Les chibanis sur le devant de la scène
Ankara séduit le marché automobile
La Turquie au pied du mur
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04 - 10 OCTOBRE 2013 N° 283 Prix : 2,5 €
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PARLEMENT, MINORITÉS, LAÏCITÉ : LES MESURES HISTORIQUES D’ERDOGAN Jours fériés : «Challenges a tronqué mes propos» Récemment nommée à l’Observatoire de la laïcité, l’anthropologue du fait religieux Dounia Bouzar revient
pour Zaman France sur les motivations qui l’ont poussée à accepter cette nouvelle mission. Elle s’explique également sur la polémique qui a suivi la publication d’un entretien par la revue Challenges sur l’attribution de jours fériés pour le Yom Kippour et l’Aïd. RSOCIETE 04
Très attendue, l’annonce lundi de plusieurs réformes démocratiques par le Premier ministre Erdogan a marqué un temps fort de la politique turque. Deux volets importants s’en dégagent : la modification du seuil électoral qui permettrait l’entrée de nouvelles formations politiques au Parlement. Et l’autorisation de l’enseignement en kurde dans les écoles privées. Des mesures qui profitent avant tout à la minorité kurde de Turquie.
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Recep Tayyip Erdogan vient de dévoiler la liste de réformes tant attendue, visant à renforcer la démocratie et à maintenir sur les rails le processus de paix entre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et le gouvernement turc. Le Premier ministre a ainsi annoncé, parmi les réformes les plus importantes, la suppression des restrictions concernant le port du voile, la possibilité d’enseigner
dans une langue maternelle autre que le turc, le rétablissement des noms d’origine de villages, quartiers et provinces qui existaient avant 1980, mais aussi des changements dans les lois concernant les partis politiques, la possibilité d’abaisser le seuil électoral pour obtenir des sièges au Parlement – actuellement à 10 % – et des assouplissements en matière de liberté de rassemblement. R TURQUIE 06 EDITO
Disparition de l'acteur Tuncel Kurtiz
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Tuncel Kurtiz est mort le vendredi 27 septembre à l’âge de 77 ans. Après 40 ans de carrière, le grand acteur turc qui a tourné dans plus de 70 productions est mort des suites d’une chute. Une commémoration a eu lieu samedi en son hommage au théâtre Muhsin Ertugrul d’Ankara. Kurtiz a été enterré dimanche dans son quartier de Güre à Balikesir dans l’ouest de la Turquie. RTURQUIE 08
Zaman Okur Hattý: 01 42 00 19 36
Des réformes insuffisantes pour l’opposition Les réformes démocratiques annoncées par Recep Tayyip Erdogan ont suscité de nombreuses réactions, surtout du côté de l’opposition qui ne les juge ni suffisantes, pour le BDP, ni satisfaisantes pour le CHP. RTURQUIE 06
Sur les traces de Yunus Emre -
En 2009, le gouvernement turc décide de créer un institut consacré à la promotion de la langue et de la culture turque dans le monde. Baptisé Yunus Emre par le président Abdullah Gül, ce centre dispose aujourd’hui de 36 bureaux dans le monde et neuf de plus sont prévus en 2014. RCULTURE 13-14
Un pas vers la réconciliation nationale EMRE DEMIR r02
Le gouvernement se déchire sur les Roms
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Les déclarations du ministre de l’Intérieur Manuel Valls considérant que les Roms n’avaient pas vocation à rester en France ont semé le trouble dans les rangs de la gauche. Après les critiques de Cécile Duflot, celles de Benoît Hamon et d’autres ténors du PS ont montré un nouveau clivage au sein de la majorité. RFRANCE 03
Le Nigeria frappé à son tour par le terrorisme -
Un lycée du nord-est du Nigeria a été victime d’une attaque de la secte Boko Haram. Le bilan est lourd : au moins 40 étudiants ont été tués. RINTERNATIONAL 11
02 FRANCE
Les socialistes décidés à abolir la prostitution
EDITO EMRE DEMIR
Un projet de loi déposé par la majorité veut sanctionner les clients de prostituées par une contravention. Cette mesure promise par le candidat Hollande et portée par la ministre Najat Vallaud-Belkacem prévoit aussi une réinsertion financière et sociale des personnes prostituées.
Un pas vers la réconciliation nationale Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a annoncé une longue série de réformes historiques pour la réconciliation des différentes couches de la société turque. Parmi toutes ces mesures, la presse internationale a mis en avant l’abolition de l’interdiction du voile dans la fonction publique. Dans une société où 66 % des femmes sont voilées, cette interdiction était un problème majeur par rapport à l’accès au travail. Or, selon un sondage réalisé en septembre 2013, 64 % des Turcs – y compris une partie de l’électorat du parti kémaliste CHP – soutiennent l’abolition de l’interdiction du port du voile dans la fonction publique. Mais les deux grandes mesures de ce paquet de réformes restent l’enseignement en kurde dans les écoles privées et l’abaissement du seuil électoral. La réforme du seuil électoral va permettre la pluralisation de la scène politique. L’enseignement en kurde dans les écoles publiques reste une réforme a réaliser. Mais, considérant que la langue kurde était totalement interdite en Turquie jusqu’en 1991, il faut avouer que des progrès conséquents ont été faits ces dernières années. L’autorisation du kurde dans les médias et dans l’enseignement privé, ainsi que l’ouverture d’une chaîne de télévision et d’une licence en littérature kurde en sont l'illustration. La création d’un institut de la culture rom pour favoriser l’intégration des Roms de Turquie est aussi une réforme importante au moment où, en France, on discute de renvoyer cette population en Roumanie. Par contre, les alévis sont les grands oubliés de ce paquet démocratique. La reconnaissance des cemevis par l’Etat est indispensable. Le gouvernement qui a annoncé prochainement des mesures pour les alévis sera attendu sur ce dossier. La réouverture, un temps prévue puis écartée, du séminaire grec orthodoxe de Halki fermé depuis 1971 reste un défi majeur pour le gouvernement turc car il n’existe presque aucune opposition à cette mesure, à l'exception d’une minorité ultra-laïciste. L'AKP est certainement un acteur capital de la démocratisation en Turquie, mais la principale force motrice à cet égard est la société turque. Car toutes les avancées démocratiques depuis le 19e siècle étaient liées aux dynamiques internationales. Le CHP, en 1950, a accepté de passer au multipartisme pour entrer à l'OTAN. Les réformes de l'AKP depuis 11 ans sont les conséquences d’un processus d'entrée dans l'UE. Ainsi, c'est bien la première fois que des réformes sont annoncées pour répondre à un besoin de réconciliation de la société turque, et sans pression extérieure. Victimes d’une polarisation forte, toutes les couches de la société turque – conservateurs, Kurdes, alevis – aspirent à vivre dans un pays plus libre. e.demir@zamanfrance.fr
04 - 10 OCTOBRE 2013 ZAMAN FRANCE
Le texte de loi prochainement présenté par les parlementaires socialistes pour interdire la prostitution, sera défendu notamment par la ministre du Droit des femmes Najat Vallaud-Belkacem.
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Le groupe socialiste à l’Assemblée nationale a décidé mardi de déposer prochainement une proposition de loi visant à abolir la prostitution, en abrogeant le délit de racolage public et en sanctionnant les clients par une contravention. Ce texte présenté par les députées socialistes Maud Olivier et Catherine Coutelle est soutenu par des personnalités de toutes formations politiques, souligne le PS. Il s’agit d’un engagement de campagne de François Hollande. «L’achat de services sexuels est une violence faite aux personnes prostituées, qui sont à 85 % des femmes. Il n’est pas compatible avec les valeurs d’égalité, de refus de la marchandisation du corps et de respect de l’autre qui sont les nôtres», écrit le PS dans un communiqué. De nombreuses associations réclamaient l’abrogation du délit de racolage passif institué le 18 mars 2003 et pénalisant «le fait par tout moyen, y compris par une attitude même passive, de procéder publiquement au racolage
d’autrui en vue de l’inciter à des relations sexuelles en échange d’une rémunération».
UNE SANCTION DE 1500 EUROS POUR LES CLIENTS L’engagement de François Hollande d’abolir ce délit sera tenu, avait affirmé au printemps Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes. Le futur texte vise à améliorer les mesures de protection et de réinsertion en faveur des personnes prostituées, en abrogeant le délit de racolage public et en leur facilitant l’accès à un titre de séjour, à un soutien financier et à un logement. Il a aussi pour objet de réduire la demande d’achat de
services sexuels en sanctionnant les clients par une amende de 1500 euros maximum. D’autres modalités du texte seront débattues la semaine prochaine au sein du groupe PS, a-t-on précisé. La pénalisation des clients fait débat en France, certaines organisations de prostituées défendant la liberté de disposer de son corps. Plusieurs pays pénalisent le recours à la prostitution, comme l’Islande, la Norvège et la Suède. D’autres, comme la Grande-Bretagne ou la Finlande, pénalisent les clients de prostituées victimes d’exploitation. Selon un rapport rédigé par Maud Olivier, environ 20.000 personnes se prostituent en France, dont 85 % de femmes.
PHOTO DE LA SEMAINE
C’est une image impressionnante que le photographe vietnamien Tran van Tuy’un, primé au festival de Bursa, a su saisir. La scène atypique se déroule au Vietnam et décrit la rotation d’une multitude de canards autour d’un individu.
...ET UNE MAUVAISE
UNE BONNE...
Le gouvernement grec a annoncé lundi qu’il présenterait au Parlement un nouveau projet de loi contre le racisme, à la suite du meurtre à la mi-septembre d’un rappeur antifasciste par un sympathisant du parti d’extrême droite Aube dorée. «Ce texte sera soumis au Parlement dans quelques jours. Il a une valeur morale et symbolique», a déclaré le vice-Premier ministre socialiste, Evangelos Venizelos. Le parti conservateur
Des tombes chrétiennes profanées Nouvelle Démocratie du Premier ministre Antonis Samaras, qui gouverne avec les socialistes, n’était pas à l’origine favorable à une nouvelle législation antiraciste, estimant que les textes actuels suffisaient. Le gouvernement prépare aussi une nouvelle loi qui mettrait fin au financement d’Aube dorée par des fonds publics, car «la démocratie n’a pas à financer ses adversaires», a poursuivi Venizelos.
Quatre jeunes nationalistes juifs ont été arrêtés pour avoir profané dimanche des tombes d’un cimetière chrétien proche de la vieille ville de Jérusalem. Les quatre jeunes gens âgés de 17 à 26 ans, parmi lesquels deux colons de Cisjordanie, jetaient des blocs de
béton sur une quinzaine de pierres tombales lorsqu’ils ont été pris sur le fait par des policiers, a déclaré le porte-parole de la police, Micky Rosenfeld. Les croix de pierre de plusieurs tombes, dont certaines remontaient au début du XXe siècle, ont été brisées.
NOUVELLE
Une loi anti-raciste en Grèce
03 FRANCE
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04 - 10 OCTOBRE 2013 ZAMAN FRANCE
Les débats sur les Roms «ne doivent pas avoir lieu sur la place publique» Propos du président de la République François Hollande, rapportés par la porte-parole du gouvernement Najat VallaudBelkacem, à l’occasion des joutes verbales qui ont opposé plusieurs membres du gouvernement sur les Roms.
Le gouvernement se déchire sur les Roms
Les déclarations du ministre de l’Intérieur Manuel Valls considérant que les Roms n’avaient pas vocation à rester en France ont semé le trouble dans les rangs de la gauche. Après les critiques de Cécile Duflot, celles de Benoit Hamon et d’autres ténors du PS ont montré un nouveau clivage au sein de la majorité.
