Mavi Marmara : l’offre d’Israël
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L’essor de la finance islamique en Turquie
Le Japon vise le secteur du halal
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14 - 20 FEVRIER 2014 N° 302 Prix : 2,5 €
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Les municipales, laboratoire de la diversité française La campagne des municipales 2014 est bel et bien lancée. Les duels locaux entre les grandes figures politiques partisanes, comme Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet à Paris masquent souvent les vrais enjeux de ce scrutin local, comme l’émergence de nouvelles figures politiques issues de la diversité. Zaman France inaugure cette semaine une série de portraits de ces candidats indépendants, engagés ou non dans des partis, et résolumment décidés à marquer de leur empreinte la vie politique française.
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Les élections municipales se dérouleront les 23 et 30 mars 2014. Comme tous les scrutins locaux, elles voient s’affronter les grandes cylindrés de la vie politique que sont le PS, l’UMP, l’UDI, le FN, le Front de gauche ou EELV. Mais pas seulement. On oublie de le dire, mais les élections municipales sont l’un des niveaux politiques les plus démocratiques EDITO FOUAD BAHRI
qui soient. L’un des seuls à permettre l’émergence de candidats légitimes, issus du territoire, avec des campagnes électorales plus accessibles du point de vue du financement que les autres. C’est ainsi que les candidats de la diversité, cette partie neuve de la France en pleine émergence, se sont de mieux en mieux appropriés ces élections. -FRANCE 03
Des relations économiques florissantes entre Berlin et Ankara rINTERNATIONAL 10
Tahar Ben Jelloun : «Le roman n’est pas un genre que les Arabes pratiquent beaucoup»
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Le 8 et le 9 février, se tenait la 20e édition du Maghreb des livres à l’Hôtel de Ville de Paris. Un rendezvous réussi. Le public – jeunes, moins jeunes et enfants – s’est pressé à la rencontre des auteurs français, maghrébins ou franco-maghrébins. Tahar Ben Jelloun, célèbre écrivain marocain de langue française, membre de l’Académie Goncourt traduit dans de nombreuses langues, a participé à l’évènement. Il nous a accordé un entretien où il revient sur le rôle de l’écrivain et sur son rapport au lecteur. -CULTURE 13
Les municipales, un remède au clientélisme communautaire -02
Les Turcs et l’encyclopédie : une histoire millénaire rCULTURE 14
Maghreb des livres :
L’immigration inquiète les Suisses rINTERNATIONAL 11
Le journaliste Zeynalov, expulsé de Turquie Internet, justice, police, procès Balyoz : les 4 chantiers d’Ankara Au lendemain des scandales politico-judiciaires liés aux affaires de
Le poids des religions dans le monde Zaman Okur Hattý: 01 42 00 19 36
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Combien y-a-t-il de croyants sur Terre ? Quelle est la répartition mondiale des différentes religions ? Et comment évoluent les croyances françaises ? A l’occasion de ses 100 ans d’existence, la revue Science et Vie publiait un hors-série sur Dieu et la science, avec un dossier présentant les tendances chiffrées des religions du monde. Zaman France vous en livre les meilleurs passages. -DOSSIER SPECIAL 04-05
corruption qui ont ébranlé le gouvernement, et à l’approche des élections locales, le Premier ministre turc Erdogan a lancé quatre grands chantiers, présentés comme des mesures de reprise en main démocratique. Zaman France en dresse l’état des lieux. -TURQUIE 07
Mahir Zeynalov, journaliste pour Today’s Zaman, a quitté la Turquie
pour se rendre dans son pays natal, l’Azerbaïdjan, vendredi 7 février au matin, après une menace d’expulsion. A l’origine, la publication par Zeynalov de deux tweets contre le gouvernement turc. -TURQUIE 06
02 FRANCE
Le gouvernement présente son plan «consensuel» pour l’intégration
EDITO FOUAD BAHRI
Les municipales, un remède au clientélisme communautaire Les élections municipales se dérouleront les 23 et 30 mars 2014. Comme tous les scrutins locaux, elles voient s’affronter les grandes cylindrés de la vie politique que sont le PS, l’UMP, l’UDI, le FN, le Front de gauche ou EELV. Mais pas seulement. On oublie de le dire, mais les élections municipales sont l’un des niveaux politiques les plus démocratiques qui soient. L’un des seuls à permettre l’émergence de candidats légitimes, issus du territoire, avec des campagnes électorales plus accessibles du point de vue du financement que les autres. C’est ainsi que les candidats de la diversité, cette partie neuve de la France en pleine émergence, se sont de mieux en mieux appropriés ces élections. Presque fini le temps où les Mohamed, Selim ou Ayse se retrouvaient en bas de liste pour justifier un vote communautaire pour des élus en manque d’audience auprès des classes populaires. Une pratique d’autant plus condamnable que les mêmes partis n’hésitaient pas à stigmatiser un communautarisme musulman qu’eux-mêmes rentabilisaient électoralement sur le plan local. Cette forme de clientélisme, toujours d’actualité, est pourtant condamnée à disparaître. L’avenir de l’engagement politique municipal passera de moins en moins systématiquement par un ralliement aux grands partis qui n’hésitent plus à parachuter tel ou tel baron national en lieu et place des acteurs engagés sur le terrain. La fin du cumul des mandats, qui peine à être instauré nationalement, pourrait booster cette dynamique de renouvellement politique en France et contribuer à redorer le blason terni de l’engagement politique. Elle renforcerait pour les Français de la diversité leur capacité à s’émanciper de la tutelle qu’on leur impose trop souvent, à gauche, et parfois à droite. L’élection municipale constitue, en tous les cas, un laboratoire unique de formation et d’action politique qu’ils peuvent encore investir et par lequel ils peuvent démontrer la richesse de leurs talents multiples et leur capacité à gérer politiquement un territoire. Une manière comme une autre de conquérir par le bas, ce que le système politique leur a longtemps refusé par le haut. f.bahri@zamanfrance.fr
14 - 20 fevrier 2014 ZAMAN FRANCE
Jean-Marc Ayrault a présenté mardi une feuille de route «consensuelle» pour améliorer l’intégration des étrangers et le respect du principe d’égalité en France, qu’un délégué interministériel sera chargé de mettre en œuvre. Le gouvernement a annoncé la nomination d’un délégué interministériel à l’égalité républicaine et à l’intégration.
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Le Premier ministre a présenté le plan gouvernemental pour l’intégration, qui consiste en 28 points. Cette «feuille de route» a fait l’objet d’un vaste déminage si on la compare aux précédentes versions du projet et aux propositions contenues dans plusieurs rapports remis au Premier ministre, qui avaient fait polémique fin 2013. «Les mesures qui composent le plan d’action sont toutes consensuelles», a déclaré JeanMarc Ayrault devant la presse. «Pas question pour la gauche de renoncer à traiter cette question au prétexte que des opposants ou des commentateurs cherchent à l’instrumentaliser à tout prix».
À 40 JOURS DES ÉLECTIONS MUNICIPALES Des élus de droite comme de gauche se sont inquiétés de voir le gouvernement remettre sur le devant de la scène le délicat sujet de l’intégration à 40 jours du premier tour des élections municipales. Plutôt qu’une haute instance, le gouvernement a annoncé la nomination d’un délégué inter-
ministériel à l’égalité républicaine et à l’intégration. Nommé d’ici deux à trois semaines et rattaché à Matignon, il sera entouré d’une équipe réduite et doté d’un fonds limité destiné à promouvoir des actions innovantes et cofinancer des programmes de recherche sur le thème de l’égalité. De l’aveu même de Matignon, le plan élaboré dans un souci «d’apaisement» ne contient «rien de spectaculaire». Pas question, par exemple, de créer un délit de «harcèlement racial».
RETOUR DU CV ANONYME ? L’idée est de répondre aux problèmes concrets des Français, dont un tiers ont au moins un grandparent d’origine étrangère, et les étrangers en situation régulière. La feuille de route reprend nombre de mesures déjà engagées et réaffirme le principe d’égalité, fondateur de la République, dans des domaines comme l’école, la recherche d’emploi, le parcours éducatif et professionnel et le logement. Des mesures visent aussi à favoriser
l’accueil de nouveaux arrivants, qui reste la prérogative du ministère de l’Intérieur. Priorité sera donnée à l’apprentissage de la langue par les étrangers ayant vocation à rester sur le territoire. L’obtention d’un titre de séjour dépendra ainsi en partie d’un examen de français organisé au bout d’un an. Le plan prévoit aussi l’expérimentation cette année dans une dizaine de départements d’un audit précis des
contrôles d’identité collectifs. Pour mieux lutter contre la discrimination, le gouvernement souhaite que la prochaine grande conférence sociale réfléchisse au retour du curriculum vitae anonyme, abandonné après la publication d’un rapport le jugeant inefficace. La loi de 2006 qui avait rendu obligatoire ce type de CV dans les sociétés de plus de 50 salariés n’a jamais reçu de décret d’application. PHOTO DE LA SEMAINE
Un avion de transport militaire Hercule C-130 s’est écrasé mardi sur une montagne dans l’est de l’Algérie, faisant 77 morts. Le ministère algérien de la Défense précise que le mauvais temps est probablement à l’origine de l’accident.
...ET UNE MAUVAISE
UNE BONNE...
La drogue frappe dès l’âge de 10 ans en Turquie
Le Premier ministre Erdogan a déclaré qu’un amendement prévoyait de réduire la durée maximale des détentions provisoires à cinq ans. La durée des détentions provisoires en Turquie est un problème qui concerne la plupart des affaires portées devant la Cour européenne des droits de l’homme (ECtHR). En Turquie, un procès dure en moyenne cinq ans et beaucoup sont en attente, parfois pendant plusieurs décen-
Selon un rapport du Centre turc des drogues et de la toxicomanie (TUBIM) du département de la police nationale, l’âge minimum de consommation de drogues a baissé à 10 ans en Turquie. Le rapport, publié la semaine dernière et comprenant des données recueillies tout au long de l’année 2012, a été dressé selon les réponses de 130.000 personnes placées en garde-à-vue pour avoir consommé de la drogue. L’âge moyen de la toute première consommation est de 20 ans. Les
nies. Cette situation créé de nombreux problèmes au regard des droits de l’homme, surtout si un suspect est déclaré innocent après avoir été incarcéré pendant plusieurs années. Selon l’avocat Seref Malkoç, ex député de la province de Trabzon, l’une des missions fondamentales de l’Etat est d’assurer la tenue de procès équitables, ce qui passe notamment par la durée des détentions provisoires.
15-24 ans sont les plus grands consommateurs de drogue. Le rapport montre également qu’il y a eu une augmentation de 24 % du taux de criminalité dû à l’effet de drogues par rapport aux années précédentes. Istanbul se place en tête des villes où la consommation de drogue est la plus fréquente, suivie d’Izmir et Ankara. Les amis fréquentés sont la raison numéro une pour laquelle 41 % des incarcérés ont commencé à consommer des drogues, suivi de l’effet «curiosité» pour 27 % d’entre eux.
NOUVELLE
Ankara va bientôt limiter la détention provisoire à 5 ans maximum
03 FRANCE
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14 - 20 fevrier 2014 ZAMAN FRANCE
«Amis, nous le sommes pour toujours» C’est ce qu’a déclaré François Hollande alors qu’il visitait avec Barack Obama la résidence du troisième président des Etats-Unis, le francophile Thomas Jefferson. La visite d’Etat du président français a duré trois jours.
