Fr n°307

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M éhémet-Ali, fondateur de l’E gy pte moderne

A I stanbul, la culture se démocratise

CULTURE13

CULTURE12

LIGU E D ES CH AMPIO N S :

G alatasaray sort par la petite porte SPORT15

2 1 - 2 7 MARS 2 0 1 4 N ° 3 0 7 P r i x : 2 , 5 €

W W W .Z A M A N F R A N C E .F R

L a C r im é e r e v ie n t d a n s le g ir o n r u s s e

Fethullah Gülen

«Ce que nous vivons est pire que sous les militaires» P H O T O : S E LA H A T T I N S E V I

J C C

U n s c r u t in s o u s h a u t e t e n s io n A quelques jours des élections municih pales, la urquie n’en finit pas de vivre une campagne électorale agitée. La rhétorique

du Premier ministre accapare et structure les débats, sur fond d’atmosphère délétère. Il fut un temps, en Turquie, où les élections se faisaient dans la bonne humeur. Les rires fusaient lorsque les grands noms de la vie politique se saisissaient du micro ; les Osman Bölükbasi, Süleyman Demirel, Necmettin Erbakan, Tansu Ciller, etc. Qui à cause de leurs gaffes, qui grâce à leur talent. h SA M I K I L I Ç TURQUIE 06

’ai du mal à comprendre ce qu’ils attendaient de n an e e a a e. Si, parmi ces enquê teurs, il y avait des sympathisants du H iz met, que devais-j e leur dire ? Ig norez les allég ations de corruption ? ’est sans précédent dans l’histoire de la République, au lieu de réprimer la corruption, le g ouvernement a pourle en e . e n’est pas une bataille entre le mouvement du H iz met et le g ouverne en . n a e au suj et des droits et des libertés une forte contraction au cours de e e n e ann e .

EKREM DUMANLI L’intellectuel musulman, Fethullah Gülen, a accordé un entretien exclusif à Zaman. Celui qui a inspiré un réseau international actif dans les domaines de l’éducation, de la charité et de l’aide sociale, déclare qu’il ne peut fermer les yeux sur les allégations de corruption récemment proférées en Turquie. Il regrette que le Premier ministre Erdogan n’ait pas réussi à prendre des mesures pour répondre à ces accusations. Il évoque également le traitement fait aux sympathisants du mouvement Hizmet, parlant notamment de diffamations et de pressions à grande échelle, pires que celles constatées lors des coups d’Etat militaires en Turquie. -INTERVIEW 0 8 - 0 9

FOCUS SUR QUATRE VILLES SYMBOLES

hTU RQ U I E 0 7

Za m a n O k u r H a t t ý : 0 1 4 2 0 0 1 9 3 6

Soixante ans après la cession de cette région à l’Ukraine par le dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev, le rattachement de la Crimée à la Russie a été approuvé dimanche par 96,77 % des électeurs, selon les résultats complets du référendum communiqués lundi par le président de la commission régionale chargée du scrutin, Mikhaïl Malichev. hI N TE RN A TI ON A L 11

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ELECTIONS MUNICIPALES EN TURQUIE :

Q uatre villes d’importanc e sont partic ulièrement suivies de près par la c lasse politique. U n b asc ulement dans l’une de ses provinc es est souvent perç u c omme le prélude à un c h angement au niveau national. D éc ry ptage.

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L a m o r t d e B e r k in e t l’in d é c e n c e d u c o m p lo t is m e

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Berkin Elvan, 15 ans, est décédé des suites des tirs de gaz lacrymogènes reçus pendant les manifestations de Gezi. Le Premier ministre n’a prononcé aucune parole de compassion. D’autres sont même allés jusqu’à invoquer un nouveaucomplot. hTU RQ U I E 0 6

lic sous ois Mo h a m e d Di n e v e u t « m e t t r e le s F r a n c o Tu r c s e n a v a n t »

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Mohamed Dine est un jeune vétéran de la politique. Après avoir été membre des Jeunes socialistes, dans les années 1990, parti qu’il dit avoir quitter pour son «extrémisme laïque», il est candidat UDI pour la seconde fois à Clichy-sous-Bois, face au maire sortant Olivier Klein. Zaman France l’a interrogé sur ses motivations et les mesures phares de son programme. hF OU A D B A H RI FRANCE 03


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L e vote des des «b ob os» sera dé term inant à P aris

E DI T O EMRE D EMI R

30 m a rs : u n e v ic t o ir e à la P y r r h u s p o u r Er d o g a n Personne ne pouvait imaginer qu’une simple élection locale pouvait se transformer en un test capital pour l’avenir politique du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. Pourtant, les élections municipales du 30 mars en Turquie s’inscrivent déjà dans l’histoire de la démocratie turque. On assiste à la grande tragédie d’un leader politique qui est obligé de détruire son héritage pour sa propre survie politique, un héritage qui lui a permis de rester au pouvoir pendant si longtemps. Erdogan voulait être le leader révolutionnaire après Atatürk, Menderes et Özal. Et il s’est sans doute rapproché de cette posture. Ce qui a été réalisé au cours des dix dernières années au niveau de la croissance économique, des investissements publics colossaux, du combat contre la tutelle militaire, etc. n’est pas négligeable. Mais ce bilan est totalement détruit aujourd’hui. Dans ces élections semi-libres réalisées sous un régime d’état d’exception, il va probablement gagner une victoire à la Pyrrhus. En revanche, il a déjà perdu sa légitimité morale en tant que leader national. Pendant sa campagne électorale, Erdogan a systématiquement pratiqué le discours de haine devant les foules contre ses adversaires - parfois imaginaires. Il n’a pas hésité à comparer des centaines de milliers de personnes qui adhérent au mouvement Hizmet à «des virus, des vampires, des sangsues», etc. Il n’a pas hésité non plus à taxer ses adversaires de «terroristes» parce qu’ils sont de gauche ou athées. Il a également aggravé la polarisation entre les sunnites majoritaires et les alévis minoritaires. Face aux accusations de corruption, Erdogan joue avec le feu en divisant la société turque à l’extrême. Car le seul moyen de faire oublier ces allégations est d’attiser des clivages - voire des affrontements - politiques, sectaires ou religieux entre les différents groupes sociaux. La survie politique du Premier ministre repose sur le chaos. Cela ne change pas le fait qu’il reste le leader le plus fort et le plus populaire de la Turquie. Il a su construire un réseau d’hommes d’affaires, il s’est ménagé le soutien d’une vingtaine d’organes de presse (qui sont d’ailleurs sous le contrôle direct de son fils ilal rdogan et de son gendre erat Albayrak), de groupes d’entreprises, d’un grand nombre d’ONG, de think tanks, et de très nombreux hauts fonctionnaires qui lui sont entièrement dévoués. Il faut savoir que les sommes d’argent colossales accumulées ces dernières années, n’ont pas seulement servi à son enrichissement personnel, mais aussi au financement de ce réseau complexe. S’il gagne les élections avec un score qui dépasse les 40% - ce qui est le plus probable - le Premier ministre sera prêt à tout pour écraser ses opposants et rester au pouvoir une décennie de plus. e .d e m ir @ z a m a n f r a n c e .f r

Co u r t i s é p a r l e s c a n d i d a t e s , Anne H idalg o, PS, et N athalie K osciusk o-Moriz et, U MP, l’électorat des e e na pelle couramment les « bobos» sera déterminant dans la capitale franç aise.

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Anne Hidalgo craint leur désamour, Nathalie Kosciusko-Morizet tente de les séduire : les «bourgeois bohêmes», qui ont ancré à gauche la capitale des paradoxes sociologiques, sont l’un des électorats les plus convoités de la municipale parisienne. Les chances de succès de la candidate UMP-UDI-MoDem, censée incarner la «boboïtude» d’une droite nouvelle affranchie des années Chirac-Tiberi, se mesurent à cette aune, inaccessible à en croire l’équipe d’Anne Hidalgo. «Nathalie Kosciusko-Morizet n’a pas pris sur l’électorat ‘bobo’», estime-t-on dans le camp de la candidate socialiste. Selon Délits d’opinion, site d’analyse des tendances de l’opinion, «la ligne de crête est étroite pour la droite», qui a les plus grandes difficultés à déplacer son centre de gravité historique - l’Ouest - vers l’Est, berceau des «bobos». La singularité du scrutin, où il convient d’emporter les «gros» arrondissements afin d’ tre majoritaire au Conseil de Paris, impose à Nathalie Kosciusko-Morizet d’obtenir au moins 53 % des suffrages pour espérer l’emporter, selon son calcul. Le maire est élu par 163 conseillers de Paris, désignés dans chacun des vingt arrondissements proportionnellement à la population. Ainsi, le 1er arrondissement, le moins peuplé, compte dix conseillers; le XVe, le plus peuplé, en détient

18. La droite contrôle actuellement sept arrondissements : les 1er, 5e, 6e, 7e, 15e, 16e et 17e.

« P ARIS N’ ACCU EILLE P LU S Q U E LES RICH ES . . . » La victoire, dans une ville qui a voté à plus de 55 % pour François Hollande, passerait par la conquête des arrondissements de l’Est, bastions traditionnels de la gauche remodelés par l’implantation d’une population plus aisée, un phénomène de «gentrification» (de l’anglais gentry, petite noblesse, ndlr) qui s’est accentué depuis l’élection de ertrand Delano en . Dans Sociologie de ), onique et ichel in on alertaient Paris (

déjà contre les limites de la «déprolétarisation» et de la «mixité sociale» vantée par la municipalité socialiste : «le rapprochement spatial (...) exacerbe souvent les distances et les tensions, les moins favorisés supportant mal un rapport de domination déjà subi dans le travail». «Paris n’accueille plus que les riches ou une classe populaire très aidée et favorable à la gauche plus qu’à la droite», juge Jean-François Lamour, président du groupe au Conseil de aris. Ce que dément ertrand Delano , malgré la flambée des prix de l’immobilier depuis trente ans dans la capitale, où le coût des logements a triplé. P H O T O DE L A SE M AI N E

AP a r i s , a p r è s p lu s ie u r s jo u r s d e p o llu t io n a u x p a r ticules nes le g ouvernement a mis en place pendant une j ournée la circulation alternea a dans un premier temps décrété la g ratuité des transports en commun.

. . . ET U NE MAU VAISE

U NE B ONNE. . .

Les Turcs ont le moral en berne

La représentation des femmes dans les parlements a aug menté de 1 ,5 point de pourcentag e l’an dernier pour atteindre le niveau inédit de 21 ,8 % , selon l’édition 201 4 de la Carte des femmes en politique, publiée mardi par O nu-Femmes et l’U nion interparlementaire (U IP). Ce score représente un quasi-doublement par rapport à 1 9 9 5 , mais J ohn H endra, directeur ex écutif adj oint d’O nu-Femmes,

En 201 3 , le pourcentag e de T urcs qui se disent heureux a diminué par rapport à l’année précédente, selon une étude publiée par l’Institut statistique turc (T urk Stat) mardi 1 1 a . el n e e e T urcs se considéraient comme heureux en 201 2, alors que ce nombre est passé à 5 9 % en 201 3 . Le pourcentag e des personnes qui se

soulig ne toutefois qu’« à ce rythme, il faudra des décennies pour parvenir à la parité hommes-femmes dans les parlements» . En ce qui concerne les postes ministériels, la proportion de femmes s’établit désormais à 1 7 ,2 % , contre 1 6 ,1 % en 2008. Au 1 er j anvier 201 4, 3 6 pays comptaient 3 0% de femmes ou plus parmi leurs ministres, contre 26 % en 201 2.

disent malheureuses a g rimpé de 1 0,2 % en 201 2 à 1 0,8 % en 201 3 . Le pourcentag e de femmes qui se disent heureuses est de 6 1 ,9 % alors que les hommes sont 5 6 ,1 % à avoir la mê me opinion. Les deux e n l e en n en 201 3 . Les personnes mariées se disent plus heureuses que les personnes célibataires.

NOU VELLE

Le taux de femmes dans les parlements augmente


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« N ationalistes, (. ..) néo-naz is, (. ..) russophobes et (. ..) antisémites» C’est ainsi que que Vladimir Poutine qualifie les nouveaux dirigeants ukrainiens lors de son discours devant les deux chambres du parlement russe. Pour lui, ceux-ci ont dérobé le pouvoir à la faveur d’un coup de force et ouvert la voie à des «extrémistes» prêts à tout.

A C lic h y - sous- B ois, Moh am ed D ine veut «m ettre les F ranc o- T urc s en avant» Mo h a med Din e e s t un j eun e v étr a n de l a p o l it iq ue . Après avoir été membre des J eunes socialistes, dans les années 1 90 , parti qu’il dit avoir quitter pour son « extrém isme laïq ue» , il est candidat U DI pour la seconde fois à Clichysous-Bo is, face au maire sortant O livier Klein . Z aman France l’a interrog é sur ses motivations et les mesures phares de son prog ramme.

