Fr n°313

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Votre enfant refuse de manger des légumes ?

«Deen factor» : apprendre l'islam en s'amusant SOCIETE03

SANTE12

Fenerbahçe, champion de Turquie SPORT15

2 - 8 MAI 2014 N° 313 Prix : 2,5 €

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Ara Toranian : «Les Turcs ne sont pas les ennemis des Arméniens» -

Dans le cadre des commémorations de la déportation des Arméniens de l'Empire ottoman le 24 avril 1915, Zaman France a interviewé Ara Toranian, coprésident du Conseil de Coordination des organisations arméniennes de France (CCAF). -TURQUIE 08

Devedjian : «Il faut ouvrir la frontière turco-arménienne» rTURQUIE 08 EDITO

2015 : l'ultime guerre des maux ou la réconciliation ? EMRE DEMIR r02

Où va Abdullah Gül ? TURQUIE 07 CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE :

683 FRÈRES MUSULMANS CONDAMNÉS À MORT

«L'EGYPTE EST UNE BOMBE À RETARDEMENT» DIRECTEUR DE RECHERCHE AU CNRS, Marc Lavergne est l'un des spécialistes de l'Egypte. A la suite de la peine de mort prononcée contre 683 Frères musulmans, Zaman France l'a interrogé sur les dessous de la nouvelle politique égyptienne et les raisons du silence relatif des chancelleries occidentales.

FOUAD BAHRI PARIS «La politique de diabolisation des Frères musulmans est terrible car l'Egypte va devenir une fabrique du terrorisme. On a un public qui a joué le jeu de la démocratie, mais cela se termine par un coup d'Etat à moitié applaudi. Le seul recours que ces jeunes frustrés vont avoir sera le terrorisme. Il existe déjà une insécurité en Egypte qui n'a jamais existé et des armes circulent. Quant à l'armée, elle considère tout pouvoir civil en Egypte comme illégitime et se considère comme la seule force capable de gouverner le pays» R INTERNATIONAL 10

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aux condamnations à mort tombées en Egypte, la Les réactions Face Turquie n'est pas restée silencieuse. Le président turc Gül a en effet dénoncé ce lundi la décision de indignées Abdullah justice prévoyant la condamnation à mort de 683 perd'Ankara sonnes, la qualifiant d'«incompréhensible», «incroyable» et «impossible à accepter». RINTERNATIONAL 10

LE RAP EST-IL ENCORE UNE MUSIQUE CONTESTATRICE ? De la France à la Turquie, le rap est désormais un genre musical qui s'exporte, et se diversifie. Mais pris dans les filets du marketing et de ses registres conventionnels, le rap est-il encore cet art qui exprimait le mal-vivre et la contestation de toute une génération de jeunes ? - SOCIETE 04-05

Erdogan va à la rencontre des Turcs d'Europe TURQUIE 07

SEYIT YAKUT : DU RAP TURC MADE IN FRANCE

Le Gujarat : haut lieu de l’islam indien CULTURE 13

- SOCIETE 04 SEYIT YAKUT

Zaman Okur Hattý: 01 42 00 19 36


02 FRANCE Valls désavoué par une partie de la gauche

2 - 8 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

EDITO EMRE DEMIR

2015 : l'ultime guerre des maux ou la réconciliation ?

Les condoléances de la Turquie «aux petitsenfants des Arméniens tués en 1915» ont créé la surprise. C'est la première fois qu'un chef de gouvernement turc s'exprime aussi ouvertement sur ce drame survenu entre 1915 et 1917. Erdogan a sans aucun doute cassé un tabou majeur sur la question arménienne. Le message d'Erdogan a été considéré comme un petit geste pour la diaspora arménienne qui attend la reconnaissance du «génocide». Les Arméniens doivent comprendre que même un geste aussi limité est un pas réformiste et courageux pour un leader dans le contexte du climat politique en Turquie. D'autre part, les interrogations demeurent sur la sincérite de cette manœuvre d'un premier ministre qui est de plus en plus autoritaire et qui mène actuellement des campagnes de diabolisation contre les groupes religieux ou ethniques qui se trouvent dans l'opposition. Les commémorations du centenaire des événements de 1915 vont correspondre pour les Français d'origine turque à la célébration du cinquantenaire de l’arrivée des premiers immigrés en France. La manoeuvre d'Erdogan, qui a un réél poids au sein de la population conservatrice, peut apaiser d'éventuelles tensions inter-communautaires en 2015! Ceux qui croient que la reconnaissance officielle du terme de génocide par le gouvernement turc en 2015 - ce qui est fort improbable - marquera la fin de ce conflit se trompent. Il est bien évident que le mot « génocide » marque un antagonisme entre deux visions radicalement opposées. Mais cette dichotomie n’est pas celle qui sépare les personnes qui acceptent le terme et celles qui le refusent. Ici, on retrouve des discours nationalistes qui, de chaque côté, se ferment à toute discussion à partir du moment où tel ou tel terme a été tu ou prononcé. S’il y a une dichotomie, elle se dessine plutôt au sein même des deux peuples, entre, d’un côté, ceux qui, au nom de ce terme, refusent une paix solide et durable entre deux nations qui partagent des siècles de proximité et, de l’autre côté, ceux qui croient que cette paix est possible, s’opposant à toute instrumentalisation politique des souffrances humaines. Aujourd'hui, le premier groupe est plus visible. Pour avancer vers une réconciliation entre les peuples, la guerre des mots sur la qualification des événements de 1915 ne doit pas dominer le débat. Car un vrai rapprochement prendra du temps. Les Turcs souffrent d'une sousinformation du fait de l'Etat qui les empêche de savoir et comprendre leurs histoire. Les Arméniens qui sont dans une logique de refus d'empathie envers les victimes turques ont du mal à comprendre les réactions en Turquie. La véritable urgence est dans la reconnaissance non pas du « génocide » mais de l’Autre, de son histoire et de ses blessures identitaires. C'est uniquement dans un dialogue sans calcul politique et sans haine qu'on peut avancer sur la question. Mais force est de constater que cette guerre des mots - et guerre des maux - est devenue, de part et d’autre, un prétexte au maintien du statu quo. e.demir@zamanfrance.fr

Manuel Valls a obtenu mardi une courte majorité pour son plan d'économies de 50 milliards d'euros, mais 41 députés socialistes ont refusé de l'approuver malgré la dramatisation des enjeux et les concessions faites en faveur des plus modestes. Le plan d'économies proposé par le Premier ministre Manuel Valls a été adoptée par une courte majorité de parlementaires.

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Le programme de stabilité de la France pour la période 2014-2017 a été approuvé mardi 29 avril par 265 voix pour, 232 contre et 67 abstentions, un score qui aurait été encore plus serré si une majorité de centristes de droite ne s'étaient pas abstenus. Le Premier ministre ne s'est pas appesanti sur ce score qui constitue un revers pour lui au regard des efforts déployés pour unir son camp sur la politique économique du gouvernement. «C'est un moment important pour notre pays, je ne doute pas un seul instant que les Français sauront aussi en tirer toutes les conclusions», a-t-il déclaré après le vote, parlant d'un «acte fondateur» pour la suite du quinquennat. Manuel Valls avait fait monter les enchères lors de son discours devant l'Assemblée nationale, estimant que ce vote pourtant consultatif constituait un «moment de vérité». «Ce n'est pas un vote indicatif. C'est un vote décisif ! Il marquera profondément l'évolution de notre pays», a-t-il déclaré. Le Premier ministre, qui a réitéré les concessions faites lundi pour les plus modestes et sa volonté

de mener une profonde réforme territoriale, s'est jusqu'au bout efforcé de convaincre les parlementaires socialistes de s'unir autour de ce programme qui doit permettre de financer des baisses de charges pour les entreprises et de ramener le déficit à 3 % du PIB en 2015.

LE FRONT DES FRONDEURS SOCIALISTES «Jamais un tel niveau d'engagement n'a été consenti en aussi peu de temps pour les entreprises et donc pour l'emploi», a-t-il estimé à propos du pacte de responsabilité et de solidarité de 30 milliards d'euros, insistant sur la nécessité de «réarmer» l'industrie dont la base s'est «retrécie» depuis 10 ans.

Cet effort, a-t-il ajouté, ne peut être financé par une hausse des impôts, après les 60 milliards d'euros supplémentaires ponctionnés depuis 2010 par la droite et l'actuelle majorité, faisant culminer l'endettement français à environ 1 800 milliards d'euros. Mais il n'a pas réussi à convaincre tous les «frondeurs» du PS que ce programme de stabilité de la France, sur lequel la Commission européenne se prononcera le 2 juin, était équilibré. Au total, 44 socialistes ou apparentés, sur un total de 291, ne l'ont pas approuvé 41 abstentions et 3 votes contre -, un chiffre jugé élevé dans l'entourage de François Hollande puisqu'il se situe dans le haut de la fourchette envisagée. PHOTO DE LA SEMAINE

Cette semaine, les tribunaux égyptiens ont décidé la condamnation à mort de 683 Frères musulmans. Sur cette photo datant du 29 mars 2014, on aperçoit des prisonniers dans une cage de métal, alors en attente de jugement.

...ET UNE MAUVAISE

UNE BONNE...

Premier cas de coronavirus MERS recensé en Egypte

Les émissions de gaz à effet de serre dans les pays développés ont reculé de 1,3 % en moyenne en 2012, et de 3,4 % pour les seuls Etats-Unis, indiquent des statistiques officielles recueillies par Reuters. L'année dernière, le niveau des émissions d'une quarantaine de pays était de 10 % inférieur à celui enregistré en 1990. Mais le rythme de cette baisse ne peut suffire à contenir les effets du réchauffement climatique dans la mesure où

L'Egypte a recensé un premier cas de contamination au Syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS), une maladie potentiellement mortelle, annonce samedi le ministère de la Santé. Le patient âgé de 27 ans, qui reçoit actuellement des soins dans un hôpital du Caire, est récemment rentré d'Arabie saoudite, où ce

les autres économies, en particulier celles des pays émergents, ont tendance à produire plus de gaz. En 2012, «la bonne nouvelle est venue du déclin des émissions des Etats-Unis», selon Glen Peters, du Centre de recherche internationale sur le Climat et l'environnement, basé à Oslo. «En Europe, il y a une croissance économique faible contrebalancée par un retour au charbon dans certains pays.»

coronavirus a fait son apparition en 2012 et où plus de 300 personnes ont été touchées. Les autorités sanitaires saoudiennes et internationales soulignent que le MERS, qui provient des chameaux, se transmet difficilement entre êtres humains mais elles restent en alerte en raison de son taux de mortalité - plus de 40 %.

NOUVELLE

Recul des émissions de gaz à effet de serre dans les pays développés en 2012


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800 000

2 - 8 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

C'est le nombre de fidèles catholiques qui se sont rassemblés le week end dernier à Rome pour la canonisation de Jean XXIII et Jean-Paul II. D'après le Vatican, ils étaient plus de 500 000 place Saint-Pierre et 300 000 devant les écrans géants retransmettant la cérémonie en divers lieux de Rome.

Le «pape turc» devient un saint SAMI KILIÇ PARIS Le pape François a procédé dimanche à la canonisation de Jean XXIII (1881-1963) et de Jean-Paul II (1920-2005). Ces deux papes qui ont laissé une trace dans l'histoire turque d'une manière totalement différente deviennent des saints pour les catholiques. Le premier était particulièrement apprécié par les Turcs, ces derniers l'avaient appelé le «pape turc».

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En 2002, son nom a été donné à une rue de Sisli, arrondissement huppé d'Istanbul.

JEAN XXIII, APPRÉCIÉ PAR LES TURCS Jean XXIII alias Angelo Roncalli avait été délégué du Vatican en Turquie entre 1935 et 1944. Très impliqué dans la vie culturelle de l'époque, l'archevêque était apprécié de la classe politique turque et respecté par le peuple. Lors de la cérémonie de Noël en 1936, il avait créé la surprise en lisant la Bible en turc. L'ambassadeur de France, Albert Kammerer, en avait été outré et avait envoyé une missive diplomatique à Paris. Elu pape en 1958 sous le nom de Jean XXIII, il a établi les relations diplomatiques officielles entre la Turquie et le Vatican. Son affection pour les Turcs lui a valu le surnom de «pape turc». Selon Aytunç Altindal, journaliste décédé récemment, le pape aurait sauvé la tête de Celal Bayar, son ami proche et président de la Turquie condamné à mort après le coup d'Etat de 1960.