Ayyildiz, une aubaine pour Epinay-sur-Seine Il a 27 ans mais n’a pas froid aux yeux. Oben Ayyildiz fera bien partie de la course aux municipales dans la ville d’Epinay-sur-Seine en Seine-Saint-Denis, en tant que candidat autonome. Ses objectifs : attirer les entreprises dans sa commune et surtout redonner une place aux jeunes, délaissés selon lui, par la politique du maire sortant Hervé Chevreau.
FOUAD BAHRI PARIS «La jeunesse ne doit pas faire peur. Elle doit donner de l’espoir». Oben Ayyildiz a la tête sur les épaules. Ce jeune chercheur universitaire et enseignant en droit a décidé de franchir le pas et de présenter sa candidature aux élections municipales à Epinay-surSeine. Il y affrontera le maire sortant Hervé Chevreau (UMP-UDI), qu’il connait bien. Tout a commencé pour Oben, il y a dix ans, par la création de son association. «J’ai crée ma première association à 17 ans, qui est devenue Jeunesse en mouvement, pour montrer que la jeunesse de banlieue est une jeunesse dynamique, ambitieuse, qui peut entreprendre et faire des choses. C’était au moment des émeutes en banlieue». Depuis, l’association s’est agrandie. Axée autour des jeunes, elle agit en faveur de leur insertion professionnelle par le relai d’offres d’emplois et par un accompagnement social. Une web radio a également été ouverte. L’association embauche aujourd’hui quatre salariés.
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FAIRE D’EPINAY-SUR-SEINE UN LIEU DE VIE Mais Oben s’est rendu compte des limites du travail associatif car «tout passe par l’aval et la médiation du maire, en particulier sur les questions de financement». L’engagement en faveur des jeunes est donc l’un des moteurs de sa candidature. «L’équipe en place ne représente pas cette jeunesse. Elle la minimise et ne lui donne pas suffi-
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«L’engagement politique n’est pas une question d’origine. Soit on a la politique en soi, soit on ne l’a pas»
samment d’importance. Nous estimons que l’avenir c’est la jeunesse et que c’est à cette jeunesse de construire l’avenir», explique Oben Ayyildiz. Il souhaite avant tout faire d’Epinay-sur-Seine un lieu de vie plus attractif. «Le soir, il n’y a rien dans notre ville pour les jeunes. C’est une ville-dortoir. Même chose pour nos aînés ou nos retraités. A Epinay, il n’y a rien à faire. Après 20 heures, vous ne pouvez pas trouver un lieu pour boire un café». En cause, un arrêté municipal fixant l’horaire de fermeture des commerces à 20 heures, «au nom soidisant de nuisances constatées», ajoute le jeune candidat.
UNE AUTRE APPROCHE DE LA SÉCURITÉ Conscient des questions sécuritaires, Ayyildiz se veut rassurant et propose des mesures qu’il juge plus efficaces.
«Nous voulons renforcer les effectifs de policiers municipaux, accroître le système de vidéo-surveillance, mais la répression n’est pas tout. Il faut que la solution de sécurisation vienne de l’intérieur des quartiers». Former des jeunes pour être médiateurs est l’une des solutions envisagées par Oben Ayyildiz. Autre axe essentiel de son programme : favoriser l’implantation des entreprises. «Nous voulons faire de cette ville, une ville d’entrepreneurs. A Epinay-surSeine, il n’y a plus d’entreprises. Elles désertent la ville une par une. Le siège national de SFR a décidé de s’installer à Saint-Denis (ville limitrophe, ndlr). Les entreprises ferment car il n’y a pas de politique pour les attirer», dit-il, inquiet. Quelles solutions propose-t-il ?
TOUT MISER SUR LES ENTREPRISES ! Relancer la croissance «en créant des lieux qui peuvent accueillir des pépinières d’entreprises, dans l’innovation ou dans l’industrie». D’autant plus qu’Epinay-sur-Seine bénéficie d’avantages fiscaux en tant que zone urbaine sensible. «Des agents municipaux seront mandatés pour aller à la rencontre de ces entreprises et les convaincre de s’installer chez nous. Le prix au mètre carré est très cher à Paris : 450 euros par mois. A Epinay, pour ce tarif-là, vous pouvez avoir un 25/30 mètres carrés», poursuit Ayyildiz. Le candidat en est convaincu : l’investissement local en faveur des entreprises permettra de faire reculer le chômage des jeunes. «Pour un employeur, la proximité géographique d’un jeune salarié à compétence égale est un élément de compétitivité intéressant. C’est la garantie d’une présence constante sur le lieu de travail indépendamment des grèves de transports ou des conditions climatiques. C’est aussi la possibilité commerciale d’attirer son entourage au profit de l’entreprise». LA POLITIQUE N’EST PAS UNE QUESTION D’ORIGINE Mais pour ce candidat autonome, qui bénéficie d’une cinquantaine de militants à ses côtés même s’il ne se présente sous aucune étiquette partisane, le combat politique ne fait que commencer. Avec son lot de difficultés, à commencer par le financement de la campagne, qu’il assure sur ses fonds propres. Sans oublier la concurrence de ses adversaires. «L’équipe municipale fait tout pour nous déstabiliser au point d’envoyer des avocats de notoriété nationale au prétexte que nous aurions utilisé sur notre page facebook une bannière qui ressemble à la leur. Nous sommes une force politique qui commence à inquiéter», confie-t-il. Quant à ses origines turques qui pourraient le
classer dans la catégorie «diversité», il les assume sans en faire un argument de campagne. «L’engagement politique n’est pas une question d’origine. Soit on a la politique en soi, soit on ne l’a pas. Je suis imprégné par ma double culture, mais l’engagement citoyen n’est pas déterminé par les origines. Cet engagement, il est pour tous», assure-t-il.
Oben Ayyildiz, candidat à la mairie d’Epinay-sur-Seine.
04 DOSSIER SPECIAL
14 - 20 fevrier 2014 ZAMAN FRANCE
Des religions et des Hommes
Combien y-a-t-il de croyants sur Terre ? Quelle est la répartition mondiale des différentes religions ? Et comment évoluent les croyances françaises ? A l’occasion de ses 100 ans d’existence, la revue Science et Vie publiait un hors-série sur Dieu et la science, avec un dossier présentant les tendances chiffrées des religions du monde. Zaman France vous en livre les meilleurs passages.
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Sur 7 milliards de Terriens, plus de 6 milliards sont croyants. Dans un hors-série à l’occasion de ses 100 ans d’existence, la revue Science et Vie a publié un dossier présentant l’état des lieux des religions dans le monde. Basé sur plusieurs sources diverses (CIA Factbook, recensement de l’église catholique, institut de sondages français...), le résultat dresse un tableau assez précis de l’évolution démographique et géographique des différentes croyances mondiales.
RELIGIONS MONOTHÉISTES : CHRISTIANISME : 2,355 MILLIARDS DE CHRÉTIENS C’est encore la religion majoritaire au niveau mondial. Le christianisme, toutes églises confondues représente 2,355 milliards de chrétiens, dont 1,2 milliard de catholiques, 875 millions de protestants et 280 millions d’orthodoxes. Le plus éclaté de ces courant reste le protestantisme qui comporte en son sein notamment les courants luthériens, calvinistes, anglicans, anabaptistes, baptistes, adventistes, méthodistes et pentecôtistes. Les grands foyers de populations chrétiennes se trouvent en Amérique du Sud, dans le sud-est asiatique, en Europe, en Russie, en Afrique de l’est, en Australie et dans l’ensemble de l’Amérique du Nord.
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ISLAM : 1,635 MILLIARD DE MUSULMANS La deuxième place revient donc à l’islam qui cumule 1,635 milliard de musulmans dont 1,470 milliards de sunnites, 150 millions de chiites et 16 millions d’ibadistes. Le sunnisme est essentiellement répertorié par ses diverses écoles juridiques (malikites, chafiites, hanafite et hanbalite). Le chiisme comporte lui aussi diverses tendances, fondées le plus souvent sur des différences doctrinales (imamisme, zaydisme, alaouisme, ismaélisme, druzisme et nizarisme). Les grands foyers de populations musulmanes se situent en Inde, Indonésie, Proche, Moyen et Extrême-Orient, en Afrique du Nord et centrale.
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JUDAÏSME : 15 MILLIONS Les foyers de populations juives se trouvent essentiellement en Israël, aux Etats-Unis, en Europe, au Canada et en Russie.
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05 DOSSIER SPECIAL
14 - 20 fevrier 2014 ZAMAN FRANCE
Catholicisme, protestantisme, orthodoxie : quelles différences ?
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Les différences entre catholiques et orthodoxes sont mineures. Les orthodoxes ne reconnaissent pas l’autorité du pape comme chef de l’Eglise, seulement comme évêque de Rome, contrairement aux catholiques. Les différences entre catholiques et protestants sont plus importantes. Pour ces derniers, seule la foi sauve, et non les oeuvres, ce qui implique une prédestination par la foi. Les protestants ne reconnaissent pas l’intercession du clergé entre Dieu et les hommes. Ils ne s’appuyent que sur la Bible et ne reconnaissent que ce qui est venu de la tradition, ils refusent le culte des saints.
RELIGIONS DE L’EST ASIATIQUE : 543 MILLIONS Les religions de l’Est asiatique regroupent quelques 543 millions de fidèles parmi lesquels 434 millions d’adeptes des religions chinoises (taoïsme, confucianisme), 106 millions de shintoïstes et 3 millions d’adeptes des religions vietnamiennes. Le taoïsme est une religion et une philosophie à la fois mystique, éthique et naturaliste qui tire son nom du Tao, la Voie. Le confucianisme vient de l’enseignement du sage chinois Confucius. Il s’appuie sur la réforme sociale de ce penseur qui préconisait le changement progressif de l’individu puis de la famille et de l’entourage, et morale, autour de la notion de bien. Le shintoïsme est la religion la plus ancienne du Japon. Elle représente un syncrétisme entre croyances polythéistes et animistes et illustre la tradition ancestrale du Japon.
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AUTRES CROYANCES, AUTRES CHIFFRES.... RELIGIONS TRIBALES : 243 MILLIONS AGNOSTICISME : 684 MILLIONS ATHÉISME : 136 MILLIONS L’Europe est le principal foyer de l’athéisme dans le monde et la France est en tête du Continent. NOUVEAUX MOUVEMENTS RELIGIEUX : 63 MILLIONS
Ce qui distingue sunnisme et chiisme -
Le sunnisme vient du mot sunna, c’est-à-dire la tradition du Prophète, qui comprend ses paroles, ses actes et ses pratiques. Être sunnite signifie conserver et imiter la tradition du Prophète, se conformer à sa législation et au modèle des premiers califes et des compagnons du Prophète. Les chiites affirment également suivre la sunna du Prophète, mais ils rejettent le modèle des premiers califes et de certains compagnons, qui a selon eux gravement altéré la véritable sunna du Prophète ; pour eux, les successeurs du Prophète sont les imams de la descendance de Ali, son cousin et gendre.