Mo h a m e d Di n e e s t c a n d i d a t U DI à Cl i c h y - s o u s - B o i s , f a c e a u m a i r e s o r t a n t Ol i v i e r Kl e i n .

F OU AD B AH RI, P ARIS

-Qp ru é ’ es se tn - tc e e r q ? u i v o u s a p o u s s é à v o u s r e Ce n’est pas la première fois. Je m’étais déjà présenté en , m me si j’avais ensuite démissionné du conseil municipal à cause du manque de démocratie locale. ujourd’hui, j’ai une nouvelle approche. J’ai fait beaucoup de terrain et j’ai pu aller à la rencontre des différents Clichois. Il y a une forte demande de représentativité dans cette ville. Cette dynamique est à l’origine de ma candidature. Il y a eu d’autres déclics comme l’emploi. Il n’y a pas de politique pour attirer les entreprises, pas de locaux et pas de mesures qui permettent aux Clichois de créer leur entreprise. Notre ville n’est qu’une ville dortoir. Q u e lle s s o n t le s m e s u r e s p h a r e s d e v o t r e p r o gra m m e ? Nous souhaitons lier les nouvelles constructions immobilières à l’obli-

gation de prévoir des locaux en re de-chaussée pour les entreprises. Nous aurons également une politique attractive à destination des sociétés extérieures en les interpellant et en promouvant l’image de notre ville. Q u ’a lle z - v o u s le u r d ir e p o u r v e n d r e l’im a g e d e Cl i c h y - s o u s - B o i s q u i n ’ a p a s b o n n e p r e s s e ? u’un verre à moitié vide ressemble à un verre à moitié plein. De nombreuses entreprises investissent le business social qui consiste à vendre l’image d’une société qui fait dans le social. vec Clichy-sous- ois, cette approche est un atout, m me pour des grandes entreprises comme , comme ouygues. Nous voulons des écoles de formation dans ce domaine de la téléphonie, o il y a moins de

discrimination et plus d’opportunités pour les Clichois qui subissent une double discrimination, raciale et liée à leur domiciliation. Nous envisageons aussi d’ouvrir une antenne d’entreprises avec location des locaux déjà existants au niveau de le emploi. Nous avons une centaine d’entreprises qui stoc ent che elles faute de locaux. Nous voulons également valoriser nos clubs sportifs et nos champions car Clichy-sous- ois en a plusieurs. La difficulté sera d’investir dans de nouvelles structures étant donné que la ville est très endettée. Da n s q u e l l e m e s u r e e s t - e l l e e n d e t t é e ? Le maire a augmenté les dépenses de , . n n’a plus aucun moyen de manoeuvre, sinon la ville court à la faillite. n est passé d’un budget

de fonctionnement de millions d’euros à un nouveau budget à plus de millions. La mairie le justifie en disant qu’elle offre plus de services. Ce sera aux Clichois d’en juger Q u e l e s t l ’ é t a t d e l a s é c u r i t é à Cl i c h y - s o u s - B o i s ? Il y a des quartiers résidentiels o chaque pavillon a été cambriolé. Les magasins ont leurs vigiles mais il n’y a pas de système d’alarme. Les policiers ne peuvent pas quadriller toute la ville. Ce qu’il faut, c’est de la vidéo-surveillance à tous les axes stratégiques de la ville. Nous avons des effectifs d’ (agents de surveillance de la voie publique) qui peuvent effectuer des missions de surveillance en lien avec la police. Leur présence pourra tre dissuasive. Q u e lle s s o n t v o s a u t r e s p r io r it é s ? La redéfinition du mode d’attribution des logements. uant vous voye que tout un ensemble d’élus vit dans le m me quartier au centre ville, on peut s’interroger. me chose pour l’attribution des subventions. La plupart des élus, en cours de mandat, ont crée des associations ou sont membres d’associations qui touchent des subventions de la ville. Il y a un conflit d’intér t. ur le logement, notre nouveau mode d’attribution ne fera pas intervenir directement les élus. P lu s ie u r s c a n d id a t s d e v o t r e lis t e s o n t F r a n c o Tu r c s . Q u e l e s t l e u r a p p o r t d a n s v o t r e c a m p a g n e ? our que les Clichois soient représentés, il faut qu’ils aient des personnes qui leur ressemblent et qui connaissent leurs besoins. n urc va mieux comprendre les besoins de ses compatriotes d’origine que n’importe qui d’autre. Notre liste a été construite, avec des cadres, des médecins. sman e er est er adjoint. ettre les ranco-turcs en avant est un choix, comme les autres ran ais, d’origines diverses. Les gens votent par identification. Il faut les accepter comme ils sont.

M O N AV O CAT CANAN Ö ZENI CI

TVA : At t e n t i o n a u r é g i m e d ’a u t o liq u id a t io n p o u r le s s o u s -t r a it a n t s d a n s l e B TP ( 1 r e p a r t i e ) fin d’intensifier la lutte contre la fraude dans le secteur du b timent et de mettre fin à une concurrence considérée comme déloyale au détriment des entreprises soustraitantes respectueuses de leurs obligations fiscales, depuis le , le Code énéral 1er janvier des imp ts instaure un nouveau dispositif d’autoliquidation de pour les travaux en relation avec un bien immobilier par une entreprise sous-traitante pour le compte d’un donneur d’ordre assujetti. Le terme d’autoliquidation signifie que la afférente à ces opérations est acquittée par le donneur d’ordre. Il s’agit là d’une mesure choc, retentissant dans le secteur du comme un coup de tonnerre, tant dans son application et ses sanctions en cas de non respect que dans son champ d’application, extr mement large i bien que tous les sous-traitants dans les travaux immobiliers, quelque soit leur rang sont concernés Ce dispositif d’autoliquidation vise toute forme de sous-traitance dans le secteur immobilier et les travaux visés sont les travaux de construction de b timent et autres ouvrages immobiliers, y compris les travaux de réfection, de nettoyage, d’entretien et de réparation des immeubles et installations à caractère immobilier. me les opérations de nettoyage qui sont le prolongement ou l’accessoire des travaux visés ci-dessus sont soumises au m me régime que ces travaux. eules les opérations de nettoyage faisant l’objet d’un contrat de sous-traitance séparé sont exclues du dispositif d’autoliquidation. Il convient tout de m me de préciser que lorsque qu’une entreprise titulaire du marché ou sous-traitante fait appel à une autre entreprise pour la fabrication de matériaux ou d’ouvrages spécifiques destinés à l’équipement de l’immeuble faisant l’objet des travaux, cette opération ne s’analyse pas comme de la soustraitance mais comme une opération consistant en la livraison d’un bien meuble corporel et est donc exclue du dispositif d’autoliquidation. Il en est de m me pour les prestations intellectuelles confiées par les entreprises de construction à des bureaux d’études, économistes de la construction ou sociétés d’ingénierie et qui sont exclues du dispositif, de m me que pour les contrats de location d’engins et de matériels de chantier, y compris lorsque cette location s’accompagne du montage et du démontage sur le site. Nous étudierons dans notre prochaine chronique les modalités d’application de ce dispositif qui risque de chambouler profondément le secteur du en rance. P o u r v o s q u e s t io n s : c e r u g u z @ y a h o o .f r


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Q u e lq u e s c lé s p o u r c o m p r e n d r e le s é le c t io n s

ELECTIONS MUN ICIP ALES :

U n sc rutin sous h aute tension A q u e lq u e s jo u r s d e s é le c t i o n s m u n i c i p a l e s , la T ure n en fin a e e ne a a ne le ale a e. a e e e n e a aaee e le a n a e l e.

SAMI K ILIÇ PARIS Il fut un temps, en Turquie, où les élections se faisaient dans la bonne humeur. Les rires fusaient lorsque les grands noms de la vie politique se saisissaient du micro ; les Osman Bölükbasi, Süleyman Demirel, Necmettin Erbakan, Tansu Ciller, etc. Qui à cause de leurs gaffes, qui grâce à leur talent. Les élections des années 2000 ont changé la donne, elles ont toutes été tendues certes mais celles de 2014 sont particulièrement dures. Les figures rembrunies et le ton clivant en sont devenus les marqueurs.

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« LA G U ERRE DES DEU X SU NNISMES» Le Premier ministre, Tayyip Erdogan, a transformé les élections municipales en élections législatives, mieux, en plébiscite pour ou contre sa personne. Tout semblait pourtant réglé comme du papier à musique. Gezi était loin, les tendances contestataires s’étaient rendormies. Il était assuré de l’emporter haut la main. Et un beau jour, le coup de tonnerre dans un ciel bleu. Le 17 décembre 2013, précisément. La police embarque des fils de ministres, une première dans l’histoire de la République. Des affaires de corruption éclaboussent l’image intègre du gouvernement AKP. En quelques jours, les conservateurs de l’AKP accusent d’autres conservateurs, ceux du Hizmet, mouvement civil d’inspiration religieuse qui se réclame du

U N TAU X DE P ARTICIP ATION TRA-

1 DITIONNELLEMENT ÉLEVÉ

P o u r Er d o g a n , la c a m p a g n e é le c to r a le e e en e n l e.

penseur Fethullah Gülen, d’avoir fomenté des complots. Le camp de la droite se scinde, on assiste à «la guerre des deux sunnismes» comme l’a appelé Thierry Zarcone, spécialiste des mouvements religieux en Turquie. Le contexte explosif contribue au raidissement. La mort du jeune Berkin, blessé lors des manifestations de Gezi et plongé dans le coma depuis ; la libération des accusés de l’affaire Ergenekon (organisation militaro-civile qui voulait renverser le gouvernement AKP par la stratégie de la tension) ; la divulgation sur Internet d’écoutes compromettantes ; les pressions sur la presse ; les affaires louches de Bilal rdogan, fils du remier ministre, etc.

DES ATTAQ U ES TOU S AZ IMU TS La campagne électorale donne à Tayyip Erdogan l’occasion de faire vibrer sa faconde proverbiale. Faconde qui se fait de plus en plus cassante à mesure que la date du 30 mars approche. Ainsi, Gülen se fait traiter de félon et de chef d’une organisation criminelle. Les sympathisants du i met sont qualifiés de «pires que les chiites dans l’art de la dissimulation». Les chiites de Turquie, plutôt discrets, n’ont pas d’autre choix que de hausser le ton. Devlet Bahçeli, le leader de la

droite nationaliste (MHP), se voit reprocher de ne pas avoir d’enfant ! Des étudiants de la prestigieuse Université technique du MoyenOrient (ODTÜ) qui manifestent deviennent «des gauchistes, des athées, des terroristes !». Le voile, qui n’était plus un sujet de tension depuis des années, redevient une thématique de campagne. Alors que Kemal Kiliçdaroglu, président du CHP qui en avait fait son fer de lance pendant des années, ne l’évoque même plus, c’est Tayyip Erdogan qui s’en charge. «Lors des émeutes de Gezi, ils ont tabassé une femme voilée », « es filles voilées ont dû étudier à l’étranger à cause de cette clique !» ou encore «Fethullah Gülen a dit en 1997 que le voile était une obligation secondaire de l’islam !» sont égrenés à chaque meeting. La véracité des faits et des paroles évoqués restant le cadet des soucis… Malgré toutes ces incartades, Erdogan semble inébranlable. Tous les sondages lui donnent l’avantage. Lui-même aime répéter que toutes les allégations de corruption seront nettoyées par le peuple, le 30 mars prochain. Le Premier ministre pense jouer sa survie et sa crédibilité, ce qui explique son exaltation et ses attaques indiscriminées. Une drôle d’élection qui promet de tenir une place particulière dans les annales…

Une «guerre d’Indépendance» suscite généralement une mobilisation hors du commun. La guerre que le Premier ministre a lancée contre les «traîtres» va probablement se répercuter au niveau de la participation aux élections municipales. L’abstention est déjà faible chez les Turcs, le vote étant obligatoire. Le taux de participation a atteint 87 % lors des élections législatives de 2011 et 85 % lors des élections municipales de 2009. Les artistes les plus en vus du pays, plutôt classés à gauche, ont également fait un clip pour inciter les citoyens à aller voter.

U N MODE D’ ÉLECTION P ARTICU -

1 LIER

Les 52 millions d’électeurs vont déposer deux bulletins, l’un pour élire le maire, l’autre pour désigner le conseil municipal. Contrairement à ce qui se passe en France, le maire est donc directement élu par les électeurs et non par les conseillers municipaux. Cette dichotomie permet ainsi de voter pour une personne (le maire) et un parti (le conseil). C’est donc le score aux conseils municipaux qui va révéler l’état des partis politiques.

