Mardin et Midyad, trésors cachés DECOUVERTE11
Petites mains vertes
Le Qatar, un fantasme très français
FAMILLE12
INTERNATIONAL10
28 JUIN - 4 JUILLET 2013 N° 271 Prix : 2,5 €
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Quel est l’avenir des relations turco-arabes ? boxe thaï : deux Franco-turcs à Paris Une fois encore le Best of Siam aura fait carton plein. Pour sa quatrième édition, le désormais célèbre gala de boxe thaï s’est tenu à la halle Carpentier à Paris, le 20 juin. RSPORT 16
Partout, à Alger, Tunis, au Caire mais aussi à Istanbul, des signes l’attestent : la relation turco-arabe est une relation d’avenir. Jusqu’à un passé récent, cette relation n’était pas positive. Mais l’ascension économique de la Turquie, de son côté, a ouvert des ponts. Zaman France fait le point sur une relation qui n’a pas fini de faire parler d’elle.
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L’image de la Turquie chez ses voisins arabes est celle d’un pays prospère depuis l’accession au pouvoir du Parti pour la Justice et le Développement (AKP) en 2002. Le rapprochement de la Turquie et du Moyen-Orient et la montée du Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, qui soutient la
EDITO
cause palestinienne et la région a favorisé un sentiment de respect et d’admiration de la part du monde arabe pour la Turquie. Pourtant, les Turcs ont une meilleure opinion des pays d’Europe que des pays arabes. Un changement sans doute dû au printemps arabe de 2010-2011. R TURQUIE 07
«La Turquie fait plus rêver les Algériens que la France»
Lors de l’inauguration de la Villa Méditerranée, à Marseille, Zaman France a rencontré Bruno Ulmer, l’un des organisateurs de la grande exposition sur le thème des mobilités. RCULTURE 13
«Erdogan doit consulter ses citoyens avant de prendre des décisions» -
La journaliste Yonca Poyraz Dogan de Zaman a interrogé Nur Yalman, anthropologue social turc reconnu et enseignant à l’université de Harvard, au sujet des récents événements de Gezi. RTURQUIE 06
Turcs et Arabes : les enjeux d’une relation r02
La Turquie selon Der Spiegel
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Si je n’avais pas vécu sur le territoire turc, j’aurais pu penser que la Turquie, en voyant la une de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, était une «prison à ciel ouvert». Si j’étais Allemande, je serais persuadée que le pays est à feu et à sang. Malgré toutes les tragédies qu’ont subi certains Turcs en Allemagne, Nationalsozialistischer Untergrund, l’hebdomadaire a traduit pour la première fois son article principal en turc. ROPINION 15
Zaman Okur Hattý: 01 42 00 19 36
L’appel du 18 juin pour un islam de France
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Pour le recteur de la Grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, les élections aux conseils régionaux du culte musulman (CRCM) ne sont pas représentatives. Le 18 juin, avec plusieurs représentants de mosquée, il a souhaité créer un mouvement baptisé Mosquées et musulmans solidaires. RFRANCE 03
Les Français encore accro aux JT -
France 2 va mettre fin à son journal télévisé de nuit, tout en images, alors qu’une étude montre que les Français restent encore très attachés à l’information télévisée. RCOULISSES DE L’INFO 05
02 FRANCE
La majorité et l’épine du FN
EDITO LA RÉDACTION
mardi 25 juin, François hollande a promis de tirer les enseignements de la législative du Lot-etGaronne, huitième désaveu pour le parti socialiste depuis juin 2012, alors que la majorité se divise sur les remèdes à l’essor du Front national. L’aile gauche du ps prône une nouvelle ligne politique tandis qu’à l’UMp, le débat entre «droitiers» et «modérés» est relancé.
Turcs et Arabes : une relation d’avenir Partout, à Alger, Tunis, au Caire mais aussi à Istanbul, des signes l’attestent : la relation turcoarabe est une relation d’avenir. Jusqu’à un passé récent, cette relation n’était pas positive. Un rejet mutuel, ou à tout le moins, une méfiance présidaient aux représentations mutuelles entre peuples arabes du MoyenOrient ou d’Afrique du Nord et turcs. Les premiers accusaient les seconds d’hégémonisme néo-ottoman et de visée impériale et les Turcs, en dignes héritiers du nationalisme hérité du kémalisme, véhiculaient toutes sortes de clichés négatifs sur les Arabes. La période politique ouverte par l’AKP a modifié partiellement cette donne psychologique. La rhétorique du modèle turc, reprise par les partis islamistes victorieux aux dernières élections en Tunisie, Egypte et ailleurs, avait brisé la glace. Mais cette relation n’a pas encore donné tous ses fruits. Les principaux freins restent et demeurent les carcans nationalistes de tout bord, loin, très loin pourtant des valeurs universelles musulmanes que ces peuples partagent. L’ascension économique de la Turquie, de son côté, a ouvert des ponts. En Algérie, la Turquie s’est déjà progressivement substituée à l’eldorado français comme en témoigne Bruno Ulmer, cinéaste connaisseur de ces deux rives qui a inauguré une exposition à la Villa Méditerranée sur le thème de la mobilité. Mais les enjeux sont aussi en France. La communauté turque côtoie et vit quotidiennement avec ces communautés arabes, et leurs enfants, désormais français, aspirent à construire un avenir commun en France. Les mariages mixtes entre eux, encore timides et freinés par des conservatismes ethniques, commencent à se développer et soulignent que ce que Turcs et Arabes partagent dépassent infiniment ce qui peut les séparer. Deux éléments favoriseront en France cette entente mutuelle : l’émergence d’une culture française qui leur est propre et qu’ils partagent et un socle de valeurs et de convictions religieuses qui les unit par la force des choses. La conclusion est donc claire : que ce soit au Machrek, au Maghreb ou en France, Turcs et Arabes n’ont pas fini de se dire des choses. info@zamanfrance.fr
28 JUIN - 4 JUILLET 2013 ZAMAN FRANCE
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Privilégiant la tactique électorale, la direction du PS défend la pertinence du «front républicain» en vue des élections municipales et européennes de 2014 là où l’aile gauche du parti prône des réponses de fond – une nouvelle ligne politique – pour ne pas s’aliéner l’électorat populaire. Le député de Seine-Saint-Denis Razzy Hammadi, membre de l’aile gauche du PS, s’est fait sèchement rappeler à l’ordre par Harlem Désir et son entourage pour avoir appelé dimanche via Twitter à «la fin de l’automacité» du «front républicain». Le premier secrétaire du PS a réaffirmé lundi la nécessité de «faire barrage à l’extrême droite». Le PS, dont le candidat a été éliminé dès le premier tour à Villeneuve-sur-Lot, dans l’ex-circonscription de Jérôme Cahuzac, avait appelé à faire barrage au Front national au second tour. L’UMP Jean-Louis Costes l’a emporté avec 53,76 % des voix, mais son adversaire FN Etienne Bousquet-Cassagne (46,24 %) a vu son score nettement progresser. De 8.552 voix au premier tour à 15.647 voix au second, ce jeune étudiant est passé de 11 % à 21 % des inscrits.
«DES RÉPONSES DE FOND» Pour Thomas Guénolé, «Marine Le Pen a raison de dire que le front républicain est mort», mais ce n’est pas parce que les électeurs PS préfèrent voter FN plutôt qu’UMP». Le politologue juge peu probable un report de voix socialistes sur le candidat FN, comme l’avancent des responsables de l’UMP. «Jusqu’à présent, mis en demeure de choisir entre l’UMP et le FN, les électeurs du PS se sont toujours répartis entre l’abstention et le vote de front républicain pour l’UMP. Leur comportement de vote le plus probable est qu’ils sont massivement restés chez eux». Une forme de renoncement et de défiance dans un bas-
marine Le Pen, présidente du Front national.
tion historique du radical-socialisme face à une politique qu’ils désapprouveraient, au-delà du retentissement de l’affaire Cahuzac qu’avaient pu invoquer d’emblée l’Elysée et Matignon. Un «très gros coup de semonce politique», juge la ministre écologiste Cécile Duflot, qui a déclaré sur France Inter que le «front républicain» n’était plus «une réponse suffisante». «La question maintenant, c’est comment la gauche agit aux municipales ?», dit-on.
«bEAUCOUP DE mAL» Harlem Désir a parlé lundi d’«intensification » des mesures gouvernementales. «L’essentiel, c’est l’intensification de tout ce que nous devons faire pour l’emploi, la ré-industrialisation, répondre aux problèmes des agriculteurs, le maintien et le renforcement des services publics dans les zones rurales», a-t-il dit à la presse. Pour Dominique Reynié, «la majorité électorale de François
Hollande est en train de disparaître». «Il ne faudrait pas qu’une difficulté économique plus grave survienne, parce que là, il serait très exposé. Il va avoir beaucoup de mal si le chômage continue à augmenter», a-t-il expliqué à Reuters. Si le gouvernement «ne relève pas le gant sur ces enjeux économiques, nous sommes en position de faiblesse», a affirmé sur France Info le président du groupe UMP à l’Assemblée, Christian Jacob. «Le Front national progresse à chaque fois que nous avons un taux de chômage élevé». L’analyse dispensée par le président de l’UMP ne fait toutefois pas l’unanimité au sein du parti d’opposition où le débat entre «droitiers» et «modérés» reprend de la vigueur quant aux moyens de capter l’électorat du FN. «La meilleure réponse au FN, c’est l’unité de l’UMP», alliant ses «deux cultures», «la droite décomplexée et la complexité des centres», a résumé l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin sur RTL. PHOTODE DELA LASEMAINE SEMAINE PHOTO
Le funambule américain Nik Wallenda a traversé les gorges de la rivière Little Colorado, dans l’état de l’Arizona à l’est du Grand Canyon et à 450 mètres de hauteur, sans filet ni harnais de sécurité.
...ET UNE mAUVAISE
UNE bONNE...
