Hollande bientôt en Turquie
Des billets pour dénoncer la crise
TURQUIE 06
Galatasaray veut prolonger Drogba
INSOLITE 16
SPORT 15
15 - 21 NOVEMBRE 2013 N° 289 Prix : 2,5 €
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LA FRANCE PRÉCAIRE ET EN COLÈRE DILEK YANKAYA DÉCROCHE LE PRIX DE LITTÉRATURE FRANCE-TURQUIE La sociologue Dilek Yankaya a été primée mardi 12 novembre par le prix de littérature France-Turquie pour son ouvrage La nouvelle bourgeoisie islamique, le modèle turc. Un moment fort pour la recherche turque auquel ont participé le député-maire Claude Goasguen et de prestigieux intellectuels comme Nilufer Göle et Nedim Gürsel.
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L’instant était solennel mais l’émotion était bien présente. A l’occasion de la remise du prix de littérature France-Turquie qui, chaque année, vient couronner des travaux de recherche sur la Turquie, la
jeune sociologue et politologue Dilek Yankaya, primée pour son ouvrage La nouvelle bourgeoisie islamique, le modèle turc, publié aux éditions Puf Proche-Orient, affichait sa joie.
Le dernier rapport du Secours catholique sur l’état de la pauvreté n’a rien de réjouissant. Celle-ci a encore progressé en 2012 et les chiffres de 2013 pourraient être pires. Pour la majorité présidentielle, ces informations sont doublement préoccupantes. Elles arrivent en effet à un moment où se cristallisent en France toutes sortes de mobilisations sociales amorcées par le mouvement breton des «Bonnets rouges»
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Travail, logement, la précarité n’a fait qu’augmenter avec la crise. Le dernier rapport publié par le Secours catholique : «Emploi : quelle place pour les plus pauvres ?» ne fait que confirmer ce constat. Cette étude fouillée, qui analyse la situation de 96.000 personnes accueillies par l’association en EDITO
2012, ne prétend rien nous apprendre de nouveau. Elle fait simplement le constat implacable de milliers de situations individuelles et familiales qui ne font que se détériorer dans notre pays. Pour les personnes, pauvres ou très pauvres, qui ont recours à l’association, le niveau de vie a encore baissé. RSOCIETE 04-05
La nuit sociale de François Hollande FOUAD BAHRI r02
R FRANCE 03
Ibrahim Maalouf : «J’ai été bluffé par le public turc»
SÉVICES ET SUICIDES CHEZ LES MILITAIRES : QUE FAIT L’ARMÉE ? Alors que le gouvernement a réduit la durée du service militaire, les dernières affaires de sévices et de suicides chez les militaires révèlent à quel point l’armée a du mal à mettre fin à la culture de la violence dans ses rangs. -TURQUIE 08
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Elu meilleur jazzman de l’année 2013, le trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf se livre sur son rapport à l’Orient et ses liens avec le public turc, à l’occasion de la sortie de son 5e album, Illusions. R INTERVIEW 12
Les Tunisiens à la croisée des chemins Pour Didier Billion, directeur adjoint de l’Institut de relations internationales et stratégiques, la Tunisie est sur le chemin de la construction démocratique. Malgré les nombreux blocages politiques et institutionnels et les violences politiques de ces derniers mois, les partis ont démontré leur volonté de parvenir à un consensus national. - OPINION 14
Zaman Okur Hattý: 01 42 00 19 36
Les marchands, émissaires de l’islam en Asie du Sud-Est Organisé cette année sur le thème «Monde en mutation, nouveaux partenariats», le Forum économique islamique mondial s’est achevé le 31 octobre dernier à Londres. Sorte de Davos éthique, l’événement place l’humain au cœur d’une économie, aujourd’hui comme hier, dominée par le commerce. - CULTURE 13
ATTAQUES RACISTES CONTRE CHRISTIANE TAUBIRA : «NE RIEN LAISSER PASSER» Le Premier ministre a saisi le procureur de la République suite à la une de l’hebdomadaire d’extrême-droite Minute visant la ministre de la Justice Christiane Taubira. -FRANCE 03
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La France, entre paralysie et implosion sociale
EDITO FOUAD BAHRI
La nuit sociale de François Hollande Le temps est décidément à la morosité sociale en France. Le dernier rapport du Secours catholique sur l’état de la pauvreté n’a rien de réjouissant. Celleci a encore progressé en 2012 et les chiffres de 2013 pourraient être pires. Le nombre de chômeurs n’a pas diminué, frappant encore plus durement les catégories sociales les plus fragiles, 7 fois plus atteintes. Les familles monoparentales et les personnes âgées arrivent en tête des Français les plus menacés par la précarité mais les jeunes sont aussi visés. Pour François Hollande et la majorité présidentielle, ces informations sont doublement préoccupantes. Elles arrivent en effet à un moment où se cristallisent en France toutes sortes de mobilisations sociales amorcées par le mouvement breton des «Bonnets rouges» opposé à l’écotaxe, et qui a très vite débordé en ampleur le faisceau des contestations initiales. La sonnette d’alarme sociale a donc été activée au cours d’une réunion parlementaire avec le Groupe socialiste. Pire : les voix les plus critiques contre le Premier ministre Jean-Marc Ayrault se font désormais entendre au sein même de la gauche, comme l’illustrent les dernières sorties de Malek Boutih et d’Anne Hidalgo. Cette conjonction de facteurs politiques défavorables pour le gouvernement, pour inopinée qu’elle soit, n’en a pas moins sa cause dans la politique menée par François Hollande. A deux niveaux. Tout d’abord, un niveau idéologique caractérisé par la fébrilité de la politique sociale décidée par le président de la République. La ligne sociale-libérale du gouvernement, qui ne convainc plus personne, apparaît désormais pour ce qu’elle est : un oxymore destiné à anesthésier les réformes libérales décrétées par les organisations mondiales du commerce et les impératifs économiques dictés par Bruxelles. Une ligne consistant à amortir publiquement d’une main ce que l’autre a fait discrètement, sacrifiant à la fois la cohérence globale de la politique économique nationale et sa lisibilité sociale. Les électeurs de gauche ne s’y reconnaissent plus. Le second niveau est le style du président lui-même, qui manque irrémédiablement d’autorité. Certes, c’est ce style et cette marque hollandienne qui a été la cause de sa victoire en 2012. Il s’agissait alors pour les Français de tourner définitivement la page de l’ère Sarkozy. Mais aujourd’hui, tout a changé. Ce qui apparaissait comme une vertu hier, est devenu un dangereux défaut et une faute politique que le président se devra de corriger vite, s’il espère se refaire une santé avant la fin de son quinquennat. f.bahri@zamanfrance.fr
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La fièvre contestatrice tous azimuts qui s’est emparée de la France, du ras-le-bol fiscal aux rythmes scolaires en passant par les plans sociaux à répétition, menace François Hollande et son gouvernement de paralysie et de perte de légitimité. Une centaine d’agriculteurs se sont réunis vendredi dernier à Wargnies-le-Grand pour aller bâcher le portique «écotaxe» de Marly, sur l’autoroute A2, avant Valenciennes.
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Le mouvement est encore trop morcelé pour constituer une vague de fond mais il est assez préoccupant pour avoir occupé mardi la réunion du groupe socialiste à l’Assemblée nationale. La protestation des «bonnets rouges» bretons contre l’écotaxe, greffée sur un contexte social spécifique à la Bretagne, fait tache d’huile dans d’autres régions. Artisans, commerçants et travailleurs indépendants «sacrifiés mais pas résignés» ont annoncé des manifestations à partir de mercredi contre la hausse de la TVA intermédiaire. Des usagers des transports en commun ont pour leur part choisi le bonnet vert pour emblème, afin de protester contre la hausse de la TVA dans ce secteur et une marche anti-TVA, soutenue par le Front de gauche, est prévue le 1er décembre. Salariés et employeurs des mutuelles ont adopté le bonnet jaune contre une disposition du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, qui menace selon eux leur secteur.
LA FRONDE MENACE Les «Tondus», association revendiquant le soutien de plus de 400.000 entreprises,
militent pour la suspension du paiement de la part patronale des charges sociales. Ils rejoignent les «pigeons» et autres volatiles, les vétérinaires, sages-femmes, centres équestres et routiers, ou l’Association française d’épargne et de retraite (AFER) qui lance une pétition nationale contre «l’insécurité fiscale». A quoi s’ajoutent les appels à la grève d’animateurs, d’enseignants et de parents d’élèves contre la réforme des rythmes scolaires. Selon un sondage CSA pour BFM TV, deux Français sur trois se disent prêts à descendre dans la rue contre de nouvelles hausses d’impôts, tandis qu’une enquête Tilder-LCIOpinionway montre que 72% d’entre eux
croient à un mouvement social de grande ampleur.
LA FAIBLESSE DE L’EXÉCUTIF François Hollande se fait désormais siffler et huer à chaque déplacement, y compris, fait exceptionnel, le 11-Novembre, jour où l’ensemble de la Nation est censée communier dans l’hommage à ses morts de 1914-18 et des autres guerres. Des élus socialistes n’hésitent plus à demander un changement de Premier ministre, comme le député Malek Boutih et la candidate à la mairie de Paris Anne Hidalgo, qui se sont fait rappeler à l’ordre lors de la réunion de groupe de mardi. PHOTO DE LA SEMAINE
Le typhon Haiyan, qui a dévasté les Philippines vendredi dernier, a fait plus de 10.000 morts et 600.000 sansabris selon les Nations unies.
...ET UNE MAUVAISE
UNE BONNE...