JEAN PAUL II ET LE «TROISIÈME SECRET DE FATIMA» Le deuxième saint, le phénoménal Jean-Paul II, avait été, quant à lui, blessé à coups de feu par un Turc, Mehmet Ali Agca. Ce dernier, meurtrier du journaliste Abdi Ipekçi en 1979, avait réussi à s'échapper pour apparaître en 1981, place Saint-Pierre au Vatican. Tirant sur le pape pour une raison qui demeure encore méconnue même si les rumeurs avaient fait de lui un agent du KGB, Agca a purgé une peine de 19 ans en Italie avant d'être renvoyé dans son pays. Libéré en 2010, Agca n'avait jamais caché son admiration pour le pape qu'il avait tenté d'assassiner. Répondant aux questions de l'agence italienne ANSA, Agca a dit ne pas avoir de remords, «au contraire, je suis content d'avoir fait partie d'un plan divin», a-t-il dit, en référence au «troisième secret de Fatima», du nom de la ville portugaise où serait apparue la Vierge Marie en 1917 pour confier trois secrets à trois petits enfants. Les deux premiers concernaient les guerres mondiales et la fin du régime communiste alors que le troisième, dévoilé en 2000, annonçait qu'un évêque vêtu de blanc tomberait sous les balles.

Deen factor : apprendre l'islam en s'amusant FOUAD BAHRI PARIS Les auteurs de Californian Muslim, documentaire en trois volets sur les musulmans de Californie, plusieurs fois projeté en France, nous reviennent avec cette fois-ci un nouveau projet, totalement différent. Intitulé Deen Factor, ce dernier consistera en une soirée qui se tiendra courant février 2015, selon le concept américain du Game show (ou jeu mis en scène), adapté autour de questions relatives à l'islam et d'un système de boitiers électroniques pour y répondre. Les animateurs de Deen Factor ont eu l'occasion de présenter leur jeu au dernier Salon du Bourget de l'UOIF. 150 participants se sont prêtés à l'exercice ludique. Une application Deen Factor sera par ailleurs bientôt disponible et contiendra l’ensemble des questions et des réponses susceptibles de tomber «le grand soir». Cette soirée réunira un public de 2000 participants. Les candidats qui obtiendront les meilleurs scores s’affronteront en final. Toutes les infos sur www.deenfactor.com

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Eglise du Saint-Esprit à Istanbul.

Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ? la comédie du moment FARIDA BELKACEM PARIS Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ? C'est le titre de la comédie du moment, réalisée par Philippe de Chauveron. Et pour cause, la salle est pliée de rire d'un bout à l'autre du film devant l'histoire de cette famille française française bon chic bon genre, dont les trois premières filles ont épousé un Arabe, Rachid, un juif, David et un Chinois, Chao. Dépassés par ces trois unions un peu trop exotiques (à l'Eglise, on les appelle la famille Benetton), Claude et Marie Verneuil fondent tous leurs espoirs sur leur cadette, la très jolie Laure, incarnée par Elodie Fontan... Il faut absolument que celle-ci «sauve les meubles» ! Très vite, ils ont des raisons de se réjouir, celleci leur apprend qu'elle s'apprête à épouser... Charles, un comédien de profession. «Dis-moi qu'il est catholique» implore la mère. Oui, il l'est ! Ouf... sauf que, le fameux Charles est ivoirien... et Claude Verneuil de s'exclamer «On est dans le noir complet !».

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KADHAFI, ENRICO MACIAS ET BRUCE LEE Dans la salle, les éclats de rire sont francs et incessants. Aux vannes sur les Arabes se succèdent celles sur les juifs et les Chinois. Rachid est surnommé Kadhafi ou Arafat, David, Enrico Macias, et Chao, Bruce Lee et Jackie Chan. Chacun en prend pour son grade, mais avec gentillesse. Les traits sont parfois forcés, comment y échapper avec un tel sujet. Mais le film casse pas mal de clichés : Rachid est un avocat, David n'est pas très doué en affaires... Mais surtout, la peur de l'étranger, la xénophobie n'est pas unilatérale. Le père de Charles réagit avec effroi à la nouvelle du mariage de son fils. Il aurait préféré le voir épouser une Africaine, plutôt qu'une «Catherine Deneuve» ! INDULGENCE ET PHILOSOPHIE Surtout, la vision des parents français secoués dans leurs traditions est empreinte d'indulgence. Le personnage de la mère en particulier retient notre attention. Celle

FEDIF Grand Est se mobilise pour les européennes. MEHMET DINÇ - STRASBOURG La FEDIF Grand Est a organisé le 15 avril 2014 au Parlement Européen à Strasbourg une conférence intitulée «Mai 2014 : la citoyenneté européenne sous les projecteurs», en présence notamment du Vice-président Miguel Angel Martinez Martinez et du directeur du bureau d’information au Parlement européen à Strasbourg Luis Martinez Guillen. Dans son discours de bienvenue, le représentant de UNITEE Strasbourg, et Secrétaire Général de la FEDIF Grand Est Abdurahman Atli, a rappelé l’importance du rôle de tous les citoyens dans le projet européen, peu importe leurs origines. A un mois des élections européennes, la conférence a été l’occasion pour les intervenants de souligner la valeur du rendez-vous électoral pour une meilleure légitimité démocratique de l’UE. Le vice-président du Parlement européen, M. Martinez Martinez, a ouvert la

Depuis sa sortie en salles le 16 avril, la comédie fait un tabac.

qui, au départ, est profondément minée par la situation et déprime à l'idée qu'elle n'aura que des petits-enfants métisses (craignant d'être prise quand elle promènera ses petits-enfants en poussette pour la nounou de l'ambassadeur du Gabon) apprend à accepter la situation avec philosophie. En en faisant un peu trop parfois : elle cuisine pour la famille réunie à Noël trois dindes, l'une casher, l'autre halal, et la dernière laquée ! Au point que son mari, qui ne suit pas au même rythme finit par la taxer «de catho de gauche». La mixité des confessions et des origines est traitée avec humour et légèreté. C'est tout l'intérêt du film et ce qui en fait une comédie savoureuse, sans prise de tête, à consommer sans modération !

discussion en décrivant l’Europe comme un véritable miracle politique qui doit être maintenu grâce aux efforts de tous les représentants et des citoyens européens. Il a remarqué qu’il est également crucial de mobiliser les citoyens «Nouveaux Européens» pour les élections de mai 2014, car ils contribuent à la valeur ajoutée de la construction européenne. Le chef du bureau d’information du Parlement européen, M. Martinez Guillen, a ensuite dressé le bilan de cinq années de législature européenne. Il a aussi déploré la distance qui s’est instaurée entre les citoyens européens et leurs représentants, en effet, nombreux sont les citoyens qui considèrent l’Europe comme un acquis. Finalement, M. Kumcu, président de UNITEE, a clôturé la conférence en mettant en évidence l’importance du devoir des élus européens, qui est d’être constamment à l’écoute auprès des citoyens européens.


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2 - 8 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

Seyit Yakut : du rap turc made in France

Seyit Yakut, franco-turc rappe dans sa langue d'origine.

Après 7 ans d'absence, le rappeur franco-turc Seyit Yakut, anciennement C-IT, revient bousculer le hip hop en Turquie avec son nouvel album Ciao Papi. Dans ces 13 morceaux chantés surtout en turc, Seyit, 31 ans, reste fidèle au rap français. Le chanteur s'est confié à Zaman France. Il nous parle de son parcours et de ce rap qui se perd en France et qui a du mal à percer en Turquie. TEXTE ET PHOTOS : FATIH TURSUN

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Comment t'es-tu mis au rap ? J’ai commencé le rap comme tout le monde. C'était au quartier, à Chambéry, en 1995. On avait un studio, géré par une association qui s'appelle posse33. On avait une salle de répétition payée par la ville. L’association a été formée pour que les jeunes ne squattent pas trop dans les rues… au moins ils sont dans le monde de la musique. En même temps on n’avait pas trop le choix. Dans le quartier, on avait le local de musique et juste à côté la salle de boxe. Tous les mecs de mon quartier sont soit des boxeurs soit des chanteurs... et des footballeurs. Au début, c’était plus un hobby qu’autre chose. Mais après, quand ça a commencé à devenir plus sérieux, on s’est lancé dans des projets plus grands et plus ambitieux.

La musique c'est une histoire de famille ? Toute ma famille fait de la musique. Mon grand-père et mes oncles sont tous musiciens. Certains sont solistes en Allemagne. Je joue du saz (luth à manche long, instrument tradionnel turc) depuis mes 7 ans. J’ai grandi avec la musique traditionnelle turque. Au début, quand je rappais, ça ne les intéressait pas du tout. Mais quand ça a commencé à devenir plus sérieux, ils ont respecté mon travail. Ils en étaient assez fiers, même s’ils n’écoutent pas de rap. Ils m’ont toujours soutenu. Le principal sponsor de mon nouvel album est mon frère. Mon père me soutient parfois aussi… C'est dur de vivre du rap ? Ce n'est pas possible de vivre de sa musique, c’est très dur, surtout pour le rap turc. En Turquie, je bosse dans un studio d’enregistrement. Je touche parfois des droits, c'est tout. En tout cas en Turquie, personne ne vit du rap. C'est grâce à quelques concerts qu'on arrive à vendre nos albums. C’est plus pour l’amour de la musique qu’on continue. Pourquoi avoir choisi de rapper en turc ? En fait, j’avais commencé à rapper en Français. Mais il y avait trop de rappeurs français…Le rap est surtout dominé par les Magrébins et les Noirs africains. La France a un grand passé colonial, au Maroc, en Algérie et au Sénégal. C’est ce qui fait que les maghrébins sont dans la contestation, dans la rébellion, et qu'ils se sont lancés dans le rap. Et puis le turc c’est ma langue maternelle. C’est mieux comme ça. Pour la Tur-

quie aussi ça a été bénéfique. Ca a permis de développer le rap turc. Ca fait 18 ans que je suis là-dedans, et si j’ai pu apporter quelque chose au rap turc, ne mutlu bana (c'est tout bénéf').

pas encore ça… Quand on a commencé, on se disait que ça allait exploser en Turquie après 2 ou 3 années. Honnêtement, aujourd’hui c’est comme avant, juste avec un peu plus de monde. Ca avance très très lentement.

Comment vois-tu le rap ici en France ? On parle de ce qu’on vit... Le mec, il regarde un film, et c’est bon, il fait son son. Ca, c’est pas des rappeurs, c’est de la photocopie, c’est faux. Regarder Scarface et se prendre pour Tony Montana, parler de sa bouche à lui, il y en a plein comme ça, la nouvelle génération c’est ça…Moi je préfère dire un truc normal, que j’ai vécu, que j’ai senti, mais véridique. Maintenant du vrai rap cru, du vrai rap, il n’y en a plus beaucoup. Parmi les rappeurs français que j’apprécie, il y a Lino, Ill des X-men et Le Rat Luciano. Ce qui est nouveau, j’écoute pas. Booba, son premier album, à l’époque de Lunatic, ça c’était du rap, maintenant ça ne vaut plus rien ce qu’il fait. En France, il n’y a presque plus rien. Skyrock et le reste, on n’écoute plus.

Une anecdote à raconter ? Quand j’ai sorti mon premier album en 2001, j’en ai envoyé 250 exemplaires à Unkapani (lieu de passage obligé pour tous les artistes qui souhaitent produire un album,ndlr). Je n’ai eu que 6 réponses. J’arrive de France. Le premier endroit où je suis allé à Unkapani, le producteur me reçoit pour signer un contrat. Et là, il mange un œuf brouillé avec du pain devant nous, comme ça normal, alors qu’on est venu en professionnel. Le type parle et nous demande si on faim. C’est ça, le rap en Turquie. Ca craint. J’ai galéré à faire des sons, à écrire des textes, et on me reçoit comme ça...

