Le thé, une boisson universelle
Les cavaliers turkmènes, à la conquête des steppes
Une nouvelle aventure pour Galatasaray
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20 - 26 DECEMBRE 2013 N° 294 Prix : 2,5 €
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DAVUTOGLU RECONNAIT LE CARACTÈRE ALAIN GRESH :
«Un rapprochement franco-turc peut faire diminuer l’islamophobie» Le dernier numéro de la revue h Manière de voir, «Des Ottomans aux islamistes», était consacré à la Turquie et coordonné par Alain Gresh. Zaman France est allé à sa rencontre. hFARIDA BELKACEM INTERVIEW 05
«INHUMAIN» DE LA DÉPORTATION DES ARMÉNIENS Les déportations d’Arméniens sous l’Empire ottoman étaient «inhumaines», a estimé le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu lors d’une visite jeudi à Erevan. Le chef de la diplomatie turquie a plaidé en faveur de l’établissement d’une «juste mémoire» qur la question arménienne. - SINEM CENGIZ INTERNATIONAL 10
LA TURQUIE ET L’ARMÉNIE : ET APRÈS ?
L’intégration réussie des Turcs d’Allemagne
Ahmet Davutoglu, récemment en visite en Arménie, a exprimé la volonté d’Ankara de normaliser ses relations avec ce pays. Mais pour le chroniqueur Ömer Taspinar, la Turquie doit d’abord séparer la question arménienne de celle du Haut-Karabagh, qui oppose l’Arménie à l’Azerbaïdjan. -ÖMER TAŞPINAR OPINON 14
Aydan Özoguz devient la 1ère ministre allemande d’origine turque h08
Turquie-Iran : les affaires reprennent
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La dernière réunion à Istanbul du Conseil des échanges commerciaux Turquie-Iran a mis en avant l’importance privilégiée que les deux gouvernements accordaient à leur partenariat économique. Evalué à 22 milliards de dollars, le montant des échanges économiques entre les deux pays pourrait vite se hisser à 35 milliards de dollars. hIBRAHIM TÜRKMEN ECONOMIE 11
Débattre du «génocide arménien» n’est pas un délit ! La Cour européenne des droits de l’homme vient de donner raison à l’homme politique turc Dogu Perinçek qui avait qualifié le «génocide arménien» de «mensonge international» au nom de son droit à la liberté d’expression. EDITO EMRE DEMIR
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Selon une étude récente, 90 % des Allemands d’origine turque se sentent chez eux alors qu’ils sont 6 % à répondre par la négative. Ils témoignent ainsi de la réussite de leur intégration en Allemagne. hIPEK ÜZÜM EUROPE 08
JURISPRUDENCE DE LA CEDH :
Un rapport sur l’intégration enflamme la classe politique
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Une semaine après la médiatisation du rapport intitulé «Refondation de la politique d’intégration» et remis au Premier ministre Ayrault, Zaman France s’est penché sur les raisons du malaise qui a agité la classe politique, de droite comme de gauche. Le sociologue Ahmed Boubeker fait partie des contributeurs de ce rapport. Il nous livre en exclusivité son explication. hFOUAD BAHRI SOCIETE 04
Zaman Okur Hattý: 01 42 00 19 36
AHMED BOUBEKER
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La négation du génocide arménien n’est pas un délit juridique ! Poursuivre en justice une personne et la condamner parce qu’elle a nié le génocide arménien de 1915 est une atteinte à la liberté d’expression, vient de trancher la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), donnant raison à un Turc condamné en Suisse. C’est
en substance le fond de la décision de la CEDH qui jugeait les propos de Doğu Perinçek, homme politique et président du Parti des travailleurs de Turquie, tenus en Suisse en 2005. Perinçek avait alors qualifié le génocide arménien de «mensonge international», ce qui lui avait valu les poursuites de l’association SuisseArménie le 15 juillet 2005. hTURQUIE 06
Génocide arménien : le débat retrouve ses droits -02
Hakan Şükür quitte l’AKP
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Le célèbre député et ancien joueur de football Hakan Şükür vient de quitter l’AKP. Un départ qui intervient au lendemain des polémiques sur l’interdiction des dershane en Turquie, une mesure fermement défendue par le Premier ministre Erdogan. Hakan Şükür avait exprimé son opposition face à la proposition du gouvernement de fermer les instituts de soutien scolaire. hTURQUIE 06
Zaman Okur Hattý: 01 42 00 19 36
02 FRANCE
Selon l’IFOP, 92 % des Français pour l’euthanasie
EDITO EMRE DEMIR
Génocide arménien : le débat retrouve ses droits La Cour européenne des droits de l’homme a estimé, mardi, que la Suisse avait violé la liberté d’expression de Dogu Perinçek, un homme politique turc, en le condamnant pour avoir nié le «génocide arménien». Cette décision de la CEDH est d’une importance historique pour la normalisation des relations turco-arméniennes. Elle représente également un message pour le gouvernement français, qui devrait présenter dans les prochains mois un projet de loi pénalisant la négation du «génocide des Arméniens». Les décisions de la Cour Constitutionnelle française et de la CEDH indiquent clairement que l’un des buts principaux de la liberté d’expression est de protéger les points de vue minoritaires. Les États qui ont reconnu le «génocide arménien», comme la France, ne peuvent pas imposer une répression pénale pour des personnes mettant en cause le point de vue officiel. Les Turcs ont le devoir de connaître la vérité sur les événements de 1915 et d’assumer cette vérité ; à cet égard, l’ancien discours officiel de la Turquie était assimilable à de la propagande adressée aux Turcs. Aujourd’hui, personne ne nie en Turquie le fait que ces événements tragiques font partie de notre histoire et le discours au plus haut sommet de l’Etat est en train de changer. Ainsi, le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu oeuvre à une réconciliation de l’Arménie et de la Turquie sur la base d’une «mémoire juste». Mais criminaliser l’opinion et pénaliser les avis contestant le terme même de génocide favorisent les discours extrémistes de part et d’autre. Ironiquement, Dogu Perinçek, l’une des figures emblématiques des réseaux ultra-nationalistes, fait partie de ceux qui défendent toujours l’ancien discours officiel sur la question arménienne. Une condamnation à son encontre lui aurait offert davantage de légitimité. La dichotomie entre ces deux discours nationalistes hantés, tous les deux mais différemment, par le mot «génocide» doit être dépassée car elle nourrit l’instrumentalisation des souffrances. Il faut dépasser cette opposition réductrice autour des étiquettes «turcophobes» et «négationnistes». Evitons donc un nouveau projet de loi qui pourrait dissuader toute contribution à un débat d’intérêt général. e.demir@zamanfrance.fr
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Une «conférence de citoyens» organisée par le Comité consultatif national d’éthique préconise de légaliser le suicide médicalement assisté et prône des «exceptions» d’euthanasie. Le CCNE rendra son rapport «fin janvier ou en février».
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La conférence de Saisi par le chef de l’Etat, le Comité citoyens saisie par le consultatif national d’éthique s’était CCNE est favorable prononcé le 1er juillet contre la légalisation à une «exception d’euthanasie». de l’assistance au suicide et de l’euthanasie. Constatant l’absence de consensus sur le sujet, l’instance avait décidé de poursuivre la réflexion sous la forme d’un débat public.
UN DROIT LÉGITIME DU PATIENT Un groupe représentatif de 18 Français, sélectionnés par l’institut Ifop, s’est réuni pour entendre l’avis de spécialistes et de personnes qui ont accompagné un proche en fin de vie. Dans leurs conclusions, ils estiment que «la possibilité de se suicider par assistance médicale comme l’aide au suicide» constitue «un droit légitime du patient en fin de vie ou souffrant d’une pathologie irréversible, reposant avant tout sur son consentement éclairé et sa pleine conscience». Ils ajoutent que «les mesures contenues dans la loi Leonetti, les avancées en matière de soins palliatifs et l’ou-
verture de recourir au suicide assisté que nous préconisons» permettent «d’écarter l’euthanasie comme solution pour la fin de vie». Ils prônent en outre l’autorisation de la sédation en phase terminale.
«UNE EXCEPTION D’EUTHANASIE» Pour les situations les plus complexes, «des cas particuliers ne pouvant entrer dans le cadre du suicide assisté lorsqu’il n’existe aucune autre solution», ils se disent favorables à «une exception d’euthanasie». Une commission médicale ad hoc déciderait alors, dans un délai de huit jours, d’accorder au patient le droit de mourir. Pour Jean-Luc Romero, président de l’Associa-
tion pour le droit de mourir dans la dignité, l’«exception d’euthanasie» est «une fausse bonne idée qui ne répond pas à toutes les situations puisqu’elle laisse encore trop de place à la décision médicale». Le Code de déontologie médicale stipule qu’un praticien «doit s’abstenir de toute obstination déraisonnable dans les investigations ou la thérapeutique» et «peut renoncer à entreprendre ou poursuivre des traitements (...) qui n’ont d’autre objet ou effet que le maintien artificiel de la vie». Selon un sondage Ifop, 92% des Français sont favorables à l’euthanasie pour les personnes qui en font la demande et qui souffrent de «maladies insupportables et incurables».
PHOTO DE LA SEMAINE
En Egypte, Mohamed Morsi est officiellement accusé de «conspiration avec des organisations terroristes» et de «divulgation de secrets d’Etat à une puissance étrangère».
...ET UNE MAUVAISE
UNE BONNE...
La Turquie s’est montrée généreuse en 2011 et 2012. L’Agence de coordination de la diplomatie publique a annoncé le 10 décembre que le pays prenait la 4e position du classement mondial en termes de montant de l’aide internationale fournie en 2011 et 2012. La Turquie fait aussi partie des pays ayant
Tous les quinze jours en moyenne, une personne s’immole en France le plus augmenté leurs dons de provisions. En 2012, la Turquie a donné plus de 3,4 milliards de dollars à plus de 100 pays sur cinq continents, en particulier en Asie. Elle a ainsi été qualifiée de «donateur émergent» par le Programme alimentaire mondial et organisera le Sommet mondial humanitaire avec l’appui de l’ONU en 2016.
Un constat alarmant mais qui reflète la réalité : selon une enquête, en France, tous les quinze jours en moyenne, une personne s’immole par le feu dans un lieu public. En effet, chômeur, infirmier, professeur ou encore cadre ont mis ou ont tenté de mettre
fin à leurs jours sur le parking de leur lieu de travail, du Pôle Emploi ou en pleine cour de leur lycée. Ces anonymes tentent d’exprimer leur souffrance et leur désaccord avec la société en devenant des «torches humaines» et sont prêts à y laisser leur vie.
NOUVELLE
La Turquie, 4e plus grand donateur au monde
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«Cette condamnation ne fait pas de moi un marxiste». Le Pape François a démenti, dans une interview accordée au journal italien La Stampa, les accusations de marxisme qui ont suivi sa condamnation forte du système économique actuel.
03 FRANCE
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L’ÉCONOMIE AU COEUR DE LA BATAILLE UMP-PS
L’UMP prépare sa riposte
Les cadres de l’UMP se sont réunis mercredi pour travailler sur une feuille de route économique à même de leur permettre de proposer aux Français une alternative économique crédible en 2017.
