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8 e art magazine • novembre-dÊcembre 2014
8e art est une publication bimestrielle des Editions Bagatelle 1, rue Marengo 13006 Marseille Numéro ISSN : 2267-4837 Dépôt légal : Décembre 2014 Directeur général : Nicolas Martin n.martin@8e-art-magazine.fr Directeur de la publication : Frédéric Guerini f.guerini@8e-art-magazine.fr
MARSEILLE-PROVENCE ART&CULTURE FREEMAGAZINE
Rédactrice en chef : Emmanuelle Gall e.gall@8e-art-magazine.fr
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Direction artistique : Jonathan Azeroual j.azeroual@8e-art-magazine.fr
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# 33
Nov.-Déc. 2014
Webmaster éditorial : Marion Leroux Ont collaboré à ce numéro : Julie Bordenave, Cédric Coppola, Fred Kahn et Olivier Levallois. Service commercial : 06 28 67 71 82 Conception et réalisation : Riccobono Offset Presse 115, Chemin des Valettes 83490 LE MUY
EN ATTENDANT… LES BEAUX JOURS Par Emmanuelle Gall, rédactrice en chef
La reproduction même partielle des articles et illustrations sans autorisation est interdite. 8e art décline toute responsabilité pour les documents et articles remis par les annonceurs. Dépôt légal à parution.
En couverture. Faire caillou de la compagnie Itinerrances, à voir les 6 et 7 janvier 2015 au théâtre de Lenche, dans le cadre du festival Minots, marmaille et cie (lire p. 29). © Cie Itinerrances
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oire pour les acteurs culturels qui ont vu leurs subventions fondre comme neige au soleil ou leur structure contrainte à la fermeture… Blanche pour les observateurs attendant la pérennisation (promise) et/ou la transformation de certains événements de Marseille-Provence 2013… Le moins qu’on puisse dire, c’est que 2014 aura été une année en demi-teinte en matière de politiques culturelles. Rythmée par les élections municipales (et le gel de nombreux budgets destinés à la culture) jusqu’au printemps, puis la grève des intermittents, entraînant l’annulation de nombreux spectacles cet été, elle a néanmoins permis à des artistes ou des œuvres qui auraient été, en d’autres temps, noyés dans le flot de l’actualité, de jouir d’une meilleure visibilité. Les créateurs qui ont marqué 2014 ne sont pas tous des stars et c’est tant mieux. Ils démontrent qu’au-delà des circonstances et des politiques culturelles, l’art a une extraordinaire faculté d’adaptation et a encore de beaux jours devant lui.
SOMMAIRE
MARSEILLE-PROVENCE ART&CULTURE FREEMAGAZINE
#33
Nov.-Déc. 2014
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LA DERNIÈRE LIGNE DROITE
Les 20 événements à ne pas manquer À LA UNE
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Réattu et Vasarely ont besoin de nous
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Alphabetville, un art libre pour des esprits libres
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Cirques divers : Cabaret foutraque, Pagnozoo, Bêtes de foire - Petit théâtre de gestes
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SCÈNES
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Dansem
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The Valley of ashtonishment, Singspiele MUSIQUE
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Nuit d’hiver
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Angus et Julia Stone, The Dø
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Émilie Simon, Elisir d’amore EXPOS
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Christmas art market
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Time Capsules, Dreamy-made ENFANTS
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Laterna magica, Ciné goûter Charlot
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Minots, marmaille et cie, Drôles de Noëls
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DOSSIER
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LA DERNIÈRE
LIGNE DROITE LES 20 ÉVÉNEMENTS À NE PAS MANQUER
Si le mois de décembre est traditionnellement associé aux sorties familiales, il est aussi, dans la région, synonyme de danse, grâce au festival Dansem notamment. Auquel s’ajoutent, cette année, une belle fin de saison pour Marseille Objectif Danse, mais aussi la reprise de Blanche Neige par Angelin Preljocaj au GTP (du 8 au 14 décembre) ou encore de Welcome par Josette Baïz au Pavillon noir (du 16 au 18 décembre). Autre discipline à l’affiche à la veille des fêtes, le cirque, dans les théâtres de Dominique Bluzet ou à La Criée. Comme un prélude à la première édition de la Biennale des Arts du Cirque, qui se déroulera du 22 janvier au 22 février 2015. Un événement d’envergure, qui accueillera 300 artistes et 260 représentations dans une vingtaine de villes du territoire, à suivre dans le prochain numéro.
© Cie Gandini
Glow, les massues lumineuses de la compagnie Gandini, le 22 décembre au théâtre antique d'Arles (lire p.29).
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À LA UNE
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1.
CROWFUNDING
RÉATTU ET VASARELY ONT BESOIN DE NOUS
Les entrepreneurs et les artistes ne sont plus les seuls à faire appel au financement participatif. Après le Louvre, le musée Réattu et la Fondation Vasarely expérimentent le « mécénat populaire ». Texte : Emmanuelle Gall
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imple phénomène de mode ou signe inquiétant d’une époque où les caisses de l’État ne suffisent plus à faire vivre les institutions ? Pascale Picard, la conservatrice du musée Réattu, qui espère bien récolter 30 000 euros d’ici la fin du mois de décembre pour restaurer une toile de François-Xavier Fabre, préfère parler de « partage dynamique de notre patrimoine ». Lancée en octobre, l’opération « Tous mécènes ! » met l’accent sur la possibilité offerte aux donateurs de devenir des « acteurs », des « maîtres d’œuvres d’une œuvre », tout en bénéficiant de contreparties fiscales et remerciements en nature (invitations, reproduction de l’œuvre…). À deux mois de l’échéance (fixée au 31 décembre), on est plutôt loin du compte. La Prédication de Saint Jean-Baptiste dans le désert, considérée comme une pièce maîtresse de l’exposition que le musée consacrera à Jacques Réattu en 2017, a récolté moins de 2000 euros et n’a pas atteint le premier palier (5000 euros) permettant de débuter le chantier. La Fondation Vasarely semble avoir plus de chance avec la restauration de Majus, une œuvre monumentale du maître de l’Op art, dont le financement a été estimé à 25 000 euros. Débutée à la fin du mois de septembre, la campagne a déjà permis de récolter plus de 10 000 euros. Si Majus est sauvé, la fondation inaugurée en 1976 et classée monument historique l’année dernière reste dans une situation critique. Elle a dû également lancer une souscription pour financer sa rénovation complète, estimée à plus d’un million d’euros. Épaulée par les institutions locales (DRAC PACA, Conseil régional, Conseil général, CPA et ville d’Aix-en-Provence), elle a fait appel à la Fondation du Patrimoine : un organisme privé indépendant, créé en 1996 dans le but de défendre et valoriser le patrimoine non protégé par l’État. Sur son site
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SI MAJUS EST SAUVÉ, LA FONDATION INAUGURÉE EN 1976 ET CLASSÉE MONUMENT HISTORIQUE L’ANNÉE DERNIÈRE RESTE DANS UNE SITUATION CRITIQUE.
Internet, les particuliers sont également sollicités pour un don, en échange de l’inscription de leur nom sur la liste des mécènes de la Fondation Vasarely, d’invitations aux événements qu’elle organise ou à des visites privées… Pour l’heure, le compteur affiche une somme dérisoire en regard du coût du chantier : 3410 euros. Mais dans le cas présent, et contrairement au principe des sites de crowfunding, aucune date butoir n’est fixée et l’on peut imaginer que la souscription restera ouverte le temps des travaux. D’ici-là, la Fondation Vasarely aura certainement restauré Majus et La Prédication de Saint Jean-Baptiste dans le désert aura peut-être réussi conquérir de nouveaux mécènes. En cette période de Noël, une participation à l'une ou l’autre de ces opérations pourrait être une idée de cadeau originale.
Pour participer à l’opération Tous mécènes du musée Réattu : www.mymajorcompany.com/museereattu-tousmecenes Pour participer à la restauration de Majus et/ou à la rénovation de la fondation Vasarely : www.mymajorcompany.com/fondation-vasarely www.fondationvasarely.fr
© I. Foriel -Destezet
François-Xavier Fabre, La Prédication de Saint Jean-Baptiste dans le désert, 1790-1791, huile sur toile, 245,5 x 200 cm. Arles, musée Réattu.
Victor Vasarely, Majus, 1964-1975,
© Xavier Zimbardo
carton collé, 576 x 576 cm. Fondation Vasarely.
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À LA UNE
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2.
ALPHABETVILLE
UN ART LIBRE POUR DES ESPRITS LIBRES Espace de recherche sur les rapports entre langage, écriture et média, l’association Alphabetville multiplie, en décembre, les occasions de réfléchir : autour de la pensée de Marshall Mc Luhan et en compagnie du philosophe Bernard Stiegler.
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© Alphabetville
Texte : Fred Kahn
e livre imprimé, la photographie, le cinéma, le numérique... nous utilisons ces médias de manière machinale comme s’ils étaient neutres, que leur fonction allait de soi. Les artistes savent, eux, que ces matériaux sont extrêmement sensibles. Et à chaque mutation technologique, ils explorent les nouveaux outils, testent leur potentiel en tant que véhicule de nos sensations, de nos émotions et de nos pensées. Mais, face aux industries culturelles de masse, encore faut-il que les formes non consensuelles, non formatées, trouvent des espaces de visibilité. L’association Alphabetville est l’une de ces fenêtres. « Les artistes ont une incroyable capacité à renverser les usages et les discours dominants », explique Colette Tron la responsable de la structure. « Alphabetville fonctionne comme un laboratoire. Nous confrontons artistes, auteurs, chercheurs, intellectuels, opérateurs culturels et citoyens pour construire un espace public critique ». Les médias numériques occupent bien sûr une place de choix dans cette démarche. Pourtant, Alphabetville n’hésite pas à explorer les écritures poétiques du XXe siècle. En 2013, un événement fut consacré à la puissance poétique « scandaleuse » de Pasolini. Et, en novembre dernier, la révolution selon William Burroughs faisait l’objet d’un cycle de rencontres, d’expositions et de conférences. La dimension subversive de ces artistes reste éminemment contemporaine. Elle fait parfaitement écho à la pensée du philosophe Bernard Stiegler, un habitué, qui livrera en décembre, à Marseille et à Aix, une réflexion sur la société
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de l’hypercontrôle. « Ces conférences s’inscrivent dans le cadre d’un projet plus vaste que nous développons, avec l’École d’art d’Aix-en-Provence, sur l’économie de la contribution, explique encore Colette Tron. Nous nous intéressons notamment aux formes de production qui favorisent l’association plutôt que la compétition, le partage plutôt que la propriété ». Quelques jours plus tôt, Alphabetville sera également au théâtre du Merlan, dans le cadre d’un rendez-vous sonore sur Marshall Mc Luhan (le théoricien du village global et de l’uniformisation de l’information) organisé par Planète Émergences. Par ailleurs, l’approche de l’association articule toujours la pratique à la théorie. Ainsi, en janvier, un écrivain, Martin Page, et un designer graphiste interactif, Samuel Jan, seront en résidence « d’écriture numérique » à la Villa des auteurs de la Friche la Belle de Mai (en collaboration avec La Marelle). Le lien entre tous ces projets ? Le souci d’une poésie « inter media », qui refuse les cloisonnements et le conditionnement des esprits. Mc Luhan et nous Le 10 décembre, 19 h. Théâtre du Merlan, Marseille. Conférence de Bernard Stiegler Le 16 décembre, 18h30. Cité du Livre, Aix-en-Provence. Le 17 décembre,18h30. Théâtre du Merlan, Marseille. www.alphabetville.org
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À LA UNE
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3.
