Fr n°309

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Le Crac des Chevaliers, forteresse stratégique

Les Français bons en résolution de problèmes

CULTURE13

SOCIETE04

Sivasspor : Chahechouhe et la rumeur OM SPORT15

04 - 10 AVRIL 2014 N° 309 Prix : 2,5 €

WWW.ZAMANFRANCE.FR

Les Turcs plébiscitent l’AKP Malgré les scandales de corruption et les mesures liberticides, le peuple turc a réitéré sa confiance au Premier ministre pour la 8e fois. C’est une première dans l’histoire de la République.

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Et la palme revient donc à Tayyip Erdogan. Le Premier ministre turc qui a «nationalisé» et «personnalisé» les élections municipales sort grand vainqueur du scrutin. Les résultats sont sans équivoque : l’AKP, parti au pouvoir, a remporté 44 % des suffrages au niveau national, 6 points de plus

EDITO

par rapport aux élections locales de 2009. Le principal parti d’opposition, le CHP (gauche kémaliste), a également augmenté son score, passant de 23 % en 2009 à 28 % en 2014. Le parti de la droite nationaliste (le MHP) a gagné deux points, passant de 16 % à 18 %. -SAMI KILIÇ ELECTIONS TURQUES 06

Pourquoi Erdogan a gagné les élections r14

Les défis de la victoire d’Erdogan EMRE DEMIR r02

Une élection entachée de fraudes

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De nombreux cas de fraude ont été rapportés à travers toute la Turquie en ce dimanche 30 mars à l’occasion des élections locales, qui se sont transformées en un véritable référendum sur le gouvernement. -TURQUIE 07

Erdogan lorgne la présidence de la République

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Au lendemain de son triomphe, le Premier ministre turc a rencontré le président de la République, le fidèle d’entre les fidèles. Les discussions ont repris de plus belle sur l’éventuelle permutation des postes entre les deux compagnons de route. -TURQUIE 08

Valls, chef d’un gouvernement de «combat»

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Le Coran à l’honneur dans la vente de la collection Guerrand-Hermès

Le remaniement décidé cette semaine par François Hollande a créé la surprise. La nomination de Manuel Valls comme Premier ministre a aussi provoqué des remous à gauche. Les ministres écologistes ont quitté le navire socialiste et Mélenchon, du Front de Gauche, a prévenu qu’il voterait contre ce gouvernement. -FRANCE 02

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L’importante collection de Xavier Guerrand-Hermès a été mise à l’enchère le 25 mars 2014 par Artcurial à l’Hôtel Marcel Dassault. 226 œuvres d’art d’Orient et de l’Islam ont été exposées. La vente, dont la première vacation a généré 1 303 500 euros, s’est faite au bénéfice de la Fondation Guerrand-Hermès, créée en 1996 afin de promouvoir le dialogue interreligieux. Les différentes versions du Coran ont été particulièrement sollicitées. -SAMI KILIÇ SOCIETE 05

Nilüfer Göle

Les paradoxes de la démocratie turque

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Dans une chronique publiée en deux parties, la sociologue Nilüfer Göle (directrice d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales de Paris) souligne que, prise dans un contexte politique grave, et à l’ère de l’information, la Turquie se retrouve perdante. Zaman France vous propose quelques passages de son analyse. -TURQUIE 09


02 FRANCE Valls, chef d’un nouveau gouvernement de «combat» Les défis de la victoire d’Erdogan

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EDITO EMRE DEMIR

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a remporté les élections haut la main ce dimanche. Une victoire nette pour le leader de l’AKP alors que son gouvernement est soupçonné d’être mêlé à une vaste affaire de corruption. Selon une étude réalisée par Ipsos en Turquie, 88 % de sa base électorale a voté pour Erdogan en raison du succès économique. La même étude montre que les révélations sur la corruption ont eu pratiquement aucun effet. Dans les pays en développement comme la Turquie, tant que l’économie va bien, les électeurs ne prennent pas en considération les affaires de corruption quand ils déposent leur bulletin dans l’urne. Paradoxalement, Erdogan a même consolidé une certaine partie de sa base électorale grâce à une guerre asymétrique contre le Hizmet avec l’aide d’une grosse machine de propagande et les moyens de l’Etat. Erdogan a réussi encore une fois son pari grâce à une double stratégie : un discours de victimisation et une diabolisation systématique de ses opposants. Le discours complotiste d’Erdogan qui cible un mouvement religieux a curieusement marché d’autant plus que les deux protagonistes étaient issus du même milieu social. La rhétorique complotiste consiste à accuser des individus physiquement non-identifiables, ressemblant à tout le monde, mais censés avoir des intentions sournoises. En outre, les résultats de l’élection ont été faussement interprétés comme un « échec politique » du mouvement Hizmet. Ce dernier n’est pas un parti politique qui a participé au scrutin. Ces résultats nous permettent aussi de démystifier enfin le mouvement Hizmet dont l’influence avait été jadis intentionnellement exagérée par l’armée kémaliste. Aujourd’hui l’AKP utilise les mêmes recettes avec beaucoup plus de succès. Pendant des années, le mouvement Hizmet a été décrit dans la presse internationale comme «la base sociale de l’AKP», «l’éminence grise du pouvoir», «un allié de l’AKP» etc. Le Hizmet n’est pas un mouvement monolithique et pyramidal qui représente un vote bloc mais est composé de réseaux informels qui se rassemblent autour des projets et des idées de Gülen. Ni les acteurs de la société civile comme le Hizmet, ni les groupes ethniques, religieux etc. possèdent un pouvoir pour équilibrer ou influencer le pouvoir d’Erdogan. La stratégie électorale gagnante d’Erdogan est aussi un défi pour la Turquie à moyen terme. Car la Turquie aujourd’hui est isolée à l’extérieur, polarisée à l’intérieur. e.demir@zamanfrance.fr

Le remaniement décidé cette semaine par François Hollande a créé la surprise. La nomination de Manuel Valls comme Premier ministre a aussi provoqué des remous à gauche. Les ministres écologistes ont quitté le navire socialiste et Mélenchon, du Front de Gauche, a prévenu qu’il voterait contre ce gouvernement.

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Ancien ministre C’est la conséquence directe de la failde l’Intérieur, lite électorale des municipales pour Manuel Valls les socialistes. Le remaniement décidé devient le nouveau Premier par François Hollande cette semaine a eu ministre. comme perdant direct Jean-Marc Ayrault destitué de son poste de Premier ministre et remplacé par Manuel Valls, au grand dam de l’aile gauche socialiste. Seize ministres siègeront dans ce nouveau gouvernement français dont Michel Sapin aux Finances, Arnaud Montebourg à l’Industrie et Bernard Cazeneuve à l’Intérieur. La nouvelle équipe resserrée, où la parité est respectée avec huit femmes, a été dévoilée par le secrétaire général de l’Elysée, Pierre-René Lemas, sur le perron de l’Elysée. Le secteur de l’Economie est divisé en deux avec Michel Sapin aux Finances et aux Comptes publics, et Arnaud Montebourg chargé de l’Economie, du Redressement productif et du Numérique. Laurent Fabius et Jean-Yves Le Drian conservent leurs postes antérieurs, aux Affaires étrangères et à la Défense.

HAMON PREND L’EDUCATION NATIONALE Christiane Taubira reste ministre de la Justice. Le ministère de l’Intérieur est confié à Bernard Cazeneuve, anciennement au Budget. Ce ministère stratégique a fait l’objet d’un différend entre François Hollande et Manuel Valls qui souhaitaient y placer un proche. François Rebsamen était le candidat du président, Jean-Jacques Urvoas celui du Premier ministre. Ségolène Royal, ancienne ministre et mère des enfants de François Hollande, fait son entrée à la tête d’un grand ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie. L’ex-candidate socialiste à l’élection présidentielle en 2007

s’occupera de ce secteur-clé en l’absence des Verts, qui ont refusé de participer à ce gouvernement. Autre nouveau venu, le maire de Dijon, François Rebsamen, est nommé ministre du Travail, de l’Emploi et du Dialogue social. Benoît Hamon, figure de l’aile gauche du Parti socialiste, est promu à l’Education nationale, l’Enseignement supérieur et la Recherche, en remplacement de Vincent Peillon. Najat Vallaud-Belkacem se retrouve à la tête d’un grand ministère des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports. Stéphane Le Foll, qui reste à l’Agriculture, est le nouveau porte-parole du gouvernement. PHOTO DE LA SEMAINE

A Gaziantep, en Turquie, le décompte des voix des élections municipales s’est fait à la bougie, des coupures d’électricité ayant eu lieu dans au moins 22 provinces turques le soir du scrutin du 30 mars.

...ET UNE MAUVAISE

UNE BONNE...

Nette hausse du chômage en février

La croissance de l’économie française a bien atteint 0,3% en 2013, indique lundi l’Insee en confirmant que le produit intérieur brut avait progressé d’autant au quatrième trimestre. Ce dernier retrouve ainsi son niveau d’avant-crise, en 2008, à la faveur d’un rebond de l’investissement des entreprises et de la consommation des ménages, qui ont puisé pour cela dans

Le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A, sans la moindre activité, a nettement augmenté en février en France en raison d’une poursuite de la progression du chômage chez les seniors et d’un coup d’arrêt à sa baisse chez les moins de

leur épargne, en fin d’année. L’Insee a revu toutefois l’évolution du PIB du 3e trimestre 2013, qu’elle estime à nouveau en recul de 0,1 % – alors qu’elle l’avait corrigé à 0,0 % dans sa précédente publication – après le rebond de 0,6% enregistré au 2e trimestre. Ces évolutions témoignent pour les économistes d’un profil de «tôle ondulée» pour la reprise de l’économie française.

25 ans, selon les chiffres diffusés mercredi par le ministère du Travail. La hausse globale est de 0,9%. Un nouveau total record de 3 347 700 demandeurs d’emplois de catégorie A étaient recensés fin février en France métropolitaine, soit 31 500 de plus en un mois.

NOUVELLE

La croissance française à + 0,3% en 2013


03 FRANCE

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«Si ce n’est pas le cas, ce ne sera plus la Grande-Bretagne, mais la Petite-Bretagne» Laurent Fabius a estimé, lors d’une conférence à Berlin, que si les Britanniques décident de quitter l’Union européenne, leur pays ne méritera plus son nom de Grande-Bretagne.

ELECTIONS MUNICIPALES :

La droite conquiert la Seine-Saint-Denis La vague bleue qui a suivi les élections municipales a réservé son lot de surprises. Ainsi de la Seine-Saint-Denis, bastion historique de la gauche, qui vient de passer sous la coupe de la droite, désormais majoritaire.

La droite contrôle à présent 21 villes sur 40 en Seine-SaintDenis.

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La Seine-Saint-Denis, passe donc à droite, avec désormais 21 villes sur 40. Une victoire symbolique pour l’UMP et ses alliés dans un département traditionnellement à gauche. Parmi les prises de guerre de la droite, on compte Saint-Ouen, Le Blanc-Mesnil, Bobigny, Aulnay-sous-Bois, Villepinte et Livry-Gargan. Dans cette dernière ville, c’est le jeune Pierre-Yves Martin, 33 ans, UDI, qui l’a emporté face à Alain Calmat (DVG). Même au Raincy, Eric Raoult a été battu par un dissident de droite. A Aulnay-sous-Bois, la crise engendrée par la fermeture de l’usine Peugeot PSA a été décisive sur le scrutin. C’est le médiatique Bruno Beschizza, ancien syndicaliste policier qui a décroché plus de 60 % des suffrages. Mais c’est à Bobigny que la droite obtient sa plus belle victoire. Dans ce fief communiste, le candidat Stéphane De Paoli, soutenu par l’UDI a remporté 54% des voix, contre seulement 46% pour la maire sortante Catherine Peyge. 49% d’électeurs se sont tout de même abstenus.

