La Sentinelle Janvier-Février 2022

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La Sentinelle

Janvier - Février 2022 - n° 01

Avant-Propos Périodique bimestriel de la Centrale Générale du Personnel Militaire. Éditeur responsable : Yves Huwart - Bureau de dépôt : Bruxelles X - P109013

Du vilain petit canard au beau cygne le syndicat militaire


Avant-propos

Du vilain petit canard au beau cygne AVANT-PROPOS PAR YVES HUWART | PRÉSIDENT

Au cours des quinze dernières années, nombreux étaient les militaires qui comparaient l'armée à une vieille bagnole : démarrages compliqués, moteur qui se coupe, mais redémarrage tout de même. Souvent, cela s’accompagnait de grognements sous le capot et de nuages de fumée noire, mais elle roulait ! L’érosion de cet optimisme s’est poursuivie, année après année : les unités devenaient de plus en plus creuses, les ressources rares et la perte d'expertise toujours plus large. Le nombre de membres du personnel souffrant de burn-out a augmenté systématiquement, et même la Défense en souffrait aussi, ressemblant de plus en plus à un mouroir. Mais en moins d'un an et demi, tout a changé. Soudain, le ciel s'est dégagé ! L'impulsion avait déjà été donnée par le gouvernement précédent avec un grand plan d'investissement. Et puis, plus rien : les effectifs continuaient à diminuer, les ressources matérielles s’évaporaient encore et les factures d'achat étaient reportées. Mais ce qui se passe depuis la fin de l'année 2020 étonne vraiment : pour la première fois depuis les années septante, on annonce la construction de nouvelles casernes, une augmentation salariale historiquement élevée pour le personnel militaire, des chèques-repas pour la fin de cette année, le recrutement de plus de 2.500 nouveaux collègues chaque année et l’approbation d’une nouvelle trajectoire budgétaire pour la Défense

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qui nous évitera ce sentiment de honte lorsque nous nous présentons à l’Otan. Cerise sur le gâteau, il y aura également un nouveau plan stratégique pour l'armée : le plan STAR. Avec ce plan d'avenir, nous ne recevons pas seulement de nouvelles capacités militaires et plus (en principe) de 10 milliards d’investissements pour la Défense, mais le nombre de militaires sera également augmenté. Chose qui ne s’était plus produite depuis 1984. Oui, vous avez bien lu : presque 40 ans. En outre, cette augmentation de personnel s'élève à 15% en moyenne. Respirez profondément, cher lecteur ! C'est du jamais vu ! Même les plus anciens du service actif, les militaires qui ont plus de 35 ans d’armée, n'ont jamais vécu une chose pareille. Ils ont dû attendre longtemps pour l'obtenir. Leur patience et la nôtre ont été mises à rude épreuve. Mais aujourd'hui, l’embellie est non seulement visible et tangible – pour tous les militaires – mais des perspectives optimistes de croissance réelle pointent à l’horizon. Ou comment l'armée belge passe, en un temps record, du statut de

vilain petit canard à celui de beau cygne. Bien sûr, tous les problèmes ne seront pas résolus d'ici le mois prochain ; nous sommes tombés trop bas pour cela. Le chemin à parcourir est encore long et nous rencontrerons aussi quelques "nids-de-poule". Tracer une nouvelle route pour le superpétrolier qu'est la Défense sera un véritable challenge. Mais ce sont de beaux défis : cette fois, il ne s'agit pas de presser encore plus le citron, mais de laisser mûrir les raisins pour pouvoir les cueillir dans quelques années. Avec tout ce qui est réalisé actuellement, nous sommes prudemment confiants vis-à-vis des mesures importantes décidées pour mettre de l'ordre dans la structure de base. Grâce à cela, l'armée retrouvera enfin son équilibre : un équilibre entre les missions et le budget qui leur est consacré ; un équilibre dans la composition des forces armées et un équilibre aussi pour le personnel, afin qu'il regagne confiance dans la Défense en tant qu'employeur. Parce que c'est de cela dont il s'agit pour le militaire, en fin de compte : la confiance. 


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Janvier - Février 2022 - n° 01 Photo : Vincent Bordignon

Colophon

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Du vilain petit canard au beau cygne

La Sentinelle est le bimestriel de la Centrale Générale du Personnel Militaire. La Sentinelle est envoyée à tous les membres. Tirage : 8.800 exemplaires

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Viser les étoiles avec STAR

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Augmentation salariale et chèques-repas : pour quand ?

Toutes les données sont traitées dans le respect de la Loi sur la vie privée (Loi du 8/12/1992 & GDPR).

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Éditeur responsable : Yves Huwart Coordination : Concetto Bandinelli et Laurent Schmitz

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Poutine et la guerre au pas de la porte

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Il n’y a plus d’armée belge…

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Du renfort au Secrétariat permanent

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Rentes liées aux Ordres nationaux

Informations générales – CGPM : Romboutsstraat 1 – Bus 021 1932 Zaventem srt@acmp-cgpm.be www.acmp-cgpm.be Tél. : 02 245 72 14 Fax : 02 245 73 01

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Augmentation des salaires : magie noire ou science exacte ?

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Info

Viser les étoiles avec STAR ‘Reaching for the stars’ est une expression anglaise qui signifie "essayer de faire quelque chose qui est très difficile et impressionnant". Ce que la ministre Dedonder veut faire avec son plan STAR pour actualiser la Vision stratégique de la Défense se révèle être un défi colossal et impressionnant.

STAR, qui signifie ‘Security, Technology, Ambition and Resilience’ (sécurité, technologie, ambition et résilience), est le nom que la ministre a donné à son projet visant à actualiser et à compléter la Vision stratégique de 2016. Ce plan, récemment approuvé par le gouvernement, est le nouveau schéma directeur de l'armée à l'horizon 2030, mais il prépare en fait le terrain bien au-delà de cet horizon. Par exemple, il définit non seulement la configuration à long terme et les capacités futures de l'armée, mais aussi les nouveaux effectifs et la composition du personnel, les points focaux pour la recherche et le développement, la nouvelle constellation d'infrastructures et les futures ressources financières de la Défense.

pour l'achat de nouveaux équipements dans la Vision stratégique de 2016. Ce budget d'investissement est principalement, mais pas exclusivement, consacré à l'acquisition de nouveaux systèmes d'armes. Outre l'achat de nouveaux équipements, des dépenses supplémentaires sont également prévues pour faire passer les effectifs de 25.000 à 29.000 personnes, pour financer l'augmentation salariales des militaires et pour rendre possibles d'autres initiatives en matière de personnel. En plus de ces 11,2 milliards, d'autres investisse-

ments sont annoncés, comme la construction des casernes du futur et la rénovation énergétique des quartiers existants. En outre, sur le plan du personnel, le recrutement sera porté à 2.700 par an, la promotion sociale sera étendue et les possibilités de carrière seront élargies. Le plan STAR a aussi l'ambition d'introduire un Service d'Utilité Collective, grâce auquel les nombreux jeunes de notre pays qui n'ont pas de diplôme ou d'emploi pourront se voir offrir des possibilités de développement professionnel dans le  monde militaire.

