Mohammed Qotb, une vie au service de l’islam
«Heartbleed» : Duel au soleil une faille numérique entre Besiktas crée le buzz et Fenerbahçe
CULTURE11
FRANCE03
SPORT15
18 - 24 AVRIL 2014 N° 311 Prix : 2,5 €
WWW.ZAMANFRANCE.FR
ETATS-UNIS/UNION EUROPÉENNE :
SOCIETE
La dernière sultane ottomane en France inhumée à Paris Fevziye Sultane, arrière-petite-fille du Sultan ottoman Abdülmecid (18231861), s’est éteinte à Paris à l’âge de 86 ans. Celle qui était le seul membre de la famille impériale vivant en France à porter le titre de sultane a été enterrée dans le carré musulman du cimetière parisien de Thiais. -04
SOCIETE
La diplomatie turque mise à l’épreuve Les temps sont durs pour la diplomatie turque. Après les vives critiques de plusieurs hauts responsables de l’Union européenne qui avaient fait suite à la fermeture de Twitter et YouTube, c’est au tour de Washington qui vient de ressortir la question du «génocide arménien». Une résolution sénatoriale qui ouvre la voie à sa reconnaissance a déjà été votée.
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Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a affirmé que la Turquie suivait de près la situation concernant la résolution sur le «génocide» arménien, votée à la Commission des relations étrangères du Sénat américain la semaine dernière. Il a ajouté qu’il ne permettrait pas l’existence d’une «exploita-
tion politique» sur la question. «Les relations entre les Etats-Unis et la Turquie ne doivent pas être entravées par les activités d’un lobby», at-il dit. «En aucun cas, la Turquie ne permettra qu’il y ait une exploitation politique de cette nature», a averti le ministre turc, selon l’agence de presse Anadolu. R INTERNATIONAL 10
Où va la Turquie ? Dans un article publié dans le journal albanais MAPO, le journaliste Denion Meidani dresse un tableau de la Turquie à la lumière des derniers évènements qui ont marqué son actualité, et dresse un diagnostic relatif à son avenir. RTURQUIE 08
EDITO FOUAD BAHRI
Le nouveau visage de la jeunesse française -02
W(e) Talk : l’action au féminin pluriel
Erdogan, l’art de se faire des ennemis
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La stratégie politique d’Erdogan a toujours consisté à se créer des ennemis réels ou imaginaires, et à se présenter en sauveur de la Nation. Après l’armée et l’«Etat parallèle», c’est à la Cour constitutionnelle d’en faire les frais comme l’explique le chroniqueur Mümtazer Türkone. ROPINION 14
Zaman Okur Hattý: 01 42 00 19 36
Disiz :
«Je ne suis pas un émissaire de la banlieue» Dans une interview exclusive accordée à Zaman France, le rappeur Disiz nous évoque ses inspirations et les lignes conductrices qui ont guidé son dernier album, TranseLucide. Un entretien vérité où l’artiste français exprime sa volonté d’échapper aux étiquettes. R CULTURE 12
EXCLUSIF
Fatiguées de l’uniformité des «success story» au féminin, quatre femmes ont lancé W(e) Talk, le premier évènement qui célébrera le 7 juin l’action féminine au pluri-elle. Parce qu’il n’y a pas qu’une seule façon de réussir dans la vie. -05
Le Parlement contre la condamnation à mort des Frères musulmans Une déclaration commune contre la condamnation à mort en Egypte de centaines de membres des Frères musulmans a été émise par les partis turcs représentés au Parlement. Une initiative prise alors que des débats houleux sur ce sujet avaient éclaté entre l’AKP et les partis de l’opposition. -TURQUIE 09
Pékin Express crée l’indignation Manifestant la révolte contre l’émission de la chaîne française M6 en Birmanie, Pékin Express, une campagne de boycott a débuté sur les réseaux sociaux. -FRANCE 03
02 FRANCE
Une note de police ciblait les Roms
EDITO FOUAD BAHRI
La révélation d’une note interne de la police du VIe arrondissement de Paris, par Le Parisien, a soulevé un tollé chez les associations antiracistes. La note a entre temps été modifiée annonce le ministère de l’Intérieur.
Le nouveau visage de la jeunesse française Souvent dépeinte comme une victime de son époque, victime du chômage, victime de la crise du logement et de bien d’autres maux contemporains, la jeunesse française est aussi la proie de multiples procès d’intention qui lui sont intentés. Trop abstentionniste quant elle n’est pas politisée, trop radicale quant elle l’est, présentée comme pessimiste voire nihiliste, la jeunesse française n’a pourtant pas attendu ses détracteurs pour s’emparer de sa parole et se réapproprier son image, diverse mais toujours surprenante. Cette semaine, Zaman France en a fournit l’illustration. Dans une interview exclusive accordée à notre rédaction, le célèbre rappeur Disiz a eu ces mots très révélateurs de cette génération de trentenaire qui souhaite s’affranchir de tous les moules dans lesquels la société de consommation a souvent tendance à les enfermer. «Je déteste le déterminisme social. Sous prétexte que j’ai grandis dans un milieu précis, on me fait correspondre à une catégorie sociale précise. Et avec ce classement on ne s’autorise pas à vivre la vie qu’on veut parce qu’on vient de tel ou tel quartier. Je n’ai pas réponse à tout et je n’ai pas un avis sur tout. Ce n’est pas mon rôle d’en parler, je ne suis pas un politique, et encore moins un émissaire de la banlieue», déclare-t-il. Loin du rappeur assigné à contestation, criant davantage sa colère qu’il ne chante, Disiz aborde le rap comme une toile sur laquelle il esquisse les grands traits de sa vie, ses humeurs, ses idées, ses états d’âme, loin des affiches aux slogans politiques éculés. Dans un autre registre, le projet «W(e) Talk», cette campagne publique destinée à bousculer les idées reçues et les clichés sur la femme française, est tout aussi révélateur. Lancée par quatre femmes, dont Esra Tat, une Francoturque, «W(e) Talk» ambitionne de réhabiliter la réalité, la vraie, de ces femmes aux visages autrement plus authentiques que ces icônes envahissantes de la mode véhiculant cette fausse jeunesse artificielle illuminée par les projecteurs. De la femme entrepreneure à la militante associative, les profils abondent et retranscrivent plus fidèlement l’image de la société française. Quant aux réseaux sociaux, ils confirment une fois de plus que la politisation des jeunes français a évolué. Loin de se réduire à l’urne électorale, elle embrasse les contours mobile de l’information, comme l’a montré la formidable mobilisation condamnant la diffusion de l’émission Pékin Express en Birmanie, ce pays où la minorité Royingha subie un vrai génocide. Un message bien reçue par la chaîne M6 et par l’ensemble des décideurs qui savent qu’ils devront compter avec cette nouvelle jeunesse décomplexée et bien présente. f.bahri@zamanfrance.fr
18 - 24 AVRIL 2014 ZAMAN FRANCE
Une note de police du VIe arrondissement de Paris préconisait d’«évincer systématiquement» les Roms.
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Une note interne au commissariat du VIe arrondissement de Paris demandant de «localiser» et d’«évincer systématiquement» les familles Roms vivant dans la rue a été «rectifiée», annonce mardi le ministre de l’Intérieur. Ce document, révélé par Le Parisien, a provoqué un tollé chez les associations de lutte contre le racisme. La consigne interne au commissariat du VIe arrondissement de Paris publiée dans la presse ce matin a été rectifiée», déclare Bernard Cazeneuve dans un communiqué, sans donner davantage de détails. Aucun contrôle de police ne peut être effectué en ciblant une personne en fonction d’une nationalité réelle ou supposée», rappelle-t-il. Le maire UMP du VIe arrondissement, Jean-Pierre Lecoq, défendait la «vocation sociale» de cette note destinée selon lui à empêcher que de jeunes enfants, voire des nourrissons, dorment dans la rue.
UNE DÉRIVE ANTIRÉPUBLICAINE Mais pour SOS Racisme, cette consigne, dans un contexte de discriminations à l’encontre des Roms en Europe, relève de véritables «dérives antirépublicaines.» «C’est une violence de plus à l’endroit des popu-
lations Roms, et/ou supposées Roms, déjà victimes en France et sur l’ensemble du continent européen d’un niveau de stigmatisation au-delà de l’inquiétant», écritelle dans un communiqué. Le Syndicat de la magistrature, classé à gauche, dénonce également «la stigmatisation quotidienne de certaines catégories de population, reléguées au rang de sous-citoyens de l’Europe, et le traitement indigne et discriminatoire dont elles font l’objet en France.» La politique du gouvernement français,
qui a procédé en 2013 à 21 537 évacuations hors de campements Roms – soit deux fois plus qu’en 2012, selon un rapport de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et l’European Roma Rights Center (ERRC) – se fonde sur une circulaire du 26 août 2012. Mais les associations de terrain, qui avaient salué sa publication, dressent un bilan amer de son application. Quelque 20 000 Roms, originaires de Bulgarie et de Roumanie, vivent en France, dont plus de la moitié en Ile-de-France. PHOTO DE LA SEMAINE
56 690 bougies ont été allumées le 14 avril aux Philippines, un record réalisé à l’occasion d’une initiative intitulée «lumières pour la paix».
...ET UNE MAUVAISE
UNE BONNE...
La barre des 900 000 réfugiés syriens en Turquie atteinte
Les animaux seront désormais considérés en France comme des «êtres vivants doués de sensibilité», a décidé la commission des Lois de l’Assemblée. Elle a adopté mardi un amendement socialiste en ce sens dans le cadre de l’examen du projet de loi sur la modernisation et la simplification du droit et des procédures. La fondation «30 Millions
La Direction de la gestion des catastrophes et des urgences (AFAD) rattachée au bureau du Premier ministre a annoncé mardi 15 avril que la Turquie abritait actuellement plus de 900 000 réfugiés syriens ayant fui la guerre civile de leur pays. Pour le président de l’AFAD, Fuat Oktay, «La plupart des réfugiés vivent dans des villes frontalières. Le montant de l’aide internationale est d’environ 200 millions de dollars alors que nos dépenses sont supérieures à 2,5 mil-
d’amis» avait lancé il y a près de deux ans une pétition pour obtenir une modification du Code civil qui considère les animaux comme des «biens meubles». L’amendement précise que «les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité» et que «sous réserve des lois qui les protègent», ils «sont soumis au régime des biens corporels».
liards de dollars. Notre peuple fait aussi ce qu’ils peut pour aider ces réfugiés», précise Oktay. Ce dernier ajoute que les besoins fondamentaux des réfugiés sont l’éducation, la santé, l’alimentation et la protection mais que la Turquie ne peut remédier à ces nécessités seule. «J’appelle toutes les organisations internationales à nous épauler pour qu’on puisse aider ces personnes», indique Oktay .
NOUVELLE
Les animaux reconnus comme «êtres sensibles»
03 FRANCE
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18 - 24 AVRIL 2014 ZAMAN FRANCE
«Si l’UMP et le PS étaient bons, le FN n’existerait pas» C’est ce qu’a expliqué Marine le Pen lors de l’émission «Des paroles et des actes», jeudi 10 avril sur France 2. Le Front national a remporté 11 mairies lors des dernières élections municipales.