Et le rap en Turquie ? Il n'y a pas de rap en Turquie. Le gars qui a amené le rap en Turquie, Turbo (Tunç Dindas), il a la cinquantaine aujourd'hui. Il sait ça aussi, j’ai discuté avec lui il y a pas longtemps. Lui ça fait longtemps qu’il a arreté, il fait de l’animation maintenant, c’est un graffeur à la base. Le rap, c’est ici en France, qu’il m’a dit. Vous avez grandi dans le milieu hip hop, vous l’avez vécu. Dans le monde, la France est connue pour être numéro 2 dans le rap. Textuellement parlant, on est les meilleurs. Le problème en Turquie, c'est qu'il faut soit faire rire soit faire pleurer les gens. Le rap, ce n’est

DISCOGRAPHIE : 1999- 2000 : sortie du 1er album : Tok Tok 2004 : Heyecanlanma 2007 : Adim (Mon nom)

Et aujourd’hui, c'est pareil ? Maintenant en Turquie, ça a changé. C'est plus professionnel...Le producteur demande d’abord ton budget pour sortir ton album. Tant que t’as de l’argent, même si ton son est pourri, il produira ton album. Il peut te faire un album à 30 000 euros ou à 100 000 euros, selon ton budget. Le producteur ne prend plus aucun risque. Aujourd’hui, c’est du business. Soit t’as des sous, soit t’as rien. Les mecs qui ont des sous sont sur le marché, alors que les vrais artistes... Faire du bon son, c’est une histoire de moyens. En Turquie, les jeunes n’ont pas trop les moyens pour faire de la musique de qualité. C’est cher, donc on se contente de sons médiocres. Un des sons de mon album coûte 3000 euros. Ca représente 10 000 YTL en Turquie, c’est un vrai patrimoine. C’est beaucoup par rapport au salaire et au niveau de vie là-bas. Par exemple, faire un bon album avec 1 ou 2 clips c’est au moins 30 000 euros (100 000 YTL). Mais d’une certaine manière, ça avance. C’est comme nous quand on a commencé le rap en 1995-1996, on n'avait rien. En France, il y avait Bomba78 vers Paris et moi. En Turquie il y avait Turbo, en Allemagne, il y avait Fuat. On était une dizaine à tout casser à faire du rap en turc. On voulait faire péter ça en Turquie, mais faire connaître le rap la-bas, ce n’est pas évident. Aujourd’hui, il y a plein de rappeurs, mais il n’y en a que quelques uns qui font de bons sons...


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2 - 8 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

Le rap français, la fin d’une musique contestatrice Le rap, à l’origine son d'une contre-culture et par essence contestataire, s'est au cours des dernières années commercialisé, évoluant vers un style bling bling, régressif et violent. Mais quelques voix subsistent, encore porteuses d’un idéal.

La Fouine, l'un des représentants actuels du rap français.

FOUAD BAHRI PARIS Dans le paysage musical, le rap est couramment perçu comme ce genre artistique essentiellement voué à contester le système. A l'image du mouvement punk de la fin des années 70, le rap incarnerait le son d'une contreculture, celle des ghettos, la musique des sans-voix et un message artistique plus proche du coup de poing vocal que du coup de coeur. Né dans les quartiers noirs américains, le rap a été très vite importé en France et porté par des groupes célèbres comme IAM ou NTM. Mais en trente ans d'existence, il arriva au rap, ce qu'il advint de beaucoup d'autres styles musicaux : il s'est commercialisé. Et par ce processus, ses formes contestatrices ont su arrondir leurs angles. C'est ainsi que le rap politique et social a cédé le pas devant le rap bling bling, proclamation marchande d'un american way of life caractérisé par la référence caricaturale à une sexualité débridée et à une adulation de l'argent.

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LA VIOLENCE COMME STRATÉGIE MARKETING Dans un autre registre moins grossier et plus personnalisé, des auteurs comme Abdelmalik ou Disiz ont su évoluer vers des modèles artistiques plus personnalisés et intimistes. L'émergence du slam, poésie urbaine à mi-chemin entre littérature et lyrisme musical, témoigne de ce désir de réinventer de nouvelles formes de langages populaires mais exigents. Cette nouvelle génération d'artistes refuse d'ailleurs catégoriquement l'étiquette de porte-paroles de la banlieue que le milieu du show-business est tenté de leur accoler. Autre forme, même constat : le prétendu rap violent et antisystème, celui qu'on appelle le gangsta rap, ne fait que reproduire, outre les plus vieux clichés sur l'agressivité de la jeunesse populaire, les stratégies

marketing les plus éculées du néolibéralisme marchand. Un peu à la manière des boxeurs américains anticipant leur confrontation sportive au moment de leur conférence de presse, les rappeurs français les plus en vogue actuellement, La Fouine, Booba et Rohff, ont misé sur une visibilité commerciale foncièrement violente.

UN HYMNE À LA SIXIÈME RÉPUBLIQUE Les menaces, insultes et confrontations verbales entre eux parti-

cipent désormais d'une surenchère destinée à valoriser leur image de bad boys. Malheureusement, cette approche régressive a fini par être rattrapée par la réalité. Dernièrement, une descente punitive du rappeur Rohff et de ses sbires dans une boutique gérée par Booba s'est terminée par le lynchage d'un jeune vendeur de 19 ans. Pour autant, le rap engagé a encore de fidèles héritiers. Kerry James, Médine, et IAM, toujours actif, n'ont pas baissé le pavillon

noir de la révolte musicale. Ancrés dans l'actualité sociale et politique de leur époque, ces artistes incarnent encore un idéal du rap dont on ne sait s'il sert d'exutoire et de compensation sociale à l'abstentionnisme ravageur des banlieues, ou témoigne au contraire d'une nouvelle forme d'engagement politique comprise dans une logique d'extension du civisme. Une sorte d'hymne contemporain d'une sixième République qu'il reste à bâtir.

MON AVOCAT CANAN ÖZENICI

Vidéosurveillance : attention à la règlementation En cette période de crise économique, il est facile de constater la recrudescence des cambriolages ou braquages en tout genre, que ce soit au préjudice des commerces ou des habitations. La solution de la vidéosurveillance est souvent adoptée dans un but préventif ou dissuasif. Si vous faites ce choix, en tant que particulier ou professionnel : attention à la règlementation - que ce soit du point de vue de l’autorité de la CNIL ou du point de vue du droit social. Un particulier peut installer des caméras dans sa propriété privée à des fins exclusivement personnelles, dans ce cas, aucune déclaration auprès de la CNIL, ni autorisation n’est requise. En revanche, si le dispositif filme des salariés (employés de maison ou autres, infirmier ou aide à domicile) dans un lieu non ouvert au public, alors il conviendra de procéder à une déclaration et une information des personnes filmées. En ce qui concerne les professionnels, la règlementation est plus stricte : si les caméras filment un lieu non ouvert au public alors seule l’obligation de déclaration auprès des services de la CNIL s’appliquera. En revanche, il conviendra de réaliser une déclaration auprès de la préfecture si les caméras filment un lieu ouvert au public (espaces d’entrée et de sortie du public, zones marchandes, comptoirs, caisses). Dans ce cas, le dispositif doit être autorisé par le préfet du département (le préfet de police à Paris). Du point de vue social, les instances représentatives du personnel doivent être consultées avant la décision d’installation d’un système de vidéosurveillance et l’Article L1121-1 du Code du travail impose qu’un tel dispositif doit être proportionné au but recherché. Si l’employeur est libre de surveiller les locaux où les salariés ne travaillent pas, il ne peut imposer une surveillance continue sur un poste sans motif légitime. Si comme beaucoup, votre système n’est pas aux normes, le risque sera la plainte des salariés exposés, des clients auprès de la CNIL ou de l’inspection du travail. Fort heureusement, les deux entités passent généralement par l’étape de la mise en demeure avant le prononcé d’une sanction. Pour vos questions : ceruguz@yahoo.fr


06 TURQUIE

2 - 8 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

Où va Abdullah Gül ? Abdullah Gül est un vétéran de la vie politique turque.

Le président de la République turque Abdullah Gül vient de promulguer une nouvelle loi contestée sur les services de renseignement. C'est la énième fois qu'il évite d'opposer son veto sur une loi qualifiée de «liberticide» par les cercles libéraux. Une réserve présidentielle qui ne manque pas d'interpeller. Agit-il selon un plan qu'il s'est fixé ? SAMI KILIÇ PARIS Les interrogations n'ont jamais cessé sur sa capacité de résistance face à son ami et «bienfaiteur», Tayyip Erdogan (celuici lui avait offert la présidence sur un plateau d'argent en 2007). Lui, le deuxième dans le triumvirat qui a créé et porté au pouvoir l'AKP, le parti de la justice et du développement, aux côtés du très charismatique Tayyip Erdogan et du très loyal Bülent Arinç, ne cesse de passer pour le modéré. Celui qui arrive à rester dans le jeu politique tout en exerçant la charge présidentielle qui exige de la pondération. Mais là, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase, la promulgation de trop, celle qui douche les espoirs des démocrates. C'était bien lui, pourtant, qui disait à propos de la loi sur le MIT, «par principe, les lois doivent être en faveur de la liberté et non des lois sécuritaires, de réaction !». Force est donc d'admettre que le président de la République n'est pas du genre à se rebeller contre le Premier ministre. Gül, docile, promulgue les lois à tour de bras. C'est la réalité. Il a son explication : il préfère intervenir en amont, auprès du gouvernement et des députés, lorsque la loi est discutée et laisser à la Cour constitutionnelle le soin de

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faire son travail de censure. «Qu'une loi soit bonne ou mauvaise est une chose, qu'elle soit conforme ou non à la Constitution en est une autre. Parfois, il m'arrive de promulguer des lois qui ne sont pas bonnes. Il appartient à la Cour constitutionnelle de se prononcer sur sa constitutionnalité», a-t-il déclaré. La question qui vient à l'esprit est donc de savoir pourquoi le président de tous les Turcs se fait la béquille d'un gouvernement qui ne représente, tout compte fait, qu'un Turc sur deux. Autrement dit, pourquoi n'arrive-t-il pas à ceindre cette posture présidentielle qui lui demande une impartialité à toute épreuve ? Plusieurs explications sont plausibles.

LES DIFFÉRENTES HYPOTHÈSES QUI CIRCULENT Premièrement, Abdullah Gül, qui est un vétéran de la politique turque (ancien député, ancien ministre, ancien Premier ministre), connaît trop bien l'impérieuse nécessité d'avoir toujours le soutien d'un parti politique. Gül, en usant de son droit de veto avec parcimonie, ne voudrait pas s'aliéner la base électorale de l'AKP. Cette explication assez opportuniste vaut pour celui qui a de l'ambition à revendre. Or, au sommet de sa carrière,

le président vient de répéter qu'il n'avait aucun plan pour l'avenir. Deuxièmement, Abdullah Gül ne veut pas contredire Tayyip Erdogan, le chef naturel du mouvement. Il a donc mis en place une nouvelle pratique constitutionnelle : l'intervention en coulisses pour arrondir les angles des lois qui posent problème. Une attitude dont il ne se cache pas. Une sorte de division du travail se met alors en place. Selon Fadi Hakura, spécialiste de la Turquie à Chatham House, «Erdogan et Gül semblent se contredire mais en réalité, ils coopèrent. D'abord, le gouvernement prépare une loi assez dure et Erdogan se montre résolu et peu conciliant. Ensuite, Gül intervient et demande des ajustements mineurs qui ne remettent pas en cause la charpente de la loi et ce système se renouvelle à chaque fois».

UNE MONNAIE D'ÉCHANGE ? Troisièmement, Abdullah Gül adopte un profil bas en guise de monnaie d'échange avec Erdogan. Si ce dernier décide de rester Premier ministre pour pouvoir changer la Constitution et établir un régime présidentialiste, Gül souhaite rester le candidat

de l'AKP. «A l'évidence, Gül ne veut pas affronter Erdogan. Il semble que ce dernier veuille rempiler pour un quatrième mandat de Premier ministre pour changer la Constitution et consacrer un président fort» estime Rainer Hermann, journaliste spécialiste de la Turquie au quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung. Gül espère ainsi, selon ce scénario, une récompense pour briguer un deuxième mandat. Enfin, quatrième hypothèse, Abdullah Gül estime tout bonnement que les textes sont conformes à ses propres conceptions. Il n'y a donc aucune raison de renvoyer les lois pour une nouvelle délibération. Autrement dit, il n'y a ni manœuvre ni marchandage, Gül agit conformément à ses idées. Ce que conforte le commentaire de son plus proche ami, le journaliste de renom Fehmi Koru du journal Star. Celui-ci prétend qu'Abdullah Gül n'est pas du genre à faire des calculs politiques et que d'ailleurs il souhaite se retirer de la vie politique. «La Turquie doit se préparer à une vie politique sans Gül», a-t-il écrit, «il pourrait agir à l'intérieur ou à l'extérieur dans un format différent», a-t-il ajouté. Pour l'heure, le président de la République reste insondable.

Le président allemand «horrifié» par la situation turque BÜSRA ÖZERLI ANKARA Le président allemand, Joachim Gauck, a affirmé ce lundi 28 avril être «horrifié» par la situation actuelle en Turquie et a critiqué le gouvernement pour avoir censuré internet, contrôlé le système judiciaire et accordé de plus grands pouvoirs aux services de renseignement turcs (MIT). «Ne prenez pas ce que je vous dis comme une ingérence dans vos affaires nationales», a déclaré Gauck devant un groupe d'étudiants de la prestigieuse Université technique du Moyen-Orient d'Ankara (ODTÜ). «Je dois avouer que je suis horrifié par la situation en Turquie», a-t-il dit avant de préciser qu'il souhaitait partager ses inquiétudes en tant que citoyen d'un pays démocratique. Gauck a indiqué qu'il avait vécu sous un régime communiste pendant cinquante ans, où le parti au pouvoir décidait de ce qui était légal ou non. Pour éviter cela, a-t-il dit, il est essentiel qu'il y ait une séparation des pouvoirs.

