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8 e art magazine • septembre-octobre 2014
8e art est une publication bimestrielle des Editions Bagatelle 1, rue Marengo 13006 Marseille 09 81 80 63 79 Numéro ISSN : 2267-4837 Dépôt légal : Avril 2014 Directeur général : Nicolas Martin n.martin@8e-art-magazine.fr Directeur de la publication : Frédéric Guerini f.guerini@8e-art-magazine.fr
MARSEILLE-PROVENCE ART&CULTURE FREEMAGAZINE
Rédactrice en chef : Emmanuelle Gall e.gall@8e-art-magazine.fr
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Direction artistique : Jonathan Azeroual j.azeroual@8e-art-magazine.fr
WWW.8E-ART-MAGAZINE.FR
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Septembre-Octobre 2014
Logistique, diffusion et partenariats : Romuald Protin r.protin@8e-art-magazine.fr 04 91 41 63 79 Webmaster éditorial : Marion Leroux Ont collaboré à ce numéro : Julie Bordenave, Cédric Coppola, Eva Journeaux, Fred Kahn et Olivier Levallois. Service commercial : 09 81 80 63 79 Conception et réalisation : Riccobono Offset Presse 115, Chemin des Valettes 83490 LE MUY
La reproduction même partielle des articles et illustrations sans autorisation est interdite. 8e art décline toute responsabilité pour les documents et articles remis par les annonceurs. Dépôt légal à parution.
En couverture. Photo : Joël Assuied
VIVEMENT
2015 ?
Par Emmanuelle Gall, rédactrice en chef
L
es institutions locales auraient-elles du mal à se remettre de Marseille-Provence 2013 et/ou des élections ? Depuis cet été, en effet, les mauvaises nouvelles tombent les unes après les autres, sans explications. Il y a d’abord eu l’annonce, par la galerie du Conseil général, de son « ultime » vernissage en juin. À moins que la pétition lancée par des artistes et des personnalités locales ne porte ses fruits, il est à craindre que l’excellente exposition L’œuvre photographiée : les ateliers d’artiste de Picasso à Warhol soit le chant du cygne d’un lieu remarquable, qui accueillait – gratuitement – pas moins de 100 000 visiteurs par an. Dans la foulée, le magazine Zibeline évoquait la possible fermeture du Château d’Avignon, dépendant lui aussi du Conseil général, en 2016… À Marseille, le musée Grobet-Labadié devait rouvrir ses portes en juillet, on parle aujourd’hui de la fin de l’année. La nomination de Dominique Bluzet à la tête du théâtre des Bernardines, pourtant largement annoncée et commentée depuis plusieurs mois, n’est toujours pas entérinée. Et, si l’on en croit ce dernier, la fameuse biennale de 2015 pourrait, elle aussi, être une nouvelle arlésienne...
SOMMAIRE
MARSEILLE-PROVENCE ART&CULTURE FREEMAGAZINE
#32
Sept.-Oct. 2014
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LA PHOTO
La théorie des dominos… en pratique
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ACTUS
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LA RENCONTRE
Dominique Bluzet, entrepreneur artistique
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L’OEUVRE
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L’ENDROIT
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L’ARTISTE
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L’OBJET
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LE SITE
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LE LIVRE
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LE RESTAURANT
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LA BALADE
Robe de promenade, Musée Borély
Le Gyptis en Friche
Gérard Nicollet, chercheur de sons et d’images
Le cartable marseillais
Les Rencontres d’Averroès
Philippe Durant, Lino Ventura
Kiosque Passédat
La Collection Lambert (en)fermée pour travaux
DOSSIER
MuCEM, mode d’emploi 32 34
1878-2014, des ATP au MuCEM
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Du musée à la cité culturelle
40
Un jardin de civilisation
44
À l’école du MuCEM
46
Bienvenue à l’autre MuCEM
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Octobre à la carte
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À boire et à manger… pour tous
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Les enfants du MuCEM
36
52
56
PORTFOLIO
Le Midi antique, photographie et monuments historiques (1840-1880)
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L’ÉVÉNEMENT
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SCÈNES
76
MUSIQUES
82
EXPOS
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ENFANTS
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Marsatac vs La Fiesta
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LA PHOTO
LA THÉORIE DES DOMINOS… EN PRATIQUE On n’avait pas vu de tel spectacle depuis l’année capitale ! Comme les Dijonnais en 2010 (photo), les Anglais de Coventry en mai dernier ou encore les Mulhousiens en juillet, les Marseillais assisteront, le dimanche 28 septembre, à la chute en cascade de 7000 dominos géants (en béton léger). Si tout se passe comme prévu, l’expérience, baptisée Dominoes, débutera à 16 h 27, sur le quai A de la gare Saint-Charles et s’achèvera sous l’ombrière du Vieux-Port une demi-heure plus tard, après être passée par Belsunce, la halle Puget, le centre Bourse, la CCI et le Jardin des Vestiges. Derrière cette éphémère sculpture « reliant symboliquement différents quartiers de la ville », il y a évidemment Lieux publics, l’opérateur bien connu des Marseillais pour sa folie des grandeurs et Station House Opera, une compagnie britannique qui œuvre depuis plus de trente ans dans l’espace urbain. www.lieuxpublics.com
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ACTUS
art contemporain
DEUX SALONS VALENT MIEUX QU’UN La tradition remonte à 2007 : le dernier week-end d’août, Art-o-rama donne le coup d’envoi de la rentrée artistique marseillaise à la Friche. Depuis cette année, il faut désormais compter avec un autre salon, dédié au dessin : Paréidolie (terme désignant l’illusion d’optique consistant à identifier des objets réels dans des formes, tels les nuages). Basé à la galerie du Château de Servières, il est piloté par sa directrice, Martine Robin, et par une équipe de Marseillais passionnés : l’artiste Michèle Sylvander, l’éditeur Bernard Muntaner, la curatrice Lydie Marchi et Françoise Aubert, de la Fondation Vacances Bleues. Pour cette première édition, dix galeries françaises et européennes (sélectionnées par un comité composé de Josée Gensollen, Sébastien Peyret, Marine Pagès et Gérard Traquandi) ont investi les ateliers du boulevard Boisson, avec des propositions axées sur le dessin contemporain. D’autres structures, telles la galerie du 5e et la fondation Vacances bleues, se sont associées au projet pour faire de Paréidolie le fer de lance d’une véritable « saison du dessin » qui se poursuit jusqu’en novembre. À l’heure des bilans, les fondateurs du salon ont toutes les raisons d’être satisfaits : l’événement a obtenu un succès critique, public (1800 visiteurs sur deux jours) et économique (plusieurs dizaines de milliers d’euros de chiffre d’affaires). Ils ont d’ailleurs d’ores et déjà annoncé la deuxième édition. www.pareidolie.net 8
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ACTUS
en bref
BADIOU AU CŒUR DE MARSEILLE Alain Badiou est l’un des rares philosophes contemporains à étudier la portée politique des arts. Lui-même dramaturge, féru de Platon (dont il a livré une « adaptation contemporaine » de La République en 2012) comme de Mallarmé, il partage avec Antoine Vitez l’idée d’un « théâtre élitaire pour tous », nuançant toutefois ses vertus émancipatrices lorsqu’il se cantonne à une représentation de l’oppression. Sept rendez-vous itinérants permettront de discuter avec le philosophe des sujets qui animent sa pensée (théâtre et poésie, place de la culture dans la fabrique de l’urbain...), et de confronter ses écrits à l’actualité (l’écho des printemps arabes dans les quartiers populaires ; les luttes ouvrières, en présence des travailleurs des usines ex-Nestlé et ex-Fralib...). Du 8 au 12 octobre. Théâtre Toursky, cinéma les Variétés, agora de la Busserine, Gyptis, Magic Mirror des Littorales.
www.altravoce-marseille.com/#!a-venir/c9vr
ANDALOUSIE À L’HORIZON Organisé par l’association Horizontes del Sud, le festival Cinehorizontes s’attache à offrir aux spectateurs marseillais un panorama complet du septième art en Espagne. Un temps fort qui a vu se succéder, ces dernières années, bon nombre d’artistes majeurs de la discipline tels le réalisateur Alex de la Iglesia, les acteurs Sergi Lopez, Luis Tosar ou Javier Camara. Pour cette édition 2014, qui se déroulera du 7 au 14 novembre, la présidente Jocelyne Faessel et la chargée de la programmation Roxana Nadim ont décidé de se focaliser sur la culture andalouse, par le biais de projections, mais aussi de rencontres et d’une exposition de photographies. Le cinéaste Ramon Salazar et la comédienne Marisa Paredes, une habituée des plateaux de Raoul Ruiz ou de Pedro Almodovar, en seront les invités d’honneur. www.cinehorizontes.com
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LA RENCONTRE
Propos recueillis par Olivier Levallois 12
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© Caroline Doutre
DOMINIQUE BLUZET, ENTREPRENEUR ARTISTIQUE
Dominique Bluzet
LA RENCONTRE
A
près le théâtre du Gymnase, du Jeu de Paume et le Grand Théâtre de Provence, Dominique Bluzet est pressenti pour en diriger un quatrième : le théâtre des Bernadines. Au-delà d’un insatiable appétit pour les lieux de théâtre, l’homme porte une vision et un projet global, à la fois artistique et politique. Pouvez-vous nous parler de la rénovation du théâtre du Gymnase censé rouvrir autour du 15 novembre ? Après sa rénovation, il y aura une entrée sur la Canebière, un nouveau bar, ainsi que des accès pour handicapés et un ascenseur. Mais le projet ne se réduit pas au Gymnase. Dans ce quartier, il y a une fac, un lycée, un conservatoire, trois théâtres et des résidences d’étudiants. C’est la plus grande densité de structures culturelles à Marseille : un petit « Quartier Latin » sale et dégradé, qui a subi une violente paupérisation. Avec la municipalité, nous souhaitons reconquérir ce territoire. Ce « cumul des mandats » correspond-il à un goût personnel ou à une nécessité économique ? Les deux. Quand j’étais un jeune étudiant comédien, mon désir n’était pas seulement de jouer, mais de « fabriquer » du théâtre. C’est ce que j’ai fait avec le Gymnase et aussi plus tard, à Aix, en rapprochant le GTP du Jeu de Paume. Ce qui nourrit cette dynamique, ce sont les rencontres. Plus on dialogue, plus on grandit. Je ne cumule pas pour cumuler. J’essaie d’inventer un lieu de culture, au service d’un projet politique, militant. S’il me faut un quatrième ou un cinquième théâtre pour y arriver, je continuerai. Il y a aussi, bien sûr,
une question plus personnelle : c’est quoi mon œuvre ? On met les artistes au pinacle, et moins les projets. Or, le projet est fondateur de l’identité. Et celui-ci questionne le vivre ensemble. Par ailleurs, dans le contexte actuel, il est nécessaire de concevoir des outils administratifs performants, réduisant les coûts. La concentration des structures permet à la fois de mutualiser les services administratifs et d’augmenter le nombre de spectateurs. On doit faire ça pour ne pas mourir. C’est une question d’évidence et de bon sens. À l’heure où les instances publiques se désengagent, provoquant la fermeture de nombreuses scènes alternatives, comment voyez-vous l’avenir du spectacle vivant en région ? Aux Pays-Bas, une compagnie qui regroupe différents corps de métiers a l’obligation de jouer quatre-vingt-dix fois par an, de produire quatre spectacles dans des genres différents. La subvention est plus importante, mais il n’y a que vingt structures financées. En France, on n’a pas cherché l’efficacité de la subvention, mais la visibilité de la relation État-artistes. La plupart des subventions ne permettent pas que les projets se montent dans des conditions décentes. À Marseille en particulier, on a davantage favorisé les structures que le contenu des structures. On est dans une société qui a fait le choix d’amortir une période anxiogène et compliquée par une politique de redistribution forte. Quand il y a moins d’argent, on se demande où fixer les priorités. Si on ne peut pas maintenir la recette, il faut réduire la dépense. En matière de culture, il y a des moyens de rationaliser la dépense. Est-ce qu’il faut accompagner tous les désirs artistiques ? Est-ce au politique ou au public de pratiquer cette sélection ? On favorise beaucoup le domaine associatif sous couvert 8e art magazine • septembre-octobre 2014
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LA RENCONTRE
Dominique Bluzet
Le Gymnase, au coeur du "quartier latin" marseillais.
d’égalité des chances, mais ces associations ne sont pas toujours en lien avec les institutions et ne professionnalisent pas nécessairement les gens. Il y a tout un travail associatif qui reste un « travail de ghetto ». Or, il faut créer des liens avec les institutions et avec les structures professionnelles. L’action associative ne crée pas forcément ces liens. C’est bien trop souvent une lutte d’intérêts pour des subventions. Après Marseille-Provence 2013, la mise en place d’une biennale a été évoquée. Qu’en est-il de ce projet ? La suite à donner à l’année capitale culturelle ne peut pas être seulement une posture, mais un vrai choix. Je me suis rendu compte que personne n’en avait vraiment envie, du moins pour de bonnes raisons. Dans le cas de Lille 3000, les mécènes sont venus mettre de l’argent sur la table pour que ça continue. À Marseille, le monde économique est venu pour tenter de savoir comment faire payer le monde politique. Et puis, on a manqué d’une personnalité incontestable et incontestée, comme Didier Fusillier à Lilles ou Jean Blaise à Nantes. Si c’est pour assister à des réunions sur des manifestations qui ne se feront pas, je préfère consacrer mon temps à des choses que je peux faire. 14
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« EN FRANCE, ON N’A PAS CHERCHÉ L’EFFICACITÉ DE LA SUBVENTION, MAIS LA VISIBILITÉ DE LA RELATION ÉTAT-ARTISTES. »
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robe de promenade DR
L'OEUVRE
Robe de promenade, taffetas de soie mauve, fabrication française, 1869, collection Alexandre Vassiliev.
BAROCK’N’ROLL AU MUSÉE BORÉLY Depuis son ouverture en juin 2013, le Musée Borély ne recule devant aucune audace pour requinquer ses collections de faïencerie, d’arts décoratifs et d’accessoires de mode. Texte : Julie Bordenave
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lle est bleu nuit, de la profondeur du mystère. Mieux que n’importe quel décolleté, elle dévoile ce qu’elle cache, en aiguisant l’imagination : une taille de guêpe, une ligne exagérément cintrée épousant parfaitement les épaules, un corsage chastement boutonné jusqu’au cou. Saisissant contraste avec la croupe démesurée, rehaussée de pouf et de tournure, accessoires qui emboîtaient alors le pas aux crinolines pour accentuer la cambrure des reins. La toilette se ponctue d’un élégant chapeau noir, noué de deux rubans sous le menton. C’était la fin du Second Empire, et les champs de courses étaient l’arène dans laquelle les plus grands couturiers rivalisaient d’inventivité... « On ne s’habillait pas pour plaire aux hommes, mais pour stupéfier les autres femmes ! », déclarait malicieusement la mannequin Toto Koopman. Inauguré en 1860, l’Hippodrome Borély pouvait se targuer de présenter les tendances automne-hiver, lors de son Grand prix de novembre. C’est tout cet historique que charrie le Château Borély, construit par une prospère famille de commerçants au XVIIIe siècle, dans un parc devenu l’incontournable rendez-vous des pique-niques dominicaux pour les familles marseillaises. Fermée au public pendant dix ans, la bastide rénovée accueille depuis juin 2013 le musée des Arts décoratifs, de la Faïence et de la Mode. Les innombrables faïences – la grosse partie de la collection, transférée de l’ancien musée de la Faïence de Montredon – y trouvent une place de choix, dans la lumineuse salle de bal aux larges fenêtres vitrées. Agencées en une scénographie inventive et stimulante, elles se laissent de temps à autre chahuter par des pièces contemporaines (Lapunks de Denis Brun lors de l’expo Barock, Fotokino à venir en décembre). À l’étage, le département
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mode (7 000 vêtements et accessoires en réserve) se présente comme un « outil de compréhension de l’évolution de la silhouette et du porté ». Plongées dans la pénombre, dans des vitrines se jouant de miroirs parfois déformants, les pièces les plus fantasques dévoilent leur saveur lors d’expositions temporaires. Une manière d’incarner l’esprit d’une époque, à l’instar du récent projet multimédia, « Borely hacking », qui propose à des artistes d’imaginer une visite virtuelle du musée faisant revivre grandeur et décadence du baroque, via de courtes vidéos.
