Fr n°315

Page 1

Bouchareb met en scène le duel Whitaker/Keitel

Sétif, l’autre 8 mai 1945

CULTURE12

SOCIETE05

Selçuk Aydin à la conquête du monde SPORT15

16 - 22 MAI 2014 N° 315 Prix : 2,5 €

WWW.ZAMANFRANCE.FR

LA TURQUIE EN DEUIL Nilüfer Göle obtient la Légion d’honneur -

La célèbre sociologue turque a reçu la Légion d’honneur des mains de son maître Alain Touraine, le grand nom de la sociologie française et père de l’actuelle ministre des Affaires sociales Marisol Touraine. C’est à la Maison des sciences de l’homme dite Maison Suger que la cérémonie a été organisée, lundi 12 mai 2014. -SAMI KILIÇ FRANCE 03

TURQUIE 07 Couac au Conseil d’Etat : Erdogan claque la porte TURQUIE 08 Ankara ne paiera rien à la CEDH

La Turquie déplore un énième drame minier. Un transformateur électrique a explosé dans une mine de charbon à Soma, dans la ville de Manisa. Les dysfonctionnements, les coups de grisou, les incidents, tout cela n’est malheureusement pas une exception en Turquie.

-

Le bilan du drame de la mine de Soma continue de s’alourdir à la date du mercredi 14 mai où sont rédigées ces lignes. Le Premier ministre turc Erdogan vient d’annoncer qu’il s’élevait désormais à 238 morts et 80 blessés. Il a ajouté que 120 mineurs étaient toujours bloqués. L’incendie qui s’est déclaré mardi dans la mine continue de faire rage en sous-sol, selon des mineurs ramenés en surface par les secouristes. -TURQUIE 06

Y a-t-il eu négligence des autorités ?

EDITO SAMI KILIÇ

Soma : une catastrophe annoncée -02

-

Selon le journal Aksam, le Conseil d’Inspection de l’Etat (DDK), la plus haute autorité de contrôle de la République turque directement liée à la présidence de la République, avait produit un rapport critique en 2011 sur la situation des mines en Turquie. «Des lacunes flagrantes ont été relevées au niveau de l’évaluation des mesures systématiques concernant la gestion de la sécurité et de la santé au travail ainsi que la prévention des risques», indique le rapport. -TURQUIE 06

INTERNATIONAL 10 Les autorités de l’islam condamnent Boko Haram

Paradoxes birmans FOUAD BAHRI PARIS

Le Myanmar est de retour sur la scène diplomatique. Tout un symbole. Un retour en grâce après un long boycott établi contre ce pays de généraux, accusé d’être un régime dictatorial, répressif, et accessoirement l’un des épicentres du trafic d’opium. Pourtant, paradoxe de cette nouvelle ère de changement de la société birmane, cette normalisation s’accomplit à un moment de son histoire où la répression à l’encontre de la minorité musulmane Rohingya a été la plus violente. INTERNATIONAL 10

Zaman Okur Hattý: 01 42 00 19 36


02 FRANCE

Royal brise l’unité gouvernementale au nom de sa «liberté»

EDITO SAMI KILIÇ

Soma : une catastrophe annoncée La Turquie déplore un énième drame minier. Un transformateur électrique a explosé dans une mine de charbon à Soma, dans la ville de Manisa. Mais cette fois-ci, le bilan est lourd: 787 mineurs sont restés bloqués sous terre, au moins 232 y ont laissé la vie. Les dysfonctionnements, les coups de grisou, les incidents, tout cela n’est malheureusement pas une exception en Turquie. Depuis 1940, 3000 mineurs ont perdu la vie dans des conditions effroyables. La nation, endeuillée, s’est mobilisée pour apporter de l’aide et du réconfort aux blessés et aux proches des victimes. Les élégies se confondent avec les prières, les cris de joie se mélangent aux cris de douleur. C’est le paradoxe des grandes catastrophes : l’accablement et le soulagement vont de pair, on s’attriste pour les morts, on se réjouit pour les survivants. Et on soupire, surtout. Les interrogations commencent à émerger : à qui la faute ? Aux réglementations, à la recherche du profit, aux procédures, certes, mais surtout, la faute à l’indifférence, cette mauvaise manie qu’ont les autorités turques de remettre à plus tard ce qui doit être fait tout de suite. Un rapport du Conseil d’Inspection de l’Etat (DDK) qui est la plus haute autorité de contrôle de Turquie, dénonçait déjà en 2011 les carences liées à l’exploitation des mines. Les conditions de travail sont déjà loin d’être reluisantes en Turquie, le travail dissimulé est une réalité de l’économie souterraine. D’ailleurs, les rumeurs courent déjà sur la présence de mineurs de moins de 18 ans. Et au milieu de tout cela, les hommes politiques en sont encore au crêpage de chignon. C’est la rhétorique habituelle, l’opposition fustige la désinvolture de la majorité, le gouvernement se précipite pour s’auto-proclamer innocent. Le Premier ministre, Tayyip Erdogan, a été jusqu’à dire que «les accidents de travail existent, ça arrive, c’est dans l’ordre naturel des choses» ! La polarisation est telle que certains journalistes n’ont pas hésité à relever une «coïncidence» avec la date anniversaire des manifestations de Gezi ! Il est temps de panser les blessures et de rendre des comptes. Il est inutile d’appeler qui que ce soit à la démission, cette pratique n’existe pas en Turquie. Rappelons seulement le principe. Dans Germinal, Zola faisait dire à un mineur : «Nous sommes donc venus vous dire que, crever pour crever, nous préférons crever à ne rien faire. Ce sera de la fatigue de moins…». Le respect de la dignité humaine est un impératif, voilà ce qu’il ne faut pas perdre de vue. s.kilic@zamanfrance.fr

16 - 22 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

Moins de deux mois après sa nomination au ministère de l’Ecologie, Ségolène Royal fait valoir une liberté de parole en contradiction avec la cohésion voulue par Manuel Valls, n’hésitant pas à critiquer ouvertement le tandem de Bercy.

-

L’ancienne présidente du PoitouCharentes s’est confiée au journal Paris Match.

La candidate socialiste à la présidentielle de 2007, qui s’était d’abord astreinte à une relative discrétion après l’élection en 2012 de François Hollande avait commencé à distiller l’an dernier ses critiques à l’encontre du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, à mesure qu’enflaient les rumeurs sur son entrée au gouvernement. Soumise à un strict code de conduite dicté par Manuel Valls après sa nomination à Matignon afin d’en finir avec la cacophonie qui marqua l’ère Ayrault, la numéro trois du gouvernement revendique aujourd’hui sa liberté et son indépendance et assure qu’on ne la musèlera pas. La cohésion gouvernementale mise en avant jusqu’à présent avec un certain succès par le nouveau Premier ministre, qui avait plaisanté en avril sur l’opportunité d’un «logiciel anticouacs», s’en trouve ébranlée. Dans un article à paraître jeudi dans Paris Match, la ministre dénonce les «boules puantes», la «condescendance», le «mépris», selon elle, de certains de ses collègues au gouvernement, et s’offusque des «procès en incompétence» qui lui seraient faits au sein d’une classe politique «majoritairement composée de machos sûrs de leur bon droit».

L’UNANIMISME DE L’EXÉCUTIF FRANÇAIS Elle assure être en «phase politique» avec François Hollande et qualifie de «fluides» ses relations avec le chef de l’Etat. «Je fais mon travail. Le reste, je m’en fiche. Je n’ai pas de temps à perdre», souligne Ségolène Royal. «Je suis à ce poste parce que je suis compétente. Peut-être même la plus compétente». En contrepoint, elle s’en prend ouvertement à Michel Sapin sur

l’écotaxe et à Arnaud Montebourg sur le dossier Alstom. Persistant dans son refus d’imposer une «écologie punitive» aux Français sous la forme d’une taxe sur les poids lourds, solution défendue notamment par le ministre des Finances et une mission parlementaire, elle accuse Michel Sapin de duplicité. «Michel Sapin a une position institutionnelle qui colle, comme par hasard, à celle de la commission parlementaire présidée par le député Jean-Paul Chanteguet, dont il est le suppléant. Ce qu’il m’avait caché. Il a fallu que je le découvre par hasard», explique-t-elle. Sur Alstom, Ségolène Royal fissure l’unanimisme de l’exécutif français, qui pousse l’offre de reprise de Siemens pour les activités énergie face au projet de General Electric, en plébiscitant la proposition du groupe américain. «General Electric est une très bonne opportunité pour Alstom. C’est le meilleur projet industriel. Pourquoi ne pas le dire? Et pourquoi vouloir systématiquement faire fuir les investissements étrangers?», dit-elle dans Paris Match.

«OUI, JE PARLE» La ministre, qui est également chargée du Développement durable et de l’Energie, a ajouté à la confusion en déclarant mercredi matin sur son compte Twitter que «le projet franco-allemand progresse bien» à la suite d’une rencontre entre le PDG de Siemens, Joe Kaeser, et Arnaud Montebourg. «Ceux qui veulent me museler se trompent. Oui, je parle. C’est ma liberté et je la garderai quoi qu’il arrive», poursuit-elle. «Et si j’ai envie de dire autre chose que ce qui est convenu, je le dirai», affirme l’ancienne présidente du Poitou-Charentes dans Paris Match. PHOTO DE LA SEMAINE

Los Angeles, le dimanche 11 mai 2014. La mobilisation #BringBackOurGirls a été forte dans de nombreuses villes aux Etats-Unis pour les jeunes filles enlevées au Nigéria par la secte Boko Haram.

...ET UNE MAUVAISE

UNE BONNE...

Selon l’OMS, l’alcool à l’origine d’un décès toutes les dix secondes

Environ 650 000 ménages seront exonérés de l’impôt sur le revenu cette année grâce à la revalorisation de son barème le plus bas qui sera introduite lors du collectif budgétaire de juin, a annoncé dimanche Manuel Valls. Le gel du barème de l’impôt sur le revenu, décidé sous le mandat de Nicolas Sarkozy et prolongé après l’arrivée au

Les statistiques parlent d’elles mêmes pour décrire ce fléau. Chaque année 3,3 millions de personnes meurent dans le monde. L’alcool tue plus que le sida, la tuberculose et la violence réunie, soit à l’origine d’un décès sur 5. C’est ce que révèle un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ce lundi. Si l’institution craint une augmentation de la consom-

pouvoir de François Hollande en 2012, avait rendu redevables de l’impôt sur le revenu de nombreux ménages modestes jusqu’alors exonérés, participant au «ras-le-bol fiscal». «Il y a à peu près 650 000 ménages qui sont rentrés de nouveau dans l’impôt et qui doivent en sortir», a déclaré le Premier ministre, invité du journal de TF1.

mation, ce sont encore une fois les jeunes qui sont les plus frappés par ce phénomène. 320 000 personnes personnes âgées de 15 à 29 ans meurent chaque année de causes liées à l’alcool, soit 9 % de la mortalité totale dans ce groupe d’âge. Les pays les plus riches, la Russie en tête, sont les plus concernés. En France, la consommation d’alcool, est de 12 litres par an et par personne, soit un taux deux fois plus élevée que la moyenne mondiale.

NOUVELLE

650 000 ménages sortiront de l’impôt sur le revenu


03 FRANCE

16 - 22 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

Nilüfer Göle devient chevalier de la Légion d’honneur La célèbre sociologue turque a reçu la Légion d’honneur des mains de son maître Alain Touraine, le grand nom de la sociologie française et père de l’actuelle ministre des Affaires sociales Marisol Touraine. C’est à la Maison des sciences de l’homme dite Maison Suger que la cérémonie a été organisée, lundi 12 mai 2014. SAMI KILIÇ PARIS L’immigrée turque la plus atypique qui reçoit la plus haute décoration française. Nilüfer Göle, professeur de sociologie, a donc rendu des «mérites éminents à la Nation». Nation française, s’entend. Celle qui a gravé son nom dans l’histoire des sciences sociales se présente comme une immigrée comme les autres, ceux qui ont dû apprendre la langue et la culture françaises à leur arrivée en France. Sauf que, née dans une famille de l’élite républicaine, elle est petite-fille de président de la Cour de cassation, fille de député (son nom vient de la ville rattachée jadis à la province de Kars, Göle), nièce d’un professeur de droit et d’un professeur de médecine et sœur d’un professeur de droit qui est le président de la plus prestigieuse faculté de sciences politiques de Turquie, la renommée Mülkiye (l’équivalent de l’ENA). La maison Bozer, du nom de sa lignée maternelle, a été son premier laboratoire de sociologie.