Un député UMP poignardé en marge du 11 novembre
Les perspectives de croissance s’améliorent dans la plupart des grandes économies avancées, la zone euro, la France et l’Italie montrant des signes d’accélération, a indiqué mardi l’OCDE. Les indicateurs composites avancés mensuels de l’organisation, conçus pour anti-
Le député-maire UMP de Châteaurenard (Bouches-duRhône), Bernard Reynès, a été blessé lundi de plusieurs coups de couteau lors des cérémonies de commémoration du 11 novembre, a-t-on appris auprès de la gendarmerie. Le pronostic vital de l’élu n’est pas engagé, a-t-on précisé de même source. Il a pu quitter dans l’aprèsmidi l’hôpital d’Avignon où il avait été admis, selon le site internet de La Provence.
ciper les points de retournement de l’activité, signalent une croissance supérieure à la tendance de long terme au Japon, un renforcement de la croissance au Royaume-Uni, un changement positif de tendance au Canada et une croissance proche de sa tendance aux Etats-Unis.
Les faits se sont produits devant le cimetière de Châteaurenard où un homme a porté trois coups de couteau dans le dos du député, blessant également deux autres personnes dont une adjointe de la municipalité. L’agresseur, dont on ne connaît pas les motivations, a été interpellé et placé en garde à vue dans les locaux de la gendarmerie de Châteaurenard, une commune de 15.000 habitants dans le nord des Bouches-du-Rhône.
NOUVELLE
Tendance de croissance renforcée dans l’OCDE
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La nouvelle bourgeoisie islamique décroche le prix France-Turquie
Dilek Yankaya a mené sa recherche sociologique et politique conjointement avec l’EHESS et Sciences po.
La sociologue Dilek Yankaya a été primée mardi 12 novembre par le prix de littérature France-Turquie pour son ouvrage La nouvelle bourgeoisie islamique, le modèle turc. Un moment fort pour la recherche turque auquel ont participé le député-maire Claude Goasguen et de prestigieux intellectuels comme Nilufer Göle et Nedim Gürsel. FOUAD BAHRI PARIS L’instant était solennel mais l’émotion était bien présente. A l’occasion de la remise du prix de littérature France-Turquie qui, chaque année, vient couronner des travaux de recherche sur la Turquie, la jeune sociologue et politologue Dilek Yankaya, primée pour son ouvrage La nouvelle bourgeoisie islamique, le modèle turc, publié aux éditions Puf Proche-Orient, affichait sa joie. «L’encouragement ne va pas sans la reconnaissance, ce qui manque parfois à un jeune chercheur. Je suis ravie que ce travail qui n’a pas été facile soit reconnu aujourd’hui», a-t-elle confié à Zaman France qui était pré-
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«La Turquie est un pays qui se réinvente tous les jours»
sent. La chercheuse a été félicitée par le député-maire Claude Goasguen qui accueillait l’évènement à la mairie du 16e arrondissement de Paris, en présence de Nilufer Göle qui a dirigé la thèse de Dilek Yankaya, et de l’écrivain Nedim Gürsel. «Je suis ravie d’avoir accueilli dans cette mairie une rencontre assez inhabituelle entre des intellectuels français et puis cette analyse de la Turquie, que je ne connaissais pas», a déclaré le député.
DILEK YANKAYA ET L’ENTREDEUX MÉTHODOLOGIQUE L’ouvrage de la chercheuse francoturque est le résultat d’une méthodologie assumée et défendue par l’auteure qu’elle désigne sous le nom «d’entredeux». «L’originalité de cet ouvrage est son croisement entre la sociologie et la science politique, mais aussi de la tradition de deux écoles prestigieuses l’EHESS et Sciences Po», a précisé Dilek Yankaya. «La Turquie est un pays qui se réinvente tous les jours. Les entrepreneurs musulmans aussi se réiventent entre la modernité néo-libérale et la rationalité instrumentale d’une part, et la piété et le respect de la moralité
islamique, d’autre part», a-t-elle ajouté. La diversité de ces entrepreneurs pris dans des logiques à la lisière entre leurs intérêts économiques et leurs préoccupations morales est aussi un des éléments conducteurs du livre. L’auteure a également formulé le souhait que son ouvrage améliore la compréhension réciproque entre la Turquie et la France. «Mais c’est au lecteur de se faire sa propre idée car la modernité est un arrangement entre ses envies, ses ambitions, ses convictions et son projet de vie». La traduction du livre en turc est prévue pour février prochain.
Attaques racistes contre Christiane Taubira : «Ne rien laisser passer»
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Le Premier ministre a saisi le procureur de la République suite à la une de l’hebdomadaire d’extrême-droite Minute visant la ministre de la Justice Christiane Taubira. La saisine a été effectuée «en application de l’article 40 du code de procédure pénale», afin «de porter ces faits susceptibles de constituer l’infraction d’injure publique à caractère racial». L’exécutif réfléchit au moyen d’arrêter la diffusion du magazine.
L’EXTRÊME-DROITE RÉITÈRE Quelques jours après qu’une candidate FN aux municipales eut comparé Christiane Taubira à un singe, le magazine écrit : «Maligne comme un singe, Taubira retrouve la banane». Après le Parti socialiste, qui a appelé à porter plainte sans délai pour obtenir une suspension des ventes, l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) a demandé au parquet d’ouvrir des poursuites pour provocation à la haine raciale. «Une abjecte de Minute, le journal de ceux qui n’aiment pas la France et incitent à la haine raciale», a déclaré la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine sur son compte twitter. Pour SOS Racisme, cette nouvelle provocation «confirme que les insultes envers la garde des Sceaux n’étaient pas un acte isolé». «Il y a bien une stratégie globale de
l’extrême-droite, qui tente de légitimer l’utilisation de la haine raciale comme forme acceptable du débat démocratique», écrit l’organisation.
APPEL À UN SURSAUT RÉPUBLICAIN Christiane Taubira n’avait pas l’intention pour sa part d’engager une action en justice contre l’hebdomadaire pour ne pas lui faire de publicité, a indiqué son entourage au Lab d’Europe 1. Réagir d’une manière ou d’une autre, «c’est faire augmenter les ventes de l’hebdomadaire de 10%», a-t-on expliqué. Après les attaques contre la ministre de la Justice et des huées d’extrême droite visant François Hollande lors des cérémonies du 11 novembre, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a appelé mardi à un sursaut républicain. Il a rappelé lors des questions d’actualité à l’Assemblée nationale que la ministre de la Justice avait pris des mesures qui permettront de porter plainte plus facilement et d’engager des procédures judiciaires «pour ne rien laisser passer.» « C’est à un sursaut républicain que nous devons appeler. Je me félicite que le jour du 11 novembre, à Angers comme à Nantes, des manifestations citoyennes ont été organisées pour dire "non" aux propos racistes qui ont été tenus à l’égard de Christiane Taubira», a-t-il ajouté.
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«Puisque le système bancaire ne fait pas son travail, l’Etat va faire la banque» Déclaration d’Arnaud Montebourg sur France Inter à propos du «plan de résistance économique» qu’il a présenté mercredi.
Pauvreté et chômage, le cercle vicieux
De plus en plus de couples avec enfant ont recours à des associations de solidarité comme le Secours catholique.
NOMBRE DE MÉNAGES ACCUEILLIS SELON LEUR TYPE ET LA NATIONALITÉ DE LA PERSONNE DE RÉFÉRENCE
Alors qu’une note récente du Centre d’études de l’emploi montre les insuffisances du RSA, notamment en terme de retour à l’activité, le Secours catholique publie un rapport sur la situation de 96.000 personnes accueillies par l’association en 2012. Il souligne la détérioration des situations individuelles et familiales des plus démunis et l’existence d’un véritable cercle vicieux : plus l’on est pauvre, et plus il est difficile de retrouver un travail lorsqu’on est au chômage. FARIDA BELKACEM PARIS Travail, logement, la précarité n’a fait qu’augmenter avec la crise. Le dernier rapport publié par le Secours catholique : «Emploi : quelle place pour les plus pauvres ?» ne fait que confirmer ce constat. Cette étude fouillée, qui
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analyse la situation de 96.000 personnes accueillies par l’association en 2012, ne prétend rien nous apprendre de nouveau. Elle fait simplement le constat implacable de milliers de situations individuelles et familiales qui ne font que se détériorer dans notre pays. Pour les personnes, pauvres ou très pauvres, qui ont recours à l’association, le niveau de vie a encore baissé. La proportion de chômeurs est 7 fois plus forte que pour le reste de la population française et il est extrêmement difficile d’avoir accès à des emplois, a fortiori à des emplois à temps plein.
7 FOIS PLUS DE CHÔMAGE QU’AILLEURS Sur la totalité des personnes accueillies en 2012 par le Secours catholique, 67 % des personnes étaient au chômage (7 fois plus que le taux national). La moyenne a vécu avec 497 euros par mois et presque 1/5e étaient totalement sans ressources. Le niveau de vie de ces personnes à diminué de 2,5 % par rapport à 2011. Les chômeurs de longue durée ont augmenté, et parmi eux, les chômeurs non indemnisés. Les jeunes chômeurs sont particulièrement frappés puisque 77 % d’entre eux ne sont pas indemnisés.Or, le
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président du Secours catholique l’explique bien dans la revue Messages : «Le chômage tue la vie familiale et la vie personnelle. Il rompt les liens que l’on avait avec le reste de la société, en donnant le sentiment que soudain nous ne sommes plus capable de donner à la société ce qu’elle nous a apporté».
LES MÈRES ISOLÉES SONT LES PLUS VULNÉRABLES Parmi les publics qui se sont encore précarisés, les mères isolées (161.000 d’entre elles ont été accueillies par le Secours catholique, 43.500 étant de nationalité étrangère), les hommes seuls, les personnes de nationalité étrangère (qui ont un niveau de vie moyen de 290 euros par mois) ou encore les personnes âgées.
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L’accès à la formation professionnelle est encore trop rare pour les chômeurs.
