Les petites sœurs de Sainte-Sophie
Accoucher de manière plus naturelle
Les malheurs de l’équipe nationale
DECOUVERTE12
SANTE13
SPORT16
30 AOÛT - 5 SEPTEMBRE 2013 N° 278 Prix : 2,5 €
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Al-Qazzaz : on «a laissé les Egyptiens se faire tuer» «Nous avons été témoins d’un massacre qui a duré plus de 12 heures. La communauté internationale n’est pas intervenue pour y mettre fin et a laissé le peuple se faire tuer». Ce sont les mots de Mona AlQazzaz, une des porte-parole des Frères musulmans en Grande-Bretagne, qui s’exprimait à Zaman. Décrivant le drame égyptien, elle juge indispensable que le mot «coup d’Etat» soit prononcé par les pays occidentaux. RINTERNATIONAL 09 OPINION
Les Frères musulmans ne sont pas l’AKP SAHIN ALPAY r15
LA TURQUIE VEUT RÉDUIRE LA CHUTE DE SA MONNAIE Alors que sa monnaie chute de plus en plus, la Banque centrale turque met en place des mesures afin de limiter les effets d’une tourmente qui touche d’autres pays émergents.
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L’indice boursier turc continue de chuter alors que la valeur de la monnaie locale est tombée au plus bas mardi 27 août, où un euro équivalait à environ 2,7 livres turques. Face à cette annonce qui a
Couacs dans la réforme des rythmes scolaires
LA TURQUIE PRÊTE À PARTICIPER À UNE COALITION CONTRE LA SYRIE
A la prochaine rentrée de septembre, plusieurs communes adopteront les
Une intervention militaire en Syrie semble imminente, au vue des déclarations successives des chefs d’Etats occidentaux, mardi et mercredi. -INTERNATIONAL 10
nouveaux rythmes scolaires, marquant la fin de la semaine de quatre jours. En principe, les écoliers auront classe le mercredi matin mais des dérogations pourront être accordées pour remplacer le mercredi par le samedi matin. Ainsi, environ un élève du public sur quatre connaîtra la nouvelle semaine dès septembre. R SOCIETE 04
Des futurs enseignants au niveau trop bas ? RSOCIETE 05
provoqué une fuite importante de capitaux, la Banque centrale turque a décidé d’introduire des mesures de resserrement qui n’ont fait qu’augmenter pour prévenir la chute libre de la livre turque. RECONOMIE 11
TURQUIE
Egypte-Israël : la polémique entre Erdogan et BHL r06
A la rentrée, les écoles maternelles et primaires de 4.000 communes de France vont devoir se plier à un nouveau rythme scolaire.
Tentatives de suicide de la jeune fille voilée agressée à Trappes La jeune adolescente voilée, agressée par des skinheads le 13 août à Trappes, s’est défenestrée du quatrième étage de son immeuble, lundi 26 août. Elle est depuis «sortie d’affaire». - FRANCE 03
EDITO
Drame de Trappes : musulmane et ado r02 Zaman Okur Hattý: 01 42 00 19 36
La cigarette électronique n’est pas sans danger La revue 60 millions de consommateurs révèle, dans une étude, la dangerosité de la cigarette électronique. -FRANCE 02
LE MOUVEMENT GÜLEN FAIT LE POINT SUR SES RELATIONS AVEC L’AKP A la suite de la propagation sur les réseaux sociaux et dans quelques médias de rumeurs sur des tensions et des rivalités politiques entre le mouvement Gülen et le gouvernement, la Fondation des journalistes et écrivains (GYV) a publié un communiqué de mise au point. -TURQUIE 08
02 FRANCE
La cigarette électronique n’est pas sans danger
EDITO LA RÉDACTION
Drame de Trappes : musulmane et ado La jeune fille qui avait été agressée à Trappes et qui a récemment essayé de se suicider est fort heureusement sortie d’affaire puisque le pronostic vital n’est plus engagé. Le drame a été suivi par une polémique lancée par le Collectif contre l’islamophobie en France qui pose la question de la responsabilité de la police, qui aurait exercé des «pressions» sur la jeune musulmane. Celle-ci aurait également été accusée de mentir dans sa description de l’agression islamophobe dont elle a été victime. Si elles sont véridiques, ces précisions, jugées «diffamatoires» par Frédéric Lagache, secrétaire général du syndicat Alliance, sont une précieuse information et établiraient un lien direct entre les deux drames. Toujours est-il que, comme le rappelaient les titres de nombreux articles consacrés à ce dernier événement, nous avons là avant tout affaire à une adolescente. Plus généralement et indépendamment même de cette triste affaire, il est nécessaire de prendre garde à ne pas coller l’étiquette «islam» à toutes les questions. Sans tomber dans la facilité de trop psychologiser la question, il faut tenir compte du fait que la situation particulière dans laquelle se trouve un individu – son âge, son sexe, sa culture, son histoire personnelle, sa situation familiale et sociale, etc. – influence nécessairement son mode de vie, ses choix et décisions. Or, l’habitude dans la société française est d’enfouir toutes ces déterminations derrière la notion générale d’islam, qui est censée tout expliquer. L’anthropologue du fait religieux Dounia Bouzar pointe du doigt ce problème dans son livre Monsieur Islam n’existe pas (Hachette), où elle invite à une «désislamisation des débats», qui près de dix ans après sa publication, n’a toujours pas trouvé pleinement écho. Ainsi, si les «islamisants» pensent tout à partir de la référence à l’islam, les «socialisants» ont recours aux sciences humaines et sociales pour comprendre certains mécanismes, sans pour autant nier le critère de la foi individuelle. Il est dès lors important de noter que les «islamisants» sont aussi bien des musulmans que des observateurs, voire des détracteurs de l’islam. info@zamanfrance.fr
30 AOÛT - 5 SEPTEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
La revue 60 millions de consommateurs révèle, dans une étude, la dangerosité de la cigarette électronique. La vapeur des cigarettes électroniques contient des «molécules cancérogènes en quantités significatives», selon 60 millions de consommateurs.
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Les cigarettes électroniques inoffensives ? Pas vraiment, contrairement à ce que disent les fabricants. Elles «peuvent émettre des composés potentiellement cancérogènes», selon la revue 60 millions de consommateurs, publiée ce mois-ci, qui a testé une dizaine de modèles jetables ou rechargeables. «Les cigarettes électroniques sont loin d’être les gadgets inoffensifs qu’on nous présente. Ce n’est pas une raison pour les interdire. C’est une raison pour mieux les contrôler», a précisé Thomas Laurenceau, rédacteur en chef du magazine de l’Institut national de la consommation (INC). Constatant un étiquetage non conforme au contenu de certains produits, l’INC a alerté les autorités.
DES «MOLÉCULES CANCÉROGÈNES» Thomas Laurenceau a dénoncé également l’absence de bouchon de sécurité sur certaines recharges alors que la nicotine est particulièrement toxique pour les petits. Ingérées, les doses élevées de certains produits de l’étude peuvent tuer un enfant. La revue affirme avoir décelé, grâce à une méthode inédite, des «molécules cancérogènes en quantité significative» dans les vapeurs d’e-cigarettes. «Ainsi dans trois cas sur dix, pour des produits avec ou sans nicotine, les teneurs en formaldéhyde ou formol relevées flirtent avec celles observées dans certaines cigarettes conventionnelles», souligne-t-il. La cigarette électronique pré-
sente un risque d’addiction à la nicotine. Certaines d’entre elles contiennent autant de tabac qu’une cigarette classique. Aussi en 2008, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait estimé qu’elles ne pouvaient pas être considérées comme une thérapie légitime permettant d’aider les accros à cesser de fumer.
LES «OUBLIS» DES FABRICANTS Le magazine relève aussi que la dose de nicotine des recharges liquides ne correspond pas toujours à ce qui est mentionné, avec des teneurs inférieures dans tous les cas. Autre défaut d’étiquetage : des produits annoncés «sans» propylène glycol qui en contiennent ou des fabricants qui «oublient» de mentionner sa présence. Le code de la consommation
pourrait encadrer la véracité de l’étiquetage et imposer un bouchon de sécurité. Mais pour le magazine qui appelle les autorités de santé à réagir, «désormais, il faudra prendre en compte les risques» liés à l’utilisation de l’ecigarette. En juin, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé l’ouverture d’une enquête sur les effets de la cigarette électronique, à la suite du rapport du professeur Bertrand Dautzenberg, qui veut appliquer aux cigarettes électroniques les mêmes restrictions que celles qui existent pour le tabac. Des centaines de milliers de Français, près d’un million selon les fabricants, seraient des adeptes de l’e-cigarette, qu’ils utilisent pour fumer moins, voire pour arrêter. Le tabac est en effet responsable de 73.000 morts par an en France. PHOTO DE LA SEMAINE
Il y a cinquante ans, le 28 août 1963, Martin Luther King prononçait son fameux discours «I have a dream» pour l’égalité entre les Noirs et les Blancs aux EtatsUnis. Aujourd’hui, alors que des dizaines de milliers d’Américains ont célébré cet anniversaire, son combat n’est pas encore gagné.
...ET UNE MAUVAISE
UNE BONNE...
Des tags islamophobes sur la mosquée de Cognac
Bruno Le Roux, le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, a déclaré vendredi 23 août sur RTL qu’il «n’y aura pas de nouveaux impôts» jusqu’en 2017. «C’est à l’Etat aujourd’hui d’aller vers la réduction des déficits en faisant en sorte que son train de vie soit diminué», a expliqué le député de Seine-Saint-Denis. «Nous menons aujourd’hui le redressement de la France sur tous les fronts et la fiscalité plus juste que nous avons bâtie» ne «doit plus être
La mosquée de Cognac, en Charente, a été la cible de graffitis islamophobes le mardi 20 août. Selon Abdallah Zekri, président de l’Observatoire contre l’islamophobie, le mot «mosquée» a été effacé de l’écriteau apposé devant la mosquée Es-Salem. Les auteurs ont laissé des mentions comme «bougnoules, dégagez». Ils ont peint une croix gammée et une croix chrétienne. Des tranches de porc ont aussi été répandues aux alentours. Une plainte a été déposée au commissariat par un membre
aujourd’hui le moyen essentiel» a-t-il ajouté. Pierre Moscovici, le ministre de l’Economie, avait confié être «sensible à ce ras-le-bol fiscal » des Français. Pour Bruno le Roux, pas question de revoir la fiscalisation des heures supplémentaires pour les salaires les plus modestes. «Quand il y a une stratégie, il faut s’y tenir [...], quand il y a des débats, on ne peut pas toujours vouloir les remettre en discussion alors qu’ils ont été tranchés» a-t-il insisté.
de l’association de la mosquée. Abdallah Zekri a condamné «ces actes à répétition» comme le jet d’un cocktail molotov contre la porte d’une mosquée à Libourne en août 2012 ou, plus récemment, un projet de tir contre une mosquée à Vénissieux dans le Rhône. En effet, les actes islamophobes enregistrés au premier semestre 2013 ont augmenté de 35 % par rapport au premier semestre 2012. Une enquête est en cours pour tenter d’identifier les auteurs des faits.