CIRQUES DIVERS
CABARET FOUTRAQUE Inauguré le 13 novembre dernier et créé par Denis d’Antoni qui dirige également Il Piccolo, le Théâtre d’Aix accueille Alain Gautré et ses « mangeurs de lapin ».
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ormé – puis formateur – à la fameuse école de théâtre gestuel Jacques Lecoq, Alain Gautré a étudié l’art et la manière de faire rire, au point de tourner depuis 2011 sa conférence Le Gai savoir du clown. C’est dire si on lui fait confiance pour la mise en scène de cet improbable cabaret, au croisement du cirque et du music-hall. Le titre, Les mangeurs de lapin remettent le couvert, est déjà en soi une promesse d’irrévérence et de loufoquerie, portée par « un sens aigu de l’absurde et du dérisoire ». De l’Inde à l’Écosse, en passant par la savane et le Médoc, les trois comédiens en scène se font tour à tour fakirs, magiciens, danseurs, jongleurs tennismen ou dresseurs d’animaux... « Le burlesque est une forme de poésie. Mon objectif : réjouir autant le public de Pézenas que celui de Las Vegas », assume Alain Gautré, qui promet une performance entre Fellini, Pierre Dac et Francis Blanche. Les spectateurs ne s’y sont pas trompés, en décernant au spectacle le Prix du public du festival off d’Avignon 2014.
Le 21 décembre, 15 h. Le Théâtre d'Aix, 8, avenue de la Violette, Aix-en-Provence. 04 42 33 04 18. 10-32 €. www.letheatredaix.fr 12
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© Coonyang
Texte : Julie Bordenave
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La dernière ligne droite © Cie pagnozoo
À LA UNE
4.
PAGNOZOO
Depuis plus de trente ans, la compagnie Pagnozoo véhicule le souffle épique du cirque équestre, opérant le lien entre tradition et nouveau cirque. Emmène-moi est leur septième création, qui tourne depuis 2010 sous un chapiteau de 400 places. Sur la piste, neuf étalons se confrontent aux voltigeurs, acrobates, trapézistes et musiciens, mais aussi à une énigmatique « femme chapiteau »... L’apprivoisement réciproque se met au service de la poésie gestuelle, dans la lignée de l’imaginaire débridé de la compagnie, qui revendique le « merveilleux comme mélange harmonieux du surnaturel et de la réalité ». J.B. Les 17 et 20 décembre, 15 h. Théâtre de l’Olivier, Place Jules Guesde, Istres. 04 42 56 48 48. 3-10 €. www.scenesetcines.fr
Quand Elsa de Witte et Laurent Cabrol se croisent au Théâtre du Rugissant, leurs univers respectifs se nourrissent : elle a fait ses classes de costumière et de comédienne à l’école du théâtre de rue (Babylone, les Alama’s Givrés), il a rôdé son talent de danseur circassien chez Fratellini, Cirque Plume, Convoi Exceptionnel, Trottola ou encore Romanès. Pour cette première création commune, ils exploitent leur goût pour les situations du quotidien, dans un univers fait de récup (chiffons, moteurs...). L’inventivité fuse, dans ce spectacle qui se monte à vue sous un micro chapiteau : marionnettes, homme-orchestre, clown sur le retour, costumière affairée... Le charme désuet opère, dans une relecture tout en délicatesse des codes du monde forain. J.B. Les 19 et 20 décembre, 19h, le 21, 15h30. Théâtre Massalia, 41, rue Jobin, Marseille. 04 95 04 95 75. 6-12 €. www.theatremassalia.com 14
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© Lionel Pesqué
BÊTES DE FOIRE - PETIT THÉÂTRE DE GESTES
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DANSEM
Chaque année, ce festival permet de suivre l'évolution de la création chorégraphique en Méditerranée. Un voyage entre les rives qui témoigne d'un fort foisonnement artistique. Texte : Fred Kahn
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algré la grande diversité des formes proposées dans cette édition de Dansem, tous les projets semblent animés par la même volonté de déplacer les frontières. Parmi les spectacles à voir en décembre, on retiendra la création de Danya Hammoud, Mes Mains sont plus âgées que moi. L’artiste d'origine libanaise plonge les corps dans un acte collectif qui chemine vers le meurtre. Elle assume totalement la dimension tragique de cette œuvre en phase avec l'histoire... Mais pour la dépasser. Rachid Ouramdane explore, lui, des territoires beaucoup plus intimistes. Et comme à son habitude, son projet est le fruit d'un long processus de « rencontres ». Cette démarche d'apprivoisement mutuel à vocation à révéler des vérités invisibles. Quant au malicieux Georges Appaix, il danse avec les mots. Pour son nouveau spectacle, il a inventé un protocole de conversation chorégraphique qu’on nous promet énergique et savoureux. Montaine Chevalier, est tout aussi facétieuse. Elle renverse
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© Agathe Poupeney
SCÈNES
les conventions, déplace les cadres et nous amène à envisager les corps tour à tour comme des objets et des sujets. Au final, ils ne fabriquent rien d'autre que des espaces de liberté. Enfin, le festival s'achèvera avec Au temps où les Arabes dansaient, une création du Tunisien Radhouane El Meddeb (illustration). Ce dernier rend hommage à l'autonomie des corps. Les mouvements sensuels se déploient comme un acte de révolte face aux obscurantismes. Le rythme s'accélère jusqu’à la transe annonciatrice de nouvelles secousses politiques à venir.
Jusqu'au 16 décembre. Friche la Belle de Mai, Merlan, théâtre Joliette-Minoterie. 04 91 55 68 06. 8-12 €. www.dansem.org
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© Pascal Victor ArtComARt
SCÈNES
THE VALLEY OF ASTONISHMENT
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Peter Brook est un peu comme un magicien. Avec une incroyable économie de moyen, il arrive à signifier des univers merveilleux ou cauchemardesques. Pour son dernier spectacle, le metteur en scène anglais nous entraîne dans les méandres du cerveau. En mêlant science et légende, il distille une atmosphère empreinte d'une inquiétante étrangeté. Sa Vallée de l'étonnement est un voyage dans la vie secrète de personnes qui « vivent des expériences si intenses qu’elles le cachent aux autres – mélangeant sons et couleurs, goûts et mots, mémoires et images avec une telle intensité qu’elles passent en un instant de l’enfer au paradis ». Des gestes, des actes familiers deviennent sources d'un trouble intense. Dans ce théâtre-là, il devient possible de voir des sons et d'entendre des couleurs... Entre autres miracles. F.K. Du 10 au 13 décembre, 20h 30. Le 14, 15h. Théâtre du Gymnase, 4, rue du Théâtre Français. Marseille, 1er. 08 20 13 20 13. 8 - 34 €. www.lestheatres.net
SINGSPIELE Maguy Marin est sans nul doute possible l'une des chorégraphes contemporaines les plus essentielles, et surtout l'une des rares à avoir su mettre en parfaite cohérence sa pratique artistique et ses engagements politiques. Toutes ses créations mettent en jeu une humanité fragile et bancale, qui résiste au tragique (ou au dérisoire) en fabriquant des espaces communs. Dans Singspiele, David Mambouch, seul sur scène, endosse les visages et les « habits » d'une foule de personnages. Le corps de l'artiste est suffisamment disponible pour accueillir sans préjugé une infinité d'autres individus. Cette attention, cette délicatesse, est aussi une leçon de vie. F.K. © B.Lebreton
Le 12 décembre, 21h et le 13, 19h. Friche la Belle de Mai, 41, rue Jobin, Marseille, 3e. 04 95 04 96 42. 8-12 €. www.marseille-objectif-danse.org
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DR
MUSIQUE
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NUIT D’HIVER Repeat or not repeat ? Telle est la question posée par la douzième édition du festival concocté par le Groupe de recherche et d’improvisation musicales (Grim), qui fait la part belle aux héritiers du minimalisme américain. Texte : Cédric Coppola
N
uit d’hiver c’est un peu le pendant d’Actoral… en version instrumentale, les écritures contemporaines théâtrales du début de l’automne retenues par Hubert Colas faisant place à des sonorités en tous genres, sélectionnées par Jean-Marc Montera, tête pensante du Grim. Une structure également basée à Montévidéo et dont l’objectif est de mener, tout au long de l’année, une activité de création, de diffusion et de formation dans le domaine de l’improvisation et des musiques expérimentales. On retrouve logiquement cette ambition dans ce temps fort, plus chaud que son nom ne le suggère. Toujours friand de proposer au public quelques curiosités, cette douzième édition ne faillit pas à la règle, puisqu’il s’agit de questionner le concept « repeat or not repeat », « seule alternative laissée aux différentes formes musicales fortement inspirées par le courant minimaliste américain des années 1970 ». La programmation brasse donc les genres et les époques, à l’image de la première soirée, articulée autour de l’énigmatique compositeur Moondog. Réputé au siècle dernier pour son univers insolite, le « Viking new-yorkais » est au centre d’une conférence, revenant sur les liens qu’il entretenait
avec ses contemporains, tels que Bob Dylan et Janis Joplin. Un concert assuré par l’ensemble Minisym couvre, dans la foulée, la quasi-totalité de son œuvre, étendue 1949 à 1994. De projets laboratoires à un quintet d’orgues en passant par de la musique traditionnelle du Cantal et de l’Auvergne par le groupe Faune, un voyage audiovisuel du British David Keenan et une carte blanche accordée au poète Julien Blaine (en partenariat avec Actoral justement), ce cru 2014, bien que basé sur « la répétition des notes et des sons », promet une grande diversité. Avec pour dénominateur commun « cet arbre généalogique né outre-Atlantique, et non des logiques commerciales ou des catégories imaginées par des écoles », selon la volonté de Jean-Marc Montera.