LA LENTE AGONIE DU PARTI COMMUNISTE Avec cette victoire, l’UDI s’octroie une zone d’influence politique importante dans ce département avec à Drancy, Jean-Christophe Largarde, réélu dès le premier tour, et qui bénéficie d’une solide expérience politique. Pour le politologue David Gouard, cette victoire de la droite est à mettre en

lien avec la disparition du Parti communiste. «Il y a une tendance de fond du déclin communiste. Elle se manifeste au niveau national au moment de la présidentielle ou des législatives : le PCF a notamment perdu des circonscriptions dans le Val-deMarne en 2012» confie-t-il au JDD. Par ailleurs, l’analyste attribue à Jean-Christophe Lagarde le mérite d’un ancrage réussi à droite. «Jean-Christophe Lagarde a en effet réussi à faire de la droite et du centre une opposition constructive et qui réussit en Seine-Saint-Denis. Il est frappant de noter que beaucoup de mouvements associatifs de jeunes ne se rallient pas forcément à la gauche, comme cela peut être attendu, mais à la droite», ajoute-t-il.

Le PS perd 155 villes -

L’abstention a atteint les 38 % au second tour.

La majorité de gauche a subi dimanche la sanction annoncée au second tour des municipales sans avoir pu contenir la vague de l’UMP et de ses alliés centristes, de même que la percée du Front national, Selon des résultats provisoires communiqués par le ministère de l’Intérieur, au moins 155 villes de 9 000 à 100 000 habitants ont basculé de gauche à droite, «une vague bleue» revendiquée par Jean-François Copé, président de l’UMP, qu’il considère désormais comme «le premier parti de France». Malgré l’élection d’Anne Hidalgo à Paris, «l’arbre» symbolique censé masquer une forêt d’échecs, la gauche n’aura pas réussi à mobiliser son électorat dans l’entre-deux-tours, signe d’un désaveu tenace envers François Hollande et sa politique. L’abstention, qui avait déjà atteint

un taux sans précédent au premier tour (36,45 %), s’établit, record historique, à quelque 38 %.

QUELQUES ÎLOTS DE RÉSISTANCE Les déçus du «hollandisme» ont, pour une bonne part, soit grossi les rangs des abstentionnistes soit reporté leurs voix vers les listes du FN, qui réussit le pari de l’implantation locale sans toutefois déclencher une vague «bleu marine». La gauche résiste à Lyon, Lille, Strasbourg, Nantes, Rennes, Metz, Brest, Lens, et conquiert Avignon, Douai, Lourdes. Les écologistes, qui ont pris la ville de Grenoble au PS, ont de nouveau mis en garde le gouvernement par la voix de leur secrétaire nationale Emmanuelle Cosse : «Nous avions bien dit que des choses n’allaient pas. Il faut rediscuter les 50 milliards d’économies» sur les dépenses publiques.


04 SOCIETE

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Les jeunes Français doués dans la résolution de problèmes Les jeunes Français font bonne figure dans une étude de l’OCDE concernant la résolution de problèmes. Classés 13es, ils arrivent juste derrière les jeunes Asiatiques et relèvent leur classement international plombé par un mauvais niveau en mathématiques.

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Les jeunes Français figurent dans le peloton de tête mondial pour la résolution de problèmes, indépendamment de leurs connaissances académiques, selon une étude de l’Organisation de coopération et de développement économiques publiée mardi. Pour la première fois, une évaluation des «méthodes créatives de résolution de problèmes» a été réalisée dans le cadre du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa) de l’OCDE auprès de 85 000 élèves de 15 ans venant de 44 pays et économies. Ce test informatisé, basé sur des situations de la vie réelle, est destiné «à mesurer les compétences que les jeunes utiliseront face à des problèmes de la vie courante, comme régler un thermostat ou trouver l’itinéraire le plus rapide vers une destination». Dans un classement dominé une nouvelle fois par les Asiatiques, les jeunes Français peuvent se prévaloir d’une honorable 13e place avec un score de 511 points, au-dessus de la moyenne de l’OCDE (500), alors que la France a été reléguée à la 25e place du Pisa 2012 en lecture, mathématiques et sciences.

DES JEUNES QUI N’ONT PAS LA BOSSE DES MATHS ! Les jeunes Français obtiennent de meilleurs résultats en résolution de problèmes qu’en mathématiques. Un élève français sur huit est capable «d’explorer systématiquement une situation de problème complexe, d’élaborer des solutions à plusieurs étapes» et «d’adapter sa stratégie en fonction des informations qu’il reçoit en retour», peut-on lire dans l’étude. A l’opposé, «un élève français sur six est tout au plus capable de résoudre des problèmes très simples qui ne demandent pas de réflexion préalable, (...) comme

La France a été reléguée à la 25e place du Pisa 2012 en lecture, mathématiques et sciences.

par exemple choisir un ensemble de meubles le moins cher possible pour meubler une pièce dans un catalogue regroupant différentes marques et prix». Pour Andreas Schleicher, directeur par intérim de la Direction de l’éducation et des com-

pétences de l’OCDE, «les élèves âgés de 15 ans aujourd’hui qui ont une capacité médiocre en résolution de problèmes seront demain des adultes qui auront des difficultés à trouver et à garder un bon emploi».

Le nombre de Drives dépasse celui des hypermarchés Le nombre de Drives en France a franchi un cap, dépassant pour la première fois le nombre d’hypermarchés répartis sur le territoire, selon les chiffres publiés mardi par l’institut Nielsen. Dopé par un rythme frénétique d’ouvertures au cours des deux dernières années, le nombre de Drives, ces points de retrait qui permettent aux clients de passer leurs commandes sur le site internet des distributeurs et d’en prendre livraison en magasin dans les 24 heures, a atteint 2 031 à la fin mars, contre 2 022 hypermarchés. Le concept inventé par Auchan il y a dix ans avec un premier «Chronodrive» à Marcqen-Baroeul (Nord) a connu un succès fulgurant et a profondément bouleversé le paysage de la distribution alimentaire. Alors que sa rentabilité est loin d’être avérée, le Drive est devenu l’outil incontournable des distributeurs dans leur course à la part de marché. Leclerc, de loin le plus agressif dans le développement de ce format, détenait quelque 462 Drives à la fin mars 2014, selon Nielsen TradeDimensions, devant Intermarché (379), Carrefour (353), Système U (293) et Casino (131). Resté plus en retrait, le pionnier Auchan comptait quant à lui 93 Auchan Drives et 69 Chronodrives. Le distributeur nordiste a d’ailleurs expliqué en partie sa perte de parts de marché en France l’an dernier par de moindres ouvertures de Drives que ses concurrents.

MON AVOCAT CANAN ÖZENICI

TVA : pour les soustraitants du BTP, la méfiance est de rigueur Nous nous sommes penchés lors de notre dernière chronique sur le nouveau dispositif d’autoliquidation de la TVA que le gouvernement a mis en place afin d’intensifier la lutte contre la fraude dans le secteur du bâtiment. Restait à expliquer les modalités d’application de ce dispositif. Il s’applique à compter du 1er janvier 2014 pour les contrats de sous-traitance signés. En l’absence de contrat de sous-traitance formel, le devis tient lieu de contrat ou encore de bon de commande signé ou autre document permettant d’établir l’accord de volonté entre l’entreprise principale et son sous-traitant pour la réalisation des travaux sous-traités et leur prix. Ne sont pas concernées par le dispositif les prestations fournies en exécution de contrats-cadres ou à des contrats de sous-traitance signés avant le 1er janvier 2014, sauf lorsque ce contrat a fait l’objet d’une tacite reconduction postérieure à cette date et que ces prestations sont elles-mêmes réalisées après la date de la tacite reconduction. Techniquement, la facture relative aux opérations concernées par l’autoliquidation ne mentionnera pas la TVA exigible. Cependant, elle doit faire apparaître distinctement que la TVA est due par le preneur (le donneur d’ordre) assujetti et porter la mention «autoliquidation», en application du 13 du I de l’article 242 nonies A de l’annexe II au CGI, justifiant l’absence de collecte de la taxe par le sous-traitant. Le preneur assujetti à la TVA en France mentionne le montant hors taxes des prestations qui lui sont fournies et qui sont soumises à l’autoliquidation sur la ligne « autres opérations imposables » de sa déclaration de chiffre d’affaires. La taxe ainsi acquittée est déductible dans les conditions de droit commun. La violation de cette obligation de déclaration par le donneur d’ordre est sanctionnée par l’amende de 5 % de la prestation. Le sous-traitant, lui, mentionnera sur la ligne «autres opérations non imposables» de sa déclaration de chiffre d’affaires le montant total, hors taxes, des opérations réalisées. Mais attention, s’il ne collecte pas lui-même la taxe, le soustraitant pourra tout de même la déduire sur ses propres dépenses dans les conditions de droit commun. Cette déduction peut, selon le cas, prendre la forme d’une imputation de taxe (sur les marchés ou il est donneur d’ordre) ou d’un remboursement de crédit de taxe. Dans le cas de paiements directs des sous-traitants par le maître de l’ouvrage (délégation de paiement où action directe), même principe, le paiement sera fait sur une base hors taxe et l’entrepreneur principal autoliquidera la TVA. Nous ne pouvons que conseiller d’être vigilant en la matière et surveiller toute nouvelle communication dans les prochaines semaines, car la mise en place de ce dispositif risque de ne pas se faire tout en douceur… Pour vos questions : ceruguz@yahoo.fr


05 SOCIETE

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Le Coran à l’honneur dans la vente de la collection Guerrand-Hermès PHOTOS : FATIH TURSUN

L’importante collection de Xavier Guerrand-Hermès a été mise à l’enchère le 25 mars 2014 par Artcurial à l’Hôtel Marcel Dassault. 226 œuvres d’art d’Orient et de l’Islam ont été exposées. La vente, dont la première vacation a généré 1 303 500 euros, s’est faite au bénéfice de la Fondation Guerrand-Hermès, créée en 1996 afin de promouvoir le dialogue interreligieux. Les différentes versions du Coran ont été particulièrement sollicitées.

SAMI KILIÇ PARIS «Le fil continu de cette collection, c’est le goût extraordinaire autour du raffinement». Le ton est d’emblée donné par François Tajan, commissairepriseur de la vente. Les lots exposés sont en effet d’une haute valeur esthétique. Les bronzes et poteries, les céramiques médiévales, les carreaux de revêtement, les miniatures ainsi que les manuscrits et calligraphies sont d’une remarquable beauté. Les œuvres islamiques constituent le clou de la collection. Cette dernière «contient les deux éléments importants de l’art islamique : l’écriture c’est-à-dire la transcription de la parole de Dieu et la céramique qui est un des arts les plus développés au monde», nous explique Annie Kevorkian, experte de l’art islamique.

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Firman du sultan ottoman Ahmed III, 1708.

UN PUBLIC ÉCLECTIQUE Xavier Guerrand-Hermès a décidé de se séparer de sa collection, les objets doivent poursuivre leur existence sous d’autres cieux. «Le but est d’initier de nouvelles collections», confie M. Tajan. On ne pouvait mieux espérer puisque les arts du livre justement, les manuscrits et les miniatures, sont particulièrement recherchés. Selon Mme Kevorkian, «dans l’art islamique, les gens n’ont pas besoin de pouvoir tout lire, nous vendons les pages coufiques [style de calligraphie arabe rigide] aussi bien à des acheteurs d’art contemporain qu’à des collectionneurs d’art islamique, il y a une telle stylisation». «Des collectionneurs d’art contemporain sont étonnés par la dimension graphique qu’on retrouve dans l’écriture coufique : c’est tellement moderne, cette gestuelle, c’est magnifique», abonde pour sa part François Tajan. Le commissaire-priseur spécialiste de l’Art Déco n’en a pas moins une admiration pour les enluminures : «J’aime le raffinement du dessin, la fraîcheur des couleurs, cette espèce de candeur. C’est un univers dans lequel on plonge, il y a une densité». INTÉRÊT MANIFESTE POUR LE CORAN Les manuscrits du Coran ont été pour certains âprement disputés. Au total, sept copies ont été adjugées. Un manuscrit coranique de l’époque abbasside en écriture coufique (9e siècle) à 8 800 euros (11 440 TTC). Un autre de l’époque andalouse (13e-14e siècle) à 13  000 euros (16 900 TTC). Un juz (une partie) coranique du milieu du 16e siècle à 12 000 euros (15 600 TTC). Un Coran ottoman en écriture naskhi [style calligraphique plus

arrondi par rapport au coufique] a trouvé acheteur à 4 000 euros (5 200 TTC). Deux Corans qajars (persans) du 19e siècle ont également été vendus à 3 900 euros chacun. C’est le juz coranique mamelouk attribué à Ibn al-Wâhid (14e siècle) qui a tenu en haleine l’assistance. L’enchère, qui a commencé à 25 000 euros, a finalement abouti à 82 000 euros (103 480 TTC) après des minutes de va-et-vient entre deux acheteurs qui n’ont pas lâché prise jusqu’au bout.

