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Extrait par Les lauréats des Talents Sati avec Antoine Lejolivet & HEAR
Depuis 2013, la HEAR lie un riche partenariat avec les Cafés Sati sous la bannière des Talents Sati : des étudiants d’écoles d’art habillent chaque année la façade de l’entreprise. Dans le cadre de L’Industrie Magnifique, ces contributions sont mises en scène et en perspective dans le jardin de l’école d’art strasbourgeoise : une manière d’accueillir l’entreprise en ville et de revenir sur l’historique de cette collaboration.
Par Cécile Becker Photos Jésus s. Baptista
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Perspectives et dimensions
« Ce n’est pas une œuvre », prévient d’emblée Antoine Lejolivet, l’artiste (mais aussi régisseur de La Chaufferie, l’espace d’expositions de la HEAR) qui a mis en volume le partenariat entre la HEAR et les Cafés Sati. Depuis bientôt 10 ans, la Haute école des arts du Rhin chapeaute le concours les Talents Sati : des étudiants d’écoles d’art du Grand Est, de Suisse, d’Allemagne et de Belgique, proposent un projet visuel qui vient habiller la façade de l’entreprise sur 150 m2 de bâche… Difficile à faire entrer dans le modeste mais charmant jardin de l’école… d’autant que sept projets ont déjà été montrés. « Nous avons voulu montrer ce partenariat et son historique autrement et le transposer à une autre échelle, dans les jardins de l’école, » continue l’artiste. Antoine Lejolivet a donc fait une sélection des images pouvant résonner avec l’espace et en a choisi trois qui seront reproduites à l’échelle humaine : Trombines d’usines, d’Alexis Reymond, des portraits de salariés de Sati « pour apporter de l’humain à l’affaire, le spectateur aura la sensation d’avoir des ouvriers devant lui » ; Curiosités industrielles de Joanna Hateley et Thomas Roger prendra place en hauteur, derrière les clôtures de l’annexe et mettra à jour la machinerie fantasmée des cheminées de l’entreprise ; et enfin, Blazing Darkness de Merle Sommer, Nina Kronenberger et Maria Sieradzki et leur feuille de caféier se poseront sur une maquette de l’entreprise spécialement créée pour l’occasion et placée aux abords du bassin pour rappeler l’implantation de Sati sur les rives du Rhin. Le rapport à la dimension est au cœur du projet : « Je me suis posé la question de l’image imprimée, raconte Antoine Lejolivet. Si on mettait l’image dans le jardin de l’école, quelle place cela prendrait ? Ça devenait bien sûr trop monumental. À partir de cette idée, j’ai construit un jeu d’échelles qui vient rappeler l’implantation de l’entreprise. Du Pont Vauban, lorsqu’on regarde l’image posée sur la façade, on ne voit qu’une carte postale. À l’inverse, dans le jardin de l’école, le rapport sera tout autre : entre le côté imposant des reproductions des images et la maquette de l’entreprise, le rapport est intéressant. » Un panneau, également situé dans le jardin, reviendra de manière concrète sur l’historique.
Donnant-donnant
L’artiste planche sur cette installation depuis plus d’un an après que L’Industrie Magnifique a sollicité l’école pour l’intégrer à l’exposition. Laurent Doucelance, responsable communication et développement de la HEAR raconte : « Ça nous semblait pertinent de montrer des extraits de ce projet dans le cadre de L’Industrie Magnifique qui porte sur la rencontre de l’art et de l’industrie dans la ville. L’opération qu’on conduit avec Cafés Sati est en quelque sorte précurseur en la matière. » Et Nicolas Schulé, président des Cafés Sati de renchérir : « Nous avons été très honorés que l’école pense à nous. Prendre place en centre-ville alors que nous en sommes excentrés et montrer ce projet fait sens pour nous. Le mécénat, nous y sommes attachés – même si ce n’est pas toujours évident car cela nous sort de notre quotidien et nécessite beaucoup de moyens – cela catalyse beaucoup d’énergies et incarne une vraie bouffée d’oxygène. C’est intéressant pour nous de voir concrètement comment se porte un regard d’artistes sur notre entreprise et de comprendre leur cheminement. » Au-delà de cette dynamique riche, Nicolas Schulé évoque aussi le plaisir d’emmener les étudiants sur la voie de la professionnalisation. Car les Talents Sati sont aussi l’endroit où les lauréats se frottent au parcours de l’œuvre : de la conception à la réalisation en passant par la communication, Sati accompagne, mais ce sont eux qui proposent, font, fabriquent et organisent, sous le regard d’un jury de professionnels de l’art. Pour la HEAR, les partenariats avec l’industrie sont précieux en ce sens qu’ils confrontent la théorie à la pratique, permettent aux étudiants d’avoir un pied dans la réalité et d’entrevoir ce qui peut les attendre à la sortie de l’école. Car le mécénat, avantageux pour l’entreprise, est aussi un des outils pour les artistes d’aboutir leurs projets et de subvenir à leurs besoins tout en étant directement confrontés à un milieu professionnel et à de multiples regards. En somme, si les conditions sont convenablement posées, tout le monde y gagne. La suite ? Les Talents Sati continuent cette année, avec une sélection de quatre projets finalistes à la mi-juin et une production de l’œuvre durant l’été.
Antoine Lejolivet qui a mis en scène Les Talents Sati a choisi de jouer sur les échelles. Extrait LES TALENTS SATI & ANTOINE LEJOLIVET HEAR Jardin de la HEAR