hébergent et financent des projets dont on n’attend pas de profit à court terme», a expliqué Benoît Hamon.

BREVES ECO

crédIt IMMobIlIer

les taux passent sous les 3 %

Les taux des crédits immobiliers accordés aux particuliers n’en finissent pas de dégringoler depuis maintenant près de 18 mois. Ils ont ainsi atteint en mai un nouveau plus bas historique de 2,97 % en moyenne, selon une étude publiée hier par l’Observatoire Crédit Logement. Ce niveau correspond à une baisse de plus de 1 point par rapport aux 4 % enregistrés en janvier 2012. Conséquence, la durée moyenne pour devenir propriétaire de son logement, s’il est ancien, est désormais de 17,7 ans contre 17,9 ans en avril. En revanche, sur le marché du neuf qui cherche à repartir, la durée d’accession à la propriété augmente pour atteindre 222 mois contre 217 en avril.

frANce

le fMI ne croit pas à l’inversion du chômage fin 2013

Le Fonds monétaire international (FMI) a dit mardi ne pas s’attendre à une baisse du chômage en France fin 2013. Un objectif pourtant régulièrement confirmé par François Hollande. Le FMI a préconisé de donner la priorité à la baisse des dépenses pour poursuivre la consolidation des finances publiques. Le gouvernement continue d’affirmer qu’une telle inversion est possible si l’économie redémarre au second semestre et si les dispositifs de contrats aidés, notamment les «emplois d’avenir» montent en puissance.

L’objectif est que les banquiers sachent financer un projet, par exemple de crèche à horaires décalés et pas seulement à haute valeur technologique, a-t-il détaillé. Le ministre de l’Economie sociale et solidaire a également renouvelé les exigences du gouvernement concernant la charte des principes de l’ESS. Il a conditionné ce respect à l’obtention de contrats de marchés publics par des clauses préférentielles. «On doit être exigeant sur les relations sociales et la politique salariale à l’image

de la RSE (responsabilité sociale des entreprises, NDLR), parfois plus exemplaire que les acteurs de l’ESS», a-t-il déclaré.

doNNer les MoyeNs AUX bANqUIers Les 10 % de part des contrats publics contenant des clauses sociales et environnementales du précédent ministre étaient ambitieux, a estimé Hamon qui a rappelé que la fourchette actuelle était en réalité, «à 1,2 ou 1,3 %». Pour autant, la question du budget des banques pu-

bliques d’investissement n’a pas été réglée. La Banque publique d’investissement (BPI), qui possède un financement de 40 milliards d’euros et fait plusieurs métiers (prêt, participation), est loin derrière l’Allemagne qui avoisine les 400 milliards d’euros, soit 10 fois plus. Pour améliorer ces capacités budgétaires, la piste d’un financement par la Banque centrale européenne, via un changement statutaire, a ainsi été évoquée.

benoît hamon reste persuadé que l’économie sociale et solidaire peut contribuer à créer des emplois.


12 FAMILLE&SANTE

7 - 13 JUIN 2013 ZAMAN FRANCE

Comment punir son enfant ? votre enfant désobéit tout le temps ou vous répond sans cesse ? Il faut prendre le temps de lui expliquer les règles à respecter et savoir le punir. Plus facile à dire qu’à faire ! Comment s’y prendre ? dAlIlA boUAzIz ParIs Votre enfant vient de faire une bêtise. Quel parent n’a jamais été confronté au dilemme «dialogue ou punition» ? Le seul mot de sanction fait peur à l’ère de l’enfant roi. «Aujourd’hui, trop de parents ne savent plus punir leurs enfants», reconnaît le pédopsychiatre Patrick Delaroche, dans le magazine Psychologies. En effet, pour certains, la culpabilité est trop forte. Beaucoup confondent alors le fait de poser des limites et l’idée que ce serait agressif, souvent en rapport avec leur propre histoire. Le parent a du mal à supporter cette agressivité, car il la considère comme la preuve d’un désamour.