Faille de sécurité «Heartbleed» : prendre ses précautions
C’est mardi 8 avril que des experts informatiques ont signalé l’existence d’une des plus graves failles de sécurité découvertes depuis des années et affectant un logiciel d’encodage utilisé par un très grand nombre de sites internet (dont certains arborant la petite icône en forme de cadenas [https])
Pékin Express en Birmanie suscite l’indignation sur les réseaux sociaux
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Cette faille baptisée «Heartbleed» (Coeur qui saigne) a été découverte par des chercheurs de Google et d’une petite entreprise de sécurité informatique Codenomicon. Elle a incité le département américain du Homeland Security à conseiller à toutes les entreprises de vérifier si leurs serveurs utilisaient une version vulnérable du logiciel OpenSSL. Cette faille, qui existe depuis deux ans environ, permet à des pirates informatiques d’avoir accès à des données sensibles, dont des mots de passe ou des codes secrets, en passant par la mémoire des serveurs. Une mise à jour d’OpenSSL réparant la faille de sécurité est déjà disponible. Chris Eng, vice-président du département recherche chez Veracode, société de sécurité informatique, a précisé que des centaines de milliers de serveurs internet partout dans le monde devaient être mis à jour dès que possible afin de les protéger contre d’éventuelles attaques. Selon lui, des hackers pourraient être tentés d’exploiter cette faille de sécurité maintenant qu’elle est connue publiquement. Un porte-parole de Yahoo a reconnu que Yahoo Mail présentait une vulnérabilité mais a précisé que le problème avait été réglé ainsi que pour d’autres sites de la société comme Yahoo Search, Finance, Sports, Flickr et Tumblr.
CHANGER SES MOTS DE PASSE SUR LES SITES MIS À JOUR ET SÉCURISÉS S’il est conseillé de changer ses mots de passe, il faut toutefois faire attention à la version OpenSSL des sites en question et vérifier que ceux-ci sont bien à jour, car dans le cas contraire, se connecter à un serveur non sécurisé pour changer un mot de passe pourrait dévoiler le nouveau et l’ancien code à un éventuel hacker. Toutefois, les internautes peuvent changer leurs mots de passe une fois que fournisseur a mis à jour sa version d’OpenSSL. COMMENT CHOISIR, SÉCURISER ET GÉRER SES MOTS DE PASSE : http://www.commentcamarche.net/faq/29818-choisir-securiser-et-gerer-ses-mots-de-passe Le site Mashable conseille de changer ses mots de passe sur une liste de sites concernés. Parmi ces sites, Facebook, qui assure avoir corrigé la faille avant qu’elle ne soit rendue publique, mais préconise tout de même à ses utilisateurs de changer leurs mots de passe.
ŞUHEDA AŞIK PARIS Manifestant la révolte contre l’émission de la chaîne française M6 en Birmanie, Pékin Express, une campagne de boycott a débuté hier sur les réseaux sociaux. Diffusée via le hashtag #contrepekinexpress2014 et deux pages Facebook, la campagne a déjà généré plus de 1200 tweets et mobilisé plus de 5000 personnes pour dire non à «Pékin Express en Birmanie». A travers cette campagne également relayée par le site d’information musulman Al-Kanz et l’ONG BarakaCity, les internautes appellent à protester pour ne pas rester spectateur du génocide du peuple Rohingya.
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Google. Le moteur de recherche et ses principaux services tels que Gmail, Google Play ou YouTube ont été touchés. Même si la firme assure que les utilisateurs n’ont pas besoin de s’inquiéter pour leur mot de passe, Mashable recommande tout de même de le changer. Yahoo a été un des premiers sites repéré par les experts en sécurité informatique. Le site assurant avoir corrigé la faille, il est donc conseillé de changer vos mots de passe Pour d’autres sites tels que Tumblr ou Dropbox, Mashable recommande également de changer vos mots de passe. Certains sites tels que Twitter et Apple ont refusé tout commentaire, et il est donc difficile de juger de la situation. En revanche, Amazon.com, Microsoft, PayPal, ou encore LinkedIn n’auraient pas été touché. La liste mise à jour par Mashable (http://mashable. com/2014/04/09/heartbleed-bug-websites-affected/) La vulnérabilité d’un site peut être testé sur Filippo.io/ Heartbleed ou sur https://lastpass.com/heartbleed/.
Action’Elle : «Les voies qui mènent à la réussite professionnelle» -
La jeune association strasbourgeoise Action’Elle, née d’une réflexion entre de nombreuses identités de tous horizons, a organisé récemment une conférence au sein de la Maison des Associations sur «Les voies qui mènent à la réussite professionnelle». L’invitée d’honneur était Madame Cathy Laurent, ancienne déléguée territoriale de la Femme, actuellement directrice adjointe de la direction de l’Education et de la Formation au sein du Conseil Régional d’Alsace. La soirée a débuté avec le discours de Madame Ciçek Yildirim, secrétaire de l’association, rappelant que la réussite professionnelle demeure une problématique d’actualité et un élément central des politiques d’éducation et de formation et des politiques de l’emploi. Madame Cathy Laurent a estimé que la grande réussite était de voir l’organisation d’une conférence à propos de ce thème via la constitution d’une association. Par la suite, la directrice adjointe a évoqué la situation économique tendue de la région alsacienne et a poursuivi en soulevant les éléments clefs de la réussite. La définition apportée par l’ancienne déléguée territoriale de la femme était la suivante : «La réussite, c’est plein de petits ingrédients, plus qualitatifs, plus subjectifs
qui renvoient plus à la personne…c’est donner du sens à sa propre vie !». La soirée a pris fin avec un zoom sur la réussite au féminin. La conférence très enrichissante, qui a duré 2 heures, a permis aux nombreux participants d’avoir un temps d’échange avec Madame Laurent, et de convivialité avec la collation proposée par les membres de l’association Action’Elle.
LE THÉÂTRE DE MASSACRES CONTRE LES ROHINGYA Ce groupe ethnique est estimé à un million de musulmans vivant principalement dans le nord de l’État d’Arakan (aussi appelé Rakhine), dans le sud-ouest de la Birmanie. La Birmanie reste encore aujourd’hui le théâtre de massacres perpétrés par les extrémistes bouddhistes envers les Rohingya, peuple considéré par l’ONU comme l’une des minorités
les plus persécutées de la planète. Officiellement apatrides par une loi votée en 1982, les Rohingya ne sont pas reconnus comme minorité ethnique et sont victimes d’extorsions, de confiscation des terres, et de travail forcé. Egalement soumis à des contrôles des naissances, ils rencontrent des difficultés pour envoyer leurs enfants à l’école, se marier, et ne peuvent pas faire d’études supérieures. Cette pérsécution «officielle» avait pris de l’ampleur en juin 2012, avec les revendications du mouvement islamophobe bouddhiste 969 dont le leader « moral », le moine Ashin Wirathu, prônait sans détours un véritable apartheid entre bouddhistes et musulmans. Ainsi les Rohingya «à l’origine des troubles qui déchirent le pays», sont considérés par les moines Rakhines comme une menace pour la pureté raciale, l’identité birmane, et la morale bouddhiste. EN 2012 et 2013, la minorité Rohingya a été victime de nombreux massacres. Le 14 septembre dernier, les représentants bouddhistes, dont le moine Ashin Wirathu, et les représentants musulmans avait signé un accord de paix. Un positionnement qui constitue un espoir de voir les violences diminuer.
04 SOCIETE
18 - 24 AVRIL 2014 ZAMAN FRANCE
La dernière sultane ottomane en France inhumée à Paris Kenizé Mourad, princesse Nilüfer, Jeannine Crete, Bülent Osmanoglu, prince Yusuf Mecid Kefeli, prince Selim.
Fevziye Sultane, arrière-petite-fille du Sultan ottoman Abdülmecid (1823-1861), s’est éteinte à Paris à l’âge de 86 ans. Celle qui était le seul membre de la famille impériale vivant en France à porter le titre de sultane a été enterrée dans le carré musulman du cimetière parisien de Thiais. SAMI KILIÇ PARIS Une princesse ottomane qui rend l’âme en exil n’était certes plus une singularité mais une page de l’histoire se tourne avec le décès de Fevziye Sultane. La France, qui a accueilli nombre de membres de la famille ottomane chassée de Turquie en 1924, ne compte plus aucune sultane sur son sol. Son Altesse Impériale Fevziye Osmanoglu menait une existence discrète à Paris. Née en 1928, mariée un temps à un prince égyptien, Mohammed Hussein Khaïry, petitfils du Sultan Hussein Kamal d’Egypte, elle avait travaillé à l’UNESCO. Fille d’Ibrahim Tevfik Efendi, petit-fils du Sultan Abdülmecid, elle était la sœur de l’actuel chef de la dynastie ottomane qui vit aux Etats-Unis, le prince impérial Osman Bayezid Osmanoglu, de quatre ans son aîné.
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«LA DERNIÈRE GRANDE SULTANE» La prière mortuaire, dirigée par l’imam turc Ibrahim Ethem Dogan, a été accomplie à la Grande mosquée de Paris le jeudi 10 avril 2014. Une vingtaine de personnes ont répondu présent, à commencer par l’imam de la mosquée ainsi que des fidèles arabes, les représentants des autorités consulaires turques et des amis proches de la défunte. Myra Daridan, la nièce de Mohammed Hussein Khaïry qui a organisé la cérémonie au grand dam des cousins ottomans, s’est confondue en éloges : «Elle a eu une vie extrêmement discrète, si elle savait que tant de personnes seraient là aujourd’hui, elle serait toute rouge
de confusion parce qu’elle souhaitait vivre très simplement, travailler comme tout le monde et gagner sa vie», a-t-elle dit avant d’ajouter que sa tante avait eu «deux exils, un premier du pays de sa dynastie ottomane, elle a grandi en France et le second, c’est d’Egypte». Kenizé Mourad, arrière-petite-fille du Sultan Murad V (1840-1904) et princesse de Kotwara, nous a également confié son émotion : «Je l’ai vue jusqu’à la fin, elle a toujours été d’une discrétion et d’une gentillesse, elle était la personne la plus noble qui soit. Elle était une vraie sultane ; pour moi, c’est la dernière grande sultane, elle n’était pas née dans l’empire mais elle était la dernière de cette génération des grandes dames, elle était majestueuse».
GRINCEMENTS DE DENTS DU CÔTÉ DES OTTOMANS La famille ottomane n’était représentée que par cinq membres : Kenizé Mourad, le prince Yusuf Mecid Kefeli (fils de la princesse impériale Rabia Nilüfer Sultane, sœur de la défunte), Bülent Osmanoglu, arrière-petit-fils du Sultan Abdülhamid II (1842-1918) et du célèbre Gazi Osman Pacha (1833-1900) et les deux enfants du feu prince impérial Burhaneddin Cem, autre frère de la défunte, le prince impérial Selim Cem et la princesse impériale Nilüfer Sultane. Cette dernière a pris la parole pour exprimer son chagrin de ne pas avoir été associée à la cérémonie : «Nous n’avons été prévenus que deux jours auparavant. Je parle au nom du chef de la famille
Une prière mortuaire a été célébrée en l’honneur de Fevziye Sultane.
impériale qui n’est même pas au courant que sa sœur est enterrée aujourd’hui à Paris. Je suis triste de dire cela». Yusuf Mecid Kefeli a également manifesté son dépit, «Elle était avant tout princesse ottomane et non égyptienne, la dynastie ottomane a 7 siècles, l’égyptienne ne date que d’un siècle et demi, il ne faut pas tout mélanger», nous a-t-il livré.