MUSÉE DES ARTS DÉCORATIFS, DE LA FAÏENCE ET DE LA MODE
Château Borély, 134, avenue Clot Bey, Marseille 8e. 04 91 55 33 60. 3-5 €.
WWW.
borely-hacking.tumblr.com
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le Gyptis
© C. Dutrey
L'ENDROIT
LE GYPTIS EN FRICHE
Le 4 octobre prochain, le Gyptis deviendra officiellement le cinéma de la Friche, avec une programmation signée par la maison de production indépendante Shellac. Texte : Cédric Coppola
T
ransformer le Gyptis en cinéma, l’idée n’est pas nouvelle. Il s’agit même de sa vocation première. Rappelons que le lieu n’est devenu un théâtre qu’en 1987, lors de l’arrivée du couple Chatôt-Vouyoucas à Marseille. Son récent départ à la retraite et la construction de deux nouveaux plateaux à la Friche a conduit les institutions à revoir leurs plans pour cette salle, située rue Loubon, à la Bellede-Mai. Et c’est Alain Arnaudet, le directeur de la Friche, qui a récupéré les clés. En plus de permettre à la structure de toucher au septième art, le Gyptis lui offre aussi une occasion de s’implanter davantage au cœur de ce quartier populaire – un des plus pauvres de France. Dans ce cadre, la programmation a été confiée à une structure résidente, Shellac, qui ajoute une nouvelle corde à son arc, en plus de ses activités de productions, d’éditions de DVD et de distribution de films. Thomas Ordonneau, tête pensante de Shellac, qui se donne pour mission de proposer « tous les styles de cinéma et de mélanger les différents publics », y voit « une continuité logique ». Son projet permettra donc aux spectateurs de (re) 18
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découvrir, à défaut de nouveautés, des œuvres récentes ou des classiques du patrimoine. Le tout, en version originale ou française. Un choix assumé, expliqué par cette envie de « brassage » et « de se placer dans une optique de complémentarité – et non de concurrence ou de substitution – » vis-à-vis du binôme César-Variétés ou de l’autre salle monoécran de la ville, l’Alhambra, d’ailleurs reconnue comme un « exemple à suivre ». Les séances jeune public et familiales seront également nombreuses, le mercredi et le week-end, en matinée ou en après-midi, avant que les films pour adultes ou des avantpremières (y compris de films tournés en région) ne soient présentés en soirée. Dans tous les cas, la salle, actuellement en travaux, pourra accueillir 170 spectateurs à l’orchestre. Le balcon restera fermé, sauf exception, le coût de sa mise aux normes CNC ayant été jugé trop élevé. D’ailleurs, en l’état, la rénovation financée par la Région, le CNC, le Conseil général des Bouches-du-Rhône et la Ville de Marseille dépasse déjà le demi-million d’euros. À ce tarif, en plus d’être sécurisé,
© Nicolas Roman Borre
A gauche, la salle transformée en cinéma. A droite, le dispositif de l'artiste JR pour son projet Inside Out.
« l’ancien nouveau » cinéma verra sa façade habillée par une installation de l’artiste JR et disposera de nouveaux sièges ainsi que d’un écran de neuf mètres de base, escamotable, de manière à accueillir quelques spectacles vivants ou des propositions mêlant les disciplines, tels des cinés-concerts. Il faut donc s’attendre, à ce niveau, à voir fleurir les partenariats entre Shellac et d’autres acteurs locaux. L’accueil, dès la première semaine, de projections du festival Films femmes Méditerranées illustre cet état d’esprit. Sont également annoncés une rétrospective des films de Jacques Tati, un panorama du phénomène manga et une programmation autour des médias.
UNE OPTIQUE DE COMPLÉMENTARITÉ – ET NON DE CONCURRENCE OU DE SUBSTITUTION – VIS-À-VIS DU BINÔME CÉSAR-VARIÉTÉS ET DE L’AUTRE SALLE MONOÉCRAN DE LA VILLE, L’ALHAMBRA.
LE GYPTIS
136, rue Loubon, Marseille, 3e.
WWW.
lafriche.org 8e art magazine • septembre-octobre 2014
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Gérard Nicollet
GÉRARD NICOLLET, CHERCHEUR DE SONS ET D’IMAGES
L'ARTISTE
Ce que j’aime, c’est ne pas du tout savoir où je vais. C’est inquiétant, angoissant, puis déstabilisant…
L’artiste arlésien, fou de musique et d’écriture, présente sa première exposition personnelle à Marseille. Texte : Emmanuelle Gall • Photo : Élisabeth Pouliquen
E
n 2004, Gérard Nicollet publiait Les Chercheurs de sons, un ouvrage sur les instruments et autres « machines à sons » d’une trentaine d’inventeurs contemporains : le Mécanium de Pierre Bastien, le Pyrophone de Michel Moglia, le Teppazarythme d'Alain Cadeillan, le Taquinophone de Laurent Taquin… Dix ans plus tard, alors que son ouvrage est devenu une référence, il expose ses propres dessins, représentant des créatures tout aussi extraordinaires. Les corps ou organismes nés de son imaginaire fourmillent d’organes, de cellules, et semblent avoir été observés au microscope avant d’être couchés sur le papier par la plume. Entretemps, Gérard Nicollet a écrit un « récit sonore », Asonie, qu’il a mis en scène et en sons. Plasticien, écrivain et musicien dans l’âme, bibliothécaire au musée Réattu (dans le civil) après avoir été comédien, homme de ménage, cuisinier… et chômeur, l’homme qui est né en Tunisie et a vécu en Bretagne puis à Paris avant de s’installer à Arles, ne se résume pas aisément. Pas plus qu’il ne rentre dans une « catégorie », même s’il se sent en famille avec une lignée d’artistes allant de Wölfli et Chaissac à Jean-Pierre Nadaud. Il revendique son côté autodidacte et amateur, tout en reconnaissant qu’il aimerait bien ne pas être obligé de se lever plus tôt pour dessiner avant d’aller travailler. Une activité qu’il exerce en musique et sans réfléchir : « Au début, c’est comme si ma main travaillait seule. Puis, presque toujours, le sens arrive… »
L’Éveil, 2011, feutre sur papier, 18 x 26 cm
Ouverte en février 2013, la galerie Polysémie revendique une approche non sectaire de l’art contemporain, ce qui lui vaut parfois d’être associée au mouvement de l’art singulier. Un terme que réfute son directeur, François Vertadier qui préfère parler d’art « outsider ». Quand Gérard Nicollet lui a présenté son travail au printemps dernier, il y a vu ce qu’il recherche chez un artiste : « un univers authentique et un langage personnel, l’œuvre d’un visionnaire ». Aujourd’hui, il lui offre sa première rétrospective : une trentaine de dessins et toiles, travaillés à la plume et au feutre.
Jusqu’au 11 octobre. Galerie Polysémie, 12, rue de la Cathédrale, Marseille, 2e. 04 91 19 80 52. Entrée libre. www.polysemie.com 8e art magazine • septembre-octobre 2014
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L'OBJET
le cartable marseillais
MINISÉRI, MAXI SUCCÈS La Marseillaise Céline Basset est la première à avoir réédité, en 2007, le cartable à l’ancienne, inspiré des modèles des années 40 à 70. Texte : Eva Journeaux
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n a tous un souvenir du bon vieux cartable d’école de notre enfance, compagnon fidèle de la rentrée, véritable sac à malices renfermant nos secrets d’écolier. Mon cartable à moi était bleu outremer, avec deux fermoirs, deux soufflets et, en ornement, un canard blanc à large bec orange. Malgré ce bec orange, on voyait bien que ça n’était pas Donald. Deux poches, des taches d’encre et des miettes au fond des plis… Le cartable de Céline Basset, lui aussi, ne devait pas manquer de personnalité. La créatrice a débuté dans le métier en fabriquant celui de sa fille. Dans la cour, le succès a été tel qu’elle a décidé de se lancer et de créer sa marque : Miniséri. Puis, elle a ouvert son atelier-boutique à Vauban, aux pieds de la Bonne Mère. C’est là qu’elle imagine chaque modèle de son fameux french cartable, très sympathique avec ses motifs rétro et son fermoir « tuck » (à poussoir), véritable signe de reconnaissance de la marque. D’abord destiné aux enfants, porté en sac à dos, la bandoulière amovible a rapidement permis d’élargir la clientèle du french cartable aux adultes. Les produits sont fabriqués avec le plus grand soin dans des ateliers spécialisés dans la maroquinerie haut de
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gamme, car « si le modèle Miniseri semble simple au premier abord, les techniques utilisées, tel le rembordage, sont toutefois très complexes », explique la créatrice. Le petit plus de cette rentrée ? On peut customiser à volonté son cartable grâce aux gumings créés par Céline Basset : des badges autocollants reprenant les visuels Miniséri. On trouve, en outre, dans la boutique de Vauban une foule de petits accessoires : des petits carnets, des trousses en cuir et en plastique, des bijoux, des badges, des luminaires et du mobilier. Pour tous les goûts et pour les bourses plus ou moins remplies !
MINISÉRI
100, boulevard Vauban, Marseille, 6e. 04 91 42 17 26 De 80 à 115 € pour un modèle de cartable en toile De 200 à 350 € pour un modèle de cartable en cuir
WWW.
miniseri.com
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LE SITE
Les Rencontres d'Averroès
AVERROÈS 2.0
Vitrine numérique de ce rendez-vous incontournable pour penser la Méditerranée contemporaine, le site des Rencontres d’Averroès offre de quoi patienter en attendant son imminente 21e édition. Texte : Olivier Levallois
V
ingt ans que les Rencontres d’Averroès offrent une agora d’échanges et de débats bienvenus sur les innombrables aspects de la réalité méditerranéenne. Cet anniversaire, fêté lors d’une édition augmentée durant Marseille-Provence 2013, s’est conclu par le passage de relais de son concepteur historique, Thierry Fabre, à l’équipe d’Emmanuel Laurentin (La Fabrique de l’histoire) de France Culture qui, de partenaire, devient coproducteur de l’émission avec Espace Culture. Le site rend compte de la somme de ces deux décennies d’échanges, de réflexions et de voix diversifiées dressant un portrait choral de la Méditerranée des deux rives. Ici, pas de séquence animée, de diaporama, de menus déroulants ou de multiples sollicitations interactives en page d’accueil. Avec ses fonds blancs, ses textes mis en page de manière classique, articulés en chapitres, et ses quelques photos illustratives, on comprend que le référent reste la revue papier. Une simple barre traditionnelle d’onglets, en haut de page, invite à explorer les autres espaces, et l’interactivité se résume à des textes cliquables. La sobriété du dispositif traduit le souci premier d’informer, qui s’accorde avec l’esprit même des Rencontres. Pour ceux qui auraient manqué la session 2013, on retrouve ainsi, derrière ces onglets, bon nombre de débats et de conférences en intégralité (audio et vidéo), ainsi que des entretiens avec certains intervenants, artistes ou cher24
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cheurs. Les plus nostalgiques peuvent aussi télécharger les dernières éditions des programmes détaillés, consulter les fiches des intervenants invités depuis 1994 (année de création des Rencontres), mais aussi les archives des éditions depuis 2004 (sous forme de comptes-rendus, d’entretiens, et de conférences audios et vidéos). Un espace spécifique présente aussi l’esprit et la lettre du conséquent programme Averroès Junior : la déclinaison scolaire des Rencontres, qui concernait trois cents élèves à son lancement en 2005 et cinq milles l’an passé. Un site dans le respect de l’esprit d’Averroès, dont la pensée éclaire encore notre réalité présente : « L’ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine, la haine conduit à la violence... voilà l’équation. »
21es Rencontres d’Averroès : D’autres Méditerranées ? (la Méditerranée envisagée comme un modèle de vie, d’échange et de culture) Les 28 et 29 novembre : débats et conférences, parc Chanot, Marseille. Du 7 au 30 novembre : programmation artistique, divers lieux, Marseille et région.
WWW.
rencontresaverroes.net
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LE LIVRE
Lino Ventura
EN COMPAGNIE DE LINO
Après Audiard, Gabin, Belmondo…, le journaliste Philippe Durant s’attaque à un autre membre de la grande famille du cinéma français : Lino Ventura. Texte : Cédric Coppola
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moureux des beaux mots et des grandes gueules, ce Lillois de naissance adopté par le Sud (il habite à Marignane), varie les styles d’écriture et les points de vue sur le sujet. Aussi, quoi de plus logique que de le voir signer la biographie « définitive » de Lino Ventura, acteur sur lequel il s’était déjà penché il y a trente ans, au moment de sa disparition ? Mais avant le drame, celui qui avait débuté sa carrière cinématographique par une prestation de haut vol dans Ne touchez pas au Grisbi, lui avait donné son aval pour une publication. Pas vraiment satisfait du résultat et ayant recueilli, depuis, de nombreux témoignages, Philippe Durant se devait donc de reprendre, d’éclaircir et d’approfondir son travail. L’auteur est donc reparti de zéro ou presque, pour signer cet ouvrage dense, de plus de cinq cents pages. Il revient aussi bien sur la vie professionnelle de Lino Ventura, sa manière d’aborder ses rôles, ses relations – souvent houleuses – avec les réalisateurs… que sur sa vie privée et, par exemple, la création de l’association Perce-neige. Autre originalité de cette biographie : son style. S’il avait multiplié les citations dans son ouvrage sur Belmondo, il a fait ici le choix d’abandonner cette formule pour retranscrire, au présent, les anecdotes et les témoignages recueillis. Initiative payante, tant la lecture est fluide, limpide, proche du roman et donne l’impression d’être aux côtés de l’acteur. Et si Philippe Durant respecte de bout en bout l’ancien lutteur, venu au cinéma presque par hasard, il n’hésite pas à montrer les faces plus sombres de l’homme et à gratter derrière le mythe. D’où un bouquin minutieux, sérieux, carré, qui peut intimider de prime abord, mais fascine quand on s’y attache… comme le grand Lino en somme. PHILIPPE DURANT, LINO VENTURA,
530 pages. Édition First Document, juin 2014, 23 euros. 26
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LE RESTAURANT
Kiosque Passédat
PASSÉDAT SUR LE POUCE
Début septembre, le très gourmand Gérald Passédat a ouvert son sixième établissement à Marseille : un snack inspiré du Môle. Texte : Emmanuelle Gall
L’ASSIETTE Ici, on devrait plutôt parler de barquettes, certes élégantes : c’est le prix pour offrir du Passédat à moindre coût. Préparés dans les cuisines du Môle voisin, les sandwiches, salades et autres soupes froides rivalisent de séduction. Le généreux pan-bagnat (7 €) se révèle, au fil de la dégustation, digne d’un plat étoilé. L’autre must, c’est l’assortiment – diabolique – de pâtisseries en vitrine. Pas rassasié ? On peut également acheter sur place des produits de la ligne Passédat : conserves, huiles et autres condiments. LE CHEF Il ne faut évidemment pas s’attendre à rencontrer le chef au Kiosque. Gérald Passédat est désormais à la tête d’un empire qui compte, outre ses restaurants, une école de cuisine implantée au fort Saint-Jean. On retrouve néanmoins ici la « touche Passédat » : des légumes du potager, des assaisonnements subtils et, ce qui n’est pas toujours le cas ailleurs, des desserts à la hauteur des ambitions de la maison. 28
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LE CADRE Après le parfumeur Fragonnard, les Halles ont été les premières à s’installer sous les Voûtes de la Major, le dernier né des centres commerciaux marseillais. Depuis cet été, douze commerces de bouche (écailler, charcutier, fromager, primeur, traiteur italien, glacier…) ont progressivement pris possession de leur stand high tech. Loin du charme et de l’ambiance de la Boqueria de Barcelone, le lieu permet de se restaurer, à l’intérieur ou en terrasse, après avoir composé son menu en piochant dans les différents étals. En mangeant, on se prend à rêver du même concept sur le toit des Terrasses du Port…
KIOSQUE PASSÉDAT
12, quai de la Tourette, Marseille, 2e. 04 91 45 80 10 • Sandwiches et pâtisseries à partir de 3,5 €. Tous les jours, 9h-19h.