LES SONDAG ES D’ OP INION P LU TÔ T NANIMES Dans leur rapport publié par le Bipartisan Policy Center, deux anciens ambassadeurs des EtatsUnis en Turquie, Eric Edelman et Morton Abramowitz, estiment que c’est le début de la fin pour Erdogan. Le contrôle des médias et les aides sociales vont lui permettre de tenir le haut du pavé encore quelque temps mais sa côte de popularité est en nette baisse, selon les deux diplomates, passant de 60 % à 39 % après la révélation des affaires de corrup-

1U

tion. Adil Gür, directeur de l’Institut de sondage A&G, rappelle que «ce qui détermine l’électeur, c’est l’économie. Le peuple turc aime regarder les bagarres mais n’aime pas se bagarrer car il sait que cela va toucher au porte-monnaie». Selon lui, l’AKP remportera la mise avec 46 % des suffrages. Le CHP récoltera 26 % et le MHP, 14 %. Tarhan Erdem, directeur de l’Institut KONDA, attire l’attention sur le MHP. «Il peut passer de 12 à 15 %, ce qui est énorme, 3 % signifie . million de voix ».

L’ AK P TOU J OU RS DROIT DANS SES OTTES… Les spécialistes notent que «le scandale du 17 décembre» ne semble pas influencer l’électorat pour une triple raison : Erdogan a réussi à rassembler son camp en employant un discours clivant ; la crédibilité de l’opposition reste à désirer et la classe moyenne reste attachée à la stabilité économique. L’AKP reste pour l’heure le seul parti implanté dans tout le territoire. Kemal Kiliçdaroglu, le leader du CHP, n’a pas pu mettre les pieds dans les zones kurdes du Sud-Est. Interrogé sur cette bizarrerie, il a déclaré «ne pas pouvoir visiter les 81 provinces du pays». La question se pose à peine pour le MHP, parti de droite nationaliste, puisqu’il n’a jamais eu vocation à gagner dans ces zones. Au contraire, le BDP, parti pro-kurde, reste circonscrit sur cette partie du territoire. Il n’a même pas de candidat à Istanbul, préférant soutenir celui du parti frère, le HDP, Sirri Süreyya Önder.

1B

MALG RÉ DES SOU TIENS Q U I ISENT A qui iront les voix des sympathisants du Hizmet ? C’est la grande question qui se pose. Selon Gür, les personnes qui votent en fonction de leur appartenance à un groupe religieux (cemaat) ne dépassent pas les 5 % des inscrits. Mais il est quasiment assuré que les sympathisants du Hizmet se détourneront de l’AKP. Abdullah Aymaz, chroniqueur proche de Gülen, en explique ainsi la raison «Ils ont qualifié les gens du Hizmet de traîtres et voilà qu’ils disent maintenant, "ces traîtres ne votent même pas pour nous !". On en rit ou on en pleure ?». Les libéraux, qui se comptent sur les doigts de la main mais qui ont une influence certaine au niveau de l’élite, semblent également retirer leur soutien à l’AKP.

1 S’ AMENU

LES ORIG INALITÉS DE CE SCRU TIN échéance électorale est l’occasion de noter quelques singularités. Ainsi, le neveu de l’islamiste Necmettin Erbakan, Sabri Erbakan, est candidat du très kémaliste CHP à Fatih (arrondissement d’Istanbul). Le très nationaliste MHP a présenté deux Arméniens sur sa liste de Bakirköy (arrondissement d’Istanbul), Elmas Giragos et Nerses Yeramyan. Le BDP a promis de mettre en place des mairies cogérées par deux maires, un homme et une femme. Le maire élu et son premier-adjoint se partageront les compétences et les délégations de signature. Le parti est le seul à avoir réussi le défi de la parité.

1 Cette


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C’est le nombre de défaillances d’entreprises enregistrées en 2013, selon une étude présentée mardi par Deloitte et Altares. Soit une hausse de 3 % par rapport à 2012, ce niveau s’approchant de celui de celui de 2009 alors qu’il était en baisse depuis 2010, tous les secteurs étant touchés.

ELECTIONS MUN ICIP ALES :

F oc us sur q uatre villes sy m b oles rt e v il l es d’im p o r t a n c e s o n t p a r t ic ul ièr emn t s uiv ies de p rès par la classe politique. U n basculement dans l’une de ses provinces est souvent perçu comme le prélude à un chang ement au niveau national. Décr yptag e. Qua

SAMI K ILIÇ PARIS ANK ARA 1 L’indéboulonnable Melih Gökçek (maire depuis 20 ans) rempile pour un cinquième mandat. En 2009, il avait obtenu 38 % contre le candidat du CHP, Murat Karayalçin, 31 %. Mansur Yavas, qui s’était présenté sous les couleurs du MHP en 2009 et avait obtenu 29 % des voix, se présente cette fois au nom du CHP. Un grand écart que n’a pas manqué de dénoncer le sortant Gökçek, connu pour avoir la gouaille facile. Gökçek est crédité de 47 % contre 35 % pour Mansur.

Ta y y i p Er d o g a n e t Me l i h G ö k ç e k

Ma n s u r Y a v a s

ISTANB U L :

1 Le grand duel tant attendu entre

K a d i r To p b a s

Mu s t a f a Sa r i g ü l

Kadir Topbas et Mustafa Sarigül va enfin avoir lieu. Le premier est l’actuel maire AKP depuis 2004 alors que le second, maire de l’arrondissement Sisli depuis 1999. Sarigül, exclu du CHP par le président Deniz Baykal, qui le voyait comme un futur adversaire, s’est finalement imposé comme le candidat de ce parti après maints rebondissements. Topbas, qui avait obtenu 44 % des voix en 2009 contre 36% à Kiliçdaroglu, reste favori avec 45% des intentions de vote contre 37% pour Sargül.

IZ MIR

1 C’est

sans doute la plus grande inconnue. Erdogan a envoyé son puissant ministre des Transports, Binali Yildirim contre le maire sortant CHP Aziz Kocaoglu. Celui-ci avait obtenu, en 2009, 55% contre le candidat de l’AKP, Taha Aksoy (31%). Izmir reste le bastion du CHP même si le zèle de l’ancien ministre, respecté de tous, peut faire des surprises. Selon les derniers sondages, les deux candidats sont au coude-à-coude, respectivement à 44% et 43%.

B in a li Y ild ir im

Az i z K o c a o g l u

DIY ARB AK IR du BDP, la ville est devenue une obsession pour Erdogan. C’est la troisième fois qu’il réclame cette ville à ses troupes. Un symbole pour l’AKP qui concurrence le BDP pour le vote kurde. Le basculement semble cependant peu probable. Le maire sortant, Osman Baydemir, a préféré laisser la place à Gülten Kisanak au nom de la parité. Osman Baydemir avait obtenu 65 % en 2009 contre l’AKP Kutbettin Arzu, 31 %. Cette année, l’AKP présente Mehmet Galip Ensarioglu, ancien président de la chambre de commerce et d’industrie de Diyarbakir. Reste que les sondages sont sans appel : Kisanak recueillerait 50% des voix contre 43 % pour le candidat de l’AKP.

1 Bastion

G ü lte n K is a n a k

G a l i p En s a r i o g l u

La v i l l e d e Sa m s u n r é c la m e d u c h a n g e m e n t G Ü LTEN Ü STÜ NDAG SAMSU N / AN K ARA Malgré les inquiétudes des habitants de Samsun quant aux allégations de corruption, ceux-ci pourraient continuer à voter afin de bénéficier des services gouvernementaux. Alors que le parti au pouvoir voit les urnes comme les ultimes arbitres sur les accusations de corruption, les résidents de Samsun pourraient réélire le maire sortant, usuf iya lma , par crainte que leurs ressources locales ne soient coupées si un candidat d’une autre couleur politique accède au poste de maire, a appris Zaman parti à la rencontre des locaux. Cela n’empêche pourtant pas le candidat CHP à la mairie de la ville, Tarik Cengiz, d’être certain qu’il ressortira victorieux de ces élections. Aux dernières élections locales de Samsun en 2009, l’AKP avait remporté 48,8 % des voix, le CHP 21,5 %, le MHP avait terminé troisième. utre facteur susceptible d’influencer les résultats des élections, une loi prévoyant la transformation de certaines villes en municipalités métropolitaines, permettant ainsi aux habitants des villages alentours et de la province de pouvoir voter. Pour l’opposition, cette législation a pour objectif de recueillir davantage de votes AKP. Malgré ces deux facteurs, les candidats CHP et MHP se sont engagés à résoudre les principaux problèmes de Samsun.

-

« LA MIG RATION DES J EU NES EST U N F AIT À SAMSU N» Interrogé sur les problèmes de la ville et sur ses projets, Cengiz, ex-député du DSP (Parti démocratique de la gauche), estime que les questions du chômage et du transport sont primordiales. Il souligne que Samsun a perdu sa place parmi les villes les plus développées et était passée de la 4e position du classement des métropoles en développement à la 23e au cours du mandat du maire actuel. «La migration des jeunes est un fait à Samsun et est due à l’important taux de chômage. Selon des chiffres récents, 50 000 jeunes quittent Samsun chaque année pour des métropoles plus développées. Ils représentent la main-d’oeuvre qualifiée. Cette tendance à la migration devrait tre renversée par la création de postes dans le secteur industriel, affirme Cengiz. Autre problème de la ville, les transports. Le centre ville a beau compter une population de 600 000 habitants, le trafic à amsun s’apparente à celui d’une ville de voire millions d’habitants. Le tramway construit il y a peu est loin d’être la solution à l’importante circulation car le nombre de passagers pouvant l’emprunter est limité. De plus, il ne dessert que certains quartiers de la ville. LE MANQ U E D’ INF RASTRU CTU RES Le candidat CHP a également noté que la transformation urbaine était un autre problème que n’avait pas encore résolu le maire actuel, malgré ses 15 ans en fonction. Il a rappelé les inondations récurrentes qui frappent Samsun lorsqu’il y a de fortes pluies. En 2012, 12 personnes sont mortes noyées alors que de fortes pluies avaient provoqué une inondation dans une zone où l’administration turque du logement et du développement ( I) avait édifié des résidences. La zone n’était pourtant pas appropriée pour la construction de bâtiments à cause du risque d’inondation. Les résidents se sont également plaints des inondations régulières à Samsun et reprochent à la municipalité métropolitaine actuelle l’insuffisance des infrastructures. Cengi promet des changements radicaux concernant les infrastructures de la ville via une loi récente qui donne plus de pouvoir aux autorités locales. Samsun, ville pleine de ressources, rencontre également beaucoup de problèmes dans les domaines du commerce industriel, aérien et maritime. La ville a beau avoir une position géographique avantageuse pour ces activités commerciales, le manque de projets de développement du commerce et de l’industrie va de pair avec l’augmentation du chômage et le départ des jeunes pour d’autres métropoles. U NE Z ONE INDU STRIELLE ORG ANISÉE Le candidat MHP à la mairie de Samsun, Dr. Ferhat Günaydin, a également souligné qu’en l’absence d’un projet de transformation urbaine approprié et sans l’aide du gouvernement central, les projets d’infrastructure échoueront car ils ne permettront pas de créer des solutions substantielles et permanentes aux problèmes de la ville. «Au lieu d’avoir un tramway qui oblige à utiliser trois moyens de transport pour arriver jusqu’à la ville depuis d’autres quartiers, on aurait plus besoin d’un métro qui permette de voyager rapidement et de transporter plus de passagers», a-t-il notamment dit.


0 6 TU RQ U I E

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L a m ort de B erk in et l’ indé c enc e du c om plotism e B e r k i n El v a n , 1 5 a n s , e s t d é c é d é d e s s u i t e s d e s t i r s d e g a z l a c r y m o g è n e s reç us pendant les manifestations de Gez i. Le Premier ministre n’a prononcé aucune parole de compassion. D ’autres sont mê me allés j usqu’à invoquer un nouveaucomplot. ORH AN K EMAL CENG IZ Notre Premier ministre est une personne sensible et ne cache pas ses larmes en public. On l’a vu pleurer de nombreuses fois, même pour des personnes mortes à l’étranger. Le 22 août dernier, il Le s Tu r c s o n t avait pleuré en direct à la télévision à cause té é n o m b r e u x à d’une lettre écrite par un père égyptien à sa m a n i f e s t e r l e u r fille, tuée par les forces de sécurité au Caire. c h a g r i n devant Mais on ne l’a jamais vu pleurer des enfants le décès de B erk in. tués par des policiers en Turquie. Berkin Elvan est la dernière victime de la violence policière déployée lors des manifestations de Gezi. Il n’avait que 14 ans lorsqu’un matin, il est sorti de chez lui pour acheter du pain. Il n’est jamais rentré. Berkin Elvan a été touché par des gaz tirés par la police et, après avoir passé 269 jours dans le coma, il est mort mardi dernier. Ce jour-là, il ne pesait que kilos.