Contenu du plan Commençons par ce dernier aspect, les finances. Avec le plan STAR, le budget de l'armée passera de 4,2 milliards d'euros cette année à 6,9 milliards en 2030, ce qui signifie que les dépenses de défense de notre pays atteindront 1,54 % du PIB. Un total de presque 11,2 milliards d'euros est alloué aux investissements, en plus des 9,2 milliards d'euros prévus

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Photo : Daniel Orban

Le plan STAR prévoit aussi des investissements dans le personnel, avec une remontée des effectifs à 29.000 équivalents temps plein.


 Nouveau matériel Les investissements dans de nouveaux équipements visent à garantir la sécurité de la population belge et à pouvoir faire face militairement aux menaces étrangères actuelles et futures. Les détails des achats d'équipements seront fixés dans une loi de programmation militaire et ne sont pas encore connus. Toutefois, les contours du plan d'achat sont déjà clairs. Il s'agit, entre autres, d'un investissement de près d'un milliard d'euros dans le domaine des renseignements et la nouvelle composante Cyber, du développement d'une nouvelle capacité d'hélicoptères (utilitaires légers et de transport) pour environ 900 millions d'euros, de l'acquisition de véhicules blindés supplémentaires pour la Composante Terre (entre autres destinés au Génie), de l'achat d'obusiers Caesar et d'une double capacité de défense aérienne (courte et longue portées), des avions spécialisés pour les Special Forces, le développement d'une capacité amphibie au sein du Régiment d'Opérations Spéciales, des drones Sky Guardian supplémentaires, un avion supplémentaire de transport et de ravitaillement multirôle (MRTT), des avions de transport légers, l'équipement et l'armement complets des frégates et l'acquisition de systèmes de pose de mines. L’appui médical est également amélioré et comprend le développement d'un ‘hub’ médical, qui servira également la population civile en cas de crise majeure sur le territoire national. En outre, il existe d'autres capacités, dites ‘duales’, qui peuvent être déployées à la fois dans un contexte militaire et civil, par exemple en cas de catastrophes naturelles et de calamités.

Il s'agit notamment de ressources logistiques et techniques supplémentaires. Ce sont les principaux achats. Toutefois, l'achat de dizaines d'autres systèmes, plus petits, est également prévu. Les détails de ces derniers seront annoncés dans les mois à venir. Quelques observations Le syndicat militaire ACMP-CGPM ne peut que se réjouir de la recapitalisation de la Défense après deux décennies de coupes budgétaires. Nous apprécions également l'importance accrue accordée au personnel et le meilleur équilibre entre les employés, leurs conditions de travail et les ressources disponibles. En outre, le plan STAR nous semble bien fondé, également sur le plan financier. Il est bien équilibré et permet de surmonter certains des plus grands manques de capacité de la Défense. Il met également en évidence un certain nombre d’objectifs indispensables sur lesquels l'armée peut se concentrer afin de poursuivre sa croissance. Toutefois, nous constatons également un certain nombre de lacunes importantes dans ce plan. Un plan stratégique devrait essentiellement être la traduction de la politique de défense de notre pays : que voulons-nous réellement réaliser dans ce domaine, où voulons-nous aller et - surtout - pourquoi ? Les réponses à ces questions devraient ensuite conduire au choix des capacités militaires requises. Toutefois, ces questions ne sont pas suffisamment abordées dans le plan. Sans clarté sur ce ‘quoi’ et ce ‘pourquoi’, il ne sera donc pas immédiatement clair pour les Belges de

comprendre comment une augmentation du budget de la Défense de plus de 60% et 11 milliards d'investissements en équipements militaires rendra notre pays plus sûr et plus prospère. Le plan STAR énumère trois tâches essentielles pour l'armée du futur : contribuer à la défense collective dans le cadre de l'Otan, participer à la sécurité collective et protéger les compatriotes dans le monde entier. Ce n'est pas nouveau, ce sont les mêmes tâches essentielles que l'armée accomplit depuis les années 1990. Logiquement, les choix et les structures de capacités ont été basés sur ces définitions. Cela signifie que notre future armée sera en fait une projection linéaire de sa configuration passée et actuelle, mais avec des équipements plus modernes. Cependant, le syndicat militaire ACMP-CGPM perçoit ici une grave lacune. Nous sommes d'avis que (contribuer substantiellement à) la sécurité de la société belge devrait également être une tâche essentielle de la Défense. Les menaces à la sécurité et au bon fonctionnement de notre société sont susceptibles d'augmenter en nombre et en gravité. De plus, nous avons fait l'expérience pendant six ans que nous ne pouvons pas exclure 

Photo : Wikipedia

Notre pays pourrait à nouveau posséder une capacité de défense antiaérienne. Ici, un système de missiles ‘Patriot’.

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Photo : Nicky Boogaard RNLAF

La Composante Terre devrait pouvoir enfin compter sur une réelle capacité de transport héliporté. Ici, un des vingt ‘Chinook’ de nos voisins néerlandais.  à nouveau une mission telle que Vigilant Guardian. Avec le plan STAR, outre les tâches structurelles de sécurité qu'elle remplit déjà depuis longtemps sur le territoire belge et au-dessus de celui-ci, l’armée ne contribuera à la sécurité de la population sur le territoire national que ‘dans la limite de ses moyens et de ses capacités’ ; donc seulement en deuxième priorité et en fonction de la disponibilité des capacités. Concrètement, cela signifie que la Défense ne se structurera pas, ne s'organisera pas et ne s'équipera pas pour protéger notre pays contre les perturbations sociétales, comme par exemple des actions dirigées contre nos infrastructures économiques, administratives et sociales critiques que sont les systèmes énergétiques et réseaux de distribution d'énergie, les chaînes d'approvisionnement, les infrastructures portuaires et autres infrastructures économiques, les services gouvernementaux

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essentiels, les réseaux de communication, les systèmes de santé, etc. Ce qui nous amène à l'inévitable question : si la Défense ne le fait pas, qui le fera ? Comment allons-nous expliquer à l'opinion publique que, malgré l'importance de l'argent des contribuables consacré à l'armée, celle-ci est en fait mal équipée pour contribuer réellement à la sécurité de notre propre société ? Pas d’harakiri organisé Enfin, nous nous interrogeons sur la viabilité future d'un certain nombre de choix capacitaires. Il nous semble qu'elles ont été faites dans la perspective des menaces telles qu'elles apparaissent aujourd'hui et sur la base des conceptions et doctrines du passé. Le postulat selon lequel les conflits futurs prendront principalement la forme de guerres conventionnelles, menées avec des moyens militaires traditionnels mais dans leur version la plus moderne, avec quelques caractéristiques hybrides

(cyber, désinformation, approche asymétrique, troupes irrégulières), nous semble très contestable. Après tout, il y a un problème majeur : peu d'opposants à l'Occident se battent encore de cette manière. Ils ne sont pas suicidaires. Ils savent qu'ils ne peuvent pas battre les armées occidentales dans une guerre terrestre traditionnelle ou dans une bataille aérienne ou maritime classique. Ils se rendent compte que ce serait un harakiri organisé. Ils nous feront donc la guerre d'une manière différente, avec des méthodes et des systèmes fondamentalement différents de ce que nous avons connu et expérimenté jusqu'à présent. Et pourtant, nous voulons encore réaliser 90 % de nos investissements dans les systèmes d'armes ‘classiques’, qui, selon nos plans, devraient pouvoir rester pertinents pendant plus de 20 ans, voire plus de 40 ans pour certains. Cette approche nous semble particulièrement risquée. 


