Fr n°312

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La vision de l’animal en islam

Nouveau clash entre Booba et Rohff

CULTURE13

SOCIETE05

Qui sont les sportifs les mieux payés au monde ? SPORT15

25 AVRIL - 1ER MAI 2014 N° 312 Prix : 2,5 €

WWW.ZAMANFRANCE.FR

LES MUSULMANS DE FRANCE,

DES CITOYENS COMME LES AUTRES La 31e Rencontre annuelle des musulmans de France a été l’occasion pour les citoyens de confession musulmane d’exprimer leurs points de vue sur de nombreux sujets de société. Cet évènement – comme la publication de nombreux ouvrages d’opinion et la participation politique aux élections locales – illustre la normalisation de l’engagement citoyen de la nouvelle génération des Français de confession musulmane.

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Il y a quelques jours, Le Figaro publiait un article basé sur une note confidentielle des services de renseignement mettant en garde contre le communautarisme musulman qui «défie l’école». En France, la notion de communautarisme musulman est un des lieux communs les plus exploités par la classe politique et intellectuelle. Un peu comme si dans le paysage hexagonal réputé

laïque, mixte et égalitaire, le microcosme musulman apparaissait comme une tâche sombre, un stigmate indélébile aussi visible qu’un dahlia noir dans un champ de coquelicots. Ainsi, les communautés asiatique, antillaise, juive ne produiraient pas de communautarisme, étant entendu que leur fonctionnement ou ce qu’elles incarnent ne heurterait pas la République.

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Pourquoi la France anticléricale a-t-elle préservé les écoles chrétiennes à l’étranger ?

Nabil Ennasri : «Il n’existe pas de vote musulman» Nabil Ennasri vient de faire paraître un essai de réflexion et de proposition à l’adresse des musulmans de France, intitulé Les 7 défis capitaux. Zaman France publie les premiers extraits de l’entretien que le chercheur a bien voulu nous accorder. RSOCIETE 05

Ces jours-ci, la Turquie connaît un débat qui fait rage : le gouvernement souhaite fermer les écoles turques créées par des initiatives civiles, situées à l’étranger. La France peut, par sa propre histoire, faire lumière sur les débats qui agitent actuellement la Turquie. RCULTURE 12

TURQUIE

Démystifier le communautarisme musulman rEDITO 02 Bourget 2014 : une rencontre d’un nouveau genre rSOCIETE 04

Le Diyanet, bras religieux du pouvoir politique turc ? La polarisation qui règne en Turquie n’a pas épargné le Diyanet. La vénérable institution s’affirme de plus en plus, prenant très souvent des positions qui s’accordent avec celles du gouvernement. -08

FRANCE

Migrants subsahariens : le cri d’alarme des ONG marocaines Trois semaines après avoir lancé un appel aux autorités marocaines resté lettre morte, des ONG de Rabat, parmi lesquelles le Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et des migrants (Gadem) ont protesté mardi 15 avril, contre les conditions de vie des migrants subsahariens au Maroc. INTERNATIONAL 10

Crise du logement :

Turquie/Arménie, des peuples en avance sur les Etats

Zaman Okur Hattý: 01 42 00 19 36

Les rapports entre la Turquie et l’Arménie restent dramatiquement stationnaires alors que des initiatives émergent au niveau de la société civile. Le rapprochement tant attendu se fera-t-il par le bas ? «Nous n’approuvons pas la déportation, c’est une pratique inhumaine». Ainsi s’exprimait Ahmet Davutoglu, le ministre des Affaires étrangères turc, en décembre 2013. -TURQUIE 07

«On m’a proposé de me séparer de mon épouse» Le nombre de mal-logés en France continue d’augmenter malgré les logements vacants et la construction de nombreux HLM, ces dernières années. Zaman France a recueilli le témoignage d’une famille confrontée à la précarité du logement. -03


02 FRANCE Les commerces parisiens Démystifier le bientôt ouverts le dimanche communautarisme

25 AVRIL - 1ER MAI 2014 ZAMAN FRANCE

EDITO LA RÉDACTION

Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement, se sont prononcés en faveur d’une ouverture des commerces parisiens chaque dimanche. Un texte de loi en ce sens sera présenté dans les mois qui viennent. D’après l’Union du Grand commerce de centre ville, cette ouverture permettrait la création de 20 000 nouveaux emplois.

musulman

Il y a quelques jours, Le Figaro publiait un article basé sur une note confidentielle des services de renseignement mettant en garde contre le communautarisme musulman qui «défie l’école». En France, la notion de communautarisme musulman est un des lieux communs les plus exploités par la classe politique et intellectuelle. Un peu comme si dans le paysage hexagonal réputé laïque, mixte et égalitaire, le microcosme musulman apparaissait comme une tâche sombre, un stigmate indélébile aussi visible qu’un dahlia noir dans un champ de coquelicots. Ainsi, les communautés asiatique, antillaise, juive ne produiraient pas de communautarisme, étant entendu que leur fonctionnement ou ce qu’elles incarnent ne heurterait pas la République. Lundi s’est clôturée la 31e Rencontre annuelle des musulmans de France organisée par l’Union des organisations islamiques de France. De quoi y a-t-on débattu au juste ? Les amateurs de clichés seront déçus. Il fut question de famille, de vivre-ensemble, de bioéthique, d’engagement politique citoyen et d’égalité hommesfemmes. Du côté des parutions destinées au même public, à l’instar du dernier ouvrage de Nabil Ennasri (voir l’entretien de Zaman France, ndlr), Les 7 défis capitaux, les thèmes abordés sont entre autres la participation politique, l’amélioration de la connaissance religieuse, la lutte contre l’islamophobie pour renforcer la cohésion nationale et la sensibilisation à l’écologie. Ces exemples illustrent plus que tout autre discours le niveau d’insertion sociale, culturelle et politique des musulmans de France. Et témoignent du décalage croissant entre les discours sécuritaires qui peuvent susciter peurs et appréhensions et les réalités beaucoup plus banales de la communauté musulmane de France. La cohésion nationale est devenu l’un des enjeux politiques les plus essentiels, comme l’ont révélé les débats sur l’identité nationale et la permanence d’une approche anticléricale sur la gestion du fait religieux. Pour se hisser à la hauteur de cet enjeu, il sera nécessaire de lever les barrières psychologiques qui font obstacle à la consolidation de la communauté nationale qui a su se nourrir au fil des siècles de tous les apports de ses diverses composantes. Et se souvenir que le principal héritage national de la France est un idéal politique qui transcende par définition les clivages culturels de ses populations. info@zamanfrance.fr

De nombreux commerces comme Castorama sont ouverts le dimanche, contrairement à la législation nationale.

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Le gouvernement présentera d’ici la fin de l’année un dispositif visant à autoriser l’ouverture des commerces le dimanche à Paris au moins, a déclaré mercredi le secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen. JeanMarie Le Guen est le second membre du gouvernement à se dire favorable à un assouplissement de la loi en 24 heures, après le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, qui a obtenu la tutelle du tourisme lors du remaniement. «Oui, j’y suis favorable», a dit Jean-Marie Le Guen sur BFM TV, député de Paris jusqu’à sa nomination il y a deux semaines. «Nous allons présenter d’ici la fin de l’année un dispositif. Quand vous avez un flux touristique aussi important, il faut profiter de la manne», a-

t-il ajouté. «Le Grand Paris crée 35% de la richesse du pays, c’est une porte d’entrée de la mondialisation.» «Ceci n’a rien à voir avec le problème général dans notre pays du travail le dimanche. Il faut respecter le repos dominical.»

LE TRAVAIL DOMINICAL, SERPENT DE MER DE LA POLITIQUE FRANÇAISE Laurent Fabius avait usé du même argument mardi, expliquant sur RTL que l’économie de la capitale pâtissait de la fermeture des commerces parisiens le dimanche. «Il y a une certitude, c’est que le touriste qui vient le dimanche et qui trouve un magasin fermé ne va pas revenir le jeudi», avait-il

PHOTO DE LA SEMAINE

Des militants du principal parti d’opposition en Inde, le Bharatiya Janata Party (BJP), au cours d’un rassemblement à l’occasion de la campagne électorale à Mathura dans l’état indien du nord de l’Uttar.

...ET UNE MAUVAISE

UNE BONNE...

précise l’agence de presse Dogan, selon laquelle des inconnus les ont amenés à la frontière tard vendredi soir. Toujours selon cette agence, ils avaient été enlevés par des rebelles de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL). Cette organisation active initialement en Irak s’est ensuite implantée en Syrie à la faveur de la rébellion contre le régime de Bachar al Assad.

En Turquie, près d’un mariage sur cinq finit en divorce Une étude menée en Turquie montre que près d’un couple marié sur cinq a entamé une procédure de divorce en 2013. Les analystes expliquent cette tendance récente par les normes changeantes de la société. Au total, 70 % des affaires actuellement traitées par les tribunaux spécialisés dans la famille sont des cas de divorces.

D’après les chiffres de TurkStat, 120 117 couples ont divorcé en 2011, alors que le chiffre est passé à 123 325 en 2012 et à 125 305 l’année dernière. En Turquie, la région égéenne est celle qui compte le plus de divorces et l’Est et le centre du pays celles qui en comptent le moins. Au niveau des provinces, celle d’Istanbul détient le record de divorces en 2013 (27 000).

NOUVELLE

Libération des quatre journalistes français détenus en Syrie Les quatre journalistes français otages en Syrie, Edouard Elias, Didier François, Nicolas Hénin et Pierre Torrès, sont libres. Les médias turcs avaient rapporté que les quatre hommes avaient été retrouvés samedi par des militaires turcs à la frontière entre les deux pays. Enlevés en juin, ils ont été retrouvés mains attachées et yeux bandés dans la province de Sanliurfa,

plaidé, ajoutant qu’il faudrait alors des compensations pour les salariés. La question et, par extension, celle du travail le dimanche revient régulièrement dans le débat ces derniers mois, notamment parce que les magasins de bricolage ont été autorisés par décret à ouvrir le dimanche. Le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, Bruno Le Roux, a joint mercredi sa voix à celles de Jean-Marie Le Guen et Laurent Fabius, jugeant opportun de faire des exceptions «dans les zones touristiques». Selon une étude citée par l’Union du Grand commerce de centre ville (UCV), l’ouverture des commerces le dimanche créerait 20 000 emplois équivalents temps plein.


03 FRANCE

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25 AVRIL - 1ER MAI 2014 ZAMAN FRANCE

«Ce plan [...] est fait pour que la religion ne soit pas utilisée à d’autres fins, et notamment la fin plus abominable qui est le terrorisme» François Hollande a évoqué le plan présenté par le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, concernant les Français partis combattre aux côtés de groupes djihadistes en Syrie.

CRISE DU LOGEMENT :

«On m’a proposé de me séparer de mon épouse»

Le nombre de mal-logés en France continue d’augmenter malgré les logements vacants et la construction de nombreux HLM, ces dernières années. Un problème aggravé par l’explosion du chômage. Mais pas uniquement. Le durcissement de la législation sur le regroupement familial mène à des situations humainement dramatiques. C’est le cas de la famille Arriouach, qui vit dans un 9m2. Zaman France a recueilli son témoignage.

FOUAD BAHRI PARIS Le mal-logement ne recule toujours pas en France. C’est ainsi que trois organismes spécialisés dans le logement, le DAL (droit au logement), le Comité des sans-logis et le «115 des particuliers» réclamaient, il y a quelques jours, la mise en place d’un plan d’urgence de mobilisation des 100 000 logements vacants rien qu’en Ile-de-France, ainsi que l’arrêt des expulsions sans relogement. A Champigny-sur-Marne, dans le Val-de-Marne, la famille Arriouach sait ce que signifie le mal-logement. Pour Zaman France, ils ont témoigné de leur difficulté à pouvoir vivre décemment et du difficile combat qu’ils doivent mener pour sortir de leur cauchemar. «Ma situation est vraiment catastrophique, commence Mourad Arriouach, salarié depuis trois ans et demi chez la société Feu Vert. J’habite dans un foyer Adoma à Champigny-sur-Marne, dans une chambre de 9m2 avec ma petite fille Sarah âgée de deux ans et demi, et ma femme». Une promiscuité qu’ils ressentent jusque dans leur corps. «Etant donné que j’ai été hospitalisé il y a deux ans et demi pour un problème de disque, je ne peux pas dormir au sol. Ma femme a elle-même des problèmes de dos du fait de ces conditions précaires» explique-t-il. Mais les ennuis ne s’arrêtent pas là pour Mourad et ses proches.

