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DOSSIER Le numérique green, une utopie?

Par Valérie Bisson

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Si on a pris l’habitude de l’écologie, il est un domaine qui a envahi notre quotidien depuis 20 ans où la prise de conscience n’a pas encore été fertilisée: les outils numériques. Pourtant les solutions existent...

Nos décisions et nos réflexes de consommation créent une empreinte écologique indéniable. Malgré une utilisation omniprésente, l’univers du numérique et des nouvelles technologies, demeure opaque. De l’objet à son usage, notre utilisation d’outils connectés produit des quantités de données, la data, nouveau carburant de l’économie face auxquels nos choix d’utilisateurs ont un réel impact. Sans parler des déchets générés par les ordinateurs, téléphones, tablettes, composants… Le numérique représente aujourd’hui plus de 4 milliards d’utilisateurs dans le monde et 4% de production des gaz à effets de serre mais il n’existe peu ou pas de réglementations autour de ses conséquences climatiques, d’autant qu’elles dépassent nos frontières. La pollution numérique se divise en deux pôles, celui de la fabrication-destruction et celui de l’utilisation. Quand la fabrication d’un seul ordinateur utilise 240 kg d’énergies fossiles, 22 kg de produits chimiques et 1,5 tonne d’eau, une seule recherche sur Google émet 10g de Co2, soit 10 kg par an et par individu, l’envoi de 20 mails par jour pendant 1 an pollue autant que parcourir 1 000 km en voiture… La proximité de l’hébergement des données est un double enjeu ; plus le data center sera éloigné, plus le clic sera pollueur. À Strasbourg, Mathieu Haller, fournisseur d’accès et hébergeur, dirigeant de la société Diatem, alerte depuis des années sur ces questions de proximité. «Nos entreprises locales savent à la fois héberger et fournir le service associé, c’est une valeur ajoutée et c’est cela qui importe.» Pensée avec le souci constant d’un maillage fin et territorialisé, son entreprise bénéficie d’une présence dans deux data centers implantés sur le Grand Est. Il soulève également les problèmes éthiques des choix d’hébergement confiés à des entreprises anglo-saxonnes. « Le pouvoir des géants du numérique ne cesse de s’étendre sur nos vies et nos démocraties. Non contents d’exploiter nos données privées en permanence, ils contribuent paradoxalement et sur le long terme à la disparition de pans entiers de notre économie digitale. Il existe pourtant d’autres solutions collaboratives et de proximité, respectueuses de la planète et de nos libertés. Les outils existent, à nous de nous en emparer pour construire le numérique de demain. » Penser le numérique localement consiste aussi à mettre en place un circuit court intellectuel et éthique. Il précise: «Il ne faut surtout pas penser que ce qui a l’air gratuit l’est ; c’est un leurre absolu. Il existe aujourd’hui un tas de messageries indépendantes, de moteurs de recherches et d’outils open source qui redonnent de l’autonomie au consommateur, à lui de s’en emparer». À Strasbourg, plusieurs hébergeurs, fournisseurs d’accès et de solutions numériques existent et sont au service d’organisations locales, c’est le cas entre autres de SdV pour Arte ou de Agora Calycé pour Alsace Biovalley. Paradoxalement, l’accélération et l’intensification des usages permises par les géants du numérique ne mène pas nécessairement à davantage de légèreté: «Au travail, ces usages provoquent aussi de la surcharge informationnelle et l’invasion de la vie personnelle des salariés. Ce technostress est totalement contreproductif», explique Jean-François Stich, enseignant-chercheur à l’ICN Business School. « C’est l’expérience d’utilisation qui nourrit nos réflexes d’instantanéité et de vitesse», renchérit Mathieu Haller. Les chiffres de la destruction des déchets d’équipements électroniques ne sont guère meilleurs, avec 50 millions de tonnes par an dans le monde, chaque français en génère 21,3 kilos. Adrien Montagut, co-fondateur de Commown, une coopérative d’intérêt collectif pour soutenir et développer l’électronique responsable, implantée dans la pépinière d’entreprise de Hautepierre depuis 2018, insiste sur la nécessité de résister à la consommation effrénée ainsi qu’à la puissance des lobbies. «C’est une guerre de tous les instants, faire durer les appareils et limiter l’extraction des matériaux est au cœur de notre projet. L’idée de Commown a germé dès 2016 afin de soutenir Fairphone, un modèle d’économie d’usage où le client est propriétaire d’un service et plus d’un produit. Les enjeux environnementaux et économiques sont centraux, nous proposons une réponse à une dissonance quotidienne d’obsolescence et d’ultra capitalisme. L‘atelier de Strasbourg loue et gère les appareils, elle reconditionne et redistribue les composants pour alimenter un système vertueux.» Face à une vague inexorable, il considère que la seule façon d’agir est de faire sens et de réutiliser l’existant. La location attire l’attention des consommateurs et questionne leurs désirs de possession voués au cycle infernal de la fabrication-destruction. Plusieurs entreprises ont opté pour les solutions Commown, c’est le cas du réseau de crèches Krysalis, de l’atelier Reeb, de la Ferme de la Coccinelle, d’Auportunes, de Weekend & Kid ou encore, de La cuisine de demain… Mathieu Haller conclut en revenant à l’origine d’Internet: «Le projet initial a été perdu de vue, c’était un système vertueux de mise en relation et de partage d’information qui ne devait en aucun cas être centralisé, on assiste aujourd’hui à l’effet inverse. » En matière de numérique, les résistances individuelles demeurent marginalisées et taxées de refus du progrès, seule une prise de conscience collective permettra d’enclencher des résultats vertueux pour nos sociétés de demain.