GESTE DE LA RÉPUBLIQUE TURQUE Conformément à la nouvelle pratique du gouvernement musulman-démocrate de Tayyip Erdogan, les autorités turques ont fait acte de présence. Le premier conseiller de l’ambassadeur de Turquie, le conseiller juridique ainsi que le conseiller aux affaires religieuses sont venus présenter leurs hommages à la famille alors que le ministre des affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, envoyait
une couronne de fleurs. Les dirigeants actuels ne manquent pas en effet d’accomplir des gestes de courtoisie envers les descendants des sultans, notamment en leur octroyant la nationalité, leur délivrant des passeports et en assistant à leurs enterrements. Le prince Selim a été très touché, «J’aime beaucoup la Turquie d’Erdogan et celle de Gül, c’est le meilleur gouvernement depuis 1924. C’est la première fois que la République turque montre un peu d’affection et de gratitude pour la famille ottomane», nous a-t-il dit. La dynastie compte actuellement 244 membres mais très peu ont, conformément au protocole très strict de la cour ottomane, les titres de Sehzade (prince impérial), Beyzade (prince), Sultane (princesse impériale) et Hanimsultane (princesse). La France vient de porter en terre sa dernière sultane.
05 SOCIETE
18 - 24 AVRIL 2014 ZAMAN FRANCE
W(e) Talk : l’action au féminin pluriel
MON AVOCAT CANAN ÖZENICI
Violer la loi relève de la concurrence déloyale
Fatiguées de l’uniformité des «success story» au féminin, quatre femmes ont lancé W(e) Talk, le premier évènement qui célébrera le 7 juin l’action féminine au pluri-elle. Parce qu’il n’y a pas qu’une seule façon de réussir dans la vie… VANESSA MEFLAH PARIS Avez vous un modèle féminin ? Une personnalité féminine que vous admirez ? Bon, et si on vous pose la question autrement, en vous demandant cette fois-ci s’il y a une personnalité masculine que vous admirez, vous sauriez peut être quoi répondre et avec un peu plus d’inspiration. N’est-ce pas ? Ce désert de réponses, à propos des femmes, c’est à peu près le point de départ du projet associatif, W(e) talk. «On a constaté que les gens avaient plus de facilité à citer le nom d’un homme qui les inspire, que le nom d’une femme. Souvent les gens citent leur mère», explique Esra Tat, cofondatrice du projet W(e) Talk. W(e) Talk, c’est l’histoire de quatre femmes, Jehan, Esra, Nathalie et Alix, aux parcours professionnels variés, qui ont décidé de changer l’image de la femme et du «modèle stéréotypé de réussite qu’on lui prête», et ainsi promouvoir la pluralité des profils et des formes de réussite au féminin. «Il n’y a pas qu’une seule manière de réussir» insiste Esra. «A 22 ans j’ai crée ma première société, un bureau d’études dans la rénovation écologique. J’ai été soumise à pas mal de préjugés vis-à-vis de mes interlocuteurs. J’étais jeune et en plus de ça, une femme entrepreneur. Là je me suis dit, qu’il y avait encore du boulot à faire au niveau de l’image de la femme et de sa représentativité dans le monde du travail».
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DONNER ENVIE D’ALLER AU BOUT DE SES RÊVES Une réussite qu’elle qualifie de formatée. «Nous ne sommes pas toutes issues de grandes écoles et n’aspirons pas toutes à devenir des working girls du style business women» déplore Jehan Lazrak-Toub, journaliste et cofondatrice de l’évènement. Jehan a elle aussi un parcours singulier, puisque, face au regard des autres dans le milieu dans lequel elle voulait évoluer, la communication, elle a décidé de monter sa propre boîte de communication. Toutes ces identités et ces formes de réussite, ces quatre femmes les revendiquent et souhaitent en faire profiter tout le monde. Grâce a une campagne de financement participatif, sur Inter-
net, We talk a réussi à récolter les 3 000 euros nécessaires pour organiser l’évènement le 7 juin. Un évènement qui se déroulera à Paris, en présence de huit femmes aux profils toujours aussi variés, qui prendront la parole pendant 15 minutes et viendront témoigner de leurs réussites et de leurs parcours. «Ce que nous souhaitons, c’est donner envie aux gens qui seront là d’aller au bout de leur rêve et de leurs ambitions. Il faut ar rêter de s’infliger des modèle de réussite voulus par la société de consommation». Huit femmes qui a travers leur force d’inspiration et leurs discours donneront au public la force d’agir et le courage de dépasser certaines barrières, comme celle de la
maladie ou de l’origine. Une vision de l’engagement pluri-elle au féminin, mais qui s’adresse aussi aux hommes. Comment dépasser les clichés et comment se construire personnellement face à un modèle préconçu de réussite, tels seront les sujets abordés le 7 juin, à l’occasion du tout premier évènement de W(e) Talk qui, pour cette première édition, aura pour thème : ne pas faire siennes les limitations des autres. Billetterie et financement participatif jusqu’au 17 avril : http://fr.ulule.com/wetalkevent/ Rendez-vous le 7 juin à la Cartonnerie, 12 rue Deguerry, 75011 Paris
Les chefs d’entreprises connaissent les guerres effrénées aux prix plus bas et toujours plus bas. La Cour de Cassation vient d’accorder une protection importante aux entreprises respectueuses de la loi et des bonnes pratiques souvent victimes de leurs bons comportements. En effet, une décision récente vient de confirmer que l’inobservation d’une réglementation peut être constitutive d’un acte de concurrence déloyale. La Cour de cassation confirme que l’activité d’une société, exercée sans l’autorisation préfectorale requise, en violation de la réglementation en vigueur, peut apporter une distorsion dans le jeu de la concurrence et constituer une concurrence déloyale pour les entreprises voisines exerçant la même activité. Ici, une société spécialisée dans la récupération de matières métalliques, recyclables issues en particulier des véhicules hors d’usage et exploitant un broyeur, n’avait pas obtenu les autorisations administratives exigées. Assignée en concurrence déloyale par un concurrent qui exerçait la même activité et qui avait, lui, obtenu les certificats d’exploitation nécessaire, la société prétendait que l’atteinte à la concurrence n’était pas caractérisée, celle-ci ne pouvant résulter du seul non-respect de la réglementation. Il s’agit là d’un arrêt important qui mettra la pression aux entreprises du même secteur qui pourront faire pénaliser un concurrent s’il ce dernier ne respecte pas les règles du jeu s’octroyant par ce biais un moyen de baisser ses prix et s’attirer les faveurs du consommateur. Un tel arrêt pourra notamment être exploité dans le secteur du bâtiment où les entreprises venues de l’Europe de l’Est n’hésitent plus à faire baisser les prix de manière inconsidérée et incontrôlée car elles pensent être affranchies de tout cadre social. Le seul problème qui est posé ici sera d’apporter la preuve de l’inobservation d’une règlementation lorsque la plupart des contrats importants sont par principe ultraconfidentiels. L’espionnage commercial serait-il de retour ? Pour vos questions : ceruguz@yahoo.fr
06 TURQUIE
18 - 24 AVRIL 2014 ZAMAN FRANCE
L’économie turque, victime collatérale de la politique d’Erdogan Un rapport d’une ONG turque dévoile les risques encourus par l’économie turque du fait du climat de guerre politique menée par l’AKP contre le Hizmet.
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Les appels du gouvernement turc à boycotter les écoles et instituts du Hizmet depuis plusieurs mois finiront par porter atteinte à la confiance des investisseurs envers le marché turc, affirme un rapport qui vient d’être publié. Ce rapport, signé par l’ONG Competition Association, souligne la mauvaise influence de la tension politique en Turquie envers la libre entreprise et la concurrence loyale du marché turc. Le rapport, rédigé par Erdal Türkkan, expert en droit de la concurrence et membre du conseil de l’ONG Competition Association, souligne que la gestion de l’affaire de corruption par le gouvernement et la pression qu’il a exercé sur des entreprises turques en imposant des amendes pénales et d’autres sanctions administratives ont porté atteinte à l’atmosphère économique en Turquie.
LES PRESSIONS SUR LES ENTREPRISES PROCHES DU HIZMET Constatant de plus en plus d’exemples de pression exercée par le gouvernement sur les entreprises privées, Türkkan souligne qu’il faut protéger l’Etat de droit avant que la situation n’empire. L’appel d’Erdogan à ses électeurs de ne pas envoyer leurs enfants dans les écoles du Hizmet et de ne pas acheter les jour-
naux affiliés au mouvement est l’un des exemples phare de la façon dont le Premier ministre utilise son influence politique pour «punir» le mouvement Gülen. Les bras droits d’Erdogan ont appelé les soutiens AKP à boycotter les entreprises et une banque en particulier, proches du mouvement. Les grands groupes d’entrepreneurs comme la Confédération turque des hommes d’affaires et des industriels (TUSKON) et l’Association turque des hommes d’affaires (TUSIAD) expriment régulièrement leur inquiétude sur l’économie qui finira par être touchée par cette incertitude grandissante sur la scène politique turque. Pour faire pression sur les entreprises critiques envers sa politique, le gouvernement a eu recours par le passé à des inspections. Au mois de décembre, une source proche du ministère des Finances avait déclaré à Zaman que des inspecteurs avaient reçu l’ordre en juillet de rechercher des moyens de punir les entreprises proches du Hizmet.
UNE CRÉDIBILITÉ COMPROMISE Depuis décembre, plusieurs affaires comme la fermeture des terrains aurifères de l’entreprise minière Koza Altin, les retraits d’importantes sommes d’argent à la Bank Asya visant à faire couler l’établis-
Le mauvais climat économique en Turquie fait peser des risques à l’activité du pays et aux investisseurs peu rassurés par les offensives du gouvernement contre le Hizmet.
sement bancaire et le contrôle fiscal effectué chez Kaynak Holding semblent faire partie d’un plan politique visant à faire taire la dissidence politique, soutiennent certains experts. L’ONG Competition Association a déclaré que des tentatives arbitraires similaires de la part du gouvernement avaient aussi compromis la crédibilité de la concurrence de l’Etat et
de ses organismes d’audit. Afin de renforcer son contrôle sur les organismes et instituts de surveillance indépendants, le parti au pouvoir a récemment envisagé de voter une loi pour conférer au gouvernement le pouvoir de contrôler l’autorité de la concurrence du pays. Cette loi a néanmoins été abandonnée suite aux critiques de l’opposition.
100 nouveaux juges pro-AKP à la Justice YAKUP ÇETIN ISTANBUL Plus de 100 juges qui exerçaient au sein de l’AKP ont été nommés à des postes auprès de hautes cours pénales. Les nominations ont eu lieu après l’adoption d’une loi proposée par l’AKP visant à réorganiser le Haut Conseil de la magistrature (HSYK) au Parlement fin février. Zaman a ainsi appris que 110 membres de l’appareil judiciaire ayant exercé à divers postes au sein de l’AKP ou qui se sont lancés en politique au nom du parti au pouvoir exercent maintenant en tant que juges auprès de hautes Cours pénales dans plusieurs provinces de Turquie comme Istanbul, Ankara, Izmir et Adana. D’abord avocats, ils sont devenus juges trois mois avant l’adoption de la loi sur le HSYK. Ces nominations vont à l’encontre des règles traditionnelles des promotions au sein du système judiciaire. En effet, d’ordinaire, seuls les juges ayant au minimum 15 ans d’expérience peuvent être nommés auprès de ces Cours. Or, les juges en question n’ont aucune expérience à ces postes.
La nomination de 100 nouveaux juges pro-AKP va permettre au gouvernement d’exercer un contrôle plus important sur les prochaines enquêtes judiciaires.