«La moyenne a vécu avec 497 euros par mois et presque 1/5e étaient totalement sans ressources»
RÉINTÉGRER LE MILIEU DU TRAVAIL Les chiffres de 2012 font état d’un véritable cercle vicieux pour les personnes en difficulté : plus l’on est pauvre, et plus il est difficile de retrouver un travail lorsqu’on est au chômage. Les populations démunies ont plus de mal que les
autres à réintégrer le milieu du travail, un problème de réseau mais aussi d’accès à la formation professionnelle. Ainsi, seules 2,4 % des personnes actives recensées par le rapport y avaient accès. C’est pourtant l’un des meilleurs outils pour la réinsertion professionnelle.
ÉVOLUTION DU NIVEAU D’ÉTUDES DES PERSONNES ACCUEILLIES DEPUIS 2003
DES EMPLOIS PRÉCARISÉS Par ailleurs, avoir un travail ne suffit absolument pas à se protéger de la vulnérabilité financière, tant les emplois se sont précarisés, en termes de salaire, mais aussi de nombre d’heures ou de type de contrat (intérimaire, CDD etc.). Ainsi la proportion des personnes accueillies occupant un emploi à temps partiel est passée de 21 % en 2003 à 30 %.
502 kilos de cocaïne saisis -
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DES LOGEMENTS PRÉCAIRES ET DES IMPAYÉS Comment se manifeste cette pauvreté grandissante ? Pour la population sur laquelle se penche ce rapport, par des impayés, pour le logement (43 %), pour l’énergie (39 %). Presque 1/4 de cette population vit dans des logements précaires, un chiffre qui a augmenté de 2 % en un an. A noter que le diplôme ou les équivalences sont une garantie de moins en forte contre la précarité.
Une filière spécialisée dans l’importation en France de cocaïne provenant d’Amérique du Sud et de la Caraïbe a été demantelée et 502 kilos de drogue ont été saisis, a annoncé mardi le ministère de l’Intérieur. Lors de cette opération, 22 personnes ont été interpellées à Paris, Fort-de-France, en Martinique, et San Sebastian, en Espagne, précise-t-il dans un communiqué. Huit suspects sont déjà écroués, trois ont été remis en liberté et 11 étaient mardi en cours de présentation en vue de leur mise en examen. L’enquête, qui a duré un an, a débouché sur quatre opérations successives. L’une a permis de découvrir 162 kg de cocaïne dissimulés dans du fret légal dans un conteneur au départ de Fort-de-France, à destination du Havre, et d’interpeller cinq trafiquants présumés, dont deux dockers. Huit kilos sur le point d’être envoyés en métrople par avion ont été saisis dans un second temps. Dans le port du Havre, 332 kg de cocaïne cachés dans un conteneur ont été saisis et cinq personnes, dont deux dockers, arrêtées. 7 autres trafiquants présumés, dont les deux financiers de l’organisation, ont été à leur tour interpellés en France et en Espagne, avec le concours de l’UDYCO (Unidad de Drogas y Crimen Organizado) de Madrid.
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La mixité des résidences étudiantes fait débat Début novembre, le Premier ministre Erdogan a affirmé que les autorités devraient agir pour mettre un terme à la vie commune des étudiants non mariés, provoquant ainsi une véritable levée de boucliers des partis de l’opposition.
Selon les experts, une ingérence dans la vie privée des citoyens serait une violation de la Constitution.
AYDIN ALBAYRAK, SELÇUK GÜLTASLI Nouvelle tempête dans le paysage politique turc. Mardi 5 novembre, lors d’une réunion de parti, le Premier ministre Erdogan a affirmé que les autorités devraient agir pour mettre un terme à la vie commune des étudiants non mariés. «Personne ne sait ce qui se passe dans ces résidences étudiantes. Peut-être qu’il s’y passe des choses douteuses. Après, les parents vont s’écrier
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«Rien ne pourrait légitimer une telle action»
"Où est l’Etat dans tout ça" ? […] En tant que gouvernement conservateur et démocratique, nous devons intervenir», a déclaré Erdogan. «La vie privée de nos citoyens est sous notre garantie. Mais il existe des modes de vie légitimes et illégitimes», a-t-il ajouté. Une déclaration qui a provoqué une véritable levée de boucliers des partis de l’opposition. Le porte-parole et ancien président du
CHP, Haluk Koç, a critiqué les propos d’Erdogan : «Dans les démocraties, les droits et les libertés individuelles sont sacrés. L’Etat ne peut pas les inspecter, les surveiller», a déclaré Koç lors d’une conférence de presse à Ankara le 6 novembre. Le vice-Premier ministre, Bülent Arinç, a catégoriquement nié les possibles interventions du gouvernement dans les résidences étudiantes, même s’il a aligné son point de vue sur celui d’Erdogan et affirmé que les femmes sont celles qui pâtissaient le plus de cette cohabitation hors mariage.
AUCUNE RAISON DE S’INQUIÉTER, SELON LES EXPERTS Mais pour les analystes, il n’y a aucune raison de s’inquiéter d’une éventuelle
ingérence du gouvernement dans la vie des étudiants. Les experts rappellent qu’il est impossible d’un point de vue légal que le Premier ministre agisse tant que le système légal de la Turquie est proche de celui des Occidentaux. Orhan Kemal Cengiz, avocat spécialisé dans les droits de la personne, souligne que le système juridique turc n’autorise pas ce type d’intervention dans la vie privée des individus. Notant que la Turquie est membre du Conseil de l’Europe et qu’elle peut être portée devant la Cour européenne des droits de l’homme, l’avocat explique qu’une ingérence dans la vie privée des étudiants «représenterait le passage de la Turquie à un autre système juridique». «Cette intrusion dont parle le Premier ministre serait une
violation majeure à la fois de la Constitution et de la Convention européenne des droits de l’homme», affirme pour sa part à Zaman Mithat Sancar, professeur de droit à l’Université d’Ankara. «Rien ne pourrait légitimer une telle action», ajoute-t-il, soulignant que cet acte représenterait une violation du droit fondamental à la vie privée. De plus, les étudiants sont des individus de plus de 18 ans, considérés comme adultes d’après la loi turque. Pour les analystes, le 58e article de la Constitution autorise le gouvernement à protéger les jeunes des vices tels que l’alcool, les drogues ou les jeux d’argent, mais ne donne pas de base solide qui autorise l’ingérence des autorités dans la vie privée des individus.
Hollande sera en Turquie le 27 janvier SERVET YANATMA ANKARA La visite tant attendue en Turquie du président français François Hollande aura lieu les 27 et 28 janvier 2014, vient d’apprendre Zaman. Sa visite suivra celle du président allemand, Joachim Gauck, en décembre. La victoire électorale en 2012 de Hollande a été bien accueillie par Ankara. François Hollande avait en effet adopté une position plus modérée que celle de son prédécesseur vis-à-vis de la candidature turque à l’Union européenne. La date de la visite du président français a été arrêtée après la signature le mois dernier d’un accord pour la construction d’une centrale nucléaire par un consortium franco-japonais sur la côte turque de la Mer Noire.
Le quartier Topkapi compte déjà le musée Panorama 1453 consacré à la conquête de Constantinople par les Ottomans.
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L’INVITATION D’ERDOGAN Contrairement à l’ancien président Nicolas Sarkozy, qui avait bloqué les pourparlers entre la Turquie et l’UE concernant en particulier cinq chapitres directement liés à l’adhésion turque, Hollande, lui, a levé l’objection de Paris à l’ouverture des pourparlers de l’un des cinq chapitres bloqués.
Istanbul va enfin avoir son musée de la ville
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La dernière visite officielle française remonte à 1992.
Ainsi, les discussions concernant le chapitre 22 ont commencé en début de semaine à Bruxelles. En marge du sommet du G-20 au Mexique en 2012, le Premier ministre Erdogan a invité Hollande à se rendre en Turquie, lui faisant remarquer qu’aucun chef d’Etat français n’était venu en Turquie dans les deux dernières décennies.
Pendant son mandat, Sarkozy s’était rendu très brièvement en Turquie en 2011 en tant que président du G20. La dernière visite officielle française remonte à 1992 et à François Mitterrand. La visite de François Hollande sera consacrée aux rapports bilatéraux, à la candidature turque à l’UE et à la crise en Syrie.
L’ouverture tant espérée du musée de la ville d’Istanbul attend désormais le feu vert du maire Kadir Topbas, ont rapporté les médias le mardi 5 novembre. La fondation du musée devrait être créée avant les élections municipales fin mars de l’année prochaine, rapporte le quotidien Radikal. Le fait qu’Istanbul n’ait toujours pas de musée de la ville alors que d’autres métropoles turques ont déjà le leur, a longtemps été sujet de débat. L’ensemble des aspects de la vie culturelle et sociale au sein de la métropole ainsi que les représentations des plus grandes œuvres architecturales comme la mosquée Süleymaniye ou le
tunnel du Marmaray récemment inauguré feront partie du musée. De plus, chaque quartier d’Istanbul aura un espace qui lui sera consacré dans le musée. Le passé et le présent de la ville d’Istanbul seront exposés au fil des 46 galeries du musée, qui se situera près du musée Panorama 1453 consacré à la conquête de Constantinople par les Ottomans, dans le quartier Topkapi. L’année dernière, 100 personnes d’organismes divers comme le ministère de la Culture et du Tourisme et la mairie d’Istanbul, des intellectuels, des architectes et des designers industriels étaient réunies pour un atelier relatif à l’édification de ce musée.
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Les alévis plaident leur cause devant le président Gül -
Le président Gül a reçu des représentants d’associations alévies lors d’un dîner au palais présidentiel le lundi 11 novembre.