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La majorité continue de se diviser sur la question des Roms qui a mis aux prises le ministre de l’Intérieur Manuel Valls, dont la politique de fermeté est soutenue par François Hollande, les écologistes et l’aile gauche du Parti socialiste. Depuis que Manuel Valls a estimé mardi 24 septembre que les Roms avaient vocation à retourner en Roumanie ou en Bulgarie, leurs pays d’origine, en jugeant leur mode de vie en «confrontation» avec celui des Français, critiques et satisfecits se sont succédés à gauche au vif contentement de l’opposition de droite, qui a déjà placé ce problème au coeur de la campagne municipale. Le ministre de l’Intérieur a répliqué dimanche en dénonçant au sein de son camp des mises en cause «insupportables» qui font, selon lui, le jeu de l’extrême droite. «On ne peut pas débattre de ces questions-là avec de tels anathèmes», a-t-il commenté
Les populations Roms ont provoqué, à leur corps défendant, une polémique au plus haut sommet de l’Etat.
sur BFM TV. «Et puis, a-t-il poursuivi, il faut faire attention, parce qu’à force de vouloir faire l’ange, à force de vouloir faire la démonstration qu’on est proche des valeurs de gauche, tous ceux qui s’expriment ainsi à gauche vont finir par faire le jeu de la bête, en l’occurrence du Front national», a-t-il dit.
MÉLENCHON : VALLS, «UN PROBLÈME POUR LA RÉPUBLIQUE» Après la ministre écologiste du Logement Cécile Duflot, qui a accusé Manuel Valls d’être allé «au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain», son collègue de l’Economie sociale Benoît Hamon, représentant de l’aile gauche du PS, a regretté samedi que «certains s’égarent dans des formes de transgression qui ne me plaisent pas». «La gauche ne renoncera jamais à l’idée d’intégrer progressivement une population», a-t-il déclaré lors de la
réunion du courant du PS «Un monde d’avance» à Vieux-Boucau (Landes). Le député socialiste des Landes, Henri Emmanuelli, a pour sa part mis en garde «Manuel» : «Il y a des lignes à ne pas franchir et des barrières à ne pas sauter. Il est facile de surfer sur les
opinions majoritaires mais c’est très dangereux». Le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon a jugé, pour sa part, dimanche sur France3, que Manuel Valls était «un problème pour la République» et qu’il disait «la même chose que l’extrême-droite».
Un Franco-turc victime d’une bavure ? -
Une double fracture du tibia et de Alican Batur affirme avoir la cheville. Pour Alican Batur, le été victime de violences à Clichy-sousbilan de sa rencontre avec des policiers policières Bois en juillet 2013. de Clichy-sous-Bois a été douloureux. Tout commence le 7 juillet 2013. Ce jour là, ce jeune Franco-turc de 22 ans décide d’accompagner un de ses amis parti vendre une moto achetée en juin sur le site internet d’annonces gratuites Leboncoin.fr. L’ami d’Alican décide de revendre le véhicule en passant par le même site d’annonces. Contacté par un acheteur qui précise qu’il viendra accompagné sur le lieu du rendez-vous, Alican se munit d’une bombe lacrymogène par précaution, son ami craignant de se faire agresser. Une fois arrivés sur place, c’est à deux véhicules de polices et deux motards qu’ils auront affaire, entrés dans le parking et se dirigeant à vive allure vers eux. L’un des véhicules aurait foncé sur Alican sans s’arrêter, percutant le jeune homme contre la moto. Étalé contre le capot de la voiture, le Franco-turc raconte qu’il ne sentait plus son pied : sa cheville coincée au niveau du pare-choc souffrait, aussi bien dans la voiture qu’au se serait fracturée sous le choc. commissariat. Placé en garde à vue pour recel de vol et port d’arme de 6e catéCLÉ DE BRAS ET DOUBLE FRACTURE Alors qu’Alican crie de douleur, un des gorie (la bombe lacrymogène), l’affaire motards l’aurait plaqué violemment a fait l’objet d’un classement sans suite contre le capot et lui aurait fait une pour la première infraction. C’est seule«clé de bras» après avoir trouvé une ment 3 heures plus tard qu’Alican aurait bombe lacrymogène sur lui. Directe- été emmené à l’hôpital où le médecin ment conduit au commissariat de police aurait constaté une fracture au niveau de Clichy-sous-Bois, le jeune homme de la cheville, faisant transférer le jeune affirme avoir été traité de «menteur» par homme vers un service spécialisé où les policiers quand il leur aurait dit qu’il il est opéré le lendemain. Diagnostic :
93 % des Français sont d’accord avec Valls -
double fracture du tibia, et tendons de la cheville détachés. Il a subi jusqu’à maintenant deux opérations et porte aujourd’hui une plaque métallique avec une dizaine de vis, utilisant des béquilles pour une durée encore indéterminée. Contacté par la rédaction de Zaman France, le commissariat de Clichy-sousBois ne s’est pas encore exprimé. Alican Batur a d’ores et déjà porté plainte et saisi l’IGS (Inspection générale des services).
Selon un sondage BVA pour i>Télé et Le Parisien-Aujourd’hui en France diffusé samedi, 93 % des Français considèrent que les Roms s’intègrent mal dans la société française. Dans un tribune publiée dans Le Journal du Dimanche, seize élus socialistes, tous maires ou premiers adjoints, dont l’ancien ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant et le maire de Lyon Gérard Collomb, saluent l’action de Manuel Valls. Ils appellent à l’unité de la gauche sur cette question et soulignent vouloir «sortir de l’hypocrisie qui consiste à faire croire que parce qu’elle est humaniste, la gauche devrait laisser faire». Les signataires soulignent que «l’avenir des communautés Roms est principalement dans leur pays d’origine». Le chef de file des députés socialistes Bruno Le Roux a dénoncé «une fausse polémique». «Je ne comprends pas le procès que l’on peut faire à Manuel Valls en républicanisme, tout comme je ne comprends pas le procès que l’on peut lui faire en socialisme», a-t-il commenté sur Radio J.
04 SOCIETE
Jours fériés : «Challenges a tronqué mes propos»
Marseille a été le théatre de nombreuses affaires de criminalité depuis quelques mois.
La réputation de Marseille ne dissuade pas les touristes
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Plus de 10 millions de visiteurs sont attendus en 2013 dans la région de Marseille désignée capitale européenne de la culture, un rendez-vous sur lequel mise la deuxième ville de France pour redorer son image ternie par une violence endémique. A un peu plus de cent jours de la fin de l’événement, tous les indicateurs économiques sont au vert. «Cette année est catastrophique pour le tourisme partout en France, sauf ici où l’on s’en sort particulièrement bien grâce au label capitale européenne de la culture», a déclaré mardi le président de Bouches-du-Rhône tourisme, Daniel Conte. 6,3 millions de visiteurs ont déjà participé aux différentes manifestations labellisées depuis le lancement de l’opération, le 12 janvier.
LE TOURISME EN HAUSSE DE 10 % EN UN AN Dans le seul département des Bouches-duRhône, on a atteint le seuil des huit millions de touristes habituellement recensés sur une année et on en escompte au moins deux millions de plus d’ici la fin 2013. «On a réalisé tous nos objectifs annuels. Le reste, ce n’est que du rab», résume un professionnel du tourisme. Ce succès stimule l’économie locale et l’industrie hôtelière, qui a enregistré près de 2 millions de nuitées de mai à juillet, soit une hausse de 10 % par rapport à 2012. La clientèle internationale se taille la part du lion avec une augmentation de 13 % pour «seulement» 9 % de hausse des visiteurs français. «Dans le pays d’Arles, on s’est mis au taïwanais et au coréen», sourit Christian Mourisard, président de la Fédération régionale des offices du tourisme. Avec 60 % des manifestations culturelles programmées sur son territoire, Marseille tire son épingle du jeu en étant le «premier récepteur de touristes du département». Autrefois ville de passage, la cité phocéenne devient ville de tourisme avec notamment un doublement de la durée des séjours.
04 - 10 OCTOBRE 2013 ZAMAN FRANCE
Selon la revue Challenges Dounia Bouzar suggérait de remplacer deux jours fériés chrétiens par l’Aïd et Yom Kippour.
Récemment nommée à l’Observatoire de la laïcité, l’anthropologue du fait religieux Dounia Bouzar revient pour Zaman France sur les motivations qui l’ont poussée à accepter cette nouvelle mission. Elle s’explique également sur la polémique qui a suivi la publication d’un entretien par la revue Challenges sur l’attribution de jours fériés pour le Yom Kippour et l’Aïd. FOUAD BAHRI PARIS Que représente pour vous cette nomination ? C’est le résultat d’un travail de terrain. On m’a nommée sur mes compétences et sur ma connaissance. Je fais partie des rares personnes qui essaient d’appliquer la laïcité in concreto et de voir comment les professionnels peuvent au quotidien être laïques. Les éducateurs par exemple se doivent d’être neutres et de ne pas imposer leurs convictions à des jeunes qui doivent se forger la leur. Être impartial s’apprend et n’est pas toujours facile.
Dounia Bouzar est anthropologue du fait religieux et vient d’être nommée à l’Observatoire de la laïcité.
Quelle ligne laïque allez-vous défendre au sein de l’Observatoire de la laïcité ? Les regards croisés qu’il offre sont la richesse de l’Observatoire. Mon approche sera attentive au fait qu’on ne s’éloigne pas des considérations du terrain. Je suis très attachée à l’alternance entre la théorie et la pratique. Je m’efforce de ne pas être dans une posture idéologique. Je ne suis pas une militante. Quelles que soient les décisions prises par l’Observatoire, il est important de communiquer sur ce qui existe déjà en termes de lois. Il y a des lois qui condamnent le harcèlement et qui empêchent d’imposer sa religion ou d’entraver le travail. Mes livres racontent des exemples qui montrent que le discours qui consiste à dire il n’y a rien pour faire respecter la laïcité n’est pas juste, il n’y a pas «rien». Comment définiriez-vous la laïcité ? C’est grâce à la laïcité que je peux être musulmane dans mon quotidien. Si la laïcité n’était pas là, je serais obligée de manger du porc, de renier les autres Prophètes et d’embrasser la religion du roi pour être française. Je tiens à la laïcité comme à la prunelle de mes yeux. Tant que je n’impose rien aux autres, c’est ma liberté de croire ou de ne pas croire.
Vos propos publiés par la revue Challenges sur une éventuelle suppression de deux jours fériés chrétiens remplacés par le Yom Kippour et l’Aïd ont fait polémique. Vous dénoncez de votre côté un détournement de vos propos. Quelles étaient vos déclarations ? Ce que j’ai expliqué à Challenges, c’est qu’il n’y avait pas de souci entre les musulmans et la laïcité mais un problème avec la montée d’un discours lié à un islam radical. Ce discours encourage à la séparation avec les autres, à l’exhibition de son islam et à construire des frontières symboliques infranchissables avec le reste du monde. Un discours à la fois contraire à l’éthique musulmane et à la laïcité. Pour lutter contre ce phénomène, il faut adopter des réponses qui ne soient pas communautaristes mais qui apportent un bénéfice à tous. Ainsi, plutôt que de signaler qu’un produit alimentaire contient de l’alcool, il est préférable d’adopter une information sur la traçabilité des aliments qui profitera également à d’autres comme à celui qui est allergique à l’arachide. Dans ce cadre, j’avais réfléchi sur la question du calendrier et sur la manière de montrer que symboliquement, les musulmans ne sont pas des étrangers et qu’ils font partie du patrimoine de la France. Il s’agissait d’ajouter et non de retrancher des jours fériés chrétiens. C’était une réflexion et non une proposition. Challenges a tronqué mes propos. La diffusion de la Charte de la laïcité de Vincent Peillon vous semble-t-elle une mesure utile ? La question est : quelle mallette à outils donne-t-on aux adultes pour la transmettre ? Il faut déjà établir un consensus sur la définition de la laïcité. C’est une bonne intention mais sans approche pédagogique, ce sera difficile.
05 SOCIETE L’UEJF : nous n’avons pas les mêmes valeurs
L’Union des étudiants juifs de France a exprimé son intention de porter plainte contre la dernière Une de l’hebdomadaire Valeurs actuelles. Celle-ci présente une statue de Marianne portant un niqab avec comme titre : «Naturalisés : l’invasion qu’on cache».