DES PIÈCES PRÉCIEUSES DE L’ART OTTOMAN ET PERSAN L’art ottoman était représenté par deux firmans impériaux (actes officiels) du sultan Ahmed III portant sur des capitulations (18e siècle), l’un vendu à 50 000 euros (63 800 TTC), l’autre à 45 000 (57 600 TTC). Mais la représentante du musée du Louvre a immédiatement annoncé que le musée exerçait son droit de préemption [droit du musée de se substituer au dernier enchérisseur lorsque le bien représente un intérêt majeur pour le patrimoine national]. En 2011, un acte du sultan Ahmed Ier, était déjà entré dans les collections du Louvre. Enfin, un autre lot d’importance pour un public musulman, une miniature persane du 16e siècle représentant l’ascension du Prophète et son voyage nocturne vers Jérusalem (le mi’raj), a été cédé à 18 200 euros. Comme le note Annie Kevorkian, «sans doute, cette miniature aura-t-elle inspiré la naissance de cette collection et illustre-t-elle au mieux la vocation de dialogue interreligieux promue par la Fondation Guerrand-Hermès pour la Paix».


06 ELECTIONS TURQUES

2014

04 - 10 AVRIL 2014 ZAMAN FRANCE

Victoire sans appel ‘‘ pour Erdogan

Le Premier ministre annonce qu’il poursuivra sa guerre contre le Hizmet A l’occasion du discours célébrant la victoire de son parti, Erdogan a réitéré ses déclarations de guerre contre le mouvement Gülen. En exclusivité, Zaman France publie les temps forts de son discours.

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Pour la première fois en 12 ans, toute la famille d’Erdogan était présente au balcon.

Malgré les scandales de corruption et les mesures liberticides, le peuple turc a réitéré sa confiance au Premier ministre pour la 8e fois. C'est une première dans l'histoire de la République. SAMI KILIÇ PARIS Et la palme revient donc à Tayyip Erdogan. Le Premier ministre turc qui a «nationalisé» et «personnalisé» les élections municipales sort grand vainqueur du scrutin. Les résultats sont sans équivoque : l’AKP, parti au pouvoir, a remporté 44 % des suffrages au niveau national, 6 points de plus par rapport aux élections locales de 2009. Le principal parti d’opposition, le CHP (gauche kémaliste), a également augmenté son score, passant de 23 % en 2009 à 28 % en 2014. Le parti de la droite nationaliste (le MHP) a gagné deux points, passant de 16 % à 18 %. Le BDP et le HDP, partis pro-kurdes, ont capitalisé 6.5 %, un point de plus qu’en 2009. Les électeurs ont donc balayé d’un revers de la main toutes les accusations de corruption, de malversations et d’autoritarisme. Le «bourreau des libertés» dénoncé par l’opposition s’est vu confier une nouvelle fois le billet de «chantre de la démocratie» par le peuple. Fehmi Koru, chroniqueur du journal Star, lie ce succès à «la réaction du peuple aux interventions qui se sont faites en dehors des voies politiques». «La surprise de cette élection existe, c’est précisément que le peuple a défendu la démocratie», écrit-il.

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L’ÉLECTORAT A SUIVI La stratégie de diabolisation du mouvement Hizmet, présenté par Erdogan comme une organisation mafieuse voulant la perte de son gouvernement, a donc eu les résultats escomptés. La dispute s’est cristallisée sur la défense de «la sécurité nationale», l’électorat a suivi. Les conservateurs se sont également mobilisés pour

soutenir celui qui leur a donné de la visibilité et de la confiance en eux. D’ailleurs, Erdogan a salué dans son désormais fameux «discours du balcon» les peuples musulmans qui avaient les yeux rivés sur la Turquie (l’Egypte, la Palestine, les Balkans, la Syrie) et les citoyens musulmans (les Turcs, les Kurdes, les Lazes, les Géorgiens, les Tcherkesses, les Balkaniques) en évitant soigneusement encore une fois de citer les Grecs, les Juifs et les Arméniens.

L’AKP EN TÊTE DANS 50 PROVINCES L’AKP est arrivé en tête dans 50 des 81 provinces. Il a surtout repris Antalya, province que dirigeait le CHP depuis 2009. Le CHP s’est imposé dans 13 provinces, le BDP dans 10 et le MHP dans 8. L’ancrage territorial du BDP demeure dans le Sud-Ouest du pays, la zone kurde. Il récupère les villes de Agri, Bitlis et Mardin. Le CHP sauvegarde ses chasses gardées sur les côtes égéennes et méditerranéennes sauf Antalya. Il perd également Ordu, Artvin et Mersin plus au Nord. Izmir, fief historique du CHP, reste dans le giron de la gauche malgré le poids du candidat de l’AKP, l’ancien ministre des Transports, Binali Yildirim. A Istanbul et Ankara, les résultats serrés ont abouti à des imbroglios. Les candidats de l’AKP et du CHP ont revendiqué leur victoire et se sont mutuellement accusés de fraude. LE «DISCOURS DU BALCON» Erdogan a pris la parole tard dans la soirée. Il a remercié Dieu pour cette éclatante victoire avant d’aiguiser sa rhétorique contre la «Pennsylva-

Les Turcs ont plébiscité le «charisme» et les «réalisations» d’Erdogan Selon un sondage réalisé par Ipsos le jour du scrutin municipal, les sympathisants de l’AKP ont choisi Erdogan pour son charisme (84 %) et ses réalisations (84 %). Ceux du CHP (78 %) et du MHP (65 %)

ont opté pour un vote identitaire lié au parti indépendamment de ses projets. La ligne de partage se situe donc au niveau du leader pour les uns et de l’idéologie pour les autres. Les accusations de corruption et les mesures de restriction des réseaux sociaux ont été magistralement ignorées par respectivement 75 % et 82 % des AKPistes. Ces derniers ont également préféré ignorer à hauteur de 71 % l’accusation d’une organisation parallèle. La diffusion de conversations compromettantes n’a pas non plus influencé les électeurs de l’AKP (79 %). Assez étrangement, 20 % des votants à l’AKP ont estimé que les scandales de corruption ont confirmé leur volonté d’opter pour ce parti. Seulement 4,6 % se sont détournés du parti au pouvoir à cause de la corruption et 3 % à cause des interdictions sur Internet.

nie» alias Fethullah Gülen qui y vit en exil depuis 1999. Pour la première fois en 12 ans, toute la famille était présente au balcon, du gendre à la bru en passant par son fils et ses deux filles. Famille dont l’intégrité avait été gravement mise en cause par les écoutes. Murat Yetkin du journal Radikal note qu’ «au balcon, le Premier ministre a associé son fils, un des principaux accusés de corruption, en levant sa main; ce n’est pas une scène qui fait honneur à la Turquie mais c’est notre réalité».

UN PAS DE PLUS VERS LES PRÉSIDENTIELLES L’avenir politique des leaders commence également à se dessiner. Alors que Kiliçdaroglu (CHP) et Bahçeli (MHP) ont écarté la démission, Erdogan semble allonger un pas de plus vers le palais présidentiel. Mais Mustafa Sarigül, candidat du CHP qui a obtenu 40% à Istanbul, semble avoir le pied à l’étrier pour concurrencer Kiliçdaroglu à la tête du parti. Avec ce résultat, Erdogan continuera à marquer la scène politique turque pendant des années. La polarisation reste cependant une donnée inquiétante, la moitié des Turcs l’adore alors que l’autre moitié le déteste. Reste à savoir comment il va s’y prendre pour gouverner le pays dans ce contexte. D’autant plus que contrairement aux élections municipales, la présidentielle qui se tiendra dans quatre mois se fait à deux tours. Il aura donc besoin du soutien de la moitié des votants. Ultime choix pour le Premier ministre : soit creuser le fossé de la discorde soit annoncer une nouvelle vague de démocratisation. C’est la grande inconnue. Inconnue vitale.

«Je remercie Dieu pour cette grande victoire. Je remercie le peuple pour avoir soutenu cette guerre d’indépendance. Le peuple a eu l’occasion de connaître les traîtres à la Nation. Nous allons les poursuivre jusque dans leurs repaires. J’ai réussi mon pari pour la présidentielle. Le peuple a envoyé un message à la Turquie et au monde pour leur dire que nous sommes bien là. A partir de demain, certains peuvent fuir le pays car ils vont rendre des comptes pour avoir porté atteinte à notre sécurité nationale. On ne va pas confier l’Etat à la Pennsylvanie et à ses prolongements de l’intérieur. Ces gens sont pire que la secte des Assassins. Le plus important dans ce vote n’est pas qui a gagné mais qui a perdu : la politique immorale a perdu, celle des montages immoraux. Le statu quo a pris un coup dur aujourd’hui. Les coalitions ont toutes perdu aujourd’hui. Elles ont reçu une giffle du peuple. L’arrogance a perdu. Vous gens de Pennsylvannie, vous étiez soi-disant des démocrates mais la démocratie a gagné aujourd’hui. La seule voie pour régler les problèmes passe par le scrutin. Nous allons tirer les leçons de ce vote aussi bien de ceux qui ont voté pour nous ou contre nous. Les partis d’opposition ont cru l’emporter en exploitant les enregistrement utilisés contre nous. La nouvelle Turquie a besoin d’une nouvelle opposition plus constructive. Les leaders de l’opposition doivent se regarder dans la glace et se remettre en cause. Ils se sont coalisés contre nous mais cela n’a servi à rien. Je leur dit : venez, ouvrons une nouvelle page. L’amour de la patrie et les intérêts supérieurs de l’Etat sont au dessus de tout. Le peuple a défendu sa souveraineté. Je prie Dieu pour qu’il protège ce peuple qui est l’espoir de la oumma. Je voudrais citer Said Nursi : «les vérités éternelles ne peuvent pas se bâtir sur des personnalités éphémères». Nous sommes les serviteurs de la Nation et non ses maîtres. Nous rejetons toute forme de nationalisme turc ou kurde. J’aime tous les Turcs quelles que soient leurs origines. Un seul peuple, un seul drapeau, un seul Etat. Depuis 40 ans, certains ont infiltré les administrations. Il est temps de nettoyer ces administrations en respectant le droit. Ni nous, ni le peuple ne tolérerons ce gang. Je suis prêt à porter cette mission de servir le peuple quel que soit le poste qu’il me confiera. Que personne ne soit triste aujourd’hui car c’est la Turquie qui a gagné. C’est la fraternité et la réconciliation qui ont gagné».

Coupures d’électricité ? C’est le chat ! Le ministre de l’Energie, scrutateur dans tel transformateur», Taner Yildiz, a bien pris soin «le vrai chef du lobby a été arrêté»... d’insister : «Non, non, ce n’est pas Le quotidien Hürriyet a pris le miune blague, ce sont bien les chats qui sont à l’origine des coupures, ils sont entrés dans le transformateur». Coupures d’électricité s’entend, celles qui ont eu lieu le 30 mars, le jour des élections municipales et surtout au moment où le décompte des voix était à l’oeuvre. Difficile de ne pas attirer les soupçons, mieux les rires. Les réseaux sociaux ont immédiatement embrayé sur cette «niaiserie». «Le lobby des chats est en marche» pouvait-on lire chez les plus malins. Ou encore, «le gang des chats s’organise», «le chat X,

nistre au mot et a enquêté. Résultat : à Yesilköy, arrondissement d’Istanbul, six transformateurs ont bien lâché à cause des chats. Reste à savoir comment l’électricité s’est volatilisée dans plus de 30 villes à travers la Turquie. «Le vent et la neige» a rapporté le même ministre. «Ils ont perdu, on a gagné, ne nous cachons pas derrière les poteaux électriques» a fini par lâcher Yildiz. Le CHP et le MHP, les deux partis d’opposition, n’ont pas été convaincus. Ils ont saisi la justice. Histoire de ne pas gober chat en poche...