MON AVOCAT CANAN ÖZENICI
La Cour de Cassation protège l’équilibre employeur/salarié Nous avons à plusieurs reprises, lors de nos chroniques, présenté le rôle important de la plus haute autorité de justice de France en droit social. Par un arrêt du 9 octobre dernier, la Cour de Cassation confirme sa position et annule le licenciement d’un salarié comme étant contraire au principe de l’égalité des armes. En l’espèce, un salarié était lié à son employeur en vertu de plusieurs contrats de travail à durée déterminée. En cours de relation, il saisit le conseil de prud’hommes afin de voir requalifier ces contrats en un contrat à durée indéterminée, ce qu’il obtient. L’employeur lui propose alors la conclusion d’un contrat à durée indéterminée, mais dont le contenu diffère de celui résultant du jugement. Le salarié exprime, quant à lui, son souhait de poursuivre la relation à ces dernières conditions, donc sans modification. Les deux parties interjettent appel et, avant que celui-ci n’aboutisse, l’employeur licencie le salarié pour refus d’exécuter le jugement et refus de reprendre le travail en application des conditions de travail établies par l’employeur. La Cour de cassation considère que le principe d’égalité des armes s’oppose à ce que l’employeur utilise son pouvoir disciplinaire, en l’occurrence son pouvoir de licencier, pour imposer au salarié les conditions du règlement du procès qui les oppose. Elle casse ainsi l’arrêt contesté, en ce qu’il a rejeté la demande d’annulation du licenciement. La relation de travail entre un employeur et un salarié est par essence même déséquilibrée, que ce soit à l’occasion de la conclusion du contrat (l’employeur ayant la possibilité de refuser l’embauche d’une personne si celle-ci n’adhère pas aux conditions), ou lors de son exécution (l’employeur ayant un pouvoir disciplinaire pouvant sanctionner son salarié en cas de mauvaise exécution). En France, c’est considération prise de ce déséquilibre que la loi et les tribunaux mettent en place les garanties protectrices en faveur du salarié. Le seul problème qui reste en pratique : les délais existants devant la juridiction prudhommale pour trancher d’un litige et le comportement qui doit être adopté durant toute la durée de la procédure : le salarié doit-il continuer de se présenter durant toute la procédure alors qu’il est en litige avec son patron ou doit-il courir le risque que son comportement soit qualifié d’abandon de poste ? Là encore, tout est question d’équilibre !
Pour vos questions : ceruguz@yahoo.fr
Au cours d’un dîner organisé le 11 novembre par Abdullah Gül à l’occasion du mois de mouharram, au palais présidentiel de Çankaya, les représentants de la communauté alévie ont revendiqué leur cause auprès du président turc. Les réformes démocratiques présentées par Erdogan le 30 septembre dernier ont en effet déçu les alévis qui espéraient que l’Etat reconnaisse officiellement leurs lieux de culte et ne fasse plus de différences entre les diverses croyances en Turquie. Le gouvernement, pour sa défense, avait rétorqué que les alévis n’étaient pas capables d’atteindre un consensus dans leurs demandes. Le pré-
sident de l’association alévie Bektasi, Selahattin Özel, a demandé au gouvernement de ne plus construire de mosquées dans les villages alévis et de reconnaître les cemevis en tant que lieux de prière. «Qui, parmi les alévis, pense différemment, lorsqu’il s’agit des cemevis ?», a soulevé Özel, faisant remarquer que ce type de désaccord existe aussi chez les sunnites, à la différence que l’Etat ne reste pas sourd à leurs demandes. Le professeur Izzettin Dogan, président de la fondation CEM, a notamment ajouté à la liste des demandes majeures des alévis une citoyenneté égale ainsi qu’un salaire et une sécurité sociale pour leurs chefs spirituels (dedes).
08 TURQUIE
15 - 21 NOVEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
Sévices et suicides chez les militaires : que fait l’armée ? Alors que le gouvernement a réduit la durée du service militaire, les dernières affaires de sévices et de suicides chez les militaires révèlent à quel point l’armée a du mal à mettre fin dans ses rangs à la culture de la violence. NOAH BLASER ISTANBUL Quand Esat Mengilli a été battu à mort par quatre sergents pendant un entraînement militaire en 2007, sa famille et ses avocats ont été déconcertés par la durée de la sanction dont ont écopé les quatre coupables : 10 mois de prison. Fait encore plus troublant, quand l’affaire s’est terminée le mois dernier, 6 ans après son ouverture, cette condamnation a été supprimée par un juge militaire. Un verdict qui montre que les Forces armées turques ne parviennent pas à lutter contre une tradition de violations des droits chez les conscrits, rapporte à Zaman le seul observatoire des droits des soldats du pays. «Malgré la réduction du service militaire, le gouvernement ne fait rien pour résoudre les problèmes des droits des militaires que l’opinion publique connaît bien désormais », a déclaré Tolga Islam,
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Esat Mengilli a été battu à mort par quatre sergents pendant un entraînement militaire en 2007.
fondateur de la Plateforme des droits des Soldats, une ONG dont la mission est de surveiller le nombre des décès et de suicides ainsi que les mauvais traitements subis au sein de l’armée.
EN TOUTE IMPUNITÉ Le mois dernier, le gouvernement a réduit le service militaire obligatoire de 15 à 12 mois pour les jeunes hommes détenteurs d’un diplôme d’études supérieures. Plus rares sont les promesses de réformes du système judiciaire interne de l’armée ou concernant les violences et les suicides, commente Tolga Islam. Les violences au sein de l’armée n’étaient qu’objets de rumeurs, jusqu’à ce qu’en 2011, le soldat Ugur Kantar subisse des tortures dans une prison militaire. Tolga Islam a créé un site internet cette même année afin d’inviter les anciens conscrits à par-
tager leur vécu et à obtenir une aide légale. Jusqu’à maintenant, le site a reçu plus de 650 plaintes, soit plus de deux par jour, pour violences physiques ou non accès à des soins médicaux. Le procès des supérieurs de Mengilli prouve que ces problèmes sont ancrés dans un système où «des sanctions bien définies pour les supérieurs ayant recours à la violence contre des conscrits manquent totalement», déclare Tolga Islam. «C’est
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un système qui encourage les officiers supérieurs à ignorer les limites de leur autorité et à agir en toute impunité», a-t-il précisé. Pour lui, il serait préférable que les tribunaux civils traitent les cas des conscrits à l’avenir, ce qui permettrait à la victime d’avoir un traitement égal à celui de son agresseur lors d’un procès. Pour la Plateforme, le service militaire réduit aura un effet positif sur le taux de suicides des conscrits, autre sujet de préoccupation chez les militants des droits des militaires. On dénombre 979 cas de suicides dans l’armée au cours de la dernière décennie, à comparer aux 601 soldats qui sont morts lors de combats avec le PKK dans le sud-est de la Turquie pendant la même période. Seuls 38 soldats se sont suicidés cette année, un chiffre un peu plus bas que les estimations de l’ONG en début d’année. Une partie de cette diminution pourrait reposer sur les «systèmes de binômes» mis en place par l’armée pour empêcher les soldats en poste de surveillance seuls de se suicider. Tolga Islam fait néanmoins remarquer que la plupart des suicides se produisent quand certaines formes de violence physique sont commises.
«CES PROBLÈMES NÉCESSITENT UN ENCADREMENT CIVIL» Le mois dernier, un tribunal militaire a condamné un sergent à 25 jours de prison seulement pour avoir frappé à plusieurs reprises le soldat Nihat Bakir, qui s’est suicidé peu après le début de ces sévices en 2012. La sanction a ensuite été atténuée par un juge et l’affaire a été rapportée dans la presse comme l’exemple d’une armée qui ne prend ni les suicides ni les violences au sérieux. Certaines réformes ont été promulguées depuis la mort de Kantar. Mais les promesses par l’armée d’éradiquer la violence et de contrôler les suicides n’ont pas été accompagnées de la transparence nécessaire, a déclaré Tolga Islam. Ce dernier a ajouté que son groupe déposera une requête auprès du bureau des Droits mis en place récemment par le gouvernement, pour apporter plus de transparence aux affaires criminelles ayant lieu dans l’armée. «Le problème, c’est que l’armée n’admet pas que ces problèmes nécessitent un encadrement civil et de la transparence. On peut toujours réduire le service militaire, mais cela ne mettra pas fin à cette culture de la violence qui prospère grâce au secret et à l’impunité», a conclu Tolga Islam.
La Cour européenne condamne la Turquie
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La Cour européenne des droits de l’homme a condamné la Turquie pour violation de plusieurs articles de la Convention européenne des droits de l’homme dans l’affaire du bombardement en 1994 de deux villages, Kuskonar et Koçagi, situés dans le sud-est du pays. La Turquie devra verser, au titre du préjudice moral, 2.305.000 millions d’euros aux 38 requérants, les habitants des deux villages bombardés. La Turquie devra également verser 5.700 euros supplémentaires pour les frais de procédure. Le jugement, annoncé le mardi 12 novembre, revêt une grande importance puisque
cette affaire est similaire à celle du bombardement d’Uludere, dans laquelle 34 villageois kurdes avaient été tués après une frappe aérienne de l’armée turque en décembre 2011. Le bombardement des villages de Kuskonar et Koçagi avait fait 30 morts et plusieurs blessés. La Turquie a été condamnée pour violation de l’article 2 (droit à la vie), de l’article 3 (interdiction au traitement inhumain et dégradant) de la Convention européenne et pour non-respect de l’article 38 (fournir toutes les facilités nécessaires pour un examen contradictoire de l’affaire).