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«Ne pAs sANctIoNNer l’eNfANt l’eMpÊche de se strUctUrer» Selon la psychologue Anne Bacus, ce malaise est propre aux parents d’aujourd’hui : «Ceux des générations précédentes se contentaient d’être respectés. Ce n’est plus le cas des familles contemporaines où les relations parents-enfants se jouent sur le registre de la séduction et de l’amour.» Mais à trop vouloir respecter la personnalité de leur «merveille», les parents engendrent des petits qui refusent les limites. «Ne pas sanctionner l’enfant l’empêche de se structurer et peut même le mettre en danger», pointe Bruno Hourst, chercheur en pédagogies nouvelles et auteur de J’aide mon enfant à bien vivre l’autorité (éditions Eyrolle). Cette démarche est essentielle pour sa structuration,

cela permet de le «cadrer» et de lui donner des repères.

l’eNfANt doIt coMpreNdre les règles Eduquer sans punir, tous les parents en rêvent. Pourtant, la punition permet de poser les limites nécessaires pour la construction de l’enfant. Bien sûr, sévir sans prévenir est injuste et ne sert à rien. Assurezvous que votre petit a bien compris la règle à respecter ou la limite à ne pas dépasser. Par exemple, pour Mehmet, jeune papa, il est important que son fils comprenne qu’il ne doit pas recourir à la violence en cas de frustration. Aussi après la bêtise, «le meilleur moyen d’éviter la réaction brutale, c’est d’envoyer l’enfant dans sa chambre», conseille le pédopsychiatre Jean-Louis Le Run dans Psychologies. Cela laisse le temps à l’enfant de réfléchir à son comportement et au parent de s’interroger sur la nécessité et le choix de punir. Il est primordial de lui expliquer à nouveau calmement le «contrat» : «Tu as frappé ta sœur, c’est pour ça que je t’ai puni» et lui demander pourquoi il a agi ainsi. lA «boNNe» pUNItIoN On ne va pas réprimer de la même façon une transgression majeure et une bêtise. D’une génération à l’autre, les choses changent. Ce qui était intolérable autrefois ne l’est plus forcément aujourd’hui. «Il est dans la nature de l’enfant de vouloir déborder des limites imposées», explique le pédopsychiatre Daniel

Marcelli dans Psychologies. Mais la punition doit être juste, raisonnable et applicable. Si un enfant casse un vase, la sanction peut être de nettoyer les dégâts ou d’en racheter un avec son argent de poche. Par contre, si l’enfant vole de l’argent, il faut le sanctionner et comprendre ce qu’il se passe. Les registres sont différents. Il s’agit d’être cohérent et de l’inciter à ne pas reproduire le même mauvais comportement ultérieurement. Mais attention, il n’y a

rien de pire qu’une sanction non appliquée car l’enfant va ressentir un sentiment d’impunité par rapport au suivi des règles.

les prIvAtIoNs, sANctIoNs les plUs effIcAces Quant aux punitions corporelles, deux «écoles» s’affrontent entre ceux pour qui cela humilie l’enfant. Et ceux, pour qui le geste physique ferme par lequel le parent met un coup d’arrêt à un comportement

devenu ingérable, ce qui signifiera «on ne discute plus, c’est la règle, maintenant tu obéis», pour Bruno Hourst, chercheur en pédagogies nouvelles. Toutefois, à tout âge, les privations sont les sanctions les plus efficaces. Mais il faut viser des activités stériles (télé, jeux vidéo, sorties…) et non celles qui lui permettent de s’épanouir ou qui lui sont vitales (sport, art, nourriture). Le recours à des punitions qui engagent le corps : ranger, nettoyer… car en fournissant un effort, l’enfant se débarrasse physiquement du poids de sa culpabilité. Pour les plus petits, l’attention et la présence de leurs parents étant leur principale satisfaction, il leur suffit d’en être privé quelques minutes pour se sentir très punis !

dons du sang : l’appel aux jeunes Firebrand ızgara, mangal ve nargile kömürleri

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L’Établissement français du sang (EFS) a choisi de viser les jeunes pour les inciter à donner leur sang afin de faire face à des besoins croissants sous le coup du vieillissement de la population, a annoncé mercredi cet organisme public. Le «recrutement des jeunes est un enjeu décisif» pour renouveler le groupe des donneurs qui depuis plusieurs années reste stable à environ 1,7 million de personnes, a expliqué l’EFS à l’occasion de la prochaine Journée mondiale des donneurs de sang, le 14 juin. L’établissement tente de toucher cette cible en organisant des collectes dans les universités, écoles supérieures, lycées et en lançant des applications sur les réseaux sociaux. «La consommation en France augmente de 1 à 3 % par an depuis 2004», explique le directeur médical de l’EFS, Dr Rémi Courbil à l’AFP. Le fait de retrouver de nouveaux donneurs est essentiel, car il n’existe aucun «sang de synthèse et rien ne peut remplacer le sang humain», explique-t-il.