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P AS DE CONDOLÉANCES, NI DE MESSAG E DE COMP ASSION Le Premier ministre turc n’a proféré aucune parole depuis la mort de l’adolescent. Pas de condoléances, aucun mot de compassion ou de peine à l’égard de la famille. Quand les funérailles ont eu lieu à Istanbul, Erdo-

gan prononçait un discours à Mardin et listait des chiffres, les uns après les autres. Il parlait des investissements réalisés par le gouvernement, du nombre de tunnels et de ponts qu’il avait construits. J’ai écouté son discours et ai regardé la cérémonie des funérailles en même temps. Le Premier ministre n’a prononcé aucune parole en hommage à Berkin Elvan, huitième victime des manifestations de Gezi. Ni en hommage aux sept autres victimes d’ailleurs. Au lieu de cela, il a condamné les manifestants pour avoir battu une femme voilée et bu de l’alcool dans une mosquée – ce qui s’est révélé être faux. Il a joué avec le feu. Au lieu d’apaiser sa colère, de faire figure de rassembleur, comme devrait le faire un Premier ministre, il a préféré opposer certaines parties de la société à d’autres. Erdogan a ainsi réussi à rallier les conservateurs derrière lui, au prix de l’unité de la société.

J U SQ U ’ AU DÉNI DE LA DOU LEU R DE LA F AMILLE Comment pouvons-nous tre une nation, si nous sommes incapables de nous unir même pour partager la douleur d’une famille dont l’enfant de 15 ans a été tué par des gaz lacrymogènes ? Hier, certains n’hésitaient pas à

aller jusqu’au déni de la douleur éprouvée par la famille. Des députés parlementaires AKP invoquaient un complot, même le jour de la mort de la jeune victime, dans des tweets. L’un d’eux disait que Berkin avait pu être débranché pour faire coïncider la date de sa mort avec celle du 19e anniversaire des émeutes de

Le d é c è s d e B e r k i n a r é v e i l l é u n e n a t i o n e n t i è r e

Gazi en 1995, où plusieurs personnes sont décédées dans un affrontement entre alévis et sunnites. Je ne trouve pas les mots pour décrire ce niveau de déni, de déformation de la vérité et de manque de conscience. J’espère seulement que nous en sortirons vite. o .c e n g iz @ t o d a y s z a m a n .c o m

P our E rdogan, l’ adolescent f aisait p artie d’ une organisation terroriste

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G Ü NAY H ILAL AY G Ü N De nombreuses personnes sont descendues dans la rue dans plusieurs provinces de Turquie à Istanbul, Ankara, Izmir, Samsun, Denizli, Trabzon, Zonguldak et Kayseri, tandis que d’autres ont lancé une campagne massive sur les réseaux sociaux avec des hashtags comme #BerkinElvanOEluemsuezduer (Berkin Elvan Est Immortel) ou #HoscakalBerkinim (Au Revoir Mon Berkin)et ont posté près de 2 millions de messages en un jour. Les Turcs de Londres, Paris, Washington et Vienne ont manifesté et brandi des affiches avec la photo de Berkin, protestant contre la violence policière.

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# U Y ANB ERK INELVAN ( RÉVEILLE- TOI B ERK IN ELVAN) Pendant les neuf mois de coma du jeune homme, les internautes continuaient de publier des messages sur Berkin sur les

réseaux sociaux grâce au hashtag #UyanBerkinElvan (Réveille-toi Berkin Elvan). La police a tiré avec des canons à eau et des gaz lacrymogènes sur des milliers de personnes qui s’étaient rassemblées en hommage à Berkin mardi 11 mars. Des affrontements ont eu lieu devant l’hôpital où Berkin est mort lorsque la police a voulu disperser la foule et la journée s’est terminée avec des centaines d’arrestations à travers le pays.

L’ « IMP U NITÉ» DES P OLICIERS Le chroniqueur du quotidien Hürriyet, Sedat Ergin, rappelle un autre incident récent qui avait impliqué la police pendant les manifestations de Gezi. Dans la province de Hatay au sud de la Turquie, un manifestant de 22 ans, Abdullah C mert, est mort après avoir été atteint par un tir de gaz lacrymogènes. Le chroniqueur souligne que le policier responsable de la mort de Berkin n’a pas été

identifié, malgré les neuf mois passés depuis l’incident, pas plus que le policier qui a tiré sur C mert. our rgin, les policiers responsables de la mort de ces individus bénéficient d’une «impunité» de la part du gouvernement. «La nouvelle urquie louée par l’ , ne diffère pas de la vieille urquie en termes de violations des droits de l’homme et d’impunité», a déclaré rgin. uant au journaliste Özgür Mumcu, du journal Radikal, il note, dans son article intitulé «Il y a un assassin dans les rues» mercredi, que les sept policiers qui ont témoigné dans l’enquête de l’affaire Berkin ne se rappelaient pas les événements de l’incident ni lequel d’entre eux avait utilisé des gaz lacrymogènes ce jour-là. «Les enqu teurs étaient satisfaits des réponses des policiers. C’était tout. ous voulez que le tueur soit retrouvé, mais voilà les efforts employés par le gouvernement pour qu’il soit identifié».

Dans la requête soumise au bureau du procureur d’Istanbul par un groupe de gauche radicale, les Maisons du peuple (Halkevleri), le Premier ministre turc est ainsi accusé d’inciter à la haine et à l’animosité en public. La mort de Berkin Elvan a provoqué l’indignation du peuple et déclenché des affrontements entre les manifestants et la police alors que des milliers de personnes étaient descendues dans les rues de plus de 20 provinces à travers le pays. Des milliers de personnes, les parents d’Elvan et les partis de l’opposition ont tenu Erdogan pour responsable de la mort du jeune homme, la police suivant les ordres du Premier ministre pour intervenir dans les insurrections de l’été 2013.

INCITATION À LA H AINE C’est lors d’un meeting politique le vendredi 14 mars qu’Erdogan a déclaré qu’Elvan était membre d’une organisation terroriste, étant donné que son visage était recouvert d’une écharpe. Erdogan a défendu l’action de la police, disant qu’il était impossible pour l’officier de police de connaître l’âge de l’adolescent. Il a également dit que Kemal Kilicdaroglu, leader du C , «mentait comme toujours» sur le fait qu’Elvan était parti acheter du pain. Erdogan a également ouvertement critiqué les parents d’Elvan pour l’avoir accusé de la mort de leur fils. «Ne soye pas dupés en pensant] que ces personnes se sont rassemblées pour les funérailles d’un gamin. Ce qu’ils veulent surtout, c’est saccager notre économie, notre paix et le processus de paix», a dit le remier ministre.


0 7 E U ROPE

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D avutog lu b oy c otte les O ly m piades turq ues SERVET Y ANATMA AN K ARA Le ministre des Affaires étrangères Davutoglu a envoyé un message vocal aux diplomates résidant à l’étranger par le biais d’officiers du ministère des Affaires étrangères, qui disait qu’«il serait déplacé pour nos ambassadeurs d’assister aux Olympiades turques». «Il nous a été relayé que Davutoglu ne trouvait pas approprié qu’on assiste aux Olympiades turques. Le message provenait du ministère», ont déclaré deux ambassadeurs qui ont souhaité garder l’anonymat. Les sources du ministère des Affaires étrangères qui souhaitaient rester anonymes n’ont pas démenti la prétendue demande du ministre turc.

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LES AMB ASSADEU RS AP P ELÉS À « DIRE LA VÉRITÉ» SU R L’ ENQ U Ê TE DE CORRU P TION Les demandes envoyées aux ambassadeurs ciblant le mouvement Hizmet ainsi que les écoles turques qui auraient un lien avec le mouvement ont commencé à être médiatisées quand Erdogan avait appelé les diplomates turcs à «dire la vérité» sur l’enquête de corruption lancée le 17 décembre à leurs interlocuteurs étrangers. C’est durant un rassemblement annuel des ambassadeurs à Ankara le 15 janvier dernier que le Premier ministre turc a qualifié l’enqu te de corruption de «complot traître» visant à miner l’image de la Turquie à l’international. «Je vous demande tout particulièrement de souligner qu’il ne s’agit pas d’une opération anti-corruption mais d’une tentative de coup d’Etat», a-t-il ajouté en s’adressant aux ambassadeurs. Sans le nommer de façon

la u quie con a n e pou t aite ent in u ain en e s calan

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La Cour européenne des droits de l’homme a condamné mardi la Turquie pour le caractère «inhumain» de la peine de détention à vie infligée à Abdullah Öcalan, ancien chef du parti séparatiste kurde PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan). Conformément à sa jurisprudence, la juridiction du Conseil de l’Europe estime qu’une privation de liberté peut être prononcée «à vie», à condition que le détenu puisse conserver l’espoir d’un aménagement de peine. «Une peine de réclusion à perpétuité doit pouvoir être ‘compressible’, c’est-à-dire offrir à la fois une chance d’élargissement et une possibilité de réexamen», dit-elle. Ankara devra, pour satisfaire à l’arrêt de la Cour, procéder à une révision de son code pénal. Les juges de Strasbourg estiment également que l’isolement total imposé à Abdullah Öcalan, seul détenu sur l’île-prison d’Imrali, sans télévision ni contacts avec l’extérieur, jusqu’en novembre 2009, constituait un traitement inhumain et dégradant. Le fondateur du PKK avait obtenu une première condamnation de la Turquie par la Cour européenne en 2005, les juges estimant que le procès qui avait abouti à sa condamnation, en 1999, avait été inéquitable. La peine de mort, alors prononcée, avait été commuée ensuite en détention à vie. Le comité des ministres du Conseil de l’Europe, chargé de superviser l’exécution des arrêts de la Cour n’avait toutefois pas exigé d’Ankara la tenue d’un nouveau procès. L’insurrection séparatiste du PKK a fait plus de 40 000 morts en Turquie depuis 1984.

explicite, Erdogan a accusé le mouvement Hizmet dirigé par l’intellectuel musulman Gülen et ses «collaborateurs étrangers» de vouloir renverser le gouvernement via un «coup d’Etat judiciaire».

INTENSIF ICATION DE LA LU TTE CONTRE LE H IZ MET Les ambassadeurs qui ont déjà assisté aux Olympiades turques ont déclaré à Zaman qu’ils avaient du mal à accepter les ordres provenant d’Ankara. Les tentatives de l’AKP de miner les activités des écoles affiliées au mou-

vement i met se sont intensifiées ces derniers jours. Erdogan aurait employé maints efforts pour fermer les écoles turques à l’étranger. Selon certaines sources, Davutoglu aurait rejoint Erdogan dans ces efforts. Okan Müderrisoglu, chroniqueur pour le quotidien turc pro-gouvernemental Sabah, avait pourtant écrit dimanche que lors de son retour de Rome la semaine dernière, Davutoglu lui avait dit que, tant que les écoles n’outrepassaient pas leurs objectifs pédagogiques, elles ne subiraient aucune forme de discrimination.

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7:30 - 20:00

• FIRIN : PAZAR GÜNLERI SAAT 8:00 - 11:00


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J

’ai du mal à comprendre ce qu’ils attendaient de nous dans cette affaire. Si, parmi ces enquêteurs, il y avait des sympathisants du Hizmet, que devais-je leur dire ? Ignorez les allégations de corruption ?

C

’est sans précédent dans l’histoire de la République, au lieu de réprimer la corruption, le gouvernement a poursuivi les enquêteurs.

L

e plus dramatique dans cette affaire, c’est que l’islam en pâtit aussi. Notre comportement a, qu’on le veuille ou non, une répercussion sur la conception qu’ont les autres de l’islam.

Gülen : «Ce que nous vivons aujourd’hui est pire que sous les militaires»

L

’intellectuel musulman, Fethullah Gülen, a accordé un entretien exclusif à Zaman. Celui qui a inspiré un réseau international actif dans les domaines de l’éducation, de la charité et de l’aide sociale, déclare qu’il ne peut fermer les yeux sur les allégations de corruption récemment proférées en Turquie.

I

l regrette que le Premier ministre Erdogan n’ait pas réussi à prendre des mesures pour répondre à ces accusations. Il évoque également le traitement fait aux sympathisants du mouvement Hizmet, parlant notamment de diffamations et de pressions à grande échelle, pires que celles constatées lors des coups d’Etat militaires en Turquie. INTERVIEW RÉALISÉE PAR EKREM DUMANLI

L

e gouvernement accuse le Hizmet d’être à l’origine des enquêtes de corruption du 17 décembre dernier. Quelle est votre analyse ?

J’ai plusieurs fois démenti. J’ai seulement dit que les procureurs et les agents de police ont fait ce que la loi leur demandait de faire ; ils ne pouvaient pas savoir que courir derrière les délinquants était devenu une infraction ! Ils ne pensaient sans doute pas qu’ils allaient être eux-mêmes en tort pour avoir fait leur travail ! Des milliers de personnes ont été mutées. Ils ont violé leurs droits. Et ils ont accusé le Hizmet comme s’il n’y avait rien à la base. En réalité, ces enquêtes de corruption ne datent pas d’aujourd’hui. Il y a 8-9 mois, les services de renseignement ont produit un rapport sur la possible collusion entre des individus, peut-être iraniens, et certains ministres et fils de ministres. C’est passé sous silence. La presse pro-gouvernementale en avait elle-même parlé, en son temps. Ils n’avaient donc pas l’intention de lutter contre la corruption. Et lorsque l’affaire a éclaté le 17 décembre, ils ont préféré jeté la faute sur d’autres.