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«AUCUN PAYS N'EST PARFAIT» Gauck, en visite en Turquie pendant quatre jours, est arrivé samedi dernier accompagné de sa femme et de la ministre de l'Intégration,

Aydan Özoguz, première femme politique d'origine turque à avoir un poste haut placé en Allemagne. «Si le gouvernement fait en sorte que les décisions de justice soient en sa faveur ou tente d'y échapper, peut-on parler d'une indépendance judiciaire ?», s'est interrogé le président allemand. Le gouvernement turc a récemment adopté une législation prévoyant le contrôle de l'exécutif sur le pouvoir judiciaire. Gauck a néanmoins mentionné les développements positifs en Turquie comme l'atténuation du pouvoir militaire en politique, le début d'un dialogue avec les Kurdes et la diminution des conflits. Il a ajouté que des tabous historiques concernant les faits perpétrés contre les Arméniens et les Kurdes avaient commencé à être cassés. En réponse à la question d'un journaliste allemand qui a demandé à Gül s'il prenait les critiques de Gauck comme un conseil ou une menace, le président turc s'est ainsi exprimé : «Aucun pays n'est parfait. Nous avons vu les meurtres commis par l'extrêmedroite en Allemagne et la honte évidente qui a suivi ces assassinats. Nous avons une situation similaire en Turquie et il est important d'être conscient de nos défauts respectifs et de nos efforts pour les corriger».

«IL SE CROIT TOUJOURS PASTEUR» Le président allemand, Joachim Gauck. Répondant aux critiques du président allemand, Tayyip Erdogan a haussé le ton lors de son discours hebdomadaire au groupe parlementaire de l'AKP. « Il faut savoir agir comme un homme d'Etat. Il se croit toujours pasteur, je crois», a-t-il déclaré. Erdogan, qui a critiqué l'ingérence de Gauck dans les affaires internes de la Turquie, a rappelé les Turcs qui ont été tués en Allemagne récemment : «Huit de nos compatriotes ont été tués en Allemagne et ceux qui sont incapables de rendre compte de cela viennent nous donner des leçons. Les maisons des Turcs sont incendiées, l'Allemagne ne fait rien, et voilà qu'elle nous donne des leçons, garde ta raison pour toi !», a-t-il fulminé. Après les réactions d'Erdogan, c'est la chaîne pro-gouvernementale A Haber TV qui a qualifié le président allemand Joachim Gauck d'imam du mouvement Hizmet. La chaîne affirme que Gauck est allé trop loin dans ses propos à l'encontre du gouvernement turc et le traite de menteur. «Gauck dit que l'Allemagne soutien la candidature turque à l'Union européenne, mais ses commentaires sont loin d'être vrais», soutient la chaîne.


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2 - 8 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

Kiliç donne une leçon de droit au Premier ministre Le discours prononcé par Hasim Kiliç, le président de la Cour constitutionnelle turque, à l'occasion de l'anniversaire de la création de la Cour, a secoué le pays. Le Premier ministre, Tayyip Erdogan, présent dans l'assistance, s'est fait remonter les bretelles devant les plus hautes autorités de l'Etat. Le nom de Hasim Kiliç, président de la Cour constitutionnelle, circule depuis quelques semaines sur la liste des présidentiables.

SAMI KILIÇ PARIS «Que celui qui veut faire de la politique enlève sa robe de magistrat et descende dans l'arène !» avait tonné le Premier ministre au début du mois. Dans son viseur, Hasim Kiliç, le président de la Cour constitutionnelle qui se faisait de plus en plus bavard sur l'état des droits de l'Homme en Turquie. Le message semble tombé dans l'oreille d'un têtu puisqu'à l'occasion de l'anniversaire de la création de la Cour, le président Kiliç a persisté et signé. Le duel Erdogan-Kiliç prend un nouveau tour avec le discours au vitriol prononcé par ce dernier devant les dirigeants de l'Etat. «Attaquée, la justice en est arrivée à un stade où elle risque de dépérir, elle est confrontée à la corruption de la conscience», a-t-il dit. Une réponse à peine voilée au chef du gouvernement qui avait dit ne pas respecter la décision de la Cour sur Twitter.

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DES PIQUES DIRECTES Peu avant la cérémonie, dans le message qu'il a adressé à la juridiction suprême, Erdogan a retourné le couteau en disant espérer que celle-ci saura mettre l'accent sur la primauté de l'Etat de droit. Kiliç a consacré une partie de son discours à des considérations qui ont été perçues comme des piques directes contre Erdogan. «Nous sommes décidés à laisser sans réponse les bravades qui peuvent créer de nouvelles tensions», a-t-il déclaré avant de déblatérer ferme contre le chef du gouvernement : «Depuis quelque temps, la justice est confrontée à de graves et sérieuses attaques par l'invocation de termes comme 'Etat parallèle' ou 'gang'». Kiliç a mis en garde contre le délitement de la solidarité entre les magistrats et le climat nau-

séabond qui règne au sein de l'institution judiciaire. «Accuser la Cour de ne pas être nationale, c'est une critique superficielle», a-t-il lancé, se référant directement à ce qu'avait dit le Premier ministre qui lui avait reproché de défendre les intérêts d'une firme américaine, Twitter, et non les intérêts nationaux. Le président de la Cour a multiplié les salves contre celui dont il passait jadis pour un soutien. Il a ainsi repris l'expression dont avait usé Erdogan pour apaiser la frange laïque, «J'ai changé de chemise» avait-il affirmé pour renier ses idées anciennes sur l'islam et l'Etat. Dans son discours, Kiliç a repris l'expression : «Nous ne pouvons pas être de ceux qui changent de chemise. Comme nous étions hier aux côtés de ceux dont on bafouait les droits, aujourd'hui, nous allons garder

cette ligne. Les tentatives pour influencer les jugements et les opinions des juges par une pression sociale sont vouées à l'échec».

CRITIQUES ET ÉLOGES DE L'ASSISTANCE Les réactions n'ont pas tardé. Le président de l'Assemblée, Cemil Ciçek, un poids lourd de l'AKP (le parti au pouvoir) a été le premier à dénoncer un discours politique. «Le ton n'était pas approprié à celui d'une institution judiciaire. Personne ne s'est rendu là-bas pour se faire tancer, se prendre une baffe ou se faire gronder», a-t-il dit. Mustafa Sentop, vice-président de l'AKP et professeur de droit constitutionnel, a estimé qu'il s'agissait «de propos incorrects et superficiels. Qu'il enlève sa robe et entre en politique !», a-t-il lâché.

Engin Altay, le président du groupe parlementaire du CHP (principal parti d'opposition), a salué «une gifle, un cri d'indignation, une leçon qui a été partagée avec le peuple contre ceux qui jouent avec le pouvoir judiciaire, contre ceux qui violent la justice». Selahattin Demirtas, co-président du BDP (parti pro-kurde), s'est contenté de relever que «le président de la Cour constitutionnelle avait dit tout ce qui devait être dit». Le visage rembruni, Erdogan a écouté le discours sans ciller avant de se dérober rapidement avec ses ministres pour ne pas assister à la réception qui a suivi. Le nom de Hasim Kiliç circule depuis quelques semaines dans la liste des présidentiables. Il a nié encore une fois avoir des arrièrepensées politiques. «Je suis en dehors de ces discussions», a-t-il réitéré.

Campagne présidentielle : Erdogan va à la rencontre des Turcs d'Europe -

Alors que les élections présidentielles commencent à dominer le débat politique turc, le Premier ministre Erdogan prévoit de se rendre dans les pays européens qui abritent le plus grand nombre de citoyens turcs, et ce dans le but de s'adresser aux électeurs qui pourront pour la première fois voter directement dans leur pays hôte.

VOTE DANS LES PAYS D'ACCUEIL Il est prévu que 2,6 millions de Turcs résidant dans plusieurs pays européens votent au mois d'août. Lors des dernières élections, la diaspora turque était obligée de rentrer en Turquie ou de se rendre aux postes frontières pour pouvoir voter. Une situation qui avait eu pour conséquence un faible taux de participation des Turcs de l'étranger. En effet, seuls 7 ou 10 % des expatriés turcs ont pu voter lors des dernières élections parlementaires, un chiffre qui a poussé Ankara à faciliter leur participation. L'ALLEMAGNE, LES PAYS-BAS ET LA FRANCE AU PROGRAMME Selon certains membres du parti, Erdogan tirera profit de cette nouvelle disposition– qui devrait être soumise au Parlement la semaine prochaine et approuvée, le

parti au pouvoir possédant la majorité des sièges – en se rendant directement dans plusieurs pays européens afin de s'assurer le vote des Turcs de l'étranger en vue de sa probable candidature aux présidentielles. Le Premier ministre turc possède un fort soutien en Allemagne où réside le plus grand nombre de Turcs en Europe, et prévoit d'organiser un grand rassemblement à Cologne. Dans le cadre de son programme, Erdogan devrait également se rendre aux Pays-Bas et en France.

95 % DE TAUX DE PARTICIPATION ATTENDU CHEZ LES TURCS DE L'ÉTRANGER Grâce à la nouvelle loi, la participation électorale des expatriés turcs devrait atteindre les 95 %. Etant donné que les représentations diplomatiques manquent d'espace et d'équipement pour tenir un scrutin, les diplomates turcs ont été mis en contact avec les représentants locaux pour trouver des endroits plus spacieux comme des gymnases ou des écoles dans différentes villes d'Europe. Pour les expatriés turcs de l'étranger, le scrutin commencera le 7 août et se terminera le 10 août au soir. Si aucun candidat n'est élu avec une majorité simple lors du premier tour, un second tour se tiendra entre les 21 et 24 août.


08 TURQUIE

2 - 8 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

COMMÉMORATIONS DU 24 AVRIL

Ara Toranian : «Les Turcs ne sont pas les ennemis des Arméniens» Dans le cadre des commémorations de la déportation des Arméniens de l'Empire ottoman le 24 avril 1915, Zaman France a interviewé Ara Toranian, co-président du Conseil de Coordination des organisations arméniennes de France (CCAF). SAMI KILIÇ, PARIS Le Premier ministre turc, Tayyip Erdogan, vient de publier un communiqué dans lequel il présente ses condoléances aux descendants des Arméniens morts en 1915. C'est une première. Quelle est votre réaction ? Il s’agit d’un pas important, dans la mesure où pour la première fois sans doute dans l’histoire de la Turquie, de la compassion a été exprimée par les autorités turques à l’égard des victimes du peuple arménien. Ce qui est un fait nouveau. Je n’en mésestime pas la portée dans le contexte d’une société turque entretenue depuis des lustres dans un endoctrinement anti-arménien. Pour autant le génocide n’est pas encore reconnu, même si le fait que cette déclaration ait été réalisée la veille du 24 avril, n’est pas un événement anodin. Monsieur Erdogan en appelle à un dialogue entre les sociétés arméniennes et turques. Pouvonsnous en déduire qu'il serait prêt à ouvrir la frontière avec l’Arménie ? Il présente ses condoléances pour les Arméniens tués. Pouvons-nous en déduire qu’il serait prêt à déboulonner les plaques en l'honneur de leurs assassins ? Cet événement constitue en tout cas une avancée, qui résulte selon moi tant de la pression internationale à l’aube des 100 ans de 1915, que du mouvement des élites démocratiques turques, qui considèrent que l’honneur de la Turquie passe par l’expression de la vérité et la réconciliation du pays avec son histoire. Je veux espérer qu'il s'agisse des prémices d'une volonté d'ouverture.

Etat qui a été construit dans une logique nationaliste depuis 80 ans et une population qui subit ces événements à son corps défendant.