DES AFFAIRES MAJEURES À TRAITER Les juges nouvellement nommés vont traiter de nombreuses affaires pénales majeures, parmi lesquelles l’enquête anticorruption dans laquelle Erdogan et plusieurs
membres de son gouvernement sont impliqués. Parmi les autres affaires, celle de la mort de l’ancien président du Parti de la grande unité (BBP), Muhsin Yazicioglu, qui a péri dans un mystérieux accident d’hélicoptère en 2009 et celle de l’assassinat de trois missionnaires chrétiens dans une maison d’édition à Malatya en 2007. Les nominations controversées de ces juges ont lieu alors qu’a été publiée début mars une conversation entre le Premier ministre turc et l’ancien ministre de la Justice, Sadullah Ergin, où les deux hommes parlaient des moyens de prendre le contrôle de la Cour de cassation.
LES ÉCOUTES, SOUMISES AU BON VOULOIR DES JUGES Le gouvernement travaille par ailleurs sur un projet requérant l’unanimité pour les décisions de justice autorisant les mises sur écoute. Actuellement, seule l’approbation d’une majorité de juges est obligatoire. En Turquie, les procureurs mettent souvent sur écoute les conversations téléphoniques de suspects pour surveiller et dévoiler toute activité criminelle ou délictuelle. Avec les juges affiliés à l’AKP nommés auprès des hautes Cours pénales, il sera probablement plus difficile pour les procureurs d’obtenir l’autorisation de mettre sur écoute de façon légale.
07 TURQUIE
18 - 24 AVRIL 2014 ZAMAN FRANCE
Ankara dément vouloir interdire les écoles turques Le ministre des Affaires étrangères turc a catégoriquement réfuté l’intention prêtée au gouvernement de faire pression sur les Etats qui accueillent des écoles dites turques pour qu’ils les interdisent. SAMI KILIÇ PARIS Lors d’une émission de télévision sur Kanal 24, le ministre des affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a démenti l’information selon laquelle il aurait demandé aux représentations diplomatiques de la Turquie d’engager les démarches nécessaires pour interdire les écoles turques dans le monde. Etablissements ouverts par les sympathisants du Hizmet, mouvement civil d’inspiration religieuse, ils sont au nombre de 2000 dans 120 pays. Dans le sillage de la lutte que le Premier ministre turc a engagée contre ce qu’il appelle «l’Etat parallèle», des rumeurs couraient sur la volonté du gouvernement de fermer ces écoles.
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«AUCUNE INJONCTION EN CE SENS» «Il n’y a aucune injonction en ce sens. Ca sort d’où ?» s’est récrié Davutoglu avant d’ajouter : «Nous avons également mis la main à la pâte
pour bâtir ces écoles». Il a rappelé que les ministres des affaires étrangères, lui et ses prédécesseurs, ainsi que le Premier ministre se sont impliqués pour obtenir les autorisations auprès des autorités locales. «Et, toute honte bue, ils disent qu’on se démène pour les faire interdire !», a-til amèrement lâché. En revanche, Davutoglu n’a pas nié «une politique claire et nette» à l’encontre des «traîtres» : «On fera tout ce qu’il faut contre ceux qui, d’une manière ou d’une autre, insultent la Turquie ou s’engagent dans des activités contre elle», a-t-il dit. Une référence à peine voilée à une autre allégation qui a fait grand bruit. Le chef de la diplomatie a en effet accusé des personnes proches du Hizmet d’envoyer aux chefs des missions diplomatiques des courriers accusant l’Etat turc de prendre des mesures liberticides et d’avoir trempé dans la corruption. «Ils disent de manière catégorique que le gouvernement est corrompu ce qui explique, selon eux, les attaques contre le
Ahmet Davutoglu nie avoir demandé aux ambassadeurs turcs de faire pression sur les écoles du Hizmet.
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mouvement du Hizmet», a-t-il dénoncé avant d’ajouter qu’il n’était pas du genre à «aller dénoncer [son] pays à l’extérieur». Selon le quotidien pro-gouvernemental Yeni Safak, la lettre aurait été rédigée par l’Institut des îles de la paix (Peace Islands Institute) et envoyée aux chefs de mission ainsi qu’aux think tanks présents aux Etats-Unis.
Les résultats désastreux des bacheliers turcs en sciences IPEK ÜZÜM ISTANBUL Les résultats du premier examen d’entrée à l’université (YGS), équivalent de la première partie du baccalauréat, publiés le 29 mars, montrent qu’environ 900 000 élèves ont eu zéro en sciences et que près de 420 000 élèves ont eu la même note en maths. Des chiffres qui révèlent la situation catastrophique du système éducatif turc. Les résultats de l’examen d’entrée à l’université qui s’est tenu le 23 mars dernier ont été annoncés sur le site du Centre de sélection et d’affectation des élèves (ÖSYM) le 29 mars. Ce lundi 7 avril, de nouveaux chiffres ont été révélés, ceux des élèves qui ont eu zéro. Ainsi, le nombre d’étudiants à ne pas avoir répondu correctement aux 40 questions posées dans la partie mathématiques s’élevait à environ 420 000 alors que ce chiffre était de 310 000 l’année dernière. Toujours pour la partie mathématiques, le nombre d’étudiants à avoir répondu correctement à une question est de 140 190 et ceux qui ont répondu correctement à deux questions est d’environ 170 000. De plus, environ 900 000 élèves ont eu zéro à la partie science. 130 200 élèves ont correctement répondu à une question et 100 120 ont répondu correctement à deux questions pour cette partie. L’ÖSYM n’a pas fourni d’explication détaillée sur ces mauvais résultats.
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UN SYSTÈME QUI N’APPREND PAS À APPRENDRE Mustafa Ecevit, membre du Conseil de l’Union du personnel de l’éducation (Egitim-Sen) a déclaré à Zaman que le nombre d’élèves ayant récolté zéro à l’examen d’entrée démontrait l’inefficacité des réformes adoptées par le ministère de l’Education dans les dernières années, en particulier celle du système éducatif 4+4+4 en 2012. Soulignant l’insuffisance du budget alloué au domaine de l’éducation, Ecevit a précisé qu’environ 80 % des sommes était utilisé pour le salaire du personnel alors que seul 20 % était investi dans l’amélioration des infrastructures éducatives. Ecevit a également dénoncé le fonctionnement du système éducatif turc qui ne prévoit pas d’enseigner aux élèves comment apprendre et a ajouté que la qualité de
enseignement dans les écoles publiques était insuffisante. Il a souligné que la plupart des professeurs en Turquie n’étaient pas assez qualifiés pour enseigner. Ecevit a ajouté que les programmes scolaires devaient être améliorés.
DES PROFESSEURS NON DIPLÔMÉS Hanefi Bostan, président de la branche de l’Union du personnel de l’éducation qui s’est exprimé à Zaman, a accusé les pratiques du ministère de l’Education qui emploie des professeurs remplaçants à temps plein à cause des résultats trop bas en maths et en sciences. Bostan a noté que les professeurs n’étaient pas diplômés et qu’ils étaient quand même
La mairie de Sancaktepe change le nom du stade Hakan Sükür
nommés à des postes de professeurs de maths, sciences et histoire dans les zones rurales du pays. Du fait de leur incompétence, ces professeurs n’assureraient pas une transmission correcte des savoirs à leurs élèves.
LA FERMETURE DES DERSHANE, MAUVAISE NOUVELLE POUR LES ÉTUDIANTS TURCS Les professeurs s’accordent à dire qu’en cas de suppression des der-
shane, qui préparent les élèves aux examens d’entrée au lycée et à l’université, les résultats du YGS et du LYS ne feront qu’empirer à l’avenir. Pour Bostan, l’absence d’alternative éducative sérieuse explique que des élèves s’inscrivent dans les écoles du Hizmet. «Si les dershane sont supprimées, cela créera un sérieux problème au sein du système éducatif turc», at-il noté.
Un stade de foot situé dans le district de Sancaktepe à Istanbul ne s’appellera plus Hakan Sükür, d’après le nom du député parlementaire et ancienne star internationale de football qui a quitté l’AKP le 16 décembre dernier pour protester contre la décision du gouvernement de fermer les instituts de soutien scolaire privés. Le stade Hakan Sükür, dont le nom a été modifié par la mairie de Sancaktepe, avait été mis en service en 2010. «Plutôt qu’avoir votre portrait affiché au mur, faites-vous connaître dans le monde entier», a réagi l’intéressé sur son compte Twitter. Il estime qu’avoir bonne réputation aux yeux du public est plus important que de voir son nom inscrit sur une pancarte. Hakan Sükür est devenu la cible de nombreux cercles proches du parti au pouvoir depuis qu’il a démissionné de l’AKP le 16 décembre dernier à cause de la volonté du gouvernement de fermer les dershane. Il est accusé par des cercles proches de l’AKP d’être affilié au mouvement Hizmet, lui-même accusé par le Premier ministre turc d’être à l’origine de l’enquête anticorruption. Un fait qui n’est pas sans rappeler celui du nom de l’ancien ministre de l’Intérieur, Idris Naim Sahin, démissionnaire de l’AKP peu après les révélations concernant l’affaire de corruption. Son nom, qui avait été donné à un terminal de bus, a été supprimé dans la municipalité d’Ordu dirigée par l’AKP.
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Où va la Turquie ? Dans un article publié dans le journal albanais MAPO le 15 mars 2014, le journaliste Denion Meidani dresse un tableau de la Turquie actuelle à la lumière des derniers évènements qui ont marqué son actualité, et dresse un diagnostic relatif à son avenir. Zaman France publie des extraits de cet article. DENION MEIDANI TIRANA (ALBANIE) Une période historique, aussi importante qu’inquiétante, se dessine actuellement en Turquie. Au cœur de celle-ci, se trouve le destin du Premier ministre Erdogan qui préside la scène politique turque depuis plus d’une décennie. A la tête de l’Etat, il a considérablement changé à la fois le pays et la région entière. Mais après avoir concentré le pouvoir entre ses mains, Erdogan a soumis presque toutes les branches de l’Etat à son influence et son autorité. Depuis le 17 décembre 2013, les affaires de corruption au sein du gouvernement sont devenues le pain quotidien des médias en Turquie. Des ministres appartenant à l’AKP ainsi que leurs familles ont commencé par être impliqués dans cette vaste affaire. Puis est venu le tour du Premier ministre et de son fils qui se sont également retrouvés projetés au coeur de ce scandale. Aussi affligeantes qu’étaient les accusations contre le gouvernement, la réponse arrogante d’Erdogan l’a été encore plus, en empêchant que l’enquête ne soit menée. Sa politique interne a directement influencé l’équilibre des pouvoirs au sein de l’Etat turc. Erdogan semble résolu à affaiblir certaines institutions démocratiques jusqu’à ce qu’elles disparaissent. La Turquie, qui aurait pu autrefois servir de modèle en termes de valeurs démocratiques dans la région, risque de devenir un pays gouverné par un seul homme fort qui n’hésiterait pas à supprimer les valeurs démocratiques au nom de n’importe quel prétexte. Ironiquement, le gouvernement qualifie les appels à la démocratie et à l’Etat de droit – dont plusieurs émanent des sympathisants du Hizmet – de coups d’Etat. Pour l’exécutif turc, les mesures les tyranniques sont justifiées au nom de la suppression du Hizmet qui, selon les partisans d’Erdogan, s’est incrusté dans tous les recoins de l’Etat.