Ce qui est en train de se passer n’est pas une bataille entre le mouvement du Hizmet et le gouvernement. On a observé au sujet des droits et des libertés une forte contraction au cours de ces dernières années.

J’ai du mal à comprendre ce qu’ils attendaient de nous. Par exemple, si parmi ces enquêteurs il y avait des sympathisants du Hizmet, que devais-je leur dire ? Ignorez les allégations de corruption ? Comment peut-on penser que je puisse dire une telle chose, que je mettrais en danger mon existence dans l’au-delà ? Je reviens à ces fonctionnaires qui feraient partie d’une organisation parallèle. Pourquoi avoir attendu tant de temps pour les dénoncer Ceux qui ont été mutés voire « exilés » n’ont même pas fait l’objet d’enquêtes. Avez-vous entendu des allégations d’indiscipline, d’illégalité ou de détournement de pouvoir à leur encontre ?

Le vice-premier ministre, Bülent Arinç, a récemment déclaré que le premier ministre Tayyip Erdogan avait été menacé pour avoir voulu fermer les centres de soutien scolaire. Quelle est votre réaction ? Ils doivent nous dire quelle est cette personne et surtout saisir la justice. Le chantage est un délit grave. Mais s’il s’agit de supputations, je n’ai rien à répondre. On sait très bien que la question des centres de soutien scolaire ne date pas d’il y a 2-3 mois. Le Premier ministre avait dit lui-même que ses anciens ministres de l’Education n’avaient pu faire aboutir le projet et qu’il comptait sur l’actuel ministre. L’intention est donc là depuis longtemps. C’est peut- tre une promesse faite à certains. On a lu des informations qui vont dans ce sens, dans la presse. Il est clair que l’objectif n’est pas d’améliorer le niveau scolaire dans les écoles mais d’entraver l’action du Hizmet dans le domaine éducatif. D’ailleurs, il le dit lors des meetings électoraux [pour les élections municipales du 30 mars], «n’envoyez pas vos enfants dans les établissements du Hizmet». J’ai bien peur que leur intention soit d’abord de fermer les centres de soutien scolaire, ensuite les écoles en urquie, enfin les écoles à l’étranger. La journaliste Nazli Ilicak pense que le gouvernement, qui avait été informé des enquêtes de corruption, aurait cru que les fonctionnaires proches du Hizmet auraient pouvaient les arrêter net ; devant leur refus, il aurait attaqué nos écoles. Le soutien scolaire n’est pas l’apanage du Hizmet. Ils auraient pu nous dire clairement, «ne vous impliquez plus dans ce secteur», ils ont choisi la voie de l’interdiction, d’autres centres qui n’ont rien à voir avec le Hizmet vont également en

pâtir. Sur 3800 centres, 3000 n’ont aucun lien avec le Hizmet. Ils nous l’auraient dit, nous aurions fait droit à leur demande, il ne servait à rien de sacrifier tout un secteur

D’abord, je voudrais préciser que ce qui est en train de se passer n’est pas une bataille entre le mouvement et le gouvernement. On observe au sujet des droits et libertés une forte contraction au cours de ces dernières années. Les propos destructeurs et dégradants tenus par les politiques ne font que contribuer à la polarisation des citoyens turcs. Lorsque, durant les événements de « e i», certains ont qualifié ces jeunes de «pillards», j’ai protesté en marquant mon désaccord. Il en va de même avec les alévis. Concernant leurs droits les plus fondamentaux, aucune solution démocratique n’a été trouvée pour le moment. Peut-être qu’il n’existe pas de volonté politique. Nous avons apporté notre soutien au projet de mosquée-Cemevi, mais ce projet s’est heurté à d’incompréhensibles réserves (allusion au projet dans le quartier Mamak d’Ankara, ndlr).

Lors de la Conférence des ambassadeurs, le Premier ministre leur a donné l’ordre de bien expliquer à leurs interlocuteurs le danger que représente cette organisation, en parlant du Hizmet. Quelle est votre réaction ? Lorsque j’entends ce type d’informations, je me sens très mal, je me réfugie auprès de Dieu. Je déplore cette volonté de destruc-

Les élections approchent. Beaucoup se demandent pour qui voteront les membres du Hizmet. J'ai toujours conseillé à mes proches de «voter en fonction de leurs convictions.» Je n’ai jamais donné de consigne de vote. Lors du référendum, nous avions marqué notre position non pas envers un parti, mais envers une avancée démocratique. Malheureusement, ce fait aussi est de nos jours passé sous silence... Aujourd'hui, nous avons un dirigeant de parti politique, qui du matin au soir, profère des insultes. Et malheureusement, les sages de ce parti ont préféré se murer dans un profond silence. Mis à part certains fanatiques, j'ai personnellement constaté que la base de l'AKP se désole de la situation actuelle. Si certains digèrent ces insultes, qu'ils votent pour l'AKP... Mais je pense que ces paroles en ont blessé plus d'un. Les candidats importent plus que les partis et dans chaque parti, il existe des gens compétents. S’abstenir de voter n’est pas non plus un péché.

En apparence, il semble qu’il y ait un conflit entre le gouvernement et le mouvement. Beaucoup de choses ont été écrites à ce sujet.

Deuxièmement, nous ne sommes pas et ne serons jamais un parti politique. Par conséquent, nous ne serons jamais l’adversaire de je ne sais quel mouvement politique. Nous n’avons aucune proximité avec qui que ce soit. Mais nous tenons à partager nos espoirs et nos préoccupations pour l’avenir de notre pays. Cela devrait tre notre droit le plus naturel et le plus démocratique. Je condamne ceux qui nous le reprochent. Par ailleurs, toutes nos institutions sont sous contrôle de l’Etat. Nous parlons donc de structures totalement transparentes. Le Hizmet fonctionne sur la base du volontariat. Présenter des innocents comme étant membres d’une organisation mafieuse est regrettable. Dans l’appareil étatique, il existe des gens de tout horizon, des gens de toute pensée. Des gens de gauche comme de droite, des alévis, des sunnites, des non-musulmans, des Kurdes, des Turcs, tous œuvrent pour l’Etat. Peu importe leurs bords politiques ou religieux. ccuser ces personnes à tort, les ficher ne devrait pas avoir lieu dans un État de droit. Si vous vous mettez à dire injustement qu’il existe un «Etat parallèle», alors, pris dans ce climat d’anxiété, vous vous mettrez à en dénombrer des milliers. Ce faisant, vous persécuterez des gens innocents.

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tion. Ces écoles à l’étranger ont été b ties gr ce aux sacrifices de nombreuses familles modestes de l’Anatolie. En Turquie, des personnes de tous les courants politiques ont visité ces écoles, la droite, la gauche, les nationalistes, les pieux, les athées... Les membres de l’ , du C , du , du BBP, du parti Saadet, du BDP. Je n’ai jamais entendu une seule personne dire du mal de ces écoles. Et il n’y a aucune raison, pour y être opposé. Les fondateurs de ces écoles n’ont poursuivi aucun but matériel. Ils ont apporté avec eux, nos valeurs, celles de l’amabilité et de la tolérance. Il serait ingrat de ne pas estimer à leur juste valeur les activités de ces personnes qui sont les porte-drapeaux de notre langue et de notre culture. Mais je sais que le peuple fait la part des choses.

Les hommes d’affaires qui ont remporté des marchés publics ont été écartés. Et ils se sont défaussés sur le Hizmet. Ils ont fait la même chose avec l’armée. En privé, ils se sont vantés d’avoir brisé la tutelle militaire mais, face aux gradés, ils ont jeté la responsabilité sur le Hizmet. Or, une loi a été votée en catastrophe pour sauver la tête de Hakan Fidan, le chef des Renseignements (MIT), ils auraient pu faire la même chose pour Ilker Basbug, l’ancien chef d’état-major. Je dois vous avouer que j’ai eu un pincement au c ur quand ces officiers ont été incarcérés. Mais le fait est que je ne peux pas m’immiscer dans les affaires de la justice. Le coup d’Etat est une grave infraction et la justice doit faire son travail mais il aurait été beaucoup plus sage de prendre en compte l’âge et la santé de ces militaires...

Le gouvernement a tendance à imputer toutes sortes de mauvaises actions au mouvement du Hizmet. Récemment, les accusés de l’affaire Ergenekon sont sortis de prison l’un après l’autre. Et c’est encore le Hizmet qui a été mis en cause pour les avoir si longtemps gardés en détention...

Le processus de paix avec des organisations kurdes est engagé. Comment voyez-vous son déroulement ?

Ils essaient de tromper les gens en lançant de telles calomnies. Par exemple, ils ont dit à certains groupes de presse, «Nous, nous n’avons aucun problème avec vous, c’est le Hizmet qui veut votre peau». La diffusion récente sur Internet des conversations téléphoniques montre clairement que le pouvoir s’est démené pour faire condamner ces gens.

Je l’ai maintes fois évoqué par le passé. Le croyant est toujours partisan de la paix. Son attitude et sa volonté doivent y contribuer. Sur ce sujet, il y a eu par le passé une accumulation de problèmes. À chaque fois, on a cherché à résoudre la question par la force. De ce fait, le mal n’a fait qu’empirer. Maintenant, il y a un processus de paix qui est engagé. Il ne faut surtout pas le mettre à mal. C’est une formidable occasion pour les deux parties de revoir leurs erreurs et d’atténuer les hostilités. L’État doit avant toute chose se montrer juste envers ses citoyens. Les droits et libertés des citoyens ne doivent pas être considérés comme une monnaie d’échange.

Certains avancent qu’après 12 ans de soutien indéfectible il y a eu une rupture entre l’AKP et le Hizmet. Était-ce une association d’intérêt ? Nous n’avons pas eu, et ce avec qui que ce soit une association d’intérêt. Nous avons toujours été neutres. Aspirer à l’accession du pouvoir serait comme une trahison de nos valeurs. Ici, je ne juge personne. Jamais, nous n’avons aspiré à diriger le pays, ni même à accéder aux plus hautes fonctions de l’Etat. Nous avons sincèrement soutenu toutes les tentatives qui visaient à faire avancer la Turquie sur le plan de la démocratie, des droits et des libertés fondamentaux. Peu importe le parti politique, nous continuerons à soutenir ceux qui oeuvreront en ce sens. La partisanerie aveugle est une chose, saluer les avancées démocratiques en est une autre. Notre position n’a pas changé sur ce point. Il faut surtout voir qui s’en est éloigné. Un parti qui marquait des avancées sur la question des droits et libertés fondamentaux s’est subitement mis à censurer internet. Ce que nous vivons aujourd’hui est pire que sous les militaires. Peut-on continuer à soutenir un dirigeant qui use d’un langage insultant et blessant et qui met à mal toutes les avancées démocratiques ?

Re t r o u v e z l ’ i n t é g r a l i t é d e c e t e n t r e t i e n s u r w w w . z a m a n f r a n c e . f r


10 I N TE RN A TI ON A L

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La T urquie m enac e de riposter en S y rie e inist e es a ai es t an es et a uto lu a annoncé la mobilisation de la T urquie pour faire face à une éventuelle attaque contre une enclave turque en Syrie. SAMI K ILIÇ PARIS Dans ses mémoires, l’ancien président des Etats-Unis Bill Clinton (1993-2001), évoquait avec ironie la course à la guerre entre la Grèce et la Turquie en 1996. La pomme de discorde lui semblait en effet insignifiante les deux pays se chamaillaient à propos des îlots de la mer Egée, Imia pour l’une et Kardak pour l’autre. Une confrontation militaire ayant point à l’horizon, le président américain avait dû intervenir. Il s’agissait, selon ses propos, d’une

es ilitai es tu cs ontent la a e devant le mausolée de Sü leyman Shah.

broutille «pour cinq hectares de rochers sur lesquels ne vivaient qu’une vingtaine de moutons». C’est dire la sensibilité turque pour ses possessions. Aujourd’hui, c’est une enclave turque de 8 hectares qui envenime les relations déjà vives entre la Turquie et la Syrie. C’est l’histoire d’un bout de terre. Celui qui abrite le mausolée de Süleyman Shah. Ancêtre d’Osman, fondateur de la dynastie ottomane, Süleyman Shah est mort en 1086. Il a été inhumé à Qalaat Jabaar, près de l’Euphrate. En 1921, le traité d’Ankara, signé entre l’empire et la France, puissance mandataire à l’époque, a octroyé la propriété des 8 hectares à la Turquie. Cession qui a été confirmée deux ans plus tard par le traité de Lausanne. En 1973, la sépulture a été transférée au Nord, à 35 km de la frontière turque mais la propriété est restée inchangée. n drapeau turc y flotte, des soldats turcs y montent la garde. C’est ce confetti, ultime vestige du vaste empire ottoman, qui vient

d’être encerclé par les combattants de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL). Ahmet Davutoglu, le ministre des affaires étrangères, a immédiatement annoncé une mobilisation des forces navales et terrestres de la Turquie. «Nous riposterons aux attaques, qu’elles viennent du régime, des groupes radicaux ou de toute autre force», a-t-il déclaré. «L’Armée syrienne libre a dû se retirer de la région, a rapporté Tarik Sulo Cevizci, initiateur du mouvement turkmène de Syrie. Les hommes de l’EIIL tournent autour du tombeau». Les islamistes de l’EIIL sont célèbres pour détruire les tombeaux trop frappants, considérés comme des monuments propices à l’idolâtrie. Les 25 militaires turcs qui y vivent ont d’ores et déjà reçu l’ordre de tirer en cas d’attaque. La Syrie est, sur ce point, dans une configuration assez singulière. Elle abrite les tombes de l’ancêtre des Ottomans, Süleyman Shah, et du dernier des sultans, Vahidettin Mehmet VI, déchu en 1922 et mort en 1926.