NOUVELLE
Pas de nouveaux impôts durant le quinquennat
03 FRANCE
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30 AOÛT - 5 SEPTEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE EN BREF
million
C’est le nombre d’enfants contraints à fuir la Syrie, soit la moitié du nombre total de réfugiés syriens chassés de leur pays par la guerre civile, déclarent l’Unicef (Fonds des Nations unies pour l’enfance) et le HCR (Haut-Commissariat de l’Onu pour les réfugiés). BIRMANIE Des maisons de musulmans incendiées
Tentatives de suicide de la jeune fille voilée agressée à Trappes PHOTO D’ARCHIVES
La jeune adolescente voilée, agressée par des skinheads le 13 août à Trappes, s’est défenestrée du quatrième étage de son immeuble, lundi 26 août. Elle est depuis «sortie d’affaire».
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La jeune fille voilée de 16 ans agressée lundi 12 août à Trappes dans les Yvelines a tenté de se suicider lundi 26 août en se défenestrant du 4e étage de son immeuble. Elle est depuis «sortie d’affaire». Elle doit toutefois être opérée une deuxième fois du fait de la gravité de ses blessures, a précisé la source préfectorale. Les raisons de son geste n’ont pour l’heure pas été précisées. Le Parisien a indiqué que la jeune fille avait déjà fait une précédente tentative de suicide en absorbant des médicaments. Une information confirmée par une source policière à l’AFP: Aissetou, de son prénom, avait fait une précédente tentative de suicide aux barbituriques, le 23 août.
UNE VIOLENTE AGRESSION Elle a raconté son agression au Huffington Post. «Un premier individu s’est mis à me toucher la poitrine puis j’ai réussi à lui mettre une claque et à son tour, il m’a mis un coup de poing dans la poitrine, puis a pris un objet tranchant et s’est mis à me scarifier le visage avec des mouvements courts et rapides», avait-elle expliqué. Les deux hommes lui auraient par la suite arraché son voile et porté un coup à l’épaule, selon une source judiciaire. Les faits auraient été doublés d’insultes à caractère islamophobe. Les agresseurs, de «type européen», dont un avait le crâne rasé,
CISJORDANIE La police israélienne tue trois Palestiniens auraient pris la fuite en voiture. Aucun témoin visuel n’avait pu corroborer ses dires.
UNE POLÉMIQUE APRÈS LE DRAME Le Collectif contre l’islamophobie en France s’interroge sur la responsabilité de la police après ce drame. «Selon son propre témoignage confirmé par des proches, des pressions auraient été commises de la part d’officiers de police sur la jeune fille», lit-on sur le site de l’association. Elle aurait ainsi été également traitée de «menteuse» et «à plusieurs
La police israélienne a abattu trois Palestiniens et en a blessé une douzaine d’autres lors d’une intervention lundi avant l’aube pour procéder à l’arrestation d’un activiste présumé dans un camp de réfugiés près de Jérusalem, ont indiqué des sources médicales palestiniennes. Des témoins ont raconté que des jeeps blindées israéliennes ont pénétré dans le camp de Kalandia vers trois heures du matin et qu’elles ont été accueillies par des jets de pierres de la part des habitants. Les forces israéliennes ont riposté en ouvrant le feu et ont quitté le camp avant le lever du jour.
reprises, sa version aurait été vigoureusement remise en cause». Des propos totalement réfutés par Frédéric Lagache, le secrétaire général du syndicat Alliance, au journal 20 minutes. «C’est toujours la faute des policiers et on commence à avoir l’habitude de ce genre d’accusation», a indiqué le secrétaire général. «Pourquoi ces personnes qui nous accusent ne l’ont pas fait avant l’acte dramatique de cette jeune fille? Tôt ou tard, le ministère de l’Intérieur devra agir contre ce genre de propos diffamatoires», a-t-il ajouté.
Les auto-écoles trop chères et peu transparentes -
L’association de consommateurs CLCV (Consommation, logement et cadre de vie) a dénoncé jeudi 22 août dans une enquête publiée dans Le Parisien le manque de transparence des auto-écoles en matière de tarifs et de pratiques, ainsi que les disparités territoriales. Au cours de cette enquête, réalisée auprès de 447 auto-écoles sur les quelque 11.000 recensées en France, les prix étaient dans un tiers des cas incomplets ou incompréhensibles et inexistants dans 10 % des cas, alors que celles-ci ont l’obligation légale de les accrocher de manière visible à l’extérieur. L’association fustige également les disparités géographiques puisque le forfait initial de 20 h de conduite, d’un coût moyen de 1.067 euros peut grimper jusqu’à 1.425 euros à Paris et descendre à 780 euros à Lille, soit du simple au double, les tarifs étant fixés librement par les auto-écoles. Ce forfait initial doit très souvent être complété par des heures de conduite supplémentaires facturées au prix fort. Paris ne fait pas exception, puisque l’association note que le prix d’une leçon de conduite peut s’élever à 62 euros en Vendée, contre 36 euros dans le département du Nord.
TAUX DE RÉUSSITE VARIABLE L’association a souligné également que le taux de réussite à l’épreuve pratique sur route est extrêmement variable d’un département à l’autre : autour de 45 % en 2011 à Paris et 70 % dans les Alpes de Haute-
Les autorités ont rétabli l’ordre dimanche dans la région de Sagaing, dans le nord de la Birmanie, au lendemain de troubles durant lesquels une foule de bouddhistes a incendié une vingtaine de commerces et de maisons d’habitation appartenant à des musulmans. Un millier de bouddhistes, certains armés de sabres et de bâtons, ont attaqué des villageois musulmans samedi soir à Htan Kone, détruisant au moins 20 maisons et magasins, selon des témoins et un communiqué du gouvernement. Les policiers et soldats arrivés par la suite ont tiré en l’air pour disperser la foule, indique-ton de même source. En juin et en octobre 2012, des affrontements entre des bouddhistes et des musulmans Rohinga, apatrides, avaient fait au moins 192 morts et 40.000 déplacés en Birmanie.
FRANCE Une charte de la laïcité dans les écoles
Le taux de réussite au permis de conduire en France est de 57,72 %.
Provence, ainsi que le délai de présentation à l’examen qui change du simple au triple. «D’une manière générale, il convient d’homogénéiser l’obtention du permis de conduire afin que les candidats sachent dans quoi ils s’engagent et soient égaux dans toute la France», a indiqué sur RTL Olivier Gayraud, chargé de mission à CLCV. «Cela passe par un affichage systématique et clair des tarifs et du taux de réussite dans chaque auto-école», a-t-il ajouté.
LA RÉPRESSION DES FRAUDES SAISIE Le ministre de la Consommation, Benoît Hamon, a annoncé jeudi 22 août qu’il allait faire appel aux services de la répression des fraudes pour enquêter sur les manquements relevés dans des auto-écoles par l’association de consommateurs. «Je vais me saisir de cette alerte de la CLCV pour demander à la répression des fraudes de faire la lumière sur ce qui se passe dans les écoles de conduite», a déclaré le ministre sur Europe 1. «On va regarder ça de près», a insisté Benoît Hamon.
Le ministre de l’Education nationale, Vincent Peillon, a annoncé lundi la mise en place d’une «charte de la laïcité» dans toutes les écoles de France dès la fin septembre. «Chacun est libre de ses opinions, mais pas de contester un enseignement ou de manquer un cours», a expliqué lundi Vincent Peillon dans une interview accordée aux Dernières nouvelles d’Alsace. «La charte rappellera ces principes», a-t-il ajouté, estimant que la question de la laïcité «ne doit pas tourner à l’obsession de l’islam». Le ministre de l’Education nationale avait déjà annoncé en avril l’instauration de cours de «morale laïque» à partir de la rentrée 2015.
04 SOCIETE Couacs dans la réforme des rythmes scolaires 30 AOÛT - 5 SEPTEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
A la rentrée, les écoles maternelles et primaires de 4.000 communes de France vont devoir se plier à un nouveau rythme scolaire.
A la prochaine rentrée de septembre, plusieurs communes adopteront les nouveaux rythmes scolaires, marquant la fin de la semaine de quatre jours. En principe, les écoliers auront classe le mercredi matin mais des dérogations pourront être accordées pour remplacer le mercredi par le samedi matin. DALILA BOUAZIZ PARIS Environ un élève du public sur quatre connaîtra la nouvelle semaine dès septembre. Le retour à la semaine de quatre jours et demi dans le primaire concernera à la rentrée près de 4.000 communes et 1,5 sur les 6,6 millions d’écoliers. La réforme est facultative pour le privé sous contrat. Selon le ministère de l’Education nationale, 17 % des communes et 22 % des élèves sont concernés par la réforme des rythmes scolaires dès la rentrée 2013. On est loin des 50 % d’élèves souhaités, il y a quelques
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mois, par le ministre de l’Education Vincent Peillon. Sur 2013/2014, le fonds destiné à aider les communes qui se lancent les premières dans la réforme sera financé par une dotation de la Caisse d’allocations familiales et des fonds du budget de l’Etat. Les communes pouvaient, par dérogation, attendre la rentrée 2014. Leur choix a été souvent dicté par le coût financier que représente la mise en place des nouveaux rythmes scolaires, lié au transport, à la cantine, au recrutement d’animateurs ou encore à l’organisation d’activités.
CRÉATIONS DE POSTES DANS LE PRIMAIRE Cette rentrée scolaire sera également marquée par des créations de postes en primaire. Le ministère veut recruter 8.044 professeurs des écoles dans le public pour 2014. Il s’agit de faire face à l’arrivée de 30.000 élèves supplémentaires et autant dans le secondaire. En effet, en septembre, 6.770 enseignants ont été embauchés dans les établissements publics. L’un des objectifs de Vincent Peillon est de mettre en œuvre le principe du «plus de maîtres que de classes». Tandis que lors du mandat de Nicolas Sarkozy, suivant le principe de non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, 80.000 postes avaient été supprimés entre 2007 et 2012. Certains départements comme la Seine-Saint-Denis en paient encore le prix. Pour autant, des centaines de places devraient rester vacantes faute de candidats. BAISSE DES TAUX D’ENCADREMENT EFFECTIVE EN SEPTEMBRE Le décret abaissant les taux d’encadrement réglementaires pour les activités périscolaires est paru dimanche 4 août au Journal officiel. La mesure vise à réduire le coût de la réforme des rythmes
scolaires pour les collectivités. Le texte prévoit un animateur pour quatorze enfants de moins de 6 ans, contre 10 enfants actuellement, et un animateur pour dix-huit enfants de 6 ans ou plus, au lieu de 14 actuellement. Cette baisse des taux d’encadrement avait été demandée par les collectivités locales pour alléger le poids financier de la réforme. Cependant, cette modification temporaire «ne s’applique que si un projet éducatif de territoire a été validé par l’Etat», a précisé le ministère des Sports et de la Jeunesse. Les services de l’Etat s’assurent que les modalités d’organisation retenues pour l’accueil des enfants sont propres à garantir leur sécurité, mais aussi la qualité éducative des activités proposées.