Deux jeunes agressés par des skinheads à Agen
Une étude ifop pour France Bénévolat publiée le 18 juin révèle que 40 % des plus de 15 ans «donnent du temps gratuitement aux autres ou pour contribuer à une cause». 40 millions de Français font du bénévolat et parmi eux 12,5 millions agissent dans des associations, un chiffre qui marque une progression de 12 % par rapport à l’année 2010. La
deux jeunes venus assister à un festival de rock à Agen (Lot-et-Garonne) ont été violemment agressés dimanche par un groupe de sept personnes de la mouvance d’extrême droite skinhead, selon reuters. Les deux victimes, âgées d’une vingtaine d’années, ont été passées à tabac alors qu’elles venaient de quitter le festival, une manifestation organisée chaque année par des bénévoles proches de
ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative, Valérie Fourneyron, a commenté l’enquête en la présentant comme une victoire sur les «discours catastrophistes». «Oui, dans les périodes difficiles, les Français font preuve de fraternité et d’entraide. Oui, ils s’investissent dans des causes d’intérêt général», a déclaré la ministre à la presse.
l’extrême gauche. L’une des victimes d’origine maghrébine a subi également des insultes racistes. son état a justifié un arrêt de travail de quinze jours. Les sept agresseurs, dont deux filles, sont âgés de 22 à 30 ans. Certains seraient connus pour être proches du groupuscule d’extrême droite «Troisième voie», mis en cause lors de la mort du militant d’extrême gauche Clément Méric à paris début juin.
NOUVELLE
Les Français de plus en plus bénévoles
03 FRANCE
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28 JUIN - 4 JUILLET 2013 ZAMAN FRANCE
Je «condamne avec la plus grande fermeté l’agression dont a été victime une jeune femme musulmane» C’est ce qu’a déclaré Jean-Luc Nevache, préfet du Val-d’Oise, à la suite de l’agression d’une jeune femme voilée enceinte, qui a par la suite perdu son bébé.
Pour l’UOIF, l’Etat français est responsable de l’échec du CFCM L’UOIF (Union des organisations islamiques de France) a animé mercredi 19 juin une conférence de presse afin de présenter son nouveau président Amar Lasfar, élu le 9 juin, en présence d’Ahmed Jaballah, l’ancien président par intérim. La principale fédération d’associations musulmanes de France est revenue sur les causes de son retrait du CFCM (Conseil français du culte musulman). Zaman France était présent. DALILA bOUAZIZ paris L’UOIF s’était déjà retiré du CFCm avant d’y revenir. Pourquoi vous êtes-vous retiré cette fois-ci ? Nous voulions mettre fin auxs ingérences politiques étrangères. Le CFCM doit être la voix unique de l’islam et des musulmans de France. Aujourd’hui, le CFCM a créé davantage de divisions entre les musulmans de France, à partir de leur appartenance ethnique, comme si on parlait d’une organisation internationale qui regroupe des pays étrangers. Dès le départ de sa création, nous (l’UOIF) avions constaté qu’il y avait une logique à garder les musulmans de France autour de leur appartenance d’origine. Avec les générations qui arrivent, nous devons voir les choses autrement. Nous avons participé au CFCM afin de faire évoluer les mentalités.
Le nouveau président de l’UOIF Amar Lasfar, (à droite) élu le 9 juin, en présence d’Ahmed Jaballah, l’ancien président par intérim.
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Comment expliquer cet échec ? Lors de notre retrait il y a deux ans, nous voulions sortir de ces clivages avec la nouvelle réforme que nous avions approuvée. On a réussi à réformer les structures mais pas les mentalités. Mais le problème demeure purement poli-
tique. On ne peut pas représenter les musulmans en consultant telle ou telle chancellerie. Il y a une responsabilité de l’Etat français dans l’échec du CFCM. On prend à la légère l’islam de France. Le CFCM avant de représenter les musulmans doit d’abord les défendre, ensuite les servir, puis les représenter. Le CFCm est donc inutile ? C’est un très bon cadre juridique, mais ce n’est pas la bonne gouvernance, la bonne méthode. Ce ne sont pas ses partenaires que l’on doit changer, c’est sa politique. Quant à la présidence tournante, nous avons compris qu’elle ne nous sera pas attribuée avant 2017 ! Alors même que les deux autres fédérations, Grande mosquée de Paris (GMP) et Rassemblement des musulmans de France (RMF) l’ont déjà pilotée à deux reprises depuis sa création. Que reproche-t-on exactement à l’UOIF ? On reste ouvert au dialogue mais on ne veut pas se précipiter.
Quelles seront les grandes lignes de votre mandat ? Ma vision est claire, nous marcherons dans les traces de nos prédécesseurs. Je me considère comme un animateur d’équipe. La représentation sera un dossier phare de mon mandat : «Comment représenter les musulmans de France ?» La jeunesse est un axe prioritaire. Premièrement, les former à être musulmans. On ne peut pas avoir des musulmans dans notre pays sans les former et les éduquer. Accentuer l’ouverture vers les autres cultes. Nous devons encourager le dialogue. Mais également investir dans l’éducation de la communauté, l’enseignement privé compris. Il y a actuellement 23 établissements d’éducation privés, ils seront une trentaine à la rentrée. Enfin, nous devons continuer à cultiver l’islam citoyen : comment banaliser l’islam dans notre pays, pour qu’on arrête de regarder les musulmans de France d’abord comme musulmans. Et cultiver l’esprit de fierté d’appartenir à la
nation française et être un élément positif dans notre pays. Que pensez-vous de la multiplication des actes islamophobes ? Il y a une vraie inquiétude des musulmans de France. A part le préfet du Val-d’Oise, lors de l’agression de la jeune femme voilée et enceinte à Argenteuil, la classe politique est restée silencieuse, alors qu’elle s’était mobilisée par exemple lors de la fausse agression antisémite du RER D en 2004. Nous ne pouvons pas accepter ce climat d’islamophobie qui se banalise de plus en plus. Des gens nous contactent pour nous dire qu’ils ont peur. C’est grave que des citoyens perdent confiance en l’égalité et en l’état de droit. Mais on ne va pas sombrer dans la culture qui consiste dire que la France n’aime pas l’islam. La France n’est pas un pays islamophobe. Mais il faut alerter les pouvoirs publics et faire cesser ce genre d’affaires en saisissant systématiquement la justice.
L’appel du 18 juin pour un islam de France -
A la mosquée de Strasbourg, pour son inauguration en septembre 2012.
Pour le recteur de la Grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, les élections aux conseils régionaux du culte musulman (CRCM) ne sont pas représentatives. Le 18 juin, avec plusieurs représentants de mosquée, il a souhaité créer un mouvement baptisé Mosquées et musulmans solidaires. Une structure qui se veut «ouverte à la jeunesse, aux femmes, aux intellectuels et aux Français convertis». Pour Kamel Kabtane, le CFCM ne reconnaît plus la légitimité des mosquées et les a reléguées au simple rang de «salles de prières». Au regard de l’exclusion de celles-ci du CFCM, il a décidé de «représenter l’ensemble des musulmans» au sein de Mosquées et musulmans solidaires. Revenir à l’essentiel et redéfinir les nouvelles normes qui doivent
présider à l’organisation de l’islam de France, tels sont ses objectifs. «On ne peut pas au XXIe siècle gérer l’islam comme au temps du Prophète. Il faut maintenant sortir de cette vision avec des normes qui n’ont pas cours en France», note le recteur de la Grande mosquée de Lyon.
UNE VRAIE RUPTURE AVEC L’INGÉRENCE ÉTRANGèRE ? A l’instar de l’Union des organisations islamiques de France, Kamel Kabtane dénonce l’ingérence étrangère dans l’islam français au sein du CFCM. «Nous voulons être citoyens de ce pays, apprendre à nos enfants et à la communauté musulmane que nous ne sommes plus des étrangers», indique le recteur. Mais parmi les signataires de l’ «Appel du 18 juin», le président
CRCM Ile-de-France-Centre, Bekkay El Merzak, appartient à la Fédération nationale des musulmans de France rattachée au Maroc et Kamel Chibout est président de la Fédération de la Grande mosquée de Paris Grand-Est, rattachée à l’Algérie… Le recteur de la Grande mosquée de Lyon s’en défend : «Je sais qui ils étaient, ce qu’ils sont. Ces gens ont compris l’intérêt de notre témoignage. S’ils ont adhéré, c’est qu’ils sont libres». Une vraie rupture ? «Nous voulons que les gens prennent conscience que quelque chose ne tourne pas rond. On ne peut avoir un pied ici et un là-bas. Ce n’est pas parce qu’ils ont été à la Grande mosquée de Paris ou à la Fédération nationale des musulmans de France qu’ils ne peuvent pas changer d’avis», conclut Kamel Kabtane.
Il y a tellement de vérités cachées à découvrir dans l’univers… La revue trimestrielle Ebru aborde les thèmes de la vie et de l’univers : elle présente l’individu et le cosmos sous les perspectives des sciences humaines, des sciences naturelles et de la foi…
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05 SOCIETE Moralisation politique : l’après Cahuzac
Les députés français ont adopté mardi 25 le plan de moralisation de la vie publique voulu par l’exécutif à la suite de l’affaire Jérôme Cahuzac, quatre textes qui visent notamment à renforcer la lutte contre la fraude et la corruption.
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Deux projets de loi portent sur la transparence, le troisième concerne la lutte contre la fraude fiscale et la grande délinquance économique et financière, le dernier crée un procureur de la République financier chargé de la lutte contre la corruption et la fraude qui ne pourra exercer cette fonction pendant plus de sept
ans. Les deux textes sur la transparence : ministres, parlementaires nationaux et ont été quelque peu «adoucis» par la com- européens, collaborateurs de cabinets mission des Lois du Palais-Bourbon. ministériels, présidents des assemblées et hauts fonctionnaires. Parmi les amenPEINES DURCIES POUR FRAUDE AGGRAVÉE dements retenus, l’un réduit de six à trois Ainsi, contrairement à ce que souhaitait mois l’indemnité versée aux ministres l’exécutif et à ce qui s’applique désormais quittant le gouvernement. S’agissant de aux ministres, les déclarations des patri- la lutte contre la fraude et la corruption, moines des élus ne seront pas publiées Le premier texte renforce les pouvoirs du mais simplement consultables en préfec- fisc et des douanes, aggrave les peines ture. Toute publication totale ou partielle encourues en cas de fraude et prévoit une d’une déclaration sera passible d’un an de coopération renforcée entre fisc et justice. prison et d’une amende de 45.000 euros Dans les cas de fraude aggravée, il durcit afin d’éviter ce que beaucoup d’élus qua- les peines jusqu’à sept années d’emprilifient de «voyeurisme». Finalement, la sonnement avec une amende de deux majorité a renoncé à plafonner les revenus millions d’euros. Des amendements ont d’une activité professionnelle à 50 % de été retenus comme celui qui élargit le stal’indemnité parlementaire, mais a décidé tut des «repentis» - jusqu’ici réservé à la que ceux-ci seraient désormais publiés. lutte contre le crime organisé - à la lutte Ces rémunérations annexes seront pu- contre les infractions économiques et bliées par une Haute autorité de trans- financières. Un autre amendement vise à parence de la vie publique. Cette dispo- mieux protéger les «lanceurs d’alerte» sition concerne près de 7.000 personnes des «délateurs» dit l’opposition.