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Les dirigeants de l’UMP ont planché avec en ligne de mire les 35 heures et «le mercredi sur des «mesures d’urgence» harcèlement fiscal» des Français qui conduit pour l’économie française, qu’ils jugent en selon elle à un «appauvrissement» sans péril, avec pour objectif une baisse de la précédent des classes moyennes. Là où Nidépense publique de 10 % «sur plusieurs colas Sarkozy, que ses fidèles voient affronannées», soit 130 milliards d’euros d’éco- ter François Hollande en 2017, continue nomies. Ce séminaire, qui a réuni Jean- de plaider pour le maintien des 35 heures François Copé, François Fillon ou encore hebdomadaires assorties de son dispositif Alain Juppé, ainsi d’heures supplémentaires défiscalisées supprimé par la gauche, qu’une quinzaine d’anciens ministres, n’est pas l’UMP prône «39 heures payées 39» l’antichambre de l’alterdans le public et le privé. «L’objecnance mais le creuset d’ «orientations futures», dit-on avec prudence à «Mettre le paquet sur tout ce l’UMP. «Les primaires qui facilite la production et l’embauche» pour 2017 font que ça change la donne», explique-t-on, quand bien même «un relatif tif n’est pas de toucher à la feuille de paie consensus» se dégage parmi les diverses mensuelle mais, par les négociations dans sensibilités du parti d’opposition qui avance les entreprises, de pouvoir bénéficier d’une paradoxalement sur le terrain des idées progression des salaires et d’y arriver aussi sans avoir résolu sa crise de leadership. Un dans l’administration», précise Jean-Frandocument de travail sur trois thèmes - tra- çois Copé dans Les Echos. vail, dépenses publiques, croissance -, sera soumis au vote des cadres du parti lors d’un RAMENER LA DÉPENSE PUBLIQUE À 50 % DU PIB Pour libérer les entreprises de «l’étau fisconseil national, le 25 janvier. cal», le président de l’UMP prône en outre «39 HEURES PAYÉES 39», une baisse des charges sociales «qui serait NOUVEAU SLOGAN DE L’UMP transférée pour partie sur la TVA et pour L’UMP entendait «mettre le paquet sur tout une autre sur la diminution des dépenses». ce qui facilite la production et l’embauche», La réduction de la dépense publique est
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Alain Juppé et François Fillon, deux anciens Premiers ministres de droite réunis pour repenser la politique économique de l’UMP.
l’autre pilier de l’oeuvre de «redressement» du parti d’opposition, accusé par l’exécutif socialiste d’avoir grevé les déficits publics. L’UMP ambitionne de ramener la dépense publique, qui représente aujourd’hui 57 % du PIB, dans la moyenne de la zone euro, autour de 50% du PIB. Elle préconise 130 milliards d’économies «sur plusieurs années» (10 % des 1.300 milliards d’euros de dépenses publiques) qui iraient pour moitié à la baisse des impôts, pour l’autre au désendettement, via une refonte de l’organisation de l’Etat, des collectivités locales et de la Sécurité sociale.
Jean-François Copé a été le ministre du Budget de Jacques Chirac en 2004.
Le gouvernement veut rentabiliser l’action publique -
Le gouvernement français réuni en comité de modernisation de l’action publique (Map) a lancé mercredi une douzaine d’évaluations destinées à faire économiser des milliards d’euros, tout en optimisant les politiques engagées. Ce chantier s’inscrit dans la trajectoire financière du gouvernement, qui veut faire reposer la totalité des économies sur la réduction des dépenses publiques à partir de 2015, sans nouveau recours à l’impôt. «La modernisation monte en puissance et va continuer à contribuer de manière significative au redressement des finances publiques dans les prochaines années», souligne-t-on dans l’entourage du Premier ministre, JeanMarc Ayrault.
déchets, qui représente huit milliards d’euros par an, et une autre la mutualisation des services dans les collectivités locales. Dans un rapport paru en octobre, la Cour des comptes appelait ces dernières à freiner leurs dépenses de fonctionnement, en particulier pour les communes et intercommunalités, sans que soit remise en cause la qualité des services publics. En matière de santé, des évaluations concerneront la chirurgie ambulatoire, qui consiste à faire rentrer chez lui un patient le jour de son opération plutôt que de l’hospitaliser, et le renforcement du recours aux médicaments génériques. Sur ces deux points, l’économie pour l’Etat est évaluée à au moins 500 millions d’euros d’ici trois ans.
L’AVERTISSEMENT DE LA COUR DES COMPTES L’objectif global des nouvelles évaluations lancées mercredi est de faire économiser à l’Etat entre trois et quatre milliards d’euros par an à l’horizon 2017. A quoi s’ajoutent deux à trois milliards de gains programmés en matière de bonne gestion publique (achats de l’Etat, systèmes informatiques, etc). Sur la douzaine de procédures lancées cette semaine, l’une concerne la gestion locale des
LE «MILLE-FEUILLE» DE L’EMPLOI Dans le domaine de l’entreprise, le gouvernement veut s’attaquer au «mille-feuille d’appuis et d’accompagnements des sociétés sur les territoires». Ces évaluations s’ajoutent aux 49 études déjà lancées l’été dernier, dont la moitié «sont finalisées et arrivées au niveau des décisions», dit-on à Matignon. Des évaluations ont notamment été lancées sur l’éducation prioritaire, qui concerne 20 %
La Cour des comptes interpelle régulièrement les gouvernements sur leurs dépenses de fonctionnement, en particulier pour les communes et intercommunalités.
des élèves et coûte 1,1 milliard d’euros par an pour des résultats jugés insuffisants, ou encore le décrochage scolaire. «Toutes les évaluations ne sont pas faites pour faire des économies, mais l’idée est que chaque euro
dépensé doit être un euro utile», explique-ton dans l’entourage de Jean-Marc Ayrault. Deux projets de loi destinés à simplifier la vie des entreprises doivent voir le jour d’ici le printemps.
04 SOCIETE
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«Une police de la pensée se met en place dès qu’on parle d’intégration» Une semaine après la médiatisation du rapport intitulé «Refondation de la politique d’intégration» et remis au Premier ministre Ayrault, Zaman France s’est penché sur les raisons du malaise qui a agité la classe politique, de droite comme de gauche. Le sociologue Ahmed Boubeker fait partie des contributeurs de ce rapport. Il nous livre en exclusivité son explication. FOUAD BAHRI PARIS Que vous inspirent les réactions très négatives de la classe politique sur le contenu de ce rapport sur l’intégration ? On est dans une logique très politicienne. L’enjeu fondamental de ce rapport a été complètement oublié. Il s’agissait de s’attaquer à un problème politique dans ce pays qui est celui des discriminations ethno-raciales. Cela fait plus de trente ans qu’on refuse de l’aborder. Il y a une catégorie de citoyens qui sont moins égaux que d’autres, c’est une réalité. Il faudra bien que la République assume cette diversité qui la constitue aujourd’hui. Ces réactions de la classe politique m’inspire un grand dégoût. La droite a été complètement irresponsable de vouloir instrumentaliser l’opinion et
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«On ne considère pas ces populations comme de vrais Français»
la gauche n’a pas fait mieux. Quand on voit un journal comme Le Monde qui dit «Oh, ce ne sont pas des chercheurs reconnus, ce qu’ils ont fait n’est pas intéressant», c’est scandaleux. Il y aurait des gens qui auraient autorité pour penser et d’autres non ! On a affaire à une sorte d’intelligentsia douteuse qui n’a pas mis les pieds en banlieue depuis trente ans et qui se permet de juger ceux qui tra-
Le rapport «Refondation de la politique d’intégration» a été publié sur le portail du gouvernement.
vaillent sur ce sujet. Ces personnes ne se rendent pas compte de la gravité de la situation dans nos banlieues. Comment expliquez-vous ce déni des discriminations ethno-raciales par la gauche ? Il y a une incapacité à traiter de ces questions de discriminations. Cela s’explique par le fait qu’en France la pensée est toujours déterminée par la classe sociale. Cette problématique du social s’articule aujourd’hui avec une dimension ethnique et raciale. Les premières victimes de la question sociale sont des personnes d’origine étrangère. Quand on sait que 50 % des jeunes d’origine immigrés vivent en banlieue et sont au chômage, il y a quand même un gros problème. On refuse de trouver une solution car cela remettrait en cause notre modèle national d’intégration. Il y aurait donc quelque chose qui s’appellerait le modèle français d’intégration et qui serait en dehors de l’histoire. Pourtant, tout le monde sait que les choses changent et que la société française a un nouveau visage. Le véritable problème est qu’il y a un mépris social pour ces populations qu’on ne considère pas comme de vrais Français. La polémique a beaucoup tourné autour de la réintégration du voile à l’école ou de l’enseignement de la langue arabe, deux mesures qui porteraient atteinte à la République... Cette question du voile apparaît sur trois ou quatre lignes de l’une des sections du rapport qui fait 80 pages ! Elle ne fait l’objet d’aucune préconisation. Franchement, nous n’avions pas besoin de cette question du voile. On sait très bien qu’en France, dès qu’on parle du voile, les gens deviennent fous. C’est comme si on avait détruit la Tour Eiffel ! Cette question a permis d’occulter tout le reste du rapport et les discriminations, qui sont d’ailleurs aussi de nature religieuse avec l’islamophobie. La vraie question est, a-t-on encore le droit de penser ? Une police de la pensée se met en place dès qu’on parle d’intégration ou de laïcité et nous empêche de discuter de ces questions qui sont au coeur des problèmes de la société française.
La classe politique française a très mal accueilli le rapport sur l’intégration remis au Premier ministre.
Tollé dans la classe politique -
En déplacement au Brésil et en Guyane, François Hollande a été contraint de dissiper le trouble, souligné en termes vifs par l’opposition de droite, en assurant que ce rapport ne reflétait en rien la position du gouvernement. «Le rapport, je ne l’ai pas lu, j’en ai pris connaissance par les journaux et en le lisant, je pensais à une phrase que j’aimais beaucoup de François Mitterrand, qui disait : Il ne faut pas prendre toutes les mouches qui volent pour des idées», a commenté Laurent Fabius au Grand RendezVous Europe 1-Le Monde-i>Télé. «Il y a sûrement des choses très sérieuses mais par exemple quand il est dit (...) qu’il faut tailler en pièces la législation sur le voile, je ne suis pas d’accord», a souligné le ministre des Affaires étran-
gères. Pour sa part, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a concédé dans Le Journal du Dimanche que ce rapport contient «des aberrations et des propositions dangereuses qui mettent en cause ce qu’est la France, sa laïcité». Le député socialiste Jean-Marie Le Guen a voulu relativiser sur Radio J «une maladresse administrative des services de Matignon». «Ce n’est qu’une contribution», a-t-il dit. L’ancien ministre UMP Bruno Le Maire n’y croit pas, qui a dénoncé sur TF1 «une provocation inutile». Jean-François Copé, qualifié de «menteur» par JeanMarc Ayrault pour avoir accusé l’exécutif socialiste de vouloir porter atteinte au pacte républicain, a de nouveau dénoncé «une alliance objective» du Parti socialiste avec le Front national.
Le sociologue Ahmed Boubeker a participé au rapport «Refondation de la politique d’intégration».
1er dîner du vivre ensemble à Montargis VEDAT BULUT MONTARGIS L’association Rûmî a organisé le 6 décembre 2013, le 1er dîner du vivre ensemble à Montargis. Cette association turque a pour but de promouvoir le «vivre ensemble» au sein de la société française et
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d’encourager l’établissement de liens entre diverses communautés. Pour ce premier dîner, cinquante personnes ont répondu présentes. La soirée a commencé avec une démonstration de l’art de la Marbrure ou «ebru». L’ambiance sym-
pathique et même chaleureuse, s’est poursuivie autour d’un repas gastronomique turc. Les participants ont pu inscrire leurs impressions sur le Livre d’Or de l’association, qui a annoncé un prochain dîner du vivre ensemble dans un futur très proche.