Est-il possible, selon vous, d'espérer une avancée par le bas, à travers l'implication des citoyens ? On soutient tout ce qui pourrait aller dans le sens d'une réconciliation avec les Turcs, qui ne sont pas les ennemis des Arméniens. Mais avec les autorités turques, c'est autre chose, on ne peut pas construire l'avenir avec elles. On fait un distinguo clair et net entre les superstructures politiques d'un

Le dialogue ne devient-il pas une coquille vide, un instrument par lequel les Arméniens visent à convaincre les Turcs de leur propre lecture de l'histoire ? Oui mais pour nous, c'est fondamental. On soutient des initiatives comme Repair (Réparer le Futur) mais on reste vigilant car il y a des risques d'instrumentalisation de ce dialogue pour s'opposer à la reconnaissance internationale du génocide. C’est

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C'est-à-dire... Je pense que les Turcs n’ont pas tous les éléments pour pouvoir apprécier la question arménienne telle qu'elle se pose dans sa vérité. Ils sont malheureusement sousinformés, mal informés et même désinformés. Mais ils ne sont pas responsables de l'endoctrinement qu'ils subissent. N'y a-t-il pas des convictions trop fermement établies des deux côtés ? Par exemple, la Turquie invoque souvent le concept de «mémoire juste» pour prendre également en compte les victimes turques... Je récuse le terme de «mémoire juste» mais je ne dis pas que les Turcs n'ont pas souffert pendant la Première guerre mondiale. Le génocide arménien est un fait indéniable sur lequel on ne peut pas transiger. Il ne peut y avoir une «mémoire juste» qui nierait le caractère génocidaire de l'extermination des Arméniens au motif qu'il y a également eu des victimes turques. Si chacun se retranche derrière ses postulats, comment dialoguer ? Faut-il absolument purger la question de 1915 pour pouvoir rapprocher les deux peuples ? Il ne peut y avoir de dialogue sincère sur des non-dits, avec un abcès de fixation qui enfle, qui est enkysté au cœur des relations arméno-turques. Il faut percer l'abcès. Ça fait 100 ans !

Lors d'un match entre l'Arménie et la Turquie pour les qualificatifs de la Coupe du monde, en 2009, le public porte une bannière en hommage à Hrant Dink, journaliste turc d'origine arménienne assassiné en 2007.

leur histoire, c’est un problème de la Turquie et des Turcs par rapport à eux-mêmes. Donc il serait hors de question pour vous de dialoguer au sein d'une commission d'historiens, par exemple ? C'est un leurre. C'est un argument spécieux, une instrumentalisation qui vise à faire obstacle au mouvement international de reconnaissance du génocide. Il y a déjà eu des commissions notamment celle de 2002 sous l'égide du Département d'Etat américain. Concrètement, qui devrait faire quoi ? Il incombe aux jeunes, aux humanistes, aux progressistes d'essayer de prendre leur responsabilité pour construire une paix sur le modèle de l'Allemagne avec les juifs. Récemment, une association dénommée FRA Nor Seround Nouvelle Génération Arménienne a opéré une action choc contre le service culturel de l'ambassade turque. Ce genre d'action n'est-elle pas un frein à la normalisation ? Il s'agit d'une action pacifique qui a mobilisé quelques jeunes qui ont scandé des slogans. Il n'y a pas eu de violence, c'était une démonstration pacifique. Mais si la jeunesse fait cela... Oui mais enfin, ce n'est pas une opération terroriste. C'est une opération agitprop qui voulait seulement attirer l'attention.

Ara Toranian est co-président du Conseil de Coordination des organisations arméniennes de France (CCAF).

Le nouvel ambassadeur turc à Paris, Hakki Akil, a dit qu'il était prêt à vous rencontrer et à discuter avec vous de manière décrispée. Quelle est votre réaction ? Je suis surpris par ce propos, surpris agréablement. Mais se pose la question de la cohérence entre la position de l'ambassadeur et celle des autorités turques. Si ça ne répond pas à une intention utilitariste, il faut effectivement discuter. Je n'ai pas encore eu le temps de regarder cela de près mais en tous les cas, cela procède d'une meilleure intention que tout ce qu'on a eu jusqu'à maintenant.

Devedjian : «Il faut ouvrir la frontière turco-arménienne» Connu pour son implication dans la cause arménienne, Patrick Devedjian, ancien ministre et ancien secrétaire général de l'UMP, a estimé que la déclaration du Premier ministre turc, Tayyip Erdogan, était «évidemment positive». FERHAN KÖSEOGLU PARIS «C'est la première fois depuis 100 ans que le gouvernement turc reconnaît la souffrance des Arméniens», rappelle Patrick Devedjian à Zaman France, «il présente ses condoléances à l'occasion du 24 avril, date symbolique du début du génocide et de la planification organisée de l'extermination des Arméniens par les rafles qui ont eu lieu ce jour-là de toute l'élite arménienne intellectuelle de Turquie». «Il reconnaît implicitement que le 24 avril a une signification historique, qui ne peut être que celle du génocide», a-t-il poursuivi.

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Patrick Devedjian est ancien ministre et ancien secrétaire général de l'UMP.

«UN PETIT PAS, MAIS UN PAS TOUT DE MÊME» «C'est une avancée, c'est un petit pas, mais c'est un pas tout de même», a-til souligné avant d'attirer l'attention sur l'importance d'ouvrir la frontière entre les deux pays. «Erdogan appelle

à un dialogue entre le peuple turc et le peuple arménien. Or, le peuple arménien est en Arménie, et donc pour que les deux peuples se parlent, il faut que la frontière soit ouverte, s'il dit ça, c'est sans doute, c'est mon interprétation, que la Turquie s'apprête à ouvrir la frontière. On ne peut pas fermer la frontière et avoir un dialogue», a-t-il dit. En revanche, à la question de savoir s'il était disposé à répondre à la main tendue par le nouvel ambassadeur de Turquie, il s'est dit prêt au dialogue.

HOMMAGE AU PEUPLE TURC, Devedjian a tenu à rendre hommage au peuple turc qui aurait «avancé sur cette question et découvert la vérité malgré les mensonges de l'Etat». « Pendant très longtemps, le peuple turc a été abreuvé de mensonges sur la question du génocide arménien, aujourd'hui avec la mondialisation, notamment de

la communication, les élites de la Turquie commencent à découvrir la réalité. Et je pense qu'il faut les encourager dans cette recherche de la vérité», a-til dit. Quant à l'Etat turc, Devedjian a estimé qu'il devrait tôt ou tard reconnaître la vérité. En effet, il pense que la reconnaissance du «génocide» par les Etats-Unis changera la donne.

«SARKOZY A AU MOINS ESSAYÉ, HOLLANDE N'A PAS ENCORE TENTÉ» A l'approche du centenaire des événements de 1915, Devedjian a dit attendre de la France qu'elle adopte une loi qui «interdira à la Turquie de déverser sa propagande négationniste sur le territoire français». Il attend de voir les actes du président Hollande sur le sujet. «Monsieur Sarkozy a essayé de le faire, il n'a pas réussi mais il a essayé tandis que Monsieur Hollande n'a pas encore essayé», a-t-il conclu.


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2 - 8 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

Erbakan junior tente de ravir la présidence du Saadet Fatih Erbakan, le fils de l'ancien Premier ministre et figure tutélaire de l'islamisme turc Necmettin Erbakan, a jeté son dévolu sur la présidence du parti Saadet, héritier du Milli Görüs alias Vision nationale, mouvement initié par son père. Mais les grognards et les compagnons de route de ce dernier font de la résistance. SAMI KILIÇ PARIS Créé en 2001 en même temps que l'AKP, après l'interdiction du parti Fazilet, le parti Saadet reste la dernière formation politique en date à incarner le mouvement islamiste en Turquie. Le parti qui a obtenu 2 % des voix aux dernières élections municipales a tout de même multiplié son score par deux par rapport aux résultats des élections législatives de 2011. Ce qui n'a pas suffi pour que Mustafa Kamalak, actuel président, garde son fauteuil. Considéré comme un parti gérontocratique où les vieux routiers dominent, le Saadet risque de connaître un nouveau déchirement. En effet, le trentenaire Fatih Erbakan, héritier d'un des plus prestigieux noms de la scène politique turque, a officiellement présenté sa candidature pour la présidence.

La politisation de l'islam en Turquie Le fils de Necmettin Erbakan brigue la présidence du Saadet

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UN ERBAKAN ISOLÉ CONTRE LA VIEILLE GARDE Le 4 mai prochain, le congrès se réunit. Mustafa Kamalak, président depuis 2011, un avocat qui est très loin d'avoir la verve d'Erbakan, se voit reprocher sa ligne de conduite lors de la campagne des élections municipales. En pleine «guerre des deux sunnismes» qui opposait Tayyip Erbakan à Fethullah Gülen (un penseur musulman ancré dans le mouvement nurcu totalement opposé à la nakhsibendiyya dont est issu le Milli Görüs), il avait pris position contre

Erdogan ce qui avait été interprété comme un soutien à Fethullah Gülen. Fatih Erbakan, qui a enterré la hache de guerre avec sa soeur pour la succession de leur père, avait fondé une fondation Erbakan, ce qui avait été considéré comme un pas vers la présidence. «Je ne vais pas résister au souhait de notre base, je prends mes responsabilités et je suis prêt à accomplir toute fonction qu'on me demandera de remplir», a-t-il déclaré. Le discours est une chose, la réussite en est une autre. En effet, les dinosaures du mouvement se sont rangés derrière Kamalak. Ainsi, Recai Kutan, l'ancien président du Saadet, Sevket Kazan, ancien ministre de la Justice, Yasin Hatipoglu, un des plus flamboyants orateurs du parti et Oguzhan Asiltürk, l'éminence grise du père, le soutiennent. Après la bataille de 2011, place donc à l'acte II. Sauf que le fondateur Necmettin Erbakan n'est plus là. Et la succession patronymique n'a jamais pris greffe en Turquie. Le mystère reste entier.

GÜLTEN ÜSTÜNDAG ANKARA Pour Dogu Ergil, expert en sciences politiques, si l'islam est en harmonie avec la démocratie, l'interprétation politique des religions porte elle atteinte à ces dernières en plus d'empêcher la mise en œuvre d'une politique cohérente. La politisation de l'islam à des fins gouvernementales a perdu du terrain, explique à Zaman Dogu Ergil, expert en sciences politiques. «Quand la force gouvernante viole les désirs du peuple au moment de créer des lois, celles-ci sont ensuite dévaluées au rang de dogmes déformés dont l'origine n'est pas divine, le pouvoir politique ayant déformé les règles divines. Les gouvernements réinterprètent la religion en fonction de leurs intérêts».

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LA FIBRE ANTI-OCCIDENTALE Pour Ergil, la politique du Premier ministre Erdogan a ravivé un sentiment anti-occidental en Turquie, déjà présent dans la société à cause de la Première Guerre mondiale

et de l'occupation des terres anatoliennes par les pays occidentaux. «Il a été très facile de raviver les mauvais souvenirs du passé. La société ne s'est pas occidentalisée aussi rapidement qu'elle l'aurait désiré malgré le projet d'occidentalisation de la République de Turquie (...). Au contraire, la Turquie et le Moyen-Orient en général, ont préféré déclarer la guerre à la civilisation occidentale pour la détruire et établir une nouvelle civilisation sur ses cendres. Mais, pris par le sentiment d'être vaincus par les civilisations occidentales, l'Orient et la Turquie n'ont pas réussi à développer une alternative et une civilisation spécifique face à l'Occident. Cette situation est toujours exploitée par les dirigeants aux tendances autoritaires», ajoute Ergil. Il affirme que les gouvernements qui ne parviennent pas à faire avancer leur pays sur la base de la prospérité et de la stabilité politique ont recours aux théories du complot contre les sociétés occidentales.


10 INTERNATIONAL

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Marc Lavergne : «L'Egypte est une bombe à retardement» Directeur de recherche au CNRS, Marc Lavergne est l'un des spécialistes de l'Egypte. A la suite de la condamnation à mort prononcée contre près de 700 Frères musulmans, Zaman France l'a interrogé sur les dessous de la nouvelle politique égyptienne et les raisons du silence relatif des chancelleries occidentales. FOUAD BAHRI PARIS La condamnation à mort des 683 Frères musulmans par la justice égyptienne est-elle le signe d'une radicalisation du régime militaire de Sissi ? Depuis le 30 juin 2012, et le renversement de Morsi, il n'y a rien de neuf. Nous avons assisté à l'instauration d'une dictature d'un genre nouveau avec l'établissement d'un modèle formel d'élection. A la différence de l'Algérie, nous avons là un futur président, le maréchal Sissi, qui a une certaine stature et une ambition personnelle. Il y a aussi l'armée qui veut préserver ses intérêts, ceux du Golfe, de l'Occident et préserver la stabilité de l'Egypte. Ce pays a un pouvoir de nuisance parce que c'est une bombe à retardement à la fois pour les Egyptiens et pour les pays du Golfe.