La sociologue Nilüfer Göle entourée de Güler Sabanci et de son oncle Ali Bozer.

-

UNE FÉCONDE SINGULARITÉ Et c’est bien cette singularité qui a nourri ses travaux. Issue d’une famille «dévouée aux principes de la laïcité et de la nation», elle a travaillé sur «les phobies de la République». «Je me suis intéressée à la face sombre de la République, à ceux qu’elle avait mal intégrés, assimilés de force, annihilés ou tout simplement niés», dit-elle. Göle est arrivée en France sans être passée au préalable par les écoles francophones, elle a tout appris ici, sur le terrain et auprès de son directeur de thèse, Alain Touraine. Le choix de la France n’a pas été si naturel, la mode de l’époque était à l’école anglophone, le ministère de l’Education va jusqu’à la décourager de venir en France «de peur de devenir communiste»... DES TRAVAUX ÉMINENTS SUR L’INTERCULTURALITÉ Après avoir enseigné en Turquie pendant de nombreuses années, Göle devient directrice d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS). «En venant en France, je pensais laisser derrière moi les débats récurrents sur la laïcité et le voile mais je me suis retrouvée de nouveau au milieu des débats aussi passionnels sur le voile et la laïcité en France», explique-t-elle. Et tant mieux puisqu’elle a cette capacité d’expliquer l’Orient à l’Occident de manière dépassionnée. Ses travaux sur la présence de la religion dans l’espace public, sur la modernité alternative au sein de l’Europe et sur la diversité mariée à l’universalisme deviennent des classiques. Dans son discours, Alain Touraine a été on ne peut plus élogieux : «Il me semble que vous êtes en avant du premier rang de cette grande tâche collective et tout à fait nouvelle dans l’étude des rencontres entre les cultures», a-t-il dit avant de délivrer le plus bel hommage que peut faire un maître à son disciple : «Votre

plus grand mérite, c’est d’avoir écarté fermement et définitivement les formulations inadaptées ou même dangereuses des relations interculturelles. Vous occupez une place en France, dans votre pays et dans l’ensemble des sciences sociales. Ce que vous pensez, ce que vous écrivez a une grande importance pour nous car vous ne défendez pas un camp contre un autre, vous cherchez les conditions qui permettent aux rencontres entre les cultures non pas de déboucher sur la guerre mais de faire reculer des deux côtés le rejet de l’autre et de faire de la rencontre de l’autre un moyen de dépasser toutes les obsessions de l’identité». «C’est parce que vous êtes si magnifiquement turque à Paris que vous êtes si française et que les Français ont tant besoin de vous pour se protéger d’un provincialisme défensif et d’une autocritique destructrice», a-t-il terminé avant de lui remettre la Légion d’honneur.

L’AFFLUENCE DE L’ÉLITE TURQUE Nilüfer Göle, émue, a estimé que c’était «un grand privilège d’être comprise et commentée par Alain Touraine». «C’est très émouvant que votre professeur vous remette cette décoration» nous a-t-elle confié, «en tant que Turque, je suis fière d’être reconnue en France, je n’ai pas reçu cette distinction pour renforcer les relations inter-étatiques, mais pour mes recherches universitaires. Je ne fais pas de politique, en tant qu’intellectuelle, je parle des sujets qui concernent le public, et le fait que mon professeur ait si bien compris et résumé mes travaux, c’est un honneur», a-t-elle poursuivi. Les grands noms du monde intellectuel et économique turc ne l’ont pas laissée seule. Güler Sabanci, la patronne d’une des plus grandes holdings turques, a rappelé que Göle était une amie proche et qu’elle méritait amplement cette décoration. Riva Kastoryano, professeur de sociologie à Sciences Po, a reconnu «un discours qui est en droite ligne avec sa vie et son œuvre». Asaf Akat Savas, l’époux de Göle et professeur d’économie, a relevé la cohérence de son cheminement : «Elle est un exemple de ce qu’elle décrit dans son livre Interpénétrations avec une dimension multiculturelle qui la caractérise». Etaient également à ses côtés, le politologue Cengiz Aktar, le romancier Nedim Gürsel, le légendaire journaliste Hasan Cemal, l’ambassadeur de Turquie Hakki Akil. Son oncle, Ali Bozer, 89 ans, ancien ministre des

Alain Touraine a prononcé un discours élogieux à propos de Nilüfer Göle.

Affaires étrangères qui a déposé la candidature de la Turquie à la CEE en 1987, a également fait le déplacement. «J’ai moimême la Légion d’honneur, c’est un plaisir supplémentaire que de partager cette faveur avec ma nièce», nous a-t-il livré. C’est donc la consécration d’un travail de passeur que seule une grande intellectuelle comme Nilüfer Göle pouvait mener. Mais comme elle l’a relevé à la fin de son discours, passer «de la maison Bozer à la maison Suger» n’a pas été une mince affaire. Impossible n’est vraiment pas français...

Quai d’Orsay : un ex-ambassadeur se plaint de discriminations -

«Au Quai [d’Orsay], on se tait pour faire carrière, j’ai décidé de parler en le quittant» déclare Zaïr Kédadouche.

Un ancien ambassadeur de France en Andorre a porté plainte pour discriminations au sein de l’administration du ministère des Affaires étrangères, rapporte mardi France Info. Zaïr Kédadouche, qui a démissionné de son poste le 1er avril, a aussi écrit à François Hollande pour dénoncer des comportements racistes et discriminants dont il se dit victime, poursuit la radio, qui publie sa lettre sur son site internet. Joint par Reuters, le ministère des Affaires étrangères n’a pas souhaité faire de commentaire dans l’immédiat. Cet ancien footballeur professionnel, passé par plusieurs ministères, dit avoir rencontré «le racisme le plus abject et ressenti l’humiliation de ne pas

faire partie de la même classe sociale» au Quai d’Orsay. Dans sa lettre au président, écrite le 5 mars dernier, Zaïr Kédadouche dit démissionner «au nom des valeurs de la République que le Quai d’Orsay a bafouées». «À ce jour, malgré un discours positif de ma hiérarchie, je n’ai obtenu aucune réparation», regrette-t-il, évoquant une «affaire de discrimination qui dépasse largement (son) cas personnel.» «Au Quai, on se tait pour faire carrière, j’ai décidé de parler en le quittant.» Zaïr Kédadouche s’était dans un premier temps tourné vers le Défenseur des droits, avant de saisir le procureur de la République. Si sa plainte n’aboutit pas, il ira jusque devant la Cour européenne des droits de l’homme, prévient-il.


04 SOCIETE

‘‘

16 - 22 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

«L’UMP me doit 120 000 euros» Selon Christine Boutin, présidente d’honneur du Parti chrétien démocrate et interrogée sur le Talk Orange-Le Figaro, l’UMP doit encore lui payer 120 000 euros sur les 800 000 obtenus pour sa non-participation aux dernières élections présidentielles.

ÉLECTIONS EUROPÉENNES

«L’austérité, le chômage et les retraites, ce scrutin peut tout changer» Dans le cadre d’une réunion organisée par la Plateforme de Paris le 7 mai, Zaman France a rencontré l’euro-député Patrick le Hyaric. Le communiste qui brigue un second mandat, revient pour nous notamment sur les enjeux des élections européennes qui auront lieu le 25 mai.

MAHMUT SARP PARIS Quels sont les principaux enjeux de ce scrutin d’après vous ? Le principal intérêt de ces élections c’est que le peuple a le pouvoir de changer les politiques qui le font souffrir. L’austérité, le chômage, la question des retraites et bien d’autres choses encore, ces élections peuvent tout changer. De nouveaux choix sont offerts aux citoyens, répartir les richesses plus justement, défendre les systèmes publics, rompre avec les traités ultralibéraux tels que Lisbonne et les traités budgétaires et enfin, la reconstruction de l’Europe. Une Union européenne qui ne sera pas celle des plus puissants mais bien celle des peuples.

-

Craignez-vous un record d’abstention ? Quelle signification est-ce que cela peut avoir ? Malheureusement, il devrait encore une fois y avoir un taux d’abstention très élevé, je ne sais pas si un record sera battu mais cela n’a pas beaucoup d’importance. Les citoyens doivent savoir que ce que vote le Parlement Européen se traduit ensuite dans le droit national. Et que cela touche donc toutes les familles. S’abstenir revient

à se laisser faire, et des lois qui ne correspondent pas aux attentes des citoyens peuvent être votées. Donc cela peut se retourner contre celui qui n’avait pas voté lors de ces élections qui sont, je le rappelle encore une fois, très importantes. Moi je défends le projet du Front de Gauche que j’estime être le meilleur pour l’Europe et j’appelle donc les gens à voter en masse le 25 mai prochain. Quelle idée de votre programme vous tient le plus à cœur ? Il est difficile d’en choisir une seule. Mais les domaines les plus importants sont évidemment la transformation de l’euro, l’emploi et l’écologie. Il faut absolument lancer un projet pour l’avenir des jeunes. Débloquer 21 milliards d’euros pour pouvoir créer des conditions d’accès à une formation et à un travail sécurisé. Il faut aussi empêcher ce qu’on appelle le Traité Transatlantique. Nous devons éviter une harmonisation des normes européennes et nord-américaines. L’exploitation du gaz de schiste, les OGM... ce sont des choses très dangereuses qui pourraient venir frapper à nos portes avec ce traité de libre-échange.

Le mardi 13 mai, les manifestants arboraient le slogan : «Liberté, Égalité, Accessibilité».

L’euro-député Patrick le Hyaric défendra aux Européennes le projet du Front de gauche.

L’APF manifeste à Paris pour plus d’accessibilité MAHMUT SARP PARIS Ils étaient quelques centaines ce mardi 13 mai Place de la République à Paris pour manifester contre le report de l’entrée en vigueur de la loi sur l’accessibilité. Celle-ci, initialement prévue pour 2015, a été repoussée par le gouvernement pour une durée minimum de 3 ans, qui pourrait s’étendre jusqu’à 9 ans. Une décision inacceptable aux yeux de l’Association des Paralysés de France. «Liberté, Égalité, Accessibilité» ou «Hollande a dit le changement c’est maintenant, pas dans 10 ans !» : voici ce qu’on pouvait lire sur certaines banderoles accrochées à des fauteuils roulants, que de nombreux manifestants arboraient.

-

DES PHRASES CHOCS POUR SENSIBILISER En France, il y a eu jusqu’à aujourd’hui, deux lois votées en matière d’accessibilité. Une première en 1975 et une autre en 2005. Les pouvoirs publics avaient alors donné une définition à l’accessibilité : «celle-ci permet l’autonomie et la participation des personnes... en réduisant, voire en supprimant les obstacles qui les entourent». Fin avril, le Sénat a décidé de repousser la nouvelle loi sur l’accessibilité qui devait entrer en vigueur en 2015. Celle-ci devait rendre

tous les lieux publics, transports, commerces, administrations... accessibles aux personnes handicapées. Issus des 4 coins de l’Hexagone, des responsables de l’APF sont venus en moins d’une minute lancer des phrases chocs pour sensibiliser la population. Un peu plus de 200 000 personnes ont déjà signé une pétition lancée il y a quelques semaines. «Il est impossible pour nous d’attendre davantage, nous représentons toujours 10 à 15 % de la population», déclare Alain Rochon, président de l’APF. «Hier, pour prendre mon billet à la Gare de la Part-Dieu à Lyon, je me suis retrouvé devant un guichet inaccessible. Un homme m’a signalé qu’il y avait un guichet réservé aux personnes handicapées, mais qu’il était fermé. Il était 20h», s’indigne le responsable de la région Rhône-Alpes de l’APF. Philippe Croizon, premier amputé des quatres membres à traverser la manche à la nage, est aussi venu soutenir les manifestants. «200 000 signatures, ça veut dire qu’on existe !», se réjouit l’athlète français, acclamé par les manifestants. La mobilisation devrait continuer dans les jours et les semaines qui viennent dans d’autres villes comme Toulouse, Marseille, Vannes, Orléans...