L’ i n n o c e n c e p e r d u e d e s e n f a n t s s y r i e n s ébé lorsque le conflit syrien a com- physiologiquement». «Si on ne réagit pas mencé, Abdel-Nour a vécu la guerre maintenant, beaucoup adopteront un compendant la plus grande partie de sa vie et portement criminel et antisocial comme a appris à distinguer un obus qui décolle d’un obus qui s’approche avant même de connaître son alphabet. «Je regrette que mon fils connaisse tout cela», dit sa mère, Manar Makhoul, 31 ans, au téléphone depuis Damas. «Il y a toute une génération de petits Syriens qui n’ont pas eu d’enfance à cause de ce conflit», ajoute-t-elle. La guerre en Syrie entame sa quatrième année ce mois-ci et aucun signe d’apaisement ne semble poindre à l’horizon, alors que plus de 140 000 personnes ont déjà perdu la vie. Comme sur tous les champs de bataille, les enfants sont les victimes les plus vulnérables. Au moins 10 000 enfants sont morts et plus d’un million sont réfugiés, tandis que des millions encore sont déplacés dans le pays, selon un rapport de l’ONU publié le mois dernier.

« U NE G ÉNÉRATION MARQ U ÉE P SY CH OLOG IQ U EMENT ET P H Y SIOLOG IQ U EMENT» «Certains enfants nous disent "Je ne veux plus vivre », affirme nthony acDonald, directeur de la protection de l’enfance au Fonds des Nations unies pour l’enfance au Liban. «Certains experts UNICEF disent qu’ils ont été en Afghanistan, dans d’autres pays en conflit, mais que c’est l’une des pires qu’ils ont jamais vues», ajoute-t-il. Alors que l’attention du monde est tournée vers la crise ukrainienne, les morts et la guerre continuent avec toujours autant d’intensité en Syrie. Parlant de la génération de Syriens qui n’ont pratiquement connu que la guerre, acDonald affirme que cette génération est «perdue et marquée psychologiquement et

moyen de survie», note-t-il. Avant qu’un rétablissement puisse commencer, le conflit doit se terminer, perspective qui semble peu probable après l’échec des pourparlers de paix à Genève.

DES ENF ANTS OB LIG ÉS DE TRAVAILLER Dans le centre de Beyrouth et de la capitale jordanienne Amman, on aperçoit des petits Syriens à presque tous les coins de rue. Ils courent derrière les passants ou frappent aux vitres des voitures pour demander de l’argent. D’autres vendent des boîtes de mouchoirs aux feux rouges. Dans les zones rurales, des enfants sont forcés de travailler dans les champs. «Nous nous sommes entretenus avec des enfants âgés de 8, 9 et 10 ans, obligés de se lever à 4h du matin et de travailler jusqu’à h le soir», affirme MacDonald. Ghourba Hajji, 33 ans, est partie de chez elle il y a trois mois avec ses deux filles de et ans. lle s’est adressée au Haut Commissariat pour les réfugiés des Nations nies de eyrouth afin d’obtenir de l’aide. Les deux enfants ont une fibrose pulmonaire, qu’elle n’a pas les moyens financiers de faire traiter. vec le conflit, le système de santé syrien a été ébranlé et des millions d’enfants sont victimes d’épidémies à risque, alerte l’ONG Save the Children dans un communiqué. MacDonald a déclaré que les cas de dépression et de stress post-traumatique étaient en augmentation chez les enfants et se manifestaient par un comportement imprévisible, un sommeil perturbé et une attitude agressive. onna u as loo e e s


11 I N TE RN A TI ON A L

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La Cr im é e revient dans le g iron russe So ix a n t e a n s a p rè s l a c es s io n de c et t e rég io n à l ’Uk r a i n e par le dirig eant soviétique N ikit a K r ouchtchev, le rattachement de la Crimée à la Russie a été approuvé dimanche par h 96 ,7 7 % des électeurs, selon les résultats complets du référendum communiqués lundi par le président de la commission rég ionale charg ée du scrutin, Mikh aïl Malichev.

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Les Criméens se sont prononcés dimanche à une écrasante majorité en faveur d’une séparation de l’Ukraine et d’un rattachement à la Russie à l’issue d’un référendum controversé qui a mis les relations Est-Ouest au plus bas depuis la Guerre froide. Le taux de participation a été de 83%, un chiffre élevé compte tenu des nombreux appels au boycott du scrutin. Les pays occidentaux et les autorités ukrainiennes à Kiev ont dénoncé ce scrutin organisé par le parlement pro-russe de la région deux semaines après la prise de contrôle de cette péninsule de la mer Noire par les forces russes.

LES OCCIDENTAU X F U RIEU X Dans un entretien avec Vladimir Poutine, Barack Obama a déclaré que le ré-

La Tu r q u i e d é c l a r e le r é fé r e n d u m d e Cr i m é e i n a c c e p t a b l e

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Le ministre des Affaires étrangères turques Ahmet Davutoglu, a tenu aujourd’hui une conférence de presse à Ankara, avec le leader tatar Mustafa Kirimoglu. Le référendum de Crimée, au cours duquel les habitants ont voté dans leur grande majorité pour un rattachement à la ussie, a été qualifié par Davutoglu d’inacceptable. La Turquie a des liens historiques et culturels forts avec la Crimée et la minorité des Tatars, qui désiraient eux rester dans le giron ukrainien.

G énocide rw andais : S imb ik angw a condamné à 2 5 ans

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Le ministère public avait requis la réclusion à perpétuité contre l’ancien militaire et agent des renseignements rwandais. Au terme de six semaines de procès qui ont, selon l’accusation, montré que Pascal Simbikangwa était un «donneur d’ordres», l’avocat général avait demandé qu’il soit jugé pour génocide, et non pas complicité de ce crime. La Cour a suivi cette demande et l’a condamné vendredi pour génocide et complicité de crimes contre l’humanité commis à Kigali. Des charges pesant contre lui dans la préfecture de Gisenyi, à l’ouest du pays, ont en revanche été abandonnées.

LA VOLONTÉ DE « TROMP ER LA J U STICE» La Cour d’assises a estimé vendredi que l’homme de 54 ans avait eu la «volonté de tromper la justice» sur ses activités réelles durant le génocide. «Il ressort clairement des débats que Pascal Simbikangwa a apporté un concours actif au fonctionnement des barrières meurtrières de Kigali en fournissant des armes et en donnant directement des instructions pour que les Tutsi soient systématiquement exécutés sur le champ», peut-on lire dans ses motivations. En à peine 100 jours, entre avril et juillet 1994, quelque 800.000 personnes ont été tuées au Rwanda, Tutsi pour la plupart mais aussi Hutu modérés.

férendum ne serait jamais reconnu par la communauté internationale et que les Etats-Unis et l’Union européenne étaient prêts à imposer des «coûts» supplémentaires à la Russie pour violation de la souveraineté ukrainienne. Dans la soirée, des milliers de personnes se sont réunies dans une ambiance festive sur la place Lénine

de Simféropol, la capitale régionale, en brandissant des drapeaux russes et aux couleurs de la Crimée. Une grande partie des 1,5 million d’électeurs criméens a choisi de se tourner vers Moscou en raison des perspectives économiques jugées meilleures et pour vivre dans un pays qui a une place dans le concert des nations.

U n m ilit a n t a g ite le d r a p e a u r u s s e d e v a n t l a s t a t u e d e Lé n i n e à Si m f e r o p o l e n Cr i m é e .


12 C U L TU RE

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A I stanb ul, la c ulture se dé m oc ratise Se y m a au musée Istanbul Modern.

Z e y n e p e t H a ld u n visitent le musée Istanbul Modern.

A Is t a n b u l , l e mo n d e d e l a c u l t u r e s ’ o u v r e d e p l u s e n p l u s aux différentes catég ories de la société turque. D es musées aux livres, en passant par la musique classique, les j eunes T urcs sont de plus en plus nombreux à intég rer la culture dans leur quotidien. NATH ALIE RITZ MANN IST AN B U L Depuis ces dernières années, les initiatives se multiplient en Turquie dans les différents domaines culturels, notamment à Istanbul, afin d’ouvrir les portes de façon plus large au public. Cette route de la démocratisation se tourne en premier lieu vers la jeunesse, les générations qui représenteront le pays de demain. La plupart des musées, qu’ils soient privés ou publics, reçoivent et organisent des visites pour les écoles. Un certain nombre, tels Istanbul Modern, les musées Pera, Rahmi Koç, Sakip Sabanci, Santral Istanbul ou le musée d’art contemporain lgi , pour n’en citer que quelques uns, proposent des ateliers gratuits de dessin et de peinture, de découverte d’un artiste ou de différentes oeuvres et destinés aux jeunes de différents âges. Certains de ces workshop accueillent aussi gratuitement parents et enfants, une façon ludique de mener vers l’art en famille.

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A LA DÉCOU VERTE DES MU SÉES . . . Au musée Istanbul Modern, nous avons rencontré Seyma Ç. Cette souriante jeune fille voilée de ans, originaire d’ n ara, est à Istanbul depuis la rentrée passée. lle vient de débuter ses études d’ingénieure d’exploitation à l’ niversité technique. Depuis son arrivée dans la capitale culturelle du pays, elle a visité la plupart des lieux historiques de la ville. Durant les vacances d’été, elle dit lire une vingtaine de romans. Un peu plus loin, dans ce musée qui ouvre ses portes gratuitement au public turc tous les jeudis en nocturne jusqu’à h, un couple d’une cinquantaine d’années arpente les allées. eynep et son mari Haldun S., lui professeur de sociologie dans un lycée de la rive asiatique et elle, à présent femme au foyer, sont friands de

la culture sous toutes ses formes. Jusqu’à l’ ge de ans, explique aldun, son environnement familial lui permettait d’avoir accès à la culture uniquement à travers les livres. Depuis son mariage avec eynep il y a quelques années à peine, c’est en couple qu’ils visitent les lieux culturels d’Istanbul, d’I mir, n ara, fyon et tahya, mais aussi à l’étranger (ils étaient récemment en rèce et en Iran). eynep dévore environ livres par an tout comme son mari, même si cette quantité a baissé depuis qu’ils sont ensemble et s’ouvrent vers le monde culturel extérieur. Au musée Pera, c’est bra qui fait découvrir les dessins de Picasso actuellement exposés sur place aux élèves de son atelier de dessin installé dans un quartier de la ville. Ces jeunes gés de et ans semblent intéressés par les explications de leur professeur et posent des questions fort pertinentes. L’ouverture à la culture commence dès le plus jeune âge et la plupart du temps par le livre, premier «outil» culturel que l’on tient entre ses mains.

DES LIVRES . . . Lors de la tenue de la grande foire aux livres d’Istanbul qui se tient tous les ans en novembre à yap, le nombre d’éditeurs présents est passé de en à en . visiteurs se sont rendus à eyli d pour la dernière édition. Les personnes ayant tenu un stand l’an passé sont unanimes pour reconnaître que la population qui s’y rend est de plus en plus éclectique et ne se limite plus aux intellectuels et aux élèves des écoles qui certes y viennent en grand nombre. Des familles de classe moyenne ainsi que des groupes de femmes voilées venues des quatre coins de la ville se sont rendus en masse à ce rendez-vous annuel où le livre est roi.

K ü b r a fait découvrir le musée Pera à ses élèves.

Le Ministère de la Culture a également fait des efforts pour attirer ses citoyens vers les musées en créant la «carte musées» dès . La version basique co te L (soit un peu moins de euros) et permet deux accès gratuits dans chacun des musées nationaux du pays durant un an. Elle a été délivrée à exemplaires depuis sa création jusque fin . La seconde version, d’une valeur de L (environ euros) et qui a vu le jour début donne un accès illimité dans les musées mais également dans de nombreux musées privés, elle permet aussi de bénéficier de réductions lors d’expositions, de représentations théâtrales ainsi que dans les boutiques des musées. lle s’est vendue à exemplaires depuis sa création jusqu’à la fin de l’année .