Jusqu'au 16 décembre. Friche la Belle de Mai, Merlan, théâtre Joliette-Minoterie. 04 91 55 68 06. 8-12 € www.dansem.org 8e art magazine • novembre-décembre 2014
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MUSIQUE
DR
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ANGUS ET JULIA STONE
À contre-courant des modes et des sons trafiqués, le duo néozélandais se plait à enchaîner les ballades pop, mais surtout folk, sur un tempo souvent lent, mais toujours envoutant. Dans la lignée de Belle et Sebastian pourrait-on dire, le côté recherche en moins et une pincée de lyrisme en plus. La voix écorchée de Julia laissant toujours apparaître la douceur, pendant que son frangin apporte une touche mélancolique aux compositions. On retrouve cet esprit de « The Beast » à « Big Jet Plane », les titres phares de leurs deux premières galettes, parues en 2007 et 2010, jusqu’au récent « Grizzly Bear ». C.C. Le 1er décembre, 20h. Le Silo, 35, quai du Lazaret, Marseille, 2e. 04 91 90 00 00. 28-35 €. www.silo-marseille.fr
11.
THE DØ
Des Français qui poussent leurs refrains en anglais. L’idée n’est pas nouvelle, mais dans le genre, les Parisiens de The Dø se situent dans haut du panier. Le groupe, dont le nom renvoie directement à la première note de la gamme, se plait à enflammer les festivals grâce à un son accrocheur et l’esprit barré de la chanteuse Olivia Merilahti, demoiselle d’origine finlandaise dont la voix n’est pas sans rappeler celle de Kate Bush. Les compositions aux arrangements soignés et appuyés par une musique électro enivrante débouchent sur des tubes dansants, propres à secouer la foule. Ce n’est pas un hasard donc, si leur troisième livraison, dans les bacs depuis septembre, s’intitule Shake Shook Shaken. C.C.
DR
Le 5 décembre, 20h. Espace Julien, 39, cours Julien, Marseille, 6e. 04 91 24 34 10. 26,90 €. www.espace-julien.com
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La dernière ligne droite © Lisa Carletta
MUSIQUE
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ÉMILIE SIMON
Artiste inclassable par excellence, qui se plaît à faire valoir sa voix sur des rythmes électro, quand elle ne signe pas la bande originale du film animalier La Marche de l’Empereur ou de la fiction La Délicatesse, Émilie Simon est une adepte des lives, souvent l’occasion pour elle de transformer ses concerts en performances, tant la dame aime l’expérimentation. Lumineuse, aussi bien dans les rythmes que les paroles, sa « Mue », amorcée en début d’année, devrait de surcroît séduire les amoureux de la langue française, qu’elle retrouve après deux albums en anglais. C.C.
© Patrice Nin
Le 19 décembre, 20h30. Théâtre de l’Olivier, Place Jules Guesde, Istres. 04 42 55 24 77. 22-27 €. www. scenesetcines.fr
ELISIR D’AMORE
Considéré depuis sa création à Milan, en 1832, comme un « drame lumineux où se côtoient le vice et la vertu », l’opéra en deux actes signé par Gaetano Donizetti relate les amours contrariés d’un jeune paysan sous le charme d’une riche fermière. Inspiré par l’histoire de Tristan et Yseult, il se met en quête d’un philtre d’amour, mais trouve, sur son chemin, un docteur malhonnête et un sergent, voulant aussi ravir le cœur de la belle… Familiers de l’opéra, puisque leur première mise en scène remonte à 2001, Arnaud Bernard et son décorateur William Orlandi ont choisi de transposer l’intrigue dans un univers, en noir et blanc, évoquant le début du XXe siècle, le développement de la photographie et du cinéma. C.C Du 23 décembre au 4 janvier, 20h. Opéra de Marseille, 2, rue Molière, Marseille, 1er. 04 91 55 11 10. 13-78 €. www.opera.marseille.fr 22
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EXPOS
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CHRISTMAS ART MARKET Pour la quatrième année consécutive, le réseau Marseille expos organise son « marché de Noël » à la Galerie du 5e. Treize structures se partagent les cimaises avec des « œuvres-cadeaux ».
© Mothi Limbu
Texte : Emmanuelle Gall
À
voir les propositions de certaines galeries, la création d’un stand adapté au contexte des fêtes de fin d’années dans un grand magasin n’est pas une évidence. Cela dit, plusieurs structures ont vraiment joué le jeu et proposent des œuvres accessibles – dans tous les sens du terme. La galerie Porte-Avion a ainsi choisi d’installer un petit théâtre de papiers découpés de Caroline Sury, la Marseillaise « aux mains d’argent » : originaux et éditions en séries (limitées) affichent des prix plus que raisonnables (à partir de 20 €). L’Atelier TCHIKEBE présente un très bel ensemble de sérigraphies réalisées par Mohti Limbu sur le principe de la mise en miroir (de 190 à 950 €). Delphine Wibaux, fraîchement diplômée des Beaux-arts de Marseille
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conclut l’exposition avec ses Absorptions : des impressions de paysages sur papier, réalisées à partir de jus de plante photosensible. Étonnant et abordable (à partir de 190 €). À voir également, les Curiosités de cabinet de Maïla Gracia (La Compagnie) et l’installation paysages de Matthieu Rosier (Vols de nuit), intitulée Regarder les roses tomber.
Jusqu'au 20 décembre. Galerie du 5e, 38 rue Saint-Ferréol, Marseille 1er. 06 95 19 80 60. Entrée libre www.marseilleexpos.com
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EXPOS
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TIME CAPSULES
De 1974 à 1987, l’année de sa mort, Andy Warhol a rempli 612 Time Capsules : des cartons de déménagement dans lesquels il conservait les objets et autres souvenirs qu’il collectait au quotidien. Archives personnelles, ces « capsules temporelles » témoignent également de l’effervescence artistique des « années Factory » comme de la complicité entre Warhol et de nombreux créateurs. Les chansons enregistrées par Lou Reed et John Cale dans leur album-hommage, Songs for Drella, servent de fil conducteur à l’exposition de huit Time Capsules prêtées par le Warhol Museum de Pittsburgh – une première en France –, complétée par des films et des œuvres. E.G. © Andy Warhol
Jusqu’au 12 avril 2015. MAC, 69, avenue d’Haïfa, Marseille, 8e. 04 91 25 01 07. 3-5 €. www.marseille.fr
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Autre collectionneur compulsif, Jean-François Chermann cumule dans la vie les fonctions de neurologue et d’artiste. À la croisée des deux disciplines, son œuvre en explore et déplace les frontières. Ainsi les Dreamy-made : ces images qu’il traque, aux puces ou dans les brocantes, en raison de leurs similitudes avec les représentations mentales survenant au cours des rêves. Des images saisissantes, évoquant à la fois le dreamystate, phénomène épileptique se traduisant chez un patient par l’impression de vivre un rêve, et le ready-made de Marcel Duchamp, mais dans son sens premier (défini par le mathématicien Henri Poincaré) d’« idées toutes faites » traversant l’esprit du chercheur au travail. E.G. Jusqu’au 31 décembre. Galerie Jean-François Meyer, 43, rue du Fort Notre-Dame, Marseille, 1er. 04 91 33 95 01. Entrée libre. www.marseilleexpos.com 26
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© Jean-François Chermann
DREAMY-MADE
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La dernière ligne droite © Kitty Crowther
ENFANTS
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LATERNA MAGICA
Après une année capitale bien remplie, la onzième édition du formidable festival des arts de l’image organisé par Fotokino renoue avec le mois de décembre et le nomadisme. Le Studio tient lieu de camp de base et accueille une exposition collective intitulée Norrsken (« lueurs du Nord »), réunissant cinq artistes suédois, canadiens ou anglais, parmi lesquels la grande Kitty Crowther et les planches de son dernier livre, Mère Méduse (illustration). Ensuite, le festival se déploie dans une dizaine de lieux, au gré de sa programmation : soirée d’ouverture au WAAW, ateliers au Château Borély, projections à l’Alhambra, au Miroir et aux Variétés, danse à KLAP, et même une excursion à Arles, le 17 décembre. E.G. Du 5 au 21 décembre. Studio Fotokino et divers lieux, 33, allées Gambetta, Marseille, 1er. 09 81 65 26 44. 0-12 €. www.fotokino.org
Le cinéaste russe Eisenstein disait de Charlot qu'il voyait l'existence « depuis le regard de l'enfance ». C'est là l’un des secrets de son universalité. Tout spectateur confronté à Charlot replonge immédiatement dans cette mémoire des premiers temps. Les enfants d'ailleurs ne s'y trompent pas, riant à gorge déployée des mésaventures du petit homme, leur congénère, perdu dans le monde des adultes. Avec L'Émigrant et Charlot Policeman, tous deux de 1917, Chaplin réalise des récits matures, se démarquant des simples sketches des premières années, dénonçant les travers sociaux par son génie du burlesque. Un siècle plus tard, la magie perdure, intacte. La séance se poursuit avec un gouter ainsi qu’un atelier musical animé par Simon Drouin invitant les spectateurs à jouer avec la relation entre l'image et le son. Le 7 décembre, 14h30. Espace Gérard Philipe, Avenue Gabriel Péri, Port-Saint-Louis du Rhône. 04 42 48 52 31. 3-6 € (+ 1€ pour le goûter). www.scenesetcines.fr
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DR
CINÉ-GOÛTER CHARLOT
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© Cie Itinérrances
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MINOTS, MARMAILLE ET CIE
Le théâtre et l’enfance partagent de nombreux goûts communs, à commencer par celui du jeu. Du haut de ses six ans, l’âge moyen de son public, le festival de théâtre Minots, marmaille et cie sait de quoi il retourne quand il s’agit de divertir le jeune public. Cette édition nous propose autant de spectacles originaux qu’il y a de nains dans Blanche Neige. Sous de multiples formes (théâtre, cinéma, danse, ateliers, expos), il est question de la réinterprétation des contes (Ogre es-tu ?, Poucet pour les grands.), d’une cohabitation compliquée dans des cartons (Ca cartonne !), d’un témoignage drolatique et émouvant de l’ex femme de l’ogre (Mijaurés) et de biens d’autres expériences singulières tissant les fils de l’imaginaire et du réel, du drame et de la poésie, des peurs primaires et du merveilleux. Un festival qui s’accorde avec la formule de Cocteau : « il faut jouer avec le sérieux d’un enfant ». O.L. Jusqu’au 17 janvier 2015. Théâtre de Lenche, 4, place de Lenche, Marseille, 2e. 04 91 91 52 22. 2-8 €. www.theatredelenche.info
20. DRÔLES
© Cie des 4 saisons
DE NOËLS
Chaque année depuis 2004, la ville d’Arles offre à ses habitants cinq jours de festivités gratuites à la veille de Noël, soit une cinquantaine de rendez-vous répartis dans tout le centre-ville. La place de la République, le parvis des arènes et le théâtre antique accueillent des spectacles de rue, des sons et lumière et des numéros de cirque. Les théâtres arlésiens et le musée Réattu sont également de la partie avec des programmations tous publics. Enfin, pour la fête soit complète, les enfants pourront tester la ludothèque de la chapelle Sainte-Anne, la « Drôle de patinoire » (place Voltaire) ou encore le « Ptit Manège fait main » de la compagnie des Quatre saisons. E.G. Du 20 au 24 décembre. Arles, Divers lieux et places. 04 90 18 41 20. Entrée libre. www.droles-de-noels.fr 8e art magazine • novembre-décembre 2014
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© Cie Du Jour au lendemain
Une interprétation de la « légende » de Figaro, pour illustrer la mise en scène du Mariage par Agnès Régolo (lire p.73).