EN FRANCE
LES CATHOLIQUES
FOCUS SUR LA FRANCE Pays le plus sécularisé d’Europe, la France reste championne en matière d’agnosticisme et d’athéisme. Entre 45 et 50 % des Français se déclarent sans religion. 43 % sont catholiques, 8 % musulmans, et 2 % protestants. La proportion de non croyants a plus que doublé entre 1947 et 2011, passant de 20 % à 44 %. Les jeunes sont particulièrement touchés. 47 % des 18-24 ans se déclarent croyants pour 66 % des 65 ans et plus. Les femmes sont plus croyantes que les hommes avec 61 % contre 50 %. 38 % des Français croient en une vie après la mort. Les catholiques français sont très majoritairement des catholiques sociologiques. Moins de 6 % d’entre eux se rendent
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chaque dimanche à la messe et 16 % seulement se déclarent croyants et pratiquants. 50 % d’entre eux ont plus de 50 ans et 23 % moins de 35 ans. Ils sont surtout présents dans les zones rurales (Est, Manche, Orne, PyrénéesAtlantiques). Les musulmans français sont 41 % à se déclarer croyants et pratiquants et 35 % seulement croyants. 40 % affirment pratiquer quotidiennement la prière tous genres confondus, 25 % se rendent à la mosquée le vendredi et 71 % pratiquent le jeûne du Ramadan. Les musulmans de France sont essentiellement présents dans les régions industrielles et urbaines (Ile-de-France, Eure-et-Loir, Loire, Rhône, Belfort, Alpes-de-Haute-Provence) et sur le littoral méditerranéen.
LES MUSULMANS
SOURCE : IFOP.
En troisième position, on retrouve les religions dites dharmiques qui regroupent 1,523 milliards de croyants dont 982 millions d’hindouistes, 510 millions de bouddhistes, 25 millions de sikhs et 6 millions de jaïnistes. Les religions dharmiques tirent leur appellation de la notion de dharma, un mot sanskrit qui signifie loi éternelle. La croyance en la réincarnation est aussi partagée par ces religions. Les grands foyers de populations hindous se trouvent en Inde, aux EtatsUnis et dans la région ouest du Canada. Pour les bouddhistes, ils se situent entre le Moyen et l’Extrême-Orient, les EtatsUnis et l’ouest canadien.
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L’EUROPE, TERRE PROMISE DE L’ATHÉISME SOURCE : SCIENCE & VIE.
RELIGIONS DHARMIQUES : 1, 523 MILLIARDS
06 TURQUIE
14 - 20 fevrier 2014 ZAMAN FRANCE
Mahir Zeynalov, journaliste à Today’s Zaman, expulsé de Turquie
Le journaliste Mahir Zeylanov et son épouse de nationalité turque sont rentrés en Azerbaïdjan.
Mahir Zeynalov, journaliste pour Today’s Zaman, a quitté la Turquie pour se rendre dans son pays natal, l’Azerbaïdjan, vendredi 7 février au matin, après une menace d’expulsion. A l’origine, la publication par Zeynalov de deux tweets contre le gouvernement turc.
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Zeynalov était accompagné de sa femme, de nationalité turque, et escorté par la police alors qu’il quittait le pays. Il a choisi de rentrer en Azerbaïdjan rejoindre sa famille, inquiète, mais prévoit de repartir s’installer ailleurs, probablement à New York. Une procédure formelle d’expulsion a eu lieu après son arrivée à l’aéroport Atatürk d’Istanbul. Le journaliste et sa femme ont ensuite été accompagnés par la police pour embarquer dans le vol de 9h15 à destination de Bakou, la capitale azerbaïdjanaise. Zeynalov a été mis sur la liste des individus étrangers interdits d’entrée sur le territoire turc, conformément à la loi n°5683, pour avoir «posté des tweets à l’encontre de personnalités de haut niveau». La décision, datée du 4 février, a été signée par le directeur adjoint de la police, Ali Bastürk, au nom du ministère de l’Intérieur. L’article 19 de la loi n°5683 concernant la résidence en Turquie d’individus d’origine étrangère autorise l’expulsion d’individus «dont la résidence en Turquie est considérée comme nuisible à la sécurité publique et aux exigences politiques et administratives».
A L’ORIGINE DE L’EXPULSION, DEUX TWEETS Cette décision survient alors que la question de la liberté des médias en Turquie est
déjà problématique : le mercredi 5 février au soir, le Parlement a approuvé le projet de loi prévoyant le renforcement du contrôle de l’exécutif sur internet. Zeynalov faisait déjà l’objet d’une plainte de la part du Premier ministre Erdogan pour des tweets postés le 25 décembre 2013 sur l’affaire de corruption. Selon les mots du Premier ministre, les tweets contenaient «des insultes et des jurons visant à inciter le pays à la haine et à l’animosité». Le journaliste de Today’s Zaman, dans un témoignage formel, a nié ces accusations, notant qu’il avait seulement tweeté des liens vers des articles qui ne contenaient ni opinion ni critiques. Dans le premier tweet, le journaliste avait posté un lien vers un article concernant la deuxième vague d’enquêtes anti-corruption et l’obstacle qu’a créé la police face à une opération qui a impliqué plus de 40 suspects, dont l’homme d’affaires saoudien, Yasin al-Qadi, inscrit sur la liste des Specially Designated Global Terrorists (soit la liste des organisations terroristes selon les Etats-Unis). Les médias turcs proches du gouvernement ont immédiatement accusé Zeynalov de «tenter de présenter Erdogan comme un protecteur des membres d’al-Qaïda» au monde entier. «Les procureurs turcs ordonnent à la police
Taraf accusé de «tentative de semer des troubles» en Turquie -
Un bureau du procureur, autorisé à agir conformément à la loi anti-terrorisme, a lancé une enquête contre le quotidien turc Taraf après dépôt d’une plainte par la plateforme judiciaire de la province de Sakarya. Dans sa plainte, la plateforme mentionne le contenu d’articles écrits par Yildiray Ogur, Ali Karahasanoglu, Alper Görmüs et Cem Küçük comme preuves de «crimes» de la part du journal. Le Taraf, connu pour son contenu critique envers le gouvernement et la publication de documents confidentiels du Conseil de sécurité national (MGK) est ainsi l’objet de plu-
sieurs accusations parmi lesquelles celles de «tentative de semer des troubles», de faire obstacle au travail des branches législative, exécutive et judiciaire du gouvernement, d’inciter les gens à la haine, et de faute professionnelle. Taraf a également été accusé d’être lié à une «entité illégale au sein de la police et de la justice» à cause d’articles publiés entre le 28 novembre et le 5 décembre 2013, intitulés «Des communautés religieuses critiques envers le gouvernement profilées» ou encore «La décision d’en finir avec Gülen prise lors d’une réunion du MGK en 2004».
d’arrêter les membres d’al-Qaïda, mais les chefs de police nommés par Erdogan refusent d’obéir», disait le premier tweet. Dans le deuxième tweet, Zeynalov partageait le lien d’un article détaillant la fuite de Turquie d’alQaïda après le blocage des opérations anticorruption par les chefs de police le 25 décembre 2013.
ÊTRE JOURNALISTE ÉTRANGER EN TURQUIE Le cas Zeynalov met en lumière les difficultés auxquelles font face les journalistes étrangers résidant en Turquie. Ceux-ci peuvent travailler et obtenir un titre de séjour en Turquie après obtention d’un visa de presse par les ambassades turques de leur pays de résidence et d’une carte de presse par la Direction générale de la presse et de l’information du Premier ministre. Le journaliste hollandais, Bram Vermeulen, avait connu des problèmes similaires l’année dernière. Il aurait été mis sur liste noire après non renouvellement automatique de sa carte de presse. Pour des questions de sécurité, il n’avait la possibilité d’entrer en Turquie qu’avec un visa de tourisme. Ses problèmes légaux ont néanmoins été réglés lorsque son cas a été relayé par les médias turcs et internationaux, déclenchant une vague d’indignation.
Le contrôle d’internet se renforce en Turquie
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Désormais, le ministre turc du Transport, des Affaires maritimes et des Communications pourra bloquer l’accès à certains sites internet sans obtenir d’ordre du tribunal au préalable. Quant au Directoire des Télécommunications (TIB), il sera également autorisé à bloquer l’accès à une page internet de sa propre initiative au cas où une requête serait constituée pour non-respect de la confidentialité informatique. Une décision qui est loin de recueillir une approbation unanime. Ainsi, l’Association des industriels et des hommes d’affaires turcs (TÜSIAD) a déclaré que le droit à la confidentialité était déjà protégé par la loi et qu’une nouvelle législation risquait d’entraver les libertés. L’amendement précise que les pages web et que les séquences vidéo en ligne ne respectant pas le droit à la confidentialité des individus peuvent être bloquées en quatre heures après réception d’une plainte par le TIB. La justice pourra aussi prononcer une décision sur la question en 48 heures.
DE QUOI AFFECTER LES INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS Une initiative finalement vue par beaucoup comme une tentative du gouvernement de contrôler les outils internet pour empêcher l’opposition et les journalistes de partager des vidéos ou autres informations concernant une activité sociale ou politique. Le texte comprend également une mesure qui autorise l’enregistrement de l’historique de recherche des internautes. Des inquiétudes se sont faites entendre. De plus, le TÜSIAD a affirmé que la loi pourrait affecter négativement les investisseurs dans le domaine d’internet, à l’heure où on encourage vivement l’investissement dans les télécommunications. UN DANGER POUR L’ÉQUILIBRE DES POUVOIRS Le contrôle d’internet par le gouvernement a entraîné les réactions de nombreux organismes nationaux et internationaux. Le coordinateur de plaidoyer pour l’accès à internet du Comité pour la protection des journalistes (CPJ), Geoffrey King, a déclaré à Zaman que la protection de la liberté d’expression en Turquie était déjà terrible, le pays comptant le plus grand nombre de journalistes incarcérés. «Etant donné la gravité des accusations de corruption, il est d’autant plus essentiel que la presse puisse faire son travail et rapporter de vraies informations», a-t-il ajouté. Pinar Türenç, présidente du Conseil de la presse turque, a, elle, déclaré que le texte ne devrait pas être voté dans la précipitation mais être étudié en détail.
07 TURQUIE
14 - 20 fevrier 2014 ZAMAN FRANCE
Internet, justice, police, procès Balyoz : les 4 chantiers d’Ankara Au lendemain des scandales politico-judiciaires liés aux affaires de corruption qui ont ébranlé le gouvernement, et à l’approche des élections locales, le Premier ministre turc Erdogan a lancé quatre grands chantiers, présentés comme des mesures de reprise en main démocratique. SAMI KILIÇ PARIS
LA PROTECTION DE LA VIE PRIVÉE SUR INTERNET Sonné par la diffusion des conversations téléphoniques compromettantes entre le ministre de l’Intérieur et son fils, le gouvernement a révisé la loi sur Internet. Officiellement, il s’agit d’accélérer la procédure pour bloquer l’accès aux sites qui portent atteinte à la vie privée. La Direction de la télécommunication (TIB) pourra désormais interdire l’accès à un site, préalablement à l’intervention d’un juge. Le projet initial confiait cette prérogative directement au ministre de la Communication. L’autorité en question n’en reste pas moins une émanation du ministère. En revanche, la TIB devra saisir à son tour le Conseil des fournisseurs d’accès à Internet qui devra interdire l’accès dans les quatre heures à partir de sa saisine. Ce n’est que dans un troisième temps que le juge aura à se prononcer sur le fond de la demande. Dans le système antérieur, la TIB ne pouvait intervenir avant le juge que dans les cas d’incitation au suicide, de vente de stupéfiants, d’insulte à la mémoire d’Atatürk, de pédopornographie et de prostitution. Désormais, le risque d’atteinte à la vie privée fait partie de la liste. Or, la notion est floue. Cette célérité a été interprétée par les partis d’opposition comme une tentative pour étouffer rapidement la diffusion sur les réseaux sociaux d’écoutes ou d’informations embarrassantes. Autrement dit, une mesure attentatoire à la liberté d’information et d’expression. Le hasard ne pouvait pas mieux tomber. Umut Oran, vice-président du CHP, principal parti d’opposition, s’est vu notifier par la TIB, un avertissement afin qu’il retire de son site personnel la question au gouvernement qu’il a posée sur la vente d’un groupe de presse proche du Premier ministre. Le député avait crié au scandale avant que l’organisme publie un communiqué et reconnaisse un «avertissement envoyé par erreur»…
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LE CONSEIL SUPÉRIEUR DES MAGISTRATS ET DES PROCUREURS Le gouvernement, convaincu de la partialité de la justice, avait décidé de renforcer «l’indépendance» du Conseil supérieur des magistrats et des procureurs (HSYK) en étendant l’emprise de l’exécutif sur le Conseil. Ce qui avait entraîné une levée de boucliers de la part du conseil national des barreaux, des professeurs de droit et, chose rare, du HSYK lui-même ! L’Union européenne avait également manifesté son inquiétude. Le président de la République, Abdullah Gül, avait dû descendre dans l’arène et menacer à mots couverts de poser son veto. Le gouvernement a donc dû faire machine arrière, le temps d’apaiser
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les craintes. Mais le Premier ministre a réitéré sa volonté de réformer la loi sinon la Constitution pour faire aboutir son projet.