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Destinés aux célibataires ou aux familles, les foyers Adoma sont des lieux de transit dans l’attente d’un relogement familial plus adéquat.

«On m’a proposé comme seule solution de me séparer de mon épouse pour obtenir un logement. Il n’en est pas question. Je suis bien avec ma femme. D’ailleurs, elle aurait du avoir un récépissé étant donné que notre fille est née en France», protestet-il.

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Face à la crise grandissante du logement en France, les options se réduisent pour les familles.

© ADOMA.FR

PAS DE LOGEMENT AUX SANS-PAPIERS La société Adoma qui lui a déjà signifié son expulsion en 2012, l’a convoqué il y a un mois et demi au sujet d’une plainte déposée par cinq de ses voisins pour le bruit «POUR OBTENIR UN LOGEMENT, causé par sa petite fille. «Je leur ai expliqué IL FAUDRAIT QU’IL DIVORCE» que c’est normal de voir un enfant pleu- La procédure de régularisation lancée pour rer quand il a faim, se réveille ou a mal. Le son épouse a été déboutée deux fois. De problème c’est qu’ils ne font rien pour que source juridique, la jurisprudence prévoit habituellement de faire primer je puisse sortir du foyer et l’intérêt supérieur de l’enfant né en trouver un appartement. France, en attribuant un récépissé Ma fille est souvent malade au parent étranger pour éviter une et les médecins nous ont fait un courrier expliquant que nous n’avions rien à faire dans cette chambre», «On m’a conseillé de prendre un avocat précise-t-il. Cela fait quatre spécialisé. Je n’en ai pas les moyens financiers» ans et demi que la famille Arriouach a demandé un logement sur Champigny-sur-Marne, en dramatique séparation. Ce n’est pas ce qui vain.Du côté de la mairie, on leur répond s’est passé pour la famille Arriouach. «On qu’aucune proposition ne pourra leur être m’a conseillé de prendre un avocat spéciafaite à cause de la non régularisation de lisé après le rejet en appel mais malheuson épouse. Contacté par notre rédaction, reusement, je n’en ai pas les moyens finanle maire Dominique Adenot n’a pas donné ciers». Pour en savoir plus sur ce dossier suite. Une vraie impasse, au point que l’as- et ses difficultés particulières, nous avons sistante sociale du foyer Adoma, a suggéré joint par téléphone l’Agence départemenune proposition étonnante à M. Arriouach. tale d’information sur le logement (ADIL).

Pour l’ADIL, pas de doute possible : une municipalité peut refuser un logement à une famille si un seul de ses membres est en situation irrégulière. «Elle (la famille Arriouach, ndlr) est dans une situation sociale compliquée car un bailleur social ne leur accordera jamais de logement tant que l’épouse ne sera pas en situation régulière. Là-dessus, il n’y a rien à faire. Pour qu’il réussisse à obtenir un logement social, il faudrait qu’il divorce», suggère la conseillère de l’ADIL en écho aux propos de l’assistance sociale d’Adoma.

LE 1 % PATRONAL, L’ULTIME ESPOIR Et dans le privé, qu’en est-il ? «La même règle s’applique, même si certains propriétaires privés sont moins regardants». La boucle semble bouclée pour les Arriouach ? Pas tout à fait. «J’ai fait une demande pour bénéficier du 1 % patronal dans mon entreprise, poursuit Mourad, mais mon responsable me crée des problèmes et ne s’occupe pas de mon dossier. Etant syndiqué chez Force ouvrière, j’ai fait appel à eux». Loin d’être terminé, le combat des Arriouach pour se loger dignement ne fait donc que commencer.


04 SOCIETE

25 AVRIL - 1ER MAI 2014 ZAMAN FRANCE

BOURGET 2014 :

Pour l’UOIF, une rencontre d’un nouveau genre A Paris, des militants arméniens dégradent le service culturel de l’ambassade turque FERHAN KÖSEOGLU, PARIS Vendredi 18 avril, une action choc a été menée au service culturel de l’ambassade de Turquie, situé sur les Champs-Elysées, à l’initiative de l’association FRA Nor Seround Nouvelle Génération Arménienne. Les militants se sont enchaînés à la porte d’entrée du bâtiment et ont déversé un liquide rouge sur les murs, des «seaux de sang» selon le site Armenews. Contactée, l’ambassade turque a exprimé son émotion et a annoncé avoir saisi les autorités compétentes. Présents sur les lieux par hasard, certains membres de l’Union des démocrates turcs européens (UETD) ont protesté contre la passivité de la police. Selon Yalçin Simsek, le président de l’UETD, les forces de l’ordre ne sont intervenues qu’après une heure et demie. «On leur a demandé de faire cesser au moins les slogans, mais la police m’a placé en garde à vue pour incitation à la violence», a-t-il dit. Simsek a été libéré après quelques heures. «Nous ne lâcherons pas, même 100 ans après !» et «Justice pour les Arméniens» ont scandé les jeunes Arméniens. Le président de FRA Nor Seround, Loris Toufanian, a été placé en garde à vue.

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La FEDIF Centre reçoit une députée européenne

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La FEDIF Centre (anciennement UDEC) à reçu Sophie Auconie, députée européenne dans la circonscription Massif central-Centre en France. Parmi la cinquantaine de personnes présentes lors de l’intervention de l’eurodéputée en ce samedi de Pâques, la plupart étaient des responsables d’associations, tel que le mouvement européen, l’association féminine Pour-elles et des entrepreneurs. L’adjoint à l’éducation de la ville d’Orléans et également candidat en 4e position sur la liste UDI pour les élections européennes, Florent Montillot était lui aussi présent.

LES QUESTIONS EUROPÉENNES Sophie Auconie a abordé de nombreuses questions, parmi lesquelles celle de l’identité européenne, la place de la France au sein de l’Union, les perspectives d’adhésion de la Turquie, la concurrence et le libre marché européen. La soirée s’est achevée avec un cadeau symbolique offert à Sophie Auconie, au nom de tous les entrepreneurs de la FEDIF Centre, une statue de Jeanne d’Arc afin de lui souhaiter du courage pour cette campagne.

La Rencontre annuelle des musulmans de France est le lieu de conférences nombreuses sur des thèmes divers liés à l’islam.

Pour sa 31e édition, la Rencontre annuelle des musulmans de France organisée au Parc des expositions du Bourget par l’Union des organisations islamiques de France, a été rattrapée par l’actualité. A côté de thèmes souvent traités comme l’islamophobie, la question centrale de la famille a été l’objet de polémiques.

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Tariq Ramadan, Tariq Oubrou et... Farida Belghoul. Ce 31e cru de la Rencontre annuelle des musulmans de France a flirté plus que jamais avec le mélange des genres. Du style consensuel et humaniste de Tariq Ramadan à la langue trempée dans l’acier d’une Farida Belghoul, présidente des Journées de retrait de l’école, les visiteurs musulmans du Bourget 2014 ont eu de quoi être tenus en haleine. D’autant que Farida Belghoul avait été décommandée après avoir été invitée, et finalement, sur pression d’une partie du public, réintégrée lundi 21 avril à 10 h. En effef, comme l’écrivent nos confrères de Fait-religieux. com, «Malgré ses inquiétudes sur la «théorie du genre», l’UOIF a condamné

ces Journées de retrait de l’école (JRE), refusant d’«utiliser les enfants dans les débats des grands». «Nous sommes pour le débat mais nous ne voulons pas de polémique. Au vu de la conjoncture actuelle, c’est mieux qu’elle n’apparaisse pas avec nous», explique Amar Lasfar».

BIOÉTHIQUE ET AUTO-DÉTERMINATION DES PEUPLES Un rétropédalage donc, symptômatique d’un malaise car l’UOIF opposée aux lectures déconstructives sur le genre est également réfractaire aux JRE. Dans un débat auquel ont participé Camel Bechikh de Fils de France, Farida Belghoul, Nabil Ennasri du Collectif des musulmans de France et les sociologues Omero Marongiu-Perria et

On y trouve également de nombreux stands de vente d’ouvrages et d’objets variés.

Fatima Khemilat, ainsi que Rachid Lamarti de l’UOIF, la tension était donc palpable. Mais ce 31e rendez-vous a également été l’occasion de nombreux autres débats de société sur la bioéthique, l’individualisme moderne, l’éthique de la diver-

sité, l’égalité hommes-femmes, la représentation de l’islam en France, le dialogue interreligieux et le droit à l’autodétermination des peuples. Histoire de rappeler que le Bourget version 2014 n’entend être l’otage d’aucun débat.

Le nouvel ambassadeur de Turquie a pris ses fonctions à Paris SAMI KILIÇ PARIS Hakki Akil, le nouvel ambassadeur de Turquie en France, vient de s’installer à la chancellerie de l’avenue de Lamballe dans le 16e arrondissement de Paris. Bon connaisseur de la France, Akil a fait une partie de ses études et de sa carrière dans ce pays. Licencié ès économie de l’Université de Bordeaux et ancien élève de l’ENA (promotion Liberté-EgalitéFraternité, 1987-1989), il a occupé les postes de conseiller aux affaires politiques et de consul général au mitan des années 1980. Ancien ambassadeur de la Turquie au Turkménistan,

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aux Emirats arabes unis et en Italie, il remplace Tahsin Burcuoglu qui a pris sa retraite en février 2014. Le diplomate est spécialisé dans les domaines de l’énergie, de l’économie et du développement. L’ambassadeur s’est donné pour mission d’optimiser l’efficacité des services consulaires et de renforcer les relations culturelles entre la France et la Turquie, pays dont la francophilie n’est plus à démontrer. Ancien consul, Akil est réputé être très à l’écoute des citoyens turcs. «Le citoyen, même lorsqu’il grogne, a toujours raison», aime-t-il répéter. Il restera en fonction jusqu’en 2016.


05 SOCIETE

25 AVRIL - 1ER MAI 2014 ZAMAN FRANCE

Nabil Ennasri : «Il n’existe pas de vote musulman»

Président du Collectif des musulmans de France et doctorant spécialisé sur le Qatar, Nabil Ennasri vient de faire paraître un essai de réflexion et de proposition à l’adresse des musulmans de France, intitulé Les 7 défis capitaux. Zaman France publie les premiers extraits de l’entretien que le chercheur a bien voulu nous accorder. FOUAD BAHRI PARIS Quel regard portez-vous sur le niveau de connaissance sur l’islam des musulmans de France ? Une anecdote permettra de le comprendre. En juillet dernier, une polémique avait éclaté au moment de la détermination du début du mois de Ramadan. Une forme de querelle des Anciens et des Modernes. J’étais de ceux qui étaient partisans du calcul astronomique, mais il y a eu une telle émotion que j’ai du me raviser. Ce qui est sacré, c’est de déterminer la date, le moyen lui peut évoluer, de l’observation directe au calcul. Or, face à l’émotion des fidèles habitués à la pratique de la vision, de nombreux imams ont du se raviser et s’aligner sur les fidèles.

