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Le Cœur de Schmidt

Éric Liot et Schmidt Groupe se sont rencontrés lors de la première édition de L’Industrie Magnifique en 2018. Après la création d’une petite planète issue de matériaux récupérés dans les ateliers du leader de l’aménagement de l’habitat en France, ce sculpteur et accumulateur a cherché son inspiration du côté du cœur. Tout un symbole de la fidélité

de ce binôme. Par Corinne Maix Photos Christoph de Barry

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Artiste au grand cœur

Difficile de coller une étiquette sur le travail d’Éric Liot. Tout à la fois, peintre, sculpteur, assembleur et collagiste, ce récupérateur d’images s’est longtemps nourri de culture pop, de pub et de BD pour créer ses œuvres. « Je suis autodidacte, j’ai dû inventer ma technique. C’est tout naturellement que l’assemblage de matériaux de récup’ et d’objets du quotidien, m’a mené à créer des sculptures en 3D, un peu brutes. » Depuis deux ans, son travail prend une nouvelle tournure, d’inspiration plus classique, plus antique. « J’aime associer des éléments et raconter une nouvelle histoire. Aujourd’hui mes pièces originales, souvent en bois, sont moulées, puis coulées en bronze. » Une évolution logique pour celui qui travaille dans l’atelier de César, à la fonderie Bocquel en Normandie. Le cœur, créé pour Schmidt Groupe, est assez représentatif de son univers monochrome actuel. « J’utilise moins les images des autres, je travaille des matériaux moins colorés, j’ai l’impression de produire des œuvres de plus en plus personnelles. » Un sentiment qui l’anime aussi quand il travaille sur commande. « Je choisis mes collaborations, je n’accepte que si j’ai carte blanche. » Une liberté qu’il a pu éprouver en travaillant pour la première édition de L’Industrie Magnifique, avec Schmidt, il y a trois ans.

Du cœur à l’ouvrage

Pour Caroline Leitzgen, petite-fille du fondateur du Groupe Schmidt, en charge des événements, la continuité de la collaboration était une évidence. Missionnée par sa sœur, Anne, présidente du Groupe, elle a trouvé dans sa passion pour l’art tous les ingrédients pour suivre ce projet de bout en bout. « J’aime l’idée de cette plateforme qui permet de faire se rencontrer deux mondes et de rendre l’art plus visible et plus accessible au plus grand nombre. J’ai rendu visite à Éric dans son atelier et pu constater à quel point il est à l’écoute et que nous partageons les mêmes valeurs. » Seule exigence de l’industriel : travailler le bois, son matériau de prédilection, et montrer que les chutes de pin, habituellement jetées à la

Le Cœur de Schmidt ÉRIC LIOT SCHMIDT GROUPE Quai des Bateliers

Éric Liot et Anne Leitzgen, présidente de Schmidt Groupe, devant le Cœur de Schmidt.

benne, peuvent redevenir belles. « Cette sculpture en forme de cœur retrace aussi l’histoire de l’entreprise et l’énergie qu’on met tous les jours dans notre travail. Elle résonne avec la philosophie de notre père qui concevait tout ce qu’il faisait avec la tête, le cœur et les tripes. Le cœur très symbolique, il exprime une histoire humaine, fondamentale et vitale. Ne dit-on pas mettre du cœur à l’ouvrage ? » Comme lors de leur première collaboration, l’entreprise et l’artiste ont organisé des ateliers de co-construction de l’œuvre, avec les salariés volontaires.Essentiellement des menuisiers, passionnés de bois, qui connaissent l’usine par cœur, mais aussi des curieux à la recherche d’une expérience. « C’est excitant de se servir dans les chutes de bois, comme dans un supermarché ! Et puis, c’est très confortable pour moi d’avoir des petites mains, plaisante Éric Liot. Mais c’est aussi un apprentissage de travailler en équipe, de guider les gestes des autres. C’est une bonne école pour celui qui travaille souvent seul ! » Durant deux semaines, il est allé à l’usine tous les matins, sur le site U2 de Sélestat, et il est souvent resté seul, le soir, pour sentir battre le cœur de son projet. Petit à petit, ses bois éclatés ont commencé à donner vie à l’imposant cœur de quelque deux mètres d’envergure. Chaque pièce évoque des plumes de bois, élancées et tout en finesse, chacune a sa place, mûrement réfléchie. Pour la touche finale, une peinture mate donne à l’œuvre toute sa personnalité. Entre noirceur et poésie. Éric Liot viendra peaufiner l’installation de son cœur sur le Quai des Bateliers. « Je le voulais vertical. Il sera posé en équilibre sur la balustrade du quai, comme tombé du ciel. » Plus tard, l’œuvre rejoindra l’usine et, comme sa planète – petit écosystème réalisé il y a trois ans – elle entamera un voyage entre les différents sites du Groupe. « Il y a une vraie adhésion des collaborateurs à ce projet artistique, se réjouit Caroline Leitzgen. Les retours ont été très positifs après la première édition de L’Industrie Magnifique. Nous avons la culture du partage avec nos équipes et ils apprécient de découvrir et de financer des œuvres qu’on ne voit pas ailleurs. C’est aussi l’occasion de donner à voir l’industrie sous un angle très différent aux visiteurs de la région et de participer à un événement local, une valeur qui est très ancrée dans notre culture. »

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