Les enjeux de l’attractivité de Strasbourg -
Le Club d’affaires Medest a organisé une conférence intitulée «les enjeux de l’attractivité de Strasbourg» avec M. Olivier Bitz adjoint au maire de Strasbourg et M. Alain Fontanel, aussi adjoint au maire de Strasbourg en charge des questions budgétaires et financières et secrétaire national aux fédérations du PS et conseiller auprès du premier secrétaire Harlem Désir. Lors de son discours, le secrétaire général a mis en exergue le leadership de la ville dans plusieurs domaines : Strasbourg est le premier territoire binational d’expérimentation avec l’eurodistrict Strasbourg-Ortenau, accueille le premier fleuve
commercial d’Europe, le premier Collège doctoral européen et la première université unique de France. Au palmarès de l’Expansion, elle est la première agglomération écologique de France. Strasbourg est aussi la première ville d’expérimentation pour les véhicules hybrides rechargeables et enfin la première ville de croisière fluviale.
Atouts majeurs Alain Fontanel a mis à l’honneur le projet du Wacken-Europe qui comprend un quartier d’affaires, un parc des Eexpositions, un palais des Musiques et des Congrès. A propos du projet Eurométropole, le maire
a obtenu du président de la République François Hollande que la CUS se transforme en eurométropole, ce qui signifie plus de compétence économiques, sociales, mais aussi un rayonnement par un label reconnu au niveau national et international. Pour créer de la richesse il faut avoir des éléments d’attractivité. A Strasbourg ce sont l’accessibilité (TGV, aéroport),un segment économique fort et dynamique (université, centre de recherches, pôle de compétitivité) et la rencontre économique (investissement pour le Palais des congrès et le Parc des expositions). La conférence s’est terminée par des questions réponses et une
remise de présents aux intervenants par M. Oktay Yildirim, président du Medest et M. Salih Asan, vice-président du Medest et PDG de la Holding Pro-Inter. L’agglomération de Strasbourg est forte de nombreux atouts.
Coulisses de l’info
28 JUIN - 4 JUILLET 2013 ZAMAN FRANCE
Les Français encore accro aux JT François Fillon sur le plateau d’un JT.
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France 2 va mettre fin à son journal télévisé de nuit, tout en images, alors qu’une étude montre que les Français restent encore très attachés à la l’information à la télévision. L’enquête Digital News Report, publiée par la Reuters Institute for the Study of Journalism, compare le rapport à l’information dans neuf pays, parmi lesquels figure également la France. L’étude qui a été rendue publique le 20 juin décrit les Français encore attachés aux médias traditionnels, et notamment à la télévision, malgré l’importance du taux de pénétration d’Internet (80 %). La France est ainsi le seul pays de l’enquête où les moins de 34 ans gardent une certaine «loyauté envers la télévision», alors que, pour les autres pays du rapport, Internet représente la principale source d’informations pour les moins de 45 ans. C’est également en France que l’information en ligne a le moins de succès (23 %). L’information à la télévision est principalement incarnée par le traditionnel journal télévisé (JT). Sa principale caractéristique est que, non seulement l’information est ici visuelle, mais elle est aussi portée par un journaliste, dont l’apparence a une importance primordiale (vêtement, intonation, mimiques, etc.).
Le prix du succès, l’uniformisation En France, le premier journal télévisé, qui n’avait pas encore de présentateur, date du 29 juin 1949. Même s’il est malmené par l’information en ligne, le JT représente aujourd’hui la principale source d’information des Français, puisque les deux journaux de TF1 et France 2 rassemblent sur 18 millions de téléspectateurs audiovisuels, respectivement en moyenne chaque soir 23,4 % et 22 % de parts de marché. Mais cette popularité a un prix, dans la mesure où le souci d’un audimat le plus large possible a nécessairement un impact sur le mode de traitement de l’information, qui ici est plus scénarisé et présenté sous l’angle de la proximité avec le public. Dans Sur la télévision, Pierre Bourdieu constate l’existence d’un certain nombre de filtres qui tendent à l’uniformisation de l’information à la télévision. Etant donné la contrainte de temps, le JT est très sélectif dans les sujets présentés, qu’il ne peut d’ailleurs aborder en profondeur. Par ailleurs, le JT veut s’adresser à toutes les catégories sociales et tend ainsi à aseptiser son discours pour ne pas choquer le plus grand nombre et garder son audience. La télévision ne prend donc pas le risque de bousculer l’idéologie dominante – dont hier la bête noire était par exemple le communisme – voire l’alimente à travers une fonction sociale indéniable, symbolisée notamment par la dimension rituelle de la «grande messe» du 20 h.
06 TURQUIE
28 JUIN - 4 JUILLET 2013 ZAMAN FRANCE
«Erdogan doit consulter ses citoyens avant de prendre des décisions» La journaliste Yonca Poyraz Dogan de Zaman a interrogé Nur Yalman, anthropologue social turc reconnu et enseignant à l’université de Harvard, au sujet des récents événements de Gezi. Yonca Poyraz Dogan : Pourriez-vous nous faire part de vos impressions sur la Turquie et sa société turque en tant que résidant à l’étranger ? Nur Yalman : Ces dernières années, la Turquie a été un pays admirable, à l’image d’une étoile étincelante dans le ciel oriental. Forte de son développement rapide, la Turquie jouit d’un niveau économique élevé, d’élections libres et d’une population jeune. En outre, elle reçoit environ 31 millions de touristes par an. Quand les manifestations ont commencé, j’ai pensé que son gouvernement se montrerait à l’écoute de ses citoyens. Y.P.D. : Pouvez-vous développer cette idée ? N.Y. : Le gouvernement turc aurait pu montrer, s’il avait géré efficacement les manifestations, que la Turquie n’est pas seulement un pays avec un développement économique fort, mais aussi qui respecte les libertés individuelles. La Turquie aurait pu devenir, du jour au lendemain, une étoile plus étincelante qu’elle ne l’était déjà dans le ciel oriental. Mais la violence de la répression policière au parc de Gezi a été une terrible erreur. Y.P.D. : Comment analysez-vous la manière dont l’AKP a géré la crise ? N.Y. : Selon moi, l’AKP aurait dû gérer la crise comme de nombreux pays démocratiques. Certaines manifestations doivent être contenues pour le bien de l’ordre public, mais il existe des moyens persuasifs de le faire. De graves erreurs ont été commises. Les répressions à l’encontre de manifestants pacifiques ont été inacceptables et les scènes
d’attaques violentes ont fait mauvaise impression, même si les médias turcs ont refusé d’en parler. Le président Abdullah Gül et le Vice-Premier ministre Bülent Arinç s’en sont rendu compte et sont intervenus avant de présenter leurs excuses. Mais ces dernières ont été étouffées sur le champ par les déclarations sévères du Premier ministre à son retour du Maroc. Y.P.D. : Sentez-vous une lassitude des citoyens vis-à-vis du parti au pouvoir ? N.Y. : Selon le dernier sondage de l’américain Gallup, le soutien des Stambouliotes pour le Parti de la Justice et du Développement a chuté de 58 à 30 %. C’est une baisse considérable, mais pas si surprenante pour un parti au pouvoir depuis dix ans. Beaucoup de gens n’ont pas été satisfaits de plusieurs choses. En Turquie, quand le Premier ministre prend une décision, la population doit l’’accepter. Mais selon le processus démocratique, le Premier ministre doit consulter ses citoyens avant de prendre des décisions au sujet de leur quotidien.
70 %. La classe moyenne est devenue plus importante et demande à être davantage représentée. La question de la liberté a toujours été un sérieux problème en Turquie. Y.P.D. : La Turquie en est-elle à un moment critique en raison des élections qui se profilent ? N.Y. : Les élections ne sont pas synonymes de paix et de réconciliation. Elles tendent à faire ressortir les principaux enjeux. Mais ce qui va arriver est imprévisible. Que va devenir l’AKP ? Comme toute organisation de masse, l’AKP est une coalition et comprend des factions. Celles-ci pourraient émerger, tout comme celles des partis de l’opposition.
Y.P.D. : Pensez-vous que les Turcs soient descendus dans la rue parce qu’ils n’ont pas trouvé de moyen de s’exprimer via les partis de l’opposition ? N.Y. : Il semble que la démocratie n’est pas totalement respectée sur la scène publique. L’opposition est faible et divisée. Le profil de la population a radicalement changé : il y a dix ans, seulement 25 % de la population était urbaine alors qu’aujourd’hui, ce pourcentage est passé à
Des manifestants à l’entrée du parc de Gezi.
Les Stambouliotes seront consultés sur les projets urbains
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L’anthropologue turc Nur Yalman
La population d’Istanbul sera désormais davantage informée et consultée pour les nouveaux projets, a déclaré le maire Kadir Topbas, après une réunion de coordination. «Même pour déplacer un arrêt de bus, nous consulterons les usagers» a-t-il dit. Le maire d’Istanbul a insisté sur la désinformation en rappelant que «99 %» des 300 artistes et représentants d’organisations civiles présents dans les manifestations étaient là suite à une fausse nouvelle, selon laquelle les arbres du parc commençaient à être arrachés. Le maire a précisé qu’il n’avait rien à reprocher aux manifestants aux intentions honnêtes, mais qu’il déplorait les nombreux dégâts causés par les violences. Il a ajouté : «lors des prochaines initiatives, nous informerons la population. Tous les projets seront d’abord exposés. La population sera consultée». Kadir Topbas a par ailleurs ajouté que les sept agents municipaux impliqués dans les incendies de tentes durant l’occupation du parc de Gezi avaient été démis de leurs fonction et qu’une information judiciaire était ouverte contre eux.
Les cemevis bientôt reconnus officiellement -
Le gouvernement turc s’apprête à prendre diverses initiatives pour les 10 millions d’alévis de Turquie, afin de pallier les problèmes de cette communauté sur le territoire turc et de faire en sorte qu’elle se sente totalement intégrée. Ainsi, selon les deux quotidiens turcs Türkiye et Habertürk, le gouvernement prévoit la reconnaissance officielle du statut des cemevis en tant que lieux de culte et non comme centres culturels et compte demander aux municipalités de mettre à disposition des alévis des terrains à bâtir pour les cemevis.