PLUSIEURS AMÉNAGEMENTS DES HORAIRES Les communes ont fait différents choix afin de «récupérer» les trois heures de classe du mercredi matin ou du samedi matin. Certaines réduisent le temps scolaires : 15 minutes de moins le matin à 8h45 au lieu de 8h30, pause du midi allongée de quinze minutes, quinze minutes de moins le soir 16h15 au lieu de 16h30. Une autre variante de cette approche consiste à réduire les journées d’une heure. Des activités périscolaires peuvent bien sûr être mises en place, le plus souvent, le soir après la classe. La réforme peut ici se faire en douceur financièrement, sachant que seul le temps de garderie du matin, du soir et du midi est modifié. Le raccourcissement de la journée de classe de 45 minutes tous les soirs durant lesquelles sont proposées des activités périscolaires facultatives est également possible, mais ilprésente le plus d’inconvénients en termes de planification et pilotage. Autre possibilité, le regroupement des activités périscolaires sur deux jours, soit deux fois une heure trente environ.
05 SOCIETE
30 AOÛT - 5 SEPTEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
Des futurs enseignants au niveau trop bas ? Crise des vocations ? Pour parvenir à pourvoir les postes ouverts, dans certaines académies, les jurys ont été contraints d’abaisser jusqu’à 4/20 la barre d’admissibilité aux concours de professeurs des écoles, a révélé L’Express. DALILA BOUAZIZ PARIS Enseigner mais à quel prix ? Plusieurs académies ont dues baisser de 2 à 3 points la barre d’admissibilité aux concours, notamment celui du premier degré, afin de recruter un nombre important d’enseignants. La raison ? La promesse présidentielle de François Hollande d’embaucher 60.000 professeurs durant le quinquennat, soit 12.000 par an ; soit le choix de la quantité au détriment de la qualité. Le ministère de l’Education nationale a baissé de plusieurs points le seuil d’admissibilité aux concours enseignants du premier degré. L’Express a révélé que pour les concours de professeurs des écoles (PE), pour la session extraordinaire de 2014, la barre d’admissibilité a ainsi été fixée à 4/20 à Créteil, 5/20 à Paris, 4,5/20 à Versailles et 7/20 à Strasbourg. «Si la barre était à 10/20, nous ne pourrions recruter que quelques centaines
MON AVOCAT CANAN ÖZENICI
Qu’est-ce qu’un licenciement à l’amiable ?
Le manque de «bons candidats» est lié au manque d’attractivité du métier.
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de candidats !», confesse un haut fonctionnaire dans le magazine généraliste. Des notes médiocres tolérées et des exigences revues à la baisse. En effet, pour la session 2013, 19.413 postes ont ainsi été ouverts aux concours. Pour la session extraordinaire de 2014, 8.500 postes étaient ouverts dans le premier degré et 10.750 dans le second degré.
DES DIFFICULTÉS DE RECRUTEMENT Le manque de «bons candidats» est lié au manque d’attractivité du métier. Des salaires trop faibles, des conditions de travail de plus en plus difficiles, etc. découragent nombre d’étudiants, notamment en lettres classiques et en mathématiques. Le ministère de l’Education nationale a concédé qu’il y a eu des difficultés
de recrutement dans certaines académies. Ces mesures ont permis de recevoir 66 % d’admis au concours d’enseignement en plus par rapport à 2012. Le recrutement de professeurs a lui augmenté de 39 % à l’issue des concours. Pour autant, même en baissant la barre d’admissibilité, près de 2.000 postes n’ont pu être pourvus cette année aux concours 2013.
LE MINISTÈRE DE L’EDUCATION RÉFUTE «Le niveau de sélectivité augmente forcément», indique le ministère de l’Education. D’autant que pour l’édition 2014, le ministre avait imposé, rigueur budgétaire oblige, de ne rendre admissibles que 107 % du nombre de postes ouverts,
contre 200 à 225 % d’habitude. Si on concède que les besoins en recrutement et que le nombre de candidats varient selon les académies, la thèse d’un concours 2014 au rabais est réfutée. «La mastérisation des prétendants au professorat fait augmenter le niveau. Et puis un concours, ce n’est pas comme le bac, il ne faut pas avoir 10 de moyenne pour être sélectionné. Au Capes de mathématiques par exemple, la note d’admissibilité s’est longtemps située autour de 5/20», précise-t-on rue de Grenelle. Toutefois, les barres d’admissibilité aux épreuves écrites du concours 2014 ne seront connues qu’à l’automne, une fois que toutes les académies auront compilé leurs données pour les faire remonter au ministère.
De nombreuses entreprises se plaignent de la lourdeur du droit du travail français, et notamment de la difficulté que rencontrent les sociétés à se séparer de leurs employés inefficaces ou malheureux. Du côté des salariés, l’ancienneté qu’ils accumulent au sein d’une même entreprise les empêchent souvent, en raison de l’accumulation de droits qu’elle représente, de changer d’emploi, même si le poste ne leur convient plus tellement. Il est aisé de constater que cette situation est inefficace tant au niveau de l’entreprise qu’à celui du salarié, mais aussi, à plus grande échelle, au niveau de l’ensemble du marché du travail français. Pour pallier ce problème, la voie de la rupture conventionnelle avait été proposée pour les entreprises. Un mode de rupture à l’amiable qui permet à l’entreprise de se prémunir contre toute contestation et aux salariés de préserver leur droit à l’indemnisation et à l’assurance-chômage. Naturellement, comme tout mécanisme juridique nouveau, la voie de la rupture conventionnelle a connu des phases de réglage. La phase la plus redoutable a sans doute été la tendance jurisprudentielle à rejeter la convention de rupture du contrat de travail si un différend a été constaté au moment de sa conclusion. En d’autres termes, lorsqu’un différend existait entre un salarié et son employeur, la jurisprudence considérait le recours à la rupture conventionnelle comme illégal. L’employeur était contraint de conserver le salarié en conflit ou d’enclencher une procédure de licenciement pour faute, tout en risquant les contestations judiciaires devant le Conseil des prud’hommes et les conséquences financières qu’une procédure irrégulière peut entraîner. Or, tout l’intérêt de cette procédure de rupture conventionnelle résidait bien là... et cette tendance risquait de vider le dispositif de tout son sens. Fort heureusement, cette tendance semble aujourd’hui définitivement abandonnée, c’est du moins ce qu’indique l’arrêt de rejet du 26 juin 2013. La chambre sociale confirme sa solution selon laquelle l’existence d’un différend au moment de la conclusion d’une convention de rupture du contrat de travail n’affecte pas, en ellemême, la validité de cette convention. Elle s’était prononcée en ce sens, pour la première fois, le 23 mai 2013. Pour vos questions : ceruguz@yahoo.fr
06 TURQUIE
30 AOÛT - 5 SEPTEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
Egypte-Israël : la polémique entre Erdogan et BHL Le Premier ministre turc a présenté comme preuve de l’implication israélienne dans le coup d’Etat contre l’Egypte une vidéo où Bernard-Henri Lévy déclare vouloir, par tous les moyens, empêcher l’accession au pouvoir des Frères musulmans.
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Bernard-Henri Lévy pose auprès de combattants du Conseil national de la transition, en Libye, en septembre 2011.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a fait parler de lui en affirmant qu’Israël serait impliquée dans le coup d’Etat militaire qui a eu lieu en Egypte début juillet. La principale preuve avancée par le chef
du gouvernement est une vidéo d’une conférence de presse qui a eu lieu en France avant les élections égyptiennes de 2011, et à laquelle participaient le ministre israélien de la Justice et le philosophe français Bernard-Henri Lévy.
Ce dernier avait notamment déclaré que les Frères musulmans n’accéderaient pas au pouvoir même s’ils gagnaient les élections. Sur la vidéo en question, on peut voir Bernard-Henri Lévy déclarer que si c’était le cas, la démocratie n’en voudrait pas. Déclarant que «la démocratie ce n’est pas seulement les élections, c’est également des valeurs», il ajoutait : «Je les empêcherai d’arriver au pouvoir, et ce, par tous les moyens possibles», en réponse à la question de savoir s’il demanderait à l’armée égyptienne d’intervenir contre les Frères musulmans. «Si nous restons silencieux face au coup d’Etat en Egypte, nous ne pourrons rien dire s’ils nous tendent le même piège à l’avenir», a noté Erdogan devant son parti le 20 août dernier. Le Consulat israélien à Istanbul a publié une déclaration mardi, dans laquelle figure une citation du porte-parole du ministre des Affaires étrangères israélien, Yigal Palmor, concernant les remarques d’Erdogan vis-à-vis d’Israël. Selon certaines sources, Palmor aurait déclaré qu’il était préférable que les affirmations d’Erdogan «ne reçoivent aucun commentaire». De son côté, dans une interview au journal turc Cumhuriyet, BHL a répondu à ces attaques en déclarant qu’«Erdogan délire» et en précisant : «Israël, c’est Israël. Et moi, c’est moi».
ERDOGAN INTENSIFIE SA CRITIQUE À L’ENCONTRE DES PAYS MUSULMANS Le Premier ministre turc a également intensifié ses critiques vis-à-vis des pays musulmans : «Le monde musulman est à l’image des frères du prophète Joseph qui l’ont jeté dans un puits. Et tout comme les frères du prophète, Allah déshonorera ceux qui, au sein du monde musulman, trahissent leurs frères et sœurs en Egypte». Bien qu’Erdogan n’ait pas désigné nommément les pays qui ont soutenu le coup d’Etat en Egypte, il a toutefois noté qu’il y avait des riches et des pauvres parmi les pays musulmans et que les riches soutenaient les dictateurs. «La situation des pays musulmans est évidente. Lesquels avez-vous aidé ou soutenu ?», a demandé Erdogan qui a préalablement souligné que certains pays étrangers qui n’avaient pas soutenu financièrement l’Egypte quand Morsi était au pouvoir s’étaient engagés à fournir 16 millions de dollars au régime temporaire mis en place après le coup d’Etat. L’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Koweït ont déjà donné 12 millions de dollars à l’Egypte après les turbulences qu’a connues le pays. Le 19 août, le vicePremier ministre turc Bekir Bozdag a critiqué les pays du Golfe en déclarant qu’ils soutenaient le coup d’Etat dans le but de mieux contrôler l’Egypte et son «administration marionnette». Bekir Bozdag a également affirmé que l’Egypte était entourée de nombreux régimes monarchiques, avant d’ajouter que «les personnes qui vivent dans ces pays pourraient dire : «Regardez ce qui s’est passé en Egypte ; c’est une grande réussite. Pourquoi cela n’arriverait pas chez nous ?» Pour le vice-Premier ministre, c’est la raison pour laquelle les monarchies du Golfe voient d’un mauvais œil l’évolution de l’Egypte vers un système démocratique.
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Le traitement de l’alcoolisme et de la toxicomanie aux frais de l’Etat Pour lutter contre les dépendances aux drogues et à l’alcool, l’Etat prendra en charge les coûts liés aux traitements. CAGLAR AVCI ISTANBUL En Turquie, les coûts liés aux traitements de la dépendance aux drogues et à l’alcool seront bientôt couverts par l’Etat. Cette initiative a été lancée par le ministère de la Santé et l’Institut de la sécurité sociale (SGK). Le SGK, qui ne couvre habituellement qu’une partie des dépenses liées aux traitements de dépendance à l’alcool et à la drogue, commencera ainsi à prendre en charge la totalité de ces dépenses. Le protocole de paiement entre le SGK et les hôpitaux sera également modifié. Le SGK paiera les hôpitaux, publics et privés, pour les divers traitements administrés aux personnes dépendantes à l’alcool et aux drogues. Auparavant, les traitements étaient administrés uniquement dans les Centres de traitement de l’alcoolisme et de toxicomanie (AMATEM) à travers la Turquie. Toutefois, ces centres ne sont pas parvenus à couvrir la totalité des besoins de la population. Avec cette nouvelle initiative, les hôpitaux publics et privés seront impliqués dans le traitement de l’alcoolémie et de la toxicomanie et remboursés ensuite par l’Etat.