LES ENQUÊTES DE LA POLICE JUDICIAIRE Le gouvernement avait découvert les enquêtes de corruption en même temps que l’opinion publique. En vertu du secret de l’instruction, les procureurs avaient, en effet, le droit de requérir la police judiciaire sans informer la hiérarchie policière, rattachée au ministère de l’Intérieur. Le Premier ministre en avait été stupéfait. Le gouvernement avait alors pris un décret qui obligeait les procureurs à «informer» les préfets et les directeurs de la police. Décret qui avait été annulé par le Conseil d’Etat pour violation du secret de l’instruction et de la séparation des pouvoirs. Le gouvernement a donc introduit un projet de loi pour contourner la juridiction administrative. Celui-ci prévoit non plus d’ «informer» mais d’obtenir «l’autorisation» des préfets et directeurs de police, agents de l’exécutif. Erdogan a proposé de créer des «conseils d’exécution judiciaire» dans chaque ville, sans fournir d’autres détails. L’exécutif aura donc un droit de regard sur les enquêtes lancées par
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le pouvoir judiciaire. L’opposition a déjà promis de saisir la Cour constitutionnelle.
DES PROCÈS CONTRE LES GÉNÉRAUX 4 LAEnRÉVISION pleine joute contre le Hizmet, le député et conseil-
ler du Premier ministre, Yalçin Akdogan, avait accusé celuici d’avoir faussé les procès contre les généraux. Depuis, le gouvernement ne cesse de remettre en cause les décisions de justice qui ont été rendues contre les officiers putschistes. Le chef d’état-major actuel avait même demandé des explications au pouvoir politique lors du Conseil national de sécurité. Le ministre de la Justice a récemment annoncé la suppression définitive des «cours à compétence particulière», abolies en 2012 mais maintenues pour les procès en cours. Le gouvernement envisage de supprimer l’article provisoire ce qui entraînera une application rétroactive et donc une révision des procès devant, cette fois, la justice ordinaire. Le procès Balyoz avait notamment condamné l’ancien chef de l’état-major, Ilker Basbug, à la prison à perpétuité. Jusqu’à maintenant, deux tribunaux ont refusé de réviser les procès d’officiers militaires impliqués dans l’affaire Balyoz, une première fois le 24 janvier puis une deuxième fois le 4 janvier.
Le ministre de la Justice reconnaît être intervenu dans les enquêtes anti-corruption -
Nouveau rebondissement dans l’affaire de corruption. Le ministre de la Justice a reconnu avoir contacté des procureurs concernant les enquêtes de corruption. Le procureur général d’Izmir a accusé Bozdag de tenter d’influencer la justice après qu’un procureur d’Izmir chargé de mener l’une des enquêtes a affirmé qu’une personnalité importante du ministère de la Justice l’avait appelé pour le sommer d’interrompre l’enquête. Un résumé des procédures préparées le 14 janvier a été envoyé au ministère avant d’être transmis au Parlement. D’après ce document, Bozdag aurait donné l’ordre au sous-secrétaire, Kenan Ipek, de demander au procureur général d’Izmir, Hüseyin Bas, d’interrompre l’enquête et de remplacer le procureur qui en était chargé.
LA «CONFIDENTIALITÉ» DES ENQUÊTES L’aveu d’un contact direct avec les procureurs de la part du ministre de la Justice a déclenché une nouvelle vague de discussions, ses prédécesseurs étant sceptiques sur le motif de l’appel de Bozdag aux procureurs. Bozdag s’est défendu en disant que tous les ministres de la Justice avaient la possibilité de contacter les procureurs. Mais les anciens ministres de la Justice l’ont contredit. Bozdag a déclaré qu’il avait appelé les procureurs pour leur rappeler l’importance de la confiden-
tialité de l’enquête. A Ankara, le jeudi 6 février, Bozdag a confirmé qu’il avait appelé Hüseyin Bas, arguant que les procureurs devaient informer son ministère à propos d’«événements importants».
CRISE ENTRE L’EXÉCUTIF ET LA JUSTICE Bozdag a également admis qu’il avait appelé le procureur général d’Adana qui a ordonné l’interception et la fouille de plusieurs camions soupçonnés de transporter des armes vers la Syrie dans la province d’Adana. L’incident a provoqué une crise entre l’exécutif et la justice, le gouvernement ayant empêché les procureurs de fouiller les camions en faisant pression sur les forces de police et la gendarmerie, au motif que les camions appartenaient aux services de renseignement turcs (MIT). Bozdag aurait simplement rappelé au procureur que la permission du Premier ministre était nécessaire pour conduire une enquête sur la propriété ou le personnel du MIT. Mais, pour l’ancien ministre de la Justice, Hikmet Sami Türk, les juges et les procureurs n’ont aucune obligation d’informer les ministres de la Justice concernant les enquêtes. L’explication donnée par Bozdag lui a également valu les critiques d’un autre ancien ministre de la Justice, Oltan Sungurlu, qui a dit qu’il n’avait, pour sa part, jamais appelé de procureurs à propos d’une enquête.
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C’est, selon le «New World Wealth», le nombre de millionnaires que compte la Tunisie, qui occupe donc la 1ère place du Maghreb. Suivent de près la Libye avec 6 400 millionnaires, le Maroc avec 4 900 et l’Algérie avec 4 100.
Pourquoi l’AKP et le Hizmet sont en désaccord sur la question kurde La question kurde divise, on le sait, le Hizmet et l’AKP. Mais trop souvent, leurs différentes approches sont présentées de façon biaisée. L’auteur, doctorant à l’Institut des sciences sociales de l’Université de Keele en Grande-Bretagne, fait le point sur cette question. MUSTAFA DEMIR Dans son article publié dans Der Spiegel, Maximilian Popp analyse les tensions entre le mouvement Hizmet et l’AKP en Turquie. L’auteur soulève un point sur lequel je souhaiterais me focaliser : «Les deux camps sont en désaccord sur la question kurde. Le chef des renseignements généraux, Hakan Fidan, a organisé des négociations de paix secrètes au nom du Premier ministre avec le PKK. Gülen, néanmoins, a appelé l’armée turque via un message vidéo à attaquer les séparatistes kurdes (…)». La citation insinue que le gouvernement recherche une approche conciliatoire, alors que
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«Le PKK a été très embarrassé par les activités du Hizmet» Gülen, lui, plaide pour une approche violente et intraitable, en appelant l’armée à attaquer les séparatistes kurdes. Ce qui est complètement faux, la citation étant hors contexte. Dans son message, Gülen explique longuement que la question kurde requiert une approche holistique, empathique et humanitaire, basée sur le respect des droits de l’homme et de la culture des Kurdes. Pour lui, le problème n’est pas seulement d’ordre économique ou sécuritaire.
L’APPROCHE PROGRESSISTE DE GÜLEN Dans la même vidéo, Gülen critique le gouvernement en disant que la question kurde aurait pu être résolue ces 10 dernières années. Gülen dit également que si, malgré tout, certains persistent à commettre des actes de terrorisme, alors et seulement alors pourra-t-on prier pour que l’unité terroriste soit démantelée et les centres de contrôle éliminés. L’approche de Gülen est bien plus progressiste, exhaustive et radicale
Le Hizmet s’est déclaré prêt à utiliser le kurde comme moyen d’instruction dans les régions à majorité kurde.
dans sa volonté d’atteindre la réconciliation et la paix. L’intellectuel plaide aussi pour le droit à l’enseignement en kurde dans les écoles privées comme publiques, mesure à laquelle le gouvernement s’oppose encore. La comparaison de la position de Gülen et de celle du gouvernement est donc trompeuse. Cela dit, l’auteur a raison lorsqu’il dit que les «deux camps sont en désaccord sur la question kurde». En effet, lorsque le gouvernement souhaitait que le PKK dépose les armes, le Hizmet cherchait à éliminer les problèmes sociaux et culturels à l’origine de la question kurde. Erdogan souhaite éliminer le PKK. Résultat, le gouvernement a pris plusieurs mesures pour octroyer des droits sociaux et culturels aux Kurdes en demandant au PKK, en échange, de cesser ses activités en Turquie. D’une certaine manière, cette approche a légitimé les activités du PKK aux yeux des Kurdes. Si le PKK revendique quelque chose et que le gouvernement veut gagner du temps, le groupe lance des opérations en Turquie, après quoi le gouvernement décide de prendre des mesures. Depuis le début, le mouvement Hizmet soutient les mesures démocratiques nécessaires en termes de droits démocratiques des
Kurdes. Il a d’ailleurs ouvert la première chaîne télévisée privée en langue kurde, Dünya TV. Avec ses institutions et ses activités de dialogue, le mouvement contribue activement au renouveau de la culture et de la langue kurdes. Le mouvement est actif dans la région kurde d’Irak avec ses écoles depuis les années 1990. Dans ces écoles, le kurde est utilisé comme l’une des principales langues d’instruction. C’est après l’ouverture de la chaîne kurde publique TRT 6 en 2009 que le Hizmet a lancé à son tour la toute première chaîne de télévision kurde privée.
15 KURDES SUR 500 LISENT ET ÉCRIVENT EN KURDE Remzi Ketenci, directeur général de TRT 6, a déclaré qu’une autre initiative venant du Hizmet était l’enseignement du kurde via Dünya TV, créée sur demande de Gülen. Après le lancement de cette chaîne, une enquête a été menée pour mesurer le nombre de Kurdes de Turquie pouvant lire et écrire en kurde. Et les conclusions sont assez dramatiques puisque seuls 15 Kurdes sur 500 savaient lire et écrire en kurde. Après avoir partagé ces données avec l’intellectuel musulman, Ketenci a rap-
porté que Gülen avait insisté sur l’importance de l’enseignement du kurde, une question «urgente» selon lui. Alors que certains membres du gouvernement parlent encore de la reconnaissance officielle de la langue kurde, le Hizmet a déclaré qu’il était prêt à utiliser le kurde comme moyen d’instruction dans les régions à majorité kurde si le gouvernement prenait les mesures nécessaires. En fait, le PKK a été très embarrassé par les activités du Hizmet. Les Kurdes soutiennent les activités culturelles et éducatives du mouvement dans la région kurde car, contrairement aux écoles publiques, ces activités n’ont pas vocation à assimiler leurs enfants. Les tentatives du gouvernement de fermer les dershane reflètent une revendication du PKK. Les grandes figures de l’organisation, comme Murat Karayilan, Fehman Hüseyin et même le leader incarcéré, Abdullah Öcalan, ont exprimé leur gêne vis-à-vis des dershane dans la région kurde. La fermeture des dershane a commencé à faire partie des négociations entre le gouvernement et le PKK. La raison de l’opposition du PKK aux activités du mouvement dans la région est une question importante, mais fera l’objet d’un autre article.