INTERVIEW05
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ALAIN GRESH :
«Un rapprochement franco-turc peut faire diminuer l’islamophobie» Le dernier numéro de la revue Manière de voir, «Des Ottomans aux islamistes», était consacré à la Turquie et coordonné par Alain Gresh, l’ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique. Zaman France est allé à sa rencontre. FARIDA BELKACEM PARIS C’est le premier numéro de Manière de voir consacré à la Turquie. Qu’est-ce qui a motivé cette publication ? Notre volonté c’est de montrer que l’Empire ottoman, qui est un peu sorti de la mémoire européenne, a été une grande puissance en Europe. Et que pendant deux à trois siècles, il a même été la grande puissance en Europe. Aujourd’hui, on constate un rôle plus important de la Turquie sur la scène mondiale. Mais il faut rappeler que cette politique est fondée sur une tradition qui n’a pas émergé de rien. Si on prend d’autres pays, comme le Brésil par exemple, cette tradition n’existe pas. A une époque où on connait en Europe une hostilité assez grande envers l’islam, il faut rappeler qu’il y a eu une grande puissance européenne qui était aussi musulmane
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Dans le destin historique de la Turquie, qu’est-ce qui domine, rupture ou continuité ? Le passage de l’Empire à l’État nation, comme pour tous les Empires qui ont été démantelés, a été une rupture majeure. Mais en même temps, il y a cette volonté de la Turquie de renouer avec ce passé par rapport à une période de rupture kémaliste avec l’écriture et l’histoire et où on avait plutôt tendance à le négliger. Par exemple, j’ai été très surpris par le feuilleton télévisé Soliman le magnifique.
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«L’AKP a réussi son pari économique, mais de nouveaux défis sociaux se profilent»
Longtemps, se moderniser a été synonyme de s’occidentaliser pour la Turquie. Est-ce encore le cas ? Non, le monde dans lequel nous vivons depuis une quinzaine d’années nous montre qu’il y a des processus de modernisation qui ne sont pas la copie du modèle européen : le Brésil, l’Inde, la Chine, par exemple, même si on peut être critique du point de vue des libertés démocratiques. Les pays acceptent mieux qu’il y a bien sûr des principes politiques et économiques, mais que, en même temps, chaque pays est le produit d’une histoire et de traditions culturelles et religieuses. Ce n’est pas en coupant toutes ses racines avec l’histoire qu’on peut se moderniser. Paradoxalement, c’est peut être quand on accepte sa propre histoire qu’on est capable de se moderniser. Qu’est-ce qui rend le nationalisme turc si vivace ? A une époque où les idéologies qui ont marqué le 20e siècle sont très nettement en recul, le nationalisme revient en force partout. Il n’est pas nécessairement négatif. Il peut l’être et se rapprocher de l’extrême droite, mais pas forcément. Quand je vais en Turquie, je suis frappé par un nationalisme exacerbé par certains aspects et lié à l’histoire de la Première guerre mondiale, au sentiment d’avoir été dépecé et que le pays a failli disparaître. Ce qui est la réalité puisque les traités prévoyaient pratiquement la nonexistence de la Turquie. Un sentiment qui a d’autant mieux survécu que les gouvernements ont joué de cette carte ultra-nationaliste pendant très longtemps comme moyen de légitimer leur pouvoir. Vu de France, on a l’impression que la Turquie est partagée entre deux camps, islamistes et laïcs... La Turquie a construit un modèle de conciliation d’histoire islamique avec les courants laïcs. Ils font tous deux partie de la société turque là où en Égypte, par exemple, un courant veut éliminer l’autre. C’est très négatif, c’est une manière de nier le pluralisme de la société. On ne peut même pas dire que la Turquie est divisée en deux camps puisque, dans les premières années de l’AKP au pouvoir, des intellectuels de gauche ont soutenu ses actions d’ouverture parmi lesquelles le fait d’écarter l’armée. On n’est pas dans un schéma de société coupée en deux,
mais dans un pays avec des traditions plurielles. En termes de reconnaissance du pluralisme, malgré les épisodes récents de Gezi, la Turquie est quand même en avance par rapport à d’autres pays du Proche-Orient. En France, on a souvent des difficultés à percevoir cela mais ça n’a rien a voir avec la Turquie. Pour moi, c’est dû tout simplement à une islamophobie qui domine encore dans les médias. Une vision simplificatrice qui a du mal à comprendre par exemple qu’en Turquie, nombre de cadres du parti de la gauche laïque font l’éloge de l’armée, alors qu’en France aucun laïque n’y songerait ! Quel jugement portez-vous sur la Turquie ? La Turquie vit une crise importante avec les développements des printemps arabes, en Syrie et en Egypte. Ce qui semblait une opportunité incroyable pour la Turquie s’est avéré plus compliqué. Le pays traverse des difficultés en interne aussi, avec un modèle aujourd’hui en question. L’AKP a réussi son pari économique, mais de nouveaux défis économiques et sociaux se profilent, notamment en termes de libertés. Un nombre incroyable de journalistes sont actuellement en prison. Un certain nombre de choses restent donc à faire bouger, mais comme dans d’autres sociétés.
Manière de voir n°132, décembre 2013-janvier 2014.
Le président Hollande se rendra bientôt en Turquie... Qu’attendre de la normalisation de la relation entre Paris et Ankara ? Il y a eu une période qui a été très difficile sous Sarkozy. Aujourd’hui, sans qu’on puisse imaginer un changement de politique de la France, avec par exemple une acceptation ouverte de l’adhésion turque à l’UE, on peut attendre des gestes d’ouverture dans les négociations économiques et politiques. Tout le monde sait que l’adhésion n’est ni pour demain ni dans cinq ans. Simplement, il faut aller de l’avant pour que cette perspective de l’adhésion reste réelle en Turquie et que ce pays ne se détourne pas de l’Europe. Car la volonté de rejoindre l’Europe demeure, au niveau populaire, mais aussi au niveau du gouvernement. Même si de temps en temps, Ankara fait remarquer que si l’on ne veut pas d’elle, elle ira voir ailleurs. L’UE est l’un des principaux partenaires économiques de la Turquie, ça ne va pas disparaître. Quant à la France, elle peut attendre de cette visite des bénéfices économiques. Un rapprochement pourrait aussi permettre aux deux pays qui partagent certains points de vue d’agir en commun dans la région. Enfin, cela peut contribuer, et c’est ce que j’espère en tout cas, à faire diminuer l’islamophobie qui existe en France, en montrant qu’on peut être un Etat démocratique, qui mène des politiques qui sont conformes aux nôtres et dont la population est à majorité musulmane.
6 06 TURQUIE
20 - 26 DECEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
CEDH : nier le «génocide arménien» fait partie de la liberté d’expression
Hakan Şükür, ancien joueur de l’équipe nationale de football.
En 2005, Doğu Perinçek qualifie le «génocide arménien» de «mensonge international» et est condamné en Suisse pour discrimination raciale. Mais, saisie par Perinçek, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) vient de rendre son jugement : poursuivre en justice une personne pour ce motif constitue une violation de la liberté d’expression.
Hakan Şükür quitte l’AKP
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La négation du génocide arménien n’est pas un délit juridique ! Poursuivre en justice une personne et la condamner parce qu’elle a nié le génocide arménien de 1915 est une atteinte à la liberté d’expression, vient de trancher la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), donnant raison à un Turc condamné en Suisse. C’est en substance le fond de la décision de la CEDH qui jugeait les propos de Doğu Perinçek, homme politique et président du Parti des travailleurs de Turquie, tenus en Suisse en 2005. Perinçek avait alors qualifié le génocide arménien de «mensonge international», ce qui lui avait valu les poursuites de l’association Suisse-Arménie le 15 juillet 2005. Après avoir été condamné en Suisse pour discrimination raciale, Doğu Perinçek avait saisi les instances européennes estimant que sa liberté d’expression avait été lésée.
PAS DE CONSENSUS GÉNÉRAL SUR 1915 En Suisse, la Cour de cassation pénale du Tribunal du canton de Vaud avait considéré qu’à «l’instar du génocide juif, le génocide arménien était un fait historique reconnu», mais que «les tribunaux n’avaient donc pas à recourir aux travaux d’historiens pour admettre son existence». La Cour de cassation avait également souligné que «M. Perinçek s’était contenté de nier la qualification de génocide mais qu’il ne remettait pas en question l’existence des massacres et des déportations d’Arméniens». De son côté, la CEDH a motivé sa décision par trois arguments. Tout d’abord, par le fait que «le libre exercice du droit de débattre ouvertement de questions sensibles et susceptibles de déplaire est l’un des aspects fondamentaux de la liberté d’expression
La compétence de la Cour européenne des droits de l’homme s’applique à l’ensemble des Etats membres du Conseil de l’Europe.
et distingue une société démocratique, tolérante et pluraliste d’un régime totalitaire ou dictatorial». Ensuite, que la Cour ne se prononçait pas sur la qualification juridique du génocide arménien, estimant que «la notion de «génocide» est une notion de droit étroitement définie, dont la preuve est par ailleurs difficile à apporter». «La Cour doute qu’il puisse y avoir un consensus général sur des événements tels que ceux qui sont ici en cause, étant donné que la recherche historique est par définition controversée et discutable et ne se prête guère à des conclusions définitives ou à l’affirmation de vérités objectives et absolues».
UNE JURISPRUDENCE POUR LE CONSEIL DE L’EUROPE Enfin, la CEDH observe par ailleurs que «les États qui ont reconnu le génocide arménien n’ont pas
jugé nécessaire d’adopter des lois prévoyant une répression pénale pour des personnes mettant en cause le point de vue officiel». La Cour observe notamment que les États qui ont reconnu le génocide arménien n’ont pas jugé nécessaire d’adopter des lois prévoyant une répression pénale pour des personnes mettant en cause le point de vue officiel, conscients que l’un des buts principaux de la liberté d’expression est de protéger les points de vue minoritaires, susceptibles d’animer le débat sur des questions d’intérêt général qui ne sont pas entièrement établies. La compétence de la Cour européenne des droits de l’homme s’applique à l’ensemble des Etats membres du Conseil de l’Europe, et s’appuie sur la ratification de la Convention et de ses Protocoles additionnels qui veille à la sauvegarde des droits et libertés fondamentales.
52 personnes arrêtées pour corruption -
Cinq chefs de police d’Istanbul ont été licenciés pour être aussitôt remplacés au lendemain du scandale de l’affaire de corruption au cours de laquelle la police a arrêté 52 suspects, ont rapporté les médias ce mercredi 18 décembre. Yakup Saygili, chef de l’unité consacrée aux délits financiers, Tugrul Turhal, chef de l’unité de lutte contre la contrebande, Nazmi Ardıç, chef de l’unité de lutte contre le crime organisé, Ömer Köse, chef de l’unité de lutte contre le terrorisme et Ertan Erçikti, chef de l’unité consacrée à la sécurité publique ont ainsi dû quitter leur poste. Des équipes de l’unité consacrée aux délits financiers du département de police d’Istanbul ont procédé à plusieurs descentes dans les villes d’Istanbul et d’Ankara.
«approprié» de sa part étant donné que le processus judiciaire est toujours en cours.