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En quel sens l'Egypte est-elle une bombe à retardement ? L'Egypte ne produit rien et est à la limite de la capacité de survie, avec ses 80 millions d'habitants. C'est une société rentière, par la rente pétrolière, qui diminue, et par le tourisme. L'agriculture a été abandonnée, elle ne nourrit plus les Egyptiens. La moitié du blé consommé en Egypte est du blé français. Le pays ne peut pas satisfaire économiquement aux besoins de consommation de ses habitants. C'est un pays qui vit de subventions et d'aides internationales, en particulier des pays du Golfe. A charge donc pour l'armée de mettre un terme au danger que représentent pour les monarchies du Golfe, les Frères musulmans. Il y a une sorte d'obsession qui s'est développée en Arabie saoudite à l'encontre des Frères musulmans. Comment expliquez-vous cette obsession alors que pendant des décennies Riyad s'entendait très bien avec les Frères musulmans et les finançait même ? Pour Riyad, les Frères musulmans sont coupables d'avoir voulu jouer le jeu démocratique des élections aux présidentielles et aux législatives. Leur parti est devenu un parti comme les autres. La dimension re-

ligieuse du parti des Frères musulmans ne les sépare pas du reste de la population. Leur idéologie est très conservatrice moralement et socialement mais c'est une caractéristique de la société égyptienne, même chez les Coptes avec l'idée de patriarcat et d'ordre moral. Sur le plan économique, ce sont des libéraux, des adeptes de l'économie de marché et d'un rôle minimal de l'Etat. Pour autant, le soutien tacite des opinions occidentales après ce renversement et à présent face à la radicalisation du régime, peut surprendre ? Dans un premier temps, il y a eu un embarras. Parce qu'on voyait bien que les Egyptiens étaient soulagés. Morsi avait aussi mordu un peu la ligne jaune en matière de droit des femmes, des Coptes et des minorités. Il y a eu des craintes sur l'établissement d'un régime islamiste de type autoritaire. Les Egyptiens n'ayant rien dans leur assiette en ont eu assez de ce régime. Certains ont pensé que seuls les militaires pourraient rétablir la situation. Morsi est un peu secondaire dans cette affaire, même au sein de la hiérarchie des Frères musulmans. Il n'a été désigné candidat que parce que Khairat al-Shater a été écarté par la commission électorale égyptienne. Dans l'appareil des Frères, qui regroupe des libéraux et des conservateurs, c'est la vieille garde qui l'a emporté en imposant Morsi, lui même conservateur. La principale préoccupation des Egyptiens est de savoir ce qu'ils vont donner à manger à leurs enfants. Les craintes des retombées négatives d'une politique conservatrice sur le tourisme a aussi joué. La visibilité internationale a été un enjeu gâché par cette présidence. Il faut dire à sa décharge que Morsi n'avait pas tous les pouvoirs. Il ne maîtrisait ni la police, ni la justice, ni l'armée, ni l'administration. Il a trouvé les caisses à moitié vides, les pays du Golfe ne l'ont pas beaucoup aidé économiquement. Quant à l'armée, elle considère tout pouvoir civil en Egypte comme illégitime.

«L’armée considère tout pouvoir civil en Egypte comme illégitime.»

Elle a un rapport très paternaliste à la société égyptienne et se considère comme la seule force capable de gouverner le pays. Les Frères musulmans ont été déclarés «organisation terroriste» par l'Egypte et l'Arabie saoudite. Le Royaume-Uni a, de son côté ouvert, une vaste enquête contre eux sur son territoire. Craignezvous que d'autres pays comme la France s'alignent sur cette politique ? La crainte majeure des Occidentaux est que l'Arabie saoudite n'implose. Ce sera difficilement évitable car il y a des forces internes dans ce pays qui macèrent, qui rêvent de révolution et de faire tomber les Saoud qui n'ont aucune légitimité et qui n'accordent aucun droit à leur jeunesse et aux femmes. Cette politique de diabolisation des Frères musulmans est néanmoins terrible car l'Egypte va devenir une fabrique du terrorisme. On a un public qui a joué le jeu de la démocratie, mais cela se termine par un coup d'Etat à moitié applaudi. Le seul recours que ces jeunes frustrés vont avoir sera le terrorisme. Il existe déjà une insécurité en Egypte qui n'a jamais existé. Aujourd'hui, des armes circulent en Egypte. Le fait que l'Occident ait pointé du doigt les Frères musulmans est injuste. Il aurait mieux valu les soutenir et leur rappeler que la démocratie a des règles et que le régime de la majorité n'implique pas celui de faire n'importe quoi, et cela ils l'auraient entendu. L'Egypte est l'un des derniers pays où la France a une oreille. La position mifigue, mi-raisin de Paris est en train de gâcher cela.

683 Frères musulmans condamnés à mort en Egypte : les réactions d'Ankara

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Face aux condamnations à mort tombées en Egypte, la Turquie n'est pas restée silencieuse. Le président turc Abdullah Gül a en effet dénoncé ce lundi la décision de justice prévoyant la condamnation à mort de 683 personnes, la qualifiant d'«incompréhensible», «incroyable» et «impossible à accepter». «L'Egypte a besoin de stabilité, de paix et de développement économique rapide. J'espère donc que ces condamnations ne seront pas exécutées et que les prisonniers seront relâchés», a-t-il dit. Le ministère des Affaires étrangères a quant à lui affirmé que les condamnations étaient contraires aux principes juridiques universels, comme le droit à un procès équitable et le droit à la vie, en plus de porter atteinte à l'image de l'Egypte à l'international. «Dans le monde d'aujourd'hui, les peines de mort sont inacceptables», a noté le président du Parlement, Cemil Çiçek. Le vice-Premier ministre, Bülent Arinç, a appelé les Etats-Unis et l'Union européenne à élever sérieusement la voix à l'encontre des condamnations.


11 INTERNATIONAL

Tony Blair en guerre contre l'islam radical

L'ancien Premier ministre britannique a prononcé mercredi un discours à Londres dans lequel il appelle à une alliance sacrée des pays occidentaux, de la Chine et de la Russie contre l'extrémisme musulman qu'il qualifie de «menace majeure pour la sécurité internationale au XXIe siècle».

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L'union sacrée. En prenant la parole le 23 avril dernier dans la capitale du Royaume-Uni, Tony Blair a solennellement appelé les puissances du monde occidental à dépasser leurs divergences et leur hostilité envers des pays comme la Russie ou la Chine. Un appel justifié d'après l'ex-chef du gouvernement britannique par la menace et la dangerosité que l'islam radical ferait peser sur la sécurité du monde. «Quels que soient les autres problèmes qui pèsent sur nous, quelles que soient nos différences, nous devons être prêts à faire des efforts et à coopérer avec l'Est, notamment avec la Russie et la Chine», a déclaré celui qui est également l'envoyé spécial du Quartet au Proche-Orient, dans un discours publié par France 24. Tony Blair a porté une attention particulière au Proche-Orient, au Pakistan, à l'Afghanistan et à l'Afrique du Nord. Le Britannique a toutefois mis en garde contre tout amalgame entre islam et radicalisme. «La vision radicale qui déforme et pervertit le véritable message de l’islam se répand dans le monde […]. Cela déstabilise des communautés et même des nations. Cela sape la possibilité d’une coexistence pacifique dans une ère de globalisation. Nous peinons étrangement à admettre cette menace et nous restons impuissants pour la combattre avec efficacité».

POUR UN INTERVENTIONNISME AU MOYEN-ORIENT L'ancien Premier ministre a été très dur à l'encontre des diplomaties européennes dont il déplore la bétise, «l'absurdité» et l'incohérence sur ce sujet, une allusion à leur proximité avec certains pays qui alimenteraient l'idéologie extrémiste. Enfin, Tony Blair, dans une interview à la BBC, a réaffirmé qu'une absence d'intervention en Syrie, où 150 000 personnes ont été tuées, aura des conséquences. «Je sais quelles sont les conséquences d’une intervention mais si l’on prend le cas de la Syrie, vous ne pouvez que constater les conséquences d’une non-intervention, a-t-il souligné à la BBC. Nous en paierons très cher le prix» a-t-il affirmé. Ce n'est pas la première fois que Tony Blair se positionne pour un interventionnisme au Moyen-Orient. En 2003, Londres était aux côtés de Washington au moment de l'attaque et du bombardement massif de l'Irak, décrété sans mandat de l'ONU, et aux motifs fallacieux de possession par le régime de Saddam Hussein d'armes de destructions massives. Des révélations ont prouvé par la suite que les allégations américaines s'appuyaient sur de faux documents. D'après l'institut de sondage britannique Opinion research business, entre 2003 et 2007, l'embargo, les interventions militaires et les conflits qui en ont résulté ont provoqué la mort de plus d'un million d'Irakiens.

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12 FAMILLE&SANTE

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«Le monde n'a pas encore oublié la Deuxième Guerre mondiale que la Russie veut déjà déclencher la Troisième Guerre mondiale» C'est ce qu'a déclaré le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, lors d'un conseil des ministres retransmis en direct à la télévision.

Que faire quand votre enfant refuse de manger des légumes ? Si votre enfant, comme beaucoup d'autres, est réticent à avaler ses petits pois et carottes, ne baissez pas les bras : de nombreuses astuces existent pour développer le goût de votre enfant pour les légumes.

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C'est autour de 18 mois que l'enfant commence à rejeter la nourriture. Les scientifiques ont d'ailleurs trouvé un terme pour qualifier cette tendance qu'ont les enfants envers de nouveaux aliments : la «néophobie de la nourriture». Entre 2 et 6 ans, le rejet de certains aliments protège l'enfant des intoxications, mais malheureusement, les légumes sont souvent les plus rejetés. Pour certains chercheurs, le fait que l'enfant soit difficile pourrait être héréditaire. De plus, les enfants sont naturellement programmés pour rejeter l'amertume, présente dans les légumes et pouvant signaler la présence de composants toxiques dans les aliments. «Beaucoup de parents ne se rendent pas compte qu'il est normal que la plupart des enfants soient difficiles avec les légumes», affirme Gemma Mitchell, psychologue à l'université de Loughborough en GrandeBretagne. Pourtant, les légumes contiennent de nombreuses substances excellentes pour la santé en plus des vitamines et des minéraux, comme les nutriments essentiels qui réduisent les risques de cancers et de maladies cardiovasculaires. Voici quelques techniques recueillies au fil de différentes études qui pourront vous aider à lutter contre l'aversion des enfants pour les légumes :

PROPOSEZ DES LÉGUMES ACCOMPAGNÉS D'EAU Dans un article publié en mars dernier dans le journal Appetite, Bettina Cornwell, chercheuse à l'université de l'Oregon, montre que les enfants mangent plus de légumes s'ils boivent de l'eau pendant leur repas plutôt qu'un soda ou un jus de fruits. Cornwell a proposé à 75 enfants âgés de 3 à 5 ans une

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assiette de bâtons de carottes et de poivrons rouges accompagnés d'eau plate pour certains, d'une boisson sucrée pour d'autres. Les résultats sont impressionnants : les enfants qui avaient pris un repas accompagné d'eau ont mangé 35 % de légumes en plus. «Si vous prenez une boisson sucrée avec votre repas, vous ne pourrez pas sentir le goût sucré mais délicat d'une carotte», explique-t-elle.

N'ABANDONNEZ PAS, MÊME APRÈS PLUSIEURS REFUS Dans un article du même journal Appetite datant de 2013, Mitchell souligne que, parfois, il faut proposer jusqu'à 15 fois un nouvel aliment à son enfant avant qu'il ne l'accepte. La raison ? Sa néophobie typique : s'il ne reconnaît pas tel aliment, il n'aura pas confiance et ne le mangera pas. Mais beaucoup de parents ne persévèrent pas assez. Face aux grimaces, les parents abandonnent généralement après cinq tentatives. «Continuez à proposer de la nourriture, encore et encore», conseille Gemma Mitchell. «L'enfant n'est même pas obligé de manger. Lui montrer régulièrement l'aliment suffit», ajoute-t-elle. Laissez votre enfant jouer avec un brocoli, laissez-le le toucher, le sentir. S'il ne le mange pas, ne paniquez pas. Retirez son assiette. Et quelques jours après, reproposez-lui.

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NE FORCEZ PAS VOTRE ENFANT Les chercheurs disent que forcer les enfants à manger des légumes ou même un autre aliment, tend à déclencher des émotions négatives qui s'associeront avec cet aliment. D'après Mitchell, un simple «encore une bouchée» est problématique. D'après une enquête de 2006 menée par des cher-

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cheurs de la Pennsylvania State University et de l'Appalachian State University, quand les enfants de 3 à 5 ans sont constamment forcés à finir une soupe de légumes, ils développent plus d'aversion pour l'aliment que les enfants qui n'ont pas été forcés.