05 SOCIETE

16 - 22 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

Sétif, l’autre 8 mai 1945 Alors que les commémorations battaient leur plein en France à l’occasion du 8 mai 1945, date de la victoire des alliés, un autre évènement tragique était aussi célébré en Algérie : les massacres de Sétif, de Guelma et Kherrata. Le 8 mai de la même année, les forces coloniales françaises réprimaient dans le sang des rassemblements d’Algériens réclamant la libération du leader Messali Hadj et l’indépendance.

FOUAD BAHRI PARIS Sétif. 1945. Nous sommes le 8 mai. Pour célébrer la victoire des alliés sur les forces nazies, mais aussi pour clamer leur aspiration à la liberté et à l’indépendance, des milliers d’Algériens manifestent et défilent dans les rues algériennes. Vent de panique en France. La contestation et les velléités indépendantistes des foules algériennes sont très vite mal perçues par les autorités coloniales françaises qui n’ont pas compris qu’une nouvelle époque venait de naître, celle de la décolonisation. L’historien Youssef Girard dans un article publié sur Oumma.com, revient sur les circonstances de l’une des plus grandes tragédies de l’histoire algérienne.

-

RAFALES DE MITRAILLETTE ET COUVRE-FEU «Pour célébrer la victoire des Alliés, le 8 mai au matin, les nationalistes Algériens organisèrent des manifestations dans de nombreuses villes du pays : à Blida, Berrouaghia, Sidi Bel Abbès, Saïda, Annaba ou Jijel. Dans ces deux dernières villes les Algériens sortirent des drapeaux et des banderoles sur lesquels il était inscrit : «Vive l’Algérie indépendante», «A bas le colonialisme», «Libérer Messali». Face à cette manifestation de nationalisme algérien, la police intervint et des coups de feu furent tirés». Au cours de la manifestation un drapeau aux couleurs algériennes fut déployé. Voyant ce drapeau et ces banderoles, la police chercha à s’en saisir. Les manifestants refusèrent. En réponse, des rafales de mitraillette furent tirées par un policier français. La manifes-

PANGEA : la grande finale du concours de mathématiques

-

Le 10 mai 2014 c’était la grande finale nationale du concours de mathématiques PANGEA, pour tous les élèves de CM1 à la 4e, à la salle Jean Vilar d’Argenteuil (95). Un premier tour de qualification avait eu lieu auparavant dans les centres d’Etude Plus et les établissements scolaires partenaires dans toute la France, les associations étant regroupées par secteur, chaque secteur avait 2 finalistes. Le deuxième tour, c’est-à-dire la finale du 10 mai, comportait 2 parties, la première sous forme de QCM de 10 questions à résoudre en 30 minutes, la deuxième partie où les enfants étaient invités sur scène pour participer à un quizz. Le total des points obtenus aux deux parties et la rapidité de réponse permettent de déterminer les grands vainqueurs. Lors de la finale, des entractes (tours de magie et animations mathématiques) étaient prévus entre les épreuves afin de rendre le concours plus amusant pour le public et les enfants. Enfin, des prix ont été remis aux différents directeurs par le secrétaire général Mickaël Cetin.

MON AVOCAT CANAN ÖZENICI

Bail commercial : ce que la loi Pinel change

Les massacres de Sétif vont accélérer le début de la guerre d’Algérie et l’organisation des mouvements nationalistes algériens.

tation tourna à l’émeute. A 13 heures, le couvrefeu était instauré et à 20 heures l’état de siège était décrété. L’armée, la police et la gendarmerie sillonnèrent les quartiers arabes et les douars de la région, écrit Youssef Girard.

LA RESPONSABILITÉ DE DE GAULLE La violence de l’armée française et des milices européennes fut impitoyable. Exécutions sommaires, massacres de civils, prises d’otages au sein de la population algérienne, viols, bombardements de villages… A Sétif où la loi martiale fut proclamée, tout Algérien ne portant pas le brassard réglementaire était abattu, poursuit l’historien qui cite plusieurs ouvrages de chercheurs algériens. Des armes étaient distribuées aux colons européens qui se constituèrent en milices. Selon Mahfoud Kaddache, «tous les Européens, quelle que soit leur tendance politique se regroupaient face au danger arabe […], elle [la milice] se livra à des représailles contre la population musulmane et à des exécutions sommaires de suspects, de militants des AML, du PPA, des Oulémas et des scouts musulmans algériens». Politiquement, la responsabilité du général de Gaulle fut engagée, lorsqu’il ordonna au gouvernement «d’afficher publiquement la volonté de la France victorieuse de ne laisser porter aucune atteinte à la souveraineté française en Algérie» et de «prendre toutes les

mesures nécessaires pour réprimer tous agissements antifrançais d’une minorité d’agitateurs», le 12 mai 1945.

ASSOCIER LES DEUX COMMÉMORATIONS Les différents chiffres sur le bilan de ce massacre oscillent d’une fourchette basse, celle du gouvernement français établie à 1165 victimes à celle des autorités algériennes qui évoque celui de 45 000 morts. Les services de renseignements américains avaient rédigé une note parlant d’un bilan situé entre 17 000 et 20 000 morts. Pour le politologue et l’un des spécialistes français du monde arabe, Vincent Geisser, les deux évènements politiques (la Libération et les massacres de Sétif, ndlr), ne doivent et ne peuvent plus être dissociés. «Peut-on commémorer la victoire sur l’idéologie génocidaire du nazisme en la transformant en objet de musée et en oubliant un peu vite que le racisme d’Etat continue à poindre dans nombre de nos sociétés européennes ?», s’interroge-t-il sur sa page Facebook. «De mon point de vue, la commémoration du 8 mai 1945 n’a de sens que si elle se réfère simultanément à la victoire contre le nazisme et aux souvenirs des massacres de Sétif/Guelma, nous incitant à maintenir cette vigilance permanente à l’égard du «racisme légitime» qui traverse nos sociétés dites «civilisées» et savamment distillé par les appareils d’Etat», ajoute-t-il.

Il y a du nouveau dans le régime des baux commerciaux apporté par le projet de loi Pinel, relatif à l’artisanat, au commerce et aux très petites entreprises. En effet, les huit premiers articles du projet de loi portent sur la réforme du bail commercial, qui constitue un enjeu stratégique pour les petits entrepreneurs. La réforme la plus importante en la matière est sans conteste le droit de préférence accordé au locataire lors de la vente d’un local à usage commercial ou artisanal par le propriétaire. En effet, le texte impose au bailleur d’informer le locataire, par voie de lettre recommandée avec accusé de réception de son projet de vente avec le prix. Cette information vaudra offre de vente. Avant son passage au Sénat, le texte offrait au locataire un délai d’un mois pour se prononcer. Un amendement des sénateurs écologistes est venu doubler ce délai de réflexion, le portant ainsi à deux mois… Précisons que le dispositif a été équilibré puisqu’en contrepartie, les cas pour lesquels ce droit de préférence était accordé ont été encadrés par un amendement : le projet de loi tel que voté à l’Assemblée instaurait uniquement une exonération de ce droit de préférence au profit du bailleur, dans les cas ou le local faisant l’objet d’un projet de vente constituait un lot d’un ensemble immobilier commercial faisant lui-même l’objet d’une vente. Désormais, la cession du local par le bailleur à un membre de sa famille (ascendant ou descendant du bailleur ou de son conjoint) viendra également écarter le droit de préférence accordé au locataire. Si, dans le principe, l’idée d’instituer un droit de préférence au profit du locataire-exploitant est bonne, ce projet de loi ne tient absolument pas compte des réalités économiques d’aujourd’hui : en effet, dans la majorité des cas, les établissements bancaires refuseront de financer l’acquisition des murs commerciaux en raison d’une trop grande concentration des risques ! Alors, comprenez que si le texte reste en l’état, un allongement considérable des délais de vente des biens à usage commercial sera à prévoir… ce qui ne va pas dans un sens positif pour la finalisation des transactions déjà mise à mal avec la loi Alur récemment entrée en vigueur ! Pour vos questions : ceruguz@yahoo.fr


06 TURQUIE

16 - 22 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

CATASTROPHE MINIÈRE EN TURQUIE

Deuil national après le drame Mercredi 14 mai, le bilan de l’explosion et de l’incendie dans une mine de charbon de l’ouest de la Turquie dépassait les 230 morts. Les secours continuaient à extraire des corps et des blessés plus de douze heures après le drame. Plusieurs milliers de proches ou de collègues des mineurs piégés se sont rassemblés devant l’hôpital de la ville.

-

A la date du 14 mai où sont écrites ces lignes, plusieurs centaines de mineurs sont encore bloqués au fond de la mine de Soma à Manisa, à environ 120 km au nord-est d’Izmir. Le bilan risque encore de s’alourdir, a ajouté Taner Yildiz, alors que l’incendie qui s’est déclaré mardi dans la mine continue de faire rage en sous-sol, selon des mineurs ramenés en surface par les secouristes. À son arrivée sur place, mardi soir, le ministre avait annoncé que 787 mineurs se trouvaient dans la mine au moment de l’explosion. Plus de 230 corps ont depuis été récupérés ainsi que de très nombreux blessés. Parmi eux figurent plusieurs secouristes. Plusieurs milliers de proches ou de collègues des mineurs piégés se sont rassemblés devant l’hôpital de la ville, d’où les médecins sortent régulièrement pour lire les noms des rescapés. Les secours injectent depuis mardi de l’oxygène dans les boyaux de la mine pour conserver une chance de retrouver d’autres survivants. «On injecte de l’oxygène dans la mine. C’est le plus urgent pour nos ouvriers bloqués sous terre», a déclaré Taner Yildiz mardi soir. «Il y a un risque d’empoisonnement au dioxyde et au monoxyde de carbone (...) Il faut qu’on les sorte rapidement de là.» L’explosion dans un transformateur électrique, provoquée par un court-circuit selon les autorités, a entraîné mardi en début d’après-midi une coupure de courant, mettant les ascenseurs hors d’usage et piégeant les ouvriers à environ 2 km sous terre. La pire catastrophe minière de l’histoire de la Turquie s’est produite en 1992, lorsqu’un coup de grisou a fait 263 morts dans la

province de Zonguldak, sur les bords de la mer Noire.

DEUIL NATIONAL EN TURQUIE Le Premier ministre turc a déclaré un deuil national de trois jours. Les drapeaux turcs seront mis en berne en Turquie et dans toutes les représentations diplomatiques à l’étranger. Tayyip Erdogan a annulé la visite qu’il devait effectuer en Albanie et le président de la République, Abdullah Gül, a fait de même pour sa visite qu’il devait effectuer en Chine, dernière de son mandat. L’Assemblée nationale a également reporté ses travaux jusqu’à mardi.

«En raison de la catastrophe survenue dans la mine de Soma, un deuil national a été décrété pour trois jours à partir du (mardi) 13 mai», indique un communiqué du bureau du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

LA JUSTICE TURQUE DÉCLENCHE UNE ENQUÊTE Le parquet de Soma a lancé une enquête préliminaire pour déterminer les responsables et les circonstances de l’explosion minière. Selon l’agence de presse Anadolu Ajansi, le procureur va également enquêter sur les allégations de travail dissimulé. En effet, au moins un mineur de 15 ans

Y a-t-il eu négligence des autorités ? -

Selon le journal Aksam, le Conseil d’Inspection de l’Etat (DDK), la plus haute autorité de contrôle de la République turque directement liée à la présidence de la République, avait produit un rapport critique en 2011 sur la situation des mines en Turquie. «Des lacunes flagrantes ont été relevées au niveau de l’évaluation des mesures systématiques concernant la gestion de la sécurité et de la santé au travail ainsi que la prévention des risques», indique le rapport. Celui-ci reconnaît que le taux de risque est, par nature, beaucoup plus élevé que dans les autres professions mais il relève que «la majorité des incidents proviennent des dysfonctionnements dus aux manques de ventilation et de fortification souterraines».

L’INDIFFÉRENCE DES EMPLOYEURS Le DDK avait également attiré l’attention sur le manque de formation professionnelle dispensée aux mineurs du fait même de l’indifférence des employeurs. Un défaut qui s’aggrave du fait de l’insuffisance des mesures de contrôle. «Il faut réorganiser les périodes, les durées, le contenu des inspections ainsi que les sanctions en cas de non-respect des normes, il faut également accélérer les procédures de prise de

décisions et mettre fin aux conflits de compétence entre les différentes administrations», note le rapport.