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200.000 PERSONNES SONT TRAITÉES POUR ALCOOLISME ET TOXICOMANIE CHAQUE ANNÉE Le ministre de la Santé a également pris de nouvelles mesures pour empêcher les
personnes dépendantes d’abandonner leur traitement. Le ministère a notamment mis en place de nouvelles procédures au sein des centres de traitement AMATEM. Ces derniers fourniront désormais des traitements à vie pour les personnes dépendantes ayant achevé leur premier traitement. Les patients seront régulièrement surveillés par les centres afin qu’ils ne retombent pas dans la dépendance et effectueront une cure de désintoxication pendant un mois avant d’être réinsérés socialement et de recevoir un traitement médical pendant 15 mois. Outre ces nouvelles dispositions, les membres de la famille du patient seront impliqués dans le parcours de traitement de ce dernier. D’après une étude menée en 2010 par le Centre de surveillance turc pour la toxicomanie (TUBIM), 200.000 personnes dépendantes à l’alcool et aux drogues seraient traitées chaque année à travers le pays.
LA TURQUIE, CHAMPIONNE MONDIALE DE RÉDUCTION DE LA CONSOMMATION DE TABAC C’est ce que révèle le rapport de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) sur l’épidémie mondiale de tabagisme 2013 publié en juillet. Ainsi, sur les 176 pays qui ont signé la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte anti-tabac, la Turquie est la première à avoir réalisé les six mesures
L’Association de lutte contre l’alcool et la drogue de Zonguldak organise un séminaire sur «L’alcool et la dépendance».
MPOWER définies par l’OMS. Celles-ci ont pour but de réduire la consommation de tabac par des mesures préventives : surveiller la consommation et les politiques de prévention, protéger la population contre la fumée du tabac, offrir une aide à ceux qui veulent y renoncer, mettre en garde contre les dangers du tabagisme, faire respecter l’interdiction de la publicité, de la promotion et du parrainage en faveur du tabac, et augmenter les taxes
sur le tabac. «Aujourd’hui, un pays, la Turquie, protège sa population des effets nuisibles du tabac grâce à toutes les mesures MPOWER», déclare le rapport. La Turquie y est qualifiée de «nation modèle» et «marque une réussite singulière dans la prévention du tabac». Le rapport cite le pays comme exemple pour le monde. Vingt pays se sont même rendus en Turquie afin de s’inspirer des mesures de prévention en vigueur.
Préserver l’identité d’Istanbul malgré l’urbanisation L’architecte turque Mehpare Evrenol regrette la façon dont sont menés les nouveaux projets d’urbanisation d’Istanbul. Pour elle, la plupart d’entre eux dénature la spécificité de l’architecture stambouliote qui subit les logiques de marketing.
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Le secteur du bâtiment turc a connu promoteurs, sans compter l’architecture de une croissance sans précédent dans style byzantin». les 10 dernières années. Parallèlement, la situation économique s’est améliorée. Elle UNE ARCHITECTURE EN RECHERCHE D’IDENTITÉ a tout à la fois bénéficié du succès des pro- Interrogée sur le type d’architecture qui conviendrait le mieux à la ville d’Ismoteurs immobiliers et contribué à tanbul, l’architecte répond : «Istanla croissance du secteur de l’archibul a 2.000 ans et son ancienneté est tecture. Cependant, il convient de sa caractéristique principale. L’arporter une attention toute particuchitecture des quartiers de Beyoglu lière aux nouveaux concepts immoet d’Üsküdar, ainsi que de la zone biliers car ils peuvent endommager du Bosphore doit être protégée. Les le style architectural d’une culture. autres quartiers, eux, connaissent La célèbre architecte turque Mehune véritable métamorphose archipare Evrenol dénonce les pratiques MEHPARE EVRENOL tecturale et possèdent des bâtides promoteurs immobiliers qui utilisent l’architecture comme technique ments modernes et de nombreux espaces verts. Il faut qu’on soit capables de voir les marketing afin de vendre leur projet. traces de notre propre héritage culturel au ISTANBUL A SA PROPRE HISTOIRE milieu de ces bâtiments qui se ressemblent Elle regrette que soient devenus monnaie tous. L’architecture turque est actuellement courante des projets, nombreux, qui ne re- à la recherche de son identité, même si le présentant ni la culture du pays ni le mode talent des architectes locaux est de plus en de vie de sa population : «Le fait d’être origi- plus victime de l’hyper-concurrence des nal permet aux promoteurs de prendre une promoteurs et que les investisseurs étranplus grosse part de marché. Ils font pres- gers qui tiennent peu compte des valeurs sion sur les architectes pour qu’ils créent locales constituent une véritable menace des projets qui ont du succès à l’étranger». pour l’identité de la ville». Mehpare Evrenol Mehpare Evrenol critique les projets de précise en outre que l’architecture traditionlogement de style toscan ou vénitien à Is- nelle du pays a vécu une transition avec la tanbul alors que la ville possède sa propre construction de la République et a désorhistoire. Les architectes devraient y puiser mais une approche moderne qui répond aux leur inspiration : «Nous possédons à Istan- besoins de la société. Pour elle, c’est dans la bul une architecture traditionnelle turque et deuxième moitié du XXe siècle que l’archiottomane qui pourrait servir de modèle aux tecture turque a perdu son caractère. D’au-
Symboles d’Istanbul, de plus en plus de maisons ottomanes en bois disparaissent, du fait des incendies, de la négligence et du manque de projets de rénovation.
tant que, avec l’amélioration de la situation économique ces 10 dernières années, les complexes d’habitation se sont multipliés.
L’INFLUENCE DES STYLES OCCIDENTAUX La spécialiste souligne que l’architecture turque est extrêmement influencée par l’Occident et que les promoteurs font appel à des architectes étrangers pour réaliser leurs projets. Pourtant, les architectes turques conçoivent des habitations bien plus adaptées aux locaux. Mais tant que les architectes étrangers sont demandés, il est impossible pour leurs homologues turcs de les concurrencer sur le marché de la construction. «Les
Turcs adorent recevoir des invités chez eux mais dans les habitations de type occidental, le salon et la cuisine sont plutôt petits alors que les chambres sont relativement grandes». En outre, les promoteurs donnent plus de temps et de fonds aux architectes pour finir un projet qu’aux entreprises locales, ce qui freine la créativité de ces dernières. «Les architectes turcs ont cependant eu davantage l’occasion de faire connaître leur travail en Turquie et à l’étranger grâce à la croissance du secteur de la construction, ce qui leur permet d’attirer des promoteurs intéressés. Certains ont même gagné des prix internationaux», conclut Mehpare Evrenol.
08 TURQUIE
30 AOÛT - 5 SEPTEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
Le mouvement Gülen fait le point sur ses relations avec l’AKP
A la suite de la propagation sur les réseaux sociaux et dans quelques médias de rumeurs sur des tensions et des rivalités politiques entre le mouvement Gülen et le gouvernement, la Fondation des journalistes et écrivains (GYV) a publié un communiqué de mise au point.
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La Fondation des journalistes et écrivains (GYV) a répondu à une série de déclarations polémiques et d’accusations à caractère diffamatoire visant le mouvement Gülen. La GYV les voit comme destinées à susciter des tensions entre le mouvement et le gouvernement et à les opposer l’un à l’autre. En effet, sur les réseaux sociaux ainsi que dans certains médias, on parle beaucoup d’une prétendue tension croissante entre le mouvement Gülen, inspiré par le penseur musulman Fethullah Gülen, et le gouvernement AKP au pouvoir. Dans un récent communiqué, la GYV déclare que, bien qu’il incombe aux auteurs de ces déclarations polémiques d’apporter la preuve de ce qu’ils avancent, la Fondation s’estime en devoir d’y répondre, par respect pour le public et pour son droit à l’information. L’une de ces allégations est que le mouvement Gülen serait der-
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«Dans les démocraties, c’est par les urnes que les gouvernements arrivent au pouvoir» rière les événements du parc Gezi des mois de mai et juin derniers. La GYV affirme à cet égard que les deux déclarations faites par Fethullah Gülen et la position prise par le Mouvement lors des manifestations montrent combien cette affirmation est sans fondement. «Le mouvement Gülen respecte le droit des individus à organiser des manifestations dès lors qu’elles se font dans le respect de la démocratie et qu’elles sont sans violence. Or ces manifestations ayant donné lieu à des débordements, le mouvement n’a pas appelé
Les événements de Gezi figurent parmi les critiques adressées au mouvement Gülen.
Mustafa Yesil est le président du conseil d’administration de la Fondation des journalistes et écrivains (GYV) de Turquie.
ses fidèles à y prendre part», déclare ainsi la GYV dans son communiqué, ajoutant qu’outre le mouvement Gülen, le président Abdullah Gül ainsi que des membres du gouvernement avaient critiqué l’usage excessif de la force par la police à Taksim durant les premiers jours des manifestations.
LES INTERVENTIONS PRÉSUMÉES DU MOUVEMENT GÜLEN EN POLITIQUE Selon une autre affirmation réfutée par la GYV, le chemin devant conduire à un gouvernement alternatif passerait par la Pennsylvanie (où réside Fethullah Gülen), et qu’en conséquence ceux qui cherchent une alternative au gouvernement de l’AKP s’y rendraient dans le but de rencontrer le penseur musulman. «Ce n’est pas seulement faux ; il y a une volonté d’induire les gens en erreur dans le fait de présenter des visites faites à un leader d’opinion respecté par toutes les franges de la société comme liées à la recherche d’un gouvernement de substitution», répond la GYV, soulignant que l’intellectuel turc accorde toutes les audiences qui lui sont demandées, conformément à sa mission et à ses valeurs, et pour autant que sa santé le lui permette. En ce qui concerne les allégations selon les-
quelles le mouvement Gülen chercherait à infiltrer l’administration publique et à s’imposer comme un partenaire du gouvernement, la GYV affirme qu’il est absurde de prêter de pareils desseins au mouvement Gülen, qui est un mouvement civil et démocratique. «Dans les démocraties, c’est par les urnes que les gouvernements arrivent au pouvoir et c’est par les urnes qu’ils le quittent. Néanmoins, entre deux élections, citoyens et acteurs de la société civile ont parfaitement le droit de critiquer ou de faire des suggestions, quel qu’en soit le sujet, et on ne saurait voir là une quelconque ingérence dans l’administration publique», explique ainsi la GYV. La Fondation précise par ailleurs que le licenciement au sein des différents niveaux d’administration et de la fonction publique de certains «types» de personnes au motif qu’ils «établissent une tutelle» ou «cherchent à acquérir un pouvoir politique», comme cela a été fait dans le passé, est contre les principes les plus fondamentaux du droit et de la démocratie. Bien que les décisions gouvernementales et administratives du gouvernement élu par vote doivent être respectées, le texte regrette que, conformément à des rumeurs, le fait d’étiqueter des personnes en raison de leur adhésion au mouvement Hizmet et de les licencier est une pratique contraire à la Constitution turque et antidémocratique.