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Mais cet exemple que vous citez peut être compris comme la volonté des responsables religieux de ne pas accentuer les divisions. Dès lors, le vrai problème n’est-il pas d’aborder ce sujet bien en amont de l’évènement ? Ce travail est fait. J’en parle dans mon livre en insistant notamment sur l’importance du savoir et de la lecture comme moyen d’émancipation comme l’enseigne le verset Iqra (Lis). Il faut sensibiliser davantage et notamment l’imam qui est au coeur de la transmission du savoir. Vous abordez la question de l’islamophobie, thème sûrement le plus traité dans la communauté musulmane française en termes de conférences, de livres ou d’articles. Quelle est la valeur ajoutée de votre ouvrage sur ce sujet ? Je propose des solutions simples à pratiquer et je dresse une typologie que je n’ai pas vue ailleurs. Je distingue trois formes d’islamophobie. La première est l’islamophobie diffuse, cette peur de l’islam très présente dans l’opinion française et dont il faut tenir compte. Il y a une opinion publique française qui a été fortement matraquée ces quarante dernière années autour de l’équation suivante : islam = terrorisme, islam = violence. Cette peur, il faut savoir la désamorcer par le bon comportement voire une forme d’empathie y compris avec ceux qui sont hostiles à l’islam du fait de ce matraquage. Un couple de retraités fortement opposés à la construction d’une mosquée dans le sud de la France, a décidé quelques années plus tard de léguer dans leur testament leur terrain à cette mosquée. Il y a aussi l’islamophobie poli-

tique et l’islamophobie médiatique à coups de Unes tapageuses ou de sorties d’élus, qui sont condamnables. Le combat contre l’islamophobie est une bonne chose pour la France car il favorise le vivre-ensemble. Pensez-vous que l’islamophobie bénéficie d’une certaine tolérance de la part de politiques et d’institutions publiques ? C’est ce qu’on peut penser et constater. A gauche, un discours laïciste de rejet et à droite un discours identitaire antimusulman. L’islamophobie est malheureusement l’un des seuls thèmes transversaux, à gauche comme à droite. Que préconisez-vous contre cette islamophobie ? Votre question me permet d’aborder le sujet suivant qui est celui de la participation politique. L’abstentionnisme chronique des Français de confession musulmane est perçu comme un signal négatif envoyé à la classe politique, qui peut les stigmatiser sans scrupules. Un certain nombre de ceux qui avaient voté Hollande aux dernières présidentielles voulaient sortir de l’islamophobie d’Etat. Ils ont été très surpris de voir Claude Guéant remplacé par Manuel Valls. L’énorme attente s’est transformée en énorme désillusion. Il y a eu aussi cette campagne de certains fidèles hostiles au vote qui a eu des conséquences. N’y-a-til pas un risque en abordant les choses de cette manière, d’homogénéiser politiquement les musulmans de France et d’induire qu’il existerait un vote musulman ? Je ne suis pas de ceux qui pensent qu’il existe un vote musulman ni même qu’il faudrait mobiliser cette communauté autour d’un seul projet. Le fait de créer un Parti français musulman est par exemple insensé car les musulmans ont des opinions politiques très diverses à gauche comme à droite. Maintenant ce que j’appelle de mes voeux est de mobiliser le plus grand nombre de nos compatriotes sur cette question de l’islamophobie pour sanctionner politiquement ceux qui alimentent ces discours. Vous consacrez deux chapitres à l’international, avec la Palestine et la Syrie. La Palestine est un vieux cheval de bataille pour les musulmans de France. Est-elle encore aujourd’hui pour eux un véritable élément fédérateur ? Elle l’est et elle le restera. Rares sont les sujets qui fassent autant consensus dans cette com-

Le duel entre Booba et Rohff fait une victime

Booba et Rohff sont deux figures célèbres du rap français.

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Les deux rappeurs français, coutumiers des insultes et des provocations mutuelles, ont franchi un nouveau pas qui pourrait être fatal à un jeune actuellement entre la vie et la mort. Tout a commencé par une moquerie de Rohff sur le dernier album de Booba, rédigée sur sa page Facebook. L’intéressé a semble-t-il très mal pris la mauvaise blague du padre, surnom de Rohff, et a décidé d’en découdre directement. Sauf que Booba vivant à Miami, le déplacement était trop long pour l’ex-braqueur condamné à 18 mois de prison. Rohff en

a donc profité pour faire une descente à la boutique parisienne de son rival, Unküt, en compagnie d’une dizaine d’individus. Un vendeur du magasin a été roué de coups et a perdu connaissance. Le jeune homme de 19 ans actuellement à l’hôpital a son pronostic vital engagé. Quelques heures après, le rappeur Rohff s’est rendu à la police et a été placé en garde à vue, selon Europe 1. Comme quoi le gangsta rap, qui s’appuie fréquemment sur la violence comme stratégie de marketing, devrait sérieusement revoir sa copie.

Nabil Ennasri a participé à plusieurs débats au cours du dernier Rassemblement des musulmans de France au Bourget.

munauté. Mais cette solidarité ne s’exprime que lorsqu’il y a des bouffées de violence comme lorsque Gaza était sous les bombes. Il y a une sensibilisation, une solidarité et une identification à la figure du musulman opprimé, empreinte d’émotivité et de religiosité. Il faudrait sortir de cette solidarité émotionnelle et conjoncturelle. Le peuple de Gaza a autant besoin de nous aujourd’hui qu’au moment où il était frappé par les bombes israéliennes. Il y a aussi un problème d’information. Très peu de gens savent par exemple ce qu’est la campagne BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions, ndlr). Il y a donc un impératif d’information. J’ai eu la surprise par exemple de trouver des cageots de dattes issus de la colonisation israélienne dans une mosquée. Un travail de conscientisation doit être mené. Certains pourraient vous reprocher de contribuer à la politisation des mosquées sur des sujets comme la Palestine, qui sont abordés, au-delà de leur dimension éthique, sous un angle politique ? J’assume totalement cette position car les mosquées sont déjà des lieux politisés. Du fait des influences et des luttes de pouvoir auxquelles se livrent des Etats étrangers, et même la France dans ces mosquées. Par ailleurs, les imams seraient légitimes pour aborder ce sujet étant donné que la Palestine fait partie du patrimoine religieux et historique de l’islam et qu’une mobilisation morale au nom de l’injustice que ce peuple

subit est un impératif éthique islamique. Quand l’Abbé Pierre s’insurgeait contre la précarité des logements, personne ne lui en faisait le reproche.

Le CMF, un collectif sans langue de bois

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Le Collectif des musulmans de France est une association créée au tout début des années 1990. Elle incarne la première génération d’associations musulmanes dirigées par des cadres français soucieux de donner de la visibilité à leurs revendications citoyennes, cultuelles et culturelles. La revendication de prêches en français pour les prières du vendredi illustre cette volonté. De fait, le CMF est une structure active politiquement et qui s’exprime souvent dans les débats de société. Très critique à l’égard de l’islam institutionnel, elle compte à son actif un certain nombre d’événements comme la co-organisation du Forum social européen en 2003, le lancement de la dynamique «Présence musulmane» autour de l’intellectuel Tariq Ramadan, où le soutien de la pétition des Indigènes de la République. Elle est présidée par Nabil Ennasri depuis le mois de janvier 2011.


06 TURQUIE

25 AVRIL - 1ER MAI 2014 ZAMAN FRANCE

Quelles sont les attributions du Président de la République ? Tayyip Erdogan affiche de plus en plus son ambition présidentielle. La Constitution turque, qui avait été rédigée après le coup d’Etat de 1982, a mis en place un régime parlementaire primo-ministériel, c’est-à-dire avec un Premier ministre prépondérant dans le couple exécutif. Or, comme tout texte juridique, la Loi suprême est soumise à des lectures différentes, son application peut donc déjouer les prévisions des constituants de 1982, une aubaine pour le Premier ministre turc qui ne cache pas son tropisme présidentialiste. SAMI KILIÇ PARIS UNE LÉGITIMITÉ INDISCUTABLE L’article 8 dispose que le pouvoir 1 exécutif est exercé par le Président de la République et le Conseil des ministres. Le texte ne mentionne même pas le Premier ministre. L’article 101 prévoit l’élection du 1 chef de l’Etat au suffrage universel direct ce qui renforce sa légitimité par rapport à un Premier ministre qui n’est pas directement élu par le peuple. L’article 102 dispose que le pré1 sident est élu à la majorité absolue des voix, au besoin grâce à un second tour. Le Premier ministre est en général le leader du parti qui remporte la majorité au Parlement. Or, la loi électorale turque consacre un système majoritaire et non proportionnel. Autrement dit, un parti qui obtient 40% des voix (la minorité donc) peut rafler la majorité à l’Assemblée nationale. Le président aura, lui, le soutien de la majorité du corps électoral.

L’ARTICLE 104 ET DES POUVOIRS ASSEZ ÉTENDUS Par rapport au pouvoir législatif 1 (parlement) : droit de prononcer un discours à l’ouverture de la session parlementaire ; droit de convoquer l’Assemblée nationale ; droit de renvoyer une loi pour une nouvelle délibération (veto) ; droit de soumettre à référendum les lois de révision de la Constitution ; droit de saisir la Cour constitutionnelle sur la conformité à la Constitution d’une loi, d’une ordonnance et du règlement intérieur de l’Assemblée nationale ; droit de convoquer des élections anticipées. Par rapport au pouvoir exécutif 1 (gouvernement) : nommer le Premier ministre et les ministres sur

proposition de ce dernier, droit de présider ou de convoquer le Conseil des ministres (dans la pratique, c’est le Premier ministre qui le préside), nommer les ambassadeurs, ratifier les traités internationaux. Par rapport au pouvoir judiciaire 1 (justice) : nommer les membres de la Cour constitutionnelle, le quart des membres du Conseil d’Etat, le procureur général de la Cour de cassation, les membres du Conseil supérieur des juges et des procureurs. D’autres pouvoirs importants : 1 remplir la charge de chef des armées, nommer le chef d’état-major, présider le Conseil de sécurité nationale, déclarer l’état de siège ou l’état d’urgence, exercer le droit de grâce, saisir le Conseil de l’Inspection de l’Etat, nommer les présidents d’université, nommer les membres du Conseil de l’enseignement supérieur.

UN BÉMOL : LE CONTRESEING MINISTÉRIEL Le président de la République étant irresponsable politiquement (il ne peut pas être «renversé» par le Parlement), toutes ses décisions (hormis quelques pouvoirs propres) sont soumises à ce qu’il est convenu d’appeler le «contreseing ministériel», c’està-dire qu’elles doivent être signées par un ministre pour pouvoir trouver application. Mais un président peut toujours forcer la main au gouvernement, tout dépend de la personnalité et du charisme des deux têtes de l’exécutif. Le Premier ministre Erdogan a appelé de ses vœux un président qui «transpire, court et fait courir». Reste à savoir ce qu’il se passera si Erdogan ne remporte pas l’élection présidentielle. Et si le nouvel arrivant le prend au mot, quelle sera la réaction du bouillant Premier ministre ? C’est toute la question.

Le fanion présidentiel représente les 16 Etats fondés par les Turcs dans leur histoire.

Gül bouleverse la donne pour l’élection présidentielle SAMI KILIÇ PARIS L’AKP a annoncé que le choix de son représentant au scrutin présidentiel serait fait vers la fin du mois de mai, après étude menée auprès de l’opinion publique. Mais, en visite à Kütahya, le président de la République turc, Abdullah Gül, a fait une déclaration qui promet de rebattre les cartes au sujet de l’élection présidentielle prévue en août 2014 : «Je voudrais dire ceci, j’ai servi la nation à différents niveaux de responsabilité; dans les circonstances actuelles, je n’ai pas de plan politique pour l’avenir, il y

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a beaucoup de spéculations, ces choses seront discutées le moment venu mais je voulais le souligner», a-t-il dit devant les journalistes. A la question de savoir s’il était disposé à accepter un système à la Poutine-Medvedev, avec une permutation des postes entre lui et le Premier ministre Tayyip Erdogan, il a estimé que «ce n’est pas une pratique qui [lui] semble conforme à la démocratie». Le Premier ministre a préféré ne pas se prononcer sur la déclaration du président, estimant qu’il n’avait pas entendu ses propos et qu’il ne dirait rien sans en avoir discuté avec Gül.

Les nouveaux pouvoirs du MIT inquiètent les juristes ALI ASLAN KILIÇ ANKARA Le projet de loi controversé sur les services de renseignement turcs (MIT) qui a été adopté jeudi 17 avril au soir par le Parlement turc ne cesse de soulever des inquiétudes. Celles-ci se justifient par la peur d’une montée des groupes criminels et d’un retour aux années 1990, époque où la Turquie était régulièrement secouée par des exécutions extrajudiciaires et des meurtres non élucidés dont les auteurs n’ont jamais été arrêtés ni menés devant la justice. Ces exécutions ont terrorisé la population kurde, en particulier dans le sud-est de la Turquie, dans les années 1990. La plupart ont été perpétrés par l’Organisation du renseignement de la gendarmerie (JITEM), une unité illégale de lutte contre le terrorisme qui existait à l’époque.

