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The Cat par Richard Orlinski & Puma
Ultra-bankable et ultra-populaire : le pop artiste Richard Orlinski signe The Cat, un félin géant
pour la marque Puma. Par Pierre Cribeillet
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Richard Orlinski, artiste populaire
Comment s’est nouée votre collaboration avec Puma ?
C’est d’abord une rencontre avec Richard Teyssier [directeur général de Puma, ndlr] et un échange d’idées sur des valeurs communes. Étant un sculpteur animalier, il y avait du sens à réaliser quelque chose avec Puma. Il n’y a pas eu de brief particulier, je me suis mis tout seul la pression pour faire une œuvre assez ressemblante à leur logo, au « Cat », comme ils l’appellent. C’est donc une sculpture monumentale [3,50 m de haut pour 4,30 m de long, ndlr] qui, à l’œil, donne l’impression de flotter. Je suis aussi sneaker addict et dans la manière de bousculer les codes aussi, on s’y retrouve. Ça fait beaucoup de points communs.
D’où vient votre passion pour les animaux sauvages ?
Tout petit déjà, je sculptais des animaux, peut-être pas aussi sauvages, comme des éléphants et des hippopotames. J’étais passionné par le monde des dinosaures, toutes ces bêtes ultra-puissantes, parfois violentes, sanguinaires, etc. La violence et l’agressivité animales m’intéressent beaucoup. Ces bêtes féroces obéissent à un cycle d’ouverture de la vie, ils tuent pour se nourrir. Nous, êtres humains, animaux intelligents, on tue pour un oui, pour un non, pour une queue-
The Cat RICHARD ORLINSKI PUMA Place Broglie
de-poisson ou n’importe quoi. Le premier message de mes créations est que, parfois, on devrait regarder la nature, son cycle et prendre exemple sur ce qui dure depuis des millénaires. Comme cette violence animale va de pair avec la vie, mais que la sculpture est quelque chose de très figé, j’essaie dans les miennes d’avoir des bouches ouvertes, des bêtes en marche, qu’on ait des animaux en action.
Êtes-vous un animal sauvage ?
On ne m’a jamais demandé… Pourquoi pas ? Sauvage, je ne sais pas, mais qui essaye de crier, de dire des choses, de mettre un coup de pied dans la fourmilière, c’est certain.
Pourquoi ce goût pour l’exposition sur l’espace public ?
Ça fait partie de mon ADN, j’ai toujours voulu rendre l’art accessible. Exposer aux yeux de tous permet d’aller gratuitement dans un musée à ciel ouvert au lieu d’aller dans un « vrai » musée, où on pense que c’est compliqué, qu’il faut être érudit, payer sa place pour entrer, etc. Par ce biais, j’amène aux spectateurs un musée gratuit. N’importe qui peut se prendre en photo, c’est une animation, c’est vivant parce qu’il y a un vrai partage. Il n’y a pas d’âge, pas de catégorie socioprofessionnelle, pas de races… Ça fédère tout le monde et ça me plaît beaucoup.
Vous jouissez d’une large reconnaissance populaire. Comment la vivez-vous ?
J’assume totalement d’être un artiste populaire dans le bon sens du terme. J’ai voulu ça, être proche de mon public, rencontrer des fans, organiser beaucoup d’événements. J’aime ce côté transmission. Cette notoriété permet de faire d’autres choses encore, presque à l’infini, et d’en profiter pour aider les gens dans l’associatif, le caritatif – là j’ai fait don à l’hôpital Necker d’un panda géant qui est dans l’aire des troubles mentaux par exemple. Plus on partage, mieux c’est.
Après trois ans d’attente et de travaux, Puma et ses 120 salariés ont pris possession début mai de leur nouveau siège situé dans le quartier du Wacken. Pour inaugurer dignement ce bâtiment de 4 000 m2 répartis sur quatre étages, la marque allemande a voulu frapper fort à l’occasion de L’Industrie Magnifique. « Comme on venait de s’installer à Strasbourg, je trouvais légitime que Puma s’inscrive dans les activités de la ville », explique le directeur général Richard Teyssier, dont l’entreprise d’articles de sport se trouvait depuis 1987 à Illkirch-Graffenstaden. « Mais la première raison de notre participation est la qualité de l’événement en lui-même. J’avais pu participer en tant que Strasbourgeois à la première édition et c’était vraiment extrêmement intéressant. Nouer des relations entre entreprises et artistes tout en mettant le fruit de cette collaboration à disposition du public est un concept hyper porteur. » La seule exigence imposée à l’artiste étant de créer un puma géant (qui répond ironiquement au petit nom de Cat), le choix de Richard Orlinski et de son redoutable bestiaire semblait évident. « On a rencontré plusieurs artistes et j’aurais aimé travailler avec chacun d’eux. Mais avec Richard c’était un peu spécial. C’est quelqu’un qui fait partie de notre monde, des artistes, musiciens, beaucoup de sportifs… Nos univers créatifs sont connectés : on l’a choisi en deux heures », assure Teyssier. Après s’être prélassé place Broglie du 3 au 13 juin, The Cat se lovera à terme sur l’esplanade devant l’entreprise.
Par Pierre Cribeillet