PAS D’ENTENTES AVEC DES PARTIES POUR LES ÉLECTIONS De même, la Fondation des journalistes et écrivains dément formellement les affirmations selon lesquelles le mouvement Gülen projette de s’entendre avec des partis et des personnalités politiques en vue des élections, affirmant qu’une telle alliance n’a jamais eu lieu par le passé, et qu’il n’est pas concevable pour le mouvement qu’elle puisse jamais avoir lieu. «S’allier avec un parti irait à l’encontre de l’essence même du mouvement Gülen, qui est un mouvement au-dessus des partis et dont les membres appartiennent aux horizons politiques les plus divers», souligne la Fondation. Une autre accusation polé-
mique est celle selon laquelle le système d’écoute découvert dans le bureau du Premier ministre aurait été placé par des individus proches du mouvement Gülen. La GYV dénonce ces accusations et appelle la justice et le gouvernement à prendre les mesures nécessaires dans l’affaire du système d’écoute. Au cours d’une émission télévisée fin 2012, Recep Tayyip Erdogan a annoncé en direct que des dispositifs d’écoute avaient été découverts dans son bureau à son domicile d’Ankara, mais sans préciser quand la chose avait eu lieu. Une enquête sur l’incident est en cours.
LA QUESTION DU LIEU DE RÉSIDENCE Enfin, la GYV a répondu aux allégations liées au fait que Fethullah Gülen ait établi sa résidence aux Etats-Unis et qu’il ait décidé de ne pas retourner en Turquie. Dans certains milieux, on affirme ainsi que le penseur musulman servirait les intérêts américains. «C’est une calomnie manifeste et une insulte faite à M. Gülen. Ce sont les mêmes qui faisaient ce genre d’allégations lorsque, des années auparavant, Fethullah Gülen vivait en Turquie», déclare la GYV, rappelant que sa décision de demeurer aux EtatsUnis résulte de la volonté de l’intellectuel et leader d’opinion de ne pas nuire aux acquis démocratiques de la Turquie. En juin 2012, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan avait en effet invité Fethullah Gülen à retourner s’installer en Turquie. L’intellectuel lui a adressé ses remerciements, tout en affirmant préférer rester aux Etats-Unis afin d’ «éviter de porter préjudice aux développements positifs en cours en Turquie». Fethullah Gülen est très respecté en Turquie comme dans de nombreux pays à travers le monde, tant pour les activités éducatives qu’il a initiées, que pour les efforts qu’il déploie dans le monde entier en vue de promouvoir le dialogue entre les cultures et entre les religions. Il vit actuellement aux Etats-Unis en exil volontaire, aucun obstacle juridique ne l’empêchant de retourner en Turquie. Peu de temps après son émigration aux Etats-Unis en 2000, la justice turque l’a accusé de création d’une organisation illégale. Il a été acquitté en 2008.
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«La communauté internationale a laissé les Egyptiens se faire tuer» «Nous avons été témoins d’un massacre qui a duré plus de 12 heures. La communauté internationale n’est pas intervenue pour y mettre fin et a laissé le peuple se faire tuer». Ce sont les mots de Mona Al-Qazzaz, une des porte-parole des Frères musulmans en Grande-Bretagne, qui s’exprimait à Zaman. Décrivant le drame égyptien, elle juge indispensable que le mot «coup d’Etat» soit prononcé par les pays occidentaux. KATE O'SULLIVAN LONDRES Que pensez-vous de la réaction de la communauté internationale et en particulier de la GrandeBretagne concernant les événements du 14 août ? La communauté internationale a été témoin de l’un des pires massacres ordonnés par l’Etat. Des milliers de personnes ont été tuées... et les réactions ont été très légères. Pour nous, le silence de la communauté internationale a donné de la légitimité aux crimes qui ont été commis. Après le coup d’Etat et les massacres qui ont eu lieu les uns après les autres, la communauté internationale n’est toujours pas parvenue à clairement condamner la situation égyptienne. Qu’attendez-vous des gouvernements britannique et américain ? Je souhaiterais demander aux gouvernements occidentaux de clairement condamner le massacre qui a eu lieu en Egypte ainsi que le coup d’Etat militaire. Je voudrais également leur demander d’interrompre leurs relations avec l’armée égyptienne. Nous voudrions en particulier que les Etats-Unis arrêtent de donner 1,3 milliard de dollars à une armée qui a utilisé ses propres armes contre le peuple égyptien. Le monde occidental devrait maintenir ses principes démocratiques, respecter les droits de
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Mona Al-Qazzaz est l’une des porte-parole des Frères musulmans en Grande-Bretagne.
l’homme et condamner les violations des droits de l’homme en Egypte. Vous mentionnez le fait de condamner les violences et demandez à ce que la destitution du président Morsi soit reconnue comme un «coup d’Etat». Mais quelle différence ferait une condamnation ? Quel effet auraitelle sur le peuple égyptien ? Le monde occidental a soutenu la dictature de Moubarak en Egypte pendant des décennies et c’est au moment où une vraie transition démocratique a lieu que nous sommes témoins du manque de soutien de l’Occident. Aujourd’hui, la position des pays occidentaux vis-à-vis du coup d’Etat n’est pas claire. Une position définie mettrait fin aux violations des droits de l’homme. Nous devons interdire au gouvernement actuel de diriger les Egyptiens contre leur volonté. Nous devons revenir au processus démocratique. Nous constatons que les perdants du processus démocratique sont devenus les dirigeants. Ils ne devraient pas être soutenus par les gouvernements occidentaux. Jusqu’où les Frères musulmans sont-ils prêts à aller afin de mettre fin à la situation actuelle en Egypte ? Ce qui se passe en Egypte en ce moment ne concerne plus les Frères musulmans, mais notre rêve de voir émerger une Egypte
démocratique. J’ai vu l’armée prendre le pouvoir avec des balles et des tanks. On ne demande pas à la victime de ne pas se faire assassiner : on demande à l’assassin d’arrêter de tuer. Nous voulons que les assassins soient désignés comme responsables et qu’il soit mis fin aux violations des droits de l’homme. Concernant les voisins régionaux comme la Turquie, que peuvent-ils faire pour convaincre la communauté internationale de réagir quant à la situation actuelle ? La Turquie est un exemple intéressant car elle a connu plusieurs coups d’Etat.
Quand les Etats-Unis aidaient Saddam Hussein
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Washington a renseigné Bagdad sur des préparatifs d’offensives iraniennes pendant la guerre Iran-Irak dans les années 1980. Alors même que les EtatsUnis savaient que l’Irak répondrait par des attaques à l’arme chimique. Des informations qui ont été révélées lundi par le magazine américain Foreign Policy, spécialisé dans les affaires étrangères, d’après des documents déclassifiés de la CIA et des témoignages d’anciens responsables. Selon la revue, les Etats-Unis savaient dès 1983 que l’Irak opérait des attaques au gaz sarin ou au tabun (gaz neurotoxique encore plus puissant que le gaz sarin, ndlr).
CIA repère, grâce à des images satellites, une brèche dans la défense irakienne à hauteur de Bassorah. A la même époque, l’Agence du renseignement de la défense américain (DIA) prévient dans un rapport que l’offensive de printemps de l’Iran allait être plus importante que les précédentes. Si Bassorah tombait, les forces armées s’effondreraient et l’Iran gagnerait la guerre. «A mesure que les attaques irakiennes continuent et s’intensifient, les chances augmentent que les forces iraniennes mettent la main sur un obus irakien contenant du gaz moutarde», affirme la CIA dans un document de novembre 1983.
L’AIDE AMÉRICAINE Foreign Policy relaie un document de la CIA rapportant que l’année suivante l’Irak «avait commencé à utiliser de l’agent neurotoxique sur le front de Bassorah». Fin 1987, la
«UNE VICTOIRE IRANIENNE EST INACCEPTABLE» Pour le président américain de l’époque Ronald Reagan, «une victoire iranienne est inacceptable». Les Etats-Unis prennent alors la dé-
cision d’informer l’Irak et d’aider les Irakiens avec des renseignements sur les centres logistiques et les défenses anti-aériennes iraniennes. La DIA est alors autorisée à divulguer des informations à l’Irak sur les positions et les mouvements des troupes iraniennes, mais aussi sur la localisation des points stratégiques et sur ses défenses anti-aériennes. «A partir de 1988, le renseignement américain parvenait sans obstacle aux forces armées de Saddam Hussein. En mars de la même année, l’Irak lançait une attaque de gaz neurotoxique sur le village kurde d’Halabja dans le nord du pays», relève Foreign Policy. L’attaque avait fait 5.000 morts. Selon la CIA, les deux-tiers de toutes les armes chimiques utilisées lors de la guerre l’ont été dans les derniers 18 mois. La guerre a duré de 1980 à 1988 et a fait plusieurs centaines de milliers de morts selon les sources.
De plus, elle sait combien ils peuvent être préjudiciables pour le devenir d’une nation. Le soutien que nous recevons de la part des Turcs est celui que nous attendons de la part de la communauté internationale. C’est une condamnation du non-respect des droits de l’homme que nous devrions entendre aujourd’hui. Nous avons été témoins d’un massacre le 14 août, un massacre qui a duré plus de 12 heures. La communauté internationale n’est pas intervenue pour y mettre fin. Elle a laissé le peuple se faire tuer.
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La poussée de la colonisation israélienne Le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu auprès d’Ahmad Assi Jarba, chef de la coalition d’opposition syrienne.
La Turquie prête à participer à une coalition contre la Syrie -
La colonie juive de Beitar Ilit, près de Bethléem, en cours de construction, le 11 août 2013.
HAN OSMAN PARIS Le Monde se basant sur les médias israéliens rapporte que la croissance de la colonisation est deux fois plus importante en Cisjordanie qu’en Israël, représentant une augmentation de 2 % au premier semestre de l’année 2013. Sur les six premiers mois de l’année, «le nombre de colons y a augmenté de 7.700, pour atteindre au total 367.000 personnes». Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, refuse de prononcer le gel de la colonisation «que demandaient les Palestiniens avant la relance des négociations entre les deux parties depuis la fin de juillet à Washington» poursuit
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le quotidien. La principale organisation de colons, Yesha, aurait appelé le gouvernement à lancer de nouveaux appels d’offres pour la construction de logements dans les colonies «afin de répondre à la demande croissante».
LE SOUTIEN DE NETANYAHOU AUX COLONS Inversement, le dirigeant de La Paix maintenant, une ONG israélienne se prononçant contre la colonisation, Yariv Oppenheimer, accuse le gouvernement de favoriser l’installation d’Israéliens dans les implantations. «Le gouvernement offre des terrains gratuits et intègre la plupart des colonies dans les zones de développement prioritaire, il
ne faut pas s’étonner dans ces conditions que des Israéliens s’installent dans des colonies». D’autres personnes se prononcent plus hostilement contre la reconnaissance d’un Etat palestinien, comme Naftali Bennett, ministre de l’Economie et dirigeant du Foyer juif, un parti nationaliste, opposé à la création d’un Etat palestinien et qui prône la poursuite de la colonisation. Ce dernier aurait affirmé aux médias que le gouvernement s’apprêtait «à lancer de nombreux appels d’offres dans les prochains jours» pour la construction de logements, notamment dans les quartiers de Jérusalem-Est annexée, où vivent environ deux cent mille Israéliens.