LES PORTIONS 4 AUGMENTEZ Cela peut sembler paradoxal, mais si

vous remplissez l'assiette de votre enfant avec des légumes, il en mangera plus. «Ce qui est vraiment efficace, c'est de proposer d'importantes portions de légumes au début du repas quand les enfants ont faim», dit Barbara Rolls, professeur en sciences de la nutrition à la Pennsylvania State University. Dans une expérience datant de 2010, Rolls et ses collègues ont montré qu'en doublant la quantité de carottes proposées à des enfants de maternelle, la consommation des légumes augmentait de 47 %. Donnez donc une salade à votre enfant avant le plat principal, celui-ci devant être proposé en quantité raisonnable.

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DÉGUISEZ LES LÉGUMES «L'une des stratégies les plus efficaces est la technique du légume déguisé, comme quand on propose des légumes en purée», explique Rolls. «La plupart des enfants se moquent de ce qu'il y a dans leurs aliments, tant qu'ils trouvent cela bon. Par exemple, le pain aux courgettes ou au potiron a plus de succès s'il contient beaucoup de légumes car cela le rend plus moelleux», dit-elle. Mettez des légumes râpés dans vos plats de pâtes ou dans vos hamburgers. Vous pouvez aussi proposer des légumes avec un assaisonnement ou une sauce que l'enfant connaît. Il aura alors

plus confiance, d'autant que le goût sucré du sucre ou du ketchup masque le goût amer des légumes.

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CRÉEZ DES ASSOCIATIONS POSITIVES «Quand un enfant est fâché, en général les parents lui proposent un biscuit. Les enfants apprennent vite : ils finiront donc par associer les biscuits avec le réconfort», précise Mitchell. Mais il est tout à fait possible d'en faire autant avec les légumes et de créer des associations positives, en proposant un bâton de carotte plutôt qu'un biscuit. Ce n'est pas leur tendre un piège, mais créer une association positive avec des aliments sains, note la chercheuse.

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AMUSEZ-VOUS Faites des formes rigolotes avec vos légumes, mettez autant de couleurs que vous souhaitez dans l'assiette et ne grondez pas votre enfant s'il ne mange pas proprement. En bref, laissez-le s'amuser avec la nourriture. Donner des noms sympathiques à vos plats peut aussi être une bonne idée. Une étude sur des enfants de primaire a montré qu'ils mangeaient deux fois plus de «carottes aux rayons X» que de simples «carottes». «Montrez-leur comment on fait pousser des aliments, même de simples petites herbes. Emmenez-les faire les courses et laissez-les choisir les légumes. Rendez-les actifs plutôt que de toujours leur demander de manger des légumes», suggère Rolls. Enfin, si rien de tout cela ne fonctionne pour votre enfant, attendez. Une étude de 2010 montre que la réticence alimentaire baisse avec l'âge.


13 CULTURE

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AGENDA CULTUREL

Islam des mondes

Feride et son copain Barkin partent quelques jours à la campagne avec leur co-locatrice. Mais la présence de Canan rend le voyage quelque peu mouvementé… Très vite, le cauchemar prend le pas sur la réalité. Un thriller d’Özgür Bakar (Turquie, 2014, 1h24, VOST).

UNE POPULATION MIXTE, RICHE ET INDUSTRIEUSE Mais surtout, quoique modeste, cette première communauté fera souche, multipliant les mariages avec les indigènes, et adoptant progressivement la langue et les usages locaux. Ailleurs sur la côte, la principauté de Sanjan (Sindân) est une cité portuaire florissante, comme le soulignent les géographes musulmans Ibn Khurradadhbih et Ibn

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«Le Gujarat a été une des premières régions d’Inde à être gagnée à l’islam» commerçants et, plus généralement, de migrants, elle a également attisé les convoitises de plus d’un conquérant, dont le sultan d’ascendance turque Mahmoud de Ghazni, qui lance une attaque victorieuse contre le temple de Somnath en 1024. Un siècle et demi plus tard, c’est Shihab ad-Din Muhammad Ghori qui, à deux reprises, tente, sans succès, de s’emparer du Gujarat. C’est finalement l’un de ses généraux turcs, Qutb al-Din Aybek, qui en 1197 remportera les premiers succès dans la région, avant de devenir le premier sultan de Delhi.

& à voir...

Recréer un monde meilleur Dans la forêt sèche du Nord du Pérou, après des décennies de déboisement intensif et d’exploitation minière, une communauté paysanne de 500 familles s’est déclarée «communauté écologique». Dans ses anciens territoires de chasse transformés en réserve des espèces menacées telles que l’ours à lunettes ou la pava aliblanca

ont pu ainsi être réintroduites. Les revenus de la réserve permettent à la communauté d’améliorer ses conditions de vie et de financer principalement le développement des écoles et des services de santé dans les hameaux. Les «comuneros», parfois au cours d’aventureux sauvetages d’ours, multiplient les rencontres avec

d’autres communautés, jusque dans les Andes amazoniennes, afin de créer un grand corridor biologique, entièrement géré par les populations locales. Le film suit l’incroyable épopée de ces paysans, déterminés à léguer à leurs enfants un monde meilleur, tout en apaisant les esprits du mont Chaparri...

Chaparri, les sept ours de la montagne sacrée, réalisé par Nathalie Granger-Charles-Dominique et André Charles-Dominique (documentaire, Pérou/France, 2013, 1h53). Prix Silver Snowflake, Festival international du film environnemental Sarajevo 2013. Sortie en salles le 7 mai.

CONFÉRENCE

Le 11 mai à 20h00 Casino de Paris 16, rue de Clichy 75009 Paris

Enfermé(e)s : politiques et vécus contemporains de la prison en Palestine et au-delà

En partant de l’incarcération en Palestine, il s’agit de retracer des expériences de la prison au MoyenOrient et dans les sociétés arabes. Elles sont marquées notamment par la centralité de l’emprisonnement politique. Par Stéphanie Latte-Abdallah, (CNRS-Ifpo). Le 6 mai à 18h00 EHESS 105, boulevard Raspail 75006 Paris

DOCUMENTAIRE

LA PREMIÈRE MOSQUÉE D’INDE Sa capitale historique, Ahmadabad (littéralement, «Ahmadville») est ainsi la première ville indienne qui soit l’aboutissement d’un projet urbanistique, en plein Moyen âge. Mais aussi, dit-on, le fruit d’un rêve. Au matin du 2 mars 1411, portant chacun une corde à la main, quatre Ahmed étaient réunis au bord du fleuve Sabarmati : un roi, Ahmad Shah Ier, et trois savants, shaykh Ahmad Khattu, qadhi Ahmad Jod et Malik Ahmad. A eux revenait le privi-

Hawqal. De 813 à 841 les souverains Fadl Ibn Mahan, Muhammad Ibn Fadl et Mahan Ibn Fadl Ibn Mahan y règnent sur une population mixte composée d’hindous et de musulmans. L’historiographe al-Mas‘udi, qui a visité Cambay en 915, rapporte que d’importantes communautés musulmanes vivaient dans les principales cités gujaraties (Cambay, Chembur, Thana, Sopara, Sanjan, Bharuch), où cette population riche et industrieuse avait édifié un grand nombre de mosquées sous le règne des princes hindous. Si la prospérité du Gujarat a suscité des siècles durant l’afflux de

Accompagné des membres fidèles de son groupe, Zülfü Livaneli jouera sur scène quelques-unes de ses œuvres mythiques, dont notamment «Ey özgürlük» (Oh Liberté), «Karli Kayin ormani» (La forêt de l’hêtre enneigé), «Yigidim Aslanim» (Mon héros, mon lion), «Gunes topla benim icin » (Ramène moi un peu de soleil), «Sevda degil» (Ce n’est pas de l’amour)…

Juifs et musulmans

Ce documentaire retrace 1400 ans d'Histoire, de la naissance de l'Islam au VIIe siècle en péninsule arabique à la seconde Intifada en passant par l'Empire ottoman, l'Andalousie, le Maghreb et Jérusalem. Les projections seront suivies d'un débat avec les auteurs du film et le réalisateur de l'animation. Les samedis 3 et 10 mai à 13h30 Studio Galande 42 Rue Galande 75005 Paris

EXPO PHOTOS

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lège de fonder symboliquement la nouvelle ville. Ahmad Shah Ier, sultan nouvellement couronné du Gujarat, avait en effet fait un songe : sa capitale devait être fondée par quatre personnes qui, de leur vie, n’avaient jamais manqué une prière, et qui, à l’instar du Prophète, répondaient au nom de «Ahmad»… Mais l’histoire islamique du Gujarat est plus ancienne encore. Plusieurs siècles avant sa conquête par le souverain turc ‘Ala ad-Din Khalji et son intégration au sultanat de Delhi, le Gujarat avait été, avec le Sind, une des premières régions d’Inde à être gagnée à l’islam. Dès 635, une expédition lancée sur Thana et Bhaurch par le gouverneur de Bahreïn avait abouti à l’installation d’une première colonie sur cette région côtière. Composée essentiellement de marins et de marchands d’origine sud-arabique ou persane, cette petite communauté édifiera la première mosquée d’Inde, une mosquée dont l’orientation vers Jérusalem (première qibla) souligne l’extrême ancienneté.

Zülfü Livaneli

Femmes palestiniennes de Naplouse

RENCONTRE

Mosquée de Sidi Sayed Jaali, Ahmedabad.

CONCERT

Le 4 mai à 12h45 Cinéma Odyssée 3, rue des Francs-Bourgeois 67000 Strasbourg

SEYFEDDINE BEN MANSOUR LILLE Sous la direction de Sharmina Mawani et Anjoom Mukadam, les éditions Rawat ont publié récemment un ouvrage collectif intitulé Globalisation, Diaspora and Belonging: Exploring Transnationalism and Gujarati Identity. A partir de l’expérience des Indiens du Gujarat, installés parfois depuis des siècles loin de leur Inde originelle, l’ouvrage examine la manière dont des facteurs tels que la langue, la culture, mais aussi le sentiment d’altérité dans un contexte diasporique globalisé, affectent et définissent le sentiment d’appartenance identitaire. Les Gujaratis sont aujourd’hui entre 65 et 75 milllions, dont trois millions environ vivent en diaspora, des Etats-Unis à l’Australie en passant par l’Afrique du Sud et le sultanat d’Oman. Si leur foyer d’origine, le Gujarat, compte aujourd’hui moins de 10 % de musulmans, il n’en fut pas moins un haut lieu de l’islam indien.

A lire

CINÉMA

Le Gujarat : haut lieu de l’islam indien

Ammar, l’ordre des djinns

Le culte des droits de l’homme

Une série photographique de Claire Goulois. Du 5 au 12 mai MJC Maison des Arts Place Robespierre 59450 Sin-le-Noble

La sacralisation implicite de la Déclaration des droits, credo révolutionnaire devenu républicain, pose la question de l’existence d’une forme de religion civile dans la République, en dépit de sa laïcité revendiquée. Une conférence-débat avec Valentine Zuber (EPHE) autour de son ouvrage Le culte des droits de l’homme. Le 6 mai à 19h30 Plateforme de Paris 72, rue Victor Hugo 93500 Pantin


OPINION14

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Question arménienne : des paroles et des actes Le chroniqueur ÖmerTaspinar commente le message de condoléances adressé par le Premier ministre turc aux petits-enfants des Arméniens victimes des évènements de 1915. Pour lui, ce message doit être accompagné de mesures concrètes, sous peine d'être taxé de stratégie politique.

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La semaine dernière, le Premier ministre Erdogan a, contre toute attente, présenté un message d'empathie et de condoléances aux Arméniens à l'occasion de l'anniversaire des événements de 1915 que ÖMER TASPINAR l'Occident qualifie généralement de génocide. Ce message de condoléances était un petit pas pour les personnes qui attendent de la Turquie qu'elle reconnaisse les événements de 1915 comme

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«Il est difficile de considérer Erdogan comme un autocrate typique» un génocide et qu'elle présente des excuses claires. Pourtant, ce qu'on doit reconnaître, c'est que même un geste aussi limité

est un pas énorme pour un leader qui n'est pas connu pour son engagement envers la démocratie libérale, la tolérance et la liberté d'expression. Alors pourquoi Erdogan a-t-il fait ce pas inattendu qui a surpris à la fois ses amis et ses ennemis ? Avant de répondre à cette question, il faut se rappeler que ce n'est pas le seul paradoxe de la situation turque actuelle. Le même leader autoritaire est également le premier leader turc à avoir accepté de négocier avec le PKK et qui semble prêt à adopter des mesures majeures pour résoudre le problème kurde. Il est donc difficile de considérer Erdogan comme un autocrate typique.