DOSSIER
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Artistes Les
de
l'ANNÉE Dossier réalisé par
Julie Bordenave, Cédric Coppola, Fred Kahn, Emmanuelle Gall et Olivier Levallois.
De A comme la metteure en scène Édith Amsellem, le collectif ASCO ou les éditions Al Dante à Z comme le regretté Znorko ou Zingaro, ils font fait de 2014 « une année culturelle », certes moins pléthorique que 2013, mais pas moins intéressante. Ponctuée par des commémorations officielles tel le centenaire de la Grande Guerre ou de la naissance de Marguerite Duras, l’année est aussi celle de plusieurs anniversaires : un an pour le MuCEM, dix pour Chinese Man, vingt pour le MAC, trente pour le Massilia Sound System, et quatrevingts pour Lucien Clergue. Le photographe arlésien, disparu le 15 novembre, aura eu droit à un bel hommage dans sa ville natale. Une ville sous les feux des projecteurs cette année, avec l’ouverture de la fondation Van Gogh et la pose de la première pierre de la fondation Luma. « Cadeaux » de la famille Hoffmann, elles sont symptomatiques de l’évolution de la culture en Europe, à l’heure où les collectivités locales se désengagent.
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Les Artistes de l'ANNÉE
Edith AMSELLEM
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DES LIAISONS SPORTIVES 24, 27 ET 28 MAI
Au Smuc, dans la cour des lycées Artaud et Saint-Charles, Les Liaisons dangereuses sur terrain multisports d’Édith Amsellem insufflent une modernité féministe au roman épistolaire de Choderlos de Laclos. Entre théâtre de rue et tragédie en vers, « l’ultime match de la carrière libertine de Merteuil et Valmont » trouve là une forme très pertinente. Où les courriers-balles de tennis s’échangent avec violence, sous les commentaires acides d’un arbitre sans scrupule, qui n’est pas sans rappeler certains présentateurs de téléréalité. Accueillie par le théâtre du Merlan et complétée par des ateliers dans plusieurs lycées marseillais, cette première mise en scène signe le début d’une carrière prometteuse, qui se poursuivra en 2015 avec la création d’Yvonne, princesse de Bourgogne (sur château-toboggan) d'après Witold Gombrowicz. www.enrangdoignons.com
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© Antoine Icard
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ASCO
EXILED PORTRAITS 8 MARS – 6 JUILLET
© Harry Gamboa Jr
ASCO, comme « dégoût » en espagnol, c’était le cri de ralliement – et le nom – d’un groupe d’artistes chicanos, basé à Los Angeles entre 1972 et 1987. Inconnu en France, il a enfin droit à une rétrospective à La Friche. Performeurs, photographes, cinéastes, faisant de l’espace public leur terrain de jeu, les quatre fondateurs du groupe et leurs complices se sont attaqué aux injustices subies par leur communauté. Une leçon d’art et d’intelligence ! www.cartel-artcontemporain.fr
© Laure Chaminas
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AL DANTE
MANIFESTEN JANVIER-DÉCEMBRE
Depuis vingt ans, les éditions Al Dante œuvrent pour une vie poétique et politique. Joignant le geste à la parole, leur fondateur, Laurent Cauwet ouvre, rue Thiers, « une revue en trois dimensions, un lieu où l’on peut s’exprimer et où on essaie de “re-réfléchir” les rapports de l’auteur et du lecteur, un lieu de réactions et d’actions… » www.al-dante.org
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Josette BAÏZ
WELCOME ET GUESTS 5 MAI, 20 NOVEMBRE
Après une année capitale bien remplie, la chorégraphe aixoise se lance dans deux nouvelles aventures. En mai, à KLAP-Maison pour la danse, elle crée Welcome avec sa compagnie professionnelle, à partir de pièces emblématiques signées par six grandes dames de la danse : Blanca Li, Sun-A Lee, Katharina Christl, Eun-Me Ahn, Dominique Hervieu, Germaine et Patrick Acogny. En novembre, au Grand Théâtre de Provence, elle fait danser, par une trentaine de « ses » enfants, des chorégraphies de Dominique Bagouet, Lucinda Childs, Emmanuel Gat, Rui Horta, Wayne Mc Gregor, Alban Richard et Hofesh Schechter. Guests confirme son goût pour les défis et son talent de magicienne. www.josette-baiz.com
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© Léo Ballani
Les Artistes de l'ANNÉE
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© Cecile Martini
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© Hicham Benohoud
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Hicham BENOHOUD
UN ARTISTE DANS LA CITÉ 14 MARS – 2 JUIN
BELIEVE
IN MARSEILLE
FESTIVAL TRÈS ÉPHÉMÈRE
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20 ET 21 JUIN
L’incroyable série de clichés réalisés par Hicham Benohoud, à l’époque où il était enseignant, interroge la passivité d’élèves qu’il soumet à toutes sortes d’expériences ludiques. Soumission à l’autorité, au pouvoir… Avec « L’art en travail », le premier volet d’une exposition consacrée à l’art contemporain marocain baptisée Des artistes dans la cité, le MuCEM confirme qu’il existe désormais au Maroc une scène artistique dynamique et insolente, représentée ici par sept artistes, que le pouvoir laisse s’exprimer, voire encourage. www.mucem.org
DR
Annoncé à grand renfort de communication, ce festival de musique électro, lancé par deux jeunes Marseillais fraîchement sortis d’une école de commerce, espérait bien mettre le feu au J4 et trouver sa place dans la cour des grands. Malgré une affiche alléchante, le public a boudé l’événement (payant) et l’aventure s’est terminée en banqueroute. www.facebook.com/believeinmarseille
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Les Artistes de l'ANNÉE
© Lucien Clergue
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Lucien CLERGUE ADIEUX
AVRIL - 15 NOVEMBRE
À Aix au printemps, aux Rencontres d’Arles cet été et au musée Réattu jusqu’au 4 janvier 2015, Lucien Clergue reçoit une pluie d’expositions et d’hommages pour ses quatre-vingts ans, fêtés le 14 août. Juste reconnaissance pour le photographe arlésien, académicien, cofondateur des Rencontres, ami et collectionneur de Picasso, amoureux des femmes et toujours actif à la veille de sa mort, le 15 novembre. www.museereattu.arles.fr
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© Ph. Carrese
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Philippe CARRESE
100 JOURS D’ENGATSE 14 MARS – 2 JUIN
CHINESE MAN
Le romancier et réalisateur Philippe Carrese a suivi, à sa manière, la campagne électorale marseillaise. Chaque matin, l’artiste affichait sur son mur Facebook un dessin moqueur et malicieux : « J’ai observé pendant plus de trois mois les préparatifs des élections municipales… Le résultat est à la hauteur de ma désespérance ». Un chef-d’œuvre du genre, publié par 1961 digitaledition. www.philippecarrese.com
HAPPY BIRTHDAY AVRIL
© BOBY
Dix ans d’existence pour un label indépendant, dans le climat de l’industrie musicale actuelle ça se fête. C’est justement ce qu’à fait cette année CHINESE MAN RECORD en réunissant, le temps d’une tournée, ses trois groupes : Chinese Man, Deluxe et Tawain MC. Du Dock des Suds au Zénith, à Paris, le label, a une fois encore fait une réjouissante démonstration de sa vitalité et de sa créativité. www.chinesemanrecords.com
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© Boris Chouvellon
Les Artistes de l'ANNÉE
Boris CHOUVELLON DÉTOURNER MANÈGE 2 AVRIL - 31 MAI
À La Compagnie, Boris Chouvellon construit un manège en béton armé pour l’exposition Les os des pierres se ressoudent plus vite que les nôtres et poursuit son inventaire poétique des ruines contemporaines. www.la-compagnie.org
Paul CÉZANNE CHEFS-D'ŒUVRE AMÉRICAINS
12 JUILLET - 5 OCTOBRE
© Paul Cezanne - Collection Pearlman
Durant sa vie (1895-1974), le collectionneur américain Henry Pearlman a acquis un ensemble exceptionnel d’œuvres de Cézanne : seize aquarelles, deux huiles, dont l’ l’unique Sainte-Victoire peinte en format portrait, et deux dessins. Ils sont venus passer l’été au musée Granet, à deux pas de leur lieu de naissance, avant de retourner au Princeton University Art Museum. www.museegranetaixenprovence.fr
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Les Artistes de l'ANNÉE
Gilles DESPLANQUES
© Gilles Desplanques
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ÉLÉMENT PERTURBATEUR 14 FÉVRIER – 12 AVRIL, 27 NOVEMBRE
Marseillais, rassurez-vous ! Si l’état d’urgence vient à être déclaré, s’il faut évacuer la ville, Azurance est là. Cette « agence privée de sécurité civile » propose un service inédit : vous guider vers une zone sécurisée via un réseau souterrain. La nouvelle intervention de Gilles Desplanques, invité à investir le pas-deporte de Diagonales 61 en février, est d’une efficacité redoutable. Le 27 novembre, est inauguré au collège du Vieux-Port son Km0 du monde : une œuvre pérenne en forme de périscope, réalisée dans la cadre du 1% artistique, qui fait voyager – virtuellement – les élèves. www.documentsdartistes.org/artistes/ desplanques
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Eva DOUMBIA
« L’ÊTRE-FEMME-NOIRE » AVRIL ET MAI
Avec la reprise aux Bernardines d’Afropéennes, d’après Léonora Miano, puis la création à La Criée de La Traversée aux disparus, adaptée de textes écrits par Maryse Condé, Yanick Lahens et Fabienne Kanor, Éva Doumbia questionne « l’être-femme-noire ». « Parce que je crois qu'une parole doit être dite, une pensée doit s'articuler. La France a besoin que son histoire s'écrive complètement. Elle a besoin que s'expriment les descendants des esclavagisés et colonisés qui sont aujourd'hui des Français. Et je crois que les artistes peuvent le faire, changer les mentalités ». www.facebook.com/pages/La-Part-duPauvreNana-Triban-Eva-Doumbia/177998912248362