07 ELECTIONS TURQUES

2014

04 - 10 AVRIL 2014 ZAMAN FRANCE

Une élection entachée de fraudes Les délégués «surveillent» les bulletins de vote.

Le CHP a reçu des plaintes selon lesquelles des personnes auraient tenté de voler des bulletins de votes dans des districts d’Ankara. Le candidat communiste élu à Ovacik (Tunceli).

Sirri Süreyya Önder, candidat à Istanbul du HDP.

Un scrutin 2014 assez pittoresque...

De nombreux cas de fraude ont été rapportés à travers toute la Turquie en ce dimanche 30 mars à l’occasion des élections locales, qui se sont transformées en un véritable référendum sur le gouvernement.

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Plusieurs tentatives de fraude ont été remarquées tôt le dimanche 30 mars alors que des rumeurs de fraude à grande échelle allaient grand train sur les réseaux sociaux. Dans le district Tatvan de la province de Bitlis à l’Est de la Turquie, des observateurs électoraux ont porté plainte au motif que des bulletins de vote étaient déjà scellés sans que le conseil des élections locales ne le sache. Le président a déclaré qu’il avait scellé les bulletins à des fins pratiques. Le Conseil suprême des élections (YSK) avait annoncé que toutes les mesures anti-fraude avaient été prises, mais les craintes des 53 millions d’électeurs qui se sont rendus aux urnes hier ne se sont aucunement dissipées. Selon la loi, la fraude électorale est punie par l’emprisonnement. Ainsi, dans la province de Sinop, un des membres du Conseil des élections avait été condamné à 10 ans de prison pour avoir voté à la place de 32 personnes lors du référendum de 2010.

DES STYLOS À ENCRE EFFAÇABLE Le leader du Parti libéral-démocrate (LDP), Cem Toker, a déclaré sur Twitter qu’un membre de son parti avait porté plainte à Üsküdar, l’un des responsables d’un bureau de vote ayant insisté pour que les électeurs utilisent son stylo pour voter. Selon les rumeurs, les soutiens de l’AKP ont fourni des stylos à encre effaçable pour pouvoir modifier les votes par la suite. Selon les utilisateurs de réseaux sociaux, plus de 500 cas de fraude électorale ont été détectés à travers le pays. Des dizaines de personnes ont partagé en ligne des photos de plaintes officielles. Le CHP a également porté plainte en se basant sur les rapports de fraude électorale. Les avocats du parti, Can Tatar, Yasin Vural, Emre Acer et Ferhat Hotoglu ont porté plainte, en demandant aux membres du gouvernement de prendre les précautions nécessaires. Le CHP a d’ailleurs reçu des plaintes selon lesquelles des personnes auraient tenté de voler des bulletins de votes dans de nombreux districts d’Ankara. Les avocats ont déclaré que 20 000 bulletins pourraient avoir été volés. DES BULLETINS DE VOTES PRO-AKP RETROUVÉS DANS UNE VOITURE Le site internet d’un syndicat de gauche (sendika.org), qui a servi d’observateur pendant les élections, a rapporté plusieurs cas de fraude à travers le pays. Dans un bureau de vote à Bursa, un observateur pro-AKP aurait demandé aux électeurs de voter pour son parti. Dans un bureau de vote à Izmir, un membre du conseil des élections proAKP aurait demandé aux électeurs de

SAMI KILIÇ PARIS Sirri Süreyya Önder, le candidat à Istanbul du 1 HDP, le parti pro-kurde frère du BDP, n’a pas pu voter... à Istanbul. Résidant à Ankara, il n’avait pas eu le temps de faire le changement d’adresse... Deux Femen ont fait irruption dans un bureau

1 de vote, le slogan «Ban Erdogan» sur leur poi-

plier leurs bulletins pour pouvoir les introduire lui-même dans l’urne. A Izmir toujours, des bulletins scellés pro-AKP ont été retrouvés dans une voiture. Le conducteur a été arrêté et une enquête a été lancée. Dans la province méditerranéenne de Mersin, 1 064 bulletins de votes pro-AKP ont été retrouvés. A Gaziantep, 65 électeurs n’ont pas eu les bons bulletins de vote. Enfin, à Istanbul, des bus auraient été mis à disposition pour transporter des électeurs pro-AKP jusqu’aux bureaux de vote.

trine. Une première en Turquie. Elles ont été fermement débarquées... L’homme le plus âgé de Turquie, Mehmet

1 Esen (129 ans), s’est déplacé pour voter à Siirt.

Porté à bout de bras, le vieil homme a dit espéré que les résultats apporteraient la paix aux Kurdes et aux Turcs de Turquie. Sauf que l’enjeu de ce scrutin n’était pas exactement à coloration ethnique mais religieuse... Le candidat CHP d’Ankara, Mansur Yavas, a

1 avoué voter pour la première fois pour ce parti.

C’est qu’il était un ancien du MHP. On ne s’improvise pas facilement social-démocrate quand on est nationaliste conservateur... Les coupures d’électricité ont été fréquentes

1 dans plusieurs villes du pays. Le ministre de

l’Energie a invoqué le vent, la neige et... le chat. Oui, un chat serait entré dans un transformateur entraînant des interruptions dans près de 30 villes ! Les fonctionnaires ont dépouillé les urnes à la lumière chancelante des bougies. La nuit, tous les chats sont gris... Les risques de fraude ont poussé les délé-

1 gués de chaque camp à ne pas fermer l’œil

de la nuit. Et ceux qui l’ont fait se sont avachis sur les sacs de jute qui comportaient les bulletins. Au cas où... Deux morts à Antakya et six près de Urfa

1 dans les conflits pour les élections de...

maires de village. C’est que le tampon, précieux sésame, permet de glaner quelques billets en délivrant des certificats de résidence...

Le parti communiste turc a réussi pour la

1 première fois à ravir une mairie. Municipalité

de petite ville certes mais dans la province de Tunceli, lieu de naissance du président du CHP (gauche kémaliste), Kemal Kiliçdaroglu. Et province qui vote BDP, parti pro-kurde, depuis 2009. Vive l’esprit de clocher...

Zaman piraté par des hackers

-Cihan

Le site internet de l’agence de presse turque a été l’objet le 31 mars au soir d’attaques par des hackers, retardant la publication d’informations sur les élections en Turquie. Ce piratage fait partie d’une attaque groupée visant plusieurs grands médias turcs indépendant comme Zaman, Taraf ou TodaysZaman. Il s’agirait d’une attaque de

type DDOS qui permet de rendre indisponible un service et d’empêcher les utilisateurs d’accéder à un site en procédant à l’inondation d’un réseau. Ces piratages à grande échelle ont perturbé l’annonce des résultats. Il existe par ailleurs un fort écart entre les chiffres annoncés par l’agence Anatolie et l’agence Cihan. Ainsi pour la ville d’Istanbul, Anatolie donne

10 points d’écart en faveur de l’AKP, alors que le score s’annonce serré pour Cihan (45 % AKP, 44 % pour le CHP). Abdulhamit Bilici, le directeur de l’agence Cihan a annoncé que «malgré ces attaques, nous faisons de notre mieux pour transmettre les résultats au public». 70 000 collaborateurs ont ainsi été mobilisés par l’agence de presse turque.

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08 TURQUIE

20

%

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Une analyse publiée sur le blog Econoscale.com révèle que près de 20 % de la population turque vit au niveau ou en-dessous du seuil de pauvreté, comme le montrent les statistiques officielles des revenus des ménages.

Erdogan lorgne la présidence de la République Au lendemain de son triomphe, le Premier ministre turc a rencontré le président de la République, le fidèle d’entre les fidèles. Les discussions ont repris de plus belle sur l’éventuelle permutation des postes entre les deux complices. SAMI KILIÇ PARIS Les grandes manœuvres commencent. Le Premier ministre turc, Tayyip Erdogan, qui savoure sa victoire électorale, semble décidé à s’installer à Cankaya, le palais présidentiel. Le lendemain du scrutin, il a rencontré le président de la République, son ami Abdullah Gül. Officiellement, il s’agit d’une anticipation de leur réunion hebdomadaire, Gül s’envolant pour le Koweït. Officieusement, il s’agit de parler de l’après-30 mars. Le mandat du président prend fin dans quatre mois. La Constitution lui permet de se représenter mais la question de sa candidature est liée à celle de son compagnon de route, Tayyip Erdogan. Requinqué par un score très honorable de 45% à l’occasion du scrutin-plébiscite, ce dernier n’a aucune raison de ne pas y penser. Cinq des onze présidents de la République turque sont passés par la case chef du gouvernement. Les autres sont des militaires ou des hauts fonctionnaires. Erdogan serait enclin à avancer les élections législatives de juin 2015 et à les faire coïncider avec les présidentielles d’août 2014. Il pourrait ainsi mener les deux campagnes de front et s’installer au palais de Cankaya, avant de nommer Abdullah Gül Premier ministre. Le scé-

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nario est bien huilé : Erdogan, qui serait nécessairement confronté à un second tour lors des élections qui se feront pour la première fois au suffrage universel direct, compte sur les voix des Kurdes du BDP et des nationalistes du MHP pour s’imposer. Selon Adil Gür, directeur de l’Institut de sondage A&G, le bon score des municipales «appartient en propre à Erdogan, il lui suffit d’attirer des voix du BDP et du MHP pour atteindre la majorité absolue à la présidentielle». En effet, les Kurdes du BDP gardent l’espoir de terminer le «processus démocratique» initié par le Premier ministre et les nationalistes voteront plutôt pour un conservateur que pour un social-démocrate. D’autres hypothèses sont également prévues.

VERS UN RÉGIME PRÉSIDENTIEL ? Si Gül refuse de «descendre» d’un cran pour se retrouver Premier ministre après avoir été durant sept ans chef de l’Etat, le poste pourrait être occupé par d’autres lieutenants de Tayyip Erdogan comme Bülent Arinç, un autre poids lourd de l’AKP ou Ali Babacan, le puissant vicePremier ministre qui dirige l’économie depuis une décennie ou encore Binali Yildirim, ancien ministre en vue qui vient de perdre les élections munici-

Recep Tayyip Erdogan et Abdullah Gül ont eu une entrevue le lendemain du scrutin.

pales à Izmir mais qui est loin d’avoir démérité. Rusen Cakir, chroniqueur à Vatan et spécialiste de l’islam politique turc, estime pour sa part que Erdogan ne se présentera pas au poste suprême. Le Premier ministre a en effet promis de pourchasser les «traîtres» en épurant les administrations de l’Etat, une tâche autrement difficile. «Il ne pourra pas obtenir des résultats en quatre mois et s’il brigue la présidence, il ne pourra plus mener la lutte», écrit-il. Il reste que Tayyip Erdogan, un admirateur de l’ancien président Turgut Özal (19891993), connait très bien l’embarras de ce dernier au palais présidentiel. Le chef de l’Etat n’est certes pas un fantoche, vu

ses larges pouvoirs de nomination, mais il n’est pas non plus le vrai chef de l’exécutif. C’est bien pourquoi Erdogan n’a jamais caché son souhait de passer à un régime présidentiel. Et si la Providence le lui permet, pour reprendre une expression qu’il affectionne particulièrement, il pourra rester au pouvoir jusqu’en 2024 s’il est reconduit en 2019. Un an de plus que 2023, le centenaire de la proclamation de la République. «L’objectif 2023» et «l’objectif 2071» (millénaire de l’entrée des Turcs en Anatolie) sont également ses slogans fétiches lorsqu’il parle de ses projets pour la Turquie. On sait au moins que le second ne sera pas biologiquement possible…

Nouvelles mesures de rétorsion contre la presse turque -

Le Premier ministre Erdogan a porté plainte ce samedi 29 mars contre Bülent Kenes, rédacteur en chef de Today’s Zaman, Mehmet Kamis, rédacteur en chef adjoint de Zaman, Emre Uslu, chroniqueur pour Today’s Zaman, Önder Aytaç, journaliste, et Ali Fuat Yilmazer, ancien chef de l’unité des services de renseignements du département Le photojournaliste de Today’s Zaman, Dervis Genç.

de police d’Istanbul. Les avocats du Premier ministre turc ont déclaré dans leur plainte au parquet d’Ankara qu’ils cherchaient à interdire de voyage Uslu, Aytaç et Yilmazer et ont affirmé que Kenes et Kamis avaient humilié Erdogan dans leurs tweets. Les avocats ont ajouté qu’Aytaç et Uslu étaient les «suspects» d’une enquête en cours sur la publication en ligne d’une conversation entre des membres du gouvernement concernant une potentielle intervention en Syrie.