TROIS FILS DE MINISTRES INTERPELÉS La veille, la police turque avait arrêté 52 personnes, dont de grands industriels et des personnes proches de l’AKP, dans le cadre d’une affaire de corruption liée à des appels d’offre. Parmi les personnes arrêtées, se trouvent notamment le fils du ministre de l’Intérieur, Baris Güler, le fils du ministre de l’Economie, Salih Kagan Çaglayan, et le fils du ministre de l’Environnement et de l’Urbanisme, Oguz Bayraktar, mais aussi le maire du quartier de Fatih à Istanbul, Mustafa Demir, les grands industriels Ali Agaoglu et Riza Sarraf et le directeur général de la Halkbank, Süleyman Aslan. Le Premier ministre turc Erdogan n’a pas voulu commenter ces arrestations, au motif que cela ne serait pas
laquelle il était expliqué que des terrains sur lesquels les municipalités d’Istanbul avaient interdit de construire avaient été ouverts à la construction par le ministère de l’Environnement et de l’Urbanisation. La lettre révélait également que des bureaucrates de haut niveau ainsi que des proches de ministres et d’industriels avaient fait de gros profits grâce à cette opération. La KOM a ensuite transféré la lettre à la Direction des enquêtes du département financier de la police, qui a alors procédé à des écoutes téléphoniques. Le directeur général du ministère de l’Environnement et de l’Urbanisation, UNE GRANDE ENQUÊTE COMMENCÉE IL Y A UN AN L’enquête a commencé il y a un an lorsque le bureau Mehmet Ali Kahraman, le conseiller de Bayraktar, Sacontre la contrebande et le crime organisé du Départe- dik Soylu, les adjoints exécutifs de Çaglayan, Mustafa ment de police nationale (KOM) a reçu une lettre dans Behçet Kaynar et Onur Kaya, ont également été arrêtés.
AGAOGLU GROUP ET HALKBANK OBJETS D’INVESTIGATIONS L’opération à grande échelle de ce mardi, lancée par le bureau du procureur en chef d’Istanbul, a consisté en trois enquêtes différentes. Les bureaux de l’une des plus grandes banques turques, Halkbank, ont été fouillés, ainsi que le siège social de l’entreprise Agaoglu Group, dirigée par le grand homme d’affaires Ali Agaoglu. «Cette enquête est liée à des accusations de corruption contre certains fonctionnaires. L’entreprise a été fouillée dès l’aube mais aucune preuve d’infraction pénale n’a été retrouvée», était-il écrit dans le communiqué d’Agaoglu Group, peu de temps après l’opération. La troisième enquête s’est focalisée sur le maire du quartier Fatih à Istanbul et les trois fils des ministres cités plus haut. La situation eu son effet sur les marchés turcs puisque le principal indice boursier a vu une diminution de 2 %. Selon certaines sources, les suspects ont été accusés d’«accorder la citoyenneté à des étrangers par l’intermédiaire de pots-de-vin», «de transferts d’argent louches» ou encore «de trucages d’offre et de fraudes».
Mardi 17 décembre, la police a arrêté 52 personnes dans le cadre d’une affaire de corruption liée à des appels d’offre.
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Le célèbre député et ancien joueur de football Hakan Şükür vient de quitter l’AKP. Un départ qui intervient au lendemain des polémiques sur l’interdiction des dershane en Turquie, une mesure fermement défendue par le Premier ministre Erdogan. Hakan Şükür avait exprimé son opposition face à la proposition du gouvernement de fermer les instituts de soutien scolaire. Pour la star du football turc, ce projet risquait de créer de nouveaux problèmes sans remédier aux insuffisances actuelles. Hakan Sükür, aussi connu pour avoir appartenu à l’équipe de football de Turquie, s’est dit personnellement atteint par ce qu’il a qualifié de «mesures hostiles» contre le mouvement Hizmet.
«CE N’EST RIEN MOINS QUE DE L’INGRATITUDE» «Je connais et j’aime le mouvement Hizmet depuis plus de 20 ans», a dit Hakan Sükür dans un communiqué relayé par la presse turque. «Traiter comme des ennemis ces personnes qui soutiennent résolument le gouvernement sur chaque sujet, ce n’est rien moins que de l’ingratitude». Hakan Sükur explique : «Je prends personnellement tous les actes, les diffamations et les insultes hostiles contre Fethullah Gülen car je suis membre de son mouvement qui n’a d’autre objectif que de servir cette nation et l’humanité». «Tous, dont le Premier ministre qui me connaît bien, savent que je n’ai jamais eu d’attentes lors de ma carrière politique. Je n’ai jamais rien revendiqué pour moimême, ma famille ou mes proches. Mon objectif était uniquement d’apporter une contribution à l’AKP, ce que je considérais comme juste. Mais après ces événements, ce n’est clairement plus possible». «J’ai vu que certaines personnes que je considérais comme des amis ont, de leur propre gré ou sous pression, joint le choeur de ceux qui souhaitent ‘’neutraliser le mouvement». Cela m’a profondément attristé (...) Je m’attendais à ce que certaines personnes comme des journalistes, des universitaires, des figures religieuses ou des députés agissent pour désamorcer la tension et pour réparer l’erreur qui avait été commise. Malheureusement, personne n’a été assez courageux pour cela, sauf quelques leaders d’opinion scrupuleux et des journalistes». «Je sais qu’une campagne de diffamation va être menée contre moi à la suite de cette décision. Ma carrière sportive m’a habitué à ce genre de situation», a-t-il conclu.
07 TURQUIE
20 - 26 DECEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
Les alévis demandent l’égalité pour tous La 30e réunion de la plateforme Abant sur les relations entre alévis et sunnites a été l’occasion pour les alévis de rappeler que l’égalité entre tous les citoyens n’est toujours pas un acquis en Turquie. SEVGI AKARÇESME ABANT A l’issue de la 30e réunion de la plateforme Abant sur les relations entre alévis et sunnites, les premiers ont fait entendre leur voix en demandant notamment l’égalité pour tous les citoyens. Durant cette rencontre, les participants ont principalement parlé de mettre fin à la discrimination et de la revendication de la liberté religieuse. La déclaration finale de la réunion, intitulée «Alévis et sunnites : à la recherche de la paix et d’un avenir commun», exhorte l’Etat à ne pas classifier les croyances des citoyens au nom des principes définis par la Commission de Venise, organe consultatif des questions constitutionnelles du Conseil de l’Europe.
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L’HISTOIRE, UN OBSTACLE À UN AVENIR MEILLEUR Selon l’ex-ministre de la Culture et du Tourisme, de la Justice et député AKP d’Izmir, Ertugrul Günay, l’égalité entre tous les citoyens n’est toujours pas acquise en Turquie. La déclaration finale de la réunion de la plate-forme Abant mentionne des épisodes sombres de l’histoire, en particulier le massacre des alévis au XVIe siècle, qui continue d’être un obstacle à la construction d’un avenir meilleur. Hüseyin Dedekarginoglu, leader religieux alévi, a dressé la liste
La consommation turque en baisse -
Les Turcs ont moins consommé cette année. D’après une étude comparative de l’agence des statistiques européennes, EuroStat, la Turquie se place en effet 30e sur 37 pays en termes d’indice de Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant à parité du pouvoir d’achat, a révélé TurkStat le jeudi 12 décembre. Ainsi, selon les résultats de l’étude, l’indice de PIB par habitant à parité de pouvoir d’achat en Turquie est de 54 alors que l’indice moyen pour les 28 pays membres de l’Union européenne est de 100.
UN DÉFICIT NATIONAL TROP IMPORTANT La croissance économique de la Turquie a beaucoup ralenti depuis 2011, année où le pays a été qualifié comme l’économie européenne ayant connu l’une des plus fortes croissances, avec un taux de 8,5 % par rapport à l’année d’avant. Mais en 2012, l’économie turque a ralenti de façon drastique. La Turquie devra d’abord abaisser son déficit courant, un enjeu majeur de son économie, avant d’espérer un taux de croissance plus important. «La Turquie devra continuer à enregistrer des taux de croissance modérés jusqu’à abaisser son déficit de façon permanente», a récemment déclaré le ministre turc des Finances, Mehmet Simsek. La Turquie espère faire partie des pays à revenu élevé pour la période 2014-2016. Mais cet objectif pourrait être difficile à atteindre étant donné que la croissance de la Turquie devrait augmenter de seulement 4 % en 2014 et de 5 % les deux années suivantes.
de leurs demandes : la reconnaissance légale des lieux de culte alévis (cemevis), la suppression des cours de religion obligatoires à l’école et la fin de la discrimination contre les alévis, surtout au niveau de l’embauche. «Certains traitent les alévis comme des demi-frères qui demanderaient une part de l’héritage familial», a-t-il commenté. La déclaration finale réunion de la plateforme Abant
appelle également à la réorganisation de la Direction des affaires religieuses, afin qu’elle devienne une fondation indépendante soutenue par l’Etat. Malgré les épisodes historiques passés, des exemples de bonne relation entre sunnites et alévis ont été évoqués. L’imam alévi du premier projet cemevi-mosquée dans la ville de Fatsa, Ali Riza Güvenkaya, a en quant à lui parlé de coexistence pacifique.
30e réunion de la plateforme Abant.
08 EUROPE L’intégration réussie des Turcs d’Allemagne 20 - 26 DECEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
Selon une étude récente, 90 % des Allemands d’origine turque se sentent chez eux alors qu’ils sont 6 % à répondre par la négative. Ils témoignent ainsi de la réussite de leur intégration en Allemagne. Pour le président de l’Association de culture et d’intégration germano-turque, les deuxième et troisième générations de Turcs sont plus intégrées que la première.
IPEK ÜZÜM COLOGNE La plupart des personnes d’origine turque, en particulier celles de la deuxième et de la troisième générations, se sont adaptées et intégrées à la société allemande avec succès, même s’il reste des obstacles à la pleine intégration, soutiennent les experts. Une étude menée en novembre 2013, sur un échantillon de 2.244 personnes, par le Centre de recherche sur la migration de l’université Bilkent et l’institut de statistiques allemand spécialisé dans les groupes ethniques Data 4U révèle que 90 % des Allemands d’origine turque se sentent chez eux alors qu’ils sont 6 % à répondre par la négative. L’étude montre également que plus de 90 % des interrogés âgés de 14 à 29 ans sont bien intégrés.
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DE MEILLEURES OPPORTUNITÉS ÉDUCATIVES Aujourd’hui, une personne sur cinq en Allemagne a des origines étrangères. Il a fallu attendre 2005 pour que l’Allemagne se définisse comme un pays d’immigration et commence à mettre en place des politiques visant à faciliter l’intégration des immigrés dans la société allemande. Pour Nail Alkan, président de l’Association de culture et
d’intégration germano-turque (TANDEM), les deuxième et troisième générations de Turcs sont plus intégrées que la première car elles ont de bien meilleures opportunités au niveau éducatif en Allemagne et qu’elles n’ont pas de problème majeur avec la langue allemande.
BEAUCOUP D’ALLEMANDS CÉLÈBRES SONT D’ORIGINE TURQUE Lorsqu’il a été interrogé sur la question de l’intégration de la communauté turque, Alkan a cité la chancelière allemande Angela Merkel selon qui les Turcs ne sont toujours pas intégrés. Néanmoins, de grandes figures turques comme Fatih Akin (réalisateur germano-turc), Mesut Özil (footballeur germano-turc) ainsi de nombreuses figures de la politique allemande sont l’évidence même de l’intégration réussie des Turcs en Allemagne. Cemile Giousouf, membre d’origine turque du Bundesrat et première membre de confession musulmane de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), a souligné l’importance d’une éducation de qualité pour une intégration réussie des groupes immigrés dans la société allemande. Selon Giousouf, la situation
des groupes issus de l’immigration, en particulier des Turcs, n’est pas aussi mauvaise que le laissent croire les médias. «La plupart des familles turques font des efforts pour que leurs enfants aient une bonne éducation en Allemagne. Et nous voyons facilement les fruits de ces efforts dans la sphère publique. Le nombre d’hommes d’affaires turcs en Allemagne a augmenté, tout comme le nombre de jeunes étudiants turcs inscrits à l’université. On constate qu’il y a de nombreux Turcs parmi les célébrités allemandes du sport, de la politique, de l’art et des affaires».
