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Triadique par Catherine Gangloff & Menuiserie Monschin
Pour la deuxième édition de L’Industrie Magnifique, l’artiste plasticienne Catherine Gangloff et la menuiserie Monschin ajoutent un chapitre à leur aventure commune et exposent une œuvre née de leur complicité durable et de leurs savoir-faire artisanaux. La sculpture issue de leur collaboration aura pour décor la place Saint-Guillaume caractérisée par les lignes découpées si particulières de son église. Par Valérie Bisson Photos Christophe Urbain
Rêveurs d’histoires
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Triadique CATHERINE GANGLOFF MENUISERIE MONSCHIN Place Saint-Guillaume
Parade, 2018. Triadique, 2021
La rencontre a eu lieu en amont, il y a dix ans environ, quand Catherine Gangloff, en bonne voisine et sur une proposition de Claude Monschin, vient glaner des chutes de bois dans l’atelier familial. Implantée au cœur du Kochersberg depuis plus de 50 ans, la menuiserie Monschin réalise des équipements sur-mesure et de série pour les particuliers et les institutions avec une spécialisation dans la résine. Curieuse, Catherine fouille dans le grand bac de chutes de bois et s’inspire de l’environnement de la menuiserie ; outils, machines, stocks, couleurs, rien n’échappe à son regard affuté d’artiste pétillante. Claude a lui aussi les yeux grands ouverts sur les facéties de la plasticienne ; intrigué, il observe la transformation de ses chutes de bois et de résine en œuvres d’art. La rencontre peut avoir lieu et se tisse au fil du temps. Lorsque le projet de L’Industrie Magnifique arrive, il est évident que ces deux-là vont écrire l’histoire à quatre mains. La sculpture Parade exposée en 2018, place du Corbeau, a désormais droit de cité et accueille le visiteur tel un totem bienveillant à l’entrée de la menuiserie Monschin. Pour cette édition 2021 de L’Industrie Magnifique, Catherine Gangloff et Claude Monschin se retrouvent avec joie et réitèrent leur processus de co-création en compagnie de Julien Monschin, le fils de Claude, discret et indispensable modélisateur de solutions techniques et numériques.
Entre épaisseur et ombres portées
Le bois a cédé sa place à la résine, un matériau plein de promesses que souhaitaient mettre en avant Claude et Julien Monschin et qui a permis à l’artiste d’explorer un nouveau rapport à la matière, entre épaisseur et ombres portées, de réfléchir à l’utilisation de la tranche et d’exploiter les traces, touches, traits du pinceau et de la spatule comme effets d’écritures répétitives et révélatrices de l’implicite. Si les formes de la sculpture étaient très vite définies par l’artiste, un temps de réponse et d’usinage étaient nécessaires à la mise en œuvre. À cela se sont ajoutées les contraintes de stabilité, de sécurité dans l’espace public, du choix et de la disposition de la structure. Le matériau, qui affiche une résistance impeccable aux intempéries, son élévation, la prise d’air, furent autant d’éléments extérieurs venus métamorphoser petit à petit les premières esquisses fugaces. Enfin, le jeu subtil du choix chromatique élaboré à partir des couleurs primaires a permis de révéler la matérialité particulière de la résine et de s’amuser avec la lumière extérieure. L’élévation et le changement d’échelle ont modifié l’esprit et les formes ; ici une des pièces a été ajourée pour alléger l’ensemble et faciliter la prise au vent, là le blanc lisse et doux a été conservé pour accrocher et refléter la lumière. L’œuvre finale matérialise le dialogue confiant et complice qui a pris vie et s’est nourri d’une réflexion sur le design et sur des formes complexes dans un échange totalement cohérent et évident. Claude Monschin s’est laissé surprendre par le processus, Catherine Gangloff par la technique. Au moment de l’assemblage final, du passage de l’intime au collectif, force est d’observer l’harmonieuse association des pièces et des aplats de couleur à la visserie inox, aux fixations mécaniques, à la structure interne métallique et à la rencontre avec le socle en béton et de ressentir le transfert de savoirs entre l’artiste et l’artisan. La vérité de l’œuvre matérialisant leur prise de recul, la justesse de leurs échanges et le petit plus qui nous échappe.