3 minute read
Bulbe Bleu
Bulbe Bleu GEORGES-ÉRIC MAJORD EDF Place Broglie
EDF et l’art, c’est une histoire qui dure. Du sud au nord du Rhin, c’est la collaboration avec des artistes qui a permis de donner de la singularité à chacune de ses centrales hydroélectriques. À l’occasion des 50 ans du site strasbourgeois, l’industriel a demandé au graffeur strasbourgeois Georges-Éric Majord d’illustrer sa vision rétro-futuriste de
Advertisement
l’énergie hydroélectrique. Par Corinne Maix Photo Christoph de Barry
Bleu électrique
Couvègnes, Clair, Avoscan, Hertzog, Jorion, Delafontaine, Bernard-Raymond, Dyminski et bien d’autres encore… Peinture, sculpture, photographie, écriture… Des années 1920 à aujourd’hui, le nombre d’œuvres invitées dans les neuf aménagements EDF sur le Rhin est impressionnant. « Pour fêter les 50 ans de la centrale hydroélectrique de Strasbourg, nous avons voulu perpétuer cette tradition », explique Christine Tousch, directrice de la communication EDF Hydro Est. C’est la seconde fois que l’énergéticien participe à l’Industrie Magnifique. « C’est l’occasion de nous exporter en centre-ville de Strasbourg. L’usine hydroélectrique jouxte la réserve naturelle du Rohrschollen, mais peu de Strasbourgeois le savent. C’est aussi une opportunité de dire que notre industrie est magnifique : l’hydroélectricité est la première des énergies renouvelables ; elle produit deuxtiers de la consommation électrique d’Alsace. »
L’énergie du site, source d’inspiration
Pour commander une œuvre symbolique de son activité « le recours à un artiste local s’est imposé comme une évidence. Parce qu’on turbine l’eau du Rhin ! », explique Christine Tousch. Georges-Éric Majord vit et travaille à Strasbourg, où il pratique le graff depuis plus de 20 ans. Le skatepark de la Rotonde est son terrain de jeu habituel. Son style rétro-futuriste aux formes géométriques très précises, fait parfaitement écho à cette énergie d’avenir, produite par des centrales centenaires. « Je suis le beginner de cette édition, s’amuse le graffeur. Nous sommes souvent invités à des jam graffiti pour animer l’espace public, mais c’est plus rare d’être invités par des entreprises. Même si nous l’avons déjà fait avec le collectif Downtown, bien connu des Strasbourgeois. » Très inspiré par l’univers des premiers jeux vidéos et leurs formes géométriques, Georges-Éric Majord a vite tissé un lien graphique avec les entrailles de la centrale et sa salle des machines, un lieu qui fascine pour son gigantisme et ses lignes graphiques. Un travail d’esquisse, à partir de photos d’archives, l’élément aqueux et son camaïeu de bleus ont inspiré les bases de sa création. Mais c’est en allant sur place que l’artiste a pris toute la dimension du site. « On sent la machine vibrer, l’eau qui passe sous les pieds, les turbines qui moulinent. Et puis j’ai eu la chance de voir un “bulbe” de près. Cette énorme hélice qui turbine l’eau était à l’arrêt pour une opération de maintenance… Ça m’a aidé à le réinterpréter et à transcrire l’énergie de l’eau. »
Un container, clin d’œil à la navigation
En guise de support à sa fresque anniversaire, EDF a immédiatement pensé à un container, comme ceux qui transitent sur le Rhin. « C’est un clin d’œil à une autre de nos activités de service public dans la région, explique Christine Tousch. EDF gère aussi la navigation sur le Rhin avec huit écluses et 50 éclusiers qui régulent un trafic annuel de plus de 18 000 bateaux et 300 millions de tonnes, en émettant 4 fois moins de C02 que le transport routier. » Pour passer du projet conçu sur ordinateur en petit format, à une fresque de 10 mètres de long, il faut toute la dextérité du graffeur pour tracer l’œuvre en respectant chaque proportion. Après cinq jours de travail sur site, des dizaines de spray can et beaucoup de bleu, la fresque s’est révélée dans son entièreté avec toute sa puissance d’évocation de l’énergie de l’eau et de l’électricité. « Avec le dessin du bulbe, les ouvriers du site ont tout de suite fait le lien avec leur outil de production. » D’ailleurs, dès la fin de l’exposition du container, place Broglie, il retrouvera sa place dans l’enceinte de l’usine. « C’est un peu de notre histoire et de la fierté des femmes et des hommes qui travaillent sur cet aménagement et aussi tout au long du Rhin, qui reste tangible avec cette œuvre ! »