Statut

Augmentation salariale et chèques-repas : pour quand ? Cela fait partie du métier militaire : être patient, ‘attendre’ et apprendre à postposer ‘son bonheur’. Pour ce qui est de notre augmentation salariale, cela n’est pas très différent. Nous ne sommes qu'à quelques pas du bout du tunnel et tant l’augmentation salariale que les chèques-repas deviennent une réalité. Augmentation salariale Une première étape concrète a été franchie en juin 2020 : les syndicats et le CHOD parvenaient à un accord afin d’aligner les salaires des militaires sur ceux de la Police. Cet accord prévoyait d’abord de comparer, avec une firme extérieure en collaboration avec les syndicats et l’Etat-major de la Défense, chaque catégorie de personnel ou groupe de grades à celui du cadre correspondant ou du groupe équivalent de fonctions de la Police. Un travail titanesque et de nombreuses réunions (animées) permettaient ainsi d’entamer, dans le cadre du Comité de Négociation militaire (CONEGO), des négociations concrètes au premier trimestre de 2021. Début mai 2021, un accord était enfin conclu entre la Ministre de la Défense, l’Etat-major et les quatre syndicats représentatifs pour le personnel militaire : une augmentation progressive des salaires. Coût à partir de 2024 : 150 millions d’euros par an.

budgétaire et administratif en décembre 2021. Après les traditionnelles tirailleries politiques, le dossier recevait le feu vert en janvier 2022 de la Secrétaire d’État au Budget et du Ministre de la Fonction publique, avant d'être transmis au Conseil d’État dont l'avis est attendu pour ce mois de février. Aucune difficulté n'est attendue de la part du Conseil d'État et les textes pourront être soumis rapidement à la signature du Roi. La première augmentation salariale pourra alors avoir lieu à la fin mars 2022. La Police a aussi conclu récemment un préaccord – certes plus modeste – sur une augmentation salariale. Son dossier a aussi un long chemin à parcourir. Gagnerons-nous de nouveau moins qu’à la Police ? Peut-être, mais heureusement, à la demande du syndicat militaire ACMP-CGPM, l’autorité s’est engagée ‘à effectuer une analyse quadriennale comparative de l’évolution des échelles de traitement avec celles du secteur de sécurité et de défense de la Fonction publique fédérale’. Il y a donc une perspective sur une augmentation salariale supplémentaire, à condition de faire preuve de suffisamment de patience…

Le dossier des salaires a ensuite entamé le long parcours du contrôle budgétaire et administratif. Rapidement, l’Inspecteur des Finances donnait un avis négatif obligeant la Ministre de la Défense de mettre le dossier sur la table du Gouvernement. Le Conseil des ministres décidait, avant les vacances d'été, de traiter le dossier lors des discussions budgétaires pour le budget 2022. Début octobre 2021, le Gouvernement s'accordait sur une augmentation salariale, mais sans impact sur les pensions (péréquation) avant 2025 et le coût des pensions ne pouvait excéder le coût de l’augmentation salariale elle-même.

Ce dossier a lui aussi parcouru un long chemin et la patience des militaires a été mise à très rude épreuve. Néanmoins, le Conseil des ministres a donné son approbation pour l’octroi des chèques-repas au personnel militaire de la Défense à partir du 1er novembre 2022… bizarrement la même date pour les chèques-repas des policiers.

Du fait de cette décision gouvernementale, le dossier des salaires a dû être soumis une nouvelle fois au CONEGO et un nouvel accord était signé en novembre 2021. Le dossier modifié a repris le chemin du contrôle

Contrairement à ce qui n’avait pas été le cas pendant bien longtemps, nous pouvons enfin commencer à récolter les fruits du travail long et intensif pour rendre la profession militaire de nouveau compétitive. 

Chèques-repas

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Statut

Augmentation des salaires : magie noire ou science exacte ? Beaucoup de nos membres ont à nouveau sollicité notre calculateur d’augmentation salariale. Nous avons aussi reçu pas mal de questions sur les montants annoncés et la façon de les calculer. Jean-Pierre Hulin, un des négociateurs pour ce dossier, lève un coin du voile et répond à quelques questions de nos affiliés.

Alors, cette augmentation, vous la calculez comment ? Calculer le salaire mensuel net exact d’un militaire nécessite d’avoir beaucoup de détails sur sa carrière et sa situation familiale : catégorie, nomination(s), ancienneté barémique, diverses allocations ou indemnités, partenaire, enfants à charge, etc. Contrairement à ce que veut la légende urbaine, les syndicats n’ont pas accès aux données personnelles des membres de la Défense. Nous ne savons donc pas, entre autres, si vous êtes divorcé, si vous avez des enfants handicapés, quels sont les revenus du partenaire, etc. Demander tout ça aurait été très complexe et aurait suscité bien des interrogations quant au respect de la vie privée. En plus, tout le monde ne sait plus forcément quand il a été nommé à tel ou tel grade par exemple… Dès lors, calculer rapidement un salaire net exact est un vrai challenge, sauf à faire l’impasse sur bien des données pour fournir une estimation finalement éloignée du montant réel.

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En revanche, il est possible de calculer plus facilement une augmentation nette, sur la base du salaire brut actuel et de l’ancienneté barémique. En effet, cette combinaison est quasi à 100% unique pour chaque tableau barémique. Cette ‘clé’ ne mène qu’à une seule augmentation nette. En outre, le montant calculé est du même ordre de grandeur, quelle que soit la situation fiscale familiale et professionnelle de la personne. Nous avons donc élaboré un formulaire en ligne et une procédure sécurisée afin de communiquer à chacun ce qu’il gagnerait en plus chaque mois, directement sur son compte en banque. Suite au second tour des négociations, le mécanisme de la révision salariale a été modifié avec un montant en 2022, en 2023 puis à partir de 2024. Nous avons alors proposé un nouveau calcul. Pour moi l’augmentation est ridicule, pourtant les journaux parlent de 500 € ! Les journaux se sont ‘braqués’ sur les montants les plus élevés. Et c’est vrai que des militaires

recevront une augmentation supérieure à 450 €, comme certains sous-officiers ayant beaucoup d’ancienneté. Cela dit, un jeune sergent par exemple ne verra qu’une trentaine d’euros en plus ! C’est simplement parce que son salaire est déjà très proche de celui d’un policier, alors qu’un adjudant gagne beaucoup moins que son équivalent à la Police. À ce petit jeu des comparaisons, les moins bien lotis se trouvent chez les colonels et les généraux, qui ont déjà un traitement comparable à un collègue policier du rang équivalent. 