Marguerite DURAS CENTENAIRE
JUILLET ET SEPTEMBRE
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Elle aurait eu cent ans le 4 avril. Dans la région, les hommages se comptent sur les doigts d’une main. Cet été, le FIDMarseille projette une foule de films réalisés par et autour de Marguerite Duras. En écho, Grenouille lui dédie une « série libre de pièces radiophoniques ». Le 4 septembre, le FRAC accueille une journée de lectures « réflexives et créatives » du Marin de Gibraltar, organisée par Michèle Cohen. www.fidmarseille.org www.galerielanonmaison.com
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Les Artistes de l'ANNÉE
© JC Lett
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Nathalie DMITROVIC LAURÉATE
JUILLET - NOVEMBRE
Hervé DI ROSA
MICROTRAMWAY SEPTEMBRE
Depuis le 1 septembre, le tramway décoré par l’artiste sétois circule à Aubagne, entre la gare et le quartier du Charrel. La nouvelle municipalité ayant décidé d’abandonner le projet d’extension de la ligne, il est devenu le plus petit tramway du monde, offrant douze minutes de voyage (gratuit) en compagnie des « René » de Di Rosa. www.tramway-paysdaubagne.fr
© Yves Ronzier
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La créatrice marseillaise, qui dit concevoir ses bagues « comme de véritables sculptures, des objets à porter, » gagne le concours Ateliers d’Art de France pour la région PACA. À la clé : un prix de 1000 € et une exposition au Viaduc des Arts à Paris. www.nathaliedmitrovic.com
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Les Artistes de l'ANNÉE
© Karel Sust
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eRikm
ART OF NOISE 13 FÉVRIER , 17 MAI, 6 JUIN…
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Artiste plasticien aux pratiques transversales et expérimentateur sonore, eRikm est un peu aux platines ce que John Cage est au piano. Malgré ses airs de DJ, derrière ses machines électroniques, il n’a rien à voir avec les productions euphorisantes des dance floors ou la musique « électro cosy » version lounge. Peu enclin à flatter les goûts et l’oreille de son auditoire, le quarantenaire improvise des prestations générant de drôles de phénomènes sonores, éruptifs, physiques, convulsifs rarement confortables. En 2014, il voyage aussi bien dans la région, à Seconde Nature, à la Friche au MuCEM, qu’en France et en Europe. www.erikm.com
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© Philippe Echaroux
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Philippe ECHAROUX
LE STREET ART PROPRE
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Zidane (de retour) sur la Corniche, mais aussi Akhénaton sur le fort Saint-Jean, Patrick Bosso au Petit-Port et une poignée de visages anonymes, tous marseillais, projetés dans leur ville, la nuit. L’auteur de ces fresques éphémères, Philippe Echaroux, défend le concept d’un « street art propre » ou « street art 2.0 » et dit vouloir « rendre la lumière » volée par ses photos. www.pays-imaginaire.fr
© Clara Le Picard
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EMMA BOVARY
C'EST CLARA LE PICARD 13-15 JUILLET
On connaissait Clara Le Picard sous les traits de Martine Schmurpf, experte décalée en malbouffe. Elle revient dans la peau d’Emma Bovary, l’auteure du « premier suicide pour surendettement de notre littérature ». Créé cet été à Avignon, Dreaming of Madame Bovary sera suivi, en janvier prochain, de All Bovarys au Théâtre Joliette-Minoterie. www.compagnieatable.com
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Les Artistes de l'ANNÉE
André FORTINO SAUVAGE
MAI – SEPTEMBRE
« Je me dis régulièrement que je vais partir… Et au final, je reste. Il y a quand même des possibilités ici. Ça prend plus d’énergie qu’ailleurs, mais en s’accrochant, c’est réalisable », déclarait André Fortino, désabusé, dans une interview de 2011. L’artiste marseillais est toujours là et vient de vivre une année 2014 plutôt faste. En mai, il est invité à fêter les vingt ans du MAC, avec une performance le soir du vernissage et la diffusion de sa vidéo culte, Hôtel Dieu / Les Paradis Sauvages, tout l’été. À la rentrée, il accroche une nouvelle exposition à la galerie Territoires partagés et présente son nouveau film : La Grammaire fauve à La Compagnie. Ce road-movie, tourné avec son frère entre Marseille et l’Écosse, met en scène un homme « s’abandonnant jusqu’à vivre une expérience chamanique ». www.andrefortino.com
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F © André Fortino
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© Agnes Mellon
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LA FEMME CROCODILE PRÉSENTÉE VIVANTE JANVIER- MARS
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Charles FRÉGER FABULA
Présentée vivante est la première d’une série de cartes blanches invitant des personnalités à explorer les collections du MuCEM avec leur regard et leur sensibilité d’écrivain, d’artiste, de scientifique… Le trio constitué par Jean Blaise, l’écrivaine Joy Sorman et la commissaire d’exposition Patricia Buck, s’est intéressé au cas de la femme crocodile. Associant la lecture de l’autobiographie imaginaire à la mise en scène d’objets puisés dans les collections du musée, l’exposition propose une plongée émouvante dans l’univers forain. www.mucem.org
MARS-AVRIL
© Charles Fréger
Depuis ses études aux Beaux-Arts de Rouen, Charles Fréger s’attache à photographier des groupes d’individus et les vêtements qui les identifient pour mettre en exergue la « tension » qui existe entre l’homme et son costume. Qu’est-ce que cela implique de porter un habit de cérémonie, un uniforme militaire, un bleu de travail, un masque d’animal ? www.fotokino.org
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Les Artistes de l'ANNÉE
© Robert Guédiguian - Agat Film
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Robert GUÉDIGUIAN ARIANE FOREVER 6 JUIN
Alors qu’il est déjà en train de tourner son prochain film à la mémoire du génocide arménien, Une Histoire de fou, Robert Guédiguian vient présenter, en avantpremière à l’Alhambra, Au fil d’Ariane. C’est une fantaisie, coécrite avec un autre Marseillais, Serge Vallletti, offerte comme « un cadeau » à Ariane Ascaride, la muse du cinéaste depuis toujours, mais aussi un hymne à « la possibilité de rêver et d’imaginer d’autres possibles ». www.agatfilms.com
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© Laurent Garbit
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Laurent GARBIT
« IMAGINEZ LA CONFORMITÉ » JANVIER
Pour illustrer le programme 2014 du 3 bis F, le centre d’art situé au sein de l’hôpital Montperrin à Aix-enProvence, le graphiste et plasticien Laurent Garbit a choisi d’interroger la permanence des identités nationales dans une Europe de la finance. En guise de réponse : le visage omniprésent de Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne. Décalé et très efficace. www.garbit.net
Frank GEHRY
EN MOUVEMENT 6 JUILLET - 28 SEPTEMBRE
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Le père du Guggenheim de Bilbao et désormais de la fondation Louis Vuitton se voit offrir un hommage peu banal à Arles. En attendant 2018 et l’inauguration de sa tour, pièce maîtresse de la fondation Luma, le Parc des Ateliers accueille un ballet de ses maquettes, déplacées par une équipe de médiateurs. En s’allumant par intermittence, les Marquises de Philippe Parreno, suspendues au plafond, projettent un extraordinaire théâtre d’ombres dans le hangar. www. luma-arles.org
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Les Artistes de l'ANNÉE
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Luc et Maja HOFFMANN L’EFFET BILBAO AVRIL
Tandis que l’après-2013 a des airs de lendemains qui déchantent partout ailleurs, Arles bénéficie d’une manne providentielle dispensée par la famille Hoffmann, des mécènes suisses implantés dans la région de longue date. Début avril, tandis que Luc Hoffmann, le père, inaugure la fondation Van Gogh, Maja, la fille, pose la première pierre de la fondation Luma : un complexe dédié à la création contemporaine déployé sur 11 hectares dans le parc des Ateliers SNCF. À terme, le campus devrait notamment accueillir la maison d’édition Actes Sud et l’École Nationale Supérieure de la Photographie. www.fondation-vincentvangogharles.org
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François HÉBEL
LES DERNIÈRES RENCONTRES 6 JUILLET – 20 SEPTEMBRE
© Dominique Mourguiart
Le rachat par Maja Hoffmann du parc des Ateliers a provoqué la colère du directeur des Rencontres d’Arles, François Hébel (à gauche sur la photo), qui jette l’éponge après treize ans de direction. Un mandat au cours duquel il a réussi à décupler le public des Rencontres et à attirer des « stars » tel Raymond Depardon, Christian Lacroix ou Martin Parr, de retour cette année, pour une édition aux allures de best of. www.rencontres-arles.com
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Michel HOUELLEBECQ LE RETOUR
18 NOVEMBRE