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L’Union des étudiants juifs de France (UEJF) a annoncé mercredi sa décision de porter plainte contre le magazine Valeurs Actuelles pour incitation à la haine raciale concernant son numéro paru jeudi, qui dénonce une invasion musulmane. En réponse, l’hebdomadaire a décidé de porter plainte contre l’organisation pour dénonciation calomnieuse, diffamation et atteinte à la liberté d’expression. «Valeurs Actuelles
MON AVOCAT CANAN ÖZENICI
Avocats et notaires : bataille à l’horizon Un projet de loi prévoit de confier en exclusivité aux notaires la constitution des sociétés civiles immobilières. Si le projet de loi voit le jour, les constitutions de SCI et les cessions de parts sociales devront prendre la forme d’actes authentiques. Il s’agit là bien sûr d’une décision qui reviendra à ôter aux avocats un marché conséquent, mais là n’était pas le but des législateurs. Le principal objectif recherché pour confier cette prérogative aux notaires vise à mettre la structure juridique d’une SCI sous le contrôle de l’officier ministériel et par voie de conséquence, sous le contrôle de Tracfin, l’organe de lutte contre le blanchiment d’argent. En effet, la souplesse et le manque de contrôle de ces structures juridiques peuvent en faire un instrument de fraude. L’exposé des motifs du projet de loi en cause introduit par voie d’amendement explique donc qu’ «en imposant que les cessions de droits sociaux des SCI s’effectuent dorénavant par acte authentique, cet amendement évitera la persistance (des) dérives et il en résultera une meilleure sécurité juridique».
UNE MEILLEURE SÉCURITÉ JURIDIQUE, MAIS DE QUEL POINT DE VUE ? Celui des associés de la SCI ? Des cessionnaires ? Non, mais du point de vue des autorités de lutte contre le blanchiment d’argent, clairement. Les chiffres sont d’ailleurs éloquents... Les officiers ministériels obtempèrent plus aisément que les avocats à la déclaration de soupçon, si bien que le législateur souhaite mettre la SCI sous un contrôle plus sûr. De leur côté, il semble que les avocats n’aient rien vu venir et n’aient pas été consultés sur le sujet. Il est important de souligner qu’outre le problème de la déclaration de soupçon, existe aussi celui du montant des honoraires qui seront facturés aux clients, forcément plus important en moyenne par les notaires que par les avocats, mais là n’est certainement pas le problème du législateur ! Pour vos questions : ceruguz@yahoo.fr
se réserve en outre le droit de poursuivre en justice tous ceux qui reprendraient à leur compte les qualificatifs honteux utilisés par l’UEJF», écrit la direction dans un communiqué. La Une de l’hebdomadaire présente une statue de Marianne portant un niqab avec comme titre : «Naturalisés : l’invasion qu’on cache». Il publie également un sondage Ifop selon lequel 63 % des Français, contre 23 %, estiment que l’augmentation du nombre
des étrangers naturalisés constitue une «mauvaise chose pour notre pays». «Il est inacceptable que demain dans n’importe quel kiosque, l’achat d’un magazine avec une Une raciste soit banalisé. Il devient urgent de mettre un coup d’arrêt à cette banalisation du racisme à l’égard des musulmans», déclare Jonathan Hayoun, président de l’UEJF, dans un communiqué. «Qui aurait imaginé il y a encore quelques années qu’en 2013 un journal
à grand tirage (plus de 90.000 exemplaires) se permette une couverture aussi haineuse ?», ajoute-t-il. Yves de Kerdrel, directeur général de l’hebdomadaire, appelle les responsables de l’Union des étudiants juifs de France «à davantage de retenue Le dernier numéro du magazine Valeurs actuelles, dans leurs propos, et à respecter la liberparu ce jeudi, fait d’ores et déjà parler de lui. Mais le té et le pluralisme de la presse, indispen- magazine n’en est pas à sa première Une scandaleuse. sables au débat démocratique.» Fin août, il titrait : «Roms : l’overdose»
06 TURQUIE
04 - 10 OCTOBRE 2013 ZAMAN FRANCE
Parlement, minorités, laïcité : les mesures historiques d’Erdogan Très attendue, l’annonce lundi de plusieurs réformes démocratiques par le Premier ministre Erdogan a marqué un nouveau temps fort de la politique turque. Deux volets importants s’en dégagent : la modification du seuil électoral qui permettrait l’entrée de nouvelles formations politiques au Parlement. Et l’autorisation de l’enseignement en kurde dans les écoles privées. Des mesures qui profitent avant tout à la minorité kurde de Turquie.
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Recep Tayyip Erdogan vient de dévoiler la liste de réformes tant attendue, visant à renforcer la démocratie et à maintenir sur les rails le processus de paix entre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et le gouvernement turc. Le Premier ministre a ainsi annoncé, parmi les réformes les plus importantes, la suppression des restrictions concernant le port du voile, la possibilité d’enseigner dans une langue maternelle autre que le turc, le rétablissement des noms d’origine de villages, quartiers et provinces qui existaient avant 1980, mais aussi des changements dans les lois concernant les partis politiques, la possibilité d’abaisser le seuil électoral pour obtenir des sièges au Parlement – actuellement à 10 % – et des assouplissements en matière de liberté de rassemblement.
FACILITER LA REPRÉSENTATION DES PARTIS POLITIQUES EN TURQUIE Le Premier ministre a tout d’abord annoncé des changements au niveau du système électoral, longtemps critiqué par l’opposition et le Parti pour la paix et la démocratie (BDP). Il a affirmé que le seuil actuellement fixé à 10 % pour obtenir des sièges au Parlement pouvait être maintenu ou abaissé à 5 %, voire supprimé. La réforme devrait bénéficier aux partis politiques kurdes, qui obtiennent en général un grand nombre de voix aux élections dans le sud-est du pays à majorité kurde mais n’obtiennent pas suffisamment de suffrages à l’échelle nationale. Les réformes s’adressent
Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a annoncé la nouvelle série de réformes.Cellesci ont trait, entre autres, aux minorités et au système électoral.
également aux différents partis politiques. Erdogan a déclaré que les partis récoltant plus de 3 % des voix aux élections générales pourront bénéficier d’un financement de la part de l’Etat. Selon la loi turque actuelle, les partis doivent obtenir au moins 7 % des voix pour recevoir des financements publics. Enfin, le Premier ministre a annoncé que tous les partis étaient libres d’utiliser la langue de leur choix pour promouvoir leur programme.
LES KURDES, PRINCIPAUX BÉNÉFICIAIRES DES NOUVELLES RÉFORMES Le Premier ministre a déclaré par ailleurs que l’utilisation des lettres kurdes interdites – comme le q, le w et le x qui n’existent pas dans l’alphabet turc – serait autorisée. Une autre réforme très attendue, celle de l’enseignement dans une autre langue que le turc dans les écoles, a également été annoncée par Erdogan. Les élèves pourront désormais recevoir une éducation dans leur langue maternelle. Cette mesure permettra aux Kurdes d’ouvrir des écoles privées où l’enseignement sera donné en kurde. L’enseignement de cours en turc sera néanmoins maintenu. Par ailleurs, les noms kurdes de villages, quartiers, provinces qui existaient avant 1980 seront restaurés. Parmi les mesures concernant les alévis, le nom de l’Université de Nevsehir dans la province du même nom sera renommée Haci Bektasi Veli, en référence à la grande figure alévie dont la tombe est située à Nevsehir. Erdogan a aussi fait part de son intention de
restituer des biens religieux appartenant à la communauté chrétienne syriaque et qui avaient été saisis par l’Etat, notamment le Mor Gabriel. Pour le Père Yakup Aydin, le leader de la communauté syriaque orthodoxe de France, interrogé par Zaman France, «c’est une très bonne nouvelle pour la communauté syriaque d’Europe». «Nous nous étions mobilisés pour que la Turquie restitue ce monastère qui est un lieu de pèlerinage mais aussi un patrimoine national pour la Turquie», a-t-il déclaré.
SANCTIONNER SÉVÈREMENT LES CRIMES DE HAINE La série de réformes vise également à lutter contre les crimes de haine via des sanc-
tions plus sévères. Le Premier ministre turc a déclaré que les condamnations pour crime liées à des discours et des attaques à caractère raciste, haineux et discriminatoire seraient plus sévères. Les suspects pourront ainsi écoper d’un à trois ans de prison. Par ailleurs, l’interdiction faite aux femmes de porter le voile dans les institutions publiques sera abolie, a annoncé Erdogan. Ces nouvelles règles ne s’appliqueront, en revanche, ni à l’armée ni au système judiciaire. Enfin, le serment d’allégeance récité dans les écoles primaires turques et qui avait été imposé par l’armée après la fondation de la République, sera supprimé.
Des réformes insuffisantes pour l’opposition Les réformes démocratiques annoncées par Recep Tayyip Erdogan ont suscité de nombreuses réactions, surtout du côté de l’opposition qui ne les juge ni suffisantes, pour le BDP, ni satisfaisantes pour le CHP. CUNANI ÖNAL DIYARBAKIR Les réformes annoncées par le Premier ministre ne font pas l’unanimité. En témoignent les nombreuses réactions de la part du CHP ou du BDP pro-kurde. Selon la députée CHP d’Izmir, Ayman Güler, la série de réformes porte un véritable coup à la République turque nationale-laïque. «La Turquie nationale-laïque va disparaître et les divergences ethno-religieuses seront inscrites dans le Code pénal turc», regrette la députée. Le viceprésident du CHP, Gürsel Tekin, a exprimé sa profonde déception car, pour lui, les réformes sont loin de répondre aux attentes de tous. Sabahat Akkiraz, députée CHP à Istanbul a, quant à elle, reproché au gouvernement de ne pas avoir accordé les mêmes droits aux alévis qu’aux autres citoyens. Elle a
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noté que les alévis et les cemevis n’étaient pas mentionnés dans les réformes. «Le gouvernement essaie de ridiculiser les alévis en changeant uniquement le nom d’une université» a-t-elle affirmé. Ufuk Uras, l’un des fondateurs des Verts et du YSGP, un parti écologique de gauche, s’est montré plus optimiste. Pour lui, les réformes représentent un premier pas vers la paix. «Il est maintenant nécessaire d’avancer vers la prochaine étape. Il faut se focaliser sur les mérites de la réforme du système électoral et non pas sur ceux qui en bénéficieront ou ceux qui en pâtiront», a rappelé Uras.
POUR LE BDP, DES RÉFORMES ÉLECTORALISTES Après avoir suivi en direct l’annonce d’Erdogan à la télévision, certains
Gulten Kisanak du BDP répond à la presse internationale après l’intervention d’Erdogan. Le parti pro-kurde juge insuffisante les mesures annoncées.
Kurdes et quelques membres du Parti pour la paix et la démocratie (BDP) ont également exprimé leur déception face à des réformes qui selon eux ne répondent pas à leurs attentes. Certains résidents de Diyarbakir, qui ne soutiennent pas le BDP, ont eu une réaction plus positive par rapport à la série de réformes, même s’ils n’ont pas caché leur déception concernant
Pour la députée CHP d’Izmir, Ayman Güler, la série de réformes porte un véritable coup à la République turque nationale-laïque.
l’enseignement en kurde. Kasim Birtek, président de la branche d’Egitim-Sen à Diyarbakir, syndicat de travailleurs dans le domaine de l’éducation, a critiqué le fait que le kurde sera enseigné uniquement dans les écoles privées. De fait, très peu de personnes habitant la région peuvent se permettre d’envoyer leurs enfants dans une école privée. Quant à la co-présidente
du BDP, Gülten Kisanak, elle a déclaré que les nouvelles réformes ne feraient pas avancer le processus de paix avec le PKK. Pour elle, les mesures du gouvernement ne répondent pas à la nécessité d’une démocratisation ou d’un élargissement des libertés et des droits. «Ce ne sont pas des réformes de démocratisation, ce sont des réformes électoralistes», a-t-elle souligné.