 Ce qu’il faut retenir ce n’est pas tant l’augmentation à un moment donné mais bien la différence sur toute la carrière. On voit alors qu’un volontaire percevra une augmentation de 177.195 € de sa masse salariale (montant brut indexé). Pour un adjudant, ce sera 278.102 € et le colonel qui n’a droit à rien aujourd’hui peut se consoler en pensant que sur l’ensemble de leur carrière, depuis l’entrée à l’ERM jusqu’à la pension comme colonel, les officiers verront une augmentation de 341.824 € ! Je passe major l’année prochaine, est-ce que vous en tenez compte ? Nous ne pouvons pas prédire l’avenir individuel de chaque militaire. Le calcul que nous effectuons donne une estimation assez précise qui correspond à votre situation actuelle. Donc, si vous êtes aujourd’hui commandant, nous calculons l’augmentation que vous aurez à partir de 2022, 2023 et 2024 en tant que commandant avec l’évolution de l’ancienneté barémique des trois années à venir, sur base des nouvelles dispositions pécuniaires. Si vous passez major, vous gagnerez bien sûr plus que maintenant mais la fraction liée à la revalorisation ne sera pas la même que pour un commandant. Un calcul tenant compte de vos futures nominations, de la naissance d’un enfant à charge, d’un mariage, d’une interruption de carrière, … (bref : tout changement influençant votre situation pécuniaire), demande une simulation plus complexe. En outre, nous ne savons pas comment évolueront les précomptes professionnels en 2023 et 2024 ainsi que

l’index. Nous pouvons personnaliser un calcul dans des situations particulières à la demande des affiliés mais cela nécessite beaucoup de temps. En 2023, j’aurai à peine 6 € de plus qu’en 2022, comment estce possible ? Les comparaisons avec les salaires à la Police ont mené à des courbes d’augmentation pour les militaires qui ne sont pas linaires. Elles ont une forme ‘d’escalier de secours’ et donc d’une année à l’autre on peut voir une différence très faible (là où il y a un ‘palier’) ou au contraire une grosse augmentation (quand il y a une ‘marche’). C’est la raison pour laquelle certains toucheront seulement 6 € de plus en 2023 mais 273 € de plus l’année suivante ! Par ailleurs, la répartition fixe annoncée dans la presse entre 2022, 2023 et 2024 ne vaut que pour le budget global de la Défense, pas pour les individus. De plus, pour répondre à l’exigence du Gouvernement de ne pas avoir de péréquation (augmentation des pensions) avant le 1er janvier 2025, les salaires des collègues en fin de carrière restent inchangés en 2022 et 2023, mais sont complétés d’une allocation de carrière (qui est sans impact sur la péréquation) en veillant à ce qu’il y ait toujours une progression dans le montant net au cours des 3 prochaines années. En fin de compte, les BDL n’auront pas grand-chose en plus ! Effectivement, le militaire BDL qui quitte la Défense après quelques

années, ne percevra jamais les augmentations les plus importantes. Cela dit, il faut bien comprendre que le même soldat ou sergent n’aurait pas gagné plus à la Police. Le but de cette revalorisation est bien de gommer la concurrence salariale entre l’Armée et la Police. Alors c’est vrai que ça ne changera pas grand-chose pour les soldats mais ça peut inciter les jeunes militaires à rester à la Défense pour profiter pleinement de la revalorisation. L’alignement des salaires devrait aussi éviter que des caporaux, des premiers sergents majors, jeunes adjudants ou capitaines quittent prématurément pour des raisons salariales. Notez qu’une des revendications du syndicat militaire ACMP-CGPM est que chaque militaire BDL ait le choix de rester à la Défense s’il le désire et s’il répond toujours aux conditions de l’exercice de son emploi militaire. Pour nous, il est aberrant de forcer des jeunes compétents et expérimentés à quitter l’armée s’ils ont envie d’y rester ! De cette façon, chacun devrait pouvoir bénéficier de l’augmentation des salaires. Que faites-vous de mes données privées ? Les renseignements sont conservés de façon sécurisée uniquement pour le temps nécessaire à leur exploitation par notre propre personnel selon le principe du ‘need to know’. Après cela, la base de données est effacée. Nous ne possédons d’ailleurs plus les renseignements transmis lors du 

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 premier calcul, en 2021. C’est la raison pour laquelle chacun devait refaire une nouvelle demande pour obtenir à nouveau son augmentation de salaire. Un autre syndicat a fait le calcul pour moi mais ça ne correspond pas… Nous ne pouvons pas savoir comment d’autres procèdent au calcul et en justifier le résultat. Cependant, il est clair que deux simulations peuvent donner un résultat très différent si elle ne se basent pas exactement sur les mêmes données et si le résultat promis n’est pas de la même nature. Par exemple, une seule année d’ancienneté barémique en plus ou en moins peut mener à une augmentation parfois franchement plus élevée ou plus basse. Vous annoncez 258 € en plus pour moi mais mon collègue du même grade n’aurait que 172 €, comment est-ce possible ? Les courbes d’augmentation établies suite à la comparaison avec les salaires des policiers ne sont pas vraiment des ‘courbes’, mais des ‘escaliers’, avec des ‘paliers’ et des ‘marches’. Même une petite différence dans l’ancienneté ou le salaire peut mener à une augmentation différente. Il est donc impossible de comparer la situation de deux militaires, à moins qu’ils aient exactement la même carrière, la même situation familiale, etc. Notez aussi que l’augmentation n’est pas toujours plus élevée en fin de carrière. L’exemple le plus

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flagrant se trouve chez les officiers généraux et les colonels dans leurs dernières années de carrière qui ne toucheront rien en plus alors qu’un capitaine verra une augmentation substantielle... Pourquoi réserver le calcul seulement aux membres du syndicat militaire ? Cette opération a un coût important en moyens et en personnel pour notre organisation. Les membres fidèles de l’ACMP-CGPM paient une cotisation annuelle. Il ne serait pas correct de fournir le même service à quelqu’un qui ne cotise pas. Est-ce que vous trouveriez normal que votre assureur utilise l’argent de votre prime pour rembourser votre voisin qui roule sans assurance ? Si ces collègues veulent eux aussi bénéficier des mêmes avantages, nous les invitons à rejoindre l’ACMP-CGPM. Pourquoi ne pas publier les nouveaux tableaux barémiques ? Peu après le début des négociations, les syndicats ont reçu des projets de tableaux calculés par l’autorité afin d’aligner nos salaires sur ceux de la Police. Publier ces chiffres tels quels n’aurait eu aucun sens, pour deux raisons. Tout d’abord, parce que ces données ne peuvent être bien interprétées que si l’on dispose aussi des nouvelles dispositions pécuniaires textuelles. Il faut en outre de solides connaissances pour calculer son salaire net au départ des milliers de montants repris dans les 18 tableaux. Peu de collègues en sont

capables. Or, ce que les militaires veulent savoir, c’est combien ils gagneront en plus. Par ailleurs, la prudence veut que les partenaires sociaux ne publient pas de projets de textes légaux pendant les négociations, car des changements pourraient encore avoir lieu et une certaine retenue est de mise pour garantir la confidentialité des échanges. A l’issue des négociations, il y a encore un long parcours de contrôle administratif et budgétaire avant que l’Arrêté royal soit publié au Moniteur. Révéler l’accord unanime négocié au niveau de la Défense risquait d’être contreproductif vu la sensibilité d’un tel dossier auprès d’autres acteurs politiques. En tant que syndicat neutre, nous devons pourtant présenter les dossiers à nos affiliés. D’autres organisations négocient sur la base d’un mandat politique mais pas l’ACMP-CGPM ; notre syndicat ne défend pas des idées mais des gens : les militaires. Nous devions donc trouver un moyen de consulter notre ‘base’ sans compromettre les négociations tout en communiquant une information correcte, compréhensible et utile pour chacun de nos affiliés. Pourquoi le résultat dit que je suis à la pension alors que je suis en PVE ? Pour vous, rien n’a vraiment changé : même uniforme, même poste de travail, même montant global (pension et complément de traitement, voire pas de 


Photo : Pixabay

 pension car prise en charge à 100% par la Défense) sur votre compte en banque. Mais sur le plan administratif, un PVE est bel et bien retraité ! L’augmentation salariale ne compte donc pas pour vous comme pour les militaires en service actif. Calculer votre avantage demande une simulation détaillée lorsqu’il y a une pension payée. Elle peut se réaliser à la demande et en communiquant d’autres données propres au fait d’être pensionné.