WWW.
leshallesdelamajor.com
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Douglas Gordon, Guilty…(Tatoo for reflexion), 1997, photographie, CNAP / Dépôt Collection Lambert.
LA COLLECTION LAMBERT (EN)FERMÉE POUR TRAVAUX Depuis cet été, La Disparition des lucioles, une exposition-marathon organisée par la Collection Lambert dans la prison Sainte-Anne désaffectée, remporte un succès mérité. Texte : Emmanuelle Gall • Photos : François Halard
L
a multiplication récente des expositions dans des lieux atypiques a souvent permis de vérifier combien l’art contemporain gagne à sortir du traditionnel cube blanc. De là à investir une prison ? Le pari – inédit et risqué – de la Collection Lambert est à l’origine de ce qui restera certainement dans les annales comme la meilleure exposition française de 2014. Et ce, à plus d’un titre, car Éric Mézil, son commissaire, a su respecter à la fois les lieux, chargés d’une histoire tragique, et les quelque 250 œuvres qu’il y a accrochées. De quoi intéresser un large public et donner, même aux plus rétifs, le goût de l’art contemporain. Des œuvres… La haie des policiers sans visage postés à l’entrée, œuvre de Xavier Veilhan, puis le néon de Ross Sinclair citant L’Enfer de Dante, Abandon All Hope, Ye Who Enter here (« Abandonnez tout espoir vous qui entrez ici »), donne le ton. En pénétrant dans la prison Sainte-Anne, ses couloirs labyrinthiques, ses 160 cellules aux murs lépreux, couverts des graffitis et des posters des derniers détenus, en respirant l’air 30
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vicié de ces 11 000 m2, le visiteur s’apprête à vivre une expérience sensorielle et psychique dont il ne sortira pas indemne. Dans leur grande majorité, les toiles, sculptures, photos, vidéos ou installations sélectionnées donnent à penser ou à ressentir encore davantage l’enferment, la solitude, la distorsion du temps… Au fil d’un parcours thématique en six sections, le dialogue qu’elles entretiennent avec les lieux est constamment fécond. Aperçues à travers les œilletons, diffusées sur des écrans remplaçant les anciennes télévisions, déployées le long d’immenses couloirs ou, au contraire, confinées dans l’exigüité d’une cellule, elles voient leur pouvoir d’évocation décuplé. C’est évident dans le cas des pièces réalisées spécialement pour l’exposition ou traitant de l’univers carcéral, tels Les Hurleurs de Matthieu Pernot. Ces portraits de femmes et d’hommes criant des messages à l’adresse des détenus depuis l’extérieur de la prison, photographiés à Avignon il y a une dizaine d’années, ont désormais pris la place de leurs interlocuteurs. Par ailleurs, des installations célèbres et souvent exposées de Louise Bourgeois, Christian Boltanski ou Claude Lévêque, et en particulier son
Avignon
LA BALADE
Rémi Cleiz, Him, Him Him (Coyotte, Felt and Glass Cane), 2011, installation dans une cellule de la prison Sainte-Anne, Avignon, mars 2014.
ÉRIC MÉZIL A SU RESPECTER À LA FOIS LES LIEUX, CHARGÉS D’UNE HISTOIRE TRAGIQUE, ET LES QUELQUE 250 ŒUVRES QU’IL Y A ACCROCHÉES. néon intitulé J’ai rêvé d’un autre monde, prennent ici un sens renouvelé, tout comme l’expression « la disparition des lucioles », empruntée à un texte de Pasolini. … et des hommes. Une telle exposition serait cependant vaine, voire indécente, si elle passait sous silence les femmes et les hommes incarcérés à la prison Sainte-Anne, depuis sa construction en 1871 jusqu’à sa fermeture – en raison de sa vétusté – en 2003. Leur mémoire est ici évoquée à plusieurs reprises et sous différentes formes : archives, objets et vidéos, répartis au fil du parcours. Jean-Michel Pancin a filmé les mains de C. dessinant le plan de la prison pendant qu’il décrit le quotidien insupportable de ses années de détention. Interviewée par Vincent Josse, la cinéaste Marceline Loridan-Ivens revient sur les lieux et les circonstances de son séjour à la prison, en 1944, après son arrestation par le Gestapo : « quand tu me parles de la prison, par rapport à ce que j’ai vécu après, c’est le paradis ici ». Elle cherche en vain la trace du graffiti qu’elle a laissé dans sa cellule : « C’est presque du bonheur de savoir à quel point on peut être malheureux ». D’autres lui ont succédé, bien lisibles ou visibles, comme ce dessin en couleurs de l’attentat du 11 septembre 2001. Véritables palimpsestes, les
murs de la prison Sainte-Anne ont reçu les confidences de générations de prisonniers et les répètent, aujourd’hui, au spectateur ébranlé. Douloureux et interminable, le voyage auquel invite La Disparition des lucioles n’a rien d’une promenade de santé. Il faut en effet pas moins de trois heures pour découvrir la totalité des salles et bien plus encore si l’on prend le temps de regarder toutes les vidéos. On en sort épuisé et bouleversé, mais considérablement enrichi par la rencontre avec les hommes et les œuvres. Une partie d’entre elles rejoindra l’été prochain le nouveau musée commandé par Yvon Lambert à l’agence d’architectes Berger & Berger pour abriter les 556 œuvres qu’il vient de donner à l’État français. Les autres retourneront dans les nombreux musées, galeries et autres collections qui ont participé à l’aventure. Quant à la prison Sainte-Anne, dont l’avenir reste en suspens, elle refermera ses portes fin novembre. Les lucioles auront bel et bien disparu.
PRISON SAINTE-ANNE
55, rue de la Banasterie, Avignon. 04 90 16 56 20. 8-10 €.
WWW.
collectionlambert.fr 8e art magazine • septembre-octobre 2014
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DOSSIER
MuCEM, mode d’emploi Dossier réalisé par
Julie Bordenave, Emmanuelle Gall et Olivier Levallois.
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En juin dernier, le musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée soufflait sa première bougie en affichant un taux de fréquentation record : en un an, 2 600 000 personnes ont exploré le site, et un tiers d’entre elles ont parcouru les salles d’expositions. Trois mois et plusieurs centaines de milliers de visiteurs plus tard, il fait une deuxième rentrée remarquée, avec la nomination d’un nouveau président, Jean-François Chougnet, et une abondante programmation qui ne se limite pas aux deux expositions phares : FOOD et Un moment si doux, consacrée à Raymond Depardon. Car le MuCEM, c’est aussi, un cinéma, une salle de spectacle, une école, un jardin… sans oublier le centre de Conservation et de Ressources (CCR)…. Véritable usine à gaz derrière sa façade éblouissante, la « cité culturelle » a bien plus à offrir au public que la Galerie de la Méditerranée.
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DOSSIER
MuCEM, mode d’emploi
Des ATP au MuCEM Retour sur l’histoire mouvementée du musée, sa collection et ses bâtiments, depuis les origines jusqu’à la nomination de son nouveau président, le 8 septembre. Textes : Emmanuelle Gall
e au Palais d Ouverture, e de l’Homme mus é Chaillot, du national des Arts e é s u rtir des e t du m laires (à pa sée u p o p s n io du mu et Tradit françaises collections phie, soit environ d'ethnogra objets). 50 0 0
1878
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1969 1937
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2002
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DOSSIER
MuCEM, mode d’emploi
Du musée à la cité culturelle À l’avant-garde de la muséographie, le MuCEM cumule les fonctions. Musée dit de société ou de civilisation, il se déploie à l’échelle d’une ville dans la ville, avec son agora et ses différents pôles culturels. Texte : Emmanuelle Gall
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éléporté aujourd’hui au MuCEM, un visiteur du palais du Trocadéro, amateur d’expositions universelles et de zoos humains, serait encore plus désorienté qu’un touriste japonais. Certes, la muséographie à l’ancienne et ses vitrines ont fait long feu, mais la principale différence entre les musées contemporains et leurs ancêtres réside surtout dans leur programmation culturelle décuplée et diversifiée. Comme la plupart des musées nationaux de dernière génération, tel le Quai Branly, le MuCEM propose près d’un événement par jour (concert, spectacle, projection, conférence, débat…) en plus des différentes expositions permanentes et temporaires. C’est apparemment le prix à payer pour attirer des millions de visiteurs. Même si, dans les faits, cette mutation récente est loin d’avoir été assimilée par tous et explique sans doute la faible fréquentation de certaines manifestations comme la relative déception des visiteurs qui pensent faire le tour du MuCEM en sortant de la galerie de la Méditerranée. Un musée de civilisation ? Lorsqu’il a été nommé à la tête de l’association de préfiguration du MuCEM en septembre 2009, Bruno Suzzarelli a dû, entres autres chantiers, redéfinir le projet muséal hérité du MNATP : « Nous avons fait évoluer le musée ethnographique, ayant la France pour cadre géographique et l’an mil comme point de départ, vers une cité culturelle tournée vers la Méditerranée, élargissant son approche historique et mobilisant toutes les sciences sociales ». Cinq ans plus tard, les expositions temporaires qui se sont succédé entre les murs du MuCEM traduisent bien ce changement de focale : des bronzes antiques de Volubilis au Bazar du genre, annoncé
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Deux grandes tendances se font jour : une volonté d’être en phase avec l’actualité et une présence accrue de l’art contemporain. comme « un voyage à travers les multiples façons d’être homme ou femme de sa société dans l’espace méditerranéen contemporain ». Au-delà de la diversité de ces propositions, deux grandes tendances se font jour : une volonté d’être en phase avec l’actualité et une présence accrue de l’art contemporain. Certes présentes dans la galerie de la Méditerranée et les salles du fort Saint-Jean (en partie fermées au public pour cause d’humidité), les collections d’art populaire n’occupent qu’une place réduite dans les expositions temporaires. A fortiori cet automne, où le MuCEM reçoit Un moment si doux, une exposition sur la couleur
Image du film Le lac des cygnes –La Zone, de Youri Illienko (1989), programmé le 5 octobre dans le cadre du cycle de cinéma ukrainien.
dans la photographie de Raymond Depardon, programmée l’hiver dernier au Grand-Palais, et FOOD, un projet de l’ONG Art for the world pour l’Exposition universelle de Milan (2015). D’ailleurs, l’un des conservateurs du MuCEM est spécialement chargé de l’art contemporain. Collaborant à l’élaboration des expositions temporaires, Jean-Roch Bouiller coordonne également les programmations du centre de Conservation et de Ressources (CCR) et du bâtiment Georges-Henri Rivière (le GHR), qui accueille des photographes et des plasticiens contemporains. De là à affirmer que l’art d’aujourd’hui est en train de détrôner les arts populaires d’hier, il n’y a qu’un pas, que Bruno Suzzarelli et, depuis le 8 septembre, Jean-François Chougnet prétendent ne pas franchir. Même si ce dernier reconnaît qu’il va falloir « réussir à mieux intégrer les deux sous-ensembles du MuCEM : les collections de l’ancien musée des Arts et tra-
ditions populaires, conservées dans le bâtiment de la Belle de Mai, et le projet MuCEM sur le J4 ». Dès son entrée en fonction, il a également tenu à réaffirmer la vocation du musée à se mettre à l’écoute du monde. Au risque, comme c’est le cas cet automne, en raison de la crise ukrainienne, de devoir annuler l’exposition Les Chemins d’Odessa. Ce qui n’empêchera pas le MuCEM de proposer un « temps fort » baptisé Histoires d’Odessa, mêlant débats, conférences et spectacles, ainsi qu’un cycle de cinéma ukrainien. Une cité culturelle ? Pour Thierry Fabre, le responsable du développement culturel et des relations internationales, les nombreux « temps forts » et autres cycles proposés par le MuCEM depuis son ouverture, constituent sa principale singularité : « Nous créons une véritable cité culturelle avec une programmation 8e art magazine • septembre-octobre 2014
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DOSSIER
MuCEM, mode d’emploi
La Gay pride à Marseille 2011, dans l’exposition Au Bazar du genre. Claire Fontaine, Untitled (Redemptions), 2011, dans l’exposition FOOD.
très dense. Elle a été construite autour de trois grandes thématiques : le temps de la parole, le temps des images et le temps des spectacles. » On doit au fondateur des Rencontres d’Averroès (qu’il vient de quitter) et à son équipe des propositions aussi diverses qu’une longue et transversale Saison marocaine au printemps dernier, la création d’un rendezvous annuel autour du hip-hop (Chroniques de Mars) ou encore de journées littéraires consacrées à Albert Camus ou René Char. En outre, le MuCEM n’hésite pas à s’associer avec les meilleurs festivals locaux, du FID à la Semaine de la Pop Philosophie. La diversité et l’exigence de cette programmation constituent une petite révolution culturelle à Marseille. La ville possède désormais un lieu cumulant les atouts d’une véritable cinémathèque et d’une université populaire, accueillant des artistes et intellectuels venus des quatre coins de l’Europe et de la Méditerranée. Et il semble que l’on puisse compter sur Jean-François Chougnet pour chercher à développer encore cette cité culturelle : « Le MuCEM doit avoir une position politique, au sens noble du terme. C’est d’ailleurs un retour aux sources, à ce que souhaitait le créateur du musée des ATP, Georges Henri Rivière ». La boucle est bouclée. 38
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Marseille possède désormais un lieu cumulant les atouts d’une véritable cinémathèque et d’une université populaire.
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MuCEM, mode d’emploi
Un jardin de civilisation Au terme d’un concours lancé par le ministère de la Culture et de la Communication en 2010, l’aménagement des espaces extérieurs du fort Saint-Jean a été confié à l’agence de paysagistes et d’architectes APS, basée à Valence. Jean-Louis Knidel, l’un de ses membres, revient sur la genèse de cette œuvre d’art à ciel ouvert, baptisée le Jardin des migrations. Propos recueillis par Olivier Levallois • Photos : Agence APS
Les jardins de la colline et l'aire de battage.
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Vue aérienne du potager et des aromatiques.
Comment en êtes-vous arrivé à ce concept de « jardin des migrations » ? La commande était de créer un jardin-promenade dans le fort Saint-Jean, qui est un site très complexe. Dès l’origine, nous avions conscience qu’il fallait être en lien avec la philosophie du MuCEM dont la réalisation était concomitante. Le deuxième élément important était le fort lui-même : sa configuration morphologique et son histoire. Le bâtiment, sa situation géographie avec la Méditerranée et Marseille, son histoire, la proximité et la fonction du MuCEM nous ont orientés vers cette idée de « jardin des migrations ». Nous avons essayé de faire en sorte que notre intervention soit porteuse de toutes ces conjonctions. Quelles significations traduit cette proposition ? Le Jardin des migrations n’est pas seulement un jardin esthétique. Son propos ne se réduit pas à sa superficie et à son contour. Il a une dimension culturelle dans son questionnement ethnobotanique. Souvent, le rapport des gens au paysage est réactionnaire. On attache une identité à un paysage qui serait garant de celle-ci. On pense ainsi que la plupart des plantes sont indigènes. Mais ces paysages que l’on pense emblématiques, identitaires, se sont constitués au cours des siècles à travers la migration des hommes et des plantes. Ils sont le résultat d’un cheminement et d’une évolution. Tout ce que l’on voit ici : les restanques, l’olivier, les vignes, les figuiers, les mûriers, les châtaigniers… résultent des migrations. Il n’y a pas de paysage méditerranéen sans cela. Ce jardin pose des questions sur le rapport entre « exotique » et « indigène ». Comment ces paysages culturels se sont-ils formés et comment vont-ils intégrer de nouvelles plantes avec les changements de climat ? Pourquoi une plante considérée comme invasive à une époque ne l’est-elle plus à une autre ? Ce jardin évoque aussi la question de la diversité. Notre époque est à la standardisation, même dans le biologique. De nombreux végétaux n’étaient pas cultivés
« Ces paysages que l’on pense emblématiques, identitaires, se sont constitués au cours des siècles à travers la migration des hommes et des plantes. »
dans les pépinières, il a fallu faire produire ces plantes pour pouvoir les planter. À une époque où se pose la question des identités et où l’on a tendance à avoir un regard péjoratif sur la migration, ce jardin est un témoin du brassage, du mélange qui fonde toute culture.