Aydan Özoguz devient la 1ère ministre allemande d’origine turque
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Vice-présidente du Parti SocialDémocrate depuis 2011, Aydan Özoguz a été nommée secrétaire d’Etat en charge des Migrations, des Réfugiés et de l’Intégration. Née à Hambourg, cette ministre est la première personnalité politique d’origine turque à faire partie d’un gouvernement fédéral allemand. Sigmar Gabriel, le chef du parti a ainsi annoncé qu’il était très heureux de voir Özoguz nominée à ce poste, ajoutant que cela constituait un message positif pour les immigrés ayant fait de l’Allemagne leur patrie. Il ajoute en disant qu’il est tout à fait normal de voir des personnes issues
de l’immigration à de hauts postes au sein du gouvernement allemand. « Il n’y a rien d’extraordinaire à cela »
UNE ASCENSION EXEMPLAIRE La sociale-démocrate de 46 ans avait rejoint le parti SPD en 2004 pour ensuite être élue députée au Bundestag en 2009, puis ré-élue en 2013 pour représenter Hambourg. En 2011, Aydan Özoguz fut nommée vice-présidente du parti, soit sept ans après être devenue adhérente. Elle fait partie des 11 personnalités politiques d’origine turque, dont sept femmes, ayant dé-
Pourquoi je ne serai jamais une vraie Allemande Dans un article du Spiegel, Özlem Gezer, journaliste allemande d’origine turque raconte son enfance et son adolescence dans la ville portuaire de Ham-
bourg. Celle que l’on pourrait qualifier d’ «immigrée modèle» explique pourquoi elle n’a en réalité jamais pu être considérée comme une «vraie» Allemande. Zaman livre quelques extraits marquants de son témoignage.
croché un poste au Bundestag (le Parlement allemand). Elle est la première femme d’origine turque à avoir occupé le poste de vice-présidente du SPD.
LES QUESTIONS SUR LA VIE PRIVÉE «Ce que j’ai très vite réalisé, c’est que si vos parents sont immigrants, vous n’avez aucune vie privée. Aucune question n’est tabou. Trois minutes après les présentations, les Allemands rentrent dans le vif du sujet. Votre religion. Votre famille. ‘’Est-ce que ton père te bat ? Ou il ne bat que ta mère ?’’». LA RENCONTRE PARENT-PROF «Madame K. s’est exprimé dans un allemand que les Turcs appellent l’allemand «Tarzan», c’est-à-dire une langue pauvre où la syntaxe est incorrecte et les verbes non conjugués. C’est la langue que parlent les Allemands dans l’espoir que les Turcs comprendront mieux. Par exemple, cela donne des phrases comme : «Monsieur Gezer, ne battre pas sa fille parce que moi parler avec vous». Mon père disait que cette forme d’allemand avait empêché les premiers Turcs arrivés en Allemagne d’apprendre une langue correcte». LES SOIRÉES ET L’ALCOOL «Quelques années plus tard, j’ai commencé à sortir le soir avec mes amis. Je n’aimais pas l’alcool. «Tes parents ne t’autorisent pas à boire ?», me demandaient-ils. Si je voulais rentrer tôt, ils pensaient que j’avais un couvrefeu. Je restais donc avec eux jusqu’au bout de la nuit, même quand les fêtes étaient ennuyeuses et la musique insupportable. Je buvais de la bière mais je détestais ça. C’est à ce moment là que j’ai commencé à être flattée quand on me demandait : «Je pensais que tu étais Italienne ou même Brésilienne». L’accent. Les belles plages. Les femmes nues. Les meilleurs joueurs de foot du monde. Pas de crimes d’honneur. Pas de femmes battues». «CE SONT LES ALLEMANDS QUI ONT TURCISÉ NOS ENFANTS, PAS NOUS» «Mais cela n’a pas duré longtemps. Je me sentais coupable. Par la suite, quand on me demandait d’où je venais, je répondais toujours «de Turquie». Cela me facilitait la vie. Je suis devenue Turque avec des racines allemandes, au lieu du contraire. Une fois, mon père a dit : «Ce sont les Allemands qui ont turcisé nos enfants, pas nous».
09 INTERNATIONAL
20 - 26 DECEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
TROIS ANS APRÈS LA RÉVOLUTION...
La Tunisie nomme un nouveau Premier ministre Mehdi Jomaa, ancien ministre de l’Industrie, vient d’être nommé au poste de Premier ministre d’un gouvernement intérimaire chargé de préparer de nouvelles élections en Tunisie. Ce choix s’est fait dans le cadre d’un accord plus large conclu jeudi, qui doit conduire Ennahda à rendre le pouvoir d’ici quelques semaines.
Mehdi Jomaa a été nommé au poste de Premier ministre d’un gouvernement intérimaire chargé de préparer de nouvelles élections en Tunisie.
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Les islamistes au pouvoir en Tunisie et l’opposition laïque se sont mis d’accord pour nommer l’actuel ministre de l’Industrie, Mehdi Jomaa, au poste de Premier ministre d’un gouvernement intérimaire chargé de préparer de nouvelles élections. Mehdi Jomaa, ingénieur aéronautique de formation, est censé prendre la tête d’un cabinet apolitique chargé d’expédier les affaires courantes jusqu’au scrutin qui devrait avoir
lieu début 2014. Le choix du successeur d’Ali Larayedh à la tête du gouvernement s’inscrit dans le cadre d’un accord plus large conclu jeudi, qui doit conduire le parti Ennahda, considéré comme une formation islamiste modérée, à rendre le pouvoir d’ici quelques semaines pour mettre fin à la crise politique. Les discussions entre Ennahda et l’opposition ont eu lieu sous l’égide de la puissante centrale syndicale UGTT.
Lotfi Maktouf: «Aucune des revendications de la révolution n’a été satisfaite»
Lotfi Maktouf, auteur de l’ouvrage Sauver la Tunisie, publié en 2013, a accordé un entretien à Zaman. Il est également le président d’Almadanya, organisation tunisienne non-gouvernementale créée après la révolution et dont l’objectif est de donner plus de pouvoir aux citoyens. YONCA POYRAZ DOGAN ISTANBUL Pouvez-vous nous parler de la crise politique actuelle en Tunisie ?
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La situation politique est dans l’impasse. Les islamistes au pouvoir contrôlent l’Assemblée nationale constituante et le gouvernement par intérim, ont une légitimité qui va bien au-delà de la fonction pour laquelle ils ont été élus, c’est-à-dire celle de rédiger la constitution. Ils étaient censés terminer ce travail pas plus tard que le 23 octobre 2012. Et nous voici aujourd’hui toujours sans constitution et sans cadre pour les élections. Tout ce qu’ils ont en tête, c’est nommer des personnes liées aux Islamistes aux postes d’ambassadeurs,
d’officiels locaux, de directeurs d’entreprise ou de sécurité. Le gouvernement de transition est-il à la hauteur pour préparer le pays aux élections ? La société civile a été extrêmement déçue. Plusieurs importants groupes de dialogue, dont les grands partis comme Nidaa Tounes, n’ont même pas participé au vote et au choix du futur chef du gouvernement. Sûrement parce que le nouveau gouvernement ne sera pas tout à fait neutre, puisque son nouveau Premier ministre est issu du gouvernement sous lequel un célèbre membre de l’Assemblée nationale constituante a été assassiné et où plusieurs membres du personnel de sécurité a été massacrés, sans qu’il n’y ait
aucune arrestation. Sous le même gouvernement auquel a appartenu M. Jomaa, la Tunisie a été déclassée et son économie mal en point. Quelles réponses ont été données aux demandes des citoyens après la révolution ? La jeunesse avait clamé à travers tout le pays : «Liberté, travail, dignité». Aucune de ces revendications n’a été satisfaite. Les hommes politiques qui ont accédé au pouvoir ont utilisé leur position et leur pouvoir pour emprunter une trajectoire totalement différente. Ils ont modifié le modèle de la société tunisienne en utilisant ce que j’appelle dans mon livre le «protocole islamiste», l’idéologie des Frères musulmans.
Quelle est la situation économique actuelle en Tunisie ? De toute évidence, l’économie est en train de s’écrouler et l’Etat est au bord de la faillite. Notre pays a été déclassé par S&P, Moody’s et Fitch cinq fois en un peu plus d’un an et les prévisions sont négatives. Le tourisme, clé de notre économie et source de revenu d’une grande partie de nos familles, disparaît face à la montée de la violence, de la haine et des attentats-suicides.
Lotfi Maktouf.
10 INTERNATIONAL
20 - 26 DECEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
TURQUIE-UE :
Vers la levée du visa ?
La Turquie et l’UE viennent de signer un accord à Ankara sur le renvoi des immigrés clandestins entrés sur le territoire européen via la Turquie. L’occasion d’officialiser l’ouverture d’un dialogue visant à l’abandon des visas requis pour les Turcs qui se rendent en Europe.
En Centrafrique, les violences inter-religieuses font rage
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La Turquie et l’Union européenne ont signé lundi un accord autorisant les gouvernements des Vingt-Huit à renvoyer les immigrés clandestins entrant sur le territoire européen via la Turquie. Le texte a été signé lors d’une cérémonie à Ankara. La Turquie, candidate à l’entrée dans l’UE, est un carrefour majeur de l’émigration clandestine vers l’Europe. Cet accord dit de «réadmission» prévoit que les deux parties pourront renvoyer des ressortissants de l’autre partie ou de pays tiers en situation illégale. Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, et la commissaire européenne chargée des affaires intérieures, Cecilia Malmström, ont par la même occasion officialisé l’ouverture d’un dialogue visant à l’abandon des visas requis pour les Turcs qui se rendent en Europe.
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Les deux soldats français tués la semaine dernière dans un accrochage à Bangui, Antoine Le Quinio et Nicolas Vokaer, sont les premières victimes dans les rangs des militaires français depuis le déploiement de 1.600 hommes pour mettre fin aux exactions commises en Centrafrique plongé dans le chaos depuis un coup d’Etat au mois de mars. Les combattants majoritairement musulmans de la Séléka, qui ont porté au pouvoir Michel Djotodia en mars, se sont rendus coupables de nombreuses exactions ces derniers mois. Cecilia Malmström, commissaire européenne chargée des affaires intérieures et Muammer Güler, ministre de l’intérieur turc.
«UN GRAND PAS EN AVANT» «La coopération entre l’Union européenne et la Turquie a fait un grand pas en avant. Nous avons lancé deux initiatives parallèles qui renforceront les relations entre la Turquie et l’Union européenne et bénéficieront à leurs citoyens», a commenté la commissaire européenne. «Un nouveau processus débute dans les relations UE-Turquie. Aujourd’hui, avec notre signature, les portes de l’Europe s’ouvrent aux citoyens turcs pour des voyages sans visa», a déclaré Recep Tayyip Erdogan lors de la cérémonie. Le Premier ministre turc a cherché à rassurer ceux qui, en Europe, craignent un afflux d’immigrés turcs. «Si les visas de l’UE sont abolis, ni la Turquie ni les pays de l’UE ne rencontreront le moindre problème. Nous venons pour prendre en charge un fardeau, pas pour être un fardeau», a-t-il ajouté.