09 TURQUIE
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Le dépistage précoce, pour combattre le cancer Le rapport mondial 2014 publié par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) prévoit une augmentation des cas de cancer de 70 %. Lors de la Journée mondiale contre le cancer le 4 février, les médecins turcs et les associations contre le cancer ont rappelé l’importance d’un dépistage précoce.
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De 14 millions en 2012, les cas de cancer dans le monde passeront à 25 millions dans deux décennies. Une augmentation des cas de cancer de 70 %, c’est ce que prévoit le rapport mondial 2014 publié par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Le rapport insiste sur la nécessité de mettre en place rapidement des stratégies de prévention efficaces pour juguler la maladie mortelle, en particulier dans les pays en développement comme la Turquie, pas encore équipés pour la rude bataille qui les attend. A l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer le 4 février, les médecins turcs spécialisés en oncologie ainsi que les associations contre le cancer ont publié des communiqués de presse pour informer le public.
170 000 CANCERS DÉPISTÉS CHAQUE ANNÉE EN TURQUIE Pour le Dr. Züleyha Çalikusu du département d’oncologie de l’hôpital Acibadem Adana, la maladie peut être facilement détectée grâce à un dépistage précoce. «Aux Etats-Unis, 30 000 vies sont sauvées chaque année grâce au dépistage précoce», a-t-elle précisé. De même, le Dr. Nimet Baki, président d’une association de lutte
Turquie : 82 morts au travail en janvier LAMIYA ADILGIZI ISTANBUL 82 personnes sont mortes dans des accidents du travail au mois de janvier 2014, selon le rapport d’Istanbul sur la santé des travailleurs et de la sécurité au travail. La plupart des accidents mortels sur le lieu de travail en Turquie se produisent dans les secteurs de la construction, du transport et du papier. Ainsi, les chutes ont causé 21 accidents mortels dans le secteur de la construction. Selon le rapport, 12 accidents fatals advenus dans le secteur du transport ont été causés par des trafics intenses et des conditions de travail dangereuses comme des routes accidentées, glissantes ou non salées pendant l’hiver. Le rapport note également un grand nombre d’accidents mortels chez les travailleurs non assurés et clandestins.
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LES EMPLOYÉS NE PORTENT PAS PLAINTE La Turquie, pays où le nombre d’accidents professionnels mortels pouvant être évités est le plus élevé d’Europe, a connu une augmentation de ces fatalités. En 2013, 1 235 personnes sont mortes sur le lieu de travail. Suat Yurdseven, président de la Fondation pour les victimes des accidents du travail, a déclaré à Zaman que l’une des principales raisons expliquant cette augmentation est le manque de sensibilisation des employés. Il a également cité la non-application des lois sur la santé et la sécurité au travail. Selon Yurdseven, mettre fin aux accidents du travail semble impossible car les employés ne portent généralement pas plainte contre leurs employeurs et préfèrent négocier les questions financières avec eux en cas d’accident.
contre le cancer basée à Trabzon a déclaré que le cancer était la deuxième cause de maladie mortelle en Turquie après les maladies cardiaques et vasculaires. Il a ajouté qu’environ 170 000 cancers étaient dépistés chaque année en Turquie. Le rapport mondial cite également en exemple les campagnes contre le tabagisme et l’obésité ainsi que l’ouverture de Centres de dépistage du cancer (KETEM) en Turquie. Ces Centres ont d’ailleurs été ouverts
gratuitement à toutes les personnes souhaitant faire un test de dépistage lors de la Journée mondiale contre le cancer. Le tabagisme, les maladies infectieuses, l’alcool, l’obésité et l’inactivité, les rayons du soleil et des imageries médicales, la pollution et d’autres facteurs environnementaux font partie des principales causes de cancer. Le rapport 2014 exhorte à «s’engager davantage pour prévenir la maladie et à se faire dépister le plus tôt possible».
10 INTERNATIONAL
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Des relations économiques florissantes entre Berlin et Ankara
Les échanges économiques entre Berlin et Ankara ont connu une augmentation spectaculaire depuis l’arrivée de l’AKP au pouvoir.
A côté des problématiques sur l’adhésion européenne et l’immigration qui accaparent naturellement l’attention des deux pays, le partenariat économique est le sujet qui a le mérite de ne pas crisper les relations bilatérales. La récente visite du Premier ministre turc en Allemagne a pourtant fait l’impasse sur cette question. SAMI KILIÇ PARIS Le Premier ministre turc rend visite aux Turcs d’Allemagne. C’est à peu près ce qui ressort du déplacement de Tayyip Erdogan en Allemagne. Sur le plan politique, le Turc a formulé les mêmes demandes (accélération du processus d’adhésion, amélioration de la situation des binationaux), l’Allemande, Angela Merkel, a fourni les mêmes réponses (oui mais non pour l’adhésion, non mais oui pour l’assimilation). Le ministre de l’Economie turc n’était pas du voyage, c’est dire l’intérêt porté au sujet. Aucun gros contrat ne devait être signé, ce qui explique le pourquoi du comment. Pourtant, les deux pays ont des liens économiques très forts. Et c’est sans doute ce levier qui empêche la chancelière allemande, très réservée sur la vocation européenne de la Turquie, à couper net le processus d’adhésion. Les rapports commerciaux sont florissants.
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LA CONCURRENCE DE L’EST Les échanges ont connu une augmentation spectaculaire depuis l’arrivée de l’AKP au pouvoir, + 80 % en 10 ans. Le volume des échanges s’élève à 38 mil-
liards de dollars en 2013. Selon l’Institut de la statistique de Turquie, en 2013, la Turquie a importé pour 24 milliards de dollars de produits alors qu’elle en a exportés pour 13 milliards. La Turquie est la deuxième destination des exportations allemandes. L’Allemagne est la première destination des exportations turques. En revanche, la Turquie se range à la 20e place pour les importations allemandes et à la 17e place pour les exportations. La balance commerciale est donc défavorable pour la Turquie. En 2012, elle a accusé un déficit de 8 milliards de dollars. La Turquie exporte surtout des produits de textile, d’électronique et des fruits et légumes. Mais la main d’œuvre bon marché des
pays de l’Europe centrale est une sérieuse menace pour le textile. La Turquie importe des machines, des produits en plastique, de l’acier, des produits pharmaceutiques et chimiques.
LE DYNAMISME DE LA DIASPORA L’Allemagne s’est particulièrement manifestée en 2013 au niveau des investissements directs en Turquie. Environ 4500 entreprises allemandes ont déversé 1,7 milliards de dollars dans le secteur des services (tourisme, finance, banque) et de l’industrie. Les trois millions de Turcs ou d’origine turque en Allemagne jouent un grand rôle dans la coopération économique. Selon les chiffres de la Chambre de l’industrie et
du commerce turco-allemand, environ 72 000 entrepreneurs investissent en Allemagne avec un chiffre d’affaires estimé à 33 milliards d’euros et embauchent environ 360 000 personnes. Ce qui avait poussé Engin Koyuncu, fondateur de ladite Chambre, à forcer le trait : «Ce sont les entreprises turques qui soutiennent les bases de l’économie allemande». Les obstacles pour les visas aux hommes d’affaires turcs restent d’actualité mais ne sont pas de nature à entraver l’approfondissement des relations économiques. Pour pasticher Robert Schumann, on peut dire que toute indifférence politique «devient (de ce fait) non seulement impensable, mais matériellement impossible».
Israël aurait proposé 20 millions de dollars aux familles des victimes du Mavi Marmara SAMI KILIÇ PARIS Selon le journal Haaretz, Israël aurait proposé de verser 20 millions de dollars aux familles des neuf Turcs tués lors de l’assaut de la flottille de Gaza en 2010. Selon les sources diplomatiques, la Turquie aurait insisté pour une somme de 30 millions de dollars alors qu’Israël ne souhaitait pas dépasser les 15 millions. L’intervention du Premier ministre Benjamin Netanyahu aurait permis de porter la somme à 20 millions.
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LES TROIS CONDITIONS DE LA NORMALISATION Le gouvernement turc avait posé trois conditions pour normaliser les relations bilatérales : les excuses officielles de l’Etat d’Israël, le versement d’une compensation financière et la levée du blocus de Gaza. La première condition fut satisfaite sous la pression du président Obama qui avait forcé Netanyahu à lâcher du lest. La deu-
xième semble en voie de règlement; la partie turque avait en effet invité les représentants israéliens à reprendre les négociations au début du mois de décembre 2013. Il ne reste plus que la dernière condition, la plus épineuse. Le ministre des affaires étrangères turc, Ahmet Davutoglu, avait cependant salué la décision israélienne de faciliter l’acheminement des aides turques à Gaza. La somme sera versée sur un fond humanitaire avant d’être partagée selon des critères définis. En contrepartie, Israël demande à la Turquie de suspendre les actions en justice contre les soldats et les officiers impliqués dans l’attaque ainsi que de modérer son activisme contre Israël dans les enceintes internationales. Quoi qu’il en soit, les autorités israéliennes ne pensent pas aboutir à un accord avant les élections municipales qui se tiendront en Turquie en mars 2014.
11 INTERNATIONAL Les Suisses votent pour des quotas d’immigration -
Les Suisses ont voté dimanche en faveur de la réintroduction de quotas d’immigration avec l’Union européenne, rapporte la télévision suisse. Au cours de cette «votation», l’idée a été approuvée par 50,3% des électeurs et a également été adoptée avec la majorité nécessaire dans plus de la moitié des 26 cantons. Ce résultat oblige le gouvernement à transformer cette initiative en loi dans un délai de trois ans. Le texte «contre l’immigration de masse» était défendu par l’Union démocratique du centre (UDC), un parti de droite, mais dénoncé par les milieux d’affaires et les entreprises soucieux d’attirer une main d’œuvre hautement qualifiée. A Bruxelles, la Commission européenne a dit «regretter» que le «oui» aux quotas l’ait emporté. «Ceci va à l’encontre du principe de libre circulation des personnes entre l’Union européenne et la Suisse»,
Le Japon vise le secteur du halal
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Fin janvier, s’est tenue une réunion d’affaires à Dubaï avec la participation de trois entreprises japonaises : une société commerciale de confiserie, une société spécialisée dans les produits marins et un fabricant de condiments. Les différents participants ont présenté leurs produits en soulignant qu’ils ne contenaient ni porc ni alcool. Le directeur d’un grossiste local de produits alimentaires a déclaré que les produits japonais allaient certainement être bien accueillis par les consommateurs dans les Emirats arabes unis. Les pays du Moyen-Orient, et en particulier les exportateurs de pétrole comme les Emirats arabes unis, importent de plus en plus de produits alimentaires. Ainsi, en 2011, six pays du Golfe persique, Bahreïn, Koweit, Oman, Qatar, Arabie saoudite et Emirats arabes unis, ont importé des produits alimentaires d’une valeur d’environ 1,35 mille milliards de yens (environ 13.193.550.000 dollars), soit 4 fois plus que dix ans plus tôt. Sur cette somme, la valeur des produits alimentaires japonais n’était pourtant seulement que de 5 milliards de yens.