13 CULTURE

Léo Seviyor, le chanteur à l’âme turque Léo Seviyor, un artiste français de 26 ans, vient de sortir son tout premier album de hip-hop.... en turc, intitulé Paris’ten sevgilerle. Yazgi Giray paris A 26 ans, Léo Seviyor a de quoi surprendre. De son vrai nom Jean-Baptiste, ce jeune artiste plongé dans la musique depuis ses 8 ans, vient de sortir son tout premier album de hip-hop.... en turc. Intitulé Paris’ten sevgilerle (De Paris avec amour), cet album est gratuitement disponible depuis le 23 avril sur la toile avec 12 titres et 4 clips vidéos. Il a commencé à composer ses propres chansons en 2005. Son nom d’artiste lui vient de la question que lui posait les Turcs tous les jours : «Turkiye’yi seviyor musun ?» (Aimes-tu la Turquie ?). Né d’un père camerounais et d’une mère guadeloupéenne, Léo Seviyor compose et chante aujourd’hui en trois langues : anglais, français et turc. Mais pourquoi avoir choisi le turc ? Tout a commencé à Istanbul en 2009, lors de son année de droit en Erasmus à l’université Galatasaray.

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Une chanson sur le Besiktas Tenté par le dépaysement, Léo s’est envolé pour la ville qu’il décrit aujourd’hui comme «un monde magique» qui rassemble des paysages et des cultures différentes. Il avait été surpris par l’énergie et l’hospitalité des gens qui avait croisé son chemin. Le chanteur maîtrise aujourd’hui la langue. «Le turc n’est pas si compliqué. Une fois que tu te lances, tu apprends», précise Léo. Son répertoire compte aujourd’hui une trentaine de titres dédiés à la Turquie. Son intérêt pour le football turc, notamment l’équipe du Besiktas, lui a inspiré le morceau Kartal (aigle, le symbole de l’équipe). Léo fait souvent référence aux chanteurs turcs qui l’ont marqué comme Duman, Sezen Aksu, Tarkan ou la jeune Atiye. Ne pas faire du 50 Cent en turc Mais le jeune chanteur est plus critique sur le hip-hop turc. «Je pense qu’il n’y a pas encore vraiment cette culture en Turquie. On y écoute plus de la pop ou de la musique traditionnelle (türkü). Certains artistes turcs caricaturent souvent ce qui existe déjà. «On ne peut pas faire du 50 Cent en turc !», indique-t-il. De retour à Paris, Léo Seviyor a rejoint le groupe de jazz Les Mains Sales dans lequel il chante du hip-hop. L’artiste à l’âme turc espère aussi collaborer avec des artistes de Turquie pour la deuxième partie de son album.

7 - 13 JUIN 2013 ZAMAN FRANCE

Le nom d’artiste de Léo Seviyor, lui vient de la question quotidienne que lui posait les Turcs : «Turkiye’yi seviyor musun ?».


14 CULTURE

7 - 13 JUIN 2013 ZAMAN FRANCE

Les musulmans n’ont pas toujours prié vers La Mecque

A lire

chANgeMeNt de qIblA Après l’hégIre L’islam s’inscrivant dans la tradition des religions du Livre, il était naturel que la qibla des juifs et des chrétiens fut aussi celle des premiers musulmans. Il était significatif néanmoins que lorsqu’il était encore à La Mecque, le Prophète veillait, en priant dans la direction de Jérusalem, à ce que la Kaaba soit toujours située face à lui. La Kaaba, lieu sacré des Arabes polythéistes, était aussi un lieu sacré musulman qui s’ignorait encore : n’était-ce pas Abraham lui-même, aidé de son fils Ismaël, le père des Arabes, qui l’avait construite ? Aussi, est-ce au nom de cette même tradition abrahamique, qui explique que Jérusalem a été une qibla, que la Kaaba va en devenir une à son tour. En réalité, le redevenir : elle était celle d’Abraham, rapporte l’exégète alTibrizi. Et l’islam est retour à la pureté du monothéisme originel, celui d’Abraham. Installée à Médine, la jeune communauté musulmane n’avait plus besoin d’être distinguée des polythéistes de la Mecque. Or «nous n’avions fixé la direction vers laquelle tu t’orientais initialement que pour distinguer ceux qui suivraient le Prophète de ceux qui se détourneraient de lui» (Coran, II : 143). Ce changement de qibla a eu