Une intervention militaire en Syrie semble imminente, au vue des déclarations successives des chefs d’Etats occidentaux, mardi et mercredi. La Turquie a dit qu’elle participera à une coalition internationale contre le pouvoir syrien, en réaction à l’attaque chimique du 21 août, si un consensus élargi sur une action dans ce conflit ne peut pas être dégagé au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, a annoncé le ministre turc des Affaires étrangères, lundi. «Nous avons toujours eu pour priorité d’agir avec la communauté internationale, avec les décisions des Nations unies. Si une telle décision ne peut pas émerger du Conseil de sécurité de l’ONU, d’autres options devront être étudiées», a précisé Ahmet Davutoglu, cité par le quotidien Milliyet. «Actuellement 36 ou 37 pays discutent de ces options. Si une coalition contre la Syrie se forme lors de ce processus, la Turquie prendra sa place dans cette coalition», a ajouté le ministre.
l’attaque chimique commise la semaine dernière près de Damas constituait un «crime contre l’humanité» qui ne peut rester impuni. «C’est un crime contre l’humanité et il ne devrait pas rester impuni, ce qui doit être fait doit être fait. Aujourd’hui, il est clair que la communauté internationale est mise à l’épreuve», a-t-il dit à la presse. Médecins sans frontières a en effet affirmé samedi dernier que 355 patients «présentant des symptômes neurotoxiques», étaient décédés le 21 août après l’attaque dans trois hôpitaux de la région de Damas, sans pouvoir «confirmer scientifiquement la cause de ces symptômes». Se basant sur des rapports médicaux, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a lui comptabilisé plus de 300 morts par gaz toxique, dont des dizaines de rebelles. L’opposition affirme que 1.300 personnes sont mortes dans cette attaque chimique. Le régime de Damas dément formellement avoir perpétré l’attaque avec des gaz toxiques. ANKARA RÉCLAME UNE RÉPONSE La Ligue arabe a, elle, déclaré mardi tenir AU «CRIME CONTRE L’HUMANITÉ» le président syrien Bachar al-Assad pour Le ministre turc des Affaires étrangères, pleinement responsable de l’attaque Ahmet Davutoglu, a déclaré mardi que chimique du 21 août.
11 ECONOMIE La Turquie veut réduire la chute de sa monnaie 30 AOÛT - 5 SEPTEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
Alors que sa monnaie chute de plus en plus, la Banque centrale turque met en place des mesures afin de limiter les effets d’une tourmente qui touche d’autres pays émergents.
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L’indice boursier turc continue de chuter alors que la valeur de la monnaie locale est tombée au plus bas mardi 27 août, où un euro équivalait à environ 2,7 livres turques. Face à cette annonce qui a provoqué une fuite importante de capitaux, la Banque centrale turque a décidé d’introduire des mesures de resserrement qui n’ont fait qu’augmenter pour prévenir la chute libre de la livre turque. La Banque centrale a ainsi relevé son taux de prêt au jour le jour pour la deuxième fois la semaine dernière, le faisant passer à 7,75 % contre 4,50 % auparavant. Elle prévoit également d’injecter au moins 100 millions de dollars chaque jour sur les marchés afin de stabiliser sa monnaie et a récemment annoncé une enchère de 350 millions de dollars. Parmi les raisons de cette baisse de la valeur de la monnaie, on cite la probable intervention américaine en Syrie, annonce négative pour des économies comme la Turquie, souligne Fatih Keresteci, stratège à la banque HSBC.
LES MARCHÉS ÉMERGENTS VICTIMES DE LA FORTE FUITE DE CAPITAUX Selon les économistes, la Banque centrale turque devra continuer à élargir le corridor des taux d’intérêts en relevant davantage le taux de prêt. «Le niveau actuel du taux d’intérêt au jour le jour n’éliminera pas la pression qui pèse sur la livre», a déclaré Ali Çakiroglu, stratège chez HSBC. «Nous nous attendons à une plus forte augmentation des taux d’intérêts et à ce qu’un comité d’urgence sur la politique monétaire se réunisse», a-t-il ajouté. Ce sont les marchés émergents qui pâtissent de nouveau de cette soudaine inflation monétaire. En effet, de nombreux pays émergents se fient au dollar pour soutenir la demande intérieure et financer leurs déficits budgétaires actuels. Tout comme la Turquie, les devises de l’Indonésie, de la Malaisie et de la Thaïlande ont toutes connu une chute, de même que la roupie indienne, qui est tombée de 1,5 %, entraînant des pertes d’environ 5 %. Les marchés des pays émergents se sont ainsi trouvés dans la même situation après la publication du compte-rendu de la Réserve fédérale américaine (FED) les 30 et 31 juillet qui annonçait la fin des injections massives de liquidités. LA TURQUIE FORTEMENT DÉPENDANTE DES APPORTS FINANCIERS EXTÉRIEURS Compte tenu de cette situation, le ministre turc des Finances, Mehmet Simsek, a déclaré jeudi 22 août que tous les marchés émergents étaient en train de connaître une «période de transition» durant laquelle les marchés mondiaux devaient se repositionner pour éviter de nouvelles turbulences économiques. «Nous sommes préparés aux mesures d’austérité lancées par la Réserve fédérale des Etats-Unis. La rechute actuelle de la livre turque est liée au contexte international», a expliqué le ministre. Mehmet Simsek a déclaré que le gouvernement turc était confiant vis-à-vis de la valeur de la monnaie locale et espère que celle-ci maintiendra une position favorable face au dollar américain une fois que
les résultats de la Fed seront clairs. La Turquie est particulièrement vulnérable à ce type de situation car elle est fortement dépendante des apports financiers extérieurs pour financer son déficit budgétaire, qui représente actuellement 7 % de sa production nationale.
12 DECOUVERTE
30 AOÛT - 5 SEPTEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
Les petites sœurs de Sainte-Sophie La Sainte-Sophie de Trébizonde
Sainte-Sophie, connue dans le monde entier pour être l’un des plus importants monuments d’Istanbul est loin d’être unique et a même inspiré la construction d’autres églises qui, jusque dans les Balkans, portent son nom. Découvrez cinq des petites sœurs de Sainte-Sophie. FATIH SINAR ISTANBUL Sainte-Sophie à Istanbul a inspiré la construction de nombreuses autres édifices religieux qui existent encore aujourd’hui. Fondée en 537 sur ordre de l’empereur Justinien Ier, dit Justinien le Grand, maître de l’Empire romain d’Orient, Sainte-Sophie possède des répliques en Anatolie, en Thrace et en Macédoine. C’est durant la sédition de Nika en 532 que Sainte-Sophie a été rasée pour la deuxième fois depuis sa première construction en 330. Après les affrontements, Justinien Ier a décidé d’ériger sur ses ruines une église qui dépasserait tous les autres édifices religieux de l’époque. Cette décision fait suite à un rêve : un vieux saint serait apparu à l’empereur et lui aurait montré l’esquisse d’un lieu de culte dont le nom serait connu dans le monde entier. Justinien Ier a ainsi confié au physicien Isidore de Milet et au mathématicien Anthémius de Tralles la tâche de construire l’édifice religieux. L’empereur a fait ainsi venir du marbre de Thrace et des régions de la mer Egée. La construction de l’église s’est achevée le 27 décembre 537. Durant les siècles qui ont suivis, de nombreuses répliques de Sainte-Sophie, nom qui signifie «sainte Sagesse», ont été construites en Anatolie, en Thrace et en Macédoine. La mosquée Petite Sainte-Sophie, située non loin de la place Sultanhamet près des ruines du Grand Palais, à Istanbul, est l’une d’entre elles. En plus des Sainte-Sophie d’Iznik, Trébizonde, Enez et Vize, on trouve celles de villes situées dans les Balkans comme Ohrid, Thessalonique et Sofia.
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LA PETITE SAINTE-SOPHIE L’architecture intérieure de la Petite SainteSophie est l’essence même de la tranquillité. L’édifice est situé sur la péninsule historique au cœur du quartier de Kumkapi, à quelques pas de la place Sultanhamet où se trouve la Mosquée bleue. Tout comme Sainte-Sophie, ce lieu de culte est également resté intact pendant quinze siècles. A l’origine, la Petite SainteSophie était une église byzantine des saints Serge et Bacchus. Elle a été commandée par l’empereur Justinien en 527, cinq ans avant la construction de la grande Sainte-Sophie. Durant le règne ottoman, elle a été transformée en mosquée en 1497 par l’eunuque Hüseyin Aga et fait toujours office de mosquée aujourd’hui. Il est encore possible d’admirer les magnifiques chapiteaux de style byzantin sur les colonnes. LA SAINTE-SOPHIE DE THESSALONIQUE Au VIIIe siècle, la Sainte-Sophie de Thessalonique a été construite sur les ruines d’une vieille
église. Si elle est devenue la cathédrale de Thessalonique lorsque la ville a été prise au moment de la quatrième croisade, la Sainte-Sophie de Thessalonique est ensuite devenue une église orthodoxe. Alors que selon certaines sources historiques, l’église a été transformée en mosquée immédiatement après la prise de Thessalonique par les Ottomans en 1430, d’autres disent que la Sainte-Sophie de Thessalonique a continué de faire office d’église pendant un moment sous l’occupation ottomane. L’édifice religieux est situé non loin de la Tour blanche de Thessalonique, l’une des plus importantes constructions de la ville.
LA SAINTE-SOPHIE D’IZNIK La Sainte-Sophie d’Iznik, petite ville de Turquie entourée de remparts, est située à la jonction de plusieurs routes reliant les portes d’Istanbul, Yenisehir et Lefke. Si elle n’est pas aussi connue que la Sainte-Sophie d’Istanbul, sa place dans l’histoire de la chrétienté est très importante car c’est dans l’église Sainte-Sophie qu’ont eu lieu
le premier Concile œcuménique en 325, ainsi que le septième et dernier Concile œcuménique en 787. L’église a ensuite été transformée en mosquée après la prise d’Iznik par le sultan ottoman Orhan Gazi en 1331 et a fait office de mosquée pendant de nombreux siècles. Au fil du temps, l’édifice s’est également agrandi. La Sainte-Sophie d’Iznik a en effet été l’objet de restaurations par l’architecte Mimar Sinan durant le règne du sultan Soliman le Magnifique. La Sainte-Sophie d’Iznik a été rouverte en tant que mosquée en 2011.
LA SAINTE-SOPHIE D’ENEZ A Enez, sur le golfe de Saros près de la frontière grecque, se trouve une autre église Sainte-Sophie datant du VIe siècle et qui a fait office de mosquée jusqu’au milieu des années 1960. Bien que la date de construction exacte de la Sainte-Sophie d’Enez, également connue sous le nom de mosquée Fatih, est inconnue, elle est considérée comme grande représentante du style architectural du milieu de l’Empire
byzantin. L’église, qui a été transformée en mosquée après la prise d’Enez en 1456 par le sultan Mehmet II est située au plus haut point de la ville et offre un panorama exceptionnel sur les lacs d’Enez, la rivière Maritsa et la Mer de Marmara.