VIOLATION DE LA RÈGLEMENTATION ? Il y a trois semaines, l’Assemblée nationale avait refusé de former une commission pour faire un état des lieux sur la sécurité des mines en Turquie. Les trois partis d’opposition, le CHP (gauche kémaliste), le MHP (droite nationaliste) ainsi que le BDP (parti pro-kurde) avaient, chacun de leur côté, introduit des propositions qui ont été toutes refusées par l’AKP, le parti majoritaire. Le député CHP de Manisa, Özgür Özel avait mené une lutte au Parlement pour l’établissement d’une commission alors que le député MHP de Manisa, Erkan Akçay, avait affirmé deux semaines auparavant lors des discussions au Parlement qu’en 2013, 5000 accidents miniers avaient eu lieu précisément à Soma. Le ministère du Travail a, quant à lui, publié un communiqué dans lequel il affirme que la mine de Soma a été contrôlée en mars dernier et qu’aucune violation des réglementations en vigueur n’a été relevée. Le quotidien Taraf, exaspéré, a titré : «Une catastrophe conforme à la législation».

ferait partie des victimes qui ont perdu la vie lors de l’explosion. Le ministre de l’Energie, Taner Yildiz, a démenti cette éventualité. «Ça relève de l’impossible», a-t-il déclaré.

MESURES DE SÉCURITÉ ET CONTRÔLES RÉGULIERS La société Kömür Isletmeleri A.S, à qui appartient la mine, a affirmé que l’accident était survenu malgré les «importantes mesures de sécurité et les contrôles réguliers» et a ajouté qu’une enquête avait été lancée. «Notre priorité est de sortir nos mineurs pour qu’ils puissent rejoindre leurs proches», a affirmé la société.

Il y a deux ans, la mine de Soma se félicitait des coûts réduits du charbon

-

C’était il y a deux ans. Le propriétaire de la mine de Soma, Alp Gürkan, avait déclaré dans un entretien au quotidien Hürriyet que sa société avait réduit de façon considérable le coût du charbon après avoir acquis la mine de la part de l’Etat. Gürkan a précisé lors de l’entretien que sa société avait commencé à faire du profit au moment où le gouvernement turc a décidé de donner les droits des mines de charbon aux entreprises privées. Le coût du charbon est ainsi passé à 23,8 dollars par tonne (au lieu de 130 à 140 dollars auparavant), «grâce aux méthodes de fonctionnement du secteur privé».

UN BUSINESS PLUS LUCRATIF Le ministre turc de l’Energie a développé un modèle de redevances via la production électrique et non plus via le charbon comme il l’avait fait pendant 30 ans par l’intermédiaire des Entreprises publiques turques de charbon (TKI). Les appels

Alp Gürkan dirige la société propriétaire de la mine .

d’offre pour les mines de charbon ont été ouverts en 2005. Dans l’entretien, Gürkan a souligné que ce processus rendait le business des mines de charbon plus lucratif et aidait les TKI à faire du profit après des années de pertes. La société Soma Holding est l’une des plus importantes sociétés productrices de charbon en Turquie. Elle est active depuis 1984.


07 TURQUIE

16 - 22 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

Opposition turque cherche désespérément candidat contre Erdogan... Alors que le Premier ministre turc, Tayyip Erdogan, avance habilement ses pions pour s’installer au palais présidentiel, l’opposition ne sait toujours pas à quel saint se vouer. La «force tranquille» capable de mettre un terme à l’ère Erdogan semble loin d’émerger. SAMI KILIÇ PARIS «Nous traversons une période délicate, je propose donc de nous associer exceptionnellement pour présenter un candidat commun aux forces de l’opposition», a lancé Devlet Bahçeli, le leader du MHP (droite nationaliste). Celui qui n’hésite pas à dégainer des chiffres pour dénicher, de manière scientifique, le candidat idéal, prévoit de rencontrer les leaders du CHP (gauche kémaliste), du SP (droite religieuse) et même du BBP (droite nationaliste, dissidence du MHP). L’heure est grave. L’enjeu est d’éviter coûte que coûte la victoire (ou, dit à voix basse, le triomphe) de Tayyip Erdogan.

Le palais présidentiel de Cankaya.

Couac au Conseil d’Etat turc : Erdogan claque la porte

-

-

BAHÇELI ET SES FORMULES GAGNANTES Bahçeli explique qu’il faut étonner les citoyens pour susciter des ralliements inattendus. En bon professeur d’économie et adepte des combinaisons alambiquées, il a sa formule : il dessine deux triangles et inscrit les chiffres de 64 % et 36 % dans chacun d’eux. Au milieu de ces deux figures géométriques, il ajoute un troisième triangle. «Si on présente un candidat capable d’attirer les voix de ces deux triangles, une grande partie des 64% et des 36% pourront glisser vers un troisième triangle beaucoup plus grand», assure-t-il ! Comprenne qui pourra... Il n’en reste pas moins que le candidat devrait être, selon lui, conservateur, nationaliste, porteur des valeurs morales, démocrate et laïque. Autant dire un saint dans le contexte politique turc. «Mais si une autre personne de l’opposition est plus apte à rassembler, nous n’hésiterons pas à la soutenir», ajoute-t-il. Pour l’instant, celle qui prend rang parmi les nationalistes reste Meral Aksener, la très charismatique vice-présidente de l’Assemblée nationale. Celle qui, en un regard de biais et des répliques «viriles», parvient à calmer les passions lors des discussions en séance publique. Ancienne ministre de l’Intérieur dans le gouvernement de l’islamiste Necmettin Erbakan en 1996, elle est issue du centre-droit et bénéficie d’un évident capital de sympathie. KILIÇDAROGLU ET SA RIBAMBELLE DE PRÉSIDENTIABLES Kemal Kiliçdaroglu, le président du CHP, ne dit pas autre chose. Il souhaite également présenter un candidat capable d’attirer la plus grande majorité des citoyens. «On a l’impression que l’avenir du pays se trouve entre les mains de deux personnes [Tayyip Erdogan et le président sortant Abdullah Gül]. C’est une impression assez dangereuse sur le plan démocratique. N’y a-t-il pas d’autres candidats ? Bien sûr que si, vous allez voir comment la société va se détendre lorsque nous allons révéler notre candidat», a-t-il dit. Fehmi Koru, ami du président Gül et chroniqueur du journal pro-gouvernemental Star, en doute fort. «Le CHP n’a pas de candidat capable de rassembler au niveau national. C’est

SAMI KILIÇ PARIS Lors de la commémoration du 146e anniversaire de la création du Conseil d’Etat turc, le Premier ministre, Tayyip Erdogan, et le bâtonnier du Conseil national des barreaux, Metin Feyzioglu, ont échangé des propos vifs. Erdogan a fini par se lever et a quitté la salle, entraînant avec lui le président de la République, Abdullah Gül, médusé. Critiquant le gouvernement et ses politiques notamment à Van, une ville qui avait connu un séisme en 2011, Feyzioglu lui a lancé, «Je vous transmets les salutations des gens qui vivent encore dans des bidonvilles !». Impatient, Erdogan lui a lancé de son fauteuil, «Tu fais de la politique, tu es grossier et tu mens !». Celui-ci lui a rétorqué qu’il ne faisait que dire la vérité. Le Premier ministre s’est alors levé pour lui répondre et a décidé de quitter la cérémonie. Le président Gül qui a tenté de le calmer a fini par le suivre. La présidente du Conseil d’Etat et le chef d’état-major ont également décampé. Kemal Kiliçdaroglu, le leader du principal parti d’opposition (CHP), a estimé que Erdogan avait perdu toute légitimité pour devenir chef de l’Etat alors que ce dernier s’est engagé à ne plus participer à ce genre de cérémonies. Quelques jours auparavant, Erdogan avait déjà été critiqué par le président de la Cour constitutionnelle. Agacé, il s’était dérobé à la fin de la cérémonie sans participer à la réception.

une configuration vraiment triste. Que pourrait faire le CHP sinon espérer que le MHP présente un candidat qui pourrait recueillir des voix des différentes tendances !», ironise-t-il. Pourtant, trois grandes figures sortent du lot : Mansur Yavas, le candidat du CHP à la mairie d’Ankara qui était un ancien du MHP, Hasim Kiliç, le président de la Cour constitutionnelle, qui brille ces temps-ci grâce à ses propos en faveur des libertés et Yilmaz Büyükersen, le maire d’Eskisehir, qui est respecté de tous. Mais ces trois hommes ne sont pas du genre à galvaniser les foules. Koray Caliskan, politologue et chroniqueur du journal de gauche Radikal, estime que le parti kémaliste est dans une impasse. «Il peut soit soutenir un candidat qui a des tendances droitières comme il l’a fait lors des élections municipales [Mansur Yavas] ce qui signifie donner l’initiative au MHP et éloigner l’électorat intellectuel de gauche soit présenter un candidat proche de la base comme Büyükersen,

professeur d’université qui a un certain poids au niveau local mais qui n’a presque aucune chance de s’imposer contre un leader puissant comme Erdogan. Hasim Kiliç est une personne de qualité certes, mais il n’a jamais été et ne sera jamais du CHP», écrit-il. D’autres noms consensuels sont aussi évoqués : Isil Karakas, la juge turque à la Cour européenne des droits de l’Homme, Ilker Basbug, l’ancien chef d’état-major qui avait été emprisonné dans le cadre de l’affaire Ergenekon, Hikmet Cetin, ancien président de l’Assemblée nationale, ancien ministre des Affaires étrangères et ancien Haut représentant civil de l’OTAN en Afghanistan en 2003 ou encore Kemal Dervis, ancien ministre de l’Economie qui a remis sur les rails le système financier turc en 2001.

LES KURDES ET LEUR «SPLENDIDE ISOLEMENT» Le HDP, nouveau parti pro-kurde créé en appoint au BDP, semble décidé à faire cavalier seul. Sa co-présidente,

Sebahat Tuncel, a déclaré préférer présenter un candidat et si possible une candidate. Sirri Süreyya Önder, l’atypique député et ancien réalisateur qui a acquis un magistère de la parole, est largement plébiscité. Le seul hic est qu’il est trop... drôle ! A la question de savoir s’il était Kurde, il avait lancé «A quel sujet ?». Les manœuvres de l’opposition semblent cependant être vouées à l’échec. En effet, la société turque est tellement polarisée qu’aucune formation politique ne souhaiterait effrayer son électorat de référence. En outre, au-delà de Tayyip Erdogan qui fait de la politique comme on respire, aucune personnalité ne paraît cultiver un idéal, un projet, une mission. Et le seul et unique exemple du «président du rassemblement», Ahmet Necdet Sezer (2000-2007), avait mal tourné. Arrivé populaire, il avait fini en idéologue et en épouvantail. Depuis, il a disparu de la scène politique et personne ne le regrette...


08 TURQUIE

55

millions de dollars

16 - 22 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

C’est le montant en liquide saisi par les autorités indiennes, destiné à acheter des voix d’électeurs lors des législatives qui viennent de s’achever. Il s’agit de la saisie la plus importante dans l’histoire électorale de l’Inde.

Ankara ne paiera rien à la CEDH La Cour européenne des droits de l’homme (ECtHR) vient de pénaliser la Turquie en lui demandant 90 millions d’euros de dédommagements pour son intervention à Chypre en 1974, l’opération militaire ayant altéré négativement les vies de milliers de personnes sur l’île grecque. Mais la Turquie a déjà annoncé qu’elle ne voyait pas la nécessité «d’effectuer ce versement».

Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu évoque des contradictions dans la décision de la Cour européenne.

-

La Turquie n’a pas l’intention de payer les 90 millions d’euros que la Cour européenne des droits de l’homme l’a condamnée à verser à la République de Chypre, a déclaré mardi le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu. Celui-ci a estimé qu’Ankara n’était pas lié par un arrêt concernant un pays que la Turquie ne reconnaît pas officiellement. «Etant donné les raisons invoquées à l’appui de ce jugement, et du fait qu’il implique un pays en qui la Turquie ne voit pas un partenaire, nous ne voyons pas la nécessité d’effectuer ce versement», a dit le ministre à la presse. «La décision de la Cour européenne rendue hier comporte des contradictions juridiques, et, par conséquent, nous ne la jugeons pas contraignante, en matière de versement», a continué le ministre turc.