09 EUROPE
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En Allemagne, les Turcs se sentent bien ZIVER ERMIS COLOGNE Selon une étude menée par des chercheurs turcs et allemands, 90 % des Turcs résidant en Allemagne se sentent chez eux. L’enquête, qui a recueilli les témoignages de 2.244 personnes, révèle les perceptions politiques et identitaires des Turcs d’Allemagne. Ainsi, 90 % d’entre eux disent se sentir bien intégrés à la société allemande, tandis que 6 % ont répondu négativement. Cela dit, même si les Turcs qui ont pris la nationalité allemande se sentent chez eux, ils hésitent pour autant à s’identifier comme «Allemands». Le sondage révèle ainsi que 37,72 % des citoyens allemands ayant des origines turques s’identifient comme des «Turcsmusulmans», 13,57 % s’identifient comme «Turcs», 13,97 % comme «Turcs-musulmans-Alle-
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Adhésion turque à l’UE : un nouveau chapitre s’ouvre SELÇUK GÜLTASLI BRUXELLES Après un hiatus de 40 mois dans les négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, un nouveau chapitre s’est écrit mardi 5 novembre à Bruxelles. Le chapitre 22 sur la politique régionale s’est ouvert en présence du ministre turc des Affaires européennes, Egemen Bagis, du ministre turc du Développement, Cevdet Yilmaz, et du Commissaire européen à l’élargissement, Stefan Füle. La France a déjà affirmé
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qu’elle ne lèverait pas son veto sur les quatre derniers chapitres suspendus par Nicolas Sarkozy en 2007 avant la fin des élections du Parlement européen en juin 2014. Bagis s’est dit néanmoins satisfait de cette avancée après quasiment trois ans et demi d’interruption, en saluant le rapport sur la Turquie publié par la Commission européenne le 16 octobre dernier. «Je dois admettre que c’est l’un des rapports les plus objectifs et les plus motivants des dix dernières années», a-t-il déclaré.
mands» et 8,08 % comme «TurcsAllemands».
KURDES ET ALÉVIS NE S’IDENTIFIENT PAS COMME TELS L’étude montre en revanche qu’il y a un faible pourcentage de personnes qui s’identifient comme Kurdes ou alévis. «Nous avons constaté que cette population, en grande majorité, s’identifiait comme "turque-musulmane-allemande". Il y a de nombreux Kurdes et alévis en Allemagne, mais ils ne s’identifient pas comme tels», révèle le directeur du centre de recherche à l’initiative de l’étude, Murat Erdogan. De plus, 84 % des personnes interrogées ont répondu par l’affirmative à la question de savoir si elles allaient voter aux prochaines élections turques. Ces personnes possèdent la nationalité turque ou la double nationalité.
Le président de la CFA, Costakis Koutsokoumnis et son homologue de la CTFA, Hasan Sertoglu.
90 % des Turcs d’Allemagne s’estiment bien intégrés.
Chypriotes grecs et turcs joueront ensemble au football
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Divisées depuis 39 ans, la Chypre grecque et la République turque de Chypre du Nord, ont trouvé un terrain d’entente : une équipe de football unique pour toute l’île. Le mardi 5 novembre, lors d’une réunion à Zurich en Suisse en présence de la Fédération internationale de football (FIFA) et de l’Union des associations européennes de football (UEFA), la Fédération chypriote turque de football (CTFA) et la Fédération chypriote de football (CFA) ont signé un arrangement provisionnel sur la constitution d’une équipe commune. Cet arrangement devra être ratifié par les assemblées générales des deux Fédérations de football chypriotes pour être valide. Le texte prévoit que la CTFA fasse partie de la CFA conformément aux statuts et aux réglementations de la CFA. C’est la CFA qui sera responsable des problèmes concernant le football à Chypre.
«LE FOOTBALL PEUT CONSTRUIRE DES PONTS» «La CFA et la CTFA montrent aujourd’hui au monde entier que le football peut construire des ponts et rassembler après une longue période de conflit», a déclaré le président de la FIFA, Sepp Blatter. La CFA est reconnue par la FIFA alors que la CTFA ne l’est pas. La République turque de Chypre du Nord a participé à différents tournois pour des équipes non reconnues par la FIFA, comme en 2006, lorsque l’équipe avait remporté à Hambourg l’«autre» Coupe du monde de la FIFA (une compétition non officielle) face à Zanzibar.
10 INTERNATIONAL Khamenei à la tête d’un empire financier
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D’après une enquête menée par l’agence Reuters, le numéro 1 du pouvoir iranien, le Guide suprême Ali Khamenei, aurait à sa disposition la coquette somme de 95 milliards de dollars sous la houlette de la société nationale Setad.
Le Guide suprême de la République iranienne Ali Khamenei.
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L’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution islamique iranienne, contrôle un empire économique d’environ 95 milliards de dollars (environ 71 milliards d’euros), une somme supérieure à la valeur actuelle des revenus pétroliers annuels du pays, a pu établir l’agence Reuters au terme d’une enquête de six mois. Cette organisation peu connue, baptisée Setad, est l’une des clés de la longévité au pouvoir du dirigeant iranien. Elle possède des parts dans pratiquement chaque secteur de l’économie nationale, de la finance au pétrole en passant par les télécommunications. Rien ne prouve que le Guide suprême puise dans les fonds de Setad pour s’enrichir personnellement, mais l’organisation donne à Ali Khamenei, au pouvoir depuis 24 ans, les moyens financiers d’opérer indépendamment du parlement et du budget national, ce qui le protège des complexes luttes de pouvoir qui agitent en interne la République islamique.
DES CONFISCATIONS DE BIENS Setad a bâti son empire en confisquant systématiquement des milliers de biens appartenant à des Iraniens aux profils variés, qu’ils soient chiites, membres de minorités religieuses, hommes d’affaires
95 milliards de dollars, ou membres de la diaspora. L’enquête de Reuters montre comment Setad a amassé un gigantesque portefeuille de biens immobiliers en clamant devant les tribunaux, parfois à tort, que ces propriétés avaient été abandonnées. L’organisation détient désormais, sur ordre de la justice, un monopole sur la saisie de propriétés au nom du Guide suprême, et vend régulièrement ces biens aux enchères ou cherche à retirer de l’argent auprès de leurs propriétaires d’origine. Pour le seul mois de mai 2013, près de 300 biens ont ainsi été mis aux enchères par Setad, pour des millions de dollars. Selon l’un de ses cofondateurs, Setad devait aider les pauvres et les anciens combattants
et n’était censée exister que pendant deux années.
UNE CAGNOTTE SUPÉRIEURE AUX EXPORTATIONS DE PÉTROLE Près de vingt-cinq ans plus tard, l’organisation s’est muée en vaste machine économique. Outre l’immobilier, Setad possède des parts dans des dizaines d’entreprises publiques ou privées, avec l’objectif avoué de créer un conglomérat iranien pour stimuler la croissance économique de la République islamique. Le montant total des avoirs de Setad est évalué à environ 95 milliards de dollars – dont 52 milliards de biens immobiliers et
c’est le montant des avoirs du groupe économique Setad, présidé par le Guide Khamenei
43 milliards de parts d’entreprises. Cette estimation s’appuie sur l’examen de déclarations de responsables de Setad, des données de la Bourse de Téhéran et des sites d’entreprises, et des informations du Trésor américain. Le montant dépasse d’environ 40 % les exportations pétrolières de l’Iran en 2012, qui ont atteint 67,4 milliards de dollars selon le Fonds monétaire international.
Syrie : La guerre redonne un élan aux mouvements kurdes -
La guerre civile syrienne donne un nouvel élan à la cause kurde, dont les miliciens multiplient les succès militaires dans le NordEst et gagnent également du terrain sur le plan politique. Victimes depuis des décennies d’une discrimination imputable aussi bien à Bachar al Assad qu’à son père Hafez, qui l’a précédé à la tête de l’Etat, les membres de cette minorité voient dans le conflit un bon moyen d’accéder à l’autonomie de fait arrachée par leurs frères irakiens à l’issue de la première guerre du Golfe. La progression des milices kurdes «est globalement acceptée par tout le monde», affirme Piroz Perik, un militant kurde de Kamichli. Elle suscite toutefois des inquiétudes, autant pour l’intégrité territoriale de la Syrie que pour la stabilité de ses voisins qui présentent la même mixité ethnique et religieuse. Forte de 25 millions d’âmes, la communauté kurde présente en Turquie, en Iran, en Irak et en Syrie est souvent présentée comme le plus important groupe ethnique ne disposant pas de son propre Etat.
LES AMBITIONS DU PKK La situation en Syrie inquiète particulièrement la Turquie, qui a entamé des négociations de paix avec les séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) après trente ans de conflit. Les
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autorités turques craignent que les succès des milices syriennes associées au Parti de l’union démocratique (Partiya Yekîtiya Demokrat, PYD) ne relance les ambitions du PKK, dont il est très proche, mais elles redoutent aussi la présence à sa porte de djihadistes liés à Al Qaïda qui combattent le PYD. «On va assister à une division plus claire du nord de la Syrie entre PYD et rebelles islamistes», prédit Piroz Perik. Les deux tiers des territoires majoritairement kurdes de Syrie sont aux mains des milices liées au PYD, selon leur porte-parole Redur Xelil. C’est notamment le cas de la province d’Hassaka, dont la population est kurde à 70 %, précise-t-il. Forts de ces succès, les combattants kurdes pourraient désormais être tentés de prendre des villes frontalières stratégiques telles Jarablous ou Azaz, majoritairement arabes, par lesquelles passent les voies logistiques des rebelles syriens. Ces derniers réagiraient sans doute très violemment.
UN AXE RÉGIONAL PRO-ASSAD Ces victoires jettent le doute sur l’efficacité militaire des rebelles du Front al Nosra et de l’Etat islamique d’Irak et du Levant, tous deux liés à Al Qaïda. Les deux mouvements ont mené plusieurs offensives contre les positions kurdes du Nord-Est mais dans leurs propres rangs, on juge qu’ils ne chercheront
Une zone syrienne sous le contrôle du PKK dans la banlieue d’Alep.
plus à inverser un rapport de forces désormais bien établi et qu’ils se focaliseront maintenant sur le Nord-Ouest et la région d’Alep. La bataille a fait rage pendant quatre jours le mois dernier avant l’intervention de forces irakiennes, qui a fait basculer les combats en faveur des Kurdes, disent-ils.