UN DOMAINE ATTRACTIF Ce chiffre s’explique par la difficulté des Japonais à satisfaire les exigences requises par les produits alimentaires halal. Même s’il existe un organisme islamique au Japon chargé de certifier les produits halal, dans bien des cas, la procédure coûte plus de 100.000 yens, ce qui pousse de nombreuses sociétés à faire l’impasse sur la certification de leurs produits. La taille du marché mondial de nourriture halal serait d’environ 50 mille milliards de yens et constitue un domaine attractif pour les entreprises japonaises qui expérimentent en ce moment une baisse du marché intérieur dû au faible taux de fécondité et à une société vieillissante. Le fabricant de condiments, basé dans la préfecture d’Aichi au Japon, a développé l’année dernière un produit destiné aux consommateurs des pays du Moyen-Orient avec certification halal. «Il n’y a pas beaucoup de grandes entreprises qui ont ciblé le marché du Moyen-Orient», déclare le directeur de l’entreprise, Nobuaki Suzuki. «Je pense donc qu’il y a des opportunités pour les petites et moyennes entreprises». Ichiro Marutani, The Yomiuri Shimbun
déclare la CE dans un communiqué. Elle indique qu’elle «examinera les implications de cette initiative sur l’ensemble des relations entre l’UE et la Suisse» mais qu’elle tiendra compte de la position du gouvernement qui avait recommandé de voter «non». Le regard de la population helvétique sur la question de l’immigration a changé avec un récent afflux d’immigrés - ils sont 70.000 en moyenne à arriver chaque année sur le sol suisse. On
les rend responsables de l’augmentation des loyers, de l’encombrement des transports ou de la hausse de la délinquance. Les étrangers représentent 23% de la population de ce pays de huit millions d’habitants, soit le deuxième ratio le plus élevé du continent après le Luxembourg. Environ 40% des nouvelles entreprises en Suisse sont créées par des étrangers, selon les chiffres de l’institut d’analyse Orell Füssli Wirtschaftsinformationen.
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12 ECONOMIE
14 - 20 fevrier 2014 ZAMAN FRANCE
L’essor de la finance islamique en Turquie L’innovation : un enjeu majeur pour les PME MEHMET DINÇ, ABDURRAHMAN ATLI STRASBOURG UNITEE « European-Turkish Business Confederation » en collaboration avec la FEDIF Grand Est a organisé le 6 février 2014 dans ses locaux de Strasbourg une table ronde intitulée «L’innovation : un enjeu majeur pour le développement des PME» en la présence de l’eurodéputé Marc Tarabella, d’experts sur l’innovation et d’entreprises innovantes récompensées en 2013 par le Trophée Alsace Innovation. Le Secrétaire Général de la FEDIF Grand Est Abdurahman Atli a rappelé l’importance de l’innovation pour les entrepreneurs alsaciens et européens. C’est d’ailleurs selon lui une des spécialités de l’Alsace, une région riche d’entrepreneurs prêts à bousculer les habitudes : en 2012, une organisation comme BpiFrance, a réalisé 60 millions d’euros d’investissement dans ce domaine.
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LES STRATÉGIES À ADOPTER Devant un public composé d’entreprises innovantes et de PME souhaitant innover, cette table ronde était l’occasion pour les intervenants de faire part de leurs remarques à l’eurodéputé Tarabella. La difficulté d’accès aux brevets, l’absence d’une stratégie commune européenne en matière de politique industrielle, les sources de financements de plus en plus éparses pour les jeunes start-up souhaitant innover, sont autant de thèmes qui sont revenus et sur lesquels M. Jacquemin, DG d’Alsace Innovation et M. Froehlicher, DG de l’ADIRA ont prodigué leurs conseils. L’utilisation limitée d’aides européennes souvent méconnues, la frilosité des banques à financer des projets à risques, immateriels ou au retour sur l’investissement à long terme sont autant de raisons pour accompagner et aider au développement de ces entreprises. M. Kupferle, DG de C4CI, et M. Miclo, DG d’Inovame, ont apporté leurs témoignages sur les processus à engager lorsqu’une PME se lance dans l’aventure de l’innovation. Ils ont souligné l’importance du regard extérieur dans ce déroulement, et la nécessité de faire confiance aux chefs d’entreprises.
Les actifs bancaires islamiques en Turquie se chiffraient à environ 36 milliards de dollars en 2012.
En Turquie, la finance islamique n’a pas toujours eu le vent en poupe. Mais aujourd’hui, elle fait peu à peu son nid. Les prêts émis par des banques islamiques sont de plus en plus fréquents et l’émission de sukuk, équivalent des obligations occidentales, connaît un succès grandissant dans le pays comme dans la région. SERKAN SAHIN ISTANBUL En 2013, le secteur de la banque islamique en Turquie a atteint les 6,1 % du marché des crédits bancaires du pays. Selon Hasan Kiliç, chef de la branche turque du cabinet d’expertise Deloitte, le secteur est en train de devenir de plus en plus compétitif par rapport aux services bancaires traditionnels en Turquie. A noter qu’en 2002, le secteur représentait seulement 2 % des services bancaires du pays pour aujourd’hui être trois fois plus important. Cette croissance s’explique par l’arrivée de plusieurs prêteurs provenant de la région du Golfe et par la croissance des plus grands établissements de prêts islamiques turcs. Les actifs bancaires islamiques en Turquie se chiffraient à environ 36 milliards de dollars en 2012 et ont connu une croissance
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de 15 à 20 % sur la dernière décennie. Récemment, Reuters a affirmé que le taux de croissance des prêts islamiques dépassait largement celui des prêts traditionnels, qui, eux, ont connu une augmentation de seulement 13 % entre 2011 et 2012. Selon l’agence de presse, les prêts islamiques devraient se chiffrer entre 80 et 120 milliards de dollars d’ici la fin 2017.
LE PRÊT MURABAHA, CONFORME À LA FINANCE ISLAMIQUE Hasan Kiliç a affirmé que le secteur avait attiré des clients «plus conservateurs» concernés par les prohibitions religieuses sur le prêt traditionnel. Les banques islamiques sont souvent financées grâce à l’émission de prêts murabaha. Ce type de contrat d’achat-vente
permet à la banque d’acheter des biens pour ses créditeurs qui remboursent ensuite la banque pour acheter ces biens par versements échelonnés. Le système des paiements déférés permet à l’établissement bancaire de faire des bénéfices et d’allonger la durée du crédit de ses clients sans appliquer de taux d’intérêt. Seule ombre au tableau, l’affaire de corruption, qui a constitué un obstacle pour la plus grande banque de prêts islamiques de Turquie, la Bank Asya. Ses parts ont diminué de 46 % depuis le 16 décembre, une baisse advenue alors que la banque était également victime de pressions de la part du gouvernement turc.
LES ÉMISSIONS DE SUKUK FONT LEUR ENTRÉE SUR LE MARCHÉ TURC Allant de pair avec la croissance de la finance islamique en Turquie, les sukuk, équivalents des obligations dans les banques traditionnelles, font peu à peu leur entrée sur le marché. Selon l’agence de notation financière Standard & Poor’s, la Turquie ainsi que Dubaï sont en train de devenir les nouveaux centres d’émission de sukuk, le plus important étant à ce jour la Malaisie. Début février, S&P a en effet affirmé que les perspectives du marché sukuk étaient très prometteuses pour 2014, après une année 2013 déçevante, où ces émissions ont connu une baisse de 13 % par rapport à l’année précédente. S&P a affirmé que le marché des sukuk était susceptible de dépasser les 100 milliards de dollars, en particulier grâce aux grandes entreprises de la région du Golfe. LES PAYS DU GOLFE, FERVENTS UTILISATEURS DES SUKUK L’Asie, et surtout la Malaisie, ainsi que le Conseil de coopération du Golfe (CCG) sont les plus grands émetteurs de sukuk, selon l’agence de notation. Autre Etat dont l’augmentation des émissions de sukuk promet d’être forte dans les prochaines années, le Qatar. Etant donné que les prix du pétrole continueront de se situer au-dessus des 100 dollars par baril pendant toute l’année, S&P prévoit que l’économie des pays du Golfe continuera d’évoluer de façon positive, ce qui aura pour résultat une plus grande émission de prêts. L’agence de notation a déclaré que les pays du Golfe continueront d’utiliser les sukuk dans leurs monnaies locales comme outil pour faire avancer leurs marchés de capitaux locaux.
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20E EDITION DU MAGHREB DES LIVRES
Tahar Ben Jelloun : «Le roman n’est pas un genre que les Arabes pratiquent beaucoup»
FARIDA BELKACEM PARIS Pourquoi avez-vous choisi de participer à la 20e édition du Maghreb des livres ? Tout ce qui peut faire lire est à considérer. La littérature est plus ou moins menacée, chez les jeunes surtout. Alors, quand il y a un salon comme celuilà, quand on peut venir, parler, mettre une griffe sur un ouvrage pour que les gens le lisent, je le fais. Un auteur n’est pas seulement quelqu’un qui est dans une chambre isolée en train d’écrire. Il y a ça et il y a le reste. Il faut accompagner la vie d’un livre. Dans les salons, les écoles, les bibliothèques. Si tous les auteurs le faisaient, le livre se porterait mieux.
SANA B PHOTOGRAPHY
Le 8 et le 9 février, se tenait la 20e édition du Maghreb des livres à l’Hôtel de Ville de Paris. Un rendez-vous réussi. Le public – jeunes, moins jeunes et enfants – s’est pressé à la rencontre des auteurs français, maghrébins ou franco-maghrébins. Tahar Ben Jelloun, célèbre écrivain marocain de langue française, membre de l’Académie Goncourt traduit dans de nombreuses langues, a participé à l’évènement. Il nous a accordé un entretien où il revient sur le rôle de l’écrivain et sur son rapport au lecteur.
Comme chaque année, le salon du Maghreb des livres a rencontré un franc succès.