90 MILLIONS D’EUROS La Cour européenne des droits de l’homme a condamné lundi la Turquie à verser cette somme en réparation du dommage moral subi par les citoyens chypriotes du fait de l’invasion du nord de l’île, en 1974, par l’armée d’Ankara. En vertu de cette décision, les familles des 1456 personnes disparues se voient allouer 30 millions d’euros tandis que 60 millions d’euros iront aux Chy-

priotes grecs de la péninsule du Karpas enclavée dans la République turque de Chypre du Nord (RTCN), que seul le gouvernement d’Ankara reconnaît. Selon le gouvernement chypriote, 211 000 Chypriotes grecs ont dû quitter leurs foyers en 1974. Les 90 millions d’euros sont à payer dans un délai de trois mois et l’arrêt est définitif, a indiqué la Cour. Cet arrêt sur les indemnités dues aux Chypriotes grecs est la conséquence

d’un premier arrêt sur le fond rendu par la Cour européenne des droits de l’homme le 10 mai 2001. Saisie par la République de Chypre, la Cour de Strasbourg avait établi quatorze constats de violation de la Convention européenne des droits de l’homme par la Turquie du fait de son intervention armée, en 1974, en réaction à un coup d’Etat dans le sud de l’île inspiré par le régime grec des colonels.

Le cheikh Nazim el Kibrisi s’est éteint à 92 ans SAMI KILIÇ PARIS Nazim el Kibrisi, savant musulman turc et cheikh influent de la confrérie naqshibandiyya, est décédé à l’âge de 92 ans en Chypre du Nord. Né à Larnaca en 1922, Nazim el Kibrisi était l’un des cheikhs les plus controversés de Turquie. Descendant direct de deux grandes figures du soufisme, Celalettin Rûmî par sa mère et Abdulkadir Geylanî par son père, le cheikh avait initié un large mouvement spirituel dans le monde. Personnage haut en couleur, il prétendait avoir converti le prince Charles. En 2010, quatre des mineurs bloqués sous terre en Chili lui avaient rendu visite pour le remercier de son soutien spirituel. Cat Stevens (Yusuf Islam) ne manquait pas une occasion de venir le voir et prendre de ses nouvelles. Il avait comme principal disciple Adnan Hoca alias Harun Yahya, l’auteur qui avait écrit L’Atlas de la Création, un livre qui avait été diffusé dans les écoles françaises et avait entraî-

-

né une polémique. Hospitalisé en soins intensifs, il avait bénéficié du soutien du Premier ministre turc qui lui avait envoyé ses médecins personnels.


09 TURQUIE Les Turcs veulent récupérer «l’arche de Noé»

Le dernier film de Russel Crowe, Noé, a laissé des traces en Turquie. Les habitants de la région de Djoudi souhaitent en effet récupérer l’arche construite par Hollywood pour les besoins de cette superproduction.

-

Récupérer l’arche de Noé utilisée dans le film de Russell Crowe. L’objectif derrière cette requête formulée par les habitants de la région de Djoudi est double. Il s’agit d’incarner symboliquement l’emplacement géographique qu’une certaine tradition populaire situe dans l’est de la Turquie, vers le Mont Djoudi. A contrario de l’avis d’archéologues qui estiment avoir retrouvé des vestiges de l’Arche sur le Mont Ararat, près de la frontière arménienne. D’après Le Monde, qui relate l’information, «les autorités espèrent que la construction en bois amènera un déluge de touristes du monde entier».

L’ARCHE DE NOÉ, UN ATOUT ÉCONOMIQUE POUR LE PAYS Le projet prévoit d’installer l’arche sur le mont Cudi, de créer un parc naturel autour et d’installer un zoo baptisé «la mission biblique de Noé», ajoute le quotidien, citant Osman Gelis, le président de la chambre de commerce de la région : «Cette initiative est très importante pour nous. Ce serait un grand atout pour notre économie. Nous sommes très impatients.» Ce n’est pas la première fois qu’une région turque se mobilise

Bangladesh : un élève d’une école turque 1er à l’examen international de maths

-

Mustafa, qui a planché sur son examen tout comme neuf autres millions d’élèves provenant de 110 pays différents, a terminé en première position. Elève de seconde à l’école turque International Hope au Bangladesh, Mustafa a reçu son prix des mains de l’ambassadeur londonien au Bangladesh. Le directeur du conseil britannique du Bangladesh, Brendan McSherry, a déclaré que les écoles turques faisaient partie des meilleures écoles internationales du pays. «Ce sont ces écoles qui ont eu les meilleurs résultats à l’examen», a déclaré McSherry à l’agence de presse Cihan.

«JE SUIS TRÈS RECONNAISSANT Saidur Rahman, directeur de l’examen Edexcel dans le pays, a aussi confirmé que les élèves des écoles turques avaient eu des résultats remarquables à cet examen. «Depuis le jour où j’ai franchi le seuil de cette école, j’ai connu un grand changement dans ma vie. Je suis très reconnaissant envers mon école pour cette raison», a affirmé Moustafa. Le directeur général adjoint des écoles turques International Hope, Yavuz Koca, a rappelé que les écoles étaient actives au Bangladesh depuis 1996 et qu’ils promouvaient leurs écoles grâce au succès de leurs élèves. Il a précisé que Ragib avait contribué à la renommée de son école et de son pays sur la scène internationale en finissant à la première place de l’examen de mathématiques. «Nous sommes vraiment ravis de cela. Nous félicitons notre élève», a déclaré Koca.

pour ce type d’action. Les habitants de la province de Canakkale, dans le nordouest de la Turquie, étaient parvenus à récupérer le cheval en bois du film Troie de Wolfgang Petersen, avec Brad Pitt. Cette fois-ci, les choses pourraient être

plus compliquées. D’après le producteur du film, l’arche aurait été démontée. Un argument qui pourtant n’arrêtera pas les Turcs qui comptent bien récupérer la construction et faire, comme l’a déclaré M. Gelis, «tout pour y arriver».

16 - 22 MAI 2014 ZAMAN FRANCE


10 INTERNATIONAL

16 - 22 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

Paradoxes birmans Des femmes Rohingyas s’occupent de leurs enfants hospitalisés dans l’Etat de Rakhine.

Les autorités de l’islam condamnent Boko Haram FOUAD BAHRI PARIS Depuis plus d’un mois, 200 lycéennes nigérianes ont été enlevées par le groupe armé Boko Haram, qui a promis de les réduire en esclaves ou de les vendre. Les condamnations n’ont cessé de pleuvoir depuis l’annonce de cet enlèvement, par les opinions publiques mondiales. Mais on attendait une prise de position ferme des institutions de l’islam internationales. C’est chose faite !

La Birmanie est un pays truffé de contradictions. Muselée par une junte militaire, elle a plus récemment entamé un processus d’ouverture politique et lancé une vague de réformes, qui lui ont valu un début de reconnaissance internationale... sur fond de répression de la minorité Rohingya. FOUAD BAHRI PARIS Le Myanmar est de retour sur la scène diplomatique. Tout un symbole. La dernière session de l’Asean, Association des nations de l’Asie du sud-est, qui s’est tenue ce week-end, a été en effet présidée par la Birmanie. Un retour en grâce après un long boycott établi contre ce pays de généraux, accusé d’être un régime dictatorial, répressif, et accessoirement l’un des épicentres du trafic d’opium. D’après David Camroux, professeur à Sciences Po et chercheur au CERI, le Centre d’études et de recherches internationales, interviewé par Radio Vatican, la présidence de l’Asean «montre que la Birmanie est devenue un pays normal, ce qui est important à la fois pour recevoir de l’aide au développement et également des investissements». Et le chercheur d’ajouter : «Ça va aider la Birmanie à continuer à prendre une certaine distance par rapport à la Chine parce que pendant la période du régime militaire, le seul allié du régime était la Chine, qui lui a fourni plus d’un milliard de dollars d’armements». Il y a quelques mois déjà, la

-

Birmanie accueillait les jeux de l’Asie du sud, équivalent local des Jeux olympiques, signe avant-coureur de ce dégel.

LES PARIAS MUSULMANS DE LA BIRMANIE Pourtant, paradoxe de cette nouvelle ère de changement de la société birmane, cette normalisation s’accomplit à un moment de son histoire où la répression à l’encontre de la minorité musulmane Rohingya a été la plus violente, notamment dans l’État Kachin, au nord. La montée en puissance d’un nationalisme birman d’obédience bouddhiste a produit de violentes tensions et plusieurs massacres, en 2012 et 2013. Plus de 250 personnes y auraient perdu la vie, mais les chiffres varient largement d’une estimation à une autre. Ainsi, les associations Rohingya parlent de plusieurs milliers de victimes et l’embargo décrété par les autorités birmanes rend difficilement chiffrable l’ampleur véritable des massacres. Les bouddhistes extrémistes, impliqués dans ces répressions, qualifient la présence de ce groupe ethno-culturel de

menace et l’accusent de vouloir islamiser le pays.

UN ANCESTRAL SENTIMENT DE MÉFIANCE Comme l’explique très bien Bruno Philip, correspondant du Monde à Rangoun, «la levée de la censure, la quasi-libération de tous les prisonniers politiques, la permission de manifester, de constituer des syndicats libres et, partant, l’émergence de la liberté d’expression, a eu son revers : un ancestral sentiment de méfiance, sinon de haine à l’égard de la minorité musulmane (officiellement évaluée à 4 % de la population) s’exprime désormais au grand jour, souvent relayé par les réseaux sociaux». Déchus de leur nationalité en 1982, les Rohingyas sont, d’après l’ONU, «l’ethnie la plus persécutée au monde». Les Nations unies accusent même la Birmanie de crimes contre l’humanité. Quant à l’ONG Human Rights Watch, elle parle d’«une campagne de nettoyage ethnique à l’encontre des musulmans rohingyas dans l’Etat d’Arakan depuis juin 2012», menée par les autorités birmanes.

Ankara : «Jérusalem est notre qibla» SAMI KILIÇ PARIS Le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a ouvert les travaux de la «Réunion internationale sur la question de Jérusalem», organisée conjointement par le Comité des Nations unies pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, l’Organisation de la Coopération islamique (OCI) ainsi que le gouvernement turc. Tenue conformément à la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU, qui avait proclamé l’année 2014, «Année internationale de la solidarité avec le peuple palestinien», la réunion a pour thème «Renforcer le soutien international pour un règlement juste et durable de la question de Jérusalem». Le Secrétaire général de l’OCI, Iyad bin Amin Madani, le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Robert Serry, le président du Comité, Abdou Salam Diallo ainsi que le ministre palestinien chargé de Jérusalem, Adnane al-Husseini ont participé à la rencontre.

-

«NOUS AVONS UNE DETTE ENVERS LES PALESTINIENS» Estimant que le statut de Jérusalem était le principal point d’achoppement entre les parties au conflit, Davutoglu a mis en garde Israël qui considère la Ville sainte comme sa capitale indivisible : «Nul ne peut prendre une décision unilatérale sur Jérusalem et la mettre en application. Une telle attitude équivaudrait à dynamiter la paix au Moyen-Orient. Jérusalem est notre qibla [direction de la prière chez les musulmans, ndlr]. Sans la résolution de la question de Jérusalem, il ne

Réunion internationale sur la Palestine, organisée sous l’égide de l’ONU et de l’OCI à Ankara.

saurait y avoir de paix au Moyen-Orient», a-t-il déclaré. Le ministre a appelé les musulmans et tous les êtres humains à «se rebeller sur le plan moral et conformément à notre conscience historique ontologique contre ceux qui veulent cadenasser les portes de la mosquée Al Aqsa [troisième lieu saint de l’islam, ndlr]». Rappelant que la ville a été administrée par les Ottomans dans le passé, Davutoglu a déclaré : «Nous avons une dette envers les Palestiniens. Ils se dressent contre toutes les formes d’oppression et de répression. Personne ne saurait porter atteinte

à l’identité séculaire et à l’identité islamique de Jérusalem. L’humanité s’y opposerait». Enfin, le chef de la diplomatie turque a indiqué que 38,5 % des habitants de Jérusalem, sous-entendu les colons, y habitaient de manière illégale. «Selon le droit international, Jérusalem est une terre occupée», a-t-il ajouté. L’ONU défend la création d’un Etat indépendant et souverain de Palestine dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale. La Knesset, le parlement israélien, considère depuis 1980 que Jérusalem est la «capitale éternelle et indivisible» d’Israël.