lieu un peu moins d’un an et demi après l’Hégire. L’exégète al-Baydhawi rapporte que lors d’une prière collective, Muhammad avait effectué la première moitié de la prière du dhuhr en direction de Jérusalem, puis la seconde dans celle de La Mecque. La mosquée des Banou Salima dans laquelle cette prière a été effectuée prit alors le nom de Masjid al-Qiblatayn, la «Mosquée des Deux-Qiblas».

«oÙ qUe voUs soyez, dIeU voUs rAMèNerA toUs à lUI» Aux interrogations des fidèles, «Qui donc les a détournés de la direction vers laquelle ils s’orientaient pour la prière ?», Dieu répond «Dis-leur : «Orient et Occident appartiennent également à Dieu, qui dirige qui Il veut vers le droit chemin»» (Coran, II : 143). De même qu’Il enjoint : «Tourne donc ta face vers la Mosquée sacrée [ô Muhammad] ! Et vous, croyants, où que vous soyez, tournez-vous dans cette même direction !» Mais sans doute ce changement de qibla viset-il à amener les hommes à réaliser qu’en définitive, seules les actions comptent : «A chacun une direction vers laquelle il s’oriente pour accomplir sa prière. Mais l’essentiel est de chercher à vous surpasser les uns les autres dans l’accomplissement du bien, – car, où que vous soyez, Dieu vous ramènera tous à Lui.»

& à voir...

Un hommage aux hommes des campagnes d’Anatolie Remarquable portrait de la population des campagnes d’Anatolie, Polluting Paradise est aussi et surtout un émouvant plaidoyer pour le courage civique. Tout commence en 2006, alors que Fatih Akin (Ours d’or en 2004 pour Head-On) achève le tournage de De l’autre côté (Prix du scénario, Cannes 2007). Le réalisateur découvre que le village de ses grands-parents,

Çamburnu, est victime d’une véritable catastrophe écologique : dans ce «petit paradis» niché dans les campagnes du nordest de la Turquie, où les gens vivent traditionnellement de la pêche et de la culture du thé, une décharge gigantesque a été implantée. Durant cinq années, armé de sa caméra, Akin va rejoindre dans leur lutte le maire et les habitants. Il filme ainsi

leur combat contre une administration puissante. Air infecté, nappe phréatique contaminée, nuées d’oiseaux et meutes de chiens errants qui assiègent le village, le réalisateur des catastrophes auxquelles doivent faire face des villageois démunis qui pourtant ne désarment pas. Car, chaque jour, des tonnes d’ordures sont encore apportées à la décharge….

Polluting Paradise, réalisé par Fatih Akin (documentaire, Turquie/Allemagne, 2012, 1h38). Sortie en salles le 29 mai.

fanfaraï

Un groupe français qui allie le jazz et le raï à la musique et aux chants turcs, mais aussi aux répertoires traditionnels de l’Amérique latine.

la couleur des âmes

Multipliant les compositions en solo, ou en trio avec les percussionnistes Houcine Baquir et Said El Maloumi, Driss El Maloumi est en passe de devenir un des grands noms du oud. Il a travaillé notamment avec Jordi Saval, l’ensemble Hesperion XXI, Alla et Marcel Khalifé. Le 13 juin à 20h30 Institut du monde arabe Place Mohammed V 75005 Paris

eXposItIoN

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faisant sa prière, ainsi que le rapporte l’Ancien Testament (Daniel, VI : 11).

Visite guidée de l’exposition de sculptures calligraphiques Lumière invisible. Puis, dans l’atelier, chacun façonne sur une plaque de métal des calligraphies du mot nour («lumière», en arabe) gravées en filigrane, et réalise son photophore. En famille, à partir de 6 ans.