Et après ça, on va tous travailler jusqu’à 67 ans ? Pour la ministre de la Défense, l’augmentation n’est pas liée aux pensions. Le dossier ne tient pas compte du régime préférentiel de la mise à la retraite des militaires. Mieux : pour Ludivine Dedonder, il n’existe pas de ‘dossier pensions’ car elle a promis de ne pas toucher à l’âge de la retraite des militaires. Ce serait d’ailleurs contraire à son intention de revaloriser le métier

des armes. En outre, la mise à la retraite des militaires est de la compétence de la Ministre des Pensions. Mais qui peut dire ce que les prochains gouvernements vont faire ? En tout cas, il est clair que l’ACMP-CGPM n'acceptera jamais une telle ineptie ! Après, faut-il refuser cette remise à niveau de notre profession par peur de ce que l’avenir nous réserve sur le plan de la mise à la retraite d’autant qu’il n’y a aucun lien entre les deux ? 

Quand les militaires pensionnés seront-ils augmentés, et de combien ? Le mécanisme de la péréquation est complexe. Nous savons déjà que les pensions des militaires augmenteront à partir de 2025 de 5% et en 2026 encore de quelque 3,5%. Mais à ce stade il est encore beaucoup trop tôt pour pouvoir déterminer, pour 2026, le pourcentage exact. La revalorisation salariale varie en fonction du grade et de l’ancienneté barémique des militaires du cadre actif, mais les militaires pensionnés recevront un pourcentage identique pour tous : anciens volontaires, sous-officiers ou officiers. Dès que nous connaîtrons le pourcentage exact, nous examinerons comment nous pourrons fournir plus de données chiffrées à nos affiliés à la retraite et ce, comme nous l’avons fait pour les collègues en service actif.

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Opinion

Poutine et la guerre au pas de la porte Poutine va-t-il faire la guerre en Ukraine ? Le fait est que nous sommes déjà en guerre avec la Russie, mais nous ne le réalisons pas encore. Il ne s'agit peut-être pas d'une opération de guerre telle que nous l'imaginons traditionnellement, mais c'est bel et bien une guerre. Il est grand temps d'en prendre conscience.

À première vue, des vélos, des réfugiés syriens, le référendum sur l'indépendance de la Catalogne, un câble à 2700 m sous la mer du Groenland, des bateaux fantômes en mer Noire et un ancien restaurateur de Saint-Pétersbourg n'ont pas grand-chose à voir les uns avec les autres. Pourtant, ils illustrent tous la manière dont la Russie a adapté son mode de guerre au cours de la dernière décennie et est passée à la ‘guerre au pas de la porte’. L'Occident part toujours du principe que les conflits se dérouleront principalement de manière classique, comme la bataille des Ardennes en 1944, mais avec des armes plus modernes, complétées par des actions dans le domaine cybernétique et l'espace. La Russie, cependant, n'est pas suicidaire. Elle sait qu'elle ne peut pas vaincre ses adversaires occidentaux dans une bataille de chars classique ou une bataille aérienne ou maritime traditionnelle. D'où le passage à la guerre au pas de la porte. Avec cette approche, elle veut rester en deçà du seuil d'une réponse militaire à grande échelle de la part de l'Occident et éviter (1)

un conflit direct avec un adversaire plus fort. Ambiguïté Dans la guerre au pas de la porte, les intérêts vitaux de l'adversaire ne sont pas directement menacés. Il s'agit d'une série de ‘faits accomplis’ limités qui exploitent ses faiblesses. Le risque d'escalade est utilisé comme moyen de coercition pour le forcer à faire des concessions. Cette guerre utilise principalement des instruments non militaires tels que le cyber, l'influence, la diplomatie, l'espionnage, les milices paramilitaires, la propagande, les sanctions, la contrainte financière et juridique, etc. Ces mesures peuvent être complétées par l'utilisation limitée des moyens militaires de la Russie,

https://www.voanews.com/a/middle-eastern-refugees-choose-russia-arctic-to-europe/3030949.html

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généralement de manière déguisée. L'ambiguïté et la possibilité de nier l'implication constituent le fil conducteur. La Russie a découvert que la guerre au pas de la porte est très adaptée contre des adversaires extrêmement bien équipés en armements traditionnels, mais dont la marge de manœuvre politique est également très limitée. Parce que, par exemple, ils doivent d'abord parvenir à un consensus politique (UE et Otan) ou parce qu'ils doivent respecter les principes et règles démocratiques. Poutine a donc redessiné la guerre du 21e siècle. Des années de confrontation avec des séparatistes, des militants, des terroristes et des acteurs apatrides ont influencé sa réflexion. En Crimée, Poutine a lancé une guerre ‘pop-up’ - habile et secrète - qui est devenue son modèle pour l'avenir. Réfugiés à vélo Depuis lors, des agents russes utilisent les failles de la législation frontalière pour faire passer des réfugiés syriens, afghans et irakiens à vélo(1) à la frontière norvégienne, afin de 


Photo : Wikipedia

Pour déstabiliser l’Europe, Poutine lance une armée de réfugiés à travers les frontières que ses propres troupes ne peuvent traverser.  tester les frontières de l'Europe et de semer la discorde sur la politique européenne en matière de réfugiés. La Russie arrose copieusement les médias de mensonges et de ‘fake news’ pour influencer les élections européennes et saper les processus démocratiques, notamment le référendum d'indépendance en Catalogne. Elle falsifie les signaux GPS de navires de guerre britanniques et néerlandais et déplace fictivement leur position à l'entrée du port de Sébastopol, où est stationnée la flotte russe de la mer Noire, afin de provoquer l'Otan. Le Kremlin enrôle les élites européennes pour gagner en influence dans les capitales de l’Union. Le Kremlin utilise l'armée de mercenaires Wagner de l'ancien restaurateur et proche de Poutine, Evgueni Prigojine, pour faire son sale boulot en Syrie, en Afrique et dans la région du Donbas, dans l'est de l'Ukraine, niant ainsi son implication dans ces conflits. Des groupes affiliés à l'État russe lancent de faux récits pour discréditer l'Otan et ses missions. Et récemment, le 7 janvier, un câble de données sous-marin entre la Norvège et le Svalbard a (1)

été mystérieusement sectionné(2), rendant l'utilisation des satellites dans l'hémisphère nord considérablement plus difficile.