«UNE ACTION CRIMINELLE, INTERDITE EN ISLAM» Après les condamnations de l’université d’alAzhar en Egypte, c’est l’Union mondiale des savants musulmans qui a exprimé son indignation et sa ferme condamnation qualifiant les faits «d’action criminelle, interdite en islam» relevant de la «perversion sur Terre». «L’islam n’a rien à voir avec ces actions-là» a précisé l’éminente institution qui a appelé «à la libération immédiate de ces jeunes filles». En France, l’UOIF, par la bouche du secrétaire général du Comité du 15 mars Hassan Safoui, a qualifié le groupuscule terroriste de «secte synonyme de rapts, de massacres, de vandalismes», tout en soulevant des interrogations. «Des questions réelles sont à poser sur la main qui arme et finance ces groupes. A qui profitent donc ces crimes ?», a-t-il écrit dans une tribune publiée par Oumma.com. Pour autant, l’information allant plus vite que les condamnations, de nouveaux forfaits auraient été commis par Boko Haram. Bilan : 300 morts, d’après Le Monde.

Les villes les plus polluées sont au Sud -

D’après une étude de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la qualité de l’air se dégrade de plus en plus dans le monde. Parmi les pays les plus touchés par cette dégradation de l’environnement, beaucoup sont des pays du Sud. Les écarts entre deux villes peuvent être gigantesques. Ainsi, à Peshawar, au Pakistan, le taux moyen s’élevait à … 540 µg/m3 (unité de valeur calculant le niveau de pollution). A New Delhi, en Inde, il était de 305. En Chine, le taux moyen varie entre 100 et 150.

«LES VILLES PEUVENT PRENDRE DES MESURES» Cette pollution peut avoir des conséquences très graves pour l’environnement mais aussi pour la santé. Elle peut causer des décès par problèmes cardiaques, maladies respiratoires et cancer des poumons. «Nous ne pouvons acheter de l’air propre en bouteille, mais les villes peuvent prendre des mesures pour améliorer la qualité de l’air et sauver la vie de leurs habitants» a déclaré le docteur Carlos Dora du département de santé de l’OMS. Il a notamment cité les exemples de Copenhague et Bogota, où les populations ont été encouragées à marcher, circuler à vélo et à prendre les transports en commun. L’OMS préconise une diminution des taux de particules PM10 de 70 à 20 µg/m3, ce qui réduirait la mortalité par la pollution de l’air de 15 %.


11 INTERNATIONAL Ihsanoglu, l’homme qui a révolutionné l’Organisation de la coopération islamique

16 - 22 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

Ekmeleddin Ihsanoglu a quitté la présidence de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) en janvier dernier. Sous son mandat, l’organisation a vécu des évolutions historiques. JOSEPH HAMMOND Le premier président de ce qui allait devenir l’Organisation de la coopération islamique (OCI) était un personnage haut en couleurs. Tunku Abdul Rahman était déjà connu en tant que leader de l’indépendance malaisienne au moment où il est arrivé à la tête de l’OCI, lors de sa création en 1969. Si le secrétaire général Ekmeleddin Ihsanoglu, dont le mandat à la tête de l’OCI s’est terminé le 1er janvier dernier, est moins haut en couleurs, il n’en est pas moins cet homme compétent dont avait besoin l’organisation pour évoluer vers le 21e siècle. Pendant son mandat, qui a duré dix ans soit le plus long qu’ait jamais fait un secrétaire général de l’OCI, l’Organisation de la coopération islamique a été rebaptisée «coopération», abandonnant ainsi son titre de «conférence», et a eu droit à un nouveau logo. Mais les évolutions qui ont eu lieu pendant le mandat d’Ihsanoglu ont été plus que de simples changements d’ordre esthétique. Notre homme a également apporté beaucoup à l’augmentation des relations commerciales entre pays musulmans et a aidé l’organisation à acquérir une véritable renommée au sein du monde des affaires.

-

UNE ALLURE DE PROFESSEUR Au siège de la conférence du sommet islamique au Caire qui s’est déroulé plus tôt cette année, un Ihsanoglu au visage bien rasé, à la moustache nette, à la cravate vert vif à carreaux et au visage sympathique arpente les couloirs. Même penché sur les textes d’une future résolution de l’OCI, il affiche plus l’air d’un professeur méditatif que l’arrogance d’un homme d’Etat ou la prudence d’un diplomate. En novembre dernier, il a admis avoir été «ému» lorsqu’il s’est rendu auprès des Rohingya. L’attitude, loin d’être ostentatoire, qu’il adopte envers son poste est l’un des aspects-clés de son travail au sein d’une organisation qui représente une réelle diversité. De fait, les Etats membres de l’OCI vont du Qatar, où le revenu par habitant est le plus élevé du monde, à la Somalie, troisième pays le plus pauvre en termes de revenu par habitant (après la République démocratique du Congo et le Zimbabwe). Sa propre vie

est d’ailleurs le reflet de cette diversité qui règne au cœur de l’organisation. Né au Caire d’une famille turque et diplômé de l’université Ain Shams du Caire, il parle couramment l’anglais et l’arabe, deux langues officielles de l’OCI.

L’ENGAGEMENT AUPRÈS DES MUSULMANS DU MONDE Au sommet islamique du Caire en février, Ihsanoglu s’assoit un moment dans une pièce à l’écart pour feuilleter un album photos qui retrace son mandat. Une photo le montre en pleine rencontre avec Barack Obama, et une autre avec la secrétaire d’Etat de l’époque, Hillary Clinton. Sur une autre, Ihsanoglu effectue une visite historique en Chine et se tient en compagnie du Premier ministre chinois, Wen Jiabao, dont la politique déployée envers la population musulmane de l’Est du Turkestan a attisé la colère de nombreux musulmans du monde. Pourtant, ce ne sont pas uniquement les visites historiques qui ont marqué le mandat d’Ihsanoglu. Celui-ci a transformé une organisation autrefois enfermée dans son obsession du conflit israélo-palestinien en une organisation qui s’engage désormais auprès des musulmans du monde. C’est son administration qui a supervisé le développement d’un «commerce préférentiel» réservé aux Etats membres de l’OCI qui a fait passer le volume des échanges commerciaux entre Etats de l’OCI à 687 milliards de dollars en 2011 alors qu’il n’était que de 205 milliards de dollars en 2004. Ihsanoglu a également mis un point d’honneur à développer la science au sein du monde musulman et a pris le temps pendant son discours au sommet islamique du Caire de noter que «les dépenses moyennes des Etats membres de l’OCI dans le domaine de la recherche [avaient] quadruplé de 0,2 % du PIB en 2005 à 0,81 % du PIB en 2012» et que «le nombre de publications scientifiques des membres de l’OCI a été multiplié par 5 entre 2000 et 2011». DES EXPLOITS DANS LE DOMAINE POLITIQUE Plus à l’aise dans le domaine académique, c’est pourtant dans le domaine politique qu’Ihsanoglu a réalisé ses actes les plus courageux. Après le début du Printemps

Le mandat d’Ekmeleddin Ihsanoglu à l’OCI s’est terminé en janvier dernier.

arabe, la candidature de la Syrie au sein de l’organisation a été suspendue pour violations des droits de l’homme. De plus, pendant le mandat d’Ihsanoglu, l’approche de l’OCI par rapport aux droits de l’homme s’est davantage rapprochée des normes internationales. C’est même lui qui a embauché la toute première femme du siège de l’Organisation de la coopération islamique à Djeddah en Arabie saoudite. La nature historique de son mandat n’a pas manqué de faire impression chez les grands diplomates de l’OCI. Hamid Binejiad, diplomate iranien, note qu’Ihsanoglu «a été à la tête de l’organisation pendant une période où l’OCI a évolué sur tous les sujets, de la Palestine jusqu’aux projets de développement financier. Aujourd’hui, l’OCI a une perspective plus globale, plus humaine et a étendu ses relations aux Etats non-membres». Ces changements n’ont pas été faciles pour une

organisation qui fonctionne sur la création d’un consensus. «Il n’a pas seulement été un secrétaire général d’importance et d’évolution mais aussi le premier secrétaire général de l’OCI à s’être rendu en Somalie [depuis 1991]», affirme pour sa part le diplomate somalien, Ali Omar.

UN NOUVEAU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL Ihsanoglu a démissionné en faveur du Saoudien Iyad ben Amine Madani. Ancien étudiant de l’Arizona State University et ancien ministre de la Culture et de l’Information, Iyad ben Amine Madani est le premier Saoudien à obtenir ce poste. Le mandat de Madani pourrait marquer le retour au conservatisme bureaucratique de l’ancien secrétaire général de l’OCI. Ou peut-être pas. Mais il est difficile d’imaginer un mandat aussi historique que celui de Ihsanoglu.

Gül : «La crise en Ukraine menace la stabilité dans la région» -

Abdullah Gül, avec ses homologues azéri, Ilham Aliyev, et géorgien, Georgi Margvelashvili.

Le président de la République turque, Abdullah Gül, a déclaré que les développements récents en Ukraine menaçaient la stabilité et la sécurité de la région et a appelé à une solution politique pour mettre fin à la crise. Lors de la conférence de presse organisée après le Sommet tripartite Turquie-Géorgie-Azerbaïdjan, le président Gül a dit que les présidents turc, géorgien et azéri avaient évoqué la crise en Ukraine. Les trois chefs d’Etat se sont accordés sur l’importance d’y trouver une solution pacifique. «La crise affecte la sécurité et la stabilité dans notre région», a expliqué Gül, «il est impérieux de trouver une solution pacifique sur la question de l’intégrité territoriale de l’Ukraine conformément au droit international». En effet, le désordre qui règne dans l’Est du pays s’est étendu dans

le Sud, à Odessa. 46 pro-Russes ont perdu la vie lors des affrontements. Gül a également précisé que la Turquie suivait de très près la situation des Tatars de Crimée.

LE CAUCASE, UN POINT CENTRAL DE LA COOPÉRATION Lors de la conférence de presse avec ses homologues azéri, Ilham Aliyev, et géorgien, Georgi Margvelashvili, Abdullah Gül a également déclaré que la coopération des trois pays permettait au Caucase de devenir attractif. Rappelant que des projets importants comme l’oléoduc BakouTbilissi-Ceyhan, le gazoduc BakouTbilissi-Erzurum et le chemin de fer Bakou-Tbilissi-Kars ont été lancés, le président turc a estimé que ces pays contribuaient fortement à la stabilité et au développement de la région.


12 CULTURE

16 - 22 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

Bouchareb met en scène le duel Whitaker/Keitel La Voie de l’ennemi, le dernier film du réalisateur franco-algérien Rachid Bouchareb est sorti mercredi 7 mai dans les salles françaises. Remake du film français Deux hommes dans la ville de José Giovanni, ce thriller met en scène le duel entre Forest Whitaker, un ex-détenu converti à l’islam et qui cherche à se réinsérer et Harvey Keitel, incarnant un shérif décidé à venger son ancien collègue FOUAD BAHRI PARIS En 1973, José Giovanni sortait le film Deux hommes dans la ville interprété à l’époque par Alain Delon et Jean Gabin. 41 ans plus tard, le réalisateur Rachid Bouchareb, auteur de Indigènes et Hors-la-loi, lui rend hommage avec La Voie de l’ennemi, un remake du film français qui met en scène deux grands acteurs américains, Forest Whitaker et Harvey Keitel. Le premier incarne un ancien prisonnier, Garnett, incarcéré pour meurtre. En prison, Garnett découvre l’islam, se convertit et décide de changer de vie. A sa sortie après 18 ans d’incarcération, il espère se construire une nouvelle vie avec sa petite amie, au NouveauMexique. Mais c’est sans compter sur le shérif Bill Agati, dont l’adjoint a été tué par Garnett. Interprété par Harvey Keitel, Bill Agati compte bien faire payer au personnage joué par Forest Whitaker, la perte de son collègue.