MILICES MUSULMANES CONTRE MILICES CHRÉTIENNES Après le renversement de François Bozizé, Michel Djotodia a progressivement perdu le contrôle des combattants de la Séléka. Les exactions de ces derniers ont conduit à l’émergence de milices chrétiennes baptisées anti-balaka, «anti-machettes» en langue sango. Des affrontements ont éclaté entre les deux camps début décembre, faisant plus d’un demi-millier de morts et 189.000 déplacés rien qu’à Bangui, la capitale. Plus de 500.000 personnes ont fui leur domicile depuis la prise de pouvoir par les milices musulmanes de la Séléka en mars dernier. Les milices chrétiennes ont été accusées d’avoir profité de l’arrivée des troupes françaises pour se livrer à des représailles sanglantes. Jeudi dernier, des «anti-balaka» ont tué 27 musulmans à Bohong, un village situé à 75 km de Bouar, une localité de l’extrême Ouest centrafricain, selon le Bureau des droits de l’homme des Nations unies. Selon le Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR), les combats et violences interreligieuses ont fait plus de 600 morts depuis le lancement de l’opération Sangaris dans le pays, le 5 décembre dernier.
Davutoglu reconnait le caractère «inhumain» de la déportation des Arméniens SINEM CENGIZ ANKARA Les déportations d’Arméniens sous l’Empire ottoman étaient «inhumaines», a estimé le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu lors d’une visite jeudi à Erevan. Le chef de la diplomatie turquie a plaidé en faveur de l’établissement d’une «juste mémoire» qur la question arménienne. «Je considère que cette vague de déportation sous les Jeunes Turcs était absolument une erreur. Ce qu’ils ont fait était une erreur et un acte inhumain», a-t-il déclaré à la presse turque qui l’accompagnait. La visite d’Ahmet Davutoglu, qui a rencontré son homologue arménien, Edouard Nalbandians’effectuait en marge de la réunion de l’Organisation de coopération économique de la Mer Noire (OCEMN).
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NORMALISER LES RELATIONS TURCO-ARMÉNIENNES Cette visite était la première de la Turquie en Arménie depuis cinq ans. Un tête-àtête était déterminant au vu de la restauration des liens diplomatiques entre Ankara et Erevan qui ont longtemps été en porte-à-faux à cause des accusations de génocide et du conflit du Haut-Karabagh entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.Avant sa rencontre avec Davutoglu, Nalbandian a déclaré aux journalistes que les relations entre la Turquie et l’Arménie devraient être normalisées sans
«Ce qu’ils ont fait était une erreur et un acte inhumain» a déclaré Davutoglu.
condition préalable. Un processus de réconciliation a été lancé entre la Turquie et l’Arménie en 2009, année où les deux pays ont signé des protocoles afin de normaliser les relations diplomatiques. Mais cette initiative n’avait pas été bien accueillie par l’Azerbaïdjan.
11 ECONOMIE
20 - 26 DECEMBRE 2013 ZAMAN FRANCE
L’Iran et la Turquie consolident leurs accords commerciaux La dernière réunion à Istanbul du Conseil des échanges commerciaux Turquie-Iran a mis en avant l’importance privilégiée que les deux gouvernements accordaient à leur partenariat économique. Evalué à 22 milliards de dollars, le montant des échanges entre les deux pays pourrait vite se hisser à 35 milliards de dollars. IBRAHIM TÜRKMEN ISTANBUL lement évoqué la possibilité d’augUn mois après la signature de menter le volume total des échanges l’accord sur le nucléaire avec les commerciaux à 35 milliards de dollars pays P5+1 (Russie, Chine, Etats-Unis, sur les deux prochaines années. De France, Royaume-Uni et Allemagne), plus, une coopération avancée dans l’Iran a affirmé que ses premiers ob- les domaines du pétrole et du gaz jectifs dans le domaine économique devrait faire augmenter les échanges se feront avec la Turquie. Un groupe commerciaux de ces énergies jusqu’à 8 milliards de dollars par an d’hommes d’affaires d’ici à 2015. L’objectif, s’il est et de représentants atteint, ouvrira la voie à des du gouvernement iracoopérations dans d’autres nien étaient à Istanbul ce mercredi 11 décembre à l’occa«Il n’est pas possible d’être actif sion de la réunion du Conseil des échanges au Moyen-Orient sans l’Iran et la Turquie» commerciaux Turquie-Iran. Mohammed Dust Husseini, adjoint du mi- secteurs, a déclaré Bigdeli. Celui-ci a nistre iranien du Commerce, a déclaré également souligné l’importance de lors de cette réunion que le gouver- réaliser des échanges en utilisant les nement de Rohani était déterminé à monnaies locales. renforcer ses relations économiques avec la Turquie, pays qui avait un «rôle VERS UN ACCORD COMMERCIAL PRÉFÉRENTIEL ? particulier» à jouer. Le sous-secrétaire du ministre turc de l’Economie, Ibrahim Senel, a déclaré DES MESURES GLOBALES ET AMBITIEUSES L’amélioration du commerce bilaté- que la Turquie et l’Iran avaient lancé ral, des relations entre les institutions des projets pour mettre sur pied une financières des deux pays, l’augmen- zone industrielle commune sur la tation du nombre de banques sou- frontière entre les deux pays. Selon tenant financièrement les échanges lui, la modernisation des postes-froncommerciaux, la modernisation des tières et la mise en place d’un «sysprocédures au niveau des douanes et la révision des tarifs douaniers afin de faire diminuer les barrières commerciales, ont fait partie des mesures envisagées conjointement. Les deux pays cherchent actuellement à accroître leur volume d’échanges commerciaux à 30 milliards de dollars d’ici à 2015. La levée partielle des sanctions sur l’Iran devrait d’ailleurs contribuer à la réalisation de cet objectif. Le volume des échanges commerciaux ne s’élevait qu’à 2,1 milliards de dollars en 2001. Mais la politique économique développée par Ankara a permis de faire passer ce volume à 22 milliards de dollars en 2012. Le chiffre a néanmoins un peu baissé cette année, s’élevant à 13,5 milliards de dollars pour les 10 premiers mois. Le stock d’investissement des 200 entreprises turques implantées en Iran est d’un milliard de dollars.
La banque iranienne Mellat, à Istanbul.
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AGIR SUR LES TARIFS DOUANIERS Le coprésident du Conseil des échanges commerciaux Turquie-Iran, Reza Kami, a souligné l’importance stratégique d’un renforcement des relations avec la Turquie. «Les puissances économiques mondiales ont compris qu’il n’était pas possible d’être actif au Moyen-Orient sans l’implication de l’Iran et de la Turquie», a-t-il dit. La réunion du Conseil était la première rencontre du pays en matière commerciale depuis l’arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement iranien. Afin d’améliorer ses relations avec l’étranger, l’Iran s’engage notamment à lever les obstacles aux échanges commerciaux, comme les tarifs douaniers. L’ambassadeur iranien à Ankara, Ali Reza Bigdeli, a éga-
tème à une seule fenêtre» aux points d’entrée sur la frontière iranienne étaient en cours, ce qui facilitera les échanges commerciaux. Selon Senel, ces projets sont d’une importance fondamentale puisque ces points d’entrée sont également des points de connexion entre l’Europe et l’Asie. L’Iran et la Turquie ont déjà signé plusieurs accords pour une opération commune sur les points d’entrée Kapiköy-Razi et Esendere-Sero, a noté Senel. L’Iran et la Turquie sont actuellement en pleines négociations sur un accord préférentiel d’échanges commerciaux. La visite en Iran du ministre turc de l’Economie, Zafer Çaglayan à l’occasion de la 5e réunion du Comité des échanges commerciaux TurquieIran les 15 et 16 janvier 2014, pourrait permettre une nouvelle avancée dans ce dossier.
22 MILLIARDS DE DOLLARS Le volume des échanges économiques entre la Turquie et l’Iran a atteint le montant de 22 milliards de dollars en 2012.
Réunion du Conseil des échanges commerciaux Turquie-Iran, le 11 décembre 2013.
200 C’est le nombre d’entreprises turques implantées en Iran.
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Le thé, une tradition enracinée
En Turquie, le thé est synonyme de conversation.
Thé noir, thé vert, thé turc, thé à la menthe : chacun a son préféré. Retour sur l’histoire d’une boisson chaude prisée à travers les continents et depuis des siècles. AHU TEMIZSOY ISTANBUL L’écrivain britannique Doris Lessing disait souvent qu’elle ignorait si elle serait vivante le jour qui suivrait, mais que, si elle l’était, elle boirait du thé. Le thé est apprécié à travers le monde, en particulier pour la chaleur qu’il procure en hiver. Il existe plusieurs légendes sur l’histoire du thé. Mais la plus connue est sans doute la légende chinoise. Vers 3.000 avant J.-C., l’empereur Shennong était assis sous un arbre, tenant dans sa main une tasse d’eau chaude. Quelques feuilles tombèrent dans sa tasse et l’eau prit une teinte dorée. L’empereur but l’eau et la trouva délicieuse, réconfortante et stimulante. Pendant des milliers d’années, cette légende était rapportée comme l’histoire de la découverte du thé.
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UNE VÉRITABLE ŒUVRE D’ART En Turquie, le thé est synonyme de conversation. Si chaque culture a ses traditions et son histoire liées au thé, elles accordent toutes une grande importance à la boisson chaude. Dans de nombreuses cultures orientales par exemple, quand une personne refuse le thé, le geste est vu comme une insulte. Dans la culture japonaise, les cérémonies de thé se déroulent selon des règles et des traditions très strictes. D’ailleurs, lors de ces cérémonies, le thé est préparé comme une véritable œuvre d’art avant d’être servi aux invités. Pendant des siècles, en Chine, le thé était un remède contre la souffrance. Avant, le thé était la boisson des classes sociales supérieures et des moines. Au début du XVIIe siècle, le thé a été importé en Europe par les Hollandais. Pendant un long moment, le commerce du thé était dominé par les Britanniques, qui ajoutaient du lait à la boisson chaude. C’est pour cela qu’autant de pays occidentaux et européens préparent aujourd’hui leur thé de cette façon. LA BOISSON DES ARISTOCRATES De fait, la tradition du «thé de cinq heures» a commencé pendant le règne de la Reine Victoria. Aujourd’hui, de nombreux Britanniques mangent des mets salés et sucrés avec leur thé de l’après-midi. Quant à l’entrée du thé dans la culture russe, elle s’est faite au XVIIe siècle quand la famille du Tsar a commencé à en boire. Comme c’était le cas dans d’autres pays, quand le thé est apparu pour la première fois en Russie, c’était la boisson des aristocrates. Le thé était préparé dans des samovars et les Russes mangeaient de la gelée ou de la confiture avec pour ajouter un goût sucré. Certains utilisaient des verres délicats ou des tasses en porcelaine pour mieux ressentir le plaisir de cette boisson. Comme le philosophe chinois, Tien Yiheng, disait : «Boire du thé fait oublier le chaos et la confusion du monde».
Thé noir ou thé vert ? Thé noir : Le thé noir est le thé le plus apprécié à travers le
1 monde. On le classifie selon son lieu de production, son
mode de transformation, et bien sûr, son goût. Ce sont sans doute les thés Assam, Ceylan et Darjeeling qui sont les plus connus. Outre son effet positif sur la circulation sanguine dans le cerveau, le thé noir est sain, atténue les problèmes au niveau de l’estomac et des intestins, réduit la tension, équilibre le cholestérol et renforce les dents grâce à son contenu naturel en fluorure.
Thé vert : Très répandu dans la culture asiatique, le thé vert
1 possède ses caractéristiques propres. Pendant des siècles, le
thé vert a été utilisé à des fins médicales en Chine et au Japon. Il a récemment gagné en popularité en Amérique et en Europe car il possède de nombreuses vertus, notamment sur la santé. Il protège du cancer, augmente le niveau de concentration, nourrit la peau et peut même se révéler un allié précieux contre les rides. Il protège également le cœur, les poumons et les dents et aide à perdre du poids et à contrôler le niveau de diabète.