07 TURQUIE
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Scrutin électoral : ce qui va changer L’une des mesures fortes annoncées par Erdogan est la réforme du système électoral. Pour le politologue Seyfettin Gürsel, trois options se profilent, mais une seule semble probable : celle de l’abaissement du seuil électoral à 5 % et la réduction du nombre de sièges par circonscription. SEYFETTİN GÜRSEL PARIS Dans la série des réformes démocratiques annoncées le 30 septembre, Erdogan a mis l’accent sur le système électoral. Le Premier ministre a suggéré trois options à ce sujet : le maintenir tel qu’il est, abaisser le seuil électoral à 5 % tout en réduisant à cinq le nombre de sièges par circonscription électorale ou supprimer totalement le seuil électoral. Maintenir le système actuel tel qu’il est n’est certainement pas une bonne solution et j’ignore pourquoi le leader de l’AKP l’a suggéré. Je pense qu’il veut forcer le CHP (Parti républicain du peuple) et le BDP (Parti pour la paix et la démocratie) à accepter l’une des deux autres options.
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SEUIL ÉLECTORAL À 5 % : DES GAGNANTS ET DES PERDANTS Voyons la deuxième option. Abaisser le seuil électoral à 5 % pourrait résoudre le problème de la représentation du BDP au Parlement. Ainsi, le parti ne serait plus obligé de présenter des candidats indépendants, comme c’était le cas lors des deux dernières élections législatives. De fait, le pourcentage des voix récoltées par le BDP aux dernières élections a dépassé les 5 % et de récentes études estiment que son pourcen-
tage actuel serait situé au-dessus des 6 %. Réduire à cinq le nombre de sièges par circonscription aurait peu d’impact sur le nombre potentiel de députés éligibles du BDP, étant donné que le parti arrive en première ou en deuxième position dans les circonscriptions de l’est et du sud-est de la Turquie. Le BDP perdra un ou deux sièges dans l’ouest, en particulier à Istanbul. Mais cette perte sera compensée par l’obtention d’autres sièges dans le sud-est grâce à la réduction du nombre de sièges par circonscription. Selon mes estimations, le BDP obtiendra 32 ou 33 sièges au Parlement s’il récolte 6 % des voix. Le Premier ministre turc a également annoncé que le seuil électoral minimum pour bénéficier de financements publics passera de 7 % à 3 %. Ce problème épineux serait donc aussi résolu. Le grand bénéficiaire de cette réforme serait l’AKP pour la simple raison que le parti arrive en tête des votes dans la plupart des circonscriptions de Turquie. Selon mes prévisions, l’AKP obtiendra environ 330 sièges s’il remporte 45 % des voix. C’est un résultat crucial car l’AKP obtiendra la majorité lors des prochaines élections si son pourcentage de voix ne descend pas en dessous des 45 %. Rappelons qu’en juin 2011, avec 49,9 % des
voix, l’AKP n’avait pas pu obtenir cette majorité aux élections. Avec cette nouvelle réforme, le nombre de sièges du CHP diminuerait certainement légèrement. Mais le véritable perdant serait le Parti d’action nationaliste (MHP) qui verrait son nombre de sièges baisser drastiquement. Je suppose que le Parti de la félicité (SP), le Parti démocrate (DP) et les partis islamistes et du centredroit ne parviendront pas à dépasser le seuil des 5 %.
SUPPRIMER LE SEUIL ÉLECTORAL, UNE ALTERNATIVE ENVISAGEABLE ? Quant à la troisième alternative, celle de la suppression du seuil électoral, Erdogan n’a pas précisé si l’AKP envisageait de mettre en place des élections en un tour, comme en GrandeBretagne ou en deux tours, comme en
Parmi la série de réfomes annoncées lundi, celle du système électoral.
France. Ce facteur est capital pour le résultat électoral, la forme du parti et les alliances politiques. On ne sait pas encore quelle importance cette option aura dans le débat sur le système politique et quelle sera la préférence de l’AKP concernant le nombre de tours.
Néanmoins, ce système pourrait permettre au BDP d’être représenté par plus de 30 députés au Parlement. Le MHP, lui, serait décimé si le gouvernement choisissait de mettre en place des élections en un tour. s.gursel@todayszaman.com
Comparaison du nombre de sièges par parti politique entre le système actuel et le système réformé Taux de vote (en %) Système actuel Système réformé
AKP BDP CHP MHP 45 6 26 13 308 35 147 60 337 32 141 40
08 TURQUIE
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Le parcours du combattant des étudiants étrangers Malgré l’augmentation constante du nombre d’étudiants internationaux dans les universités turques, leurs conditions d’intégration laissent toujours à désirer. Difficultés administratives et décalages dans les niveaux d’études sont quelques-uns des problèmes qu’ils rencontrent. FATMA DISLI ZIBAK ISTANBUL Le nombre d’étudiants internationaux qui se rendent en Turquie pour leurs études supérieures est en constante augmentation. Et il se trouve que ces étudiants rencontrent des difficultés à s’adapter à la vie sociale et académique turque. La procédure à suivre pour obtenir un permis de séjour est l’une des principales difficultés que rencontrent les étudiants étrangers lorsqu’ils arrivent en Turquie. A Istanbul par exemple, une fois leur carte d’étudiant en main, ceux-ci doivent obtenir un rendez-vous auprès de la préfecture de police (le «Vatan Emniyet») pour avoir leur permis de séjour dans les 30 jours. Mais ces fameux rendez-vous sont difficiles à obtenir. Ramazan Ünalan, conseiller pédagogique pour les étudiants étrangers à l’Université Fatih d’Istanbul regrette qu’il n’y ait pas de service qui leur soit exclusivement réservé au sein de la préfecture. D’autant plus que la plupart des étudiants sont mal reçus par les policiers, précise-t-il. «L’absence de personnel parlant anglais ne facilite en rien l’arrivée des étudiants internationaux. Et les procédures sont très lentes», a confié Ünalan à Zaman.
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Le nombre d’étudiants internationaux en Turquie ne cesse de croître depuis quelques années.
UNE DISPARITÉ DES NIVEAUX D’ÉTUDE Mais les difficultés rencontrées par les étudiants étrangers en Turquie ne se limitent pas à l’obtention du permis de séjour. Ömer Yalçin est secrétaire général de la Fondation des étudiants internationaux et de la culture, Mozaik, à Istanbul, qui réunit des centaines d’étudiants venus de tous pays et qui se charge de régler leurs problèmes
L’acteur turc Tuncel Kurtiz est décédé -
Tuncel Kurtiz est mort le vendredi 27 septembre à l’âge de 77 ans. Après 40 ans de carrière, le grand acteur turc qui a tourné dans plus de 70 productions est mort des suites d’une chute. Une commémoration a eu lieu samedi en son hommage au théâtre Muhsin Ertugrul d’Ankara. Kurtiz a été enterré dimanche dans son quartier de Güre à Balikesir dans l’ouest de la Turquie. Né en 1936 à Izmit, après avoir
sur place. Il regrette l’absence d’un examen commun à tous les étudiants étrangers avant l’admission dans une université turque ainsi que la disparité des niveaux académiques qui posent des problèmes d’adaptation. «Je connais des étudiants qui ont perdu leur bourse d’études parce qu’ils avaient échoué aux examens. Ils ont été obligés de rentrer chez eux», a-t-il précisé. Concernant les problèmes d’ordre social auxquels les étudiants sont souvent confrontés, Yalçin rapporte les propos insultants dont sont fréquemment victimes les étudiants noirs dans les transports en commun.
DU TURC AU LIEU DE L’ANGLAIS Soucieuse de faciliter l’adaptation des étrangers à la vie turque, la fondation de Yalçin a préparé un livret spécial contenant les informations nécessaires ainsi que les numéros de téléphone des institutions où les étudiants doivent se rendre une fois sur le sol turc. Rabat Sami, étudiant irakien à l’Université Fatih d’Istanbul, fait partie de ceux qui ont connu des débuts chaotiques à l’université en Turquie. Il a dû changer d’université un mois après son arrivée à cause de problèmes de procédure et s’est retrouvé à l’Université de Selçuk à Konya dans le sud du pays, où la langue d’enseignement n’était pas l’anglais comme il l’espérait, mais le turc. Muhammad Ahmad Abu Bakr, étudiant tchadien, a affirmé que son problème majeur à son arrivée en Turquie était la langue. Sa compréhension du turc l’a ensuite aidé à s’adapter à la vie sociale du pays.
Pendant le derby Galatasaray - Besiktas, les supporters de Besisktas, chaise à la main, ont envahi la pelouse alors que Galatasaray menait 2-1 à la troisième minute du temps additionnel.
obtenu son diplôme auprès du département de langue anglaise et de littérature de l’Université d’Istanbul, il a débuté sa carrière d’acteur en 1956 avec la compagnie du Théâtre Dormen. Sa carrière a atteint des sommets avec son rôle dans le film «Sürü» (Le troupeau). Kurtiz a été récompensé de nombreuses fois en Turquie et à l’international. Il était également connu en tant que réalisateur, producteur et scénariste.
Au cours de ses 40 ans de carrière, l’acteur Tuncel Kurtiz avait joué dans plus de 70 productions.
Opération de police contre les supporters ALLAN KILIC Même pas une semaine après les troubles causés par des supporteurs lors du derby entre Besiktas et Galatasaray, l’Etat a mis à exécution une vaste opération de police à l’encontre des groupes de supporters des trois grands clubs d’Istanbul. Le Ministre de l’Intérieur, Muhammed Güler, a affirmé que cette opération avait pour but
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de démanteler un réseau criminel, sur lequel la police enquêtait depuis 1 an et demi. On compte déjà une centaine d’arrestation (nombre variant selon les sources). Cette opération de police, effectuée tôt dans la matinée avec l’aide de 700 policiers, rappelle beaucoup celle d’il y a deux ans à l’encontre de personnalités du monde du football dans le cadre du scandale des matchs tru-
qués. Certaines personnes mises en garde à vue, comme Aziz Yildirim, le président de Fenerbahçe, étaient justement aussi suspectées d’appartenir à un réseau criminel. Dans un bref communiqué, le Ministre de l’Intérieur a déclaré : «Cette opération cible les groupes de supporters impliqués dans des activités criminelles en bandes organisées.» En partenariat avec Turcofoot
09 EUROPE
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Aube dorée rattrapée par la justice grecque Le parti néonazi Aube dorée est dans le collimateur de la justice grecque. Alors que plusieurs membres de la formation ont été interpellés, la police enquête sur ses éventuels liens avec le meurtre du rappeur antifasciste Pavlos Fissas, alias Killah P, tué le 17 septembre par un néonazi se réclamant du parti d’extrême droite.
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La justice grecque a engagé des poursuites contre le chef du parti néonazi Aube dorée ainsi qu’une quinzaine d’autres responsables de la formation, arrêtés samedi au cours d’un vaste coup de filet. La police enquête notamment sur d’éventuels liens entre Aube dorée, dont des membres sont entrés pour la première fois au Parlement en 2012, et le meurtre du rappeur antifasciste Pavlos Fissas, alias Killah P, tué le 17 septembre par un néonazi se réclamant du parti d’extrême droite. Les personnes arrêtées - le leader du parti ultranationaliste, Nikolaos Mihaloliakos, son porte-parole, Ilias Kasidiaris, trois autres députés et 13 membres du mouvement - sont accusées d’avoir formé une organisation criminelle, a précisé la police. Un autre responsable et député du parti qui était recherché, Christos Pappas, s’est livré à la police dimanche. Deux policiers ont également été interpellés. La police a saisi trois armes à feu au domicile de Nikolaos Mihaloliakos, en précisant qu’il n’avait pas de permis de port d’armes. Le procureur a ouvert des poursuites à l’encontre des responsables d’Aube dorée sur la base d’éléments liant le parti à une série d’agressions, dont celle mortelle du rappeur Pavlos Fissas, et le meurtre d’un immigré, précisent des sources judiciaires.
Pas d’exemption de visa pour une Turque
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La Cour de justice de l’Union européenne de Luxembourg a statué contre l’exemption de visa pour les Turcs voyageant dans les Etats membres. Elle a annoncé sa décision finale concernant une citoyenne turque qui souhaitait vivre en Allemagne avec sa mère et son beau-père. L’affaire, qui aurait pu ouvrir la voie à une exemption de visa de trois mois pour les citoyens turcs en visite dans les pays européens, a été reprise par la Cour de justice de l’Union européenne l’année dernière. Cette affaire avait commencé en 2007 lorsque l’Allemagne avait refusé un visa de visiteur à la jeune turque, Leyla Ecem Demirkan alors âgée de 14 ans.