Les Kurdes du PYD se disent hostiles à Bachar al Assad et ne cherchent pas à bâtir un Etat séparé, mais sont également méfiants vis-à-vis du soulèvement mené par les sunnites. Pragmatique, le parti kurde serait prêt à coopérer avec quiconque l’aidera à atteindre son objectif d’autonomie.
TomTom, le numéro 1 hollandais des systèmes de navigation, a révélé qu’Istanbul se plaçait en deuxième position mondiale des villes en termes d’embouteillages.
11 INTERNATIONAL
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Le musée de l’Holocauste rend hommage aux musulmans birmans -
A quelques pâtés de maisons de la Maison blanche, alors que le président de la Birmanie est honoré pour ses efforts en termes de démocratie, une autre facette de la situation de son pays est dévoilée sur les murs du musée de l’Holocauste de Washington : celle des musulmans Rohingya. Lundi 4 novembre, étaient projetées les images saisissantes en noir et blanc du photographe américain Greg Constantine mêlant portraits et habitations brûlées que ces populations ont dû fuir après une éruption de violences meurtrières l’été dernier. Résultat, plus de 100.000 d’entre eux se sont retrouvés confinés dans des camps de déplacés. Ce peuple sans Etat ne peut obtenir la citoyenneté birmane.
«EMPÊCHER QUE CE TYPE DE CRIME NE SE PRODUISE DE NOUVEAU» Les musulmans Rohingya sont assimilés à des immigrés clandestins venus du Bangladesh voisin. «Il est regrettable de constater qu’en ce moment, alors que tous les yeux sont tournés vers les développements qui ont lieu en Birmanie, cette tragédie est éclipsée au profit des réformes démocratiques», confie le photographe
A Manfouha, au sud de Riyad, des immigrés éthiopiens sur le point d’être expulsés.
Riyad chasse ses immigrés illégaux
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Dimanche, des milliers d’immigrés illégaux se sont rendus à la police saoudienne, suite aux heurts qui avaient opposé samedi la police saoudienne à des travailleurs étrangers dans un quartier défavorisé de Riyad, faisant deux morts et 68 blessés, selon les forces de l’ordre. Ces incidents interviennent près d’une semaine après le lancement d’une vaste opération contre l’immigration clandestine qui a conduit à des milliers d’arrestations et dans laquelle un homme a été tué par les policiers.
FIN DE L’AMNISTIE POUR LES IMMIGRÉS ILLÉGAUX Dans le quartier défavorisé de Manfouha, les forces de sécurité ont tiré en l’air pour disperser de nombreux manifestants, dont certains jetaient des pierres et d’autres projectiles, selon des témoins de Reuters. La police a annoncé 561 interpellations. L’une des deux personnes décédées est saoudienne, la nationalité de l’autre n’a pas été précisée par les autorités. Mercredi, un Éthiopien a été tué par les forces de l’ordre, après avoir essayé de se saisir de l’arme d’un policier, d’après le quotidien anglophone Arab News. Ryad a accordé une période de grâce de sept mois au cours de laquelle les autorités ont fait savoir aux clandestins que s’ils ne régularisaient pas leur situation, ils devraient partir, sous peine d’être emprisonnés. Cette période d’amnistie, pendant laquelle des centaines de milliers de travailleurs étrangers ont quitté le royaume, a pris fin lundi dernier.
qui a passé 7 ans à photographier les musulmans Rohingya de part et d’autre de la frontière entre la Birmanie et le Bangladesh. Le musée américain de l’Holocauste commémore en premier lieu le génocide pratiqué par les Nazis à l’encontre des Juifs pendant la Deuxième guerre mondiale mais aussi les massacres qui ont eu lieu en Bosnie, au Rwanda et au Soudan. «Nous n’essayons pas d’assimiler ces différentes situations. Ce que nous voulons, c’est tenter d’empêcher que ce type de crime ne se produise de nouveau», a déclaré Michael Abramowitz, le responsable du musée.
DES MOSQUÉES VIDES À SITTWE Au total, depuis le début des violences, 240 personnes ont été tuées, la plupart étant de confession musulmane, tandis que 240.000 personnes ont été obligées de fuir leur domicile. Greg Constantine a commencé à photographier les musulmans Rohingya en 2012. Il a alors été frappé par l’absence de musulmans dans la ville occidentale de Sittwe. «Il n’y avait aucun appel à la prière. Toutes les mosquées étaient vides ou détruites et des troupes birmanes y vivaient», raconte le photographe.
Les images du photographe Greg Constantine ont été projetées sur l’un des murs du musée de l’Holocauste de Washington.
IBRAHIM MAALOUF :
«J’ai été bluffé par le public turc» PHOTOS : FATIH TURSUN
INTERVIEW12
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Elu meilleur jazzman de l’année 2013, le trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf se livre sur son rapport à l’Orient et ses liens avec le public turc, à l’occasion de la sortie de son 5e album, Illusions. PROPOS RECUEILLIS PAR VANESSA MEFLAH ET FATIH TURSUN Vous sortez votre 5e album, Illusions. Quelle identité avez vous donné à ce nouveau volet ? Je ne donne pas une identité au départ, quand je crée mon album, je compose et j’enregistre des choses qui me plaisent et l’identité ressort naturellement. Pour cet album, il y avait effectivement un certain nombre de morceaux que j’avais envie d’enregistrer avec mon groupe. Sur cinq albums, c’est le premier avec eux. Et c’est aussi un peu un hommage que je rends au rock des années 1970, avec bien évidemment mes influences arabes. Justement, pouvez-vous nous en dire plus sur vos influences arabes et orientales ? J’ai vraiment grandi avec la double culture, occidentale et arabe. Ma manière de vivre, ma vision de la famille, ou de l’éducation des en-
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«Il y a un seul endroit où j’ai senti que ma manière de jouer était évidente pour les gens : Istanbul»
fants, c’est vraiment un compromis entre l’Orient et l’Occident, et dans la musique c’est un peu pareil. A la maison, on écoutait aussi bien Oum Khaltoum, Mohammed Abdel Wahab, Fairuz que de la musique classique occidentale. Vers 7-8 ans, j’ai
commencé à m’intéresser à la pop, au rock, au hip-hop et aux différentes musiques. Plus tard, vers 16 ans, je me suis intéressé au Jazz et plus précisément aux musiques de l’Est, aux musiques balkaniques, et par extension aux musiques gitanes. Maintenant, tout ça fait partie de mon mode d’expression. Parlons de la Turquie. Votre concert au Babylon café à Istanbul vous a laissé un bon souvenir, vous avez même prévu un DVD du live... Oui…(sourire). Dans tous les lieux du monde où j’ai pu jouer, même au Liban, il y a un seul endroit où j’ai senti que ma manière de jouer était évidente pour les gens : Istanbul. J’ai eu l’impression de parler le même langage que le public. La Turquie, avec toutes ses influences culturelles est vraiment un lieu de métissage et de mélange réussi. A Istanbul, il y a quelque chose de particulièrement adapté à la modernité, et en même temps, un profond respect des traditions. C’est la seule ville où, quand on se promène dans la rue, on peut entendre des gens chanter des musiques traditionnelles, et en même temps dans le club d’à côté, entendre du rock ou de l’électro. Si vous deviez décrire le public turc… J’ai vraiment été bluffé par ce public. Je le trouve très mélomane, tout le monde chante super bien, c’est le seul à battre le temps en rythme avec nous… Je dis ça sans offense pour tous les autres (rire). Mais vraiment chez les Turcs, il y a un truc, c’est culturel, la place de la musique est très importante au quotidien, la spiritualité aussi.
Est ce que vous avez déjà pensé à faire un duo avec un artiste turc ? Par exemple, Hüsnü Senlendirici, que vous aimez beaucoup, ou encore Selim Sesler. Oulala... oui (rire). En fait, avec Selim Sesler, on a failli faire quelque chose, finalement ça ne s’est pas fait, mais son travail est extraordinaire. J’ai déjà croisé deux fois Hüsnü Senlendirici, je sais qu’il apprécie ma musique et
je suis complètement fan de ce qu’il fait. L’une des rencontres musicale que j’attends le plus dans la musique, c’est celle avec un artiste turc, je sens qu’on serait en phase, plus qu’avec n’importe qui d’autre. Il y a une évidence dans la culture, dans la manière de s’exprimer, de sortir les notes, de composer ou de mélanger le moderne avec le traditionnel.
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AGENDA CULTUREL
Islam des mondes
L’île de Java en Indonesie.
L’Ouzbékistan au cœur
Le shashmaqom est un genre musical à la fois savant et populaire commun à l’Ouzbékistan et au Tadjikistan. Il est ici marié aux sonorités rock, jazz, blues et électroniques. Avec Yves Dormoy (saxophoniste et clarinette), Rodolphe Burger (guitare et chant), Mamur Zilolov (luth, târ), Jamal Avezov (violon, vièle qijak) et Shurat Kholkodjaev (luth, tanbûr et sato). Le 15 novembre à 20:30 Institut du monde arabe Place Mohammed V 75005 Paris
Le chemin du soleil
UNE DIFFUSION PACIFIQUE DE L’ISLAM SUR LA ROUTE MARITIME DE LA SOIE Le contexte est celui de la Route maritime de la Soie, largement dominée par les marchands musulmans, essentiellement Arabes et Perses. Moins célèbre que son pendant terrestre, cette Route de la Soie n’en concentrait pas moins une part importante du commerce international au Moyen âge, reliant la Chine, l’Inde et le Moyen Orient via le point de passage obligé que constituait le détroit de Malacca (situé entre la péninsule malaise et l’île indonésienne de Sumatra). Les marchands musulmans y installent des comptoirs dès le VIIe siècle. Un document chinois évoque en effet l’existence en 674 d’une communauté musulmane autonome à l’est de
DES MARCHANDS REPRÉSENTANTS DE L’ÉTHIQUE MUSULMANE Signe de la profondeur et de la fécondité du processus d’islamisation, des débats théologiques, entamés au début du XVe siècle
se poursuivront en se complexifiant sur plus de huit générations. Initiés par des ulémas venus de la Mecque, du Yémen et du Gujarat, ils donneront lieu à une riche littérature en langue malaise dont l’un des plus brillants représentants est le poète soufi Hamza Fansuri qui vécut sous le règne de Sultan ‘Ala ad-Din Ri‘ayat Shah (15891604). Si ces œuvres supérieures de l’esprit humain et le haut degré de civilisation qu’elles supposent tranchent avec les origines commerciales de la diffusion de l’islam, le paradoxe n’est qu’apparent. De par
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«Des débats théologiques, entamés au début du XVe siècle se poursuivront en se complexifiant sur plus de huit générations» leur activité même, les marchands musulmans se sont faits les représentants de l’éthique musulmane. L’islam encadre en effet de manière très stricte la pratique du commerce, obligeant au respect des termes du contrat et interdisant toutes les formes d’abus : monopole, dumping, fraude, spéculation, etc. Religion de l’équité, l’islam prône également la modestie et la tempérance en toute chose, et les insulaires ont d’abord été fascinés par la simplicité dont faisaient preuve ces marchands musulmans pourtant maîtres du commerce international.