DES PLAINTES CONTRE DE POTENTIELS DÉTENTEURS D’INFORMATIONS Les avocats ont également signalé que Yilmazer avait mené une campagne de diffamation et avait proféré de fausses accusations contre le Premier ministre turc. L’ancien officier de police a en effet récemment confié aux médias que l’ancien chef d’état-major et général à la retraite Ilker Basbug avait été arrêté sur ordre d’Erdogan et que celui-ci avait suivi de près d’importantes affaires criminelles comme Ergenekon, l’Union des communautés du Kurdistan (KCK) et OdaTV. Il a ajouté qu’Erdogan avait ordonné l’arrestation de certains suspects. Le Premier ministre turc a nié ces affirmations. Par ailleurs Aytaç, ancien employé de l’Ecole de police de Turquie, a été arrêté tard vendredi 28 mars. Il est accusé de détenir

des informations sur les écoutes d’une réunion ultra confidentielle entre des membres du gouvernement concernant la Syrie. Aytaç a été libéré samedi matin. Dans l’enregistrement, on entend le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, le sous-secrétaire du ministère des Affaires étrangères, Feridun Sinirlioglu, le chef des services de renseignement turcs (MIT), Hakan Fidan, et le chef adjoint de l’état-major, le général Yasar Güler, parler d’une intervention militaire en Syrie. Erdogan avait tôt fait d’attribuer cette fuite au mouvement Hizmet sans aucune preuve, mais ce dernier a nié toute implication concernant la publication.

gistrements et a demandé son arrestation. Après avoir passé cinq heures en détention, le journaliste a finalement été relâché. Plusieurs associations de journalistes ont élevé la voix contre ces arrestations et plaintes, jugées «honteuses» pour la liberté de la presse.

ARRÊTÉ POUR AVOIR PRIS DES PHOTOS Samedi 29 mars, le photojournaliste de Today’s Zaman, Dervis Genç, a été arrêté durant un meeting électoral du Premier ministre Erdogan à Istanbul au motif qu’il avait photographié le conseiller d’Erdogan, Mustafa Varank. Celui-ci aurait porté plainte en disant que le journaliste écoutait secrètement et procédait à des enreBülent Kenes.


09 TURQUIE

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Les paradoxes de la démocratie turque Dans une chronique publiée en deux parties, la sociologue Nilüfer Göle (directrice d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales de Paris) souligne que, prise dans un contexte politique grave, et à l’ère de l’information, la Turquie se retrouve perdante. Zaman France vous propose quelques passages de son analyse. NILÜFER GÖLE Toutes les dynamiques mondiales et locales, régionales et historiques, religieuses et prosaïques sont actuellement actives en Turquie. Nous traversons une période politique et historique où se produisent des expériences étranges et de graves faits politiques. L’AKP perd son pouvoir de jour en jour, mais pas seulement. Les faiblesses du leader et de l’islam politique deviennent de plus en plus évidents. Les musulmans sont discrédités, les bureaucrates perdent leur réputation, les fonctionnaires sont transférés, la paix kurde est piégée au sein d’une lutte, les quartiers alévis font face à la violence policière, les journalistes doivent se taire, les services judiciaires perdent leur crédibilité, les traditions de l’Etat se dissolvent, les investissements déclinent et l’économie turque tend à la baisse. La Turquie est en train de perdre... Mais nous trouvons difficile d’accepter que les beaux jours soient derrière nous. Beaucoup ne veulent pas perdre leur position privilégiée – ou leurs espoirs – et pensent que tout irait mieux s’il n’y avait pas de complot fomenté par des puissances étrangères et le mouvement Hizmet. Mais malheureusement, ce n’est pas le cas. L’Histoire ne suit pas une ligne droite. Nous avons déjà commencé à prendre un nouveau chemin. Les réussites passées disparaissent une à une. Où, pourquoi et comment perdons-nous ? Essayons d’évaluer la situation actuelle à la lumière de l’évolution singulière de l’époque moderne et des questions radicales auxquelles font face les démocraties.

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L’INFORMATION, OUTIL DE POLARISATION Aujourd’hui, le monde assiste au lever du rideau qui couvrait les secrets d’Etat d’un côté et la vie privée des individus de l’autre. L’affaire Wikileaks nous a montré que les secrets d’Etat peuvent être révélés au niveau mondial. A l’ère de l’information, les médias sont de plus en plus responsables de l’exactitude des informations qu’ils fournissent et les frontières entre la vérité et les informations et les secrets et la vie privée disparaissent. A quoi ressemblera une administration d’Etat qui ne peut plus protéger ses secrets ? Comment parler de libertés personnelles dans une société où la vie privée n’a pas sa place ? Ces questions sont aujourd’hui essentielles dans les sociétés démocratiques avancées. Les opportunités qui nous sont offertes par l’ère de l’information, le droit et la volonté des citoyens d’obtenir des informations rompent le cadenas qui

La sociologue Nilüfer Göle.

protégeait la vie privée et les secrets d’Etat, imposant ainsi des ajustements au niveau de l’équilibre entre les droits individuels et le bien commun. Nous pouvons évaluer l’affaire de corruption en Turquie à la lumière de la responsabilité qu’ont les médias de donner des informations au public. Mais, parce que ces révélations entraînent la dissension, tout cela mène à un autre type de bizarrerie. Une lutte, entre ceux qui tentent de prouver leur innocence et ceux qui disent avoir fait l’objet de calomnies, se fait par le recours aux instruments de l’ère des communications post-modernes. Mais, en dépit de preuves et de données matérielles, les deux camps n’ont pas la même perception de la réalité. L’information est devenue sujet d’un conflit entre deux versions de la réalité et un outil de polarisation politique, plus qu’une aide à la formation d’un consensus vis-à-vis de la réalité. Le rapport entre l’information et la démocratie et les informations et la vérité ne peut être établi aussi facilement qu’on pourrait le croire, et à l’instant où l’on pense pouvoir arriver à cette réalité via la transparence, une ombre est jetée sur la réalité. La démocratie sera-t-elle capable de s’établir de nouveau en tant que régime de la réalité et de la loi face à cette fitna entre musulmans à l’ère de l’information ?

LE SULTAN ET LE TSAR Beaucoup d’intellectuels et d’écrivains s’accordent à dire que le pouvoir s’est personnalisé. Tous, des pro-AKP aux plus critiques, soulignent que l’AKP est réduit à la personnalité d’Erdogan et est devenu plus autoritaire. La Turquie met ainsi de plus en plus de distance entre elle et les nations européennes et commence à ressembler à un pays émergent. Or, les leaders européens

abandonnent de plus en plus le type de leader tout puissant et charismatique, pour aller vers un type de personnalité moins patriarcal et plus tolérant. Dans d’autres parties du monde, au contraire, le modèle du leader où le pouvoir est associé à un aspect patriarcal et masculin émerge. Les médias internationaux, se fondant sur les caractéristiques anti-démocratiques de ce type de leader, font un parallèle entre Erdogan et les sultans ottomans et entre Vladimir Poutine et les tsars russes. Ces dirigeants réaniment un passé impérial dans l’inconscient de leur peuple. Mais ils ne sont pas semblables. Les portraits de Poutine – où on le voit torse nu à dos de cheval en pleine nature – et Erdogan, qui livre bataille lors de meetings électoraux, ne viennent pas du même «terreau culturel». L’observation selon laquelle Erdogan serait en train de devenir comme Poutine – en termes d’autoritarisme – est inappropriée et même trompeuse. Contrairement à Poutine, Erdogan offre des promesses. Erdogan perd à un moment où il était censé devenir l’un des leaders les plus importants du XXIe siècle, alors qu’il avait séduit les réformateurs islamistes de l’opinion publique arabe, les intellectuels de l’opposition en Israël et les minorités en Turquie. Erdogan perd, alors que Poutine, despote ordinaire, accroît son influence mondiale en usurpant des territoires.

LES MUSULMANS CRAIGNENT DE REDEVENIR VICTIMES Les politiques européennes ont été enterrées, la vision néo-ottomane, qui aurait pu prendre une nouvelle tournure avec le Printemps arabe, a complètement coulé en Syrie et mal tourné en Egypte. La vision politique de la Turquie s’est dégradée au Moyen-Orient,

même si le pays se positionne du côté du peuple. Défendre ces valeurs n’est pas toujours suffisant pour gagner, les raisons en sont multiples, et beaucoup d’acteurs sont en jeu. Mais l’AKP n’a pas su faire une analyse froide de la situation et a eu recours aux théories du complot. Ce qui revenait à avouer ses propres faiblesses. La Turquie de l’AKP, qui devenait un acteur global (avec son capital culturel, ses hommes d’affaires, ses séries, ses festivals et ses écoles), tombe encore une fois dans la spirale de «l’historicité faible», entre les mains

‘‘

«Les deux camps n’ont pas la même perception de la réalité»

d’un seul acteur. Beaucoup s’accordent à dire que les musulmans craignent de redevenir victimes, et pour cette raison, s’accrochent à l’AKP. Les intellectuels qui pensent qu’Erdogan est représentatif des dynamiques sociales de la Turquie citent le soutien des musulmans comme la preuve que le pouvoir du peuple est derrière lui. Les musulmans pro-AKP, même après les 10 ans au pouvoir de leur parti favori, parlent comme s’ils étaient encore victimes et inquiets de se retrouver de nouveau orphelins. Ils s’attachent à Erdogan, chérissent ses jours glorieux, encore plus fermement ces derniers temps. Des jeunes hommes urbains, bien éduqués, fortunés, qui envoient leurs enfants dans les écoles du Hizmet et avaient l’habitude de dire qu’ils «admiraient» Erdogan, peuvent dire aujourd’hui : «S’il le voulait, je mourrais».


10 TURQUIE

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TUSKON prévoit une crise économique imminente en Turquie Le président de la Confédération des hommes d’affaires et industriels turcs (TUSKON), Rizanur Meral.

La Turquie pourrait avoir affaire à une grave crise économique dans les six prochains mois, à moins que le gouvernement ne prenne des mesures urgentes pour attirer des capitaux étrangers.

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Jeudi 27 mars, le président de la Confédération des hommes d’affaires et industriels turcs (TUSKON), Rizanur Meral, a affirmé que la Turquie avait souffert d’une fuite de capitaux équivalant à 3,1 milliards de dollars en janvier 2014. Il a ajouté que des investisseurs étrangers devraient retirer leurs capitaux des banques turques. «La banque centrale a dilapidé plus du tiers de ses réserves nettes et cela ne fait qu’empirer. (…) Si elle continue ainsi, nos réserves vont fondre dans les six prochains mois», a-t-il expliqué. La Turquie a déjà pu constater les effets négatifs d’une tension politique na-

tionale persistante ainsi que de la décision par la Réserve Fédérale américaine (Fed) de ralentir ses émissions de capitaux.

RÉTABLIR LA CONFIANCE La banque centrale n’a rien arrangé non plus en refusant de relever ses taux d’intérêts pour défendre la livre turque, suite à une forte opposition du public face à la volonté d’Erdogan d’augmenter ces taux d’intérêts pour relancer la croissance économique à l’approche des élections. La banque centrale a donc dû dilapider ses réserves de monnaie étrangère pour renflouer la livre

turque. «Nous avons eu 9,5 milliards de dollars qui ont pénétré les marchés turcs en janvier 2013 et aujourd’hui, la situation empire. La Turquie doit rétablir la confiance dans ses marchés pour attirer les investissements ou nous pouvons prévoir le pire : une crise économique dans six mois», a ajouté Meral.