-

A LA RENCONTRE DES SHÉRIFS, DU TEA PARTY ET DES IMAMS Dans ce thriller, le réalisateur franco-algérien dont on connaît la patte intimiste et engagée, a fait en sorte de s’emparer des tensions propres à la société américaine, en particulier celles du Nouveau-Mexique, telles que l’immigration, les questions raciales, religieuses et sexuelles. Co-produit par l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), Enemy Way, ou La voie de l’ennemi est le dixième long-métrage de Bouchareb. Il a, pour ce faire, bénéficié d’une préparation minutieuse de toute l’équipe. Comme il l’a détaillé lui-même au cours d’une interview donnée à l’occasion de la sélection de son film à la 64e Berlinale, Rachid Bouchareb est allé jusqu’à la frontière américaine du NouveauMexique. «J’ai rencontré des shérifs, des gens du Tea Party, des imams, etc». Quant à Forest Whitaker, il s’est plongé à corps perdu dans son rôle allant s’informer auprès d’imams et dévorant les ouvrages sur l’islam. Il «a lu des livres dont le Coran. Il connaît mieux les Ecritures que moi désormais», précise le réalisateur . BOUCHAREB LE PASSE-FRONTIÈRES Autre aspect de la méthode Bouchareb, le film a été taillé sur mesure pour les acteurs. En particulier pour Forest Whitaker. «Quand j’ai rencontré Forest, je n’avais pas de film, pas d’histoire ; nous avions juste envie de travailler ensemble, de construire quelque chose», confie Rachid Bouchareb. Un rôle tout en suggestion pour Whitaker lorsqu’il campe les états d’âme d’un personnage en quête de rédemption. «Au début du film, le personnage de Forest parle peu. Tout repose sur une interprétation intérieure», explique ainsi le réalisateur. Avec La voie de l’ennemi, Bouchareb confirme un peu plus le sens de sa vocation cinématographique : celle de passe-frontières.


13 CULTURE

16 - 22 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

AGENDA CULTUREL

SEYFEDDINE BEN MANSOUR LILLE Le 15 mai s’est achevé à Morges en Suisse la Fête de la tulipe. Cette année, pas moins de 120 000 tulipes, correspondant à 300 variétés différentes, ont été plantées Parc de l’Indépendance, au bord du Lac Léman. La Hollande, en Europe comme ailleurs, est souvent perçue comme étant le pays de la tulipe par excellence. C’est oublier qu’elle doit ce statut, en partie du moins, à la Turquie, pays où cette fleur est aujourd’hui un symbole national. Dans toutes les langues d’Europe, du reste, le mot qui sert à désigner cette fleur vient du turc tülbent.

CINÉMA

L’Ere des Tulipes, une période faste de l’Empire ottoman

med III (1703-1730) et plus exactement aux treize années du vizirat de Nevshehirli Ibrahim Pasha. «On attribue à [ce dernier], grand vizir et gendre d’Ahmed III, le goût pour les tulipes. Il en avait un grand parterre dans sa maison de campagne, sur la rive du Bosphore. Il fit illuminer ce parterre, ce qui impressionna le sultan qui décida d’organiser la même célébration au palais de Topkapi tous les ans, sous le nom de Lalè-Tschi-

raghany (Illumination des tulipes)», rapporte ainsi le comte de Salaberry dans son Histoire de l’Empire ottoman. Le sultan comme le grand vizir étaient des hommes cultivés, d’un grand raffinement, et qui, tous deux, s’adonnaient à la poésie et à la calligraphie, arts nobles par excellence en Islam.

UN ENGOUEMENT EXTRAORDINAIRE Pendant près de treize ans, Ibrahim Pasha créa ainsi une ambiance de perpétuelles festivités autour du thème de la tulipe. Les jardins comme les fenêtres étaient couverts de tulipes, une fleur dont on dénombrait pas moins de 839 variétés en 1726. Des compétitions étaient organisées chaque année. Certains bulbes étaient si chers que l’Etat a dû intervenir en 1722, fixant les prix pour éviter une envolée spéculative. Cet extraordinaire engouement fut en outre créateur, puisqu’il est à l’origine d’un genre poétique, qu’illustre merveilleusement l’œuvre de Nedim ; d’un style architectural, incarné notamment par le Laleli Camii, la Mosquée

de la Tulipe ; et d’un style artistique, le «Baroque ottoman».

MODERNISATION POLITIQUE ET SOCIALE Sur le plan politique et social, l’Ere des tulipes est marquée par un important mouvement de modernisation. En 1724, Ibrahim Müteferrika, un converti hongrois, installe la première imprimerie. Des ingénieurs militaires français sont chargés de préparer un plan de réformes de l’armée sur le modèle occidental, tandis qu’un autre converti, Ahmed Pasha Bonneval, met en place un nouveau corps d’artillerie. Le Grand vizir met en place une politique de préservation du patrimoine : l’exportation de manuscrits est interdite et un institut est créé pour la traduction des textes arabes et persans. Outre la bibliothèque califale, institution dirigée par le poète Nedim, cinq nouvelles bibliothèques sont créées. Une nouvelle impulsion est donnée à l’industrie de la porcelaine, tandis que dans les grandes cités de l’Empire, fleurissent les œuvres du génie civil : routes, aqueducs, mosquées, fontaines, etc.

Tu n’as rien vu en Bosnie, rien servi de camp de torture et de viol durant les heures sombres de la guerre en ex-Yougoslavie. Touchée, la jeune femme ne peut oublier et décide de revenir sur les lieux pour lever le silence. Le film est inspiré d’une histoire vraie. Choquée autant par ces crimes que par le silence des autorités et des habitants de la ville, l’actrice et dramaturge australienne Kym

Crossing The Bridge, The sound of Istanbul

Une radiographie riche et fouillée des divers courants musicaux qui traversent Istanbul, plaque tournante de l’Orient et de l’Occident. Un documentaire de Fatih Akin (Turquie/Allemagne, 2005, 1h30).

L’Europe, les musulmans et la montée de l’islamophobie

«Genèse et enjeux de l’usage du concept d’islamophobie» par Houda Asal, Université McGill de Montréal (10h30 - 12h30) ; «La construction médiatique de l’islamophobie en France» par Thomas Deltombe, auteur et éditeur (14h00 - 16h00) ; «Islamophobie et Royaume-Uni» par John R. Bowen, Université Washington de Saint Louis (16h15-18h00). Le 17 mai iReMMO 5-7, rue Basse des Carmes 75005 Paris

& à voir...

Après de magnifiques vacances d’été dans un village de Bosnie, Kym, une touriste australienne, découvre que ce lieu avait été le théâtre d’un crime contre l’humanité, l’épuration ethnique et systématique de la communauté musulmane par des milices serbes en 1992. Le charmant hôtel-spa dans lequel elle avait passé une nuit avait ainsi

Nassima Chabane est une des grandes voix du chant arabo-andalou de tradition algérienne. Dans son répertoire, la poésie amoureuse côtoie la poésie mystique, celle d’Ibn Hazm, d’Ibn Arabi, et l’émir Abdelkader.

Le 16 mai à 19h00 Théâtre Liberté Place de la Liberté 83000 Toulon

THÉÂTRE D’OMBRE

A lire

Un «zéphyr» passe

Le 16 mai à 20h30 Institut du monde arabe Place Mohammed V 75005 Paris

DOCUMENTAIRE

‘‘

«On dénombrait pas moins de 839 variétés de tulipes en 1726.»

CONCERT

Le mot tulipe vient du turc tülbent.

LÂLE DEVRI , L’ERE DES TULIPES

A l’origine de son introduction en Occident, deux Français. Le premier, Ogier Ghislain de Busbecq, ambassadeur de Ferdinand Ier de Habsbourg (1503-1564) auprès de la Sublime porte, apporte les premiers spécimens de tulipe en Europe. Le second, le botaniste Charles de l’Ecluse, en développe la culture en Hollande. Très vite, l’engouement est grand à travers l’Europe. Mais c’est sans doute dans l’Empire ottoman que cet engouement prendra les formes les plus extravagantes. Réimportée de Hollande, pays où avaient été obtenues quantité de variétés nouvelles, sous le règne de Ahmed III, la tulipe a suscité un enthousiasme sans bornes. Elle donnera son nom à l’une des plus brillantes époques de l’empire ottoman, – Lâle devri –, l’Ere des tulipes, correspondant à la deuxième moitié du règne d’Ah-

Quatre courts-métrages autour d’Istanbul, la villemonde : Chienne d’histoire de Serge Avedikian (France/ Canada, 2010, 15 mn, Palme d’Or au Festival de Cannes 2010) ; – Chauffeur [Soför] de Güldem Durmaz (Belgique, 2001, 17 mn) ; – Mesut et ses frères, de Julien Cunillera (France, 1997, 14 mn) ; – Ali et Aylin de Julien Cunillera (France, 1996, 6 mn). Le 17 mai à 19h00 Théâtre Liberté Place de la Liberté 83000 Toulon

TABLE RONDE

Islam des mondes

-

Le cinéma turc «côté courts»

Vercoe avait en effet monté une pièce de théâtre sur le sujet ; la cinéaste bosnienne Jasmila Zbanic en a fait un film où Kym joue son propre rôle. Avec sobriété et pudeur, sans effet, filmé parfois comme des souvenirs de vacances, le récit de la réalisatrice fait basculer le spectateur dans l’effroi et l’hiver, face à ceux qui ne veulent surtout pas se souvenir.

Les femmes de Visegrad, réalisé par Jasmila Zbanic (drame, Bosnie-Herzégovine, 2014, 1h12). Avec Pamela Rabe, Boris Isakovic, Jasna Djuricic. Sortie en salles le 7 mai.

Faudrait être un âne. Divines absurdités de Nasr Eddine Hodja

En replaçant le théâtre d’ombres (karagöz) dans le contexte actuel, Rûsen Yildiz a su lui redonner sa dimension populaire, satirique et critique. A partir de 7 ans. Le 16 mai à 19h30 Théâtre Liberté Place de la Liberté 83000 Toulon


OPINION14

16 - 22 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

La montée d’un Etat rentier «à la turque» La Turquie a d’ores et déjà amorcé son virage vers le système de l’Etat rentier, qui offre à son peuple des opportunités économiques en échange de leur «soumission volontaire». Le gouvernement est de ce fait devenu l’acteur-clé de la stabilité économique.

-

Dans la littérature, l’Etat arabe est l’exemple type de l’Etat rentier, qui offre à son peuple des opportunités économiques en échange de leur «soumission volontaire». Mais le modèle politique rentier GÖKHAN BACIK est, dans bien des cas, une situation respectée par le peuple, heureux de bénéficier des différents services sociaux et économiques proposés par l’Etat. Bien évidemment, ce système rentier existe au détriment de la démocratie. Il n’existe aucune société démocratique ayant une structure économique rentière. Il faut néanmoins reconnaître que ce type de système est très efficace. Rappelons par exemple que le gouvernement saoudien

‘‘

avait empêché un soulèvement en injectant 25 milliards de dollars dans l’économie. Le système rentier peut se résumer ainsi : si vous avez assez de ressources externes à injecter dans l’économie, vous arriverez à maintenir un certain niveau d’autoritarisme.

Edité par : Source SARL 2, boulevard Saint Martin 75010 PARIS Directeur de la Publication: HUSEYIN KARAKUS Directeur Général de Zaman France et Directeur des rédactions: EMRE DEMIR Rédacteur en chef adjoint: FOUAD BAHRI Directeur Administratif: FAHRETTIN TEKIN Directeur des ressources humaines: AKIF SAMETOGLU Responsable Commercial: MEHMET SELVI Service Abonnement: CELINE GOKSU Secretaires de Rédaction: FARIDA BELKACEM SELIM BEDER Traduction: CLEMENTINE RAYNAUD Correspondant Presse Alsace: MEHMET DINC Correspondant Presse Ile de France: OSMAN USTA VEDAT BULUT FERHAN KOSEOGLU Infographie: NICOLAS VINCENEUX MUHAMMED SAHIN Redacteurs Web: AYSEGUL ZORLU SUHEDA ASIK Service informatique: HASAN OZCELIK Imprimerie : L IMPRIMERIE 79 Route De Roissy 93290 Tremblay En France Adresse : 2 Boulevard Saint-Martin 75010 PARIS Tel : 01 42 00 19 36 Faks : 01 42 00 19 58 info@zamanfrance.fr www.za­manfrance.fr - www.zamanfransa.com no CPPAP : 1117 I 90032 - ISSN 1869-5795 Tarif abonnement annuel France : 120€

LE GOUVERNEMENT, ACTEUR-CLÉ DU JEU ÉCONOMIQUE Dans le même temps, le gouvernement est devenu l’acteur-clé de l’ensemble du jeu économique. C’est lui qui prend les décisions pour les appels d’offre majeurs et autres décisions économiques importantes. La Turquie n’est donc plus une économie de mar-

Erdogan président ? De bonnes raisons de s’inquiéter

-

Le Premier ministre turc a vivement réagi au discours prononcé par le bâtonnier du Conseil national des barreaux (TBB) lors de l’anniversaire de la création du Conseil d’Etat, où était aussi présent le président Gül. Son emportement était scandaleux. Pourtant, les médias et commentateurs pro-gouvernementaux ont loué et accueilli cette réaction. Le discours du président du TBB, Metin Feyzioglu, aurait pu être analysé et critiqué d’un autre point de vue si Erdogan n’avait pas réagi aussi furieusement. Ce dernier aurait pu, par exemple, donner son avis sur ce discours lors d’une conférence de presse ou d’une réunion de son parti, et peut-être qu’on lui aurait donné raison. Mais il a préféré agir de façon impulsive.