Le 7 juin à 20:30 studio de l’Ermitage 8, rue de l’Ermitage 75020 Paris

Aubervilliers-goutte d’or : des territoires en mouvement

Collages, textes et dessins, installations sonores et vidéos, les élèves des collèges Clemenceau (Paris 18e) et Rosa Luxemburg (Aubervilliers) se sont penchés de manière artistique sur la question des mutations de leur quartier. Entrée libre. Du 13 juin au 27 juillet Institut des cultures d’Islam 19-23, rue Léon 75018 Paris

tAble roNde

seyfeddINe beN MANsoUr LILLE Mardi 28 mai à 11h18, la Kaaba était sous le soleil exactement. Comme le rappelle le site Al Kanz.org, l’événement astronomique se produit deux fois l’an. Se rapprochant du zénith de La Mecque, l’astre se retrouve en effet à la verticale de la Kaaba. Centre du monde terrestre, le cube sacré trône au milieu de la Mosquée sainte à La Mecque. C’est vers lui que chaque jour se tournent des centaines de millions de musulmans à travers le monde. Pour prier, certes, mais aussi pour faire des invocations (du‘a), et, lors du pèlerinage, passer de l’état d’ihlâl à celui d’ihrâm (consécration rituelle) et vice versa. C’est vers la Kaaba encore que l’on dirige la tête de l’animal à immoler au nom du Tout-Puissant, et que l’on tourne le visage des défunts avant de les ensevelir. Cette direction se nomme la qibla. Une direction importante au point que les musulmans ont pu se désigner euxmêmes comme étant le «Peuple de la qibla et de la communion» (Ahl al-qibla wa-l-jamâ‘a). Pourtant, c’est dans une autre direction que, dans les premiers temps de la Révélation, le Prophète et les fidèles se tournaient : vers Jérusalem. C’était, du reste, la qibla juive, et celle aussi des premiers chrétiens (esséniens, nestoriens et jacobites). Celle que devait observer le prophète Daniel trois fois par jour en

calligraphies lumineuses

Jusqu’au 6 juillet, le samedi de 15:00 à 17:00 Institut du monde arabe Place Mohammed V 75005 Paris

coNcert

prier face à la Kaaba, ce n’est pas l’adorer en tant qu’objet, mais c’est pour tous les musulmans le moyen de renforcer l’unité de la communauté, en priant le même Dieu, dans la même direction.

AtelIer de créAtIoN

AGENDA CULTUREL

féministes et musulmanes ? Une comparaison france / grande-bretagne

Un débat sur les formes de participation politique des femmes musulmanes sur la base d’une comparaison entre les deux réalités française et britannique. Avec Danièle Joly (Université de Warwick), Marie Curie (EHESS) et Zahra Ali (IFPO). Une rencontre animée par Marie Poinsot (revue Hommes et Migrations). Le 8 juin à 12:00 Institut des cultures d’Islam 19-23, rue Léon 75018 Paris


OPINION15

7 - 13 JUIN 2013 ZAMAN FRANCE

Les erreurs politiques de l’AKP Au pouvoir depuis dix ans, le Parti pour la Justice et le Développement, qui était loué pour son esprit réformiste, multiplie les erreurs politiques et démocratiques. sûr de sa force électorale, le gouvernement se montre trop confiant pour la chroniqueuse Lale Kemal.

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LALE

Le gouvernement turc ne s’est pas seulement lassé de mettre en œuvre des réformes depuis les élections législatives de juin 2011 qui l’ont hissé au pouvoir pour la troisième fois. Il s’est également montré bien trop confiant, ce qui lui a fait commettre des KEMAL erreurs. Pour commencer, le Parti pour la Justice et le Développement a mal appréhendé la politique syrienne. Erdogan prévoyait la chute du président syrien, alors que Bachar Al-Assad est toujours là deux ans après le conflit. L’AKP n’a pas non plus mis en place de nouvelles réformes qui rendraient le système de tutelle militaire obsolète. Celui-ci a aussi tenté d’éliminer la transparence dans les vérifications des comptes des institutions publiques. Quelques exemples donc, parmi d’autres, qui montrent que le pays a entamé une régression démocratique. Plutôt ironique quand on pense que ce même gouvernement a contribué à introduire plus de démocratie en Turquie.