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QUAND ERDOGAN DESTABILISE LES INSTITUTIONS TURQUES Le gouvernement a pris des mesures extraordinaires pour éviter qu’une enquête n’ait lieu sur les révélations de corruption. Des ministres ont été remplacés, des milliers de policiers ont été licenciés ou réaffectés. Mais Erdogan n’en a pas fini avec la purge : il a dissous l’unité de l’enquête anticorruption de la trésorerie et a commencé à lancer une chasse aux sorcières au sein de l’AKP. Malgré le consensus général, Erdogan s’est toujours opposé au partage du pouvoir depuis son accès au poste de Premier ministre. Il intervenait régulièrement dans les affaires privées pour gagner en influence et, même avant l’enquête du 17 décembre, avait déjà décidé de limiter l’autonomie judiciaire, en particulier lorsque les jugements allaient à l’encontre de ses intérêts personnels et politiques. Le Premier ministre a ainsi élaboré des textes de loi visant à élargir le pouvoir de l’exécutif, a réorganisé les services de renseignement nationaux (MIT) pour placer ces derniers sous son autorité ainsi que le Haut Conseil de la magistrature (HSYK). LES JOURNALISTES, BOUCS ÉMISSAIRES N°1 Le gouvernement d’Erdogan a approuvé des mesures drastiques qui limitent la quantité d’informations pouvant être recueillies sur l’enquête anticorruption. Grâce à une directive particulière, les données que possède le département de police d’Istanbul sont inaccessibles aux journalistes et aux tiers qui demandent à avoir des informations. De même, les policiers sont obligés d’informer les hauts placés d’Ankara avant de lancer une enquête ! Le gouvernement a également accru la censure
sur internet et les enregistrements de conversation révèlent que le Premier ministre a personnellement influencé la diffusion d’informations par de grands groupes de médias. Le gouvernement fait régulièrement pression sur les journalistes. Pour la deuxième année consécutive, la Turquie est le pays qui a le plus grand nombre de journalistes en prison selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) ! De quoi détruire les espérances du peuple turc quant à une adhésion à l’UE. Fait ironique, dans les premières années du mandat d’Erdogan, le gouvernement s’était efforcé d’encourager l’adhésion de la Turquie à l’UE. Cela a atteint son point culminant en 2005 avec l’ouverture des négociations d’adhésion. A l’époque, Erdogan soutenait fortement ce processus, en l’utilisant même comme motif pour margi-
Ils jugent que son objectif était de construire un nouvel empire pour rivaliser avec la Chine et les Etats-Unis. D’autant que le Premier ministre a demandé à Vladimir Poutine l’adhésion de la Turquie à l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS).
LA TURQUIE N’EST PLUS UN MODÈLE POUR LA RÉGION Les Etats-Unis et l’UE ont pendant longtemps essayé de promouvoir l’idée que la Turquie était le pays à avoir le plus de succès au Moyen-Orient, constituant ainsi un modèle pour la région. Les Etats-Unis et l’Europe voulaient montrer qu’une démocratie de style occidental, caractérisée par une séparation et un équilibre des pouvoirs, pouvait agir en tant que force équilibrante pour les autres pays de la région. Mais aujourd’hui, la Turquie «La Turquie d’Erdogan est opposée à une ressemble plus à l’Egypte de Hosni Moubarak qu’à un pays classe moyenne large et bien éduquée» aspirant à entrer dans l’UE. La naliser l’armée sur la scène politique. Mais Turquie d’Erdogan est opposée à une classe depuis, les relations avec l’UE n’ont fait que se moyenne large et bien éduquée. Elle a régudégrader, en particulier après le référendum lièrement sévi contre des entreprises qu’elle constitutionnel de 2010 qui a aidé Erdogan jugeait trop libérales. Et plus inquiétant, elle a consolider son pouvoir. Après des années a armé les groupes radicaux rebelles en Syrie. d’autoritarisme agressif, en mai 2013, les Turcs De ce point de vue-là, la crédibilité internatioont montré leur ras-le-bol. Les manifestations nale de la Turquie est au bord du gouffre, et de Gezi qui en ont résulté ont secoué le cœur il n’y a toujours pas d’opposition bien organimême du pays. Mais le gouvernement a conti- sée en Turquie capable de contrer le pouvoir nué de sévir. De nombreux chroniqueurs ont autocratique d’Erdogan. Même les manifestaalors commencé à dire qu’Erdogan n’avait ja- tions de masse de l’été dernier n’ont pas réussi mais été sérieux vis-à-vis de l’adhésion à l’UE. à donner une orientation politique claire. Ni
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les kémalistes du CHP, ni le BDP pro-kurde n’ont été capables de profiter de l’insatisfaction générale pour former une coalition. Ils n’ont même pas réussi à s’entendre sur un simple accord avant les élections locales. Au point où nous en sommes, le plus grand espoir que nous ayons est qu’un front de l’opposition au sein de l’AKP se dégage et aide les autres partis de l’opposition à se consolider. Malheureusement, quand on regarde l’histoire politique moderne de la Turquie, il y a peu d’exemples d’hommes politiques ou de partis qui ont fait preuve du courage nécessaire pour créer une telle formation politique.
LA FIN DU PROGRAMME DE LA RÉSERVE FÉDÉRALE AMÉRICAINE Ces problèmes surviennent au pire moment pour l’économie turque, alors que la Réserve fédérale décide de retirer son soutien et de réduire drastiquement le nombre d’obligations acquises, partant du principe que cette mesure n’est plus nécessaire pour une économie américaine maintenant rétablie. Cette décision entraînera, entre autres, l’essor du dollar américain et des intérêts bancaires aux Etats-Unis, ce qui attirera davantage d’investisseurs. Ses effets devraient se ressentir en Turquie car beaucoup bénéficient du programme de la Réserve fédérale, surtout maintenant que l’économie turque est plus vulnérable et dépend de plus en plus des prêts étrangers. Avec l’interruption de ce programme, le capital qui circule en Turquie «s’assèchera», laissant derrière lui une économie dépendante des prêts sans intérêt et un déficit de plus de 60 milliards de dollars.
09 TURQUIE
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Le Parlement contre la condamnation à mort des Frères musulmans
Une déclaration commune contre la condamnation à mort en Egypte de centaines de membres des Frères musulmans a été émise par les partis turcs représentés au Parlement. Une initiative prise alors que des débats houleux sur ce sujet avaient éclaté entre l’AKP et les partis de l’opposition.
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Les partis politiques turcs représentés au Parlement ont élaboré une déclaration commune contre la décision rendue par un tribunal égyptien condamnant à mort des centaines de membres des Frères musulmans. Cette décision a été prise alors que des disputes entre l’AKP et les partis de l’opposition sur le sujet avaient éclaté. L’AKP a ainsi commencé à mettre sur pied une déclaration commune au nom de tous les partis du Parlement turc après que le CHP avait accusé le parti au pouvoir de ne pas soutenir sa proposition d’élaborer cette déclaration. Pendant une session plénière le mercredi 9 avril, le vice-Premier ministre, Emrullah Isler, a déclaré que l’AKP travaillait sur une déclaration critiquant et accusant les condamnations à mort décidées en Egypte. Il a déclaré que l’AKP n’approuvait pas la décision égyptienne et continuerait à élever la voix contre les décisions d’exécution.
L’ABSENCE DE RÉACTION DE L’AKP L’AKP a décidé d’élaborer la déclaration après que le député CHP, Akif Hamzaçebi, a accusé le parti au pouvoir de ne pas offrir son soutien à sa proposition de mettre sur pied une déclaration parlementaire commune contre les condamnations à mort en Egypte. Mais la députée AKP d’Istanbul, Belma Satir, a affirmé de son côté que la session plénière du Parlement avait fermé avant que ne soit préparée la déclaration. C’est en session plénière le mardi 8 avril que Hamzaçebi a évoqué la décision de justice égyptienne et appelé les députés à s’y opposer. A l’issue de cette réunion, Hamzaçebi a confié au Hürriyet que l’AKP n’avait pas répondu à son appel. La députée Satir a néanmoins rapidement réagi aux propos du député CHP sur Twitter : «M. Hamzaçebi et [le député CHP] M. Sezgin Tanrıkulu ont proposé la déclaration commune au [vice-président de l’AKP Nurettin] M. Canikli et la session plénière a fermé avant l’élaboration de la déclaration. En tant que députés et groupe, nous [l’AKP] avons fait part de notre réaction aux condamnations à mort en Egypte par des canaux différents». En réponse, Hamzaçebi a souligné qu’il avait proposé la rédaction d’une déclaration au cours de la session plénière et non au détour d’une conversation. UNE DÉCISION CRITIQUÉE À TRAVERS LE MONDE Levent Gök, député CHP chargé de surveiller les violations aux droits de l’homme, a appelé la Commission d’investigation des droits de l’homme du Parlement à se réunir pour évoquer la décision du tribunal égyptien. Le député BDP de Diyarbakir, Altan Tan, a également condamné la décision et a appelé tous les citoyens turcs à s’opposer à cette «condamnation à grande échelle et cruelle» lors d’une conférence de presse au Parlement mercredi. Un tribunal égyptien a prononcé la condamnation à
mort de 529 membres des Frères musulmans le 24 mars dernier pour l’assassinat d’un policier et des attaques contre d’autres lors de l’un des plus grands procès collectifs du pays depuis des décennies,
ont rapporté les agences de presse. La décision du tribunal égyptien a soulevé des critiques de la part de nombreux gouvernements et groupes de défense des droits de l’homme à travers le monde.
A Istanbul, manifestation de soutien envers les Frères musulmans condamnés à mort en Egypte.
10 INTERNATIONAL
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«Génocide arménien» : le Hizmet opposé à une loi américaine
YURTDIŞI BASIN P
Ahmet Davutoglu a mis en garde la diplomatie américaine après la résolution votée par le Sénat sur le «génocide arménien».
Davutoglu : «La Turquie ne restera pas silencieuse»
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Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a affirmé que la Turquie suivait de près la situation concernant la résolution sur le «génocide» arménien, votée à la Commission des relations étrangères du Sénat américain la semaine dernière. Il a ajouté qu’il ne permettrait pas l’existence d’une «exploitation politique» sur la question. Davutoglu a déclaré qu’au stade actuel, la résolution ne produirait aucun effet négatif sur les relations entre Ankara et Washington. Il a néanmoins souligné que la Turquie ne resterait pas silencieuse si la résolution finissait par être adoptée au Sénat. «Les relations entre les EtatsUnis et la Turquie ne doivent pas être entravées par les activités d’un lobby», a-t-il dit. «Nous [Davutoglu et le secrétaire d’Etat américain John Kerry] ne nous sommes pas entretenus car la situation n’a pas évolué. Mais notre position est claire. En aucun cas, la Turquie ne permettra qu’il y ait une exploitation politique de cette nature», a averti le ministre turc, selon l’agence de presse Anadolu. Davutoglu a indiqué que la Turquie ne «s’attendait pas» à ce que la résolution soit soumise au Sénat et qu’elle ne prévoyait pas «la potentielle adoption de la résolution». Il a ajouté que Kerry lui avait dit qu’il ne pensait pas que la résolution passerait à l’étape supérieure.
L’Alliance turcoaméricaine organise chaque année un congrès annuel à Washington.
Accusée de soutenir la résolution parlementaire adoptée par des sénateurs américains, l’Alliance turco-américaine a rejeté en bloc ces allégations et rappelle son opposition à toute législation sur ce sujet.
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L’Alliance turco-américaine (TAA) a rejeté les accusations de «trahison» proférées par les quotidiens Sabah et Yeni Safak qui ont établi un lien entre le mouvement Hizmet et l’adoption d’une résolution sur le «génocide
arménien» à la Commission des relations étrangères du Sénat américain. Cette dernière a voté une résolution le 10 avril commémorant le «génocide arménien» et ouvrant ainsi la voie au vote de cette résolution par le Sénat. Le texte (H. Res. 410) appelle le Sénat à «se rappeler et célébrer l’anniversaire du génocide arménien le 24 avril 2014».