diatem.net commown.coop

L’éducation informatique

Play2Code

Python, Java, CSS, Php, Mysql, Angular, React, Vue.js… bienvenus dans la tour de Babel du futur. Pour comprendre le monde de demain et interagir avec lui, une seule solution: en maîtriser les codes et les outils. Dans une société qui se virtualise de plus en plus, accompagner le public sur les voies de l’autonomie, c’est le pari relevé par la communauté Avenir Numérique Alsace d’Alsace Digitale par le biais de ses ateliers Play2Code menés depuis 2011. Les ateliers d’apprentissage à la programmation et au développement informatique à destination des enfants et adolescents ont notamment pour but de leur donner accès à la compréhension d’outils qu’ils utilisent au quotidien. C’est une des portes vers le développement d’un esprit critique et averti sur son environnement. Encore très peu implantés dans le système scolaire, si ce n’est par l’omniprésence d’un système d’exploitation que l’on ne présente plus, les ateliers de codage et l’apprentissage des langages informatiques éveillent une réflexion de proximité versus une consommation aveugle. Ces ateliers abordent aussi les notions de données, de cybersécurité, de business model des applications et de neurosciences. Catherine Mosser, la coordinatrice en charge du développement, insiste sur l’importance d’entrer en contact avec ces outils dès le plus jeune âge : « Scratch, par exemple, est un logiciel libre conçu pour initier les élèves dès l’âge de 8 ans à des concepts fondamentaux en mathématiques et en informatique. Ce langage informatique repose sur une approche ludique de l’algorithmique destiné à aider à créer, à raisonner et à coopérer. Comprendre ces enjeux est un véritable atout pour nos intelligences de demain.» Lors des ateliers, les jeunes élèves créent des jeux vidéo mais aussi des animations qu’ils peuvent ensuite parfaire une fois rentrés chez eux. «Ils comprennent ainsi mieux ce qui est mis à leur disposition à longueur de journée, cela éveille leur esprit d’analyse critique. » Play2Code permet de développer des compétences en informatique, d’être créatif et de travailler de façon autonome. Pour les plus âgés les ateliers Coding Club mensuels du mercredi sont coorganisés avec Epitech, l’école référente. Chaque élève avance à son rythme à partir de tutoriels sur-mesure. Des stages de 2 à 3 jours pendant les vacances scolaires ou des ateliers ponctuels dans les médiathèques, les centres socio-culturels et les établissements scolaires sont également organisés et sont entièrement gratuits afin de permettre à n’importe quelle personne intéressée d’y participer. Cette approche marginale a besoin de l’investissement collectif, Catherine Mosser précise : « Le matériel informatique est fourni par nos partenaires mais aujourd’hui les demandes affluent et Play2Code se mobilise pour acquérir de nouveaux supports afin que stages et ateliers gagnent en diversité et en qualité notamment en matière d’initiation à la programmation et au développement. Nous avons également créé au sein d’Alsace Digitale une bidouillothèque, un centre de ressources partagé où l’on peut emprunter du matériel comme dans une bibliothèque. Nous sommes toujours à la recherche de donateurs pour continuer cette aventure.»