UNE PRODUCTION À VALEUR AJOUTÉE Rizanur Meral a souligné que la Turquie devait augmenter le montant de ses réserves et passer à une véritable économie focalisée sur une production à valeur ajoutée. Il

a noté que le gouvernement turc ne parvenait pas à réduire le déficit actuel et a cité le problème de l’économie souterraine. Meral a déclaré que seuls 3,5 % de la production turque concernaient des produits à haute valeur ajoutée alors que ce chiffre équivaut à 20 % dans les marchés développés. Les besoins en financement externe de la Turquie sont considérables – évalués à 217 milliards de dollars cette année, soit cinq fois plus que les réserves de change de la banque centrale – et il est essentiel que la Turquie puisse continuer à emprunter sur les marchés de capitaux étrangers à des coûts raisonnables.

La Turquie, mauvaise élève de l’OCDE

La bourse et la livre en hausse après les municipales La Bourse turque a accentué son tensions politiques dans les prochains rebond lundi au lendemain de mois. la victoire du Premier ministre Recep

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Le rapport de l’Organisation de coopération de développement économique (OCDE), intitulé «Panorama de la Société 2014 : la crise et ses retombées», vient d’être publié. Il classe les 34 pays membres dans plusieurs catégories relatives aux années qui ont suivi la crise économique mondiale en 2008. Selon le rapport, la Turquie se situe tout en bas du classement après le Mexique en termes de revenu par habitant. Elle est classée avant-dernière dans le domaine des dépenses de santé,

dernière dans les dépenses maladie et 31e en termes d’égalité des sexes et de sécurité urbaine. La dépense publique en Turquie est en général plus faible que dans les autres pays de l’OCDE. Le rapport indique également que le revenu moyen disponible d’un ménage se situe bien en-dessous de la moyenne des pays membres de l’organisation. La Turquie est classée troisième en termes d’inégalité salariale et de seuil de pauvreté. Un tiers des Turcs déclarent ne pas pouvoir acheter autant de

nourriture qu’ils le voudraient, alors qu’on compte une personne sur sept dans le même cas, dans la moyenne des pays de l’OCDE. L’agence de notation Moody’s a déclaré dans un rapport mardi dernier que les turbulences politiques et la volatilité des marchés augmentaient la vulnérabilité de la Turquie au niveau international. De plus, l’affaire de corruption a déjà miné la confiance dans les marchés turcs et pourrait avoir une incidence sur la croissance de cette année.

Tayyip Erdogan aux élections municipales. Le principal indice de la Bourse d’Istanbul a ouvert en hausse de 1,95%, repassant au-dessus de la barre des 70 000 points et touchant un plus haut de trois mois avant de céder une partie de ses gains. Pénalisée par les sorties de capitaux des marchés émergents liées à la remontée des taux américains, la Bourse d’Istanbul avait accentué ses pertes avec le scandale de corruption qui a ébranlé le gouvernement d’Erdogan en décembre. La livre turque a aussi progressé contre le dollar, les investisseurs tablant sur une dissipation des

UNE TENDANCE POSITIVE Le ministre turc des Finances a toutefois prévenu lundi que la croissance pourrait ralentir dans les prochains mois tout en demeurant sur une tendance positive. Mehmet Simsek a déclaré dans un communiqué que la réduction du risque politique après les élections municipales de dimanche soutiendrait la demande domestique et les perspectives de croissance pour cette année. L’économie turque a enregistré une croissance de 4% en 2013 et de 4,4% en rythme annuel au quatrième trimestre, selon des données publiées lundi.


11 INTERNATIONAL

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A la Haye, la Turquie renonce à l’arme nucléaire Hakan Fidan et Besir Atalay

Le gouvernement turc infiltré par une cellule iranienne ? Ali Fuat Yilmazer, ancien chef de l’unité de renseignement du département de police d’Istanbul, a déclaré que l’organisation terroriste liée à l’Iran, Tawhid-Salam, s’était infiltrée au sein du gouvernement turc.

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«Si des détails de ce dossier [l’enquête de Tawhid-Salam] finissent par être dévoilés, nous pourrons voir comment un gouvernement étranger a pu agir avec aisance en Turquie et comment il aura pu accéder à de nombreux représentants du gouvernement», a déclaré Yilmazer. «Ils [les membres du groupe terroriste Tawhid-Salam] ont été capables de développer des relations au plus haut niveau», a-t-il ajouté. Des détails de l’enquête sur ce groupe, qualifié par Yilmazer d’«organisation terroriste la plus dangereuse des dernières années» à laquelle la Turquie ait été confrontée, ont été dévoilés par l’utilisateur Twitter @  ACEMUSAKLARI qui publie en ligne des photos et des vidéos qui semblent provenir du dossier original de l’enquête. Si ces allégations se révèlent vraies, le ministre de l’Intérieur, Efkan Ala, le chef du MIT (le renseignement turc), Hakan Fidan, et le vice-Premier ministre, Besir Atalay, seraient tous impliqués dans le réseau terroriste Tawhid-Salam.

DES REPRÉSENTANTS DU GOUVERNEMENT TURC PROCHES DE L’IRAN Selon l’une des plus importantes allégations soulevées par le compte Twitter, l’informateur iranien, Hüseyin Avni Yazicioglu, serait proche de Fidan, et les deux hommes se seraient rencontrés déjà plusieurs fois. La femme de Yazicioglu, Kamile, a affirmé que son mari avait des relations au sein du MIT, de la police et du gouvernement. Les documents publiés indiquent qu’il a gardé plusieurs passeports chez lui, de même que des rapports qu’il a rédigés pour les services de renseignement iraniens. @ACEMUSAKLARI a également révélé que le réseau Salam avait établi le contact avec le ministre de l’Intérieur, Ala, quand celui-ci était sous-secrétaire du Premier ministre. D’après le dossier de l’enquête, Nasser Gafari, qui opère au nom des forces Al-Qods en Turquie, contrôle différentes cellules dans le pays. Dans l’une d’elles, Burhan Kavuncu a été identifié comme un agent d’influence qui aurait maintenu des liens secrets avec l’Iran pendant 30 ans. Des enregistrements autorisés par la justice ont révélé que Kavuncu parlait régulièrement avec l’agent Gafari, qui téléphonait depuis des cabines téléphoniques à Ankara et Istanbul pour organiser leurs rencontres. La conversation publiée révèle également que le vice-Premier ministre, Besir Atalay, a pendant longtemps été sympathisant iranien comme l’a révélé l’enquête sur ses précédents dans la police, ajoutée au dossier de l’enquête sur le réseau terroriste.

Les dirigeants internationaux se sont réunis à La Haye, à l’occasion du troisième sommet sur la sécurité nucléaire.

La Turquie, ainsi que onze autres pays, a exprimé son accord sur une déclaration commune visant à éliminer l’uranium hautement enrichi (UHE) à l’intérieur de ses frontières et à développer la production d’uranium faiblement enrichi (UFE) pour les réacteurs de recherche.

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La déclaration a été annoncée lundi 24 mars à La Haye (Pays-Bas) où les dirigeants internationaux se sont réunis à l’occasion du troisième sommet sur la sécurité nucléaire. «Réunis à La Haye pour le troisième sommet sur la sécurité nucléaire, la Turquie, les dirigeants du Chili, de la République tchèque, du Danemark, de la Géorgie, de la Hongrie, du Mexique, de la République de Corée, de la Roumanie, de la Suède, de l’Ukraine et du Vietnam souhaitent souligner l’importance de la suppression de l’uranium hautement enrichi (UHE) à l’intérieur de leurs frontières. Etant donné les vastes mesures de sécurité et le coût financier conséquent liés à cet élément, ainsi que la technologie qui a été développée pour alimenter les réacteurs de recherche avec de l’uranium faiblement enrichi (UFE), pour mener à bien

la plupart des expériences et produire des isotopes sans l’aide d’UHE, la suppression de l’UHE a des avantages nets et concrets», disait la déclaration.

PRÉVENIR LE TERRORISME La Maison Blanche a bien accueilli cette déclaration commune. Dans cette dernière, les pays expriment leur «appréciation» envers les Etats-Unis, la Russie et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) «pour leur contribution à passer d’une alimentation en UHE à une alimentation en UFE des réacteurs de recherche dans l’objectif de supprimer l’UFE». «Cet élément, une fois supprimé, devrait être finalement éliminé ou transformé en UFE et utilisé à des fins civiles», disait la déclaration. La Turquie, qui a besoin d’énergie, devrait bientôt construire

deux centrales nucléaires en coopération avec la Japon et la Russie, afin de diversifier ses ressources énergétiques et être moins dépendante des importations de gaz et de pétrole. Le président turc Abdullah Gül, qui a assisté au sommet nucléaire, a déclaré que la Turquie avait soutenu les droits des pays d’acquérir de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques et qui soit «totalement en ligne avec les obligations internationales». Le sommet a pris un tournant majeur mardi 25 mars quand la majorité des pays participants ont promis d’adopter des lois nationales à partir des directives internationales sur la sécurité nucléaire. L’initiative, approuvée par 35 pays sur les 53 qui participaient au sommet, vise aussi à empêcher les terroristes de mettre la main sur le nucléaire. Notons que la Russie n’a pas approuvé la déclaration commune.

L’armée turque riposte à des bombardements venant de Syrie -

La province de Hatay a reçu des obus de mortier.

L’artillerie turque a tiré lundi une salve d’obus en direction de la Syrie après que des obus de mortier et une roquette provenant de ce pays ont touché son territoire, ont annoncé les services du gouverneur de la province de Hatay. Selon l’agence de presse Dogan et le gouverneur, les trois obus de mortier sont tombés dans un champ près d’un camp de réfugiés syriens, blessant une femme, tandis que la roquette a endommagé une mosquée du village voisin de Yayladagi. De violents combats opposent depuis plusieurs jours des rebelles islamistes syriens aux forces loyales au président Bachar alAssad pour le contrôle du village arménien de Kasab, de l’autre côté de la frontière. Les affrontements ont débuté il y a une dizaine de jours lorsque les insurgés ont lancé une offensive en direction de la région de Lattaquié, sur la côte méditerranéenne.


12 INTERNATIONAL Le Maroc porte plainte à Paris après des accusations de torture

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Ambassade du Maroc en France.

Rabat a engagé des poursuites en France contre trois personnes et une association qui ont porté plainte pour torture contre le patron du renseignement Abdellatif Hammouchi, a annoncé le ministère marocain de l’Intérieur. Cette annonce intervient dans un climat tendu entre les deux pays, le gouvernement marocain ayant suspendu fin février les accords de coopération judiciaire conclus avec la France, après une série d’incidents diplomatiques. Le

Maroc a protesté après que des policiers français se sont rendus à l’ambassade du Maroc à Paris en demandant à voir Abdellatif Hammouchi, en déplacement en France, suite à une convocation délivrée par un juge d’instruction français. Plusieurs plaintes ont récemment été déposées à Paris pour des faits de torture dans le centre de détention de Temara, au nord du Maroc, géré par la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), que dirige Abdel-

latif Hammouchi. Le Maroc a répliqué mardi en déposant une plainte auprès du parquet de Paris pour «dénonciation calomnieuse» à l’encontre de trois plaignants et de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat), à l’origine des plaintes. «Le ministère de l’Intérieur dénonce de grossières manipulations par des individus qui ont été condamnés pour fraude et trafic international de stupéfiants», peut-on lire dans un communiqué.

GEL DE LA COOPÉRATION JUDICIAIRE L’un des avocats du Maroc en France, Me Ralph Boussier, a dit à Reuters attendre «une condamnation sévère» de «ces trois repris de justice» et de l’association qui, dit-il, «se permettent de colporter des calomnies». Hélène Legeay, responsable des programmes Maghreb et Moyen-Orient à l’Acat dit n’avoir «aucune inquiétude sur l’issue de l’affaire». «C’est vraiment une façon de bâillonner les victimes», a-t-elle dit. «Ça ne donnera absolument rien.» Pour tenter d’apaiser Rabat, François Hollande a appelé fin février le roi Mohammed VI pour lui adresser «un message de confiance et d’amitié». Deux ministres français se sont depuis rendus dans le royaume. Mais les Marocains ont bel et bien suspendu toute coopération judiciaire avec Paris, bloquant de fait l’envoi de commissions rogatoires françaises au Maroc, les transfèrements de prisonniers, les demandes d’extradition et toutes les procédures pour les binationaux en matière de divorce, mariage et garde d’enfants. Aucune demande de coopération n’a été envoyée ni reçue depuis cette suspension et tous les actes en cours sont gelés, a déclaré à Reuters une source diplomatique.