UNE PHOTO À L’ORIGINE DES ACCUSATIONS Le quotidien pro-gouvernemental Sabah a écrit ce dimanche que la «structure parallèle» (en référence au mouvement Hizmet) aurait financé la campagne électorale de Robert Menendez du parti démocrate. Le quotidien Yeni Safak, quant à lui, a écrit que Menendez avait participé à un gala de la TAA, qui a des liens avec le Hizmet, la veille de l’adoption de la résolution à la Commission des relations étrangères. Selon Sabah, Menendez aurait reçu 9 500 dollars de deux écoles, d’un bureau d’avocat et d’une entreprise d’informatique qui seraient proches de Gülen. Le président de la TAA, Faruk Taban, et le président de l’organisme membre de la TAA, le Conseil de l’Association turco-américaine (CTAA), Furkan Kosar, ont répondu par une déclaration commune samedi aux affirmations de Yeni Safak qu’ils jugent fausses et
basées uniquement sur une photo prise au gala de la TAA où on aperçoit les deux hommes se parler, et parlent d’une opération visant à manipuler les perceptions de l’opinion publique.
DES CALOMNIES PRO-GOUVERNEMENTALES La TAA, plus grand organisme turc aux Etats-Unis, a tenu son troisième congrès annuel turco-américain à Washington les 12 et 13 avril en coopération avec la Confédération turque des hommes d’affaires et des industriels (TUSKON). Qualifiant les déclarations des quotidiens de mensonges, la TAA et le CTAA ont affirmé qu’ils avaient toujours exprimé leur mécontentement concernant les cas de résolutions qui pourraient contrarier les Turcs et les Azerbaïdjanais et annoncent qu’ils poursuivront les quotidiens turcs en justice. «Il est hors de question de soutenir une résolution arménienne contre laquelle se sont prononcés pendant des années la TAA et le CTAA. Toutes les fois où nous en avons eu l’occasion, nous avons fait part de notre mécontentement au sénateur Menendez en lui disant que les Turcs et les Azerbaïdjanais seraient contrariés par ce genre de résolution qui ont été portées plusieurs fois devant le Congrès américain», disait la déclaration.
REPUBLIQUE DE TURQUIE DEUXIEME CHAMBRE DU TRIBUNAL DES AFFAIRES FAMILIALES D'ANKARA AVIS DE LA DEUXIEME CHAMBRE DU TRIBUNAL DES AFFAIRES FAMILIALES D'ANKARA FOND NO : 2011/702 Conformément de la décision prise à la fin du jugement public réalisé de l'affaire en reconnaissance et en exécution introduite par le demandeur RAMAZAN AVÞAR contre la défenderesse LAURENE CAMPS dans notre tribunal ; Par la RECEPTION de l'affaire ; il est notifié en avis que la décision du 15 Septembre 2005, du numéro : 05/05336 et de date de finalisation : 10 Novembre 2005 du Tribunal de Grande Instance de Bordeaux concernant RAMAZAN AVÞAR, fils de Sinan et de Döne, ne le 01/09/1963 à iskilip, inscrit au registre du service de l'état civil de la ville de Çorum, district de Ýskilip, quartier/village de Kurusaray, volume no : 58 et numéro familial : 13, sa carte d'identité nationale no : 10040053430 et LAURENCE CAMPS, de nationalité française, A ÉTÉ RECONNUE exactement en vertu de l'article 50 du Code no : 5718 pour remplacer la notification. Le 24/03/2014. B: 24095
11 CULTURE
Mohammed Qotb, une vie au service de l’islam Dans un article publié sur Zaman à l’occasion de la mort de Mohammed Qotb, grand penseur et frère du célèbre Sayyid Qotb, l’intellectuel turc Ali Bulaç lui rend hommage et rappelle l’importance et l’influence que cette figure des Frères musulmans a eu sur lui.
liya du vingtième siècle
Mohammed Qotb est né en Egypte en 1919. L’auteur de Jâhimort la semaine dernière à Djeddah en Arabie saoudite à l’âge de 95 ans, était un militant et penseur renommé dans le monde musulman. Comme son frère Sayyid Qotb, il était un important érudit et leader d’opinion.
LA RÉPRESSION DE NASSER Lors d’une opération menée en 1966, Qotb a été arrêté en Egypte sous les ordres du président égyptien de l’époque, Gamal Abdel Nasser, et a passé plusieurs années en prison. Après sa libération, Qotb a trouvé refuge en Arabie saoudite. Une opération a également été lancée contre son frère et d’importants membres des Frères musulmans pour tentative de renversement du gouvernement de Nasser. Mais les allégations étaient sans fondement. Le Mouvement des officiers libres est arrivé au pouvoir en renversant le roi d’Egypte, Farouk. Le Mouvement était soutenu par les Frères musulmans. Mais après avoir lutté contre leurs rivaux politiques, les officiers libres ont ensuite décidé de ne pas partager le pouvoir avec leurs soutiens. Pour eux, les Frères musulmans étaient un mouvement fort, dont les membres étaient capables de mobiliser les foules et de raviver l’idée du jihad contre Israël et les puissances coloniales. S’ils devenaient importants au sein du système, les politiques du Mouvement des Officiers libres devraient changer et la ligne nationale-socialiste de Nasser n’aurait pas d’influence. Pour cette raison, certains membres des Frères musulmans ont été envoyés en prison et leurs leaders, dont faisaient partie Sayyid Qotb et AbdulKadir Udeh, ont été exécutés. UN HOMME QUI PRIT SES DISTANCES AVEC LA POLITIQUE Mohammed Qotb, comme son frère Sayyid Qotb et Abul Ala Maududi, ont eu beaucoup d’influence sur ma sensibilité islamique, mes idées et ma perspective politique ainsi que celles de nombre de mes contemporains. L’un de ses livres qui m’a le plus influencé est Jâhiliya du vingtième siècle. Dans son ouvrage, il s’est intéressé en particulier à Karl Marx, Charles Darwin et Sigmund Freud et a essayé d’expliquer que la pensée du 20e siècle était influencée par ces trois principales sources. Son ouvrage en deux volumes sur les aspects et les différences des versets révélés à la Mecque et à Médine est d’une grande importance. Il a écrit 35 livres au total, dont «Dirasat fi al-nafs al-insaniyah» (Etudes de la psychologie de l’homme), «Al-Insan bayna al-maddiyah waal-Islam» (L’homme entre le monde matériel et l’islam) et «al-Sahwah alIslamiyah» (La renaissance de l’islam). Mohammed Qotb est resté distant visà-vis de la politique active. Les conditions pour s’y consacrer ne s’y prêtaient pas dans le pays où il vivait. Il pensait que la politique devait tout d’abord être bâtie sur une base islamique solide et que ce qu’il manquait dans le monde musulman était une connaissance suffisante des moyens de mener une politique islamique.
18 - 24 AVRIL 2014 ZAMAN FRANCE
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Disiz : «Je ne suis pas un émissaire de la banlieue» Dans une interview exclusive accordée à Zaman France, le rappeur Disiz nous évoque ses inspirations et les lignes conductrices qui ont guidé son dernier album, Transe-Lucide. Un entretien vérité où l’artiste français exprime sa volonté d’échapper aux étiquettes. VANESSA MEFLAH PARIS Transe-Lucide est le troisième opus de ta trilogie. Tu dis que c’est le plus aboutis de tes albums. Qu’est-ce qu’il a de plus abouti que les autres ? Avec le recul, je trouve les autres albums très ados, et au fil du temps ma vision s’est un peu plus étoffée. Aujourd’hui, j’ai 35 ans et je maitrise mieux mon sujet : la musique. A l’époque de «J’pète les plombs» j’avais 20 ans, aujourd’hui j’ai plus de maturité dans ce que je fais et j’ai plus l’impression de donner une âme à mes sons.
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Et quelle est l’âme de cet album justement ? C’est une espèce de neutralisation volontaire de l’ego. L’ego amène à faire beaucoup d’erreurs. J’ai connu le succès à 20 ans, et avec ça on devient facilement prétentieux. Cet album, Transelucide, finalement, c’est moi dans ma construction intérieure et personnelle.
A 35 ans, Disiz, un rappeur français né à Evry, a su se tisser une célébrité et un style propre loin des clichés propre aux banlieues.
Pourquoi avoir pris le nénuphar comme symbole de ces trois albums ? C’est une métaphore. Les trois étapes de son développement correspondent au parcours de vie d’un être humain. Il prend sa source dans le limon, c’est la métaphore du milieu d’où je viens, assez chaotique (banlieue). Ensuite, il y a le passage à l’eau. L’Eau qui est synonyme d’instabilité mais où grâce à cette fleur je vais pouvoir atteindre une certaine sérénité. Et enfin, je repars de ma base, de là où j’ai grandis, les cieux. Tu as grandis à Evry, dans le 91, mais tu refuses l’étiquette du rappeur de banlieue. Pourquoi ? Ce que je déteste c’est le déterminisme social. Sous prétexte que j’ai grandis dans un milieu précis, on me fait correspondre à une catégorie sociale précise. Et avec ce classement on ne s’autorise pas à vivre la vie qu’on veut parce qu’on vient de tel ou tel quartier. Je me suis toujours refusé à me construire là-dedans. Alors, oui je viens de banlieue mais je peux aussi aimer lire et avoir de l’ambition. Les journalistes me posent souvent des questions sur mon parcours de façon assez réductrice. Ça leur parait incroyable que je puisse écrire un livre par exemple…Alors, j’essaie de me pousser et de pousser mon auditoire
Et tu n’aimes pas trop non plus qu’on aborde des sujets politiques ou même à propos des banlieues… Parce que je m’autorise à en parler dans ma musique, alors on se dit que je dois en parler tout le temps. Quand je parle de la banlieue dans ma musique, c’est un sentiment. Je ne suis jamais meilleur que lorsque je le fais avec mes textes. C’est un cliché, ce n’est pas parce que ma musique a un positionnement sociétal que je dois forcément et tout le temps m’exprimer sur le sujet. La frustration matérielle, par exemple, n’est pas propre aux banlieues, et j’ai comme l’impression qu’à chaque fois il y a une sorte de déconstruction de mes textes. Je n’ai pas réponse à tout et je n’ai pas un avis sur tout. Ce n’est pas mon rôle d’en parler, je ne suis pas un politique, et encore moins un émissaire de la banlieue. On ressent beaucoup de ta spiritualité dans cet album. Quelle influence a ta religion dans ta musique ? On a toujours été spirituel à la maison mais jamais étiqueté. Arrivé à un certain âge, j’ai fait mes propres recherches et j’ai choisis l’islam. Par contre, je suis très pudique sur ces choses là, c’est quelque chose de personnel. Ma spiritualité m’apporte beaucoup dans ma vie et l’occulter serait ingrat. Ne pas en parler ça serait comme si j’en avais honte, mais en même temps je ne veux pas faire de prosélytisme. D’ailleurs, le titre «Khadija» n’a pas été choisi par hasard, en hommage à ma femme, il fait aussi référence à la femme du Prophète. Certains personnages et certaines lectures, je pense à Malcom X, Tolstoï ou encore l’Imam Al-Ghâzalî, m’ont aidé à me reconstruire à un moment où j’en avais besoin. Et dans ta vie ? Je n’ai pas envie de donner des leçons de vie. Comme tout être humain je suis traversé par des pulsions. C’est ma spiritualité et ma foi en Dieu ainsi que mes prières qui me disciplinent et me rendent plus sérieux dans la vie.