UN VERDICT CRITIQUÉ Egemen Bagis, ministre turc des Affaires européennes, a critiqué le verdict de la Cour, qu’il a qualifié d’injuste. «Les considérations politiques ont plus influencé le verdict que les considérations légales. La législation européenne est victime des préjugés et des calculs politiques», a affirmé Bagis. Rolf Gutmann, l’avocat de Demirkan, a déclaré que la première clause de l’article 41 du Protocole additionnel de l’Accord d’Ankara conclu à Bruxelles en 1970 n’autorisait pas la suppression des droits acquis et a attiré l’attention sur le fait que, jusqu’en 1971, les Turcs ont voyagé en Europe sans visa. Toutefois, la Cour de justice européenne a statué mardi qu’il était légal de demander à Demirkan d’avoir un visa. «Les citoyens turcs n’ont pas le droit d’entrer dans un Etat membre sans visa s’ils veulent obtenir des services», disait la décision de la Cour.
18 MEMBRES D’AUBE DORÉE AU PARLEMENT GREC Plus de 10.000 Grecs ont manifesté mercredi à Athènes pour dénoncer l’assassinat de Pavlos Fissas, qui avait 34 ans. Aube dorée, qui réfute le qualificatif de néonazi et dément toute implication dans le meurtre de Pavlos Fissas, a brandi la menace d’une démission collective de ses 18 députés si la répression continuait, ce qui entraînerait des élections partielles à haut risque pour la coalition gouverne-
mentale au moment où Athènes pourrait avoir à négocier un troisième plan d’aide avec ses créanciers internationaux. Le Premier ministre, Antonis Samaras, a exclu la tenue d’élections législatives anticipées après ces arrestations, et a déclaré que son gouvernement voulait avant tout assurer la stabilité du pays. Aube dorée était créditée de 14 % des intentions de vote dans les sondages réalisés avant le meurtre de Pavlos Fissas,
mais ce chiffre est tombé à 6,8 % dans une enquête publiée cette semaine. Les élus grecs ne peuvent pas être déchus de leurs droits civiques ou de leurs sièges tant qu’il n’ont pas été condamnés définitivement par la justice, mais le gouvernement d’Antonis Samaras a rédigé un projet de loi qui pourrait mener à la suspension du financement public d’Aube Le chef du parti néonazi Aube dorée, Nikolaos Midorée si la police établit un lien entre le haloliakos, est escorté par la police anti-terroriste alors qu’il quitte le siège de la police à Athènes. parti et l’assassinat de Pavlos Fissas.
10 INTERNATIONAL
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L’Iran fait sa révolution diplomatique Depuis qu’il est à la tête des affaires iraniennes, le président Hassan Rohani bouscule les habitudes diplomatiques. Celles de son pays mais aussi celles de ses homologues américains ou européens. Après avoir reconnu l’Holocauste et téléphoné à Obama, Rohani a annonçé sa volonté de régler rapidement le dossier du nucléaire.
Le président iranien Hassan Rohani avec le Secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon.
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En Iran, le changement c’est maintenant. Depuis l’élection du nouveau président iranien Hassan Rohani, le style diplomatique adopté par Téhéran s’est radicalement modifié. Barack Obama a ainsi annoncé vendredi 27 septembre qu’il avait eu une conversation téléphonique avec Hassan Rohani, une première entre dirigeants iranien et américain depuis la révolution islamique de 1979 à Téhéran. Le président américain a déclaré voir là une «occasion unique» de progresser sur le dossier du nucléaire iranien, même s’il a reconnu que ce serait difficile. Il a ajouté que son homologue iranien et lui avaient demandé à leurs équipes de négociateurs de travailler «avec diligence» pour parvenir à un accord qui pourrait permettre à terme la levée des sanctions internationales contre la République islamique. Barack Obama avait espéré rencontrer Hassan Rohani en marge de l’Assemblée générale de l’Onu à New York mais les Iraniens avaient finalement jugé qu’une telle rencontre aurait été trop compliquée à organiser. «J’ai redit au président Rohani ce que j’ai dit à New York. Il y aura certainement des obstacles importants et le succès n’est nullement garanti mais je crois que nous pouvons parvenir à une solution d’ensemble», a déclaré le président américain à la Maison blanche.
UNE FATWA CONTRE L’ARME ATOMIQUE Le virage politique opéré par Rohani s’était déjà illustré dans une déclaration faite mardi 24 septembre à CNN où le président iranien reconnaissait explicitement l’holocauste. Une rupture avec son prédécesseur Mahmoud Ahmadinedjad. «Le guide suprême de l’Iran (Ali Kha-
menei) a prononcé une fatwa contre le développement des armes nucléaires. Le président Rohani a indiqué que l’Iran ne fabriquerait jamais d’armes nucléaires», a rappelé par ailleurs le président américain. «J’ai clairement dit que nous respectons le droit du peuple iranien à l’énergie nucléaire pacifique si l’Iran remplit ses obligations», a poursuivi Barack Obama, évoquant des mesures «transparentes» et «vérifiables» qui pourraient entraîner un assouplissement des sanctions internationales actuellement en place. Sur son compte Twitter, le président iranien a précisé quant à lui qu’il avait souhaité à la fin de la conversation téléphonique une «bonne journée» à Barack Obama et que celui-ci lui avait répondu : «Merci, khodahafez» («au revoir» en farsi). Les deux présidents «ont exprimé leur volonté politique partagée de régler rapidement le dossier nucléaire», a ajouté Rohani sur Twitter.
L’ENRICHISSEMENT DU NUCLÉAIRE CIVIL N’EST PAS NÉGOCIABLE Le chef de la diplomatie iranienne a néanmoins déclaré dimanche que le droit de son pays à enrichir de l’uranium à des fins pacifiques ne faisait pas partie des sujets qui pourraient être négociés avec les Etats-Unis, tout en soulignant que Téhéran n’a pas besoin d’un enrichissement de qualité militaire. Mohamad Javad Zarif a assuré que l’Iran était disposé à ouvrir ses sites nucléaires aux
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou voit d’un très mauvais oeil le dégel iranoaméricain.
inspecteurs internationaux mais que tout accord sur le programme nucléaire iranien passerait par une levée des sanctions économiques imposées à la République islamique. «On parle de négociations sur divers aspects du programme d’enrichissement (de l’uranium) de l’Iran. Notre droit à enrichir n’est pas négociable», a déclaré le ministre des Affaires étrangères dans le programme This Week de la chaîne américaine ABC. «Nous n’avons pas besoin d’uranium de qualité nucléaire. C’est une certitude et nous n’irons pas dans cette direction», a ajouté Mohamad Javad Zarif. Le chef de la diplomatie iranienne a assuré sur ABC que dans la mesure où les EtatsUnis «sont prêts à reconnaître les droits de l’Iran», il y aura «une réelle chance» de parvenir à un accord.
Irak : plus de 900 morts en septembre -
La violence politique a continué de s’accroître en septembre en Irak, avec près de 900 morts parmi les civils, rapportent mardi les Nations unies. En neuf mois, les attentats et assassinats ont fait 5.740 morts, soit davantage que pendant l’ensemble de l’année 2012 qui avait enregistré une augmentation des victimes pour la première fois depuis 2009. L’affrontement religieux entre les communautés chiite et sunnite s’est accentué avec la guerre civile en Syrie voisine, menaçant l’équilibre fragile mis en place en Irak entre factions chiites, kurdes et sunnites. La violence, attribuée dans une grande mesure aux radicaux sunnites, a tué le mois dernier 887 civils, auxquels il faut ajouter 92 membres des forces de sécurité.
DES AFFRONTEMENTS SANS FIN «Tandis que les terroristes continuent à cibler sans distinction les Irakiens,
j’appelle tous les dirigeants politiques à redoubler d’efforts pour encourager le dialogue national et la réconciliation», a déclaré le représentant de l’Onu en Irak, Nickolaï Mladenov. Mardi, un kamikaze a fait exploser son véhicule devant un commissariat de police à Tikrit, dans le nord-est du pays, provoquant la mort d’au moins deux gardiens en faction. Deux hommes armés vêtus d’uniformes de la police ont pu alors pénétrer à l’intérieur des locaux, qui abritent les bureaux d’une unité spécialisée dans le déminage. Ils ont affronté pendant près d’une heure les occupants des lieux avant d’être abattus. Par ailleurs, dans un communiqué publié sur internet, la branche irakosyrienne d’Al Qaïda, l’Etat islamique d’Irak et du Levant (EIIL), a revendiqué mardi une vague d’attentats à la voiture piégée qui avaient fait 54 morts la veille dans des quartiers chiites de Bagdad.
Un cortège funéraire dans la banlieue nord de Bagdad, en Irak, après un double attentat dans une mosquée chiite.
Nucléaire : des discussions «solides» d’après Ashton
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La Haute représentante de l’Union européenne pour la politique étrangère a indiqué que les discussions sur le programme nucléaire iranien tenues jeudi en marge de l’Assemblée générale de l’Onu avaient été «solides» et que les parties avaient décidé de se retrouver à Genève les 15 et 16 octobre. Catherine Ashton a déclaré que l’Iran pouvait répondre aux propositions existantes faites par le groupe P5+1 (cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu et l’Allemagne) ou qu’il pouvait formuler ses propres propositions. La diplomate européenne a jugé qu’une période de 12 mois était une bonne durée pour réfléchir à la mise en œuvre des mesures en ce domaine par l’Iran.
EN BREF
BOISSONS ÉNERGISANTES L’Anses appelle à la vigilance
L’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) a appelé mardi à la vigilance vis-à-vis des «boissons dites énergisantes», dont l’association avec l’alcool ou le sport peut générer des «effets indésirables graves». Ces boissons, dont une centaine de marques sont vendues en France, comme Redbull ou Monster et contiennent taurine, caféine, guarana, ginseng, ou encore vitamines, des ingrédients censés doper l’énergie, font en France l’objet d’une nouvelle tentative de taxation, les précédentes n’ayant pas abouti. Dans un avis rendu mardi sur les risques liés à leur consommation, l’Anses recommande de modérer leur consommation et appelle à la vigilance pour les femmes enceintes ou allaitantes, les enfants et les adolescents.
11 INTERNATIONAL
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Le Nigeria frappé à son tour par le terrorisme Un lycée du nord-est du Nigeria a été victime d’une attaque de la secte Boko Haram. Le bilan est lourd : au moins 40 étudiants ont été tués.
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Des islamistes présumés ont fait irruption dans la nuit de samedi à dimanche dans un lycée agricole de Damaturu, dans le nordest du Nigeria, et ont massacré une quarantaine d’élèves, ont rapporté des témoins. L’attaque est attribuée à la secte Boko Haram. Les assaillants ont poussé certains lycéens dehors pour les tuer et en ont abattu d’autres qui tentaient de fuir, ont déclaré des témoins à Reuters. «Ils ont commencé à rassembler les lycéens en groupes dehors, puis ont ouvert
Depuis 2009, la secte Boko Haram a multiplié les attaques contre les populations civiles
le feu sur les groupes, l’un après l’autre. C’était horrible», a déclaré un rescapé à Damaturu, capitale de l’Etat de Yobe.
DES REPRÉSAILLES CONTRE L’ETAT Boko Haram, qui se bat pour l’avènement d’un Etat islamique dans le nord du Nigeria, a intensifié ses attaques contre des civils ces dernières semaines, en représailles à une offensive de l’armée contre ses positions. La secte a déjà pris pour cible par le passé plusieurs établissements
scolaires, représentatifs selon elle d’une éducation à l’occidentale. Des milliers de personnes ont péri depuis que Boko Haram, alors mouvement religieux hostile à la culture occidentale, s’est transformé en milice armée et a lancé son insurrection en 2009. Le président nigérian, Goodluck Jonathan, a décrété l’état d’urgence dans trois Etats du nord-est du pays en mai, dont celui de Yobe, et a déclenché une offensive militaire pour tenter de mater Boko Haram, organisation liée au réseau Al Qaïda.