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Encore une fois, les lecteurs se précipitent pour vous faire signer leurs ouvrages... Je publie depuis longtemps et j’ai un public transgénérationnel. J’ai la grand-mère, la mère et la fille. Je ne dis pas cela par hasard, ce sont les femmes qui lisent le plus, en tout cas en France. Quand je fais des séances de dédicaces, c’est souvent les femmes qui viennent et parfois quand c’est un homme, ils disent que c’est pour leur femme qui n’a pas pu venir. L’écriture chez vous semble être synonyme de transmission ? La littérature est transmission. Quand elle est de qualité, elle peut transmettre beaucoup de choses. Mais, disons qu’au Maghreb, on a un besoin peutêtre un peu plus important que les Occidentaux, qui sont «gâtés» dans ce domaine, depuis longtemps. Nous arrivons petit a petit à nous imposer par le livre, la peinture, la culture. Mais tout ça est quasiment nouveau. Le plus ancien peintre maghrébin, c’était peut-être il y a un siècle. Nous avons une tradition de musique, d’écriture sur manuscrits, mais le roman est récent dans le monde arabe. Il date d’un siècle aussi. Ce n’est pas un genre que les Arabes pratiquent beaucoup. Comment décririez-vous votre rapport au lecteur ? Les gens prennent l’écrivain un peu pour le messager, le type qui va leur apprendre des choses, qui va les défendre et dénoncer les injustices qu’ils vivent. Parfois, j’ai des demandes précises, par exemple, on me dit «il faut écrire quelque chose sur la corruption». Moi je réponds, «j’ai déjà écrit quelque chose sur ce sujet». Alors on me dit «mais il faut le refaire parce que les gens ont oublié». Il y a une relation affective, presque intime avec l’écrivain. On imagine mal cette scène se passer dans un salon consacré à la littérature allemande. Il y a une relation très forte entre le lecteur et l’auteur, parfois même des règlements de compte ! Vous y pensez au moment où vous écrivez? Non, on ne peut pas en tenir compte, l’écriture a ses propres exigences. Si on commence à écrire en fonction de ce que les uns et les autres exigent, ce n’est plus possible. On devient un écrivain sur commande. Quand on écrit, on est un peu isolé, dans un
monde à part. En revanche, quand le livre est terminé, tout un travail critique très important est fait avec l’éditeur. Si vous deviez conseiller d’un seul de vos ouvrages ? Je dirais qu’il faut commencer par L’enfant de sable. Je l’ai écrit il y a trente ans. C’est fidèle à mon style, à l’univers de la femme, c’est un livre qui a marqué plusieurs générations. Etes-vous déjà allé en Turquie ? J’y suis allé plusieurs fois, c’est un très beau pays, avec un peuple très fier, ce que les Européens n’ont pas compris.... Ce n’est pas du tout un pays qui mendie son entrée dans l’Europe. C’est un pays de travailleurs. Avant, j’aimais beaucoup ce pays pour des raisons historiques, la laicité, Mustafa Atatürk, mais ensuite je me suis mis à l’aimer pour sa fermeté face aux Occidentaux. L’Europe a beaucoup à perdre en refusant l’entrée dans l’Union européenne de la Turquie.
BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE DE TAHAR BEN JELLOUN L’Enfant de sable, 1985, éd. du Seuil La Nuit sacrée, 1987, prix Goncourt, éd. du Seuil Jour de silence à Tanger, récit, 1990, éd. du Seuil Le Racisme expliqué à ma fille, 1997, éd. du Seuil Cette aveuglante absence de lumière, 2001, éd. du Seuil L’Islam expliqué aux enfants (et à leurs parents), 2002, éd. du Seuil Sur ma mère, 2008, éd. Gallimard Le Bonheur conjugal, 2012, éd. Gallimard L’Ablation, 2014, éd. Gallimard
Le Maghreb des livres, en quelques mots -
Cet événement annuel présente les livres publiés en 2013, liés au Maroc, à l’Algérie, à la Tunisie, mais aussi à la France et à l’intégration. Sont donc mis à l’honneur des ouvrages en langue française, arabe et amazigh. Pendant deux jours, le lecteur peut y rencontrer ses auteurs favoris pour des séances de dédicaces, des entretiens et des lectures. Egalement au programme, la remise d’un prix littéraire Beur FM Méditerranée (remis cette année à Semira Sedira pour L’odeur des planches), des expos et même un «café maure».
L’ASSOCIATION COUP DE SOLEIL Derrière ce salon, une association : Coup de Soleil. Fondée en 1985 par Georges Morin, et présente à travers la France, elle organise depuis 1994 ce Maghreb des livres. Nous avons rencontré Michelle Rodary, présidente de la section régionale du Languedoc-Roussillon, qui nous parle des coulisses de l’événement. «Depuis trois ans à peu près, j’organise le travail des bénévoles. Nous avons cette année plus de cinquante bénévoles dont 2/3 viennent des régions. Le reste de l’année, nous organisons des événements en région, nous présentons des films, des débats sur l’actualité. Notre but est de faire connaître la culture maghrébine ici. On est en liaison avec des associations tunisiennes, algériennes et marocaines, avec des actions autour du livre. En général, les bénévoles participent au Salon parce qu’ils ont un intérêt particulier pour le Maghreb. Pour ma part, j’ai été coopérante pendant 14 ans en Algérie. Certains sont nés là-bas, il y a des ex pieds-noirs qui ont envie de garder des contacts avec leur pays d’origine. Il y a aussi des Maghrébins d’origine, qui vivent en France, c’est assez divers. Il y aussi des gens qui n’ont pas d’attaches particulières mais qui ont été sensibilisés au sujet, notamment avec l’Algérie des années 1990 et qui ont accueilli des réfugiés à cette époque.
14 CULTURE
14 - 20 fevrier 2014 ZAMAN FRANCE
AGENDA CULTUREL
Islam des mondes
L’Islâm Ansiklopedisi réunit les contributions de près de 2 000 spécialistes.
CONCERT
Le 15 février à 15h00 Institut des cultures d’Islam 19-23, rue Léon 75018 Paris
LE RECUEIL DES LANGUES TURQUES L’intérêt (pour ne pas dire la fascination) des Turcs pour l’encyclopédie, – c’est-à-dire la compilation ordonnée du savoir disponible à un moment de l’histoire –, est loin d’être récent. Il remonte en effet à près d’un millénaire, avec le Diwân lughât at-Turk
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«Il faudra attendre l’avènement des Ottomans pour qu’apparaissent les premières encyclopédies en langue turque» (Recueil des langues turques) de Mahmud al-Kashghari, un savant et lexicographe turc qui vécut à Bagdad au XIe siècle. L’ouvrage est, au sens propre, une somme. Dictionnaire comparatif des langues turques, il aligne au fil de l’alphabet mots et expressions ouighour, kiptchak ou oghouz, dont, néanmoins, il ne se contente pas de donner le sens.
LES MERVEILLES DE LA CRÉATION Il ne s’agira, dans un premier temps, que de simples traductions. Ainsi, le Turc Rukn ad-Din Ahmed offre-t-il au sultan Mehemmed I (1413-1421) sa traduction de ‘Ajâ’ib al-makhlûqât (Merveilles de la Création). On suppose que c’est à travers cet ouvrage que le concept de rotondité de la terre fait son entrée dans la littérature scientifique d’expression turque. Toujours au XVe siècle, Mehmed Ibn Suleyman traduit Hayât al-hayawân, une encyclopédie du monde animal qui recense et décrit l’ensemble des espèces connues. Un siècle plus tard,
en 1575, Qadhi ‘Abd ar-Rahman rédige une version turque d’al-Qanûn fî ad-dunyâ d’Ahmad al-Misri, une encyclopédie universelle qui traite d’histoire, de géographie, d’astronomie, de médecine aussi bien que de science des signes. Très vite, néanmoins, les savants ottomans s’émanciperont de la copie des savants arabes et créeront des œuvres originales.
LA VIE SCIENTIFIQUE DE L’ISTANBUL DU XVIE SIÈCLE La première date du XVe siècle et est due à Molla Fenari. Intitulée Enmuzedj al-‘ulûm, il s’agit d’une encyclopédie dont les différentes entrées sont classées par disciplines scientifiques. Une des œuvres majeures en la matière demeure néanmoins Miftâh as-sa‘âda wa-misbâh as-siyâda d’Ahmed ‘Isam ad-Din Tashköprüzade (1495-1561). L’auteur y offre, outre des définitions systématiques des différentes sciences, les noms des différents savants dans chacune de ces disciplines, ainsi que les titres de leurs ouvrages. L’encyclopédie, qui sera traduite en turc par son fils Kemal ad-Din Mehmed (Mewdu‘at al-‘ulûm), constitue un véritable inventaire de la vie scientifique de l’Istanbul du XVIe siècle. Durant les siècles suivants, l’activité encyclopédique ottomane suivra la pente déclinante de l’Empire. Elle réapparaîtra au milieu du XIXe siècle, sous les Tanzimat, mais désormais avec un style et un contenu où l’influence de l’Occident vainqueur est nette.
L’amour courtois, la séparation, l’amitié, la beauté, l’exil et la nostalgie constituent les thèmes majeurs de la tradition arabo-andalouse. Une tradition multiséculaire, à la fois savante et populaire, perpétuée en France par l’ensemble El Mawsili, sous la direction de Farid Bensarsa. La formation musicale regroupe une cinquantaine de chanteurs et d’instrumentistes (kanoun, luth, ney, mandole, rebec, rebab, violon, kouitra, mandoline, derbouka, tambourin, târ, bongos). Le 15 février à 20h30 Institut du monde arabe Place Mohammed V 75005 Paris
Autour de Trabzon
Nedim Gürsel
TABLE RONDE
Sans l’Islam, point de Renaissance occidentale Elle a été celle de l’Ouzbek al-Khawarizmi, père des algorithmes auxquels il a donné son nom, du Persan al-Razi (Rhazès), plus grand médecin de tous les temps, étudié en Europe jusqu’au XVIIe siècle, de l’Arabe d’Espagne Ibn Rochd (Averroès), auquel nous devons la tradition aristotélicienne occidentale, etc. Il est dès lors étrange, pour ne pas dire suspect, que
Arabesques andalouses
Une exposition du photographe Atilla Alp Bölükbasi, dans le cadre de «Trabzon en image et en musique». Jusqu’au 16 février Hôtel de Ville 1-3, rue Quétigny 93800 Epinay-sur-Seine
Dans le cadre des mercredis européens du Château des Lumières, Nedim Gürsel parlera de ses œuvres, de ses voyages et du langage de l’exil. Entrée libre. Le 12 février à 17h00 Château de Lunéville Place de la 2e Division de Cavalerie 54300 Lunéville
& à voir...
Cet essai voudrait réparer une injustice séculaire de dimension civilisationnelle : le fait que l’immense contribution de la civilisation arabo-islamique soit largement minorée aujourd’hui, dans un monde dominé par l’Occident sur le plan du savoir comme celui des représentations. Pourtant, durant plus sept siècles, l’arabe a été la langue internationale de la science.
Deux silhouettes semblent perdues dans un océan de sable : Ishtar, une petite fille pleine d’entrain et son grand-père Bab’Aziz, un derviche aveugle. Elle le guide à la grande réunion des derviches qui a lieu tous les trente ans. Mais pour la trouver, il faut avoir la foi, savoir écouter le silence infini du désert avec son cœur.
EXPO PHOTO
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L’auteur fournit en effet un grand nombre de données extra-linguistiques destinées à éclairer le lecteur : noms de lieux, noms de tribus, personnages célèbres, titulatures, etc. Les données proprement historiques y côtoient les observations personnelles, mais aussi les productions du génie populaire, et notamment les proverbes et la poésie. C’est proprement ce qui fait du Diwân lughât at-Turk non seulement un monument en matière de langues turques médiévales, mais aussi une source de première importance pour l’histoire, la géographie et le folklore des peuples turcophones. Mais si l’ouvrage d’al-Kashghari a pour objet le turc, il a été rédigé en arabe. Il faudra attendre l’avènement des Ottomans pour qu’apparaissent les premières encyclopédies en langue turque.
Bab’aziz, le prince qui contemplait son âme
RENCONTRE
SEYFEDDINE BEN MANSOUR LILLE La Fondation du Diyanet a récemment fait paraître l’Islâm Ansiklopedisi, une encyclopédie de l’Islam en 44 volumes qui constitue la première alternative proprement musulmane à celle dite de Leiden, passablement occidentalocentrée. Fruit de trois de décennies de travail, l’Islâm Ansiklopedisi réunit les contributions de près de 2 000 spécialistes dans les domaines les plus divers.