Un «grand pas en avant» «Si ces mesures sont validées, elles représenteront un grand pas en avant», a déclaré à Zaman Izzettin Dogan, président de la Fondation Cem (NDLR rituel religieux alévi). L’AKP doit se réunir cette semaine pour travailler et finaliser le contenu de ces initiatives. Il a annoncé prendre toutes les mesures pour que la Fondation bektachi Haci Bektas Veli, du nom d’une grande figure alévie, puisse obtenir des fonds publics. Deux universi-
tés prendraient le nom de figures éminentes alévies ; l’université Nevsehir serait l’université Haci Bektas Veli et l’université Tunceli, l’université Pir Sultan Abdal, poète alévi du XVIe siècle. Enfin, les grandes figures religieuses obtiendraient un certificat de «chef religieux» ainsi qu’un salaire de l’Etat. Si les représentants alévis n’ont
pas encore été invités à rencontrer le gouvernement, Izzettin Dogan espère que le Premier ministre, qui doit rencontrer mercredi les membres de la délégation de personnalités turques pour le processus de paix, évoquera le problème des alévis en Turquie, condition sine qua non de l’établissement d’une paix durable dans le pays.
07 TURQUIE Le déséquilibre des relations turco-arabes 28 JUIN - 4 JUILLET 2013 ZAMAN FRANCE
Quels regards portent les Turcs et les Arabes les uns sur les autres ? L’analyste politique Abou Hussein nous en dresse le tableau, à l’aide de récents rapports à ce sujet publiés en Turquie.
Le tourisme arabe en Turquie s’est nettement développé ces dernières années.
Ahmed Abou Hussein ankara «Peut-être ne désirait-on pas tellement être aimé qu’être compris», écrivait George Orwell dans son roman 1984. L’image de la Turquie chez ses voisins arabes est celle d’un pays prospère depuis l’accession au pouvoir du Parti pour la Justice et le Développement (AKP) en 2002. Le rapprochement de la Turquie et du Moyen-Orient et la montée du Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, qui soutient la cause palestinienne et la région a favorisé un sentiment de respect et d’admiration de la part du monde arabe pour laTurquie.
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la popularité turque en Egypte En 2011, la Fondation turque pour la Formation économique et sociale (Tesev) a publié un rapport sur la perception arabe de la Turquie. Selon ce dernier, 78 % des personnes interrogées ont dit avoir une image positive de la Turquie, parmi lesquels 86 % d’Egyptiens. Pour le choix - sur liste - du pays contribuant le plus à la paix dans la région, 77 % ont choisi la Turquie. 61 % des personnes pensent que la Turquie est un «modèle» pour les autres pays de la région, tandis que 25 % l’ont désignée comme «futur leader économique de la région». Sur la base de ces statistiques, le rapport dégage les quatre raisons principales de la popularité de la Turquie : sa démocratie, son économie, son contexte musulman et sa laïcité. Une autre étude, menée par le
think tank américain Pew Research Center en 2011, a montré que les Arabes avaient plutôt confiance en Erdogan, en particulier les Egyptiens (78 %) et les Jordaniens (72 %). Ainsi les étrangers se fient plus au Premier ministre que les Turcs eux-mêmes. Mais quid de la perception turque des arabes ?
Pourquoi les Turcs ont une opinion mitigée de leurs voisins arabes En 2010, la Fondation turque pour la recherche politique, économique et sociale (Seta) a publié un rapport détaillé sur «l’image du monde arabe en Turquie». Ce rapport souligne que seuls 33,2 % des Turcs interrogés ont une «perception positive» de la population arabe, alors que 39,1 % en ont une «perception négative». L’Egypte est le pays qui a récolté le plus d’avis favorables de la part des Turcs. Ils ont été 42,7 % à déclarer avoir une image positive du pays d’Afrique du Nord. Ce pourcentage représente moins de la moitié de celui des Egyptiens interrogés, qui ont déclaré avoir une image positive de la Turquie. En outre, les Turcs ont une meilleure opinion des pays d’Europe que des pays arabes. Selon mes amis turcs, ce changement est sans doute dû au printemps arabe de 2010-2011. Pour d’autres, il montre l’impact du conflit syrien et ses retombées dans le sud de la Turquie. Le rapport ainsi que quelques anecdotes m’ont permis de dresser la liste des raisons de cette perception négative.
Les révoltes arabes contre l’Empire ottoman, qui ont valu aux Arabes l’appellation de «traîtres», sont la source de la première raison. La deuxième est l’alliance arabo-britannique qui s’est formée contre les Ottomans durant la Première Guerre mondiale. La troisième raison est d’ordre culturel, reflétée par les anciens films turcs décrivant les Arabes de façon superficielle. Selon le rapport de la Seta, ils étaient représentés «par le biais d’images de désert, de danseuses, de chameaux ou de narguilés. L’urbanisation, l’architecture moderne, les projets urbains et les développements technologiques modernes des pays arabes n’apparaissent pas dans ces films».
Lutter contre les préjugés et l’intolérance Je comprends que de nombreux Arabes soient vexés ou déçus. Toutefois, les préjugés
existent partout et le monde arabe ne fait pas exception. Les gouvernements turc et arabes, les sociétés civiles et les entreprises privées devraient produire des campagnes, des politiques, des programmes et des projets pour lutter contre les préjugés et l’intolérance. Et, même si, selon le rapport de la Seta, seuls 40 % des personnes interrogées en 2010 voyaient l’Arabie saoudite sous une lumière positive, 60 % de Turcs soutenaient les investissements saoudiens en Turquie. En somme, certains Turcs ne nous aiment peut-être pas, mais ils sont prêts à faire des affaires avec nous. Si nous, Arabes, aspirons à changer la perception du monde à notre égard, commençons par changer les opinions de nos voisins ! Ahmed M. Abou Hussein est un analyste politique égyptien. Il vit actuellement à Ankara.
Ce que sera la Turquie en 2023 -
La Turquie sera-t-elle le pays le plus puissant de la région du Moyen-Orient dans dix ans ? Si rien n’est encore certain, les chiffres d’une enquête menée par le département des relations internationales de l’université Fatih d’Istanbul semblent répondre par l’affirmative. Les élites de huit pays du MoyenOrient ont été interrogées au sujet de la politique étrangère de la Turquie et ses conséquences pour l’avenir de la région. Elles imaginent que la Turquie sera le pays le plus puissant de la région en 2023. Intitulée «Comment les élites du MoyenOrient perçoivent-elles la politique étrangère turque ?», ce sondage a été réalisé auprès de 439 personnes en Irak, en Syrie, en Tunisie, en Libye, au Liban, en Israël, en Palestine et en Egypte.
Une politique étrangère orientée vers le monde musulman ? À la question «Quel pays de la région qualifieriez-vous de puissance régionale ?», la majorité des sondés irakiens, égyptiens et libanais ont répondu l’Iran, alors que plus de 70 % des sondés tunisiens et libyens ont penché pour la Turquie. Plus généralement, plus de 60 % des personnes interrogées dans l’ensemble des pays pensent que la Turquie poursuit une politique étrangère orientée vers le monde musulman, point de vue partagé par une grande majorité de catholiques, protestants, chrétiens orthodoxes, juifs, sunnites et chiites de la région. Pour la plupart des personnes interrogées en Syrie, en Egypte et au Liban, la Turquie est le pays avec lequel les relations les plus étroites sont entretenues.
La position turque en Syrie est comprise L’expérience de démocratisation de la Turquie sera-t-elle source d’inspiration pour les pays du Moyen-Orient ? Plus de 50 % de sondés répondent par l’affirmative. La plupart des Syriens interrogés pensent que l’attitude adoptée par la Turquie pendant le printemps arabe reflète les valeurs démocratiques qu’elle défend. Selon 28 % de Syriens, cette attitude s’explique par la conviction en Turquie qu’un Moyen-Orient démocratique l’aidera à faire croître sa puissance économique et culturelle.
Le néo-ottomanisme en question 50 % de personnes interrogées en Irak, en Libye, au Liban et en Israël pensent que la Turquie poursuit une politique étrangère pro-religieuse, tandis que la majeure partie des sondés en Syrie, en Tunisie et en Egypte sont d’un avis contraire. Savas Genç, professeur à l’université Fatih, a noté que le nombre de personnes pour qui la Turquie mène une politique en faveur des sunnites et le nombre de personnes pour qui elle mène une politique néo-ottomane avec pour objectif de devenir leader du monde musulman est presque identique.
D’après une enquête internationale, les habitants du Moyen-Orient estiment que la position diplomatique turque se renforcera dans les dix prochaines années.
08 ECONOMIE
28 JUIN - 4 JUILLET 2013 ZAMAN FRANCE
Consommation : les députés se penchent sur les «actions de groupe» Les députés français ont engagé lundi 24 l’examen du projet de loi sur la consommation qui prévoit notamment la création d’une procédure d’action collective («class action») et d’un registre national des crédits aux particuliers.
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Les consommateurs peuvent maintenant engager des actions de groupe.
Ce texte comporte plus de 70 articles sur lesquels ont été déposés près d’un millier d’amendements. Il est soutenu par les groupes de la majorité, y compris celui du Front de gauche. «C’est une réforme ambitieuse de soutien à l’économie», a dit le ministre de l’Economie Pierre Moscovici. «Il s’agit de rééquilibrer les relations économiques, qu’il s’agisse des relations entre consommateurs et acteurs financiers ou bien entre les entreprises elles-mêmes». Pour le ministre délégué à la Consom-
mation, Benoît Hamon, le texte «fait des consommateurs des acteurs de la relance» et encourage «une consommation plus responsable et plus durable».
L’UMP dénonce un texte mis au point «dans la précipitation» «Il va renforcer l’insécurité judidique des entreprises et ne va pas améliorer la protection des consommateurs et encore moins leur pouvoir d’achat. C’est une occasion manquée avec les consommateurs», a déclaré Damien
Abad. L’UDI a dit vouloir examiner le texte «dans une démarche constructive et pragmatique». La mesure-phare du projet de loi est la création d’une procédure d’action collective qui permettra aux consommateurs s’estimant lésés de se regrouper afin de poursuivre une action en justice, seules les associations agréées étant habilitées à engager les procédures. Cette mesure est vivement critiquée, notamment par les organisations patronales qui estiment qu’elle va à la fois réduire les marges des entre-
prises et limiter leur possibilité d’innovation et de développement.