Concrètement comment avez-vous incarné cette idée ? Tout d’abord, il faut préciser que la notion de jardin comprend tous les espaces extérieurs dans l’intérieur du fort et ne s’arrête pas aux parties plantées. Nous nous sommes occupés de la place d’armes, des revêtements de sol, de la conception de la galerie des sols, du mobilier, de certains 8e art magazine • septembre-octobre 2014
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MuCEM, mode d’emploi
« Le Jardin des migrations est un modèle pour l’avenir : il est en cohérence avec son écosystème méditerranéen, sec, sans engrais, sobre en énergie et en traitement. »
La création d'un jardin comprend tous les espaces extérieurs.
murs réalisés en pierre sèche, de l’éclairage extérieur, des serrureries, de la pergola de la galerie des ombres, de la fontainerie, du potager, de l’arrosage... En tout, sept corps d’états différents étaient présents sur le chantier. Nous avons recherché les liens, les cheminements évidents dans la multiplicité des parcours possibles, en essayant de respecter les espaces de regroupement et de déambulation renouvelés par l’ouverture au musée et en favorisant un dialogue entre le présent et le passé. Les revêtements de sol témoignent de cette histoire, en marquant la trace des anciens murs. Il fallait également trouver une certaine justesse avec l’esprit du fort et ses matières brutes. Autre objectif : l’harmonie entre le matériel végétal et minéral, la pierre calcaire en lien avec le contexte du site, les calanques, les pierres du fort. Ce sont des pierres locales, d’une carrière toulonnaise, le site le plus proche que nous ayons trouvé. Ce jardin-promenade met en scène quinze tableaux dont les thèmes sont en lien avec leur situation dans le site : la cour des orangers, le jardin des myrtes, les salades sauvages du fort, les figuiers suspendus, les aromatiques, le potager méditerranéen… Chaque tableau est porteur d’une narration, d’un propos. Les tableaux sont installés sur la limite extérieure des remparts du fort, sur ses ouvrages de défense, tel un collier de perles sur cette frontière symbolique entre intérieur et extérieur. Que vous a apporté la création de ce jardin ? Ce jardin est une pierre importante dans le parcours de notre agence et de notre réflexion. Il est d’ailleurs nominé cette année au prix des Victoires du paysage. Nous avons été captivés par ce site et cette commande. La création de jardin est rarement envisagée comme une œuvre ou dans une approche culturelle. Il me semble que le Jardin des migra-
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Plan masse du Jardin des migrations, par l'agence APS.
tions est un modèle pour l’avenir : il est en cohérence avec son écosystème méditerranéen, sec, sans engrais, sobre en énergie et en traitement. C’est le contraire du décoratif. Les architectes sont souvent forts pour proposer des architectures vertes, mais coûteuses en dépense énergétique et en eau. Il nous fallait des jardiniers très sensibles pour relayer cela. Les seules parties arrosées, le potager méditerranéen et le jardin des condiments, bénéficient d’une citerne intégrée dans le sol, sous la place d’armes, qui récupère les eaux de toit. Nous nous sommes inspiré du savoir-faire méditerranéen avec la création d’un béal (petit canal) qui alimente chaque jardin avec des rigoles. Par ailleurs, sans perturber le rapport des visiteurs au monument ou à l’horizon, ce jardin va évoluer : les oiseaux vont apporter de nouvelles graines que les jardiniers vont révéler. Lors du concours, certaines équipes ont été plus démonstratives. Ce qui a probablement fait la différence, c’est le caractère à la fois généreux et humble, par le thème de l’immigration et le souci de coller le plus possible à la morphologie du lieu. 8e art magazine • septembre-octobre 2014
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MuCEM, mode d’emploi
À l’école du MuCEM Au fort Saint-Jean, l’Institut méditerranéen des métiers du patrimoine (I2MP) accueille en formation des professionnels de France et du pourtour méditerranéen. Suivons les guides.
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Texte : Olivier Levallois
nstallé dans la Cour de la commande, qui a remplacé en 1970 l’ancienne commanderie détruite en 1944, l’I2MP dissimule son entrée derrière un élégant parement de métal. À l’intérieur, l’ambiance est plus fonctionnelle. Doté, sur deux étages, de salles dédiées aux séminaires ou aux cours et à quelques bureaux, le lieu est un centre de formation flambant neuf, équipé de tables et chaises standards, tableaux blancs et vidéoprojecteurs… Création commune du MuCEM et de l’Institut du patrimoine (INP), cette structure unique en Europe est un lieu d’échange où se pensent les nouveaux enjeux culturels, technologiques, et pédagogiques du patrimoine. En quoi l’imagerie scientifique est-elle primordiale pour la connaissance des œuvres ? Comment conserver et utiliser des données numériques au service du patrimoine ? Quel usage peut-on faire de l’imagerie 3D dans l’analyse des édifices historiques ? Quels apports offrent les nouvelles technologies à la muséographie ? Toutes ces questions, et bien d’autres, étaient évoquées lors de la dernière session de formation dispensée à l’I2MP. Intitulée « Les nouvelles technologies au service du patrimoine bâti et de son décor », elle a réuni pendant quatre jours une quinzaine de participants : universitaires, architectes, conservateurs, chargés de
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restauration, ingénieurs, attachés territoriaux, de France, mais aussi d’Égypte et de Tunisie. Des rendez-vous comme celui-ci, l’I2MP en propose sept par an, à des professionnels du patrimoine s’intéressant aussi bien à la mosaïque (session d’avril) qu’à la relation entre tourisme et patrimoine (session de décembre). « Depuis son ouverture, près de deux mille personnes sont passées entre ces murs », précise Denis Chevalier, conservateur général du patrimoine. Au programme : visites sur le terrain, présentation de projets, de procédures, de pratiques et échanges d’expériences. S’adressant à des professionnels, la formation non diplômante n’a rien d’un cours magistral. Selon Anouk Bassier, chargée de la formation permanente à l’INP, « ce qui est intéressant c’est de faire se rencontrer à la fois des spécialistes du sujet et des professionnels du patrimoine, qui se transmettent mutuellement leurs expériences. L’intention est d’être dans le partage, sur des pratiques de collecte, d’acquisition, de conservation et de pédagogie ». Les participants, âgés en moyenne de 35 ans, ont enchainé les visites sur sites (le MuCEM, bien sûr, et le musée d’Histoire de la Ville de Marseille), expérimenté à l’instar de simples touristes des médiations numériques (le parcours « flash code » entre le musée et les docks romains) et assisté à la présentation de plusieurs applications
Cette structure unique en Europe est un lieu d’échange où se pensent les nouveaux enjeux culturels, technologiques, et pédagogiques du patrimoine.
de nouvelles technologies, de la récolte des données sur site (l’abbaye de Fontevraud) à leur transmission au public au musée (bornes, films d’animation 3D…). Mathilde Régeard, conservateur du patrimoine et chef du service archéologie en Dordogne, est enthousiaste : « Cette session est complémentaire des autres formations par son aspect transversal, qui nous permet de rencontrer des universitaires, comme des agents de laboratoires ou des responsables de musée. Ce qui était extraordinaire aussi, c’est de rencontrer des confrères étrangers. Il y avait deux architectes, un Égyptien et un Tunisien. C’est un formidable moyen de profiter des expériences des autres et de prendre des contacts. » La notion de patrimoine, qui a beaucoup évolué depuis le XIXe siècle, inclut aujourd’hui des pratiques contemporaines, des aspects immatériels et des savoir-faire. C’est une notion vivante qui a sans cesse besoin de se redéfinir et de rester ouverte. En associant au sein du MuCEM, les professionnels de la science et de la culture, sur l’un des territoires archéologiques les plus riches du monde, Denis Chevalier défend l’idée que l’I2MP travaille à cette réflexion permanente.
De gauche à droite : le bâtiment de l'I2MP au premier plan, et une intervention des conservateurs Isabelle Marquette et Frédéric Mougenot.
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DOSSIER
MuCEM, mode d’emploi
"L'Appartement témoin" se déploie sur 800 m2 et abrite un dixième des réserves du MuCEM.
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Bienvenue à l’autre MuCEM Situé à la Belle de Mai, le centre de Conservation et de Ressources (CCR) héberge les réserves du MuCEM. Son « Appartement témoin » présente un échantillon de ces collections hétéroclites. Visite guidée. Texte : Julie Bordenave • Photos : MuCEM / Yves Inchierman
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est au bout du dédale immaculé du CCR, que les conservatrices Émilie Girard et Clio Penard nous ouvrent le sésame : un code à activer, un cliquetis de serrure, et un hangar de 800 m2 s’offre à nous. L’œil est immédiatement happé par une grande maquette de goélette, puis un autel écarlate dédié au facétieux Saint-Expédit, qui orne d’ordinaire les bas côtés des rues réunionnaises pour exaucer les vœux les moins avouables. Un sarcophage en osier. Un cor en cuivre. Un moulin à café. Une canne à pêche, une boîte de bouillon Kub, un cheval de manège, une vielle à roue... L’analogie avec « L’Inventaire » de Jacques Prévert ou « La Complainte du progrès » de Boris Vian est trop tentante. On pense aussi un musée des Arts décoratifs mixé au musée des Arts modestes de Sète. Ici, un dixième de la réserve du Mucem s’expose aux yeux des visiteurs. Appartement témoin ? « Au début, c’était une appellation en interne. Nous l’avons conservée, car elle attise la curiosité du visiteur ! L’idée est de le faire pénétrer dans un endroit qui témoigne de ce qu’est la réserve, pour donner une idée de la diversité de la collection, faire découvrir les principes organisationnels du bâtiment, et lever le voile sur notre métier de conservateur », explique Émilie Girard. L’organisation du bâtiment est régie par la nécessité de maximiser l’espace de stockage, tout en rendant les objets accessibles, bien que protégés. Racks de palettes, étagères embarquées, plateaux mobiles... Un mobilier astucieux qui permet, par exemple, de conserver les assiettes côte à côte dans de fins tiroirs, au lieu de les empiler. Le métier de conservateur consiste parfois à jongler avec les codes d’inventaires, à l’image de ce sibyllin MNR qui orne le dos de vieux ouvrages : « ce sigle — Musée Na-
« Cette visite sert à montrer que des objets du quotidien peuvent avoir une importance culturelle ou sociétale. »
tional de Restitution — concerne les biens spoliés aux Juifs pendant la guerre, et qui cherchent toujours les descendants de leurs propriétaires pour leur être rendus ». L’ é c h a nt i l l on n a g e exposé s’articule en grandes thématiques, correspondant aux pôles scientifiques d’études : vie domestique, arts du spectacle, agriculture... Une manière de valoriser l’aspect émotionnel des pièces : « Notre collection ne relève pas des beaux-arts, mais elle touche le visiteur de manière directe ! Lors d’une visite, deux femmes sont tombées en arrêt devant des tablettes coraniques, qui leur rappelaient leur enfance. Cette visite sert à montrer que des objets du quotidien peuvent avoir une importance culturelle ou sociétale. » Au fil des rayonnages, l’impression de voir exposée la vie de nos aïeux, mais aussi la nôtre, est troublante. « Nous cherchons à casser l’image d’Épinal “arsenic et vieilles dentelles”. Même si les armoires normandes, tout comme les coffres du Queyras, sont bien là, et ils sont magnifiques ! », s’amuse Émilie Girard. Mais ils côtoient aussi la console numérique des Pink Floyd, ou encore une série de guitares électriques : « la collection musicologie s’est ouverte aux musiques amplifiées depuis les années quatre-vingtdix. Nous avons aussi récupéré les archives du Golfe Drouot, 8e art magazine • septembre-octobre 2014
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L'organisation du bâtiment est régie par la nécessité de maximiser l'espace de stockage, tout en rendant les objets accessibles.
qui comprennent des photos de Bowie ou des Stones dans les années soixante. » Plus loin, d’autres objets témoignent d’une réalité moins riante : une tour d’abandon, qui servait à déposer les bébés devant les couvents, ou encore une collection autour du sida (préservatifs, tracts d’associations, échantillonnage des premières trithérapies...), proposée au musée par deux chercheurs ayant enquêté sur le terrain pendant plusieurs années. Avec le musée de la Croix-Rouge de Genève, le MuCEM est le seul à exposer un tel ensemble, retraçant à la fois l’histoire de la lutte contre la maladie et l’évolution des traitements. C’est aussi l’une des missions de l’institution : « témoigner de phénomènes contemporains, au regard d’objets anciens ou patrimonialisés. » La visite peut se poursuivre chez soi, via le pharaonique site du CCR : « Nous invitons les visiteurs à relever le numéro d’inventaire de la pièce qui peut les interroger, pour mener des recherches sur le moteur des collections. »
CENTRE DE CONSERVATION ET DE RESSOURCES
1, rue Clovis Hugues, Marseille, 3e. 04 84 35 14 00. Entrée libre. Visite guidée tous les premiers lundis de chaque mois, de 14h à 17h, sur inscription (reservationccr@mucem.org) 48
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Oiseau, 1990, bois, 10,9 x 13,2 x 5.7 cm. Collections du MuCEM.
CHANGEMENT DE PROPRIÉTAIRE Le CCR abrite également une salle d’exposition temporaire au fonctionnement original : il s’agit de cartes blanches, invitant des personnalités à explorer les collections du musée avec leur sensibilité d’artistes ou de scientifiques... L’année dernière, Présentée vivante, la proposition poétique de Jean Blaise, Patricia Buck et Joy Sorman autour des collections foraines, inaugurait l’espace en beauté en ressuscitant la femme crocodile. La deuxième exposition du cycle, intitulée Changement de propriétaire, a été conçue par Patrick Bouchain. Désireux de « travailler autour de la thématique du conte et de pouvoir s’adresser ainsi au jeune public », l’architecte a imaginé un petit théâtre de jouets, ayant pour fil conducteur le conte Michka : un album du Père Castor relatant les tribulations d’un ours en peluche. Il a puisé dans la collection de jouets du MuCEM, héritée du musée des Arts et traditions populaires, une foule d’émouvants objets reliés à l’enfance. À voir jusqu’au 17 mai 2015. E.G.
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Octobre, à la carte Outre des expositions, la cité culturelle programme, pour le seul mois d’octobre, 15 films, 5 spectacles, 8 rencontres ou conférences, un concert et même un ciné-concert. Morceaux choisis. Par Emmanuelle Gall
LE VILLAGE ET LA GALERIE DES OFFICIERS LE PLUS PETIT CHAPITEAU DU MONDE
Le fort Sain-Jean et ses nombreuses salles d’expositions accueillent (sur 850 m2) une exposition semi-permanente, baptisée Le Temps des loisirs, présentant une foule d’objets puisés dans les collections héritées du MNATP. Si la chapelle et certains espaces, trop humides, n’ont pu ouvrir leurs portes ou ont dû être fermés, d'autres sont accessibles au public. Installée dans une ancienne baraque militaire, la maquette de L’Universal Circus Pir’ouett réalisée par le décorateur Georges Berger reproduit, au dixième, le Barnum Circus. Elle est constituée de plus de 3 000 pièces et se déploie sur 48 m2.
LA PLACE D’ARMES BANQUET MIX FOOD
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Après l’organisation de quatre piqueniques méditerranéens dans plusieurs quartiers de Marseille en septembre, le MuCEM donne rendez-vous à ses partenaires et au public pour un banquet final, le samedi 18 à midi. Une manière originale et conviviale d’annoncer l’exposition FOOD. Pour participer (gratuitement et dans la limite des places disponibles), le public est prié de venir avec un plat à partager.
© Hassan Darsi
BÂTIMENT GEORGES-HENRI RIVIÈRE (GHR) #2 PASSERELLE ARTISTIQUE : ÉTRANGE PARADOXE
Second volet du diptyque baptisé « Des artistes dans la cité », l’exposition conclut en beauté la très riche saison marocaine du Mucem. Cosignée par le musée et La Source du lion, une structure fondée à Casablanca en 1995 par Hassan Darsi, elle est le fruit d’une longue réflexion collective sur la question de l’engagement des artistes, qui a réuni, autour de lui, Younès Baba-Ali, Yto Barrada, Martine Derain et Mohammed Laouli. Tous ont choisi d’explorer, au moyen de la vidéo – et souvent avec humour –, les contradictions d’une société marocaine en mutation, frappée de plein fouet par la mondialisation et souvent rattrapée par son passé. Jusqu’au 27 octobre
EXPOSITIONS TEMPORAIRES J4, NIVEAU 2
Cet automne, deux nouvelles expositions se partagent les salles du niveau 2 :
© Chen Zhen
FOOD – PRODUIRE, MANGER, CONSOMMER Les œuvres de 37 artistes internationaux et des objets du quotidien posent la question de la nourriture et l’alimentation (lire p. 52).