LA SAINTE-SOPHIE DE TRÉBIZONDE La Sainte-Sophie de Trébizonde, située dans le quartier d’Ayasofya, a été construite entre 1238 et 1263 par la dynastie Comnène. L’église, qui a été transformée en mosquée au XVIe siècle, est restée telle pendant un long moment après la prise de la ville en 1456 par le sultan Mehmet II. La façade sud de l’église est l’un des exemples les plus impressionnants de l’architecture byzantine tardive. A l’intérieur, on peut admirer des fresques représentant l’expulsion d’Adam et Eve du Paradis ainsi que l’assassinat d’Abel par Cain, les deux fils d’Adam. Après une longue période de rénovation, l’édifice, qui avait été transformé en musée, a été rouvert en tant que mosquée le 28 juin 2013.
La Sainte-Sophie de Thessalonique
La Sainte-Sophie d’Enez.
La Sainte-Sophie d’Iznik.
13 FAMILLE&SANTE
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Accoucher de manière plus naturelle De plus en plus de mamans font le choix d’un accouchement plus naturel, loin des maternités classiques. Trop de machines, trop de blouses blanches disent ces femmes. Des centres en France proposent ainsi une autre manière d’accoucher. DALILA BOUAZIZ PARIS Une nouvelle tendance semble s’installer en France : les femmes sont de moins en moins nombreuses à vouloir accoucher dans des cliniques bondées. L’AFP révèle qu’environ 1.000 femmes donnent naissance à leur enfant à domicile chaque année dans l’Hexagone. Accompagnées d’une sage-femme, les futures mamans préfèrent vivre une expérience naturelle, parfois en acceptant d’endurer la douleur de l’accouchement. «L’accouchement dans la douleur est perçu aujourd’hui par certaines femmes comme une épreuve initiatique», explique Roger Henrion, ancien président de l’Académie de médecine, dans Marie-Claire. Face à la médicalisation de plus en plus importante de l’accouchement et donc de la naissance, de plus en plus de femmes recherchent des lieux ou des personnes leur permettant de devenir actrice de leur accouchement avec plus de respect physique et psychique. Aussi, des structures se sont créées pour certaines depuis plusieurs années pour des accouchements plus naturels.
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DES ÉTABLISSEMENTS PLUS «NATURE» Certains établissements parisiens proposent des démarches plus physiologiques pour accoucher : une liberté de position, un accompagnement, etc. La clinique des Bluets à Paris dans le 12e arrondissement
et la maternité des Lilas en SeineSaint-Denis sont connues pour leurs démarches plus respectueuses de la future maman. En province, on peut citer la polyclinique de l’Atlantique, à Saint-Herblain, tout comme celle de Besançon ou l’hôpital de Poitiers. Lumière douce ou tamisée, musique au choix, large baignoire d’angle, ballon bleu géant, lit près du sol, coin bébé et siège double pour la relaxation et les étirements composent le mobilier de ces salles d’un type nouveau.
ACCOUCHEMENT EN PLATEAU TECHNIQUE Des sages-femmes libérales pratiquant l’accompagnement global ont accès à ce qu’on appelle un plateau technique au sein d’une maternité. La sage-femme réalise le suivi de la grossesse, l’accouchement ainsi que la surveillance de la mère et de l’enfant après la naissance. C’est donc la même personne qui suit la maman du début à la fin. Dans le cadre du plateau technique, la maman vient accoucher à l’hôpital accompagnée de sa sage-femme. Cela permet de bénéficier de l’infrastructure hospitalière, sans qu’une autre présence médicale ne soit requise lors de l’accouchement. Le jour de l’accouchement, la sage-femme vous rejoint à la maison dès le début du travail et elle vient à domicile. Lorsque le travail est bien avancé, et selon la distance de l’hôpital et le souhait des parents, le couple et la sage-femme se rendent à l’hôpital.
ACCOMPAGNEMENT GLOBAL AVEC ACCOUCHEMENT À DOMICILE Contrairement aux Pays-Bas où l’organisation du système médical à la naissance repose grandement sur l’accouchement à domicile (30 % des naissances), cela n’est pas très répandu en France. Le plus souvent, ce sont des sages-femmes, mais aussi quelques médecins qui assurent ces naissances. Il s’agit toujours d’un «accompagnement global». En tout état de cause, le praticien apporte avec lui un minimum de matériel médical : oxygène, divers solutés de perfusion, etc. Quelques projets pilotes ont été mis en place à en France : à Pontoise, à la maternité des Bluets à Paris… DES MAISONS DE NAISSANCE BIENTÔT EN FRANCE Les maisons de naissance sont des structures qui ne sont, pour le moment, pas autorisées en France. Une loi a été votée en juin et devrait passer d’ici l’automne. Elles existent déjà en Allemagne, en Italie, en Espagne. Lors de la grossesse, la femme est suivie uniquement par une sage-femme. C’est elle qui réalise l’accouchement, dans une structure peu médicalisée. C’est la même sage-femme qui suivra aussi la mère et le bébé après l’accouchement. Les chambres ressemblent le plus possible au domicile et il n’y a pas de péridurale.
L’AFP révèle que chaque année en France, 1.000 femmes environ choisissent d’accoucher à domicile.
14 CULTURE
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AGENDA CULTUREL
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LE PRESTIGE DE LA CULTURE ARABE Dès le IXe siècle, le théologien Alvare de Cordoue s’indignait du prestige exercé par la langue et la littérature arabes sur les jeunes chrétiens instruits. S’ils étaient bien en peine de seulement déchiffrer une lettre rédigée en latin, ces enfants de la bonne société cordouane pouvaient en effet citer les meilleurs poètes arabes. S’il y voyait à raison les prémices d’une dissolution progressive de sa communauté au sein de l’islam, Alvare tenait néanmoins un discours d’arrière-garde en
A lire
&
EXPOSITION
L’arche sainte de la synagogue El Transito de Tolède (XIVesiècle).
Itinéraire et découverte de deux femmes qui ont combattu pendant la guerre d’Algérie, l’une à la Casbah, l’autre dans les Aurès. Un documentaire de Nadja Makhlouf (52 min, HD, France/Algérie)
Département des Arts de l’Islam
Issues de plus de dix siècles d’histoire et d’un territoire couvrant trois continents, de l’Espagne à l’Inde, les quelques 3.000 œuvres de l’exposition permanente témoignent de la richesse et de la diversité des créations artistiques en terre d’Islam. Tous les jours de 9:00 à 18:00 sauf le mardi Musée du Louvre 99, rue de Rivoli 75001 Paris
Gravures ottomanes
Une sélection de gravures ottomanes datant des deux derniers siècles de l’Empire. Entrée libre. associant la cohésion du groupe à la défense de la langue et de la culture latines. Dans cette société d’islam qu’était la société andalouse, la langue arabe et le modèle culturel oriental se diffusait auprès de l’ensemble de la société. Dans les marges des manuscrits chrétiens de l’époque califale, les gloses sont rédigées dans un arabe qui dénote une grande maîtrise de la langue du Coran, devenue langue apostolique sous la plume de clercs cordouans fins lettrés. Si l’on excepte les cas de conversion forcée (conversion par décret et pression politique sous les Almohades), à la fois tardifs et non représentatifs, le processus d’islamisation ressortit à un degré ou à un autre au prestige d’une langue et d’une civilisation reconnues comme supérieures, – la langue du Coran étant également celle de la création littéraire et du savoir, qu’il soit scientifique, philosophique ou théologique.
à voir... rition des Empires ottoman, austro-hongrois et russe, et à la formation des différents Etats balkaniques. Après la parenthèse communiste, on assiste ainsi, sur le plan religieux, à l’apparition de réseaux nouveaux, de type néo-salafiste ou néo-confrérique notamment. Auparavant, les musulmans d’Europe du Sud-Est étaient liés aux institutions religieuses
de l’Empire ottoman, ainsi qu’à divers réseaux scolaires et confrériques. Sur le plan politique, ils ont connu une lente et complexe cristallisation de leurs identités nationales respectives. Le phénomène a notamment débouché sur l’indépendance de la Bosnie-Herzégovine et du Kosovo, Etats respectivement peuplés à 45 % et 90 % de musulmans.
Du lundi au vendredi de 12:00 à 19:00 Samedi de 10:00 à 16:30 Centre culturel Anatolie 77, rue La Fayette 75009 Paris www.cca-anatolie.com
LES DIFFÉRENTS MODÈLES DE CONVERSION Trois cas de figures peuvent être distingués ici. La conversion des élites soucieuses d’adopter les nouvelles normes à même de leur permettre de maintenir leur rang social : l’essentiel de l’aristocratie wisigothique s’est ainsi convertie à l’islam. La conversion due à la pression de la société, à l’influence des normes culturelles de la majorité, au conformisme. C’est celle des Muwallads, parmi lesquels un nombre croissant de Mozarabes, dont c’est là le stade ultime de l’acculturation (l’assimilation pure et simple au groupe dominant). Enfin, la conversion individuelle, qui ressortit à une conviction intime, et qui se rencontre essentiellement chez des personnes cultivées fortement acculturées. C’est le cas par exemple d’Isaac Abou Sa‘id Ibn ‘Ezra, fils du célèbre poète et exégète juif arabe de Navarre, Abraham Ibn ‘Ezra (1090-1125).
Des Ottomans au Kosovo : les transformations d’un Islam d’Europe L’Europe du Sud-Est compte huit millions de musulmans. Albanais, Bosniaques, Turcs ou Roms, ils sont les descendants d’autochtones convertis à l’islam ou de colons turcophones installés durant la période ottomane. L’ouvrage traite des XIXe et XXe siècles, période marquée par d’importantes transformations sociales, politiques et religieuses, liées à la dispa-
Moudjahida (Femme combattante)
Le 5 septembre à 18:30 iReMMO 5, rue Basse des Carmes 75005 Paris
Le Goût de l’Orient : collections & collectionneurs de Provence
Des manuscrits, des tableaux, des objets d’art rassemblés par des collectionneurs et érudits d’origine provençale. Une exposition inédite qui permet d’appréhender l’histoire de l’orientalisme depuis la fin du XVIe siècle jusqu’au début du XXe siècle. Entrée libre. Jusqu’au 15 septembre, du mardi au samedi de 10:00 à 19:00 Nocturne le mercredi de 10:00 à 21:00 Cité du Livre / Bibliothèque Méjanes 8/10, rue des Allumettes 13098 Aix-en-Provence
THÉÂTRE
Islam des mondes
SEYFEDDINE BEN MANSOUR LILLE Charles L. Tieszen a récemment publié aux éditions Brill un essai intitulé Christian Identity amid Islam in Medieval Spain. L’orientaliste spécialiste des relations interreligieuses y examine la manière dont les chrétiens arabisés d’Espagne définissaient leur identité à la lumière de l’islam. On les appelle Mozarabes, c’est-à-dire, littéralement, «arabisés» (musta‘rab). A Léon depuis 1024, à Tolède en 1101, à Coïmbre en 1154, ce nom s’est imposé pour désigner les chrétiens latins indigènes qui, dès les premières décennies de la conquête islamique au VIIIe siècle, ont adopté la langue, la culture, les mœurs arabes. Leur acculturation rapide et profonde témoigne de la fascination exercée par la culture arabo-musulmane. Si elle ne mène pas nécessairement à la conversion, elle en constitue le plus souvent le prélude, la conversion devenant l’expression finale de l’acculturation. La communauté mozarabe, qui va en s’amenuisant, disparaît presque totalement au XIIe siècle. Entretemps, une autre communauté indigène ne cessera de croître, devenant progressivement majoritaire, celle des Muwallads, convertis de souche hispanique, originellement de confession chrétienne ou juive. Ils finiront également par disparaître en tant que communauté socialement distincte, du fait de la multiplication des mariages avec les descendants des conquérants arabes ou berbères à l’origine du melting pot islamo-andalou.