DROIT DE RéTRACTATION ALLONGÉ SUR INTERNET Les avocats dénoncent le fait que les associations de consommateurs seront seules à pouvoir engager une action collective. Le texte prévoit également la création d’un registre national des crédits aux particuliers. Ce « fichier positif» sera une base de données recensant les Français bénéficiant d’un crédit à la consommation. Le projet de loi prévoit aussi une clause de renégociation fixant un taux de variation entre fournisseurs et distributeurs en cas de fluctuation des matières premières. En matière d’assurances, il introduit la possibilité de résilier un contrat à tout moment après la première année et non plus à sa date anniversaire. Là aussi, les compagnies d’assurances et les mutuelles critiquent cette disposition qui, selon elles, va limiter la mutualisation des risques sur une année et va entraîner une augmentation des primes. Le projet de loi comporte de nombreuses autres mesures comme l’allongement du droit de rétraction pour un acheteur sur internet qui passe de sept à quatorze jours. Ou bien encore l’alourdissement des peines pour l’utilisation frauduleuse d’un label et pour les pratiques commerciales trompeuses. L’examen doit finir vendredi, la procédure dit du «temps programmé» ayant été décidée qui empêche les débats de s’éterniser. L’Assemblée se prononcera par un vote solennel le 3 juillet. Le Sénat devrait à son tour examiner ce projet de loi à la rentrée en septembre.
Brèves eco
Automobile
PSA augmente encore la cadence pour sa «2008»
PSA a annoncé mardi une nouvelle augmentation de la production de sa Peugeot 2008, pour laquelle il a enregistré plus de 26.000 commandes en Europe depuis son lancement il y a deux mois. Cette montée en production se traduira par 200 créations de postes supplémentaires dans l’usine de Mulhouse. Cent étaient initialement prévues. La production de la Peugeot 2008 à Mulhouse passera à 520 véhicules par jour à compter de la mi-septembre, puis à 615 à partir de la mi-octobre, contre 310 unités actuellement, a indiqué PSA. 300 personnes supplémentaires y seraient affectées à partir de septembre. Le recrutement se fera par des transferts de salariés des sites de PSA à Aulnaysous-Bois et Rennes, complétés si besoin par des intérimaires.
France
Ayrault dément tout dérapage des dépenses publiques
Jean-Marc Ayrault a démenti mardi tout dérapage des dépenses publiques. Il a assuré que l’Etat dépenserait bien 1,5 milliard d’euros de moins en 2014. «Je m’étais engagé à un programme d’économies pour les dépenses de l’Etat, cet objectif sera atteint», a-t-il souligné. Le budget 2014 sera présenté en conseil des ministres en septembre. Les efforts seront partagés à parité entre l’Etat et les collectivités territoriales, soit 750 millions d’euros respectivement. Il ne s’est en revanche pas exprimé sur les objectifs de réduction du déficit public, qui agrège les comptes de l’Etat, de la sécurité sociale et des collectivités locales.
09 INTERNATIONAL Qui gouverne l’Algérie ?
28 JUIN - 4 JUILLET 2013 ZAMAN FRANCE
Victime d’un accident vasculaire cérébral, le président algérien Abdelaziz Bouteflika est hospitalisé en France depuis deux mois. Cette situation inédite questionne : qui dirige le pays ? Dalila Bouaziz paris Depuis son hospitalisation à Paris le 27 avril dernier, l’absence du président Abdelaziz Bouteflika pèse sur la vie institutionnelle du pays. «Je ne sais pas si l’Algérie est actuellement dirigée. Les ministres, comme le reste des Algériens, vaquent à leurs occupations ordinaires, pendant que le Premier ministre joue à combler le vide pour donner l’illusion d’une vie institutionnelle», déclare le rédacteur en chef de Liberté Saïd Chekri. Une illusion, car la dernière révision de la Constitution, en 2008, ne laisse
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Le président algérien Abdelaziz Bouteflika sur les images du JT de 18 h de la chaîne publique A3 le 13 juin.
au Premier ministre que la prérogative de coordination des activités ministérielles, le président de la République ne pouvant déléguer ses pouvoirs.
Déclaration de vacance impossible Aussi, certains partis politiques réitèrent leur demande d’application de l’article 88 de la Constitution, qui concerne la déclaration d’incapacité du président algérien à gouverner. Dans ce cas, Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la nation, deviendrait chef de l’Etat pour une durée transitoire de 45 jours. Mais alors qui gouverne en Algérie à l’heure actuelle ? «Une oligarchie s’est emparée du pouvoir à l’indépendance en 1962, qui a finalement confisqué l’autorité et les institutions de l’Etat», souligne Kader Abderrahim, chercheur à l’Iris (Institut de relations internationales et stratégiques) et spécialiste de l’Algérie. Un pouvoir qui appartient aux militaires Historiquement, la réalité du pouvoir appartient à l’armée depuis la guerre d’indépendance. Bouteflika est le premier civil. Pour autant, le
président algérien au pouvoir et son clan ne sont qu’un des rouages de l’Etat. C’est un entourage informel qui s’est substitué à l’ordre institutionnel légal. Il a pour pivot le frère du président, Saïd Bouteflika. Celuici dispose de relais au niveau des principales entreprises publiques algériennes (Sonatrach) et auprès de tous les responsables d’organes d’information publics (ENTV). Il a été relevé récemment de ses fonctions officielles. Les services secrets représentés par le DRS (Département du renseignement et de la sécurité), que dirige le général «Toufik», constituent l’une des clés de voûte du régime. «Peu de choses peuvent se faire sans l’aval de cette police politique en Algérie. Le général Toufik a un rôle central. Il agit sur tous les terrains. Cela ne se limite pas à recueillir des renseignements, cela implique aussi le fichage de membres de l’opposition, des étudiants, militants, islamistes… Le DRS a été et reste un outil de répression de toutes les formes d’opposition dans le pays», précise Kader Abderrahim. Si Bouteflika ne reprend pas du service assez rapidement, ce qui semble très probable, il n’y aura pas de révision
Pour Saïd Chekri, du quotidien algérien Liberté, l’armée aura du mal à imposer un candidat, après les printemps arabes.
constitutionnelle avant la prochaine présidentielle (avril 2014, NDLR). «Dans ce cas, l’armée est partie pour s’impliquer une nouvelle fois dans le choix d’un président. Si elle a toujours eu "son" candidat à la présidentielle, il est probable, cette fois,
qu’elle éprouve plus de mal à en trouver un. Il sera difficile qu’il soit accepté par l’armée, par le clan présidentiel et dont le profil peut convenir au contexte national et international actuel né des révoltes arabes», conclut Saïd Chekri.
Indignation après l’incinération d’une Turque à Stuttgart -
Une erreur qui a déjà fait beaucoup de bruit. Les autorités allemandes ont incinéré le corps d’une Turque musulmane après avoir décrété qu’elle n’avait «aucune religion» et sans en informer le consulat turc, d’après le quotidien allemand Esslinger Zeitung. La citoyenne turque, âgée de 47 ans, avait été retrouvée morte dans sa maison de Waiblingen, près de Stuttgart, le mois dernier et son corps avait été immédiatement transféré à la morgue locale. Les autorités avaient contacté la fille adoptive de la défunte, mais celleci n’est jamais venue réclamer le corps. L’affaire a ensuite été transmise aux autorités municipales, qui ont demandé aux employés de la morgue de garder le corps pendant encore une semaine. Elles l’ont ensuite fait incinérer dans la ville de Schwäbisch Hall, qui se trouve à quelques kilomètres de Stuttgart.
Une procédure «inacceptable» L’islam interdit formellement l’incinération. Selon la tradition musulmane,
le corps d’un homme ou d’une femme doit d’abord recevoir une toilette funéraire puis une sépulture après la prière funéraire. Le maire de Waibligen, Martin Staab, a confirmé les faits avant d’expliquer que le registre des autorités locales indiquait que la femme était «agnostique». Ce dernier a reconnu l’erreur des autorités qui avaient considéré que cette femme sans famille était agnostique et que les dites autorités auraient dû contacter le consulat. Le droit allemand stipule que lorsqu’un citoyen étranger meurt sur son territoire national, son consulat doit être informé et recueillir le corps. Le consulat turc a envoyé une lettre au ministre de l’Intérieur du land de Baden-Württemberg, Reinhold Gall, avant de demander aux principales institutions du pays de signaler les décès de citoyens turcs. «J’ai rappelé que la crémation est inacceptable dans notre religion. Pour le moment, nous n’avons reçu aucune réponse des autorités nationales», a déclaré Türker Ari.
Arabie saoudite : inquiétudes pour le hadj Les autorités saoudiennes ont exceptionnellement réduit le nombre de visas accordés et conseillé aux pèlerins de reporter le hadj et l’umra, le petit pèlerinage. L’Arabie saoudite est le pays le plus touché jusqu’alors par l’épidémie de coronavirus. 39 cas y ont été recensés depuis le mois de septembre 2012 et 18 personnes y sont décédées. Le ministère saoudien invoque les travaux d’agrandissement de la Grande mosquée. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a offert vendredi son aide à Ryad pour enquêter sur l’origine du virus, désormais appelé syndrome respiratoire coronavirus
Pèlerinage à la Mecque.
du Moyen-Orient, afin de donner des conseils adaptés aux millions de musulmans qui participeront au grand hadj en octobre.
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10 INTERNATIONAL
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eN BreF
FRANCE Record de fréquentation pour le Louvre en 2012
Le Musée du Louvre a battu un record de fréquentation en 2012 avec près de 9,7 millions de visiteurs, soit une hausse de 9,3 % par rapport à 2011, selon une étude de l’Office du tourisme de Paris. Ce dernier, dans son enquête datée du 24 juin, relève globalement une affluence en hausse dans les sites culturels de la capitale. L’Arc de Triomphe affiche un taux de visites en hausse de 9,4 % (1,7 million). La cathédrale Notre-Dame et la Basilique du Sacré-Cœur restent les monuments les plus prisés des touristes avec une fréquentation stable, respectivement 13,6 millions et 10,5 millions de visiteurs. La tour Eiffel, qui a fait l’objet de travaux de rénovation entre février et août 2012, a vu sa fréquentation baisser de 11,5 % (près de 6,3 millions).
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28 JUIN - 4 JUILLET 2013 ZAMAN FRANCE
La moitié des mères d’enfants de moins de 8 ans réduit ou cesse temporairement son activité au-delà d’un mois après le congé maternité en France, selon une étude de l’Insee publiée mardi.
Le Qatar, un fantasme très français
Au lendemain de la visite de François hollande au Qatar, Zaman France s’est entretenu avec Nabil Ennasri, auteur de L’énigme du Qatar (armand Colin), et l’un des meilleurs spécialistes de l’émirat. il nous expose les raisons d’un fantasme très français.
Le président de la République François hollande s’est rendu à doha le 23 juin.