AUDITORIUM GERMAINE TILLON J4, NIVEAU -1
L’auditorium du MuCEM est le rendez-vous des cinéphiles et des curieux. À voir et/ou écouter : • « Ukraine, grenier d’images » (du 4 au 26) : un cycle de cinéma ukrainien présentant dix films, du Cuirassé Potemkine (1925) à The Tribe de Myroslav Slaboshpytskiy (2014), en passant par le mythique et graphique Homme à la caméra (1929) de Dziga Vertov. • « Histoires d’Odessa » (du 16 au 19) : trois journées dédiées à la « jumelle ukrainienne » de Marseille, avec une lecture en musique, par Macha Makeieff, des Contes d’Odessa d’Isaac Babel (le 16, à 20h30), des conférences et débats, des projections et un cinéconcert (le 17, à 21h). • Une séance de La Semaine de la Pop Philosophie, le 20 (à 19 h), autour de « la philosophie des sites de rencontres ». Le philosophe Marc Parmentier s’interrogera sur « le ressort des affects réels générés par des interactions virtuelles sur un site de rencontre ». • Les cours, séminaires et colloques se déroulant à l’auditorium sont également accessibles au public sur réservation et souvent gratuits. À noter, les 9 et 10 (à partir de 9h30) : un colloque international sur les arts visuels et l’imitation de la nature, intitulé Dal naturale : l’art d’après nature, d’Alberti à Lessing.
Du 29 octobre au 23 février 2015
© Raymond Depardon, Magnum Photos
Du 29 octobre au 2 mars 2015
© De Rerum Mechanica
RAYMOND DEPARDON UN MOMENT SI DOUX Accrochée à la place des Chemins d’Odessa, annulée, cette exposition, qui a déjà été accueillie l’hiver dernier au Grand Palais à Paris, réunit 156 clichés en couleur du plus célèbre des photographes français. Retraçant l’ensemble de sa carrière comme ses voyages en Afrique, aux États-Unis et en Amérique du Sud, elle se targue d’être « la plus importante exposition jamais consacrée à la couleur chez Depardon ». D’après leur auteur, « ces photographies sont assez douces, distanciées, avec une certaine retenue. En noir et blanc je m’inscris dans la grande tradition européenne de noirs denses et profonds ; je vois au contraire la couleur claire, lumineuse, joyeuse surtout ».
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MuCEM, mode d’emploi
À boire et à manger… pour tous FOOD, l’exposition phare de la rentrée, confirme le goût du MuCEM pour l’art contemporain, mais aussi sa volonté de toucher un large public. Texte : Emmanuelle Gall
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epuis début septembre, aux quatre coins de Marseille, on pique-nique et on collecte des recettes ou des objets en lien avec la cuisine méditerranéenne, histoire de se mettre en appétit – et en condition – pour l’exposition FOOD qui débutera le 29 octobre. Baptisée « Mix food », l’expérience lancée par le MuCEM en collaboration avec des associations de quartiers et des centres sociaux a eu lieu à Noailles, SainteMarthe, Saint-André et la Cayolle : des quartiers dont les habitants comptent rarement parmi les « Amis du MuCEM ». Comme le notait Bruno Suzzarelli, à la veille de son départ à la retraite, l’un des grands défis de son successeur, c’est « l’élargissement des publics » : « On a pu observer que les visiteurs, si nombreux et satisfaits soient-ils, sont en majorité des amateurs de musées. Dans une ville populaire et diverse comme Marseille, il faut viser un public plus conforme à la sociologie de la population. » Parmi les diverses stratégies mises en œuvre par le département des publics, « Mix food » a d’autant plus de chances de porter ses fruits que l’exposition conçue par l’ONG Art for the World aborde la thématique universelle de la nourriture et se veut « grand public ». Sa commissaire générale, Adelina von Fürstenberg, l’a conçue dans la perspective de l’Exposition universelle qui se tiendra à Milan en 2015 et selon les principes de l’ONG qu’elle a fondée en 1996 : « Nous diffusons un art qui est pour tout le monde, pas pour une élite. Et nous le faisons dans des endroits où l’on n’a pas l’habitude de voir de l’art contemporain. » Affiliée au Département de l’Information Publique des Nations Unies (UNDPI), Art for the world s’est fixé pour objectif de faire intervenir des artistes sur les grands sujets de société : la paix, la santé, l’enfance... FOOD réunit les travaux de 37 plasticiens contemporains, de la perfor-
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« FOOD présente des œuvres d'artistes contemporains. Cela pourrait paraître hermétique, mais finalement, ça ne l'est pas. »
meuse serbe Marina Abramović au Jamaïcain Nari Ward. Ce sont des œuvres des quatre coins du monde, des pièces quasi classiques des années soixante comme des vidéos très récentes. Et pour l’occasion, cinq artistes vont réaliser des installations spécifiques, en travaillant à partir d’objets issus des collections du MuCEM. Selon Adelina von Fürstenberg, « outre la qualité artistique de leur travail, ces artistes ont en commun une forte identité et un discours interculturel sensible aux différentes questions liées directement ou indirectement à l’alimentation, tels que les conséquences des changements climatiques, l’empoisonnement des produits de l’agriculture, l’écart dans la distribution alimentaire, mais aussi la préservation de notre terre nourricière, le choix des aliments, les cuisines diverses, les rituels et les cérémonies autour de l’alimentation… » À ceux qui oseraient douter du caractère « grand public » d’une telle proposition, Adelina von Fürstenberg répond tout simplement : « FOOD présente des œuvres d'artistes contemporains. Cela pourrait paraître hermétique, mais finalement, ça ne l'est pas. »
Meret Oppenheim, L'Ecureuil, 1969,
collection A.L'H., Genève.
© ADAGP Paris 2014 photo : Annik Wetter
Marcel Broodthaers, Le Manuscrit, 1971, collection privée. © ADAGP Paris 2014 - Estate Marcel Broodthaers
Eduardo Srur, Supermercado, 2014, vidéo, courtesy artiste © Eduardo Srur, photo : Fernando Huck
Subodh Gupta, Curry 2 (3), 2005, collection privée.
© Photo Art & Public, Cabinet PH, Geneve
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MuCEM, mode d’emploi
Les enfants du MuCEM Revendiquant son accessibilité à tous les publics, le MuCEM soigne particulièrement les enfants et propose un arsenal de dispositifs : visites guidées, parcours avec tablette tactile, livrets-jeux… mais aussi ateliers et spectacles. Focus sur quatre d’entre eux. Texte : Emmanuelle Gall
Ma première visite au MuCEM Animée par un(e) guide, cette visite (très) générale est réservée aux familles qui franchissent pour la première fois les portes du musée. Elle peut rassurer les parents craignant de se perdre dans le labyrinthe du MuCEM ou de ne pas savoir répondre aux questions de leur progéniture. On y survole la fonction du musée et de sa galerie de la Méditerranée, l’architecture de Rudy Ricciotti, l’histoire du fort, la philosophie du jardin… au moyen de jeux et devinettes. Un marathon d’une heure et demie quand même, dont les enfants sortent lessivés, mais instruits. Visite en famille, pour les 4-7 ans Les 12, 18, 19 et 31 octobre, 15h, le 29, 15h30 Durée : 1 h 30 5-12 €
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Espace et parcours pour les 7-12 ans Hors vacances scolaires : les week-ends, 13h-19h - Du 19 octobre au 3 novembre : tous les jours, 11h-19h - Durée : 45 mn-1h30 Entrée libre (sur présentation du billet d’un adulte accompagnateur).
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L’Odyssée des enfants Comment donner envie aux enfants de parcourir la galerie de la Méditerranée ? Il faut d’abord se rendre dans l’espace qui leur est dédié au rez-de-chaussée. Après avoir vu un dessin animé puis s’être entraînés virtuellement, les petits visiteurs partent, tablette tactile en main, en quête d’indices pour trouver la formule capable de délivrer Ulysse. Leurs petits frères et/ou sœurs ont droit à un livret-jeu adapté.
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Les ateliers de Fotokino
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Pendant les vacances de la Toussaint, le MuCEM fait appel à deux valeurs sûres à Marseille : La Baleine qui dit « Vagues » et Fotokino. On ne présente plus cette association qui a beaucoup œuvré pour que 2013 soit aussi l’année des enfants. Pour Les Escales imaginaires en Méditerranée, Fotokino installe sa « fabrique » dans le forum, relooké pour l’occasion par l’illustrateur Benoît Bonnemaison-Fitte. Au programme : un atelier permanent de création de cartes postales et, en alternance, quatre propositions animées par des artistes. Pila Arcila initiera les enfants au photogramme, Bettina Henni à l’art de la frise, Sabine Allard les invitera à fabriquer une fresque collective et Valérie Pelet des images à projeter.
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5 ateliers, de 4 à 12 ans Du 22 au 27 octobre Durée : 45 mn - 5-12€ na
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Contes, récits et histoires de la Méditerranée Confiée à La Baleine qui dit « Vagues », le temple du conte à Marseille, cette programmation explore la Méditerranée dans tous ses états. Quatre artistes vont se relayer pendant les vacances, entre l’espace enfants et l’auditorium Germaine Tillion : Nora Aceval et les Contes berbères de son enfance, Jean-Michel Hernandez sur Les Chemins du Sud, Laurent Daycard pour des histoires en musique D’une rive à l’autre et Praline Gay-Para avec des Contes de la petite bleue venus d’Espagne, d’Égypte, du Liban, de Palestine… Spectacle en famille, à partir de 4 ans Du 22 au 27 octobre 5-12 €
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PORTFOLIO Théâtre romain d’Arles Album de photographies. Vues de monuments de France et d’inondations à Lyon et Avignon en 1856, Edouard Baldus. N° inventaire : PHO 1983-135. Paris, Musée d’Orsay
©RMN/Grand Palais/Hervé Lewandowski.
LE MIDI ANTIQUE,
PHOTOGRAPHIE ET MONUMENTS HISTORIQUES (1840-1880) Texte : Emmanuelle Gall
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ans une région particulièrement gâtée sur le plan du patrimoine romain et qui mise de plus en plus sur sa mise en valeur, il est d’autant plus instructif de s’intéresser au regard porté par nos ancêtres sur les monuments et autres vestiges antiques, que leur « patrimonialisation » est contemporaine de la naissance de la photographie, en 1839. En effet, la première liste de monuments historiques protégés par l’État a été publiée l’année suivante. Des daguerréotypes aux stéréoscopies, en passant par les panoramiques, les cent quarante clichés exposés au musée bleu témoignent autant des progrès techniques de la photographie que de l’évolution de l’archéologie ou de la muséographie. Cette exposition, qui est une première, sera complétée, à partir du 3 octobre, par Regards contemporains sur le patrimoine, réunissant les photographies de monuments locaux réalisées par six étudiants de l’ENSP d’Arles.
Jusqu’au 14 décembre. Musée départemental Arles antique, Avenue 1ère division France libre, presqu'île du cirque romain, Arles. 04 13 31 51 03. 2-8 €.
WWW.
arles-antique.cg13.fr
MUSÉOMIX
Du 7 au 10 novembre, le musée départemental Arles antique et le Museon Arlaten participeront, avec six autres institutions françaises, européennes et canadiennes, à l’opération Muséomix. Pendant trois jours, des professionnels et des amateurs passionnés proposeront au public de nouveaux modes d’exploration du musée, numériques et collaboratifs. Expérimentale et ludique, la manifestation devrait réserver de belles surprises.
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Amphithéâtre d'Arles par Marie-Charles-Isidore Choiselat et Stanislas Ratel. N° inventaire : 2003.0.8101 - Vers 1845. Daguerréotype triple plaque - Arles, Musée Réattu (dépôt)
© Coll. Museon Arlaten, Musée départemental d’ethnographie.
Vue du musée lapidaire d’Arles par Alfred Normand, vers 1870. Arles, Musée Réattu.
© Estelle Rebourt
La Tour Magne de Nîmes. Par Charles Lenormand. Epreuve sur papier salé à partir d'un négatif, vers 1853. Collection particulière J.-M. Prades
© J.-M. Prades
Mausolée de Saint-Rémy-de-Provence Par Dominique Roman Fonds Gautier-Descottes. Epreuve sur papier salé, Album du Musée Lapidaire tome 2, Arles, Médiathèque
©Médiathèque d'Arles/CICL
Notre Dame de Lamourguier de Narbonne. Vue du chœur, attribué à Jules Grulet. N° inventaire : 4T 268 Ph.171 . Epreuve sur papier albuminé d’après un négatif, vers 1890
©Archives départementales de l’Aude
Vue du musée lapidaire d’Arles. Anonyme. Epreuve sur papier albuminé d’après un négatif sur plaque de verre, vers 1870. Carpentras, Musée-Bibliothèque Inguimbertine
© Carpentras, Musée-Bibliothèque Inguimbertine
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70 Scènes
76 82 Musiques Expos
88 Enfants
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L’ÉVÈNEMENT MARSATAC,
LE +
QUI ?
Si les éditions précédentes jouaient la carte du mix musical, en 2014, chaque soirée a sa propre couleur. Ainsi, le jeudi sera rock, le vendredi hip-hop et le samedi électro. Le tout, en conviant des artistes allant de l’international (#Chicago takeover) au local (Kid Francescoli), du pointu (Busdriver) à la grosse artillerie populaire (Skip the use), histoire de brasser les publics, toujours.
OÙ ?
Les trois « grosses » nuits ne se dérouleront pas au Dock des Suds, comme lors des deux éditions précédentes… mais à la Friche Belle de Mai, comme en 2010 et 2011. « Il s’agissait de nos plus belles éditions. On a donc décidé de revenir dans le lieu, qui, entièrement refait depuis, nous offre de nouvelles possibilités », précise Dro Kilndjian, le directeur artistique. Meilleure circulation du public et montage d’une scène « club », sous le toit terrasse, en sont les meilleurs exemples
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« Le nomadisme est inscrit dans l’ADN du festival » : entendez par là que Marsatac investira, avec les propositions « satellites », de nombreux lieux, parfois atypiques, pour proposer « de l’éphémère et de l’inédit ». Une « ouverture Dj » au Palais de la Bourse, une incursion à la Rue « Consolat » du Rock et un programme enfants à la Friche sont notamment prévus.
LE -
Si Marsatac avait pris l’habitude de donner rendez-vous à ses fidèles aussi bien à Nîmes qu’à Marseille, point de concert cet automne dans le Gard, à cause de l’organisation de la Feria le week-end où devait se tenir le festival… Heureux du partenariat avec la salle Paloma, le festival envisage toutefois d’y proposer quelques événements au cours de l’année. C.C. Du 25 au 27 Septembre. Friche Belle de Mai, 41, rue Jobin, Marseille, 3e. 04 95 04 95 04. 20-38 €. www.marsatac.com
DR
QUESTION D’ESPACE
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LA FIESTA,
© Jean de Peña
CONCENTRÉE ET CONDENSÉE
LE +
QUI ?
À l’affiche cette année, des artistes en provenance des quatre coins du monde. De l’envoutante reggae-girl belge Selah Sue aux indémodables rappeurs américains de De la soul ou au jamaïcain Winston McAnuff, en passant par Catherine Ringer (façon tango et électro) ou la spécialiste d’Afrofolk Irma, originaire du Cameroun… La sélection 2014 a de quoi dépayser les quelques 15000 spectateurs attendus chaque soir.
OÙ ?
Entre la Fiesta et le Dock des Suds, c’est une histoire d’amour qui dure… Et qui continuera encore au moins pendant trois ans, puisqu’Euromed vient de renouveler le droit d’exploitation du Dock. Lors de cette Fiesta, comme de coutume, plusieurs scènes de différentes capacités, seront dressées, en intérieur comme en extérieur, pour accueillir la ribambelle de concerts étalés de 20h au petit matin.