Boko Haram et Chabaab : qu’ont-ils en commun ? Après les attaques sanglantes perpetrées par les Chabaab au Kenya et Boko Haram au Nigeria, Julie Gobillard, spécialiste de l’Afrique de l’Est, analyse pour Zaman France les rapports entre les deux organisations. FARIDA BELKACEM PARIS De violentes attaques meurtrières impliquant Boko Haram ont eu lieu dernièrement, dans le nord-est africain. Elles interviennent peu de temps après celle des Chabaab au Kenya. Comment qualifier les rapports entre ces deux organisations ? Ces deux groupes – d’origine nigériane pour Boko Haram et somalienne pour les Chabaab – n’entretiennent pas de relation directe. Leurs membres ne sont pas en contact et leurs logiques de fonctionnement et les dynamiques politiques dans lesquelles ils s’inscrivent diffèrent. Mais ils ont en commun d’afficher des revendications idéologiques proches dans leur projet d’instauration d’un Etat islamique appuyé sur une application rigoriste de la Charia. Leur rapprochement récent avec AQMI pour Boko Haram (2011) et Al Qaïda pour les Chabaab (2012) tend également à les assimiler en apparence, car cette affilia-
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tion, avant tout symbolique, contribue à donner une portée internationale à leur action. Mais en pratique, la nature de leurs liens avec Al Qaïda diffère. Les deux organisations partagent-elles le même mode opératoire ? L’ennemi de Boko Haram, c’est la population civile qui ne partage pas ses idées. C’est-à-dire n’importe quelle victime, qui n’est pas musulmane ou pas assez. Alors que pour les Chabaab, les civils ne sont pas les cibles en soi. En Somalie, le groupe s’attaque avant tout à l’ennemi politique : représentants du gouvernement somalien, de l’ONU, humanitaires etc. A l’extérieur du pays, leurs véritables ennemis sont les gouvernements voisins présents militairement en Somalie. Mais ils assimilent les populations à leurs gouvernements et peuvent s’attaquer à des civils. C’est ce qui s’est passé avec l’attaque du centre
commercial kenyan, qui a fait 67 victimes. Le fait qu’ils aient trié les otages entre musulmans et non-musulmans est nouveau mais relève d’une stratégie de communication dont le but est de renforcer la terreur au sein de l’opinion publique. Le groupe n’hésite pas à instrumentaliser l’intégrisme islamique. D’ailleurs, on peut dire que l’opération Westgate a été un véritable coup de communication pour les Chabaab. Bien que leurs méthodes et leurs moyens divergent, les deux groupes ont cependant en commun de mener conjointement tant des combats militaires contre des troupes armées que des actions répétées de contre-insurrection. Peut-on parler d’un phénomène de surenchère pour le leadership du terrorisme islamique ? A ce jour, ces organisations continuent d’évoluer dans des contextes régionaux radicalement différents, où il s’agit avant
Un régiment de soldats nigérians en lutte contre les milices de Boko Haram.
tout d’imposer dans leur zone d’actions respectives leurs revendications de pouvoir. Le terrorisme islamique leur confère une supposée assise idéologique et une visibilité internationale et agit peut-être comme un facteur d’émulation, mais il ne semble pas y avoir de concurrence directe. Malgré l’affichage,
ces organisations poursuivent avant tout des objectifs politiques intérieurs. L’Afrique de l’Est est-elle devenue le terrain de prédilection des terroristes? Après le 11 septembre 2001, un modèle de conflictualité particulier s’est développé dans la région. Il est porté par des groupes armés qui n’hésitent pas à incarner le nouveau type de menace terroriste que les Occidentaux découvrent et à en endosser tous les atours : discours rigoristes, références religieuses radicales et grossières, une utilisation fanatique et ciblée de la violence armée très médiatisée. La création de Boko Haram date de 2002, celle des Chabaab de 2006. Ces groupes ont d’autant pu se développer qu’ils émergent dans des contextes politiques fragilisés – Etats corrompus, faiblement structurés et ne disposant pas de moyens suffisants pour restaurer leur autorité et garantir la stabilité. Ces dernières années, l’attrait des combattants étrangers pour ces supposées nouvelles terres de Djihad témoigne de l’expansion réelle de cette menace. Même si cet attrait a sensiblement diminué depuis les évènements syriens, les causes d’instabilité ne disparaissent pas en Afrique de l’Est et en font un foyer propice à l’action de mouvances terroristes
Julie Gobillard, spécialiste de l’Afrique de l’Est, est l'auteur de l’article «Les réponses du Kenya aux défis sécuritaires somaliens», Revue internationale et stratégique, n°83, 2011.
12 ECONOMIE La refonte de la formation professionnelle
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Le gouvernement a demandé aux partenaires sociaux de se pencher sur les moyens d’améliorer l’accès des demandeurs d’emploi et des salariés des PME à la formation professionnelle.
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Les syndicats et les organisations patronales françaises veulent conclure d’ici la mi-décembre la négociation sur la réforme de la formation professionnelle, une enveloppe de 32 milliards d’euros par an. Syndicats et patronat ont entamé mardi une négociation dont le fil rouge est la mise en oeuvre du Compte personnel de formation (CPF) créé par la loi de sécurisation de l’emploi de juin 2013. Cette loi instaure un droit universel à la formation : chaque personne dispose à son entrée sur le marché du travail pour toute sa vie d’un compte en heures transférable intégralement en cas de changement ou de perte d’emploi et utilisable qu’elle soit salariée ou au chômage. Les partenaires sociaux ont décidé de se voir tous les 15 jours à partir du 10 octobre au siège du Medef, la dernière séance de négociation étant prévue le 12 décembre. Le gouvernement avait demandé aux partenaires sociaux de faire en sorte d’aboutir à un accord suffi-
samment rapidement pour qu’il puisse le transformer en projet de loi avant fin 2013 afin de mieux lutter contre le chômage.
POUR L’INSTANT, LA FORMATION PROFITE SURTOUT AUX ACTIFS Seulement 1% des 13 milliards d’euros versés par les entreprises et en partie gérés par les partenaires sociaux sont consacrés aux demandeurs d’emploi, les dépenses de formation des chômeurs étant essentiellement prises en charge par Pôle emploi (43 %), les régions (28 %) et l’Etat (23 %). Selon l’Unedic, seulement 8,6% des demandeurs d’emploi qui sortent du chômage ont pu bénéficier d’une formation. Les inégalités d’accès à la formation professionnelle continue ne concernent pas seulement les chômeurs mais aussi les PME : selon la Cour des comptes, le taux d’accès à la formation est en moyenne de 15,5 % dans les entreprises de 10 à 19 salariés au lieu de 51,6 % dans celles de 500 salariés et plus.
Le gouvernement veut améliorer l’accès des demandeurs d’emploi à la formation professionnelle.
Quelles sont les obligations légales en termes de formation professionnelle ?
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Les entreprises de 20 salariés et plus doivent consacrer à la formation professionnelle continue un montant représentant au minimum 1,6 % de leur masse salariale : 0,9 % au titre des plans de formation internes, 0,5 % au titre de la pro-
fessionnalisation et 0,2 % pour financer les congés individuels de formation (CIF). Pour les PME de moins de 10 salariés, le taux minimum global légal n’est que de 0,55 %, et pour celles de 10 à 19, de 1,05 %. Pratiquement la moitié de ces fonds sont
reversés à 48 organismes paritaires collecteurs agréés (Opca) et gérés par les partenaires sociaux, soit 6,9 milliards d’euros en 2013, selon le Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP), qui en a récupéré 900 millions d’euros.
La Turquie séduit le marché automobile FARIDA BELKACEM PARIS La Turquie attire l’industrie automobile autant pour ses capacités de production que pour son marché en pleine croissance. D’après Khalid AitYahia, économiste senior pour Coface interrogé par le site L’Usine nouvelle, le pays constitue notamment un débouché intéressant pour les constructeurs français Renault et PSA.
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DE NOMBREUX ATOUTS POUR LA PRODUCTION ÉTRANGÈRE La marque automobile française Renault est présente en Turquie depuis quarante ans,à travers sa filiale Oyak-Renault, n°1 sur le marché de véhicules particuliers. Parmi les avantages comparatifs de la Turquie, sa proximité géographique et les faibles coûts salariaux, en moyenne quatre fois plus bas de l’heure qu’en France. L’Etat turc prend en charge les cotisations C
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sociales et «exonère de taxes sur la valeur ajoutée tout en ayant fourni les terrains pour installer les usines» explique Khalid Ait-Yahia. La production automobile y a doublé depuis 13 ans, la plupart des voitures produites étant ensuite réexpédiées en Europe. Mais la Turquie doit monter en gamme et ne pas en rester au stade de l’assemblage de véhicules. sous peine d’être devancée par d’autres pays comme le Maroc ou la Roumanie. Le gouvernement turc a donc mis en place une plateforme commune entre les constructeurs automobiles, les équipementiers et une agence nationale pour développer la recherche et le développement.
UN MARCHÉ TURC ENCORE ÉTOUFFÉ PAR LES TAXES Plus qu’une zone de production, la Turquie attire également les constructeurs en termes de marché
Karim Benzema et Franck Ribéry sont deux des footballeurs les mieux payés de France.
Le foot aussi sera taxé à 75 % -
Le constructeur automobile français Renault est présent en Turquie à travers sa filiale Oyak-Renault depuis quarante ans, n°1 sur le marché de véhicules particuliers.
potentiel. Le pays bénéficie en effet d’une population jeune et d’une croissance plutôt dynamique. «C’est le marché le plus important à l’international après ceux des BRICS (Brésil, Russie, Inde et Chine)», rappelle au magazine Le Point la directrice commerciale de Renault pour la région Euromed, Anne RenaudAbboud. Mais selon Kha-
lid Ait-Yahia, la question de savoir si la Turquie est un marché à fort potentiel reste « pour le moment» d’ordre secondaire, car, rappelle-t-il, les taxes sur l’automobile y sont parmi les plus élevées d’Europe. Celles-ci représentent 40 % du prix d’une voiture et le litre d’essence y est le plus élevé d’Europe, près de 2 euros.
Le football sera bien concerné par la nouvelle taxe sur les hauts revenus mais le montant sera plafonné en fonction du chiffre d’affaires des clubs, déclare la ministre des Sports, Valérie Fourneyron, dans une interview publiée lundi par Le Figaro. La «contribution exceptionnelle» de 75 % doit être prélevée au niveau des entreprises sur la part des rémunérations brutes au-dessus d’un million d’euros par an. Elle s’appliquera sur les revenus de 2013 et 2014, devrait rapporter 260 millions d’euros en 2014 et 160 millions en 2015, et touchera environ 470 entreprises au titre des sommes versées à 1.000 diri-
geants ou salariés. «Pourquoi les clubs (de football) seraient-ils exclus de cette taxe ?» demande Valérie Fourneyron. «Il n’y a pas de mesure dérogatoire et particulière pour le football qui sera bien concerné par la taxe sur les hauts revenus (…). En revanche, nous avons pris en compte la fragilité de son modèle économique», ajoutet-elle. «C’est pourquoi le montant sera plafonné à 5 % en fonction du chiffre d’affaires des clubs.» Elle assure que l’impact de la mesure sur les clubs de Ligue 1 sera «bien inférieur » aux chiffres avancés par le président de la Ligue de football professionnel, Frédéric Thiriez (44 millions d’euros).
13 CULTURE
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Les chibanis sur le devant de la scène
Nasser Djemaï remédie au long silence des immigrés maghrébins en France en mettant en scène pour la première fois au théâtre un quatuor de chibanis tous plus réalistes les uns que les autres. CLÉMENTINE RAYNAUD PARIS Invisibles. Un adjectif peut-être trop faible pour désigner ces Maghrébins qui ont travaillé toute leur vie sans rien recevoir en retour. Et pourtant, la pièce de théâtre dans laquelle ils sont mis en scène les rend plus visibles que jamais aux yeux d’un spectateur bouleversé. «Invisibles» raconte la rencontre poignante entre un jeune homme de 27 ans, Martin Lorient, et cinq chibanis habitant un petit appartement qui tombe en lambeaux. Martin atterrit dans ce foyer dit Sonacotra après en avoir obtenu l’adresse par sa mère qui vient de mourir. C’est dans ce logement pour travailleurs étroit et insalubre que vivent quatre chibanis qui occupent leurs journées autour d’une table à jouer aux cartes ou à trier des fiches de paye. Dans le même temps, ils tiennent compagnie à un cinquième chibani devenu muet. Bien accueilli par les uns, un peu moins par d’autres, Martin Lorient va découvrir peu à peu ces vieux hommes qui ont laissé leurs rêves derrière eux. Venus travailler en France à l’époque des Trente
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glorieuses, ces maghrébins immigrés ont construit immeuble après immeuble tels des machines à bâtir, gagnant le minimum indispensable pour subvenir aux besoins de la famille restée au pays. En fait, ils font partie de ces personnes qui n’appartiennent à aucune terre et qui se trouvent constamment entre le pays d’accueil et le pays natal.