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LE MIT SERA VU COMME RESPONSABLE DE MEURTRES NON RÉSOLUS Les critiques et experts légaux craignent que le MIT puisse devenir une sorte de JITEM si la loi sur le MIT entre en vigueur. Le texte vise à donner des pouvoirs étendus à l’organisme, de même qu’une immunité légale à ses membres. «Une fois ce projet de loi adopté, on ne pourra pas appeler les res-

ponsables de meurtres non élucidés à rendre des comptes. Et si l’on constate une augmentation de ce type d’assassinat dans le pays, les yeux se tourneront dans la même direction», a mis en garde l’avocat Ayhan Erdogan, qui sous-entend que les membres du MIT seront tenus pour responsables des meurtres en question. L’histoire de la Turquie regorge de meurtres non élucidés et leur nombre exact est inconnu. Selon un rapport de la Fondation des droits de l’homme de Turquie (TIHV) publié l’année dernière, 1901 meurtres ont été commis entre 1990 et 2011 en Turquie, même si les chercheurs kurdes du sud-est du pays affirment, eux, que leur nombre dépasse les 20 000.

LES POUVOIRS SIGNIFICATIFS DU MIT Le Parlement a commencé à débattre du texte sur le MIT la semaine dernière. La loi autorise l’organisme à mener des opérations contre de potentielles menaces à l’étranger désignées par le gouvernement. La responsabilité de telles opérations n’incombera non pas au MIT mais au gouvernement. Les agents du MIT agissant sous une autre identité que la leur ne seront pas responsables de leurs activités, de même que les agents s’infiltrant dans des organi-

Au premier plan, Hakan Fidan, patron des renseignements turcs.

sations terroristes n’auront aucune responsabilité criminelle pour les crimes commis dans le cadre de leur mission. Le loi autorise également le MIT à procéder à des écoutes téléphoniques sans décision de justice. L’organisme sera aussi autorisé à mettre sur écoute des conversations téléphoniques à l’étranger sur ordre du sous-secrétariat. Enfin, le MIT aura un accès total aux archives et aux bases

de données de chaque ministère et pourra recueillir des informations sur leurs employés. La loi requiert également que les entreprises privées fournissent des informations sur leurs consommateurs et leur équipement technique si on le leur demande. Les tribunaux et les procureurs ne pourront, eux, demander au MIT que les documents liés aux secrets d’Etat et aux activités d’espionnage.


07 TURQUIE

25 AVRIL - 1ER MAI 2014 ZAMAN FRANCE

Erdogan présente ses condoléances aux Arméniens A la veille de la commémoration par les Arméniens des événements tragiques de 1915, le Premier ministre turc à présenté dans un communiqué de presse ses condoléances à leurs petits enfants.

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Le bureau du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan vient de présenter ses condoléances aux petits-enfants des Arméniens tués lors des événements de 1915 pendant la Première guerre mondiale en Anatolie. C’est la première fois que la Turquie présente une déclaration de compassion pour la douleur des Arméniens dans un but de réconciliation avec les petits-enfants des Arméniens ottomans, dispersés dans le monde. «Une attitude humaine et consciencieuse juste nécessite de comprendre toutes les souffrances endurées lors de cette période, indépendamment de la religion ou de l’origine ethnique», dit la déclaration de presse du Premier ministre. Ce 24 avril, les Arméniens du monde entier commémoreront les pertes de ces événements tragiques mais contestés.

L’INTERPRÉTATION DES ÉVÉNEMENTS DIFFÈRE Le sujet est resté source de frictions et de disputes entre la Turquie et la diaspora arménienne et en particulier l’interprétation de ces événements, que

C’est la première fois qu’un premier ministre turc exprime ses condoléances aux Arméniens.

ces derniers préfèrent qualifier de «génocide». Ankara rejette fortement l’utilisation de ce terme, niant fermement toute politique officielle visant à délibérément décimer la population pendant l’administration ottomane en 1915. Au contraire, Ankara défend l’idée que les Arméniens ont organisé une rébellion

contre le régime ottoman, avec le soutien de l’armée russe dans l’Anatolie orientale, laissant l’armée ottomane en situation périlleuse, une menace qui a poussé les membres du gouvernement à Istanbul à «réinstaller» la population arménienne de l’Anatolie orientale dans les provinces du sud et en Syrie.

Cette «réinstallation» a entraîné de lourdes pertes en termes de civils. Le discours d’Erdogan est d’une importance significative en vue d’une réconciliation avec la diaspora arménienne, qui a lancé une campagne mondiale pour convaincre les pays de qualifier les événements de 1915 de «génocide».

Les Turcs et les Arméniens, en avance sur leurs pays ? SAMI KILIÇ PARIS Les rapports entre la Turquie et l’Arménie restent dramatiquement stationnaires alors que des initiatives émergent au niveau de la société civile. Le rapprochement tant attendu se fera-t-il par le bas ? Décryptage.

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UN EXAMEN DE CONSCIENCE «Nous n’approuvons pas la déportation, c’est une pratique inhumaine». Ainsi s’exprimait Ahmet Davutoglu, le ministre des Affaires étrangères turc, en décembre 2013. Déportation. C’est le mot officiel qui correspond à la tragédie qui s’est abattue sur les Arméniens de l’Empire ottoman à partir du 24 avril 1915. Et le centenaire approche à grands pas. Les dénonciations et les défenses se fourbissent au niveau des officiels étatiques. Qu’en est-il du côté des citoyens, des Turcs et des Arméniens ? Est-il possible de «geler» le sujet de la qualification des événements de 1915 et d’avancer vers une réconciliation par le bas ? Une réponse affirmative reste, hélas, loin d’être une évidence. La «mémoire juste» qui prendrait en compte les pertes de part et d’autre prévaut chez les Turcs alors que l’examen de conscience demeure la revendication des Arméniens. Preuve en est, l’action choc que l’association FRA Nor Seround Nouvelle Génération Arménienne a menée le vendredi 18 avril 2014 devant le service culturel de l’ambassade de Turquie. «Nous ne lâcherons pas, même 100 ans après !» ont scandé les militants présents.

«CONFRONTER LES POINTS DE VUE» Le Conseil de Coordination des Organisations Arméniennes de France (CCAF) ne dit pas autre chose. Son co-président, Ara Toranian, estime qu’«on ne peut pas construire l’avenir et la réconciliation sur la base d’un non-dit». Le Congrès national des Arméniens occidentaux (CNAO) fait entendre un autre son de cloche. Créée en 2007, cette association estime que l’essentiel est la reconnaissance des droits des 7 millions de descendants arméniens de l’Empire, en tête desquels arrivent le droit à la citoyenneté, le droit à la restitution des biens confisqués et le droit au retour. D’autres initiatives se multiplient pour rapprocher les deux peuples, à défaut de pouvoir raccommoder les deux Etats. Par exemple, l’association Repair (Réparer le Futur), une plateforme de dialogue arméno-turque, a pour but de «confronter les points de vue sur les problématiques arméno-turques en donnant la parole à différents acteurs des sociétés civiles de Turquie, d’Arménie et de la diaspora arménienne». La Fondation turque Anadolu Kültür et l’ONG Yerkir Europe en sont les initiatrices. Les réalisations demeurent pour l’heure rachitiques mais l’ambition est là. Selon Armen Ghazarian, directeur de la publication de Repair, qui s’est confié à Nouvelles d’Arménie Magazine, «les crispations sont incrustées dans les mentalités et engendrent des oppositions sytématiques (...). Il faut donc travailler à faire évoluer les mentalités pour déplacer ces lignes de fractures».

«Nous sommes tous Hrant, nous sommes tous Arméniens» disent les manifestants en hommage au journaliste Hrant Dink abattu en 2007.

CONVAINCRE LES TURCS En Turquie, c’est la Plateforme de cinéma Arménie-Turquie, soutenue par Anadolu Kültür et le Festival international du film Abricot d’Or, qui permet depuis 2008 à des cinéastes turcs et arméniens de travailler sur des projets communs. Cigdem Mater, une des responsables du projet, déclarait au journal en ligne Le Petit Journal, que «des gens de deux pays, des deux diasporas se connaissent grâce à notre projet, ils se créent un espace de cinéma commun, restent en

contact, s’aident sur d’autres projets… C’est exactement ce que nous souhaitons». Il n’en reste pas moins que toutes ces initiatives sont perçues comme des tentatives pour convaincre les Turcs. Or, ces derniers déplorent également des centaines de milliers de victimes et le silence qui accompagne leurs morts n’est pas de nature à les apaiser. On en revient donc à la question du départ : peut-on discuter sans purger la question de 1915 ? La réponse semble être négative. Ni du côté des Etats, ni du côté des peuples.


08 TURQUIE

25 AVRIL - 1ER MAI 2014 ZAMAN FRANCE

Le Diyanet, bras religieux du pouvoir politique turc ? La polarisation qui règne en Turquie n’a pas épargné le Diyanet, la direction des affaires religieuses, censée incarner l’unité des musulmans de Turquie. La vénérable institution s’affirme de plus en plus, prenant très souvent des positions qui s’accordent avec celles du gouvernement. Beaucoup dénoncent une instrumentalisation au service du pouvoir. SAMI KILIÇ PARIS Le cheikh ul islam (seyhülislam), la plus haute autorité de l’islam dans l’empire ottoman, était-il un homme de religion impartial et apolitique ? Point du tout. Bien au contraire, c’était lui qui délivrait les fatwas qui découronnaient les sultans. Le livre de Gilles Veinstein et Nicolas Vatin, Le Sérail ébranlé. Essai sur les morts, dépositions et avènements des sultans ottomans, le montre magistralement.

Mehmet Görmez, est à la tête du Diyanet depuis 2010.

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LE DIYANET, UN LEVIER AU SERVICE DE LA POLITIQUE ? Qu’en est-il de son successeur direct depuis 1924, le président du Diyanet ? Un taiseux. En tout cas jusqu’à récemment. Discret en temps normal, le 17e «grand mufti» de la République, Mehmet Görmez, en poste depuis 2010, multiplie en effet les interventions. Haut fonctionnaire, il est pourtant soumis à l’autorité directe du Premier ministre. Mais le contexte actuel, qui a vu se déchirer deux branches du camp conservateur, a poussé le Diyanet à montrer patte blanche. Déjà critiquée pour sa passivité lorsque des députés de l’AKP, parti au gouvernement, ont investi les mosquées pour faire de la propagande politique lors de la campagne pour les élections municipales, l’autorité religieuse n’arrive pas à se départir de cette perception qu’elle serait devenue un levier aux mains des dirigeants actuels. DES INITIATIVES PERÇUES COMME PARTISANES Le 25 mars, soit cinq jours avant les élections, le Diyanet avait publié un communiqué de 15 articles. Dans le cadre de sa responsabilité constitutionnelle, disait-il, il se devait d’attirer l’attention sur les péchés comme la violation de la vie privée, le mensonge, la diffamation, l’espionnage et surtout l’instrumentalisation de l’islam à des fins politiques. Le Diyanet,

Yakup Koçal, le candidat de l’AKP à Yalova.

affirmait-il, «doit informer le peuple face aux superstitions modernes qui se nourrissent des mouvements criminels, spiritualistes ou gnostiques et messianiques visant à saper l’existence même de la société». Trop abscons pour le commun des mortels, ce passage avait été interprété comme une référence voilée au Hizmet, un mouvement civil d’inspiration religieuse, initié par le penseur musulman Fethullah Gülen et accusé par le Premier ministre turc, Tayyip Erdogan, d’être à l’origine des enquêtes de corruption visant certains membres de son gouvernement et de sa famille. Trois jours plus tard, le 28 mars, le sermon du vendredi, lu dans toutes les mosquées de Turquie, affirmait que «la liberté n’est pas absolue», à un moment où les réseaux sociaux étaient interdits. Le même texte critiquait «ceux qui percent un trou au fond du navire». Un autre passage qui avait été vu comme une pique lancée contre les sympathisants du Hizmet. Ahmet Hakan, célèbre chroniqueur du journal Hürriyet, avait été on ne peut plus sévère pour dénoncer la fausse sensibilité du Diyanet : «Des enfants meurent, tu te tais ; une mère dont l’enfant vient de mourir se fait huer, tu te tais ; on se moque d’une sourate du Coran, tu te tais ; la religion est instrumentalisée pour des affaires de corruption, tu te tais ; on dit des mensonges, tu te tais ; on profère des insultes, tu te tais ; on diffame, tu te tais ; on télescope la chambre à coucher du CHP et du MHP, tu te tais ; mais lorsque des rumeurs courent sur des atteintes à la vie privée des dirigeants, là tu commences à parler. Tu ne te souviens des principes islamiques que lorsque les dirigeants sont mis en cause. Tu crées une

religion qui ne défend que les droits et libertés des puissants. Et comme cette religion n’est pas la nôtre, peux-tu répondre à cette question : de qui, es-tu es le Diyanet ?». Dernièrement, à l’occasion des célébrations de la Nativité du Prophète, Görmez a mobilisé des références religieuses qui ont été, encore une fois, perçues comme pro-gouvernementales. Certains y ont décelé une critique du Hizmet, souvent accusé d’avoir fait sien le vœu de soumission totale à Fethullah Gülen et de faire de l’entrisme dans les administrations de l’Etat. «Le Prophète nous demande de réfléchir et de chercher le savoir alors que nous, nous nous contentons des connaissances des autres, de la raison d’un autre», a-t-il dit avant de viser franco : «Le Coran nous demande de confier les postes aux agents compétents et nous, nous faisons du piston, nous mettons à contribution notre influence ce qui aboutit à violer les droits des tiers».