Alors que beaucoup de festivals profitent des tournées des artistes pour établir leur programmation, La Fiesta des Suds cherche l’exclusivité et s’appuie sur des locomotives made in Marseille. Après IAM l’an dernier, c’est donc au tour du Massilia Sound System d’ouvrir les hostilités et de lancer en live son nouvel album. Chinese man, Deluxe le Syndicat du Rythme ou Aston Villa, emboiteront le pas.
LE -
La réduction des subventions du Conseil général, principal partenaire de la Fiesta, a conduit Bernard Aubert et son équipe à condenser le cru 2014 sur trois jours (sans compter la traditionnelle Fiesta des Minots). L’avenir de la manifestation n’est toutefois pas menacé puisque la structure souhaite se tourner rapidement vers d’autres pôles de financement, publics ou privés, pour combler le manque et revenir sur une formule sur six jours. C.C. Du 15 au 18 Octobre. Dock des Suds, 12, rue Urbain V, Marseille, 2e. 04 91 99 00 00. 20-25 €. www.dock-des-suds.org
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© Maxyme G. Delisle
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ACTORAL PREND L’ACCENT Festival pointu par excellence, Actoral interroge les écritures contemporaines à travers des spectacles, lectures ou performances, touchant à différents domaines artistiques. Cette année, cinquante rendezvous vont être proposés de la fin septembre à la mioctobre dans différentes salles de Marseille… et du Québec. Au cours de cette quatorzième édition, les spectateurs auront en effet droit à un temps fort découverte de la scène québécoise. « C’est un concours de circonstances. Ces dernières années, je suis allé plusieurs fois comme metteur en scène à l’Usine C, centre de création et de diffusion pluridisciplinaire à Montréal. J’ai pensé que ce serait bien de rendre la réciprocité », confie Hubert Colas, directeur artistique de la manifestation. L’idée est donc de proposer une double édition d’Actoral, à Marseille, puis dans la foulée au Canada, en permettant aux comédiens de jouer dans les deux pays. « Les artistes québécois s’attachent à des problématiques proches des nôtres. Je pense par exemple au financement de la culture, dif-
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ficile en cette période d’austérité… On note aussi une volonté de questionner la forme et de mélanger des genres. Sur le fond, c’est surtout le rapport à l’humain qui est privilégié. Comparer les différentes visions m’a semblé nécessaire », ajoute Hubert Colas. Autre spécificité de ce cru 2014 : la volonté de remettre au cœur du projet la notion de création, avec de nombreuses représentations en première française ou internationale. Hubert Colas s’en réjouit : « Lors de ses débuts, Actoral mettait en avant des rencontres et des works in progress… Au fil du temps, nous avons su garder ce cap, tout en montrant des travaux aboutis. Cette année permettra de voir des propositions peu ou pas jouées, signées par des artistes tels que Superamas, François-Michel Pesenti, Thomas Ferrand ou Toshiki Okada ». C.C. Du 24 septembre au 11 octobre. Divers lieux à Marseille. 04 91 94 53 49. 0-20 €. www.actoral.org
© dujouraulendemain
© Ludovic des Cognets
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LE MARIAGE DE FIGARO
JOURS [ET NUITS] DE CIRQUE(S) Le Centre international des arts en mouvement (CIAM) est essentiellement un lieu de résidence et de formation aux arts du cirque. Mais, tous les ans, la structure implantée sur le domaine de la Molière à Aix s'ouvre au grand public. Elle a ainsi mis sur pied un festival qui devrait séduire les amateurs de cirque contemporain comme de formes plus traditionnelles. Pendant cinq jours, les chapiteaux, espaces cabarets et autre yourte vont accueillir des propositions circassiennes alliant la prouesse, la
danse contemporaine, le théâtre, les arts visuels, la magie nouvelle, ou encore le conte. Une dizaine de compagnies internationales (Le P’tit Cirk, Flip fabrique, El Nucleo, Attention fragile, Gandini Juggling, Cie éphémère, 100 Issues, compagnie 14:20 et Laurent Cabrol & Elsa de Witte - programmation hors les murs du Bois de L’Aune) ont ainsi répondu à l'invitation du Ciam. Avec un mot d'ordre : « Laissez le cirque vous surprendre ». F.K.
Du 24 au 28 septembre. CIAM,Domaine de la Molière, 4181, route de Galice, Aix-en-Provence. 09 83 60 34 51. 10-18€. www.artsenmouvement.fr
Figaro veut se marier avec Suzanne, mais le Comte réclame son droit de cuissage. La Comtesse, jalouse, empêche son mari de séduire Suzanne. Figaro veut protéger sa fiancée, et Suzanne aider sa maîtresse. Derrière cet imbroglio sentimental, c’est tout simplement la révolution qu’annonce Beaumarchais, dès 1784, dans une pièce longtemps censurée. La metteure en scène Agnès Régolo y voit un vaudeville existentiel, sentimental et politique dont la force principale est la gaîté. Une gaîté guerrière qui combat l’ennui et le fanatisme, du XVIIIe comme du XXIe siècle. Cette œuvre moderne, opportune en ces temps de repli, fait la part belle aux femmes, à leur vitalité et à leur émancipation. O.L. Du 25 au 27 septembre, 20h30. Théâtre du jeu de Paume, 21, rue de l’Opéra, Aix-en-Provence. 04 42 99 12 00. 8-20 €. www.lestheatres.net
© Sophia Antoine
CARRÉMENT À L’OUEST Place à la parole en cette sixième édition du festival des arts de la rue, mêlant récits intimes sur l’immigration et théâtre de camionnette. À ne pas louper : une étape de travail de La Fuite à cheval très loin dans la ville, prometteuse adaptation du premier roman de Koltès par la Compagnie d’Elles. La circassienne Yaëlle Antoine mise sur la délicatesse de la voltige équestre et l’apparition furtive
de silhouettes encapuchonnées le long d’une étroite rue, pour plonger le spectateur dans les états de conscience modifiés de Félicie, le personnage principal du roman. J.B. Le 4 octobre, de 14h à 19h. Faubourg Hardon, Port-Saint-Louis-du-Rhône. 04 42 48 40 04. Entrée libre. www.lecitronjaune.com
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© Carmine Maringola
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MALIK BENTALHA SE LA RACONTE Repéré en 2010 par Jamel Debouzze (qui lui a confié l’an dernier la première partie de sa tournée), Malik Bentalha connaît une reconnaissance rapide et méritée. Il pratique le one man show autobiographique cher à son mentor, entre souvenirs d’enfance et réflexions personnelles. Moins provocateur que d’autres, on peut le trouver parfois trop bon élève avec ses sujets classiques (le couple, la drague, les petits boulots, la télé, les profs, l’enfance…). Mais sa chaleur et son autodérision apportent une fraicheur qui fait souvent défaut à une scène qui a tendance à réduire l’humour au sarcasme et au cynisme. O.L.
LE SORELLE MACALUSO
de vivre. Et ce, malgré tous les coups bas que réserve le sort. Les hommes ne sont pas totalement absents, mais ils sont soit débordés soit terrassés par leurs rêves dérisoires. De toute façon, la mort est omniprésente et il est impossible de tricher en sa compagnie. Face à elle, chaque femme devra affronter sa vérité. Tant pis si ça fait très mal. Il faut en passer par là pour que l'existence vibre avec une telle intensité. F.K. © Laïd LIAZID
Dans la chaleur et la démesure méditerranéenne, au cœur de la Sicile plus précisément, nous sommes en pleine comédie, au bord du grotesque même parfois. Et pourtant, la tragédie affleure constamment. Mais sans fioriture inutile, sans fausses politesses ni faux-semblants. D'emblée, Emma Dante nous fait pénétrer au cœur de l'intimité de six figures féminines. Six sœurs qui expriment de tout leur être, par leur voix autant que par leur corps, leur inextinguible soif
Le 11 octobre, 20h30.Espace Julien, 39, cours Julien, Marseille, 6e. 04 91 24 34 10. 28 €. www.espace-julien.com
Le 1er octobre, 19h, le 2, 20h. Théâtre Joliette-Minoterie, 2, place Henri Verneuil, Marseille, 2e. 04 91 90 07 94. 3-20€.www.theatrejoliette.fr
CLAMEUR DES ARÈNES
© Antoine Tempe
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En Afrique, les combats de luttes remplissent des stades et sont l'occasion de faire la fête. Le chorégraphe et danseur Salia Sanou recompose sur une scène transformée en arène les « motifs » de ces affrontements codifiés. Il orchestre la rencontre de trois danseurs, cinq lutteurs venus du Sénégal et quatre musiciens, sur une création musicale d’Emmanuel Djob. Vue ainsi, la lutte devient encore plus profondément ambivalente. L'usage de la force s'affirme, au-delà de la
morale, comme une qualité esthétique. La gestuelle, tout en soulignant la dimension rituelle de la violence, exacerbe ses racines culturelles. Une belle métaphore des batailles que mènent les hommes tout au long de leur vie ! F.K. 7 octobre, 20h30. Théâtre des Salins, 19, quai Paul Doumer, Martigues. 04 42 49 02 00. 8-18€. www.les-salins.net
DR © Didier D Daarwin
LES TRIPLETTES DE BELLEVILLE DANS "GO OUEST" Les salles de spectacles sont des décors privilégiés des films de Sylvain Chomet : on se souvient du cabaret des Triplettes de Belleville ou de L’Illusionniste et des rings de catch d’Attila Marcel. Cette fois, l’auteur-dessinateur-réalisateur, épaulé par le metteur en scène Julien Baptist, installe sur scène l’univers d’un de ses films. Cette comédie – très – musicale reprend les aventures de ses fameuses Triplettes, dix ans après leur naissance cinématographique, précisément là où on les avait laissées. Rose, Blanche, Violette, madame Souza et Champion, toujours poursuivis par la mafia, traversent l’Amérique des années 60 en un voyage délirant à la fois touristique, initiatique et musical. En chemin, ils rencontrent un Elvis Presley déprimé, des Beatles au sommet de leur gloire et découvrent le terrible secret du passé de madame Souza. Six comédiens-chanteurs et cinq musiciens-acteurs donnent vie à cette aventure traversée de jazz manouche, de rock’ n’ roll, de pop anglaise, de samba, de country, de musique cajun et de chansons de cabaret. Les Triplettes sur scène, en chair et en (vieux) os ! O.L. Le 17 octobre, 20h30. Théâtre des Salins, 19, quai Paul Doumer, Martigues. 04 42 49 02 00. 8-18 €. www.theatre-des-salins.fr
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SCÈNES © Samuel Rubio
© Marc Domage
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IDIOT ! PARCE QUE NOUS AURIONS DÛ NOUS AIMER
CLÔTURE DE L'AMOUR Le sujet n'a a priori absolument rien d'original : la rupture amoureuse. La forme minimaliste choisie peut, au premier abord, paraître peu spectaculaire : un décor quasi nu, deux personnages, deux longs monologues. Et pourtant, lancée par un succès unanime et justifié au festival d'Avignon 2011, Clôture de l'amour tourne depuis sur les scènes du monde entier. Les raisons de cet engouement ? Le texte écrit par Pascal Rambert
est effi lé, coupant, comme une lame de rasoir. Et les mots viennent s'incruster dans les corps des deux acteurs (Audrey Bonnet et Stanislas Nordey). L'impact physique est visible, terrible. Alors le paradoxe opère : la très cruelle séparation qui se joue sur scène soude le public comme seul peut le faire un grand moment d'amour. F.K.
Le 6 et 7 novembre, 20h, le 8, 19h. Théâtre Joliette-Minoterie, 2, place Henri Verneuil, Marseille, 2e. 04 91 90 07 94. 3-20€. www.theatrejoliette.fr
Vincent Macaigne passe avec une facilité déconcertante du cinéma au théâtre. Et, chaque fois, il bouscule et marque les esprits. En 2009, avec sa première version de L'Idiot, il signait un véritable manifeste théâtral. Refusant une distance confortable avec son sujet, il adoptait, au contraire, un parti pris radical transformant ainsi une pièce de théâtre en un acte d'engagement. Il nous livre aujourd'hui une deuxième version de cet Idiot. Macaigne a sans doute mûri, mais, heureusement, il ne s'est pas assagi. Il continue à manipuler l'œuvre de Dostoïevski comme un matériau incandescent. Le résultat ne peut être qu'explosif. F.K. Les 17 et 18 octobre, 19H30, le 19, 16h30. Théâtre de la Criée, 30, quai de Rive Neuve, Marseille, 7e. 04 91 54 70 54. 9-24 €. www.theatre-lacriee.com
EMPTY MOVES (PARTS I, II & III)
© JC Carbonne
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Parallèlement à ses grandes fresques spectaculaires, Angelin Preljocaj travaille depuis plusieurs années sur des pièces plus abstraites. Il a ainsi construit, en prenant appui sur une série de compositions réalisées, en 1977, par John Cage, des séquences chorégraphiques, des fragments aléatoires et « mouvementés » déconnectés de tout souci de narration. Juste un bain de sensa-
tion. Les trois parties de ces Empty moves sont désormais réunies en un tout, un assemblage qui n'a pas d'autre finalité que son intrinsèque beauté. F.K. Du 14 au 18 octobre, 20h30, le 18, 19h30. Pavillon Noir, 530, avenue Mozart, Aix-en-Provence. 04 42 93 48 00. 10-25 €. www.preljocaj.org
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MUSIQUES
YOUN SUN NAH, SOLEIL CORÉEN
Bien connue des spectateurs marseillais – elle est venue trois fois au festival Jazz des cinq continents –, la native de Séoul, qui a fait ses études musicales en France, témoigne d’une envie de faire voyager le public, par sa musique déroutante, envoutante, inspirée de divers horizons. Son talent inné pour le scat, cette forme de jazz vocal où les mots sont remplacés par des onomatopées, est propice aux prouesses. Sa voix, souvent soulignée par des musiques douces, passe des aigus aux graves à une vitesse folle. Autant de moments magiques, remplis d’émotion, à savourer, si possible en live et en extérieur, au soleil couchant, histoire de se laisser enivrer par l’atmosphère que sait insuffler la belle, qui compte déjà huit albums à son actif. Et si Youn Sun Nah privilégie les sonorités, elle n’oublie pas de clamer son amour pour les belles paroles et de toucher tous les genres à travers ses reprises. L’artiste est capable de s’approprier, avec le même éclat, Ne me quitte pas de Jacques Brel ou Avec le temps de Léo Ferré, de lorgner vers le boléro mexicain Besame Mucho, avant d’emmener son auditoire prendre en sa compagnie un Breakfast in Bagdad composé par ses soins… Son coup le plus osé : la relecture du Enter Sandman de Metallica, toute en délicatesse avant l’envolée finale. Ici pas de hard rock, mais de la simplicité et de la justesse, l’artiste sud-coréenne, étant accompagnée d’une simple guitare sèche, grattée le plus souvent par son complice suédois Ulf Wakenius. C.C.
© sung yull nah
Le 23 octobre, 20h30. Grand Théâtre de Provence, 380, avenue Max Juvénal, Aix-en-Provence. 04 42 91 69 70. 8-34 €. www.lestheatres.net
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© Yann Orhan
© Jean-Luc Bertini
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YODELICE
SOVIET SUPREM Elle devait bien finir par arriver, la rencontre entre Erwan Séguillon (Java) et Toma Ferterman (La Caravane Passe). Tous deux parisiens, ils partagent un même goût pour mêler le rap à toutes sortes de genres traditionnels. Ils assument aussi une même passion décomplexée pour les déguisements, les jeux de mots surréalistes et un sens paillard de la fête. Un premier morceau, « Zinzin Moretto », avait consacré la rencontre en 2012. Puis, en janvier 2014, se rebaptisant pour l’occasion Sylvester Staline et John Lénine, ils sortent Bolchoï, un premier EP
de cinq titres transformé aujourd’hui en album : L’international. On l’aura compris, c’est du côté de l’Est de « l’avantglasnost » que les deux turbulents adulescents ont pioché leur inspiration thématique, éthylique et musicale : son climat vigoureux, ses contradictions politiques, son esthétisme socialiste, son âme slave et festive. Quel que soit le masque du jour, les compères prolongent leur œuvre, sorte d’hommage débridé à la vitalité du petit peuple et de son folklore, de Paris comme de Saint-Pétersbourg. O.L.