ET DE LA MU SIQ U E CLASSIQ U E. . . La musique classique est un art qui s’ouvre également de plus en plus au peuple. Une

initiative fort louable est réalisée par la Fondation «De la Musique pour la Paix» située dans le quartier dirne ap à Istanbul. Depuis , elle offre la possibilité à des jeunes issus de milieux défavorisés d’apprendre à jouer de la musique gratuitement en faisant entendre par cet art la voix de la paix. Des milliers d’enfants ont depuis neuf ans pu bénéficier de cette formation. La jeunesse turque actuelle intègre la culture dans son quotidien et c’est à travers elle que celle-ci se répand dans les familles et les amène à découvrir cet univers de découvertes riches et illimitées. ar ailleurs, qu’il s’agisse d’initiatives publiques ou privées, le nombre d’expositions et de concerts gratuits proposés tant par les centres culturels des banques que par de grandes écoles ou des galeries ne cesse de croître à Istanbul. Ceux et celles qui ont découvert ces possibilités ne s’en privent d’ailleurs pas et ils auraient bien tort de le faire n’est-ce pas


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AGENDA CULTUREL

CINÉMA

Mé h é m et- A li : un O ttom an reb elle, fondateur de l’ E g y pte m oderne SEY F EDDINE B EN MANSOU R LILLE Il y a 245 ans, en mars 1769, précisément, naissait à Kavala, dans la province ottomane de Roumélie, celui qui allait devenir le fondateur de l’Egypte moderne : Méhémet-Ali. Avant de voir ses ambitions stoppées net par les deux puissances impériales du moment – la France et l’Angleterre – le vice-roi d’Egypte aura entamé un vaste mouvement de réformes destiné à moderniser le pays sur les plans politique, militaire, économique et social. Durant ses 44 années de règne, l’armée et l’administration s’égyptiannisent, l’agriculture est nationalisée, et des monopoles d’Etat sont constitués.

&

nouveaux marchés à sa jeune industrie. Car la rationalisation de l’agriculture et sa diversification (coton à longues fibres, lin, chanvre, céréales, olivier, mûrier, opium) vont considérablement enrichir le pays. L’Egypte, qui développe des industries de transformation (métallurgie, textile), exporte tant des matières premières que des produits finis. Des barrières douanières très élevées permettent par ailleurs de préserver le marché intérieur de la concurrence des produits étrangers. Pour mieux intégrer son pays dans les circuits du commerce international, Méhémet-Ali avait même envisagé la construction d’une ligne ferrée entre Le Caire et le grand port de Suez et le percement d’un canal reliant la mer Rouge à la Méditerranée, – c’est donc à lui que revient l’idée du fameux canal de Suez, une œuvre majeure du génie civil qui verra le jour vingt ans après sa mort.

Gaby Kerdoncuff est Breton, trompettiste et joueur de bombarde. Wirya Ahmed est Kurde irakien, poète, chanteur et joueur de oud. Ensemble, ils font fusionner la poésie bretonne et celle des Kurdes du sud. Avec Hedi Djabar et Éric Menneteau (chant), Azad Xeilani (ney), Sherwan Saedi (tambur, saz), Jean Le Floc’h (accordéon) et Yves-Marie Berthou (percussions).

Que peut-on apprendre de déterminant en se servant des outils de la psychanalyse pour comprendre les conflits qui dévastent les pays d’Islam ? Fethi Benslama, professeur de psychopathologie (Université Paris VII) présentera son dernier ouvrage.

Co s k u n

Taillées à la tronçonneuse, les sculptures de l’artiste turc Coskun s’imposent dans l’espace, tandis que ses peintures s’étendent de manière ouverte et lumineuse. Galerie Schw ab-B eaubourg J usqu’au 1 2 avril 3 5 , rue Q uincampoix 7 5 004 Paris

a do l es c en t

rigoureux et des dialogues minimalistes : au désordre bestial de la violence répond une maîtrise formelle parfaite. Aslan, 13 ans, vit avec sa grand-mère dans un village au Kazakhstan. Il fréquente un collège où la corruption et la violence tranchent avec son obsession du perfectionnisme. Le jeune Bolat, chef du gang des mauvais gar-

La g u e r r e d e s s u b je c t iv it é s d a n s l ’ Is l a m c o n t e m p o r a i n

Le 25 mars à 1 8h00 EH ESS 1 05 , boulevard Raspail 7 5 006 Paris

à v o ir...

La v en g ea n c e d’ un Qu’est-ce que la violence ? D’où vient-elle ? Comment se perpétue-t-elle ? Quelle place pour le pardon sous le règne du plus fort Le film d’Emir Baigazin répond à ces questions de manière singulière, en dissipant plan après plan l’énigme de son titre. Plan après plan, de manière fluide, s’égrènent des images en gris bleuté, des cadrages

B IENTÔ T DEVENU P ACH A D’ EG Y P TE Le sultan n’a d’autre choix que de le nommer Pacha d’Egypte (gouverneur) en 1805. Très vite, il se libérera de la tutelle ottomane, allant jusqu’à se faire le rival de l’empire dans la région. Dès 1811 en effet, ses troupes combattent les Wahabbites en Arabie, occupant La Mecque et Médine, villes saintes jusqu’alors sous l’autorité du calife ottoman. En 1831, MéhémetAli envahit la Syrie et, avec l’aide du colonel de Sèves, alias Soliman Pacha, vole de victoire en victoire. Effrayé, le Sultan lui cède la Palestine, la Syrie, et la région limitrophe d’Adana, dans le sud de la Turquie. Une décennie plus tôt, en 1820, le Pacha d’Egypte avait entamé la conquête du Soudan et construit sa capitale, Khartoum. Il s’agissait de contrôler les relais des riches caravanes en provenance d’Afrique centrale, de pourvoir son armée en esclaves noirs et d’ouvrir de

EXP O P H OTO

Alir e

Vo i x k u r d e e n B r e i z h

Le 21 mars à 20h3 0 Institut du monde arabe Place Mohammed V 7 5 005 Paris

CONF ÉRENCE

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textile… En 1798, l’Egypte est un pays pauvre, affaibli par trois siècles de luttes intestines au sein de la dynastie mamelouke. Un pays au surplus occupé par les troupes napoléoniennes. Cette occupation est un affront insupportable pour le sultan Selim III qui dépêche une armée. Dans ses rangs, Méhémet-Ali, jeune général albanais brillant et ambitieux. Il a 30 ans et est impressionné par l’organisation et l’efficacité de l’armée fran aise. Lorsque deux ans plus tard, les Français quittent l’Egypte, la situation politique est instable. Soutenu par les ulémas locaux, éhémet- li en profite pour renverser la dynastie fantoche des Mamelouks.

CONCERT

P o r t r a it d e Mé h é m e t - Al i par Aug uste Couder.

U N G ÉNÉRAL ALB ANAIS, B RILLANT ET AMB ITIEU X . . . Enrichi, le pays entre dans une phase d’expansion démographique : il s’industrialise, s’occidentalise, s’arme. Dans son Rambles in Egypt and Candia paru en 1837, Charles Rochfort Scott raconte avoir été frappé par «les grandes cheminées fumantes» de Boulaq, zone industrielle du Caire. L’officier britannique envoyé en mission en Egypte s’attendait à découvrir un pays figé dans l’éternité des pyramides : il découvre en ce début de XIXe siècle un pays riche engagé dans la course vers le progrès : rotatives d’imprimerie, fonderies, fabriques de draps, mais aussi fabriques de machines pour l’industrie

«M éh émet- A li avait envisagé le perc ement d’un c anal reliant la mer R ouge à la M éditerranée . . . »

Abou Tarek et Om Tarek sont effondrés par la disparition de leur fils cadet, Ahmed, qui a rejoint des forces extrémistes en Afghanistan. Le couple part à sa recherche dans l’enfer d’un pays alors déchiré par les combats et, particulièrement, la bataille de Tora Bora, en 2001. Heureusement ils sont rejoints, dans leur quête improbable, par leur fils aîné... Un drame de Walid Al Awadi (Koweït, 2011, VOSTF, 1h42). Le 24 mars à 1 8h3 0 Institut du monde arabe Place Mohammed V 7 5 005 Paris

EXP OSITION

Is l a m d e s m o n d e s

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To r a B o r a

çons, humilie Aslan devant ses camarades de classe et extorque de l’argent à tous les adolescents. Aslan prépare une vengeance féroce et implacable. A distance de tout traitement mélodramatique, le jeune réalisateur kazakh parvient à une dénonciation sans complaisance d’une société civile en proie à la corruption et la violence.

L e ç o n s d ’h a r m o n ie , réalisé par Emir Baigazin (drame, Kazakhstan, 2013, 1h44). Avec Timur Aidarbekov, Aslan Anarbayev, Mukhtar Andassov . Ours d’Argent de la Meilleure contribution artistique, Berlin 2013. Sortie en salles le 26 mars.

Mu s t a f a K e m a l a u x Da r d a n e l l e s

Une collection de photographies de Mustafa Kemal Atatürk aux Dardanelles, à l’occasion de la commémoration du centenaire de la première guerre mondiale. J usqu’au 5 avril Centre culturel Anatolie 7 7 , rue La Fayette 7 5 009 Paris


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O P I NI O N1 4

L e retour disc ret de l’ arm é e turq ue

Alors que le gouvernement turc cherche à créer une alliance avec son ancien adversaire, l’armée, pour affaiblir son ancien allié, le mouvement Hizmet, les forces L AL E K EMAL armées turques ont récemment pu bénéficier de plus grands privilèges économiques. Et ce, grâce à l’adoption d’une loi par le arlement fin février qui introduit des modifications pour certaines lois

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«Les privilèges qui existaient déjà pour l’armée ont été élargis par la législation»

Ed i t é p a r : Source SARL 2, boulevard Saint Martin 7 5 01 0 PARIS D irecteur de la Publication: D irecteur Général de Z aman France et D irecteur des rédactions: Rédacteur en chef adj oint: D irecteur Administratif: D irecteur des ressources humaines: Responsable Commercial: Service Abonnement: Secretaires de Rédaction:

HUSEYIN KARAKUS

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militaires et qui confère un plus grand pouvoir à l’armée. Ces mesures prises par le gouvernement pour obtenir le soutien de l’armée ont entraîné d’autres changements légaux, ouvrant la voie à la libération de plus de 50 accusés dans l’affaire Ergenekon, dont l’ancien chef d’étatmajor et général à la retraite, Ilker Basbug. La Cour constitutionnelle s’est prononcée en faveur des plaintes déposées par les condamnés, au motif que leurs droits n’avaient pas été respectés. En agissant ainsi, le gouvernement turc a montré que les anciennes réformes en faveur de l’affaiblissement du rôle de l’armée dans la politique étaient de moins en moins pertinentes.

U N B U DG ET Q U I MANQ U E DE TRANSP ARENCE Une étude du professeur Nurhan Yentürk de l’université ilgi d’Istanbul confirme que les privilèges qui existaient déjà pour l’armée ont été élargis par la législation. Intitulée «Calculer les dépenses de défense turques» et publiée par l’Institut

Le s v r a i s d é m o c r a t e s n e p o lit is e n t p a s l’is la m -

La Turquie a souffert d’une dictature laïque sous des régimes militaires pendant de nombreuses années. Les pratiques tragiques de l’armée et des forces «civiles» dirigées par l’armée pendant le processus du 28 février 1997 jettent encore une ombre aujourd’hui sur la politique et la société turques. Les grands projets sociaux autrefois portés par l’élite militaire pendant le processus du 28 février sont aujourd’hui utilisés par les élites politiques élues. Pendant le processus du 28 février, tous les acteurs religieux étaient définis comme des ennemis internes. Aujourd’hui, le mouvement Hizmet est décrit comme un «Etat parallèle» et le principal ennemi de la Turquie.

Face au conflit qui l’oppose a u m o u v e m e n t d u H iz m e t , le g ouvernement turc se rapproche de l’armée, notamment en lui octroyant de plus g rand privilèg es économiques. U n constat problématique pour la chroniqueuse Lale K emal, qui rappelle le manque de transparence du budg et militaire.

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B EGÜ M B U RAK

international de recherche sur la paix de Stockholm ce mois-ci, cette étude donne un précieux aperçu du budget de l’armée turque. Un budget qui manque de transparence, étant donné que certains chiffres ne sont même pas rendus disponibles aux législateurs. La première catégorie d’institutions citées dans le rapport rassemble les organismes dont les dépenses sont totalement transparentes comme le ministère de la Défense qui comprend l’état-major et l’armée de terre, de mer et de l’air, ou encore le commandement général de la gendarmerie (JGK), le commandement des garde-côtes et le Sous-secrétariat pour l’industrie de la défense du ministère de la Défense (SSM). La deuxième catégorie comprend les institutions dont l’accès aux informations budgétaires est limité. Elle regroupe le Fonds de soutien de l’industrie de la défense (SSDF), la société d’industries chimiques et mécaniques (MKEK), les gardes de village, le fonds secret, la recherche et le développement militaires, les prêts étrangers destinés aux dépenses de défense et les transferts financiers à la épublique turque de Chypre du Nord à des fins militaires. La troisième catégorie, dans laquelle très peu d’informations sont disponibles, comprend la Fondation de renforcement des forces armées turques (TSKGV) et les pensions pour le personnel militaire et civil à la retraite et anciennement employé dans l’armée.