DOCUMENTAIRE
Acculturation : comment les indigènes ibériques sont devenus musulmans
Les musulmans de l’Europe du Sud-Est. − Des Empires aux Etats balkaniques, de Nathalie Clayer et Xavier Bougarel, éditions Karthala, 360 pages, 26 €.
Check point
Un checkpoint de l’armée israélienne, un de ces lieux de la planète où l’Histoire est suspendue. Un couple franco-palestinien, un militaire israélien, et la passion qui unit les deux protagonistes qui se heurte à l’impossibilité de se rejoindre, de communiquer. Jusqu’au 21 septembre, du mardi au samedi à 21:00 Théâtre de Ménilmontant 15, rue du Retrait 75020 Paris
OPINION15
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Les Frères musulmans ne sont pas l’AKP Le chroniqueur Sahin Alpay décrit la différence entre l’AKP et les Frères musulmans en insistant sur la nécessité d’une véritable culture pluraliste.
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Dans une chronique que j’ai écrite au Caire en octobre 2011, j’ai parlé de mon entretien avec Joseph Sidhom, éditorialiste en chef de Watani, journal publié par la communauté chrétienne copte en Egypte. Quand SAHIN ALPAY j’ai demandé à Sidhom s’il était optimiste quant à l’avenir de la transition vers la démocratie en Egypte, il m’a répondu : «Cette transition a pris près de 60 ans en Turquie. Donnez-nous au moins cinq ans». Dans une autre chronique consacrée aux tendances autoritaires croissantes du premier président élu d’Egypte, Mohamed Morsi, j’écrivais : «Les Occidentaux et les Turcs qui pensent qu’une "dictature religieuse" a été mise en place ont peutêtre un jugement trop hâtif. Toutefois, la démocratie mettra sûrement plus de cinq ans à
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«Cette majorité, cependant, face aux horreurs du régime militaire qui a suivi, a très vite regretté d’avoir soutenu ce dernier» prendre racine en Egypte (...). Il est trop tôt pour affirmer que la lutte contre la tutelle militaire a pris fin en Turquie, alors qu’elle ne fait que commencer en Egypte. Nous pouvons espérer, cependant, que les deux pays parviendront enfin à un équilibre, après avoir dérivé entre les concepts de démocratie majoritaire et pluraliste, dans lesquelles les démocrates adhèrent au respect des libertés et du pluralisme et les libéraux au respect de la démocratie» (8 décembre 2012).
Edité par : Source SARL 2, boulevard Saint Martin 75010 PARIS Directeur de la publication : HÜSEYİN KARAKUŞ Rédacteur en chef : EMRE DEMİR e.demir@zamanfrance.fr Gestionnaire administratif : FAHRETTİN TEKİN f.tekin@zamanfrance.fr Rédacteur en chef adjoint : FOUAD BAHRI f.bahri@zamanfrance.fr Secrétaire de rédaction : DALILA BOUAZIZ d.bouaziz@zamanfrance.fr
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LE DIFFICILE CHEMIN DE LA DÉMOCRATIE LIBÉRALE Cette analyse peut être considérée comme valable à deux égards. Premièrement, alors qu’on ne peut toujours pas affirmer que la Turquie a totalement consolidé sa démocratie libérale, cette consolidation prendra sûrement plus de cinq ans en Egypte. Deuxièmement, pour que la démocratie libérale prenne racine dans les deux pays, les démocrates devront adhérer aux libertés et au pluralisme, et les libéraux et les pluralistes à la démocratie. C’est-à-dire que le pays doit être dirigé par un gouvernement élu. L’Occident en a fait l’expérience. La démocratie libérale s’est consolidée après de longues et sanglantes luttes, au moment où les libéraux qui prêchaient les droits et les libertés fondamentales sont
parvenus à un consensus avec les socialistes qui défendaient le principe d’«un homme, une voix». Voici ce qui semble se produire en Egypte, en Syrie et en Tunisie dans le sillage des révolutions arabes : la lutte fondamentale est menée par toutes sortes de partisans de l’autocratie d’un côté et par les islamistes de l’autre. Les libéraux et les laïcs, qui ont mené des révolutions appelant à la démocratie libérale, sont aujourd’hui pris au piège entre les deux camps. En Egypte, ils ont d’abord mené la lutte contre l’autocratie et soutenu les islamistes pour ensuite se ranger du côté des autocrates contre les islamistes. Il ne serait donc pas surprenant de les voir se retourner contre les autocrates une nouvelle fois.
LE «MOUVEMENT RELIGIEUX» ET LE «PARTI DÉMOCRATE CONSERVATEUR» La porte-parole de ces libéraux et laïcs qui se retrouvent
pris entre les deux factions est Marwa Maziad, jeune étudiante qui est en train de se spécialiser dans les relations civilo-militaires en Turquie et en Egypte. Elle écrit sur Al Jazeera, le 21 août 2013 : «Les Frères musulmans égyptiens ne sont pas l’AKP turc (Parti pour la justice et le développement, ndlr). Quand Erdogan s’est rendu en Egypte et a déclaré qu’il était un «Premier ministre musulman d’un Etat turc laïc», les Frères musulmans ont affirmé, après avoir célébré son arrivée, qu’il n’avait pas à interférer dans les affaires égyptiennes en prenant comme exemple son «modèle». Alors que l’AKP se présente comme un «parti démocrate conservateur» viable et non comme un «mouvement religieux», il n’est pas exclu que les Frères musulmans aient quant à eux songé à une version sunnite du régime iranien. Nombreux sont ceux qui ont
pourtant averti les Frères musulmans qu’un régime de mollahs sur le modèle iranien ne fonctionnerait pas en Egypte. Les Frères musulmans n’étaient pas d’accord avec cette affirmation mais n’ont finalement jamais réalisé leur projet (…). Peut-être qu’Erdogan aurait dû prendre ses distances avec les Frères musulmans en vantant le succès de son propre parti, en tant qu’opposition et non pas en tant qu’association.
DES «COLONISATEURS DE L’EGYPTE» Que ce soit juste ou non, il est important que les Egyptiens perçoivent les Frères musulmans comme des «colonisateurs de l’Egypte» dont le but est de nier la diversité culturelle du pays et de traiter les libéraux égyptiens, les chrétiens et les personnes n’adhérant pas aux Frères musulmans comme des «minorités nationales». Des minorités dont la présence pourrait être «tolérée» mais dont la contribution ne pourrait en aucune manière être centrale en Egypte», écrit Marwa Maziad. Le coup d’Etat militaire qui a eu lieu en Egypte ressemble de plus en plus au putsch du 12 septembre 1980 en Turquie. La grande majorité des Turcs de l’époque souhaitait que l’armée intervienne pour mettre fin à la fois au conflit sanglant entre la droite nationaliste et la gauche communiste et à la polarisation entre les politiciens, incapables de coopérer pour réprimer le carnage. Cette majorité, cependant, face aux horreurs du régime militaire qui a suivi, a très vite regretté d’avoir soutenu ce dernier. s.alpay@todayszaman.com
GÜNDOGAN ABSENT UN MOIS À DORTMUND La blessure au dos du milieu de terrain de Dortmund Ilkay Gündogan s’est aggravée et le joueur sera absent des terrains au moins un mois, a fait savoir mardi le club allemand. L’international allemand s’est blessé le 14 août en sélection lors d’un match amical contre le Paraguay alors qu’il ressentait déjà des douleurs et jouait sous infiltrations.
Les malheurs de l’équipe nationale turque Accumulant les défaites, la sélection turque de football est passée de la 28e à la 58e place mondiale, alors que son entraîneur vient de donner sa démission. L’homme fort de Galatasaray, Fatih Terim a accepté de prendre les rênes mais temporairement. RACHEL MOLLMAN ISTANBUL Entraîner l’équipe nationale de football est un métier maudit en Turquie. La Fédération turque de football (TFF) a toutefois réussi à convaincre l’entraîneur du Galatasaray, Fatih Terim, de remplir cette mission de façon temporaire puisque Abdullah Avci, l’ancien entraîneur de l’équipe, est parti mercredi dernier. «J’ai pensé que partir était la meilleure décision. J’en ai parlé avec le président de la TFF, Yildirim Demirören», a déclaré Avci. Ce dernier a commencé à entraîner les Turcs en novembre 2011. Depuis, l’équipe nationale turque a participé à 18 matches en tout, dont six officiels. Sur ces 18 matches, l’équipe a gagné six fois, perdu huit fois et fini exaequo quatre fois. La Turquie a également baissé dans le classement mondial, passant de 28e à 58e.
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LA COUPE DU MONDE 2014 : UN RÊVE IRRÉALISABLE ? Les résultats ne sont pas florissants, mais toute la responsabilité ne peut être portée uniquement par Avci. La sélection espère encore une victoire à l’image de la saison de l’Euro 2008, quand les Turcs ont défié toute attente et sont arrivés jusqu’en demies. Mais l’équipe vedette de 2008 prend de l’âge. Les plus jeunes joueurs ne semblent pas avoir la même fougue qu’avant. Après avoir été absente de toutes les compétitions majeures ces dernières années, dont la Coupe du monde de la FIFA en Allemagne (2006) et en Afrique du Sud (2010) en plus des Euros de 2012, les Turcs sont partis pour ne pas non plus participer aux prochains grands événements. La Coupe du monde de 2014 au Brésil est un rêve qui semble irréalisable. Les Turcs sont à la quatrième place dans le classement pour les qualifications du Groupe D derrière les Pays-Bas, la Hongrie et la Roumanie. Il y a une chance pour que la Turquie l’emporte contre l’Andorre et l’Estonie, mais les Pays-Bas et la Roumanie représenteront une autre paire de manches pour l’équipe nationale. ET APRÈS ? Même avant qu’Avci annonce officiellement son départ mercredi, la fédération avait fait une proposition à l’entraîneur Terim concernant l’équipe nationale turque, qu’il avait déjà entraînée dans sa meilleure période de 2005 à 2009. Galatasaray a autorisé Terim à prendre l’équipe nationale sous son aile pour les prochains matches de qualification à la Coupe du monde en plus de continuer à travailler avec le club de foot. Ce qu’il adviendra ensuite n’est toutefois pas encore clair. Bien que la fédération ait trouvé son homme, la situation actuelle reflète les problèmes que rencontre l’équipe nationale turque. Avec les compétitions internationales auxquelles elle ne participe plus et la réputation de moins en moins bonne qu’elle a à la fois en Turquie et à l’étranger, notamment due aux scandales des matches truqués, la fédération est dans la tourmente. Le ballet des présidents à la tête de la TFF traduit le manque de cohérence qui existe au sein de l’équipe nationale. En 2011, Mahmut Özgener a démissionné et a été remplacé par Mehmet Ali Aydinlar qui est resté environ un an avant l’arrivée de Demirören. L’équipe nationale turque est désormais prise dans une
routine et Terim aura des difficultés à l’en sortir. La fédération doit remonter la pente avant d’espérer pouvoir faire de l’équipe nationale de Turquie une grande championne.