Sami Aouadi, professeur des universités à Tunis, syndicaliste et conseiller économique de l’UGTT, fait un bilan sans concession du modèle de croissance imposé à la Tunisie par la Banque mondiale et le FMI, et mis à nu par la révolution : croissance sans développement, exclusion sociale et territoriale, inefficacité et distorsions multiples. Le 19 novembre à 19:00 38, boulevard Van Gogh 59650 Villeneuve d’Ascq
TABLE RONDE
Une Méditerranée à six rives livre dû à deux spécialistes de géopolitique et de géoéconomie, qui dénombrent non pas deux, mais six rives… Interdépendance socioéconomique entre pays développés et pays en développement, poids des prétextes religieux et de l’ethnicité dans les conflits, enjeu géostratégique des ressources naturelles, grandes mutations en cours avec le Printemps
Déséquilibre régional en Tunisie, les indicateurs pertinents et le modèle alternatif
Impressions de Turquie
D’Ayhan Gökcadir à Zuhal Sarikahya, une exposition collective qui réunit près de quarante noms de la peinture turque contemporaine. Jusqu’au 17 novembre Centre culturel Anatolie 77, rue La Fayette 75009 Paris
& à voir...
Dès lors qu’on envisage la Méditerranée d’un point de vue géopolitique, on la voit d’emblée déborder de ses limites naturelles et dessiner une vaste zone du Portugal à l’Afghanistan. La Mare nostrum des Anciens est bien le bassin de confluence de plusieurs mondes. C’est ce que montre notamment, de manière claire, concise et documentée, ce petit
Le 16 novembre à 20:30 Institut du monde arabe Place Mohammed V 75005 Paris
CONFÉRENCE
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Sumatra dirigée par un chef arabe. L’encyclopédiste bagdadien alMas‘udi rapporte de son côté que, fuyant les persécutions de l’empereur Hi-Tsung (878-889), une communauté à la fois plus importante, plus puissante et plus structurée, celle des marchands arabes et perses de Canton, a quitté la Chine pour s’établir à Kedah, sur la côte occidentale de la péninsule malaise. Peu à peu, depuis ces premiers comptoirs commerciaux, l’islam se répandra pacifiquement le long des côtes de Sumatra et de Java. En 1204, paré du titre de sultan, Djohan Shah, est le premier d’une longue série de princes autochtones à régner au nom de l’islam. Désormais, la diffusion de l’islam au sein de l’archipel sera essentiellement le fait des Maloindonésiens eux-mêmes, parmi lesquels on trouve, en bonne place, des souverains, – ainsi alMalik az-Zahir, dont le grand voyageur marocain Ibn Battouta, de passage à Pasai en 1345-1346, loue le zèle et la passion pour les débats théologiques –, des saints – Sunan Bonang de Tuban et Sunan Gir, notamment –, ainsi que des mystiques soufis, nombreux, qui, du XVe au XVIIe siècles, joueront un rôle majeur.
Le nouveau projet musical de la chanteuse syrienne Lena Chamamyan. Un album engagé, en faveur d’une société civile qui prenne soin de l’être humain et particulièrement des femmes et des enfants, dans un pays à reconstruire.
EXPOSITION
SEYFEDDINE BEN MANSOUR LILLE Organisé cette année sur le thème «Monde en mutation, nouveaux partenariats», le Forum économique islamique mondial s’est achevé le 31 octobre dernier à Londres. Sorte de Davos éthique, l’événement place l’humain au cœur d’une économie, aujourd’hui comme hier, dominée par le commerce. Force est de constater en effet qu’il s’en faut de beaucoup que le commerce assume aujourd’hui le rôle civilisateur qui a pu être le sien à certaines époques du passé. La diffusion de l’islam en Asie du Sud-Est insulaire est ainsi, à l’origine, le fait de marchands.
A lire
CONCERT
Les marchands, émissaires de l’islam en Asie du Sud-Est
arabe au sud et la crise des dettes souveraines au nord, soft power turc et émergence d’une puissance régionale, les principales questions sont ici passées en revue. Des risques de conflits aux perspectives économiques en passant par l’analyse des modes de vie, cet ouvrage donne ainsi les principales clés pour analyser la situation du bassin méditerranéen.
Géopolitique de la Méditerranée, de Bouchra Rahmouni-Benhida, et Younes Slaoui, Presses Universitaires de France, collection «Que sais-je ?», 128 pages, 9 €.
Les Frères musulmans
«Idéologie et fonctionnement» par Marie Vannetzel (10:30-12:30) ; «Les frères musulmans en Europe» par Brigitte Maréchal (14:0016:00) ; «Frères musulmans et salafistes» par Stéphane Lacroix (16:15-18:00). Le 16 novembre iReMMO 5-7, rue Basse des Carmes 75005 Paris
OPINION14
15 - 21 NOVEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
Les Tunisiens à la croisée des chemins
Pour Didier Billion, directeur adjoint de l’Institut de relations internationales et stratégiques, la Tunisie est sur le chemin de la construction démocratique. Malgré les nombreux blocages politiques et institutionnels et les violences politiques de ces derniers mois, les partis ont démontré leur volonté de parvenir à un consensus national.
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La Tunisie est le premier pays du monde arabe dont la mobilisation populaire a chassé le tyran et qui, par cet acte, a ouvert une période de profondes turbulences politiques dans l’ensemble de la région. DIDIER BILLION Les événements qui se succèdent depuis lors dans ce pays en font une sorte de laboratoire vivant des complexes processus de transition politique à l’œuvre. Les difficultés sont en effet nombreuses et la situation économique, sociale et politique est singulièrement volatile. La multiplication des groupes armés d’obédience djihadiste rend la situation sécuritaire très fragile et
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«L’acceptation par le parti majoritaire de céder la place est un événement des plus importants dans le monde arabe»
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crée un climat de violence peu propice à une reprise économique pourtant indispensable, mais qui ne pourra avoir lieu qu’une fois la période de transition achevée. L’Assemblée constituante, élue le 23 octobre 2011, qui aurait dû rédiger la constitution en une année, est toujours en place sans que les forces politiques qui y participent aient été capables de se mettre d’accord sur ses principes essentiels. Ennahdha, le parti majoritaire tente de faire adopter un texte faisant explicitement de l’islam la religion d’Etat, dont est absente toute référence à la Déclaration universelle des droits de l’homme et n’instituant pas l’égalité des sexes. Les partis d’opposition refusant ces éléments, le processus constituant semblait bloqué.
BLOCAGES POLITIQUES ET INSTITUTIONNELS En outre, Ennahdha semble très affaibli depuis l’assassinat de plusieurs opposants politiques de premier plan. Le meurtre du premier, le dirigeant de gauche Chokri Belaïd, abattu le 6 février 2013, avait à l’époque entraîné en réaction des manifestations d’une ampleur inégalée, puisque plus d’un million de Tunisiens étaient descendus dans la rue le jour de ses obsèques. Pour ces manifestants, les responsables de cet assassinat étaient issus des ligues de protection de la révolution, liées au parti Ennahdha. Ces événements entraînèrent un remaniement ministériel et l’accession au poste de Premier ministre de Ali Larayedh. Le parti islamiste restait toutefois majoritaire au sein du nouveau gouvernement. Un nouvel assassinat eut lieu le 25 juillet, ciblant le député de gauche Mohamed Brahmi et engendrant à nouveau colère et indignation. Depuis lors la crise institutionnelle semblait à son comble et paralysait le pays. Toutefois, la perspective de la mise en œuvre du «Dialogue national» engagée au début du mois d’octobre par une vingtaine de partis sous la houlette de quatre grandes organisations – le puissant syndicat ouvrier, l’Union générale tunisienne du travail, l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (patronat), l’Ordre national des avocats de Tunisie et la Ligue tunisienne des droits de l’homme – semblait ouvrir une nouvelle séquence politique. Si les tractations pour le lancement effectif de ce Dialogue national ont été difficiles, parfois mesquines, il est désormais en route. Pour aller à l’essen-
tiel, celui-ci prévoit les mesures suivantes : le gouvernement dirigé par Ennahdha accepte de démissionner dans un délai de trois semaines après le début du Dialogue national, c’est-à-dire à partir du 25 octobre ; la perspective de mise en place d’un gouvernement composé de personnalités indépendantes ; la reprise des travaux de l’Assemblée nationale constituante avec pour objectif d’achever la rédaction de la future constitution dans les meilleurs délais et enfin mise en place d’une instance électorale indépendante chargée de préparer les prochaines élections législatives prévues en 2014.