GÖRMEZ REJETTE LES ALLÉGATIONS Dans une interview accordée au quotidien de gauche Cumhuriyet, Görmez s’est défendu de porter la livrée du gouvernement. «La publication du communiqué a été considérée comme un devoir historique incombant au Diyanet», a-t-il souligné. Il a néanmoins enfoncé le clou en assurant que «la perception de la religion a été gravement atteinte. Pourquoi ? Parce-qu’une organisation qui s’est renforcée en 30-40 ans en récoltant les zekat [impôts religieux] s’est lancée dans une lutte en s’impliquant directement dans la politique interne et internationale. Les gens pensaient que c’était un mouvement

religieux tourné vers l’éducation et la science. D’où des déceptions». Répondant aux accusations de partialité dans les sermons, il a rétorqué que le Diyanet n’avait pas à prendre en compte «la perception des esprits conditionnés» lorsqu’il préparait ses homélies. Il a en revanche condamné sans équivoque la blague de l’ex-ministre Egemen Bagis qui avait osé un jeu de mots hasardeux sur un verset du Coran, le célèbre «bakara/makara». «Celui qui se moque de la religion ne fait que montrer son piètre caractère», a-t-il dit, ajoutant cependant qu’ «il est tout aussi immoral de dire ces choses que de divulguer une conversation privée». Le ministre avait été en effet écouté à son insu. Non content d’être à l’œuvre sur le plan politique interne, Mehmet Görmez s’est également manifesté pour les 529 condamnés à mort en Egypte. Il a écrit une lettre au cheikh d’al-Azhar, Ahmad al-Tayyib, en sa qualité de président des savants de l’Eurasie l’appelant à s’impliquer pour éviter les pendaisons. C’est également une première pour un président du Diyanet qui se contentait jusqu’alors d’agir dans sa seule sphère d’influence, les Balkans. Un autre épisode en a stupéfié plus d’un. Lors de son discours à Rize dans le cadre des célébrations de la Nativité, Görmez a été confronté à une protestation des plus singulières. Un vieil homme de 96 ans a lancé à la foule : «Ne l’écoutez pas, c’est un mécréant !». Il a été débarqué sans ménagement malgré son grand âge. Le président du Diyanet, attristé par cette brutalité, s’est rendu chez lui pour présenter ses excuses. L’ambiance est effectivement délétère.

Une élection rocambolesque annulée à Yalova SAMI KILIÇ PARIS Trois semaines après le scrutin du 30 mars, le Conseil supérieur des élections (CSE) a décidé d’annuler les élections municipales à Yalova, province située dans la région de Marmara et qui compte 211 000 habitants. Yakup Koçal, le candidat de l’AKP, parti au pouvoir, avait gagné la mairie contre Vefa Salman, le candidat du CHP, principal parti d’opposition, avec une voix d’écart. A la suite de la contestation du parti de gauche, le CSE avait demandé un nouveau décompte des voix qui avait abouti finalement à l’élection de Salman. L’AKP

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avait estimé que 7 personnes qui n’avaient aucun mandat avaient participé au scrutin. Le CSE vient de donner cette fois-ci raison au candidat de l’AKP qui est aussi le maire sortant. Muharrem Ince, poids lourd du CHP et député de Yalova, a annoncé qu’ils n’allaient pas saisir la Cour constitutionnelle mais qu’ils faisaient confiance à la «conscience du peuple». «Le Premier ministre a annoncé la semaine dernière que le CSE allait annuler les élections. Ce n’était donc pas un souhait, c’était un ordre», a-t-il déploré. De nouvelles élections devront être organisées le 1er juin 2014.


09 TURQUIE

25 AVRIL - 1ER MAI 2014 ZAMAN FRANCE

Le légendaire leader tatar décoré par la Turquie

Mustafa Abdülcemil Kirimoglu, ancien président de l’Assemblée des Tatars de Crimée et figure tutélaire de ce peuple, vient de recevoir la deuxième plus haute distinction de la République turque. Dans le contexte actuel, c’est un évident signe de soutien à cette minorité, noyée dans le bourbier russo-ukrainien. SAMI KILIÇ PARIS La première fois, c’était en 1976. Une rumeur persistante avait ébranlé le monde turc, l’illustre Mustafa Abdülcemil Kirimoglu, serait mort dans les geôles soviétiques. Les Turcs avaient immédiatement rendu hommage à ce déjà sage malgré son jeune âge (il était trentenaire). Des prières mortuaires in abstentia avaient brassé des milliers de personnes... jusqu’à ce qu’il réapparaisse vivant. La joie n’en avait été que décuplée.

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UNE VIE TOURMENTÉE C’est dire l’estime dont jouit ce petit bout d’homme à la carrure prestigieuse. Né en 1943 en Crimée, Kirimoglu fait partie d’une famille de moujik (paysan aisé) qui a subi la foudre stalinienne en 1944. Son inscription à la faculté d’histoire est refusée à Tachkent en Ouzbékistan car «membre d’une communauté qui n’est pas fidèle à l’Union soviétique». Le «Aga», comme on l’appelle par respect, n’en est pas découragé pour un sou. Il se lance dans la politique, s’ensuit une longue vie parsemée de peine, d’emprisonnements et de grèves de la faim. 15 ans passés en prison, en exil et dans les camps font de lui le porte-drapeau naturel de la cause tatar. «Sa vie est un condensé de tout ce qu’ont enduré les Tatars», a déclaré le président de la République, Abdullah Gül, qui vient de lui remettre «la médaille de la République», deuxième plus haute distinction de la Turquie. UN HÉROS POUR LE MONDE TURC Son obstination dans la défense des droits politiques et culturels de ses compatriotes finit par payer. En 1987, le président des Etats-Unis, Ronald Reagan, obtient de Mikhail Gorbatchev sa libération. Il devient président de l’Assemblée des Tatars de Crimée puis député au Parlement ukrainien. Conciliant, Kirimoglu défend une autonomie tatar au sein de l’Ukraine. L’agression des Russes l’a un peu échaudé mais ne l’a pas découragé. «Nous les connaissons trop bien pour accepter leur suzeraineté», aime-t-il répéter. La Turquie, qui a opté pour le profil bas lorsque la Russie a fait main basse sur la Crimée, appuie cette position mais prône une attitude responsable. «Je suis très honoré de décerner cette médaille au grand héros, au grand combattant, à mon très cher frère qu’est Kirimoglu», a conclu Gül. Un bel hommage que le bien-nommé lea-

La doyenne de Turquie meurt à l’âge de 120 ans

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La femme la plus âgée de Turquie, Zeyini Çelik, est morte mardi 15 avril à l’âge de 120 ans. Nana Zeyini est née en 1894 dans la province de Tunceli au sud-est du pays. L’année dernière, elle avait fêté son 120e anniversaire à Istanbul entourée de ses quatre enfants, de ses 18 petitsenfants et de ses 23 arrière-petits-enfants. Gülcan Çelik, petite-fille par alliance de Nana Zeyini, a confié que la femme entendait et voyait parfaitement bien avant sa mort. «Elle a vécu une vie heureuse et saine. Elle n’a fait de mal à personne et était aimée de tous ceux qui la connaissaient», a ajouté Gülcan Çelik.

der tatar (son nom signifie «fils de Crimée») a dédié à son peuple, «une évidente marque de soutien pour nous», a-t-il remercié. La Turquie, qui vient d’honorer un de ses plus illustres cousins, compte de nombreux intellectuels d’origine tatar, à commencer par les

deux plus grands historiens vivants de la Turquie, Halil Inalcik dit «le pôle des historiens» et Ilber Ortayli, une autre référence mondiale. Des liens donc «historiques» lient les deux peuples du monde turcique. Mieux valait tard que jamais pour s’en souvenir.

Abdullah Gül et Mustafa Abdülcemil Kirimoglu, ancien président de l’Assemblée des Tatars de Crimée.


10 INTERNATIONAL

81,53

%

25 AVRIL - 1ER MAI 2014 ZAMAN FRANCE

C’est le pourcentage de voix recueillies par Abdelaziz Bouteflika, réélu président de l’Algérie dès le premier tour de l’élection présidentielle.

Une unité américaine chargée d’espionner les musulmans dissoute Une unité de police mise en place à New-York après le 11 septembre était chargée de surveiller les musulmans fréquentant les mosquées et les commerces islamiques. Des associations de défense des droits comme l’ACLU avaient porté plainte contre l’ancien maire Michael Bloomberg et l’ex-chef de la police new-yorkaise.

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C’est une nouvelle page qui se tourne aux Etats-Unis. 13 ans après les attentats du 11 septembre, une cellule d’espionnage chargée de surveiller les activités des citoyens américains de confession musulmane vient d’être fermée mardi 15 avril. Créée par la police de New-York, cette cellule composée de douze personnes, procédait à une vaste surveillance des musulmans new-yorkais fréquentant les mosquées mais aussi les librairies, restaurants et autres lieux d’échange musulmans. D’après le New York Times, «Leur objectif était d’identifier les endroits banals où un terroriste aurait pu se fondre dans la société».

Manifestations contre l’exchef de la police de New York, Ray Kelly

UNE VIOLATION DE LA CONSTITUTION AMÉRICAINE Dans un communiqué, le maire Bill de Blasio s’est félicité de cette décision. «Notre administration a promis aux New-Yorkais une police qui assure la

sécurité de la ville, mais qui soit aussi respectueuse et juste. Cette mesure représente un pas capital pour réduire les tensions entre la police et les communautés qu’elle sert, afin que nos policiers et nos citoyens puissent s’entraider dans la lutte contre les mauvaises personnes». Il faut dire que les associations de défense des droits de l’homme avaient saisi la justice et protester contre cette politique illégale au regard de la Constitution américaine. L’ACLU association américaine de défense des droits civiques, avait même porté plainte contre l’ancien maire Michael Bloomberg et l’ex-chef de la police de New York Ray Kelly. «Quand la police transforme en suspects des gens respectueux de la loi, parce qu’ils fréquentent une mosquée et non une église ou une synagogue, cela viole les garanties d’égalité et de liberté religieuse de notre Constitution», s’était indigné Hina Shamsi, de l’ACLU.

Migrants subsahariens : le cri d’alarme des ONG marocaines FARIDA BELKACEM PARIS Trois semaines après avoir lancé un appel aux autorités marocaines resté lettre morte, des ONG de Rabat, parmi lesquelles le Groupe anti-raciste d’accompagnement et de défense des étrangers et des migrants (Gadem) ont protesté mardi 15 avril, contre les conditions de vie des migrants subsahariens au Maroc. Rien de nouveau sous le soleil marocain, où depuis quelques années, les rapports se multiplient, dénonçant contrôles, arrestations et reconduites brutales à la frontière des migrants subsahariens.