L’année marque un tournant dans la carrière de l’écrivain. Après être devenu comédien, devant la caméra de Guillaume Nicloux puis du tandem Delépine-Kervern, il voit ses poèmes mis en musique et chantés par Jean-Louis Aubert. L’ex-leader de Téléphone adapte seize poèmes extraits de Configuration du dernier rivage et entame une tournée française qui passe par le Silo le 18 novembre. www.houellebecq.info
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Les Artistes de l'ANNÉE
Ora ÏTO
© Veronese
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CRÈVE L’ÉCRAN Le plus marseillais des designers français a le vent en poupe. Choisi par Gaumont-Pathé pour repenser l’identité et l’architecture de ses multiplexes, il invente le concept de « cinéma-aéroport du futur », inspiré notamment, dit-il, de 2001 L’Odyssée de l’espace. Après Paris et Avignon en 2013, Plan de Campagne inaugure ses nouvelles salles en février. Cet été, le MAMO, le centre d’art créé par Ora ïto sur le toit de la Cité radieuse, souffle sa première bougie et s’impose dans le paysage de l’art contemporain, en accueillant Daniel Buren. Sa proposition, intitulée Défini, Fini, Infini, enthousiasme le public comme la critique. www.ora-ito.com
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© Veronese
FÉVRIER - SEPTEMBRE
© JC Lett
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IN CAMERA
MISE EN ABYME 31 AOÛT – 5 JANVIER 2015
Le tandem écossais Fagen-Eatough investit le Panorama de la Friche avec une installation vidéo en forme de décor de théâtre. Mon premier est un artiste, mon second un metteur en scène et mon tout une œuvre (très) conceptuelle entraînant le spectateur dans un Huis clos du XXIe siècle. www.cartel-artcontemporain.fr
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Les Artistes de l'ANNÉE
© Caroline Dutrey
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JR
RELOOKE LE GYPTIS 4 OCTOBRE
Depuis l’année capitale, la Belle de Mai est devenue l’un des terrains de jeu préféré de JR. Début septembre, l’artiste installe sa cabine INSIDE OUT place Caffo et invite les Marseillais à venir se faire tirer le portrait. Un mois plus tard, tapissé de centaines de visages, le Gyptis renoue avec sa vocation première en devenant officiellement le cinéma de la Friche. Équipé d’un écran de neuf mètres de base et remis aux normes, il accueille une programmation signée par la maison de production indépendante Shellac, qui s’est donné pour mission de proposer « tous les styles de cinéma et de mélanger les différents publics ». www.lafriche.org
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JUBA II
© Direction du patrimoine culturel, Ministère de la culture du Royaume du Maroc
SPLENDEUR DE VOLUBILIS 12 MARS – 25 AOÛT
Venu de Rabat, Juba II est l’ambassadeur d’une part méconnue et exceptionnelle de l’héritage romain. Non content d’être l’un des rares bronzes antiques à avoir réussi à échapper aux outrages des hommes et du temps, il témoigne de la grande richesse culturelle et artistique de la Maurétanie Tigitane à l’époque d’Auguste. www.mucem.org
JonOne
THE CHRONICLES 17 OCTOBRE – 20 DÉCEMBRE
© JonOne
À l’occasion de la parution de sa première monographie, publiée par David Pluskwa, le plus célèbre des street artists passés à la toile revient exposer dans la galerie de son ami marseillais. Dans ses valises, une quarantaine d’œuvres inédites et une édition limitée de l’ouvrage, sous la forme d’un coffret contenant une œuvre originale et une sculpture. www.david-pluskwa.com
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Les Artistes de l'ANNÉE
William KENTRIDGE
AIXOIS ET MARSEILLAIS JUIN-JUILLET
K © William Kentridge
Familier du festival d’art lyrique, l’artiste sud-africain est également, cet été, l’invité du Festival de Marseille. Selon les mots de sa directrice Apolline Quintrand, il est même « la figure tutélaire » de l’édition 2014. Si la grève des intermittents entraîne l’annulation de Ubu and the truth Commission, l’une de ses pièces majeures, le public se console en assistant à la soirée de projections que lui dédie l’Alhambra, puis en allant voir sa mise en scène du Voyage d’hiver (Winterreise) de Schubert à l’auditorium du nouveau conservatoire d’Aix. Sur scène, les images de William Kentridge dialoguent avec la voix du baryton Matthias Goerne et le piano de Markus Hinterhäuser. www.festival-aix.com
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Anne Teresa DE KEERSMAEKER
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VORTEX TEMPORUM 16 ET 17 MAI
© Café Kulte
© Anne Van Aerschot
La chorégraphe d’origine flamande se confronte à l’univers du compositeur contemporain Gérard Grisey, dans une polyphonie dansée où le mouvement des corps et le geste musical se combinent pour former une matière aussi instable et insaisissable que le passage du temps. www.theatre-lacriee.com
KULTE
DÉJÀ CULTE 23 AVRIL
Dès son ouverture, le « vestiaire gourmand » imaginé par Fabien Morreale, chef martégal labellisé Top chef, et Matthieu Gamet, le patron de la marque Kulte fait un tabac. Il a beau n’être qu’une préfiguration de l’établissement qui ouvrira ses portes au premier semestre 2015, à l’atrium 10.5 des Docks, sa philosophie locavore et ses prix ont conquis les Marseillais. www.fr-fr.facebook.com/pages/CafeKulte/627270170666572
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Les Artistes de l'ANNÉE
L © François Halard
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Yvon LAMBERT
COLLECTION (EN)FERMÉE POUR TRAVAUX 5 AOÛT – 25 NOVEMBRE
En attendant l’ouverture, à Avignon, du nouveau musée commandé par Yvon Lambert pour abriter les 556 œuvres qu’il vient de donner à l’État français, sa collection investit la prison SainteAnne désaffectée. Le pari – inédit et risqué – d’Éric Mézil est à l’origine de ce qui restera certainement dans les annales comme la meilleure exposition française de 2014. Et ce, à plus d’un titre, car, le curateur a su respecter à la fois les lieux, chargés d’une histoire tragique, et les quelque 250 œuvres qu’il y a accrochées. De quoi intéresser un large public et donner, même aux plus rétifs, le goût de l’art contemporain. www.collectionlambert.fr
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© Karine Lanny
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Karine LANNY
LES MUETTES JANVIER - DÉCEMBRE
Créées en 2013, les cigales de Karine Lanny ont commencé à envahir la région dès les premiers jours de l’année. Enfin débarrassé de son allure kitsch, l’emblème de la Provence voyage désormais bien audelà de ses frontières et se décline même en bijou. www.monochromic.fr
Claude LÉVÊQUE
PLUS FOU QUE LE FADA 29 MAI – 30 AOÛT
© Claude Levêque
Invité par Audrey Koulinsky à investir son appartement « type E descendant cuisine droite » de la Cité radieuse, Claude Lévêque joue le jeu en « plantant la tente » dans la chambre parentale et en semant dans les différentes pièces des œuvres intimes, rarement ou jamais montrées. www.cellule516.com
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Les Artistes de l'ANNÉE
Marie MOREL
CENSURÉE À AUBAGNE JUIN
La 13e édition du festival international d’Art singulier, prévue le 26 juillet, n’aura pas lieu. La nouvelle municipalité d’Aubagne ayant jugé « pornographiques » L’Amour de Marie Morel et La Machine accoucher de Denim, elle interdit leur accrochage dans la chapelle des Pénitents noirs. En signe de solidarité avec les artistes, la compagnie d'Art singulier en Méditerranée, organisatrice de la manifestation, décide de l’annuler. De son côté Marie Morel, qui a déjà exposé de nombreuses fois son « manifeste érotique » depuis sa création en 1996, s’inquiète de ce que « les œuvres érotiques sont de plus en plus censurées dans les lieux d’expositions. Les organisateurs ont souvent peur : vigilance excessive de notre société. On revient à un monde où nos libertés sont de plus en plus encadrées… » www.mariemorel.net
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M © Marie Morel
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Alan MOORE BD
1ER AVRIL - 10 MAI
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© Samuel Rubio
© Frank Quitely
Pour la première fois de leur histoire, les Rencontres du 9e art mettent un scénariste à l’honneur, avec une exposition questionnant la relation entre l’écrit et l’image dans l’univers du génial Alan Moore, auteur notamment de From hell, V pour Vendetta, Watchmen, la seule bande dessinée à figurer dans le classement du Times magazine des cent plus grands romans de tous les temps. www.bd-aix.com
Vincent MACAIGNE IDIOT ?
17 - 19 OCTOBRE
La nouvelle coqueluche du cinéma français reprend, cinq ans plus tard, son adaptation du roman de Dostoïevski. Libre, tonitruante, géniale pour les uns, hystérique pour les autres… Les Plateaux de la Friche n’avaient jamais vu ça ! www.theatre-lacriee.com
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Les Artistes de l'ANNÉE
MASSILIA SOUND SYSTEM TRENTE ANS DE OAÏ
Pour fêter dignement son anniversaire, Massilia Sound System s’offre une semaine de festivités marseillaises : le lundi dans les studios de Radio Grenouille, le mardi au cours Julien, le mercredi devant la mairie pour recevoir la médaille de la ville de Marseille, le jeudi à la Fiesta des Suds et le mardi suivant, à la FNAC, pour un showcase à l’occasion de la sortie officielle de son nouvel album, Massilia.