STRASbOURG Des titres de transport sur smartphone
La Communauté urbaine de Strasbourg a lancé mardi une application mobile permettant d’acheter et de valider un titre de transport urbain à l’aide d’un téléphone portable. Baptisée U’go, cette solution, déjà expérimentée sous d’autres noms à Nice et depuis une dizaine de jours à Caen, constitue un nouveau jalon dans le déploiement des services de paiement sans contact proposés par les opérateurs dans quelques agglomérations sous le label Cityzi. Après avoir chargé l’application sur un smartphone sous androïd équipé de la puce NFC, le voyageur pourra acheter en ligne le titre de transport ou l’abonnement de son choix, la transaction s’effectuant, selon le montant, via l’opérateur de téléphonie ou par l’intermédiaire d’une banque.
FOUAD bAhRI paris Que reste-t-il de la visite de François Hollande au Qatar, au moment où le dénigrement de cette petite pétromonarchie ne se dément pas en France ? Pour Nabil Ennasri, spécialiste du Qatar et auteur du livre L’énigme du Qatar (Armand Colin), interviewé par Zaman France, ce déplacement n’annonce rien de nouveau sous le soleil. «Les gouvernements passent mais les intérêts demeurent. L’intérêt supérieur de la France ne dépend pas d’une alternance politique. La France, quand il s’agit d’enjeux économiques, fait fi de considérations qui n’intéressent que la presse», dit-il. Pour autant, il est une chose qui
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a changé : le fond devant financer les banlieues. On se souvient que ce fond était une initiative lancée par des élus de la diversité qui voulaient rétablir de l’égalité là où il y avait de la discrimination, en plein mandat de Nicolas Sarkozy.
LE FOND ET LES ÉLECTIONS «Le Qatar avait répondu favorablement à leur projet mais la campagne électorale faisant, le sujet a été récupéré notamment par Marine Le Pen. Beaucoup avaient alors accusé le Qatar de vouloir islamiser les banlieues à l’aide de ce fond», ajoute Nabil Ennasri. Un temps abandonné, ce fond été ensuite déterré après l’élection de Hollande pour être
intégré dans un programme de financement plus large, francoqatari, alimenté à 150 millions de dollars par le Qatar et autant par la Caisse des dépôts et consignations. Un fond désormais destiné «à l’ensemble du territoire français et aux zones paupérisées afin d’aider au rétablissement financier de la France». Quel peut-être l’intérêt du Qatar ici ? Le renforcement de la relation bilatérale explique le chercheur. «La France a besoin du Qatar économiquement et le Qatar a besoin de la France politiquement et diplomatiquement», un besoin alimenté récemment par le fond d’investissement qatari qui a pris des parts dans Total, dans plusieurs grands
hôtels de prestige et évidemment dans le domaine sportif avec le PSG. Doha va aussi investir 120 milliards de dollars dans les dix prochaines années pour ses propres infrastructures, ce qui aiguise les appétits des entreprises françaises. Pourtant, malgré cette manne financière substantielle, l’image du Qatar en France est sulfureuse. «C’est l’image d’un émirat vorace, machine à corruption, qui croit que son argent lui permet d’acheter ce qu’il veut. La France a deux problèmes aujourd’hui : un problème avec l’argent, et un autre avec l’islam. Ces deux problèmes se cristallisent aujourd’hui sur le Qatar», conclut le spécialiste du Qatar.
La cavale de Snowden -
Edward Snowden, l’informaticien américain accusé d’avoir révélé les secrets du programme de cybersurveillance américain Prism, se trouve dans la zone de transit de l’aéroport de Moscou, a déclaré mardi Vladimir Poutine. Le président russe a affirmé que l’arrivée de l’ancien consultant informatique de la National Security Agency (NSA) n’était pas attendue par la Russie, mais que celleci n’avait aucun grief à lui reprocher. Plus vite Edward Snowden choisira une destination, mieux cela vaudra, a ajouté Vladimir Poutine, qui n’a manifesté aucune intention de l’extrader vers les Etats-Unis comme Washington le lui demande avec insistance.
11 DECOUVERTE
28 JUIN - 4 JUILLET 2013 ZAMAN FRANCE
Mardin et Midyad, trésors cachés
Mardin a été construite sur le flanc d’une montagne, à 1.200 mètres d’altitude.
Mardin et Midyad sont deux petites villes du sud-est de la Turquie, trésors de la Mésopotamie. A Mardin, il existe des traces de civilisation de 15.000 ans avant Jésus-Christ. Plusieurs histoires, religions et langues s’y côtoient fraternellement. Clare Busch Mardin Bien décidée à fuir le chaos d’Istanbul et ses quelque 13 millions d’habitants, je suis partie pendant quelques jours dans le sudest de la Turquie pour explorer la L’architecture ville de Mardin et deux grands morévèle une im- nastères syriaques orthodoxes. mense mosaïque culturelle où les églises L’immense monastère côtoient les aux couleurs safran mosquées. J’ai commencé par visiter le monastère Mor Hananyo, aussi connu sous le nom de monastère de Safran, qui ne se trouve qu’à une dizaine de kilomètres de Mardin. Pour s’y rendre, le moyen le plus rapide et le plus économique est de prendre un dolmus, sorte de petit bus. Le cloître est au sommet d’une grande colline, ancien siège du patriarcat de l’Eglise syriaque orthodoxe. Avant de rentrer dans le bâtiment principal, une courte attente s’impose, car les visites ne se font que par petits groupes. J’en ai profité pour flâner au hasard des petits magasins pour touristes, tout en admirant cet immense monument religieux datant du Ve siècle. Quand j’ai enfin franchi les portes du monastère, j’ai été Manifestation complètement dépaysée et j’ai tout culturelle à à trac oublié l’animation de Mardin. Mardin. Noyée au milieu d’immenses murs aux couleurs chaudes se découpant sur le ciel bleu, j’ai rejoint le groupe de touristes dans la cour principale. A l’arrivée du guide, je me suis éclipsée pour explorer les recoins du monument seule. Le premier étage et une partie des chambres principales sont toujours occupés par les paroissiens syriaques. Après cette visite
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saisissante, je suis rentrée à Mardin en auto-stop, sur les conseils de mes compagnons de voyage.
La ville sur la montagne De retour, je suis allée sillonner les petites rues de Mardin, ville érigée sur le flanc d’une montagne à 1.300 mètres d’altitude. A chaque coin de rue, l’architecture est de type artukide. Les églises syriaques abondent. Les murs des maisons sont épais, un peu comme ceux du monastère, et gardent la mémoire du passage d’autres populations. J’ai visité le musée archéologique de Mardin, situé entre une imposante statue d’Atatürk et l’église de la Vierge Marie, Meryem Ana. Ce musée regorge de trouvailles ethnographiques et archéologiques de la province. Ancienne demeure du patriarcat syriaque catholique, l’église a été achetée, restaurée et transformée en musée par le service culturel de la ville. Le département archéologique du musée comprend des objets anciens datant du IXe au XIVe siècles de la dynastie des Ayyoubides, des Byzantins et des Ilkhanides. Des bijoux, pièces, outils et sculptures de l’époque assyrienne à l’époque ottomane découverts dans la ville de Sürekli, près de Mardin, font également partie de la collection du musée. Mor Gabriel : l’un des derniers monastères chrétiens de la province Après avoir encore visité quelques églises et medrese à Mardin, j’ai attrapé un petit bus pour la ville de Midyad et son monastère syriaque
orthodoxe, Mor Gabriel ou monastère de Qartamin. Fondé au IVe siècle par Mor Shmuel et Mor Shemun de Qartmin, il abrite toujours un évêché et une petite communauté de moines et de sœurs. Mor Gabriel est l’un des derniers monastères chrétiens de Turquie, sur «la montagne des serviteurs de Dieu». Malgré le conflit actuel entre le gouvernement turc et la communauté syriaque au sujet de la propriété des 250 hectares occupés par le monastère, les visiteurs sont toujours bienvenus. Il faut cependant savoir que les horaires de visites sont plus limités que ceux des autres monastères. En tout cas, le même sentiment d’émerveillement que celui que j’ai ressenti à Mor Hananyo m’a submergée une fois passées les portes du monument.
12 FAMILLE&SANTE Rien n’égale le plaisir de tripoter la terre et de voir grandir le résultat de son travail !
28 JUIN - 4 JUILLET 2013 ZAMAN FRANCE
Petites mains vertes La naissance et la croissance des végétaux passionnent les enfants très tôt. Explorer le jardin, participer à son entretien ou à sa création, pouvoir toucher la terre, découvrir un insecte... tout concourt à les attirer ! Comment s’organiser ? Quelles sont les plantations à privilégier ? Zaman France vous guide. DALILA bOUAZIZ paris Le jardinage fait partie des activités ludiques réalisables dès que les petits commencent à marcher. Jardiner avec eux leur permet de développer leurs sens, de découvrir et d’observer la nature. Mais aussi de coordonner leurs mouvements et de s’amuser autrement. Cette activité favorise la patience, la responsabilisation et constitue un moment de complicité privilégié entre eux et vous. Selon son âge, aidez votre enfant à choisir des légumes faciles à cultiver. Leur préféré est le radis : en deux à trois jours les premières pousses apparaissent ! Leur croissance est tellement rapide que la progression s’observe quotidiennement, ce qui est très motivant. Un arrosage régulier est néanmoins nécessaire. Les tomates plaisent aussi beaucoup et sont simples à faire pousser. Les aromates sont une initiation intéressante pour la simple raison que les enfants peuvent les manger tout crus.
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LE JARDINAGE : QUELLE UTILITÉ POUR LES ENFANTS ? A partir de 6 ans, l’intérêt pour les plantes et leur croissance est développé. Savoir d’où viennent les aliments est important pour les enfants. Comprendre l’existence et la croissance des végétaux les aidera à se familiariser avec le fonctionnement de notre planète. Pour un petit, arriver à faire croître une plante relève de la magie. La voir grandir et prospérer et finalement donner un légume, un fruit ou une fleur est passionnant. COmmENT S’ORGANISER ? Quel que soit son âge, mieux vaut faire le tour du jardin pour éliminer tout danger avant de proposer une activité jardinage à votre enfant. Cet espace qui vous est familier recèle peut-être des pièges pour les petits : un trou, des outils rouillés… En outre, pensez à bien délimiter les endroits qui ne doivent pas être piétinés s’il en existe. Vous pouvez aussi très bien faire des plantations sur une terrasse ou un balcon si vous n’avez pas de jardin. Avec les plus petits, n’attendez pas une participation de plus de 15 minutes. A partir de 6 ans, des séances de 30 minutes sont possibles, voire plus selon la personnalité de l’enfant. Laissez-les «gratter» la terre, faire leurs expériences avec l’eau et se salir à loisir : c’est un des plus grands plaisirs de cette activité !