play2code.eu

yunohost.org

Un système d’exploitation proche de la FFDN (Fédération des fournisseurs d’accès internet associatifs) – une partie des contributeurs ont créé la Brique internet. Il simplifie l’administration d’un serveur (autohébergement) et est construit comme un logiciel libre (gestion interface et noms de domaine, serveur mail, messagerie instantanée…)

labriqueinter.net

Une brique à brancher à sa box qui diffuse son propre réseau WiFi (et donc nettoie le vôtre) via un VPN pour protéger son accès à Internet + solutions d’auto-hébergement via YunoHost. Pensée par l’association LDN (Lorraine Data Network)

reflexlibre.net

Toujours de l’auto-hébergement: stockage de données, synchronisation, chat, site web, et une brouette d’applications compatibles fondé par Valentin Grimaud, Strasbourgeois, membre de la communauté YunoHost.

Fédération alsace.netlib.re

avec les associations Hackstub, qui souhaite sensibiliser le public à la culture informatique libre, Flammekueche Connection (tux.u-strasbg.fr), groupe d’utilisateurs de logiciels libres dans la région, ou encore Desclicks (desclicks.net), association d’informatique solidaire qui permet d’acheter un ordinateur revalorisé, assure des opérations de maintenance et programme des formations.

arn-fai.net

Alsace Réseau Neutre propose des ateliers, notamment dernièrement pour se « libérer du pistage » et des solutions informatiques à gogo.

création de maroquinerie

matières premières d'exception, fabrication artisanale, économie locale et circuits courts

22b rue de l’hôpital - 67150 Erstein la-reverdie.com | @la.reverdie.maroquinerie

Art & culture

Médiation numérique Espace de fabrication

1 rue Place de la Gare 67300 Schiltigheim 03.88.81.14.83

TIERS-LIEUX CRÉATIF

LABÉLLISÉ FABRIQUE DE TERRITOIRE

Entreprise Économique Sociale et Solidaire

Pour en savoir plus sur nos activités, rendez vous sur notre site www.la-cabanne-des-createurs.com

Photos Jésus s. Baptista

La réparation

Media Business Phone

Fondée en 2010 par Nasser Moudnid, Media Business Phone a pignon sur rue depuis une dizaine d’années et se distingue par son savoir-faire et sa proximité avec le client. Nasser Moudnib propose des solutions de réparation de smartphones uniques sur le marché florissant du dépannage et n’a pas attendu la mode de la durabilité pour penser un service qui lui est vite apparu comme une évidence: «En 2011, lorsque le boum du déblocage de téléphones en ligne est arrivé en même temps que Free sur le marché de la téléphonie, j’avais déjà repris un magasin à mon nom, j’y ai ajouté l’activité de rachat d’appareils cassés, puis j’ai monté l’atelier de reconditionnement. J’ai ensuite investi dans l’achat de machines. J’ai vite vu le besoin de réparation émerger.» Quand on sait que 90% de l’énergie consommée par un smartphone l’est lors de sa fabrication, l’envie de le faire durer un peu est arrivée vite. Autodidacte, Nasser a su percevoir les besoins de ses clients qui l’ont pour ainsi dire poussé plus loin dans son approche du métier : «Ma clientèle est locale et se développe en réseau, par la confiance, la mise en relation, la proximité. Dans ma démarche globale de solutions et grâce au lien tissé, j’ai pu construire une autre offre, c’est ce qui me distingue des grosses sociétés. Aujourd’hui, beaucoup de boutiques proposent des solutions de réparation, c’est bien pour le consommateur, mais pas toujours fiable.» Passé par le secteur de l’électronique, Nasser s’est rendu compte qu’aucune entreprise ne s’était avancée pour assumer ce rôle de réparateur dans sa région. Résultat : il a développé toute une palette de services. Media Business Phone est par exemple la seul à Strasbourg à renouveler et remplacer le verre du téléphone par un écran compatible. Tout est fait sur place – dans un atelier flambant neuf – et adapté aux besoins des clients. L’artisanat quoi.

8, rue du Héron à Schiltigheim media-business-phone.com

Mais aussi…

Gcliké Informatique Situé avenue de la Forêt Noire, un prestataire qui propose des réparations et du conseil en installations.

gclicke.com

Dépannage Informatique Robertsau

Du dépannage informatique, de l’optimisation et de la récupération de données.

depannage-pc-strasbourg.eu

iTruck

De la réparation informatique sur roues. Lauréat Tango & Scan.

itruck.fr

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