L’ampleur de l’épidémie d’Ebola en Guinée est sans précédent

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L’épidémie de fièvre Ebola qui sévit en Guinée est sans précédent, estime l’organisation humanitaire Médecins sans frontières (MSF), alors que le pays cherche à contenir l’apparition de nouveaux cas et que le nombre de foyers semble se multiplier. La propagation de la maladie au Liberia, et sans doute à la Sierra Leone, en plus de la Guinée, laisse craindre que l’épidémie s’étende en Afrique de l’Ouest, où les services de santé sont mal équipés pour y faire face. Le Sénégal a fermé samedi sa frontière terrestre avec la Guinée et suspendu la tenue des marchés hebdomadaires près de la frontière.

UNE PROPAGATION PRÉOCCUPANTE La maladie, qui a fait sa réapparition en février, pourrait avoir tué jusqu’à 78 personnes en Guinée sur 122 cas suspects, selon les autorités de Conakry. Onze cas mortels ont également été signalés ces derniers jours en Sierra Leone et au Liberia. «Nous faisons face à une épidémie d’une ampleur inédite dans la répartition des cas à travers le pays», a déclaré Mariano Lugli, coordinateur de MSF à Conakry. «Cette propagation géographique est préoccupante parce qu’elle complique considérablement la tâche des organisations qui travaillent à l’endiguement de l’épidémie», a-t-il ajouté. Le virus Ebola, qui ne s’était jamais répandu aussi largement en Afrique de l’Ouest, a tué plus de 1 500 personnes depuis la découverte des premiers cas en 1976 dans l’actuelle République démocratique du Congo. Il n’existe actuellement ni vaccin ni traitement pour cette maladie qui commence par de la fièvre, des maux de tête et des douleurs musculaires, avant de dégénérer en vomissements, diarrhées et saignements.


13 CULTURE

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AGENDA CULTUREL

CINÉMA

Le Crac des Chevaliers, une forteresse stratégique

Jazz en Turquie

Islam des mondes

L’évolution de la musique et des musiciens de jazz, en parallèle avec l’histoire du pays. A travers des dizaines d’interviews, la diversité des interprétations aussi bien artistiques que sociales et leur lien avec les réalités historiques. Un documentaire de Batu Akyol (Turquie, 2013, 1h42, VOST).

Juché à 750 mètres d’altitude, le Crac des Chevaliers.

CONCERT

Le 6 Avril à 15h45 Les 3 Luxembourg 67, rue Monsieur Le Prince 75006 Paris

La ronde des derviches de Damas

Les derviches tourneurs de Damas sous la direction du cheikh Hamed Daoud, accompagnés par l’ensemble Al-Kindi, dirigé par Julien Jalal Eddine Weiss.

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«L’architecture du Crac des Chevaliers doit beaucoup au génie militaire arabo-byzantin.» LA «FORTERESSE DES KURDES» Véritable nid d’aigle juché à 750 mètres d’altitude, le château domine la trouée de Homs, d’où il surmonte l’ensemble de la plaine d’El-Boukeia. Position stratégique occupée depuis la plus haute Antiquité, elle correspond au XIe siècle au Hisn al-Safh. Il s’agit d’une tour de guet protégée par des remparts érigée par Shibl ad-Dawla Nasr, prince chiite d’Alep qui y fait installer une garni-

A lire

IMPRENABLE PENDANT 129 ANS Tout commence au lendemain de la prise de Jérusalem par les Croisés, le 15 juillet 1099. Conscient qu’il ne pouvait conserver les Lieux Saints qu’en élargissant le cercle du territoire conquis, Godefroy de Bouillon s’empresse de garnir de forteresses les frontières, ainsi que les principaux défilés à l’intérieur du pays. Protégé au Nord par le comté de Tripoli, au Sud par le désert, le royaume latin de Jérusalem était en revanche ouvert à l’Ouest, sur la mer, aux flottes ennemies venues d’Egypte, et à l’Est, aux armées musulmanes parties de Damas ou des bords de la mer Rouge. En juin 1110, Tancrède d’Antioche prend Hisn al-Akrad alors sous le commandement

du général kurde Karadja, et y fait installer une garnison franque. En 1115, Alp Arslan, troisième sultan de la dynastie turque seldjoukide, met le siège à la forteresse, en vain. Ce sera la première d’une longue série de tentatives musulmanes, toutes vouées à l’échec. La forteresse demeurera en effet imprenable durant plus de 129 ans. C’est l’échec de la septième Croisade qui commencera à sonner le glas du Crac des Hospitaliers, autre nom de la forteresse, aux mains de l’ordre militaro-religieux des Hospitaliers de 1142 à 1271. La déroute des Croisés à al-Mansoura en Egypte en 1249 et le départ de Saint Louis ont entraîné le tarissement des renforts, tandis que les armées musulmanes ne cessaient de progresser dans la région. En 1252, une armée de soldats turkmènes venue de Shayzar au Nord-Ouest de la Syrie envahit la plaine d’El-Boukeia. En 1260, ce sont les Mongols qui sont défaits à Ayn Jalout par un brillant général turc, le sultan mamelouk Baybars Ier. Dotée de puissants engins de guerre, l’armée mamelouke détruit méthodiquement la première puis la seconde barbacane (bashûra) et pénètre dans la cour centrale du château. Aux chevaliers envahisseurs, Baybars Ier, remettra, magnanime, un sauf-conduit qui leur permettra de regagner Tripoli, tandis que la chapelle romane qu’abritait le château est reconvertie en mosquée.

& à voir...

Face à Istanbul, des îles et une histoire De nos jours, les Turcs les appellent simplement Adalar (les Iles) et les Européens disent toujours «îles des Princes». Elles forment un petit archipel au large d’Istanbul. Quatre d’entre elles – Burgaz, Kinali, Heybeli, Büyükada – sont habitées tout au long de l’année et quotidiennement desservies par des ferries, tandis que les cinq autres, de taille beaucoup plus

réduite, sont quasi désertes. Peu connaissent leur histoire, passionnante. Par le passé, elles étaient connues sous le nom de Papaz adalar (îles des Prêtres), ou encore de Kizil adalar (îles Rouges), en raison de leurs nombreux monastères grecs orthodoxes et de la couleur de leur rivage. Retraçant leur histoire, l’auteur fait revivre le cosmopolitisme stambouliote – Rums (Grecs),

Levantins, Juifs, Arméniens –, plus marqué dans ce contexte insulaire que dans la métropole même. Quant aux toutes petites îles qui fascinaient l’écrivain turc Sait Faik, deux d’entre elles – que les Grecs comme les Turcs appellent la Plate et la Pointue – furent le théâtre d’événements singuliers au point qu’elles ont toujours la réputation de porter malheur.

Les îles des Princes : un archipel au large d’Istanbul, de Catherine Pinguet, Empreinte temps présent, 200 pages, 16 €.

Des attaches

Quatre artistes (deux musiciens, une dessinatrice et une créatrice sonore) se réunissent autour de la question de l’attachement à une langue, à un territoire, à des souvenirs, attachement que l’on peut développer dans la migration. Les 4 et 5 avril à 20h00 Le 6 avril à 15h00 Musée de l’histoire de l’immigration 293, avenue Daumesnil 75012 Paris

CONFÉRENCE

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son de soldats kurdes. C’est de cette époque que date l’appellation arabe Hisn al-Akrad, «Forteresse des Kurdes», qui passera en latin sous la forme cratum, puis finalement crac dans l’usage franc, pour aboutir à la dénomination aujourd’hui usuelle de Crac des Chevaliers. Entretemps, la région avait connu l’agression des Croisades, et en lieu et place de la tour musulmane, dont il ne subsiste aujourd’hui aucun vestige, les Francs auront édifié un château fort dont l’architecture doit beaucoup au génie militaire arabo-byzantin (structure des tours, borj, mâchicoulis, marmâ, citernes, birka, etc.).

La promotion culturelle des immigrés, 1975-1981

Genèse d’une extension culturelle des politiques migratoires Par Sylvain Laurens, EHESS. Le 8 avril à 18h30 Musée de l’histoire de l’immigration 293, avenue Daumesnil 75012 Paris

DÉBAT

SEYFEDDINE BEN MANSOUR LILLE Le 20 mars dernier, l’armée syrienne aidée du Hezbollah reprenait aux insurgés le Crac des Chevaliers, un château fort franc érigé en territoire d’Islam au XIIe siècle. Bien qu’endommagé par les combats, il semble que ce chef d’œuvre de l’architecture militaire médiévale ait retrouvé quelque peu de son importance stratégique passée. Hisn al-Akrad, connu en Occident sous le nom de «Crac des Chevaliers», constituait en effet une des pièces maîtresses du réseau de fortifications établi par les armées d’occupation croisées.

CONCERT DESSINÉ

Le 5 avril à 20h30 Institut du monde arabe Place Mohammed V 75005 Paris

Où vont les «révolutions» arabes ?

Qu’ont en commun les mouvements populaires arabes ? Les acteurs de ces révolutions ne se fontils pas voler leur victoire ? Quid des partis islamistes partout structurés et présents, à la différence des partis laïcs progressistes souvent désunis et moins implantés, des syndicats redoutés et combattus par les nouveaux pouvoirs ? Avec Rudolf El-Kareh, sociologue et politologue, et Nadji Safir, sociologue et consultant international. Le 7 avril à 20h00 La Rose des vents Boulevard Van Gogh 59563 Villeneuve d’Ascq


OPINION14

04 - 10 AVRIL 2014 ZAMAN FRANCE

Les leçons à tirer du scrutin municipal turc Le succès de l’AKP lors des dernières élections pose, selon le chroniqueur Cafer Solgun, une question fondamentale : comment se fait-il que les partis de l’opposition, et en particulier le CHP, aient échoué face à l’AKP alors que ce dernier est actuellement si mal en point ?

Directeur de la Publication: HUSEYIN KARAKUS Directeur Général de Zaman France et Directeur des rédactions: EMRE DEMIR Rédacteur en chef adjoint: FOUAD BAHRI Directeur Administratif: FAHRETTIN TEKIN Directeur des ressources humaines: AKIF SAMETOGLU Responsable Commercial: MEHMET SELVI Service Abonnement: CELINE GOKSU Secretaires de Rédaction: FARIDA BELKACEM SELIM BEDER Traduction: CLEMENTINE RAYNAUD Correspondant Presse Alsace: MEHMET DINC Correspondant Presse Ile de France: OSMAN USTA VEDAT BULUT FERHAN KOSEOGLU Infographie: NICOLAS VINCENEUX MUHAMMED SAHIN Redacteurs Web: AYSEGUL ZORLU SUHEDA ASIK Service informatique: HASAN OZCELIK Imprimerie : L IMPRIMERIE 79 Route De Roissy 93290 Tremblay En France Adresse : 2 Boulevard Saint-Martin 75010 PARIS Tel : 01 42 00 19 36 Faks : 01 42 00 19 58 info@zamanfrance.fr www.za­manfrance.fr - www.zamanfransa.com no CPPAP : 1117 I 90032 - ISSN 1869-5795 Tarif abonnement annuel France : 120€

Pourquoi Erdogan a gagné ces élections Malgré les affaires qui ont émaillé la campagne de l’AKP, le parti du Premier ministre turc sort grand vainqueur de ces élections. Comment l’expliquer ? Les commentateurs divergent à ce sujet. Zaman France leur donne la parole.

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Beaucoup attendaient un sursaut des Turcs à l’occasion de cette élection et un vote-sanction contre Erdogan à la suite des révélations des affaires de corruption et de son projet présumé de déclencher une guerre en Syrie. Mais il n’en n’a rien été. Les électeurs ont fait bloc derrière leur chef. Dans ce contexte de crise morale, politique actuel et économique qui se profile, comment comprendre les motivations de l’électorat AKP ?