Thé turc ou thé à la menthe ? CLEMENTINE RAYNAUD, YOUSSEF BSIKRI PARIS Thé turc : Le thé turc («çai») est la boisson nationale de 1 Turquie. Sa consommation remonte à la chute de l’Empire ottoman au début du XXe siècle, lorsque la Turquie perdit son principal fournisseur en café, le Yémen à l’époque. C’est le fondateur de la République de Turquie Mustafa Kemal Atatürk qui décida de remplacer le café par le thé en tant que boisson nationale. Le thé turc, qui fait partie de la catégorie des thés noirs, est principalement produit dans la région de Rize, au
nord-est du pays, sur les côtes de la mer Noire. Cette boisson des plus appréciées est consommée à tout moment de la journée, sur le lieu de travail, à la maison, dans les parcs ou les lieux touristiques. Contrairement au thé classique, le thé turc contient peu de théine, ce qui stimule sans énerver. Le thé turc a également de nombreuses vertus pratiques et thérapeutiques. La boisson chaude peut, par exemple, être très efficace dans le traitement des furoncles ou des poches sous les yeux et peut même être utilisé pour se teindre les cheveux ou bronzer ! Thé à la menthe : Le thé à la menthe est une spécialité tra-
1 ditionnelle dans les pays du Maghreb. Au XIXe siècle, les
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Britanniques, recherchant de nouveaux débouchés pour leurs cultures de thé vert en Inde, se tournent vers le Maroc, pour sa proximité avec Gibraltar. L’arrivée du thé remplaça les tisanes et autres infusions présentes au Maroc. Le peuple marocain trouvant les infusions de menthe trop amères, décida de mélanger la menthe, le thé vert et le sucre. Le mariage de ces éléments donna naissance à une nouvelle boisson : le thé à la menthe. Le thé fut importé d’Asie durant de longues années, il est depuis peu cultivé localement. Il existe plusieurs types de menthe pour la préparation du thé : la menthe douce, la menthe des jardins, la menthe poivrée et la plus connue dans les pays du Maghreb, la menthe «Nanah ». Grâce aux populations nomades, le thé se diffusa rapidement dans tout le Maghreb et toute l’Afrique de l’Ouest. Grâce à sa fraîcheur, le thé à la menthe est efficace contre la mauvaise haleine, les migraines et les maux de gorge. Il facilite également la digestion et soulage les maux d’estomac.
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AGENDA CULTUREL
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Parade d’un cavalier pour la fête de l’indépendance au Turkménistan.
tribale, et, partant, d’une forte cohésion identitaire.
UNE STRUCTURE TRIBALE ET NOMADE Outre ces émigrations individuelles, des tribus entières quittent leur territoire de nomadisation à la marge du monde islamique pour s’installer en Perse, en Azerbaïdjan, en Asie mineure, en Irak, au Hedjaz, en Syrie, et jusqu’en Egypte. L’existence, de nos jours encore, de communautés pourvues d’une identité propre montre que ces Turkmènes installés à date ancienne ne se sont pas complètement fondues dans les populations locales. Le mode de vie pastoral a été en effet longtemps conservé : au début du siècle dernier, la tribu des Su‘aydiyyin, des Turkmènes du Liban qui faisaient remonter leurs ancêtres aux Seldjouks et aux Ottomans, nomadisaient encore dans la plaine de la Bekka. C’est ce phénomène qui a permis la préservation de la structure
CONCILIER ISLAM ET CROYANCES DES STEPPES DE L’ASIE CENTRALE Jusqu’à la première moitié du XXe siècle, la pratique de la transhumance (quête saisonnière de nouveaux pâturages) qui nie la réalité administrative des frontières, permettait aux Turkmènes de se soustraire à l’autorité de l’Etat, qu’il soit ottoman ou perse séfévide. C’est dans ce contexte d’indépendance de fait, favorisée par la rivalité, au XVIe siècle, entre la Perse et l’empire ottoman, qu’a pu se développer le syncrétisme religieux né à l’époque seldjoukide, et à travers lequel les Turkmènes ont pu concilier les pratiques et les croyances des steppes de l’Asie centrale, celles de leurs ancêtres, avec leur nouvelle religion, l’islam, sous sa forme sunnite ou chiite. C’est ce phénomène syncrétique qui mènera à terme à la constitution en Anatolie d’un islam hétérodoxe, l’alévisme.
Turquie/Europe : une relation à double sens ne l’est pas moins pour la Turquie. La présence de la Turquie, les relations qu’elle entretient avec l’Europe – économiques, politiques, diplomatiques – changent l’Europe. Et les perspectives européennes, les pressions, parfois la main tendue, parfois l’exclusion changent la Turquie. Les textes réunis dans cet ouvrage présentent en outre l’intérêt d’être différents
dans l’approche comme dans la méthodologie, offrant ainsi, par leur complémentarité, un tableau exhaustif de la question. Samim Algönül est historien et politologue. Il est enseignant-chercheur à l’Université de Strasbourg. Beril Dedeoglu est également politologue. Elle dirige le département Relations internationales de l’Université Galatasaray à Istanbul.
La Turquie et l’Europe. Une évolution en interaction, sous la direction de Samim Akgönül & Beril Dedeoglu, L’Harmattan, 206 pages, 20 €.
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un fils, qui n’est autre que Osman Ier, le fondateur de l’Empire ottoman…
& à voir...
Le sous-titre de cet ouvrage, Une évolution en interaction, souligne l’originalité, et partant, l’intérêt de cet ouvrage. La relation entre la Turquie et l’Europe est en effet envisagée ici, non pas à sens unique, et de manière statique, mais en interaction, et de manière dynamique. Car si la question turque est complexe pour l’Europe, la question européenne
La rencontre tunisienne entre la pop occidentale et takht oriental. Sana Sassi et Skander Guetari sont accompagnés de Khalil Chekir (kanoun), Kais Melliti (piano, accordéon, oud), Nicolas Derolin (percussions), Iyadh Labbene (violon), Emrah Keptan (basse) et Benjamin Farrugia (batterie). Le 20 décembre à 20:30 Institut du monde arabe Place Mohammed V 75005 Paris
«Vaillants cavaliers, beaucoup de Turkmènes émigrent pour intégrer les armées seldjoukides aux XIe-XIIe siècles»
A lire
Samsa, entre jazz, pop et latino
Lumière d’Orient, Jérusalem, de Thierry Mercier
Des clichés en noir et blanc pour exprimer la fascination qu’exerce sur le photographe Jérusalem, ville universelle, intemporelle, éternelle. Jusqu’au 25 janvier iReMMO 5, rue Basse des Carmes 75005 Paris
EXPOSITION
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CONCERT
Le 21 décembre à 12:00 Institut des cultures d’Islam 19-23, rue Léon 75018 Paris
ERTOGHRUL, LE PÈRE D’OSMAN IER Les Turkmènes ou Turcomans d’Irak descendent des nomades turciques (d’où leur autre nom de Yörük) venus par vagues successives du VIIe siècle à la fin de l’empire ottoman s’installer au nord de la Mésopotamie. Outre l’Irak, les Turkmènes sont présents dans le monde musulman depuis le Liban jusqu’en Afghanistan, en passant par la Syrie, la Turquie, l’Iran,
l’Ouzbékistan et le Pakistan. Ils possèdent par ailleurs un Etat, le Turkménistan (5 millions d’habitants en 2012). Si l’islam pénètre dès 640 en Margiane (sud-est du Turkménistan) pour se diffuser plus à l’est encore sous les Omeyyades, l’islamisation effective des Turkmènes, quoique encore superficielle, ne commencera véritablement qu’à partir du Xe siècle. Elle sera néanmoins renforcée dès le siècle suivant par un autre phénomène, celui de l’émigration. Vaillants cavaliers, beaucoup de Turkmènes émigrent pour intégrer les armées seldjoukides aux XIe -XIIe siècles. Ils viennent d’une région délimitée par les cours de l’Oural et de l’Irtych, la rive orientale de la Caspienne et la basse vallée du Syr Darya. L’un d’entre eux, Ertoghrul, arrivera ainsi de Merv (actuel Turkménistan) en Anatolie à la tête de 340 hommes pour prêter main forte au sultan seldjoukide de Konya, ‘Ala ad-Din, contre l’armée byzantine. Cet Ertoghrul aura
«La sardine du cannibale», de Majid Bâ (éditions Arcanes 17) est le journal de bord d’un sans-papier. Un récit en forme de cri de souffrance et d’espoir, à vocation universelle. Brunch précédé d’une lecture d’extraits de l’ouvrage et suivi d’une rencontre avec l’auteur.
Calligraphie arabe
PROJECTION-DÉBAT
Islam des mondes
SEYFEDDINE BEN MANSOUR LILLE Dans une interview accordée à Zaman le 6 décembre dernier, Arshad as-Salihi, leader du Front turkmène irakien (FTI), a exprimé ses craintes de voir un jour «l’identité turkmène disparaître du fait de l’assimilation ou de l’émigration». En Irak, la communauté turkmène, la troisième du pays après les Arabes et les Kurdes, mais la seule qui ne dispose pas d’une milice armée, est en effet la cible régulière d’attentats. L’un d’entre eux a ainsi, dans un passé récent, coûté la vie au vice-président du FTI, Ali Hashim Muhtaroglu.
BRUNCH LITTÉRAIRE
Les Turkmènes, cavaliers des steppes
La sardine du cannibale
Yozgat blues
Une exposition collective des artistes calligraphes Saïd Abdouni, Bahman Panahi, et Mohamed Bouklila. Jusqu’au 4 janvier Centre culturel algérien 171, rue de la Croix-Nivert 75015 Paris
L’histoire se déroule à Yozgat, petite ville de l’Anatolie centrale. Un coiffeur a le coup de foudre pour une chanteuse, Nese, venue faire une tournée avec son professeur de musique Yavuz. Le programme principal du récital de Yavuz et Nese est la chanson L’Eté indien de Joe Dassin… Un film subtil et sensible qui trace le portrait de la vie quotidienne de personnages modestes. Un drame de Mahmut Fazil Coskun (Allemagne/Turquie, 2013, 1h33, VOST). En présence du réalisateur. Le 21 décembre à 20:30 Cinéma Odyssée 3, rue des Francs-Bourgeois 67000 Strasbourg
OPINION14
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La Turquie et l’Arménie : et après ?
Ahmet Davutoglu, récemment en visite en Arménie, a exprimé la volonté d’Ankara de normaliser ses relations avec ce pays. Mais pour le chroniqueur Ömer Taspinar, la Turquie doit d’abord séparer la question arménienne de celle du Haut-Karabagh, qui oppose l’Arménie à l’Azerbaïdjan.
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La question de l’Arménie revient dans le programme turc de politique étrangère quasiment chaque fois que l’Occident tente de légiférer sur le débat relatif au génocide. Résultat, on constate souvent une défense réactive ÖMER TAŞPINAR nationaliste. Dans moins de deux ans, en 2015, la Turquie se retrouvera dans une situation similaire. Une fois de plus, ce sont les dynamiques externes qui orienteront le débat national et de politique étrangère. Et il est à peu près certain que la Turquie réagira avec colère et ressentiment face aux tentatives occidentales de commémorer le centenaire du génocide arménien. Pour éviter cette épreuve, Ankara doit penser dès à présent aux relations turco-arméniennes avant que la pression occidentale ne prenne de l’ampleur. La visite du ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, à Yere-
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«Si la Turquie est sérieuse dans la normalisation des relations avec l’Arménie, elle devra prendre des risques avec l’Azerbaïdjan» van la semaine dernière est déjà une étape positive et doit être reconnue. Au lieu de paniquer à l’approche de 2015, le gouvernement turc devrait poursuivre une stratégie à plusieurs échelles dès maintenant. Ankara devrait commencer par ouvrir la frontière et instaurer des relations diplomatiques entre les deux pays.