LA SOCIÉTÉ TENUE À L’ÉCART DE LA POLITIQUE L’un des clichés typiquement utilisés par Erdogan lorsqu’il est critiqué et qu’il s’adresse à des juristes : «Enlevez votre robe avant de faire de la politique». Ces propos ont été proférés à Feyzioglu de nombreuses fois déjà. Très probablement, si Feyzioglu n’avait pas prononcé son discours, Erdogan aurait dit la même chose à Zerrin Güngör, la présidente du Conseil d’Etat, qui a souligné la dignité de la justice. Dans le passé, ceux qui disaient qu’il était préférable que la politique soit uniquement réservée aux hommes politiques étaient les figures pro-coup d’Etat. Pendant des années, elles ont tenté de tenir la société loin de la politique. Aujourd’hui, aux réunions de parti et aux meetings politiques, Erdogan exhorte les journalistes critiques, les universitaires, les écrivains, les avocats et les représentants de la société civile à devenir politiciens comme lui. Je ne sais pas qui dira au Premier ministre qu’il n’est pas nécessaire de devenir politicien pour faire de la politique.

«La Turquie n’est plus une économie de marché typique»

UN SYSTÈME RENTIER «À LA TURQUE» Contrairement aux pays arabes, la Turquie n’a pas de pétrole. Mais la façon dont le gouvernement gère les investissements étrangers directs et son influence sur l’économie méritent la qualification de «système rentier turc». Les entrées de capitaux étrangers sont prédominants dans l’économie turque. La Turquie dépend beaucoup des investissements étrangers directs. Le pays ne produit que des biens de second rang qui ne peuvent convenir aux fabricants de haute technologie. Pour conserver ce cycle, la Turquie maintient diverses constantes comme des taux d’intérêts élevés. Peu importe à quel point l’Etat hôte est autoritaire, nombreux sont les investisseurs étrangers à estimer qu’il est préférable d’avoir leurs fonds en Turquie, puisque les taux d’intérêts sont plus élevés que dans n’importe quel autre marché développé.

CAFER SOLGUN

ché typique. Elle est, au contraire, qualifiée d’économie centrée sur l’Etat. Le système actuel pourvoit aux besoins des entreprises fidèles et rappelle ce système tristement célèbre du «capitalisme de copinage». En échange, ces entreprises soutiennent le gouvernement, en dirigeant des chaînes de télévision pro-gouvernementales par exemple. Où se trouve le citoyen moyen dans cette équation ? Naturellement, celui-ci est attaché à la stabilité économique. Le niveau d’endettement personnel est très élevé en Turquie et le cauchemar du citoyen moyen, c’est la crise économique. D’un autre côté, le gouvernement réussit à manipuler son peuple. Des millions de personnes se satisfont d’un salaire mensuel de 500 dollars (360 euros). Que signifie donc la démocratie pour le citoyen moyen turc ? Le concept ne fait qu’à moitié sens ici. Les millions de Turcs qui vivent dans des petites et des moyennes villes se

moquent du débat intellectuel qui cristallise le concept de démocratie. Tant que leur liberté religieuse n’est pas menacée, ils n’iront pas critiquer les amendements à la loi sur les services de renseignement ou à la loi sur les marchés publics. Ces propos peuvent paraître quelque peu orientalistes mais la société turque tend à accepter un modèle autoritaire favorable à la religion et qui puisse garantir une stabilité économique. Par exemple, moins de 5 millions de journaux quotidiens sont diffusés en Turquie, pays où vivent pourtant 80 millions de personnes. De nombreuses questions ne sont débattues que dans les grandes villes de l’Ouest de la Turquie. L’histoire du modèle turc nous enseigne qu’il n’y a pas de raccourci vers la démocratisation. La Turquie a encore besoin de temps pour surmonter certains problèmes critiques avant d’y arriver. g.bacik@todayszaman.com

UNE SITUATION INQUIÉTANTE Nous nous sommes habitués à l’indignation du Premier ministre lors des périodes critiques, ces dernières années. Quand un journaliste ose poser une question qu’Erdogan n’apprécie pas, l’incident fait la une des journaux. Ce qui est vraiment inquiétant, c’est qu’Erdogan veut devenir président et que son parti et les médias progouvernementaux soutiennent cela. Les devoirs et les pouvoirs du président sont précisés aux articles 101, 102, 103, 104, 105 et 106 de la Constitution et soulignent qu’il doit être impartial et neutre. Ces articles notent aussi que le président doit contrôler le respect de la Constitution. Un homme politique qui ne respecte pas les décisions de la Cour constitutionnelle, réagit aux mises en garde des institutions judiciaires, manipule les médias, pense que la politique ne peut être exercée que par des hommes politiques et voit la polarisation du peuple comme un succès se prépare à devenir président. Les inquiets ont bien raison de l’être. c.solgun@todayszaman.com


15 SPORT

16 - 22 MAI 2014 ZAMAN FRANCE

Rio 2014 : une liste française sans surprise, Nasri laissé à l’écart Elle était très attendue, beaucoup commentée, la liste des joueurs sélectionnés pour la Coupe du Monde a enfin été dévoilée hier soir sur le plateau de TF1 par Didier Deschamps. S’il n’y a pas de grosse surprise, le sélectionneur a bien confirmé l’absence de Samir Nasri. MAHMUT SARP PARIS «C’est un joueur titulaire dans un grand club comme Manchester City. Mais quand il est remplaçant en équipe de France, il n’est pas content et ça se ressent dans le groupe». Voilà comment le successeur de Laurent Blanc a justifié la non-sélection du joueur de 26 ans, tout juste couronné champion d’Angleterre avec son club Manchester City. Samir Nasri a déclaré sur le réseau social Twitter que «la vie continue et qu’il espère avoir une nouvelle chance à l’avenir». Toujours du côté des absents, Éric Abidal, qui ne fait pas partie du voyage pour le Brésil, a indiqué qu’il mettait un terme à sa carrière internationale. Sont en tout cas bien présents, les joueurs cadres, Lloris, Evra, Matuidi, Ribéry et Benzema, mais aussi de très jeunes joueurs, dans l’optique bien évidemment de préparer l’équipe qui va disputer l’Euro 2016 en France. Ils ne sont pas moins de 8 joueurs à avoir moins de 25 ans dans cette sélection.

-

23 JOUEURS ET 7 RÉSERVISTES Didier Deschamps a décidé de donner une liste de 23 joueurs et de 7 réservistes. Il a préféré ne pas prendre une liste élargie de 30 joueurs contrairement à ses nombreux prédécesseurs à l’image de Laurent Blanc et Raymond Domenech. Dans cette liste de réservistes on

Selçuk Aydin à la conquête du monde MAHMUT SARP PARIS Plus que deux victoires avant de devenir champion du monde. Selçuk Aydin a terminé ses préparations avant le combat fatidique qui va l’opposer à l’ukrainien invaincu Victor Postol samedi à Los Angeles. Dans une conférence de presse organisée avant son départ pour les Etats-Unis, le boxeur originaire de Trabzon s’est dit confiant. «Mon adversaire est classé 1er, moi second mais je pense que je suis tout de même favori ».

-

«THE TURKISH WARRIOR» Selçuk Aydin c’est 26 victoires en 28 matchs, dont 19 par K-O, alors que son adversaire qui n’a pas encore connu la défaite en tant que professionnel, enregistre 25 victoires dont 10 par K-O. Le vainqueur de cette demi-finale défiera le champion du

monde de la catégorie poids léger le Portoricain lui aussi invaincu, Danny Garcia. «The Turkish warrior» comme on le surnomme a déclaré qu’il attendait plus de soutien de la part des médias turcs. «Ça fait maintenant 22 ans que je pratique ce sport et j’ai toujours représenté mon pays et j’en ai toujours été fier, aujourd’hui tout ce que je demande c’est un peu plus de soutien». Michele di Rocco, l’entraîneur du boxeur de 30 ans est lui aussi assez confiant. «Selçuk est très fort et il est très concentré, le jour du match il sera au top de sa forme et j’espère que ça va être suffisant face à Victor Postol.» D’après les propos de son manager Ahmet Oner, la rencontre devait initialement se dérouler en Ukraine, mais en raison des événements qui s’y déroulent actuellement, la rencontre a dû être délocalisée à Los Angeles.

trouve une majorité de jeunes joueurs, tels que Clément Grenier, Alexandre Lacazette et Rémy Cabella. S’il le souhaite, le sélectionneur a jusqu’au 2 juin pour modifier sa liste. Les joueurs vont commencer à se rassembler à partir du 19 mai à Clairefontaine. Raphaël Varane et Karim Benzema auront eux un peu de retard

en raison de la finale de la Ligue des Champions le 24 mai. «Les Bleus» disputeront trois matchs amicaux face à la Norvège le 27 mai, face au Paraguay le 1er juin et enfin le 8 juin face à la Jamaïque. Ils s’envoleront le 9 juin pour le Brésil où ils débuteront le tournoi face au Honduras le 15 juin dans ce groupe E.


Jose Mujica, un président pas comme les autres MAHMUT SARP Lui se définit comme un «humble paysan», mais la revue britannique Monocle, elle, l’a décrit comme «le meilleur leader au monde». Ce qui est certain, c’est que

-

Jose Mujica est le président le plus pauvre du monde. En effet, il reverse près de 90 % de son salaire de 9300 euros à des œuvres caritatives et à des organismes de logements sociaux. Les 10 % qu’il lui reste, soit près de 600 euros (proches du salaire moyen d’un uruguayen) seraient suffisants pour vivre selon lui. « J’ai vécu comme ça la plupart de ma vie. Je peux vivre avec ce que j’ai » déclare l’intéressé à la BBC.

«UNE QUESTION DE LIBERTÉ» Dans ce petit pays d’Amérique Latine, la déclaration de patrimoine des élus est obligatoire. Celle du président Mujica s’élevait à... 1 411 euros en 2010. L’homme de 78 ans, a été élu en 2009 avec plus de 53 % des voix. Depuis, il refuse de vivre dans la luxueuse demeure réservée aux présidents, lui préférant la ferme de sa femme dans la banlieue de la capitale Montevideo. «On m’appelle le président le plus pauvre, mais je ne me sens pas pauvre. Les pauvres sont ceux qui travaillent uniquement pour avoir un style de vie dépensier, et qui en veulent toujours plus. C’est une question de liberté» lance le président au passé atypique. Cet ancien membre de la guérilla Tupamaros (groupe armé d’extrême-gauche inspiré de la Révolution cubaine), avait reçu 6 balles dans le corps et passé pas moins de 14 années en prison. Il est libéré en 1985, année où le pays devient une démocratie.

Le doyen de l’Humanité a-t-il 179 ans ?

-

Mahashta Mûrasi, est un Indien de Bénarès, et dit être né le... 6 janvier 1835 à Bangalore. Il aurait donc 179 ans et pourrait même le prouver avec des documents. Cette information rapportée par Direct Matin est assez difficile à croire. Inutile de préciser que si ce qu’il dit est vrai, il s’agirait d’un record absolu. L’homme déclare avoir travaillé comme cordonnier jusqu’en 1957, soit une retraite prise à l’âge de... 122 ans.

«LA MORT M’A OUBLIÉ» Depuis 1903, il habiterait cette ville de Bénarès, située sur la rive gauche du Gange. Ce lieu serait par ailleurs un endroit hautement spirituel, ce qui pourrait peut-être expliquer ce phénomène. «Je suis en vie depuis si longtemps que même mes arrière-petits-enfants ne sont plus de ce monde. La mort m’a oublié et je nourris désormais peu d’espoir. Personne ne meurt à 150 ans, encore moins à 170. Je dois être immortel ou quelque chose comme ça» a déclaré le doyen «non confirmé» de l’humanité.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.