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© Massilia Sound System
13 - 21 OCTOBRE
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Les Artistes de l'ANNÉE
© Olivier Metzger
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NEVCHE
DANS LE RÉTRO MARS
Après s’être fait connaître du grand public en prêtant sa voix et sa musique à la poésie de Prévert dans Le soleil brille pour tout le monde ?, le slameur, musicien, rocker et poète marseillais sort un nouvel album, avec ses propres mots cette fois. Il y décline sa jeunesse en une dizaine de titres, récits de rêves en devenir, de la glande entre potes dans les parkings et de sentiments inavoués : « Raconter une histoire est le seul moyen de faire quelque chose qui résiste à l’époque. » www.nevchehirlian.com
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© Audrey Dupas
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Dieudonné NIANGOUNA DE GENET À ALI
13 MARS, 12-13 NOVEMBRE
L’artiste congolais inaugure la deuxième édition de la Biennale des écritures du réel, en incarnant Jean Genet lors de sa Dernière interview, mise en scène par Catherine Boskowitz. À l’automne, il revient lors des Rencontres à l’échelle, avec M’appelle Mohamed Ali, une pièce qu’il a écrite pour l’acteur Étienne Minoungou. www.lesrencontresalechelle.com
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Gérard NICOLLET VISIONNAIRE
9 SEPTEMBRE – 11 OCTOBRE
© Gérard Nicollet
Bibliothécaire au musée Réattu et auteur d’un ouvrage sur les inventeurs de machines musicales contemporaines, Gérard Nicollet apporte au printemps ses cartons à dessin chez François Vertadier. Quelques mois plus tard, ce dernier expose une trentaine de ses dessins et toiles, dévoilant des mondes parallèles, des créatures fourmillant d’yeux et de cellules microscopiques. www.polysemie.com
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© Joël Assuied
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OPÉRA NOIR
BERDAGUER & PÉJUS 10 JANVIER
Prévue pour l’année capitale, l’inauguration de L’Opéra noir, l’œuvre commandée par la Fédération des commerces du centre-ville au tandem BerdaguerPéjus, accuse un léger retard. Inspiré par le kiosque de la Canebière, il est en une projection fantasmagorique et une version réduite, à la mesure de la place Lulli, revêtue de noir et musicale. Jour et nuit, on y entend la rumeur de l’opéra voisin : un remix des voix des chanteurs et des techniciens, des sons des machines et des instruments. www.cbmp.fr
© Othoniel Studio
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Jean-Michel OTHONIEL
LA ROSE DES VENTS 28 FÉVRIER
Débuté en 2013, dans le cadre des Quartiers créatifs, le projet de Jean-Michel Othoniel à la cité Beisson se conclut par une exposition au musée Granet et l’inauguration de sa Rose des vents sur le belvédère : une sculpture-girouette de six mètres de haut, se mouvant au gré des vents. www.othoniel.fr
Uwe OMMER
FAMILLES D’A DOS 12 SEPTEMBRE – 31 OCTOBRE
© Uwe Ommer
© Uwe Ommer
Installée sur le J4, visible – gratuitement – 24 heures sur 24, l’exposition des photographies d’Uwe Ommer, baptisée L’Europe c’est nous, est une réussite. C’est le fruit d’un périple de deux ans, dans quarante pays, à la rencontre de 267 familles, dans le but de « faire connaissance avec [ses] voisins » et de « donner la parole aux jeunes ». www.1000families.eu
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Les Artistes de l'ANNÉE
© Atelier ksr
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PARÉIDOLIE
LE DESSIN À L’HONNEUR 30-31 AOÛT
© Nicolas Puyjalon
Un nouveau salon est né. Basé à la galerie du Château de Servières, Paréidolie est piloté par sa directrice, Martine Robin, et par une équipe de Marseillais passionnés : l’artiste Michèle Sylvander, l’éditeur Bernard Muntaner, la curatrice Lydie Marchi et Françoise Aubert, de la Fondation Vacances Bleues. Pour cette première édition, dix galeries françaises et européennes investissent les ateliers du boulevard Boisson, avec des propositions axées sur le dessin contemporain. Le public et les collectionneurs ayant répondu présents, la deuxième édition aura lieu les 29 et 30 août 2015. www.pareidolie.net
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Le PHARE BLEU OPNI
JANVIER - DÉCEMBRE
Installé en 2013 sur la Côte bleue, cet « objet poétique noctambule identifiable aux éclats bleus » émet chaque soir des poèmes en morse. Malgré quelques interruptions pour cause de maintenance, sa lumière a survécu à l’année capitale et joue depuis novembre, des partitions de Michèle Métail et Catherine Rouan. https://fr-fr.facebook.com/pages/IdphareMarseille/211120892299079
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Les POILUS
COMMÉMORÉS
© Léon Gimpel
FÉVRIER - DÉCEMBRE
La commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale est l’événement phare de 2014. Les institutions et musées marseillais ne sont pas en reste, grâce à une programmation éclectique qui se poursuit jusqu’en 2015 et s’achèvera avec Les Animaux de la Grande Guerre au Museum d’Histoire naturelle. www.marseille.fr
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Les Artistes de l'ANNÉE
© Jean Barak
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FrançoisMichel PESENTI PURGE
14-25 JANVIER , 16-17 OCTOBRE
© Cici Olsson
Créé en janvier au théâtre des Bernardines et repris en octobre, Purge sera-t-il, comme le prétend François-Michel Pesenti, son dernier opus ? Cette réflexion sombre sur le théâtre et son statut de metteur en scène a des airs de testament. www.theatre-bernardines.org
Joël POMMERAT
QUASI RÉTROSPECTIVE FÉVRIER , MAI
La Criée puis le théâtre du Jeu de Paume présentent trois spectacles de celui qui se définit comme un « écrivain de plateau ». Marseillais et Aixois ont ainsi l’occasion de (re)découvrir le travail sans concession de Joël Pommerat, à travers Au Monde (2004) et Les Marchands (2006), mais aussi son approche des contes de fées, avec une Cendrillon (2011) incandescente. www.theatre-lacriee.com www.lestheatres.net
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Nathalie QUINTANE MARRAINE
24 SEPTEMBRE
« Actoral génère l’un de ces temps-clés où nous pouvons mieux saisir ce qui arrive, et où, nourris de ce que nous venons de voir et d’entendre, nous sortons, le regard neuf et plus aigu », conclut Nathalie Quintane dans son éditorial. Fidèle du festival des arts et des écritures contemporaines depuis 2007, elle est la marraine de cette 14e édition, qui propose, malgré un budget réduit, une collaboration inédite avec des artistes canadiens et plus de 80 représentations. Parmi elles, Stand Up, une lecture-performance par Nathalie Quintane d’un texte inédit consacré à Marine Le Pen, au théâtre Joliette-Minoterie, mais aussi les propositions de ses nombreux invités : de son compagnon Stéphane Bérard à son traducteur italien Michele Zaffarano. www.actoral.org
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Q © Clémentine Crochet
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Agnès RÉGOLO POLITIQUE
24-26 JANVIER , 25-27 SEPTEMBRE
Quel est le point commun entre les chantiers navals de Fos et Le Mariage de Figaro ? Le goût d’Agnès Régolo pour des aventures théâtrales qui se suivent et ne se ressemblent pas ? En janvier, au théâtre Joliette-Minoterie, son Enquête sur un grand chantier, inspiré de l’ouvrage de l’historienne Hélène Vésian, retrace l’épopée de la construction de l’une des plus grandes zones industrialo-portuaires d’Europe. En septembre, elle monte « son » Figaro au jeu de Paume : « Analyse critique de l’état de la société, des consciences comme des amours, Le Mariage de Figaro est un vaudeville existentiel et politique ». www.dujouraulendemain.com
© Raphael Arnaud
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Les Artistes de l'ANNÉE
© Mario Del Curto
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Isabella ROSSELLINI
BESTIAIRE D’A MOUR 19-21 FÉVRIER
Déguisée en ver de terre, en escargot, en araignée ou en mante religieuse, la comédienne présente, commente et joue quelques-uns des comportements de reproduction du règne animal. Basé sur des réalités scientifiques, ce Kâmasûtra plein d’étrangetés rend hommage à la diversité et casse les stéréotypes. www.lestheatres.net
Gilad RATMAN SOLITUDE ?
30 AOÛT – 21 DÉCEMBRE
© Gilad Ratman
Hétéroclite, l’exposition Ce que raconte la solitude proposée à la Friche par le Cartel brasse les utopies individuelles et collectives, passées et présentes. On en retiendra surtout l’improbable pyramide humaine filmée par l’artiste israélien GIlad Ratman, où la ténacité de la volonté le dispute à l’inexorable fragilité de l’édifice, www.cartel-artcontemporain.fr
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SUGARCRAFT SURRÉALISTE
MAI, JUILLET, OCTOBRE
Ils sont partout : à l’Alhambra, au Silo et au MAC en mai, aux festivals Mimi (en juillet) puis Gamerz (en octobre), mais aussi au palais de Tokyo et à la Gaité Lyrique à Paris. Cette année, tout le monde s’arrache Sugarcraft, alias John Deneuve et Doudouboy, plasticiens-musiciens inclassables. Le duo marseillais le plus déjanté de la décennie propose des concerts-performances, à voir et écouter autant pour leurs costumes extravagants que pour une musique qu’ils qualifient de « progressive joyeuse et dansante, saturée de sons synthétiques Lo-Fi, où se pose un chant punk rythmé ». Séparément, ils ne sont pas mal non plus. Pour l’exposition L’Embellie, au Château de Servières en janvier, John Deneuve bricole, à partir d’une foule d’objets hétéroclites associés au monde de l’enfance, un vaisseau spatial nostalgique et malicieux, pour « décoller du monde réel ». www.ilovesugarcraft.com
© Sugarcraft
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Les Artistes de l'ANNÉE
© Chiharu Shiota
Chihiaru SHIOTA
STATE OF BEING 18 JUILLET – 19 OCTOBRE
© Damien Raveau
En 1994, Roland Petit créait Le Guépard à l’Opéra de Marseille, sur un livret d’Edmonde Charles-Roux et une partition mêlant Verdi, Respighi et Beethoven. Vingt ans plus tard, dix des costumes dessinés pour l’occasion par Luisa Spinatelli débutent une nouvelle vie, sous la coupole de la Vieille Charité, dans une mise en scène sublime de l’artiste japonaise Chiharu Shiota. www.chiharu-shiota.com
SCHILLING LA TABLE
AOÛT - DÉCEMBRE
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Depuis la rentrée, Marseille compte une nouvelle vraie bonne adresse. Le restaurant créé par le chef écossais Malcolm Gardner collectionne les atouts : une carte – abordable – à base de poissons et produits frais, une cuisine méditerranéenne rehaussée au whisky, une terrasse accueillante, une salle sobre et chaleureuse. À suivre. https://fr-fr.facebook.com/pages/ Schilling/230372833790665
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Ensemble TÉLÉMAQUE BON ANNIVERSAIRE JANVIER - DÉCEMBRE
Fraîchement installé dans sa nouvelle maison de l’Estaque, le PIC (Pôle Instrumental Contemporain), l’ensemble créé en 1994 et dirigé par Raoul Lay s’y produit désormais régulièrement, en plus de ses concerts à l’extérieur. L’occasion de (re)découvrir son répertoire singulier mêlant ciné-concerts, contes en musique et créations contemporaines, toujours dans un souci d’ouverture et de partage. Mais aussi d’assister aux « sorties de résidences » de leurs invités. www.ensemble-telemaque.com
© Agnès Mellon
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Les Artistes de l'ANNÉE