A lire
CINÉ-GOÛTER
Les Turcs et l’encyclopédie : une histoire millénaire
cet immense héritage ait été en grande partie enfoui dans la mémoire collective occidentale. Les auteurs, Othman Ali et Ahmed Essa, universitaires musulmans d’Occident citent volontiers Aldous Huxley : «Grande est la vérité, mais plus grand encore du point de vue pratique est le silence au sujet de la vérité. En ne mentionnant simplement pas certains sujets...»
La contribution musulmane à la Renaissance, de Othman Ali & Ahmed Essa, L’Harmattan, 90 pages, 12 €.
Les relations francoturques et les Turcs de France
Avec Emre Demir, rédacteur en chef de Zaman France, premier hebdomadaire franco-turc, et Teoman Aydogan, directeur de l’association Maison des dialogues. Le 17 février à 14h00 IAE Savoie Mont-Blanc 4, chemin de Bellevue 74940 Annecy-le-Vieux
OPINION OPINION15
14 - 20 fevrier 2014 ZAMAN FRANCE
Politique étrangère turque :
entre incohérence et reprise en main
Aux yeux des observateurs internationaux, la crise qui agite la Turquie depuis quelques mois a déjà affecté le «modèle turc». Mais cela pourrait être l’occasion pour l’Etat turc de se reprendre et de remettre sur les rails une politique étrangère qui avait dévié ces dernières années.
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Quel est l’impact de la crise politique actuelle sur la politique étrangère turque ? La crise étant nationale, ce sont les institutions turques qui sont le plus touchées. Mais quand les institutions ÖMER TASPINAR nationales sont mal en point, c’est l’image mondiale de la Turquie, en tant que pays modèle incarnant tout à la fois tradition musulmane, laïcité et démocratie, qui en pâtit. C’est pour cela que, quand on pose cette question à des observateurs étrangers, leur réponse se réfère souvent à l’érosion du modèle turc.
Edité par : Source SARL 2, boulevard Saint Martin 75010 PARIS Directeur de la Publication: Directeur Général de Zaman France et Directeur des rédactions: Rédacteur en chef adjoint: Directeur Administratif: Directeur des ressources humaines: Responsable Commercial: Service Abonnement: Secretaires de Rédaction:
HUSEYIN KARAKUS
EMRE DEMIR FOUAD BAHRI FAHRETTIN TEKIN AKIF SAMETOGLU MEHMET SELVI CELINE GOKSU FARIDA BELKACEM SELIM BEDER Traduction: CLEMENTINE RAYNAUD Correspondant Presse Alsace: MEHMET DINC Correspondant Presse Ile de France: OSMAN USTA VEDAT BULUT FERHAN KOSEOGLU Infographie: NICOLAS VINCENEUX MUHAMMED SAHIN Redacteurs Web: AYSEGUL ZORLU SUHEDA ASIK Service informatique: HASAN OZCELIK Imprimerie : L IMPRIMERIE 79 Route De Roissy 93290 Tremblay En France Adresse : 2 Boulevard Saint-Martin 75010 PARIS Tel : 01 42 00 19 36 Faks : 01 42 00 19 58 info@zamanfrance.fr www.zamanfrance.fr - www.zamanfransa.com no CPPAP : 1117 I 90032 - ISSN 1869-5795 Tarif abonnement annuel France : 120€
LA CRISE ACTUELLE, UN TOURNANT ET UNE OPPORTUNITÉ Le point de vue de l’un des analystes les plus perspicaces de la Turquie, Hugh Pope, défie cependant cette dernière affirmation. Pope voit en la tourmente actuelle un tournant et une opportunité d’amélioration de la politique étrangère turque. Dans l’idée que «les bonnes choses arrivent une fois que l’on a touché le fond»... Il souligne, de façon juste, que «depuis début 2008, le gouvernement turc s’éloigne de plus en plus des normes de politique régionale du pays qui visent généralement à faire le choix de la sécurité. Par exemple, la Turquie a soutenu l’insurrection armée cherchant à renverser le président syrien Bachar al-Assad, elle a pris parti pour le président égyptien destitué, a adopté une position
modéré sur la Syrie, les signes pro-Frères musulmans dans la évidents d’un accord avec région et s’est attiré les foudres Israël, la visite du président des Etats-Unis en s’opposant français François Hollande en à Israël. Ankara a également Turquie et celles d’Erdogan à pensé à rejoindre d’autres parBruxelles et à Berlin vont dans tenariats que l’OTAN, comme la bonne direction. Pourtant, le l’Organisation de coopéralangage enflammé du Premier tion de Shanghai et a menacé ministre turc à l’encontre de d’acheter des systèmes de l’ambassadeur améridéfense aériens cain, l’assimilation du chinois. Alors que coup d’Etat égyptien se poursuit le proà un complot israélien cessus d’adhésion à l’UE, et en partie pour répondre «Erdogan sait où et quand à l’hostilité européenne, la Turfaire marche arrière» quie fait de moins en moins d’efforts et sa tendance à déceler une concernant les réformes nécesconspiration derrière chaque saires à l’harmonisation avec événement de politique intéle droit européen». Et Pope rieure montrent une certaine ajoute : «La crise politique incohérence. Enfin, il y a la turque, qui a commencé à l’été question kurde, qui détermi2013 avec les manifestations de nera probablement l’avenir de Gezi, a été un tournant. Depuis la démocratie turque et, par le mois d’octobre, le gouverconséquent, celui du modèle nement revient à une politique turc. Il est difficile d’imaginer étrangère plus équilibrée. La comment un pays, où les insTurquie recherche le dialogue titutions libérales et démocraavec l’Iran et l’Irak. Une nortiques sont si faibles, pourra malisation avec Israël semble réussir à trouver une solution possible. Et le Premier ministre démocratique et pacifique au a déclaré que 2014 était ‘’l’anconflit kurde. Etant donné qu’il née de l’UE’’». y a des pourparlers en cours L’INCOHÉRENCE avec le gouvernement, le PKK DU PREMIER MINISTRE et le BDP misent tout naturelVoilà une analyse très intélement leur avenir sur l’AKP. ressante qui confirme le pragIls restent silencieux face aux matisme du Premier ministre signes de plus en plus évidents Erdogan qui sait où et quand d’autoritarisme en Turquie. Le faire marche arrière. Comme processus de paix avec le PKK le dit Pope, il faudra cependant est probablement la seule raiattendre de voir si Erdogan son pour laquelle il y a encore parvient à remettre la politique l’espoir que, tôt ou tard, l’AKP étrangère turque sur les rails. se ressaisisse. La visite en Iran, le ton plus o.taspinar@todayszaman.com
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GÖKHAN BACIK
Le Hizmet et la participation civique Le duel que nous avons connu entre islam et kémalisme a fait de l’ombre au duel islamisme (islam politique) et mouvement Hizmet (islam social). A la base de ces deux tendances, des théories différentes. Leur harmonie, lors de la dernière décennie, a cependant mené à une alliance face à la «menace» kémaliste. Il me semble que la distinction entre les deux tendances est positive, malgré quelques fluctuations à court terme.
LE RÔLE DES CITOYENS L’opposition du Hizmet contribue fortement à la formation d’une démocratie participative en Turquie. Jusqu’à maintenant, la démocratie turque se jouait entre les différents partis politiques, faute d’une société civile et d’acteurs du marché forts. Le politologue Benjamin R. Barber définit une démocratie forte par un rôle plus important donné à la citoyenneté par rapport aux mécanismes constitutionnels formels. Il soutient particulièrement la participation civique, l’éducation civique et les sociétés civiles dynamiques. Ainsi, la montée du mouvement Hizmet est un facteur positif clé qui permet de mettre en valeur le modèle participatif de la démocratie en Turquie. VERS UN PARTI POLITIQUE ? Le Hizmet est l’un des premiers mouvements civiques à ne pas être organisé à l’image d’un parti politique. Certains disent que le mouvement Hizmet devrait créer son propre parti. Je ne suis pas d’accord. Un mouvement de société civile fort qui peut modifier son affiliation à tel ou tel parti politique est une meilleure idée. La concurrence entre les partis peut entraîner une radicalisation de leur politique. C’est dans ces momentslà que les mouvements sociaux influents ont un rôle important. Chaque parti politique en Turquie a ses propres affiliations, à des syndicats ou à des médias. Il est donc rare de voir en Turquie l’émergence de mouvements sociaux nouveaux et autonomes qui rejettent toute affiliation à un parti politique. C’est pourquoi certains ont du mal à comprendre la position du Hizmet dans la politique turque contemporaine. Il y a aussi la question de la transparence. L’activisme du mouvement Hizmet crée un débat public d’ampleur. En pratique, il y a beaucoup d’autres mouvements sociaux religieux en Turquie qui sont également influents, mais il leur manque un certain niveau de transparence. Objet régulier de débats, le mouvement Hizmet fonctionne nécessairement de façon plus transparente. g.bacik@todayszaman.com
Le «préjudice affectif» des fans français de Michael Jackson -
La justice française a condamné le médecin de Michael Jackson à verser un euro symbolique à cinq de ses fans qui plaidaient le «préjudice affectif», a-t-on appris mardi de source judiciaire. Conrad Murray avait été condamné à quatre ans de prison en 2011 pour avoir administré une dose mortelle d’anesthésique au
«roi de la pop», une condamnation pour homicide involontaire confirmée en appel en janvier dernier. En 2011, une trentaine de fans français s’étaient regroupés pour obtenir la reconnaissance de leur souffrance devant la justice française après le décès subit de leur idole. «Cinq d’entre eux viennent d’obtenir la reconnaissance d’un préjudice affectif et le docteur Murray a été condamné à 1 euro symbolique, soit 1,34 dollar, et cela correspond à ce que nous réclamions», a déclaré Emmanuel Ludot, l’avocat des plaignants. Cette victoire juridique devant le tribunal d’Orléans pourrait permettre aux fans français d’accéder au lieu d’inhumation de Michael Jackson afin de pouvoir s’y recueillir. «Nous allons faire notifier la décision de justice au docteur Murray, puis nous demanderons la permission d’accéder à ce lieu», a ajouté l’avocat. Emmanuel Ludot se dit d’autant plus satisfait de cette décision que la procédure a été, selon lui, l’objet de moqueries. «Je respectais la souffrance des plaignants, mais cette démarche n’a pas été facile du fait de nombreux ricanements.»
Bode Miller : «Je ne gagne pas quand le soleil est caché»
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Dans la défaite, nombreux sont les champions qui se cherchent des excuses, Bode Miller voit désormais clairement les raisons de sa contre-performance dans la descente des Jeux de Sotchi, dimanche, il n’y voyait pas assez bien. «Je ne gagne pas quand le soleil est caché», a déclaré le meilleur skieur américain de tous les temps qui participe à ses cinquièmes Jeux olympiques à l’âge de 36 ans. «Il y a cinq ans que je n’ai pas gagné quand le soleil était caché», a-t-il insisté au cours d’une conférence de presse après avoir participé mardi matin à une séance d’entraînement à la descente du Super-combiné qui aura lieu vendredi. «J’étais censé me faire opérer des yeux au début de l’année. Parmi mes sponsors, il y a un chirurgien ophtalmologue mais nous n’avons jamais trouvé le temps pour l’opération à cause du calendrier des compétitions. En y repensant, il y a de quoi être furieux», a-t-il ajouté. La vue est essentielle pour les skieurs de compétition et notamment les descendeurs qui dévalent les pistes parfois à plus de 130 km/h. Ils doivent réagir au centième de seconde aux changements de terrain et au passage de l’ombre à la lumière et redoutent avant tout «le grand blanc» quand les nuages et la neige ne semblent faire qu’un.