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Edité par : Source SARL 2, boulevard Saint Martin 75010 PARIS

FOUAD BAHRI

Malgré le vol présumé de bulletins de votes, la saisie de sacs contenant des votes pro-AKP avant le comptage final, les coupures d’électricité enregistrées dans 40 villes turques pendant CAFER SOLGUN le dépouillement et les cyberattaques contre certains médias au moment de l’annonce des résultats, ayant compromis la légitimité et la validité de ces élections, l’AKP peut être considéré comme le gagnant du scrutin municipal du 30 mars. Mais le principal objet de débat dans le pays reste de savoir où les allégations de corruption et le régime arbitraire et autoritaire du Premier ministre Erdogan ont mené la Turquie. Certains commentateurs ont dit s’attendre à un discours modéré et tolérant empreint de messages constructifs de la part du Premier ministre Erdogan qui avait prévu de s’exprimer depuis le balcon du siège social de son parti le soir des élections. Mais ils avaient tort. Erdogan n’a pas offert de message constructif. Son discours n’a servi qu’à réitérer des menaces.

UN CHP PEU CONVAINCANT Le résultat des élections ne change pas le fait que l’image du gouvernement ait été minée par les accusations de corruption. Il était évident qu’Erdogan et son parti diraient de façon démagogique qu’ils seraient exonérés de ces accu-

sations grâce aux résultats des élections. Mais cela ne pourra se faire que si un tribunal compétent décide de les en exonérer. C’est pour cela qu’ils ont compté sur l’appareil d’Etat lors de l’élection, pour éviter les poursuites judiciaires. Mais pourquoi le fait que leur image ait été entachée par de telles allégations n’a-t-il pas influencé le choix des électeurs ? Reformulons ainsi : comment se fait-il que les partis de l’opposition, et en particulier le CHP, aient échoué face à l’AKP alors que ce dernier est actuellement mal en point ? Pendant sa campagne électorale, le Premier ministre Erdogan a rappelé à son public certaines stratégies mises en œuvre par le CHP dans les années 1930 et 1940. Une majorité de personnes s’en rappellent encore et ont été formées par ces pratiques durant le régime à parti unique du CHP. Mais ni le leader du CHP, Kemal Kiliçdaroglu, ni les figures de proue du parti n’ont été capables de répondre aux remarques et aux allégations d’Erdogan à ce sujet de façon convaincante ou de prouver que le parti était aujourd’hui différent. En effet, Kiliçdaroglu affirme que son parti possède à présent une nouvelle identité politique, ce qui n’est pas convaincant puisque le CHP n’a pas réussi à prendre de la distance visà-vis de la période du régime du parti unique. Je pense qu’il s’agit là d’un handicap majeur pour le CHP.

QUELLE ALTERNATIVE À L’AKP ? Le MHP, d’un autre côté, est incapable d’aller au-delà d’un discours plutôt nationaliste. Quand au BDP, il ne peut constituer d’alternative à l’AKP puisqu’il se focalise principalement sur la question kurde. Le CHP possède encore des néonationalistes. Kiliçdaroglu a tenté de créer un nouveau discours et une nouvelle identité grâce auxquels lui et son parti peuvent embrasser tous les segments de la société, mais il n’est même pas certain que ces efforts soient accueillis au sein de son parti. Très certaine-

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«L’AKP et Erdogan devraient apprendre qu’une victoire électorale n’est pas synonyme d’exonération» ment, cela a fortement affecté les choix des électeurs. La Turquie a besoin d’une option politique qui permette démocratie, liberté, solidarité et coexistence pacifique. Si les partis actuels sont incapables de constituer des alternatives en se renouvelant, c’est qu’ils n’ont pas réussi à tirer les leçons de l’Histoire. L’AKP et Erdogan devraient, eux, apprendre qu’une victoire électorale n’est pas synonyme d’exonération. La démocratie prend tout son sens grâce à la loi, à la justice et aux libertés et non pas seulement grâce aux urnes. c.solgun@todayszaman.com

L’AKP PERDRA SA CAPACITÉ À GOUVERNER LA TURQUIE Pour Murat Yetkin, l’auteur de la chronique «The naked truth of Turkish politics» dans Hurriyet daily news, deux raisons expliquent ce choix. La première serait l’aura et la persuasion naturelle d’Erdogan en phase avec son public. «La majorité des électeurs turcs ont fermé les yeux et les oreilles sur la corruption, car Erdogan leur a dit de le faire. Il a encore une grande influence sur eux». L’autre explication étant la faible présence électorale du CHP sur le territoire turc, notamment dans les régions kurdes. «L’inexistance politique dans les régions kurdes pourrait être compréhensible pour le parti nationaliste MHP, mais pas pour le CHP avec son programme démocratique et populaire sociale», explique Murat Yetkin. Pour Nuray Mert, qui s’exprimait dans les mêmes colonnes, l’électorat conservateur n’est pas près de voter pour un autre parti en raison «de son ressentiment contre l’hégémonie culturelle et politique laïque» du CHP. Paradoxalement, pour Nuray Mert, la fuite en avant autoritaire d’Erdogan n’a pas rebuté son électorat car elle a agi comme une catharsis des humiliations passées, par un processus d’identification du peuple avec son leader. Ce qui fait dire à l’auteur que l’AKP ne perdra pas son électorat, à mesure qu’il intensifiera cet autoritarisme, mais qu’il perdra par contre sa capacité à gouverner la Turquie. Une analyse partagée par lnur Çevik du Daily Sabah, qui a écrit dans un article intitulé Nation gives mandate to Tayyip Erdogan ces mots : «La nation a rejeté un retour à la "vieille Turquie" où l’élite minoritaire règnait grâce à un système fondé sur l’humiliation et la répression». L’auteur précise également que cette alchimie naturelle fonctionne particulièrement avec Erdogan qui s’inscrit dans la lignée des leaders charismatiques, pour reprendre une typologie wébérienne. Si ces chroniqueurs restent pessimistes sur l’avenir politique à court terme de la démocratie turque, d’autres à l’instar de Sahin Alpay, de Today’s Zaman, proposent une sortie de crise théorique, qu’il juge difficile aujourd’hui, mais pas impossible demain. «Le système parlementaire offre des possibilités de trouver un moyen de sortir de cette crise. Le groupe AKP peut retirer sa confiance à Erdogan et mettre en place un gouvernement sans lui, mais sous la direction d’Arinç ou de Babacan. Une telle idée peut sembler irréaliste pour le moment, mais elle est le seul moyen pour l’administration du pays de retrouver sa légitimité», propose-t-il dans Democracy is not just élections. f.bahri@zamanfrance.fr


15 SPORT Sivasspor : Chahechouhe et la rumeur OM Actuel meilleur buteur du championnat turc, Aatif Chahechouhe voit son nom revenir de plus en plus dans la rubrique mercato. Alors que son nom a récemment été associé à l’Olympique de Marseille, le Marocain a confié pouvoir difficilement résister au club phocéen. MANSOUR LOUM A 27 ans, Aatif Chahechouhe est en pleine force de l’âge comme en témoigne son titre de meilleur buteur actuel du championnat de Turquie (14 buts en 26 matchs) devant des joueurs tels que Burak Yilmaz, Emmanuel Emenike, Didier Drogba ou encore Moussa Sow. L’attaquant de Sivasspor se satisfait de ses conditions de jeu et de vie dans des propos rapportés par le média turc Fanatik, mais ne serait pas contre un départ pour rejoindre un club plus huppé que celui entraîné par Roberto Carlos. Si son nom commence à être associé à certaines équipes, le milieu de terrain se veut clair : il n’a pour l’heure pas été directement approché. «Je n’ai pas été contacté par l’Olympique de Marseille. J’ai prolongé mon contrat il y a quelques semaines et je suis très heureux à Sivasspor. J’essaye de tout donner avec mon club», a d’abord indiqué l’international marocain, avant de préciser toutefois : «Si cet intérêt de l’OM s’avérait vrai, je ne pourrais pas y rester indifférent. Mon rêve est de revêtir le maillot d’un très grand club.» L’objectif de l’ancien joueur de Nancy, où il est passé entre 2009 et 2011 est donc clair : le projet sportif doit primer sur l’aspect financier. Et alors que le mercato d’été se rapproche déjà, le Lion de l’Atlas garde toutes ses options ouvertes. «On ne

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L'appel d'offres pour les droits de la Ligue 1 maintenu

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L’appel d’offres controversé de la Ligue de football professionnel (LFP) pour l’attribution des droits de retransmission de la Ligue 1 pour les saisons 2016-2020 a été maintenu vendredi par la justice française. Le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris, saisi par Canal + qui demandait sa suspension, a estimé qu’il n’y avait pas lieu de se prononcer en urgence sur la question.

CANAL + CONTESTE LE «TIMING» Canal +, qui contestait le «timing» de cet appel d’offre lancé deux ans avant l’expiration des droits actuels pour faire monter les enchères, notamment avec beIN Sports, a également saisi l’Autorité de la concurrence à ce sujet. La décision de cette dernière ne devrait pas intervenir avant plusieurs mois, après la conclusion de l’appel d’offres. «La société Groupe Canal + et la société d’édition de Canal + ne justifient pas l’existence d’un trouble manifestement illicite», estime vendredi le juge des référés dans son ordonnance dont Reuters a eu copie. Canal + s’est refusé à tout commentaire.

sait pas ce qui se passera la saison prochaine. Je ne me focalise pas sur l’argent. Si c’était le cas, je serais parti au Qatar il y a trois mois, car j’ai eu une énorme offre financière, que j’ai refusée», confie-t-il. Reste à savoir si l’OM va franchir le pas et tenter de le récupérer. En partenariat avec Afrik.com

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Aatif Chahechouhe, meilleur buteur actuel du championnat turc.


L’ex-président du Bayern Munich dans la même prison qu’Hitler -

L’ancien président du Bayern Munich, Uli Hoeness, condamné à trois ans et demi de prison pour évasion fis-

cale, sera incarcéré dans la prison de Landsberg où Adolf Hitler était détenu et avait dicté son livre Mein Kampf à Rudolf Hess.

Les responsables pénitentiaires ont offert lundi à 160 journalistes une visite de l’établissement situé à 70 km à l’ouest de Munich et où Hitler avait été enfermé après le coup d’Etat manqué fomenté dans une brasserie de la ville en 1923.

UN ÉTABLISSEMENT CONSTRUIT EN 1910 Uli Hoeness, ancien joueur de l’équipe championne du monde en 1974 devenu dirigeant de club, a été condamné le 16 mars pour avoir transféré illégalement 28,5 millions d’euros sur un compte en Suisse. Hoeness, qui a passé 35 ans au Bayern Munich, avait lui-même accepté de dévoiler les faits espérant ainsi la clémence de la justice. Harald Eichinger, directeur adjoint de la prison, a précisé qu’Uli Hoeness allait passer deux semaines dans une cellule plus grande avec un co-détenu, le temps qu’il s’adapte à la vie carcérale. Il sera ensuite transféré dans une cellule individuelle. L’ex-dirigeant devrait commencer à purger sa peine dans les prochaines semaines au sein de cet établissement construit en 1910 et où certains criminels de guerre nazis furent exécutés après la Seconde guerre mondiale. Au total, 259 criminels furent pendus et 29 autres passés par les armes.

La médaille du prix Nobel de la Paix 1936 adjugée pour 1,1 million de dollars

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La médaille du prix Nobel de la Paix 1936 a été adjugée pour 1,1 million de dollars (800 000 euros) à un collectionneur privé en Asie, a annoncé vendredi la société de ventes aux enchères Stack’s Bowers. Quatre collectionneurs se sont âprement disputé la prestigieuse récompense lors de la vente, qui s’est tenue jeudi soir à Baltimore, dans le Maryland. Il y a eu 94 prix Nobel de la Paix depuis 1901, selon le site internet de l’organisation. La médaille de 1936 avait été attribuée à Carlos Saavedra Lamas, ministre argentin des Affaires étrangères pour avoir notamment aidé à mettre fin à la guerre du Chaco (1932-1935) entre la Bolivie et le Paraguay. Le lauréat est mort en 1959. Une médaille du prix Nobel de la paix 1903 s’était vendue pour près de 17 000 dollars lors d’une vente aux enchères à Londres en 1985.


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