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L’EUROPE À DEUX PAS Il y aurait, selon les associations, quelque 20 000 migrants subsahariens «de passage» au Maroc. Des migrants venus d’Afrique noire, parmi lesquels des demandeurs d’asile des réfugiés et des migrants de travail. Tous rêvent de rejoindre l’Europe via Ceuta et Melilla – territoires espagnols sur le sol marocain, et donc frontières terrestres entre l’Europe et l’Afrique. Ils passent au nord du Maroc par la frontière est, en provenance d’Algérie, après avoir traversé le Sahara. Parvenus aux environs de Nador et d’Oujda, ils tentent de rejoindre par bateau gonflable ou en escaladant les grillages qui entourent les deux enclaves espagnoles. Mais le plus souvent le rêve tourne court et la répression est féroce. LES VIOLENCES DES GARDES-FRONTIÈRES Comment gérer la présence de ces migrants ? Pays d’émigration, le Maroc est devenu par

la force de sa géographie un pays de transit et d’immigration. Une situation assez similaire à celle de la Turquie. Confronté à la pression migratoire, le pays, souvent qualifié de gendarme européen, a des accords pour empêcher les migrations illégales en Europe (accords bilatéraux avec les pays et avec l’UE). Sous la pression des instances de solidarité internationale, le royaume chérifien a décidé de s’attaquer au problème du mauvais accueil des migrants (notamment par une politique de régularisation mise en place depuis septembre 2013 jusqu’«à 2014»), mais les violences persistent à leur égard. Ceux-ci font fréquemment l’objet de violences policières et de passages à tabac. Sont mis en cause les gardes-frontières marocains, qui traquent les migrants et les reconduisent à la frontière algérienne ou mauritanienne avec violence. Mais aussi leurs homologues espagnols, qui, selon les associations, ouvriraient parfois les frontières des enclaves de Ceuta et Melilla pour permettre à la sécurité marocaine de récupérer les migrants passés sur territoire espagnol.

LA XÉNOPHOBIE AU QUOTIDIEN Les facteurs qui créent la migration existent et continueront d’exister : guerres, crises politiques et sociales, pauvreté. Et malgré la précarité des conditions qui les attendent au Maroc, malgré les actes de racisme multiples (insultes dans la rue, vols, conditions de logement et de travail discriminantes) et dénoncés par les ONG, les migrants continueront à vouloir rejoindre des terres plus clémentes que leur

Une fois arrivés sur le sol marocain, les migrants subsahariens tentent de rejoindre les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla.

pays d’origine. Le 18 mars, 500 migrants sont entrés de façon illégale à Ceuta. Un mois plus tôt, un autre épisode du même acabit s’était produit tournant au drame : 15 migrants y avaient perdu la vie. Certains journaux n’ont pas hésité à en parler comme d’«un assaut»,

d’«une déferlante»... Maroc Hebdo évoque en 2012 le «péril noir» et en 2005, un hebdomadaire régional parlait même de l’«invasion de criquets noirs»... De bien tristes termes venant d’un pays qui a longtemps été et est encore une terre d’émigration...


11 INTERNATIONAL Centrafrique : un convoi de musulmans quitte Bangui sous escorte française A Bangui, les départs de musulmans se poursuivent et les Nations unies font état d’opérations de «nettoyage ethnique» menées par des milices chrétiennes organisées en groupes d’autodéfense. Des soldats français de l’opération Sangaris ont escorté dimanche un convoi de musulmans contraints de quitter la capitale Bangui pour rejoindre une localité contrôlée par les rebelles de l’ex-Séléka.

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Un journaliste de Reuters a vu 102 personnes protégées par 150 soldats français, appuyés par un hélicoptère, quitter le quartier PK-12 de Bangui pour rallier la localité de Bambari située à 300 km au nord-est. La majeure partie des musulmans ont quitté la capitale centrafricaine depuis que les rebelles de la Séléka, à l’origine d’un coup d’Etat en mars 2013, ont été contraints de céder le pouvoir à un gouvernement civil en janvier. Depuis les Nations unies font état d’opérations de «nettoyage ethnique» menées par des milices chrétiennes qui se sont organisées en groupes d’auto-défense. Ces violences intercommunautaires ont contraint un million de personnes à fuir leurs habitations. Environ 200 000 d’entre elles ont trouvé refuge dans des pays voisins depuis le mois de décembre et 160 000 supplémentaires sont attendues cette année. Le convoi escorté par les forces françaises a traversé un quartier chrétien de Bangui tenu par les milices anti-balaka responsables de la majeure partie des exactions contre les musulmans. Le Conseil de sécurité de l’Onu a approuvé le déploiement d’une mission de 12 000 casques bleus d’ici le mois de septembre, entérinant le fait que les opérations de pacification menées par les 6000 soldats de la paix dépêchés par l’Union africaine et les 2000 militaires français ont échoué à rétablir l’ordre dans le pays.

Les cas d’infections respiratoires se multiplient en Arabie saoudite

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L’Arabie saoudite a recensé sur son territoire 17 nouveaux cas de contamination au syndrome respiratoire du Moyen-Orient (Mers), le nombre total de cas confirmés ayant bondi d’un tiers en une semaine dans le royaume. Dans un climat d’inquiétude croissante de la population face à la propagation de ce coronavirus, pour lequel il n’existe ni vaccin ni traitement antiviral, le roi Abdallah a limogé lundi son ministre de la Santé, Abdoullah al Rabiah.

UN CORONAVIRUS MORTEL Le sentiment d’urgence dans la lutte contre ce coronavirus mortel est d’autant plus fort que l’Arabie saoudite s’apprête à accueillir des pèlerins du monde entier en juillet à l’occasion du ramadan, le mois sacré des musulmans. Puis en octobre, des millions de fidèles sont attendus à La Mecque et à Médine pour le «hadj», le pèlerinage annuel. Les 17 nouveaux cas annoncés lundi soir par le ministère de la Santé portent à 261 en Arabie saoudite le nombre total de personnes contaminées, parmi lesquelles 81 sont mortes. Avec les 49 autres cas annoncés ces derniers jours, cela représente une hausse de 34 % en une semaine des infections confirmées en laboratoire. Les autorités sanitaires saoudiennes et internationales soulignent toutefois que le Mers, qui provient des chameaux, se transmet difficilement entre êtres humains.

25 AVRIL - 1ER MAI 2014 ZAMAN FRANCE


12 CULTURE Pourquoi la France anticléricale a-t-elle préservé les écoles chrétiennes à l’étranger ? 25 AVRIL - 1ER MAI 2014 ZAMAN FRANCE

Ces jours-ci, la Turquie connaît un débat qui fait rage : le gouvernement souhaite fermer les écoles turques créées par des initiatives civiles, situées à l’étranger. Il est peut-être important, à cet égard, de noter que la France, qui a eu une influence majeure sur la fondation de la République de Turquie, peut, par sa propre histoire, faire lumière sur les débats qui agitent actuellement la Turquie. EMRE DEMIR PARIS Si les communautés religieuses et ecclésiastiques ont subi une énorme oppression dans la France de la fin du 19e siècle, c’est l’inverse qui s’est produit avec les écoles qui étaient dirigées par ces mêmes communautés religieuses en Afrique et dans l’Empire ottoman. La période comprise entre 1882 et 1905 a été marquée par une importante pression et même par une oppression à l’égard de l’Église et des congrégations. En effet, alors que les partis qui accédaient au pouvoir promettaient de livrer bataille contre la cléricalisme, le gouvernement a décidé de couper les relations diplomatiques avec le Vatican. Des dizaines de milliers d’établissements scolaires, de même que des monastères appartenant à l’Eglise, ont dû fermer. Plus de 60 000 religieux ont été obligés de quitter le pays. Et malgré la résistance du peuple, les monastères ont été forcés, sous la menace des armes, d’abandonner leurs communautés, qui ont alors été expulsées de France. Il n’y a eu, néanmoins, aucune intervention au niveau des écoles dirigées par les communautés reli-

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«L’Etat français qualifiait les catholiques dévoués d’«agents du Vatican», mais finançait les communautés religieuses à l’étranger» gieuses françaises et présentes dans de nombreux pays du monde à l’époque. Et, parce que les dons des catholiques envers ces écoles ont diminué, l’Etat est allé jusqu’à accroître sa propre aide pour financer leur entretien. Le gouvernement Combes, à partir de 1902, a fermé des centaines d’écoles privées au motif qu’elles ne «remplissaient pas les conditions mises en place». Mais ces fermetures d’école ciblaient surtout les établissements jésuites. Le 7 juillet 1904, Combes introduit une loi disposant que «l’enseignement de tout ordre et de toute nature est interdit en France aux congrégations.» Cette loi a été vue comme la fin d’une guerre de 20 ans qui divisait le pays entre laïcs et catholiques.

«L’ANTICLERICALISME N’EST PAS UN ARTICLE D’EXPORTATION» Alors que l’Etat français qualifiait les catholiques dévoués d’«agents du Vatican», de «marionnettes des puissances étrangères» et d’«ennemis internes», il continuait, paradoxalement, à financer les communautés religieuses à l’étranger, collaborant ainsi avec elles. Il faut dire que ces communautés religieuses contribuaient à la diffusion de la culture française à travers le monde. Selon Gambetta, « l’anticléricalisme, c’est pour la France, mais ce n’est pas un article d’exportation ». Les députés anticléricaux du gouvernement appelaient à utiliser des méthodes diplomatiques visant à forcer la fermeture des écoles catholiques de l’étranger. Ils arguaient qu’il était hypocrite de la part de l’Etat d’offrir un soutien financier à ces écoles. Maurice Barrès, l’un des députés les plus importants de l’époque, critiquait cette position : «Des hommes, qui accusent les catholiques d’etre plus dévoués à Rome qu’à la France, ne semblent pas s’apercevoir qu’ils se montrent eux-mêmes libres-penseurs avant d’être Français. Ils ne savent donc pas qu’en Orient comme en Extrême-Orient, ces religieux poursuivis chez nous comme rétro-

grades et comme obscurantistes sont peutêtre les meilleurs pionniers de notre civilisation occidentale?»

CONCURRENCER LES ÉCOLES RELIGIEUSES Dans l’un de ses rapports, le ministère français des Affaires étrangères de l’époque – en réponse aux questions posées au Parlement sur les raisons de l’aide financière accordée aux écoles religieuses à l’étranger – avait souligné que les ordres catholiques à l’origine de ces écoles jouaient un rôle plus important dans la diffusion de la langue et de la culture françaises que l’Etat français lui-même. Le ministère avait ajouté que les missionnaires catholiques, présents dans plusieurs pays du monde à l’époque, jouaient également un rôle majeur en termes de diplomatie française. Les Français ont alors décidé qu’au lieu de forcer les écoles des communautés religieuses à fermer, ils demanderaient à la nouvelle Mission laïque française, formée en 1902, de mettre sur pied ses propres écoles à l’étranger. Ces écoles soutenues par l’Etat, devaient promouvoir une philosophie humaniste anti-cléricale à un niveau de qualité qui puisse faire concurrence aux écoles catholiques, comme en Afrique par exemple.