LA VOLONTÉ DE PARVENIR À UN CONSENSUS... Il est bien sûr trop tôt pour considérer que la Tunisie est sortie de la crise institutionnelle, mais l’évolution est encourageante. L’acceptation par le parti majoritaire de céder la place, fusse de façon momentanée, est un événement des plus importants dans un monde arabe au sein duquel les alternances politiques sont rarement le résultat de processus pacifiques. On pense notamment à l’exemple égyptien où l’armée continue de tirer à balles réelles sur des partisans de l’ex-président Morsi avec la bénédiction des chancelleries occidentales. Nul ne peut prévoir aujourd’hui si le processus de Dialogue national tunisien va réussir mais il exprime à ce stade la volonté des partis politiques tunisiens de parvenir à une solution consensuelle. Contrairement à ce qui est souvent affirmé, ces éléments prouvent que les partis se réclamant de l’islam politique sont capables de compromis avec d’autres forces po-
litiques. Ennahdha fait preuve de pragmatisme et calcule au mieux ses intérêts. Il est en effet conscient de son impopularité croissante et de son incapacité à régler les problèmes vitaux, notamment économiques et sociaux, auxquels la population est confrontée. En acceptant le principe de se retirer du gouvernement, Ennahdha fournit ainsi la preuve qu’il accepte le cadre démocratique de la compétition politique et se ménage la possibilité d’un retour aux responsabilités gouvernementales à l’issue du prochain scrutin législatif.
… MALGRÉ LES VIOLENCES POLITIQUES Ces récents développements ne doivent pas cacher qu’ils peuvent être remis en cause par la violence terroriste. Ainsi plusieurs affrontements violents se sont produits ces dernières semaines entre des groupes salafistes armés et des forces de police, faisant de nombreuses victimes au sein de ces dernières. Ces violences avaient visiblement pour but d’empêcher l’ouverture effective du Dialogue national. Heureusement en vain. La séquence politique que viennent de vivre les Tunisiens est d’une grande importance. C’est probablement le début de la troisième phase de la transition politique tunisienne – on peut considérer que la première phase de la transition s’est déroulée entre la chute de Ben Ali et le vote pour l’élection de l’Assemblée constituante, le 23 octobre 2011 – qui est encore loin d’être achevée et qui cherche les moyens d’instaurer un Etat de droit et des règles de fonctionnement démocratiques après vingt-quatre années de dictature. Les défis sont énormes et seule la poursuite de la mobilisation citoyenne permettra d’aller de l’avant. Rédaction au 31 octobre 2013
15 SPORT
15 - 21 NOVEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
Galatasaray veut prolonger Drogba -
En moins d’un an en Turquie, Didier Drogba est rentré dans l’histoire du club de Galatasaray. Une prolongation de contrat est à l’ordre du jour chez les champions de Turquie. Après un passage éclair en Chine à Shanghaï au début de la saison passée, Didier Drogba, déjà en pré-retraite Roberto Mancini, le coach de Galatasaray.
pour certains, avait créé la surprise en emmenant Galatasaray en quarts de finale de Ligue des Champions. Mieux, l’ancien buteur de Chelsea a confirmé. Il totalise 12 buts depuis son arrivée fin janvier.
DES AMBITIONS Et si son aventure se prolongeait dans le Bosphore ? En donnant les clefs de l’équipe à Roberto Mancini, Galatasaray a démontré ses ambitions. Le coach a obtenu des garanties en signant à Istanbul et disposera d’une enveloppe financière fournie durant le prochain mercato. Les prochaines recrues -pourquoi pas Nani ?- pourraient ainsi convaincre l’Ivoirien de rester. En tout cas, son président lui formulera bientôt une offre de prolongation. UN NOUVEAU CONTRAT «Nous avons parlé avec Didier sur les solutions possibles pour le futur. Il veut continuer sa carrière de joueur. Je lui ai dit qu’il pouvait continuer à Galatasaray aussi longtemps qu’il montrera qu’il a le niveau. Nous allons lui offrir un nouveau contrat, je ne pense pas qu’il va refuser» a déclaré Unal Aysal à la presse. En partenariat avec Turcofoot
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L’heure de vérité sonne pour l’équipe de France -
L’équipe de France aborde les dix jours les plus importants du mandat de sélectionneur de Didier Deschamps avec pour mot d’ordre de cultiver un esprit de combat pour franchir son barrage contre l’Ukraine et à la Coupe du monde. Le souvenir de la confrontation contre l’Irlande, que les Bleus avaient eu toutes les peines du monde à éliminer il y a quatre ans, est trop prégnant pour que l’esprit soit seulement à la détente à Clairefontaine. Didier Deschamps a dit lundi en conférence de presse avoir simplement voulu offrir à ses joueurs «de la tranquillité», pour «monter en puissance», à préserver un équilibre, à ne pas faire peser un poids trop lourd sur ses joueurs. «L’événement en lui-même est différent de ce qu’on a connu. Je ne vais pas rajouter de choses particulières. Il n’y a pas besoin d’en faire de trop non plus», a-t-il dit.
DESCHAMPS À LA MANOEUVRE Les deux derniers matches contre l’Australie et la Finlande n’avaient que peu d’enjeu, si ce n’est aucun. Les Bleus s’apprêtent à disputer en cinq jours deux rencontres sans pareil. Sans en rajouter, Deschamps a donc adapté son vocabulaire. «C’est un combat», a-t-il prévenu. «C’est de l’adrénaline et on doit le prendre du côté positif.
On a un adversaire bien identifié, il n’y a pas à prendre de points mais à être qualifié après les deux matches.» Il y a quatre ans, ces ingrédients-là avaient manqué contre l’Irlande. Battue 1-0 à l’aller à Dublin, elle avait mené au Stade de France face à des Bleus comme tétanisés et sauvés par le but de William Gallas après une main de Thierry Henry. Si Deschamps a entretenu l’idée que rien ne serait facile pour son équipe, il veut croire que cette fois, les joueurs sauront se hisser à la hauteur de l’événément et donc un peu plus haut que l’adversaire.
Un Français remporte le Tour européen de golf Le Français Victor Dubuis- le Britannique Jamie Donaldson son a damé le pion di- mais aussi devant l’Américain manche aux plus grands golfeurs Tiger Woods, 3 ex-aequo avec e
de la planète en enlevant son premier titre sur le Tour européen, en Turquie. Le golfeur âgé de 23 ans, quasi inconnu sur le grand circuit, a terminé devant
le Britannique Justin Rose. Il s’agit du premier titre de Victor Dubuisson, neveu de l’ancienne gloire du basket français Hervé Dubuisson.
Didier Drogba est le joueur vedette du club de Galatasaray.
Billets comportant des messages contestataires en espagnol et à l’adresse des banques ou de l’Etat.
Dénoncer le système avec des billets de banque Des messages politiques rédigés sur des billets de banque : c’est la nouvelle mode en Espagne et en Tunisie. Acte de subversion efficace ou dérive du militantisme politique ? Zaman France s’est penché sur la question. FOUAD BAHRI PARIS Des billets de banque comme moyens de communication. C’est le nouveau support de contestation à la mode actuellement en Tunisie pour critiquer le pouvoir. Ce phénomène nous vient d’Espagne et a émergé avec la crise. Le concept est simple : les messages sont rédigés sur des billets de 5 ou 10 euros, parfois 50, sont photographiés puis envoyés sur les réseaux sociaux. L’idée étant qu’un billet ne se jette pas et que le message circulera. «Les politiciens et les banquiers sont une honte pour la Nation», «Ce billet est de l’argent sale, s’il vous plaît, ne le laissez pas en circulation» : la nature des messages est souvent subversive et joue sur la transgression du pouvoir et de la loi. Interrogée par BFM TV sur les motivations à l’origine de ce type de pratiques, la sociologue Sylvie Ollitrault spécialiste des mobilisations, l’explique par le rapport immédiat des jeunes au billet de banque. «Le billet de banque, c’est un objet public, mais aussi un support papier – donc un moyen de communication. Ecrire sur des billets, c’est une façon – pour les jeunes notamment – de porter un message sur le seul outil économique sur lequel ils ont prise», précise-t-elle.
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LA FASCINATION DE L’ARGENT Le fait que ces phénomènes se manifestent simultanément dans ces deux pays de la Méditerranée ne relève pas du hasard. «Tous deux ont été frappés par de très forts mouvements de contestation ces dernières années : le printemps arabe en Tunisie, et le mouvement des Indignés en Espagne. On a beaucoup parlé de mouvements politiques, mais on a tendance à oublier qu’il s’agissait d’abord de conditions économiques – le prix du pain en Tunisie, le chômage des jeunes en Espagne, c’est ce qui a provoqué la crise». Pourtant, loin des seules dimensions politique et économique de cette nouvelle mode, il y a dans ce phénomène du billet détourné quelque chose de fascinant et de déroutant. L’aisance avec laquelle les contestataires du système profanent le symbole moderne du pouvoir en lui retirant sa valeur fiduciaire symbolique interroge incontestablement. SORTIR L’HOMME DE SA TORPEUR MONÉTAIRE La puissance évocatrice de l’acte dépasse ainsi les limites de sa réalisation. En frappant les esprits, en bousculant les conventions sociales, en heurtant les sentiments naturels qui voient dans cette dénaturation de l’argent un acte irresponsable, ses auteurs poussent le public à la réflexion et le sortent de ses certitudes. Le billet, vecteur de l’échange économique, est ramené à sa plus élémentaire condition : celle d’un papiersupport pour communiquer des slogans. La revanche du pouvoir politique sur le pouvoir économique est ici entière, mais elle devient le fait du peuple, là où les élites ont échoué. La politique est réinventée, transfigurée, et sa renaissance s’accomplit sur les cendres de l’idôle monétaire. L’argent-Roi est nu désormais car le véritable siège psychologique de son pouvoir a été défait.