LIMITER LES DOMMAGES Comme pour la question kurde, certains verront une mesure de façade, stratégique et creuse dans ce geste d'Erdogan envers les Arméniens. Après tout, la Turquie est sous la pression de l'Occident pour la fermeture de Twitter et

YouTube et l'image du pays au niveau international en a pris un sacré coup à cause des journalistes emprisonnés et des affaires de corruption. On peut donc aussi voir dans le geste d'Erdogan une tentative pragmatique pour limiter les dommages. Certains ont déjà prévu qu'un Erdogan ciblé par les critiques en Turquie, puisse prendre des mesures inattendues en politique étrangère – une ouverture à Chypre, un geste envers l'Arménie, une normalisation avec Israël – pour apaiser les critiques occidentales. Bien évidemment, si la Turquie réussit à prendre toutes ces mesures, on pourra à ce moment-là dire qu'elles sont un changement politique majeur plutôt que des mesures de façade.

S'ÉLOIGNER DU NATIONALISME TURC Pourtant, même si vous pensez qu'Erdogan n'est pas sincère dans ces gestes de politique étrangère, on doit reconnaître qu'il est capable de s'identifier au

statut de victime. Après tout, il avait adopté un discours similaire en s'appuyant sur le fait d'être musulman pieux sous l'hégémonie kémaliste laïque. Dans le contexte kurde, les dynamiques sont plus ou moins les mêmes. Nous pourrions assister à une coalition de musulmans pieux et de Kurdes prenant leur revanche sur les cercles kémalistes. Une telle approche implique naturellement de prendre de la distance par rapport au nationalisme turc. Si Erdogan peut s'éloigner du nationalisme turc, cela ne l'aideraitil pas à éprouver de l'empathie pour les victimes arméniennes de ce nationalisme turc ? Il est trop tôt pour le dire. Erdogan l'autocrate peut dire des choses surprenantes sur les fronts kurde et arménien. Mais de telles paroles doivent être accompagnées d'actes et de mesures concrètes, comme l'ouverture de la frontière avec l'Arménie et la création de relations diplomatiques. o.taspinar@todayszaman.com

Le néo-ottomanisme est un anachronisme -

Edité par : Source SARL 2, boulevard Saint Martin 75010 PARIS Directeur de la Publication: HUSEYIN KARAKUS Directeur Général de Zaman France et Directeur des rédactions: EMRE DEMIR Rédacteur en chef adjoint: FOUAD BAHRI Directeur Administratif: FAHRETTIN TEKIN Directeur des ressources humaines: AKIF SAMETOGLU Responsable Commercial: MEHMET SELVI Service Abonnement: CELINE GOKSU Secretaires de Rédaction: FARIDA BELKACEM SELIM BEDER Traduction: CLEMENTINE RAYNAUD Correspondant Presse Alsace: MEHMET DINC Correspondant Presse Ile de France: OSMAN USTA VEDAT BULUT FERHAN KOSEOGLU Infographie: NICOLAS VINCENEUX MUHAMMED SAHIN Redacteurs Web: AYSEGUL ZORLU SUHEDA ASIK Service informatique: HASAN OZCELIK Imprimerie : L IMPRIMERIE 79 Route De Roissy 93290 Tremblay En France Adresse : 2 Boulevard Saint-Martin 75010 PARIS Tel : 01 42 00 19 36 Faks : 01 42 00 19 58 info@zamanfrance.fr www.za­manfrance.fr - www.zamanfransa.com no CPPAP : 1117 I 90032 - ISSN 1869-5795 Tarif abonnement annuel France : 120€

L'Empire ottoman a régné sur trois continents et a contrôlé une vaste zone géographique qui s'étendait des Balkans au Yémen et de la Crimée à l'Afrique centrale. Ce que n'ont pas compris les grandes figures de l'AKP, ALI BULAÇ c'est que la «période de transition» entre l'ère ottomane classique et l'ère républicaine moderne a entraîné la rupture de la façon dont les musulmans se voient les uns les autres dans la culture politique.

L'ETAT-NATION MODERNE ET LE SENTIMENT D'APPARTENANCE Dans les Etats classiques, les communautés n'ont eu aucun problème à s'attacher ou à adhérer à une dynastie – les Omeyyades, les Abbassides, les Seldjoukides, les Séfévides ou les Ottomans. Mais parce que dans l'Etat-nation moderne, le sentiment d'appartenance s'exprime par un attachement à une race ou à une nation,

chaque nation ou communauté adopte naturellement et inévitablement une autorité. Malgré leur attachement à la dynastie ottomane, les Kurdes ont eu des problèmes majeurs avec la République de Turquie. Le point de rupture de la période de transition entre les ères ottomane et républicaine est représenté par le Comité Union et Progrès (les Jeunes-Turcs, dont les chefs ont planifié une rébellion contre le sultan Abdülhamid II, planifié les évènements de 1915 et mis en oeuvre la turcisation de l'Anatolie, ndlr). Mais associer l'ère ottomane à la mentalité des Jeunes-Turcs est injuste et nuisible à la mentalité musulmane et à la perception de la communauté musulmane.

EN FINIR AVEC LA MENTALITÉ DES JEUNES-TURCS Peu importe notre inclination religieuse ou politique, nous sommes incapables de nous débarrasser de cette mentalité pro-CUP. Les Iraniens, Arabes et Kurdes sont consi-

dérés comme des frères en islam, mais pas comme des partenaires égaux. Nous ne pardonnons pas l'Iran car historiquement, le pays ne s'est pas incliné devant l'Empire ottoman. Certaines figures interprètent encore la situation actuelle à la lumière de l'affrontement entre Ottomans et Séfévides. Les Kurdes vivent dans une zone tampon entre la région anatolienne et les Arabes depuis l'époque du sultan Sélim Ier. Ils ont soutenu l'Empire ottoman dans leur lutte contre les Séfévides. Mais ils sont finalement considérés comme des sujets qui se sont soumis au régime ottoman. De ce point de vue, les Arabes sont restés sous le régime ottoman pendant quatre siècles. Ce qui nous mène à penser que la Turquie doit devenir un leader dans la région, comme si c'était le rôle qu'elle devait jouer.

LES ILLUSIONS DU NÉO-OTTOMANISME Les groupes religieux ne s'opposent pas à l'idée de la ummah. Mais ils se demandent : «Est-ce que vous parlez d'une ummah

sous l'égide de la Turquie ? L'argument donné c'est que la Turquie a une forte tradition étatique. Mais l'Iran et l'Egypte ont eux aussi beaucoup d'expérience dans le domaine de la gouvernance. Dans la nouvelle ère, tous les Etats sont les mêmes. La version originale de ce qu'on a aujourd'hui est l'Etatnation moderne, tel que le conçoit l'Occident. Les Etats non occidentaux, Turquie incluse, sont les copies de cette forme originale. Le prophète Muhammad appelle les musulmans à obéir à un dirigeant même s'il s'agit d'un homme ordinaire, tant qu'il adhère aux dispositions et aux préceptes islamiques. Au début du 21e siècle, nous avons développé un projet, le néo-ottomanisme, qui a fait froncer beaucoup de sourcils. Nous avons dit que nous garderions le contrôle de la zone où l'Empire ottoman dominait avant 1911. C'est en fait une nouvelle forme d'activisme CUP, mais qui prend désormais le nom de néo-ottomanisme. a.bulac@todayszaman.com


15 SPORT

Fenerbahçe décroche son e 19 titre de champion de Turquie Le club stambouliote Fenerbahçe a décroché son 19e titre de vainqueur du championnat de Turquie après un match nul contre Çaykur Rizespor ce dimanche, s'assurant le trophée trois semaines avant la fin de la saison.

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Le match contre Rizespor a eu lieu devant 50 000 femmes et enfants âgés de moins de 12 ans, les hommes ayant été interdits d'y assister après des mouvements de foule. Cela n'a toutefois pas empêché des milliers de fans de descendre dans les rues pour célébrer la victoire du club sur fond de feux d'artifice qui étaient tirés au-dessus du détroit du Bosphore.

«UNE GRANDE VICTOIRE POUR TOUT LE CLUB» Le rival de Fenerbahçe, Galatasaray, l'a emporté 1-0 contre Elazigspor, le laissant à 12 points d'écart du club vainqueur. «C'est vraiment un moment spécial de ma vie. C'est une grande victoire, non seulement pour moi mais pour tout le club. Nous vivons un moment très fort après tout ce qu'a vécu le club», a déclaré l'un des attaquants de Fenerbahçe, Dirk

Fenerbahce fait match nul contre Çaykur Rizespor, décrochant ainsi le titre de champion de Turquie.

Kuyt. Quant au président du club stambouliote, Aziz Yildirim, il pourrait retourner en prison étant donné que son appel contre des accusations de trucage de matches a été rejeté par la Cour de cassation ce mois-ci. L'entraîneur de l'équipe, Ersun Yanal, s'est assuré le titre grâce au jeu exceptionnel des attaquants Emmanuel Emenike et Moussa Sow. «Je suis très fier de l'équipe et remercie tout le monde, surtout notre président» a déclaré Yanal devant les journalistes.

Trois Ethiopiens en tête du semi-marathon d’Istanbul -

Les Ethiopiens ont une nouvelle fois laissé leurs marques, à l'occasion du semimarathon d'Istanbul, qui a eu lieu dans les quartiers historiques ce dimanche 27 avril. En tout, 5 000 personnes ont participé au semi-marathon Vodafone d'Istanbul, ouvert aux coureurs âgés d'au moins 16 ans. Fetene Alemu Regasa a pris la première place après avoir parcouru 21,1 kilomètres entre le quartier Eyüp et le quartier Yenikapi sur la péninsule historique d'Istanbul. Coté femmes, deux Turques ont pris la tête du peloton : Bahar Dogan et Mehtap Sizmaz. Le semi-marathon est organisé en hommage aux quartiers historiques d'Istanbul qui subissent actuellement d'importants projets de transformation urbaine.

RÉSULTATS DU MARATHON : 21,1 KM HOMMES Fetene Alemu Regasa (Ethiopie) 1h 05m 20s Sulti Gure Timbre (Ethiopie) 1h 05m 47s Kefyalew Deja Burise (Ethiopie) 1h 06m 03s 21,1 KM FEMMES Bahar Dogan (Turquie) 1h 16m 33s Mehtap Sizmaz (Turquie) 1h 17m 20s Berger Stephanie Lynn (Etats-Unis) 1h 24m 33s 10 KM Ömer Aslan (Turquie) 34m 30s Mehmet Boztepe (Turquie) 34m 50s Ahmet Tek (Turquie) 36m 19s

2 - 8 MAI 2014 ZAMAN FRANCE


Alerte sécurité sur un vol australien : il a pris le cockpit pour des WC -

Le passager australien qui a provoqué vendredi une alerte à la sécurité à bord d'un avion de ligne de la Virgin Australia à destination de Bali a confié à la police indonésienne avoir confondu la porte du cockpit avec celle des toilettes.

DES COUPS SUR LA PORTE Le commandant de bord du vol Brisbane-Bali a alerté les autorités de l'aviation civile d'une possible tentative de détournement lorsqu'il a entendu une série de coups portés sur la porte sécurisée du poste de pilotage. La procédure d'urgence a alors été mise en oeuvre à l'aéroport de Bali, avec déploiement de forces de sécurité. Mais le passager à l'origine de l'alerte, Matt Lockley, maîtrisé par des membres de l'équipage puis arrêté par la police indonésienne, a expliqué que, pris d'une envie pressante, il s'était mis à tambouriner sur la porte du cockpit en pensant qu'elle menait aux toilettes du Boeing 737-800. Des analyses sanguines ont montré qu'il avait avalé plusieurs calmants. La police avait initialement indiqué qu'il était sous l'emprise de l'alcool.

Le Venezuela recycle ses voitures pour construire des logements Le Venezuela a inauguré mardi le recyclage des voitures et bicyclettes vouées à la destruction pour pallier la pénurie d'acier dans le pays. «Nous avons envoyé 10 485 automobiles, 9 651 motocyclettes et 539 bicyclettes à l'industrie sidérurgique nationale», a déclaré Maria Martinez, vice-ministre de la Justice, durant une visite dans une casse de la périphérie de Caracas. Ce métal recyclé, a-t-elle expliqué, servira à fabriquer des fers à béton pour la construction de dizaines de milliers de logements sociaux, l'un des derniers grands projets lancés par le défunt président socialiste Hugo Chavez, mort en mars 2013. La production de barres d'armature au Venezuela est tombée en mars 2014 à 8 796 tonnes, son plus bas niveau mensuel en 18 mois, contre 46 051 tonnes en mars 2013. Le premier groupe sidérurgique du pays, Sidor, a été privatisé en 1997 puis renationalisé par Hugo Chavez en 2008 à l'issue d'une année de grèves à répétition. Sa production a touché en 2012 son plus bas niveau en 16 ans, à 1,5 million de tonnes, pour une capacité de production théorique de 5 millions.


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