Corridor Suwalski

suffire à obtenir les concessions souhaitées par Moscou. Comme Poutine et ses généraux savent pertinemment que le coût d'une offensive majeure est trop élevé, le Kremlin pourrait mener des actions provocatrices loin de l'Ukraine pour faire grimper la facture pour l'Occident et créer une grande confusion. Le menu de 'Mister P.' peut inclure les éléments suivants : susciter de graves troubles en Bosnie-Herzégovine par l'intermédiaire de ses ‘mandataires’ serbo-bosniaques ; déplacer des systèmes d'armes vers des endroits où ils constituent une menace directe pour les États-Unis, comme le Venezuela ou Cuba, faire ‘s'exercer’ sa flotte balte autour de Gotland, créer un incident en mer Noire pour provoquer la Turquie, menacer depuis la Biélorussie alliée le corridor de Suwalski (la bande de terre qui constitue l'accès terrestre de la Pologne aux États baltes), déployer des armes hypersoniques,... Le menu de Poutine est donc assez long et varié. 

Menacer l'Ukraine et même une invasion limitée pourraient ne pas

(D’après un article de Roger Housen, responsable de la cellule stratégique de l’ACMP-CGPM, paru le 26 janvier 2022 dans le journal De Standaard)

Ces exemples illustrent le fonctionnement de la guerre au pas de la porte ; le renforcement massif des troupes à la frontière avec l'Ukraine s'inscrit parfaitement dans ce cadre. Pendant des années, Poutine s'est appuyé sur le lourd marteau de style soviétique. Depuis la prise de la Crimée, il sait que son armée n'est plus le principal instrument de combat. Alors que l'Occident se concentre encore sur la réaction aux récents événements en Ukraine, Poutine travaille très probablement sur les prochaines étapes. Elles ne seront pas non plus linéaires mais empreintes d'ambiguïté et de tromperie. Il y a de fortes chances que nous restions dans l'obscurité pendant un certain temps et que nous nous égarions à plusieurs reprises.

https://thebarentsobserver.com/en/arctic/2022/01/disruption-one-two-undersea-optical-cables-svalbard

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Opinion

Il n’y a plus d’armée belge… Le spectre d’une guerre en Europe refait surface. Dans la presse, nos politiciens assurent : l’armée belge est en alerte, prête à toute éventualité ! Ce genre de déclaration peut berner la population mais elle ne trompe ni les Russes, ni nos militaires qui sont tous les jours confrontés à une autre réalité… Rassurez-vous, nous n’allons pas dévoiler de secrets susceptibles de donner de mauvaises idées à ‘l’ennemi potentiel’. En effet, nul besoin d’espions ni de satellites sophistiqués pour faire l’état des lieux de la Défense belge, on trouve tout sur Wikipédia et mil.be ! En parlant d’armée belge, il est temps de dissiper un malentendu : la Belgique n’a plus d’armée depuis trente ans. Ailleurs que dans les médias et chez les politiciens, le terme ‘armée’ désigne un groupement de moyens militaires composé d’au moins deux ‘corps d’armée’, possédant chacun au moins deux ‘divisions’, elles-mêmes constituées de trois ‘brigades’. Faites le compte : une authentique armée devrait donc compter une bonne douzaine de brigades. Chaque brigade doit en outre posséder tous les moyens pour engager le combat de façon autonome : infanterie, blindés, artillerie, génie, etc. Or, aujourd’hui la Défense belge arriverait tout juste à aligner une seule brigade réellement complète ! Chacun de nos bataillons de combat compte à peine plus de la moitié du personnel normalement requis par les standards internationaux. En ce qui concerne les chars et les canons, ne cherchez pas, on n’en a pas ! Les maigres effectifs se répartissent en outre en deux groupes majoritaires : les tout jeunes engagés récemment pour une période limitée et les militaires proches de la retraite. Entre les deux, un vide humain et d’expertise trahit la gestion désastreuse du personnel au cours des décennies passées. Bon, mais tout de même, face aux 100.000 combattants russes, la Belgique compte quand même 25.000 militaires, non ? Ah, mais l’astuce se cache dans le mot ‘combattant’. Pour chaque ‘combattant’, il faut sept à dix militaires en appui : pour assurer le ravitaillement, les transmissions, les renseignements, etc. Aujourd’hui notre pays compte moins de 4000 ‘combattants’, dont un tiers à peu près pourraient être réellement déployés pour une période significative.

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Ah, mais notre armée possède un matériel et une technologie supérieurs, ça compte aussi, non ? Hélas, si nos soldats ont des armes légères et des uniformes relativement modernes, quasi tout le reste leur fait défaut. Les véhicules blindés ne répondent plus aux normes d’une guerre moderne, nous n’avons plus d’artillerie de campagne digne de ce nom et nos tanks ont été ferraillés à la fin de la Guerre froide. Pareil pour notre défense antiaérienne : nos seuls canons de 35 mm et missiles antiaériens se trouvent au musée. Il reste peut-être encore quelques 


modernes. Moins de cinquante sont encore utilisables. En mer ça ne va pas beaucoup mieux car nous arrivons à grand peine à trouver un équipage complet pour faire naviguer une seule de nos deux frégates d’occasion. Vous avez encore beaucoup de mauvaises nouvelles comme ça… ? Photo : Wikipedia

En Europe, le seul pays qui possède des bombardiers, c’est la Russie…  vieux missiles portables dans un coin… Quant à nos missiles balistiques, ils se sont évaporés avec les ‘dividendes de la paix’. La Défense belge n’a pas non plus le moindre hélicoptère de combat. Et heureusement qu’on n'a acheté que quatre (!) hélicoptères de transport et pas une vingtaine comme il aurait fallu le faire car ils s’avèrent quasi inutilisables faute de capacité d’entretien de la part du fabriquant. Ils coûtent plus cher à l’heure de vol qu’un chasseur à réaction ! Ok, mais nous compensons certainement par un haut niveau d’expertise et d’entraînement, non ? Nos unités ont compté parmi les meilleures forces de l’Otan. Mais aujourd’hui, attrition et départs à la retraite les privent d’un potentiel important d’expertise. Armuriers, instructeurs, chauffeurs, personnel d’état-major… manquent partout. Sans parler des indispensables spécialistes de l’appui au combat comme les gendarmes, artilleurs, géniaques ou medics, victimes d’économies ou de décisions politiques.

Vous voulez qu’on parle de l’outsourcing au privé de domaines aussi critiques que l’informatique militaire, le ravitaillement, les télécommunications ou l’hôpital militaire ? Des stocks disparus de munitions, de rations, de carburant ? Ou alors du manque de moyens de franchissement d’obstacles, de lutte en environnement nucléaire, chimique ou bactériologique ? Savez-vous qu’en Russie, l’usage d’armes chimiques, de mines antipersonnel et de sous-munitions n’est pas interdit ? Que la cybercriminalité et la guerre psychologique font partie de l’arsenal offensif depuis des années ? Qu’en Europe, le seul pays qui possède des bombardiers, c’est la Russie ? Effectivement, il vaut mieux passer ces ‘sujets qui fâchent’. Arrêtez, vous allez me faire pleurer ! Il y a bien un truc que notre armée fait mieux que les autres, non ? Attendez un instant… Ah oui : nous sommes au top en matière de généraux. La Belgique possède largement plus de généraux que de compagnies de combat.