13 CULTURE
28 JUIN - 4 JUILLET 2013 ZAMAN FRANCE
«La Turquie fait plus rêver les Algériens que la France» Lors de l’inauguration de la Villa méditerranée, à Marseille, Zaman France a rencontré Bruno Ulmer, l’un des organisateurs de la grande exposition sur le thème des mobilités. L’occasion de parler des relations entre istanbul et Alger, un sujet mis à l’honneur dans le cadre d’un parcours permanent intitulé «plus loin que l’horizon». FOUAD bAhRI MArSEiLLE Qu’est-ce qui a dicté le choix des mobilités en méditerranée comme thème de l’exposition ? Je suis réalisateur de documentaires, parfois aussi de fiction. Tous les films que j’ai réalisés traitent de migrations en Europe de l’Est ou ailleurs. Je suis né au Maroc de parents eux-mêmes émigrés. Les questions de mobilité et d’identité m’intéressent. J’étais d’abord médecin et j’ai un jour décidé de tourner des films, car j’avais des histoires à raconter. Dans cette exposition, on oblige les visiteurs à la confrontation. Restituer la dimension humaine est essentiel. Même dans les relations marchandes, cette réalité n’est jamais très loin. On propose non pas une image mais une expérience.
marseille est un carrefour des voies migratoires.
La Villa méditerranée.
On appréhende vite la dimension populaire de l’exposition... C’est politique et assumé comme tel. Le fait que ce soit populaire ne veut pas dire que ce soit réservé aux Marseillais. Cela signifie que celui qui vient d’Algérie ou de Turquie et qui ne parle pas le français peut comprendre le sens de l’exposition. Le sens du populaire appartient à l’émotion commune. Un de vos sujets est un film sur les relations commerciales et portuaires entre Alger et Istanbul. Pourquoi cette route-là ? Le sujet est le thème des mobilités. La Méditerranée, c’est 0,7 % de la surface maritime et 30 % des échanges économiques mondiaux. Je ne voulais donc pas être dans les généralités. J’ai une affection toute particulière pour ces deux villes. Je connais assez bien Istanbul et je m’y sens bien. J’aime cette ville car elle est vivante, j’aime ses habitants et sa modernité. Je trouve aussi un vrai plaisir à y marcher, à la différence de Marseille. Le désordre d’Istanbul est aussi un moment de surprise. Je souhaite beaucoup qu’un lien fort se tisse entre le Musée d’Art moderne d’Istanbul et le Mucem. Comment les Algériens perçoivent-ils Istanbul ? Les jeunes d’Algérie ne me parlent plus de Marseille mais d’Istanbul. Il y a de plus en plus de marchands turcs à Alger et on entend parler turc. Dans l’un de mes films, un Turc explique qu’il s’est marié avec une Algérienne, que tout se passe bien, qu’il est très heureux à Alger. Le business les a réunis. Il y a une relation forte entre l’Algérie et la Turquie. La Turquie fait plus rêver les Algériens que la France.
© PAUL LADoUce
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14 CULTURE
28 JUIN - 4 JUILLET 2013 ZAMAN FRANCE
AGeNDA cULTUreL
SEYFEDDINE bEN mANSOUR LiLLE Dimanche 23 juin s’est clôturée la 50e édition du Salon international de l’aéronautique et de l’espace de Paris-Le Bourget. Premier rendez-vous au plan mondial de l’industrie aéronautique, le Salon du Bourget a été fondé en 1909, afin de soutenir et valoriser la jeune industrie aéronautique française. Si le rêve d’Icare a attendu le XXe siècle pour pleinement se réaliser, l’Europe musulmane a conduit des recherches et des expérimentations majeures onze siècles plus tôt. C’est à Cordoue, dans l’Espagne omeyyade du Moyen-Age, qu’un musulman d’ascendance berbère, Abbas Ibn Firnas, rechercha les moyens techniques qui permettraient à l’homme de s’élever dans les airs.
CINÉmA
L’envolée fabuleuse d’Ibn Firnas -
A lire
CONFÉRENCE servent à la fois pour se diriger et pour amortir leur descente. Toutes les expériences d’Ibn Firnas ne furent pas aussi malheureuses, loin s’en faut.
SAVANT ET mUSICIEN Il est ainsi à l’origine d’une clepsydre (horloge à eau) très sophistiquée, la manqâna, ainsi que d’un métronome (Ibn Firnas avait enseigné la musique et les mathématiques, deux disciplines scientifiques liées chez les Arabes au Moyen-Age). Il a découvert seul le moyen de tailler le cristal de roche, ce qui permit à l’émirat maghrébin d’Espagne de se passer de la technologie égyptienne. Il découvrit également le moyen d’obtenir un verre parfaitement transparent. Il fabriqua les premiers verres correctifs, dans lesquels il voyait un moyen d’améliorer le «confort de lecture». Ibn Firnas est également à l’origine de la première sphère armillaire conçue et fabriquée sur le sol européen, un mécanisme sphérique mobile qui modélise le mouvement des étoiles autour de la Terre et celui du Soleil dans l’écliptique. Enfin, il avait fait construire chez lui un système automatisé qui permettait de figurer dans une pièce attenante à son laboratoire la course des étoiles, mais aussi les nuages, le tonnerre et les éclairs qui accompagnent le déclenchement d’un orage.
Comprendre le décrochage scolaire, prévenir l’échec Pierre-Yves Bernard, maître de conférences en sciences de l’éducation. Il propose ainsi une synthèse des travaux partis de la notion de «décrochage scolaire» pour apporter de nouveaux éclairages sur les problèmes des élèves au fil de leur parcours. Ces recherches montrent notamment que les risques de décrochage sont dus à
Une conférence prononcée par Yamin Makri, responsable des éditions Tawhid, dans le cadre de la réflexion sur le thème «Ethique et comportement du musulman».
Damas avant la révolution
Damas, ses rues, ses habitants, sa vie au quotidien, de la mi-janvier à la mi-mars 2011, date à laquelle on a signifié à l’artiste Aurélie Lecarpentier Aalek l’interdiction formelle de photographier. 95.000 Syriens sont morts depuis. Jusqu’au 6 juillet ireMMO 5-7, rue Basse-des-Carmes 75005 paris
Sema, cérémonie soufie des mevlevi
Oratorio-ballet, le sema joint aux litanies et aux chants à la gloire de Dieu et du Prophète, la danse des derviches qui recueillent la grâce divine pour la répandre ici-bas. Les 28 et 29 juin à 20:00 Opéra national de paris place de la Bastille 75012 paris
La politique des grandes puissances en méditerranée et au moyen-Orient
& à voir...
Comment lutter contre l’échec scolaire ? Avant l’échec proprement dit, il y a le décrochage, et les parcours scolaires «à problèmes» : comment les comprendre et identifier les facteurs qui en sont à l’origine ? Tel est l’objet de cet ouvrage. Un «Que sais-je ?» simple, clair et concis, dû à un spécialiste reconnu,
Consommer mieux : un devoir envers Dieu
Le 29 juin à 20:00 aCi Mosquée Othmane 51, rue Octavie 69100 Villeurbanne
ExPO PhOTO
sorte de combinaison comportant deux ailes mobiles en bois recouvertes de soie et garnies de plumes de rapaces. Le septuagénaire qu’il était eut le courage de l’endosser pour s’élancer depuis le sommet d’un précipice sous les yeux ébahis d’une large foule convoquée pour l’occasion. Le vol en lui-même fut globalement une réussite : l’inventeur parvint à se maintenir en vol plané pendant une dizaine de minutes ! L’atterrissage, en revanche, fut assez catastrophique : le vieil homme se brisa les deux jambes et échappa à la mort par miracle. Il aurait déduit de ce semi-échec qu’il manquait à son invention la queue dont sont pourvus les oiseaux, et dont ils se
En 1977, Khelil Khalsawi, professeur de droit à l’université de Tunis, est désigné par le parti au pouvoir pour le représenter au sein de la Ligue tunisienne des droits de l’homme. Il doit y défendre les positions officielles du régime. Mais la conjonction de plusieurs événements, aussi bien d’ordre social que privé, va ébranler la fidélité de Khelil à son parti. Un film de Mahmoud Ben Mahmoud (drame, Tunisie, 2012, 1h32). Le 29 juin à 20:30 institut du monde arabe place Mohammed V 75005 paris
SPECTACLE
INGÉNIEUR AÉRONAUTIQUE Originaire d’une province au nom à consonance berbère, Takurunna (actuelle province de Malaga, dans le sud de la péninsule), Ibn Firnas vécut en effet au IXe siècle, essentiellement à Courdoue, la capitale, où il mourut en 887. Esprit aussi brillant que distingué, Ibn Farnas fut le poète de cour de trois souverains successifs, al-Hakam Ier, Abd arRahman II et Muhammad Ier, à la gloire desquels il composa de nombreux panégyriques. Mais c’est essentiellement son goût pour les sciences qui lui valut de passer à la postérité, notamment sa qualité de précurseur de l’aéronautique. Les sources historiques, maigres et souvent tardives, rapportent deux faits distants dans le temps. En 852, un certain Arman Firman (nom latinisé d’Abbas Ibn Firnas ou personnage distinct ? la chose n’est pas claire) fait une expérience concluante. Vêtu d’un grand manteau conçu à cet effet, il s’élance du haut du minaret de la grande mosquée de Cordoue. Il en sera quitte pour quelques blessures. Le second fait, rapporté par l’historien al-Maqqari alTlemceni (1578-1632), se produit en 875. Ibn Firnas fit confectionner une
A l’instar des artistes de la Renaissance, ibn Firnas était un scientifique inventeur et poète.
Le professeur
plusieurs facteurs. Elles ont aussi montré qu’il existait des types de parcours favorisant la rupture scolaire. Enfin, elles ont aussi souligné l’incidence des interactions de l’élève avec l’institution scolaire, la famille, les professeurs, l’entourage, mais aussi l’impact de l’échec scolaire précoce sur les risques de décrochages ultérieurs.
Le décrochage scolaire, de Pierre-Yves Bernard, Presses universitaires de France (PUF), collection «Que sais-je», 128 pages, 9 €.
«Les puissances occidentales et le Moyen-Orient (EtatsUnis-UE)» par Philippe Droz-Vincent, Sciences-Po Paris (10:30-12:30) ; «La Turquie face au Moyen-Orient, une puissance incontournable ?» par Ariane Bonzon, Slate.fr (14:00-16:00) ; «L’embarras russe face aux révoltes arabes» par Denis Beauchard, IFRI (16:0018:00). Le 29 juin ireMMO 5-7, rue Basse-des-Carmes 75005 paris
OPINION15
28 JUIN - 4 JUILLET 2013 ZAMAN FRANCE
Lettre ouverte à Angela Merkel L’opposition de berlin à l’ouverture du chapitre 22 dans le cadre de l’adhésion turque à l’UE fragilise la démocratisation de la Turquie. pour le chroniqueur Yavuz Baydar, angela Merkel «doit revoir sa position» et faire preuve de «patience» dans ce long processus de réforme politique.