REPÈRES :
Une trilogie sous le signe des éléments Transe-Lucide est le 7e album du rappeur français Disiz (anciennement appelé Disiz La Peste). C’est le 3e volet d’une trilogie débutée avec Lucide et poursuivie avec l’album Extra-Lucide, tous deux sortis en 2012. L’album Transe-Lucide se décline en trois parties et fait référence à la terre, l’eau et le ciel. Ces éléments représentent les trois étapes que vit le lotus, symbole de ces trois albums. Le lotus représente l’évolution de l’homme : l’enfance, la puberté ou l’adolescence et l’âge adulte. Transe-Lucide est son album qu’il dit être le plus abouti de tous, et le plus mature, suivant l’évolution naturelle du lotus.
Transe-Lucide est le dernier album de Disiz et le troisième de sa trilogie.
13 CULTURE
18 - 24 AVRIL 2014 ZAMAN FRANCE
AGENDA CULTUREL
Islam des mondes
CINÉMA
Druzes : un calife à la place de Dieu Les Druzes sont une minorité professant un islam hétérodoxe.
CONFÉRENCE
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«Chaque Druze devient le dépositaire d’une vérité qui ne doit pas être divulguée hors de la communauté» défenseur de la cause palestinienne. Son fils Walid, qui lui succède en 1977, s’alliera aux Syriens. On analyse généralement ce genre de grand écart idéologico-politique d’un point de vue religieux. Un précepte commanderait aux Druzes, minorité professant un islam hétérodoxe, de dissimuler leurs croyances et de toujours faire allégeance au pouvoir du moment.
UN SCHISME DANS LE SCHISME Issue de l’ismaélisme, un courant minoritaire de l’islam chiite, la religion druze est en effet un schisme dans le
A lire
L’UNITÉ DES ÊTRES RÉSIDE EN DIEU Malgré un appareil conceptuel largement ismaélien, la doctrine ainsi formalisée se pose en religion autonome, distincte à la fois du tanzîl sunnite et du ta’wîl ismaélien. Une religion que les Druzes posent comme étant un monothéisme. Ils s’appellent d’ailleurs eux-mêmes Muwahhidûn, c’est-à-dire «Unitariens». Néanmoins, là où l’unicité de Dieu (tawhîd) procède, dans l’islam orthodoxe, qu’il soit sunnite ou chiite, d’une profession de foi (la shahâda), elle est dans le druzisme l’aboutissement d’un cheminement. Un cheminement qui conduit à une connaissance intime, selon laquelle l’unité des êtres réside en Dieu. Cette connaissance est transmise rituellement. Ainsi chaque Druze devient le dépositaire d’une vérité qui ne doit pas être divulguée hors de la communauté. Car sur le plan social, l’appartenance confessionnelle et l’appartenance identitaire étant pratiquement confondues, il faut être Druze – né de père et de mère druzes – pour être en mesure de suivre la voie du tawhîd. Cette exclusivité tient à l’alliance qui aurait été passée entre chaque Druze et Dieu lui-même, lorsque, pour la dernière fois, Il se serait manifesté dans la réalité historique. Il aurait alors pris la forme d’al-Hakim. C’était au XIe siècle, avant que ne «se referment les portes de la religion»…
& à voir...
lier ici : «L’univers féerique du zoo rend d’autant plus fort le contraste avec le chaos militaire qui règne dans ce pays.» Le film part d’une histoire vraie. Celle du zoo de Qalqilyia, sur la route de Naplouse, dans une zone encerclée par le mur et constamment sous la menace des bombardements israéliens. Dans ce dernier zoo de Palestine, Yacine est vétérinaire.
C’est tout l’Orient qui s’ouvre aux voyageurs aux portes d’Istanbul. Monter dans l’Orient Express aujourd’hui, c’est voyager vers un ailleurs. Un documentaire d’Eric Darmon et de Gilles Gauthier.
Les élections en Algérie : quels enjeux ?
Depuis 1988, la contestation n’a pas faibli. Les Algériens réclament une meilleure répartition de la rente et plus de transparence. Quel que soit le nom du prochain président, il devra renforcer les libertés, moderniser l’appareil d’Etat et proposer un projet d’avenir. Avec Ghazi Hidouci, ancien ministre de l’Economie, François Gèze, éditeur, Marwane Benyahmed, directeur exécutif à Jeune Afrique, Smail Goumeziane, économiste. Le 17 avril à 18h30 Institut du monde arabe Place Mohammed V 75005 Paris
Les Regards
Une exposition des dernières œuvres de l’artiste plasticienne Canan Ünal. Jusqu’au 25 avril Linda Farrell 31, rue de Longchamp 75116 Paris
Les religions dans la ville
Deux photographes ont posé leur regard sur les différentes communautés religieuses de Villeurbanne. Des textes écrits par des chercheurs les encadrent. Il s’agit d’apporter des connaissances, de proposer des clés de lecture et de donner à comprendre le fait religieux en milieu urbain.
Le drame palestinien à hauteur d’enfant Même lorsqu’ils assument des genres plus grand public, comme le thriller (Omar de Hany Abu-Assad) ou franchement décalés, comme la tragicomédie burlesque (Intervention divine de Elie Suleiman), les films qui racontent le drame palestinien restent des films inaccessibles aux enfants. C’est cette carence que le réalisateur Rani Massalha a voulu pal-
Terminus Istanbul ! Et si on poursuivait le voyage…
Le 20 avril à 16h00 Institut du monde arabe Place Mohammed V 75005 Paris
DÉBAT
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schisme. Sa doctrine a été formalisée en Egypte au début du XIe siècle sous le califat chiite des Fatimides. Cette formalisation est le fait de deux ismaéliens : le Persan Hamza Ibn Ali Ibn Ahmad et le Turc Muhammad Ibn Isma‘il Nashtakin ad-Darazi. Tous deux ont officié sous le règne du calife fatimide al-Hakim bi-Amr Allah (996-1021). Guide (imâm) infaillible, dont l’autorité doctrinale fait loi, al-Hakim était al-‘Aql al-fa‘‘âl, «l’Intelligence agissante», sommet de la hiérarchie ismaélienne. Dans les faits, c’était un prince excentrique dont les interprétations de la loi ne l’étaient pas moins. Un homme qui, vers la fin de sa vie, a voulu être considéré comme l’incarnation de Dieu même. Certains de ses sujets et fidèles étaient enclins à le considérer comme tel. Parmi eux, Hamza et adDarazi. Pour le second, l’Imâm alHakim, qui représente le principe du ta’wîl (vérité ésotérique, allégorique, profonde), est supérieur au Prophète Muhammad, qui représente le principe du tanzîl (vérité exotérique, littérale, superficielle). Plus encore, al-Hakim serait l’incarnation d’al‘Aql al-kullî, de «l’Intelligence cosmique», qui ne saurait être autre que divine. Hamza parachèvera l’œuvre dogmatique en présentant al-Hakim comme le maqâm de Dieu, le lieu de Sa présence. Dès lors, ce n’est qu’à travers la connaissance d’al-Hakim/ Dieu que l’homme pourra accéder à la purification...
May Brennan a tout pour être heureuse : son livre vient d’être publié et elle va épouser Ziad, l’homme qu’elle aime. Une réunion familiale en Jordanie va bouleverser son bonheur. Sa mère, chrétienne pratiquante, refuse son fiancé musulman... Une comédie dramatique de Cherien Dabis (Palestine/Etats-Unis, 2013, 1h39). Le 23 avril à 20h00 Institut du monde arabe Place Mohammed V 75005 Paris
EXPOSITION
SEYFEDDINE BEN MANSOUR LILLE Un ancien député israélien, le druze Said Nafa, a été reconnu coupable le 6 avril dernier d’intelligence avec l’ennemi. Les Druzes sont aujourd’hui 1 700 000 en Syrie, 500 000 au Liban, 118 000 en Israël et 100 000 dans le reste du monde. Loyaux vis-à-vis de l’Etat hébreu, leur position n’en tranche que davantage avec celle de leurs frères du Liban. Kamal Joumblatt, le leader charismatique de la communauté druze libanaise, était en effet un grand
May in the summer
Son fils Ziad, 10 ans, passe beaucoup de temps avec les animaux et a un lien particulier avec les deux girafes. Une nuit, après un raid aérien sur la ville, le mâle meurt. La femelle ne peut pas vivre seule et se laisse doucement mourir. Yacine doit de toute urgence lui trouver un nouveau compagnon. Mais le seul zoo qui pourrait l’aider se trouve à Tel-Aviv…
Girafada, réalisé par Rani Massalha (drame, Palestine/France, 2013, 1h44). Avec Saleh Bakri, Roschdy Zem, Laure De Clermont-Tonnerre, Ahmad Bayatra. Sortie en salles le 23 avril.
Jusqu’au 24 mai Le Rize 23, rue Valentin-Haüy 69100 Villeurbanne
OPINION14
18 - 24 AVRIL 2014 ZAMAN FRANCE
Le combat imaginaire d’Erdogan contre ses «ennemis»
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La mort clinique des relations turco-européennes
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La stratégie politique d’Erdogan a toujours consisté à se créer des ennemis réels ou imaginaires, et à se présenter en sauveur de la Nation. Après l’armée et l’«Etat parallèle», c’est à la Cour constitutionnelle d’en faire les frais comme l’explique le chroniqueur Mümtazer Türkone.
Edité par : Source SARL 2, boulevard Saint Martin 75010 PARIS
GÖKHAN BACIK
Il est vrai que la politique peut être vue plus comme un art que comme une science. Mais quelle sorte d’art serait-elle ? Pour le Premier miMÜMTAZER TÜRKÖNE nistre turc Erdogan, la politique est l’art de multiplier ses ennemis. Sa stratégie politique consiste à créer des ennemis avant de leur livrer bataille. Les ennemis sont soigneusement choisis, en particulier les organismes et les groupes qui n’ont pas de mécanismes d’autodéfense. Les hostilités et les animosités étant le fruit de l’imagination, savoir qui est le vainqueur de cette guerre n’est pas difficile. En combattant ces ennemis imaginaires, Erdogan grandit et accroît sa base de soutiens et se transforme en héros mythologique. L’«Etat parallèle» en tant qu’ennemi, constituait l’axe principal de la stratégie d’Erdogan au moment des élections locales. Le gouvernement essaie de légitimer ses actions en se référant à cet ennemi et n’éprouve pas le besoin de prouver son existence. Les médias proErdogan ne diffusent que des propos concernant cet Etat parallèle mais cette diffusion suffit à prouver son existence aux yeux du public.
LA NOUVELLE ENNEMIE D’ERDOGAN Aujourd’hui, la nouvelle ennemie d’Erdogan est la Cour constitutionnelle. Une ennemie appropriée puisque la Cour ne possède pas de
mécanismes d’autodéfense à un niveau institutionnel pour contrer l’antagonisme d’Erdogan. La Cour constitutionnelle est la dernière institution à représenter l’Etat de droit et peut agir de manière indépendante. C’est la seule autorité à laquelle on peut faire appel pour les recours juridiques au sein du système des contre-pouvoirs constitutionnels. Au lendemain de l’enquête anticorruption du 17 décembre 2013, le gouvernement a adopté un certain nombre d’amendements, en particulier une loi autorisant le contrôle du plus important organisme de surveillance judiciaire, le Haut Conseil de la magistrature (HSYK), pour freiner le déroulement des enquêtes. Mais la Cour constitutionnelle a annulé ces amendements. Elle a levé le blocage de l’accès à Twitter et à d’autres réseaux sociaux après avoir été saisie de requêtes individuelles. En clair, elle a tout fait pour être désignée comme la nouvelle ennemie d’Erdogan. Ses remarques arrogantes visaient directement le président de la juridiction, Hasim Kiliç : «Lui qui est aussi impatient de faire carrière en politique devrait d’abord enlever sa robe de magistrat. Aujourd’hui, votre poste ou votre robe vous rendent puissant mais cela ne rendra pas service au pays. Ceux qui vous saluent aujourd’hui ne vous soutiendront pas demain».