Alléluia ! 

L’entraînement lui-même fait aussi défaut. L’époque des grandes manœuvres outre-Rhin intégrant toutes les forces avec le support aérien, le génie de combat, les barrages d’artillerie, l’hôpital de campagne et les troupes d’appui est loin, très loin. Peu de nos fantassins ont encore connu cette époque. Aujourd’hui la Belgique compte sur ses alliés pour défendre ses unités sur un champ de bataille de ‘haute intensité’. Mais c’est comme pour la production d’électricité en Europe : tout le monde ferme ses centrales et compte acheter son électricité à l’étranger. Le résultat est prévisible… Oui, mais la Marine et la Force aérienne alors ? Ah oui, les avions de transport A400M qu’on n’a pas osé envoyer à Kaboul faute de protections antimissiles ? Ou la poignée de F-16 qui subsistent après quarante ans ? En 1989, la Belgique comptait 260 avions de combat

Photo : Wikipedia

Le vieux T-80 qui équipe encore la majorité des divisions blindées russes est équivalent à notre char Leopard. Le hic c’est que nous ne possédons plus de chars depuis bien longtemps…

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Info

Du renfort au Secrétariat Permanent Le syndicat militaire accueille deux nouveaux délégués à son siège de Zaventem. Soucieux de renforcer le support apporté à ses membres, l’ACMP-CGPM peut désormais compter sur ces collègues spécialisés dans les dossiers de défense individuelle et le bien-être.

Jonathan Drasutis fait son entrée en 2013 à l’École Royale des Sous-Officiers, où il suit la formation pour sous-officier toutes armes. Il fait de son premier choix son métier en devenant sous-officier d’Administration. « Dès mon arrivée à Saffraanberg, je me suis aussi syndiqué à l’ACMP-CGPM, car j’ai tout de suite été convaincu que les militaires devaient être défendus et conseillés par des spécialistes militaires », explique-t-il. Après un passage par Arlon et Peutie, il opte pour le Bataillon 12e-13e de Ligne Prince Léopold. Jonathan devient sous-officier ‘Finances’ au sein de l’Élément de Support Administratif 048 (ESA), où il vérifie les allocations et prestations du personnel. Il s’occupe du calcul, de la conformité des ordres de marche, mais aussi du suivi administratif et de la gestion des dossiers individuels des Lignards. Très vite, il devient suppléant, et par la suite effectif, au poste d’officier de contrôle interne des installations horeca du quartier militaire de Spa. « Dès mon arrivée, j’ai toujours mis mes connaissances au service du personnel. Cela n’a pas toujours

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été facile de se faire une place comme administrateur dans une unité opérationnelle, mais en travaillant et en devenant une personne de référence, je suis avant tout devenu une personne de confiance pour le personnel et la hiérarchie du bataillon », nous confie Jonathan. À deux reprises il œuvre comme chef ESA du Camp Marmal en Afghanistan, en veillant à la gestion administrative et financière du personnel belge. Jonathan est également au Mali, dans la fonction de paymaster pour la Minusma, où il représente fièrement son bataillon, mais aussi la Défense. En complément de son travail en unité, Jonathan est devenu délégué local. « Lorsque j’ai demandé à mon délégué d’unité, Fabrice Franck, quelles étaient les démarches pour devenir à mon tour délégué, il m’a directement donné les outils nécessaires à l’accomplissement de mon envie première, qui est devenue aujourd’hui mon métier. » Jonathan souhaite partager l’expérience, la maturité et la vision globale qu’il a accumulées durant ses trois déploiements opérationnels et son travail quotidien en soutenant les membres de l’ACMP-CGPM dans leurs questions de tous les jours ou en assistant ceux-ci en tant que spécialiste dans les dossiers individuels. Il y a pris ses fonctions après avoir suivi un processus de sélection. Jonathan a pu mettre en avant son esprit de synthèse, ses connaissances en matière de réglementation mais aussi son aisance dans la recherche d’informations, afin de délivrer rapidement une réponse de qualité, l’un des atouts de l’ACMP-CGPM. 


 Il met également en avant son dévouement pour le syndicat militaire et son souhait d’être un collaborateur de confiance dans une organisation telle que la nôtre. Dans quelques semaines, Jonathan fêtera ses 31 ans. Cette jeunesse participe également à une vision plus jeune de l’ACMP-CGPM dans le futur. Notre nouveau délégué permanent pourra ainsi enrichir son parcours, acquérir l’expérience nécessaire et renforcer la polyvalence requise dans tous les domaines qui touchent nos membres. Au-delà de l’aspect militaire, Jonathan est aussi papa de deux jeunes garçons et vit en région liégeoise. Adepte de sorties nature et de moments en famille, il est toujours disponible pour conseiller et informer.

pas se poser trop de questions sur le pourquoi et le pour quoi. Si un collègue plus âgé vous disait qu'il était dans l'intérêt de l'armée et dans votre propre intérêt d'adhérer à un syndicat, vous le faisiez sans discuter. En tout cas quand Peter parlait... » « Ce fut toute une aventure en tant que nouveau soldat, mais heureusement, j'ai pu vivre lla belle époque du CVRT. Une expérience à ne jamais oublier », poursuit Geert. En 2011, Geert a muté à la caserne d'Heverlee lorsque le 1JP a été transformé en Bn Istar. Formé entre-temps comme mécanicien Pandur, il avait un agenda plus que bien rempli... Les conflits internes qui ont résulté de la fusion de diverses unités en un nouveau bataillon ont amené Geert à demander à devenir à son tour délégué local. « Un tout nouveau monde s'est ouvert à moi. » Tout ce qui concernait la prévention et la protection au travail suscitait son intérêt. « Après avoir suivi avec succès la formation d'assistant de prévention de niveau 3 à Tournai, je me suis consacré pleinement à ce sujet passionnant en tant que délégué local. »

Geert Igo est notre nouveau délégué permanent pour la cellule ‘Bien-être’. Avec sa compagne Lise et ses enfants Lennert (11 ans) et Anna (9 ans), Geert vit à Wilsele, près de Louvain. En 2002, il a commencé sa carrière comme soldat au sein du 1er Chasseurs à Cheval (1JP) à Bourg-Léopold. Notre légendaire représentant local Peter Gils l'a alors inscrit de manière ‘énergique’ comme nouveau membre du syndicat militaire ACMP-CGPM. « C'était encore l'époque où, en tant que jeune ‘bleu’, il ne fallait

En 2018, Geert a décidé de monter d'un cran en entamant une promotion sociale pour devenir sous-officier. Ensuite, il est devenu chef de l'atelier de soudure et de l'atelier d'électromécanique au sein du Bn Istar. Deux lieux de travail où plusieurs défis devaient être relevés dans le domaine de la prévention au travail. « À partir de 2020, le syndicat militaire ACMP-CGPM m'a donné la possibilité de suivre la formation de conseiller en prévention de niveau 2. » Depuis, Geert a terminé cette formation avec succès. « Lorsque j'ai appris qu'Armand Riem préparait sa retraite, je n'ai pas hésité une seconde à me porter candidat pour lui succéder à court terme ». 