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«Le gouvernement s’est montré bien trop confiant, ce qui lui a fait commettre des erreurs» lA loI sUr l’Alcool oU lA goUtte d’eAU qUI fAIt déborder le vAse Le Premier ministre a, au contraire, mené sa politique comme s’il revenait au statu quo, en d’autres termes au système de tutelle militaire. Il suffit de voir la loi établie par l’AKP et récemment approuvée par le Parlement interdisant la publicité pour l’alcool et limitant la vente de boissons alcoolisées. Nombreuses sont les personnes qui voient l’adoption

de cette loi comme une autre tentative de promouvoir une politique davantage musulmane. Certes, des restrictions sont imposées sur la vente d’alcool dans certains pays démocratiques également. Mais les justifications d’Erdogan ont été critiquées de toutes parts. Il s’est, en effet, défendu en disant que ces limitations empêcheraient les jeunes d’être ivres nuit et jour. Cette fausse idée que les consommateurs d’alcool seraient tous alcooliques a été fustigée par de nombreux Turcs. Même le Parti d’action nationaliste (MHP), jeune parti de l’opposition qui a pourtant

décembre 2010. L’AKP, qui avait fait adopter cette loi, insiste aujourd’hui pour la modifier. Dans son discours prononcé à Ankara à l’occasion de la cérémonie du 151e anniversaire de la Cour des comptes le 29 mai, Erdogan a déclaré que cette dernière représentait une gestion publique transparente et responsable. Mais ces remarques contredisent les tentatives de son gouvernement de constituer des amendements à la loi qui laisseraient place, de façon inévitable, à une plus grande corruption.

des réforMes cIvIles plUtÔt qU’électorAlIstes Le Premier ministre devrait plutôt s’occuper des réformes militaires et civiles s’il veut vraiment introduire des normes démocratiques

en Turquie. Non seulement les conservateurs turcs mais également les laïcs modérés, qui luttent pour plus de libertés, ont toujours soutenu le parti de l’AKP. Le pourcentage de leurs votes pour l’AKP qui était de 30 % en 2002 s’est élevé à 50 % lors des dernières élections législatives de 2011. Le professeur Eser Karakas a souligné, dans le quotidien turc Star le 27 mai, que le gouvernement avait privilégié récemment les décisions électoralistes au détriment des réformes. Il suggère, par exemple, que l’AKP mette en œuvre des changements démocratiques qui répondent aux demandes de Turcs et de Kurdes maintenant que les militants du PKK ont commencé à quitter le pays. Malheureusement, le gouvernement ne retrouvera peut-être pas cet esprit réformiste qui le caractérisait et qui avait réussi à convaincre une majorité de Turcs. loglu@todayszaman.com

soutenu ardemment la loi sur les restrictions de vente d’alcool, a vivement réagi à cette opinion.

lA trANspAreNce bIeNtÔt obsolète ? Evoquons également la volonté du gouvernement de mettre en place des amendements à la loi de la Cour des comptes visant à étouffer la transparence vis-à-vis des dépenses publiques. Cette dernière est chargée de vérifier les comptes des dépenses publiques, comme le stipule une loi approuvée en

le bonheur : un objectif insaisissable sevgI AKArcesMe En Turquie, de plus en plus de librairies regorgent de livres sur le développement personnel. En jetant un coup d’œil aux best-sellers, je tombe à chaque fois sur des ouvrages qui prétendent détenir la clé du bonheur, de la confiance en soi et de la richesse, en seulement quelques étapes. Je ne suis pas contre ces livres. J’en ai même lu quelquesuns, du moins les plus crédibles. Mais le nombre de personnes qui recherchent désespérément le bonheur me surprend toujours. Ce nombre devrait d’ailleurs nous interpeller, car cela signifie que le malheur est bien présent dans notre société.

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edité par : source sarL 2, boulevard saint Martin 75010 ParIs Directeur de la publication : HÜSEYİN KARAKUŞ rédacteur en chef : EMRE DEMİR e.demir@zamanfrance.fr Gestionnaire administratif : FAHRETTİN TEKİN f.tekin@zamanfrance.fr rédacteur en chef adjoint : FOUAD BAHRI f.bahri@zamanfrance.fr secrétaires de rédaction : BAYRAM ŞEN b.sen@zamanfrance.fr

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ce qUI fAIt Notre MAlheUr, c’est Notre solItUde La plupart des personnes ont grandi avec l’idée que les gens malheureux n’étaient pas aimés. Pourtant, le malheur est devenu partie prenante de nos vies dans un monde qui se modernise sans cesse. Nous avons beau être devenus plus riches et avoir un accès toujours plus facile à la

technologie et à l’information, nous avons également de plus en plus soif de bien-être. Nous n’avons jamais été autant connectés les uns avec les autres et pourtant, nous nous sentons de plus en plus seuls.