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Toutes les forces, individus ou groupes de Turquie ou de l’Union européenne ayant ardemment lutté pour l’instauration d’une démocratie sur le territoire turc pendant plus d’une décennie surveillent de près, non sans inquiétude, votre intention de reporter YAVUZ BAYDAR l’ouverture des discussions du chapitre 22 du processus d’adhésion. Ironie du sort, il semble que le comportement impulsif de notre Premier ministre ait déteint sur votre façon de penser, pourtant connue pour sa rigueur. Cette décision contre-productive survient à un stade très critique de la lutte pour la liberté, les droits et l’équilibre démocratique de la Turquie. Les conséquences de votre position auront des répercussions considérables
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«Toutes les parties de la société turque expriment aujourd’hui leurs espoirs et leurs rêves et leurs revendications» sur le long terme et seront bien plus difficiles à gérer que l’impasse dans laquelle nous nous trouvons actuellement. Je vous propose d’étudier plusieurs éléments, en espérant qu’ils vous feront réviser votre position.
L’ÉmERGENCE DE NOUVELLES IDÉES Premier point : les conclusions des manifestations récentes qui ont débuté à Gezi avant de se diffuser dans 79 provinces turques. Ces jeunes qui se sont dressés contre la violence et la brutalité de la police avec courage, optimisme, créativité et intelligence sont la preuve vivante du succès de la «puissance douce» des réformes adoptées ces dix dernières années.
Cette génération a grandi dans de bonnes conditions puisqu’elle a connu une économie stable, une grande liberté et un pays où, grâce aux réformes de l’UE, la torture, qui était systématique, est devenue une exception. Ces jeunes se sont imposés avec de nouvelles idées et attitudes. Ils ne sont pas qu’un obstacle sur le chemin du Premier ministre, ils demandent aussi à l’opposition historique d’évoluer avec son temps. Sans le soutien de l’Europe, ces manifestations n’auraient pas eu lieu. Reporter les discussions du nouveau chapitre sur la politique régionale maintenant serait ignorer l’émergence de ces nouvelles voix en anéantissant leurs espoirs.
LA QUESTION DU PROCESSUS DE PAIx AVEC LE PKK Deuxième point : le contenu du chapitre 22. Malgré le fait qu’Erdogan se soit tiré une balle dans le pied en trahissant la confiance que les citoyens lui accordaient au cours de ces dernières semaines, le processus de paix
entre la Turquie et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) se poursuit. La première étape des négociations est presque terminée et le Parti pour la Paix et le Développement (BDP), l’aile politique du PKK, exige maintenant que le Parlement lance les réformes promises par le Parti pour la Justice et le Développement (AKP). Reporter les discussions du chapitre 22 serait perçu comme un tort causé aux Kurdes et aux autres forces réformistes.
L’ALLEmAGNE EST DU CÔTÉ DE LA SOCIÉTÉ CIVILE TURQUE Troisième point : l’état général de la société civile en Turquie. Depuis 2002, nous avons connu une période cahoteuse. Toutes les parties de la société turque expriment aujourd’hui leurs espoirs et leurs rêves et expriment des revendications. Comme l’ont montré les manifestations du 22 juin dernier, l’Allemagne prend part à la lutte démocratique en Turquie des alévis, des assyriens,
des Kurdes, des Turcs, des croyants et des laïques, des hommes et des femmes, des Verts et des partis de gauche. Reporter les discussions du chapitre 22 signifierait isoler ces groupes et alimenter une polarisation dans votre pays. La démocratisation de la Turquie par l’ouverture et non la fermeture de réseaux civils, comme ce qui s’est effectivement produit en l’Europe de l’Est, mais avec plus de patience et de sagesse. Ouvrir les discussions du nouveau chapitre sera un encouragement pour tout ceux qui luttent pour leurs rêves. Il est beaucoup trop tôt pour brûler les ponts, mais grand temps pour vous de revoir votre position. y.baydar@todayszaman.com NDLR Cette chronique a été écrite peu avant le 25 juin, date à laquelle l’Union européenne a déclaré accepter de relancer les discussions d’adhésion avec la Turquie mais ont repoussé d’au moins quatre mois l’ouverture effective d’un nouveau chapitre de la négociation.
La Turquie selon Der Spiegel -
Edité par : Source SArL 2, boulevard Saint Martin 75010 paris directeur de la publication : HÜSEYİN KARAKUŞ rédacteur en chef : EMRE DEMİR e.demir@zamanfrance.fr Gestionnaire administratif : FAHRETTİN TEKİN f.tekin@zamanfrance.fr rédacteur en chef adjoint : FOUAD BAHRI f.bahri@zamanfrance.fr Secrétaires de rédaction : BAYRAM ŞEN b.sen@zamanfrance.fr
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Si je n’avais pas vécu sur le territoire turc, j’aurais pu penser que la Turquie, en voyant la une de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, était une «prison à ciel ouvert». Si j’étais allemande, je serais persuadée que le pays est à feu et à sang. Malgré toutes les tragédies SEVGİ AKARÇEŞME qu’ont subi certains Turcs en Allemagne pendant plus d’un demi-siècle, tels l’incendie meurtrier de Solingen et les assassinats racistes du groupe terroriste allemand, Nationalsozialistischer Untergrund, l’hebdomadaire a traduit pour la première fois son article principal en turc.
festations de «révoltes», dans un pays qui est déjà démocratique. Pourquoi le magazine n’a-t-il pas comparé les protestations turques à Stuttgart 21 en Allemagne, aux manifestations des jeunes au Royaume-Uni et en Suède, ou encore à Occupy Wall Street aux Etats-Unis ? L’utilisation excessive de la violence par la police devrait toujours être condamnée. Et peut-on fermer les yeux sur la force déployée par la police dans des pays démocratiques libéraux à l’encontre de manifestants qui lui ont jeté des pierres et des cocktails Molotov ? L’article ne reflète pas la violence des manifestations. Au contraire, tout se base sur l’hypothèse que le gouvernement, ou plutôt le Premier ministre, a opprimé les manifestants pacifiques.
LES «RÉVOLTES» DE GEZI À L’ImAGE DU PRINTEmPS ARAbE La couverture et l’article de cette semaine montrent que Der Spiegel accorde une grande importance aux manifestations, qu’il nomme les «révoltes turques». Toutefois, la communauté internationale a compris qu’il n’est pas possible de comparer les manifestations de Gezi au printemps arabe. Der Spiegel qualifie pourtant ces mani-
AUCUN DROIT SUPPRImÉ PENDANT LE mANDAT D’ERDOGAN Réprimer les petites manifestations pacifiques a non seulement été une erreur mais a aussi galvanisé les citoyens. Toutefois, critiquer un Premier ministre légitime et lui donner le nom de dictateur sont deux choses distinctes. En toute impartialité, quels droits ont été supprimés pendant le gouvernement d’Erdogan ? Les droits des
Kurdes, des femmes voilées, des alévis et des minorités religieuses ont été violés pendant des décennies en Turquie, mais la situation s’est améliorée depuis dix ans, même si elle n’est pas encore à la hauteur de toutes les espérances.
LA TURQUIE PROGRESSISTE CONTRE LA TURQUIE RURALE Der Spiegel évoque aussi un modèle de famille où le père est le gagnepain et le chef de famille. Les familles rurales turques sont certes très proches des traditions, mais en quoi Erdogan est-il responsable du patriarcat traditionnel ? Ces affirmations ne font que refléter les hypothèses orientalistes de l’auteur vis-à-vis de la société musulmane. Le message au monde occidental est clair : «les manifestants de Gezi sont des gens comme nous, alors que les autres sont des musulmans ruraux et pieux et ne sont pas bien éduqués». Le journal qualifie le premier groupe de «progressiste», laissant entendre que le deuxième groupe ne l’est pas. LA QUESTION DE LA LÉGITImITÉ DU PREmIER mINISTRE Pour une raison qui m’est inconnue, Der Spiegel s’est entretenu avec
quelques Turcs résidant en Allemagne, qui ne connaissent pas aussi bien la société turque que les personnes qui en font partie. Selon le journal, Erdogan tombera de haut lorsqu’il se rendra compte qu’une majorité au Parlement ne suffit pas pour être un leader légitime. Mais qu’est-ce qui exactement, fait d’Erdogan un leader illégitime, alors qu’il a remporté les élections à trois reprises, avec une avance considérable sur ses adversaires ? La plupart des pays européens sont dirigés par des coalitions. L’hebdomadaire peut-il prétendre qu’Angela Merkel n’est pas légitime parce qu’il y a eu des affrontements entre la police et les manifestants en Allemagne ?
Yetkin Ozkul est le vainqueur du gala de boxe Best Siam. Cemil Baran, son adversaire, en haut à gauche.
Boxe thaï : deux Franco-Turcs à Paris vanessa meflah paris Les deux champions d’origine turque, Cemil Baran et Yetkin Ozkul faisaient partie de la fight card (sélection officielle, NDLR). Les combats se sont déroulés dans une ambiance de feu. Un public surexcité, un speaker de renom et surtout, des champions de muay-thaï venus asseoir leur titre et imposer leur nom sur le ring. Tout l’esprit du sport était là. Encouragements du public, aucun débordement, combats dans les règles de l’art, un arbitrage à la hauteur de l’événement, en somme un beau moment de sport et de boxe thaï.
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La victoire de Yetkin Ozkul Cemil et Yetkin ont respectivement combattu en catégories -67 kg et -59kg. Cemil Baran n’a pas remporté son combat. Malgré sa déception, le public et les jeunes Franco-Turcs présents n’ont pas manqué de saluer sa performance. Quant à Yetkin, il a triomphé de son adversaire au terme de cinq rounds. Cinq reprises au cours desquelles le public n’a cessé de clamer son nom. Après les résultats des juges, est-il utile de préciser l’euphorie qui régnait autour du champion de 27 ans ? Un combat fièrement remporté et une victoire méritée. Les deux champions n’ont pas fini d’arpenter les rings. Deux personnalités, deux styles, un même public. Rendezvous au prochain tournoi.
Photos : FATIH TURSUN,
Une fois encore le Best of Siam aura fait carton plein. Pour sa quatrième édition, le désormais célèbre gala de boxe thaï s’est tenu à la halle Carpentier à Paris, le 20 juin.