D’UNE PIERRE DEUX COUPS Le Premier ministre turc fait d’une pierre deux coups. Certains pensent que Kiliç
se présentera aux présidentielles. En prenant pour cible la Cour constitutionnelle, Erdogan affaiblit son potentiel rival. Il discrédite aussi les décisions rendues par la plus haute juridiction turque en laissant entendre qu’il existe un rapport entre ces décisions et la possible candidature de Kiliç. Le président de la Cour constitutionnelle n’est pas quelqu’un d’ordinaire. Il était pratiquement seul lorsqu’il a tenté de toutes ses forces d’empêcher la dissolution de l’AKP en 2008. Il a été vive-
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«La Cour constitutionnelle est la dernière institution à représenter l’Etat de droit» ment critiqué car sa femme porte le foulard islamique. En tant que juriste, il respecte certains principes et ne fait pas de concessions. Ces attaques injustes pourraient faire monter la popularité de Kiliç auprès des soutiens de l’AKP et des 57 % d’électeurs qui n’ont pas voté pour Erdogan. Le scrutin local, où des milliers d’administrations locales sont élues, diffèrent des élections présidentielles où quelques candidats seulement sont sous les feux de la rampe. Cette fois, l’art de multiplier les ennemis pourrait mener au renforcement du camp adverse. L’histoire du héros qui se bat contre des dragons pourrait être, cette fois, moins convaincante. m.turkone@todayszaman.com
Les relations entre la Turquie et l’UE n’existent plus. C’est une réalité qui attend seulement d’être officialisée. Quelle sensation étrange que d’observer les rencontres diplomatiques entre les représentants turcs et européens. Peu importe de quoi ils parlent derrière les portes closes, ils nous racontent tout autre chose. Pour les hommes politiques, ces rencontres diplomatiques représentent surtout des opportunités majeures pour dire aux Turcs qu’il n’y a aucun problème avec l’UE. Les médias turcs pro-gouvernementaux sont tout contents de faire passer les visites des hommes politiques turcs à Bruxelles pour des événements importants. Beaucoup tentent de nous convaincre que les relations entre la Turquie et l’UE se poursuivent, malgré quelques petits problèmes. Mais rien de tout cela n’est vrai. Les relations entre la Turquie et l’UE ne peuvent qu’être qualifiées de «mort clinique». Ainsi, même si un nouveau chapitre de négociations devait s’ouvrir, rien ne changera. Nous savons tous que les deux parties poursuivent leurs procédures techniques, mais uniquement pour éviter de prendre une décision historique.
ENTREVUES SANS BUT ET SANS FOND Le tableau est très clair : pour de nombreux leaders européens, la Turquie est orientée pro-UE. Pour d’autres, la Turquie n’a plus besoin de l’UE. Mais personne ne veut avoir le rôle du «méchant» qui met fin au rêve, ou disons, au jeu. Il est donc très probable que nous continuions à assister à des entrevues sans but et sans fond entre les Turcs et les Européens. Dans cette veine, il devient d’autant plus difficile de parler de levier de l’UE sur la Turquie. Beaucoup, dont certains ministres, condamnent ceux qui appellent l’UE à faire pression sur le gouvernement turc en les qualifiant de traîtres. Aujourd’hui, nous avons de graves problèmes de démocratie en Turquie. Mais il est risqué d’appeler l’UE à l’aide. Même si le système constitutionnel turc reconnaît que les organes européens sont des organes légaux et légitimes, il est devenu difficile pour les Turcs de se les représenter. L’AVENIR DES RELATIONS ENTRE LA TURQUIE ET L’OTAN Alors que l’UE disparaît peu à peu du paysage, l’OTAN est désormais le plus important lien institutionnel de la Turquie avec l’Occident. Mais quel est l’avenir de la position de la Turquie dans l’OTAN ? L’avenir des relations entre la Turquie et l’OTAN sera évalué par rapport à la réaction de la Turquie vis-à-vis de la crise en Crimée. En d’autres termes, le rôle de la Turquie par rapport à la crise ukrainienne peut nous donner des indices quant à l’avenir des relations entre la Turquie et l’OTAN. Par exemple : quel est le niveau de la critique turque envers le rôle que joue le président russe Poutine en Ukraine ? On pourrait comparer avec celui du gouvernement turc vis-à-vis du régime du chef de l’armée égyptienne Sissi. Beaucoup en Turquie diraient que c’est de la realpolitik. Mais il est clair que la position de la Turquie par rapport à la Russie est d’une certaine manière plus «tolérante». Il doit donc y avoir quelque chose allant audelà de la realpolitik. g.bacik@todayszaman.com
15 SPORT
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Duel au soleil entre Besiktas et Fenerbahçe
Alors que la rencontre du 20 avril, entre Besiktas et Fenerbahçe, pourrait décider du sort du championnat, les enjeux semblent aussi en dehors du terrain. Besiktas pense déjà à son recrutement de la saison prochaine et ses supporters commencent à manifester leur mécontentement du nouveau système d’e-billet. NICOLAS THÉODET PARIS Istanbul sera le théâtre de la 30e journée de Süper Lig dimanche prochain. Alors que Fenerbahçe est à trois points de gagner le championnat, le prochain derby risque d’être chaud bouillant. Avec une confortable avance de huit points sur son rival du week-end, Besiktas, et neuf sur son meilleur ennemi, Galatasaray, cette rencontre a un double enjeu. En cas de victoire, les Canaris pourrait remporter leur 19e titre et égaler le nombre de victoires de Galatasaray. Dans un même temps, Besiktas risquerait de redescendre à la troisième place en cas de succès des rouge et or face à l’équipe de Kimpasa, synonyme pour eux, de non qualification à la Ligue des Champions. Espérons surtout que le spectacle sera au rendez-vous. Lors des quatre dernières rencontres entre les deux équipes, il y a eu quinze buts, soit près de quatre buts par match. Et à ce petit jeu, c’est Besiktas qui mène deux victoires contre une pour Fenerbahçe, et un match nul lors du match aller le 30 novembre dernier (3-3). Mais les jaunes et noirs seront les grands favoris de cette rencontre, en continuant sur leur bonne dynamique des cinq derniers matches (quatre victoires pour une défaite), Besiktas aura un déficit de confiance qui pourrait leur faire défaut (Deux victoires, deux nuls et une défaite).
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FENERBAHÇE SE VOIT DÉJÀ GAGNANT Pour l’entraîneur de Fenerbahçe, Ersun Yanal, pas de doute, son équipe remportera le championnat. «J’avais fait du championnat une promesse et j’ai tenu ma promesse», a t-il déclaré. Une assurance qui est suivi au sein de la direction du club qui l’a déjà prolongé à la tête des canaris pour une saison supplémentaire. Mais du côté de Besiktas, le club semble surtout intéressé par la question des transferts pour la saison prochaine comme Samuel Eto’o, Lescott, Gomis, Van der Vaart. Mais attention à ne pas mettre la charrue avant les bœufs. Besiktas n’a qu’un point d’avance sur Galatasaray. D’ailleurs, les noirs et
Canal + signe avec la Champion’s League jusqu’en 2018
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Canal+ a annoncé vendredi la signature d’un accord avec l’Union des associations européennes de football (Uefa) en vue de retransmettre jusqu’en 2018 DE plusieurs matches phares de la ligue des champions. «Canal+ diffusera en direct un match de premier choix à chaque journée de Champions League et continuera de raconter la compétition grâce à son émission Canal champions club», précise la chaîne cryptée, contrôlée par le groupe de médias et de divertissement Vivendi, dans un communiqué.
blancs sont confrontés à un autre problème avec la mise en place du système d’e-billet pour le match, qui ne semble pas intéresser les supporters, dont certains groupes
ont déjà décidé de priver le club de leur soutien. Alors que la vente commence ce vendredi, seulement 2 500 personnes ont manifesté leur intérêt pour l’achat des billets.
Fenerbahçe est à trois points de remporter le championnat turc alors qu’il affrontera Besiktas dimanche soir.
Snowden fait gagner le Pulitzer à la presse américaine Le Washington Post < et le Guardian ont remporté le prix Pulitzer.
Le Washington Post et l’édition américaine du Guardian ont remporté la prestigieuse récompense journalistique pour leur couverture de l’affaire du vaste espionnage de la NSA, grâce aux informations fournies par Edward Snowden, poursuivie par la justice des Etats-Unis.
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Le Washington Post et l’édition américaine du Guardian ont été récompensés lundi par le prix Pulitzer dans la catégorie du «service public» pour leur travail sur le scandale des écoutes de la National Security Agency (NSA). Un prix a été décerné à chacun des quotidiens pour leurs articles écrits à partir des milliers de documents confidentiels recueillis par l’ancien consultant de la CIA et de la NSA Edward Snowden. Le Pulitzer Price Board a estimé que les informations du Guardian US avaient permis de provoquer un débat sur les relations entre le gouvernement fédéral et le public sur les questions de sécurité et de vie privée et que les reportages du Post avaient aidé à replacer ces informations dans le contexte plus général de la sécurité nationale.
UN REPORTAGE COURAGEUX SUR LES ROHINGYA Les articles sur ce sujet, qui ont commencé à apparaître en juin 2013, ont déclenché un débat dans le monde entier sur la surveillance pratiquée par les gouvernements et contraint Barack Obama à limiter les prérogatives de la NSA. Le rédacteur en chef du Guardian, Alan Rusbridger, a salué le soutien manifesté à son journal par des collègues du monde entier pendant l’affaire Snowden. «Et nous partageons cet honneur non seulement avec le Washington Post, mais aussi avec Edward Snowden, qui a tant risqué pour la cause du service public et qui est aujourd’hui récompensé par ce prix prestigieux», a-t-il dit. Edward Snowden, poursuivi par la justice américaine pour espionnage, est réfugié depuis l’an dernier en Russie. Deux reporters de l’agence Reuters, Jason Szep et Andrew Marshall, ont été distingués dans la catégorie du «reportage international» pour leurs «courageux» articles sur les persécutions contre la minorité Rohingya en Birmanie. «Ce que nous avons raconté était très peu couvert», a déclaré Jason Szep. «J’espère que grâce à cela, le monde prêtera un peu plus attention aux violences religieuses en Birmanie». C’EST LA PREMIÈRE FOIS QUE REUTERS EST COURONNÉ POUR UN TEXTE PAR LE PULITZER. Le Boston Globe s’est également vu décerner un prix dans la catégorie de l’»actualité immédiate» pour sa couverture du double attentat de Boston il y a un an et de la traque de ses auteurs. Le prix Pulitzer, du nom de l’ancien homme de presse Joseph Pulitzer, récompense chaque année les meilleurs travaux de journalisme aux Etats-Unis et distingue aussi des oeuvres littéraires et musicales. Il est décerné par un jury de 19 personnalités du journalisme, des lettres et de l’université.