reMplAcer lA qUÊte dU boNheUr pAr lA qUÊte dU bIeN-Être La modernité force les êtres humains à gonfler leur «moi» en demandant toujours plus, et en cela, elle est la pire ennemie de tout individu. Dans la pensée musulmane, les «nefs», terme qui pourrait se traduire par «soi-même», est l’équivalent du «moi». Cette idée que le «moi» amène à avoir des pensées négatives a récemment été adoptée par des professeurs «spirituels» tels qu’Eckhart Tolle, auteur du Pouvoir du moment présent. Ces derniers ont défini le «moi» comme une entité dont les gens doivent être conscients. La volonté d’atteindre le bien-être intérieur a surpassé celle du bonheur dans ces enseignements. Ils insistent davantage sur la «paix du cœur». Je ne suggère pas par-là que

nous devrions abandonner notre quête du bonheur, mais le bonheur est un état temporaire et non pas constant. Nous pourrions par exemple rechercher la quête de la paix de l’esprit et du cœur. De l’autre, il serait peut-être plus facile d’«atteindre le bonheur» si nous arrêtions de le chercher. Après tout, celui-ci est un but quasiment inaccessible dans le monde d’aujourd’hui et même le plus grand best-seller serait incapable de nous en donner la formule magique !


Michel Platini réclame à nouveau une police du foot Michel Platini, président de l’UEFA, a renouvelé vendredi dernier son appel à la création d’une police européenne du football pour lutter contre les matchs truqués, le hooliganisme et le dopage qui, selon lui, «empoisonnent le football de l’intérieur».

José Mourinho fait son retour à Chelsea Chelsea a officialisé lundi le retour sur son banc de José Mourinho. Le Portugais, passé par les Blues de 2004 à 2007, s’est engagé pour quatre ans avec le club londonien.

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Chelsea a déroulé lundi le tapis rouge à José Mourinho, de retour six ans après comme entraîneur du club de Premier League où il est devenu le «Special One». Le Portugais, qui a refermé le week-end dernier la parenthèse du Real Madrid, avait remporté le titre de champion d’Angleterre en 2005 et 2006 lors de son premier passage chez les Blues, avant de tomber en disgrâce en 2007. Il s’est engagé pour quatre ans avec le club londonien. «Je suis ravi d’accueillir à nouveau José à Chelsea. Ses succès dans la durée, sa volonté et son ambition en ont fait un candidat parfait», dit dans un communiqué le directeur général de Chelsea, Ron Gourlay. «Il était et il reste une personnalité extrêmement populaire au club et tout le monde ici a hâte de travailler à nouveau avec lui», poursuit le dirigeant. Le désir était réciproque, tant le technicien avait fait part ces derniers mois de son envie de revenir. «Maintenant, je peux dire que je suis l’un des vôtres», a lancé José Mourinho dans un message adressé aux supporters sur la chaîne du club Chelsea TV. «Je n’ai jamais caché qu’en matière de football j’ai deux amours, l’Inter Milan et Chelsea. Et Chelsea est plus qu’important à mes yeux», a-t-il ajouté.

Attendu par les supporters Le secret était déjà largement éventé. José Mourinho était libre de ses engagements au Real depuis son dernier match samedi dernier. «Je sens que les gens m’aiment là-bas», avait déclaré le technicien de 50 ans, qui avait posé ses valises à Londres pour la première fois en 2004. «La vie est belle et courte. Il faut donc chercher ce qu’on croit être le meilleur», avait ajouté le Portugais, qui a également réussi à Porto – où il a décroché sa première Ligue des champions – et à l’Inter Milan. Une grande partie des supporters de Chelsea attendaient ce retour, et la nomination en novembre de l’Espagnol Rafael Benitez, jamais vraiment adopté par le public de Stamford Bridge, avait encore renforcé sa cote de popularité. «D’après moi, 95 % des supporters de Chelsea sont heureux que José revienne», a déclaré à la chaîne Sky Sports l’ancien défenseur Ron Harris. A Chelsea, il n’est pas parvenu à dominer l’Europe mais le club a fini par y arriver sans lui : les Blues ont gagné la Ligue des champions l’an dernier et la Ligue Europa cette saison. Cette année, ils ont fini à la troisième place et retrouveront donc la grande Europe à la rentrée, cette fois sous les ordres de José Mourinho.

José Mourinho retourne à Chelsea, six ans après son départ forcé.


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