«CE QUI M’A FRAPPÉ CHEZ CES HOMMES, C’EST SURTOUT LEUR DIGNITÉ» Finalement Martin Lorient, c’est un peu les yeux du spectateur. Il entre dans le foyer des travailleurs, comme on y entrerait, intrigué, curieux. Et en même temps que le spectateur, il découvre les histoires déchirantes de ces vieillards devenus inutiles et dont la société ne veut plus. Leur famille, elle, est restée en Algérie. C’est avec une force et un aplomb inouïs que les chibanis parlent de leur passé, de leurs espérances, de leurs peines. «Ce qui m’a frappé chez ces hommes, c’est surtout leur dignité. Cette dignité et cette pudeur, c’est ce que j’ai voulu retranscrire à travers ce
La pièce de Nasser Djemaï raconte le quotidien de quatre chibanis en France aujourd’hui
travail», raconte à TV5 Monde Nasser Djemaï, qui est allé à la rencontre de quelques chibanis. Le récit est également ponctué de part et d’autre de scènes humoristiques. Ce côté comique tient surtout au réalisme surprenant de l’action et des dialogues. Un commentaire au goût amer sur un jeune à moto ou une faute de grammaire sont autant de détails qui nous font sourire. Et c’est enrichis et profondément émus par les dialogues que l’on ressort de cette pièce.
Infos pratiques «Invisibles», texte et mise en scène de Nasser Djemaï Durée : 1h40 Du 10 septembre au 20 octobre 2013 le mardi, jeudi et samedi à 19h30, le mercredi et vendredi à 20h30 et le dimanche à 15h30. Spectacle conseillé à partir de 12 ans. Théâtre 13/Jardin 103 A rue Auguste Blanqui - 75013 Paris (Métro Glacière) Tarif plein : 24 euros Tarif réduit : 16 euros
L'institut Yunus Emre affiche ses ambitions FOUAD BAHRI PARIS En 2009, le gouvernement turc décide de créer un institut consacré à la promotion de la langue et de la culture turque dans le monde. Baptisé Yunus Emre par le président Abdullah Gül, ce centre dispose aujourd’hui de 36 bureaux dans le monde et neuf de plus sont prévus en 2014. La plupart sont situés dans les pays turciques et au Moyen-Orient. L’institut Yunus Emre est rattaché à plusieurs ministères (Culture, Affaires étrangères, Tourisme). L’année dernière, un bureau a été ouvert à Paris. Pour le directeur de Yunus Emre France, Melih Yediyildiz, que Zaman France a rencontré à deux pas du bureau de l’institut situé sur les ChampsElysées, l’ouverture est le mot clé. «Nous essayons de promouvoir avec qualité la culture, la langue et l’art turc en droite ligne de la pensée de Yunus Emre qui écrivait dans un poème : «Soyons des amis, ne rendons pas les choses difficiles, aimons-nous, le monde n’est pas à nous et ne restera pas à nous».
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LA TURCOPHILIE DE TÉHÉRAN AU CAIRE Une philosophie qui fait école y compris dans des pays où les relations politiques avec la Turquie étaient récemment plutôt tendues, comme en Egypte et en Iran. «L’Iran fait partie des pays où nous avons le plus d’étudiants de la langue turque (1000) après l’Egypte (1500). Dans les Balkans, le turc est déjà la deuxième langue vivante étudiée dans
Melih Yediyildiz, directeur de l’Institut Yunus Emre France, est aussi doctorant spécialisé dans l’apprentissage de la langue turque.
les écoles», précise Melih Yediyildiz. Pour doper la connaissance de la culture turque, un programme estival envoie un panel d’étudiants en Turquie pendant quelques semaines. Un modeste système de bourse est aussi proposé à quelques étudiants. Même si leur ancrage est récent en France, les responsables de Yunus Emre espèrent beaucoup de cette présence dans l’Hexagone.
DES FRANÇAIS PAS ASSEZ DISPOS ? Leur partenariat avec le magazine l’Etudiant dans le cadre de l’Expo
langues organisé en février prochain en est l’illustration. «Nous ne visons pas spécialement le public turc de France mais le grand public qui, lui, ne connait pas la culture turque», explique M. Yediyildiz, qui est aussi doctorant spécialisé sur l’apprentissage du turc. Il regrette néanmoins le manque de disponibilité des institutions culturelles françaises, qui n’existerait pas en Belgique ou en Turquie, selon lui. Une manière d’indiquer que le chantier des relations culturelles franco-turques a encore beaucoup d’avenir.
Crée en 2009, l’Institut Yunus Emre qui est notamment rattaché au ministère des Affaires étrangères turc, a pour ambition d’exporter la culture turque dans le monde.
14 CULTURE
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AGENDA CULTUREL
Abed Azrié : Hâfez et Goethe
Islam des mondes
Le dialogue à plusieurs siècles de distance entre les deux poètes a inspiré Abed Azrié pour cette suite de chants où les voix poétiques conversent en arabe et en allemand. Avec la complicité de Gustavo Beytelmann.
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grande piété, nourri des enseignements du Coran et de la Sira (récits de la vie du Prophète), mais aussi de ceux du mysticisme islamique dans la tradition d’un Ibn al-‘Arabi. Sa philosophie religieuse tendait tout entière vers l’ «unité de l’existence», une théorie soufie selon laquelle tout ce qui existe est en Dieu, autrement dit, toute la multiplicité observable est en réalité illusoire, passagère, puisque tout procède de Dieu (l’Unité divine) et revient finalement à Lui.
LE POÈTE EST UN HOMME PARMI LES HOMMES Yunus Emre aura eu le mérite d’exprimer ces conceptions dans une langue imagée, subtile, tout en étant, de par sa simplicité, accessible au plus grand nombre. Ses deux œuvres que sont le Dîwân (Recueil) et la Risâlet el-nushiyye (Le petit livre des conseils) ont été rédigées, non pas dans ces grandes langues de culture qu’étaient l’arabe et le persan, mais dans ce qui, à son époque, était la langue du petit peuple, le turc d’Anatolie, langue essentiellement orale à laquelle il donnera ses lettres de noblesse. Yunus Emre aura notamment contribué à adapter à la langue turque le ‘arûdh, système métrique issu de la poésie arabe et modèle prestigieux s’il en est. Sur le plan du contenu, on trouve dans
son œuvre maîtresse, le Dîwân, des citations du Coran et des maximes soufies aux côtés de références à des contes et légendes d’origine grecque ou indo-persane issus de la culture populaire. Toutes ces citations visent néanmoins une même finalité et le thème récurrent de sa poésie est l’amour mystique. Un lyrisme mystique qui ne signifie pas que le poète vit en reclus pour autant. C’est un homme parmi les hommes, et qui com-
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«Sa philosophie religieuse tendait vers l’"unité de l’existence"»
Place et perception de l’Islam du Moyenâge au XIXe siècle
«Le musulman vu par les chrétiens européens au Moyen âge : partenaire économique, rival militaire, hérétique dangereux» par John Tolan (10:30-12:30) ; «Le tournant des Lumières» par Henry Laurens (14:0016:00) ; «Empire ottoman et Europe à partir du XIXe» par Hamit Bozarslan (16:1518:00).
Quel avenir politique pour la Syrie de demain ?
Un état des lieux politique de la situation du pays et de ses perspectives possibles. Avec Thierry Boissière, université Lumière Lyon 2, François Burgat, CNRS, Père Paolo Dall’Oglio, jésuite, Basma Kodmani, politologue, Ziad Majed, politologue, Leïla Vignal, université Rennes 2. Le 10 octobre à 18:30 Institut du monde arabe Place Mohammed V 75005 Paris
THÉÂTRE
Istanbul racontée à mes petits-enfants années, de leur décrire sa maison, son quartier, son paradis perdu. Né au beau milieu du XXe siècle dans une Istanbul cosmopolite, il fut très tôt, grâce à ses parents, bilingue turc-arménien. Il apprendra le français plus tard, mais toujours dans la métropole-monde, grâce aux frères des écoles chrétiennes du collège Saint-Michel. Quand, jeune homme, il arrive
Une conférence prononcée par François Héran, directeur de recherche à l’Institut national d’études démographiques (Ined). Entrée libre, dans la limite des places disponibles.
Le 5 octobre iReMMO 5-7, rue Basse des Carmes 75005 Paris
pose avec ce que la vie peut avoir de plus quotidien, pour mieux s’élever vers Dieu, et appeler ses frères à le suivre sur le chemin de l’Unicité. La sincérité avec laquelle il exprime ses sentiments, mais aussi la profondeur et la beauté humble de ses vers expliquent le succès que rencontre aujourd’hui encore sa poésie : «Je n’ai pas l’intention de rester ici, je plierai bagage sans tarder / Je suis commerçant et j’ai des biens, je les vendrai à qui le voudra / Je ne suis pas venu susciter des conflits, ce qui m’intéresse c’est l’amour / |…] Refusant toute dualité, me voilà qui viens atteindre l’Unité.»
& à voir...
Voilà un ouvrage original. Un livret bilingue turc-français, contenant de courts récits et agrémenté de jolis croquis. L’auteur, Maryo Gizelo, est né à Istanbul. Une ville aimée, qui le hantera sa vie durant, au point que, devenu aujourd’hui grand-père de petits Français, il ait ressenti le besoin de leur raconter, de se remémorer ce que furent ses vingt premières
Que serait la France devenue sans l’immigration ?
Le 8 octobre à 18:30 Cité nationale de l’histoire de l’immigration 293, avenue Daumesnil 75012 Paris
TABLE RONDE
«Je n’ai pas l’intention de rester ici, je plierai bagage sans tarder / Je suis commerçant et j’ai des biens, je les vendrai à qui le voudra.»
CONFÉRENCE
Le 7 octobre à 20:30 Théâtre de l’Atelier 1, place Charles Dullin 75018 France
SEYFEDDINE BEN MANSOUR LILLE Il y a, disséminées à travers l’Anatolie, près d’une douzaine de tombes attribuées à Yunus Emre. A défaut d’être authentiques, elles témoignent de l’immense popularité du poète et mystique turc. Yunus Emre vécut du milieu du XIIIe siècle au premier quart du XIVe siècle. Sa tombe la plus probable se trouve à Sariköy, où il serait également né, un village non loin de Sivrihisar (Eskisehir). L’homme a voyagé pourtant, parcourant dans son immensité, l’Anatolie, mais visitant également, suppose-t-on, la capitale de la Syrie, Damas et Tabriz, une ville au nord-ouest de l’Iran. Aujourd’hui encore, sa popularité est grande, de l’Azerbaïdjan aux Balkans. Son grand savoir et son extrême simplicité sont caractéristiques d’une éducation reçue au sein d’un tekke (lieu où les soufis se réunissent autour d’un maître et effectuent leur actes de dévotion). Si on ne connaît pas avec exactitude la confrérie mystique (tarîq) à laquelle il appartenait, la Bektashiyye ou la Mevleviyye semblent néanmoins les plus probables. La première parce que son maître spirituel était Tadpuk Emre. La seconde pour les références répétées, au sein de son œuvre, à Mevlana Jalal adDin Rumi, autre grand mystique et poète. Ses vers montrent que Yunus Emre était un musulman d’une
A lire
CONCERT
Yunus Emre : un poète turc sur le chemin de l’Unité
en France, avec dans ses valises l’héritage du monde qu’il quitte, il est marqué jusqu’aux os du sceau de Stambouliote. Après quarante ans sur le sol hexagonal et une riche carrière universitaire, la disponibilité retrouvée, mais surtout l’arrivée de ses petits-enfants, l’ont conduit à écrire ce livre, pour transmettre ne serait-ce qu’en partie, le contenu de sa vieille valise.