Le 2 octobre, 21h. Le Poste à Galène, 103, rue Ferrari, Marseille, 5e. 04 91 47 57 99. 16-17 €. www.leposteagalene.com
Avec déjà plus de cinq cents concerts à son actif, il est une véritable bête de scène. Yodelice, personnage au chapeau à plume et à la larme peinte sur le visage, « inspiré par l’expressionnisme allemand », est devenu le véritable alter ego du chanteur Maxim Nucci. Habitué à trimballer sa belle gueule au cinéma, où il a signé une balade et la bande originale des Petits Mouchoirs de son ami Guillaume Canet, l’auteurcompositeur a préféré, pour son dernier album, Square Eyes, lorgner davantage du côté de Depeche Mode et vers « une musique urbaine et plus fouillée que par le passé ».C.C. Le 9 octobre, 20h30. Le Silo, 35, quai du Lazaret, Marseille, 2e. 04 91 90 00 00. 28-34 €. www.silo-marseille.fr
DR
LA RUE KÉTANOU Groupe fédérateur par excellence, populaire et joyeux, la Rue Kétanou sait faire monter l’ambiance lors de chacune de ses sorties. La recette de ce trio de saltimbanques ? Des mélodies calibrées et dansantes, des accordéons bien accordés, des paroles simples – mais pas simplistes – et une positive attitude, qu’ils aiment transporter lors de leurs sorties. Alors forcément,
à l’écoute, on pense aux Négresses vertes, à Sinsemilia, aux Ogres de Barback et à ces autres groupes forains dont les compositions ensoleillées rappellent l’été. C.C. Le 3 octobre, 21h. L’Usine, Route de Fos, Istres. 04 42 56 02 21. 24-27 €. www. scenesetcines.fr
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MUSIQUES
© Moment Records
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SÉBASTIEN TELLIER
Cet artiste électro à l’improbable look de gourou des seventies a trouvé une notoriété grand public lors de sa prestation à l’Eurovision de 2008, y représentant la France (en anglais) accompagné de femmes à barbe. Pour d’autres, ce passage aurait marqué l’achèvement pathétique d’une carrière. Mais voilà, Sébastien Tellier, fait partie de ces ovnis de l’industrie musicale, tel Katerine ou Christophe qui, passés maîtres en autodérision, savent se jouer de leur image, et être kitsch sans être ringard. La sortie en mai dernier de son huitième album, L’Aventura, aux textes intimistes et à l’atmosphère hédoniste électro brésilienne, est l’occasion de voir le personnage là où sa singularité prend toute sa plénitude : sur scène. O.L. Le 31 octobre, 20h30.Espace Julien, 39, cours Julien, Marseille, 6e. 04 91 24 34 10. 27, 70 €. www.espace-julien.com
ZAKIR HUSSAIN AND MASTERS OF PERCUSSION Théâtre de Provence. Sous sa direction, c’est, cette fois, une jeune génération de percussionnistes prometteurs qui viennent nous faire découvrir le large répertoire de la musique indienne. L’ensemble, réunissant des joueurs exceptionnels de kanjira et de ghatam (pots de terre), de sitar, de sarangi (vièle à archet), de dholki et de dhol (tambours), mêle le folklore à la musique traditionnelle et contemporaine. Virtuosité et spiritualité. O.L.
© Ludoivic Caremes
Zakir Hussain, est une légende et incontestablement l’un des grands maîtres des tablas. Se produisant dans toute l’Inde avec son père percussionniste dès l’âge de douze ans, il a joué avec les plus éminents musiciens indiens tels que le sitariste Ravi Shankar ou le sadoriste Ali Akbar Khan. Installé aux États-Unis depuis le début des années 70, il accompagne régulièrement son ami John McLaughlin, avec qui il a subjugué l’année passée le public du Grand
Le 21 octobre, 20h30. Grand Théâtre de Provence, 380, avenue Max Juvénal, Aix-en-Provence. 04 42 91 69 70. 8-28 € .www.lestheatres.net
SHAKA PONK
DR
Comme les Beatles ont leur White Album, les Shaka Ponk ont sorti au printemps dernier The White Pixel Ape, permettant à Goz, leur singe mascotte, de dégainer à nouveau un électro-rock aussi puissant que festif, mélange de genres moderne et décalé…. Aussi pointilleux sur l’aspect sonore que sur leur image, le combo made in France s’est forgé une véritable identité graphique, sur la toile comme
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lors de shows déjantés. À moins que leur prochaine galette, baptisée The Black Pixel Ape, ne témoigne d’un changement de cap, vers le côté obscur de la force. C.C.
Le 13 octobre, 19h. Le Dôme, 48, avenue Saint-Just, Marseille, 4e. 04 91 12 21 21. 36-45 €. www.marseille.fr
FINK
DR
Depuis qu’il a troqué ses platines de DJ contre une guitare acoustique en 2000, l’anglais Fin Greenall (dit Fink) s’est révélé un songwriter aussi prolifique qu’élégant. Recherché pour ses talents de compositeur (John Legend, Banques, Professeur Green…), il a, entre autres collaborations prestigieuses, composé pour la diva Amy Whinehouse en personne. Parti de l’électronique, on le retrouve, six albums plus tard, à la barre d’un folk-blues moderne et mélancolique, subtilement relevé d’électro, de pop et de dub, qui n’a jamais perdu au fil du temps et des expérimentations diverses, sa limpidité originelle. Sa voix délicate et légèrement éraillée qui semble nous chuchoter à l’oreille d’intimes sentiments et ses textes tout en clair-obscur ajoutent du grain et des aspérités à cette épure musicale. Sur scène, il est accompagné de ses deux fidèles complices Guy Whittaker à la basse, et Tim Thornton à la batterie. Avec ce goût inépuisé pour les atmosphères crépusculaires, le groupe offre sur scène, l’air de rien, une transcription charnelle du mot grâce. O.L.
Le 5 novembre, 20h. Espace Julien, 39, cours Julien, Marseille, 6e. 04 91 24 34 10. 25 €. www.espace-julien.com
MUSIQUES
© Victoria Brown
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DR
ROBERT GLASPER EXPERIMENT
KAMINI
En 2006, apparaissait, sur la toile, un spécimen musical inédit : un rappeur picard. Boudé par les majors à qui il avait envoyé son premier titre, « Marly-Gaumont » (le nom du village d’où il est originaire), son clip a envahi la toile et est devenu un succès populaire décrochant, au passage, une Victoire de la musique. Kamini aurait pu être l’homme de ce seul coup d’éclat. Pourtant, en deux albums, Psychostar show (2007) et Extraterrien (2009), le style et le talent se sont confirmés : ceux d’un auteur-compositeur-comédien au re-
gard aiguisé, doté des deux qualités qui font le rappeur : un flow aussi fluide que rythmé et le sens de la formule. Proche d’un Disiz et loin des clichés du rap testostéroné, le Picard aux origines congolaises puise dans sa biographie pour évoquer – avec humour – le racisme, la folie, les faux-semblants et la bêtise ordinaire. Après une bifurcation par le one man show, Kamini, nous revient, plus incisif que jamais. De quoi faire regretter à certains rappeurs d’être né dans le « neuf-trois » plutôt que dans le « deux-deux ». O.L.
Le 7 novembre, 20h00. Espace Julien, 39, cours Julien, Marseille, 6e. 04 91 24 34 10. 25 €. www.espace-julien.com
Pianiste de jazz, comme son idole Herbie Hancock, Robert Glasper est à lui seul une synthèse des soixante dernières années de la musique black. Le jazz et le blues l’ont nourri au berceau par la voix de sa chanteuse de mère ; le gospel est venu par les églises et la soul par les clubs. Plus tard, il a collaboré avec des artistes de hip-hop et de R&B (Mos Def, Kanye West ou JayZ). Avec Vicente Archer (contrebasse) et Chris « Daddy » Dave (batterie), Son Robert Glasper Experiment mêle tout ce patrimoine musical, dans un dosage plus R&B et moins rap que jadis Steve Coleman and the Metrics. O.L. Le 7 novembre, 21h. L’Usine, Route Nationale 569, Istres. 04 42 56 02 21. 16,80-19,80 €. www.scenesetcines.fr
AUBERT CHANTE HOUELLEBECQ
DR
Elle peut paraître saugrenue, l’idée de l’ancien Téléphone de reprendre des textes du lauréat du prix Goncourt… Pourtant, écouter Jean-Louis Aubert chanter du Michel Houellebecq a quelque chose d’envoutant, tant la voix éraillée du premier colle avec les mots et les maux du second. Le chanteur se fait le passeur d’une poésie où la perte de repères se
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confond avec l’envie de briser la solitude. En somme, la quête d’un bonheur perdu, interprétée avec beaucoup de sobriété. D’où la réussite. C.C.
Le 18 novembre, 20h. Le Silo, 35, quai du Lazaret, Marseille, 2e. 04 91 90 00. 39-59 €. www.silo-marseille.fr
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EXPOS © Maigret
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UN PROGRAMME E-TOPIQUE Le numérique et les technologies de la communication ont profondément pénétré la création artistique. L'année dernière, la capitale européenne de la culture a su rendre visible ce mouvement de fond. Elle a, en effet, facilité le regroupement d'un certain nombre d'acteurs, marseillais et aixois, qui travaillent dans ce champ de recherche. Fédérés sous la même bannière, « etopie », ces opérateurs ont proposé à l'automne 2013, un événement qui a rencontré un succès public. En 2014, ils continuent sur leur lancée et prévoient déjà la création d’une biennale internationale en 2015. La Fondation Vasarely réunit sept artistes qui donnent formes aux Structures de l'invisible. L'association Seconde Nature questionne, elle, la Matière cinéma, avec une programmation pluridisciplinaire (exposition, concerts, performances...) pour se frotter aux mutations de l'image en mouvement. Zinc lance, à la Friche la Belle de Mai, What the Flock ?, une semaine d'actions sensibles sur les dérives et les alternatives technologiques. Mais l'événement le plus important est sans conteste le Festival Gamerz qui propose, dans différents lieux aixois, une
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exploration des relations de plus en plus étroites entre l'univers des jeux numériques et celui de l'art contemporain. Ce parcours d'expositions fortement interactif entend nous sortir de notre posture de spectateur passif. Au-delà de leur dimension ludique (des « gifts » psychédéliques et psychotropes, des images animées envoyées dans l’espace intersidéral, une attaque de drones...), ces nouvelles formes d'expression induisent des pratiques sociales, économiques et politiques alternatives. F.K. What the Flock ? Du 28 septembre au 5 octobre, Friche la Belle de Mai. www.zinclafriche.org Festival Gamerz Du 2 au 12 octobre, Aix-en-Provence. www.festival-gamerz.com Matière cinéma. Du 17 octobre au 13 décembre, Seconde Nature, Aix-en-Provence. ww.secondenature.org Structures de l'invisible Du 22 octobre au 4 janvier, Fondation Vasarely, Aix-en-Provence. www.Fondationvasarely.org
© Christian Tagliavini
DR
SORTIR
CHRISTIAN TAGLIAVINI
CHIHARU SHIOTA En 1994, Roland Petit créait Le Guépard à l’Opéra de Marseille, sur un livret d’Edmonde Charles-Roux et une partition mêlant Verdi, Respighi et Beethoven. Depuis cet été, dix des costumes dessinés pour l’occasion par Luisa Spinatelli vivent une nouvelle vie, sous la coupole de la Vieille Charité, dans une mise en scène de l’artiste japonaise Chiharu Shiota. Suspendues, les robes de bal blanches ou roses s’inscrivent dans un incroyable dispositif de fil de
laine noire, entre toile d’araignée et cocon, piège et nid. C’est la signature de Chiharu Shiota : un « art du fil » qui s’inspire de la nature autant que d’artistes comme Louise Bourgeois ou Eva Hesse. Maniant à la fois la métonymie, en revêtant la robe d’une fonction de « seconde peau », et la métaphore, en jouant sur la vaste symbolique du fil et du tissage, la Japonaise propose des œuvres ouvertes, suggérant un réseau quasi infini d’associations. E.G.
Jusqu’au 12 octobre. Pavillon Vendôme, 32, rue Célony, Aix-enProvence. 04 42 91 88 75. 3,5 €. www.aixenprovence.fr
DR
Jusqu’au 19 octobre. Centre de la Vieille Charité,2, rue de la Charité, Marseille, 2e. 04 91 14 58 38. 3-5 €. www. vieille-charite-marseille.com
Avec 1503, une série de neuf portraits réalisés en 2010, le photographe Christian Tagliavini revisite la Renaissance et plus précisément le maniérisme italien de Bronzino, né cette année-là. Ses Bartolomeo, Lucrezia, et autres Signora font illusion : drapés et couvre-chefs impeccables, gestuelle étudiée, carnation parfaite, lumière sophistiquée… Il s’agit en réalité de photographies obtenues au prix d’une longue et patiente préparation. L’artiste fabrique littéralement ses images, depuis le choix des modèles jusqu’aux longues séances de pose en passant par la création des costumes et le maquillage. Ces œuvres, hautement artificielles, tiennent à la fois de l’hommage et de la confrontation artistique, invitant du même coup le spectateur à regarder avec un œil neuf les portraits de la collection du pavillon Vendôme. E.G.
1944, LA LIBÉRATION Avant de s’attaquer en novembre à la Grande Guerre, le musée d’Histoire de Marseille met à l’honneur la Libération de 1944. Une sélection de journaux, témoignages, photographies et documents d’archives invitent à se replonger soixante-dix ans en arrière, et notamment sur la prise particulièrement difficile de Notre-Dame de La Garde avant que la ville ne soit définitivement libérée le, 28 août. L’accueil du général de Gaulle par Gaston Defferre et Raymond Aubrac, ainsi que la reconstruction du port, devenu un temps une base américaine, sont aussi à l’honneur dans cette exposition. C.C. Jusqu’au 15 octobre. Musée d’Histoire de Marseille, Centre Bourse, 2, rue Henri Barbusse, Marseille, 1er. 04 91 55 36 00. 3-5 €.
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EXPOS
© PAN Architecture
DR
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VINGT-QUATRE HEURES D’ARCHITECTURE Foisonnant programme pour ce marathon dédié à l’architecture, qui prévoit 24h non stop de tables rondes, expositions, projections... Afin de vulgariser cette discipline qui façonne notre espace public, l’événement a la bonne idée d’en présenter les visions utopiques et pragmatiques, via une sélection d’expositions issues des Maisons de l’architecture (maquettes et photos, croquis et dessins). Côté participatif, des tables rondes animées par des figures locales et nationales, le palmarès Archicontemporaine, récompensant des réalisations choisies en ligne par
le grand public, ou encore des ateliers « parents-enfants ». Le samedi matin, place au terrain, lors d’une visite le long de la ligne de bus 49, en compagnies d’experts de la poésie urbaine : le « montreur d’ours en béton » Nicolas Mémain, ou encore Linares, « usager de la ville hors normes ». La Friche sera à la fois sujet et objet d’étude, ellemême mise en scène par l’agence Pan, via du film plastique, des palettes et une signalétique en adhésif. J.B.
Les 17 et 18 octobre, de 12h à 12h. Friche la Belle de Mai, 41 rue Jobin, Marseille, 3e. 04 95 04 95 95. Entrée libre (sauf soirées). www.24harchi.org
UNE CICATRICE DANS L'HISTOIRE En trois mois, d'avril à juillet 1994, près d'un million de Tutsi ont été assassinés au Rwanda. Vingt portraitstémoignages de survivants, pris par le photographe Stéphane Dumont de Sauret et accompagnés de quelques mots de chacun d’eux, commémorent ici ce sombre anniversaire. Des photos, sobres et frontales d'hommes et de femmes, qui tentent de capter, au-delà des regards, la trace d’une horreur indicible. Des documents d'archives, des vidéos de témoignages ainsi que des récits d'actes de sauvetage complètent cette exposition vouée à nous tenir en éveil. O.L. Jusqu’au 1er novembre. Site-mémorial du Camp des Milles, 40, chemin de la Badesse, Aix-enProvence. 04 42 39 17 11. 0-13,5 €. www.campsdesmilles.org
TIMOTHÉE TALARD
© Timothée Talard
Pour sa deuxième exposition personnelle à la galerie Gourvennec Ogor, Timothée Talard bénéficie d’un espace redoublé de 400 m2, grâce à l’annexion du garage voisin. Ceux qui se souviennent de la voiture calcinée et des scènes d’émeutes de 2012 risquent d’être surpris par le minimalisme et l’abstraction de cette nouvelle proposition. À première vue, les derniers Talard sont des monochromes, des aquarelles et des peintures sur verre. Mais lesdits monochromes se révèlent changeants ou « ratés » et, sur la série de caissons lumineux qui les accompagnent, l’artiste a tagué des mots qui parlent de perte et deuil. Comme si l’artiste avait intériorisé et reporté sur le geste artistique lui-même la question de la violence qui l’habite depuis ses débuts. E.G.