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Statut

Rentes liées aux Ordres nationaux En janvier 2022, une note du SPF Pensions a causé une série d’interrogations relatives à la rente liée aux Ordres nationaux. Un petit mot d’explication et de clarification s’impose donc. Tout militaire du cadre actif (donc, pas les militaires du cadre de réserve) en-dessous du rang d’officier qui, pour ancienneté de service est nommé Chevalier dans un des Ordres nationaux, acquiert de ce fait le droit à une rente annuelle, inaliénable, insaisissable et dont le montant actuel est fixé à : - 12,39 € pour l’Ordre de Léopold II (30 ans Min de service effectif); - 18,59 € pour l’Ordre de la Couronne (35 ans Min de Sv. effectif); - 24,79 € pour l’Ordre de Léopold (40 ans Min de Sv. effectif ou pensionné à partir de 56 ans) Dans la pratique, ces rentes concernent uniquement les sous-officiers du cadre actif : pas les volontaires, pas les officiers et pas les militaires du cadre de réserve (sauf les militaires du cadre actif ayant ensuite intégré le cadre de la réserve, comme par exemple les militaires effectuant des prestations volontaires d’encadrement). Notez que si le militaire bénéficiaire est promu à un grade d’officier, la rente n’est plus payée. Ces rentes sont cumulables et compatibles entre elles, ainsi qu’avec une pension. Dès lors certains militaires retraités nommés dans les trois ordres bénéficient d’une rente annuelle de 55,77 €. Cette dernière est payée sur base

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mensuelle avec la pension, soit 4,65 €. Indexation Ces montants ne sont soumis ni à la retenue de 0,5 % pour l’indemnité de funérailles, ni à l’éventuelle cotisation individuelle pour la sécurité sociale de 3,55%, ni à l’éventuelle retenue de 2% pour le plan Global, ni à un précompte professionnel. Si cette rente apparaît dans le tableau transmis par le SPF Pensions lors de la révision de la mensualité, elle doit être considérée comme un montant qui s’ajoute tout simplement au montant net de la pension. Cette rente n’est pas soumise à l’indexation. Aussi, les montants revus et fixés au 1er juillet 1929 respectivement à 500 francs, 750 francs et 1.000 francs n’ont plus jamais évolué. La seule opération que ces rentes ont connue, a été la conversion en euros (une division par 40,3399). Bref rappel historique C’est au 19e siècle que l’on a aussi créé les Ordres nationaux : l'Ordre de Léopold en 1832, l'Ordre de la Couronne en 1897 et l'Ordre de Léopold II en 1900. Ces ordres connaissent les grades de Chevalier, Officier, Commandeur et de Grand Officier dans les trois Ordres

nationaux. Il y a encore les Palmes et les Médailles. Ce n’est que le 22 mai 1912 que les décorations de l’Ordre de Léopold Il acquirent la qualité de décoration militaire et que la rente associée est accordée aux militaires d’un grade inférieur à celui d’officier et titulaires d’un grade chevaleresque. Il était alors question d’une rente qualifiée de ‘pension’. Particularité Normalement, les décorations des Ordres nationaux belges sont purement honorifiques. Seuls certains militaires ont droit à l’octroi d’une rente, comme expliqué ci-dessus. Attention, une éventuelle Pension de réparation mentionnée sur les documents du SPF à côté de la rente est aussi payée mensuellement et n’est pas non plus imposée mais elle est bel et bien indexée alors que la rente ne l’est pas. 


NAISSANCES

MARIAGES

NECROLOGIE

DERIJCKE HUGO 1938 - 03/11/2021 (Maaseik)

ELISEA – 17/06/2021 Dans la famille de Raphael TRONCONI (Maaseik)

08/06/2019 DE VOOGHT Benoît et JOSSART Kimberley (Walhain)

SOLYNE – 22/08/2021 Dans la famille de Benoît DE VOOGHT (Braine l’Alleud)

13/07/2020 DE BEULE Wesley et JACOBS Edit (Pelt) (Par cohabitation légale)

CHARLES – 08/10/2021 Dans la famille de Pierre DELHASSE (Seraing)

09/08/2021 VANHALLE Mark et SANDER Snežana (Middelkerke)

VERMEULEN DANIEL 1948 - 14/12/2021 (Nieuport)

BJÖRN – 21/10/2021 Dans la famille de Dorian SADLER (Namur)

30/08/2021 VAN ROMPAEY Ronny et LAUREYSSENS Saskia (Zoersel)

HOUBEN ROMAIN 1935 - 30/12/21 (Euskirchen – Allemagne)

MATTIA – 25/10/2021 Dans la famille d’Olivier NOTTE (Namur)

18/09/2021 DEJONCHEERE Sébastien et DEFRENNE Mélissa (Marche-en-Famenne)

MATTEO – 26/10/2021 Dans la famille de Claude MINUZ (Dinant) ETHAN – 03/01/2022 Dans la famille de Jonathan DRASUTIS (Liège) VICTOR – 05/01/2022 Dans la famille de Maxime VERSPECHT (Auderghem) LOUIS – 08/01/2022 Dans la famille de Simon MAFFIOLI (Dinant) JANE – 10/01/2022 Dans la famille de Jérémie FOULON (Dinant) NIKOLAS – 12/01/2022 Dans la famille de Joris DE VOLDER (Bruges) ZOÉ – 16/01/2022 Dans la famille de Geoffrey MEURISSE (Braine l’Alleud)

02/10/2021 DURIEUX Stephan et FASTRÉ Christine (Kortessem) 19/11/2021 HASSANI Soufyen et SCOTTINI Mara (Genk) 03/01/2022 DE VOLDER Joris et XINTAVELONIS Eliane (Bruges) 08/01/2022 KOEGMANS Jacky et DAELE Véronique (Spa) 15/01/2022 BRACKE Karel et DHAENENS Sofie (Wetteren)

HAUTMAN ADOLF 1919 - 27/11/2021 (Brecht) CORRIER WILLY 1936 - 02/12/2021 (Anvers)

Indice des prix à la consommation - Novembre : 115,63 points - Décembre : 115,74 points - Janvier : 118,32 points

Indice santé - Novembre : 115,20 points - Décembre : 115,60 points - Janvier : 118,21 points L’indice santé lissé s'établissait, quant à lui, à 113,42 points en janvier. Attention : selon les prévisions de Statbel, l’indice pivot fixé à 113,76 points est dépassé en ce mois de février 2022. Les pensions et les salaires seront donc une fois de plus indexés de 2%, respectivement en mars 2022 et en avril 2022. Notez que l'indice pivot avait déjà été dépassé en décembre 2021. Et si l’inflation continue au même rythme, il est fort possible qu’il soit une fois de plus dépassé avant la fin de cette année. Source : Statbel La Sentinelle 19


En tant que militaires, nous sommes toujours prêts pour les autres.

Mais pour nous ? Qui est là pour nous ?

Photo : Vincent Bordignon

ACMP-CGPM, le seul syndicat vraiment militaire : apolitique, indépendant et purement militaire.

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ACMP-CGPM | Romboutsstraat 1 Bus 021 | 1932 Zaventem | T 02 245 72 14 | srt@acmp-cgpm.be | www.acmp-cgpm.be le syndicat militaire


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