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Tzvetan TODOROV
CIVILISATION ET BARBARIE 30 JANVIER – 4 DÉCEMBRE
TEMENIK ELECTRIC ARABIAN ROCK
21 FÉVRIER , 19 JUILLET
Rien n’arrête ces cinq garçons dans le mistral : arômes blues, samples d’Oum Kalsoum, transes gnaouas, guitares distordues… Un son monstre enfanté par Marseille, passé cette année par Aubagne et Aix avant de franchir la Loire et les frontières. www.temenikelectric.tumblr.com
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© C. Boyer
Avec ce nouveau cycle de conférences mensuelles, le MuCEM confirme son ambition et son exigence. Sous la houlette de l’essayiste et historien Tzvetan Todorov, il donne la parole à de grands penseurs : Patrick Chamoiseau, Elias Khoury, Carlo Ginzburg, Anne Cheng, Achille Mbembe et Sanjay Subrahmanyam www.mucem.org
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© Richard Haughton
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James THIERRÉE TABAC ROUGE 9-12 AVRIL
Pour la première fois, James Thierrée reste dans les coulisses et laisse le plateau à huit danseurs, une contorsionniste et un acteur. Son univers est intact, incrusté dans un décor aux rouages délicieusement surannés, mais adaptés au tournis que procure le manège d’une humanité aussi dérisoire que magnifique. www.lestheatres.net
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Les Artistes de l'ANNÉE
UTSUSHI
DANSE DES TÉNÈBRES 9-10 MAI
Ushio Amagatsu est l’un des plus grands ambassadeurs du butô contemporain. Il a su renouveler cet art « introspectif », cette « danse des ténèbres » qui a émergé au Japon après le traumatisme Hiroshima. Utsushi, sa dernière création, ne suit aucun fil narratif, il faut plutôt l’envisager comme une succession de tableaux à contempler. Cette création est composée d'extraits de pièces du répertoire de sa compagnie, Sankai Juku, retravaillés et s’enchaînant les uns aux autres pour constituer une œuvre à part entière. Tout un art en condensé. www.theatrejoliette.fr
© Elian Bachini
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Les Artistes de l'ANNÉE
© Vincent van Gogh - Musée Van Gogh Amsterdam
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VAN GOGH
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LE RETOUR… À ARLES 7 AVRIL – 31 AOUT
Selon l’historien d’art Ronald Pickvance, Van Gogh a produit durant les 444 jours de sa période arlésienne, « près de 200 tableaux, 100 dessins et aquarelles ». La ville n’a conservé aucune de ses œuvres et, jusque-là, les pèlerins venus sur les traces de Van Gogh devaient se contenter des plaques émaillées installées par la mairie sur les sites qu’il a peints. Inaugurée en avril, la fondation dédiée au peintre par le mécène Luc Hoffmann (lire p. 50) a passé un contrat avec le musée Van Gogh d’Amsterdam qui lui garantit la présence permanente d’au moins une œuvre de l’artiste. Et, pour son premier accrochage, Couleurs du Nord, couleurs du Sud, elle en expose neuf, dont la fameuse Maison jaune. www.fondation-vincentvangogh-arles.org
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Alan VEGA
SUICIDE AU FRIOUL 5 JUILLET
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© Joël Assuied
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Le festival Mimi s’est fait, entre autres spécialités, celle d’inviter des icônes du siècle dernier. Après Tuxedomoon en 2008 ou Père Ubu l’année dernière, c’est au tour du duo mythique formé par Alan Vega (76 ans) et Martin Rev (66 ans) de monter sur la scène de l’hôpital Caroline, le temps d’une brève et pathétique performance. www.amicentre.biz
VILLA ALLIV
EXCLUSIVE 23 OCTOBRE
C’est la nouvelle coqueluche des réseaux sociaux, présentée par ses trois fondateurs comme « un nouveau lieu, pluridisciplinaire, à la croisée de l’image, de la création contemporaine, de la musique et des nouvelles pratiques culturelles. » Les happy few qui ont assisté à la soirée d’inauguration privée sont unanimes, les autres attendent de voir. https://fr-fr.facebook.com/ wearealliv
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Les Artistes de l'ANNÉE
XAL
ARTISTE DRAMATIQUE AVRIL, OCTOBRE
Après un passage remarqué au Lucernaire à Paris, une tournée en France et la publication à L’Harmattan de son spectacle, Xavier Adrien Laurent revient jouer à domicile, au café théâtre Il Piccolo. La – dernière ? – chance de le voir se livrer, corps et âme, sur sa condition de comédien (marseillais), enchaîner les rôles et les textes avec la dextérité d’un DJ et une vitalité à la Caubère, de Ronsard à IAM en passant par Rimbaud. Et de rejoindre, après avoir été balloté entre fou rire et émotion littéraire, régulièrement pris à parti et remis à sa place, la (désormais) longue liste de ses fans. www.artistedramatique.org
© Didier D.Daarwin
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Les Artistes de l'ANNÉE
YES BABY
JERRY TRIGGER’S BALLAD JANVIER
Yes baby, c’est le nom improbable du nouveau duo formé par la figure de la scène rock marseillaise Phil Spectrum associé à l’auteur et chanteur Clis Gaul. Sans se trahir, le premier enrichit son spectre musical d’une dimension mélodique inédite. La Ballade meurtrière de Jerry Trigger s’incruste rapidement et durablement dans la tête. La production, particulièrement chiadée, impose des climats vénéneux dont seul Phil Spectrum a le secret, mais, le chanté-parlé profond et viscéral de Clis Gaul canalise les débordements soniques. Au fil des plages, le duo chemine vers l’essentiel pour atteindre un fragile, mais très vertigineux point d’équilibre-déséquilibre. www.ledatomica.mus.free.frt
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YOUN SUN NAH SOLEIL CORÉEN 23 OCTOBRE
YODÉLICE SQUARE EYES
31 JANVIER , 9 OCTOBRE
Avec déjà plus de cinq cents concerts à son actif, dont deux cette année à Marseille, il est une véritable bête de scène. Le personnage au chapeau à plume et à la larme peinte sur le visage, alter ego du chanteur Maxim Nucci, tend désormais vers « une musique urbaine et plus fouillée que par le passé ». www.yodelice.com
© Yann Orhan
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© Sung Yull Nah
Bien connue des spectateurs marseillais – elle est venue trois fois au festival Jazz des cinq continents –, la native de Séoul est l’invitée du GTP à l’automne. Une scène à la hauteur de sa musique déroutante, envoutante et inspirée d’horizons tellement divers. www.lestheatres.net
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Les Artistes de l'ANNÉE
Wladyslaw ZNORKO MONUMENT
5 MARS, 10-12 OCTOBRE
Depuis sa mort, qu’il avait pourtant prévue en 2058, la Gare Franche est en deuil, mais résiste. Alors que les hommages au metteur en scène, scénographe, auteur, peintre et réalisateur se multiplient dans les festivals d’été, les Cosmonautes imaginent Tuvawoir Znorko, en octobre : trois jours de représentations, lectures, expositions, pour faire vivre l’œuvre et la mémoire de celui qui avait posé ses valises en 2001, sur les hauteurs de Saint-Antoine, dans cette « maison qui penche », ouverte depuis aux artistes, aux habitants du quartier, aux passants et au mistral. C’est désormais Alexis Moati et sa compagnie Vol Plané qui tiennent la barre du navire jusqu’en juin 2017. www.cosmoskolej.org
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© Cie 2b2b
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ZINGARO CALACAS
16 MAI - 4 JUIN
Créé par la troupe équestre en 2011, Calacas (squelette en mexicain) métamorphose la halle de Martigues au printemps. Inspirée à la fois de la fête des morts mexicaine et des carnavals médiévaux, c’est selon son créateur, Bartabas, « une cavalcade joyeuse et tragique autour de la mort », qui met en scène 29 chevaux, 8 écuyers acrobates et 4 musiciens. www.bartabas.fr/Zingaro
© Agathe Poupeney
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LES
ADRESSES MARSEILLAISES
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VILLA ROCCA
A la Villa Rocca vous dégusterez de délicieux plats de produits frais aux teintes italiennes : supions, pizzas ou encore aubergines à la parmesane, et les desserts "maison" concoctés par les chefs Franck Lagziel et Pierro. Le tout, dans une ambiance chaleureuse et un décor raffiné. Sans oublier l'agréable terrasse, parfaite pour les repas estivaux. Infos & Réservation 04 91 22 61 59
20, rue François-Rocca • 13008 Marseille
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Pour les nostalgiques du Garde et de Tomé de la grande époque… Ne cherchez plus ! Courrez à la Maison du Château ! Au pied de la Sainte Victoire, une dépendance du Château de Châteauneuf le Rouge tient lieu de restaurant. Mobilier design et tomettes au sol, voilà une maison moderne chic et conviviale en pleine campagne aixoise. Un décor signé Anne-Karine Zapata… un petit paradis !
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LE CHASTEL
Le Chastel est devenu au fil du temps le bistrot du centre ville où il fait bon manger. Emmanuel Sirounian et Victor Leblanc , propriétaires de l’établissement proposent une carte de produits frais , inspirée de recettes provençales et toscanes. Les commerçants et aixois aiment se retrouver ici pour découvrir un plat du jour toujours gourmand. Reservations conseillées... Réservation : 04 42 29 70 64 / www.lechastel.com Angle Place des Prêcheurs, Rue Portalis 13100 Aix-en-provence
RESTAURANT
LA VILLA
L’établissement chic et reconnu logé rue Jean Mermoz s’affirme comme le lieu de rendez vous pour les habitués du quartier. Restaurant au charme atypique, lieu de quiétude, une vaste terrasse jardin, ombragée l’été et chauffée aux jours frisquets. Sa cuisine off re un large choix avec une mention spéciale pour les poissons grillés au feu de bois. Une touche originale pour la présence d’un kiosque à coquillages de l’automne au printemps ainsi qu’une sushi women japonaise à demeure. Une large carte des desserts permet de terminer ce moment agréable par une touche sucrée. Infos & Réservation 04 91 71 21 11
113 Rue Jean Mermoz • 13008 Marseille
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RESTAURANT TARTINERIE SALADERIE & BRUNCH
LE CHERCHE MIDI
Les brunchs du Cherche MIdi par Camille et Betty, le concept : une tartinerie à base de pain «Poilâne» qui se situe entre le restaurant et le salon de thés, des produits frais, du fait maison et des desserts à tomber du chef patissier Franck Charvose. Le lieu est cosy-chic, la cuisine délicate et raffi née, un bon moment sur fond de jazz dont vous pourrez profiter désormais un dimanche par mois pour les brunchs de Camille et Betty. 1er brunch, le dimanche 18 janvier 2015, sur réservation : 06 12 92 12 32 Infos & Réservation 04 91 71 20 76 / 06 59 21 71 11
33 boulevard Edouard Herriot • 13008 Marseille
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L’INSOLITE
Un lieu, une exception à découvrir absolument ! Niché au fond d’une allée à 50 m de la préfecture, une terrasse sur les toits les pieds dans la pelouse vous attend pour déguster nos pizzas au feu de bois, une cuisine gourmande et colorée. • Le mercredi, soirée voyance ou karaoké. • Le jeudi, soirée illusionniste ou soirée humour. • Le vendredi soirée concerts en live. • Possibilité de privatiser le lieu.
5 rue d’Italie 13006 Marseille Infos & Réservation 04 91 43 91 51 - Facebook : resto.linsolite
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