L’AIDE FINANCIÈRE AUX ÉCOLES DANS L’EMPIRE OTTOMAN Pendant cette période, les communautés catholiques au sein de l’Empire ottoman étaient très importantes pour la France. Alors que l’aide aux écoles catholiques de l’étranger n’a, pendant cette période – où 30 000 ecclésiastiques ont quitté le pays – aucunement été réduite, l’aide financière aux écoles situées sur les terres ottomanes a augmenté de 50 %. Entre 1903 et 1905, au moment où la chasse aux sorcières contre l’Eglise et les ecclésiastiques a atteint son apogée en France, il est intéressant de noter que l’aide financière offerte par le ministère des Affaires étrangères aux écoles catholiques dans l’Empire ottoman a vu une augmentation considérable. DEUX HISTOIRES DISTINCTES Bien sûr, le conflit qu’a connu la France entre 1882 et 1905 se distingue sur de nombreux points de celui auquel on assiste actuellement en Turquie. Il convient de se garder de tout anachronisme, la France étant à l’époque un empire colonial, ce que n’est pas la Turquie d’aujourd’hui. Par ailleurs, si le gouvernement d’Erdogan dévoile des réflexes étatistes et autoritaires, très proches de ceux des gouvernements Gambetta et Combes en France il y

a plus d’un siècle, ce n’est pas un gouvernement strictement laïque ou anti-clérical. Autre distinction fondamentale, les écoles du Hizmet dans le collimateur du gouvernement d’Erdogan n’endossent pas le même rôle missionnaire que les écoles catholiques en France à l’époque. Elles ont plutôt pour objectif de proposer une éducation moderne et sécularisée, en phase avec le 21e siècle, offrant des valeurs universelles aux élèves et se gardant de faire du prosélytisme. Mais le fait que la France, avec ses traditions d’Etat solides, ait regardé en premier lieu ses intérêts nationaux et n’ait jamais tenté de fermer les écoles religieuses françaises à l’étranger – même à l’apogée de la chasse aux sorcières contre les catholiques de France – constitue une leçon importante pour la Turquie. Dans le même temps, cette ère révolue en France reste telle une tâche sur son histoire. Cette période n’est pas beaucoup abordée dans les manuels scolaires. Mais les écoles catholiques qui ont enseigné pendant des centaines d’années à l’étranger sont aujourd’hui considérées comme faisant partie des instituts pédagogiques les plus prestigieux qu’ait connus le pays. Et les déclarations proférées par certains qui voulaient «éradiquer les communautés religieuses» n’ont jamais plus été avancées.


13 CULTURE

25 AVRIL - 1ER MAI 2014 ZAMAN FRANCE

AGENDA CULTUREL

Microphone

L’Alexandrie underground : ses chanteurs hip-hop, ses musiciens de rock, ses graffitis, sa nuit... Une comédie dramatique de Ahmad Abdalla (Egypte, 2010, 1h55).

CONCERT DÉCOUVERTE

Islam des mondes

Le 29 avril à 20h30 L’Ecran 14, passage Aqueduc 93200 Saint-Denis

De nombreux hadiths se rapportent aux devoirs de l’homme envers les animaux.

La musique arabe

C’est la découverte de la musique classique arabe, de ses modes (maqâms) par le chant et les rythmes. Une rencontre joyeuse et enlevée, avec Aïcha Redouane, compositrice et pédagogue, et Habib Yammine, percussionniste, ethnomusicologue et compositeur. Tous publics.

LA COMPASSION HUMAINE POUR L’ANIMAL Nombreux sont les hadiths qui se rapportent aux devoirs de l’homme en la matière. Ils dessinent schématiquement les grands principes suivants : ne pas abuser des animaux, notamment en portant atteinte à leur dignité (les combats d’animaux sont ainsi proscrits), mais au contraire les traiter avec bonté ; ne mettre fin à la vie d’un animal qu’en

L’ÉMIR DES ABEILLES Au-delà de la prise en compte de l’ensemble du règne animal, à travers le spectre qui va symboliquement du moucheron à l’éléphant, il s’agit de convier l’être humain à une méditation (XXIII:21) éminemment morale. Et ce, en commençant par ce constat qu’il n’est «nulle bête rampant sur terre, nul oiseau volant de ses ailes, qui ne vive en société à l’instar de vous-mêmes » (VI:38). Ainsi les abeilles, à qui Dieu a révélé «Prenez des demeures dans les montagnes, dans les arbres et dans les treillages que les hommes érigent. Butinez ensuite de toutes les fleurs et

suivez en toute humilité les voies de votre Seigneur !» (XVI:68-69). Dans l’une de leurs Epîtres, les Frères sincères (Ikhwân as-Safâ’, des auteurs ismaélites du Xe siècle), observateurs mystiques du petit insecte, détaillent les enseignements qu’ils tirent des versets divins. Architectes consommées, les abeilles sont aussi des économes avisées, qui évitent le moindre gaspillage dans la gestion de leurs provisions. Leur organisation politique est elle-même pleine de sagesse : à l’intérieur de la ruche, cha-

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«L’islam ne s’est pas contenté de prescrire la compassion envers les animaux : il en a fait une des voies qui conduisent au Paradis» cun exerce une fonction déterminée et l’émir gouverne l’ensemble dans l’intérêt de la communauté. Il n’y a pas de jalousie, ni de discorde, car les abeilles sont dotées d’une nature foncièrement bonne et d’une disposition innée à faire le bien. Elles sont en outre très pieuses : conscientes des nombreux bienfaits que le Créateur leur a octroyés, elles Le louent jour et nuit. Qu’il est triste dès lors de constater combien l’homme est ingrat ! Car il n’hésite pas, en effet, à les tuer, oubliant que la conduite de ses petites sœurs ailées lui fournit un exemple ô combien salutaire…

& à voir...

Communautarisme : petits calculs politiciens entre amis «Tribus» : le mot est fort, et délibérément provocateur. C’est que, au sein de la République «une et indivisible», le rôle des communautés dans la vie politique est une question tabou. Sous couvert de nobles préoccupations – la lutte contre les discriminations ou la promotion de la diversité –, les formations politiques de l’arc républicain dissimulent en effet une

motivation moins avouable : la recherche d’un vote ethnique, réel ou supposé. Car les partis instrumentalisent les «tribus». Ainsi, François Hollande n’aurait peut-être pas été élu en 2012 sans le soutien massif des communautés arabo-musulmane, noire et gay, contre un Nicolas Sarkozy qui voulait rééditer son succès de 2007 auprès des électeurs catholiques,

arméniens, juifs et pieds-noirs. Cette communautarisation par le haut, aux motivations bassement politiciennes, est ici analysée et dénoncée par l’auteur. Le risque est en effet celui de la négation de l’idéal républicain. En favorisant les intégrismes, le racisme et le populisme, c’est l’éclatement de la société que renforce la «tribalisation de la politique».

La République et les tribus. – Essai sur le communautarisme politique, de Philippe Velilla, Buchet/Chastel, 208 pages, 18 €.

CONCERT HUMANITAIRE

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cas de nécessité (nourriture, notamment) ; et dans ce dernier cas, le faire de manière rituelle, c’est-à-dire de manière digne et en limitant sa souffrance. L’islam ne s’est d’ailleurs pas contenté de prescrire la compassion envers les animaux : il en a fait une des voies qui conduisent au Paradis. Citant l’exemple d’un homme à qui Dieu avait pardonné ses péchés pour avoir abreuvé un chien terrassé par la soif, le Prophète a souligné qu’«il y a une récompense pour le bien fait à tout être doué de sensibilité» (al-Boukhari, V/2238). Plus d’une douzaine d’espèces animales sont mentionnées dans le Coran. Cinq d’entre elles donnent d’ailleurs leur nom à des sourates : la Vache (II), l’Abeille (XVI), la Fourmi (XXVIII), l’Araignée (XXIX) et l’Eléphant (CV).

Vivaldi et Beethoven, concert pour la Syrie

CONFÉRENCE

Le 26 avril de 15h00 à 16h00 Institut du monde arabe Place Mohammed V 75005 Paris

SEYFEDDINE BEN MANSOUR LILLE Jusqu’à présent considérés par le Code civil comme des «biens meubles», les animaux sont désormais des «êtres vivants doués de sensibilité», la commission des Lois de l’Assemblée nationale leur ayant reconnu ce statut le 15 avril dernier. En islam, de même que toutes les créatures adorent Dieu, chacune dans sa propre langue – de la prière de l’orant au parfum de la fleur en passant par le bourdonnement de l’abeille –, la miséricorde divine s’étend à l’ensemble la Création. Animaux compris, donc. Mais plus encore, Dieu exige de l’homme, qui occupe le sommet de cette même Création, qu’il traite avec bonté et compassion les créatures qui lui sont inférieures, et qui souvent dépendent de lui. Nier ce droit des animaux peut en effet conduire aux flammes éternelles, comme le souligne un hadith rapporté par al-Boukhari (III/1550) : «Une femme avait martyrisé une chatte en l’enfermant, la laissant mourir [de faim] : elle alla en Enfer […].»

A lire

CINÉMA

L’animal, une source de méditation en islam

L’épopée de l’Orient Express : luxe et volupté d’une société en quête de rêves

L’Orchestre de Lutetia et le Quatuor RerYs donnent un concert de musique classique. Les bénéfices serviront à financer la campagne de vaccination des enfants syriens contre la poliomyélite. Le 27 avril à 16h00 Eglise Saint-Louis-en-l’Ile 19, rue Saint-Louis-en-l’Ile 75004 Paris

Revivez la légende de l’Orient Express ! Aux rythmes de ces années un peu folles, les rêves et les espoirs d’une société en quête de modernité. Documentaire et débats autour du livre de Meryem Hani «L’Orient Express, véhicule des fantasmes». Le 27 avril à 16h00 Institut du monde arabe Place Mohammed V 75005 Paris

L’image en Islam : entre libertés d’interprétation et contraintes d’une tradition

Le statut des images en Islam est, malgré une attitude négative à l’égard des représentations figuratives d’êtres animés, sujet à interprétation. L’absence d’images s’explique souvent davantage par une tradition de pratique artistique et d’interprétation que par des textes explicitement restrictifs. Par Silvia Naef, Université de Genève. Le 29 avril à 18h00 EHESS 105, boulevard Raspail 75006 Paris


OPINION14

25 AVRIL - 1ER MAI 2014 ZAMAN FRANCE

Erdogan va-t-il affaiblir la fonction de Premier ministre ? Les élections présidentielles turques approchent. A l’horizon, la candidature d’Erdogan et la question de l’élargissement de l’autorité présidentielle et celle du choix du futur Premier ministre.

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Edité par : Source SARL 2, boulevard Saint Martin 75010 PARIS Directeur de la Publication: HUSEYIN KARAKUS Directeur Général de Zaman France et Directeur des rédactions: EMRE DEMIR Rédacteur en chef adjoint: FOUAD BAHRI Directeur Administratif: FAHRETTIN TEKIN Directeur des ressources humaines: AKIF SAMETOGLU Responsable Commercial: MEHMET SELVI Service Abonnement: CELINE GOKSU Secretaires de Rédaction: FARIDA BELKACEM SELIM BEDER Traduction: CLEMENTINE RAYNAUD Correspondant Presse Alsace: MEHMET DINC Correspondant Presse Ile de France: OSMAN USTA VEDAT BULUT FERHAN KOSEOGLU Infographie: NICOLAS VINCENEUX MUHAMMED SAHIN Redacteurs Web: AYSEGUL ZORLU SUHEDA ASIK Service informatique: HASAN OZCELIK Imprimerie : L IMPRIMERIE 79 Route De Roissy 93290 Tremblay En France Adresse : 2 Boulevard Saint-Martin 75010 PARIS Tel : 01 42 00 19 36 Faks : 01 42 00 19 58 info@zamanfrance.fr www.za­manfrance.fr - www.zamanfransa.com no CPPAP : 1117 I 90032 - ISSN 1869-5795 Tarif abonnement annuel France : 120€

Nous ne débattons plus de la candidature d’Erdogan aux élections présidentielles. Nous avons fait un pas en avant et débattons désormais des pouvoirs et de l’autorité de MÜMTAZER TÜRKÖNE plus en plus importants dont il fera preuve. La puissance d’Erdogan prépare la Turquie à passer à un système de facto semi-présidentiel. Pour la première fois, le peuple élira directement le président. Mais si les pouvoirs et l’autorité du président restent tels quels, comment l’élargissement de ces pouvoirs et de cette autorité sera-t-il possible, «de facto» ? La réponse est la même : les règles seront encore modifiées. La question ne concerne pas uniquement la présidence, nous devons nous focaliser sur le Premier ministre en tant que cœur de l’exécutif, avec qui ces pouvoirs et autorités seront partagés.