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Jusqu’au 18 octobre. Galerie Gourvennec Ogor, 7, rue Duverger, Marseille, 2e. 09 81 45 23 80. Entrée libre. www. galeriego.com
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© Gilad Ratman
CE QUE RACONTE LA SOLITUDE La solitude, terreau fertile de la création ? Peut-être, si l’on en croit les mots du poète syrien Golan Haji qui ouvrent l’exposition : « le rêveur est un solitaire enfanté par son isolement ». Peut-être aussi, si l’on se rappelle de l’effervescence artistique qui exista dans les années quarante à Marseille, terre d’asile pour les candidats à l’exil, accueillis à la Villa Air-Bel dans le quartier de La Pomme. Lointaine inspiration pour cette exposition hétéroclite, qui brasse utopies individuelles et collectives : Dominik Lang dévoile les activités culturelles méconnues qui subsistèrent au Camp des Milles, entre deux travaux forcés ; pendant ce temps, Artaud était interné, et l’artiste new-yorkaise Nancy Spero lui dédie une série de dessins inspirée de ses carnets de notes.... De nos jours, l’utopie artistique persiste dans la micro histoire (performances dans les usines à partir de masques confectionnés en savon de Marseille par Benjamin Valenza) comme dans la grande : l’artiste israélien Gilad Ratman nous livre la vidéo d’une improbable pyramide humaine, où la ténacité de la volonté le dispute à l’inexorable fragilité de l’édifice. J.B. Jusqu’au 21 décembre. Friche la Belle de Mai, Tour-Panorama, 41 rue Jobin, Marseille 3e. 04 95 04 95 95. 2-3 €. www.lafriche.org
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EXPOS © Hugo Maertens
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© Narelle Autio
VISIONS HUICHOL – UN ART AMÉRINDIEN
THE SUMMER OF US Dans le cadre de la manifestation Une saison océanienne, une trentaine de bibliothèques du département proposent de découvrir l’Australie, la Papouasie et la Nouvelle-Zélande par des lectures (Un ange à ma table, Derniers verres…), des rencontres (l’écrivain Alan Duff et sa traductrice…) et des documentaires (First contact, Sampari…). La bibliothèque départementale expose, quant à elle, trois séries photographiques de l’Australienne Narelle Autio. Depuis plus de quinze ans, la photographe multiprimée sillonne les
côtes australiennes observant la relation de ses compatriotes avec l’océan. Que ce soit dans la représentation des corps plongés sous l’eau (The place in between), des activités de loisirs au bord des plages (Watercolors), ou dans celle d’objets échoués sur le sable (The summer of us), une inquiétante étrangeté se superpose à l’insouciance apparente. Sous la surface des jeux et du plaisir perdure le sentiment d’une sourde menace. De l’invention de la photo de vacances existentielle. O.L.
Jusqu’au 24 janvier 2015. Bibliothèque départementale des Bouches-du-Rhône, 20, Rue Mirès, Marseille, 3e. 04 13 31 82 00. Entrée libre. www.biblio13.fr
Apparus depuis les années cinquante dans les collections internationales, les tableaux des Indiens huichol, établis dans le sud-ouest du Mexique, transmettent une tradition ancestrale préhispanique et témoignent d’expériences d’états modifiés de conscience, obtenus par l’ingestion de peyotl, champignon aux puissantes propriétés psychotropes. Réalisés à l’aide de fils de laine collés à la cire sur des panneaux de bois, ces tableaux racontent leur cosmogonie, les rituels de prières et surtout les visions du chaman, en lien avec les Dieux. E.J. Jusqu’au 11 janvier 2015. M.A.A.O.A, Centre de la Vieille Charité, 2, rue de la Charité, Marseille, 2e. 04 91 14 58 38. 3-5 €. www.marseille.fr
MANGARO ET HETA-UMA © Doze collective
Loin des personnages aux grands yeux de notre enfance, le manga aussi a sa part d’ombre et de déviance, révélée pendant quarante ans par la mythique revue alternative Garo. Sous la houlette de Pakito Bolino (Dernier Cri) et Ayuma Nakayama (librairie Taco Ché, Tokyo), cette exposition en deux volets dresse un panorama de l’underground graphique japonais : à Marseille et à Sète. Le Dernier cri présente un gros plan sur les successeurs de Garo (livres et sérigraphies) et le MIAM expose l’avant-garde cradingue du mouvement Heta-Uma, à travers trois générations d’artistes (micro édition, musique, jouets...). J.B. Du 17 octobre au 2 février 2015. Friche la Belle de Mai, Tour Panorama, 41 rue Jobin, Marseille 3e. 04 95 04 95 94. 2-3 €. www.lafriche.org
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ENFANTS
© Jean-Pierre Estournet
DR
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MOLIN MOLETTE
À VOS SOUHAITS ! Avec cette nouvelle exposition, le Préau des Accoules explore le monde des porte-bonheur, figures de protections et autres gris-gris. De tous les temps, de tous les pays, mais aussi de presque tous les musées de la région : le MuCEM et le museon Arlaten (coréalisateurs du projet), mais aussi le musée d'Archéologie méditerranéenne, le musée d'Arts africains, océaniens, amérindiens et l’association Amitié Provence Chine. Étant donnée la durée de l’exposition, cha-
cun proposera successivement sa thématique dans une vitrine saisonnière. Ainsi, jusqu’au 31 octobre, le museon Arlaten initie les enfants aux médecines populaires avec un accrochage intitulé « Crapaud sec et boyau de chat » avant de céder la place aux pains rituels du MuCEM. Tout un programme, accommodé à la « sauce Préau », c’est-à-dire ludique et rigolo tout en multipliant les occasions d’apprendre et de réfléchir sur les superstitions. E.G.
Jusqu’au 30 mai 2015. Préau des Accoules,29, montée des Accoules, Marseille, 2e. 04 91 91 52 06. Entrée libre.www.marseille.fr
NUMERIKIDS
© Zinc
Dans ce monde numérisé, connecté, wifizé, ça serait bien un atelier pour enfant permettant de jouer avec les nouvelles technologies. Ils pourraient réaliser des films à partir de jeux vidéo, ou bien dessiner avec des pixels, ou encore créer leur propre QR-Codes… Justement, ZINC, le centre de création des arts et des cultures numériques y a pensé. Avec un thème différent par mois, il convie les enfants (de 8 à 12
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Molin et Molette forment un duo de chercheurs, comme seul Pierre Meunier sait les imaginer. Un brin loufoques, ils élèvent des ressorts dans le but d’étudier les ressorts du langage. Mais l’objet de leur étude, par nature réactif à toute manipulation, se montre indiscipliné. Comme le langage d’ailleurs. De ce côté-là aussi ça rebondit, ça se tord et se déforme. L’onirisme et l’absurde affleurent à chaque instant, tandis que le ressort devient vivant, transformant ce duo en trio. Qui est l’objet de l’autre ? Pour 6 ans et beaucoup plus. O.L. Le 5 novembre, 15h. Théâtre de la Colonne, Avenue Marcel-Paul, Miramas. 04 90 50 66 21. 6-8 €. www.miramas.org Le 8 novembre, 15h. Théâtre de l’Olivier, Place Jules Guesde, Istres. 04 42 56 48 48. 6-8 €. www.istres.fr
ans) à utiliser des outils numériques et électroniques (son, image, objets…) de manière créative. Qui a dit que la technologie tuait l’imagination ? O.L. Le mercredi, 14h-17h. Le Transitor, Friche la Belle de Mai 41, rue Jobin, Marseille, 3e. 04 95 04 95 11. Premier atelier gratuit. www.zinclafriche.org
© Christophe Goussard
SORTIR
UN BEAU MATIN, ALADIN Si son père Milos manie à merveille la caméra, Matej Forman, lui, manipule les marionnettes. Multipliant les trouvailles visuelles, il s’attaque dans sa dernière création née à l’occasion de Marseille-Provence 2013, à l’univers des Mille et une nuits. Un voyage conté par la comédienne Agnès Sourdillon, qui prête sa voix à Shéhérazade et transporte le jeune public (à partir de six ans) de la Perse à la Chine, en compagnie d’une galerie de personnages fantasmagoriques, tels une femme oiseau, un éléphant-palais et un chameau au ventre creux… C.C.
En association avec le Théâtre Massalia, la Criée (délocalisée hors de ses murs, dévolus aux travaux jusqu’en janvier) prévoit des vacances de la Toussaint à l’esprit très rock’n’roll. Au sens strict du terme, avec les trois super héros des Wackids, qui électrisent les standards du genre (Rolling Stones, Chuck Berry, AC/DC...) sur leurs instruments-jouets, gestuelle de guitar hero et anecdotes sur la grande histoire du rock à l’appui. Au sens figuré aussi, en faisant saillir le trouble originel des contes dans des mises en scène contemporaines (Pinocchio version polar, les contes de Grimm
par Olivier Py...). Plus douillet, le Moooooooonstres de Laurent Fraunié : seul dans son lit, le comédien, qui a fait ses classes auprès de Philippe Genty, donne corps à ces fantômes, loups-garous et autres chimères qui peuplent les cauchemars des enfants. Sa compagnie, Label Brut, est engagée depuis trois saisons sur la thématique des monstres, autant dire qu’elle sait de quoi elle parle quand il s’agit d’affronter un polochon à lunettes... J.B.
© Irena Vodakova
EN RIBAMBELLE
Du 29 au 31 octobre, 19h. Théâtre du jeu de Paume, 21, rue de l’Opéra, Aix-en-Provence. 04 42 99 12 00. 8-18 €. www.lestheatres.net
Du 25 octobre au 9 novembre. La Friche Belle de Mai, 41 rue Jobin, Marseille, 3e. 04 91 54 70 54. 5-7€. www.theatre-lacriee.com
© E. Carecchio
LOLA FOLDING L’héroïne, neuf ans, rend visite à sa grand-mère et se retrouve happée dans un album de photos. Plongée dans cette aventure délirante, la jeune aventurière rencontre les versions passées des membres de sa famille : un grandpère inventeur fou, une mère ex-super héroïne, un père robot ménager, quatre cousines jumelles infernales… Les cinq comédiens-musiciens de Brico Jardin nous entrainent avec énergie dans ce
conte musical burlesque en forme de cabaret rock. De quoi s’interroger joyeusement, et en famille (à partir de sept ans), sur les souvenirs et le temps qui passe. O.L. Le 29 octobre, 15h. Théâtre des Salins, 19, quai Paul Doumer, Martigues. 04 42 49 02 00. 8-12 €. www.theatre-des-salins.fr
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ADRESSES MARSEILLAISES
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RESTAURANT
SPORTBEACH
Le Sportbeach établissement à Marseille sur Mer vous propose un assortiment de prestations de très haute qualité tant pour l'individuel que l'entreprise . Spécialiste depuis deux décennies des soirées festives, un tournant a été pris depuis quelques années avec des prestations professionnelles clef en main, de la carte du petit déjeuner-débat au repas d'affaires et soirée d'incentive. Piscine, salle de séminaire, boulodrome, restaurant, bar à music, cocktails & grignotages, coquillages le samedi, brunch dominical... Les plus grands noms de sociétés régionales et nationales nous ont fait confiance pour leur opérations. Nos Labels: Maitre restaurateur, Disciple d' Escoffier ,labellisé Office des congrès de Marseille, Club d'affaires, Club Estival. Infos & Réservation 04 91 76 12 35 138, Avenue Pierre Mendès France Escale Borely •13008 Marseille info@sportbeach.fr • www.sportbeach.fr 8e art magazine • septembre-octobre 2014
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RESTAURANT
VILLA ROCCA
A la Villa Rocca vous dégusterez de délicieux plats de produits frais aux teintes italiennes : supions, pizzas ou encore aubergines à la parmesane, et les desserts "maison" concoctés par les chefs Franck Lagziel et Pierro. Le tout, dans une ambiance chaleureuse et un décor raffiné. Sans oublier l'agréable terrasse, parfaite pour les repas estivaux. Infos & Réservation 04 91 22 61 59
20, rue François-Rocca • 13008 Marseille
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CHAMBRE D'HÔTES
LA CASA ORTEGA
Une chambre d'hôtes pas comme les autres, qui cultive le goût du détail et le sens de l'hospitalité. Idéalement située dans une petite rue face à la gare Saint-Charles de Marseille, cette confortable guest house propose un hébergement qui allie les services d'un hôtel au charme authentique d'une maison d'hôtes à l'ambiance internationale. Accueil attentif et déco stylée, découvrez cinq chambres d’hôtes lumineuses au mobilier XXe chiné au fil du temps. Le petit déjeuner vous fera re découvrir l’ odeur du pain grillé, le délice d’ un yaourt maison et la saveur d’un bon café. Infos & Réservation 09 54 32 74 37 • www.casa-ortega.fr
46 rue des petites Maries • 13001 Marseille
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RESTAURANT
L’INSOLITE
Un lieu, une exception à découvrir absolument ! Niché au fond d’une allée à 50 m de la préfecture, une terrasse sur les toits les pieds dans la pelouse vous attend pour déguster nos pizzas au feu de bois, une cuisine gourmande et colorée. • Le mercredi, soirée voyance ou karaoké. • Le jeudi, soirée illusionniste ou soirée humour. • Le vendredi soirée concerts en live. • Possibilité de privatiser le lieu.
5 rue d’Italie 13006 Marseille Infos & Réservation 04 91 43 91 51 - Facebook : resto.linsolite
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© Francis Amiand
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HÔTEL RESTAURANT
MAMA SHELTER
Plus qu’un endroit où dormir, le Mama Shelter est un centre de vie, un lieu où l’on se rassemble autour d’un « Live » de musique ou d’un plat à partager sur les tables d’hôtes. Une cuisine simple, conçue par les chefs Alain Senderens et Jérôme Banctel en hommage à la cuisine moderne de la Méditérranée. Au menu, Burrata fougasse aux olives, Beignets de Calamars, Cabillaud en croute de café poids gourmands goma sésame, grand baba de la Mama..pour le plaisir de tous ! Pour les aficionados de l’apéritif une dégustation s’impose au bar à anis : Une Boukha, un Raki, un Pastis, un Gambetta avec de la Poutargue coupée finement sont, entre autres, le moyen d’échapper un instant à la tourmente de la vie moderne afin de prendre le temps de ne rien faire tout simplement. Et après le repas, le ton est donné très vite avec un baby-foot de 4 mètres de long pour jouer à 8 ou 16, près de la scène « Live » et ses instruments de musique suspendus dans le vide. Mama loves you! Réservation restaurant 04 84 35 21 00 ou sur mamashelter.com
64 Rue de la Loubière 13006 Marseille
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RESTAURANT • BAR • RÉCEPTION
LE COMPTOIR MARSEILLAIS
Installé sur la Corniche avec vue sur la mer de la terrasse ou de la salle. Enrichit du savoir-faire du chef de renom, Bruno Cordesse, le restaurant vous propose une cuisine bourgeoise, des vins à choisir dans une magnifique cave en verre. Le week-end, coquillages et brunchs viennent compléter notre carte. Un nouvel espace pour vos apéritifs ou digestifs, sur une terrasse bâchée, chauffée avec des tables hautes et des amuses bouches maison. Pour un long ou court instant, pour les grands et les petits budgets. Le Comptoir Marseillais, Un lieu, une Atmosphère !!! Infos & Réservation 04 91 32 92 54 • www.lecomptoirmarseillais.com
5, Promenade Georges Pompidou • 13008 Marseille
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