LE VÉTO DE L’AZERBAÏDJAN Comme on le sait, peu de temps après la signature en 2009 des deux protocoles qui visaient à atteindre ces deux objectifs, Ankara a décidé de créer un lien entre la ratification des protocoles et la résolution du conflit du Haut-Karabagh (qui oppose l’Arménie et l’Azerbaïdjan). Mettre sur le même plan la normalisation des relations et un «conflit gelé» a entraîné à son tour le gel des protocoles. Tout cela a montré que la Turquie n’avait aucune empathie pour le gouvernement arménien, qui, ayant lui mis de côté la reconnaissance du génocide au nom de la normalisation des relations avec Ankara, s’est retrouvé confronté à la diaspora. La décision de la Turquie d’instaurer une condition sine qua non à la normalisation des relations avec l’Arménie était en fait irréfléchie car elle a pratiquement
donné un pouvoir de veto à l’Azerbaïdjan sur la normalisation des relations turco-arméniennes. Au contraire, ce que la Turquie aurait dû faire, c’était établir des relations diplomatiques et économiques avec l’Arménie, dans l’espoir qu’elles créeraient un élan positif en vue de la résolution du conflit du Haut-Karabagh. Une percée dans ce conflit pour le moment gelé est incertaine tant que la Turquie ne prend pas plus d’initiatives dans ses relations avec l’Arménie. D’après certaines informations, la Turquie serait prête à ouvrir la frontière, à établir des relations diplomatiques et même à fournir un soutien financier à l’Arménie à condition que les Arméniens se retirent de deux des sept régions occupées autour du Haut-Karabagh. Cette condition ressemble à celle que le Premier ministre Erdogan avait proposée il y a deux ans à son homologue arménien de l’époque, Robert Kocharyan. Mais celui-ci avait refusé la proposition du ministre turc au motif qu’il ne devait pas exister de rapport entre le HautKarabagh et la normalisation des relations avec la Turquie.
ANKARA DOIT PRENDRE DES INITIATIVES Cette tentative de rapprochement avec l’Arménie de la part de la Turquie pourrait aussi être un échec si Ankara ne prend pas l’initiative, par exemple, d’ouvrir la frontière sans condition sine qua non. Il sera difficile de voir l’AKP - qui ne veut pas risquer de perdre ses électeurs - prendre une initiative politique aussi courageuse. En de telles circonstances, il n’est pas surprenant que les médias arméniens aient
considéré la visite de Davutoglu à Yerevan comme une simple campagne de relations publiques. Si la Turquie est vraiment sérieuse dans la normalisation de ses relations avec l’Arménie, elle devra prendre certains risques avec l’Azerbaïdjan. Il faut qu’Ankara persuade Bakou que seule la normalisation des relations turco-arméniennes pourra créer un élan positif pour le Haut-Karabagh. La Turquie doit ouvrir la frontière et attendre que sa politique d’engagement diplomatique et économique avec l’Arménie porte ses fruits sur le long terme. L’alternative serait de continuer la politique actuelle. Mais celle-ci n’a apporté aucun changement dans le conflit du Haut-Karabagh dans les 20 dernières années. Il est temps à présent de penser de façon plus créative. o.taspinar@todayszaman.com
Le monde musulman a besoin de réformes
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Les intellectuels musulmans critiquent le terme «réforme». Ils proposent des alternatives comme «renouveau». Mais il est inutile de se focaliser sur ces petites nuances linguistiques. Nous avons besoin de réformes dans le monde GÖKHAN BACIK musulman. Et cette réforme devrait notamment consister en une interprétation théologique des textes fondateurs, en premier lieu le Coran. En écartant ce besoin de réformes pendant des années, les intellectuels musulmans ont adopté, à la place, deux stratégies très problématiques pour défendre la situation désastreuse dans laquelle se trouvent les musulmans.
LE «VRAI» ISLAM... Parlons tout d’abord de la stratégie de l’orientalisme ou du relativisme culturel. Les érudits musulmans ont rejeté la critique occidentale, en l’accusant
d’être orientaliste. L’«orientalisme» et le relativisme culturel d’Edward Saïd sont tous deux importants. Mais, depuis le Printemps arabe, on ne peut plus se réfugier derrière ces notions. Le Printemps arabe a été le grand tournant où les Arabes eux-mêmes ont été des millions à crier que le modèle arabe s’était écroulé. La deuxième stratégie est plus intéressante. Face aux atteintes aux droits de l’homme commises par certains musulmans, elle consiste à rétorquer qu’il ne s’agit pas du vrai islam. Mais dans ce cas-là, il n’y a de vrai islam ni en Iran, ni au Pakistan, ni en Afghanistan... Qu’est-ce que le vrai islam ? Y a-t-il une communauté musulmane sur terre qui le représente ? Les musulmans devraient se rendre compte que cet argument est de moins en moins convaincant. C’est à leurs intellectuels de prévoir des réformes dans les règles de l’islam. Tout d’abord, il est indispensable d’adopter une interprétation civile de l’islam. L’islam se base actuellement sur l’Etat. Ce qui est permis et ce qui est
interdit est défini non plus seulement par le livre de Dieu mais également par l’Etat. Cette entité a remplacé l’islam en ce qu’elle décide désormais de ce qui est ou n’est pas sacré. Métaphoriquement, l’Etat est devenu la nouvelle «idole» des musulmans, une sorte d’échappatoire qui se traduit par la déification de quelque chose ou de quelqu’un d’autre que Dieu. Les musulmans sont fiers de dire qu’il n’existe pas de clergé au sein de l’islam. Mais l’Etat a désormais comblé ce vide. Tous les Etats musulmans du monde veulent interpréter l’islam comme ils le veulent, ce qui tue son caractère universel. Aujourd’hui, l’islam est subordonné à l’Etat.
LE BLÂMABLE ET L’INTERDIT Deuxièmement, les sciences islamiques ne devraient pas être les seules sciences auxquelles recourir pour interpréter les textes islamiques. Il faut également prendre en compte les sciences sociales. Le fossé entre le «clergé» musulman et les sciences
naturelles comme la biologie est partiellement comblé mais celui avec les sciences sociales existe encore. De nombreux érudits musulmans sont obsédés par la méthodologie. La méthode est importante mais le but est tout aussi essentiel. Les spécialistes musulmans en sciences sociales qui appliquent ces méthodes pourraient largement contribuer à la compréhension contemporaine de l’islam. Enfin, il faut souligner la différence entre le blâmable et l’interdit. Il n’y a nul besoin d’interdire tout ce qui est blâmable en islam. Beaucoup de musulmans aujourd’hui pensent que toutes les «choses mauvaises ou blâmables» doivent aussi être interdites. Non. Les Etats musulmans ne fonctionnent pas ainsi. Boire de l’alcool est «mauvais» du point de vue de l’islam mais cette pratique n’a pas été légalement prohibée dans les sociétés musulmanes. Même chose pour les pratiques sexuelles jugées répréhensibles par l’islam. g.bacik@todayszaman.com
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Une nouvelle aventure pour Galatasaray Qualifié surprise pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions, Galatasaray va affronter Chelsea pour aller chercher une seconde qualification consécutive en quart de finale. NICOLAS THEODET PARIS Un terrain boueux, des rafales de neige et une ambiance électrique à la Türk Telecom Arena mercredi après midi. Puis, à la 86e minute, la délivrance. Un long ballon venant de la gauche est repris par Wesley Sneijder qui croise sa frappe et trompe le gardien de la Juventus de Turin. Cinq minutes plus tard, Galatasaray est qualifié. Sous l’euphorie d’une qualification compliquée, le Néerlandais d’Istanbul déclare «c’est un grand résultat pour une grande soirée, pas seulement pour l’équipe, pour le club ou pour les supporters, mais pour tout le football turc». Et en effet, le club stambouliote entre de nouveau dans l’histoire de son pays. C’est la première fois qu’une équipe turque passe pour la seconde fois d’affilée en huitièmes de finale de la plus prestigieuse coupe continentale. Galatasaray confirme donc sa présence parmi les seize meilleures équipes européennes. Pour le buteur du jour, cette victoire «restera un doux souvenir».
Mercredi dernier, Galatasaray obtenait son ticket pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions.
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L’ENVIE DE GAGNER SUFFIRA-T-ELLE ? Même si aux côtés de Galatasaray se trouvaient trois grands clubs européens, la Juventus, le Real de Madrid et Copenhague, aucun spécialiste n’aurait parié sur le champion de Turquie. Roberto Mancini, lui, n’a jamais douté. Célébrant la victoire, l’entraîneur prend la mesure de ce qui s’est passé sur la pelouse. «Ce n’est pas
un triomphe : remporter un trophée est un triomphe, ceci n’est qu’une étape», a-t-il déclaré. L’avenir de Galatasaray est donc clair.
FACE À CHELSEA Parmi les adversaires potentiels, Paris SG, FC Barcelone, Bayern de Munich, Manchester United, Borussia Dortmünd,
Atlético Madrid et Chelsea, le tirage au sort a désigné ce dernier. Le match contre Schalke 04 de l’an dernier est très loin, et cette année, le club devra mériter sa place parmi les plus grands. Galatasaray ne sera pas favori, mais peu importe. Comme l’a souligné Chiellini, «assurer sa qualification à Istanbul, ce n’est jamais facile», ajoutant que«Galatasaray mérite le respect».
Des baskets de Michael Jordan adjugées plus de 100.000 dollars -
Une paire de baskets portées et signées par Michael Jordan lors d’un match de la finale NBA de 1997 a été vendue aux enchères pour la somme record de 104.765 dollars (76.000 euros). Le numéro 23 des Chicago Bulls portait ces chaussures rouge et noir lors du cinquième match de la finale contre les Utah Jazz, le 11 juin 1997, surnommé le «match de la grippe» («flu game»)
Un champion de lutte iranien suspendu à vie
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Le lutteur iranien Amir Aziz Ali Akbari, sacré champion du monde des 120 kg en septembre dernier, a été suspendu à vie après une seconde violation des règles antidopage, a annoncé samedi la Fédération internationale de lutte (Fila). Absent des Jeux olympiques de Londres l’année dernière parce qu’il purgeait une première suspension, Akbari a été contrôlé positif à un stéroïde anabolisant lors des Mondiaux de Budapest. Sa médaille d’or lui a été retirée. «Nous sommes sérieux quant à notre volonté d’éradiquer le dopage dans notre sport et de protéger les athlètes qui se conforment aux règles», a déclaré le président de la Fila, Nenad Lalovic, dans un communiqué.
parce qu’il jouait diminué par le virus. La victoire 90-88 des Bulls, grâce à 38 points d’un Jordan pourtant affaibli, avait permis à la franchise de Chicago de prendre l’avantage 3-2 avant de remporter le titre à l’issue du match suivant. La maison d’enchères Grey Flannel Auctions a déclaré que l’acheteur, anonyme, avait remporté la mise après un âpre combat par téléphone et internet. A la
fin du match, Michael Jordan avait donné ces baskets à Preston Truman, à l’époque ramasseur de balles des Jazz, et celui-ci les a conservées pendant seize ans dans un coffre à la banque. Le précédent record (31.070 dollars) pour des chaussures de sport avait été inscrit en novembre avec une paire ayant appartenu à ... Michael Jordan.