D’où viens-tu grand-père, de Maryo Gizelo, Les Editions Laleli, 62 pages, 10 €.
Le Livre de Jonas
A contre-cœur, à contrecourant, le prophète Jonas part vers le monde, porteur malgré lui de la parole divine. Mais nul ne peut contredire le fil de l’eau, la volonté du verbe, le mouvement sourd et intérieur de la découverte de soi. Les 9 et 11 octobre à 19:30 Maison d’Europe et d’Orient 3, passage Hennel 75012 Paris
OPINION15
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Le verre à moitié vide ou à moitié plein Les nouvelles réformes annoncées par le gouvernement ont été à la fois saluées et critiquées. Pour le chroniqueur Dogu Ergil, il convient de faire la part des choses, car la politique est l’art de réaliser ce qui est possible.
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La série de réformes a enfin été annoncée par le Premier ministre turc ce lundi. Et comme prévu, pour les soutiens du gouvernement, le verre était plein et pour ceux qui en attendaient davantage, il était vide. La durée de la présenDOGU ERGIL tation d’Erdogan avant l’annonce du contenu des réformes est la preuve que le Premier ministre et son parti ont eu à faire face à de nombreux obstacles. Il a dû légitimer ces changements, oscillant entre les attentes de ses électeurs et son envie de bâtir une démocratie à part entière. Après tout, les élections municipales, présidentielles et législatives auront toutes lieu dans les deux prochaines années. Et le gouvernement de l’AKP tient à les remporter toutes trois, ce qui constituerait un précédent historique.
SATISFAIRE TOUS LES CITOYENS EST IRRÉALISABLE Le Premier ministre Erdogan a mis l’accent sur deux points concernant les limites des réformes : 1. «Vous ne pouvez pas imposer un programme uniforme ou libertaire qui dépasse ce
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«Les droits ne peuvent être le résultat d’une négociation» que peuvent accepter les citoyens. Nous essayons de construire une démocratie avec notre peuple». 2. «Ces réformes n’ont été négociées avec aucun parti». C’est donc un pur produit de l’AKP. Le Premier ministre a soulevé le deuxième point afin de démentir les affirmations de l’opposition pour qui ces réformes ont
fait l’objet d’un accord entre le gouvernement et le leader du PKK. Si ces réformes ne sont pas nées d’un consensus plus large, c’est parce que même la nouvelle Constitution tant attendue ne parvient pas à aboutir en raison d’une Commission parlementaire divisée. Les questions importantes comme l’enseignement en kurde, condition sine qua non des droits de l’Homme et des minorités garantie par toutes les conventions internationales, rencontrent toujours l’opposition de la majorité des citoyens. En termes de politique, c’est compréhensible. Mais les droits et les libertés fondamentales, tout comme la démocratie, ne peuvent être partiaux ou le résultat d’une négociation. La politique, c’est l’art de réaliser ce qui est possible. On a apeuré, trompé et rendu les Turcs paranoïaques à propos de la nature de leur société et de la façon dont le pluralisme, la politique délibérative et participative pouvaient miner l’unité et la solidarité de leur nation.
UN GRAND PAS EN AVANT Que l’on voie le verre à moitié vide ou à moitié plein, deux aspects de cette série de réformes sont satisfaisants. L’esprit qu’elle transmet et les objectifs qu’elle cherche à atteindre. Erdogan a indiqué dans son discours l’objectif ultime des réformes : l’Etat turc ne dicte pas «une identité officielle, qui définisse un "citoyen parfait" ou qui interfère avec l’origine ethnique, la foi ou le point de vue des citoyens. Il n’y a plus d’Etat qui reste sourd à leurs exigences et à leurs souffrances ou qui nie leur revendications. Il n’y a plus d’Etat qui transforme la sphère publique en enfer autoritaire pour ceux qui ne correspondraient pas à l’image du "citoyen parfait"». Nous sommes encore à des années-lumière de
l’Etat idéal. Mais le simple fait qu’Erdogan en fasse mention sur la scène publique est un grand pas en avant.
LA DÉMOCRATIE EST PAR NATURE INACHEVÉE Je soutiens donc vivement les objectifs et les idéaux mis en avant par les réformes. Ils formeront le cadre à l’intérieur duquel apparaîtront en temps voulu couleurs, formes et paysages. Pour le reste, nous sommes face à des mesures prudentes qui ne soulèveront pas beaucoup d’opposition chez les
citoyens. Par exemple, l’enseignement en kurde dans les écoles privées. Nous, démocrates, pensons que cette réforme n’est pas complète et arrive trop tard. Mais, viendra un moment où les gens demanderont : «Pourquoi les petits Turcs apprennent leur langue maternelle gratuitement alors que les petits Kurdes doivent payer pour apprendre la leur ? C’est anticonstitutionnel car les citoyens ayant un statut égal aux autres en sont réduits à un statut de minorité». d.ergil@todayszaman.com
Iran - Etats-Unis : une alliance inattendue
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C’est la troisième fois qu’il y a de l’espoir concernant les relations entre les Etats-Unis et l’Iran. Et il semble que cette troisième fois soit la bonne. La première fois que quelques optimistes ont présagé un vent de changeESRA MADEN ment dans les relations entre les deux pays, c’était au milieu des années 1990 quand les Iraniens ont élu Mohammad Khatami. Ce chef d’Etat souhaitait que le ton change entre Téhéran et Washington. Mais sa fonction ne lui permettait pas de suivre une politique étrangère de façon indépendante. Ali Khamenei, actuel ayatollah et Guide suprême de la Révolution islamique, a interféré dans son programme alors que Washington, sous l’administration Clinton, tardait à envoyer un message positif
qui aurait renforcé Khatami. Ainsi, une opportunité de taille a été perdue. En 2001, après les attentats du 11-Septembre, les deux pays ont manqué une deuxième opportunité d’avoir un véritable dialogue basé cette fois sur leurs intérêts nationaux mutuels. Car s’il y avait quelque chose qu’Oussama ben Laden haïssait plus que l’Occident c’était le chiisme, qu’Al Qaïda considérait comme une déviation hérétique du vrai chemin du sunnisme. Les attentats du 11-Septembre ont mené à l’invasion américaine de l’Afghanistan puis de l’Irak. Les talibans et Saddam Hussein étaient de véritables ennemis pour le régime iranien. Les Etats-Unis et l’Iran auraient pu se rapprocher et selon de nombreuses personnes, l’Iran avait contacté Washington pour faire un «grand compromis». Néanmoins, l’administration néo-conservatrice du
président Bush a rejeté une coopération pragmatique avec l’un des membres de l’«Axe du Mal».
LES IRANIENS SOUS PRESSION Résultat, les deux pays se sont de plus en plus polarisés. Sous Mahmoud Ahmadinejad, l’Iran a été caricaturé aux Etats-Unis comme un protecteur radical du terrorisme. Dans le même temps, l’Iran a continué à s’enrichir en uranium en vue d’un projet que de nombreux Occidentaux soupçonnent de ressembler à l’arme nucléaire. De lourdes sanctions ont été lancées par les Nations unies en 2010. Pourtant, grâce à l’invasion américaine en Irak et en Afghanistan, l’Iran a étendu son influence de façon plus profonde dans la région. Avec le départ de Saddam Hussein, Bagdad a été, pour la première fois dans l’histoire moderne, entre les mains d’un régime chiite en plus d’être
amie de Téhéran. Comme le roi de Jordanie l’a rapidement remarqué, un croissant chiite a commencé à s’élargir et la majorité sunnite du Moyen-Orient en a accusé Washington. C’est dernièrement à cause de sanctions économiques de plus en plus importantes, de cyber-attaques comme Stuxnet et de plus grandes menaces d’action militaire (principalement de la part d’Israël) que le peuple iranien et probablement le régime sont sous pression. L’élection de Hassan Rohani a été une surprise. Mais étant donné la frustration des Iraniens à l’égard leur régime, ce résultat n’aurait pas dû être si surprenant. En revanche, le fait que l’ayatollah Khamenei soit disposé à laisser Rohani poursuivre son offensive de charme avec Washington était moins prévisible. Khamenei n’avait pas été aussi généreux avec Khatami dans les années 1990. o.taspinar@todayszaman.com
Les Turcs avaient déjà affronté l’Estonie en 2012. Ils s’étaient imposés 3-0.
La Turquie au pied du mur Il y a quelques mois, personne ne voyait les Turcs se qualifier pour les matchs de barrage de la Coupe du Monde au Brésil. Mais aujourd’hui l’équipe nationale tient son destin entre ses mains. Cela passe par une victoire importante en Estonie, avant d’aller affronter les Pays-Bas. NICOLAS THEODET PARIS Après 1954 et 2002, les Turcs vont devoir batailler encore une fois s’ils veulent se qualifier pour les barrages de qualification à la Coupe du Monde au Brésil en 2014. La Turquie s’est mal embarquée en débutant son tour préliminaire avec trois défaites pour une
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seule victoire. Et pourtant, la Turquie peut encore y croire. Première étape, battre l’Estonie vendredi 11 octobre, sur les terres baltes. Une mission complexe, mais pas infranchissable. Bien que le match aller ait été à sens unique pour les Turcs avec un score de trois buts à zéro, le déplacement est lui un gage de
surprise. Les Pays-Bas, leader incontesté du groupe et déjà qualifié pour le mondial, y ont été tenus en échec. Mais les statistiques sont malgré tout favorables. En six confrontations entre ces deux équipes, trois victoires sont à l’actif de la Turquie contre seulement trois matches nuls. L’attaque des Turcs a même marqué 12 fois, contre quatre pour l’Estonie. Une Estonie, qui n’a d’ailleurs plus rien à jouer, pointant à la cinquième et avant-dernière place du classement.
FAIRE TABLE RASE DU PASSÉ Et si le gros avantage de la Turquie, c’était de tout changer ? Dans un entretien sur le site de la Fifa avant le dernier match en Roumanie, Fatih Terim s’est dit déçu des résultats. Mais après son retour à la tête de la sélection, il a déclaré : «Nous sommes dans une position peu enviable. Plutôt que de bouleverser l’équipe actuelle, nous devons modifier la base de notre système, notamment en ce qui concerne la formation». Un changement de système qui a conduit à une victoire à 2-0 sur le terrain roumain. Avant de jouer les deux derniers matches qu’il faudra à tout prix gagner, Fatih Terim devra remobiliser ses troupes, ce qui n’est pas gagné. Il a d’ailleurs déclaré qu’«il nous faudrait un miracle». Mais le sélectionneur veut y croire : «Si nous nous préparons sérieusement, que nous ne ménageons pas nos efforts et que nous appliquons sur le terrain ce que nous avons pratiqué à l’entraînement, je sais que nous pouvons accomplir notre propre miracle».
Premier entraînement avec l’équipe de Galatasaray pour Roberto Mancini, qui succède à Fatih Terim.
Mancini succède à Terim -
L’ancien entraîneur de Manchester City, Roberto Mancini, a signé un contrat de trois ans avec Galatasaray qui cherchait un successeur à Fatih Terim, limogé cette semaine, a fait savoir lundi le club de football turc. Le conseil d’administration de Galatasaray a poussé vers la sortie Fatih Terim, également sélectionneur de la Turquie, pour avoir refusé une prolongation de contrat. Roberto Mancini, 48 ans, était libre depuis son départ en mai de Manchester City, qu’il a dirigé pendant trois ans et demi et mené au titre de champion en 2012 et à une Coupe d’Angleterre en 2011. Il percevra un salaire de 3,5 millions d’euros pour le reste de la saison et de 4,5 millions d’euros pour les deux saisons suivantes, hors primes. Malgré le recrutement de Didier Drogba et de Wesley Sneijder en janvier, Galatasaray a effectué un début de saison décevant et est classé 10e en championnat, après avoir été laminé à domicile (1-6) par le Real Madrid en Ligue des champions.