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Sébastien
Rogues A L’AISE À LA BAULE DANS SES TROIS ÉLÉMENTS
Quant à la photo prise aux Evens, elle rappelle à Sébastien Rogues le pire souvenir de sa vie. En 2008, lors de la Select 6.50, il termine deuxième à dix secondes du premier. « Après le passage de la ligne d’arrivée, raconte-t-il au Télégramme, tout bascule… Je vais à l’avant affaler le génois, une déferlante arrive, mais je ne la vois pas car il fait nuit. » La déferlante fait gîter le bateau, Sébastien se retrouve à la baille pendant que son bateau, sur pilote automatique, file se fracasser sur les Evens. À la mer dans la nuit noire, dans une eau à 12° et dans un vent de 30 nœuds, Sébastien Rogues se fait peu d’illusions. D’autant moins que, dans la baie, personne pour lui venir en aide. « À deux ou trois reprises, je me suis retrouvé sous 2-3 mètres d’eau. Je coulais car je commençais à m’endormir. Oui, tu coules de froid et de fatigue. En fait, tu te laisses partir… » Sébastien se fait une raison : il sent qu’il ne pourra plus résister longtemps. « Ce qui m’a sauvé, c’est justement d’avoir terminé si proche du premier, Cyril Hoebler. Cela faisait vingt minutes qu’il était amarré au ponton et, ne me voyant pas arriver, il a déclenché les secours. » Il sera miraculeusement récupéré après avoir passé 50
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1h30 dans l’eau. Aujourd’hui encore, il y pense tous les jours. « Mais je sais pourquoi j’ai résisté aussi longtemps. C’est grâce à mon père qui, quelques jours auparavant, m’avait annoncé qu’il était atteint d’une maladie incurable. Quand j’étais dans l’eau, je me disais inconsciemment que je ne devais pas partir avant lui, que je ne pouvais pas lui faire ça. » « Quelque chose, commente-t-il aujourd’hui, m’attache vraiment à La Baule. J’ai failli y laisser ma peau, mais j’y ai rencontré ma femme. Toujours grâce à Cyril Hoebler que, quelques années plus tard, j’ai remplacé au pied levé lors d’une régate d’entreprise. J’ai donc été skipper du bateau dont Laure Caucanas était coéquipière. Nous avons aujourd’hui deux enfants ! » Victor et Timothée ont aujourd’hui 9 et 6 ans. C’est eux qu’on voit, sur la photo de droite, avec leur parents et la ponette Nelly. Toute la famille monte aux Platanes et en Normandie. « Laure a beaucoup monté, notamment en concours.