L’AFFAIBLISSEMENT DU RÔLE DU PREMIER MINISTRE La situation sera possible de facto, non pas par un élargissement des pouvoirs et de l’autorité du président tels que définis dans la Constitution, mais en rendant le poste de Premier ministre moins efficace. Les nouvelles règles du jeu affaibliront le Premier ministre par rapport au président. Lorsque le Premier

ministre deviendra inefficace, le président viendra combler le vide. Maintenant que tout le monde sait qui sera le prochain président, vient la question de savoir qui sera le prochain Premier ministre. Ahmet Davutoglu, Ali Babacan et Numan Kurtulmus sont les noms qui viennent en premier à l’esprit. Mehmet Ali Sahin et Bülent Arinç ont également été mentionnés comme des candidats potentiels pour la période de transition. Lorsque la voix d’Erdogan a déraillé et que le Premier ministre ne pouvait plus parler lors du meeting de Konya pendant la dernière campagne présidentielle, c’est Davutoglu qui s’est exprimé à sa place. Pour beaucoup, cela a été un signe révélateur. Davutoglu est favori des membres intellectuels de l’AKP. Mais la première possibilité qui vient à l’esprit est généralement la moins probable. C’est à Erdogan de décider. Et au moment de prendre sa décision, il devra s’assurer d’asseoir une présidence forte.

LA «CO-DIRECTION», STRATÉGIE POUR UN PARTI COMPÉTITIF Pour ce projet d’une présidence forte, mettre en place un système de co-direction du parti fonctionnerait bien. Grâce à un amendement à la loi sur les partis politiques, le système de «co-direction» de parti introduit par le BDP au système politique a été légalisé. Le BDP utilise ce système

de co-direction pour équilibrer et contrôler le pouvoir à l’intérieur du parti. Ils mettent en place le même système dans les municipalités où ils sont majoritaires. En bref, les figures politiques illégales du PKK peuvent exercer un contrôle ferme sur la politique du BDP.

ERDOGAN, FIGURE DE L’AUTORITÉ Le scénario favori pour l’AKP prévoit Davutoglu en tant que Premier ministre et Kurtulmus aux manettes du parti en tant que co-direction. Ce sont des hommes politiques forts. Et pour Erdogan, rien de tel que de laisser deux hommes politiques forts prendre sa suite. Lorsqu’il a été élu président,

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«Le scénario favori prévoit Davutoglu en tant que Premier ministre et Kurtulmus aux manettes du parti» Turgut Özal a laissé derrière lui un leader de parti et Premier ministre faible. Et ce plan a joué en faveur des partis de l’opposition. Il semble qu’Erdogan ait retenu la leçon. Il entend laisser derrière lui un leader puissant pour que son parti continue d’être compétitif. Sauf que ce leader ne sera pas une mais deux personnes. En opposant deux personnes l’une contre l’autre, il émergera comme l’autorité qui se situe au-dessus d’eux. m.turkone@todayszaman.com

CAFER SOLGUN

La loi sur le MIT ou la fin de la démocratie

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Si la nouvelle loi sur les services de renseignement turcs (MIT), qui a déjà été approuvée par le Parlement, est promulguée par le président Gül, la Turquie s’éloignera vraiment de sa période de démocratisation. Il est désormais évident que le Premier ministre Erdogan souhaite non seulement diriger la Turquie grâce au «pouvoir de la volonté nationale» maintes fois évoqué, mais aussi grâce au «pouvoir organisé des services de renseignement». Les vraies couleurs de la «nouvelle Turquie» qu’il avait proposée sont désormais clairement visibles par tous. La mentalité qui sous-tend la loi sur le MIT pourrait être comparée à celle des régimes du parti Baas et soviétique. Sous ces régimes, l’Etat et la société étaient sous le contrôle strict des services de renseignement. La plus petite critique ou objection était immédiatement réprimée. Les services de renseignement permettaient la présence d’un dictateur à la tête du pouvoir. Avec un ordre bien établi et maintenu grâce au travail des services de renseignement et bien sûr de l’armée, les dictateurs pensaient que les choses fonctionneraient ainsi pour toujours. Mais, bien évidemment, ils avaient tort.

LA MENTALITÉ DES PARTISANS DU COUP D’ETAT Certains pourraient arguer qu’Erdogan a été élu et que le peuple l’apprécie. Rappelons simplement que, dans de nombreux régimes dictatoriaux qui dépendent de l’autorité sans limite dont ont été investis leurs services de renseignement, des élections ont aussi eu lieu. Le plus important, c’est de comprendre la mentalité qui se trouve derrière ces questions. La loi sur le MIT reprend la mentalité des partisans du coup d’Etat du 12 septembre 1980. Les missions que la loi définit sont floues. Elle élargit le champ d’action du MIT. Mais le rend-elle plus transparent, légitime-t-elle ses missions et ses responsabilités et le rapproche-t-elle davantage des principes démocratiques ? LA SOCIÉTÉ SANS DÉFENSE FACE AU MIT Si la nouvelle loi finit par entrer en vigueur, chaque citoyen turc devra se soumettre aux volontés du MIT et satisfaire toutes ses requêtes sous peine d’être envoyé en prison. Les médias, les organisations commerciales, la société civile et les individus – autrement dit, la société entière – seront sans défense face au MIT. Les dispositions qui protègent le peuple du MIT ne feront plus sens si la loi entre en vigueur. Les agents du MIT et leurs bras droits ne pourront pas être jugés par des tribunaux sans l’autorisation spécifique du Premier ministre. Ce qui signifie qu’ils auront le «privilège» de commettre des crimes quand ils le voudront... Certains diront qu’il est prévu que le Parlement contrôle les activités du MIT et qu’il s’agit là d’une étape historique et démocratique. Il est vrai que la loi dispose qu’une «Commission pour la sécurité et les services de renseignement» sera créée au sein du Parlement. Mais ce serait masquer la vérité que de dire que cette commission contrôlera les activités du MIT. C’est de la démagogie. Car de fait, elle ne fera qu’examiner des rapports préparés par le bureau du Premier ministre. Les informations et les documents qui constitueront des «secrets d’Etat» ne seront pas inclus dans ces rapports. La commission n’aura en fait d’autre fonction que de donner des conseils et de partager son avis sur les rapports qu’elle devra traiter. En d’autres termes, elle sera une commission de façade, qui ne sera pas réellement autorisée à «superviser» ou à contrôler le MIT. c.solgun@todayszaman.com


15 SPORT

Les sportifs les mieux payés au monde sont à Manchester City Une étude de Sporting intelligence consacrée à la masse salariale moyenne des clubs, tous sports confondus, a révélé que c’est à Manchester City que les joueurs étaient les mieux payés. Le football, le baseball et le basket ressortent comme les trois sports les plus lucratifs. MANSOUR LOUM PARIS Il fait bon vivre du côté de Manchester City, surtout lorsqu’on y est joueur au sein du club. C’est la conclusion qu’il est possible de faire en s’appuyant sur une étude menée par Sporting intelligence, qui indique que le club au sein duquel évolue l’international ivoirien, qui fait partie des plus hauts salaires des Sky Blues, est celui au sein duquel les joueurs sont les mieux payés, tous sports confondus (cette étude s’appuie uniquement sur le salaire versé au joueur et ne comprend donc pas les contrats de sponsoring etc). Avec un salaire annuel moyen de 6,44 millions d’euros par joueur (soit 124 500 euros par mois), les Citizens trustent la première place devant deux franchises américaines de baseball, les New York Yankees (6,41 millions d’euros par an) et les Los Angeles Dodgers (6,21 millions d’euros par an). Deux autres clubs de football très célèbres viennent compléter le Top 5 : le Real Madrid (6,05 millions d’euros par an) et le FC Barcelone (6,02 millions d’euros par an). Sur les 12 premières équipes recensées par ce classement sept clubs de football sont représentés, le Bayern Munich étant logé à la 7e place, Manchester United 8e, Chelsea 10e et Arsenal 11e. Preuve que le football génère des revenus consé-

Fernandinho, milieu de terrain de Manchester City.

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quents. Mais les présences de franchises de baseball, ou encore de NBA comme les Brooklyn Nets (6e), les Chicago Bulls (9e) et les New York Knicks (12e), viennent tordre le coup à certaines idées reçues, notamment celles voulant que seuls les footballeurs sont «privilégiés» et «beaucoup trop payés» par rapport aux autres sports. En partenariat avec Afrik.com

La peine d’emprisonnement d’Aziz Yildirim maintenue -

Le président du club Fenerbahçe, Aziz Yildirim, devra très certainement retourner en prison pour terminer la durée prévue par sa condamnation, ayant été accusé de trucage de match pendant la saison 2010/2011. Le bureau du procureur général auprès de la Cour de cassation vient en effet de rejeter son appel.

PLUS AUCUN RECOURS LÉGAL Le président du club de football Fenerbahçe semble désormais avoir épuisé toutes les voies de recours légal. Il n’assistera donc probablement pas aux festivités de son équipe à la fin de la saison, Fenerbahçe étant en effet très bien placé pour remporter le championnat turc face à ses rivaux. Yildirim a déjà passé un an et demi en prison après avoir été accusé de truquer des matches pour assurer la victoire à son club il y a trois ans. L’année dernière, Yildirim avait été libéré par un tribunal d’Istanbul en attendant son procès. La Cour de cassation a maintenu la peine d’emprisonnement de Yildirim plus tôt cette année, incitant alors le président du club stambouliote à faire appel auprès du bureau du procureur général de la Cour de cassation afin de revoir la décision. Yildirim va donc devoir quitter son poste de président du club et ne pourra plus jamais assister aux matches. Il

devra encore passer deux ans et neuf mois en prison. Le 3 juillet 2011, la police avait arrêté 60 personnes soupçonnées d’avoir truqué des matches de football. Cette affaire a entaché la réputation du football turc à l’international et entraîné l’interdiction pour Fenerbahçe et Besiktas de participer à des compétitions européennes pour la durée de trois saisons et une saison respectivement.

25 AVRIL - 1ER MAI 2014 ZAMAN FRANCE


Les Turcs regardent la télé 6 heures par jour SAMI KILIÇ PARIS Le TÜIK (l’INSEE turc) a publié son dernier rapport sur les habitudes de lecture des Turcs. Selon l’institut des statis-

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tiques, pour une seule journée, un Turc passe en moyenne 6 heures à regarder la télévision, 3 heures à surfer sur Internet et... une minute à lire ! D’ailleurs, d’après un questionnaire, le livre se situe à la 235e place dans la liste des biens nécessaires... La Turquie se place ainsi au 86e dans le classement mondial au niveau de la lecture. Les grands lecteurs restent les Français, les Anglais et les Japonais. Environ 42 000 livres sont publiés chaque année en Turquie. Les publications qui se vendent le mieux sont les romans d’amour et les essais politiques. 25 % des livres vendus sont des manuels scolaires. En revanche, la vente des e-books a connu une augmentation de 500 % par rapport à l’année passée.

Un adolescent survit caché dans le train d’atterrissage d’un avion

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Un adolescent de seize ans a survécu à un vol de cinq heures entre la Californie et Hawaï dissimulé dans le train d’atterrissage d’un avion de ligne, a annoncé dimanche soir la compagnie aérienne Hawaiian Airlines. La compagnie ne s’explique pas comment l’adolescent a pu survivre aux conditions de froid extrême en haute altitude. A 11 500 mètres, l’altitude de croisière du vol, la température extérieure chute à -62°C. «Notre préoccupation première pour l’heure, c’est la santé de ce garçon qui a eu la chance exceptionnelle de survivre», indique-t-elle dans un communiqué.

«UN VRAI MIRACLE» D’après le FBI, le passager clandestin, originaire de Santa Clara, en Californie, a rapidement perdu connaissance. «C’est un vrai miracle, il ne semble pas qu’il portait quelque équipement spécial que ce soit», a déclaré Tom Simon, agent spécial du FBI à Honolulu. L’adolescent a été repéré par des agents au sol une heure environ après que l’avion, en provenance de San Jose, s’est posé sur la piste de l’aéroport de Maui après plus de cinq heures de vol. Il a expliqué s’être enfui de sa maison, avoir escaladé une clôture autour de l’aéroport de San Jose et traversé le tarmac jusqu’à l’avion. Mais on ignore pourquoi.


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