LES DÉP ENSES MILITAIRES : 2 , 4 % DU P IB D’après le rapport, l’un des objectifs du TSKGV est de créer des entreprises de défense privées ou d’établir des partenariats avec des sociétés. Le TSKGV possède directement

ou indirectement des actions dans 18 entreprises. Ces entreprises ont une activité régie par les lois privées mais dirigées par des fonctionnaires. Aucune ressource n’est allouée à ces entreprises et à leurs filiales de la part du gouvernement, mais le TSKGV contribue de façon importante à différents types de dépenses de défense. Les versements des retraites représentent la troisième dépense la plus importante après celles destinées au ministère de la Défense et à la gendarmerie. Si on ajoute les pensions et les contributions du TSKGV aux projets militaires, le budget militaire monte à 2,4 % du PIB. Ce taux est proche de la moyenne des 2,9 % des dépenses militaires chez les pays-membres de l’OTAN. Même si la Turquie est membre de l’OTAN, souligne l’étude, elle n’a pas réussi à contrôler totalement son armée, mais a plutôt élargi le statut privilégié de l’armée turque. «Si quelques détails concernant les dépenses de défense sont disponibles en ligne – comme le budget du ministère de la Défense nationale – l’accès aux informations concernant d’autres branches est limité voire impossible […] Même si les dépenses militaires sont retombées depuis la fin des années , la Turquie continue d’avoir un poids relativement élevé dans les dépenses de défense – en 2012, la Turquie était classée 15e des pays ayant les plus importantes dépenses militaires. Il y a un objectif de réduction de ces dépenses, en particulier vis-àvis du personnel de même que celui d’une réduction de la taille de l’armée. Il est tout aussi important d’améliorer le contrôle démocratique de l’armée et d’augmenter la transparence des données militaires», cite notamment le rapport. lo g lu @ t o d a y s z a m a n .c o m

U N DISCOU RS NATIONALISTE ET RELIG IEU X De nombreux experts disent qu’avec la victoire de l’AKP en 2002, l’islam politique avait pris fin de fa on pacifique. ais, alors que l’ a commencé à renforcer son poids sur la base de ses succès électoraux et de ses réorganisations structurelles et légales, comme l’affaiblissement du rôle de l’armée dans la sphère politique par exemple, l’idéologie de l’islam politique a ressurgi. Les insurrections de Gezi et la position du gouvernement pendant ces événements ont bien mis en évidence le fait que l’AKP n’avait pas abandonné cet islam politique. Le discours nationaliste et religieux et l’approche étatiste du gouvernement montrent que celui-ci utilise la religion pour justifier ses actes et rendre ses arguments encore plus attractifs vis-à-vis du peuple. En d’autres termes, en plaçant le discours religieux au centre de sa terminologie politique, le gouvernement a essayé d’abuser des sensibilités religieuses en voulant gagner les cœurs et les esprits de larges segments de la société. L’ IMAG E TRANSF ORMÉE DU P AY S L’islam politique implique l’utilisation de la religion à des fins politiques. L’islam politique porte non seulement atteinte à l’islam mais mine également la démocratie. Dans la Turquie d’aujourd’hui, on constate que marier islam politique et démocratie affaiblit l’Etat de droit et paralyse la séparation des pouvoirs. De plus, l’enquête anticorruption et les enregistrements qui ont révélé l’utilisation de moyens illégaux et illégitimes pour truquer des appels d’offre, ainsi que les atteintes à la liberté des médias et à l’indépendance judiciaire ont transformé l’image de la Turquie en celle d’un Etat quasiment sous-développé aux yeux des experts européens. L’ ISLAM CIVIL Dans un régime démocratique, l’élite politique est censée être liée par une Constitution, des lois, des normes et des principes démocratiques. Elle doit être attentive à la protection des libertés civiles, des droits de l’homme et de l’Etat de droit en plus de permettre aux médias d’être libres et indépendants et aux universités d’être autonomes. Même si 99 % de la population turque est musulmane, les citoyens ne tiendront pas compte de la soi-disant piété de l’élite politique avant les élections locales. La faillite de l’Etat de droit en Turquie après le 17 décembre 2013 a été accompagnée d’une baisse de la légitimité de l’élite politique. Et dans ce processus, la politisation de l’islam via l’emploi de thèmes et de termes religieux au sein d’une propagande politique semble avoir irrité les Turcs. Pendant des années, le mouvement Hizmet a été l’unique acteur représentant l’islam civil en Turquie, et depuis plus d’une décennie, il s’est fait une réputation internationale pour ses activités de dialogue pédagogique et interreligieux. Le peuple turc est assez intelligent pour voir à quel point l’islam civil est utile à la démocratie, contrairement à l’islam politique, qui justement la mine. Les vrais démocrates ne peuvent ni politiser l’islam ni défier l’islam civil.


15 SPORT

2 1 - 2 7 MARS 2 0 1 4 ZAMAN FRANCE

LIG UE DES CH AMP IONS :

G alatasaray sort par la petite porte Les c h a mp io n s tur c s s o n t él im in és de l a Lig ue des Ch a mp io n s après leur défaite 2-0 face à Chelsea. Les buts ont été inscrits par Samuel Eto’o (4e minute) et Gary Cahill (42e minute). Passé complètement à travers de la rencontre, Galatasaray quitte donc la compétition en 8es de finale.

Ca n a l P l u s d e n o u ve a u e n g u e rre Sa m u e l Et o ’ o p o u r Ch e l s e a et Felipe Melo pour Galatasaray.

MAH MU T SARP PARIS Face à une équipe inexistante sur le terrain, les hommes de José Mourinho se sont tranquillement imposés face à leurs adversaires. De la 1re à la 90e minute, les « Blues » n’auront jamais été mis en difficulté. La soirée a vite tourné au cauchemar pour Galatasaray qui a encaissé un but du Camerounais Samuel Eto’o sur une sublime passe décisive d’Oscar dès la 4ème minute. Au match aller à Istanbul, les Turcs avaient su se ressaisir après un but encaissé encore une fois en tout début de match. Cette fois-ci, ça n’a pas été le cas. Les milieux offensifs adverses, Oscar, Hazard et Willian n’ont pas arrêté de presser les défenseurs turcs qui n’ont pas réussi à aligner cinq passes de suite durant tout le match. is en difficulté par son adversaire, Galatasaray n’a pas non plus hérité d’un arbitrage exemplaire. Sur le but du défenseur Cahill, le corner accordé par l’arbitre allemand à Chelsea était une mauvaise décision.

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U N ÉCART INDISCU TAB LE En seconde période, les changements apportés par Roberto Mancini n’ont rien changé. Le coach italien a remplacé l’inexistant Burak Yilmaz par Umut Bulut dès la 52e minute, mais ce dernier n’a pas pu faire la différence. Didier Drogba, qui a été ovationné à de nombreuses reprises par les supporters de son ancien club, a été très loin de répondre aux attentes des supporters turcs qui ont donné de la voix dans le stade de Stanford Bridge. Il n’a pas pu retenir ses larmes lorsque les fans de Chelsea ont scandé son nom, lors de la remise d’un trophée le remerciant de tous ses efforts pour le club londonien, juste avant le début du match. Chelsea n’a pas eu à forcer son talent pour tranquillement gérer la fin de ce match, tant l’écart était indiscutable entre les deux équipes ce soir. Statistique révélatrice, le seul tir cadré des Turcs est arrivé dans les arrêts de jeu de la seconde période. Sur un coup franc tiré du côté droit, Didier Drogba n’a pas pu mettre le ballon au fond des filets à cinq mètres du but. Chelsea accède donc aux quarts de finale et va attendre le tirage au sort, qui aura lieu le 21 mars avant de connaître son adversaire. Du côté de Galatasaray, on va essayer de lutter avec Fenerbahce en championnat pour le titre, tâche très difficile car les jaunes et bleus ont huit points d’avance. Il reste néanmoins pour Galatasaray la Coupe de Turquie avec une rencontre face à Bursaspor en milieu de semaine prochaine.

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MAH MU T SARP PARIS Il y a encore une semaine, la chaîne Bein Sports du groupe qatari Al Jazeera rachetait les droits de diffusion de la prochaine Coupe du Monde. Le grand rival de Canal Plus obtenait une nouvelle victoire dans la guerre que se livrent ces deux géants de la télévision. Le deuxième choc pour la chaîne cryptée pourrait arriver au mois d’avril avec les appels d’offres pour la Ligue des Champions (de 2015 à 2018) et la Ligue 1 (20162020). Bertrand Meheut, président de Canal Plus, dans une interview accordée au Figaro, a estimé «ne pas comprendre cette précipitation». En effet, la Ligue de football professionnel a avancé l’appel d’offres concernant la Ligue 1. L’objectif est de faire grimper les sommes en profitant de l’effet Paris-Saint-Germain et de ses stars, de l’émergence de Monaco et surtout de la grosse bataille entre Bein Sports et Canal Plus. «La ligue de football nous a vendu les droits jusqu’en 2016, nous souhaitons en bénéficier sereinement» a lancé ertrand Meheut avant de poursuivre «à ce rythme, pourquoi ne pas lancer l’appel d’offres pour la période 20202025 ?». La LFP, par le biais de son président Frédéric Thiriez, a voulu calmer les ardeurs. «Le management de Canal Plus devrait adopter une attitude positive et offensive au lieu de se montrer procédurier» a lancé le président de la LFP. Les droits de diffusion de la Ligue 1 devraient être attribués le 4 avril prochain.

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45 ans plus tard, ils reçoivent la «Medal of Honor» -

En répondant au téléphone au printemps 2013, Melvin Morris ne s’attendait surtout pas à parler avec le président des Etats-Unis. Encore moins à entendre ce dernier s’excuser parce que Melvin n’avait pas reçu la «Medal of Honor» (plus haute distinction militaire américaine). «J’en suis tombé à genoux» a expliqué le vétéran, sur les ondes de la National public radio. Le 17 septembre

1969, au sud du Vietnam son escouade est prise dans une embuscade. Il voit soudain son sergent tombé après avoir reçu une balle, il va chercher le corps malgré les balles qui pleuvent. Revenu avec, il se rend compte que l’étui où l’officier range ses cartes est tombé. Il repart, toujours sous le feu ennemi, pour éviter que cet objet ne tombe entre de mauvaises mains.

LE RÉEXAMEN DES DOSSIERS Il sera félicité pour sa bravoure, mais ne recevra pas la Medal of Honor, sûrement à cause de sa couleur de peau (noire), comme l’a établi le réexamen de son dossier. En 2002, le Congrès a demandé à ce que les dossiers des vétérans américains juifs, hispaniques et noirs soient revus afin de déterminer si des discriminations raciales avaient eu lieu. Le président Obama a donc décidé de récompenser les vétérans qui se sont illustrés dans différentes conflits, la Deuxième Guerre mondiale, la guerre de Corée et la guerre du Viernam. Selon le Los Angeles Times, sur les 24 vétérans, 19 sont vivants. Parmi eux, on trouve 17 Latinos-Américains, un Afro-Américain et un Juif. Les proches des soldats qui sont déjà morts, recevront aussi la distinction à titre posthume. C’est le cas de Joe Rodriguez, 73 ans, patron d’un club de strip-tease réputé des environs de Miami, qui recevra la médaille au nom de son oncle tombé en 1952 en Corée. Quand l’armée l’a contacté, il leur a rappelé qu’il tenait un strip-club, pour empêcher toute mauvaise surprise. «Ca ne change rien» lui a répondu l’armée.

Des astronomes annoncent avoir découvert les «ondes gravitationnelles»

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Des astronomes ont annoncé lundi avoir découvert ce que beaucoup considèrent comme le Graal dans leur domaine : des rides dans l’espacetemps qui sont comme l’»écho» de la formidable expansion de l’univers peu après le Big Bang. Prévue par Albert Einstein voici près d’un siècle, la découverte des ondes gravitationnelles aiderait les scientifiques, si elle était totalement confirmée, à comprendre les débuts de l’univers. «La détection de ces signaux est l’un des plus importants objectifs de la cosmologie aujourd’hui», a déclaré John Kovac, du centre d’astrophysique Harvard-Smithsonian, qui a été à la pointe de cette découverte.

A TRAVERS LE COSMOS Les ondes gravitationnelles sont d’infimes ondulations primordiales qui se propagent à travers le cosmos. Les astronomes les traquent depuis des décennies car elles recèlent la preuve de la théorie de la relativité générale, publiée en 1916 par Einstein, mais aussi de la théorie de l’inflation cosmique, qui a été mise au point durant les années 1980. Les ondes gravitationnelles ont été détectées par un téléscope au pôle Sud, appelé BICEP (Background Imaging of Cosmic Extragalactic Polarization). L’instrument traque le rayonnement fossile micro-onde, découvert en 1964 par les astronomes de Bell Labs dans le New Jersey, qui est à ce jour la meilleure preuve que l’univers a commencé par une explosion d’une température extrêmement élevée.


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